SAINT JEAN CHRYSOSTOME, OEUVRES COMPLÈTES, TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN, licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1864,
TOME I, p. 534-624 ; TOME II, p. 1-188
Tome I, p. 534-564
ANALYSE. Théodore mérite mieux les larmes de saint Jean Chrysostome, que tout le
peuple des Juifs ne méritait celles de Jérémie. Désolation d'une âme tombée
dans le péché. Si bas qu'il soit tombé, un pécheur peut toujours se relever
pourvu qu'il ne désespère point. L'espérance est une chaîne qui nous attache au
Ciel; Satan s'efforce de la couper par le désespoir. Combien de Chrétiens qui,
après avoir renoncé a Jésus-Christ, ont effacé le crime de leur apostasie et mérité
par leur pénitence d'être couronnés avec les Saints. Donnez-moi le pécheur le
plus chargé de crimes et le plus abominable, je lui dirai : ne désespère point, fais
pénitence et Dieu te pardonnera ; car il ne se gouverne pas par passion, et c'est par
bonté et non par un esprit de vengeance qu'il châtie. Nabuchodonosor.
Achab. Manassès. Les Ninivites. Le bon larron. La pénitence
ne se mesure point par le temps; mais par la contrition. Elle peut tout effacer en cette
vie. Il ne faut perdre l'espérance que lorsqu'on est en enfer:- Le démon, qui
sent que Dieu fait miséricorde à ceux qui se convertissent, met tout en usage pour jeter
un pécheur dans le désespoir. Toute pénitence, si petite qu'elle soit, trouvera
sa récompense. Les joies du paradis : la plus grande c'est la vue du Christ.
Les peines de l'enfer : la plus insupportable c'est la privation du ciel.
Témoignages du jugement futur. L'âme de Théodore est malade de l'amour d'Hermione.
Toute maladie de l'âme peut se guérir. La voie de la pénitence, qui
parait difficile de loin, devient douce et aisée quand on y est entré. Exemple du
jeune Phénix. Exemple d'un vieux moine. Il ne suffit pas d'accuser ses
péchés, il faut que l'accusation soit faite dans l'intention et avec la confiance d'en
obtenir le pardon. Ne pas négliger les petites oeuvres. Compter sur la
miséricorde divine, mais ne pas la lasser.
ANALYSE. A la première exhortation, Théodore pouvait faire, et peut-être avait-il
fait , l'objection suivante : Est-ce donc un crime si énorme de prendre soin des
affairés de sa famille ? or, je ne fais pas autre chose. Voici la réponse : Ce qui est
permis à d'autres, ne l'est plus à Théodore, qui a contracté avec Dieu un engagement
d'une nature particulière ; enrôlé dans la milice sainte, il ne peut plus vivre comme
les simples chrétiens, sans se rendre coupable de désertion. Théodore a donc commis un
péché grave; il ne doit pas l'aggraver encore, en restant dans l'état où il s'est mis.
Sa chute a été le résultat d'une surprise; qu'il se relève, et tout sera réparé.
La nature humaine est faillible , mais elle se relève aussi vite qu'elle tombe,
exemple de David. Théodore sera jugé un jour par celui qu'il méprise
aujourd'hui. Vanité des biens de ce monde. Inconvénients de la royauté,
de la gloire, de la richesse, du mariage. Du reste, l'union conjugale, quoiqu'elle soit
une chose sainte, serait maintenant un adultère pour Théodore. Théodore ne doit
pas avoir moins de zèle pour son propre salut, que n'en ont ses amis. Soucis de la
vie de famille. Nul n'est libre que celui qui vit pour Jésus-Christ. Il n'y a pour
le chrétien qu'un seul malheur, c'est d'offenser Dieu. Résumé rapide et éloquent des
motifs développés dans cette seconde exhortation.
Tome I, p. 565-624
ANALYSE : Jean et Basile ont été amis dès lenfance; ils ne se sont jamais quittés. Ils ont formé le dessein dembrasser la vie solitaire. Jean en est détourné par les larmes et par les représentations de sa mère. Les deux amis apprennent tout à coup quon se propose de les élever à la dignité sacerdotale. Jean a recourt à la ruse pour faire élire Basile évêque et pour sen exempter lui-même; Basile se plaint davoir été trompé par son ami. Jean se justifie. Il soutient que la ruse nest pas essentiellement mauvaise. Elle devient bonne ou mauvaise selon lintention de celui qui lemploie ; elle est avantageuse dans la paix comme dans la guerre. Des médecins de lâme y ont recours bien que ceux du corps. Malade guéri par ce moyen. Saint aussi Paul lemploie pour attirer les Juifs à Jésus-Christ.
