Commentaire du traité de la politique d'Aristote
PAR SAINT THOMAS d’AQUIN
Introduction par Hugues Keraly, Nouvelles Editions Latines, 1974
Traduction complète par Serge Pronovost, 2015
En
ajout : Prologue et leçon 1: Traduction par Guy Delaporte et Anne Michel,
2004
Troisième édition numérique, https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique, 2015
Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin
AVANT-PROPOS
PAR HUGUES KERALY, 1974
LEÇON
6 (nn. 223-241; [136-1433]) ─ Examen
d’autres lois de Socrate.
LEÇON
11 (nn. 281-288; [167-172]) ─ Critique de la constitution d’Hippodamos.
A PARTIR D’ICI, COMMENTAIRE PAR PIERRE D’AUVERGNE
Parmi les nombreuses questions de philosophie
sociale abordées dans l'œuvre de saint Thomas d'Aquin, il en est une qui semble
avoir été traitée pour elle-même, ou à tout le moins d'une manière séparée. Or
il s'agit précisément de la question que nos contemporains, lorsqu'ils se la
posent, auraient tendance à considérer comme « préalable » en ce domaine à
toute autre recherche: qu'est-ce que la Politique ? Existe-t-il une science
originale de la Cité ? Les réponses apportées ici définissent la position
thomiste en matière de science politique, sa « perspective » propre.
Cette perspective est fixée ou plutôt condensée par
le Docteur commun dans sa Préface au Commentaire des livres de la Politique d'Aristote (1272). Il
semble pourtant qu'en dépit de sa rigueur, de son importance, de son évidente
actualité, aucune édition en langue française de cet ouvrage n'existe en
librairie ; de même l'avons-nous cherché en vain dans les plus grandes
bibliothèques. On pouvait par conséquent en risquer une - première ? -
traduction[1]. Traduction
large, et libre, dans l'esprit de la collection: elle n'hésite point à
sacrifier le mot à mot, et parfois les mots eux-mêmes, pour faire revivre les
arguments et les doctrines dans une langue accessible à celui-là même qui
ignorerait tout du langage de l'Ecole.
« Un bon traducteur, dit saint Thomas, doit, tout
en gardant le sens des vérités qu'il traduit, adapter son style au génie de la
langue dans laquelle il s'exprime[2]. » Garder le
sens ... adapter le style, voilà bien l'obstacle majeur, à l'époque où tout
s'emploie à dégrader le sens le mieux établi des mots indispensables à la
pensée philosophique, et partant à la pensée tout court.
Mais le Commentaire des livres de la Politique est
immense - 450 pages très serrées dans notre édition. Seuls le commentaire des
quatre premiers livres est de saint Thomas d’Aquin. Pour la traduction complète
par Serge Pronovost en 2015, toutes les citations de Saint-Thomas que nous
avons traduites en français sont tirées des Éditions Marietti.¨
Textum Leoninum Romae 1971 editum |
Traduction complète par Serge Pronovost, 2015 |
Traduction du prologue par Guy Delaporte, 2004. |
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Prooemium |
Prologue à la politique |
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[79066] Sententia Politic., pr. 1 Sicut philosophus docet in
secundo physicorum, ars imitatur naturam. Cuius ratio est, quia sicut se
habent principia adinvicem, ita proportionabiliter se habent operationes et
effectus. Principium autem eorum quae
secundum artem fiunt est intellectus humanus, qui secundum similitudinem
quamdam derivatur ab intellectu divino, qui est principium rerum naturalium.
Unde necesse est, quod et operationes artis imitentur operationes naturae; et
ea quae sunt secundum artem, imitentur ea quae sunt in natura. Si enim
aliquis instructor alicuius artis opus artis efficeret; oporteret discipulum,
qui ab eo artem suscepisset, ad opus illius attendere, ut ad eius
similitudinem et ipse operaretur. Et ideo intellectus humanus ad quem
intelligibile lumen ab intellectu divino derivatur, necesse habet in his quae
facit informari ex inspectione eorum quae sunt naturaliter facta, ut
similiter operetur. |
1. Ainsi que le Philosophe l’enseigne dans le deuxième livre des Physiques, l'art imite la nature. Et la raison en est que, tel est le rapport entre les principes, tel est, dans la même proportion, le rapport entre les opérations et les effets. Mais le principe des choses qui sont produites selon l'art est l'intelligence humaine, laquelle, selon une certaine ressemblance, provient de l'intelligence divine qui est le principe des choses naturelles. D'où il est nécessaire à la fois que les opérations de l'art imitent les opérations de la nature et que les oeuvres qui découlent des opérations de l'art imitent celles qu’on retrouve dans la nature. Si en effet celui qui maîtrise un art donné réalisait une oeuvre d'art, il faudrait que le disciple qui acquiert de lui cet art porte une grande attention à l'oeuvre produite par ce dernier pour que son opération, à son tour, puisse être à sa ressemblance. Et c'est pourquoi l'intelligence humaine, à laquelle la lumière intelligible parvient grâce à l'intelligence divine, doit nécessairement, dans les choses qu'elle produit, s'informer de l'examen des choses qui sont produites par la nature pour arriver à poser une opération qui lui ressemble. |
Aristote enseigne au deuxième livre de sa physique que l'art se modèle
sur la nature. Les opérations et les effets ont entre eux des relations
identiques, toutes proportions gardées à celles de leurs principes
respectifs. Or l'intelligence humaine, auteur des artefacts, a une certaine
filiation avec l'intelligence divine, source des œuvres naturelles, en raison
de leur ressemblance. Par conséquent, les procédés artificiels ne peuvent
qu'imiter les opérations naturelles. |
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[79067] Sententia
Politic., pr. 2 Et inde est
quod philosophus dicit, quod si ars faceret ea quae sunt naturae, similiter
operaretur sicut et natura: et e converso, si natura faceret ea quae sunt
artis, similiter faceret sicut et ars facit. Sed natura quidem non perficit
ea quae sunt artis, sed solum quaedam principia praeparat, et exemplar
operandi quodam modo artificibus praebet. Ars vero inspicere quidem potest ea
quae sunt naturae, et eis uti ad opus proprium perficiendum; perficere vero
ea non potest. Ex quo patet quod ratio humana eorum quae sunt secundum
naturam est cognoscitiva tantum: eorum vero quae sunt secundum artem, est et
cognoscitiva et factiva: unde oportet quod scientiae humanae, quae sunt de
rebus naturalibus, sint speculativae; quae vero sunt de rebus ab homine
factis, sint practicae, sive operativae secundum imitationem naturae. |
2. Et c'est pour cette raison que le Philosophe dit que si l'art faisait les choses naturelles, il les ferait de la même manière que la nature; et inversement, si la nature faisait les choses artificielles, elle les ferait de la même manière que l'art les réalise. Mais certes la nature ne conduit pas à leur perfection les choses artificielles mais elle en prépare seulement certains principes et leur offre d'une certaine manière un modèle d'opération. L'art en réalité peut certes examiner les choses naturelles et s'en servit pour réaliser son oeuvre propre, mais elle ne peut les conduire à leur achèvement. D'où il est évident que la raison humaine ne peut que connaître les choses qui sont faites par la nature mais qu’elle peut à la fois connaître et fabriquer les choses qui sont produites par l’art: d'où il suit que les sciences humaines qui se rapportent aux choses naturelles soient spéculatives et que celles qui se rapportent aux choses produites par l'homme soient pratiques, c'est-à-dire opérationnelles conformément à une imitation de la nature. |
De fait lorsqu'un maître exerce son art, l’apprenti qui veut s'y initier
doit porter son attention sur cette pratique, afin d'œuvrer de la même façon.
Voilà pourquoi l'homme, dont l'intelligence reçoit sa lumière de
l'intelligence divine, doit conformer ses actes à l'observation des œuvres de
la nature, afin de faire de même. D'où cette phrase du philosophe : pour
faire œuvre naturelle, l’art procéderait comme la nature, et inversement, la
nature produirait des œuvres artificielles comme le ferait l'art lui-même.
Mais la nature ne porte jamais un artefact à son achèvement. Elle se borne à
en préparer certains principes et à en illustrer la méthode. Parallèlement,
l’artiste peut observer les œuvres de la nature et s'en inspirer pour la
sienne propre, il ne peut cependant réaliser entièrement une œuvre naturelle.
Il est donc clair que la raison humaine ne peut que connaître ce qui est
naturel, alors qu'elle connaît et produit ce qui est artificiel. Les sciences
naturelles seront par conséquent spéculatives et les sciences portant sur les
réalisations humaines seront pratiques et se conformeront à la nature. |
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[79068] Sententia
Politic., pr. 3 Procedit autem
natura in sua operatione ex simplicibus ad composita; ita quod in eis quae
per operationem naturae fiunt, quod est maxime compositum est perfectum et
totum et finis aliorum, sicut apparet in omnibus totis respectu suarum
partium. Unde et ratio hominis operativa ex simplicibus ad composita procedit
tamquam ex imperfectis ad perfecta. |
3. Mais dans son opération la nature procède en allant du simple au composé, de telle manière que dans les choses qui sont produites grâce à l'opération de la nature, le plus composé tient lieu de perfection, de tout et de finalité à l'égard de ses composantes, ainsi qu'on l'observe dans tous les ensembles à l'égard de leurs parties. D'où il suit que la raison pratique de l'être humain procède du simple au composé comme de l'imparfait au parfait. |
Or une opération naturelle va du simple au complexe. De la sorte, les
êtres qui par processus naturel sont plus complexes, achèvent, englobent et
finalisent les autres. C'est le cas de n'importe quelle entité face à ses
parties. La raison pratique passe, elle aussi, du simple au complexe et de
l'imparfait au parfait. |
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[79069] Sententia
Politic., pr. 4 Cum autem ratio
humana disponere habeat non solum de his quae in usum hominis veniunt, sed
etiam de ipsis hominibus qui ratione reguntur, in utrisque procedit ex
simplicibus ad compositum. In aliis quidem rebus quae in usum hominis
veniunt, sicut cum ex lignis constituit navem et ex lignis et lapidibus
domum. In ipsis autem hominibus, sicut cum multos homines
ordinat in unam quamdam communitatem. Quarum
quidem communitatum cum diversi sint gradus et ordines, ultima est communitas
civitatis ordinata ad per se sufficientia vitae humanae. Unde inter omnes
communitates humanas ipsa est perfectissima. Et quia ea quae in usum hominis
veniunt ordinantur ad hominem sicut ad finem, qui est principalior his quae
sunt ad finem, ideo necesse est quod hoc totum quod est civitas sit
principalius omnibus totis, quae ratione humana cognosci et constitui possunt. |
4. Mais comme la raison humaine doive disposer non seulement des choses dont l'homme se sert mais aussi des hommes eux-mêmes qui sont gouvernés par la raison, dans l'un et l'autre cas elle procède du simple au composé: il en est certes ainsi à l'égard de ces choses dont il se sert, comme lorsqu'il construit un navire à partir du bois ou comme lorsqu'il fabrique une maison à partir du bois et des pierres, mais aussi à l'égard des hommes eux-mêmes, comme lorsqu'il ordonne une multitude d'hommes en les intégrant dans une certaine communauté. Et comme les rangs et les degrés des communautés sont divers, la communauté de la cité ordonnée à l'autosuffisance de la vie humaine est la plus achevée. D'où il suit que parmi toutes les communautés humaines cette dernière est la plus parfaite. Et puisque les choses dont l'homme se sert sont ordonnées à l'homme comme à leur finalité, laquelle détermine les moyens, pour cette raison il est nécessaire que ce tout qui est la cité soit premier à l'égard de tous les autres ensembles qui peuvent être connus et construits par la raison humaine. |
Et elle n'a pas seulement la disposition de ce qui est utile à l'homme,
mais des hommes eux-mêmes, dont le gouvernement est rationnel. Dans ces deux
domaines, elle va du simple au complexe : A partir de planches, elle
construit un navire, à partir de poutres et de pierres, elle bâtit une maison
ou bien avec une pluralité d’hommes, elle réalise une communauté. Mais parmi
les divers ordres et classes qui constituent des communautés, la dernière est
la société civile, organisée pour suffire par elle-même à la vie humaine. De
même que l'utilitaire est ordonné à l'homme comme à une fin plus importante
que ce dont il est fin, ainsi cette totalité constituée par la cité est la
plus importante des collectivités concevables et réalisables par la raison. |
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[79070] Sententia
Politic., pr. 5 Ex his igitur
quae dicta sunt circa doctrinam politicae, quam Aristoteles in hoc libro
tradit, quatuor accipere possumus. Primo quidem necessitatem huius scientiae.
Omnium enim quae ratione cognosci possunt, necesse est aliquam doctrinam
tradi ad perfectionem humanae sapientiae quae philosophia vocatur. Cum igitur
hoc totum quod est civitas, sit cuidam rationis iudicio subiectum, necesse
fuit ad complementum philosophiae de civitate doctrinam tradere quae politica
nominatur, idest civilis scientia. |
5. Donc à partir des choses qui ont été dites sur la science politique enseignée par Aristote dans ce livre nous pouvons retenir quatre points. Et le premier certes est la nécessité de cette science. En effet, c'est à l'égard de tout ce qui peut être connu par la raison qu'il est nécessaire pour la perfection de la sagesse humaine d'établir une science qu'on appelle philosophie. Donc, puisque ce tout qu'est la cité est assujetti à un certain jugement de la raison, il était nécessaire à l'achèvement de la philosophie d'établir sur la cité une science qui a pour nom la science politique, c'est-à-dire la science de la vie en société. |
Retenons quatre thèmes de ce qui a été dit sur la science politique dont
traite le livre d'Aristote. Tout d'abord la nécessité de cette science : Pour
tout ce que la raison peut connaître, il y a nécessairement un enseignement
contribuant à la sagesse humaine, qu'on appelle philosophie. Comme cette entité
qu'est la cité est sujette à quelque jugement de la raison, il est nécessaire
à la plénitude de la philosophie de donner une doctrine sur la cité, nommée
politique c'est à dire science de la cité. |
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[79071] Sententia Politic., pr. 6 Secundo possumus accipere
genus huius scientiae. Cum enim scientiae practicae a speculativis
distinguantur in hoc quod speculativae ordinantur solum ad scientiam
veritatis, practicae vero ad opus; necesse est hanc scientiam sub practica
philosophia contineri, cum civitas sit quiddam totum, cujus humana ratio non
solum est cognoscitiva, sed etiam operativa. Rursumque cum ratio quaedam
operetur per modum factionis operatione in exteriorem materiam transeunte,
quod proprie ad artes pertinet, quae mechanicae vocantur, utpote fabrilis et
navifactiva et similes: quaedam vero operetur per modum actionis operatione
manente in eo qui operatur, sicut est consiliari, eligere, velle et hujusmodi
quae ad moralem scientiam pertinent: manifestum est politicam scientiam, quae
de hominum considerat ordinatione, non contineri sub factivis scientiis, quae
sunt artes mechanicae, sed sub activis quae sunt scientiae morales. |
6. Le deuxième est la compréhension du genre de cette science. Puisqu'en effet les sciences spéculatives se distinguent des sciences pratiques en ceci que les premières sont ordonnées seulement à la connaissance de la vérité alors que les secondes sont ordonnées à la production d'une oeuvre, il est nécessaire que la science politique se range dans le genre de la science pratique puisque la cité est un certain tout que la raison humaine peut non seulement connaître mais aussi produire. Et de plus, puisque la raison dans les sciences pratiques opère parfois par mode de fabrication par une opération qui passe dans une matière extérieure, mode qui s'étend à proprement parler aux arts qu'on appelle mécaniques comme par exemple l'art du forgeron, celui de la construction des navires et d'autres du même genre, mais puisqu'elle opère aussi parfois par mode d'action par une opération qui demeure dans celui qui opère comme on l'observe dans ces actes, à savoir le conseil, le choix, et le vouloir qui appartiennent à la science morale, il est évident que la science politique, qui a pour objet le gouvernement des hommes, n'est pas contenue sous les sciences de fabrication, c'est-à-dire sous les arts mécaniques, mais sous les sciences de l'action, à savoir les sciences morales. |
Ensuite le genre de cette science : Les sciences pratiques se distinguent
des sciences spéculatives par le fait que ces dernières sont destinées à la
seule connaissance scientifique de la vérité, alors que les premières visent
à la réalisation d'une œuvre. La science dont nous parlons appartient donc à
la philosophie pratique puisque la cité est une entité non seulement conçue,
mais aussi réalisée par la raison. De plus l'œuvre de la raison est tantôt la
transformation d'une matière extérieure, opération propre aux arts mécaniques
comme la forge ou la construction navale, et tantôt elle est un acte immanent
à celui qui opère comme conseiller, choisir, vouloir, etc. tous actes
relevant de la morale. Il est donc clair que la science politique, qui
considère l'organisation des hommes, n'appartient pas aux sciences de la
production ‑ les arts mécaniques ‑ mais à celles de l'action‑
les sciences morales‑. |
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[79072] Sententia
Politic., pr. 7 Tertio possumus
accipere dignitatem et ordinem politicae ad omnes alias scientias practicas.
Est enim civitas principalissimum eorum quae humana ratione constitui
possunt. Nam ad ipsam omnes communitates humanae referuntur.
Rursumque omnia tota quae per artes mechanicas constituuntur ex rebus in usum
hominum venientibus, ad homines ordinantur, sicut ad finem. Si igitur principalior scientia est quae est de
nobiliori et perfectiori, necesse est politicam inter omnes scientias
practicas esse principaliorem et architectonicam omnium aliarum, utpote
considerans ultimum et perfectum bonum in rebus humanis. Et propter hoc
philosophus dicit in fine decimi Ethicorum quod ad politicam perficitur
philosophia, quae est circa res humanas. |
7. Le troisième est la dignité et le rang que tient la science politique par rapport à toutes les autres sciences pratiques. La cité en effet est la première de toutes les choses qui peuvent être produites par la raison humaine car c'est à elle que toutes les communautés humaines se rapportent. Et de plus tous les ensembles qui au moyen des arts mécaniques sont constitués à partir des choses dont l'homme se sert sont eux-mêmes ordonnés à l'homme comme à leur finalité. Si donc la première des sciences est celle dont l'objet est le plus noble et le plus parfait, il est nécessaire que la science politique soit la première de toutes les sciences pratiques et que ce soit elle qui les règle toutes puisque c'est elle qui, parmi les choses qui se rapportent à l'homme, considère son bien ultime et parfait. Et c'est pour cette raison que le Philosophe dit, à la fin du dixième livre des Éthiques, que c'est dans la chose politique que la philosophie qui a pour objet les choses humaines trouve sa perfection. |
La valeur de cette science, en outre, et sa place parmi les sciences
pratiques : La cité est l'œuvre la plus importante que la raison puisse
réaliser. Toute autre communauté humaine y fait référence. De plus, tout ce
que les techniques produisent d'utile à l'homme est ordonné à ce dernier
comme à sa fin. Si donc une science est plus importante parce que son sujet
est plus élevé et plus parfait, la politique ne peut qu'être la première des
sciences pratiques, et leur clef de voûte, car sa considération porte sur le
bien le plus élevé et le plus parfait. Elle est, selon Aristote,
l’aboutissement de la philosophie de l’homme. |
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[79073] Sententia
Politic., pr. 8 Quarto ex
praedictis accipere possumus modum et ordinem huiusmodi scientiae. Sicut enim
scientiae speculativae quae de aliquo toto considerant, ex consideratione
partium et principiorum notitiam de toto perficiunt passiones et operationes
totius manifestando; sic et haec scientia principia et partes civitatis
considerans de ipsa notitiam tradit, partes et passiones et operationes eius
manifestans: et quia practica est, manifestat insuper quomodo singula perfici
possunt: quod est necessarium in omni practica scientia. |
8. Le quatrième enfin est le mode et la disposition d'une telle science. En effet, tout comme les sciences spéculatives qui examinent un ensemble, à partir de la considération des parties et des principes parviennent à la connaissance de cet ensemble en en manifestant les passions et les opérations, de même cette science, à partir de l'examen des parties et des principes de la cité, transmet la connaissance de cette même cité en manifestant les parties, les passions et les opérations qui lui sont propres; et parce qu'il s'agit d'une science pratique, elle manifeste en outre comment les individus peuvent parvenir à leur perfection, ce qui est nécessaire dans toute science pratique. |
La méthode de cette science, enfin, et son plan : Pour étudier une
entité, les sciences spéculatives partent de ce qu'elles savent des parties
et des principes, et terminent leur étude du tout avec l’explication de ses
propriétés et de ses opérations. De même la politique nous livre une
connaissance de la cité en étudiant ses principes et ses parties, et jusqu'à
la manifestation de ses propriétés et de ses opérations. Science pratique
cependant, elle doit comme les autres donner jusqu'à la façon de poser chaque
acte concret. |
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Textum Leoninum Romae 1971 editum |
Traduction complète par Serge Pronovost, 2015 ¨ Toutes les citations de
Saint-Thomas que nous avons traduites en français sont tirées des Éditions
Marietti.¨ |
Traduction de la leçon 1 par Anne MICHEL, à
l’occasion de son Master, 2010 |
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Liber 1 |
LIVRE
1 ─ LA CITÉ
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Lectio
1 |
LEÇON 1 (nn. 9-41; [1-22]) ─ L'origine des cités.
La nature de la cité. Que l'homme est un animal social. Que la cité est par
nature antérieure à ses parties, c’est-à-dire au village et à la famille.
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[79074] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 1 His
igitur praelibatis, sciendum est quod Aristoteles in hoc libro praemittit
quoddam prooemium, in quo manifestat intentionem huius scientiae: et deinde
accedit ad propositum manifestandum, ibi, quoniam autem manifestum ex quibus
partibus et cetera. Circa primum duo facit. Primo ostendit dignitatem
civitatis, de qua est politica, ex eius fine: secundo ostendit comparationem
civitatis ad alias communitates, ibi, quicumque quidem igitur et cetera. |
9. Ayant donc anticipé ces choses, il faut savoir qu'Aristote fait précéder cet ouvrage d'un proème dans lequel il manifeste le propos de cette science, après quoi il procède à la manifestation de ce propos, là [23] où il dit: ¨ Mais puisqu'il est évident de quels éléments etc.¨ Et dans son proème il fait deux choses. Premièrement il montre, à partir de sa finalité même [1], la dignité de la cité qui est l'objet de la philosophie politique; deuxièmement, il met en lumière les rapports entre la cité et les autres communautés là [3] où il dit: ¨Donc, tous ceux qui etc.¨ |
Aristote donne lui-même un prologue à son traité. Se fondant sur la
finalité de la cité, sujet de la politique, Il en magnifie la dignité, avant
de comparer la citoyenneté aux autres types de communautés. |
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[79075] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 2 Circa
primum duo intendit probare. Quorum primum est, quod civitas ordinetur ad
aliquod bonum, sicut ad finem. Secundo, quod bonum ad quod ordinatur civitas,
sit principalissimum inter bona humana, ibi, maxime autem principalissimum
omnium et cetera. Circa primum ponit talem rationem. Omnis communitas est
instituta gratia alicuius boni. Sed omnis civitas est communitas quaedam, ut
manifeste videmus. Ergo omnis civitas est instituta gratia alicuius boni.
Quia igitur minor manifestatur, maiorem sic probat. Omnes homines omnia quae
faciunt operantur gratia eius quod videtur bonum; sive sit vere bonum, sive
non. Sed omnis communitas est instituta aliquo operante. Ergo omnes
communitates coniectant aliquod bonum, idest intendunt aliquod bonum,
sicut finem. |
10. Relativement au premier point il cherche à prouver deux choses dont la première est que la cité est ordonnée à un certain bien comme à sa finalité [1]. La deuxième est que le bien auquel la cité est ordonnée est celui qui vient au premier rang parmi tous les biens humains, là où il dit [2]: ¨ Mais au plus haut point le premier de tous etc.¨ Pour ce qui est de la première il présente cette raison. Toute communauté est constituée en vue de quelque bien. Mais toute cité est une certaine communauté ainsi qu'il apparaît avec évidence. Donc toute cité est constituée en vue de parvenir à quelque bien. Et donc parce que la mineure est évidente, il prouve ainsi la majeure: tous les hommes mettent à exécution tout ce qu'ils font en vue de ce qui leur semble être un bien, qu'il s'agisse d'un bien véritable ou d'un bien apparent. Mais toute communauté est constituée par un agent. Donc toutes les communautés visent un certain bien, auquel elles tendent comme à leur finalité. |
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[79076] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 3 Deinde
cum dicit maxime autem etc., ostendit quod illud bonum ad quod ordinatur
civitas, est principalissimum inter bona humana, tali ratione. Si omnis
communitas ordinatur ad bonum, necesse est quod illa communitas quae est maxime
principalis, maxime sit coniectatrix boni quod est inter omnia humana bona
principalissimum. Oportet enim quod proportio eorum quae sunt ad
finem, sit secundum proportionem finium. Quae
autem communitas sit maxime principalis, manifestat per hoc quod addit. Et
omnes alias circumplectens. Est enim communitas quoddam totum: in omnibus
autem totis, talis ordo invenitur quod illud totum quod in se includit aliud
totum principalius est: sicut paries est quoddam totum: et quia includitur in
hoc toto quod est domus, manifestum est quod domus est principalius totum: et
similiter communitas quae includit alias communitates est principalior.
Manifestum est autem quod civitas includit omnes alias communitates. Nam et
domus et vici sub civitate comprehenduntur; et sic ipsa communitas politica
est communitas principalissima. Est ergo coniectatrix principalissimi boni
inter omnia bona humana: intendit enim bonum commune quod est melius et
divinius quam bonum unius, ut dicitur in principio Ethicorum. |
11. Ensuite lorsqu'il dit [2]: ¨Mais au plus haut point¨, il montre, par cette raison, que ce bien auquel la cité est ordonnée est le premier de tous les biens humains. Comme toute communauté est ordonnée au bien, il est nécessaire que cette communauté qui est au plus haut point la première vise de la manière la plus excellente le bien qui parmi tous les biens humains est le premier. Il faut en effet que le rapport qui existe entre les moyens soit conforme à celui qu'on retrouve entre les fins. Mais quelle est cette communauté qui au plus haut point est la première, il le manifeste au moyen de ce qu'il ajoute (2): ¨Et qui contient toutes les autres¨. Une communauté en effet est un certain tout: mais dans tous les touts, on retrouve un ordre tel que ce tout qui contient en lui-même un autre tout est premier par rapport à ce tout qui est contenu en lui: par exemple un mur est un certain tout et parce qu'il est contenu dans ce tout qu'est la maison, il est manifeste que la maison est première par rapport au mur; de même, c'est la communauté qui inclut les autres communautés qui est première par rapport à ces dernières. Mais il est manifeste que la cité contient en elle toutes les autres communautés. Car à la fois la famille et le village sont contenus sous la cité; et ainsi la communauté politique elle-même est la première communauté. C'est donc elle qui vise le bien le plus excellent parmi tous les biens humains: elle tend en effet vers le bien commun qui est meilleur et plus excellent que le bien de l'individu, ainsi qu'on le voit au début des Éthiques. |
La cité poursuit un certain bien. Plus encore, elle recherche le meilleur
des biens humains. En effet, toute société – et la cité – a été instituée en
vue d’obtenir certains avantages, car l’homme agit toujours pour posséder ce
qui lui paraît bon, qu’il ait vu juste ou non. Et l’institution d’une
communauté relève de ces œuvres au travers desquelles il espère la
satisfaction d’un bénéfice attendu. Mais alors, la société la plus
essentielle sera celle fondée autour du plus précieux parmi les biens
humains. La communauté est une certaine globalité, et l’on remarque toujours
que dans ce genre d’organisations, celle qui englobe les autres est
principale. Ainsi le mur, en lui-même assemblage de matériaux, appartient à
ce tout évidemment plus essentiel que représente la maison, et il en est de
même pour les communautés. Or la cité domine les autres telles que les
propriétés domaniales et les communes. Elle poursuit donc le plus essentiel
parmi les biens humains : ce bien commun, meilleur et plus divin que celui de
chacun, comme il le dit dansles principes de l’Ethique. |
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[79077] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 4 Deinde
cum dicit quicumque quidem igitur etc., comparat civitatem ad alias
communitates: et circa hoc tria facit. Primo ponit quorumdam falsam
opinionem. Secundo ostendit quomodo positae opinionis falsitas innotescere
possit, ibi, haec autem non sunt vera et cetera. Tertio secundum assignatum
modum ponit veram comparationem civitatis ad alias communitates, ibi, necesse
itaque primum combinare. Circa primum duo facit. Primo ponit falsam
opinionem. Secundo inducit eorum rationem, ibi, multitudine enim et paucitate
et cetera. |
12. Ensuite lorsqu'il dit [3]: ¨Donc tous ceux qui¨, il compare la cité aux autres communautés; et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il présente une opinion fausse [3]. Deuxièmement, il montre comment la fausseté de l'opinion présentée peut être connue là [5] où il dit: ¨Mais cela n'est pas vrai etc.¨.¨ Troisièmement, conformément au mode donné, il présente une juste comparaison de la cité aux autres communautés là [6] où il dit: ¨C'est pourquoi il est nécessaire en premier lieu d'unir etc.¨ Relativement au premier point il fait deux choses. D'abord il présente l'opinion fausse [3]. Deuxièmement il introduit la raison de ceux qui la soutiennent là [4] où il dit: ¨En effet, c'est par le grand ou le petit nombre etc.¨ |
Pour comparer la cité aux autres sociétés, il faut d’abord se défaire de
certaines idées fausses. |
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[79078] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 5 Circa
primum considerandum est, quod duplex est communitas omnibus manifesta:
scilicet civitatis et domus. Civitas autem duplici regimine regitur: scilicet
politico et regali. Regale quidem est regimen, quando ille qui civitati
praeest habet plenariam potestatem. Politicum autem regimen est quando ille
qui praeest habet potestatem coarctatam secundum aliquas leges civitatis. Et
similiter duplex est regimen domus; scilicet oeconomicum et despoticum.
Despotes quidem vocatur omnis habens servos. Oeconomus autem vocatur
procurator et dispensator alicuius familiae. Unde despoticum regimen est quo
aliquis dominus suis servis praesidet: oeconomicum autem regimen est quo
aliquis dispensat ea quae pertinent ad totam familiam, in qua continentur non
solum servi, sed etiam liberi multi. Posuerunt ergo
quidam, sed non bene, quod ista regimina non differunt, sed sunt omnino idem. |
13. Au sujet du premier point [3], il faut considérer qu'aux yeux de tous il existe deux sortes de communautés, à savoir la cité et la famille. Mais la cité est administrée par deux formes de gouvernements, à savoir le gouvernement politique et le gouvernement royal. Le gouvernement est royal quand celui qui a la direction de la cité possède un pouvoir absolu; mais il est politique quand celui qui préside possède un pouvoir qui est limité conformément aux lois de la cité. Et de même il existe deux formes de gouvernements de la famille, à savoir l'économique et le despotique. On appelle despote tout homme qui possède des esclaves alors qu'on dit de celui qui pourvoie ou veille au bien d'une famille qu'il est économe. D'où il suit qu'un gouvernement despotique est celui par lequel un maître commande à des esclaves alors que le gouvernement économique est celui par lequel un homme dispense les choses qui se rapportent au bien de toute la famille dans laquelle on retrouve non seulement des esclaves, mais de nombreux hommes libres. Donc certains ont prétendu, mais à tort, que ces gouvernements ne sont pas différents mais qu'ils sont absolument identiques. |
Pour tout le monde, il y a deux sortes de communautés évidentes : la
famille et la cité. Or on peut gouverner la cité de deux façons : en homme
politique ou en roi. Est royal le gouvernement de celui qui domine avec les
pleins pouvoirs ; est politique, le pouvoir exercé dans le cadre de lois
civiles. Et de même, la famille peut se gouverner de deux manières :
patrimonialement ou despotiquement. Est qualifié de despote celui qui possède
des esclaves ; tandis qu’on nomme père celui qui fonde et entretient une
famille. Sera donc despotique le pouvoir exercé par le maître sur des
esclaves, mais paternelle l’autorité dispensatrice des bienfaits nécessaires
à la famille, qui réunit non seulement les serviteurs, mais encore nombre de
personnes libres. |
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[79079] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 6 Deinde
cum dicit multitudinem enim et paucitate etc., ponit rationem eorum; quae
talis est. Quaecumque differunt solum multitudine et paucitate non differunt
specie; quia differentia quae est secundum magis et minus non diversificat
speciem. Sed praedicta regimina differunt solum multitudine et paucitate;
quod sic manifestabant. Si enim communitas, quae regitur, sit paucorum, sicut
in aliqua parva domo, ille qui praeest dicitur paterfamilias, ad quem
pertinet despoticus principatus. Si autem sit plurium, ita quod non solum
contineat servos, sed etiam multitudinem liberorum, dicitur ille qui praeest,
oeconomus. Si autem sit adhuc plurium, puta non solum eorum qui sunt unius
domus, sed unius civitatis, tunc dicitur regimen politicum aut regale. |
14. Ensuite lorsqu'il dit [4]: ¨En effet ils ne voient que le grand nombre etc.¨ Il présente leur raison que voici. Les choses qui ne diffèrent que par le plus ou le moins ne diffèrent pas par nature; car la différence qui est selon le plus ou le moins ne change pas l'espèce. Mais les formes de gouvernement précédentes ne diffèrent que par le plus ou le moins, ce qu'ils cherchaient à manifester ainsi. Si en effet la communauté qui est gouvernée est peu nombreuse comme c’est le cas dans les petites familles, celui qui la préside est nommé père de famille auquel appartient une autorité despotique. Mais si elle est encore nombreuse de sorte qu'elle contient non seulement des esclaves mais aussi une multitude d'hommes libres, alors on dit de celui qui la préside que son autorité est celle de l'économique. Mais si elle est encore plus nombreuse, comme si elle contient non seulement ceux qui appartiennent à une même famille, mais tous ceux qui sont d'une même cité, alors l’autorité sera soit politique, soit royale. |
Aussi certains ont-ils refusé à tort, de distinguer entre ces deux
communautés, et les ont identifiées en vertu du principe que : ce qui diffère
seulement par la quantité ne diffère pas de nature, car « le plus et le moins
ne changent pas l’espèce ». Or pour eux, ces types de gouvernement ne se
distinguent que par le nombre des sujets. Ainsi, lorsque la communauté
dirigée est peu nombreuse, - disons un petit domaine -, nous avons affaire à
un propriétaire jouissant d’un pouvoir despotique sur ses serviteurs. Si elle
est assez développée pour réunir non seulement des esclaves, mais aussi des
personnes libres, nous sommes devant l’exercice d’un pouvoir patrimonial. Si
enfin elle s’agrandit au point de contenir non seulement un domaine, mais
toute une cité, nous sommes alors en présence d’un pouvoir politique ou
royal. |
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[79080] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 7 Quod
quidem dicebant tamquam nihil differret domus a civitate nisi magnitudine et
parvitate; ita quod magna domus sit parva civitas, et e converso; quod ex
sequentibus patet esse falsum. Similiter etiam politicum et regale regimen
ponebant differre solum multitudine et paucitate. Quando enim ipse homo
praeest simpliciter et secundum omnia, dicitur regimen regale. Quando autem praeest
secundum sermones disciplinales, idest secundum leges positas per disciplinam
politicam, est regimen politicum; quasi secundum partem principetur, quantum
ad ea scilicet quae eius potestatem subsunt; et secundum partem sit
subiectus, quantum ad ea in quibus subiicitur legi. Ex quibus omnibus
concludebant quod omnia praedicta regimina, quorum quaedam pertinent ad
civitatem quaedam ad domum, non differant specie. |
15. Cela, ils le disaient comme si la famille ne différait en rien de la cité si ce n'est selon le plus ou moins grand nombre; comme si une grande famille était une petite cité et inversement; ce qui par la suite deviendra faux avec évidence. De même aussi ils affirmaient que les gouvernements politique et royal ne différaient que par le plus ou le moins. Quand en effet l'homme lui-même préside d'une manière absolue et à tous les points de vue, le gouvernement est royal. Quand en réalité il préside en partie selon la nature d'une telle science, c'est-à-dire selon les lois établies par la science politique, le gouvernement est politique; il commande en partie, c'est-à-dire quant aux choses qui tombent sous son pouvoir; et en partie il est un sujet quant aux choses auxquelles il est soumis par la loi. À partir de tout cela ils concluaient que tous les gouvernements précédents, dont certains se rapportent à la cité et certains à la famille, ne diffèrent pas selon l’espèce. |
Comme si la cité ne différait de la famille que par la taille ; comme si
une grande parenté n’était rien d’autre qu’une petite cité et réciproquement.
