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APPROBATION DE MONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE CHARTRES.
LETTRE DE L'AUTEUR A N. S. PÈRE LE PAPE.
BREF DE N. S. PÈRE LE PAPE A l’AUTEUR.
L'expérience nous apprend, aussi
bien que l'Ecriture, que le démon a ses profondeurs comme Dieu, mais qu'elles
sont d'une nature bien différente. Les conseils de Dieu étant conduits par une
sagesse toute sainte et toute-puissante, tendent toujours à tirer le bien du mal
même, au lieu que les artifices du démon ne vont qu'à tourner le bien en mal :
lorsqu'il ne peut éloigner les âmes du bien où la grâce les attire, il en fait
un mal par le poison qu'il y répand. C'est ce qu'il fait sur la matière de
l'oraison depuis quelques années surtout. Comme il sait que la prière est le
grand moyen de le désarmer et de tout obtenir de Dieu, ou il en dégoûte
entièrement par le mépris qu'il en inspire aux enfants du siècle, et par les
vaines craintes qu'il donne aux âmes timides; ou il la corrompt par l'illusion.
Il y a fait tomber plusieurs personnes, qui faute d'humilité ont donné dans le
piège; l'orgueil les a séduites, et leur a fait enseigner une nouvelle
spiritualité que les Saints n'ont point connue ; elles se sont flattées de
pouvoir par des méthodes de leur invention, rendre faciles et communs à tous le
monde, les dons les plus précieux et les plus rares que le Saint-Esprit
n'accorde qu'à quelques âmes choisies que Dieu veut favoriser d'une manière
particulière, sans manquer à ce qu'il a promis pour le salut des autres. Il faut
donc faire connaître la fausseté de leurs maximes et les abus où elles jettent :
il faut expliquer les mystères les plus profonds de l'amour divin , que l'Eglise
ne découvre qu'avec réserve et à proportion de ses besoins, parce que les âmes
sensuelles n'en sont pas capables; mais elle le fait toujours sans dissimulation
et sans artifice, parce qu'elle n'enseigne rien que de saint et qui ne soit
digne de Dieu.
Il fallait pour traiter une
matière si difficile et si délicate une main aussi habile que celle du grand
prélat qui a composé cet ouvrage. Son nom seul porte avec soi son approbation et
son éloge : car qui ne connaît sa profonde érudition, son zèle pour la vérité,
son application continuelle à combattre les erreurs, et les autres qualités
épiscopales dont Dieu l'a rempli? On en trouvera de nouvelles preuves dans ce
livre, comme dans les autres excellents ouvrages qu'il a donnés au public. Si ce
n'est point assez de dire que nous n'y trouvons rien de
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contraire à la foi ni à la morale chrétienne : nous
exhortons de plus les âmes véritablement pieuses de le lire avec attention, et
de se servir des pures lumières qu'elles y trouveront pour éviter les routes
égarées de la fausse spiritualité, et pour marcher toujours dans la voie droite
de la perfection. Donné à Paris, dans notre palais archiépiscopal, le douzième
jour du mois de février, l'an de grâce mil six cent quatre-vingt-dix-sept.
Signé + Louis Antoine, archevêque de Paris.
J'ai lu l'excellent livre
intitulé : Instruction sur les états d'Oraison, ou sont exposées les erreurs
des faux mystiques de nos jours, avec les actes de leur condamnation.
L'erreur des quiétistes y est démasquée, désarmée et invinciblement confondue.
Monseigneur l'Evêque de Meaux, toujours attentif à défendre l'Eglise contre
toute nouveauté, fait voir clairement où tendent leurs principes et le sens
pernicieux de leurs maximes. Us ont pensé ce qu'ils ont écrit, ce qu'ils ont
tant de fois répété, ce qu'ils se sont efforcés de prouver, ce qu'ils ont
expliqué par des comparaisons très-sensibles, ce qui forme leur système et ce
qui est le sens de tous leurs ouvrages.
