Apocalypse IX
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Explication

CHAPITRE IX.

 

Une autre étoile tombée du ciel : le puits de l'abime ouvert : les sauterelles : l'Euphrate ouvert, et les fois d'Orient lâchés.

 

1. Le cinquième ange sonna de la trompette, et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre ; et la clef du puits de l'abime lui fut donnée.

2.  Elle ouvrit le puits de l'abîme , et il s'éleva du puits une fumée comme la fumée d'une grande fournaise ; et le soleil et l'air furent obscurcis de la fumée du puits :

3. Et des sauterelles, sorties de la fumée du puits, se répandirent sur la terre ; et il leur fut donné une puissance comme celle qu'ont les scorpions de la terre.

4. Et il leur fut défendu de nuire à l'herbe de la terre, ni à out ce qui était vert, ni à tous les arbres, mais seulement aux hommes qui n'auraient pas le signe de Dieu sur le front :

5. Et il leur fut donné, non de les tuer, mais de les tourmenter

 

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durant cinq mois : et le tourment qu'elles font souffrir est semblable à celui que fait le scorpion, lorsqu'il pique l'homme.

6.  En ce temps les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront pas : ils souhaiteront de mourir, et la mort s'enfuira d'eux.

7. La figure des sauterelles était semblable à des chevaux préparés au combat : elles portaient sur leurs tètes comme des couronnes qui paraissaient d'or, et leurs visages étaient comme des visages d'hommes.

8.  Et leurs cheveux étaient comme ceux des femmes, et leurs dents étaient comme des dents de lions.

9.  Elles portaient des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes était comme un bruit de chariots à plusieurs chevaux (a), courant au combat.

10.  Leurs queues étaient semblables à celles de scorpions : elles y avaient un aiguillon, et leur pouvoir était de nuire aux hommes durant cinq mois.

11.  Elles avaient au-dessus d'elles pour roi l'ange de l'abîme, dont le nom en hébreu est Abaddon, et en grec Apollyon, c'est-à-dire l’ Exterminateur.

12.  Le premier malheur a passé, et voici deux autres malheurs qui viennent après.

13.  Et le sixième ange sonna de la trompette , et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l'autel d'or, qui est devant Dieu,

14.  Qui disait au sixième ange qui avait la trompette : Déliez les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d'Euphrate.

15.  Et aussitôt furent déliés les quatre anges, qui étaient prêts pour l'heure , le jour, le mois et l'année, où ils devaient tuer la troisième partie des hommes.

16. Et le nombre de cette armée de cavalerie (6) était de deux cent millions; car je l'entendis nombrer.

17.  Et les chevaux me parurent de cette sorte dans la vision. Ceux qui les montaient avaient des cuirasses de feu, d'hyacinthe et de soufre ; et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de

 

(a) Grec; De chariots et plusieurs chevaux.— (b) Des armées de cavalerie.

 

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lions ; et de leur bouche il sortait du feu, de la fumée et du soufre.

18.  Et par ces trois plaies, le feu, la fumée et le soufre qui sortaient de leur bouche, la troisième partie des hommes fut tuée.

19.  Car la puissance de ces chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues, parce que leurs queues ressemblent à des serpents, et qu'elles ont des têtes dont elles blessent.

20.  Et les autres hommes qui ne furent point tués par ces plaies. ne se repentirent point des œuvres de leurs mains, pour n'adorer plus les démons et les idoles d'or, d'argent, d'airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher.

21.  Et ils ne firent point pénitence de leurs homicides, de leurs empoisonnements, de leurs impudicités et de leurs voleries.

 

EXPLICATION  DU  CHAPITRE  IX.

 

Les hérésies judaïques qui s'élèvent contre la sainte Trinité et contre la divinité de Jésus-Christ : le caractère de ces hérésies et de l'hérésie en général : les Perses : l'Empire romain ébranlé, et le commencement de sa chute venu du côté de l'Orient.

 

1. Le cinquième ange. Voici quelque chose de plus terrible que ce qu'on a vu jusqu'ici : l'enfer va s'ouvrir, et le démon va paraître pour la première fois, suivi de combattants de la plus étrange figure que saint Jean ait marqués dans tout ce Livre. Il faut tâcher de les bien connaître, et c'est peut-être l'endroit le plus difficile de la prophétie, parce que saint Jean nous y montre une persécution de l'Eglise et un fléau de Dieu bien différent de ceux dont il parle dans tout le reste. Dans les quatre trompettes précédentes, il nous a fait voir la dernière désolation arrivée aux Juifs pour avoir persécuté l'Eglise : maintenant le Saint-Esprit lui découvre un nouveau genre de persécution qu'elle aura encore à souffrir, où Satan se mêlera bien avant pour la détruire tout à fait ; et cette nouvelle persécution lui doit encore venir de la part des Juifs par la contagion des opinions judaïques dont nous avons parlé (1). C'étaient sans difficulté les plus importantes, à cause qu'elles attaquaient la personne même et la divinité du Fils de

 

1 Hist. Abr., n. 8.

 

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Dieu. Le fondement de ces hérésies était de dire avec les Juifs qu'il n'y avait en Dieu qu'une personne, et c'est l'erreur que saint Jean a foudroyée dès le commencement de son Evangile, comme on a vu (1): mais le Saint-Esprit lui fait connaître qu'elle sortirait de nouveau de l'enfer après sa mort, et ferait souffrir à l'Eglise un nouveau genre de persécution, qui lui serait plus insupportable que toutes les autres.

