Les enseignements de l’Église catholique comme outil
d’intervention en toxicomanie
Rédaction présenté à
Serge Simard, professeur
Dans le cadre du cours
Argumentation et rédaction en théologie
Session Hiver 2014
Réalisé par
Mathieu Bilodeau
Chicoutimi, le 19 mai 2014
Table des matières
Introduction.................................................................................................................5
Première partie, le phénomène
la toxicomanie dans la société contemporaine
1.1
La toxicomanie d’aujourd’hui..............................................................................6
1.2
La société face à la toxicomanie.........................................................................9
Deuxième partie,
2.1 Le chemin étroit, mais bien droit. (Cycle
d’assuétude) .................................11
2.2 La bible à utiliser avec beaucoup de précautions...........................................13
2.3 Quelques exemples de passages bibliques pouvant
servir...........................14
Troisième partie, la foi
catholique comme outil d’intervention
3.1 L’apprentissage de la tempérance avec Dieu comme
force de guérison....17
3.2 L’exemple du Cenacolo.....................................................................................19
Conclusion.
..............................................................................................................21
Bibliographie et filmographie..................................................................................22
Remerciements
Chers
lecteurs,
J’aimerais
témoigner ma reconnaissance envers mon professeur, M. Serge Simard. Qui a eu l’accueil
et foi dans mon choix de sujet de rédaction, qui sort des sentiers battus. Et
de m’avoir encouragé à persévérer au moment où j’en avais le plus besoin.
Je
tiens à remercier spécialement au professeur M. Arnaud Dumouch, qui m’a permis
de citer une partie importante de ses enseignements sur internet, plus
particulièrement l’importance de l’apprentissage de la tempérance. Par ses mots
simples et accessibles, les enseignements de l’Église catholique sont à la
portée de tous.
Merci
à la personne de l’Esprit Saint, sinon ces pages seraient restées blanches.
Merci
Mais l'matin quand a s'réveille
A besoin d'sa s'reingue pour l'pays des merveilles
A veux juste un p'tit coin du paradis
Avant qu'revienne l'enfer en même temps qu'la nuit
(La p’tite Rosalie, Alexandre Poulin)
Un jour, j’ai eu la chance de rencontrer Alexandre, qui
accepta de me faire une dédicace de son premier album. Il me demanda quelle
chanson m’avait touché. Je lui répondis la chanson de Rosalie. Dans mon album
il me dessina un océan avec de la pluie, en m’expliquant que cette chanson
était une goutte de pluie. Qu’un jour l’océan allait enfin déborder.
Aujourd’hui Alexandre, je fais moi aussi une goutte pour faire déborder cet
océan.
Je dédie
cet ouvrage à l’abbé Claude Paradis
Qui continu de se promener la nuit
dans les rues de Montréal, à sauver les âmes
qui se croit perdues. Pour leur rappeler que
Dieu ne les a pas oubliées.
Introduction :
La toxicomanie est un phénomène de consommation de substances pouvant altérer l’état physique et psychique d’un individu. Le phénomène existe depuis des millénaires. Les produits ont évolué au fil des époques. Le désir des consommateurs reste le même, fuir ce monde. Pour se libérer, il existe diverses maisons offrant une approche thérapeutique pouvant venir en aide aux personnes toxicomanes. Ces maisons proposent des traitements agissant sur l’état physique et psychologique des individus. Mais qu’en est-il de l’état spirituel, et plus particulièrement la vie religieuse des consommateurs catholiques ? Certains centres de thérapies proposent un cheminement incluant de la spiritualité, mais une spiritualité ouverte sans religion précise. Dans ma Recherche, j’ai voulu explorer si la foi catholique pourrait être un outil intéressant, dans cette lutte du fléau.