ANALYSE : Le sacerdoce est la plus grande preuve damour que lon puisse donner à Jésus-Christ. Avantage du sacerdoce. Le sang de Jésus-Christ est le prix des âmes. Amour de Jésus-Christ pour son Eglise. Les devoirs du sacerdoce sont plus grands que ceux de tout autre état. Il y en a peu qui en sont dignes. Le prêtre a une responsabilité. Les ennemis du troupeau du Seigneur. La guérison des âmes est plus difficile des brebis. La cause et lexistence même des maladies de lâme que celle sont difficiles à connaître. Nul autre remède que la persuasion. Le sacerdoce demande une âme supérieure. Combien la prudence est nécessaire au prêtre. Le sacerdoce est une fonction pleine de difficultés et de périls. Nécessité de connaître parfaitement le candidat. Excellence de la charité. Eloge de Basile. Sa charité. Pourquoi Chrysostome a refusé lépiscopat. Son refus, loin dêtre une offense pour les électeurs, les a mis à labri dune foule daccusations quon naurait pas manqué de lancer contre eux.
ANALYSE : Saint Jean Chrysostome continue sa justification. Son refus ne vient pas de lorgueil, et ceux qui le disent, parlent contre eux-mêmes, car accuser les autres de mépriser le sacerdoce, cest montrer que len nen a pas soi-même mie assez haute idée. Son refus ne vient pas davantage de la vaine gloire. Lamour de la gloire leût bien plutôt porté à accepter. Il insiste par des raisons tirées de la nature du sacerdoce. Le sacerdoce est dune nature céleste. Quel appareil terrible entourait le prêtre de lancienne loi! Cependant le sacerdoce antique nétait que lombre de celui de la loi de grâce. Excellence de nos saints mystères vivement représentés. Le prêtre est plus puissant que les anges. De quels biens son pouvoir est la source? Les prêtres de lancienne Loi constataient seulement la guérison de la lèpre corporelle, ceux de la loi nouvelle guérissent la lèpre de lâme. Si nos parents nous donnent la vie du corps , les prêtres nous communiquent la vie de lâme; ils peuvent même nous la rendre quand nous lavons perdue. Baptême. Pénitence. Pan! lui-même tremblait, en considérant la grandeur de son ministère. Cest aussi ce qui a effrayé saint Jean Chrysostome. La claire vue de lexcellence du ministère sacerdotal deue part, et de lautre la conscience de sa faiblesse, voilà ce qui a motivé son refus. Autres motifs tirés des dangers et des difficultés que lon rencontre dans lexercice des fonctions sacerdotales. Ecueil de la vaine gloire avec tout son cortège de passions déréglées. Plus le sacerdoce est excellent, plus labus quon en fait est détestable. On peut désirer le sacerdoce, mais non lélévation et la puissance attachées au sacerdoce. Un prêtre doit être maître de lui-même; funestes effets de la colère. Les fautes des prêtres sont aussitôt rendues publiques scandale qui en résulte. Mauvaises élections fortement décrites. Direction des veuves, conduite des vierges, juridiction ecclésiastique, difficultés qui y sont attachées. Lexcommunication, prudence quelle demande.
ANALYSE : Ce livre débute par une objection de Basile : ce que son ami vient de dire sapplique, prétend-il, à ceux qui singèrent deux-mêmes dans les fonctions sacrées; mais non à celui quon y entraîne malgré lui. Chrysostome prouve que cest là une erreur. Exemples de Saül, dHéli, dAaron. et de Moïse. Judas avait été appelé. Ceux qui imposent les mains à des indignes encourent les mêmes peines queux. Plusieurs comparaisons tendant à prouver quil faut nimposer les mains quavec une extrême prudence, suivant le précepte de saint Paul à Timothée. Ce début peut se résumer en un seul mot : de la vocation ecclésiastique. Tout le reste du livre roule sur le talent de la parole que doit posséder le prêtre. Le bon exemple ne suffit pas, sans le talent de la parole ni même le don des miracles. La parole est la seule arme avec laquelle on puisse combattre les ennemis de lEglise. Comparaison de lEglise avec une ville forte. Principaux ennemis aux entreprises desquels lEglise est en butte : les Juifs, les Païens, les Manichéens, les Valentiniens, les Marcionites, les Sabelliens, les Ariens; ces deux dernières sectes se rapprochent de lhérésie de Paul de Samosate. Les ennemis domestiques, les agitateurs de questions oiseuses et insolubles. Objections de Basile : saint Paul na-t-il pas méprisé léloquence? Non, il na méprisé que lart frivole des rhéteurs de son temps. Si quelque ministre de Jésus-Christ pouvait se passer du talent de la parole, cétait bien saint Paul, muni comme il létait du don des miracles, et de son amour incomparable pour Jésus-Christ, amour qui lui fait souhaiter dêtre anathème pour le salut des Juifs. Eloquence de saint Paul : elle est simple et forte et uniquement fondée sur la science et lenthousiasme. Eloge sublime de ses épîtres. Textes de saint Paul, établissant la nécessité pour un évêque de posséder la doctrine pour linstruction des autres: il faut quun évêque soit habile à défendre les dogmes.