Cette persécution pour être spirituelle et plus cachée, n'en était que plus digne de la considération de saint Jean. Puisqu'il avait à nous découvrir Satan vaincu et son empire renversé par l'Eglise, après tous les vains efforts qu'il aurait faits pour la détruire, il ne devait pas oublier le plus dangereux de tous les combats, qui est celui des hérésies, principalement de celles que nous avons appelées judaïques. Car au reste à l'occasion de celles-là, il nous donne le caractère de toutes les autres; et afin de ne nous laisser aucun doute de son dessein, il nous met d'abord devant les yeux l'idée d'une guerre et d'un malheur spirituel, comme on va voir.

Et je vis une étoile qui était tombée. Si l'étoile tombée ci-dessus, vin, 10, était une fausse étoile, un faux docteur, un Cochébas, l'analogie demande que ce soit encore ici la même chose ; c'est-à-dire encore un faux docteur, n'y ayant rien d'ailleurs, comme on vient de voir, qui convienne mieux à cette idée qu'une étoile qui tombe. Ce docteur, dont le faux brillant trompa les hommes et qui ramena le premier de l'enfer l'hérésie que saint Jean avait étouffée, c'est Théodote de Byzance, dont nous avons vu l'histoire (2).

Une étoile qui tombe. Ceux qui reniaient la foi dans la crainte des tourments, s'appelaient, dans le style de l'Eglise, les Tombés. On a vu que Théodote fut de ce nombre ; et de tous les compagnons ne sa prison, il fut le seul qui renonça Jésus-Christ. Ce fut la chute d'une étoile fort brillante, non-seulement à cause de la politesse, du grand savoir et du beau génie de cet homme, mais encore beaucoup davantage, parce qu'il était du nombre de ceux qu'on appelait alors les Confesseurs, qui était dans l'Eglise le second

 

1 Hist. abr., n. 8. — 2 Ibid.

 

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degré de gloire et le premier après celui du martyre. Ce fut un grand scandale dans l'Eglise, quand toute cette sainte troupe de confesseurs allant à la mort pour Jésus-Christ, celui qui brillait le plus par son bel esprit et par son savoir, fut le seul qui le renia. Quelques-uns croient que ce Théodote est le même qu'un Théodote, principal disciple de Montan (1), dont Eusèbe écrit que le bruit courut que s'étant abandonné à un démon qui faisait semblant de le vouloir enlever au ciel, il fut tout d'un coup précipité contre terre (2). Le temps y convient, et le lecteur pourra faire tel usage qu'il lui plaira de cette histoire.

La clef du puits de l’abîme lui fut donnée. Ce fut après sa chute, après qu'il eut renié la foi, que cette clef lui fut donnée (3) : l'enfer ne s'ouvre pas tout seul, c'est toujours quelque faux docteur qui en fait l'ouverture; et celui-ci devenu par sa chute et par son orgueil un digne instrument de l'enfer, fut choisi pour en faire sortir de nouveau l'hérésie que saint Jean y avait précipitée.

2. Et il s'éleva une fumée comme la fumée d'une grande fournaise : un tourbillon de fumée noir et épais sorti de l'enfer, est l'image la plus naturelle qu'on puisse donner d'une grande et dangereuse hérésie.

Et le soleil et l'air furent obscurcis. Le soleil, c'est Jésus-Christ même, et dans Jésus-Christ ce qu'il y a de principal, c'est-à-dire sa divinité, que Théodote obscurcit : ou, ce qui est la même chose, le soleil obscurci par cet hérétique, c'est ce beau commencement de l'Evangile de saint Jean : « Le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu : » Paroles plus lumineuses que le soleil, mais que ce malheureux et tous ceux qui suivirent après lui les opinions judaïques, ne cessèrent d'obscurcir autant qu'il leur fut possible.

Le soleil et l'air furent obscurcis. Le démon est appelé par saint Paul « le prince de la puissance de cet air, l'esprit qui agit dans les enfants d'incrédulité, » Eph., n, 2. L'air est obscurci quand le père du mensonge et cet esprit qui agit dans les incrédules répand de fausses doctrines par ses ministres. Voilà déjà un terrible effet de l'hérésie : mais la suite en représente bien mieux le caractère.

