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PREMIERE EXHORTATION
AUX URSULINES DE MEAUX (a).
Si quis sitit, veniat ad me, et bibat.
« Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi; je lui donnerai
à boire d'une eau vive qui rejaillira jusqu'à la vie éternelle, et il n'aura
plus soif. » Ce sont les paroles sacrées que Jésus-Christ a prononcées dans
l'évangile de ce jour, parlant au peuple dans le temple de Jérusalem.
Ce n'est pas sans mystère que
Jésus-Christ a proféré ces admirables paroles au jour que les Juifs célébraient
une fête parmi eux, où on apportait de l'eau dans un bassin, pour certains
usages, dans une cérémonie : ce qu'il n'est pas nécessaire de vous expliquer
ici, puisque Jésus-Christ ne dit ces mêmes paroles que dans un sens mystique et
sublime, qui ne signifiait rien autre chose que l'eau de la grâce qu'il voulait
donner abondamment. Il parlait de cette eau mystérieuse qu'il désirait répandre
dans les âmes, et dont il voulait établir la source dans son Eglise. Ces mêmes
paroles signifiaient encore le zèle qu'avait le Sauveur de voir venir à lui les
hommes pour prendre ces eaux de salut et de grâce, et la disposition qui est
nécessaire pour les recevoir, représentée par la soif qui marque aussi très-bien
le désir et la préparation qu'il faut que vous apportiez à la grâce qu'il vous
veut conférer dans cette occasion par mon ministère.
Remarquez, mes Filles, que
Jésus-Christ jeta un grand cri, disant : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à
moi; et je lui donnerai à boire (1). » Ce cri est en faveur des pécheurs, pour
qui il
1 Joan., VII, 37.
(a) Prononcée à l'ouverture d'une visite pastorale
faite au couvent de Sainte-Ursule de Meaux, le 9 avril 1685.
Bossuet n’a pas écrit cette exhortation; l'analyse
imparfaite qu'on va lire a été rédigée par une religieuse de la communauté. Nous
n'avons ni vu ni recherché le manuscrit, qui certainement n'existe plus: ici la
reproduction de Déforis vaut l’original.
Les indications données tout à l'heure se trouvaient dans
l'analyse de l'exhortation.
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demande miséricorde; il est en faveur des justes et des
âmes fidèles, dont il désire la perfection et la sainteté. Il crie pour les
appeler à lui, afin de répandre en elles avec plus d'abondance l'eau de ses
divines grâces. Mais ce cri nous représente encore ceux qu'il jette dans
l'Eglise et dans nos mystères. Il crie dans ce temps par la bouche des
prédicateurs, qui excitent les peuples à faire des fruits dignes de pénitence.
Il crie à l'autel, quand il dit par la bouche des prêtres : « Faites ceci en
mémoire de moi (1). » Ces paroles sont un cri de l'amour de Jésus-Christ qui
demande le nôtre. Il crie dans les mystères de ce temps: il criera bientôt de la
croix par toutes ses plaies et par son sang, demandant à son Père le salut de
tous les hommes, pour qui il va donner sa vie adorable. Il crie spirituellement
dans les âmes, par les mouvements intérieurs que son divin Esprit y forme. Il a
crié dans vos cœurs, mes Filles; c'est cet Esprit-Saint qui a formé ces cris
qu'il y a si longtemps que vous faites entendre, et qui sont parvenus jusqu'à
mes oreilles et qui m'ont l'ait connaître vos désirs. Combien y a-t-il, mes
chères Sœurs, que vous me demandez cette visite, et -que vous reconnaissez
vous-mêmes le besoin que vous en avez? Vous la souhaitez toutes unanimement :
vous vous êtes, sans doute, préparées à recevoir les grâces de cette même
visite, et les effets qu'elle doit produire chez vous et pour lesquels je la
viens faire. Je viens confirmer et je désire accroître le bien que j'y
trouverai, et détruire l'imperfection jusqu'à la racine. Mais il fout que vous
ayez un véritable esprit de renouvellement, et un désir sincère de coopérer à
nos soins de tout votre pouvoir.