ANALYSE : Tout le Livre cinquième roule sur le même sujet que les derniers chapitres du quatrième, cest-à-dire sur léloquence de la chaire. Il contient une suite de réflexions aussi justes que profondes sur la pratique de lart oratoire dans la chaire chrétienne. En les lisant on croirait entendre non un futur orateur à qui son génie révèle davance toutes les difficultés et toutes les ressources de son art, mais bien un vétéran de léloquence, un Cicéron écrivant le de Oratore. Les discours quon adresse an peuple exigent un grand travail. Les auditeurs sont très-difficiles à contenter, parce quils viennent pour juger le prédicateur plus que pour sinstruire. Pour manier avantageusement cette multitude mal disposée, deux choses sont nécessaires : le mit-pris des louanges et la puissance de la parole. Le mépris des louanges ne mène à rien sans la puissance de la parole, et réciproquement. Au mépris des louanges, il faut ajouter le mépris de lenvie. Ce nest pas tout dacquérir le talent de la parole, il faut encore le conserver par le trayait et lexercice, car léloquence est fille de létude plus encore que de la nature. Plus un orateur a de talent, plus il est obligé de travailler. A combien de cabales un grand orateur est en but de la part de ses ennemis jaloux. Combien peu dhommes sont en état de bien juger dun discours. Fort de la conscience de son génie, lorateur peut se placer audessus du jugement de la foule. Une chose qui lui donnera une confiance encore pins ferme, ce sera de travailler dans le but de plaire à Dieu. Le mépris des louanges nest pas moins nécessaire à celui qui est sans éloquence.
ANALYSE : On voit dans le sixième livre avec quelle rigueur les prêtres seront punis pour les péchés du peuple, sans quils puissent sexcuser sur la capacité, ni sur lignorance, ou sur la violence quon leur a faite pour les élever au sacerdoce. On y voit encore avec quelle prudence et quelle précaution ils doivent vivre pour se préserver de la contagion du siècle, pour conserver en son enlier la beauté spirituelle de leur âme : avec combien de zèle, dexactitude et de vigilance, ils doivent sacquitter de leurs fonctions. Ils sont ambassadeurs de Dieu non pour une seule ville, mais pour toute la terre. Ils sont établis afin de prier et dintercéder pour les péchés de tous les hommes, et non-seulement de ceux qui sont vivants, mais même de ceux qui sont morts. Après avoir invoqué le Saint-Esprit, ils accomplissent ce sacrifice si digne de vénération, et dont on napproche quavec tremblement. Ils tiennent si longtemps entre leurs mains le Maître et le Seigneur de tons les hommes. La prudence la plus attentive leur est nécessaire pour ne blesser aucun de ceux quils sont obligés de voir chaque jour, et saccommoder avec tous, non en usant dartifice, de dissimulation, de complaisance et de flatterie, mais plutôt en agissant avec une grande confiance et beaucoup de liberté, usant toutefois de condescendance en de certaines rencontres, selon la nécessité des affaires, et en entremêlant dans leur conduite la sévérité avec la douceur. Quelque grands que soient les travaux des moines , et quelque rudes que soient les combats quils ont à essuyer, saint Chrysostome trouve quil y a moins de peines dans leur état que dans le ministère épiscopal; quil est bien plus aisé de pratiquer la vertu dans la solitude que dans les emplois de lEglise, qui exposent un évêque à beaucoup doccasions, et réveillent aisément en lui les vices et les défauts, qui seraient couverts par la solitude. Le saint docteur revient encore à la fin de ce livre sur le conseil déjà donné précédemment, de ne pas négliger les bruits populaires, quand même ils sont faux. Il nest pas difficile de se sauver soi-même. Le prêtre est exposé à un châtiment plus terrible que tes simples fidèles. On démontre par diverses comparaisons quels doivent être la crainte et le saisissement dun homme que lon veut élever au sacerdoce. Il ny a point de guerre plus terrible que celle que nous fait le démon en pareil cas.
Tome II, p. 1-188
ANALYSE. Ceux qui déclarent la guerre à Dieu sont punis infailliblement.
Cette vérité est prouvée par lexemple des peuples qui voulurent empêcher la
reconstruction du temple de Jérusalem après le retour de la captivité de Babylone.
Ce début a quelque chose de poétique et de majestueux. il y a de
lexagération dans le tableau du châtiment des ennemis du peuple de Dieu, une
exagération qui sent le jeune homme. De ceux qui combattaient loeuvre de la
reconstruction du temple à ceux qui troublent lEglise de Dieu en persécutant les
moines, la transition est naturelle et facile. Détails pittoresques de cette
persécution, saint Jean Chrysostome feint de lapprendre de la bouche dun
témoin qui lui donne le conseil décrire contre les persécuteurs. Cette
entrée en matière a quelque chose de dramatique et qui rappelle les dialogues de Platon.