3. Et des sauterelles sorties de la fumée du puits. Tout est

 

1 Baron., tom. II, n. 10. — 2 Euseb., V, XV. — 3 Hist. abr., n. 8.

 

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affreux dans ce spectacle : l'enfer ouvert comme un puits et comme un abîme immense, une noire fumée qui offusque l'air, et du milieu de cette fumée des sauterelles d'une nouvelle et étonnante figure, que saint Jean nous fera paraître d'autant plus terribles, que leurs blessures ne nuisent qu'à l’âme, comme nous le verrons bientôt : mais il faut voir auparavant dans ces sauterelles mystiques le premier caractère des hérétiques.

Et des sauterelles. Ce premier caractère des hérétiques, est celui de n'avoir pas la succession apostolique et de « s'être séparés eux-mêmes, » Judœ, vers. 19. Ce caractère ne pouvait être marqué plus expressément que par des insectes dont la génération est si peu connue, qu'on croit qu'ils se forment de pourriture. Ce qui aussi est vrai en partie, parce que la corruption de l'air ou de la terre les fait éclore : ainsi la corruption de l'esprit et des mœurs fait éclore les hérésies. Mais les sauterelles représentent parfaitement le génie des hérésies, qui ne sont propres ni à s'élever comme les oiseaux, ni à avancer sur la terre par des mouvements et des démarches réglées, comme les animaux terrestres, mais qui vont toujours comme en sautillant d'une question à une autre, et ruinant la moisson de l'Eglise. « Les sauterelles, dit Salomon, n'ont pas de roi, et néanmoins elles vont comme des bataillons, » Prov., XXX, 27; c'est-à-dire qu'il n'y a point de gouvernement réglé; chacun innove à sa fantaisie, et tout s'y fait par cabale. C'est un caractère de l'hérésie bien marqué par Tertullien. Les sauterelles ne sont pas des animaux qui vivent longtemps : à peine vivent-elles la moitié de l'année, quatre ou cinq mois, comme il est dit de ces sauterelles mystiques (1), vers. 5, 10. Ainsi les hérésies n'achèvent pas l'année, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas une vie parfaite, ni un temps complet comme l'Eglise. Elles périssent, elles reviennent, elles périssent encore. Théodote fait revivre Cérinthe; il serait lui-même oublié sans Artémon : il en est de même des autres hérésies; et on les voit toutes se dissiper connu, d'elles-mêmes, selon ce que dit saint Paul : « Ils n'iront pas plus avant, car leur folie sera connue de tout le monde (2). »

Il leur fut donné une puissance comme celle des scorpions de la

 

1 De Prœsc., XLI, XLII ; Ed. Rig., 1675, p. 217. — 2 II Tim., III, 9.

 

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terre. C'est un autre caractère de l'hérésie, de nuire par un venin secret, comme la suite nous donnera lieu de le faire mieux entendre. Des scorpions de la terre. Il y a des scorpions d'eau; mais ceux-là n'affligent guère le genre humain, ce qui fait que saint Jean se restreint aux autres.

4. Et il leur fut défendu de nuire ci l'herbe,... ni à tout ce qui est vert, ni aux arbres, mais seulement aux hommes qui n'auraient pas le signe de Dieu, 5. Et il leur fut donné, non de les tuer. Remarquez ici avec attention comme saint Jean éloigne d'abord l'idée d'une guerre et d'un ravage temporel, afin qu'ayant pris une fois celle d'une contagion et d'un ravage spirituel, nous tournions toutes nos pensées de ce côté-là. Ces sauterelles, dit-il, sont d'une espèce particulière. Ce n'est pas l'herbe, ni la campagne, et les moissons qu'elles ravagent, ce sont les hommes; et ce ne sont pas tous les hommes, mais seulement ceux qui n'ont pas la marque de Dieu, qui ne sont pas du nombre de ses élus; et ce n'est pas tant par la violence que par un venin qu'elles nuisent, et ce n'est pas à la vie humaine, ni à nos biens temporels : leur venin se porte à l'endroit où réside principalement la marque de Dieu, c'est-à-dire à l’âme, où elles coulent ce poison secret; car elles ressemblent « à des scorpions, » qui ont leur venin dans la queue, vers. 3. Les hérésies ont une belle apparence et semblent d'abord ne faire aucun mal; mais le venin est dans la queue, c'est-à-dire dans la suite. On n'a plus qu'à faire l'application de tout ceci à chaque verset, et on verra la justesse de cette similitude.

Et il leur fut défendu.. Les hérétiques, tout rebelles qu'ils sont contre Dieu, sont assujettis à ses ordres. Dieu qui permet qu'ils s'élèvent, sait et ordonne ce qu'il en veut faire et jusqu'où il leur veut permettre de nuire; c'est pourquoi saint Paul disait : « Mais ils n'iront pas plus avant, » comme on vient de voir, II Timoth., III, 9.