Va, dit Dieu autrefois au
prophète Jonas (2), comme nous venons de lire en la messe : lève-toi pour aller
à Ninive vers mon peuple; prêche-leur la pénitence, et les avertis de ma part
qu'ils aient à changer de vie; qu'ils se convertissent de tout leur cœur à moi,
qui suis leur Dieu et leur Seigneur : autrement que dans quarante jours Ninive
sera renversée et entièrement détruite. Si ces paroles donnèrent de la frayeur à
ce peuple et eurent tant de pouvoir et tant d'effet, celles que je viens de vous
dire de la part de Dieu ne vous doivent pas moins émouvoir de respect et de
crainte.
1 Luc., XXII, 19. — 2 Joan., III, 2 et seq.
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Il y a ici plus que Jonas ; et celui qui m'envoie à vous
est le même Dieu, grand et redoutable.
Je viens donc aujourd'hui de sa
part vous prêcher la pénitence, le changement et le renouvellement de vie, le
mépris du monde, le parfait renoncement à vous-mêmes, la soumission d'esprit, la
mortification des sens : en un mot, je viens faire cette visite pour réparer
tout ce qu'il y aurait de déchet en la perfection religieuse dans votre maison,
pour éteindre, pour détruire et anéantir les plus petits restes de l'amour du
monde et des choses de la terre. Il faut faire périr les moindres inclinations
de ce monde corrompu; il faut qu'il meure, qu'il y meure, qu'il expire, qu'il y
rende le dernier soupir. Venez donc, mes Filles, travailler toutes avec moi,
pour exterminer tout ce qui ressent encore ce monde criminel. Venez m'aider à
renverser Ninive : détruisons tout ce qu'il y a encore de trop immortifié, de
trop mondain, enfin tout ce qui est trop naturel et imparfait en vous, sans
pardonner à la moindre chose et sans rien épargner.
Dites-moi, mes Sœurs, quelles
sont maintenant vos inclinations et vos pensées? Vous êtes par vos vœux mortes
au monde et à tout ce qui est créé; que souhaitez-vous à présent? Avez-vous
d'autres désirs que ceux qui vous doivent élever sans cesse vers les biens de
l'éternité bienheureuse, et vous y faire aspirer à tout moment ? Si votre cœur a
encore quelque mouvement qui le possède, il faut désormais que ce soit pour la
justice, pour la perfection et la sainteté de chacune de vous en particulier et
de tout votre monastère, par le moyen de cette visite. Souhaitez véritablement
d'en recevoir les grâces; demandez qu'elles soient répandues en vos âmes. C'est
là, mes Filles, désirer la justice, comme dit Jésus-Christ dans son Evangile,
lorsqu'il a prononcé cet oracle sur la montagne : « Bienheureux ceux qui ont
faim et soif de la justice, ils seront rassasiés (1). » Vous serez parfaitement
rassasiées, si vous n'avez que cet unique désir. Il vous donnera à boire de
cette eau vive, qui éteindra votre soif. Demandez-lui comme la Samaritaine (2);
et il vous donnera cette eau dont je vous parle, «lui n'est autre que la grâce,
de laquelle il veut remplir vos âmes
1 Matth.,
V, 6.— 2 Joan., IV, 15.
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dans cette fonction sainte que je viens exercer chez vous :
car si nous ne méritons pas que ces eaux soient en nous pour nous-mêmes, nous
les avons toutefois pour les répandre dans les autres. La source en est dans
l'Eglise : elle est dans mon ministère poulies épancher dans vos cœurs, puisque
par mon caractère et en qualité de son ministre, quoiqu'indigne, je vous
représente sa personne. Vous en serez toutes pénétrées dans cette action sainte,
si vous n'y apportez qu'un esprit soumis et détaché de toutes choses.
La grâce est, selon la
théologie, une qualité spirituelle que Jésus-Christ répand dans nos âmes,
laquelle pénètre le plus intime de notre substance, qui s'imprime dans le plus
secret de nous-mêmes, et qui se répand dans toutes les puissances et les
facultés de l’âme qui la possède intérieurement, la rend pure et agréable aux
yeux de ce divin Sauveur, la fait être son sanctuaire, son tabernacle, son
temple, enfin son lieu de délices. Quand une âme est ainsi toute remplie,
l'abondance de ces eaux rejaillit jusqu'à la vie éternelle, c'est-à-dire qu'elle
élève cette âme jusqu'à l'heureux état de la perfection. N'est-ce pas ce que dit
Jésus-Christ : « Des fleuves sortiront de son ventre (1) : » la fontaine de ces
eaux vives rejaillissant jusqu'à la vie éternelle, qui est précédée ici-bas de
la grâce et de la sainteté. On voit l'épanchement de ces eaux jusque sur les
sens extérieurs : sur les yeux par la modestie, dans les paroles par le silence
religieux et par une sainte circonspection et retenue à parler; en un mot, une
personne paraît mortifiée en toutes ses actions; elle se montre partout possédée
de la grâce au dedans d'elle-même, contraire à l'esprit du monde, ennemie de la
nature et des sens, mais toute pleine des vertus et de l'esprit de Jésus-Christ.