Nous verrons que cela ne tient pas. De même, ils ne voient qu’une différence
quantitative entre le régime politique et le régime royal. Le roi règne
absolument et en tous domaines, tandis que le politique dirige dans les
limites des lois édictées par la science politique ; pour une partie il
domine dans les affaires mises en son pouvoir, mais pour une autre, il est
assujetti à ce qui dépend de la loi. Et tous de conclure que ces
gouvernements, tant sur la cité que sur le domaine, ne diffèrent pas
essentiellement. |
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[79081] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 8 Deinde
cum dicit haec autem non sunt vera etc., ostendit modum manifestandi
falsitatem praedictae opinionis: et dicit quod ea quae dicta sunt non sunt
vera: et hoc erit manifestum si quis velit intendere secundum subiectam
methodum, idest secundum artem considerandi talia quae infra ponetur. Modus
autem huius artis est talis. Quod sicut in aliis rebus ad cognitionem totius
necesse est dividere compositum usque ad incomposita, idest usque ad
indivisibilia quae sunt minimae partes totius (puta ad cognoscendum
orationem, necesse est dividere usque ad literas, et ad cognoscendum corpus
naturale mixtum, necesse est dividere usque ad elementa): sic, si
consideremus ex quibus civitas componatur, magis poterimus videre ex
praemissis regiminibus quid unumquodque sit secundum se et quid differant
adinvicem, et utrum aliquid circa unumquodque eorum possit artificialiter
considerari. In omnibus enim ita videmus quod siquis inspiciat res secundum quod
oriuntur ex suo principio, optime poterit in eis contemplari veritatem. Et
hoc sicut est verum in aliis rebus, ita etiam est verum in his de quibus
intendimus. In his autem verbis philosophi considerandum est quod ad
cognitionem compositorum primo opus est via resolutionis, ut scilicet
dividamus compositum usque ad individua. Postmodum vero necessaria est via
compositionis, ut ex principiis indivisibilibus iam notis diiudicemus de
rebus quae ex principiis causantur. |
16. Ensuite lorsqu'il dit [5] ¨Mais cela etc.¨. Il montre la manière de manifester la fausseté le l'opinion précédente: et il dit que les choses qui sont dites dans cette opinion ne sont pas vraies: et cela sera manifeste à ceux qui doivent faire un examen conformément à cette science, c'est-à-dire conformément à l'art de considérer les choses qui sont présentées plus loin. Et voici le mode de procéder qui convient à cet art: ainsi que dans les autres choses il est nécessaire de diviser le composé jusque dans ce qui n'est plus composé pour connaître le tout, c'est-à-dire jusque dans les parties indivisibles qui sont les plus petites parties du tout (par exemple pour connaître le discours il est nécessaire de le diviser jusque dans ses lettres, et pour connaître le corps naturel mixte, il est nécessaire de le diviser jusque dans ses éléments), ainsi, si nous considérions ce à partir de quoi la cité est composée, nous pourrions mieux voir dans l'examen des formes de gouvernements précédentes ce que chacune est en elle-même, en quoi elles diffèrent entre elles et si quelque chose relativement à chacune d’elles peut être examiné selon les règles de l’art. Dans tous les domaines en effet nous voyons que si on examine les choses selon qu’elles proviennent de leur principe, c’est alors qu’on peut le mieux contempler en elles la vérité. Et tout comme cela est vrai dans les autres choses, ainsi cela est vrai aussi pour les choses que nous cherchons à connaître. Mais dans ces paroles du Philosophe il faut considérer que pour parvenir à la connaissance des composés la première chose qu’il faut faire est d’emprunter la voie de résolution, c'est-à-dire qu'il nous faut diviser le composé jusque dans ses parties indivisibles; par la suite en vérité il est nécessaire de procéder par voie de composition, pour qu'à partir des principes indivisibles déjà connus nous puissions juger des choses qui sont causées à partir de ces principes. |
Nous sommes pourtant bien devant une erreur manifeste. La méthode même de
cette discipline, les techniques à utiliser pour étudier ses concepts, le
montreront clairement. Comme en d’autres matières, la connaissance du tout
doit découler de sa désarticulation jusqu’à parvenir aux éléments purs, c’est
à dire aux indivisibles qui forment les particules ultimes de la totalité
(pour connaître, par exemple, une expression, il faut la décortiquer
jusqu’aux lettres, et pour un composé naturel, il faut le disséquer jusque
dans ses molécules). En cherchant de quoi est composée la cité, nous verrons
mieux ce qu’est chaque régime en lui-même, en quoi il diffère des autres et
si l’on peut considérer tel ou tel aspect du point de vue de l’efficience.
Partout nous voyons qu’étudier une réalité dans ses principes d’origine
permet de contempler au mieux sa vérité. Et cela vaut pour le sujet qui nous
préoccupe. Par ces mots du Philosophe, nous devons comprendre que le premier
travail pour connaître une réalité complexe, c’est la voie de la résolution
c’est à dire de la décomposition jusqu’aux éléments. Puis, une fois connus
les principes indivisibles, la voie de la composition s’impose, pour juger
des choses causées par eux. |
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[79082] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 9 Deinde
cum dicit necesse itaque primum combinare etc., secundum praemissum modum
ponit veram comparationem aliarum communitatum ad civitatem: et circa hoc duo
facit. Primo agit de aliis communitatibus quae ordinantur ad civitatem.
Secundo de communitate civitatis, ibi, quae autem ex pluribus vicis. Circa primum tria
facit. Primo proponit communitatem personae ad personam. Secundo ponit communitatem domus quae complectitur
diversas personarum communicationes, ibi, ex his quidem igitur duabus et
cetera. Tertio ponit communitatem vici, quae est ex pluribus multitudinibus,
ibi, ex pluribus autem domibus et cetera. Circa primum duo facit. Primo ponit
duas communicationes personales. Secundo comparat eas adinvicem, ibi, natura
quidem igitur et cetera. Duarum autem communicationum personalium, primo
ponit eam quae est maris et feminae: et dicit, quod quia oportet nos dividere
civitatem usque ad partes minimas, necesse est dicere quod prima combinatio
est personarum quae sine invicem esse non possunt, scilicet maris et feminae.
Huiusmodi enim combinatio est propter generationem per quam producuntur et
mares et feminae. Et ex hoc patet quod sine invicem esse non possunt. |
17. Ensuite lorsqu'il dit [6]: ¨C'est pourquoi il est nécessaire¨, il présente, conformément au mode qui précède, une juste comparaison de la cité aux autres communautés. Et à ce sujet il fait deux choses: d'abord il traite des autres communautés qui sont ordonnées à la cité [6]; ensuite il traite de cette communauté qu'est la cité là [17] où il dit: ¨La communauté qui de plusieurs villages etc.¨ Relativement au premier point il fait trois choses. D'abord il présente la communauté d’une personne à une autre personne [6]. Deuxièmement il présente la communauté de la famille qui embrasse diverses communautés de personnes, là [11] où il dit: ¨De ces deux communautés donc etc.¨. Enfin il présente la communauté du village qui naît de plusieurs familles là [13] où il dit: ¨Mais celle qui de plusieurs familles etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. D'abord il présente deux communautés de personnes [6]. Deuxièmement il les compare entre elles là [8] où il dit: ¨C'est donc certes par nature etc.¨. Mais de ces deux communautés de personnes il présente [6] en premier lieu celle du mari et de la femme: et il dit que parce qu'il nous faut diviser la cité jusque dans ses plus petites parties, il est nécessaire que la première union soit celle des personnes qui ne peuvent exister l'une sans l'autre, c'est-à-dire celle du mari et de la femme. C'est cette sorte d'union en effet qui est en vue de la génération au moyen de laquelle naissent les maris et les femmes. Et c'est de là qu'il apparaît avec évidence qu'ils ne peuvent exister l'un sans l'autre. |
Comparons maintenant avec les autres communautés, d’abord en regardant
leur subordination à la cité, puis en observant la société civile elle-même.
Il y a pour les personnes deux façons de communier. D’abord celle de l’homme
et de la femme, et comme nous devons démonter la cité jusqu’à parvenir aux
composants derniers, il faut affirmer que la toute première cellule est celle
de personnes qui ne pourraient elles-mêmes exister sans cette relation. Nous
parlons de l’union entre l’époux et l’épouse, destinée à la procréation sans
laquelle il ne pourrait y avoir d’hommes ni de femmes. Sans elle, nul ne
saurait être. |
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[79083] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 10 Sed
quare ista combinatio sit prima, ostendit per hoc quod subdit, quod non ex
electione. Ubi considerandum est, quod in homine est aliquid quod est
proprium eius, scilicet ratio, secundum quam ei competit quod et consilio et
electione agat. Invenitur etiam aliquid in homine quod est commune ei et aliis,
et huiusmodi est generare. Hoc igitur non competit eis ex electione,
idest secundum quod habet rationem eligentem, sed competit ei secundum
rationem communem sibi et animalibus et etiam plantis. Omnibus enim his inest
naturalis appetitus, ut post se derelinquat alterum tale quale ipsum est; ut
sic per generationem conservetur in specie quod idem numero conservari non
potest. Est quidem igitur huiusmodi naturalis appetitus etiam in omnibus
aliis rebus naturalibus corruptibilibus. Sed quia et viventia, scilicet
plantae et animalia habent specialem modum generandi, ut scilicet generent ex
seipsis, ideo specialiter de plantis et animalibus mentionem facit. Nam etiam
in plantis invenitur vis masculina et feminina, sed coniuncta in eodem
individuo, licet in uno abundet plus una, in alio altera; ita scilicet, ut
imaginemur plantam omni tempore esse talem qualia sunt mas et femina tempore
coitus. |
18. Mais de quelle manière cette union est la première, il le montre au moyen de ce qu'il ajoute par ces mots [6]: ¨Ce qui ne provient pas d'un choix etc.¨. Là il faut considérer qu'il y a dans l'homme quelque chose qui lui est propre, à savoir la raison, selon laquelle il lui appartient d'agir à partir d'une délibération et d'un choix. Et on retrouve aussi en lui quelque chose qui est commun à tous les vivants, dont (1) fait partie la génération. Cela donc ne lui appartient pas à partir d'un choix, c'est-à-dire selon qu'il possède une raison capable de se déterminer elle-même, mais en raison d'une cause commune à tous les animaux et même aux plantes. Dans tous ces êtres en effet il existe un appétit naturel tel qu'ils laissent après eux un autre être qui soit de même nature qu'eux, afin qu'au moyen de la génération celui qui ne peut se conserver en tant qu'individu soit conservé en tant qu'espèce. Un appétit naturel de cette sorte existe donc dans tous les êtres naturels corruptibles. Mais parce que les vivants, c'est-à-dire les animaux et les plantes (2), possèdent un mode spécial de génération qui leur permet de s'engendrer à partir d'eux-mêmes, c'est pourquoi il fait spécialement mention des animaux et des plantes. Car c'est même dans les plantes qu'on retrouve la puissance masculine et la puissance féminine, mais réunies dans un même individu, bien que l'on retrouve davantage dans l'un que dans l'autre plus de l'une que de l'autre, c'est-à-dire de telle manière que nous puissions imaginer la plante comme étant de tout temps l'accouplement continu du mâle et de la femelle. |
L’homme jouit d’un privilège unique : la raison, grâce à laquelle il agit
après conseil et décision, mais quant à sa faculté de mettre au monde, il la
partage avec les autres animaux. Cela ne découle pas chez lui d’une volonté
délibérée, mais lui vient d’un dynamisme biologique qu’on retrouve chez les bêtes,
et même chez les plantes. Toutes possèdent la vertu naturelle de laisser
après soi un autre être semblable à soi, afin de perpétuer dans l’espèce ce
qui ne peut durer chez l’individu, et voilà pourquoi cette communauté est la
toute première. C’est ce même élan que l’on reconnaît aussi dans tous les
autres corps physiques corruptibles. Mais on fait surtout mention de l’être
vivant, animal ou végétal, parce qu’il est doté d’un mode particulier de
reproduction autonome. Même la plante connaît des principes mâle et femelle,
bien que conjoints dans chaque spécimen (mais l’un est plus abondant chez
certains, et l’autre chez d’autres), et on peut voir en elle un état de
fécondation permanent. |
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[79084] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 11 Deinde
cum dicit principans autem etc., ponit secundam communicationem personarum,
scilicet principantis et subiecti: et haec etiam communicatio est a natura
propter salutem. Natura enim non solum intendit generationem, sed etiam quod
generata salventur. Et quod hoc quidem contingat in hominibus per
communicationem principantis et subiecti, ostendit per hoc quod ille est
naturaliter principans et dominans qui suo intellectu potest praevidere ea
quae congruunt saluti, puta consequendo proficua et repellendo nociva: ille
autem qui potest per fortitudinem corporis implere opere quod sapiens mente
praeviderit, est naturaliter subiectus et servus. Ex quo patet quod idem
expedit utrique ad salutem, scilicet quod iste principetur et ille
subiiciatur. Ille enim qui propter sapientiam potest mente praevidere,
interdum salvari non posset deficientibus viribus corporis, nisi haberet
servum qui exequeretur; nec ille qui abundat viribus corporis, posset
salvari, nisi alterius prudentia regeretur. |
19. Ensuite lorsqu'il dit [7]: ¨Cependant celui qui commande¨, il présente la deuxième communauté de personnes, à savoir celle du chef et de son subordonné: et cette communauté aussi est naturelle car elle existe en vue de la conservation. La nature en effet ne cherche pas seulement la génération mais elle cherche aussi à conserver ce qui a été engendré. Et que cette conservation apparaisse certes chez les hommes sous la forme de la communauté du chef et de son subordonné, il le montre au moyen de ceci: celui-ci est naturellement chef et apte à commander qui par son intelligence peut prévoir les choses qui conviennent à la conservation, par exemple en causant ce qui est utile et en repoussant ce qui est nuisible; celui-là est naturellement subordonné et esclave qui peut par la force de son corps accomplir la tâche que le sage par son esprit aura prévue. D'où il apparaît clairement qu'en vue de la conservation, la même chose est dans l'intérêt (3) des deux, à savoir que l'un commande et que l'autre obéisse. Celui en effet qui en raison de sa sagesse peut prévoir par son esprit ne peut cependant pas se conserver par les forces déficientes de son corps tout comme celui qui abonde en forces corporelles ne peut le faire non plus à moins d'être réglé par la prudence d'un autre. |
La relation entre l’autorité et ses sujets offre à la personne, la
seconde façon de vivre en société. Cette mise en commun est, elle aussi,
réclamée par la nature pour la sauvegarde des êtres qu’elle ne veut pas se
contenter de mettre au monde. La communication entre responsables et subordonnés
vise bien à cela, lorsque dirige naturellement celui qui, par son
intelligence, sait prévoir de salutaires contributions à l’obtention de
richesses et à l’éloignement des dangers. L’homme capable, par sa force
physique, d’accomplir le projet mis au point par le sage, celui-là est
naturellement sujet et serviteur. Que l’un commande et que l’autre obéisse,
contribuent également à la mutuelle sauvegarde des deux. Mais le sage capable
de cette anticipation mentale est souvent d’un physique trop débile pour
pouvoir se sauver par lui-même sans l’intervention d’un subordonné, et
parallèlement, celui qui jouit de la force physique ne peut souvent s’en
sortir qu’en se soumettant à la conduite avisée d’autrui. |
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[79085] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 12 Deinde
cum dicit natura quidem igitur etc., comparat praedictas communicationes
adinvicem. Et primo secundum veritatem. Secundo excludit errorem, ibi, inter
barbaros autem et cetera. Concludit ergo primo ex praedictis, quod femina et
servus naturaliter distinguuntur. Femina enim naturaliter est disposita ad
generandum ex alio; non autem est robusta corpore, quod requiritur in servo.
Et sic praedictae duae communicationes abinvicem differunt. |
20. Ensuite lorsqu'il dit [8]: ¨C'est par nature certes etc.¨, il compare entre elles les communautés précédentes. Et d'abord il le fait conformément à la vérité [8]. Deuxièmement il écarte une erreur là [9] où il dit: ¨Mais chez les Barbares etc.¨. En premier il conclut donc à partir de ce qui a été dit que la femme et l'esclave diffèrent par nature. La femme en effet est naturellement disposée à engendrer à partir d'un autre; mais elle n'est pas forte corporellement, ce qui est exigé de l'esclave Et ainsi les deux communautés qui précèdent diffèrent l'une de l'autre. |
La nature distingue entre la femme et le serviteur. Le corps de la femme
est intrinsèquement disposé à recevoir la génération d’autrui, alors qu’il
n’est pas assez robuste pour le travail du serviteur. Là repose la différence
entre les deux genres de mise en commun dont nous avons parlé. |
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[79086] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 13 Causas
autem praemissae distinctionis assignat ex hoc: quod natura non facit aliquod
tale, sicut illi qui fabricant ex aere, idest ex metallo, Delphicum gladium
pro aliquo paupere. Apud Delphos enim fiebant quidam gladii, quorum unus ad
plura ministeria deputabatur: puta si unus gladius esset ad incidendum, ad
limandum et ad aliqua alia huiusmodi. Et hoc fiebat propter pauperes qui non
poterant plura instrumenta habere. Natura autem sic non
facit ut unum ordinet ad diversa officia; sed unum deputat ad unum officium.
Et propter hoc femina non deputatur a natura ad serviendum, sed ad
generandum: sic enim optime fient omnia, quando unum instrumentum non
deservit multis operibus, sed uni tantum. Sed hoc est intelligendum quando
accideret impedimentum in utroque vel altero duorum operum, quibus idem
instrumentum attribueretur; ut puta si oporteret utrumque opus frequenter
simul exercere. Si autem per vices diversa opera exerceantur, nullum
impedimentum sequitur, si unum instrumentum pluribus operibus accommodetur.
Unde et lingua congruit in duo opera naturae; scilicet in gustum et
locutionem, ut dicitur in III de anima. Non enim haec duo opera secundum idem
tempus sibiinvicem coincidunt. |
21. Et c'est à partir de ceci qu'il assigne les causes de la distinction qui précède: la nature ne produit pas les choses de la même manière que ceux qui fabriquent, à partir du bronze ou de quelque métal, les couteaux de Delphes pour les pauvres. À Delphes en effet on produisait certaines épées dont la charge était destinée à plusieurs fonctions: par exemple un seul et même glaive pouvait être destiné à couper, à polir ou à d'autres fonctions. Et cela arrivait parce que les pauvres ne pouvaient se permettre de posséder une multiplicité d'instruments. Mais la nature ne procède pas ainsi: un même instrument en effet n'est pas destiné à plusieurs fonctions mais à un seul. Et c'est pour cette raison que la femme n'est pas destinée par nature à servir, mais à engendrer: c'est ainsi en effet que tout est produit de la meilleure manière, à savoir lorsqu'un instrument n'est pas ordonné à une multitude de tâches mais à une seule. Mais cela doit s'entendre lorsqu'il se produit un obstacle pour les deux ou pour l'une des deux tâches auxquelles le même instrument est assigné: par exemple s'il fallait exercer fréquemment et simultanément les deux tâches. Mais si ces différentes tâches étaient exercées alternativement, il n'y aurait aucun obstacle à ce qu'un instrument soit appliqué à plusieurs fonctions. C'est pour cela que la langue contribue à deux fonctions naturelles: à savoir au goûter et à la parole, ainsi que le Philosophe le dit au deuxième livre du traité qui a pour titre des Parties des animaux. En effet ces deux opérations ne coïncident pas ensemble simultanément. |
La nature n’agit pas comme ces couteliers de Delphes, qui, d’une lame de
bronze, fabriquent à bas prix un couteau à usages multiples, capable de
trancher, de limer, etc., pour éviter que les revenus modestes aient à
acheter plusieurs ustensiles. La nature ne destine pas un objet unique à
plusieurs offices, mais le consacre à un seul. Et la femme n’est pas vouée à
servir, mais à engendrer. Tout va pour le mieux lorsque chaque instrument
sert à une seule tâche, du moins de celles qui interdisent un autre usage
concomitant de l’instrument ou la pratique de l’une et l’autre tâche
fréquemment en même temps. Car rien n’empêche un objet d’être prévu pour
plusieurs utilisations successives. La langue, par exemple, sert à deux
œuvres de la nature : goûter et parler, car les deux ne se font pas
simultanément. |
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[79087] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 14 Deinde
cum dicit inter barbaros autem etc., excludit errorem contrarium. Et primo
ponit errorem. Secundo ostendit causam erroris, ibi, causa autem quia natura
et cetera. Dicit ergo primo, quod apud barbaros femina et servus habentur
quasi eiusdem ordinis; utuntur enim feminis quasi servis. Potest autem hic
esse dubium qui dicantur barbari. Dicunt enim quidam omnem hominem barbarum
esse ei qui linguam eius non intelligit. Unde et apostolus dicit: si
nesciero virtutem vocis, ero ei cui loquar barbarus, et qui loquitur mihi
barbarus. Quibusdam autem videtur illos barbaros dici, qui non habent
literalem locutionem suo vulgali ydiomati respondentem. Unde et Beda dicitur
in linguam Anglicam liberales artes transtulisse, ne Anglici barbari
reputarentur. Quibusdam autem videtur barbaros esse eos qui ab aliquibus
civilibus legibus non reguntur. |
22. Ensuite lorsqu'il dit [9]: ¨Chez les Barbares.¨ Il écarte l'erreur contraire. Et d'abord il présente cette erreur [9]. Deuxièmement il montre la cause de cette erreur là [10] où il dit: ¨Mais la raison en est etc.¨. Il dit donc en premier que chez les Barbares la femme et l'esclave tiennent le même rang; ils se servent en effet de la femme comme d'une esclave. Mais on peut avoir ici un doute sur ceux qu'on appelle Barbares. Certains en effet disent que tout homme qui ne comprend pas leur langue est un Barbare. C'est pourquoi l'Apôtre dit (1 Cor. X1V, 10): ¨Si donc j'ignore la puissance d'une langue, je serai un Barbare pour celui qui la parle et lui un Barbare pour moi¨. Ainsi, il semble à certains que ceux-là s'appellent barbares qui ne possèdent pas l'élocution littérale du dialecte de leur langue vulgaire. Et c'est pourquoi on dit de Bède qu'il a traduit les arts libéraux dans la langue anglaise afin que les Anglais ne passent pas pour des barbares. Mais pour certains autres ce sont ceux qui ne sont pas réglés par des lois civiles (4) qui doivent être appelés barbares. |
C’est chez les barbares que la femme et le serviteur sont mis au même
rang, et que la femme est traitée à l’égal de l’esclave. Barbare a plusieurs
sens. Pour certains, tous ceux qui ne comprennent pas leur langue sont des
barbares (si j’ignorais le pouvoir de
la voix, je serais barbare aux yeux de ceux à qui je m’adresse, et eux me
paraîtraient barbares. – St Paul aux Corinthiens). D’autres jugent
barbares ceux dont la langue ne possède pas l’équivalent de certaines de
leurs expressions, et Bède voulut éviter cela aux Angles en faisant traduire
les arts libéraux dans leur dialecte. D’autres enfin considèrent comme tels
les peuples affranchis de toute loi civile. Tous ont en partie raison, car on
entend par barbare quelqu’un d’étranger, ce qui peut se rencontrer de deux
façons : rigoureusement ou de façon relative. Paraît absolument étranger
celui qui l’est au genre humain, parce que la raison lui fait défaut. |
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[79088] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 15 Et
quidem omnia aliqualiter ad veritatem accedunt: in nomine enim barbari
extraneum aliquid intelligitur. Potest enim aliquis homo extraneus dici vel
simpliciter vel quo ad aliquem. Simpliciter quidem extraneus videtur ab
humano genere qui deficit ratione, secundum quam homo dicitur; et ideo
simpliciter barbari nominantur illi qui ratione deficiunt vel propter plagam
caeli quam intemperatam sortiuntur, ut ex ipsa dispositione regionis hebetes
ut plurimum inveniantur: vel etiam propter aliquam malam consuetudinem in aliquibus
terris existentem; ex qua provenit, ut homines irrationales et quasi brutales
reddantur. Manifestum est autem quod ex virtute rationis procedit quod
homines rationabili iure regantur, et quod in literis exercitentur. Unde
barbaries convenienter hoc signo declaratur, quod homines vel non utuntur
legibus vel irrationabilibus utuntur: et similiter quod apud aliquas gentes
non sint exercitia literarum. Sed quo ad aliquem dicitur esse extraneus qui
cum eo non communicat. Maxime autem homines nati sunt sibi communicare per
sermonem: et secundum hoc, illi qui suum invicem sermonem non intelligunt,
barbari ad seipsos dici possunt. Philosophus autem loquitur hic de his qui
sunt simpliciter barbari. |
23. Et certes tous s'approchent en quelque sorte de la vérité: en effet dans le nom de barbare on entend quelque chose d'étranger. En effet un homme peut être appelé étranger purement et simplement ou sous un certain rapport. Quelqu'un semble étranger au genre humain purement et simplement qui manque de raison selon laquelle il peut être appelé humain. Et c'est pourquoi on appelle purement et simplement barbares ceux qui manquent de raison soit en raison de la région extrême du globe qui leur est échue de sorte qu'à cause des dispositions excessives de cette région on les retrouve le plus souvent affaiblis, soit encore en raison de quelques mauvaises coutumes existant en certaines nations à cause desquelles il arrive que les hommes deviennent déraisonnables et semblables à des brutes. Mais il est manifeste que c'est de la puissance de la raison que procède le droit rationnel par lequel les hommes sont réglés et qu'ils en viennent à l'apprentissage de l'écriture. D'où c'est à ce signe qu'on déclare avec raison comme étant barbares purement et simplement soit les hommes qui ne font pas usage de lois, soit ceux qui font usage de lois déraisonnables, soit encore certaines nations chez lesquelles on ne retrouve pas la maîtrise de l'écriture. Mais on dit qu'est un étranger sous un certain rapport celui qui ne peut communiquer par la parole avec un autre. Mais les hommes sont naturellement aptes à communiquer les uns avec les autres au moyen du discours: et d'après cela, ceux qui ne peuvent mutuellement saisir leurs discours peuvent mutuellement s'appeler barbares. Mais le Philosophe parle ici de ceux qui sont barbares purement et simplement. |
Et l’on déclare purement et simplement barbares les peuplades sans
intelligence, soit parce qu’elles vivent dans des régions au climat hostile
et qui ne produisent le plus souvent que des demeurés, soit même en raison de
coutumes perverses enracinées dans certaines contrées, qui rendent les hommes
déments et comme des brutes. Car il est clair que la force de la raison est à
l’origine d’une législation humaine raisonnable, comme du développement de la
littérature. Aussi les barbares se remarquent-ils justement à ce qu’ils ne se
donnent pas de lois ou qu’elles sont absurdes, et parallèlement à ce qu’il
n’y a pas d’éducation aux belles lettres. On appelle aussi étrangère la
personne avec laquelle on ne peut échanger. Les hommes sont avant tout nés
pour communiquer par la parole et ceux qui ne peuvent se comprendre se
traitent volontiers mutuellement de barbares. Mais le philosophe ne veut
parler ici que du barbare pris dans son acception stricte. |
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[79089] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 16 Deinde
cum dicit causa autem assignat causam praedicti erroris. Et dicit quod causa
eius est, quia apud barbaros non est principatus secundum naturam. Dictum est
enim supra, quod principans secundum naturam est, qui potest mente
praevidere: servus autem qui potest corpore exequi. Barbari autem ut plurimum
inveniuntur corpore robusti et mente deficientes. Et ideo apud eos non potest
esse naturalis ordo principatus et subiectionis. Sed apud ipsos fit quaedam communicatio
servae et servi; idest communiter utuntur serva, scilicet muliere, et
servo. Et quia naturaliter non est principatus in barbaris, sed in his qui
mente abundant, propter hoc dicunt poetae quod congruum quod Graeci qui
sapientia praediti erant, principentur barbaris: ac si idem sit naturaliter
esse barbarum et esse servum. Cum autem e converso est, sequitur perversio et
inordinatio in mundo, secundum illud Salomonis: vidi servos in equis, et
principes ambulantes sicut servos super terram. |
24. Ensuite lorsqu'il dit [10] ¨mais la cause etc.¨, Il présente la cause de l'erreur précédente. Et il dit que la raison en est que chez les barbares il n'y a pas de principe qui commande par nature. Nous avons dit en effet plus haut que celui qui commande par nature est celui qui peut prévoir à l'avance par son esprit, alors que l'esclave est celui qui peut exécuter l'ouvrage. Mais le plus souvent les barbares se montrent vigoureux de corps et faibles d'esprit. Et c'est pourquoi chez eux on ne peut rencontrer l'ordre naturel du maître et de l'esclave. Mais on rencontre chez eux une certaine communauté de servantes et d'esclaves; c'est-à-dire qu'ils se servent communément de la servante, c'est-à-dire de la femme, et de l'esclave. Et parce qu'il n'existe pas naturellement de maîtres chez les barbares mais seulement chez les nations qui sont riches en hommes doués spirituellement, c'est pour cette raison que les poètes disent qu'il convient que les Grecs, qui étaient pourvus de sagesse, commandent aux barbares, comme si c'était naturellement la même chose d'être barbare et d'être esclave. Mais lorsque ce qui se produit est le contraire, il s'ensuit une corruption et un désordre dans le monde selon ce discours de Salomon tiré de l'Ecclésiaste (10, 7): ¨Je vois des esclaves aller à cheval et des princes aller à pied comme des esclaves¨. |
Cette erreur a une cause : la horde ne connaît pas de chef naturel, au
sens où nous l’avons défini par l’aptitude à prévoir mentalement ce que le
serviteur doit exécuter matériellement. Les barbares sont le plus souvent
robustes de corps et limités intellectuellement, de sorte qu’il ne peut
s’installer entre eux d’organisation hiérarchique naturelle. Mais ils
connaissent une sorte de mise en commun des esclaves et des servantes – les femmes
– car ils mutualisent leur utilisation. C’est pourquoi l’absence de préséance
parmi les barbares et sa présence parmi les hommes d’esprit a fait dire aux
poètes que les Grecs, qui ne manquent pas de sagesse, sont appelés à dominer
les autres, comme si être barbare revenait à être naturellement esclave. Et
l’inverse, selon Salomon, est la source de la perversion et du désordre : «
J’ai vu les esclaves à cheval et les princes marcher à terre comme des
serviteurs ». |
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[79090] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 17 Deinde
cum dicit: ex his quidem igitur etc., determinat de communitate domus quae
constituitur ex pluribus communicationibus personalibus. Et circa hoc tria
facit. Primo ostendit ex quibus consistit ista communitas. Secundo ostendit
ad quid sit, ibi, in omnem quidem igitur et cetera. Tertio ostendit quomodo
nominantur qui in hac communitate sunt, ibi, quos Charondas quidem et cetera.
Dicit ergo primo, quod ex praedictis duabus communitatibus personalibus,
quarum una est ad generationem, alia ad salutem, constituitur prima domus.