Mais seulement aux hommes qui n'ont pas le signe de Dieu sur le front, qui n'ont pas la marque des vrais chrétiens et des élus dont il est parlé Apoc., II, 17; III, 12; VII, 14, etc., c'est-à-dire à ceux qui n'ont pas cette foi constante et persévérante, pour en faire profession jusqu'à la fin. L'hérésie ne nuit qu'aux réprouvés,

 

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soit dans l'Eglise, soit hors de l'Eglise; et ceux des chrétiens à qui elle nuit, sont ceux dont il est écrit : « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres : car s'ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés parmi nous, » I Joan., II, 19. Il ne faut pas oublier que saint Jean marque clairement la victoire de l'Eglise sur les hérésies; car comme il dit Apoc., XI, 1,2 : « Mesure le temple, mais ne mesure point le parvis, qui est abandonné aux gentils, » pour montrer qu'outre ce parvis abandonné aux gentils, il y aurait un endroit que Dieu se réserverait, où les mains profanes ne pourraient atteindre : ainsi il paraît en ce lieu que malgré tout le ravage que feront ces effroyables sauterelles, Dieu saura bien conserver ceux qui sont à lui.

5. Il leur fut donné de tourmenter les hommes. Le tourment que les hérésies font sentir aux hommes, c'est leurs jalousies, leurs haines secrètes, un prodigieux affaiblissement par l'extinction de la charité, le remords de la conscience qui revient de temps en temps, quoiqu'étouffé par l'orgueil; plus que tout cela, ce même orgueil toujours insatiable qui fait leur supplice, comme celui des démons, lorsqu'ils séduisent les hommes.

Et le tourment qu'elles font souffrir est semblable à celui que fait le scorpion. La piqûre du scorpion, à laquelle Tertullien compare l'hérésie, « pénètre d'abord, comme il dit (1), dans les entrailles; les sens s'appesantissent, le sang se gèle, les esprits n'animent plus les chairs; on sent un dégoût extrême et une continuelle envie de vomir. » On change souvent de disposition ; le chaud et le froid nous affligent tour à tour. Il est bien aisé d'appliquer tout cela à l'hérétique, qui perd le goût de la vérité, et peu à peu tout celui de la religion ; qui ne peut ni digérer, ni souffrir une nourriture solide; toujours ou transporté par un zèle amer, ou froid et insensible , sans se soucier dans le fond de la religion, n'en aimant que ce qu'on fait servir à la secte et à ses opinions particulières.

6. En ce temps : du temps que les hérésies régneront, les hommes chercheront la mort, et la mort s'enfuira d'eux. Cette façon de parler signifie des temps fâcheux, ennuyeux, pesants, de ceux où

 

1 Scorp., cap. I.

 

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l'on est dégoûté de la vie, où selon la phrase grecque et la latine, on mène une vie qui n'est point une vie : tels sont les temps où règnent les hérésies; car premièrement, et les chefs, et les sectateurs des hérésies sont tourmentés par leur esprit inquiet, par leur vaine et fatigante curiosité, qui les engage dans des études laborieuses et dégoûtantes, pleines de chicane et destituées de bon sens : il faut s'épuiser l'esprit à gagner des sectateurs, à les maintenir par mille sortes d'artifices et de séductions; toutes choses par elles-mêmes tristes et pesantes, que le seul amour de la gloire fait supporter. Joignez à cela dans l'hérésie cette triste et obscure malignité, et les autres peines marquées sur le verset 5. La vie de telles gens est malheureuse, et ils ressemblent à ceux qui, attaqués par quelque venin, ne savent s'ils veulent vivre ou mourir. Mais comme cette parole de saint Jean : En ce temps, semble marquer, non-seulement le triste état de ceux qui sont attaqués par le venin, mais encore un grand ennui causé aux autres; c'est ce qui arrive dans les hérésies : on est las de tant de malices couvertes du nom de la piété, de tant de déguisements et d'une si dangereuse hypocrisie; de tant de contentions et de disputes outrées, où il n'y a nulle bonne foi; de tant de chicanes sur la religion, où, comme dit saint Grégoire de Nazianze, « l'on ne voit que cette science faussement nommée telle; et au lieu des combats et des exercices qui contentent les spectateurs dans les jeux publics, des questions où il n'y a qu'un jeu de paroles et une vaine surprise des yeux; où toutes les assemblées, tous les marchés, tous les festins sont troublés d'un bruit importun par des disputes continuelles, qui ne laissent ni la simplicité aux femmes, ni la pudeur aux vierges, » dont elles font des parleuses et des disputeuses; « en sorte que les fêtes ne sont plus des fêtes, mais des jours pleins de tristesse et d'ennui; où l'on ne trouve de consolation aux maux publics que dans un mal encore plus grand, qui est celui des disputes; et où enfin on ne travaille qu'à réduire la religion à une triste et fatigante sophistiquerie (1). » Quelques-uns veulent que par ces mots : En ce temps, il faut entendre simplement que les temps où les erreurs dont parle saint Jean auront la vogue, seront tristes; et