Cette recherche a été
divisée en trois parties. La première, le phénomène de la toxicomanie dans la
société contemporaine, pour expliquer notre mode de vie pouvant conduire à
cette vulnérabilité. La deuxième partie,
PREMIÈRE PARTIE :
Le phénomène de la toxicomanie
dans la société contemporaine
Dans cette première partie, je présente ma vision de la toxicomanie dans notre société. Je vais tenter de démontrer que l’Église catholique est consciente de l’existence du phénomène, qu’il est possible, par une révision de notre mode de vie de prendre conscience des fausses idoles qui nous entourent.
1.1 La toxicomanie d’aujourd’hui :
Jean-Paul II lors de son pontificat, était bien conscient de la présence des drogues au sein de la société. Mais comment expliquer cette présence absurde persistante de ce fléau ?
Le pape déclare « les psychologues et les sociologues estiment que la première cause qui pousse les jeunes et les adultes à la funeste expérience de la drogue est l’absence de motivations claires et convaincantes pour la vie. En effet, l’absence de points de repère, le manque de valeurs, la conviction que rien n’a de sens et que cela ne vaut donc pas la peine de vivre, le sentiment tragique et désolant d’être des gens qui marchent, inconnus dans un univers absurde, peut inviter certains à rechercher une échappatoire exaspérée et désespérée. Les experts en psychologie disent encore que la cause du phénomène de la drogue est le sentiment de solitude et d’incommunicabilité qui pèse malheureusement sur toute la société moderne, bruyante et anonyme, et même sur la famille. C’est un fait malheureusement vrai qui, conjointement à l’absence d’intimité avec Dieu, sans le justifier, suggère la fuite dans la drogue pour commencer volontairement un voyage sans retour afin d’oublier, de se rendre inconscient. Il y a un deuxième motif, toujours selon les experts, qui poussent à la recherche des paradis artificiels dans les divers types de drogue. C’est la structure sociale défectueuse qui ne donne pas satisfaction ».(Jean-Paul II, cité dans Église drogue et toxicomanie, Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, 2001 :p. 29-30)
La pyramide de Abraham Maslow (Source : Maslow, 1968, 1970b) est un bon repère dans ce qui est l’évaluation physiologique et psychologie d’une personne. Mais dans notre société de consommation, les priorités sont influencées par le système capitaliste aidé de la télévision. En voici quelques exemples : les besoins physiologiques comme manger, dormir, boire, respirer, se vêtir... quoi de plus simple, et pourtant, les commerciaux nous passent des messages comme : «vous connaitrez le bonheur avec ceci», «vous ne pouvez pas vivre sans», «il est vital d’utiliser cela, vous ne pouvez pas continuer dans ça»… C’est un message de dépendance. Les besoins de sécurités comme se loger et d’avoir un emploi, sont le deuxième message de dépendance. Il est presque impensable de ne pas avoir où se loger au Québec, c’est une question de survie avec notre climat. Alors les publicités utilisent ce besoin pour nous vendre des soi-disant solutions. Une hypothèque, 25 ans de sa vie à payer pour peut-être un jour affirmer posséder une maison, avec l’insécurité de perdre son emploi qui forcerait un défaut de paiement. Ce défaut de paiement même après être rendu à mi-chemin d’avoir remboursé l’hypothèque, forcerait la saisie du logis par la banque.
Parlons emploi, c’est un élément qui conditionne une structure des heures que nous
utilisons. Avec un emploi nous calculons ; les heures de sommeil, le temps des
repas, le temps en transport, le temps accordé à l’éducation des enfants et pour les
chanceux, des loisirs. Quand il nous arrive un contretemps comme un retard du à la circulation routière, l’anxiété s’enchaine à l’idée que la structure du temps est brisée. Et que dans les prochaines étapes de la journée, que nous devrons justifier ce retard et rendre des comptes à ceux qui se fiaient à nous pour la justesse du temps. Le temps dans ces conditions c’est comme de l’argent , il est calculé. Chez les Québécois, certaines personnes pour nous demander un service peuvent formuler la question ; as-tu quelques minutes pour moi ? Au lieu de demander ; as-tu du temps pour moi ?
