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QUATRIÈME AVERTISSEMENT
AUX PROTESTANTS
SUR
LES LETTRES DU MINISTRE JURIEU
CONTRE
L'HISTOIRE DES VARIATIONS.
La sainteté et
la concorde du mariage chrétien violées.
Mes chers Frères ,
Il n'y a rien de si sacré dans
les mystères de la religion, que M. Jurieu n'ait cru devoir attaquer pour
défendre votre cause : vous l'avez vu dans les Avertissements précédents : les
deux sui-vans vous feront voir qu'il attaque encore les fondements que
Jésus-Christ a donnés à l'union des familles et au repos des empires, et ce
ministre n'a rien épargné.
C'était pour lui et pour toute
la Réforme un endroit fâcheux que le VIe livre des Variations, où l'on
voit la permission donnée à Philippe landgrave de liesse , le héros et le
soutien de la Réforme , d'avoir deux femmes ensemble, contre la disposition de
l'Evangile et la doctrine constante des chrétiens de tous les siècles. Il n'y
avait rien de moins convenable à une Réforme et au titre de réformateurs, que
d'anéantir un si bel article de la morale chrétienne, et la réforme que
Jésus-Christ même avait faite dans le mariage , lorsque s'élevant au-dessus de
Moïse et des patriarches , il régla la sainte union du mari et de la femme,
selon la forme que Dieu lui avait donnée dans son origine. Car alors en
bénissant l'amour 'conjugal comme la source du genre humain, il ne lui permit
pas de s'épancher sur plusieurs objets, comme il arriva dans.la suite lorsqu'un
même homme eut plusieurs femmes :
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mais réduit à l'unité de part et d'autre , il en fit le
lien sacré de deux cœurs unis ; et pour lui donner sa perfection et à la fois le
rendre une digne image de la future union de Jésus-Christ avec son Eglise, il
voulut que le lien en fût éternel comme celui de l'Eglise avec Jésus-Christ.
C'est sur cette idée primitive que Jésus-Christ réforma le mariage ; et comme
disent les Pères, il se montra le digne Fils du Créateur, en rappelant les
choses au point où elles étaient à la création. C'est sur cet immuable fondement
qu'il a établi la sainteté du mariage chrétien et le repos des familles. La
pluralité des femmes autrefois permise ou tolérée, mais pour un temps et pour
des raisons particulières, fut ôtée à jamais, et tout ensemble les divisions et
les jalousies qu'elle introduisait dans les mariages les plus saints. Une femme,
qui donne son cœur tout entier et à jamais, reçoit d'un époux fidèle un pareil
présent, et ne craint point d'être méprisée ni délaissée pour une autre. Toute
la famille est unie par ce moyen : les enfants sont élevés par des soins
communs; et un père qui les voit tous naître d'une même source, leur partage
également son amour ; c'est l'ordre de Jésus-Christ, et la règle que les
chrétiens n'ont jamais violée par aucun attentat.
Mais Luther, Bucer et
Mélanchthon, trois chefs principaux de la Réforme , ont osé y donner atteinte :
ce sont les premiers des chrétiens qui ont permis d'avoir deux femmes à un
prince qui confessait son intempérance. On ne pouvait pousser plus loin la
corruption ; et comme cette permission est inexcusable, il en fallait abandonner
les auteurs à la détestation de tous les fidèles. Mais l'endroit est trop
délicat. Quel abus oserait-on dorénavant reprocher à l'Eglise catholique, si on
en avouait un si criant dès le commencement de la Réforme , sous ses chefs et
dans sa plus grande vigueur? C'est pourquoi M. Jurieu rappelle ici tout son
esprit pour excuser les réformateurs le mieux qu'il peut ; et lui qui ne fait
que courir ou pour mieux dire, voltiger sur les autres variations des
protestants, prend un soin particulier de défendre celle-ci.
D'abord il voudrait pouvoir
douter du fait : « Je dirais, dit-il, quelque chose sur un fait dont M. Bossuet
fait grand bruit : c'est
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une consultation véritable ou prétendue du landgrave (1). »
Il n'ose dire qu'elle soit fausse. J'ai fait voir qu'elle était publique il y a
douze ans, sans avoir été contredite (2) : les actes en sont produits tous
entiers en forme authentique dans une histoire (3) attaquée en mille endroits,
même par des auteurs protestants, sans qu'ils aient osé toucher à celui-ci. J'ai
ajouté pour confirmer ce fait important, l'instruction donnée à Bucer par le
landgrave lui-même, pour obtenir de Luther et de Mélanchthon cette honteuse
dispense : tout cela a été rendu public, comme on a vu dans l'Histoire des
Variations, par un électeur palatin et par un prince de la maison de liesse,
un des descendants du landgrave. Nous avons encore produit en confirmation des
lettres de Luther et du landgrave (4); et un fait si honteux à la Réforme est
devenu plus clair que le soleil. Il ne faut donc pas s'étonner si le ministre
n'a osé le nier. Vous voyez en même temps qu'il voudrait bien ne pas avouer
qu'il soit constant : mais c'est un faible artifice ; et s'il y avait quelque
chose à dire contre des actes si authentiques que j'ai soutenus de tant de
preuves, on l'aurait dit il y a longtemps dans le parti, ou enfin M. Jurieu le
dirait maintenant.