Oportet enim in domo esse virum et feminam, et dominum et servum. Ideo autem
dicitur domus prima, quia est et alia communicatio personalis quae invenitur
in domo, scilicet patris et filii, quae ex prima causatur. Unde primae duae
sunt primordiales. Et ad hoc inducit verbum Hesiodi poetae, qui dixit quod
domus habet haec tria: dominum qui praeeminet et mulierem et bovem ad
arandum. In paupere enim domo bos est loco ministri. Utitur enim homo
bove ad exequendum aliquod opus, sicut et ministro. |
25. Ensuite lorsqu'il dit [11]: ¨ Certes, de ces etc.¨ Il détermine de la communauté de la famille qui est constituée de plusieurs communautés de personnes. Et à ce sujet il fait trois choses. D'abord il montre à partir de quoi est constituée cette communauté (11). Deuxièmement il montre à quoi elle est destinée, là [12] où il dit: ¨ Dans tout etc.¨. Troisièmement il montre comment sont dénommés ceux qui vivent dans cette communauté, là [12] où il dit: ¨ Charondas les appelle etc.¨. Il dit donc en premier lieu [11] que cette première communauté qu'est la famille est constituée à partir de ces deux précédentes communautés de personnes dont l'une est ordonnée à la génération et l'autre à la conservation. Il faut en effet que dans la famille il y ait à la fois un homme et une femme et un maître et un esclave. Et c'est pourquoi on dit que la famille est première car il existe une autre communauté de personne qu'on retrouve dans la famille, à savoir celle du père et du fils, et qui découle de la première. D'où il suit que les deux premières communautés de personnes sont à l'origine de toute communauté. Et pour le montrer il présente les paroles du poète Hésiode qui affirme que la famille possède ces trois éléments: le maître qui commande, la femme et le boeuf de labour. Dans la famille pauvre en effet le boeuf tient lieu d'esclave. L'homme en effet se sert du boeuf comme d'un esclave pour exécuter une tâche. |
Des deux communautés dont on a parlé, l’une destinée à la génération et
l’autre à la sauvegarde. La première fonde la structure domaniale,
qu’Aristote aborde maintenant. Elle recouvre plusieurs types de mises en
commun entre les personnes : il y faut mari et femme, ainsi que maître et
serviteur. Elle est dite première parce que la relation communautaire
existant entre père et fils repose sur les deux précédentes qui sont
primordiales. Tel est le sens des paroles d’Hésiode : la maison repose sur
trois piliers : le maître qui préside, l’épouse ainsi que le bœuf de labours.
L’animal tient lieu de personnel dans les maisons modestes. L’homme se sert
de lui comme d’un serviteur pour divers travaux. |
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[79091] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 18 Deinde
cum dicit in omnem quidem igitur etc., ostendit ad quid ordinetur communitas
domus. Ubi considerandum est quod omnis humana communicatio est secundum
aliquos actus. Actuum autem humanorum quidam sunt quotidiani, sicut comedere,
calefieri ad ignem, et alia huiusmodi. Quidam autem non sunt quotidiani,
sicut mercari, pugnare, et alia huiusmodi. Naturale est autem hominibus, ut
in utroque genere operum sibi communicent seinvicem iuvantes. Et ideo dicit
quod nihil aliud est domus quam quaedam communitas secundum naturam constituta
in omnem diem, idest ad actus, qui occurrunt quotidie agendi. Et hoc
manifestat consequenter per nomina. Quidam enim Charondas nomine nominat eos
qui communicant in domo, homostitios, quasi unius pulmenti, quia communicant
in cibo. Quidam autem alius nomine Epimenides, natione Ocres, vocat eos
homocapnos quasi unius fumi, quia sedent ad eumdem ignem. |
26. Ensuite lorsqu'il dit [12]: ¨Dans toute etc.¨, Il montre à quoi est ordonnée la communauté de la famille. Où il faut considérer que toute communauté humaine découle de certains actes. Mais parmi les actes humains certains sont quotidiens comme manger et se réchauffer à un feu, et d'autres ne le sont pas, comme faire du commerce, faire la guerre et d'autres activités du même genre. Mais il est naturel aux hommes de communiquer entre eux pour s'entraider dans l'un et l'autre genre d'activités. Et c'est pourquoi Aristote dit que la famille n'est rien d'autre qu'une communauté constituée selon la nature pour la vie de chaque jour, c'est-à-dire pour les activités qu'il nous arrive de réaliser à chaque jour. Et il manifeste cela par la suite au moyen de certains noms. En effet un certain Charondas donne à ceux qui communiquent dans la famille le nom de compagnons comme s'il s'agissait de la communauté d'un repas, car c'est dans la nourriture qu'ils communiquent. Mais un autre du nom d'Épiménide de Crète les appelle commenseaux comme s'ils étaient d'une même fumée parce qu'ils sont assis à un même feu. |
Un partage entre les hommes repose toujours sur certaines activités. Les
unes sont quotidiennes comme manger se réchauffer auprès de l’âtre, etc.
D’autres, comme commercer, se défendre et autres, sont plus épisodiques. Mais
quel que soit le genre d’activité, l’entraide se fait naturellement par la
mutualisation. La maison n’est rien d’autre qu’une communauté constituée par
nature pour la vie de tous les jours, et pour les activités qui se
renouvellent chaque matin. Pour manifester cette caractéristique, on lui
donna des noms. Ainsi, un certain Charondas appela ceux qui partagent la vie
du domaine : «commensaux», car ayant une nourriture commune, ils sont comme
unis par le repas. Le Crétois Epiménides, quant à lui, les baptisa : « feudataires
», c’est à dire partageant le même feu devant lequel ils s’assoient tous. |
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[79092] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 19 Deinde
cum dicit ex pluribus autem domibus etc., ponit tertiam communitatem,
scilicet vici. Et primo ostendit ex quibus sit ista communitas et propter
quid. Secundo ostendit quod sit naturalis, ibi, maxime autem videtur et
cetera. Dicit ergo primo, quod prima communicatio quae est ex pluribus
domibus, vocatur vicus: et dicitur prima ad differentiam secundae quae est
civitas: haec autem communitas non est constituta in diem sicut dicit de
domo, sed est instituta gratia usus non diurnalis. Illi enim qui sunt
convicanei, non communicant sibi in actibus quotidianis in quibus communicant
sibi illi qui sunt unius domus, sicut est comedere, sedere ad ignem et
huiusmodi: sed communicant sibi in aliquibus exterioribus actibus non
quotidianis. |
27. Ensuite lorsqu'il dit [13]: ¨De plusieurs etc.¨, Il présente une troisième sorte de communauté, à savoir celle du village. Et en premier il montre à partir de quoi et en vue de quoi cette communauté est formée [13]. Deuxièmement il montre qu'elle est naturelle, là [14] où il dit: ¨En réalité elle est au plus haut point selon la nature etc.¨. Il dit donc en premier lieu [13] que la première
communauté formée de plusieurs familles se nomme village: et il dit qu'elle
est la première par opposition à la deuxième qui est la cité. Cette
communauté cependant n'est pas constituée pour les besoins de la vie de
chaque jour comme il l'a affirmé de la famille, mais elle est instituée en
vue des usages qui dépassent la vie quotidienne. Ceux en effet qui sont du
même village ne communiquent pas entre eux dans les activités quotidiennes
dans lesquelles communiquent ceux qui sont de la même famille, comme manger,
s'asseoir à un même feu et les autres activités du même genre, mais ils
communiquent entre eux dans des activités extérieures qui débordent la vie de
tous les jours. |
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[79093] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 20 Deinde
cum dicit maxime autem videtur etc., ostendit quod communitas vici sit
naturalis. Et primo ostendit propositum per rationem. Secundo per quaedam
signa, ibi, propter quod et primum et cetera. Dicit ergo primo, quod vicinia
domorum, quae est vicus, maxime videtur esse secundum naturam. Nihil enim est
magis naturale quam propagatio multorum ex uno in animalibus; et hoc facit
viciniam domorum. Hos enim qui habent domos vicinas, quidam vocant collactaneos,
puerosque, idest filios, et puerorum pueros, idest nepotes, ut
intelligamus quod huiusmodi vicinia domorum ex hoc primo processit quod filii
et nepotes multiplicati instituerunt diversas domos iuxta se habitantes. Unde
cum multiplicatio prolis sit naturalis, sequitur quod communitas vici sit
naturalis. |
28. Ensuite lorsqu'il dit [14]: ¨Au plus haut point cependant etc.¨. Il montre que la communauté du village est naturelle. Et d'abord il manifeste ce propos par une raison [14]. Deuxièmement il le manifeste au moyen de signes, là [15] où il dit:¨C'est pour cela qu'au début etc.¨. Il dit donc en premier lieu [14] que le voisinage des familles, qui est le village, semble au plus haut point être naturel. Rien en effet n'est plus naturel que la propagation d'une multitude à partir d'un individu chez les animaux; c'est cela qui produit la proximité des familles. Ceux en effet dont les familles sont voisines, certains les appellent frères de lait, enfants, c'est-à-dire fils, et petits-enfants, c'est-à-dire petits-fils, de sorte que nous comprenons par là qu'une telle proximité des familles procède d'abord de ceci que la multiplication des fils et des petits-fils a contribué à établir différentes familles vivant les unes à côté des autres. D'où il suit que, puisque la multiplication de la famille est naturelle, la communauté du village est naturelle. |
Aristote pose ensuite une troisième communauté, celle du voisinage. La
première société issue de la pluralité de domaines est le village. Elle
précède celle de la cité. Contrairement à la structure domaniale, elle n’a
pas pour but de satisfaire les besoins quotidiens, mais ceux qui se font
moins fréquents. Les voisins ne mangent pas ensemble, ni ne partagent le même
feu chaque jour, comme les commensaux, mais mettent en communs certaines
activités extérieures à leur maison. Ce regroupement est totalement naturel,
car rien ne l’est plus que la prolifération animale, ce qu’engendre la
proximité des maisons. |
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[79094] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 21 Deinde
cum dicit propter quod et primum etc., manifestat idem per signa. Et primo
secundum ea quae videmus in hominibus. Secundo secundum ea quae dicebantur de
diis, ibi, et deos autem propter hoc et cetera. Dicit ergo primo, quod quia
ex multiplicatione prolis constituta est vicinia, ex hoc processit, quod a
principio quaelibet civitas regebatur rege: et adhuc aliquae gentes habent
regem, etsi singulae civitates singulos reges non habeant; et hoc ideo, quia
civitates et gentes instituuntur ex his qui sunt subiecti regi. Quomodo autem
signum hoc respondeat praemissis, ostendit per hoc, quod subditur: quia omnis
domus regitur ab aliquo antiquissimo, sicut a patrefamilias reguntur filii.
Et exinde contingit, quod etiam tota vicinia, quae erat instituta ex
consanguineis, regebatur propter cognationem ab aliquo qui erat principalis
in cognatione, sicut civitas regitur a rege. Unde Homerus dixit, quod
unusquisque uxori et pueris suis instituit leges, sicut rex in civitate. Ideo
autem hoc regimen a domibus et vicis processit ad civitates, quia diversi
vici sunt sicut civitas dispersa in diversas partes; et ideo antiquitus
habitabant homines dispersi per vicos, non tamen congregati in unam
civitatem. Sic ergo patet, quod regimen regis super civitatem
vel gentem processit a regimine antiquioris in domo vel vico. |
29. Ensuite lorsqu'il dit [15]: ¨C'est pourquoi etc.¨. Il manifeste la même chose au moyen de signes. Et en premier lieu d’après ce qu'on observe chez les hommes [15]. Deuxièmement d'après ce qu'on disait des dieux, là [16] où il dit: ¨Et que les dieux cependant etc.¨. Il dit donc en premier [15] que puisque le village est constitué à partir de la multiplication de la famille, il s'ensuit de là que dès le début une cité était gouvernée par un roi: et c'est à cause de cela que certaines nations ont un roi, bien que certaines cités particulières n'en ont pas; et il en est ainsi parce que les cités et les nations sont constituées de ceux qui sont assujettis à un roi. Mais comment ce signe répond à ce qui précède, il le montre au moyen de ce qu'il ajoute. Car toute famille est gouvernée par le plus ancien comme les fils sont gouvernés par le père de famille. Et il arrive de là que tout village, qui est constitué de ceux qui sont nés du même sang, était gouverné pour la parenté par celui qui était considéré le premier dans la parenté, comme la cité est gouvernée par le roi. C'est pourquoi Homère dit que chacun forme des lois pour sa femme et ses enfants comme le roi le fait dans la cité. Et c'est pourquoi cette forme de commandement passe des familles et des villages aux cités car de nombreux villages sont comme une cité répandue en ses diverses parties. Et c'est pourquoi anciennement les hommes vivaient dispersés en des villages sans être rassemblés en une seule cité. Ainsi donc il apparaît que le gouvernement du roi sur la cité ou la nation procède du gouvernement du plus ancien sur la famille ou le village. |
On a appelé les habitants du voisinage, ainsi que leurs enfants et leurs
petits enfants : « nourris au même lait », pour faire comprendre que ce
regroupement de maisons provient d’une première d’où se sont propagés des
descendants qui ont eux-même fondé alentour les domaines qu’ils habitent. La
communauté de voisinage est aussi naturelle que la fertilité animale. De même
que le village apparaît avec la génération, de même, la cité commence
toujours sous la direction d’un roi. La lignée peut, elle aussi, connaître
une royauté, et certaines cités auront alors plus d’un souverain. Car cités
et lignées se constituent autour de l’émergence d’une monarchie. Le domaine,
en effet, est soumis à l’autorité du patriarche, comme les fils à leur père,
et tout le village constitué par les liens du sang est dirigé, au nom de la
parenté, par l’aïeul du clan, comme la cité l’est par un roi. Homère l’a écrit
: chacun donne sa loi à sa femme et à ses enfants comme un roi à sa cité.
C’est pourquoi ce régime se transmet du domaine à la commune, puis à la
société civile. Car plusieurs villages sont comme autant de villes dispersées
dans l’espace puisque autrefois les hommes habitaient des bourgs et ne se
regroupaient pas encore en une cité unique. |
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[79095] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 22 Deinde
cum dicit et deos autem etc., ponit aliud signum per ea quae de diis
dicebantur. Et dicit, quod propter praemissa omnes gentiles dicebant, quod
eorum dii regebantur ab aliquo rege, dicentes Iovem esse regem deorum. Et hoc
ideo, quia homines adhuc aliqui regibus reguntur, antiquitus autem fere omnes
regebantur regibus. Hoc autem fuit primum regimen, ut infra dicetur. Homines
autem sicut assimilant sibi species deorum, idest, formas eorum, aestimantes
deos esse in figura quorumdam hominum, ita et assimilant sibi vitas deorum
idest, conversationes, aestimantes eos conversari secundum quod vident
conversari homines. Hic Aristoteles (deos) nominat more Platonicorum
substantias separatas a materia, ab uno tantum summo Deo creatas, quibus
gentiles erronee et formas et conversationes hominum attribuebant, ut hic
philosophus dicit. |
30. Ensuite lorsqu'il dit [16]: ¨Et que les dieux cependant etc.¨. Il présente un autre signe au moyen de ce qu'on disait des dieux. Et il dit qu'en raison de ce qui précède toutes les nations disaient que leurs dieux étaient gouvernés par un roi, affirmant que Jupiter était le roi des dieux. Et il en était ainsi parce que bien que jusqu'à présent certains hommes sont gouvernés par des rois, anciennement cependant la presque totalité des peuples était gouvernée par des rois. Et cela fut la première forme de gouvernement ainsi qu'on le verra par la suite. Mais comme les hommes se représentent les espèces et les formes des dieux à leur ressemblance, croyant que les dieux ont la même apparence que les hommes, ils estiment de même que leurs vies et leurs fréquentations sont de même type que celles des hommes, croyant qu'ils se fréquentent entre eux à la manière des fréquentations qu'ils observent chez les hommes. Aristote, à la manière des Platoniciens, parle ici des substances séparées de la matière qui seraient créées par un seul Dieu suprême et auxquelles les gentils attribuaient à tort les formes et les fréquentations qu’on observe chez les hommes, ainsi que l'affirme ici le Philosophe. |
A l’évidence, la royauté sur la ville ou sur la lignée est née du
patriarcat domestique et villageois. C’est si naturel que toutes les nations
ont imaginé leurs dieux eux-mêmes soumis à un roi comme Jupiter. Aujourd’hui
encore en effet, beaucoup d’hommes vivent sous une monarchie, et quasiment
tous ont connu dans le passé ce régime qui fut le premier. Or, concevant la
divinité à leur ressemblance, ils lui ont donné figure humaine et ont calqué
sur les leurs, le mode de vie des dieux et leurs relations. Aristote, à la
façon des platoniciens, veut parler ici des substances séparées de la
matière, créées par un Dieu suprême unique, à qui les païens attribuèrent
faussement les mœurs et l’aspect des hommes. |
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[79096] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 23 Quae
autem ex pluribus vicis et cetera. Postquam philosophus determinavit de
communitatibus ordinatis ad civitatem, hic determinat de ipsa communitate
civitatis. Et dividitur in partes tres. In prima ostendit qualis sit
civitatis communitas. Secundo ostendit, quod est naturalis, ibi, propter quod
omnis civitas et cetera. Tertio agit de institutione civitatis, ibi natura
igitur quidem et cetera. Circa primum ostendit conditionem civitatis quantum
ad tria. Primo ostendit ex quibus sit civitas. Quia sicut vicus constituitur
ex pluribus domibus, ita et civitas ex pluribus vicis. Secundo dicit, quod
civitas est communitas perfecta: quod ex hoc probat, quia cum omnis
communicatio omnium hominum ordinetur ad aliquid necessarium vitae, illa erit
perfecta communitas, quae ordinatur ad hoc quod homo habeat sufficienter
quicquid est necessarium ad vitam: talis autem est communitas civitatis. Est
enim de ratione civitatis, quod in ea inveniantur omnia quae sufficiunt ad
vitam humanam, sicut contingit esse. Et propter hoc componitur ex pluribus
vicis, in quorum uno exercetur ars fabrilis, in alio ars textoria, et sic de
aliis. Unde manifestum est, quod civitas est communitas perfecta. Tertio
ostendit ad quid est civitas ordinata: est enim primitus facta gratia
vivendi, ut scilicet homines sufficienter invenirent unde vivere possent: sed
ex eius esse provenit, quod homines non solum vivant, sed quod bene vivant,
inquantum per leges civitatis ordinatur vita hominum ad virtutes. |
31. Ensuite lorsqu'il dit [17]: ¨ Mais celle qui etc.¨. Il détermine ici de la communauté de la cité après avoir déterminé des communautés ordonnées à la cité. Et il divise cette considération en trois parties. D'abord il montre quelle est la communauté de la cité [17]. Deuxièmement il montre qu'elle est naturelle là [18] où il dit: ¨C'est pourquoi toute cité etc.¨. Troisièmement il traite de la formation de la cité là [19] où il dit: ¨Donc, à partir de ces considérations etc.¨. Relativement au premier point il manifeste la nature de la cité quant à trois choses [17]. Premièrement il montre à partir de quoi la cité existe. Car comme le village est constitué de plusieurs familles, de même la cité est constituée de plusieurs villages. Deuxièmement il dit que la cité est la communauté parfaite: ce qu'il prouve à partir de ceci, à savoir que puisque l'ensemble des communications entre tous les hommes est ordonnée à ce qui est nécessaire à la vie, la communauté parfaite sera celle qui sera ordonnée à une possession par l’homme de tout ce qui est nécessaire à sa vie de manière à ce qu’il se suffire à lui-même : et cette communauté est la cité. En effet, c'est dans la nature de la cité qu'on retrouve en elle tout ce qui contribue à satisfaire les différentes besoins de la vie humaine, ainsi qu'on le voit. Et c'est pourquoi elle est composée de plusieurs villages dans un desquels est exercé l'art du forgeron, dans un autre celui du tisserand et dans les autres d'autres métiers. D'où il est manifeste que la cité est la communauté parfaite. Troisièmement il montre à quoi est ordonnée la cité: en effet elle fut originellement créée en vue de vivre, c'est-à-dire afin que les hommes trouvent suffisamment de quoi pouvoir vivre: mais une fois formée, il arrive non seulement que les hommes vivent mais qu'ils vivent bien dans la mesure où la vie des hommes est ordonnée à la vertu au moyen des lois de la cité. |
Puis le philosophe aborde la communauté civile. A l’image de la commune
qui regroupe les familles, la cité est la réunion de plusieurs villages. Mais
c’est une société parfaite. Chaque niveau de communauté permet en effet de
faire face à telles ou telles nécessités de la vie. Seule est complète
cependant la société qui offre à l’homme la satisfaction de l’ensemble de ses
besoins. Et c’est bien le rôle de la cité de proposer à l’homme tout ce qu’il
demande pour vivre. C’est pourquoi elle est organisée en divers
arrondissements, spécialisés l’un dans le travail des métaux, l’autre dans le
textile, etc. La cité est la société parfaite. Elle fut à l’origine instituée
pour offrir aux hommes de quoi suffire à la vie. Mais grâce à sa seule
existence, ceux-ci y puisèrent au-delà, le bien-vivre dans une législation
qui les éduquait à la vertu. |
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[79097] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 24 Deinde
cum dicit propter quod omnis civitas etc., ostendit, quod communitas
civitatis est naturalis. Et circa hoc tria facit. Primo ostendit, quod
civitas est naturalis. Secundo, quod homo est naturaliter animal civile, ibi,
ex his igitur manifestum et cetera. Tertio ostendit, quid sit prius secundum
naturam, utrum unus homo, aut domus, vel civitas, ibi, et prius itaque
civitas et cetera. Circa primum ponit duas rationes: quarum prima talis est.
Finis rerum naturalium est natura ipsarum. Sed civitas est finis praedictarum
communitatum, de quibus ostensum est quod sunt naturales: ergo et civitas est
naturalis. Quod autem natura sit finis rerum naturalium, probat, ibi, quale
enim etc. tali ratione. Illud dicimus esse naturam uniuscuiusque rei, quod
convenit ei quando est eius generatio perfecta: sicut natura hominis est,
quam habet post perfectionem generationis ipsius: et similiter et de equo, et
de domo: ut tamen natura domus intelligatur forma ipsius. Sed dispositio rei
quam habet perfecta sua generatione, est finis omnium eorum quae sunt ante
generationem ipsius: ergo id quod est finis naturalium principiorum ex quibus
aliquid generatur, est natura rei. Et sic cum civitas generetur ex praemissis
communitatibus, quae sunt naturales, ipsa erit naturalis. |
32. Ensuite lorsqu'il dit [18]: ¨C'est pourquoi etc.¨. Il montre que la communauté de la cité est naturelle. Et à ce sujet il fait trois choses. Premièrement il montre que la cité est naturelle [18]. Deuxièmement, que l'homme est naturellement un animal social, là [19] où il dit: ¨ Donc à partir de ces considérations il est évident que etc.¨. Troisièmement il montre ce qui est premier selon la nature, à savoir soit l'individu humain, soit la famille, soit la cité, là [21] où il dit: ¨Et certes, par nature, etc.¨. Relativement au premier point il présente deux arguments, dont le premier se présente ainsi [18]: la fin des choses naturelles est leur nature. Mais la cité est la fin des communautés précédentes, au sujet desquelles nous avons montré qu'elles sont naturelles: la cité est donc naturelle. Mais que la nature est la fin des choses naturelles, il le montre par l’argument qui suit, là [18] où il dit: ¨En effet, ce qu'est etc.¨. Ce que nous appelons nature d'une chose, c'est ce qui lui appartient quand sa génération est achevée: tout comme la nature d'un homme, c'est ce qu'il possède après que sa génération soit complétée; et il en est de même du cheval et de la maison, de telle manière cependant qu'on entende la nature de la maison comme étant sa forme. Mais la disposition qu'une chose possède une fois achevée sa génération est la finalité de toutes celles qui précèdent sa génération: donc cela même qui est fin des principes naturels à partir desquels la chose est engendrée est la nature de cette chose. Et ainsi, puisque la cité est engendrée à partir des communautés mentionnées précédemment, lesquelles sont naturelles, elle-même sera naturelle. |
Nous voulons maintenant montrer que cette cité est une communauté
naturelle, que l’homme est un animal citoyen et que la société civile
l’emporte sur la famille et sur l’individu. La finalité des êtres naturels
constitue leur identité. Or la cité est la fin des communautés, dont on a dit
auparavant qu’elles étaient naturelles. Elle est donc tout autant naturelle.
L’essence d’un être correspond en effet à l’état de maturité de son
développement. La pleine nature humaine s’acquiert au terme de la croissance,
et il en est de même pour le cheval ou pour la maison (si nous parlons de son
architecture). En outre, les facultés dont jouit un être au terme de son
développement, sont l’aboutissement de tout ce qui a présidé à son
apparition. Est donc nature, le résultat représentant la finalité des
principes à l’origine de la génération. Et la cité, parce qu’elle a été
engendrée par des communautés antérieures naturelles, est donc dite à ce
titre naturelle, elle aussi. |
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[79098] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 25 Secundam
rationem ponit, ibi, adhuc quod cuius gratia et cetera. Quae talis est. Illud
quod est optimum in unoquoque, est finis, et cuius gratia aliquid fit: sed
habere sufficientiam est optimum: ergo habet rationem finis. Et sic, cum
civitas sit communitas habens per se sufficientiam vitae, ipsa est finis
praemissarum communitatum. Unde patet, quod haec secunda ratio inducitur ut
probatio minoris praecedentis rationis. |
33. Il présente son deuxième argument là [18] où il dit: ¨ De plus, ce en vue de quoi etc.¨. Et cet argument se présente ainsi. Ce qui est le meilleur dans un genre donné, c'est la fin et ce en vue de quoi une chose est formée: mais se suffire à soi-même est ce qu'il y a de meilleur: c'est donc cela qui a raison de fin. Et ainsi, puisque la cité est la communauté qui par elle-même permet à l'homme de se suffire à lui-même, elle est la finalité des communautés précédentes. D'où il apparaît ainsi que ce deuxième argument est amené en tant que preuve de la mineure de l'argument précédent. |
Autre argument : l’état optimum dans chaque type de réalité est la
finalité et la raison d’être de son développement. Donc parvenir à
suffisance, qui est un certain optimum, a raison de fin. Ainsi, la société
civile, qui offre à la vie humaine cette satisfaction plénière, a raison de
fin pour les autres communautés. Cette seconde preuve établit la mineure du
raisonnement précédent. |
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[79099] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 26 Deinde
cum dicit ex hiis igitur manifestum etc., ostendit, quod homo sit naturaliter
civile animal. Et primo concludit hoc ex naturalitate civitatis. Secundo
probat hoc per operationem propriam ipsius, ibi, quod autem civile et cetera.
Circa primum duo facit. Primo ostendit propositum. Secundo excludit
dubitationem, ibi, et qui incivilis et cetera. Concludit ergo primo ex
praemissis, quod civitas est eorum quae sunt secundum naturam. Et cum civitas
non sit nisi congregatio hominum, sequitur, quod homo sit animal naturaliter
civile. |
34. Ensuite lorsqu'il dit [19]: ¨Donc, d'après ce qui vient d'être dit etc.¨. Il montre que l'homme est par nature un animal social. Et d'abord il conclut cela à partir du caractère naturel de la cité [19]. Deuxièmement il le prouve au moyen d'une opération qui lui est propre, là où il dit: ¨ D'où il est évident qu'il est un animal social etc.¨. Par rapport au premier point il fait deux choses. D'abord il montre son propos [19]. Deuxièmement il écarte un doute, là où il dit: ¨ Et celui qui est sans cité etc.¨ Donc, à partir de ce qu'il vient de dire, il conclut que la cité fait partie des réalités qui sont selon la nature [19]. Et puisque la cité n'est rien d'autre qu'une réunion d'hommes, il s'ensuit que l'homme est un animal naturellement social. |
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[79100] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 27 Posset
autem hoc alicui venire in dubium ex hoc, quod ea quae sunt secundum naturam
omnibus insunt. Non autem omnes homines inveniuntur esse habitatores
civitatum. Et ideo ad hanc dubitationem excludendam consequenter dicit, quod
aliqui sunt non civiles propter fortunam, utpote quia sunt expulsi de
civitate, vel propter paupertatem necesse habent excolere agros, aut animalia
custodire. Et hoc patet quod non est contrarium ei quod dictum est, quod homo
sit naturaliter civilis: quia et alia naturalia aliquando deficiunt propter
fortunam: puta, cum alicui amputatur manus, vel cum privatur oculo. Sed si
aliquis homo habet quod non sit civilis propter naturam, necesse est quod vel
sit pravus, utpote cum hoc contingit ex corruptione naturae humanae; aut est
melior quam homo, inquantum scilicet habet naturam perfectiorem aliis
hominibus communiter, ita quod per se sibi possit sufficere absque hominum
societate; sicut fuit in Ioanne Baptista, et beato Antonio heremita. Inducit
ad hoc verbum Homeri maledicentis quemdam, qui non erat civilis propter
pravitatem. Dicit enim de ipso quod erat insocialis, quia non poterat
contineri vinculo amicitiae, et illegalis, quia non poterat contineri sub
iugo legis, et sceleratus, quia non poterat contineri sub regula rationis.
Qui autem est talis secundum naturam, simul cum hoc oportet quod habeat quod
sit affectator belli, quasi litigiosus et sine iugo existens. Sicut videmus
quod volatilia, quae non sunt socialia, sunt rapacia. |
35. Mais à partir de là quelqu'un pourrait en arriver à cette objection que tout ce qui est selon la nature existe déjà dans tous. Mais ce ne sont pas tous les hommes qui se trouvent à habiter une cité. Et c'est pourquoi, en vue d'écarter ce doute, il dit par la suite que certains sont sans cité à cause du hasard, par exemple lorsqu'ils sont chassés de la cité parce qu'en raison de leur pauvreté ils doivent soit cultiver les champs soit garder les animaux. Et cela n'apparaît pas contraire à ce qui a été dit, à savoir que l'homme est un animal naturellement social: car d'autres êtres naturels se trouvent parfois à être en défaut par hasard, par exemple lorsque certains sont amputés d'une main ou privés d'un oeil. Mais s'il arrive à un homme de ne pas être social par nature, soit il est vicieux de quelque manière, par exemple lorsque cela se produit en raison d'une corruption de la nature humaine, soit il est meilleur qu'un homme, c'est-à-dire selon qu'il possède une nature plus parfaite que celle que possèdent communément les autres hommes de sorte qu'il pourrait par lui-même se suffire à lui-même sans la société des autres hommes, comme ce fut le cas pour Jean le Baptiste et le bienheureux Antoine l'ermite. Il ajoute à cela la parole d'Homère dénonçant la méchanceté d'un individu qui n'était pas social en raison de sa dépravation. Il dit en effet à son sujet qu'il était sans tribu, parce qu'il n'était pas contenu par le lien de l'amitié, sans justice parce qu'il ne pouvait être contenu sous la contrainte de la loi et méchant parce qu'il ne pouvait être contenu par la règle de la raison. Mais celui qui est ainsi comme naturellement, il lui faut être aussi avide de guerre, recherchant les querelles et vivant sans attache, comme nous le voyons chez ces oiseaux qui, parce qu'ils ne sont pas sociaux, sont des rapaces. |
L’homme est un animal naturellement citoyen, puisque la cité est composée
de personnes humaines, et qu’elle est de ces réalités relevant de l’ordre
naturel. Mais, pourrait-on objecter, les œuvres de la nature se retrouvent
chez tous les individus, tandis que tous les hommes n’habitent pas des cités.
Aussi Aristote ajoute-t-il que certains sont sans citoyenneté par destin,
parce qu’ils ont été bannis, ou par pauvreté, parce qu’ils sont obligés de
cultiver les champs ou de garder des animaux. Et il est clair que cela ne
contredit pas son propos sur la citoyenneté naturelle de l’homme. La fatalité
est aussi source d’imperfection ailleurs également dans la nature. Ainsi de
l’amputation d’une main ou de la perte d’un œil. Mais l’homme qui ne devrait
pas être citoyen de par sa nature, ou bien serait un sous-homme, comme il
arrive à certaines personnes atteintes dans leur intégrité physique, ou bien
au contraire un surhomme, pouvant se satisfaire à lui-même sans le secours de
la société, comme vécurent Jean-Baptiste ou l’ermite saint Antoine. Aristote
en appelle à la malédiction d’Homère sur les asociaux dépravés qui vivent
sans famille, car ils ne respectent pas les liens de l’amitié, sans justice,
car ils ne supportent pas le joug de la loi, et comme des bandits, car ils ne
peuvent obéir au verdict de leur raison. De tels caractères sont aussi
belliqueux, agressifs et anarchistes. Ce sont des rapaces comme tous les
oiseaux solitaires. |
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[79101] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 28 Deinde
cum dicit quod autem civile animal etc., probat ex propria operatione hominis
quod sit animal civile, magis etiam quam apis, et quam quodcumque gregale
animal, tali ratione. Dicimus enim quod natura nihil facit frustra, quia
semper operatur ad finem determinatum. Unde,
si natura attribuit alicui rei aliquid quod de se est ordinatum ad aliquem
finem, sequitur quod ille finis detur illi rei a natura. Videmus enim quod
cum quaedam alia animalia habeant vocem, solus homo supra alia animalia
habeat loquutionem. Nam etsi quaedam animalia loquutionem humanam proferant,
non tamen proprie loquuntur, quia non intelligunt quid dicunt, sed ex usu
quodam tales voces proferunt. Est autem differentia inter sermonem et
simplicem vocem. Nam vox est signum tristitiae et delectationis, et per
consequens aliarum passionum, ut irae et timoris, quae omnes ordinantur ad
delectationem et tristitiam, ut in secundo Ethicorum dicitur. Et ideo vox
datur aliis animalibus, quorum natura usque ad hoc pervenit, quod sentiant
suas delectationes et tristitias, et haec sibiinvicem significent per aliquas
naturales voces, sicut leo per rugitum, et canis per latratum, loco quorum
nos habemus interiectiones. |
36. Ensuite lorsqu'il dit [20] ¨mais ce qui etc. ¨, il prouve à partir de l'opération propre à l'homme que ce dernier est un animal social, bien davantage même que l'abeille et que tout autre animal grégaire. Nous disons en effet que la nature ne fait rien en vain car elle agit toujours en vue d'une fin déterminée. D'où il suit que, si la nature attribue à un être quelque chose qui de soi-même est ordonné à une finalité, cette finalité soit donnée à cette être par la nature. Nous voyons en effet que même si certains autres animaux possèdent les sons de voix, seul l'homme au-dessus de tous les autres possède la parole. Car même si certains animaux profèrent une parole humaine, ils ne parlent pas à proprement parler car ils ne saisissent pas ce qu'ils disent mais c'est seulement par l’exercice qu'ils expriment de tels sons de voix. Et il y a une différence entre le discours et le son de voix simple. Car le son de voix est signe de plaisir et de douleur et par conséquent des autres passions comme la colère et la crainte qui sont toutes ordonnées au plaisir et à la tristesse, comme on le voit au deuxième livre des Éthiques. Et c'est à cause de cela que le son de voix est donné aux autres animaux dont la nature parvient jusqu'à ce point de sentir leurs plaisirs et leurs douleurs qu'ils expriment les uns aux autres au moyen des sons de voix naturels, comme le fait le lion par le rugissement et le chien par l'aboiement, au lieu desquels nous possédons les mots. |
L’homme est un animal citoyen à un titre supérieur à l’abeille ou tout
autre animal grégaire. La nature ne fait rien d’inutile, car elle poursuit
toujours un but précis. En attribuant les moyens pour l’obtention d’un
objectif, elle donne aussi le résultat. Or si certains animaux sont dotés de
la voix, seul l’homme est capable de s’exprimer verbalement (certains animaux
peuvent imiter la voix humaine, mais ils ne parlent pas vraiment, car ils ne
comprennent pas ce qu’ils disent, et obéissent à une réaction instinctive).
