ANALYSE : Ceux qui déclarent la guerre à Dieu sont punis infailliblement. Cette vérité est prouvée par lexemple des peuples qui voulurent empêcher la reconstruction du temple de Jérusalem après le retour de la captivité de Babylone. Ce début a quelque chose de poétique et de majestueux. il y a de lexagération dans le tableau du châtiment des ennemis du peuple de Dieu, une exagération qui sent le jeune homme. De ceux qui combattaient loeuvre de la reconstruction du temple à ceux qui troublent lEglise de Dieu en persécutant les moines, la transition est naturelle et facile. Détails pittoresques de cette persécution, saint Jean Chrysostome feint de lapprendre de la bouche dun témoin qui lui donne le conseil décrire contre les persécuteurs. Cette entrée en matière a quelque chose de dramatique et qui rappelle les dialogues de Platon. Saint Chrysostome entre dans la composition de son livre avec mie émotion profonde; il nest pas ému de colère , mais de compassion pour les malheureux persécuteurs. Il se compare dune manière charmante à une mère qui ne veut pas que son petit enfant la frappe, non pas à cause du mal quil lui sait à elle, mais de celui quil pourrait se faire à lui-même. Les persécuteurs des saints se nuisent beaucoup à eux-mêmes et nullement à ceux quils persécutent. Cette vérité est démontrée, par lexemple de saint Paul et de Néron, et par la parole de Jésus-Christ Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous ha iront, etc. (Luc. IV, 22, 23); donc saint Jean Chrysostome écrit dans lintérêt des persécuteurs plus que dans celui des persécutés; il espère quils écouteront ses conseils et quils les apprécieront dès cette vie, de peur quils ne soient obligés de les apprécier quand il sera trop tard, à lexemple du mauvais riche. Les ennemis de la vie monastique sont plus coupables que le mauvais riche; sa faute consistait seulement à omettre de faire du bien, tandis quils empêchent, eux, les autres den faire. Ils sont aussi coupables que les juifs qui persécutèrent les Apôtres et sopposèrent à la propagation de lEvangile. Mais aussi par quels châtiments ils payèrent leur impiété dès cette vie. Longue citation de lhistorien Josèphe. La foi ne suffit pas pour être sauvé, la bonne vie est nécessaire au salut. De nombreux textes sont cités pour appuyer cette thèse quon dirait écrite exprès contre les protestants. On objecte quil y aura donc beaucoup dhommes qui seront damnés. Mais le grand nombre ne saurait prévaloir contre la vérité. Le fléau du déluge sappesantit sur la totalité de la race humaine, excepté deux ou trois personnes, et il ne se commettait pas plus de crimes alors quaujourdhui. Tableau effrayant de la dépravation du monde à lépoque où vivait saint Jean Chrysostome.
ANALYSE : Ce nétait pas seulement des étrangers, mais les amis et les pères eux-mêmes qui détournaient leurs enfants de la profession monastique : et ce désordre était égal parmi les chrétiens et parmi les païens. Saint Chrysostome sadresse dabord à un père infidèle, quil suppose outré de douleur de voir son fils engagé dans cette profession. Dans la peinture quil fait de létat de ce personnage supposé, il rassemble tous les motifs qui font ordinairement quun père déplore de voir son fils embrasser la vie monastique. il est riche et noble, il na quun fils et ne peut espérer den avoir dautres. De son côté le fils est doué de toutes les qualités nécessaires pour être en droit daspirer à ce quil y a de plus grand dans le monde, mais il a entendu parler de la religion chrétienne et il a tout quitté pour senfuir dans les montagnes. Quelque justes sujets que ce père, paraisse avoir de se plaindre de la résolution de son fils, saint Chrysostome soutient que cest à tort quil déplore son changement de vie, parce que le pauvre volontaire est plus heureux que le riche toujours tourmenté de la passion de largent; parce que le solitaire, tout en ne possédant rien en propre, dispose, pour le bien des pauvres, de la bourse de toutes les personnes de piété. Comme le père est païen, saint Chrysostome nemployant que des raisonnements et des exemples à sa portée, lui cite lexemple de Criton qui met tout son bien à la disposition de Socrate, son maître de philosophie. Citation dun passage du dialogue de Platon, le Criton. Autre exemple de Diogène refusant les offres dAlexandre.
Si le père veut
parler de la gloire que son fils aurait acquise dans le monde, saint Chrysostome lui
répond que la gloire suit la vertu encore plus que ta puissance. Platon est plus
illustre que Denys, tyran de Syracuse ; Socrate quArchelaüs; Aristide
quAlcibiade. Alexandre porta envie à Diogène. Saint Chrysostome va
plus loin et fait voir que ce fils , devenu solitaire, est plus puissant que sil
fût resté dans le monde. Car, dit-il, il y a trois degrés de puissance, dont le
premier est de pouvoir se venger des injures ; le second, de se guérir soi-même, quelque
blessure que lon ait reçue ; le troisième, de se mettre dans un état où personne
ne puisse nuire. Cest ce dernier degré dont jouit le solitaire.
Personne ne peut lui nuire ; développement de cette pensée.
De là, saint
Chrysostome passe à ce qui regarde personnellement le père de ce solitaire, et montre
que jamais fils na eu tant de respects et dégards pour son père : élevé à
quelque haute dignité dans le monde, il naurait peut-être eu que du mépris pour
lauteur de ses jours; restant dans le siècle, il aurait peut-être été
jusquà souhaiter la mort de son père par lespérance dune riche
succession ; retiré dans la solitude il prie Dieu, au contraire, quil lui accorde
une longue vie. Résumé des motifs. Réfutation des objections.
Exemple dun fait récent : Père païen qui, après avoir tout fait pour retirer son
fils de la profession monastique, finit par se laisser vaincre et convertir par lui.
Comme nous en avons déjà fait la remarque à propos du sacerdoce, saint Chrysostome prend dans ce traité la marche et le ton oratoire, il se transporte par la pensée devant un tribunal et il plaide une cause. On le sentirait au style, quand il ne le dirait pas lui-même en propres termes.
Analyse