Passez donc condamnation sur le
fait : il faut voir comment on pourra le pallier, et connaître a cette fois pour
toujours les vains raisonnements, la vaine science et en un mot les vains
artifices de votre grand défenseur.
Il prend d'abord son air de
dédain, comme il fait quand il n'en peut plus : « Et voilà, dit-il, qui revient
bien au titre et au but des Variations (5). » Quoi ! ce n'est pas innover
et varier dans la doctrine , que d'en changer un article auquel aucun chrétien
et pas même les réformateurs n'avaient encore osé donner d'atteinte : et le
mariage chrétien deviendra semblable à celui des infidèles, sans qu'on puisse
imputer de variations aux auteurs d'une si étrange nouveauté ? « Mais, dit-il,
cela ne fait rien pour prouver que les vérités venues de Dieu obtiennent d'abord
toute leur perfection (6). » Je l'avoue. Je ne prétends pas prouver ici cette
vérité : je la suppose connue et même prouvée ailleurs, si elle avait besoin de
1 Lett. VIII, p. 56. — 2 Var., liv. VI, n. 9. — 3
Varillas, Hist. de l’Her., liv. XII. — 4 Var., liv. VI, n. 10. — 5
Lett. VIII, p. 57. — 6 Ibid.
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preuves (1) : je fais voir seulement ici que l'Eglise
protestante est entraînée par un esprit d'innovation, et ne laisse rien
d'inviolable parmi les fidèles, pas même la sainte alliance du mariage. Voyons
comme on se défend de ce reproche.
Après les airs de dédain on
vient aux injures, autre marque de faiblesse; et on écrit ce que j'ai honte de
répéter, mais ce que néanmoins je ne puis taire, que « l'Eglise romaine donne
des dispenses des crimes les plus affreux, accorde des indulgences à ceux qui
ont couché avec leur mère et avec leur sœur, permet d'exercer la sodomie les
trois plus chauds mois de l'année, et en a signé la permission par son Pape (2).
» On ne peut assez s'étonner ni de l'impudence d'un si infâme langage, ni de
celle d'avancer sans la moindre preuve des faits si atroces; car il s'agit de
dispenses et de permissions : il s'agit non des indulgences qu'on pourrait
donner après les crimes commis aux pécheurs vraiment repentants, de peur «
qu'abîmés dans un excès de tristesse, » ils ne tombent dans le désespoir; car de
telles indulgences n'ont point de difficulté , et on sait que l'Apôtre même en a
donné de semblables (3) : les indulgences qu'on veut ici que nos Papes aient
signées, ne sont pas celles qu'on accorde à un pécheur accablé par la douleur de
son crime , mais de celles où on lui permet de le commettre. Votre ministre ose
nous imputer de cette sorte d'indulgence qui nous fait horreur : mais on commît
son artifice. Il ne croit pas que vous puissiez vous imaginer qu'il écrive des
faits si étranges sans quelques preuves : et il est vrai que cela n'est pas
croyable, mais néanmoins il est vrai en même temps qu'il ne cite rien pour
prouver ce qu'il avance. Il ne produit point ces décrets honteux signés par les
Papes : on ne peut pas deviner où il les a pris, non plus que ses autres
calomnies : il n'y a que le père des mensonges, dont le nom propre est celui de
calomniateur, qui puisse les avoir inventées. Mais quoi ! plus la raison manque,
plus un homme violent répand d'injures; et il n'y a plus à s'étonner que de ce
qu'on l'écoute parmi vous.
Mais venons au fond. Il est
question de savoir si Luther, Mélanchthon , Bucer, ces trois piliers de la
Réforme, ont eu droit de
1 Var. Préf., n. 1 et suiv. — 2 Jur., lett.
VIII, p 57. — 3 II Cor., II, 6, 7.