Il y a une différence entre le discours et le son de voix. Ce dernier est
l’expression de la satisfaction ou du déplaisir, et par suite de toutes les
autres passions, comme l’agressivité ou la peur, car elles dépendent du
plaisir ou de la peine. Aussi la voix a-t-elle été donnée aux animaux dont la
nature parvient à discerner l’agréable et le désagréable et à échanger des
impressions par des cris, comme le rugissement du lion ou l’aboiement du
chien, là où nous autres humains, nous nous exprimons par le discours. |
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[79102] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 29 Sed
loquutio humana significat quid est utile et quid nocivum. Ex quo sequitur
quod significet iustum et iniustum. Consistit enim iustitia et iniustitia ex
hoc quod aliqui adaequentur vel non aequentur in rebus utilibus et nocivis.
Et ideo loquutio est propria hominibus; quia hoc est proprium eis in
comparatione ad alia animalia, quod habeant cognitionem boni et mali, ita et
iniusti, et aliorum huiusmodi, quae sermone significari possunt. Cum ergo
homini datus sit sermo a natura, et sermo ordinetur ad hoc, quod homines
sibiinvicem communicent in utili et nocivo, iusto et iniusto, et aliis
huiusmodi; sequitur, ex quo natura nihil facit frustra, quod naturaliter
homines in his sibi communicent. Sed communicatio in istis facit domum et
civitatem. Igitur homo est naturaliter animal domesticum et civile. |
37. Mais la parole humaine signifie ce qui est utile et ce qui est nuisible. D'où il suit qu'elle signifie le juste et l'injuste. Le juste et l'injuste en effet consistent en ceci que certains soient mesurés ou non à l'égard des choses utiles ou nuisibles. Et c'est pourquoi la parole est propre aux hommes car, par opposition aux autres animaux, il leur est propre de connaître le bien et le mal et aussi le juste et les autres notions de ce genre qu'ils peuvent exprimer par le discours. Donc, puisque le discours fut donné à l'homme par la nature et que le discours soit ordonné à ceci que les hommes communiquent entre eux relativement à l'utile et au nuisible, au juste et à l'injuste et aux autres notions du même genre, il s'ensuit, du fait que la nature ne fait rien en vain, que c'est naturellement que les hommes se communiquent entre eux ces notions. Mais c'est la communication sur ces notions qui fait la famille et la cité. C'est donc naturellement que l'homme vit en famille et en société. |
Le langage humain peut dire l’utile et le nocif, et signifier ainsi le
juste ou l’injuste. La justice réside en effet dans l’adaptation du bénéfique
à chaque situation. Le langage est donc propre à l’homme parce que seul parmi
les animaux, il connaît le bien et le mal (et par voie de conséquence,
l’injustice ou les notions de ce genre), et qu’il peut s’exprimer par le
langage. Comme ce pouvoir lui a été donné par la nature, afin de partager
avec ses pairs ses positions sur l’utilité, la justice ou toute autre
considération de ce type, et que la nature ne fait rien qui déçoive, il est
naturel aux hommes de mettre en commun leurs avis. Mais cette communication
constitue le fondement même du domaine et de la cité. Aussi l’homme est-il
naturellement un animal familial et citoyen. |
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[79103] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 30 Deinde
cum dicit et prius itaque civitas etc., ostendit ex praemissis, quod civitas
sit prior secundum naturam quam domus, vel quam unus homo singularis, tali
ratione. Necesse est totum esse prius parte, ordine scilicet naturae et
perfectionis. Sed hoc intelligendum est de parte materiae, non de parte
speciei, ut ostenditur in septimo metaphysicae. Et hoc sic probat: quia
destructo toto homine, non remanet pes neque manus nisi aequivoce, eo modo
quo manus lapidea posset dici manus. Et hoc ideo, quia talis pars corrumpitur
corrupto toto. Illud autem, quod est corruptum, non retinet speciem, a qua
sumitur ratio definitiva. Unde patet, quod non remanet eadem ratio nominis,
et sic nomen aequivoce praedicatur. Et quod pars
corrumpatur corrupto toto, ostendit per hoc, quod omnis pars definitur per
suam operationem, et per virtutem qua operatur. Sicut definitio pedis est,
quod sit membrum organicum habens virtutem ad ambulandum. Et ideo, ex quo iam
non habet talem virtutem et operationem, non est idem secundum speciem, sed
aequivoce dicitur pes. Et eadem ratio est
de aliis huiusmodi partibus, quae dicuntur partes materiae, in quarum
definitione ponitur totum, sicut et in definitione semicirculi ponitur
circulus. Est semicirculus media pars circuli. Secus autem est de partibus
speciei, quae ponuntur in definitione totius, sicut lineae ponuntur in
definitione trianguli. |
38. Ensuite lorsqu'il dit [21]: ¨Et c'est pourquoi la cité est antérieure etc.¨. Il montre à partir de ce qu'il vient de dire et par cet argument que la cité est antérieure à la famille par nature et même à chaque homme pris individuellement. Il est nécessaire que le tout soit antérieur à la partie selon un ordre de nature et de perfection. Mais cela doit s'entendre d'une partie matérielle et non d'une partie de l'espèce ainsi qu'on le montre au septième livre de la Métaphysique. Et il le prouve ainsi: car une fois détruit ce tout qu'est l'homme, il ne reste plus de pieds ni de mains si ce n'est d'une manière équivoque, au sens où on peut appeler main une main de pierre. Et il en est ainsi parce qu'une fois détruit le tout, une telle partie l'est aussi. Mais ce qui est détruit ne conserve plus l'espèce de laquelle il tire la définition de sa nature. D'où il est évident que le nom ne conserve plus la même signification et que c'est d'une manière équivoque qu'il est alors attribué. Et que la partie est alors détruite lorsque le tout est détruit, il le montre au moyen de ceci, à savoir que toute partie est définie par son opération et par la puissance par laquelle elle pose son opération. Par exemple, la définition du pied est qu'il est un membre organique possédant la puissance de marcher. Et c'est pourquoi, du fait qu'il ne possède plus une telle puissance ou une telle opération, il n'est plus le même selon l'espèce et c'est d'une manière purement équivoque qu'on l'appelle encore pied. Et la même raison vaut pour les autres parties qu'on appelle parties matérielles et dans la définition desquelles est contenu le tout, tout comme le cercle est contenu dans la définition du demi-cercle. Le demi-cercle en effet est la partie qui est la moitié du cercle. Mais il en est autrement pour les parties de l'espèce qui sont contenues dans la définition du tout, comme les lignes sont contenues dans la définition du triangle. |
Mais la citoyenneté l’emporte sur le lien familial et même sur
l’individu. Le tout prime la partie dans l’ordre de la constitution comme
dans celui de la finalité (du moins si nous entendons par partie, la fraction
matérielle, et non les espèces qui composent une classe). Détruisez le corps
humain, il ne restera ni pied, ni main, si ce n’est de façon imagée, comme on
peut parler d’une main sculptée dans la pierre. Car ce genre de partie est
détruite avec la destruction du tout. Or ce qui est désagrégé perd son
identité et avec elle l’imposition de son nom, qui ne peut plus lui être
attribué qu’au mode figuré. Une partie se définit par son opération et par
ses aptitudes. Le pied est l’organe permettant de marcher et s’il venait à
perdre cette faculté, on ne l’appellerait pied que métaphoriquement. Il en
est ainsi de toute partie matérielle dont la définition requiert celle du
tout (comme la formule du demi-cercle demande celle du cercle puisqu’il en
est la moitié) contrairement à la partie spécifique posée dans la définition
d’un ensemble, comme le concept de ligne inclus dans celui de triangle. |
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[79104] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 31 Sic
igitur patet, quod totum est prius naturaliter quam partes materiae, quamvis
partes sint priores ordine generationis. Sed singuli homines
comparantur ad totam civitatem, sicut partes hominis ad hominem. Quia sicut manus aut pes non potest esse sine homine,
ita nec unus homo est per se sufficiens ad vivendum separatus a civitate. Si
autem contingat, quod aliquis non possit communicare societate civitatis
propter suam pravitatem, est peior quam homo, et quasi bestia. Si vero nullo
indigeat, et (sit) quasi habens per se sufficientiam, et propter hoc non sit
pars civitatis, est melior quam homo. Est enim quasi quidam Deus. Relinquitur
ergo ex praemissis, quod civitas est prius secundum naturam quam unus homo. |
39. Ainsi donc il devient évident que le tout est antérieur par nature aux parties matérielles, bien que les parties soient antérieures dans l'ordre de la génération. Mais les hommes pris individuellement se comparent à ce tout qui est la cité comme les parties de l'homme se comparent à l'homme. Car tout comme la main ou le pied ne peuvent exister sans l'homme, de même un homme ne peut se suffire à lui-même en vivant séparément de la cité. Mais s'il arrivait que quelqu'un ne puisse communiquer dans la société de la cité en raison de sa dépravation, il est pire qu'un homme et comparable à une brute. Mais si en réalité il ne manque de rien et se suffit à lui-même et que pour cette raison il ne fait pas partie d'une cité, il est alors meilleur qu'un homme et comparable en effet à un dieu. Il s'ensuit donc à partir de ce qui précède que la cité est antérieure par nature à chaque individu humain. |
On voit donc clairement que le tout prime constitutivement ses parties
matérielles, quand bien même la naissance de ces dernières devrait précéder
la sienne. C’est pourquoi l’individu est à la cité comme l’organe à
l’organisme : séparé d’elle, il ne peut pas plus parvenir à vivre que le pied
détaché du corps humain. Si se trouve quelqu’un d’étranger à la vie sociale à
cause de sa déchéance, il sera infra-humain, et comme une bête. Si au
contraire c’est par autosuffisance et parce qu’il ne manque de rien, il
dépassera l’homme, et sera presque comme un dieu. Reste donc que la société
est de sa nature antérieure à l’individu. |
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[79105] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 32 Deinde
cum dicit natura igitur quidem etc., agit de institutione civitatis;
concludens ex praemissis, quod in omnibus hominibus inest quidam naturalis
impetus ad communitatem civitatis sicut et ad virtutes. Sed tamen, sicut
virtutes acquiruntur per exercitium humanum, ut dicitur in secundo Ethicorum,
ita civitates sunt institutae humana industria. Ille autem qui primo
instituit civitatem, fuit causa hominibus maximorum bonorum. |
40. Ensuite lorsqu'il dit [22]: ¨La nature est donc etc.¨. Il traite de la formation de la cité en concluant à partir de ce qui a été dit qu'il existe dans tous les hommes un élan naturel qui les pousse vers la communauté de la cité comme vers les vertus. Cependant, tout comme les vertus sont acquises par l'exercice comme on le dit au deuxième livre des Éthiques, de même c'est par le labeur humain que les cités sont formées. Cependant, celui qui le premier institua une cité fut cause des plus grands biens pour les hommes. |
En tout homme il y a comme un élan naturel à la vie sociale, comparable
au goût pour la vertu. Mais de même que celle-ci est le fruit de la pratique,
de même la société civile est le résultat de l’industrie humaine. Le premier
personnage à avoir institué une cité fut un très grand bienfaiteur de
l’humanité. |
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[79106] Sententia
Politic., lib. 1 l. 1 n. 33 Homo
enim est optimum animalium si perficiatur in eo virtus, ad quam habet
inclinationem naturalem. Sed si sit sine lege et iustitia, homo est pessimum
omnium animalium. Quod sic probat. Quia iniustitia tanto est saevior, quanto
plura habet arma, idest adiumenta ad male faciendum. Homini autem secundum
suam naturam convenit prudentia et virtus quae de se sunt ordinata ad bonum:
sed quando homo est malus, utitur eis quasi quibusdam armis ad male
faciendum: sicut cum per astutiam excogitat diversas fraudes, et per
abstinentiam potens fit ad tolerandum famem et sitim, ut magis in malitia
perseveret, et similiter de aliis; et inde est, quod homo sine virtute
quantum ad corruptionem irascibilis est maxime scelestus et silvestris,
utpote crudelis et sine affectione. Et quantum ad corruptionem
concupiscibilis est pessimus quantum ad venerea, et quantum ad voracitatem
ciborum. Sed homo reducitur ad iustitiam per ordinem civilem: quod patet ex
hoc, quod eodem nomine apud Graecos nominatur ordo civilis communitatis, et
iudicium iustitiae, scilicet diki. Unde manifestum est, quod ille qui
civitatem instituit, abstulit hominibus quod essent pessimi, et reduxit eos
ad hoc quod essent optimi secundum iustitiam et virtutes. |
41. L'homme en effet est le meilleur des animaux si les vertus, pour lesquelles il possède une inclination naturelle, trouvent en lui leur achèvement. Mais s'il existe en dehors de la loi et de la justice, il est le pire de tous les animaux. Et c'est ce qu'il prouve de la manière qui suit. Car l'injustice est d'autant plus insupportable (6) qu'elle possède des armes, c'est-à-dire des instruments pour faire le mal. Mais la prudence et la vertu, qui sont d'elles-mêmes ordonnées au bien, conviennent à l'homme par nature; mais quand l'homme est mauvais, il s'en sert comme de certaines armes pour faire le mal: comme par exemple au moyen de la ruse il médite différentes tromperies et par l'abstinence il devient capable de tolérer la faim et la soif pour persévérer davantage dans sa malice, etc. D'où il suit que l'homme sans vertu, quant à la corruption de l'irascible est l'être le plus criminel et le plus sauvage, c'est-à-dire le plus cruel et le plus insensible; et quant à la corruption du concupiscible il est le pire à l'égard des plaisirs de l'amour et de l'appétit démesuré de nourritures. Mais c'est au moyen de l'ordre qu'on retrouve dans la société civile que l'homme est ramené à la justice: cela devient évident du fait que c'est par le même nom chez les Grecs qu'on désigne l'ordre de la communauté civile et le jugement de justice, c'est-à-dire la sentence. De là, il est évident que celui qui institua la cité empêcha les hommes d'être les pires des êtres et les amena à être les meilleurs conformément à la justice et aux vertus. |
L’homme est le plus parfait des animaux lorsque sont épanouies en lui les
vertus pour lesquelles il a un penchant naturel. Mais sans loi ni justice, il
est le pire des fauves, car l’atrocité de l’iniquité augmente avec le
concours d’auxiliaires dans ses méfaits. La sagesse et les vertus orientées
d’elles-mêmes au bien conviennent par nature à l’homme. Mais l’individu
dévoyé les utilise comme armes pour le mal, en concevant d’habiles
stratagèmes pour frauder, ou en sachant résister à la faim et la soif pour
accomplir ses forfaits. Ainsi, la personne pervertie dans son agressivité est
particulièrement malfaisante, rustre, cruelle et indifférente, et celle dont
la convoitise est déréglée, est totalement adonnée au sexe et à a ripaille. Mais
la justice est rendue à l’homme grâce à l’ordre civil. Notons pour signe de
cela, qu’en grec, on donne le même nom à l’ordre de la communauté civile et à
la sentence de tribunal : Les fondateurs de cités commencent donc par exclure
les pires sujets, et conduisent les autres au bonheur, par la justice et la
vertu. |
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LEÇON 2 (nn. 42-55; [23-29]) ─ Des trois genres de familles: dont la première est composée du maître et de l'esclave, la deuxième de l'homme et de la femme et la troisième du père et des hommes libres. |
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[79107] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 1 Quoniam autem manifestum ex quibus partibus et
cetera. Posito prooemio in quo ostendit conditionem civitatis et partium
eius, hic accedit ad tradendum scientiam politicam. Et primo secundum
praeassignatum modum determinat ea quae pertinent ad primas partes civitatis.
Secundo determinat ea quae pertinent ad ipsam civitatem, in secundo libro,
qui incipit ibi, quia considerare volumus de communione et cetera. Circa
primum duo facit. Primo dicit de quo est intentio. Secundo exequitur
propositum, ibi, hiis quidem enim et cetera. Circa primum duo facit. Primo
dicit de quibus determinare intendit. Secundo quo ordine, ibi, primum autem
de despota et cetera. Circa primum duo facit. Primo dicit quod est
determinandum de his quae pertinent ad domum. Secundo enumerat ea quae ad
domum pertinent, ibi, domus autem partes et cetera. |
42. Ayant présenté son proème dans lequel il manifeste la nature de la cité ainsi que ses parties, le Philosophe aborde ici l'enseignement de la science politique. Et d'abord, conformément au mode qu'il vient de présenter, il détermine ce qui se rapporte aux premières parties de la cité [23]. Deuxièmement il détermine ce qui se rapporte à la cité elle-même, dans le deuxième livre qui commence ainsi [115]: ¨ Parce que nous avons voulu considérer etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. D'abord il dit quel est son propos [23]. Deuxièmement il poursuit son propos là [27] où il dit: ¨ De ces choses assurément etc.¨. Au sujet de ce premier point il fait deux choses. D'abord il dit ce qu'il cherche à déterminer [23]. Deuxièmement il dit dans quel ordre il veut le faire, là [26] où il dit: ¨ Et en premier du maître et de l'esclave etc.¨. Et au sujet du premier point il fait deux choses. Il dit en premier lieu qu'on doit déterminer ce qui se rapporte à la famille [23]. Deuxièmement il énumère ce qui se rapporte à la famille, là [24] où il dit: ¨Mais une famille complète etc.¨. |
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[79108] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 2 Dicit ergo primo, quod manifestum est per
praemissa, ex quibus partibus civitas constat: et (quia) oportet ad
cognoscendum totum praecognoscere partes, ut supra habitum est. Necesse est
ut primum dicamus de oeconomia quae est dispensativa vel gubernativa domus,
quia omnis civitas componitur ex domibus sicut ex partibus. |
43. Il dit donc en premier qu'il est évident, au moyen de ce qui précède, de quelles parties la cité est constituée: et qu'il faut connaître les parties pour connaître un tout, ainsi que nous l'avons établi plus haut. Il est donc nécessaire que nous parlions en premier de l'économie qui est la gestion ou l'administration de la famille, car toute cité est composée de familles comme de ses parties. |
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[79109] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 3 Deinde cum dicit domus autem partes etc.,
enumerat ea quae pertinent ad domum. Et primo ea quae pertinent ad ipsam
sicut partes. Secundo ea quae pertinent sicut necessaria partibus, ibi, est
autem quaedam pars et cetera. Dicit ergo primo quod partes domus sunt ex
quibus domus constituitur. Omnis autem domus, idest domestica familia, si sit
perfecta, constat ex servis et liberis. Dicit autem, perfecta, quia in
domo pauperis est bos pro ministro, ut supra dictum est. Et quia unumquodque
quod in multis considerari potest, primo quaerendum est in paucioribus et
simplicioribus, ut facilior sit doctrina; ideo dicendum est, quod primae et
minimae partes domus sunt hae tres combinationes: scilicet domini et servi,
mariti et uxoris, patris et filii: quae quidem tertia ex secunda oritur, et
ideo supra eam praetermisit. Et ideo de istis tribus est considerandum quid
unumquodque sit. |
44. Ensuite lorsqu'il dit [24]: ¨Mais la famille etc.¨. Il énumère ce qui appartient à la famille. Et d'abord les choses qui lui appartiennent en tant que parties [24]. Deuxièmement les choses qui lui appartiennent en tant que nécessaires à ses parties, là [25] où il dit: ¨ Mais il y a une partie etc.¨. Il dit donc en premier [24] que les parties de la famille sont celles à partir desquelles la famille est constituée. Mais toute maison, à savoir toute famille domestique, si elle est complète, est constituée d'esclaves et d'hommes libres. Mais il dit complète car dans la famille du pauvre, le boeuf tient lieu d'esclave, ainsi que nous l'avons dit. Et parce que toute chose peut être considérée sous plusieurs aspects, il faut d'abord pousser notre recherche dans des éléments peu nombreux et plus simples afin que l'enseignement soit plus facile; c'est pourquoi il faut dire que les parties premières et les plus simples de la famille sont ces trois formes de relations, à savoir celle du maître et de l'esclave, celle de l'époux et de l'épouse et enfin celle du père et de ses enfants; et cette dernière vient de la seconde et c'est pourquoi il la fait passer après elle. Et c'est pourquoi il faut considérer la nature de chacune ces trois parties. |
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[79110] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 4 Et consequenter ponit nomina harum
combinationum; et dicit, quod combinatio domini et servi vocatur despotica,
idest dominativa. Combinatio autem viri et feminae non erat nominata suo
tempore, sed ipse nominat eam nuptialem, quam nos matrimonium vocamus.
Similiter et tertia combinatio patris et filii non habebat proprium nomen,
sed ipse vocat eam teknofactivam, id est factivam filiorum. |
45. Et par la suite il présente les noms correspondant à chacune de ces relations; et il dit que la communauté du maître et de l'esclave se nomme despotique, c'est-à-dire souveraine. Le rapport de l'homme à la femme n'avait pas de dénomination propre à l'époque d'Aristote, mais elle s'appelle conjugale ou, ainsi que nous le disons, matrimoniale. De même la troisième relation n'avait pas non plus de nom spécial à l'époque, mais on l'appelle paternelle. |
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[79111] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 5 Deinde cum dicit est autem quaedam pars etc.,
ponit quartum quod pertinet ad necessaria domus: et dicit, quod est quaedam
alia pars yconomicae quae vocatur crimatistica id est pecunialis, quae
quibusdam videtur esse tota oeconomia, quibusdam vero maxima pars eius eo
quod dispensatio domus maxime consistit in acquisitione et conservatione
pecuniae. Et de hac etiam parte considerandum est quomodo se habeat. |
46. Ensuite lorsqu'il dit [25]: ¨Mais il existe etc.¨. Il présente une quatrième partie qui est nécessaire à l'existence de la famille: et il dit qu'il existe une autre partie de l'économie ou de l’administration domestique qui s'appelle pécuniaire et qui par certains était considérée comme la totalité de l'économie, par d'autres comme sa partie la plus importante, du fait que l'administration de la famille consiste au plus haut point en l'acquisition et la conservation de l'argent. Et au sujet de cette partie aussi il faudra voir ce qu'il en est. |
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[79112] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 6 Deinde cum dicit primum autem de despota etc.,
dicit quo ordine de his sit agendum. Et dicit quod primo dicendum est de
domino et servo: et haec consideratio ad duo erit utilis. Primo quidem ut
possimus cognoscere ea quae sunt opportuna in talibus; scilicet ad exercendum
dominium in servos. Secundo valet ad scientiam, ut per hoc possimus accipere
aliquid melius his quae antiqui sunt opinati de dominio et servitute. |
47. Ensuite lorsqu'il dit [26]: ¨Mais d'abord etc.¨. Il dit dans quel ordre il faut traiter de ces choses. Et il dit qu'il faut d'abord traiter de la relation du maître et de l'esclave: et cette considération sera utile à deux choses. Et en premier lieu à connaître ce qui est opportun dans ce domaine, à savoir dans l'exercice du pouvoir du maître sur les esclaves; deuxièmement à établir un savoir scientifique au moyen duquel nous puissions acquérir des connaissances supérieures aux opinions des anciens portant sur le pouvoir du maître et l'esclavage. |
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[79113] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 7 Deinde cum dicit hiis quidem enim videtur etc.,
determinat ea quae proposuit: et dividitur in partes duas. In prima
determinat de combinatione domini et servi. In secunda de aliis duabus
combinationibus, ibi, quoniam autem tres partes yconomicae, et cetera. Prima
dividitur in duas. In prima determinat de combinatione domini et servi. Et
quia servus est quaedam possessio, ideo in secunda parte determinat de alia
parte oeconomiae, quae est pecuniativa vel possessiva, ibi, totaliter autem
de omni possessione et cetera. Circa primum duo facit. Primo narrat opiniones
quorumdam de dominio et servitute. Secundo determinat veritatem de eis, ibi,
quoniam igitur possessio et cetera. |
48. Ensuite lorsqu'il dit [27]: ¨ À eux, certes etc.¨. Il détermine de ce qu'il vient de présenter: et il le fait en deux parties. Dans la première il précise la relation du maître et de l'esclave [27]. Dans la deuxième il précise les deux autres relations, là [101] où il dit: ¨Mais bien que les trois parties de l'administration de la famille, etc.¨. La première partie se divise en deux. Dans la première il détermine de la relation du maître et de l'esclave [27]. Et parce que l'esclave est une certaine forme de propriété, c'est pour cela que dans la deuxième partie il détermine d'une autre partie de l'administration familiale, à savoir de l'acquisition et de la possession de l'argent et des biens, là [61] où il dit: ¨ Mais au sujet de toute possession etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. D'abord il rapporte les opinions de certains sur le pouvoir du maître et sur l'esclavage [27]. Deuxièmement il manifeste la vérité à ce sujet, là [28] où il dit: ¨ Donc puisque la propriété etc.¨. |
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[79114] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 8 Circa primum ponit duas opiniones: quarum una
est, quod despotia, idest dominativa, est quaedam scientia, qua
aliquis scit dominari servis; et quod est idem cum oeconomia qua aliquis scit
gubernare domum, et cum politica et regnativa, qua aliquis scit gubernare
civitatem, sicut in prooemio dictum est. Alia opinio est, quod habere servum
sit praeter naturam, et quod sola lege sit ordinatum quod quidam sunt servi
et quidam liberi, et quod nulla differentia sit inter eos secundum naturam.
Unde ulterius inducunt quod est iniustum esse aliquos servos. Ex quadam enim
violentia provenit quod quidam alios sibi subiecerunt in servos. |
49. Au sujet du premier point, il présente deux opinions: dont la première [27] prétend que l’autorité despotique, à savoir celle du maître, est une science grâce à laquelle le maître sait comment commander à l'esclave et que cette autorité est identique à la fois à celle de l’économique par laquelle on sait comment administrer la famille, et aussi à celle du politique et à celle du roi grâce à laquelle un homme sait comment gouverner la cité, ainsi qu'on l'a vu dans le proème. La deuxième opinion prétend que la possession d'esclaves est contre nature et que c'est seulement par la loi qu'il est ordonné que certains soient esclaves et que d'autres soient hommes libres et qu'il n'existe aucune différence de nature entre eux. C'est pourquoi ils infèrent plus loin qu'il est injuste qu'il existe des esclaves. En effet, c'est par violence que certains sont assujettis à d'autres en esclavage. |
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[79115] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 9 Deinde cum dicit quoniam igitur possessio etc.,
determinat veritatem de dominio et servitute. Et primo determinat rationem
servitutis. Secundo inquirit de opinionibus praemissis, ibi, utrum autem est
aliquis natura talis et cetera. Circa primum duo facit. Primo
praemittit quaedam necessaria ad cognoscendum rationem servitutis. Secundo concludit ex praemissis definitionem
servi, ibi, quae quidem igitur natura servi et cetera. |
50. Ensuite lorsqu'il dit [28]: ¨ Donc, puisque etc.¨. Il détermine de la vérité au sujet du pouvoir du maître et de l'esclavage. Et d'abord il détermine de la nature de l'esclavage [28]. Deuxièmement il s'interroge sur les opinions précédentes là [30] où il dit: ¨ En vérité est-ce qu’il existe quelqu'un qui soit tel par nature etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. Il présente à l'avance certaines notions qui sont nécessaires à l'intelligence de la nature de l'esclavage [28]. Deuxièmement il infère, à partir de ce qui précède, la définition de l'esclave, là [29] où il dit: ¨ Donc quelle est cette nature etc.¨. |
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[79116] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 10 Circa primum quatuor ponit: quorum primum est,
quod possessio sit quaedam pars domus, et quod ars possessiva sit quaedam
pars oeconomiae. Et hoc ideo, quia impossibile est vivere in domo sine
necessariis ad vitam, quae per possessiones habentur: et hoc probat per
similitudinem in artibus. Videmus enim quod unicuique arti necessarium est
habere convenientia instrumenta, si debeat perficere opus suum; sicut fabro
necesse est habere martellum, si debeat facere cultellum. Et hoc modo
gubernatori domus necesse est habere res possessas ad proprium opus sicut
quaedam instrumenta. |
51. Au sujet du premier point il fait quatre choses: dont la première [28] est la suivante, à savoir que la propriété fait partie de la famille, et que l'art qui sert à acquérir la propriété fait partie d'une certaine manière de l’art de l’économie, c’est-à-dire de cet art qui est l’administration domestique. Et il en est ainsi car il est impossible de vivre en communauté familiale sans posséder les choses qui sont nécessaires à la vie, lesquelles sont acquises au moyen des biens de propriété: et il prouve cela au moyen d'une similitude tirée du domaine des arts. Nous voyons en effet que dans tout art il est nécessaire de posséder des instruments appropriés si l'on veut parvenir à réaliser l'oeuvre projetée; par exemple, le ciseleur a besoin de posséder un marteau pour fabriquer un couteau. Et de la même manière il est nécessaire à l’économique ou à celui qui administre la famille de posséder des biens de propriété à titre d'instruments pour réaliser son oeuvre propre. |
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[79117] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 11 Secundo ibi, organorum autem quidem et cetera.
Ponit unam divisionem instrumentorum; dicens, quod instrumentorum quaedam
sunt animata, quaedam inanimata. Sicut gubernatoris inanimatum instrumentum
est gubernaculum, instrumentum autem eius animatum est prorarius,
idest ille qui custodit anteriorem partem navis, quae vocatur prora, et
obedit gubernatori. Minister enim in artibus habet rationem instrumenti;
quia sicut instrumentum movetur ab artifice, ita etiam minister movetur ad
imperium praecipientis. Et sicut
est in operibus artis duplex instrumentum, ita etiam in domo est instrumentum
inanimatum ipsa res possessa, puta, lectus vel vestis, quae est instrumentum
quoddam deserviens vitae humanae. Et multitudo talium instrumentorum est tota
possessio domus. Cum autem servus sit quaedam res possessa animata, sequitur
quod sit organum animatum deserviens vitae domesticae. Est autem huiusmodi
organum animatum, quod est minister in artibus; et servus in domo
instrumentum super alia instrumenta quia scilicet ipse utitur aliis
instrumentis, et movet ea; et ad hoc indigemus ministris et servis.