 

1 Orat. 33, quaest. I, De Theol.

 

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c'est ainsi que Bullinger, qui tourne tout à ses prétendues erreurs papistiques, a dit que les temps où les papes ont dominé en général ont été tristes. Mais on voit bien sans avoir recours à ces chimères d'erreurs papistiques, que les véritables erreurs de Théodote et des autres qui ont réveillé les hérésies judaïques, sont arrivées du temps de Sévère et des autres empereurs, dont les temps sont les plus fâcheux de toute l'histoire romaine.

7. Semblables à des chevaux prépares au combat... Cela marque l'esprit de dispute dans les hérétiques et leur acharnement à soutenir leurs opinions. Sur leurs têtes comme des couronnes qui paraissaient d'or. Dans le chapitre IV, verset I, il est dit distinctement des vieillards « qu'ils ont sur la tête des couronnes d'or, » et de même du Fils de l'homme, eh. XIV, 14; mais les hérésies portent sur la tête comme des couronnes qui paraissent  d'or. Ce n'est qu'un faux or et une vaine imitation de la vérité, comme Bède et les autres interprètes le remarquent sur ce verset.

Et leurs visages étaient comme des visages d'hommes... 8. Et leurs cheveux étaient comme ceux des femmes. C'est encore cette apparence trompeuse des hérésies dont néanmoins après tout la face est d'un homme, et la doctrine toute humaine. Les cheveux de femmes signifient une faiblesse de courage qu'on a remarquée dans les hérétiques, où peu ont eu la résolution de souffrir le martyre. On a vu la chute de Théodote, qui est un de ceux dont il s'agit en ce lieu. Nous pouvons encore entendre ici la mollesse et le relâchement de la discipline : caractère que Tertullien a remarqué dans les hérésies (1), leur attribuant précisément le renversement de la discipline, prostrationem disciplinae. Ce caractère est commun presque à toutes les hérésies, comme il serait aisé de le faire voir; et convient en particulier à ces hérésies judaïques en la personne de Paul de Samosate, dont la vanité et la superbe parure est expressément marquée dans la lettre du concile d'Antioche (2), où il est aussi rapporté que les prêtres et tous les disciples de cet hérétique étaient nourris dans une semblable mollesse.

Leurs dents étaient comme des dents de lions, par la force qu'ils

 

1 De Presse, XLI, XLIII. — 2 Euseb., VII, XXX.

 

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ont à tout ravager, et parce qu'ils déchirent et mettent en pièces l'Eglise et les catholiques par leurs calomnies.

9.  Des cuirasses comme des cuirasses de fer. Si saint Paul, dans un discours dogmatique, donne au chrétien des armes, «une cuirasse de justice, un bouclier, un casque et une épée, » Eph. VI, 14, 16, 17, on peut bien donner ici aux hérétiques une cuirasse comme de fer, pour signifier leur dureté impénétrable aux enseignements de l'Eglise et leur opiniâtreté dans leur propre sens. Et le bruit de leurs ailes comme un bruit de plusieurs chariots : ce sont leurs disputes éclatantes et la réputation qu'ils se donnent. Ils ont des ailes, non pour s'élever, quoiqu'ils en fassent le semblant, mais à la manière des sauterelles, pour passer d'un côté à un autre sans jamais rien approfondir, et pour aller plus promptement ravager la terre.

10.  Et leurs queues étaient semblables à celles des scorpions, comme ci-dessus, verset 3, 5. Le seul moyen de se guérir du venin des hérésies, est de les écraser promptement sur la plaie, comme on fait des scorpions.

11.  Elles avaient... pour roi l'ange de l'abîme... Car encore que les hérésies aillent sans ordre et qu'elles fassent peu de cas de leurs auteurs, qu'elles désavouent le plus souvent, en effet elles sont dominées par l'ange de l'abîme qui les conduit secrètement, et cet ange s'appelle l'Exterminateur, Apollyon dans le grec, c'est-à-dire celui qui tue, qui fait périr; celui qui est appelé par le Fils de Dieu, Joan., VIII, 44, « homicide dès le commencement, » parce que sa séduction a fait mourir nos premiers parents : de sorte que c'est principalement par la séduction qu'il est exterminateur, ainsi que les hérétiques qu'il anime. Et ce nom d'exterminateur lui est donné en ce lieu, pour montrer que ce qui est dit de ces sauterelles qu'il mène au combat, « qu'elles ne font pas mourir les hommes, » s'entend seulement de la vie du corps, et qu'elles donnent la mort à l’âme. Ce verset convient parfaitement avec celui de saint Paul qu'on a déjà vu, où parlant des hérétiques et de leurs docteurs : « comme, dit-il, Jannès et Mambré, » ces enchanteurs des Egyptiens, « résistèrent à Moïse, ceux-ci de même résistent à lu vérité, » en cela semblables à ces magiciens; que ce

 

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sera par l'instigation et la puissance du démon qu'ils combattront la saine doctrine : mais aussi le succès en sera-t-il pareil, « et leur folie sera connue de tous, comme le fut celle de ces enchanteurs, » continue le même saint Paul, II Tim., ni, 8, 9.