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dispenser le landgrave de la loi de l'Evangile qui réduit
le mariage à l'unité, et parla d'établir une doctrine directement contraire à
celle de tout ce qu'il y a jamais eu de chrétiens dans l'univers. Le ministre
s'embarrasse ici d'une si terrible manière, qu'on ne comprendrait rien dans tout
son discours, si pour le rendre plus intelligible on ne tâchait de le réduire à
quelques principes. Voici donc comme il raisonne : « Les lois naturelles,
dit-il, sont entièrement indispensables : mais quant aux lois positives , telles
que sont celles du mariage, on en peut être dispensé, non-seulement par le
législateur, mais encore par la souveraine nécessité. Ainsi, continue-t-il, les
enfants d'Adam et de Noé se marièrent au premier degré de consanguinité, frères
et sœurs, quoi qu'ils n'en reçurent dispense, ni du souverain Législateur, ni de
ses ministres : la nécessité en dispensa (1). » Dissimulons pour un temps la
prodigieuse ignorance de ce ministre, qui premièrement ose avancer que les
enfants de Noé se marièrent frères et sœurs comme ceux d'Adam. Où a-t-il rêvé
cela? l'Ecriture dit expressément et répète cinq ou six fois que les trois
enfants de Noé avaient leurs femmes dans l'arche, dont ils eurent des enfants
après le déluge (2) : mais qu'elles fussent leurs sœurs, c'est ce qu'on ne voit
nulle part. Qui les aurait obligés à épouser leurs sœurs avant que d'entrer dans
l'arche (car ils y entrèrent mariés), pendant que toute la terre était pleine
d'hommes? Et où M. Jurieu pourrait-il trouver alors cette souveraine nécessité
qu'il nous allègue? Il n'en paraît non plus dans la suite ; les enfants de l'un
des trois frères pouvaient choisir une femme dans la famille des autres : de
cette sorte, sans se marier « frères et sœurs au premier degré de consanguinité,
» comme l'assure M. Jurieu , les mariages se pouvaient faire entre les germains;
et on ne sait où le ministre a pris le contraire. Mais cette erreur n'est rien à
comparaison de celle où il tombe, lorsqu'il conclut par ses raisons, que le
mariage d'entre frères et sœurs n'est pas contre la loi naturelle, sous prétexte
qu'il s'en est fait de semblables dans l'origine des choses ; par où il montre
qu'il ne sait pas même qu'il y a un ordre entre les lois naturelles, les
moindres cédant aux plus grandes. Ainsi lorsque les enfants d'Adam
1 Lett. VIII, p. 57. — 2 Gen , VI, VII, VIII, IX, X.
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se marièrent ensemble au premier degré de consanguinité, ce
ne fut pas une dispense de la loi naturelle, qui défend le mariage de frère à
sœur : mais l'effet de la subordination de cette loi à une autre loi plus
essentielle, et si on peut ainsi parler, plus fondamentale, qui était celle de
continuer le genre humain.
Il n'y a donc rien de plus
mauvais sens à votre ministre , que de parler ici de dispense. Mais après tout,
s'il en fallait une, ou pour les enfants d'Adam, ou enfin s'il plaît au
ministre, pour ceux de Noé, elle était suffisamment renfermée dans ce
commandement exprès de Dieu : « Croissez et multipliez, et remplissez la terre
(1) : » commandement donné aux premiers hommes dès l'origine du monde, et qui
obligerait sans difficulté en pareil cas ; mais commandement que Dieu daigna
bien encore réitérer à Noé et à ses enfants (2) : de sorte qu'avoir recours à la
seule nécessité dans cette prétendue dispense, sans y reconnaître l'expresse
autorité du Législateur, c'est assurément une ignorance du premier ordre. Mais
c'en est une de la même force de ne pas entendre dans ce précepte divin la voix
même de la nature, qui veut être multipliée et qui ne veut pas périr, parce que
son Auteur l'a faite pour durer. C'est aussi pour cette raison qu'il a créé les
deux sexes, qu'il les a bénis, qu'il y a répandu sa fécondité et quelque image
de l'éternelle génération de son Fils : ce qui fait que leur union est autant de
droit naturel que leur distinction ; de sorte que c'est sans raison qu'on a ici
recours aux lois positives.
Il ne fallait donc pas dire si
absolument que les lois du mariage sont des lois positives, et que le mariage
est de pure institution : comme s'il n'était pas fondé sur la nature même, ou
que la sainte société de l'homme et de la femme, avec la production et
l'éducation des enfants, ne fût pas au fond de droit naturel, sous prétexte que
les conditions en sont réglées dans la suite par les lois positives.
Mais il y a encore ici une autre
erreur; c'est qu'en parlant des lois positives qui ont réglé le mariage, le
ministre oublie de dire ce qui était en ce cas le principal, qui est qu'elles
sont divines, par conséquent indispensables de leur nature tant qu'elles
1 Gen., I, 28.— 2 Gen., IX, 1.
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subsistent; et si M. Jurieu y avait pensé, il n'aurait pas
dit comme il fuit, que la souveraine nécessité puisse dispenser de ces lois,
puisque c'est dire que Dieu commande des choses dont il est souvent nécessaire
de se dispenser ; doctrine aussi ridicule qu'elle est inouïe. Mais laissons
ignorer ces choses à notre ministre, et efforçons-nous de comprendre où il en
veut venir par tous ces détours.