Saint Chrysostome entre dans la composition de son livre avec mie émotion
profonde; il nest pas ému de colère , mais de compassion pour les malheureux
persécuteurs. Il se compare dune manière charmante à une mère qui ne veut
pas que son petit enfant la frappe, non pas à cause du mal quil lui sait à elle,
mais de celui quil pourrait se faire à lui-même. Les persécuteurs des
saints se nuisent beaucoup à eux-mêmes et nullement à ceux quils persécutent.
Cette vérité est démontrée, par lexemple de saint Paul et de Néron, et
par la parole de Jésus-Christ : Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous ha iront,
etc. (Luc. IV, 22, 23); donc saint Jean Chrysostome écrit dans lintérêt des
persécuteurs plus que dans celui des persécutés; il espère quils écouteront ses
conseils et quils les apprécieront dès cette vie, de peur quils ne soient
obligés de les apprécier quand il sera trop tard, à lexemple du mauvais riche.
Les ennemis de la vie monastique sont plus coupables que le mauvais riche; sa faute
consistait seulement à omettre de faire du bien, tandis quils empêchent, eux, les
autres den faire. Ils sont aussi coupables que les juifs qui persécutèrent
les Apôtres et sopposèrent à la propagation de lEvangile. Mais aussi
par quels châtiments ils payèrent leur impiété dès cette vie. Longue citation
de lhistorien Josèphe. La foi ne suffit pas pour être sauvé, la bonne vie
est nécessaire au salut. De nombreux textes sont cités pour appuyer cette thèse
quon dirait écrite exprès contre les protestants. On objecte quil y
aura donc beaucoup dhommes qui seront damnés. Mais le grand nombre ne
saurait prévaloir contre la vérité. Le fléau du déluge sappesantit sur
la totalité de la race humaine, excepté deux ou trois personnes, et il ne se commettait
pas plus de crimes alors quaujourdhui. Tableau effrayant de la
dépravation du monde à lépoque où vivait saint Jean Chrysostome.
ANALYSE : Ce nétait pas seulement des étrangers, mais les amis et les
pères eux-mêmes qui détournaient leurs enfants de la profession monastique : et ce
désordre était égal parmi les chrétiens et parmi les païens. Saint Chrysostome
sadresse dabord à un père infidèle, quil suppose outré de douleur de
voir son fils engagé dans cette profession. Dans la peinture quil fait de
létat de ce personnage supposé, il rassemble tous les motifs qui font
ordinairement quun père déplore de voir son fils embrasser la vie monastique.
il est riche et noble, il na quun fils et ne peut espérer den
avoir dautres. De son côté le fils est doué de toutes les qualités
nécessaires pour être en droit daspirer à ce quil y a de plus grand dans le
monde, mais il a entendu parler de la religion chrétienne et il a tout quitté pour
senfuir dans les montagnes. Quelque justes sujets que ce père, paraisse
avoir de se plaindre de la résolution de son fils, saint Chrysostome soutient que
cest à tort quil déplore son changement de vie, parce que le pauvre
volontaire est plus heureux que le riche toujours tourmenté de la passion de
largent; parce que le solitaire, tout en ne possédant rien en propre, dispose, pour
le bien des pauvres, de la bourse de toutes les personnes de piété. Comme le père
est païen, saint Chrysostome nemployant que des raisonnements et des exemples à sa
portée, lui cite lexemple de Criton qui met tout son bien à la disposition de
Socrate, son maître de philosophie. Citation dun passage du dialogue de
Platon, le Criton. Autre exemple de Diogène refusant les offres dAlexandre.
Si le père veut parler de la gloire que son fils aurait acquise dans le monde, saint
Chrysostome lui répond que la gloire suit la vertu encore plus que ta puissance.
Platon est plus illustre que Denys, tyran de Syracuse ; Socrate quArchelaüs;
Aristide quAlcibiade. Alexandre porta envie à Diogène. Saint
Chrysostome va plus loin et fait voir que ce fils , devenu solitaire, est plus puissant
que sil fût resté dans le monde. Car, dit-il, il y a trois degrés de
puissance, dont le premier est de pouvoir se venger des injures ; le second, de se guérir
soi-même, quelque blessure que lon ait reçue ; le troisième, de se mettre dans un
état où personne ne puisse nuire. Cest ce dernier degré dont jouit le
solitaire. Personne ne peut lui nuire ; développement de cette pensée.
