LE XV SEPTEMBRE. L'OCTAVE DE LA NATIVITÉ.
« Soit louange et gloire à
vous, Trinité sainte, qui nous avez donné de faire fête en ces jours ! Soit à
vous aussi louange, sainte Mère de Dieu, sceptre de l'orthodoxie : par vous la
Croix triomphe et l'homme est rappelé aux cieux; par vous les idoles tombent et
les nations viennent à pénitence (1).» Accents de l'Eglise, empruntés par elle
aux Docteurs ses fils, pour conclure la radieuse Octave. Ainsi sans doute
chantaient déjà prophétiquement les Anges près de Marie nouvellement née. Ainsi
nous-mêmes, à la lumière des siècles écoulés, nous sommes-nous efforcés
d'honorer son entrée dans la vie par la réponse à la question qui se dresse sur
tous les berceaux : Que sera cette enfant ?
Disons-le donc, conformément à la
doctrine naguère encore magistralement exposée par l'infaillible successeur de
Pierre : depuis les jours de sa vie mortelle où, dès ce monde, Marie fut
véritablement la mère de l'Eglise, la reine des Apôtres et leur maîtresse en ce
qui touche les oracles divins (2) ; depuis surtout qu'élevée au sommet des
cieux, elle s'est vue investie d'un pouvoir en quelque sorte immense pour
administrer les fruits de l'humaine rédemption (3), la puissante auxiliatrice
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du peuple chrétien, la
réparatrice du monde (1) n'a point cessé de se montrer l'inexpugnable
rempart de l'Eglise, le solide fondement de la foi (2), la source
divinement jaillissante d'où les fleuves de la divine Sagesse roulant leurs
eaux très pures refoulent l'erreur en tous lieux (3).
Qu'un si glorieux passé nous
donne confiance en l'avenir. « C'est par Marie, dit le Bienheureux Grignon de
Montfort, que le salut du monde a commencé, et c'est par Marie qu'il doit être
consommé. Etant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous la première
fois, elle le sera encore lorsqu'il viendra la seconde, quoique non pas de la
même manière. Marie doit éclater, plus que jamais, en miséricorde, en force et
en grâce, dans les derniers temps : en miséricorde, pour ramener et recevoir
amoureusement les pauvres pécheurs et dévoyés qui se convertiront et
reviendront à l'Eglise catholique ; en force contre les ennemis de Dieu, les
idolâtres, schismatiques, mahométans, juifs et impies endurcis, qui se révolteront
terriblement pour séduire et faire tomber, par promesses et menaces, tous ceux
qui leur seront contraires; et enfin elle doit éclater en grâce, pour animer et
soutenir les vaillants soldats et fidèles serviteurs de Jésus-Christ qui
combattront pour ses intérêts. Marie doit être terrible comme une armée rangée
en bataille, principalement dans ces derniers temps. C'est principalement des
dernières et cruelles persécutions du diable qui augmenteront tous les jours
jusqu'au règne de l'Antéchrist, qu'on doit entendre cette première et célèbre
prédiction et malédiction de
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Dieu, portée dans le paradis terrestre contre le serpent: Je
mettrai des inimitiés entre toi et la femme, et ta race et la sienne.
« Jamais Dieu n'a fait et formé
qu'une inimitié, mais irréconciliable : c'est entre Marie, sa digne Mère, et le
démon ; entre les enfants et serviteurs de la sainte Vierge, et les enfants et
suppôts de Lucifer. Satan appréhende plus Marie, non seulement que tous les
Anges et les hommes, mais, en un sens, que Dieu même : ce n'est pas que l'ire,
la haine et la puissance de Dieu ne soient infiniment plus grandes que celles
de la sainte Vierge, puisque les perfections de Marie sont limitées; mais c'est
parce que Satan, étant orgueilleux, souffre infiniment d'être vaincu et puni
par son humilité qui l'humilie plus que le pouvoir divin. Les diables craignent
plus un seul de ses soupirs pour quelque âme que les prières de tous les
Saints, et une seule de ses menaces contre eux que tous les autres tourments (1).
»
Un saint prêtre, du nom de Nicomède,
est associé aux honneurs de ce jour. Pour avoir enseveli le corps de Félicula, vierge et martyre du Christ, celle-ci lui obtint
de cueillir aussi la palme. Implorons avec l'Eglise sa protection près de Dieu.
ORAISON.
Soyez propice, Seigneur, à
votre peuple; il honore les mérites éclatants du bienheureux Nicomède,
votre Martyr : puisse-t-il, sous son
égide, obtenir toujours votre miséricorde. Par Jésus-Christ.
Chantons à Marie dans sa Nativité
cette gracieuse Séquence du XIV° siècle.
SÉQUENCE.
La naissance de la Vierge
Marie qui nous a purifiés de la tache de nos crimes se célèbre en ce jour, jour
d'allégresse ! C'est le rejeton que le Soleil de la vraie lumière fit surgir de
la tige de Jessé ; c'est l'œuvre de la Sagesse, le
temple de sa grâce.
Lever nouveau d'une étoile
nouvelle, dont la naissance met à mort notre mort ! la chute d'Eve se répare en Marie. Elle s'avance comme
l'aurore qui grandit ; de la lune elle présente aux yeux la beauté ; sur tous
les astres elle l'emporte comme un soleil, la Vierge très douce !
Vierge mère et vierge
incomparable, nuage de parfums, de vous sont fiers et ce monde et les cieux.
Les Prophètes vous ont signalée ; Salomon vous chante le divin Cantique ; la
bouche de l'Ange atteste votre grandeur.
Dans la suite, le Verbe du
Père prit pour retraite votre corps, à la fois en vous tout entier et tout
entier par delà. Fruit savoureux d un arbre qui ne connut pas la rosée, le
Christ est aussi ce géant de force sans pareille qui nous a délivrés des liens
du funeste engagement.
Le fils du sein virginal a eu
pitié du genre humain : enfants, vieillards, que tous s'appliquent à célébrer
la Vierge. Celui qui possédait tout droit de nous tenir rigueur pour le péché
des premiers parents, s'est fait de Dieu et de l'homme le médiateur.
O Marie, de quel doux
commerce votre sein ne déroba-t-il pas le mystère, quand remède et salut furent
accordés aux coupables ! O notre joie, notre véritable espérance, faites
qu'après la course de cette vie nous soit donnée aux cieux l'ambitionnée
récompense. Amen.