Les besoins d’appartenance et d’affections. Avez-vous déjà fait l’expérience de dialoguer en courant ? On s’essouffle rapidement. Soit qu’on cesse le dialogue pour performer et s’isoler, ou nous ralentissons, car nous y trouvons un intérêt. Le quotidien de plusieurs personnes ne permet plus de ralentir, par obligation de performer dans notre carrière professionnelle. C’est là que nos relations sont encore influencées par le peu de temps qu’il nous reste.
Le besoin d’estime : Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il ruine sa propre vie ? (Mc 8:36) Plusieurs croient que l’estime des autres passe par la reconnaissance de ce que nous savons et pouvons faire, et non de ce qui est dans notre cœur. On choisit nos relations en fonction de ce que peut amener l’autre dans ma carrière, qui n‘est qu’une façade de nous. Dans la société, l’employeur peut toujours remplacer l’employé par un autre. Par contre, personne ne peut remplacer l’être que nous sommes, et qui porte un nom et non une fonction. L’amour n’est pas une occupation, c’est une obligation pour vivre. Besoin d’accomplissement : qui suis-je ? Où je vais ? Est-ce que j’ai accompli ce que je devais faire ? La question devrait être plutôt, est-ce que j’ai fait ce que je voulais faire de ma vie pour être heureux.
Dans la révision des besoins fondamentaux de la pyramide de Maslow, une
personne ne peut se rendre compte qu’il souffre dans une ou plusieurs parties de la
pyramide. La fuite est une solution souvent recherchée pour tenter de se
sortir psychologiquement et spirituellement de la société. Il sera difficile de trouver de
vraie relations dans le portrait de la société que je viens de vous exposer. C’est selon
moi une des raisons malheureusement c’est selon moi ce qui explique que les marchands de la mort, selon l’expression de Jean-Paul II, peuvent apparaitre,
qui proposent un catalogue de produits pouvant nous faire évader en échange de quelques dollars. Comment résister à une telle offre ? Et vulnérable que nous sommes, acceptons ce qui est proposé sans un contrat qui serait écrit que nous sommes en train d’acheter une nouvelle dépendance. La victime qui est déjà prise de ses dépendances envers la vie, se fait abuser d’elle et devient prisonnière d’un cercle infernal qui débutait avec quelques dollars perdus à l’escalade de la déchéance personnelle et destruction de l’univers qui compose sa personne et sa relation avec les autres.
1.2
La société face à la toxicomanie :
Les expériences menées jusque-là dans certains pays sur la libéralisation et la légalisation de la drogue ont été désastreuses. Il est important de poser correctement le problème, qui n’est pas uniquement la question de la substance que l’on consomme, mais bien plus tôt celui de la personne qui en fait usage.(Jean-Paul II, cité dans Église drogue et toxicomanie, Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, 2001 : p. 22)
Les médias et les rapports gouvernementaux font un portrait d’une éventuelle légalisation plus tolérante face à la drogue, en faisant valoir la baisse des coûts pour la société. La baisse des couts s’explique seulement en raison des coupures des
budgets à la lutte à la toxicomanie. Les rapports montrant l’augmentation des
problèmes de santé mentale, les frais d’hospitalisation et des drames familiaux sont
difficilement accessibles. Ce qui a pour effet de favoriser une nouvelle économie qui
ne donne aucun fruit à la société, sauf enrichir quelques personnes au détriment des
citoyens.
Le phénomène de la drogue est le symptôme d’un malaise profond qui marque la culture et le sens moral ; il dépasse donc les limites d’une question de santé ou d’un problème sectoriel.
(Jean-Paul II, cité dans Église drogue et toxicomanie, Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, 2001 , p. 22-23)
Prenons par exemple le marché des cigarettes. Si le produit n’avait jamais existé et
qu’un groupe d’hommes d’affaires présentait un produit de la sorte au ministère de la
santé du Canada, le produit serait probablement interdit à la vente. Malheureusement le produit existe encore et le gouvernement canadien se voit dans
l’impossibilité d’agir, car si le produit deviendrait illégal du jour au lendemain, le
gouvernement viendrait à déclarer qu’environ 20 % des Canadiens seraient des
délinquants. Le gouvernement n’a pas le pouvoir de poursuivre autant de personnes
dépendantes. Le gouvernement a perdu le contrôle à la lutte contre le tabac.