Ce fondement des dispenses des
lois positives, même divines, par la souveraine nécessité étant supposé, M.
Jurieu passe au divorce dont il ne s'agit nullement dans cette affaire, puisque
le landgrave, sans faire divorce avec sa femme, en prit une autre et demeura
également avec les deux. Mais puisque M. Jurieu pour embarrasser la matière veut
nous parler du divorce, ayons la patience de l'entendre. « Les lois, dit-il, qui
regardent les divorces, ne sont point d'une autre nécessité que celles qui
regardent les degrés dans lesquels les mariages sont incestueux : ni Dieu ni les
hommes n'en dispensent plus; mais au moins la nécessité en peut dispenser. Le
Seigneur Jésus-Christ déclare que l'adultère dissout le mariage, et qu'un homme
qui y surprend sa femme la peut abandonner et en prendre une autre : c'est la
raison de la nécessité qui fait cela, et non pas la nature et l'adultère (1). »
Ne donnons pas ici le plaisir à
notre ministre de nous détourner sur la question de l'adultère et de la
dissolution du mariage en ce cas : mais si c'est là une dispense, qu'il
reconnaisse du moins que l'autorité du Législateur y intervient, puisqu'il
l'attribue lui-même à Notre-Seigneur.
Passons outre. « L'apôtre saint
Paul, poursuit M. Jurieu, nous donne un autre cas de nécessité qui dispense des
lois du mariage : c'est le refus de la cohabitation (2). » Voici une nouvelle
doctrine, et de quoi grossir les Variations, si on enseigne que le
mariage contracté entre les fidèles après le baptême se peut rompre, même quant
au lien, par les refus de l'une des deux parties. Luther l'a dit; je le sais, et
je m'en suis étonné (3); mais je ne croyais pas que ces excès fussent approuvés
dans la Réforme. Les lumières y croissent tous les jours, et le ministre ne fait
« aucune difficulté
1 Lett. VIII, p. 58, col. 2. — 2
Ibid., p. 59. —3 Var., liv. VI, n. 11.
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qu'un mari dont la femme serait entre les mains des
barbares sans aucune espérance de pouvoir être retirée, après y avoir fait tout
ce qui est possible, pourrait légitimement passer à un autre mariage, de même
que les lois civiles permettent à une femme dont le mari est absent durant
plusieurs années, de présumer son mari mort et de se remarier (1). » Nous allons
loin par ces principes : la perpétuelle indisposition survenue à un mari ou à
une femme, n'est pas un empêchement moins invincible que l'absence ou la
captivité même : il faut donc que les mariés se quittent impitoyablement dans
ces tristes états : mais l'incompatibilité des humeurs, maladie des plus
incurables, ne sera pas un empêchement moins nécessaire. M. Jurieu n'a qu'à
suivre son raisonnement : par ses soins le mariage deviendra si libre, qu'il n'y
aura plus à se plaindre de ses contraintes ou de ses incommodités ; et les
apôtres auront eu tort de dire à leur Maître, lorsqu'il défendait si sévèrement
le divorce : « Maître, si telle est la condition du mari et de la femme, il vaut
mieux ne se pas marier (2). » Quand ils parvient de cette sorte, ils ne
songeaient pas aux commodités que le christianisme réformé devait apporter aux
mariages. Voilà des facilités et des complaisances que notre discipline ne
connaît pas : la Réforme devait du moins les chercher dans l'Ecriture, où elle
se vante de trouver toute sa doctrine ; et nous ne croyons pas qu'elle dût
régler les consciences sur les tolérances de la loi civile pour la plupart
abolies.
Pour nous, il y a longtemps que
nous en avons purgé le christianisme. C'est une règle inviolable parmi nous de
ne permettre les secondes noces à l'une des parties, qu'après que les preuves de
la mort de l'autre sont constantes : on n'a point d'égard aux captivités ni aux
absences les plus longues. Les Papes, que la Réforme veut regarder comme les
auteurs du relâchement, n'ont jamais laissé affaiblir cette sainte discipline
(3). L'Eglise parle pour l'absent, et ne permet pas qu'on l'oublie, ni qu'on
mette au rang des morts celui pour qui le soleil se lève encore. M. Jurieu nous
apprend que « le droit commun de l'Etat des Provinces-Unies et
1 Jur., Lett. VIII, ibid. — 2
Matth., XIX, 10. — 3 Ext., cap. In prœsentia, De Sponsal.,
lib. IV Decretal., tit. I, cap XIX.