Je ne sais, mes Filles, si vous
avez assez bien pesé l'importante vérité contenue en ces paroles de saint Paul
(2), lorsqu'il dit qu'il est crucifié au monde et que le monde est crucifié pour
lui ? Ces paroles renferment, si vous y prenez garde, toute la perfection
religieuse, à laquelle vous devez sans cesse aspirer. Etre crucifié au monde,
c'est y renoncer, n'y plus penser, n'avoir que du
1 Joan., VII, 38.— 2 Galat., VI, 14.
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dégoût et de l'aversion de toutes ses maximes, avoir du
mépris pour l'honneur et pour tout ce qui est vain, mépriser le plaisir et tout
ce que le monde estime, n'avoir plus la moindre attache à tout ce qui s'appelle
complaisance en vous-mêmes; au contraire, faire état partout et en toutes choses
de la simplicité chrétienne, et de l'esprit de la croix de Jésus-Christ : voilà
ce que c'est d'être crucifié au monde. Mais ce n'est pas encore assez; il faut
que le monde soit crucifié pour vous. C'est, mes Filles, que vous ne devez pas
seulement oublier ce malheureux monde, mais aussi le monde vous doit oublier ;
et pour vivre saintement dans votre état, vous devez souhaiter d'en être
oubliées, vous devez désirer d'être effacées de sa mémoire, comme des personnes
mortes et ensevelies avec Jésus-Christ.
Considérez-vous comme mortes au
monde, et qu'il est pareillement mort pour vous. Dès que vous vous êtes
ensevelies dans le sépulcre de la religion, vous séparant du monde, vous avez dû
mourir à tout le sensible par la mortification et un renoncement total à tout ce
qui est mortel et terrestre. Faites donc maintenant vivre Jésus-Christ en vous
par sa grâce : ne respirez que pour lui ; n'agissez que par son esprit, et
soyez-en parfaitement possédées : mourez tous les jours à votre esprit propre et
à votre jugement, le soumettant à l'obéissance : mourez à vos désirs et à vos
sens; mourez à vous-mêmes; étouffez le plus petit mouvement de la concupiscence,
dès qu'il s'élève en vous. Enfin, mes Sœurs, rendez le dernier soupir de la vie
imparfaite et encore tant soit peu engagée dans les illusions du monde;
dites-lui un adieu général et éternel : autrement, si vous ne mourez de cette
mort mystique, prenez garde que quelque reste dangereux de la corruption de ce
monde malheureux ne dessèche et ne détruise en vos âmes ces eaux de grâce que je
viens y verser par cette visite, ou même ne vous rende incapables de les
recevoir et ne les empêche d'entrer.
Il en est des objets du monde
qui offusquent notre imagination, qui occupent et amusent notre esprit, comme
d'une fontaine pleine d'eau vive qui ne pourrait rejaillir, ni même retenir ses
eaux, si le conduit en était bouché, parce que la liberté de couler
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et de se répandre lui étant ôtée, cette fontaine sans doute
viendrait à sécher et la source en tarirait. La même chose arrive à l'égard de
ces eaux de grâce dont je désire remplir votre cœur. Si ce même cœur est encore
prévenu d'inclinations inquiètes, ou occupé des objets de la terre; si le monde,
ou quoi que ce soit de créé, vous remplit l'esprit et possède votre affection;
s'il a quelque pouvoir d'y faire des impressions, et s'il se propose encore à
vos sens comme un objet attrayant, vous deviendrez comme cette fontaine, vous ne
pourrez recevoir ces saintes et mystiques eaux, parce qu'il est impossible de
remplir ce qui est déjà plein : ou bien vous ne pourrez conserver longtemps ces
grâces dont nous vous parlons ; car l'esprit du monde et l'esprit de
Jésus-Christ ne sauraient compatir ensemble, et ne peuvent demeurer dans une
âme. Ces eaux divines ne rejailliront point jusqu'à la vie éternelle , à moins
que pour les conserver vous ne vous dégagiez entièrement de tout ce qui vous
empêche de vivre à Jésus-Christ et de sa divine vie ; à moins que vous ne
deveniez insensibles comme des personnes mortes et crucifiées au monde, qui
l'ont mis si fort en oubli, qu'elles ne pensent jamais à lui qu'avec horreur ou
avec compassion de tant d'âmes qui sont emportées par sa corruption, et afin de
vous employer sans cesse à demander miséricorde pour ce monde malheureux, qui
retient tant de personnes continuellement exposées au danger de se perdre et de
se damner pour jamais.