Principales enim artifices, qui architectores dicuntur, non indigerent
ministris, neque domini domorum indigerent servis, si unumquodque
instrumentum inanimatum posset ad imperium domini, agnoscens ipsum, perficere
opus suum; puta, quod pectines per se pectinarent, et plectra per se
cytharizarent, sicut dicitur de statua quam fecit Daedalus, quod per ingenium
argenti vivi, movebat seipsam. Et similiter quidam poeta dicit, quod in
quodam templo Vulcani, qui dicebatur Deus ignis, tripodes quidam erant sic
praeparati, quod per artificium humanum, vel per artem nigromanticam, quod
per seipsos, quasi spontanei videbantur subinduere divinum agonem quasi
concertando ad serviendum in ministerio templi. |
52. Deuxièmement, là [281] où il dit: ¨Mais des instruments etc.¨. Il présente une division des instruments en disant que parmi les instruments, certains sont animés, certains sont inanimés. Ainsi, l'instrument inanimé du pilote du navire est le gouvernail alors que son instrument animé est la vigie, c'est-à-dire celui qui surveille la partie antérieure du navire qu'on appelle la proue, et qui obéit au pilote. Dans les arts en effet l'assistant tient lieu d'instrument; car tout comme l'instrument est mû par l'artisan, de même aussi l'assistant est mû au commandement de celui qui possède l'autorité. Et tout comme il existe dans les oeuvres de l'art deux sortes d'instruments, de même dans la vie domestique il existe un instrument inanimé qui est le bien de propriété lui-même, par exemple le lit ou le vêtement qui sont certains instruments au service de la vie humaine. Et l'ensemble des instruments de cette sorte constitue la propriété domestique. Mais comme l'esclave est un certain bien animé, il s'ensuit qu'il est un instrument animé au service de la vie familiale. Mais il est un instrument animé à la manière de l'assistant dans les arts; et l'esclave est un instrument dans la famille car lui-même se sert des autres instruments et les meut; et c'est pour cela que nous avons besoin d'assistants ou de subordonnés et d'esclaves. En effet les arts qui sont premiers et qu'on appelle architectoniques n'auraient pas besoin d'assistants et les maîtres de maison n'auraient pas besoin d'esclaves si tout instrument inanimé pouvait, au seul commandement du maître, du seul fait de le connaître, accomplir de lui-même son oeuvre; comme si, par exemple, la navette pouvait d'elle-même tisser et les plectres pouvaient d'eux-mêmes jouer de la cithare, et comme si, ainsi qu'on le dit de la statue que fit Dédale, cette statue arrivait à se mouvoir d'elle-même par la vertu du vif argent. Et de la même manière un certain poète affirme que dans un temple consacré à Vulcain, qui était le dieu du feu, il y avait certains trépieds qui avaient été préparés de telle manière par le seul savoir-faire humain, ou par l'art de la nécromancie, qu'on les voyait d'eux-mêmes et comme spontanément entrer dans l'assemblée des dieux et se disputer le service de l'entretien du temple. |
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[79118] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 12 Tertio ibi, quae quidem dicuntur organa etc.
ponit secundam divisionem organorum. Organa enim artium dicuntur organa
factiva; sed res possessa, quae est organum domus, est organum activum. Et
hanc divisionem probat duplici ratione. Primo quidem, quia organa factiva
dicuntur, ex quibus fit aliquid praeter ipsum usum instrumenti. Et hoc
videmus in ipsis instrumentis artis; sicut ex pectine, quo utuntur textores,
fit aliquid alterum praeter usum ipsius, scilicet pannus. Sed ex rebus
possessis, quae sunt instrumenta domus, non fit aliquid aliud praeter usum
ipsius; sicut ex vestitu et lecto, non fit nisi usus eorum. Ergo ista non
sunt factiva sicut organa artium. Secundam rationem ponit ibi, adhuc quoniam
differunt etc., quae talis est. Diversorum diversa sunt instrumenta. Sed
actio et factio differunt specie: nam factio est operatio, per quam aliquid
fit in exteriori materia, sicut secare et urere: actio autem est operatio
permanens in operante, et pertinens ad vitam ipsius, ut dicitur nono
metaphysicae. Ambae autem hae operationes indigent instrumentis.
Ergo instrumenta eorum differunt specie. Sed vita, idest conversatio
domestica, non est factio sed actio: ergo servus est minister et organum
eorum quae pertinent ad actionem, non autem eorum quae pertinent ad
factionem. |
53. Troisièmement, là [282] où il dit: ¨ Donc ce qu'on appelle instruments etc.¨, il présente la deuxième division des instruments. En effet les instruments des arts s'appellent instruments de fabrication alors que l'objet de propriété, qui est l'instrument de la famille, est un instrument d'action. Et il prouve la justesse de cette division par deux raisons. Et en premier lieu pour cette raison qu'on appelle instruments de production ceux à partir desquels quelque chose est produit en dehors de l'usage même qu'on en fait. C'est ce que nous observons dans les instruments mêmes de l'art, par exemple à partir du métier à tisser, dont se servent les tisserands, où quelque chose d'autre est produit en dehors de son usage, à savoir le vêtement. Mais à partir des biens de propriété, qui sont des instruments domestiques, rien d'autre n'est produit en dehors de leur usage, comme à partir du vêtement et du lit on ne peut tirer que leur seul usage. Ce ne sont donc pas des instruments de production comme le sont les instruments des arts. Il présente la deuxième raison là [283] où il dit: ¨De plus, comme ils diffèrent selon l'espèce, etc.¨. Et cette deuxième raison se présente ainsi: les instruments qui correspondent à des activités qui diffèrent sont eux-mêmes différents. Mais l'action et la production diffèrent selon l'espèce: car la fabrication est une opération au moyen de laquelle une chose est produite dans une matière extérieure, comme couper et brûler; mais l'action est une opération qui demeure dans l'agent et qui se rapporte à sa vie, ainsi qu'il est dit au neuvième livre des Métaphysiques. Mais ces deux sortes d'opérations ont besoin d'instruments. Donc, les instruments qui leur correspondent diffèrent eux aussi selon l'espèce. Mais la vie, c'est-à-dire la relation familiale, n'est pas une production: l'esclave est donc le serviteur et l'instrument de ce qui se rapporte à l'action, non de ce qui se rapporte à la fabrication. |
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[79119] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 13 Quarto, ibi, res possessa autem etc. ostendit
qualiter servus se habet ad dominum: et dicit quod eadem est comparatio rei possessae
ad possessorem et partis ad totum, quantum ad hoc quod pars non dicitur solum
pars totius, sed etiam dicitur simpliciter esse totius, sicut dicimus manum
hominis et non solum dicimus quod sit pars hominis: et similiter res
possessa, puta vestis, non solum dicitur quod sit possessio hominis, sed quod
simpliciter est huius hominis. Unde cum servus sit quaedam possessio, servus
non solum est servus domini, sed est simpliciter illius. Ille autem qui est
dominus non est simpliciter servi, sed solum est dominus eius. |
54. Quatrièmement, là [284] où il dit: ¨Mais ce qui est possédé etc.¨, il montre de quelle nature est la relation entre l'esclave et le maître: et il dit que le rapport entre la chose possédée et son possesseur est le même que celui qui existe entre une partie et son tout, quant à cela qu'on ne dit pas seulement d'une partie qu'elle est la partie du tout, mais encore qu'elle lui appartient purement et simplement, tout comme nous disons de la main qu'elle est la main de l'homme et non seulement une partie de l'homme: et il en est de même pour le bien de propriété, par exemple du vêtement, au sujet duquel nous disons non seulement qu'il est le vêtement de l'homme mais encore qu'il lui appartient complètement. D'où il suit que puisque l'esclave est un certain bien de propriété, l'esclave n'est pas seulement l'esclave du maître, mais il lui appartient purement et simplement. Ce dernier cependant n'appartient pas à l'esclave, mais il est seulement son maître. |
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[79120] Sententia Politic., lib. 1 l. 2 n. 14 Deinde cum dicit quae quidem igitur natura
etc., concludit ex praemissis definitionem servi: et dicit quod manifestum
est ex praedictis quae sit natura, id est servi et quae sit virtus eius quod
est officium ipsius: nam virtus ad actionem refertur, officium autem est
congruus actus alicuius. Cum enim servus sit hoc ipsum quod est, alterius, ut
dictum est, quicumque homo non est naturaliter suiipsius, sed alterius, ipse
est naturaliter servus. Ille autem homo non est naturaliter suiipsius, sed
alterius, qui non potest regi nisi ab alio. Hoc autem convertitur, scilicet
quod quicumque est res possessa vel servus alterius est homo alterius. De
ratione autem rei possessae est quod sit organum activum et separatum. Unde
potest talis definitio servi concludi: servus est organum animatum activum
separatum alterius homo existens. In qua quidem definitione, organum ponitur
tamquam genus, et adduntur quinque differentiae. Per hoc enim quod dicitur
animatum, distinguitur ab instrumentis inanimatis: per hoc autem quod dicitur
activum distinguitur a ministro artificis, qui est organum animatum factivum:
per hoc autem quod dicitur alterius existens, distinguitur a libero, qui
quandoque ministrat in domo, non sicut res possessa, sed sponte vel mercede
conductus. Per hoc autem quod dicitur separatum, distinguitur a parte quae
est alterius non separata; sicut manus. Per hoc quod dicitur homo existens,
distinguitur a brutis animalibus, quae sunt res possessae separatae. |
55. Ensuite lorsqu'il dit [29]: ¨ Quelle est certes etc.¨. Il infère de ce qui précède la définition de l'esclave: et il dit que devient évidente, à partir de ce qui a été dit, la nature de l'esclave et la puissance qui se rapporte à sa fonction: car toute puissance se rapporte à une action et une fonction est un acte qui convient à quelqu'un. En effet, puisque l'esclave est un être qui appartient à un autre, ainsi que nous l'avons dit, tout homme qui par nature ne s'appartient pas mais appartient à un autre est naturellement un esclave; mais celui qui ne peut être dirigé que par un autre, celui-là est un homme qui ne s'appartient pas par nature mais appartient à un autre. Mais cela se convertit, c'est-à-dire que tout homme qui est un bien de propriété ou l'esclave d'un autre appartient à cet autre. Mais il est dans la nature même du bien de propriété d'être à la fois un instrument d'action et un instrument séparé. D'où nous pouvons inférer cette définition de l'esclave: l'esclave est un homme existant pour un autre à titre d'instrument d'action et séparé. Dans cette définition certes le mot instrument est présenté en tant que genre, auquel sont ajoutées cinq différences. En ajoutant animé, il le distingue des instruments inanimés; en disant qu'il est un instrument d'action, il le distingue du service de l'artisan qui est un instrument animé de fabrication; en ajoutant qu'il existe pour un autre, il le distingue de l'homme libre qui lorsqu'il est au service de la famille, ne le fait pas comme un bien de propriété, mais de lui-même ou mû par un profit; mais en disant qu'il est séparé, il le distingue de la partie qui appartient à un autre mais qui, comme la main, n'est pas séparée; enfin, en ajoutant que c'est un homme, il le distingue des brutes qui sont des biens de propriété séparés. |
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Lectio
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LEÇON 3 ─ (nn. 56-74; [30-42]) ─ Qu'il
convient par nature à certains d'obéir et à d'autres de commander.
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Leçon 3 |
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[79121] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 1 Utrum autem est (aliquis) natura talis et
cetera. Postquam philosophus ostendit rationem et virtutem servi, hic
procedit ad investigandum de opinionibus suprapositis. Et primo inquirit,
utrum servitus sit naturalis. Secundo utrum dominativa sit idem quod
politica, ibi, manifestum autem et ex his et cetera. Circa primum tria facit.
Primo movet dubitationem. Secundo determinat eam approbando unam partem, ibi,
non difficile autem et cetera. Tertio ostendit quomodo etiam alia pars
dubitationis habet aliqualiter virtutem, ibi, quod autem et qui contraria
dicunt et cetera. |
56. Après avoir manifesté la nature et la disposition de l'esclave, le Philosophe procède ici à l'examen des opinions présentées plus haut. Et d'abord il se demande si l'esclavage est naturel [30]. Deuxièmement si l'autorité du maître est de même nature que l'autorité politique, là [54] où il dit: ¨À partir de cela il apparaît que etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. D'abord il soulève une question [30]. Deuxièmement il en marque les limites en approuvant une de ses parties là [31] où il dit: ¨ Il n'est pas difficile etc.¨. Troisièmement il montre comment l'autre partie du doute possède une certaine force là [43] où il dit: ¨ Mais que ceux qui prétendent le contraire etc.¨ |
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[79122] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 2 Dicit ergo primo, quod post praedicta
considerandum est utrum aliquis sit naturaliter servus vel non: et iterum
utrum alicui magis sit dignum et iustum quod serviat quam quod non serviat,
an non, sed omnis servitus praeter naturam sit. Quod quidem remittit ad duas
praemissas quaestiones. Si enim omnis servitus est praeter naturam, tunc
nullus est naturaliter servus, et iterum non erit iustum neque dignum quod
aliquis serviat: quod enim est praeter naturam non est dignum neque iustum. |
57. Il dit donc en premier lieu [30] que suite à ce qui précède, il faut considérer s'il existe des hommes qui soient naturellement esclaves; et de plus s'il est plus digne et juste pour quelqu'un d'obéir que de ne pas obéir ou si tout esclavage est contre nature. Et il ramène ces questions aux deux précédentes. Si en effet tout esclavage est contre nature, aucun être humain ne sera esclave par nature et par la suite il ne sera ni juste ni digne pour un homme d'obéir, car en effet ce qui est contre nature n'est ni digne ni juste. |
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[79123] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 3 Deinde cum dicit non difficile autem etc.,
determinat propositam quaestionem, ostendens duo: scilicet quod aliquis homo
naturaliter est servus, et quod alicui dignum est et expediens servire. Et
circa hoc duo facit. Primo enim proponit modum quo haec ostendenda sunt:
dicens quod non est difficile quod aliquis contempletur praedictarum
quaestionum veritatem et rationem, et quod etiam veritatem addiscat ex his
quae in rebus accidunt. Secundo, ibi, principari enim et subici et cetera.
Secundum duos praemissos modos ostendit propositum. Et primo ex his quae
fiunt. Secundo ex ratione, ibi, quaecumque enim ex pluribus constituta sunt
et cetera. |
58. Ensuite lorsqu'il dit [31]: ¨Il n'est pas difficile etc.¨. Il répond à la question soulevée, en montrant deux choses: à savoir que certains hommes sont par nature esclaves et qu'il est digne et dans leur intérêt d'obéir. Et à ce sujet il fait deux choses. D'abord en effet il propose le mode par lequel ces deux énoncés doivent être manifestés [31], en disant qu'il n'est pas difficile de découvrir la vérité au sujet des questions qui précèdent, à la fois à partir du raisonnement et des faits qu'on voit se produire sous nos yeux. Deuxièmement, là [31] où il dit: ¨ En effet, commander etc.¨, il manifeste son propos conformément aux deux modes qu'il vient de présenter. Et il le fait d'abord à partir des faits. Deuxièmement, il le fait au moyen du raisonnement là [32] où il dit: ¨ Car dans tous les ensembles etc.¨. |
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[79124] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 4 Circa primum quatuor proponit. Quorum primum
est, quod principari et subiici non solum est de numero eorum quae ex
necessitate vel violentia proveniunt, sed etiam est de numero eorum quae
expediunt ad salutem hominum: et hoc pertinet ad secundam quaestionem. Quod
enim expediens est alicui, videtur esse dignum et iustum ei. Secundum est
quod in hominibus ex ipsa nativitate videmus quod est quaedam distinctio: ita
quod quidam sunt apti ad hoc quod subiiciantur, quidam vero ad hoc quod
principentur: et hoc pertinet ad primam quaestionem. Quod enim ex nativitate
confestim inest alicui, videtur esse naturale. Tertium est quod sunt multae
species eorum qui subiiciuntur et eorum qui principantur: aliter enim
principatur vir feminae, aliter dominus servo, aliter rex regno. Et hoc etiam
pertinet ad eamdem quaestionem: nam ea quae naturaliter insunt rebus,
secundum eorum diversitatem diversificantur. Et quartum est quod semper est
melior principatus qui est meliorum subiectorum: sicut melior est principatus
quo quis principatur homini quam quo quis principatur bestiae: et hoc probat
tali ratione. Omnis principatus et subiectio ad aliquod opus ordinatur,
obedit enim qui subiicitur principanti in aliquo opere. Sed opus quod fit a
melioribus est melius: ergo et principatus melior. Et hoc etiam quartum
pertinet ad primam quaestionem: nam quae naturaliter insunt, tanto sunt
meliora quanto sunt meliorum. |
59. Au sujet du premier point il propose quatre choses [311]. Et la première, selon laquelle obéir et commander ne font pas seulement partie des choses qui résultent de la nécessité et de la violence, mais qu'ils font aussi partie des choses qui sont dans l'intérêt de l'ensemble des humains, ce qui se rapporte à la deuxième question. En effet, ce qui est dans l'intérêt de quelqu'un est digne et juste pour lui. La deuxième pose que dès la naissance nous observons des différences telles chez les hommes que certains sont aptes à obéir et d'autres aptes à commander, ce qui se rapporte à la première question. En effet, ce qu'on retrouve dans un humain dès sa naissance est naturel. La troisième stipule qu'il existe de nombreuses sortes de choses qui sont faites les unes pour obéir, les autres pour commander: ce n'est pas de la même manière en effet que l'homme commande à sa femme, que le maître commande à l'esclave et que le roi commande à son sujet. Et cela se rapporte à la même question: car ce qui appartient naturellement aux choses se différencie conformément aux différences qui existent entre elles. La quatrième enfin dit que dans tous les cas le meilleur commandement est celui qui s'exerce sur les sujets les meilleurs: par exemple, ce commandement par lequel quelqu'un commande à l'homme est meilleur que celui par lequel quelqu'un commande à une bête; ce qu'il prouve par ce raisonnement. Partout où il y a commandement et obéissance, il y a une oeuvre commune; en effet celui qui obéit à celui qui commande se trouve à exécuter une oeuvre. Mais l'oeuvre exécutée par les meilleurs est meilleure; donc le commandement qui est au principe de cette exécution est meilleur. Et ce quatrième énoncé se rapporte aussi à la première question: car les choses qui existent naturellement sont d'autant meilleures qu'elles appartiennent aux meilleurs. |
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[79125] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 5 Deinde cum dicit quaecumque enim ex pluribus
etc., ostendit propositum ex ratione. Et ponit rationem ad ostendendum quod
aliqui sunt naturaliter servi quibus expedit servire. Secundo ostendit qui
sint tales, ibi, quicumque quidem igitur et cetera. Circa primum ponit talem
rationem. Quaecumque sunt ex pluribus constituta, in his est aliquid
principans et aliquid subiectum naturaliter, et hoc expedit. Sed hominum
multitudo est ex pluribus constituta: ergo naturale est et expediens quod
unus principetur et alius subiiciatur. Huius autem rationis minor manifesta
est ex praemissis: in quibus ostensum est quod homo est naturaliter animal
politicum, et ita naturale est quod ex multis hominibus constituatur una
multitudo. |
60. Ensuite lorsqu'il dit [32]: ¨Car dans tous les ensembles etc.¨. Il manifeste son propos à partir du raisonnement. Et en premier lieu il présente une raison pour montrer que ceux auxquels il est avantageux d'obéir [32] sont naturellement des esclaves. Deuxièmement il montre qu'ils sont tels là [38] où il dit: ¨ Donc, tous ceux etc.¨. Au sujet du premier point il présente ce raisonnement [32]. Dans toute réalité constituée à partir de plusieurs éléments de manière à former un ensemble, on retrouve des parties qui commandent par nature et d'autres qui obéissent par nature, dans l'intérêt des deux. Mais l'humanité est constituée d'une multitude d'hommes: donc, il est naturel et dans l'intérêt commun que certains commandent et que d'autres obéissent. Mais la mineure de ce raisonnement est évidente si nous partons de ce qui a été dit, où nous avons montré que l'homme est naturellement un animal social et qu'il est ainsi naturel qu'une foule soit constituée à partir de plusieurs hommes. |
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[79126] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 6 Unde, ea praetermissa, probat maiorem: et sic
in hac ratione tria facit. Primo ponit maiorem. Secundo probat eam, ibi, et
hoc ex omni natura et cetera. Tertio infert conclusionem, ibi, eodem autem
modo et cetera. Dicit ergo primo, quod quaecumque sunt constituta ex pluribus
ita quod ex eis fiat unum commune, sive illa plura sint coniuncta, sicut
membra corporis coniunguntur ad constitutionem totius, sive sint divisa sicut
ex multis militibus constituitur unus exercitus, in omnibus his invenitur
esse principans et subiectum: et hoc est naturale et expediens, ut per singula
patebit exempla. |
61. D'où il suit que, cette mineure devant être mise de côté, il prouve la majeure: et pour établir son raisonnement il fait trois choses. D'abord il présente la majeure [32]. Deuxièmement il la prouve là [33] où il dit: ¨ Et cela on le voit à partir de la nature de tous etc.¨. Troisièmement il en tire la conclusion là [37] où il dit: ¨ De la même manière etc.¨. Il dit donc en premier lieu [32] que tout ce qui est constitué de plusieurs parties de telle manière qu'à partir d'elles est formée une entité commune, qu'elles soient unies de manière continue comme les parties du corps pour constituer le corps ou qu'elles soient séparées comme les nombreux soldats qui constituent l'armée, en toutes ces choses on retrouve un principe qui commande et un autre qui est subordonné: et cela est à la fois naturel et utile, ainsi qu'on le verra au moyen de nombreux exemples. |
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[79127] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 7 Deinde cum dicit et hoc ex omni natura etc.,
probat propositum quadrupliciter. Primo quidem in rebus inanimatis. Secundo
in partibus hominis, ibi, animal autem primum constat et cetera. Tertio in
genere animalium, ibi, iterum in homine et cetera. Quarto in differentia
sexuum, ibi, adhuc autem masculinum et cetera. Dicit ergo primo, quod veritas
praemissae propositionis invenitur in rebus animatis: non quasi sit eis
proprium, sed ex eo quod est commune toti naturae: quia etiam in his quae non
participant vita, est aliquis principatus, puta harmoniae. Quod potest
intelligi dupliciter. Uno modo de harmonia sonorum; quia semper in vocibus
quae consonant aliqua vox praedominatur, secundum quam tota harmonia
diiudicatur. Potest etiam intelligi de harmonia elementorum in corpore mixto,
in quo semper unum elementorum est praedominans. Sed huiusmodi pertransit,
quia sunt extrinseca ab hac consideratione. |
62. Ensuite lorsqu'il dit [33]: ¨Et cela etc.¨. Il prouve son propos de quatre manières. Il le montre certes dans les choses inanimées [33]. Deuxièmement il le manifeste au moyen des parties de l'être humain là [34] où il dit: ¨Mais d'abord l'animal etc.¨. Troisièmement il le découvre dans le genre animal là [35] où il dit: ¨ De plus dans l'homme etc.¨. Quatrièmement enfin il le montre dans la différence des sexes là [36] où il dit: ¨Mais le mâle est etc.¨. Il dit donc en premier lieu [33] que la vérité de la proposition précédente se découvre dans les choses inanimées, non pas d'une manière qui leur serait propre mais d'une manière qui est commune à toute la nature: car même dans ce qui ne participe pas de la vie, on retrouve un principe qui gouverne, à savoir l'harmonie. Et cela peut s'entendre de deux manières: dont la première se rapporte à l'harmonie des sons car dans les voix qui retentissent ensemble prédomine toujours une voix d'après laquelle on juge de toute l'harmonie; la deuxième peut s'entendre de l'harmonie des éléments présente dans les corps mixtes dans lesquels on retrouve toujours un élément prédominant. Mais le Philosophe passe rapidement sur ce point car il est assez étranger au propos considéré. |
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[79128] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 8 Deinde cum dicit animal autem primum etc.,
ostendit propositum in partibus hominis, et dicit quod prima compositio
animalis est ex anima et corpore. Quae quidem compositio dicitur prima, non
secundum ordinem generationis, sed secundum principalitatem, quia est ex
partibus principalissimis: harum autem partium una est naturaliter principans,
scilicet anima; alia vero subiecta, scilicet corpus. Posset autem
aliquis dicere quod hoc non est naturale, cum non inveniatur in omnibus; et
ideo ad hoc excludendum subdit quod ad iudicandum quid sit naturale, oportet
considerare ea quae se habent secundum naturam, non autem ea quae sunt
corrupta, quia huiusmodi deficiunt a natura. Et ideo ad iudicandum quae pars
in homine naturaliter principetur, oportet considerare aliquem hominem qui
sit bene dispositus et secundum animam et secundum corpus in quo est
manifestum quod anima corpori dominatur. Sed in hominibus pestilentibus et
qui male se habent, multoties corpus principatur animae, quia praeferunt
commodum corporis commodo animae; et hoc ideo, quia sunt male dispositi et
praeter naturam. |
63. Ensuite lorsqu'il dit [34]: ¨Mais l'animal etc.¨ Il manifeste son propos dans les parties de l'être humain, et il dit que la première composition que l'on retrouve chez l'être humain se tire de l'âme et du corps et on dit que cette composition est première non pas d'après l'ordre de la génération mais selon un ordre de primauté car elle se tire des parties qui sont les plus importantes: l'une de ces parties en effet est celle qui commande par nature, à savoir l'âme; l'autre, à savoir le corps, lui est soumise. Mais quelqu'un pourrait dire que l'âme ne commande pas par nature puisqu'on ne retrouve pas cela chez tous les hommes; et c'est pourquoi, pour écarter cette objection, il ajoute que pour juger de ce qui est naturel, il importe de considérer les choses qui se comportent conformément à la nature et non celles qui sont corrompues parce qu'elles se sont écartées de la nature. Et c'est pourquoi, pour juger quelle partie dans l'homme est naturellement faite pour commander, il faut considérer un homme qui soit bien disposé à la fois selon l'âme et selon le corps chez lequel il est manifeste que l'âme commande au corps. Mais chez les hommes qui sont malsains et qui se comportent mal, il arrive souvent que le corps commande à l'âme car ils préfèrent ce qui est agréable au corps à ce qui convient à l'âme; et il en est ainsi car ils sont mal disposés et contre nature. |
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[79129] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 9 Ostendit autem consequenter quod principatus
qui est in partibus animalis, habet quamdam similitudinem exterioris
principatus. Possumus enim in animali quod est homo, considerare duplicem
principatum ad partes eius: scilicet despoticum quo dominus principatur
servis, et politicum quo rector civitatis principatur liberis. Invenitur enim
inter partes hominis quod anima dominatur corpori, sed hoc est despotico
principatu in quo servus in nullo potest resistere domino, eo quod servus, id
quod est simpliciter est domini, ut supra dictum est; et hoc videmus in
membris corporis, scilicet manibus et pedibus, quod statim sine
contradictione ad imperium animae applicantur ad opus. Invenimus etiam quod
intellectus seu ratio dominatur appetitui, sed principatu politico et regali
qui est ad liberos, unde possunt in aliquibus contradicere: et similiter
appetitus aliquando non sequitur rationem. Et huius diversitatis ratio est,
quia corpus non potest moveri nisi ab anima, et ideo totaliter subiicitur ei;
sed appetitus potest moveri non solum a ratione, sed etiam a sensu; et ideo
non totaliter subiicitur rationi. In utroque autem regimine manifestum est,
quod subiectio est secundum naturam, et expediens. Est enim naturale et
expediens corpori, quod regatur ab anima: et similiter est naturale et expediens
parti passibili, idest appetitui qui subiicitur passionibus, ut regatur
ab intellectu vel ratione: et utrobique esset nocivum, si id quod debet
subiici se haberet ex aequo, vel e contrario ei quod debet principari: corpus
enim corrumperetur nisi subiiceretur animae, et appetitus esset inordinatus
nisi subiiceretur rationi. |
64. Et il montre par la suite que le commandement qui se trouve dans les parties de l'animal possède une certaine ressemblance avec le commandement extérieur. Nous pouvons en effet chez cet animal qui est l'homme considérer deux sortes de commandements à l'égard de ses membres: une autorité despotique par laquelle le maître commande à l'esclave et une autorité politique par laquelle l'homme d'état gouverne les hommes libres. On observe en effet que dans les parties de l'homme l'âme commande au corps et cela par une autorité despotique où l'esclave ne peut en aucune manière s'opposer au maître pour cette raison que l'esclave est une propriété du maître purement et simplement ainsi que nous l'avons dit précédemment; et nous observons ce type d'autorité dans les membres du corps, par exemple les mains et les pieds qui aussitôt et sans opposition s'appliquent à l'oeuvre commandée par l'âme. Nous observons aussi que l'intelligence ou la raison commande à l'appétit mais cette fois par une autorité qui est comparable à l'autorité de l'homme d'état ou du roi qui s'adresse aux hommes libres qui peuvent s'opposer à lui en certaines occasions; de la même manière, il arrive que l'appétit n'obéisse pas à la raison. Et la raison de cette différence est que le corps ne peut être mû par rien d'autre que l'âme et c'est pourquoi il lui est totalement soumis; mais l'appétit de son côté peut être mû non seulement par la raison mais aussi par le sens et c'est pourquoi il n'est pas totalement soumis à la raison. Mais dans les deux sortes d'autorité il est évident qu'il existe une soumission qui est conforme à la nature et qui est utile. En effet il est naturel et utile au corps d'être gouverné par l'âme: et de la même manière il est naturel et avantageux à la partie passible, à savoir à l'appétit qui est soumis aux passions, d'être gouvernée par l'intelligence ou la raison: dans l'un et l'autre cas il serait nuisible que ce qui doit obéir ait un pouvoir égal ou opposé à celui qui doit commander: le corps en effet serait détruit s'il n'obéissait pas à l'âme et l'appétit serait déréglé s'il n'obéissait pas à la raison. |
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[79130] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 10 Deinde cum dicit iterum in homine etc., probat
idem in genere animalium, dicens quod similiter se habet in homine et aliis
animalibus, quod naturale et expediens est ut homo aliis dominetur. Videmus
enim quod animalia mansueta quibus homo dominatur, digniora sunt secundum
naturam silvestribus, inquantum participant aliqualiter regimine rationis;
sed et omnibus animalibus (melius est), quod ab homine regantur, quia sic in
multis casibus adipiscuntur salutem corporalem quam per se consequi non possent;
sicut patet, cum eis copiosa pabula et remedia sanitatis ab hominibus
exhibentur. |
65. Ensuite lorsqu'il [35]: ¨ Le même rapport se retrouve chez l'homme. ¨ Il prouve la même chose au moyen de ce qu'on observe dans le monde animal en disant que le même rapport se retrouve entre l'homme et les autres animaux, à savoir qu'il est naturel et utile que l'homme commande aux autres animaux. Nous voyons en effet que les animaux domestiques auxquels l'homme commande sont naturellement meilleurs que les animaux sauvages, dans la mesure où ils participent d'une certaine manière du gouvernement de la raison; mais il est utile à tous les animaux d'être gouvernés pas l'être humain car ainsi en de nombreuses occasions ils acquièrent la conservation du corps à laquelle ils ne pourraient parvenir par eux-mêmes, ainsi qu'il apparaît lorsque des aliments et des soins de santé leur sont fournis en abondance par l'homme. |
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[79131] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 11 Deinde cum dicit adhuc autem masculinum etc.,
probat idem in differentia sexuum: et dicit, quod eodem modo etiam se habet
masculinum ad femininum, quod naturaliter masculinum est melius, et femininum
deterius; et masculus principans, femina autem subiecta. Est autem
attendendum, quod prima duo exempla sunt de toto integrali, alia duo de toto
universali, quod est genus vel species: et sic patet quod praedicta
propositio in utrisque locum habet. |
66. Ensuite lorsqu'il dit [36]: ¨ Et de plus etc.¨. Il prouve la même chose au moyen de ce qu'on observe dans la différence des sexes: et il dit que c'est de la même manière que le mâle se rapporte à la femelle, où l'on voit que le mâle est naturellement supérieur à la femelle d'où il suit qu'il commande et qu'elle obéit. Il faut cependant considérer que les deux premiers cas sont des exemples d’un tout intégral alors que les deux derniers sont des exemples d’un tout universel, c’est-à-dire du genre et de l'espèce: et il est ainsi évident que la proposition qui précède vaut dans l'un et l'autre cas. |