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de tous les Etats protestants, est que l'absence invincible
et la perte irréparable du mari ou de la femme après quelques années, est
réputée une mort (1). » Mais comment est-ce qu'on peut croire l'absence d'une
personne invincible, et sa perte irréparable tant qu'elle est vivante ?
Cependant « c'est le droit commun de tous les Etats protestants ; » et les
exemples par conséquent en sont ordinaires; une absence de « quelques années » a
cet effet. Apparemment , ces « quelques années » s'écoulent bien vite : car un
chrétien réformé ne peut pas attendre longtemps la liberté de sa femme,
quoiqu'il la sache vivante : il suffit qu'il en croie la perte irréparable pour
lui selon l'état de ses affaires. Si elles l'appellent à Batavia ou plus loin et
que sa femme ne puisse supporter la mer, « après quelques années, » M. Jurieu,
et si nous l'en croyons, a le droit commun de la Réforme, » lui permettra d'en
prendre une autre. Qui peut douter après cela de l'empêchement d'une maladie
incurable? Nulle absence ne sera jamais plus irréparable; et il est plus aisé de
s'échapper d'une captivité, quelque dure qu'on se l'imagine, que de guérir de
telle maladie. Un confrère de M. Jurieu lui reproche ses facilités (2) : mais il
le traite d'ignorant et méprise sa critique. « Cet auteur, dit-il, ne sait rien,
et critique tout (3). » Pour les Papes, dans ces occasions, ils conseillent la
prière, le jeune, la patience ; et Jésus-Christ ayant prononcé si absolument «
que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni (4), » nous ne trouvons point de
nécessité qui dispense de cette loi : si la Réforme l'a corrigée, nous ne
voulons pas être réformés à ce prix. Mais enfin passons tout ceci à M. Jurieu,
et tâchons de voir à la fin s'il conclura quelque chose en faveur de la
permission donnée au landgrave.
« Il faut, dit-il, observer
après cela que le divorce est une espèce de polygamie (5). » Voici une étrange
idée : le divorce, qui est la rupture du lien du mariage, est un moyen de
l'étendre et d'établir la polygamie; mais voyons la preuve du ministre : « Car
celui, dit-il, qui se marie à une autre femme, la première étant vivante , a
plusieurs femmes actuellement, encore qu'il n'habite
1 Lett. XXI, p. 168. — 2 Rép. du Ministre sur le sujet
des prét. Proph. de Dauph. , etc. — 3 Jur., Lett. XXI.— 4 Matth.,
XIX, 6. — 5 Jur., Lett. VIII.
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pas avec les deux ensemble. » A la bonne heure : qu'on
permette donc au landgrave de faire divorce avec sa femme, puisqu'on lui en veut
donner une autre : ce sera sans doute un attentat contre l'Evangile ; mais bien
moindre que d'autoriser hautement la polygamie à l'exemple des mahométans, et de
vouloir mettre deux femmes également légitimes dans un même lit nuptial.
Au reste je laisse passer pour
un peu de temps cette étrange proposition, qu'une épouse qu'on abandonne et sur
laquelle on n'a plus aucun droit, non plus qu'elle sur nous , le contrat étant
résolu de part et d'autre, soit encore une épouse : je laisse, dis-je, passer
cela par le désir qui me presse , je l'avoue, de voir enfin les conclusions que
le ministre prétend tirer de ces beaux principes : les voici : « Toutes ces
considérations font voir que les théologiens luthériens, qui eurent la
complaisance de permettre au landgrave de prendre une seconde femme du vivant de
la première, se sont trompez beaucoup plus dans le fait que dans le droit (1) :
» c'est directement le contraire. Le fait était que le landgrave leur déclarait
fort grossièrement et sans équivoque, ce que j'ai honte de répéter, « qu'il ne
voulait ni ne pouvait se contenter de sa femme (2), » et le droit était de juger
que c'était là un moyen légitime d'en avoir une autre. Ils se trompent donc
beaucoup moins dans le fait, qui pouvait dépendre en quelque façon de la bonne
foi du prince , que dans le droit qui était constant par l'Evangile, où il est
clair qu'on ne peut avoir qu'une seule femme, sans que jamais on ait douté de
cette règle. Mais passons. « Le principe sur lequel ils se sont fondez ( Luther
et les consultants, ) c'est que les lois du mariage étant des lois positives, la
nécessité en certains cas en dispensait. » Il fallait avoir ajouté, a
quoiqu'elles fussent divines : » et l'erreur serait en ce cas de reconnaître des
nécessités contre ces lois, puisque c'est donner le moyen de les éluder et de
s'élever au-dessus de Dieu. Poursuivons. « Ils ont fondé cette maxime sur la
permission que donnent Jésus-Christ et saint Paul de rompre les liens du mariage
en certains cas. » Mais au contraire bien éloignés d'avoir fondé leur résolution
sur la permission de rompre ce mariage, ils ont si bien supposé qu'il
1 Jur.; Lett. VIII, p. 54. — 2 Inst. du Land., Var.,
liv. VI.