De là, saint Chrysostome passe à ce qui regarde personnellement le père de ce
solitaire, et montre que jamais fils na eu tant de respects et dégards pour
son père : élevé à quelque haute dignité dans le monde, il naurait peut-être
eu que du mépris pour lauteur de ses jours; restant dans le siècle, il aurait
peut-être été jusquà souhaiter la mort de son père par lespérance
dune riche succession ; retiré dans la solitude il prie Dieu, au contraire,
quil lui accorde une longue vie. Résumé des motifs. Réfutation des
objections. Exemple dun fait récent : Père païen qui, après avoir tout
fait pour retirer son fils de la profession monastique, finit par se laisser vaincre et
convertir par lui.
Comme nous en avons déjà fait la remarque à propos du sacerdoce, saint Chrysostome
prend dans ce traité la marche et le ton oratoire, il se transporte par la pensée devant
un tribunal et il plaide une cause. On le sentirait au style, quand il ne le dirait
pas lui-même en propres termes.
Analyse : Dans le troisième livre, saint Chrysostome entreprend de prouver aux pères chrétiens quils ont tort dempêcher leurs fils dembrasser la vie monastique. Il u convaincu le père infidèle avec les seules ressources de la raison et de la philosophie profane lEcriture saintesera son principal secours contre le père chrétien. Avant tout, afin de rendre le coeur et loreille de son contradicteur plus dociles à recevoir les enseignements quil va développer, il lui rappelle le Jugement dernier et les peines de lenfer, brièvement mais vigoureusement décrits. Les Chrétiens sont tenus de veiller au salut de leur prochain; textes de saint Mathieu et de saint Paul cités à lappui de cette thèse générale. ils sont tenus à bien plus forte raison de veiller au salut de leurs enfants. Exemple du grand-prêtre Héli; lécrivain ou, pour mieux dire , lorateur raconte et commente éloquemment cette histoire, doù il conclut que Dieu punit souvent dès cette vie les pères qui élèvent mal leurs enfants, ainsi que les enfants mal élevés. Dieu a fait des lois positives pour la bonne éducation des enfants. Textes de lExode, de la Genèse, de lEpître aux Ephésiens, et de lEpître à Timothée. Lauteur va au-devant dune objection, et dit que ceux qui auront violé ces lois de Dieu nauront aucune excuse, parce que cest volontairement que nous devenons bons ou mauvais. Autre objection : Ne peuton se sauver en demeurant dans une ville, en habitant une maison, avec une femme et des enfants? Concession : il est vrai quil y a de nombreux degrés de salut, saint Paul le déclare : Autre est léclat du soleil, autre léclat de la lune, autre léclat des étoiles, etc. Mais que faut-il en conclure, sinon quun père doit faire en sorte que son fils arrive dans la cour du Roi des rois au plus grand éclat possible ? Au lieu de cela les pères, trop souvent, ne font pas même connaître à leurs enfants la loi de Dieu. ils ne leur apprennent que deux choses : lamour de largent et lamour de la vaine gloire. Ces deux amours sont deux tyrans pernicieux; lâme quils ont une fois saisie ne peut plus sen débarrasser que dans la solitude. Exemple des Hébreux que Dieu conduisit au désert comme dans un monastère pour les guérir de ce double mal quils avaient rapporté dEgypte. Les pères ne sen tiennent pas là, mais ils infectent les âmes de leurs enfants de certaines maximes qui ont cours dans le monde et qui contredisent formellement la morale de lEvangile. Il est un crime plus abominable que tous les autres, que lauteur na pas encore osé nommer, tant il lui inspire dhorreur, tant il outrage la nature. Cependant il est obligé den parler: les médecins ne guérissent pas une plaie sans y toucher; dailleurs le règne hideux de ce vice abominable, si répandu dans la ville dAntioche, est un motif bien puissant pour porter à la vie monastique. Ce crime, cest celui des Sodomites. Peinture effrayante de la dépravation des moeurs dans la ville dAntioche : rien nétait plus propre à faire aimer le désert que cet affreux tableau. Autre objection : Mais si tout le monde embrassait la vie chrétienne dans sa perfection, toutes les choses de ce monde sen iraient en décadence, la société périrait. Réponse : Les dangers qui menacent la société ne viennent pas de ce côté : cette pensée est développée très-éloquemment dans un parallèle entre le mondain et le chrétien. De là deux tableaux, lun de la société mondaine, lautre de la société monastique. Autre objection : Il est bon, disent certains pères de famille, de faire étudier les lettres et léloquence aux enfants, avant de les laisser sengager dans la vie monastique. Réponse : Les bonnes moeurs valent mieux que léloquence; léloquence sans lhonnêteté est un grand mal; nécessité des bonnes moeurs pour acquérir la science et léloquence ; léloquence nest pas indispensable, même à lexécution des plus grandes choses; les Apôtres nen ont pas eu besoin pour convertir le monde. Histoire dun jeune homme élevé par un moine : saint Chrysostome consent à ce que ceux qui peuvent suivre dans le monde la perfection chrétienne y demeurent mais ceux qui en sont capables sont très-peu nombreux. Il est plus facile de se sauver moine que séculier. Pour les moines elles séculiers les préceptes sont les mêmes. Le véritable père est celui qui soccupe du salut de son fils. Celui qui donne son bien, comme le moine, en est plus véritablement le maître que celui qui entasse ses richesses. Nécessité de contracter lhabitude de la vertu dès le jeune âge. Histoire dAnne et de Samuel. Péroraison du troisième livre, exhortation aux parents délever chrétiennement leurs enfants.