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[79132] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 12 Deinde cum dicit eodem autem modo etc.,
concludit propositum, scilicet quod eodem modo se habet in hominibus sicut in
praemissis: scilicet quod naturale et expediens est quod quidam principentur,
et quidam subiiciantur. |
67. Ensuite lorsqu'il dit [37]: ¨ Mais de la même etc.¨. Il conclut son propos, c'est-à-dire qu'il en est de même chez tous les hommes comme nous l'avons vu dans ce qui précède, c'est-à-dire qu'il est naturel et utile que certains commandent et que d'autres obéissent. |
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[79133] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 13 Deinde cum dicit quicumque quidem igitur etc.,
ostendit qui sunt qui naturaliter principantur et subiiciuntur. Et primo
quales sunt secundum animam. Secundo quales secundum corpus, ibi, vult quidem
igitur natura et cetera. Circa primum duo facit. Primo ostendit quales sunt
secundum animam qui naturaliter principantur vel subiiciuntur. Secundo ponit
comparationem inter homines, qui naturaliter sunt servi, et bruta animalia,
quae etiam naturaliter serviunt, ibi, et communicant ratione et cetera. Dicit
ergo primo, quod cum anima naturaliter dominetur corpori, et homo bestiis;
quicumque tantum distant ab aliis, sicut anima a corpore, et homo a bestia,
propter eminentiam rationis in quibusdam, et defectum in aliis, isti sunt
naturaliter domini aliorum, secundum quod etiam Salomon dicit, quod qui
stultus est, serviet sapienti. Disponuntur autem hoc modo, scilicet quod
ad eos se habeant aliqui, sicut homo ad bestias vel anima ad corpus, illi
quorum opus principale est usus corporis, et quod hoc est optimum quod ab eis
haberi potest: sunt enim validi ad exequenda opera corporalia, impotentes
autem ad opera rationis: et isti sunt naturaliter servi, quibus melius est
quod regantur a sapientibus, si conveniens est quod credatur rationibus
supradictis, quia in hoc sortiuntur regimen rationis. Et quod isti sint
naturaliter servi, patet per hoc quia ille est naturaliter servus, qui habet
aptitudinem naturalem ut sit alterius, inquantum scilicet non potest regi
propria ratione, per quam homo est dominus sui; sed solum ratione alterius,
propter quod naturaliter alterius est quasi servus. |
68. Ensuite lorsqu'il dit [38]: ¨Tous les êtres certes etc.¨. Il montre quels sont ceux qui par nature commandent et ceux qui par nature obéissent. Et d'abord il le montre selon l'âme [38]. Deuxièmement, il le montre selon le corps, là [40] où il dit: ¨ Certes elle veut etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. D'abord, il montre, selon l'âme, quels sont ceux qui commandent par nature et ceux qui obéissent par nature. Deuxièmement, il fait une comparaison entre les hommes qui sont naturellement esclaves et les brutes animales qui elles aussi sont des esclaves, là [39] où il dit: ¨ Et communiquant etc.¨. Il dit donc en premier [38] que, puisque l'âme commande naturellement au corps et l'homme aux bêtes et que certains diffèrent des autres comme l'âme diffère du corps et comme l'homme diffère de la bête, en raison de l'excellence de la raison chez les uns et de son défaut chez les autres, les premiers sont naturellement maîtres des autres conformément à ce que dit aussi Salomon dans le livre des Proverbes (X1, 29): ¨ Celui qui est sot, qu'il soit l'esclave du sage.¨. Mais si certains sont disposés ou se rapportent de cette manière à l'égard des autres, c'est-à-dire comme l'homme à l'égard des bêtes ou comme l'âme à l'égard du corps, ceux dont l'oeuvre principale est l'usage de leur corps et qui est ce qu'on peut tirer de meilleur de leur part puisqu’en effet ils sont aptes à exécuter des ouvrages corporels mais impuissants aux oeuvres de la raison, ce sont ceux-là qui sont esclaves par nature et pour lesquels il est préférable d'être gouvernés par les sages, s'il convient d'ajouter foi aux raisons qui précèdent, car c'est en cela qu'ils participent du gouvernement de la raison. Et que ceux-là soient esclaves par nature, cela est évident pour cette raison que celui-là est naturellement esclave qui a une aptitude naturelle d'être l'homme d'un autre dans la mesure où justement il ne peut se gouverner lui-même par sa propre raison, grâce à laquelle l'homme est maître de lui-même, mais seulement par la raison d'un autre; et c'est pourquoi l'esclave, en quelque sorte, appartient pratiquement à une autre. |
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[79134] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 14 Deinde cum dicit et communicant ratione etc.,
comparat secundum convenientiam et differentiam hominem naturaliter servum ad
animal brutum: et dicit quod ille qui est servus naturaliter, communicat
ratione solum quantum ad hoc, quod recipit sensum rationis, sicut edoctus ab
alio; sed non quantum ad hoc, quod habeat sensum rationis per seipsum: sed
alia animalia serviunt homini non quasi recipientia aliquem sensum rationis
ab homine, inquantum scilicet memoria eorum quae sunt bene vel male passa ab
homine, timore vel amore incitantur ad serviendum. Et sic quantum ad modum
serviendi est differentia, inquantum naturaliter servus servit ratione,
brutum autem animal passione; sed opportunitas, idest utilitas, quae
ex utriusque servitio provenit, modicum variatur: ab eadem enim praebetur
nobis auxilium, et a servis, et a domesticis animalibus, scilicet ad
necessaria corpori. Non enim naturaliter servus, cum deficiat ratione, potest
auxiliari ad consilium, vel ad aliquod opus rationis: in corporalibus autem
pluribus modis potest servire servus quam animal brutum, propter rationem. |
69. Ensuite lorsqu'il dit [39]: ¨Et communiquant etc.¨. Il compare, selon la ressemblance et la différence, l'homme qui est esclave par nature à la brute animale: et il dit que celui qui est naturellement esclave participe de la raison seulement quant à ceci qu'il reçoit un sens de la raison, étant comme conduit par un autre, mais non pour autant qu'il possède de lui-même ce sens de la raison; mais les autres animaux sont au service de l'homme non pas parce qu'ils ont reçu de l'homme un sens de la raison mais c'est par la mémoire de ce qu'ils ont subi d'agréable ou de désagréable de la part de l'homme qu'ils sont poussés à servir par crainte ou par amour. Ainsi, quant à la manière de servir, il y a une différence dans la mesure où celui qui est naturellement esclave sert par sa participation de la raison tandis que la brute animale sert par passion, c'est-à-dire par la passion de crainte ou d'amour acquise par la mémoire d'avoir subi quelque chose d'agréable ou de désagréable de la part de l'homme. Mais l'avantage, c'est-à-dire l'utilité qui découle de la servitude de l'un et de l'autre, varie très peu de l'un à l'autre. C'est le même avantage en effet que nous fournissent par leur assistance les esclaves et les animaux domestiques, à savoir qu'ils sont utiles aux besoins corporels. Celui qui est esclave par nature en effet, puisqu'il manque de raison, ne peut prêter assistance par sa réflexion ou contribuer à une oeuvre de la raison; mais parce qu'il participe de la raison de son maître, l'esclave peut accomplir les tâches corporelles d'un plus grand nombre de manières que la brute animale. |
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[79135] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 15 Deinde cum dicit vult quidem igitur natura
etc., ostendit quales sint servi secundum corpus. Et primo proponit quod
intendit. Secundo probat propositum, ibi, quoniam et hoc manifestum et
cetera. Dicit ergo primo, quod natura vult, idest habet quemdam
impetum sive inclinationem ad hoc ut faciat differentiam inter corpora
liberorum et servorum, ita scilicet quod corpora servorum sint fortia
ad exercendum usum necessarium, qui eis competit, scilicet ad fodiendum in
agro, et alia similia ministeria exercenda: sed corpora liberorum debent esse
recta, idest bene disposita secundum naturam, et inutilia ad tales
operationes serviles, quod exigit complexio delicata; sed tamen debent esse
utilia ad civilem vitam, in qua liberi homines conversantur. Iste autem qui
habet membra utilia ad civilem vitam, habet dispositionem divisam ad bellicam
oportunitatem et pacificam; ut scilicet tempore belli habeat membra apta ad
pugnandum, et ad alia militaria opera, tempore vero pacis ad exercendum alia
civilia opera. Et quamvis natura habeat inclinationem ad praedictam differentiam
corporum causandam, tamen quandoque deficit in hoc, sicut etiam in omnibus
aliis quae generantur et corrumpuntur, consequitur natura effectum suum ut in
pluribus, deficit vero in paucioribus. Quando ergo in hoc natura deficit,
accidit multoties contrarium ei quod dictum est, ut scilicet illi qui habent
animas liberorum, habeant corpora servorum, vel e converso. |
70. Ensuite lorsqu'il dit [40]: ¨Elle veut certes etc.¨. Il montre quels sont ceux qui sont des esclaves sous le rapport du corps. Et en premier lieu il présente son intention [40]. Deuxièmement il prouve son propos là [41] où il dit: ¨Car certes ce qui etc.¨. Il dit donc en premier lieu [40] que la nature veut, c'est-à-dire qu'elle possède un certain élan ou une certaine inclination à faire une différence entre les corps des hommes libres et ceux des esclaves, de telle sorte que les corps des esclaves sont valides pour exercer les travaux de pure nécessité qui leur conviennent comme de creuser dans les champs et d'accomplir d'autres services du même genre; mais les corps des hommes libres doivent être droits, c'est-à-dire bien disposés selon la nature, et inaptes à de telles opérations serviles contraires à une complexion délicate. Mais ils sont aptes à la vie politique qui est le domaine que fréquentent les hommes libres. Mais celui dont le corps possède des membres utiles à la vie politique partage sa vie entre les occupations de la guerre et celles de la paix, c'est-à-dire de telle sorte qu'en temps de guerre il possède des membres aptes au combat et aux autres activités militaires alors qu'en temps de paix il les utilise aux autres activités politiques. Et bien que la nature possède une telle inclination à produire une telle différence entre les corps, cependant elle faillit parfois en cela ainsi qu'il arrive encore dans toutes les autres choses qui sont sujettes à génération et à corruption où la nature réalise ses effets dans la plupart des cas et échoue dans peu de cas. Donc, quand la nature échoue en cela, il se produit souvent le contraire de ce que nous avons dit, de sorte que ceux qui possèdent l'âme d'un homme libre ont le corps d'un esclave et inversement. |
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[79136] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 16 Est autem considerandum, quod philosophus hic
inducit concludens ex praemissis, in quibus agebat de dispositione animae;
quia cum corpus sit naturaliter propter animam, natura intendit formare tale
corpus quale sit conveniens animae; et ideo intendit his qui habent animas
liberorum dare corpora liberorum, et similiter de servis. Et hoc quidem
quantum ad interiores dispositiones semper consonat: non enim potest esse
quod aliquis habeat animam bene dispositam, si organa imaginationis et
aliarum virium sensitivarum sint male disposita: sed in figura, et quantitate
exteriori et aliis dispositionibus exterioribus, potest inveniri dissonantia,
ut hic dicitur. |
71. Mais il faut considérer que le Philosophe atténue ici ce qu'il vient de dire en concluant à partir de ce qui a été dit précédemment où il traitait des dispositions de l'âme: car puisque le corps est ordonné par nature à l'âme, la nature cherche à former un corps qui soit proportionné à telle âme; et c'est pourquoi elle cherche à donner des corps d'hommes libres à ceux qui ont une âme d'homme libre et à faire de même pour les esclaves. Et certes pour les dispositions intérieures la nature ne se dément jamais: en effet il est impossible que quelqu'un possède une âme bien disposée si les organes de la mémoire et des autres puissances naturelles et sensitives sont mal disposées; mais pour ce qui est de la figure, de la quantité extérieure et des autres dispositions extérieures, il est possible qu'on retrouve une dissonance, ainsi que nous l'avons dit plus haut. |
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[79137] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 17 Deinde cum dicit quoniam et hoc manifestum
etc., probat quod dixerat. Et primo quantum ad corpus. Secundo quantum ad
animam, ibi, si autem in corpore et cetera. Dicit ergo primo, quod naturam
inclinari ad hoc, quod faciat diversa corpora servorum et liberorum, ex hoc
est manifestum: quia si inter aliquos inveniatur tanta differentia solummodo
ex parte corporis, ut videatur tantum alios excellere, ac si essent quaedam
imagines deorum; sicut solemus communiter dicere, quando videmus aliquos
elegantis formae, quod videntur esse sicut Angeli: tunc omnes dicerent, quod
illi qui deficiunt a tanta elegantia formae corporalis, sunt digni ut
serviant eis qui superexcellunt, secundum illud species Priami digna est
imperio. Et cum hoc sit manifestum in maxima differentia, idem etiam est
sentiendum quantum ad intentionem naturae, si non fuerit tanta differentia. |
72. Ensuite lorsqu'il dit [41]: ¨ Et puisque cela etc.¨. Il prouve ce qu'il avait dit. Et d'abord il le fait du côté du corps [41]. Deuxièmement il le fait quant à l'âme là [42] où il dit: ¨Mais si dans le corps etc.¨. Il dit donc en premier lieu qu'il est manifeste à partir de ce qui suit que la nature cherche à produire des corps différents pour les esclaves et pour les hommes libres: si on retrouvait parmi les hommes une différence seulement du côté du corps, de sorte qu'il semblerait que certains seraient tellement relevés qu’ils seraient comme des images des dieux, comme nous avons communément l'habitude de le dire lorsque nous voyons des formes élégantes qui semblent pareilles à celles des anges, alors tous diraient que ceux qui manquent d'une telle élégance sous le rapport de la figure corporelle seraient dignes de servir ceux qui la possèdent en abondance, conformément à ce passage: ¨L'apparence de Priam est digne de commandement¨. Et si cela est vrai quand la différence est la plus marquée, il faut discerner la vérité dans l'intention de la nature lorsque la différence n'est pas aussi marquée. |
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[79138] Sententia Politic., lib. 1 l. 3 n. 18 Deinde cum dicit si autem in corpore
etc., probat idem ex parte animae: et dicit, quod si hoc est verum ex parte
corporis, quod illi qui deficiunt sunt digni servire excellentibus, multo
iustius est hoc determinari ex parte animae, quanto anima nobilior est
corpore. Sed tamen excellentia pulchritudinis animae, non ita de facili
potest cognosci, sicut pulchritudo corporis: et ideo magis vulgariter
iudicatur, quod aliqui sint digni ad dominandum ex parte corporis quam ex
parte animae. |
73. Ensuite lorsqu'il dit [42]: ¨Et si dans etc.¨. Il prouve la même chose du côté de l'âme: et il dit que si cela est vrai du côté du corps, à savoir que ceux qui sont dépourvus sont dignes de servir ceux qui sont doués, il est encore beaucoup plus juste de discerner cela du côté de l'âme puisque l'âme est plus noble que le corps. Mais l'excellence de la beauté de l'âme n'est pas si facile à connaître que celle de la beauté du corps: et c'est pourquoi on juge plus communément du côté du corps que du côté de l'âme quels sont ceux qui sont dignes de commander. |
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[79139] Sententia
Politic., lib. 1 l. 3 n. 19 Ultimo
autem concludit epilogando duas conclusiones intentas in hoc capitulo:
scilicet quod quidam sunt naturaliter servi, et quidam naturaliter liberi: et
quod his qui sunt naturaliter servi expedit servire, et iustum est quod
serviant. |
74. Et finalement il conclut en résumant les deux conclusions qu'il se proposait dans ce chapitre: à savoir que certains sont esclaves par nature alors que d'autres sont libres par nature; et qu'il est juste et avantageux d'obéir à ceux qui sont esclaves par nature. |
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Lectio
4 |
LEÇON 4 (nn. 75-88; [43-53]) ─ Au sujet des
maîtres et des esclaves, il montre qu'autres sont ceux auxquels il est
avantageux d'être maîtres et esclaves par nature et ceux qui le sont par la
loi, auxquels il arrive le contraire.
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Leçon 4 ─ [ ] |
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[79140] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 1 Quod autem et qui contraria dicunt et cetera.
Postquam philosophus ostendit, quod aliqui naturaliter sunt servi quibus
expedit servire et iustum est, hic ostendit, quod etiam contraria opinio est
secundum (modum) aliquem vera. Et circa hoc duo facit. Primo ponit modum
servitutis, secundum quem negatur a quibusdam servitus esse naturalis et
iusta. Secundo super hoc dubitationem movet et solvit, ibi, hoc itaque iustum
et cetera. Dicit ergo primo, quod non difficile est videre, quod illi qui
dicunt contrarium his quae determinata sunt, asserendo scilicet nullam
servitutem esse naturalem et iustam, secundum modum aliquem recte dicunt.
Dupliciter enim dicitur servire et servus. Unus quidem modus est secundum
aptitudinem naturalem, ut supra dictum est. Sed etiam est aliquis servus vel
serviens secundum legem inter homines positam. Est enim quaedam promulgatio
legis ut illi qui sunt victi in bello, dicantur esse servi eorum, qui contra
eos praevaluerunt: et hoc iure quasi omnes gentes utuntur, unde et ius gentium
nominatur. |
75. Après avoir montré que certains sont esclaves par nature pour lesquels il est juste et avantageux d'obéir, le Philosophe montre ici qu'une opinion contraire est aussi vraie en partie. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il présente un mode de servitude d'après lequel certains nient que l'esclavage soit naturel et juste [43]. Deuxièmement, suite à cela il agite un doute et il le résout là [44] où il dit: ¨ C'est pourquoi cela est juste etc.¨. Il dit donc en premier [43] qu'il n'est pas difficile de voir que ceux qui disent le contraire de ce que nous avons déterminé, c'est-à-dire qui assurent qu'aucun esclavage n'est naturel et juste, parlent correctement d'une certaine manière. En effet esclavage et esclave se disent de deux manières. La première se dit selon une aptitude naturelle comme nous l'avons fait précédemment. Dans l'autre on dit que quelqu'un est esclave ou vit en servitude d'après une loi établie parmi les hommes. En effet une publication de la loi est établie afin que ceux qui sont vaincus à la guerre sont appelés les esclaves de ceux qui l'ont emporté sur eux: et pratiquement tous les peuples se servent de ce droit et c'est pourquoi on l'appelle droit commun. |
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[79141] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 2 Deinde cum dicit hoc itaque iustum etc., movet
dubitationem de ista servitute legali. Et circa hoc tria facit. Primo ponit
diversas opiniones. Secundo assignat rationes diversitatis, ibi, causa autem
huius dubitationis et cetera. Tertio solvit dubitationem, ibi, totaliter
autem attendentes et cetera. Dicit ergo primo, quod multi qui intromiserunt
se de legibus scribendis, scripserunt quod iustum praedictae legis est de
numero iniquorum. Et introducit quemdam qui vocabatur rethora, cui durum
videbatur, si ille qui est passus violentiam sit servus et subiectus ei qui
potuit violentiam inferre, et non est melior, nisi quia est potentior. Unde
quibusdam sic videtur, quod scilicet sit iniquum: aliis autem videtur alio
modo: et ista diversitas non solum est inter populares, sed etiam inter
sapientes. |
76. Ensuite lorsqu'il dit [44]: ¨ C'est pourquoi cela etc.¨. Il soulève un doute au sujet de cet esclavage légal. Et à ce sujet il fait trois choses. D'abord il présente différentes opinions [44]. Deuxièmement il assigne les raisons de cette diversité-là [45] où il dit: ¨ Mais la cause etc.¨. Troisièmement il résout le doute là [47] où il dit: ¨ S'attachant absolument etc.¨. Il dit donc en premier lieu [44] qu'un grand nombre de ceux qui s'engagèrent dans la rédaction des lois écrivirent que ce qu'il convient de dire au sujet de cette loi c'est qu'elle fait partie des iniquités. Et il présente une personne qui était appelée orateur, à qui il paraissait cruel que celui qui subit une violence devienne esclave et assujetti à celui qui avait pu lui infliger cette violence et qui ne possédait pas d'autre supériorité que celle de la force. D'où il paraissait à certains que cette loi est injuste alors que d’autres voyaient la chose différemment. Et cette diversité ne se retrouvait pas seulement parmi le peuple mais aussi parmi les sages. |
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[79142] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 3 Deinde cum dicit causa autem huius etc.,
assignat causam praedictae diversitatis. Et primo proponit quiddam quod est
manifestum. Secundo de quo sit dubitatio, ibi, sed de iusto solum et cetera.
Dicit ergo primo, quod causa praemissae dubitationis, unde variantur verba
sapientum, est ex hoc quod virtus quae est per aliquem modum, idest sive per
sapientiam, sive per constantiam, sive per fortitudinem corporalem, sive
quocumque alio modo, si sortiatur successum, id est nisi contrarium eveniat
per infortunium, potest maxime compati secum quod violentiam inferat: et sic
manifestum est quod ille qui superat semper est in excessu alicuius boni,
nisi per infortunium aliter accidat: et ex hoc videtur quod violentia nunquam
fit sine qualicumque virtute eius qui violentiam infert: et hoc est per se
manifestum. |
77. Ensuite lorsqu'il dit [45]: ¨ Mais la cause etc.¨. Il assigne la cause de la diversité qui précède. Et d'abord il présente quelque chose d'évident [45]. Deuxièmement il présente ce qui est l'objet du doute là [46]: ¨ Mais sur le point de droit etc.¨. Il dit donc en premier lieu [45] que la cause du doute qui précède et d'où procède la différence dans les paroles des sages provient de ce que la vertu, quelle que soit la manière dont elle se présente, c'est-à-dire soit par la sagesse, soit par la persévérance, soit par la force corporelle ou de toute autre manière, s'il s'ensuit la réussite à moins d'adversité due à l'infortune, peut au plus haut point être compatible avec le fait qu'elle impose la contrainte: et ainsi il est évident que celui qui l'emporte excelle toujours en quelque bien, à moins qu'il en soit autrement par infortune: et à partir de là il semble que la contrainte ne se présente jamais sans vertu chez celui qui impose la contrainte, ce qui est manifeste. |
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[79143] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 4 Deinde cum dicit sed de iusto solum etc.,
ostendit quid remaneat sub dubitatione: et dicit quod de hoc solum remanet
dubitatio, utrum sit iustum quod propter excellentiam qualiscumque virtutis
aliqui debeant principari qui superant. Et ideo circa hoc sunt diversae
opiniones. Quidam enim dicunt quod hoc iustum praedictae legis est per
benevolentiam, id est in favorem victorum introductum, ut per hoc homines ad
fortiter pugnandum incitarentur. Quibusdam autem videtur quod hoc ipsum
(habet) quamdam rationem iustitiae quod ille qui apparet melior, in hoc quod
vincit principetur, secundum quod Salomon dicit in Prov.: manus fortium
dominabitur; quae autem remissa est, tributis serviet. Et hoc quidem ideo
dicunt, quia si huiusmodi rationes operationum removeantur de medio in primo
aspectu apparet quod illae rationes quae dicunt quod non oportet principari
et dominari illum qui est melior secundum virtutem quae victorum extitit, non
habent aliquid quod sit efficax ad movendum rationem, neque etiam habent
aliquam probabilitatem, secundum ea quae communiter hominibus videntur. |
78. Ensuite lorsqu'il dit [46]: ¨ Mais au sujet du droit etc.¨. Il montre ce qui demeure douteux: et il dit qu'il ne reste de doute qu'à ce sujet, à savoir s'il est juste qu'en raison de quelque excellence ceux qui l'emportent doivent dominer. Et à ce sujet il se présente diverses opinions. Certains en effet disent que le droit de la précédente loi réside dans la bienveillance ou le dévouement, c'est-à-dire dans l'intérêt prétendu des vainqueurs afin que les hommes soient portés à combattre avec courage. Mais certains croient que cela même, à savoir que celui qui apparaît meilleur est celui qui domine parce qu'il a vaincu, a raison de justice conformément à ce que Salomon dit dans le livre des Proverbes (X11, 24): ¨ Des mains actives procurent le pouvoir, mais la nonchalance mène à l'esclavage.¨ Et certes ils disent cela car si on enlève ces raisons d'agir de la vie commune, il apparaît au premier abord que ces arguments, qui affirment que celui qui est meilleur d'après la puissance qui est manifestée par le vainqueur ne doit ni commander ni dominer, ne possèdent aucune efficacité à mouvoir la raison ni aucune apparence de probabilité, contrairement à ce qui est communément admis parmi les hommes. |
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[79144] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 5 Deinde cum dicit totaliter (autem) attendentes
etc., solvit praedictam dubitationem. Et primo ostendit quo modo sit iustum
servire. Et secundo quomodo sit expediens, ibi, quod quidem igitur habet et
cetera. Circa primum duo facit. Primo ponit solutionem. Secundo manifestat
eam, ibi, principium enim contingit et cetera. Dicit ergo primo, quod ut
totaliter et complete veritatem huius dubitationis determinemus, dicendum est
quod quidam attendentes ad quoddam iustum, idest ad iustum secundum quid
quale potest esse in rebus humanis, quod quidem iustum lex tradit, ponunt
servitutem quae ex bello provenit esse iustum: non autem dicunt quod omnino,
id est simpliciter, sit iusta. Approbat igitur secundam opinionem, sed
exponit eam, ostendens quod non loquebatur de iusto simpliciter, sed de iusto
secundum quid, quale est iustum legis humanae. Dicitur enim iustum
simpliciter quod est iustum secundum suam naturam: iustum autem secundum quid
quod refertur ad commoditatem humanam, quam lex intendit, quia propter
utilitatem hominum omnes leges positae sunt. Quia igitur hoc non est iustum
secundum naturam quod quicumque ab hostibus vincuntur sint servi, cum
plerumque contingat sapientes ab insipientibus superari, dicit hoc non esse
simpliciter iustum; est tamen ad commodum humanae vitae. Est enim hoc utile
et illis qui vincuntur, quia propter hoc a victoribus conservantur, ut saltem
subiecti vivant, unde et servi a servando dicuntur; et etiam illis qui
vincunt, quia per hoc homines incitantur ad fortius pugnandum: et quod sint
aliqui fortes pugnatores expedit conversationi humanae ad prohibendum
multorum malitias. |
79. Ensuite lorsqu'il dit [47]: ¨ S'attachant absolument etc.¨. Il dénoue le doute qui précède. Et d'abord il montre quand l'esclavage est juste. Et deuxièmement comment il est bénéfique là [53] où il dit: ¨ Donc, que cette etc.¨. Et sur le premier point il fait deux choses. D'abord il présente la solution [47]. Deuxièmement il la manifeste là [48] où il dit: ¨En effet, l'origine etc.¨. Il dit donc en premier [47] que pour déterminer entièrement et complètement la vérité par rapport à ce doute, il faut dire que certains, recherchant une certaine justice, c'est-à-dire une justice relative qu'on peut retrouver dans les choses humaines et qui est transmise par la loi, affirment que l'esclavage issu de la guerre est juste: ils ne disent pas cependant que cet esclavage est juste d'une manière absolue, c'est-à-dire qu'il est juste purement et simplement. Il approuve donc cette deuxième opinion et il l'explique, montrant qu'il ne parlait pas de la justice entendue purement et simplement mais d'une justice relative se rapportant à la loi humaine. En effet on appelle juste purement et simplement ce qui est juste par nature: mais le juste relatif se rapporte à l'utilité de la vie humaine qui est recherchée par la loi car c'est en vue d'assurer ce qui est avantageux à l'homme que toute loi est formée. Donc, puisqu'il n'est pas juste purement et simplement que ceux qui sont vaincus par leurs ennemis deviennent esclaves, puisqu'il arrive souvent que des sages soient commandés par des insensés, c'est pourquoi il dit que cela n'est pas juste purement et simplement; cependant une telle loi est juste pour l'utilité de la vie humaine. En effet cela est aussi à l'avantage de ceux
qui sont vaincus car c'est grâce à cela qu'ils sont protégés par les
vainqueurs de sorte que les vaincus soient au moins conservés vivants et
c'est pourquoi le nom esclave tient son origine de ¨conserver¨; et même cela
est utile aussi aux vainqueurs car c'est au moyen de cela que les hommes sont
poussés à combattre plus courageusement: et qu'il existe ainsi des
combattants courageux est à l'avantage des relations entre les hommes en ceci
qu'ils font obstacle aux méchancetés d'un grand nombre. |
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[79145] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 6 Si autem potuisset lex humana determinare
efficaciter qui essent meliores mente, illos procul dubio, sequens naturam,
dominos ordinasset. Sed quia hoc fieri non poterat, accepit lex aliud signum
praeeminentiae, scilicet ipsam victoriam quae provenit ex aliqua excellentia
virtutis; et ideo statuit victores esse dominos eorum qui vincuntur. Et ideo
hoc iustum dicitur esse secundum quid, ut possibile fuit legem poni; non
tamen est iustum simpliciter. Et tamen servandum est etiam homini virtuoso
secundum mentem: quia cum bonum commune sit melius quam bonum proprium unius,
non est infringendum quod convenit bono publico, quamvis non conveniat alicui
privatae personae. |
80. Mais si la loi avait pu déterminer efficacement quels sont ceux qui sont les meilleurs selon l'esprit, elle les aurait assignés sans aucun doute, suivant la nature, au rang de seigneurs. Mais parce qu'il n'a pu en être ainsi, la loi humaine accepta un autre signe de supériorité, à savoir la victoire qui provient d'une certaine excellence de puissance; et c'est pourquoi la loi établit que les vainqueurs seraient les maître des vaincus. Et c'est pourquoi on dit que cette loi est juste relativement ou sous un certain rapport, puisque c'est ce qu'il fut possible à loi d'établir; mais elle n'est pas juste purement et simplement. Et il appartient même à l'homme doué spirituellement de conserver cette loi car puisque le bien commun est préférable au bien d'un individu, ce qui appartient au bien commun ne doit pas être affaibli même si cela s'oppose au bien d'un particulier. |
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[79146] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 7 Deinde cum dicit principium enim etc.,
manifestat solutionem praemissam. Et primo per rationes. Secundo per ea quae
communiter dicuntur, ibi, propter quod ipsos non volunt et cetera. Circa
primum ponit duas rationes. Illud quod provenit ex principio iniusto, non est
simpliciter iustum: sed principium bellorum contingit esse iniustum, puta cum
aliquis non habet iustam causam assumendi bellum: ergo servitus quae sequitur
ex tali bello non est simpliciter iusta. Secundam rationem ponit ibi, et
indignum servire etc.: quae talis est. Contingit per bellum aliquem superari
cui indignum est servire. Sed nullus potest dicere quod ille quem indignum
est servire, iuste sit servus: ergo non potest dici quod servitus quae est ex
bello simpliciter sit iusta. Minorem autem probat: quia si aliquis diceret
iuste servum esse eum quem indignum est servire, accideret quandoque eos qui
sunt de nobilissimo genere esse servos si caperentur in bello: et si
contingeret eos vendi, sequeretur ulterius quod filii eorum essent servi ex
servis nati; quod videtur esse inconveniens. |
81. Ensuite lorsqu'il dit [48]: ¨ À l'origine en effet etc.¨. Il manifeste la réponse qu'il vient de donner. Et d'abord il le fait au moyen d'arguments [48]. Deuxièmement il le fait au moyen de ce qu'on dit communément, là [49] où il dit: ¨ C'est en vue de cela qu'elles ne etc.¨. Au sujet du premier point il présente deux raisonnements [48]. Dont le premier se présente ainsi: ce qui est issu d'un principe injuste ne peut être juste purement et simplement; mais il arrive que l'origine des guerres soit injuste, par exemple lorsque quelqu'un n'a pas raison d'entreprendre une guerre; donc, l'esclavage qui découle d'une telle guerre ne peut être juste purement et simplement. Il présente son deuxième raisonnement, là [48] où il dit: ¨Et il est indigne etc.¨. Et il se présente ainsi: il arrive par les guerres qu’il ne soit pas juste que le vaincu soit réduit en esclavage. Mais nul ne peut dire qu'il est juste que soit esclave celui qui ne mérite pas de l’être: on ne peut donc dire que l'esclavage qui est issu de la guerre soit juste purement et simplement. Et voici comment il prouve la mineure: car si quelqu'un disait que c'est à juste titre qu'est esclave celui qui ne mérite pas de l’être, il arriverait parfois que ceux qui sont d'un rang plus noble seraient esclaves s'ils étaient capturés à la guerre: et s'il leur arrivait d'être vendus comme tels, il s'ensuivrait par la suite que leurs fils deviendraient esclaves nés d'esclaves, ce qui apparaît être inconvenant. |
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[79147] Sententia
Politic., lib. 1 l. 4 n. 8 Deinde
cum dicit propter quod ipsos etc., probat propositum per ea quae communiter
dicuntur. Et primo per ea quae communiter dicuntur de servitute. Secundo per
ea quae communiter dicuntur de libertate, ibi, eodem autem modo et cetera.