374
n'y avait pas lieu de le rompre, qu'ils ont donné au
landgrave une autre femme sans le séparer d'avec la sienne ; en sorte que ce
n'était plus « deux personnes dans une même chair, » comme Jésus-Christ l'avait
commandé (1) ; mais trois, contre son précepte et contre le sacré mystère du
mariage chrétien, qui ne donne à un mari qu'une seule épouse, comme il ne donne
à Jésus-Christ qu'une seule Eglise. Mais voici la conclusion plus ridicule et
plus indigne, s'il se peut, que tout le reste : « Ils peuvent, dit-il, avoir
poussé ce principe trop loin, en l'étendant à la polygamie formelle : s'ils se
sont trompez en cela, leur erreur vient de ce que j’ai dit, que le divorce est
une espèce de polygamie, et ils ont confondu la polygamie directe avec la
polygamie indirecte; ce qui n'est qu'une erreur humaine (2). » Si pour éluder
une loi expresse de Jésus-Christ, il ne faut qu'embarrasser un discours, et en
pousser l'ambiguïté jusqu'à la dernière extrémité où l'on peut aller, le
ministre a gagné sa cause : mais tâchons de développer, s'il est possible,
l'obscurité affectée de son discours.
La polygamie directe et formelle
doit être d'avoir deux femmes ensemble, avec lesquelles on vit conjugalement :
la polygamie indirecte doit être, après le divorce, d'avoir une femme, vraie
femme, sur laquelle on ait le droit conjugal, et une autre qu'on ait quittée, et
sur laquelle il ne reste plus aucun droit. Je demande si on s'est jamais avisé
d'appeler cela polygamie ? Mais tout est permis pour excuser les
réformateurs : il faut bien embrouiller les choses quand on n'en peut plus, et
que le faible de la cause se va faire sentir aux plus ignorants. Que si on
réduit en termes communs le raisonnement du ministre, il veut dire que Luther et
ses consultants persuadés qu'en certains cas, comme dans celui de l'absence ou
de l'adultère, on pouvait rompre le mariage en ôtant tout droit au mari sur la
femme qu'il avait, sont excusables d'avoir cru sur ce fondement qu'on pouvait
donner en même temps à un seul mari un droit légitime sur deux femmes. Mais
c'est tout le contraire qu'il faudrait conclure , puisque par les exemples du
divorce que le ministre nous allègue, quand ils seraient approuvés, il paraît
qu'on ne peut donner une
1 Matth., XIX, 5. — 2 Ibid.
375
nouvelle femme à un mari, qu'en lui ôtant tout droit sur
celle qu'il avait auparavant ; de sorte qu'il n'y a rien de plus ridicule, que
de s'imaginer des nécessités telles qu'étaient celles du landgrave, où il n'y
ait point de remède qu'en tenant deux femmes ensemble, puisque c'est
manifestement lâcher la bride à la licence , et renverser l'Evangile.
Revenons un peu maintenant aux
propositions que nous avons laissé passer. Je dis que les lois positives
divines, tant qu'il plaît à Dieu qu'elles subsistent, ne sont pas moins
indispensables que les naturelles. Je dis qu'on ne peut non plus admettre de
nécessité contre les unes que contre les autres, et que tant qu'une loi divine
subsiste, alléguer la nécessité pour s'en dispenser, c'est s'élever au-dessus de
Dieu même. Je dis que M. Jurieu, qui enseigne le contraire, quoi que Grotius,
dont il s'autorise, ait pu dire sur ce sujet, n'a compris ni la notion ni la
force de la loi naturelle, qui après tout n'est inviolable qu'à cause qu'elle
est divine. Je dis que, sans disputer si Jésus-Christ ou saint Paul ont permis
le divorce en certains cas, c'est un attentat impie d'en pousser la permission
au delà. Je dis enfin que le divorce n'a rien de commun avec la polygamie ; et
que ce serait se moquer de Dieu, quand il aurait permis d'ôter une femme, d'en
conclure que sans sa permission on put en même temps en avoir deux.