Les sauterelles de l'Apocalypse sont prises sur celles que Joël décrit, I et II, qui en effet ravagèrent toute la Judée du temps de ce prophète, et qui figuraient les Assyriens, moissonneurs cruels que Dieu devait bientôt envoyer. Les dents de lion paraissent, Joël I, 6, et dans ce chapitre de l'Apocalypse, verset 8, la ressemblance des chevaux, Joël, II, 4, et ici, vers. 7, le bruit de leurs ailes comme des chariots, Joël, II, 5, et ici 9, le tourment des hommes dans Joël, II, 6, et ici 10.

Selon cette idée de Joël, on pourrait penser que les sauterelles de saint Jean sont de vrais soldats, comme ceux que le prophète Joël représentait par cette figure. Et en effet il y a des caractères qui y conviennent ; mais nous avons vu que saint Jean a banni d'abord cette idée, en nous disant que ces sauterelles, ni ne pillent, ni ne ravagent, ni ne tuent. Elles blessent seulement les hommes, mais à la manière des scorpions, par un venin, et non par des armes; et au lieu que dans les guerres ordinaires personne n'est épargné, et que les Saints ne le sont pas plus que les autres, comme il sera remarqué Apoc., XVI, 2, 3, i, ici ce ne sont pas tous les hommes qui peuvent être blessés, mais seulement ceux qui n'ont point la marque de Dieu et le caractère de son élection éternelle. Ces caractères que saint Jean a donnés à ces sauterelles, impriment d'abord l'idée d'une guerre spirituelle, de la blessure de l’âme et du venin de l'hérésie. Les ténèbres et l'épaisseur effroyable d'une fumée sortie de l'enfer conduit encore à cette pensée ; aussi, ni dans saint Jean, ni dans les prophètes, en aucun endroit, on ne voit les vrais soldats sortir de l'enfer, ni conduits par le démon. A la fin de l’Apocalypse, l'idée de l'enfer revient encore avec celle du démon déchaîné, sous la même figure du puits de l'abîme, Apoc., XX. Et nous voyons aussi très-clairement qu'il s'agit là de séduction; car on renferme Satan dans l'abîme, « afin qu'il ne séduise plus les nations, » verset 3 ; et lorsqu'il est délié, c'est « pour les séduire, » verset 7. On le voit à la fin puni

 

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de « ses séductions, » verset 9. Ce qui montre qu'où l'on fait paraître le démon sorti de l'abîme, c'est la séduction qu'il y faut eu-tendre; et l'idée des armes et des soldats ne combat point celle-là, puisque dans ce même chapitre XX, le démon délié pour séduire est représenté comme assemblant « ses troupes pour le combat et assiégeant la cité sainte et le camp des Saints, » verset 7, 8. Dans le verset 17 du chapitre que nous expliquons, où l'on voit de vrais soldats, on y voit aussi de vraies cuirasses; mais c'est ici comme des cuirasses : et le comme règne partout; ce qui n'étant pas ailleurs, ne peut être si constamment employé en cet endroit que pour y montrer partout une allégorie.

Saint Jérôme remarque encore sur les sauterelles de Joël qu'après qu'elles sont mortes, « on les ramasse et on les met en tas dans des fosses, » comme on le voit dans Isaïe, ch. XXXIII, 4. «Cet amas, dit saint Jérôme, corrompt l'air et excite la peste. » Cela convient encore aux hérésies, qui lors même qu'elles périssent, infectent l'air et y laissent une sorte de pestilence spirituelle, dont tout le genre humain est infecté.

Si l'on dit après tout cela que saint Jean nous montre ici dans ces sauterelles mystiques plutôt les ravages que la défaite des hérésies, on n'aura pas fait assez de réflexion sur les paroles de ce grand apôtre, puisqu'enfin il nous a montré très-expressément que les vrais fidèles dont l'Eglise est principalement composée, sont un peuple contre lequel ces animaux si cruels et si venimeux ne peuvent rien : et d'ailleurs il fait les hérétiques du genre de ces animaux, qu'on voit périr par eux-mêmes sans pouvoir achever l'année, verset 4, 5. A quoi encore nous conduit l'idée d'une fumée qui s'élève contre le soleil, et dont on voit la dissipation assurée dans sa propre élévation, sans que le soleil ait besoin d'employer contre elle autre chose que sa lumière, verset 2. C'est enfin nous avoir montré la défaite de ces animaux monstrueux, que de nous les faire bien connaître et de nous avoir appris par quel esprit ils sont poussés : car tout ce qui est conduit par l'ange de l'abîme, doit avec lui être replongé dans l'abîme, d'où il ne sort que pour un temps, et comme nous a dit saint Paul, avoir le sort de Jannès et de Mambré, lorsque par le même secours ils résistèrent