Circa primum duo facit. Primo proponit dictum commune. Secundo ostendit
qualiter intelligatur, ibi, et quidem cum hoc dicunt et cetera. Dicit ergo
primo, quod propter praedictum inconveniens vitandum non volunt homines
dicere quod nobiles homines quando capiuntur in bello fiant servi; sed solum
barbari cum capiuntur fiunt servi. |
82. Ensuite lorsqu'il dit [49]: ¨ C'est en vue de cela etc.¨. Il prouve son propos au moyen des discours communément répandus. Et il le fait premièrement au moyen de ce qu'on dit communément de l'esclavage [49]; deuxièmement, au moyen de ce qu'on dit communément de la liberté là [51] où il dit: ¨ Et de la même manière etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. D'abord il présente ce qui est dit communément [49]. Deuxièmement il montre comment cela est entendu là [50] où il dit: ¨ Et lorsque certains disent cela etc.¨. Il dit donc en premier [49] que pour éviter l'inconvenance dont nous venons de parler ces hommes ne veulent pas dire que ces hommes nobles deviennent esclaves lorsqu'ils sont capturés à la guerre mais qu'il en est ainsi seulement pour les barbares. |
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[79148] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 9 Deinde cum dicit et quidem etc., ostendit
quomodo intelligatur: et dicit quod illi qui hoc dicunt videntur dicere solum
de naturali servitute quae est in barbaris propter defectum mentis, non autem
est in nobilibus viris captis in bello: quia, sicut supra dictum est, necesse
est, ab ipso principio nativitatis esse quosdam naturaliter servos et quosdam
non. |
83. Ensuite lorsqu'il dit [50] ¨ et lorsque certains¨ Il montre comment il faut entendre ces paroles: et il dit que ceux qui disent cela semblent parler uniquement de l'esclavage naturel qu'on retrouve chez les barbares en raison de leur pauvreté spirituelle mais qu'on ne retrouve pas chez les hommes nobles qui sont capturés à la guerre: car, ainsi que nous l'avons dit plus haut, il est nécessaire que dès l'origine, à la naissance, certains soient naturellement esclaves et d'autres non. |
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[79149] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 10 Deinde cum dicit eodem autem modo etc., ponit
ea quae dicunt homines de libertate. Et primo ponit dictum. Secundo ostendit
quomodo sit intelligendum, ibi, cum autem hoc dicant et cetera. Dicit ergo
primo, quod secundum eumdem modum loquuntur homines de ingenuitate, idest de
libertate: nam ingenuus est, qui neque est servus, neque libertus. Dicunt
enim quod homines nobiles sunt ingenui non solum cum sunt apud seipsos,
idest cum sunt in propria domo et potestate, sed etiam ubique terrarum: sed
barbari qui sunt naturaliter servi, propter defectum rationis, solum domi
sunt liberi propter defectum dominantium: ac si aliqui sint simpliciter
liberi vel ingenui, scilicet qui sunt bene dispositi secundum mentem, alii
autem secundum quid, sicut barbari. Et inducit ad confirmationem praemissorum
verba Theodecti poetae qui in sua elegia, idest tractatu de miseria, dixit:
quis dignum reputabit quod addicatur servituti ille qui ex utraque parte,
scilicet patris et matris, processit ex nobilissima et divina progenie,
secundum errorem gentilium, qui magnos principes deos vocabant. |
84. Ensuite lorsqu'il dit [51]: ¨ Et par cela¨ Il présente ce que les hommes disent communément de la liberté. Et d'abord il présente leurs dires [51]. Deuxièmement il montre comment on doit les entendre là [52] où il dit: ¨ Mais lorsqu'ils disent cela etc.¨. Il dit donc en premier lieu [51] que c'est selon le même mode que les hommes parlent de la condition de noblesse, c'est-à-dire de la liberté: car un homme libre n'est ni un esclave ni un affranchi. Ils disent en effet que les hommes nobles sont de cette condition non seulement lorsqu'ils sont chez eux, c'est-à-dire lorsqu'ils sont dans leurs familles et sur les territoires qui sont sous leur autorité, mais partout sur la terre: mais les barbares qui sont naturellement esclaves, en raison de leur défaut de raison, c'est seulement dans leur patrie qu'ils sont libres à cause de la faiblesse et la pauvreté de leurs maîtres: tout comme certains sont libres ou nobles purement ou simplement, à savoir ceux qui sont bien disposés selon l'esprit, d'autres cependant, comme les barbares, ne le sont que sous un certain rapport. Et il présente les paroles de Théodecte pour confirmer ce qu'il vient de dire. Qui donc, dit-il, appellera Hélène esclave, elle qui est issue des deux souches des dieux, suivant l’erreur des Gentils qui appelaient grands les premiers des dieux. |
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[79150] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 11 Deinde cum dicit cum autem hoc dicant etc.,
ostendit qualiter id quod dictum est, sit intelligendum. Et dicit quod illi
qui hoc dicunt, nihil aliud dicere videntur quam quod libertas et servitus,
nobilitas et ignobilitas determinantur virtute mentis: ita quod illi qui sunt
virtuosi secundum mentem sint liberi et nobiles, qui autem sunt vitiosi sunt
servi et ignobiles, secundum quod dominus dicit in libro regum qui
contemnunt me erunt ignobiles. Et hoc ideo, quia homines reputant dignum,
quod sicut ex homine generatur homo et ex bestiis bestia, ita ex bonis viris
generatur bonus vir. Et inde processit honor nobilitatis, dum filii bonorum
honorati sunt tamquam similes patribus in bonitate. |
85. Ensuite lorsqu'il dit [52]: ¨ Cependant lorsque etc.¨. Il montre comment il faut entendre ce qui vient d'être dit. Et il dit que ceux qui disent cela ne veulent rien dire d'autre que la liberté et l'esclavage, que la noblesse et la condition du commun ne se distinguent que par la seule puissance de l'esprit: ainsi ceux dont l'esprit est fort sont libres et nobles et ceux dont l'esprit est faibles sont esclaves et de condition modeste, conformément à ce que le Seigneur dit dans le livre des Rois (1, 11, 30): ¨Ceux qui me méprisent sont sans noblesse¨. Et il en est ainsi car les hommes croient juste que, tout comme un homme est engendré par un homme et une bête par une bête, ainsi un homme bon est engendré par des hommes bons. Et c'est de là que provient l'honneur de la noblesse alors que les fils honorés comme bons sont comme semblables à leurs pères en bonté. |
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[79151] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 12 Et verum est quod natura habet inclinationem ad
hoc faciendum: provenit enim ex bona corporis complexione et natura quod
aliqui inclinantur magis vel minus ad opera virtutum vel vitiorum, sicut
aliqui naturaliter sunt iracundi et aliqui mansueti: et haec quidem, scilicet
natura corporalis, a patre derivatur ad posteros, ut in pluribus, sicut et
aliae dispositiones corporales, puta pulchritudo, fortitudo et alia
huiusmodi: sed propter aliquod impedimentum, quandoque deficit. Et ideo ex
bonis parentibus nascuntur multoties boni filii; sed propter aliquod
impedimentum non potest natura semper hoc facere: et ideo quandoque ex
parentibus bene dispositis ad virtutem oriuntur filii male dispositi, sicut
ex parentibus pulchris turpes filii, et ex magnis parvi. |
86. Et il est vrai que la nature tend à réaliser cela: en effet, c'est à partir d'une complexion corporelle favorable et comme naturellement que certains tendent plus ou moins aux oeuvres vertueuses ou aux actes mauvais, tout comme certains sont naturellement portés à la colère ou à la douceur: et certes cette dernière, à savoir la nature corporelle, passe dans la plupart des cas du père à ses enfants, tout comme les autres dispositions corporelles comme la beauté, la force et les autres qualités de la sorte; mais en raison de quelque empêchement il arrive que cela ne se produise pas. Et c'est pourquoi il arrive souvent que de bons enfants naissent de bons parents; mais en raison d’un obstacle la nature ne peut toujours réaliser cela: et c'est pourquoi il arrive que de parents bien disposés à la vertu naissent parfois des enfants qui y sont mal disposés, tout comme de parents qui sont beaux naissent des enfants laids et que de parents qui sont grands naisse une descendance qui restera petite. |
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[79152] Sententia
Politic., lib. 1 l. 4 n. 13 Contingit
etiam quod filii diversificantur a parentibus in bonitate vel malitia non
solum propter dispositionem naturalem corporis, sed etiam propter rationem
quae non ex necessitate sequitur naturalem inclinationem: unde contingit quod
homines qui sunt similes parentibus in dispositione naturali, propter aliam
instructionem et consuetudinem sunt etiam in moribus dissimiles. Si igitur
bonorum parentum filii sint boni, erunt nobiles et secundum opinionem et
secundum veritatem: si autem sint mali, erunt nobiles secundum opinionem,
ignobiles autem secundum rei veritatem: e contrario autem est de filiis
malorum. |
87. Il arrive cependant que les enfants diffèrent de leurs parents en bonté ou en malice non seulement en raison d’une disposition naturelle du corps mais à cause de la raison qui ne suit pas nécessairement l’inclination naturelle : d’où il arrive que des enfants qui sont semblables à leurs parents quant aux dispositions naturelles en diffèrent quant aux mœurs en raison d’une formation et d’habitudes différentes. Si donc les enfants de parents bons sont bons, ils seront nobles à la fois selon la réputation et selon la vérité; mais s’ils sont mauvais, ils seront nobles selon l’opinion, mais ignobles selon la vérité des choses : et ce sera l’inverse pour les enfants de parents mauvais. |
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[79153] Sententia Politic., lib. 1 l. 4 n. 14 Deinde cum dicit quod quidem igitur etc.,
ostendit quomodo servire aliquibus sit expediens vel non: concludens
epilogando ex praemissis quod dubitatio, quae supra mota est, habet quamdam
rationem: ita quod quaedam libertatis et servitutis distinctio non est
secundum naturam, sed secundum legem: sed in quibusdam distinguitur per
naturam: et in talibus expedit huic quod serviat et illi quod dominetur, et
hoc etiam iustum est. Et hoc probat: quia opportunum est quod unusquisque
subiiciatur vel principetur secundum quod habet aptitudinem naturalem: unde
et his qui habent aptitudinem naturalem ad hoc, expedit quod dominentur
servis: sed si male dominentur et contra aptitudinem naturalem, inutile est
ambobus. Quod probat per hoc, quia videmus quod idem expedit parti et toti:
scilicet, ut pars contineatur in toto: et similiter corpori et animae, ut scilicet
corpus regatur ab anima. Quod autem servus comparetur ad dominum sicut corpus
ad animam, supra dictum est; sed etiam comparatur ad ipsum sicut quaedam pars
eius, ac si esset quoddam organum animatum quod esset quaedam pars corporis
separata: hoc enim distinguit servum a parte, ut supra dictum est. Et ideo
patet ex praemissis, quod servo et domino qui sunt digni esse tales secundum
naturam expedit adinvicem quod unus sit dominus et alius sit servus; et ideo
potest esse amicitia inter eos, quia communicatio duorum in eo quod expedit
utrique est ratio amicitiae. Sed illi qui non sic se habent adinvicem
secundum naturam, sed solum secundum legem et violentiam, contrario modo se
habent, quia non habent amicitiam adinvicem, nec expedit eis quod unus sit
dominus et alius servus. |
88. Ensuite lorsqu’il dit [53]: ¨ Certes donc, que etc.¨ Il montre comment l’esclavage est avantageux à certains ou non : il termine en concluant à partir de ce qui vient d’être dit que le doute soulevé plus haut possède une certaine rationalité de telle manière qu’une des distinctions faite entre la liberté et l’esclavage n’est pas établie selon la nature mais selon la loi; mais chez certains la liberté et l’esclavage se détermine par la nature : et chez ceux-là l’esclavage est utile à la fois à l’esclave et au maître, et il est juste alors qu’il en soit ainsi. Et c’est ce qu’il prouve : car il est avantageux que chacun obéisse ou commande conformément aux aptitudes naturelles qu’il possède : d’où il suit qu’à ceux qui possèdent une aptitude naturelle à cela, il est utile qu’ils commandent aux esclaves : mais s’ils commandaient d’une manière inadéquate et en opposition à leurs aptitudes naturelles, ce commandement serait inutile aux deux parties. Ce qu’il prouve au moyen de ceci que nous voyons que la même chose est utile à la fois à la partie et au tout, à savoir puisque la partie est contenue dans le tout; et de même la même chose est utile à la fois au corps et à l’âme puisque le corps est gouverné par l’âme. Mais nous avons montré précédemment que l’esclave se compare au maître comme le corps à l’âme et aussi comme la partie au tout comme s’il en était un organe animé mais une partie séparée du corps, ainsi que nous l’avons dit. Et alors, à partir de ce qui précède, il est évident qu’à l’esclave et au maître qui sont dignes d’être tels par nature il est mutuellement avantageux que l’un soit maître et l’autre esclave; et c’est à cause de cela qu’il peut exister une amitié entre eux, car la communauté d’intérêt qu’il y a entre les deux à l’égard de ce qui leur est mutuellement avantageux est la raison même de leur amitié. Mais ceux qui ne se rapportent pas ainsi les uns à l’égard des autres selon la nature, mais dont le rapport relève de la loi et de la contrainte se retrouvent dans une relation opposée car ils ne jouissent pas d’une amitié mutuelle et il ne leur est nullement avantageux que l’un soit le maître et l’autre l’esclave. |
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Lectio
5 |
LEÇON 5 (nn. 89-96; [54-60]) ─ Qu’il existe
différentes formes d’administration des cités. Que pareillement l’acquisition
des richesses se réalise conformément à la nature de trois manières :
par l’élevage, l’agriculture et la chasse.
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Leçon 5 |
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[79154] Sententia Politic., lib. 1 l. 5 n. 1 Manifestum autem et ex hiis et cetera. Postquam
philosophus inquisivit de veritate opinionis ponentis servitutem non esse
naturalem, hic accedit ad inquirendum de alia opinione ponente, quod despotia
et est eadem politicae, et quod est scientia quaedam. Et primo excludit
primum modum. Secundo secundum, ibi, despotes quidem igitur et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ostendit quod despotia, idest dominativa, non est
idem quod politica. Secundo, quod oeconomica non est idem quod politica, ibi,
et oeconomica quidem et cetera. Dicit ergo primo, quod ex praedictis potest
esse manifestum, falsam esse opinionem quorumdam qui dicebant, quod despotia,
idest dominativa, et politica et quilibet principatus sunt unum ad invicem:
politica enim est principatus eorum qui sunt liberi secundum naturam,
despotia autem est principatus servorum. Dictum est autem supra, quod
secundum diversitatem subiectorum et principantium est diversitas
principativa, ita quod meliorum subiectorum est melior principatus. Non est
ergo idem principatus, despotia et politica, sed politica est praeeminentior.
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89. Après avoir recherché la vérité relativement à l’opinion affirmant que l’esclavage n’est pas naturel, le Philosophe accède ici à l’examen de cette autre opinion qui prétend que l’autorité du maître est de même nature que celle de l’homme d’État ou du politique et qu’elle constitue une science. Et en premier lieu [54] il écarte la première affirmation. En deuxième lieu il écarte la seconde là [56] où il dit : ¨ Le maître donc etc.¨ Au sujet du premier point il fait deux choses. Il montre d’abord que le pouvoir despotique, c’est-à-dire celui du maître, n’est pas identique à celui de l’homme d’État [54]. Deuxièmement, il montre que l’autorité domestique et celle de l’homme d’État ne sont pas identiques là [55] où il dit : ¨ Et certes l’autorité domestique etc.¨ Il dit donc en premier [54] qu’à partir de ce qui précède il est possible de manifester que cette opinion, à savoir celle de ceux qui affirmaient que l’autorité despotique, c’est-à-dire celle du maître, est identique à celle de l’homme d’État et que toutes les formes d’autorité sont de même nature, est fausse : car l’autorité de l’homme d’État est celle qui se rapporte à des hommes qui sont libres selon la nature alors que l’autorité du maître s’adresse à des esclaves. Mais nous avons dit plus haut que le commandement qui s’exerce sur les inférieurs diffère de celui qui s’exerce sur les supérieurs de telle sorte que le commandement qui s’exerce sur les meilleurs sujets est meilleur. Donc l’autorité despotique n’est pas identique à l’autorité politique mais cette dernière au contraire est supérieure. |
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[79155] Sententia Politic., lib. 1 l. 5 n. 2 Deinde cum dicit et oeconomica quidem etc.,
ostendit differentiam politicae ad oeconomicam, sub qua despotia continetur,
cum despotia sit principatus servorum, oeconomica vero omnium qui habitant in
domo, quorum quidam sunt servi et quidam liberi. Differt ergo oeconomica a
politica in hoc, quod oeconomica est quaedam monarchia, idest
principatus unius; omnis enim domus regitur ab uno qui est paterfamilias: sed
politica est principatus liberorum et aequalium: unde commutantur personae
principantes et subiectae propter aequalitatem, et constituuntur etiam plures
principatus vel in uno, vel in diversis officiis. Videtur autem haec
differentia non esse conveniens. Primo quidem, quia non omnis oeconomica
videtur esse monarchia, sed solum cum pater domum regit; cum vero vir et uxor
dominentur, est aristocratia; cum vero fratres in domo, est thimocratia vel
politica, ut dicitur in octavo Ethicorum. Secundo etiam quia monarchia est
una politiarum, ut in tertio dicetur. Dicendum autem ad primum, quod
philosophus loquitur hic de domus principatu secundum optimum suum statum qui
perseverare potest: quod autem fratres principentur in domo, hoc non est ad
semper, sed quousque haereditatem dividant, et unusquisque domum suam regat. Principatus
autem uxoris in domo non est simpliciter, sed secundum quid, cum et ipsa sit
subiecta viro; et si aliter accidat, est inordinatio et corruptio domus. Ad
secundum dicendum, quod hic loquitur de principatu politicae, secundum quod
politicum distinguitur a regali, ut supra habitum est. |
90. Ensuite lorsqu’il dit [55] : ¨ Et l’autorité domestique etc.¨ Il montre la différence qui existe entre l’autorité de l’homme d’État et l’autorité domestique qui comprend l’autorité despotique puisque cette dernière est celle qui se rapporte aux esclaves alors que l’autorité domestique s’adresse à tous ceux qui habitent la maison dont certains sont des esclaves et d’autres des hommes libres. L’autorité domestique diffère donc de l’autorité de l’homme d’État en ceci qu’elle est une certaine forme de monarchie puisqu’elle consiste dans le commandement d’un seul homme : en effet toute famille est administrée par un seul homme : le père de famille; l’autorité de l’homme d’État au contraire s’adresse à des hommes libres et égaux : d’où l’on voit que les personnes qui commandent et celles qui obéissent, en raison de leur égalité, s’échangent mutuellement leurs rôles et que de nombreux commandements sont constitués soit dans un seul soit dans plusieurs rôles. Mais cette différence ne semble pas juste. Premièrement certes parce que ce n’est pas toute autorité domestique qui semble être une monarchie mais seulement celle où c’est le père qui administre la famille; lorsque c’est à la fois l’homme et la femme qui commandent, elle est une aristocratie; lorsque ce sont les frères qui possèdent ce pouvoir sur la famille, il s’agit d’une démocratie ou d’une autorité comparable à celle de l’homme d’État ainsi qu’on le voit dans le huitième libre des Éthiques. Deuxièmement encore parce que la monarchie est une des formes d’autorité de l’homme d’État, comme nous le dirons au troisième livre de cet ouvrage. Mais à l’égard de la première objection, il faut dire que le Philosophe parle ici de l’administration de la famille selon le statut le plus parfait qui puisse durer : mais que les frères possèdent le pouvoir dans la famille, cela ne se produit pas toujours mais seulement dans la mesure où ils doivent se partager l’héritage et même là, chacun d’eux doit administrer sa propre famille. Et d’autre part l’autorité de l’épouse dans la famille n’est pas pure et simple mais elle s’exerce sous un certain rapport seulement puisqu’elle-même est soumise à son époux; et si les choses se passent autrement, il se produit un désordre et une détérioration de la famille. Pour ce qui est de la deuxième objection, disons que le philosophe parle ici de l’autorité de l’homme d’État selon qu’elle s’oppose à l’autorité monarchique, ainsi que nous l’avons établi plus haut. |
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[79156] Sententia Politic., lib. 1 l. 5 n. 3 Deinde cum dicit despotes quidem igitur etc.,
improbat praedictam opinionem quantum ad hoc, quod ponebat despotiam esse
scientiam. Et primo ostendit, quod non est scientia. Secundo, quod habet
quamdam scientiam adiunctam, ibi, scientia autem utique erit. Dicit ergo
primo, quod despotes non dicitur secundum scientiam, quia scilicet sciat
dominari, sed ex eo quod est sic dispositus secundum naturam vel legem quod
dominetur; et similiter dicendum est de servo et libero. Sed despotia est qua
aliquis denominatur despotes: ergo despotia non est scientia. |
91. Ensuite lorsqu’il dit [56] : ¨ le maître certes¨. Il rejette l’opinion qui précède quand à ceci qu’elle affirmait que l’autorité du maître est une science. Et en premier lieu il montre que ce n’est pas le cas [56]. Deuxièmement, il montre qu’il existe cependant une science qui lui est rattachée, là [57] où il dit : ¨Mais une science etc.¨. Il dit donc en premier que le maître ne se dénomme pas ainsi d’après une science qui lui donnerait de savoir commander mais à partir de ce qu’il est ainsi disposé selon la nature ou selon la loi; et on doit dire la même chose de l’esclave ou de l’homme libre; mais l’autorité despotique est celle par laquelle quelqu’un est appelé maître ou despote; l’autorité du maître n’est donc pas une science. |
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[79157] Sententia Politic., lib. 1 l. 5 n. 4 Deinde cum dicit scientia autem etc., ostendit
quod despotia habet scientiam adiunctam. Et circa hoc duo facit. Primo
proponit quod intendit, dicens, quod est quaedam scientia despotica, idest
dominativa, et quaedam servilis. Secundo ibi, servilis quidem etc.,
manifestat de utraque. Et primo de servili. Secundo de despotica, ibi,
despotica autem et cetera. Dicit ergo primo, quod servilis scientia est
qualem quidam in civitate Syracusanorum docuit, qui accepto pretio docuit
pueros quaedam ancillaria ministeria, idest docuit eos facere quaedam
ministeria, quae ancillae facere consueverunt vel alii servi. Et haec
scientia ad plus se extendit, ad praeparanda pulmenta, et alia huiusmodi
ministeria facienda. Quorum tamen ministeriorum differentia attendatur
secundum duo: scilicet secundum dignitatem et necessitatem: quaedam enim sunt
honorabiliora, tamen minus necessaria, sicut ministerium de delicatis
cibariis praeparandis: quaedam autem sunt ministeria magis necessaria, sed
minus honorabilia, sicut ministerium de pane faciendo. Unde et proverbium
inolevit, quod non omnes servi sunt aequales, sed servus praefertur servo,
sicut dominus domino. Quia igitur talia ministeria sunt servorum, manifestum
est quod omnes tales scientiae sunt serviles: unde ad harum differentiam
dicuntur aliquae artes liberales, quae deputantur ad actus liberorum. |
92. Ensuite lorsqu’il dit [57] : ¨Mais une science¨ Il montre que l’autorité du maître se trouve cependant à être rattachée à une certaine science. Et à ce sujet il fait deux choses. D’abord il présente son propos [57] en disant qu’il existe une science despotique qui appartient au maître, et une science de l’esclave. Deuxièmement, là (ibid.) où il dit : ¨ Certes la science qui se rapporte à l’esclave etc.¨, Il manifeste l’une et l’autre science. Et en premier lieu il manifeste la science qui se rapporte à l’esclave [57]. Deuxièmement il manifeste la science qui se rapporte au maître là [58] où il dit : ¨Mais la science relative au maître etc.¨ Il dit donc en premier lieu [57] que la science relative à l’esclave est celle qui enseignait, aux jeunes esclaves dans la cité de Syracuse moyennant un salaire, les différents services domestiques, à savoir qu’elle leur enseignait à accomplir les services que les servantes ou d’autres esclaves avaient l’habitude d’exécuter. Et cette science s’étend à plus de choses qu’à la simple préparation des mets ou qu’à la réalisation des autres services de même sorte. Cependant la différence entre ces services retient notre attention sur deux critères, à savoir la dignité et la nécessité : certains d’entre eux en effet sont plus honorables mais moins nécessaires, comme le service de la préparation des mets délicats; d’autres cependant sont des services plus nécessaires mais moins honorables, comme celui de la fabrication du pain. Et c’est dans cette différence que le proverbe s’enracine, qui affirme que tous les esclaves ne sont pas égaux mais que certains sont préférables à d’autres et qu’il en est de même pour les maîtres. Donc puisque de tels services appartiennent aux esclaves, il est manifeste que tous les savoirs de cette sorte sont serviles : c’est pourquoi, à la différence de ceux-là, certains arts sont appelés libéraux, à savoir ceux qui se rapportent aux opérations des hommes libres. |
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[79158] Sententia Politic., lib. 1 l. 5 n. 5 Deinde cum dicit despotica autem etc.,
manifestat quae sit despotica scientia. Et circa hoc tria facit. Primo
manifestat propositum. Secundo ostendit conditionem despoticae scientiae,
ibi, est autem haec scientia et cetera. Tertio agit de quadam scientia
affini, ibi, acquisitiva autem et cetera. Dicit ergo primo, quod despotica
scientia dicitur per quam aliquis scit bene uti servis, non autem illa per
quam aliquis acquirit servos. Et hoc probat per hoc, quod aliquis dicitur despotes,
idest dominus, non in possidendo, idest in acquirendo servos, sed
magis in hoc quod utitur ipsis. |
93. Ensuite lorsqu’il dit [58] : ¨ Mais la science du maître etc.¨ Il manifeste ce qu’il en est de la science du maître. Et à ce sujet il fait trois choses. D’abord [58] il manifeste son propos. Deuxièmement il montre le statut de la science du maître, là [59] où il dit : ¨Mais cette science est etc.¨ Troisièmement il traite d’une science qui lui est apparentée là [60] où il dit : ¨ Mais l’art d’acquérir est différent etc.¨ Il dit donc en premier lieu [58] qu’on appelle science du maître celle au moyen de laquelle quelqu’un sait comment bien se servir des esclaves, et non celle par laquelle il les acquiert. Et il prouve cela au moyen de ceci, à savoir qu’on appelle maître, c’est-à-dire seigneur, non pas celui qui possède les esclaves pour les avoir acquis, mais plutôt celui qui sait s’en servir. |
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[79159] Sententia Politic., lib. 1 l. 5 n. 6 Deinde cum dicit est autem haec scientia etc.,
ostendit conditionem huius scientiae; et dicit, quod haec scientia non est
magnae aestimationis aut venerationis. Et hoc probat primo per rationem: quia
scilicet dominativa scientia in hoc consistit, ut homo sciat uti servis
praecipiendo eis: et hoc non est magnum: eadem enim sunt quae scire oportet
servum ad faciendum, et dominum ad praecipiendum: unde patet quod non est
magni momenti talis scientia. Secundo manifestat idem per consuetudinem
humanam: quia enim haec scientia non reputatur alicuius momenti, ideo
quicumque possunt se expedire ut non patiantur hoc malum, idest ut non
impediantur circa curam servorum, ipsi expediunt se et vacant vel vitae
politicae vel vitae civili, vel vitae philosophicae; curam autem servorum
committunt alicui procuratori. |
94. Ensuite lorsqu’il dit [59] : ¨ Cette science cependant est etc.¨ Il montre le statut de ce savoir; et il dit que cette science n’a rien de très estimable ni de très honorable. Et il le montre d’abord au moyen d’une raison : à savoir que la science du maître consiste en ceci que l’homme sait comment se servir des esclaves en usant de son autorité et il n’y a rien de grand en cela : ce sont les mêmes choses en effet que l’esclave doit savoir faire et que le maître doit savoir commander; d’où il est évident qu’une telle science n’a pas une grande importance. Deuxièmement il manifeste la même chose au moyen de ce qui est en usage parmi les hommes : car en effet ce savoir n’est pas réputé avoir une grande importance; c’est pourquoi ceux qui peuvent éviter de souffrir cet ennui pour ne pas être absorbés dans l’administration des esclaves s’en libèrent pour se consacrer à la vie politique, à la vie sociale ou à la philosophie en déléguant à un commissaire le soin d’administrer les esclaves. |
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[79160] Sententia
Politic., lib. 1 l. 5 n. 7 Deinde
cum dicit acquisitiva autem etc., quia dixerat, quod despotica scientia non
consistit in acquirendo servos, subdit quod quaedam alia scientia est
acquisitiva servorum, quae differt et a servili et a despotica: et haec est
multiplex. Exemplificat autem de duabus: per quarum unam acquirit homo
homines in servos, et haec est scientia peragendi iusta bella, in quibus qui
capiuntur iure servi efficiuntur (si autem bellum esset iniustum, non esset
iusta acquisitio servorum, unde non esset secundum scientiam); alia autem
scientia est, per quam homo acquirit bestias in servos, et ista est scientia
venandi. |
95. Ensuite lorsqu’il dit [60] : ¨ Mais l’art d’acquérir etc.¨ Parce qu’il avait dit que la science du maître ne consiste pas à acquérir les esclaves, il ajoute que l’art d’acquérir les esclaves diffère à la fois du savoir de l’esclave et du savoir du maître et qu’il comporte divers aspects. Et il illustre les deux formes de cet art : et l’une d’elles est celle au moyen de laquelle l’homme acquiert d’autres hommes comme esclaves, et cette dernière est la science qui consiste à savoir poursuivre des guerres justes dans lesquelles ceux qui sont pris en captivité sont conduits en esclavage ( mais si la guerre était injuste, l’acquisition des esclaves ne serait pas juste et elle ne serait pas une science); et l’autre est la science par laquelle l’homme acquiert des bêtes à son service et cet art est celui de la chasse. |
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[79161] Sententia
Politic., lib. 1 l. 5 n. 8 Ultimo
autem epilogando concludit, quod de domino et servo intantum determinatum
sit. |
96. Finalement il termine en concluant qu’il a suffisamment traité du maître et de l’esclave. |
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Lectio
6 |
LEÇON 6 (nn. 97-110; [61-70]) ─ Comment les
richesses peuvent être acquises conformément à la nature. Et que ces
dernières sont autant d’instruments variés ordonnés à la vie familiale et
publique.
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Leçon 6 |
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[79162] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 1 Totaliter autem de omni possessione et cetera.
Postquam philosophus determinavit de domino et servo, qui est possessio
quaedam, hic determinat communiter de omni possessione. Et dividitur in
partes duas. In prima determinat de ea quantum ad scientiam. In secunda
quantum ad usum, ibi, quoniam autem quae ad scientiam et cetera. Circa primum
duo facit. Primo dicit de quo est intentio. Secundo movet dubitationes, ibi,
primum quidem igitur et cetera. Dicit ergo primo, quod quia dictum est de
servo, quod servus est quaedam possessio, oportet considerare eo modo, quo
tractavimus de servo, universaliter de omni possessione, et de arte quae est
de pecuniis. |
97. Après avoir traité du maître et de l’esclave, ce dernier étant considéré comme une sorte de propriété, il traite par la suite ici de toute forme de propriété. Et il divise ce sujet en deux parties. Dans la première il traite de la propriété sous le rapport du savoir [61]; dans la deuxième il l’examine quant à l’usage, là [90] où il dit : ¨ Mais puisque les choses qui sous le rapport du savoir etc.¨ Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il dit quel est son propos [61]. Deuxièmement il soulève une question, là [62] où il dit : ¨En premier lieu on pourra se demander etc.¨ Il dit donc en premier lieu [61] que puisqu’on a dit de l’esclave qu’il est une sorte de propriété, il faut examiner selon une méthode identique ce qu’il en est universellement de toute propriété et de l’art d’acquérir les richesses. |
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[79163] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 2 Deinde cum dicit primum quidem igitur etc.,
movet quasdam dubitationes. Primo movet eas. Secundo incipit eas solvere,
ibi, quod quidem igitur et cetera. Prima autem dubitatio dividitur in duas;
quarum prima est, utrum ars pecuniativa, idest acquirendi pecunias,
sit omnino eadem oeconomiae, vel sit potius pars quaedam ipsius; aut non sit
eadem, neque pars, sed potius subministrativa. Manifestum est enim,
quod pecuniativa aliquo modo ad oeconomicam pertinet: unde oportet quod
aliquo istorum modorum se habeat ad eam. Non autem idem est, quod aliqua ars sit pars alterius,
et quod sit subministrativa ei; nam ars dicitur esse pars alterius artis,
quae considerat partem eius, quod considerat alia ars; sicut ars quae facit
cultellum, est ars fabrilis, quia cultellus est quaedam species operum ex
ferro factorum. Ars autem subministrativa dicitur, quae facit aliquid in
ministerium alterius artis, sicut ars quae fodit ferrum, subministrat arti
fabrili. Et quia pecunia est in ministerium domus, ideo magis videtur esse
subministrativa quam pars. |
98. Ensuite lorsqu’il dit [62]: ¨ En premier lieu on etc.¨ Il soulève certaines questions. Et d’abord il les soulève [62]. Deuxièmement il commence à y répondre, là [63] où il dit : ¨ Donc, certes, que etc.¨ Mais la première question se divise en deux [62] dont la première se présente ainsi : est-ce que l’art de l’enrichissement, c’est-à-dire l’art d’acquérir les richesses, est tout à fait identique à l’art de l’administration domestique, c’est-à-dire à l’économique, ou s’il n’en est pas plutôt une partie; ou s’il n’est pas identique à l’économique et qu’il n’en est pas une partie, en est-il un auxiliaire? Il est manifeste en effet que l’art d’acquérir les richesses se rapporte d’une certaine manière à l’administration domestique; d’où il suit qu’il doit s’y rapporter selon une de ces modalités. Mais l’art qui fait partie d’une autre et celui qui en est l’auxiliaire ne sont pas identiques. Car l’art qu’on dit faire partie d’un autre art est celui qui considère une partie de ce que considère un autre art, comme l’art qui fabrique les couteaux est un art qui fait partie de l’art du forgeron car le couteau est une partie des choses qui sont fabriquées à partir du fer. Mais on appelle auxiliaire l’art qui fait quelque chose au service d’un autre art, comme l’art qui fond le fer prête assistance à l’art du forgeron. Et parce que les richesses sont au service de la maison, il semble que l’art de les acquérir soit davantage un auxiliaire de l’administration domestique qu’un art qui en est une partie. |
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[79164] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 3 Et ideo movet secundam dubitationem. Invenitur
enim, quod una ars ministrat alii dupliciter. Uno modo praeparando ei organum
quo operatur; sicut ars quae facit pectinem cum quo texitur, ministrat arti
textili proprium instrumentum. Alio modo, quia exhibet ei materiam qua
operatur; sicut ars quae praeparat aes deservit arti quae facit statuam ex
aere, et illa quae praeparat lanam deservit textori. Est ergo dubitatio,
utrum ars acquirendi pecuniam deserviat oeconomicae, sicut praeparans
materiam, vel sicut praeparans instrumentum. |
99. Et c’est pour cette raison qu’il soulève la deuxième question. Il se trouve en effet que c’est de deux manières qu’un art peut être au service d’un autre. Premièrement, en lui préparant les instruments dont il se sert dans ses opérations comme l’art qui fabrique le peigne avec lequel on tisse fournit à l’art du tisserand son instrument propre. D’une deuxième manière, en lui présentant la matière sur laquelle il opère, comme l’art qui prépare le bronze est au service de l’art qui produit la statue à partir de ce métal, et celui qui prépare la laine est au service de l’art du tisserand. Le doute soulevé est donc celui-ci : est-ce que l’art d’acquérir les richesses est au service de l’administration domestique à titre d’art qui prépare la matière ou à titre d’art qui prépare l’instrument? |
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[79165] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 4 Deinde cum dicit quod quidem igitur etc.,
incipit solvere praedictas dubitationes. Et primo ostendit, quod pecuniativa
non est eadem oeconomicae. Secundo inquirit, utrum sit pars eius, aut
subministrativa vel potius sit aliquid extraneum ab ea, ibi, utrum autem pars
ipsius est et cetera. Primo ergo solvit primam dubitationem, ostendens quod
pecuniativa non sit omnino eadem oeconomicae: quia ad pecuniativam pertinet
acquirere pecunias, ad oeconomicam autem pertinet uti eis. Nulla enim alia
ars est, ad quam pertineat uti his quae sunt utilia domui, nisi oeconomicae.