Qu'ils ne tentent donc plus de
rappeler ici en leur faveur la fameuse distinction du droit et du fait; ce ne
pourrait être qu'un artifice pour éluder les condamnations de l'Eglise, dans une
occasion où les écrits condamnés parlent si clairement et d'une manière si peu
équivoque.
Les légers correctifs qu'on y
trouve quelquefois, et ceux-là même où ils semblent nier ce qu'ils assurent
ailleurs, ne servent de rien pour leur excuse ; ils se sont par là préparé des
évasions; ils ont dit de bonnes choses pour faire passer les mauvaises ; et tout
ce qu'on peut conclure de ces contrariétés, c'est qu'ils ont voulu se déguiser;
mais ils ont beau faire : il y a certains endroits dans leurs ouvrages qui en
sont comme les chefs et le dénouement par où ils se découvrent malgré eux. On
n'a par exemple qu'à les suivre dans les différents degrés de leur prétendue
perfection, et à séparer comme ils font en chaque degré, le commencement, le
progrès et le terme ; on trouvera que ce qu'ils semblent accorder
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à la vérité catholique dans le degré des plus parfaits
n'est vrai, selon eux, que pour le commencement du degré, ou tout au plus dans
le progrès qu'on y fait, et que quand enfin on est arrivé à leur terme, il n'y a
plus rien à faire pour la créature ; qu'alors tout acte de vie chrétienne,
quelque simple et délicat qu'il soit, est entièrement éteint ; et voilà la mort
mystique, selon eux, qui conduit à la vie parfaite; mais c'est en effet la mort
de la grâce, qui mène à l'indifférence du salut et à la réprobation éternelle.
Ils ont eu la hardiesse
d'appeler à leur défense les plus saints mystiques; mais M. de Meaux a réparé
l'injure faite à ces grands Saints, en montrant par eux-mêmes leurs véritables
sentiments, et a confondu les novateurs par la foi et la tradition constante de
l'Eglise.
Après les éclaircissements de ce
grand prélat, il est évident que cette nouveauté est le renversement de la foi
et de la morale de l'Evangile. Luther et Calvin attaquèrent l'une et l'autre
sous prétexte de réforme au commencement du siècle passé, et les faux mystiques
d'aujourd'hui attentent la même chose sous le voile spécieux de la plus haute
perfection. Il ne faut donc pas s'étonner si les calvinistes ont fait l'apologie
de Molinos, et si les trembleurs d'Angleterre ont reçu dans leur communion les
quiétistes fugitifs d'Italie.
C'est un monstre, que des
chrétiens et des chrétiennes aient pu donner de tels excès au public sous les
noms de la plus parfaite piété. Ils ont réduit l'exercice de la foi à des idées
si confuses de la Divinité, et les pratiques de l'Evangile à une telle inaction
et insensibilité, qu'un licencieux déiste, qui aurait voulu secouer le joug de
la religion et étouffer les remords de sa conscience, n'aurait pu rien concerter
de plus favurable à son libertinage.
Quelles suites d'une si énorme
doctrine, et quand on ne les aurait pas prévues, en seraient-elles moins à
craindre ? On sait quelle a été la vie de Molinos : Dieu punit souvent l'orgueil
de l'esprit par les humiliations de la chair : Evanuerunt in cogitationibus
suis ; dicentes enim se
esse sopientes, stulti facti sunt..... Tradidit illos
Deus in reprobum
sensum, ut faciant ca quœ non conveniunt. On doit
tout craindre quand on est superbe ; et l'orgueil peut-il monter plus haut en
cette vallée de larmes que de s'attribuer une justice, un désintéressement, un
rassasiement, une transformation si fort au-dessus de notre état présent?
Prétendre avoir extirpé l'amour-propre, c'est sans doute le
comble de l'amour-propre; et quelle plus grande marque en peuvent donner ces
âmes vaines, que leur folle présomption de n'avoir plus rien à demander à Dieu ?