Il en est de même pour les drogues, car le fait de vouloir légaliser ces produits est un
signe qu’un grand nombre de citoyens sont dépendants et qu’il est maintenant
immoral selon eux de leurs mettre une étiquette de délinquants. Le fléau a réussi à
mettre à genoux les consommateurs pour qu’ils baissent les bras, maintenant ce phénomène s’appelle la tolérance.
Pour sa part, le cardinal Secrétaire d’État souligne que la toxicomanie est liée au statut actuel d’une société permissive et sécularisée, dans laquelle dominent l’hédonisme et l’individualisme, les pseudo-valeurs et les faux modèles. C’est une société dépersonnalisée et une société de masse. Ce que cherchent les hommes dans la drogue est, continue le cardinal en citant le cardinal Ratzinger, « la perversion de l’aspiration humaine à l’infini, la pseudo mystique d’un monde qui ne croit pas, mais qui cependant ne peut se décharger de la tension de son âme vers le paradis ».(Cardinal Angelo Sodano cité dans Église drogue et toxicomanie, Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, 2001 p.31-32)
La société de masse n’arrive plus à trouver le bonheur dans ce monde. Les
toxicomanes cherchent la paix et le bonheur, mais le message est que le bonheur
s’achète. Jésus nous parlait dans l’évangile de nous méfier des faux prophètes.
Jésus parle du bonheur qui se trouve en dedans de nous, en créant une vraie
relation de franchise avec soi et Dieu. Dieu à qui nous devons nous décharger de
notre fardeau, lui dire nos souffrances. Dans l’individualisme que nous vivons,
comment se décharger quand ceux qui nous entourent vivent aussi les mêmes
souffrances et qui ne peuvent pas nous les retirer. Il est dit que chacun porte sa
croix et me suive.
Porter sa croix est une façon dont Jésus explique que nous devons apprendre à
vivre nos souffrances, car ils sont un lieu d’apprentissage. Dieu ne permettra pas
que nous soyons tentés au-delà de nos forces. Nous devons apprendre a surmonter
les épreuves et Dieu nous dis que c’est possible, c’est ce qui s’appelle la
persévérance et l’espérance.
DEUXIÈME PARTIE :
Dans cette deuxième
partie, je fais une tentative de combiner les techniques d’intervention en travail social, d’éducation spécialisée et
les enseignements de
2.1 Le
chemin étroit, mais bien droit. (Cycle d’assuétude) :
Jésus nous propose un chemin de guérison pour se sortir de la souffrance. La
personne ayant des souffrances devenues une composante de sa personnalité et son et influençant son environnement, affrontant son quotidien avec ses douleurs et qui rencontre une situation problématique, se rend compte que seul, elle ne trouve pas de solution. À ce moment, l’anxiété augmente, l’insatisfaction personnelle, dénigrement de son image et de sa personne, un sentiment d’échec. Tous ces éléments n’aident pas à ce que la personne ne puisse s’aimer. Le danger est qu’elle peut choisir un chemin d’évasion, l’alcool, le jeu, la drogue. Dans le but de fuir sa souffrance intérieure afin d’éviter un état d’angoisse . Ce qui diminue sa capacité à faire face à sa vie. Après la fuite, la personne se retrouve encore confrontée à sa souffrance et continue un cycle d’assuétude.
Pour s’en sortir, Jésus nous montre un chemin, qui dans la vie d’un toxicomane ne
se trouve pas seul, il faut qu’il le demande. C’est à cette étape que le toxicomane qui ne trouve pas de solution à ses problèmes doit agir en demandant de l’aide. Retrouver un chemin d’espoir. Alors, comment mettre fin au sentier qui tourne en rond, qui ne fait qu’épuiser les ressources et l’énergie de la personne qui amène à la mort par petit feu.