 

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à Moïse, sup., verset 11. Par où saint Jean nous fait voir l'Eglise invincible et nous prépare à entendre ce qu'il dira dans la suite, qu'elle verra tous ses ennemis tombés à ses pieds, n'y ayant point à craindre qu'elle périsse après la victoire qu'elle a remportée contre des ennemis furieux, qui animés par toute la puissance de l'enfer, attaquaient le fondement de sa doctrine, c'est-à-dire la divinité de Jésus-Christ, et tâchaient de lui ravir jusqu'à son soleil.

12. Le premier malheur a passé : malheur public, non-seulement de l'Eglise, mais encore de tout le genre humain, comme ce serait un malheur public d'éteindre le soleil. C'est aussi ce que saint Jean nous a mis d'abord devant les yeux, en disant que « le soleil et tout l'air furent obscurcis, » c'est-à-dire que la lumière de la vérité est obscurcie, non-seulement pour ainsi parler dans son propre globe, mais encore par rapport aux hommes, et même aux infidèles pour qui elle luisait, comme Primase l'interprète sur le verset 12 du chapitre précédent (1). Nous avons aussi remarqué que les hérésies nuisaient beaucoup aux infidèles, Hist. abrég., II. 8 ; ce qui sans doute n'arrivait pas sans une secrète permission de Dieu : car c'est par un secret jugement qu'il permet « au dieu de ce siècle, » au démon qui y préside, « au prince de cet air, » que Jésus-Christ doit chasser, « d'agir dans les incrédules et de répandre l'aveuglement dans leur esprit, en sorte que la lumière de l'Evangile de Jésus-Christ ne les éclaire pas, » II Cor., IV, 4; Eph., II, 2. Ainsi tout ce qui empêche que la vérité ne se fasse sentir, est un malheur envoyé de Dieu à sa manière, comme les guerres, comme la peste, comme la famine, conformément à cette parole de saint Paul : « Parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés, Dieu leur enverra une opération d'erreur, » II Thess., II, 10,11 ; « en sorte qu'ils errent eux-mêmes, et qu'ils jettent les autres dans l'erreur, » II Tim., III, 13; et non-seulement dans l'Eglise, mais encore hors de l'Eglise, dont ils empêchent les infidèles de voir la lumière, « en leur faisant blasphémer le nom et la doctrine de Notre-Seigneur, » Rom., II, 24; I Tim., VI, 1; Tit., II, 5, etc.

Au reste saint Jean ne pouvait placer ces malheurs de la séduction

 

1 Lib. II in Apoc.

 

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dans une place plus convenable qu'en les mettant, comme il a fait, à la suite d'autres erreurs et d'autres séductions, c'est-à-dire de celles des Juifs, et après la chute de Cochébas. Les vraies guerres et les vrais soldats qui devaient ravager dans le temporel l'empire persécuteur, se trouveront en d'autres endroits, et surtout dans les chapitres XVI et XVII, même dès la fin de celui-ci, et au son de la sixième trompette. Mais il était à propos que saint Jean n'oubliât pas les hérésies, qui comme les autres malheurs annoncés dans cette prophétie, sont des exercices que Dieu envoie à ses fidèles « pour les éprouver, » I Cor., XI, 19, et un supplice qu'il envoie aux ennemis de la vérité pour les punir. La doctrine de cette remarque sera fortifiée parcelle du chapitre XI, versets 6, 14, et du chapitre XII, verset 12, où il paraîtra que les maux de l'Eglise et ceux-là même qu'elle souffrira par la violence des persécuteurs, sont les maux de tout l'univers, et même des persécuteurs, tant à cause que la justice divine les fera bientôt retomber sur eux qu'à cause que c'est en soi-même le plus grand de tous les maux, de persécuter la vérité.

Je ne dois pas omettre ici que presque tous les interprètes anciens et modernes, et les protestants comme les autres, entendent ici les hérétiques. Mais les protestants toujours entêtés de leurs prétendues erreurs papistiques, ne trouveront pas mauvais que nous leur en fassions voir de plus réelles et tout ensemble de plus dignes d'être reprises par saint Jean, puisque ce sont les mêmes qu'il a voit d'abord étouffées.

