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2. Là, en peu de temps, comme un bon cultivateur,
il se mit à extirper de ses propres mains, ronces et épines et à rendre le terrain
cultivable. Il se rappelait les douces paroles du psalmiste : On mange le pain produit par
le travail de ses mains et l'on en sera heureux (Ps 127 (H.128) 2) Le champ ayant donc
été semé, la moisson ayant crû, les fleurs étant devenues de jeunes pousses, il
n'apparut aucun fruit à récolter sur les épis au moment de la moisson. Le vénérable
Himier comprit que cela était arrivé selon un dessein du Dieu-Tout-Puissant, comme le
dit la Sagesse par la bouche de Salomon : « De même que l'or est éprouvé par le
feu, ainsi Dieu éprouve le cur des hommes » (Prov. 17,3).
Un peu triste si j'ose ire, il se mit en quête de l'église de Lausanne dédiée à la
Sainte Mère de Dieu. A son arrivée, il fut honorablement reçu par les recteurs de
l'église. Suppliant, il fit appel à leur aide afin qu'on lui permette de s'installer
dans les alentours de la propriété de l'évêque. Dans sa requête, il demanda notamment
d'écrire une charte stipulant que si la divine clémence lui accordait la grâce
d'acquérir quelque chose, il en donne 2 parts à ladite église et la 3e à ses
serviteurs.
3. Il parcourait donc les alentours, scrutant tous les endroits, mais il n'en trouva aucun
qui lui convînt. Après réflexion (Dans le manuscrit d'Hauterive, suit ici une longue interpolation
relative au voyage en Terre Sainte) il retourna au même domaine épiscopal,
promettant d'améliorer la charte qu'on lui a donnée. De nouveau le saint homme Himier
parcourait selon sa coutume les paroisses et les églises.
Il parvint à un certain endroit appelé Cerlier (Ciriliacus) où selon son dessein, il
commença à construire une maison. Mais les gens de l'endroit, méconnaissant sa vertu,
rivalisèrent de zèle pour le forcer, comme un seul homme, à sortir de là. Quant à
lui, s'adonnant jour et nuit à la prière, il disait : « Dieu du ciel et de la
terre, toi qui sais tout, par la volonté de qui subsiste tout, à la volonté duquel nul
ne saurait résister et qui rappelle ceux qui errent afin qu'ils ne périssent pas,
garde-moi--ton serviteur-- et montre-moi un endroit où je puisse te servir d'u cœur pur car je suis incapable par moi-même de trouver un lieu de rafraîchissement ». Or, comme il adressait au Seigneur de grandes prières, par une motion de l'Esprit naquit en lui cette volonté : Par les voies impraticables des monts, des vallées et des forêts, par les lieux les plus âpres et en traversant le courant des eaux, il reviendrait au 1er endroit qu'il avait quitté naguère et qui avait nom Suze (Suringus ou Suisiggus).
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