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LE XIII SEPTEMBRE. SIXIÈME JOUR DANS L'OCTAVE DE LA NATIVITÉ.Ils sont beaux vos premiers pas, ô fille du prince! nos yeux ne se lassent point de contempler en vous cette merveille de l'union des harmonies les plus suaves et de la puissance d'une armée (1). Enfant bénie, croissez toujours en grâce ; que votre marche soit heureuse; que votre royauté s'affermisse et s'affirme. Mais l'Eglise n'attend pas que vous soyez plus grande, pour chanter à votre honneur sa belle Antienne : Réjouissez-vous, Vierge Marie; vous avez seule détruit toute hérésie dans le monde entier (2). L'hérésie, la négation de Satan opposée à l'affirmation de Dieu dans son Christ, c'est le grand combat, l'unique à vrai dire, où se résume l'histoire. Dieu n'ayant créé le monde que pour s'unir à lui par son Verbe devenu chair, l'ennemi de Dieu et du monde, pour briser le nœud de ce mystère d'amour, s'en prend tour à tour à la divinité et à l'humanité du Christ médiateur. Mais c'est vainement que le prince du mensonge accumule ses ténèbres à rencontre : il est homme, ce Jésus que comme chacun de nous une mère a mis au monde ; il est Dieu, celui qui seul entre tous naquit d'une vierge. Signe de contradiction pour 1. Cant. VI, 12 ; VII, 1-2. — 2. Première Ant. du IIIe Noct. de la fête. 222 ceux qui se perdent, selon le mot du vieillard Siméon (1), l'HOMME-DIEU a lui-même comme signe pour les yeux non prévenus la VIERGE-MÈRE : Le Seigneur vous donnera lui-même un signe, disait le Prophète ; voici qu'une vierge concevra, et elle enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel, DIEU AVEC NOUS (2). Dans la seconde des célèbres conférences qui eurent lieu, l'an 277 de notre ère, entre le saint évêque Archélaüs et le père du Manichéisme, celui-ci niant que le Christ fût né de Marie : « S'il en est ainsi, répondait Archélaüs, s'il n'est pas né, sans aucun doute il n'a pas non plus souffert; car souffrir est impossible à qui n'est pas né. Que s'il n'a pas souffert, on ne doit plus parler de la Croix ; et la Croix mise de côté, Jésus n'est pas ressuscité des morts. Or, si Jésus n'est pas ressuscité, personne autre ne ressuscitera davantage ; la résurrection supprimée, le jugement l'est aussi. Alors, il est bien inutile d'observer les commandements de Dieu : Mangeons et buvons, car demain nous mourrons (3) ! Voilà pourtant les corollaires de ton dire. Confesse au contraire que le Seigneur est né de Marie: alors, de là se déduisent et la passion, et la résurrection, et le jugement ; alors toute l'Ecriture est sauve. Non ; ce n'est point là une question vaine. Car, de même que toute la Loi et les Prophètes sont contenus dans les deux préceptes de l'amour, de même toute notre espérance est suspendue à l'enfantement de la bienheureuse Vierge (4). » 1. LUC. II,
34. — 2. Isai. VII, 14. — 3. I Cor. XV, 32. — 4. Acta disputationis ARCHELAI, XLIX. 223 L'Eglise de Milan, qui célèbre à la date fixe du 11 septembre la fête du Très saint Nom de Marie, chante audit jour cette belle Préface en parfait accord avec les sentiments que la radieuse Octave nous inspire. PRÉFACE.Il est vraiment digne de vous
rendre grâces, Dieu éternel qui avez voulu que la bienheureuse Vierge Marie fût
mère de votre Fils unique. Car il ne convenait pas qu'un Dieu eût d'autre mère
qu'une vierge, ni une vierge d'autre fils qu'un Dieu. Comme au nom de Jésus
tout genou fléchit devant votre divine Majesté, au ciel, sur la terre et dans
les enfers ; de même, quand est prononcé le nom de Marie, les cieux
s'inclinent, la terre se prosterne, l'enfer tremble, confessant votre adorable
toute-puissance en la Vierge-Mère. C'est
pourquoi donc, avec les Anges. La Préface du jour même de la Nativité au rit ambrosien est la suivante. PRÉFACE.Il est vraiment digne de vous
rendre grâces, Dieu éternel. Car nous célébrons le jour de la précieuse
naissance où la très glorieuse Mère de Dieu,
l'immaculée Vierge Marie, étoile brillante et merveilleuse, resplendit
sur le monde. C'est elle qui a rouvert pour nous la porte de la vie éternelle
fermée par Eve au paradis, qui nous a ramenés des ténèbres aux joies de l'antique
lumière. Par Jésus-Christ. |