Choisir le chemin de la vie, se mettre en route vers l’espérance. Une des définitions de l’espérance est l’attente confiante de la réalisation de quelque chose. Mettre sa confiance en Dieu est une source de salut, mais est-ce que le toxicomane a confiance en lui ? Retrouver la confiance se fait en créant un contact avec des intervenants spécialisées dans le domaine. Lutter contre la drogue ne peut se faire seul, car pour être fort dans le combat il faut se rebâtir, avouer que nous sommes impuissants, chercher ce qui nous fait chuter, prendre des moyens concrets par exemple, un suivi médical adapté aux substances consommées, un suivi psychologique pour faire face symptômes de sevrage, et un guide pour élaborer un plan de mon retour à la vie. Le guide peut-être un éducateur spécialisé qui nous réapprend à devenir autonome, à chercher les outils et une motivation d’avancer, identifier ce qui peut me mettre en danger de rechuter, et à créer des liens significatifs avec les autres pour affirmer que je suis quelqu’un moi aussi.
Jésus est un compagnon à qui je peux faire appel lors des épreuves, car il y a des
moments que la souffrance du sevrage peut amener de la colère et de la frustration.
Vaut mieux décharger notre fardeau et nos mots à celui qui est capable de
ressentir ce que nous vivons. Dieu nous répond dans les tournants de notre vie. Il
sait choisir le moment et les personnes pour venir à notre secours. Dieu est capable
par l’Esprit saint de nous indiquer le chemin à suivre en passant à travers les
intervenants en qui nous avons donné notre confiance.
2.2
Pour entreprendre la
tâche d’une désintoxication, nous avons besoin d’outils. Les principaux
intervenants font souvent appel à la pharmacologie et la psychothérapie qui
ensemble ont fait leurs preuves. Mais qu’en est-il de la spiritualité et de la
religion ? Les gens peuvent poser la question sur quoi la religion
catholique s’appuie telle pour affirmer sa crédibilité. Qu’est-ce que
Il y a effectivement
un danger, le risque est que
Je dois accorder qu’effectivement ce genre de situation peut survenir. C’est une situation délicate qui peut changer le plan d’intervention et de services élaboré par les éducateurs spécialisés et travailleurs sociaux et qui nécessite l’intervention d’un psychiatre, pour retirer le volet religieux de la thérapie pour cette personne.
Par contre, le fait de suspendre le volet religieux dans cette situation ne devrait pas devenir une généralité pour tous, de peur de déclencher des délires mystiques à tout va. La foi est une partie de l’humain qui lui est propre et qui ne doit pas être ignoré. C’est une des facettes de sa vie des plus noble qui peut redonner un sens à la vie d’une personne toxicomane. Par ailleurs, nous ne devons pas fermer la porte à réintégrer le volet religieux à la thérapie de la personne. En particulier chez la personne ayant vécu ce trouble, qui ayant été stabilisé psychologiquement et avec l’approbation du psychiatre bien sûr
Selon moi, la personne ayant connu un épisode spirituel démesuré et qui apprend par la suite à le tempérer, avec un conseiller spirituel. Ce conseiller ayant une formation reconnue en théologie pourra faire un bout de chemin avec la personne toxicomane et d’y montrer la voie pour découvrir sa richesse intérieure. Et non de forcer la personne à renier sa dimension spirituelle, qui au fond de lui, fait partie de son intimité et de son identité.