Le premier malheur a passé. Il commence par Théodote de Byzance, environ l'an 190 de Notre-Seigneur, sous l'empire de Sévère, et se continue dans ce règne-là et dans les règnes suivants, par les melchisédéciens, par Praxéas, par Noétus, par Artémon, par Sabellius et par Paul de Samosate, en la personne duquel l'hérésie judaïque fut condamnée de la manière la plus solennelle qu'on eût jamais pratiquée dans l'Eglise catholique, puisqu'elle le fut par ce fameux concile d'Antioche, et pour parler avec un des Pères du concile de Nicée, par « le concile et le jugement de tous tes évêques du monde (1). » Le mal se reposa pour lors : ce fut dans

 

1 Epist. Alex. Episc. Alex, ad Alex. CP,  Conc. Nic.

 

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les environs de l'an 260 et 270, et à peu près dans le même

temps, que commence le second que nous allons voir.

13.  Et le sixième ange;... et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l’autel d'or. C'est ici une de ces voix qui marquent quelque ordre important plus spécialement venu de Dieu, ainsi qu'il a été dit sur le verset 10 du chapitre I, et on en va voir la conséquence.

14.  Déliez les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d'Euphrate. Saint Jean suit exactement l'ordre des temps. Les Perses, qui avaient succédé aux Parthes, jusqu'ici n'avaient point passé l'Euphrate impunément, et ils avaient toujours été glorieusement repoussés par les Romains, qui avaient même poussé leurs conquêtes au delà de ce fleuve. Ce fut sur la fin du second , et pendant que Paul de Samosate troublait l'Eglise, que ces peuples si souvent vaincus passèrent l'Euphrate et inondèrent l'Empire. Cet endroit méritait bien d'être marqué comme venu spécialement de Dieu ; car c'est un des plus importans secrets de cette prophétie, parce que c'est dans le malheur de Yalérien qu'on voit commencer la décadence de l'Empire romain, par les raisons remarquées dans l’ Histoire abrégée, n. 9,10.

Déliez les anges... Il n'est pas besoin d'avertir que ce qui.lie les anges, ce sont les ordres suprêmes de Dieu. Ces anges liés, soit bons ou mauvais, sont ceux qui avaient en main ces bornes fatales entre la puissance romaine et le fier empire des Perses, que Dieu semblait jusqu'alors avoir renfermé dans les bornes de l'Euphrate. C'était aussi sur l'Euphrate qu'étaient établies les légions qui gardaient l'Empire de ce côté-là, comme tout le monde sait.

15. Les... anges qui étaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l’année. Us n'attendaient que le signal. Le temps marqué si particulièrement par le prophète, fait voir combien précisément Dieu décide des moments.

La troisième partie des hommes : c'est la façon de parler ordinaire de ce livre, pour montrer que ce n'est pas une entière extermination.

16. Et le nombre... de la cavalerie,... deux cent millions. L'armée des Perses consistait en cavalerie, et le nombre en était

 

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prodigieux. C'est en gros ce que veulent dire les deux cent millions, et ce serait une erreur grossière de s'imaginer ici des nombres précis.

17.  Des cuirasses de feu, d'hyacinthe et de soufre. Hyacinthe, c'est la couleur violette et celle du fer poli. Le feu du soufre approche de cette couleur; et lorsque la lumière du soleil bat dessus, on croit voir des escadrons enflammés (1). Les Perses étaient armés de fer, de pied en cap, eux et leurs chevaux.

Les têtes des chevaux, comme des têtes de lions. Cette redoutable cavalerie marchait au combat avec l'ardeur et la force des lions.

De leur bouche il sortait du feu. On voit ici des chevaux ardents et courageux qui semblent jeter le feu par les narines.

 

Collectumque premens volvit sub naribus ignem. III Georg.

 

18.  Et par ces trois plaies, le feu, la fumée et le soufre; par l'impétuosité des soldats armés de cette sorte. La force des armées est représentée par le feu : « Le bouclier de ces braves soldats est enflammé ; les brides de leurs chevaux sont tout en feu, » Nah., II, 3.

19.  La puissance de ces chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues, qui ressemblent ci des serpents. Les Parthes qui composaient ces armées, puisque les Perses, comme on a vu, n'avaient fait que changer le nom de cet empire, combattaient par devant et par derrière, et ils tiraient même en fuyant; et ces serpents sont les traits dont ils perçaient leur ennemis, la tête tournée.

20.  Et les autres hommes.....ne se repentirent point,.... pour

n'adorer plus les démons et les idoles d'or et d'argent... Cela fait voir que le prophète a passé des Juifs aux idolâtres. Car on ne peut assez remarquer que comme les afflictions des chapitres vu et vin regardaient les Juifs, il n'y est point parlé d'idolâtrie.

21. De leurs homicides, de leurs empoisonnements... Il est aisé de faire voir que les violences, les impuretés et les empoisonnements des idolâtres étaient allés à l'extrémité.

 

1 Hist. Aug., in Alex. Sev., Edit. Salm., p. 133; Heliod., Hist. Aethiop., VIII.

 

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