Il n'est point de chute honteuse où un tel excès d'orgueil ne puisse précipiter
: et plaise au Seigneur que sous ces noms spécieux de simplicité, d'enfance,
d'obéissance trop aveugle, de néant, il n'y ait rien
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de caché de ce que l'on a découvert ailleurs dans ces
orgueilleuses et spirituelles singularités.
Apres l’ Instruction
exacte qu'on donne ici sur un sujet si délicat et si important, nous espérons
que toutes les personnes de bonne foi et de bon esprit, qui se seraient laissé
prévenir par l'endroit spécieux de cette nouveauté, reviendront de leur
prévention; et que les auteurs mêmes des ouvrages condamnés détesteront avec
humilité et sincérité leurs erreurs, si l'infaillibilité que quelques-uns
d'entre eux s'attribuent, et le mépris qu'ils font de toute la terre n'oppose
pas aux remèdes de l'Eglise un orgueilleux entêtement qui rende leur mal
incurable.
Nous ne cesserons d'offrir à
Dieu nos prières et nos sacrifices, pour qu'il détourne de dessus leurs têtes un
si grand malheur, par une rétractation et une pénitence sincère, qui console
Jésus-Christ et son Eglise de leurs égarements passés. Que si au contraire ils
continuaient de résister toujours opiniâtrement à la vérité, ainsi que Jannès et
Mambrès résistèrent à Moïse, du moins leurs opinions insensées ne feront plus
aucun progrès : car leur folie va être maintenant connue et détestée de tout le
monde, comme le fut celle de ces magiciens : Sed ultrà non proficient ;
insipientia enim eorum manifesta erit omnibus, sicut et illorum fuit.
C'est le grand fruit que nous
avons tout lieu d'attendre de l'excellent livre de M. l'Evêque de Meaux, si
rempli de la profondeur, de la lumière, de la pureté et de la force de la vérité
catholique, dont ce grand prélat s'est toujours montré si utilement pour
l'Eglise le zélé défenseur contre toute erreur qui l'a osé attaquer dans ces
derniers temps. Fait à Chartres, ce troisième de mars mil six cent
quatre-vingt-dix-sept.
Signé + Paul, évêque de
Chartres.
BEATISSIME PATER,
Ad pedes
beatissimos appono librum pro defensione decretorum apostolicœ Sedis à me
editum, et vix prado subtractum. Quae enim catholicam veritatem , quœ cathedra
Petri dignitatem majestamque spectant, ea christianis quidem omnibus, sed nobis
potissimùm episcopis curae
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esse oportet, qui in partem vocati sollicitudinis,
plenitudinem potestatis colere debeamus. Et quidem, Pontifex sanctissime, quàm
adversùs errores Romana vigilaret fides, recentissimo exemplo claruit, cùm in
ipsam christianitatis arcem, id est in ipsam Urbem, sub orationis ac pietatis
specie pestiferum virus latenter irreperet, ac magnam Italiœ partem flamma
pervaderet. Sed error occultus non fefellit Petri Sedem, in quà fides apostolico
ore laudata, et Chrisli oratione firmata non potest sentire defectum. Statim
enim Innocentius XI sanctœ recordationis, antecessor tuus, ab ipsà Petri Sede,
hoc est ab altiore loco speculae pastoralis, classicum insonuit, et universos
excitavit episcopos : quà voce commoniti nos quoque insurreximus, zeloque zelati
pro Domino Deo exercituum, in bis quoque partibus comprimere conati sumus
gliscentem haeresim, quae per innumerabiles libelles longé latèque diffusa, ac
ne latiùs spargeretur, ab apostolicà Sede damnata est. Nos autem ultrò
profitemur, Beatissime Pater, in damnandis propositionibus ac proscribendis