2.3
Quelques exemples de passages bibliques pouvant servir :
Tout écrit religieux
comportant des témoignages de sagesses peut redonner sens à la vie d’un
toxicomane. Je veux souligner 5 passages particuliers de
Le premier passage est inscrit dans le 1res épîtres au Corinthien Chapitre 6, verset 12; « Tout m’est permis », mais tout ne me convient pas « Tout n’est permis », mais moi je ne laisserai pas asservir par rien. Les aliments sont pour le ventre et le ventre pour les aliments et Dieu détruira ceux-ci et celui-là. Mais le corps n’est pas pour la débauche, il est pour le Seigneur et le Seigneur est pour le corps. Il est étrange de faire le choix de substances qui n’est aucunement profitable à notre corps physique, je parle de la destruction de sa santé mentale et physique. Cette destruction qui altère notre conscience. La conscience altérée qui réduit l’esprit à ne plus chercher sa liberté, mais à accepter un esclavage volontaire.
Voici que je présente un deuxième passage dans l’évangile de Jean chapitre 8, verset 34 à 36; Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui comment le péché est esclave du péché. L’esclave ne demeure pas toujours dans la maison, le Fils, lui, y demeure pour toujours. À cette étape, nous avons toujours le choix, celui que j’appelle le libre arbitre. Dieu nous a permis de décider quelle place que nous voulions lui donner dans notre vie. Nous avons été créées pour que nous soyons autonomes, libres d’agir et de penser comme bon nous semble. Dieu ne nous a pas enchainés ni obligés d’être et d’agir selon sa volonté. Il nous y invite par contre et nous enseigne comment accéder à une vie heureuse et de partager sa demeure. Il témoigne d’un grand respect pour nous. En faisant le péché, ce n’est pas à Dieu que nous faisons du tort, mais à nous-mêmes. La toxicomanie est un comportement masochiste d’auto-destruction personnelle qui vient affecter ensuite notre entourage. À petit feu, nous détruisons une merveille de conception, c'est-à-dire nous. Nous qui sommes appelés le Temple de Dieu.
Dans le troisième
passage, faisons un retour dans le 1re
épître au Corinthien chapitre 6, verset 19 et 20; ne savez-vous pas que votre
corps est le Temple du Saint-Esprit qui est en vous et qui vient de Dieu, et
que vous ne vous appartenez pas? Quelqu’un a payé le prix de votre rachat.
Glorifiez donc Dieu par votre corps. Le toxicomane ne le réalise pas au moment
qu’il est intoxiqué, mais
Le quatrième et
cinquième passage se rejoignent selon mon avis. Dans Isaïe chapitre 55, verset
2 et 3 il est écrit ; à quoi bon dépenser votre argent pour ce qui ne
nourrit pas, votre labeur pour ce qui ne rassasie pas? Écoutez donc,
écoutez-moi, et mangez ce qui est bon; que vous trouviez votre jouissance dans
mes mets savoureux; tendez l’oreille, venez vers moi, écoutez et vivez. Je
conclurai pour vous l’alliance de toujours, oui, je maintiendrai les bienfaits
de David. Dieu cherche à être en relation si intime avec nous, il veut nous
parler, mais le toxicomane a si honte de son péché, qu’il se cache, et
Les deux mots les plus difficiles à dire dans toutes les langues sont pourtant si libérateurs (je m’excuse). Dans les démarches des groupes comme les Alcooliques et Narcotiques anonymes ont dans leurs premières démarches d’avouer que nous avons commis la faute de consommer et de reconnaitre que seule une force supérieur est en mesure de nous aider. Cette force supérieure pour plusieurs chrétiens représente Dieu. Dieu qui n’attendait que ce moment pour avoir l’autorisation du toxicomane d’agir et d’aider à reconstruire et libérer celui qui le demande humblement et sincèrement.
TROISIÈME PARTIE :
La foi catholique comme outil
d’intervention
Dans cette troisième partie, je viens exposer l’élément essentiel du combat quotidien du toxicomane, la maitrise des désirs par la tempérance. Je viens aussi parler de la communauté Cenacolo qui est un exemple de thérapie au sein de l’Église catholique.