ANALYSE. Un abus étrange s'est introduit dans l'Église ; on voit des ecclésiastiques et des vierges habiter ensemble sous le même toit. Ceux qui commettent cette irrégularité ont beau vouloir se justifier, on peut les défier d'apporter aucune raison plausible. La volupté est la seule et unique cause de ces cohabitations plus voluptueuses qu'un mariage légitime. Vive peinture de cette volupté. Je suppose, dit saint Chrysostome , ces sociétés aussi innocentes qu'on veut bien le dire, elles sont encore très-pernicieuses à cause du scandale qu'elles donnent. Le scandale est un péché toutes les fois que l'action qui le produit n'est pas plus avantageuse que nuisible. Exemple de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et de saint Paul. Or, de quelle utilité sont ces sociétés? Nous verrons qu'elles ne sont d'aucune utilité , qu'elles sont même très-nuisibles soit aux fidèles qui en sont scandalisés, soit aux clercs, soit aux vierges. Vous, qui habitez avec une vierge, vous êtes fort ou faible ; si vous êtes faible, quittez cette société pour vous-même; si vous êtes fort, quittez-la pour les autres. Votre force n'est qu'imaginaire, votre faiblesse seule est réelle : voyez plutôt le saint homme Job, voyez saint Paul lui-même, l'un et l'autre se trouvaient faibles pour combattre la volupté, avez-vous la prétention d'être plus fort qu'eux? Comprenez la parole de Jésus-Christ : Qui potest capere capiat. Il est moralement impossible que la cohabitation n'allume pas la concupiscence. Vous voilà donc convaincu , vous êtes forcé d'avouer que rien ne vous fait rester avec une vierge , excepté la concupiscence et la volupté. Qu'avez-vous à objecter pour votre défense? Mais une vierge a besoin de protection pour sa personne et pour ses biens. Mauvaise raison. La protection que vous exercez sur la personne de cette vierge ne fait que la perdre pour l'éternité et vous-même avec elle. Quant à celle que vous exercez sur ses biens, elle est tout à fait indigne d'un soldat de Jésus-Christ. Votre objection n'est pas sincère, vous n'agissez point par charité; car la charité ne fait acception de personne, et votre prétendue protection ne s'étend que sur les vierges. Pourquoi cette prédilection? Mais les femmes ont plus besoin de secours que les hommes. Cette raison ne vaut pas mieux que l'autre. Les femmes qui sont accablées de vieillesse et d'infirmités ont encore plus besoin d'aide que celles qui sont jeunes et qui se portent bien, et vous ne secourez que celles-ci. Je vais plus loin et je soutiens que quand même votre charité ne trouverait aucune autre occasion de se déployer, vous devriez vous abstenir de l'exercer en faveur de filles jeunes et belles. Le bien que vous pouvez faire ainsi n'égale pas le scandale que vous causez. Celui qui pèche sans scandaliser personne encourt une peine. moindre : vérité prouvée par un exemple de Moïse. Ne dites pas qu'une jeune fille vous est nécessaire pour prendre soin de votre maison. La maison d'un ecclésiastique ne doit pas être assez considérable pour exiger une intendante. Quand même vous auriez besoin de quelqu'un pour cette charge, un frère vous conviendrait mieux. Vive et spirituelle satire. Conduite aussi ridicule que dégradante de ces clercs à l'égard des vierges, dans l'intérieur des maisons, et jusqu'à l'église. Après la correction qui est sévère, hardie, véhémente, ironique, satirique, vient l'exhortation ; elle est pleine de douceur, de charité, d'onction ; elle est pressante, amicale, paternelle. Saint Chrysostome a, dans cet écrit, quelque chose de l'âpreté de saint Jérôme. Cette remarque est de M. l'abbé Martin.