libris, sanctissimœ Sedis decretis inhœsisse : et nunc toto hoc opusculo nihil
aliud agimus, quàm ut id quod summà auctoritate et œquitate est gestum,
Scripturarum testimoniis, traditione Patrum ac vera theologiœ decretis fulciatur
: quœ promptù et humili mente conantem, et sub tantœ Sedis auctoritate certantem
procul dubio adjuvabis. Sanè diligenter cavendum est, ne in ipso oralionis fonte
christiana pietas corrumpatur : id enim omninò agunt prœdictorum libellorum,
quos Sedes apostolicà damnavit, auctores; ut gratuiti amoris specie, christiana;
spei solatium, et sensus œternœ beatitudinis, quœ est ipse Deus noster, ipsa
etiam sanctœ dilectionis incentiva languescant, ac sic tota pietas in argutiis
inanibus, abstractisque et exsuccis conceptibus reponatur; satis superque se
spirituales ac mysticos arbitrati, si à nemine capiantur, et in suis
cogitationibus evanescant. Quae si ratio invalescat, jam ad verba subtilia,
novasque ac vanas voces apostolicà illa, solida sinceraque pietas ac simplicitas
redigetur, veraque virtutis studium refrigescet : quœ absint à temporibus tuis.
Nos enim prœdicamus Innocentium XII, verae genuinaeque pietatis exemplum,
christiani gregis formam, episcoporum patrem, altorem pauperum, optimœ cujusque
institutionis auctorem : qui paeem ecclesiis, pacem regnis afferat; Ecclesiœ
gallicanœ, Regi nostro magno, optimo, verè christianissimo, ac Sedis apostolicae
veneratori pracipuo, totique fiorentissimo ac religiosissimo regno parentem se
prabeat; Belgarum turbas componat; atque ad Sinenses usque ac remotissimas illas
vaslissimasque Orientis provincias apostolicœ providentiœ intendat aciem, ac
cœlestis vineœ operariis partito labore partàque concordià ostium aperiat
Evangelio. Quid superest, Beatissime Pater, nisi ut Sanctitati Tuœ omnibus votis
incolumitatem apprecer, ejusque tutelae commendem hoc opusculum meam pro
sanctissimœ Sedis decretis, summà quidem fiducià, sed interim
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demisso animo pugnaturum. Deniquè ut per omnia, in tuœ
Sedisque apostolicœ potestate futurum esse me spondeam, ac per abbatem Bossuetum
paternae erga illum tuœ benevolentiœ memorem, tanquàm per alterum me, apostolicœ
benedictionis munus accipiam,
Beatissime Pater,
Sanctitati Tuœ devotissimus et addictissimus servus et
filius :
Signé, + J. BENIGNUS, episcopus
Meldensis.
Parisiis die
17 martii, an. Dom. 1697.
Et
au-dessus : Sanctissimo Domino Domino Innocentio Papœ XII.
Innocentius PAPA XII.
Venerabilis Frater, salutem et
apostolicam benedictionem. Etsi ad fraternitatem tuam peculiari quodam propensœ
voluntatis sensu prosequendam valida nobis incitamenta non deerant à virtulibus,
doctrinà ac meritis, quibus prœstas; acriores nihilominùs in idipsum stimulos
addidit volumen quod in lucem nuper edidisti, quodque unà cum litteris
obsequentibus erga nos significationibus refertis à dilecto filio abbate
Bossueto accepimus. Quamobrem pro explorato habere potéris, non defutura tibi in
occasionibus quœ se offerent, praecipua prœdictœ voluntatis testimonia, cujus
interim rei pignus apostolicam benedictionem fraternitati tuœ peramanter
impertimur. Datum Romœ apud sanctam Mariam Majorem, sub annulo Piscatoris, die
VI maii MDCXCVII, Pontilicatùs nostri anno sexto.
Signé
Marius Spinula.
Et au-dessus : Venerabili
Fratri Jacobo Benigno, Episcopo Meldensi.
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