Vous le devez, mes Filles; ce
sont les obligations de votre état. Je vous exhorte de tout mon pouvoir à vous
en acquitter avec grand soin. Offrez sans cesse des prières à la divine Majesté
pour toutes les nécessités de l'Eglise : priez pour obtenir la conversion des
infidèles, des pécheurs et des mauvais chrétiens ; et demandez à Dieu qu'il
touche leurs cœurs. Gémissez devant lui pour tant de prêtres qui déshonorent
leur caractère, qui profanent les choses saintes, et qui ne vivent pas
conformément à leur dignité et à la sainteté de leur état. Affligez-vous pour
ces femmes et ces filles mondaines, qui n'ont point cette pudeur qu'elles
devraient avoir, qui est l'ornement de votre sexe ; pour tant de chrétiens et de
chrétiennes, qui s'abandonnent à toutes leurs inclinations déréglées,
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et qui suivent malheureusement les pernicieuses maximes du
monde et ses damnables impressions. Ayez, mes Filles, du zèle et de la charité
pour toutes ces personnes qui sont dans le chemin de perdition, prêtes à tomber
dans des abîmes éternels. Faites monter vos prières au ciel comme un encens
devant le trône de Dieu, pour apaiser sa colère irritée contre tous ces pécheurs
qui l'offensent si outrageusement. Revêtez-vous des entrailles de miséricorde :
pleurez sur ces grands maux, pour ces nécessités, et pour tant de misères qui
vraiment sont dignes de compassion et de larmes. Voilà, mes Sœurs, de quelle
manière vous devez conserver le souvenir du monde ; c'est ainsi qu'il faut y
penser, et non autrement : hors de là il vous doit être à dégoût ; tout vous y
doit être fort indifférent, et ne doit point entrer dans vos pensées.
Que toute votre occupation
d'esprit soit de vous appliquer sérieusement à opérer votre salut, en
travaillant pour vous avancer à la perfection où vous êtes obligées de tendre
sans cesse ; vous ne vous sauverez pas, si vous n'y aspirez avec amour et
ferveur le reste de vos jours. Renouvelez donc en vous ce désir dans cette
visite que je commence aujourd'hui, à ce dessein de vous porter toutes à la
perfection et pour vous sanctifier. Pour correspondre de votre part à nos
intentions, souvenez-vous de ces paroles portées dans l'Evangile, que
Jésus-Christ prononça avec tant de zèle et tant de douceur : «Venez à moi,
dit-il, vous qui êtes travaillés et chargés de quelque peine, et je vous
soulagerai (1). » Je vous dis la même chose, mes Filles ; je vous adresse les
mêmes paroles, en vous conviant toutes de venir m'ouvrir vos cœurs sans crainte
: dites-moi avec confiance tout ce qui vous pèse, tout ce qui vous fait peine,
je vous soulagerai. Venez donc à moi sans rien craindre ; apportez-moi un cœur
sincère, un cœur parfaitement soumis et un cœur simple : ce sont les
dispositions que je veux voir, et que je demande de vous toutes, et avec
lesquelles vous devez venir en ma présence. Déclarez-moi tout ce qu'en
conscience vous voyez être nécessaire ou utile que je connaisse pour le bien de
votre communauté : je vous y oblige ; je vous ordonne de ne me rien
1 Matth., XI, 28.
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soustraire, par tout ce saint pouvoir que j'exerce en vertu
de mon caractère.