3.1 L’apprentissage
de la tempérance avec Dieu comme force de guérison :
« Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi, je vous soulagerai » (Mt 11,28). L’Église propose, mais n’impose pas, elle amène l’homme à la découverte de sa dignité comme sujet actif, elle lui enseigne le pourquoi de son existence terrestre. (Jean-Paul II cité dans Église drogue et toxicomanie, Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, 2001 p.48)
«Il est impératif d’apprendre aux personnes la maîtrise des désirs.» (Jean-Paul II cité dans Église drogue et toxicomanie, Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, 2001 p. 128)
Dans les années 1920, un psychanalyste du nom de Sigmund Freud a développé
diverses théories sur le comportement humain, dont les pulsions sexuelles qui
influenceraient le comportement de l’être. Arnaud Dumouch professeur de religion en
Belgique nous parle dans un de ses enseignements faits pour Radio Maria le 2 janvier 2013, où il nous explique une théorie que l’humain serait aussi poussé par la faim.
L’exemple donné par M. Dumouch était celui d’un prisonnier juif emprisonné à
Auschwitz lors de la 2e guerre mondiale. Cet homme était emprisonné avec un ami qui se trouvait dans un état de santé anémique, l’état de l’ami qui annonçait une mort prochaine. L’homme en question a réussi à subtiliser une partie de la nourriture de son ami en se convainquant que la durée des souffrances son ami serait écourté. Cette pensée et ce comportement ont probablement écourté la vie du pauvre homme qui est décédé peu de temps après. La guerre terminée, l’homme qui était devenu psychiatre parla ouvertement de son comportement qui avait été influencé par l’appétit et l’instinct de survie qui lui avait fait passer au-delà de ses principes d’amitiés.
Chez les catholiques, la recherche de la maitrise des désirs est un point majeur de notre foi. Chez la personne toxicomane, c’est l’objectif qui est un mont Everest. La question est comment y parvenir. Je ne suis pas un expert, mais je vais vous parler de mon expérience.
J’ai travaillé pendant plusieurs mois comme gardien de nuit dans un centre communautaire de prévention en toxicomanie. Mon travail consistait à faire de la surveillance et de répondre à une ligne d’écoute 24h. La nuit était un moment où je faisais de l’écoute active. C’est un moment où étrangement les clients cherchaient à comprendre la spiritualité en eux. Probablement comme j’ai écrit dans ce document, pour chercher ce qu’il y a de profond en nous, il faut s’arrêter. La nuit tout est interrompu, les clients ne pouvaient écouter ni musique, ni télévision et l’internet on n’y pense même pas. Quand un des clients se sentait mal avec ce qu’il vivait en lui, j’étais là.
J’ai fait peu d’intervention, et pourtant j’ai découvert que pour trouver la motivation pour le combat, il faut laisser parler le cœur. Au début ils exprimaient leurs souffrances, les échecs et les pertes occasionnées. En dessous des souffrances, ils trouvaient la finalité de leurs vies qui se trouvaient blessées par la consommation. Après avoir creusé jusqu’au fond de leurs cœurs, ces mêmes clients étaient en mesure de constater la cause et d’y remédier, de voir une voie possible et enfin une motivation de se sortir du cycle d’assuétude.
Pourtant je n’intervenais pas, j’écoutais tout simplement. Mon travail n’était pas de prendre sur moi leurs souffrances, mais de les comprendre. La nuit est un moment de silence à saisir dans cette société bruyante. La raison qui peut pousser un client à faire de l’insomnie est possiblement due au sevrage de drogue, et moi je réponds que l’esprit qui habite en nous parle au cœur qui crie « écoute-moi, j’ai à te parler».
Quand venaient les premières lueurs du soleil, et de les voir regarder avec des yeux nouveaux la journée qui commençait, je voyais en eux la résurrection. Celui que vous cherchiez qui était mort est revenu à la vie.