ANALYSE. Ici, ce n'est pas une plume que tient notre saint Docteur , c'est une verge qu'il porte pour mieux venger la morale chrétienne outragée par l'étrange abus de la cohabitation des clercs et des vierges consacrées à Dieu. Dans le livre précédent, il s'adressait aux hommes ; dans celui-ci, c'est aux femmes qu'il s'en prend particulièrement sans laisser de flageller aussi leurs complices avec elles. Il débute par une lamentation imitée de Jérémie. Il déplore la décadence de la virginité autrefois l'honneur, maintenant la honte du nom chrétien. En quoi différez-vous des femmes perdues ? Il est vrai, vous ne provoquez pas les passants de la voix, mais vous les provoquez par votre mise recherchée, par votre démarche pleine de volupté, par vos regards. Les hommes que vous rendez adultères par les désirs empoisonnés dont vous leur lancez les traits seraient punis, et vous ne le seriez pas? Il y a encore, je le sais , des vierges dignes de ce nom , il est inutile de dire que mes reproches ne les atteignent pas. Mais ces reproches, d'un caractère général, ne sont rien : venons à une accusation plus précise, mettons le doigt sur la plaie de notre époque. Certaines femmes qui se sont vouées à Dieu et qui se disent vierges logent des hommes dans leur maison. A quels bruits scandaleux, et quelquefois à quels crimes cela ne donne-t-il pas lieu ? On devrait les traiter comme Phinées traita la Madianite : mais il vaut mieux pleurer sur elles pour les corriger, s'il est possible. Notre-Seigneur Jésus-Christ a pleuré sur Jérusalem, saint Paul sur la perte des Juifs, ses frères. Dieu veut que nous pleurions le malheur des coupables que sa justice est obligée de punir; deux exemples tirés, l'un d'Ezéchiel, l'autre de Michée, le prouvent. Nouvelle lamentation. Objections des accusées et réfutation de ces objections : 1° Notre corps est intact. Votre cur l'est-il? L'honneur de Dieu et du christianisme l'est-il ? Si vous vouliez vivre dans la société des hommes, il fallait entrer dans l'état, non de la virginité, mais du mariage. Voyez donc à quel point votre virginité mal observée vous dégrade : qui êtes-vous ? quel nom vous donner ? Vous n'en avez pas qui soit écrit dans les lois : mais quel est celui que l'on vous donne dans les conversations ? Je n'ose pas le répéter. 2° Nous n'avons pas d'enfants. Les prostituées non plus n'en ont pas. 3° Nous n'arrêtons pas les hommes au passage. Vous les tenez continuellement enfermés dans vos demeures. 4° Nos chambres sont séparées. Je l'admets , le scandale n'en subsiste pas moins. 5° Mais ces hommes nous rendent. des services. A les entendre, c'est vous au contraire qui les servez. Une femme vous servirait mieux. Digression sur la dégradation d'un homme qui se réduit à servir des femmes comme un vil esclave. Retour au sujet. Le scandale. On ne doit pas mépriser la médisance quand on y a donné lieu ; il faut même la faire cesser sans qu'on y ait donné lieu, quand on le peut. Cette malheureuse cohabitation vous sépare de Jésus-Christ. Je crois que c'est la vaine gloire qui vous attache surtout à cette déplorable habitude. Vous vous éloignez de votre but; en recherchant la gloire, vous rencontrez l'ignominie. L'homme qui entre chez vous laisse dehors ce qu'il pouvait avoir de mérite et de bonne réputation. Il n'est pas convenable à vous de gouverner un homme, puisque cela ne convient même pas à une épouse. Tenez-vous à l'estime des hommes, n'ayez rien de commun avec eux. Comment l'on exalte dans le monde les vierges dignes de cette sainte profession; comment l'on vilipende au contraire celles qui cohabitent avec des hommes. Vos adorateurs eux-mêmes vous méprisent au fond de leurs coeurs. Les vierges coupables au jugement dernier. Admirable portrait de la vierge chrétienne. Le vêtement a été donné à l'homme pour couvrir sa nudité, et non comme une parure. Il doit nous humilier et non nous donner de l'orgueil. Ridicule de la cohabitation démontré par une description pittoresque. Exhortation animée et pathétique sur ce texte de David : Audi filia et vide. (Ps. XLIV, 12.)
Traduit par l'abbé J. DUCHASSAING
Tome II, p. 125-171
ANALYSE. Il n'y a point de véritables vierges parmi les hérétiques, parce qu'elles
ne sont point chastes, n'étant pas épouses d'un seul, comme l'ordonne saint Paul.
En second lieu, elles n'embrassent la virginité que par horreur du mariage, qu'elles
regardent comme un crime. Elles ne peuvent donc prétendre à la même récompense
que les vierges catholiques. L'Apôtre, qui conseille la continence, n'en fait
point un précepte, et les hérésiarques, qui s'éloignent de sa doctrine, placent leurs
disciples dans une condition pire que celle des païens. Enfin , la virginité des
hérétiques est injurieuse à Dieu , car, ayant renoncé à la foi, leurs vierges ne
sauraient avoir le coeur pur. D'ailleurs, la profession de la virginité exige,
pour être méritoire, une pleine liberté de se marier, ce qui ne se rencontre pas chez
les hérétiques, qui réprouvent le mariage. L'Église, au contraire, loue le
mariage, et le regarde comme le port de la continence pour ceux qui veulent en bien user.