Je vous dénonce de la part de
Dieu tout-puissant au nom duquel je vous parle, par l'autorité que je tiens de
lui et par tout l'empire qu'il me donne sur vous toutes et sur chacune de vos
âmes, que si vous êtes sincères et sans déguisement, je demeurerai chargé de
tout ce que vous me direz : au contraire, ce que vous voudrez me cacher et me
taire, je vous déclare que je vous en charge vous-mêmes, et que ce sera un poids
qui vous écrasera. Prenez garde à ceci, mes Sœurs ; ne taisez pas ce qu'il est
utile de me dire, non tant pour vous décharger que pour nous donner les
connaissances nécessaires : ne m'apportez que des choses véritables et utiles
pour la communauté ou pour votre particulier ; qu'il n'y ait rien d'inutile :
mais parlez-moi avec franchise et ne craignez point de me fatiguer, puisque je
veux bien vous écouter, et vous donner tout le temps que vous pouvez souhaiter
pour votre instruction et pour votre consolation. Vous ne me serez point à
charge , tant que je verrai en ce que vous me direz de l'utilité pour vous ou
pour le public : au contraire je vous écouterai, je vous répondrai selon les
mouvements de Dieu et avec les paroles qu'il me mettra en la bouche. Ainsi vous
serez instruites, et vous recevrez les secours dont vous pouvez avoir besoin ;
et moi je vous dirai ce que son divin Esprit me donnera pour vous, chacune selon
ce que je verrai qui lui sera propre, pour procurer votre perfection et votre
paix : car je désire profiter à tout le monde, et qu'il n'y ait pas une de vous
qui ne prenne en cette visite l'esprit d'un saint renouvellement en la
perfection de son état. Je vous y porterai toutes en général, et chacune en
particulier. Dieu m'envoie à vous pour détruire Ninive; c'est-à-dire pour
déraciner jusqu'aux plus petites inclinations de la nature corrompue et toutes
les imperfections contraires à votre sainteté. Si ce peuple fit pénitence à la
voix d'un prophète et s'il se rendit docile à sa parole, comme nous l'avons lu
en la sainte Epître de ce jour, avec quelle docilité devez-vous coopérer à notre
dessein et n'y apporter nul obstacle ?
Venez donc à moi, mes Filles,
avec un grand zèle de votre
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avancement et un saint désir de la perfection : ne craignez
point de me découvrir vos besoins ; ouvrez-moi vos consciences, et n'hésitez pas
de me dire tout ce qui sera pour votre bien et même pour votre consolation. Je
sais que l'office des pasteurs des âmes est de confirmer les fortes, et de
compatir aux infirmes, de les consoler en leurs faiblesses, de les soulever et
de les charger sur leurs épaules : c'est ce que je me propose de faire en cette
visite. Les fortes , nous travaillerons à les animer de plus en plus à la
perfection et à les transporter jusqu'au ciel ; les faibles, nous les
encouragerons, nous nous abaisserons jusqu'à leurs faiblesses pour les relever
et les fortifier, nous les porterons sur nos épaules ; et les unes et les
autres, nous les animerons et nous tâcherons de les faire marcher et de les
élever toutes à la perfection où elles sont appelées. En un mot, nous désirons
réparer tout ce qui serait déchu en l'observance régulière, rallumer ce qui
serait éteint en la charité et établir une ferme et solide paix. A cet effet je
prétends réunir tout ce qui serait tant soit peu divisé; je viens établir la
concorde, en dissipant les plus faibles dispositions et les plus légers
sentiments contraires. Je veux ruiner et anéantir jusqu'au plus petit défaut
contraire à la charité, et détruire tous les empêchements de la parfaite union
jusqu'aux moindres fibres. Il faut réparer toutes les ruines de cette vertu et
remédier à tout ce qui s'y oppose, pour faire fleurir l'ordre et la perfection
dans votre communauté. Pour cela ne négligez aucune des déclarations sincères et
véritables qui seront requises, puisque les connaissances que vous me donnerez
me serviront à faire régner Jésus-Christ par une charité parfaite et une paix
inaltérable en ce monde, qui vous conduira au repos éternel de l'autre. C'est ce
que je vous souhaite à toutes ; cependant je prie Dieu qu'il vous bénisse et
qu'il vous remplisse de ses grâces.
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