3.2 L’exemple du Cenacolo :
J’ai eu la chance lors d’un voyage en Bosnie-Herzégovine de visiter une communauté particulière, le Cenacolo. Cette communauté fondée par une religieuse italienne du nom d’Elvira Petrozzi, qui a cherché à venir en aide à une jeunesse vivant dans le désespoir, droguée et non droguée et qui cherchait un sens à la vie. La mission est là pour enseigner un nouveau chemin de vie aux jeunes. Lors de ma visite, moi et mon groupe avons eu un témoignage d’un jeune homme de 23 ans. Ce jeune homme que je dois taire le nom, nous a parlé de son cheminement. Ce jeune était un toxicomane avec un parcours chaotique jusqu’au jour où ce chemin l’amena devant la justice. Le juge lui a donné 2 choix, la prison ou le Cenacolo. Il a choisi le Cenacolo et cette sentence a été pour lui son salut.
Le quotidien au Cenacolo se résume comme suit. Levés à 6h00 pour un temps de prière, ensuite viennent des travaux manuels, récitations du chapelet, temps de partage et coucher à 22h00. Les travaux manuels ont pour but de découvrir leurs capacités, de s’accomplir et d’être conscients de cette nécessité, car la communauté vit beaucoup de la providence. Alors si on ne travaille pas, le garde-manger restera vide. Les temps de partage sont souvent mouvementés. Les cheminant doivent apprendre à vivre en groupe, à s’exprimer devant tous sur les émotions personnelles. Aussi, d’apprendre l’art des résolutions de conflits qui se font aussi devant tous, ces moments doivent forcer le respect.
Pour apprendre à vivre avec soi-même, il y a une coupure avec le monde extérieur. Pas de téléphone, sauf en cas de nécessité. Pas de télévision, excepté pour regarder des films et des matchs de soccer. Aucun stimulant n’est permis, comme la cigarette et la caféine. Il peut venir un temps où un cheminant s’habitue au rythme de vie de la maison, il devient confortable. C’est à ce moment qu’il devra déménager dans un autre foyer de la communauté, souvent dans un autre pays. La communauté a une cinquantaine de foyers dans le monde, notamment en Italie, en Bosnie-Herzégovine, aux États-Unis, etc. Ce qui fait qu’un cheminant devra apprendre de nouvelles langues pour s’exprimer.
La communauté fait aussi une séparation entre les hommes et les femmes. Du côté des femmes que je n’ai pu visiter, il y a aussi des jeunes femmes mères vivant avec leurs enfants. Les femmes ont le même quotidien que les hommes. À l’exception d’avoir la chance d’apprendre à bien vivre leurs rôles de mères.
Les cheminant peuvent quitter quand ils veulent, mais parfois ils en veulent plus. Certains choisissent de vivre une vie de consacrée en devenant frères et soeurs. À la fin du témoignage du jeune homme, il nous demandait à la blague pourquoi ces consacrés se démarquaient des autres en Église. La réponse était qu’il était surprenant de rencontrer des consacrés avec des tatouages. Comme quoi rien n’est impossible à Dieu dans la vie, surtout quand il nous appelle à la vie.
Conclusion :
Dans cette recherche,
nous avons fait un constat d’une société souffrante et vide de sens. Pouvant
expliquer la présence absurde des drogues dans nos vies , et notre impuissance
face à ce phénomène. Ensuite nous avons fait un survol de
Cependant, la question qui reste en moi est : est-ce que l’Église Catholique, malgré ses connaissances et ses ressources, pourrait s’impliquer davantage à cette lutte ? Ou bien, si c’est notre société laïcisée qui lui a demandé de ne plus s’ingérer dans ses problèmes. Ce qui expliquerait qu’on a l’impression qu’elle n’est plus de son temps.
Bibliographie et filmographie :
Conseil pontifical pour la pastorale de la santé (2002), Église, drogue et toxicomanie, Paris, Bayard éditions – Fleurus-Mame les éditions du Cerf
Helen Bee et Denise Boyd, (2003), Les âges de la vie 2e édition, éditions du renouveau pédagogique inc.
Arnaud Dumouch, http://www.radiomaria.fr/ Vertus13 : La vertu cardinale de tempérance et la nourriture (55 min) 02 01 2013