Ce raisonnement du ministre, «
que la relation de mari à femme ne peut non plus être anéantie que celle de fils
à père, à cause qu'elle est fondée sur des actions très-réelles , qui ne peuvent
pas n'avoir pas été faites (1) » est une preuve constante qu'il n'entend pas ce
qu'il dit : car pour peu qu'il l'eût entendu, il aurait pu épargner à son
lecteur la peine de réfléchir sur cette « action si réelle » à laquelle il donne
tant de force, puisqu'après tout, ce n'est pas celle qui fait le mariage ;
autrement elle marierait tous les impudiques : le mariage consiste dans la foi,
dans le lien, dans le droit mutuel qu'on a l'un sur l'autre ; et quand on ôte ce
droit, quand il n'y a plus de foi conjugale et qu'on résout le contrat de part
et d'autre, on n'est non plus mari et femme que si on ne l'avait jamais été.
1 Lett. VIII, p. 49.
376
Quand le ministre allègue ici «
la séparation de corps et de biens (1), » il ne fait que confirmer de plus en
plus qu'il parle sans entendre de quoi il s'agit, puisque si le mariage subsiste
dans cet état, ce n'est pas, comme le dit ce docteur, « parce que cette relation
fondée sur une action si réelle ne se peut jamais anéantir : » c'est à cause que
ce qu'on appelle la foi, le contrat, en un mot, le lien du mariage subsiste
toujours : autrement chacun des conjoints aurait la liberté de se pourvoir ; ce
que la séparation de corps et de biens constamment n'opère pas.
A quoi servent donc tous ces
détours et tous les vains raisonnements de la Lettre VIII de M. Jurieu,
si ce n'est à éblouir les ignorants, et à se donner un air de savant par des
distinctions frivoles? C'a été manifestement à ce ministre une faiblesse digne
de pitié, de prétendre faire accroire aux gens de bon sens, soit protestants
soit catholiques, que des docteurs qui ont permis expressément la polygamie ne
se sont trompés que dans le fait et n'ont pas détruit un dogme certain de la
religion chrétienne, ni établi une erreur judaïque et mahométane; et tout cela
pour quelle fin? Pour prouver en tout cas que ces docteurs n'étaient pas « des
scélérats (2) » car c'est tout ce qu'il prétend. N'est-ce pas là un beau fruit
de son travail, et un bel éloge pour les réformateurs du genre humain ?
Mais puisqu'il nous pousse
jusque-là, comment veut-il donc que nous appelions, et comment veut-il appeler
lui-même des gens assez corrompus pour flatter l'intempérance d'un prince
jusqu'à lui permettre la polygamie dont ils rougissaient en leur cœur,
puisqu'ils prenaient tant de précautions pour la cacher (3)? des gens qui ayant
honte de ce qu'ils faisaient, le font néanmoins de peur de choquer ce prince qui
était l'appui de la Réforme ? qui leur déclarait ouvertement qu'il pourrait bien
s'adresser à l'Empereur pour cette affaire? qui leur faisait aussi entrevoir
qu'on pourrait bien y mêler le Pape? qui leur faisait craindre par là qu'il
pourrait bien échapper au parti ? qui pour ne rien oublier et gagner ces âmes
vénales par les intérêts les plus bas, leur propose de leur accorder pour prix
de leur iniquité tout ce qu'ils lui
1 Lett. VIII, p. 49. — 2 Ibid.,
59, col. 2. — 3 Var., liv. V, n. 4 et suiv.
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demanderaient, « soit que ce fût les biens des monastères,
ou d'autres choses semblables (1) ? » C'est ainsi que les traita le landgrave,
qui assurément les connaissait ; et au lieu de lui répondre avec la vigueur et
le désintéressement que le nom de réformateur demandait, ils lui répondent en
tremblant (2) : « Notre pauvre Eglise, petite, misérable et abandonnée a besoin
de princes régents vertueux , » tel qu'était sans doute celui-ci, qui voulait
bien tout accorder à la Réforme et lui demeurer fidèle, pourvu qu'on lui permît
d'avoir plusieurs femmes en sûreté de conscience à l'exemple des mahométans ou
des païens, et de contenter ses désirs impudiques.
Voilà ceux que votre ministre
tâche d'excuser ; et « pour ce qui est du landgrave, à Dieu ne plaise, dit-il,
que je le justifie d'avoir eu un désir si déréglé que celui de prendre une
seconde femme avec celle qu'il avait déjà (3). » Mais si ce prince est
inexcusable, Luther et les autres chefs de la Réforme le sont beaucoup
davantage, de lui trouver des excuses dans son crime et d'autoriser son
impénitence. Au lieu d'être des réformateurs, on voit par là qu'ils ne sont que
de ces « conducteurs aveugles » dont le Fils de Dieu a prononcé non-seulement «
qu'ils tombent dans L'abîme, mais encore qu'ils y précipitent ceux qui les
suivent (4). » Je n'ai pas besoin d'exagérer davantage une si grande
prostitution de la théologie réformée : la chose parle d'elle-même ; et quelque
étrange qu'elle paraisse dans la déduction qu'on en vient de voir, j'ose
assurer qu'elle paraîtra plus odieuse encore et plus horrible quand on en verra
l'histoire entière, comme elle est fidèlement rapportée dans le livre des
Variations.
