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PLAN D'UN SERMON
POUR
LA FÊTE DE L'ASSOMPTION
DE LA SAINTE VIERGE.
Fecit mihi magna qui potens est.
Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses.
Luc., I, 49.
Si Notre-Seigneur Jésus-Christ,
après avoir accompli l'œuvre que son Père céleste lui avait commise sur la terre
, est retourné au ciel d'où il est sorti, pour y occuper éternellement la place
qui était due à sa divine naissance, l'Apôtre nous a enseigné qu'il ne le fait
pas seulement pour sa propre gloire, mais encore pour l'utilité de sa sainte
Eglise. En effet il nous est très-avantageux qu'un Ambassadeur si agréable soit
auprès de Dieu, pour y traiter nos affaires ; un Avocat si pressant, pour y
défendre notre cause ; un si puissant Médiateur, pour terminer nos différends.
Ainsi quand il s'est assis à la droite de son Père, il ne l'a pas fait seulement
pour se mettre en possession de son trône, mais encore pour procurer nos
intérêts et pour paraître pour nous devant la face de Dieu : Ut appareat
vultui Dei pro nobis (1). Ce que Jésus-Christ notre chef a accompli une fois
en sa personne, il ne cesse de l'accomplir tous les jours dans les membres de
son corps mystique , selon la mesure convenable et selon la proportion de la
créature. Autant de fidèles serviteurs de Dieu qui entrent avec Jésus-Christ
dans son paradis de délices, autant de pieux intercesseurs qui ne cessent de
prier pour leurs frères, et pour cette partie de l'Eglise qui voyage et qui
combat sur la terre au milieu des tentations de la fragilité humaine.
Vous devez entendre, mes Frères,
par cette doctrine très-sainte et très-véritable que si la Mère de Dieu est
aujourd'hui élevée au-dessus de tous les esprits célestes, une si haute
exaltation ne regarde pas seulement sa gloire, mais encore notre avantage. Car
si elle est aujourd'hui reçue dans les embrassements de son Fils,
1 Hebr., IX, 24.
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dans la participation de son trône, dans la plénitude de sa
gloire, elle est d'autant plus puissante pour nous obtenir ses grâces, et sa
chai ité consommée rendra son intercession plus utile et plus fructueuse à tous
les enfants de Dieu, auxquels elle a enfanté leur salut et leur rédemption en
Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ce n'est donc pas sans raison qu'en célébrant son
triomphe nous implorons son secours ; ce n'est pas sans raison que l'Eglise
catholique inspire à tous.....
Tous les actes religieux doivent
se terminer à Dieu ; et le propre de la religion, c'est de nous réunir à ce
premier Etre. Saint Augustin nous enseigne que c'est de cette origine que cette
vertu a pris son nom : Religio dicitur eo quòd nos religet omnipotenti Deo
(1) : « Elle nous lie, elle nous attache, elle nous unit à Dieu ; et c'est par
cette union qu'elle est définie. » L'honneur que nous rendons à la sainte Vierge
appartient très-certainement à la religion, puisque nous le lui rendons dans les
lieux consacrés à Dieu, dans l'assemblée de sa sainte Eglise et dans la
célébration des divins mystères. Il faut donc nécessairement que ce culte, que
cet honneur, que cette dévotion se rapporte à Dieu et le regarde comme sa fin.
L'inconsidération de nos
adversaires, qui nous objectent que nous rendons à la créature un culte
religieux? L'objection porte sa réponse dans ses propres termes : si ce culte
est religieux, donc il se termine enfin à Dieu seul : et quel inconvénient
d'honorer la créature pour l'amour de Dieu, une créature si excellente?
Mais laissons la dispute et la
controverse et revenons, chrétiens, à notre instruction. Par conséquent vous
devez entendre que toute votre dévotion pour la sainte Mère de, Dieu ne mérite
pas le nom de dévotion et n'a que l'apparence de religion et la montre de la
piété véritable, si elle ne vous conduit à Dieu et ne sert à vous y unir
immuablement, selon les lois du christianisme et de l'Evangile. Deux moyens pour
cette union : ses prières et l'imitation de ses vertus. Vous vous adressez à
elle comme à une créature excellente, qui est très-intimement unie à Dieu par
Notre-Seigneur Jésus-Christ : unie premièrement par l'union du sang,
1 De ver. Relig., n. 111, 113.
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unie en second lieu par la société des souffrances, unie
enfin aujourd'hui par la plénitude de la gloire.
Pour unir Jésus-Christ avec
Marie, nous voyons concourir ensemble tout ce que la nature a de plus tendre,
tout ce que la grâce a de plus puissant. Il l'appelle à sa croix pour participer
à ses peines : un même martyre pour le Fils et pour la Mère; une même croix et
les mêmes clous; une même lance pour percer leurs cœurs.
Sur ces deux fondements jugez de
leur union dans la gloire. Il partagera son trône avec nous, combien plus avec
sa Mère ? Astitit Regina à dextris tuis (1) : Jésus-Christ est assis à la
droite du Père, Marie à la droite de son Fils. Etre assis est une marque
d'autorité suprême. Il faut percer tous les chœurs des anges.....
Qui doute donc, mes Frères, que
la piété de nos vœux ne cherche Jésus-Christ dans Marie? Malheureux, qui veulent
mettre de la jalousie entre le Fils et la Mère. C'est cette sainte union qui
nous attire à Jésus-Christ, qui nous attire en même temps par un même effort à
Marie, la regardant dans la gloire de son Fils, dans cette exaltation que nous
célébrons.
L'imitation des vertus de Marie
conduit à Jésus-Christ : car il est tout entier dans les Saints, et par
conséquent dans la sainte Vierge. Saint Paul disait aux fidèles : Imitatores
mei estote sicut et ego Christi (2). Imiter les Saints, c'est donc imiter
Jésus-Christ. Où voyons-nous une image plus accomplie des vertus de Jésus-Christ
qu'en sa sainte Mère?
Sa pureté, le secret et la retraite. « Les vierges, qui
sont vraiment vierges, ont coutume d'être toujours tremblantes, et jamais elles
n'ont de sécurité ; pour éviter les pièges qu'elles doivent appréhender, elles
craignent, même lorsqu'il n'y a point de danger pour elles : » Solent
virgines, quœ verè virgines sunt, semper pavidœ et nunquàm esse securœ; et ut
caveant timenda, etiam tuta pertimescere. « Elles doivent être même émues à
la vue d'un ange ; regarder comme autant de pièges, tout ce qui paraît de
nouveau, tout ce qui survient d'inopiné : » Quidquid, novum, quidquid subitum
ortum fuerit, totum contra se œstimant machinatum. C'est
1 Psal. XLIV, 10. — 2 I Cor., IV, 16.
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ainsi que Marie se conduit : « Elle est troublée, mais elle
ne dit mot ; son trouble est un effet de sa pudeur virginale ; son assurance
vient de sa fermeté ; son silence et ses réflexions sont une marque de sa
prudence : » Turbata est, non est locuta : quòd turbata est, verecumliœ fuit
virginalis; quòd non perturbata, fortitudinis; quòd tacuit et cogitavit,
prudentiœ (1).
Combien elle est éloignée de ces
malicieuses ambiguïtés, de ces pièges subtils, de ces dangereuses complaisances,
de ces malicieux détours, par lesquels l'impureté consommée tâche de s'insinuer
dans les âmes innocentes ! Le trouble, la pudeur, le silence.....
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