Quant aux personnes qui n'ont pas besoin de ce secours contre l'effervescence des
passions, l'Église les exhorte à ne point se marier, mais elle ne le leur défend pas.
Elle ne condamne et ne chasse de son sein que ceux qui profanent la sainteté du
mariage. Car le mariage est bon, mais la virginité est bien meilleure, et elle lui
est autant supérieure que les anges le sont aux hommes.
La virginité est avantageuse au catholique selon l'enseignement de l'Apôtre; et dans le
plan premier de la création, elle devait seule régner sur la terre, car le péché, qui
a été cause de la mort, l'a été également du mariage. Adam et Eve ne lui
doivent point la naissance, les anges n'ont point été multipliés par cette voie, et si
nos premiers parents fussent demeurés fidèles, Dieu eût pourvu à la propagation du
genre humain par un moyen qui nous est inconnu. Aujourd'hui même le mariage n'est
permis que pour remédier à l'incontinence, en sorte que l'Apôtre veut que les
chrétiens, à l'exemple des juifs, s'en abstiennent certains jours, afin de mieux vaquer
au jeûne et à la prière. Mais si ce même apôtre dit que la continence est un
don de Dieu, il n'exclut point la coopération de l'homme, et ne parle ainsi que par
humilité. L'auteur trace alors une vive et effrayante peinture des mariages mal
assortis, et rappelle aux vierges, ainsi qu'aux veuves, qu'après avoir fait veau de
continence, elles ne peuvent se marier sans pécher grièvement. Il prouve ensuite
que le mariage est avec raison appelé une chaîne, parce qu'il est une suite non
interrompue de soins et d'inquiétudes, et surtout parce que le devoir conjugal soumet les
époux l'un à l'autre. Cette soumission est pour eux une obligation grave , et
dont ils ne peuvent s'affranchir que momentanément et d'un mutuel consentement. Il
se trouvait aussi des vierges qui faisaient consister la virginité à ne point se marier,
et qui du reste se permettaient les parures et les amusements du monde ; mais si elles
imitent ainsi les vierges folles de l'Évangile, elles seront, comme celles-ci, exclues du
royaume des cieux. L'excellence de la virginité se montre surtout en ce qu'elle
nous facilite l'exercice de la prière et des bonnes oeuvres. Quelques-uns
s'autorisaient du nom d'Abraham pour mettre le mariage au-dessus de la virginité, mais
l'auteur montre que les apôtres sont plus élevés en gloire que ce patriarche ;et tout
en avouant qu'un homme riche, marié et chargé d'affaires, peut mener une vie juste et
vertueuse, il affirme que les exemples en sont rares. Enfin, il termine en disant
que dans la loi nouvelle on exige plus de perfection que dans l'ancienne, parce que les
dons et les grâces du Saint-Esprit nous y sont donnés plus abondamment.
Tome II, p. 173-188.
Traduit par l'abbé J. DUCHASSAING
ANALYSE. Les motifs de consolation que saint Jean Chrysostome présente à la veuve de Thérasius, sont : 1° le soin que Dieu prend des veuves; 2° la dignité de l'état de viduité qui est honorée des chrétiens et des païens ; 3° la joie que doit nous inspirer l'espérance et la confiance de revoir dans le ciel ceux que nous avons aimés ; 4° la brièveté de la vie, les misères qui l'accompagnent et l'instabilité de la fortune. Pour prouver cette dernière proposition, il lui cite d'abord l'exemple de deux veuves, riches, puissantes, et réduites , par la mort de leurs époux, à une extrême indigence, puis celui des neuf empereurs qui avaient régné à Constantinople, et dont sept avaient péri de mort violente. Enfin il termine par le tableau de la gloire et du bonheur dont Thérasius jouit dans les cieux.
Traduit par l'abbé J. DUCHASSAING
Tome II, p. 181-188
ANALYSE. L'auteur expose d'abord et puis réfute les trois motifs qui portent ordinairement les veuves à se remarier, l'espérance d'une meilleure condition, l'amour du monde et la faiblesse de la chair. Puis il déclare que son intention n'est point de blâmer les secondes noces que saint Paul autorise, et que l'Eglise reconnaît pour légitimes. Il observe seulement que la veuve qui se remarie donne une grande marque de faiblesse et de sensualité, fait paraître un esprit attaché à la terre, et laisse apercevoir combien peu lui est chère la mémoire de son premier mari. Elle ne peut aimer le second autant qu'elle a fait le premier ; et ce nouvel engagement soulève contre elle ses parents, ses serviteurs, et surtout les enfants qu'elle a eus de son premier mariage. C'est donc pour dissuader les veuves de contracter de secondes noces que les législateurs ont voulu en bannir tout éclat, montrant ainsi qu'ils ne les permettent qu'à regret. Il terminé par l'éloge de la viduité qu'il rapproche de la virginité, et il dit qu'elle en partage la gloire et les mérites.