Toute la Réforme est armée
contre ce livre, et M. Burnet a interrompu ses grandes occupations pour y
répondre, ou plutôt pour dire qu'il y répondait. Car on n'appellera pas une
réponse quarante ou cinquante pages d'un petit volume qu'il vient d'opposer à
cette Histoire, sans avoir osé attaquer aucun des faits qu'elle contient.
C'est une nouvelle manière de combattre une histoire, que d'en laisser tous les
faits en leur entier. Tous les autres
1 Inst. du Land., Var., liv. VI, n. 4. — 2
Consult. de Luth., Var., liv. VI, n. 7. — 3 Lett. VIII, p. 59. — 4
Matth., XV, 14.
378
qui se soulèvent contre celle-ci, la laissent également
inviolable : on blâme, on gronde, on menace; mais pour les faits, on n'en a pas
encore marqué un seul qu'on accuse de fausseté ; et en particulier M. Burnet a
laissé passer tous ceux qu'on a avancés sur son Cranmer et sur les autres
réformateurs : ;ainsi on peut dorénavant tenir pour certain que Luther, Bucer et
Mélanchthon ne sont pas les seuls qui aient flatté les princes intempérants. Il
faut mettre encore en ce rang le héros de M. Burnet et le chef de la réformation
anglicane. M. Burnet continue bien à l'égaler aux Athanases, aux Cyrilles, aux
Grégoires et aux autres grands saints; mais pour le purger de sa perpétuelle
lâcheté et de la honteuse prostitution de sa conscience livrée à toutes les
volontés d'un mauvais prince : il n'y songe seulement pas. Nous parlerons à lui
une autre fois, et il ne faut pas mêler tant de matières, lorsqu'on en veut
donner l'intelligence.
Au reste je suis bien aise de
voir que les maximes dont M. Jurieu tâche de souiller la sainteté du mariage, ne
soient pas universellement approuvées dans la Réforme. Pendant que nous
écrivions ceci, nous avions devant les yeux une lettre, dont nous avons déjà dit
un mot, d'un ministre qui trouve aussi mauvais que nous, que M. Jurieu « soit
assez inaccessible aux conseils modérés, pour oser dire qu'un mari dont la femme
est captive entre les mains des barbares sans espérance de la pouvoir retirer ,
peut se remarier, parce que la nécessité n'a point de loi, et que le fâcheux
remède de la polygamie est plus soutenable que les impuretés inévitables dans
une perpétuelle séparation à ceux qui n'ont pas le tempérament tourné du côté de
la continence (1). » Ce ministre rougit pour son confrère de ces nécessités
contre l'Evangile, et de « ces impuretés inévitables, » sans que la prière ni le
jeûne y puissent apporter de remède. Il voit comme nous l'inconvénient de cette
impure doctrine, qui introduirait le divorce et même la polygamie aussitôt que
l'un des conjoints serait travaillé de maladies, je ne dis pas incurables, mais
longues; ou qu'il se trouvât d'ailleurs quelque empêchement qui les obligeât à
1 Rép. de M... Ministre, sur le sujet des prét. Proph.
de Dauphiné, etc., p. 3, col. 1.
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demeurer séparés. Si cette doctrine avait lieu, qu'y
aurait-il de plus inhumain ni de plus brutal que la société du mariage? Mais en
permettant de quitter sa femme, ou ce qui est bien plus détestable, d'en prendre
une autre avec elle en cas de captivité ; s'il arrivait par hasard que contre
l'espérance du mari sa femme fût délivrée : laquelle des deux demeurerait? ou
bien serait-il permis à un chrétien d'en avoir deux? M. Basnage en a honte, et
il voudrait bien qu'on ne souffrit pas de tels excès. Mais M. Jurieu a pris le
dessus et le traite d'ignorant : la Réforme ne permet pas qu'on abandonne ses
chefs, ni qu'on en fasse les plus corrompus et les plus infâmes de tous les
hommes. On aimera toujours mieux M. Jurieu qui les excuse, quoique
pitoyablement, que M. Bas-nage tout prêt à les condamner. Aussi se tait-on dans
les consistoires : les synodes sont muets : M. Basnage lui-même ne reprend
l'erreur qu'en tremblant, et comme un homme qui craint la colère envenimée d'un
adversaire toujours prêt à se venger à toute outrance. Car c'est ainsi qu'il en
parle : M. Jurieu triomphe, et la vérité est opprimée.
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