Manifestum est autem etiam in aliis, quod ars quae utitur est alia ab ea quae
facit vel acquirit; sicut ars gubernatoria est alia a navifactiva; ergo
oeconomica est alia a pecuniativa. Ex quo etiam manifestum est, quod
pecuniativa magis est ministrativa quam pars: semper enim ars factiva
deservit arti utenti, sicut quae facit fraenum militari. Ex quo etiam
manifestum fit, quod pecuniativa magis subministrat per modum praeparantis
instrumenta, quam per modum praeparantis materiam. Pecunia enim et omnes
divitiae sunt quaedam instrumenta oeconomicae, ut infra dicetur. |
100. Ensuite lorsqu’il dit [63] : ¨ Donc, que etc.¨ Il commence à répondre aux questions précédentes. Et il montre en premier lieu que l’art d’acquérir les richesses n’est pas identique à l’art de l’administration domestique. Deuxièmement il se demande s’il en est une partie ou s’il n’est pas plutôt un art qui lui prête assistance ou s’il n’est pas finalement quelque chose qui lui est étranger, là [64] où il dit : ¨ Mais en est-il une partie etc.¨ En premier lieu donc il répond à la première question [63], montrant que l’art d’acquérir les richesses n’est absolument pas identique à l’art d’administrer la maison ou à l’économique, car il appartient à l’art de faire des affaires d’acquérir des richesses alors qu’il appartient à celui de l’administration domestique d’en faire un bon usage. Il n’existe aucun autre art que celui de l’administration domestique auquel il appartient de bien user des choses qui sont utiles à la maison. Mais il est manifeste aussi dans bien d’autres domaines que l’art qui utilise les choses diffère de celui qui les fabrique ou qui les acquiert, comme l’art de gouverner les navires diffère de celui qui les fabrique. Donc, l’art d’administrer la maison, l’économique, diffère de l’art d’acquérir les richesses. Et à partir de là il est évident que l’art d’acquérir les richesses est davantage un art qui est au service de l’économique qu’une partie de cette dernière. Toujours en effet l’art qui fabrique une chose est au service de l’art qui s’en sert, comme l’art qui fabrique les brides est au service de l’art militaire. Et à partir de là il devient aussi évident que l’art de faire des affaires est un art qui prête assistance à l’économique davantage par mode de préparation de l’instrument que par mode de préparation de la matière. En effet, l’argent et toutes les autres formes de richesses sont comme autant d’instruments de l’économique ou de celui qui administre la maison, comme nous le verrons plus loin. |
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[79166] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 5 Deinde cum dicit utrum autem pars (ipsius) est
etc., inquirit, utrum pecuniativa sit pars oeconomicae vel aliquid extraneum
ab ipsa; et dividitur in partes duas. In prima movet dubitationem. In secunda
prosequitur eam, ibi, si enim est pecuniativae et cetera. Dicit ergo primo, quod
cum pecuniativa non sit eadem oeconomicae, quae universaliter utitur divitiis
et possessionibus, dubitari potest, utrum pecuniativa sit quaedam pars ipsius
oeconomicae, aut sit altera species ab oeconomica. |
101. Ensuite lorsqu’il dit [64] : ¨ Mais est-ce que etc.¨ Il se demande si l’art d’acquérir les richesses est une partie de l’économique ou plutôt un art qui lui est étranger; et il divise cette question en deux parties. En premier lieu il soulève la question [64]. Dans la deuxième il l’examine là [65] où il dit : ¨ Si en effet il appartient à l’homme d’affaires etc.¨. Il dit donc en premier lieu [64] que puisque l’art d’acquérir les richesses n’est pas identique à celui qui les administre, lequel fait usage universellement de toutes les richesses et de toutes les formes de propriétés, on pourrait se demander si l’art d’acquérir les richesses est une partie de l’économique ou s’il est un art d’une espèce différente. |
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[79167] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 6 Deinde cum dicit si enim est pecuniativae etc.,
prosequitur praedictam dubitationem. Et primo ostendit differentiam
pecuniativae ad aliam possessivam. Secundo determinat propositam quaestionem,
ibi, palam autem et quod dubitabant et cetera. Circa primum tria facit. Primo
movet dubitationem de differentia pecuniativae ad alias possessivas. Secundo
determinat de alia possessiva, ibi, insuper species multae ciborum et cetera.
Tertio determinat de pecuniativa, ibi, est autem genus aliud et
cetera. Dicit ergo primo, quod cum ad pecuniativam pertineat considerare,
unde pecuniae acquirantur; multa autem alia possidentur praeter pecuniam,
sicut terrae nascentia et alia huiusmodi: quaestio est de agricultura per
quam aliquae divitiae acquiruntur, utrum sit quaedam pars pecuniativae, vel
aliud genus artis: et quia agricultura ordinatur ad acquirendum cibum, eadem
quaestio potest moveri de arte quae ordinatur ad acquirendum universaliter
cibum. |
102. Ensuite lorsqu’il dit ¨ Si en effet il appartient etc.¨. Il examine la question précédente. Et en premier lieu il montre la différence qui existe entre l’art d’acquérir l’argent et l’art d’acquérir les autres formes de propriétés [65]. Deuxièmement il répond à la question présentée là [86] où il dit : ¨ Mais manifestement ce qu’on se demandait etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. D’abord il soulève la question sur la différence entre l’art d’acquérir l’argent et l’art d’acquérir les autres formes de propriétés [65]. Deuxièmement il détermine de l’art d’acquérir les autres formes de propriétés, là [66] où il dit : ¨ En outre il existe plusieurs espèces de nourritures etc.¨. Troisièmement il détermine de l’art d’acquérir de l’argent là [71] où il dit : ¨ Il y a un autre genre etc.¨. Il dit donc en premier lieu [65] que puisque c’est à l’art d’acquérir de l’argent qu’il appartient de considérer d’où proviennent les richesses, et qu’il existe bien d’autres formes de possessions que l’argent, comme la terre ancestrale et d’autres possessions de ce genre, la question est de savoir si l’agriculture, au moyen de laquelle certaines richesses sont acquises, est une partie de l’art d’acquérir de l’argent ou bien si elle est un art de genre différent : et parce que l’agriculture est un art ordonné à l’acquisition de la nourriture, la même question peut être soulevée pour tout autre art qui cherche à acquérir des biens. |
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[79168] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 7 Deinde cum dicit insuper species multae etc.,
solvit propositam quaestionem. Et primo dividit acquisitionem ciborum in
multas partes. Secundo ostendit qualis sit, ibi, talis quidem igitur
acquisitio et cetera. Circa primum duo facit. Primo ostendit diversitatem
ciborum in animalibus. Secundo in hominibus, ibi, similiter autem et hominum
et cetera. Dicit ergo primo, quod multae sunt ciborum species; et ex hoc
diversificantur modi vivendi tam in animalibus quam in hominibus: cum enim
non sit possibile vivere sine cibo, necesse est quod secundum differentiam
ciborum differat modus vivendi in animalibus: videmus enim quod quaedam
bestiae vivunt congregata in multitudine et quaedam vivunt dispersa et
separata secundum quod expedit ad cibum ipsorum; quaedam enim ipsorum sunt
animalifaga, id est comedentia animalia, fagi enim in Graeco idem est quod
comedere; quaedam vero comedunt fructus, quaedam vero comedunt indifferenter
omnia. Unde natura distinxit vitas eorum, secundum cibos quos eligunt
naturaliter, et secundum quod vivunt in desidia vel in pugna: nam ea quae
comedunt animalia alia oportet esse pugnativa et quod dispersa vivant, aliter
enim non possent cibum invenire; sed animalia quae comedunt cibum, qui de
facili potest inveniri, vivunt simul. Et quia in quolibet dictorum generum
diversa sunt delectabilia diversis animalibus; non enim omnia animalia
comedentia carnes delectantur in eisdem carnibus, et similiter nec omnia
animalia comedentia fructus delectantur in eisdem fructibus: inde contingit
quod etiam animalium quae comedunt carnes, sunt diversi modi vivendi, et
similiter eorum quae comedunt fructus. |
103. Ensuite lorsqu’il dit [66] : ¨ En outre plusieurs espèces etc.¨. Il répond à la question présentée. Et en premier lieu il divise l’acquisition de la nourriture en plusieurs parties [66]. Deuxièmement il montre quelle est cette acquisition, là [68] où il dit : ¨ Donc une telle acquisition est certes etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. D’abord il montre les différentes formes d’alimentation chez les animaux [66]. Deuxièmement il montre la même chose chez les êtres humains là [67] où il dit : ¨ Mais il en est de même chez les hommes etc.¨. Il dit donc en premier lieu [66] qu’il existe de nombreuses sortes de nourritures; et c’est à partir de là que les modes de vie diffèrent tant chez les animaux que chez les humains : en effet, puisqu’il n’est pas possible de vivre sans nourriture, il est nécessaire que ce soit selon les différences d’alimentation que diffèrent les modes de vie chez les animaux : nous voyons en effet que certaines bêtes vivent assemblées dans une multitude alors que d’autres vivent dispersées et séparément selon qu’il convient à leur mode d’alimentation; certaines en effet se nourrissent de chair animale, d’autres en vérité se nourrissent de fruits alors que d’autres enfin se nourrissent indifféremment de tout ce qui leur tombe sous la patte. C’est pourquoi il ne distingue pas leurs modes de vie, mais les aliments vers lesquels ils tendent naturellement, et d’après lesquels ils vivent soit dans l’oisiveté, soit dans le combat : car les bêtes qui se nourrissent des autres animaux doivent être combatives et vivre en solitaires car autrement en effet elles ne pourraient trouver de nourriture; mais les animaux qui se nourrissent d’aliments qui peuvent être trouvés facilement vivent ensemble. Et parce que ce sont différents aliments qui plaisent à différents animaux selon leur genre, car ce ne sont pas tous les carnivores qui se délectent dans les mêmes sortes de chairs et de même ce ne sont pas tous ceux qui se nourrissent de fruits qui prennent plaisir aux mêmes sortes de fruits, il arrive à cause de cela qu’on retrouve différentes modes de vie chez les bêtes qui sont carnivores comme chez celles qui se nourrissent de fruits. |
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[79169] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 8 Deinde cum dicit similiter autem et hominum
etc., ostendit diversitatem ciborum in hominibus: et dicit quod etiam
secundum diversitatem ciborum in multis differunt vitae hominum. Tripliciter
enim acquirunt aliqui nutrimentum. Quidam enim acquirunt cibum, neque
laborant neque depraedant; et isti sunt otiosissimi: scilicet pastores: quia
cibus qui fit a domesticis animalibus, puta ab ovibus, absque labore fit
hominibus viventibus in otio; sed hunc solum laborem habent quod cum fuerit
necessarium pecoribus propter pascua transire de loco ad locum, tunc et ipsi
coguntur sequi tamquam si colerent quemdam agrum qui viveret et moveretur.
Alii vero sumunt nutrimentum ex praeda, vel quam acquirunt ab hominibus,
sicut latrones, vel quam acquirunt ex aquis stagnorum, paludum, fluviorum et
in aliis, sicut piscatores; vel ex agris et silvis, sicut venatores avium et
bestiarum. Tertium genus vivendi est quod pluribus hominum convenit quod
vivunt ex his quae nascuntur in terra et ex domesticis fructibus: et isti
habent cibum elaboratum. Hae igitur sunt plurimum vitae hominum: praeter eos
enim qui habent cibum elaboratum et qui vivunt de negotiatione, de qua infra
agetur, sunt quatuor vitae simplices: scilicet pascualis, furativa, piscativa
et venativa, ut ex dictis patet: sed cum vita hominum sit deficientissima eo
quod multis indiget, quidam ad hoc quod per se sibi sufficiant, in omnibus
miscent praedictas vitas; et ita delectabiliter vivunt supplentes sibi ex una
quod deest sibi ex altera: sicut quidam exercent simul vitam pascualem et
furativam, quidam simul agricultivam et venativam, et similiter alias vitas secundum
quod unicuique est opportunum. |
104. Ensuite lorsqu’il dit [67] : ¨ Mais de même etc.¨. Il montre les différentes formes d’alimentation chez les hommes : et il dit que c’est aussi d’après la différence d’alimentation que les hommes diffèrent de plusieurs manières quant à leur mode de vie. En effet c’est de trois manières que les humains acquièrent la nourriture. Certains acquièrent la nourriture sans travailler ni piller; et ces derniers sont les plus oisifs : ce sont ceux qui font paître les troupeaux, c’est-à-dire les pasteurs : car la nourriture qui provient des animaux domestiques, par exemple des bœufs, est acquise par les hommes vivant dans l’oisiveté; mais leur seul travail consiste, puisqu’il est nécessaire aux troupeaux de passer d’un lieu à un autre dans la recherche des pâturages, à suivre ces derniers comme s’ils cultivaient un champ vivant en continuel déplacement. D’autres tirent leur nourriture de la prédation, soit qu’ils l’acquièrent des hommes comme les voleurs, soit qu’ils la tirent des lacs, des marais, des fleuves ou de d’autres cours d’eaux comme les pêcheurs, soit qu’ils la trouvent dans les champs et les forêts, comme les chasseurs d’oiseaux et de bêtes sauvages. Le troisième genre de vie est celui qu’on retrouve chez la plupart des humains, c’est-à-dire chez ceux qui vivent de ce qui naît de la terre et des fruits qu’ils ont cultivés : et ces derniers jouissent d’une nourriture acquise par le travail. Donc ces genres de vie sont les plus répandus parmi les humains : en effet à part ceux qui possèdent une nourriture tirée de leur travail et ceux qui vivent du commerce dont nous parlerons plus loin, il existe quatre formes simples de vie : les pasteurs, les voleurs, les pêcheurs et les chasseurs ainsi qu’on le voit à partir de ce que nous avons dit : mais comme la vie des hommes est la plus insatisfaite en raison de ses besoins nombreux et insatiables, certains, en vue de se suffire à eux-mêmes, exercent simultanément et combinent plusieurs des modes de vie qui précèdent : et ceux-là vivent agréablement qui suppléent à ce qui leur manque dans un mode de vie au moyen de ce qu’ils trouvent dans un autre, comme le font ceux qui exercent simultanément la vie pastorale et le vol, ceux qui font à la fois profession d’agriculteur et de chasseur et comme d’autres le font pour toutes les autres formes de vie selon ce qui leur convient. |
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[79170] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 9 Deinde cum dicit talis quidem igitur etc.,
ostendit qualis sit praedicta possessiva quae est acquisitiva cibi. Et primo
ostendit quod est naturalis. Secundo quod est pars oeconomicae, ibi, una
quidem igitur species et cetera. Tertio quod non est infinita, ibi, et
videntur verae divitiae et cetera. Circa primum ponit talem rationem. Sicut
natura providet animalibus statim in prima eorum generatione, ita et postquam
eorum generatio fuerit perfecta. Providet autem eis de nutrimento in prima
eorum generatione: et hoc patet in diversis animalibus: sunt enim quaedam
animalia non generantia animal perfectum, sed faciunt ova, sicut aves vel
vermes quosdam loco ovorum, sicut patet in formicis et in apibus et in aliis
huiusmodi: et huiusmodi animalia coekpariunt, id est simul pariunt cum
propriis foetibus tantum de nutrimento quantum sufficere possit, quousque
animal generatum perveniat ad perfectum: sicut patet in ovo, cuius rubeum
cedit in nutrimentum pulli qui generatur ex albo ovi, et hoc quamdiu pullus
est intra testam; simile est in vermibus. Quaedam autem animalia sunt quae
generant animal perfectum, sicut equus et alia huiusmodi; et in talibus
animalia quae pariunt habent usque ad aliquod tempus cibum in seipsis ab
nutrimentum genitorum, qui quidem cibus vocatur lac. Et sic patet quod in
prima generatione natura providet animalibus de cibo. Unde manifestum est quod
postquam iam animalia sunt perfecta, natura providet eis de cibo: ita quod
plantae sunt propter alia animalia, ut ex eis nutriantur; alia vero animalia
sunt propter homines: domestica quidem et propter cibum et propter alias
utilitates: sylvestria vero, etsi non omnia, tamen plurima eorum cedunt in
cibum hominis, vel aliquo alio modo in auxilium eius, inquantum homo ex eis
acquirit vestitum, scilicet de pellibus eorum; vel etiam alia instrumenta, ut
puta de cornibus, ossibus, aut dentibus. Et sic manifestum est quod homo
indiget ad suam vitam aliis animalibus et plantis. |
105. Ensuite lorsqu’il dit : ¨ Certes une telle etc.¨ Il montre quelle est cette appropriation qui contribue à acquérir la nourriture. Et il montre en premier lieu qu’elle est naturelle [68]. Deuxièmement il montre qu’elle est une partie de l’administration domestique, là [69] où il dit : ¨ Voilà donc une espèce d’acquisition etc.¨. Troisièmement il montre qu’elle n’est pas infinie, là [70] où il dit : ¨ Et ils semblent être les vraies richesses etc.¨. Au sujet du premier point il présente la raison qui suit [68] : tout comme la nature fournit aux animaux dès leur naissance tout ce qui leur convient, il en est de même lorsqu’ils ont atteint leur plein achèvement. Que la nature leur fournit la nourriture dès leur naissance, cela est évident chez toutes les espèces animales : il y a en effet des animaux qui n’engendrent pas des animaux dans leur forme achevée, mais ils produisent des œufs, comme on le voit chez les oiseaux, ou des vers à la place des œufs comme on l’observe chez les fourmis, les abeilles et les autres insectes du même genre; et de tels animaux préparent à leurs rejetons autant de nourriture qu’ils en ont besoin, jusqu’à ce que l’animal engendré parvienne à sa perfection comme on le voit dans l’œuf dont le jaune diminue lors de l’alimentation de l’oisillon qui est engendré à partir de l’œuf blanc, tant que l’oisillon est à l’intérieur de la coquille; et il en est de même chez les vers. Mais il existe d’autres animaux qui sont engendrés dans leur forme achevée, comme les chevaux et les autres animaux de même sorte; et chez ceux-là les animaux qui mettent bas possèdent en eux pendant une certaine période de temps l’aliment qui est destiné à l’alimentation de leurs rejetons et qu’on appelle le lait. C’est ainsi qu’il est évident que la nature pourvoit les animaux de leurs aliments dès leur naissance. Et de là il est manifeste qu’une fois que les animaux ont atteint leur maturité, la nature leur fournit encore leur nourriture : c’est ainsi que les plantes existent en vue des animaux puisque c’est d’elles qu’ils se nourrissent; et les animaux en vérité existent en vue des êtres humains : les animaux domestiques certes servent à leur alimentation et à d’autres commodités : les animaux sauvages, sinon tous, du moins la plupart, finissent leur vie comme repas pour l’homme, ou en quelque autre manière comme ressource quelconque pour satisfaire d’autres besoins, dans la mesure où l’homme tire son vêtement de leurs peaux ou encore dans la mesure où il tire d’autres instruments de leurs cornes, de leurs os ou de leurs dents. Et ainsi il est évident que l’homme a besoin des autres animaux et des plantes pour vivre. |
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[79171] Sententia
Politic., lib. 1 l. 6 n. 10 Sed
natura, neque dimittit aliquid imperfectum, neque facit aliquid frustra; ergo
manifestum est quod natura fecit animalia et plantas ad sustentationem
hominum. Sed quando aliquis acquirit id quod natura propter ipsum fecit, est
naturalis acquisitio: ergo possessiva qua huiusmodi acquiruntur, quae
pertinent ad necessitatem vitae, est naturalis, et pars eius est praedativa,
qua oportet uti et ad bestias quae naturaliter sunt subiectae homini, et ad
homines barbaros qui sunt naturaliter servi, ut supra dictum est, ac si hoc
sit primum iustum bellum secundum naturam. Dixit autem praedativam esse
partem huius possessivae, quia alia pars est agricultura, quae acquirit
nutrimentum ex plantis. |
106. Mais la nature ne laisse rien d’inachevé et ne fait rien en vain. Il est donc évident que la nature a produit les végétaux et les animaux pour conserver l’être humain. Mais quand un être acquiert ce que la nature a produit pour lui, cette acquisition est naturelle : donc cette appropriation, grâce à laquelle ces choses qui sont acquises se rapportent aux nécessités de la vie, est naturelle : et une des parties de cette appropriation est la chasse par laquelle il faut se servir des bêtes sauvages, qui sont par nature assujetties à l’être humain, et des barbares qui sont esclaves par nature, comme nous l’avons dit plus haut, s’il s’agit là d’une guerre qui soit juste par nature. Et il dit que la chasse est une partie de cette appropriation car l’agriculture en est l’autre partie, laquelle acquiert la nourriture à partir des plantes. |
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[79172] Sententia
Politic., lib. 1 l. 6 n. 11 Deinde
cum dicit una quidem igitur etc., concludit ex praemissis quod quaedam
naturalis species possessivae de qua iam dictum est, est pars quaedam
oeconomicae, secundum quod pars dicitur esse quae est subministrativa: subministrat
enim non solum oeconomicae, sed etiam politicae; et hoc ideo, quia oportet ad
actum politici et oeconomici, (ut existant) aut acquirantur et illae res quae
thesaurizantur ad necessitatem vitae et utilitatem communitatis, tam domus
quam civitatis; quia neque domus neque civitas potest gubernari sine
necessariis vitae. |
107. Ensuite lorsqu’il dit [69]: ¨ Certes, une etc.¨. Il conclut à partir de là que cette espèce naturelle d’appropriation dont nous venons de parler est une certaine partie de l’administration domestique au sens où on entend par là qu’elle lui prête assistance : elle prête en effet assistance non seulement à l’administration domestique mais aussi à l’administration publique de la cité; et il en est ainsi parce qu’il faut, tant pour l’homme d’état que pour l’administrateur de la maison, que soient acquises ces choses qui sont amassées en vue de satisfaire aux nécessités de la vie et aux commodités de la vie de la communauté, tant pour la famille que pour la cité; car ni la maison ni la cité ne peuvent être gouvernées sans les ressources qui sont nécessaires à la conservation de la vie. |
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[79173] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 12 Deinde cum dicit et videntur verae divitiae
etc., ostendit quod praedicta possessiva non est infinita. Et dicit quod
verae divitiae sunt ex huiusmodi rebus quibus subvenitur necessitati naturae.
Ideo autem istae sunt verae divitiae, quia possunt tollere indigentiam et
facere sufficientiam habenti eas, ut scilicet homo sit sibi sufficiens ad
bene vivendum. Sunt autem quaedam aliae divitiae, quarum possessio est
infinita, ut infra dicetur; de quibus Solon qui fuit unus de septem
sapientibus dixit in suo poemate, quod nullus terminus divitiarum potest
praefiniri hominibus: unde tales non sunt verae divitiae, quia non replent
hominis appetitum. |
108. Ensuite lorsqu’il dit [70] : ¨ Et elles semblent etc.¨. Il montre que l’appropriation qui dont on vient de parler n’est pas infinie. Et il dit que les véritables richesses proviennent de ce genre de choses par lesquelles on répond aux nécessités naturelles. Et c’est pour cette raison que ces choses sont les vraies richesses, à savoir parce qu’elles contribuent à supporter l’indigence et à rendre autonomes ceux qui les possèdent afin qu’ils se suffisent à eux-mêmes dans la recherche du bien vivre. Mais il existe certaines autres richesses dont la possession est infinie, comme nous le verrons et au sujet desquelles Solon, qui fut l’un des sept sages, dit dans son poème qu’aucune limite de richesse ne peut être imposée aux hommes : il s’ensuit donc que ces richesses dont il parle ne sont pas les véritables richesses car elles ne comblent pas les besoins fondamentaux de l’homme. |
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[79174] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 13 Quod autem divitiae quae consistunt ex rebus
necessariis ad vitam, sint finitae, probat tali ratione. Nullius actus
instrumentum est infinitum neque multitudine neque magnitudine: ars enim
fabrilis non habet infinitos martellos, neque etiam unum martellum infinitum.
Sed praedictae divitiae sunt quaedam organa oeconomici et politici, quia eis
utuntur ad gubernationem domus vel civitatis, ut dictum est. Ergo huiusmodi
divitiae non sunt infinitae, sed est eis aliquis terminus. |
109. Mais que ces richesses qui consistent dans les choses nécessaires à la vie soient limitées, il le prouve au moyen de la raison qui suit. Aucun instrument correspondant à une opération n’est infini en nombre ou en grandeur : en effet l’art du forgeron ne possède pas une infinité de marteaux et aucun de ces derniers n’est infini en grandeur. Mais les richesses dont nous venons de parler sont des instruments de l’économique et du politique car ces derniers s’en servent pour l’administration de la famille et pour celle de la cité ainsi que nous l’avons vu. Ces sortes de richesses ne sont donc pas illimitées mais au contraire elles ont des bornes. |
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[79175] Sententia Politic., lib. 1 l. 6 n. 14 Et ultimo epilogando concludit quod est quaedam
naturalis possessiva quae est necessaria et oeconomicis et politicis; et
propter quam causam, manifestum est ex dictis. |
110. Et finalement, comme en résumant, il conclut qu’il existe une appropriation naturelle qui est nécessaire à la fois à celui qui administre la famille et à celui qui administre la cité; et pour quelle raison il en est ainsi, cela est évident en partant de ce que nous avons dit. |
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Lectio
7 |
LEÇON 7 (nn. 111-121; [71-81]) ─ De l’acquisition par l’échange en vendant les choses inutiles pour acheter celles qui sont nécessaires. De l’invention de la monnaie et d’abord de celle qui est grossière puis ensuite de celle qui porte une empreinte d’où est née la recherche de l’argent. |
Leçon 7 |
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[79176] Sententia Politic., lib. 1 l. 7 n. 1 Est autem genus aliud et cetera. Postquam
philosophus determinavit de una parte possessivae quae est acquisitiva cibi
et aliorum necessariorum vitae, hic determinat de alia possessiva quae
appellatur pecuniativa. Et circa hoc duo facit. Primo proponit conditionem
ipsius. Secundo determinat de ea, ibi, sumamus autem de ipsa et cetera. Circa
primum tria determinat de hac secunda parte possessivae. Primo enim
determinat nomen eius; dicens quod vocatur pecuniativa, quia scilicet
insistit circa acquisitionem pecuniarum. Secundo dicit de ea, quod quia
acquisitio pecuniarum est in infinitum, propter istam partem possessivae
videtur hominibus quod nullus sit terminus divitiarum et possessionis: multi
enim reputant quod haec pars possessivae sit una et eadem cum praemissa,
propter vicinitatem, quam habet cum ipsa. Tertio ponit comparationem huius
possessivae ad praemissam: et dicit quod neque est eadem cum praedicta, neque
tamen longe distat ab ea. Quod autem non sit eadem, manifestat per hoc quod
praedicta pars possessivae, quae est acquisitiva cibi et aliorum
necessariorum vitae, est naturalis; sed haec quae est acquisitiva pecuniae,
non est naturalis. Denarii enim non sunt adinventi a natura, sed per quamdam
experientiam et artem sunt introducti; ideo autem dixit, quod non longe
distant, quia pro denariis etiam necessaria vitae haberi possunt et e
converso. |
111. Après avoir traité d’une partie de la propriété qui est l’acquisition de la nourriture et des autres choses nécessaires à la vie, le Philosophe traite ici d’une autre forme d’acquisition qu’on appelle chrématistique. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il détermine le statut de cette forme d’appropriation [71]. Deuxièmement il cherche à la définir là [72] où il dit : ¨ Mais nous tirons d’elle ce principe etc.¨. Au sujet du premier point il détermine trois choses au sujet de cette deuxième forme de propriété [71] : en effet, il traite d’abord de son nom en disant qu’on l’appelle chrématistique car elle se concentre sur l’acquisition de l’argent. Deuxièmement il dit à son sujet que, puisque l’acquisition de l’argent est infinie, c’est à cause de cette partie de la propriété qu’il semble aux hommes qu’il n’y a aucune limite à l’acquisition des richesses et des propriétés : plusieurs en effet croient que cette partie de la propriété est identique à la précédente en raison de leur proximité. Troisièmement il expose une comparaison qu’il fait entre cette dernière forme d’appropriation et la première : et il dit qu’elle n’est ni identique à la première ni cependant très éloignée d’elle. Et qu’elle ne soit pas identique à la première, il le manifeste de cette manière : la première partie de la propriété, qui se réalise par l’acquisition de la nourriture et des autres choses nécessaires à la vie, est naturelle; mais celle qui s’actualise par l’acquisition de l’argent n’est pas naturelle. En effet la monnaie n’est pas inventée par la nature mais elle est apparue suite à une certaine expérience et à un certain art; et c’est pour cette raison qu’il dit que ces deux formes de propriété ne diffèrent pas considérablement car c’est au moyen de la monnaie que les choses nécessaires à la vie peuvent être acquises et inversement. |
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[79177] Sententia
Politic., lib. 1 l. 7 n. 2 Deinde
cum dicit sumamus autem etc., incipit determinare naturam pecuniativae. Et
quia pecunia est inventa propter commutationes faciendas, ideo circa hoc tria
facit. Primo ostendit quomodo commutatio se habeat ad res commutatas. Secundo
determinat de commutatione naturali, ibi, est enim permutativa omnium et
cetera. Tertio determinat de commutatione pecuniaria, ibi, ex hac tamen facta
est illa et cetera. Dicit ergo primo, quod ad considerandum de pecuniativa
debemus hinc accipere principium: est enim uniuscuiusque rei duplex usus: et
conveniunt in hoc quod uterque est secundum se et non per accidens: differunt
autem in hoc quod unus eorum est proprius usus rei, alius autem non est
proprius sed communis. Sicut duplex est usus calceamenti: unus quidem
proprius, scilicet calciatio, ad hunc enim usum factum est calciamentum;
alius autem non est proprius, scilicet commutatio, non enim ad hoc est factum
calciamentum ut homo commutet ipsum; sed tamen homo sic potest uti
calceamento ut commutet ipsum vel pro pane, vel pro cibo. Et quamvis
commutatio non sit proprius usus calceamenti, est tamen usus eius per se et
non secundum accidens: quia ille qui commutat ipsum, utitur eo secundum
valorem suum. Et sicut dictum est de calceamento, ita intelligendum est de
omnibus aliis rebus quae ab homine possideri possunt. |
112. Ensuite lorsqu’il dit [72] : ¨ Mais nous tirons etc.¨. Il commence à fixer la nature de la chrématistique ou de l’art d’acquérir de l’argent. Et parce que l’argent a été inventé en vue de réaliser des échanges, c’est pour cette raison qu’à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il montre la relation qui existe entre l’échange et les choses échangées [73]. Deuxièmement il détermine de l’échange naturel, là [73] où il dit : ¨ En effet l’échange est etc.¨. Troisièmement il détermine de l’échange de l’argent là [76] où il dit : ¨ Cependant, c’est de cette etc.¨. Il dit donc en premier lieu [72] que pour examiner ce qu’il en est de la chrématistique nous devons maintenant nous appuyer sur ce principe : de toute chose en effet il existe deux usages qui lui appartiennent l’un et l’autre non pas d’une manière accidentelle mais selon ce qu’ils sont en eux-mêmes; ils diffèrent cependant en ceci que l’un est l’usage propre de la chose alors que l’autre en est l’usage commun. Ainsi par exemple on peut faire deux usages de la chaussure : l’usage propre certes où il s’agit de la porter et l’usage commun qui consiste à l’échanger; en effet ce n’est pas pour cet usage que la chaussure a été faite, c’est-à-dire pour que l’homme l’échange, mais ce dernier peut s’en servir pour l’échanger soit pour du pain, soit pour toute autre nourriture. Mais bien que l’échange ne soit pas l’usage propre de la chaussure il n’en est pas pour autant un usage accidentel mais un usage par soi de la chaussure : car celui qui échange la chaussure contre un autre bien s’en sert d’après une valeur qu’elle possède en elle-même. Et ce que nous venons de dire de la chaussure doit s’entendre de la même manière de toutes les autres choses que l’homme peut posséder. |
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[79178] Sententia Politic., lib. 1 l. 7 n. 3 Deinde cum dicit est enim permutativa etc.,
determinat de commutatione naturali; et circa hoc tria facit. Primo ostendit
quorum sit ista commutatio. Secundo quomodo est introducta, ibi, in prima
igitur communitate et cetera. Tertio quomodo se habet ad naturam, ibi, talis
quidem igitur commutativa et cetera. Dicit ergo primo, quod permutatio potest
fieri de omnibus rebus. Et prima quidem commutatio incoepit a rebus quae
natura ministrat ad necessitatem humanae vitae, eo quod de his quidam homines
plura habebant, quidam pauciora, sicut quidam habebant plus de vino, alii
autem plus de pane: unde oportuit quod commutarent: et intantum fiebat
commutatio, quousque unusquisque habebat quod sibi sufficiebat. Unde
manifestum est quod cum denarii non sint a natura sicut dictum est,
campsoria, quae est permutatio denariorum, non est a natura. |
113. Ensuite lorsqu’il dit [73] : ¨ Il existe en effet etc.¨. Il traite de l’échange naturel; et à ce sujet il fait trois choses. Premièrement il montre à quelles choses se rapporte cette sorte d’échange [73]. Deuxièmement il montre comment elle est apparue là [74] où il dit : ¨ Donc, dans la société originelle etc.¨. Troisièmement, il montre comment cette forme d’échange se rapporte à la nature là [75] où il dit : ¨ Donc, un tel échange etc.¨. Il dit donc en premier lieu [73] que l’homme peut échanger toutes les sortes de choses. Et certes la première forme d’échange commença par les choses que la nature fournit pour les nécessités de la vie humaine, pour cette raison que certains hommes possèdent davantage certaines de ces choses, d’autres moins, comme ceux qui possèdent plus de vin et d’autres plus de pain : et c’est de là qu’il leur fallut procéder à des échanges qui se réalisaient d’autant plus que chacun possédait ce qui le rendait autonome. D’où il est évident que, puisque la monnaie ne vient pas de la nature ainsi que nous l’avons déjà dit, le commerce de détail, qui porte sur des échanges d’argent, n’est pas naturel. |
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[79179] Sententia Politic., lib. 1 l. 7
n. 4 Deinde cum dicit in prima
quidem igitur etc., ostendit quomodo est introducta talis permutatio: et
dicit quod in prima communitate, quae est communitas unius domus, non erat
opus aliqua tali commutatione, eo quod omnia necessaria vitae erant
patrisfamilias, qui omnia providebat: sed quando iam facta est amplior
communitas, scilicet vici et civitatis, propter hoc quod aliqui hominum
communicabant cum omnibus, inter quos non poterat fieri commutatio; alii vero
erant separati et in multis aliis rebus: ideo necessarium fuit illarum rerum,
quae divisae erant, fieri commutationes, ut scilicet dum unus acciperet ab
alio quod alter habebat ipse retribueret ei quod ipse habebat: quod adhuc
servatur apud multas barbaras nationes apud quas non est usus denariorum,
quae nihil plus commutant, nisi ea quae sunt eis opportuna ad vitam, sicut
dando et accipiendo vinum et triticum et alia huiusmodi. |
114. Ensuite lorsqu’il dit [74] : ¨ Dans la première etc.¨. Il montre comment cette forme d’échange naturel est apparue : et il dit que dans la communauté originelle, qui est celle de la famille, il n’existait pas d’opérations d’échanges, du fait que tout ce qui était nécessaire à la vie venait du chef de famille qui fournissait tout; mais l’échange est apparu quand la famille s’est accrue pour devenir un village ou une cité parce que certains hommes communiquaient avec tous les autres parmi lesquels il ne pouvait y avoir d’échanges; ces autres en effet vivaient séparés et au milieu de nombreuses autres choses : c’est pourquoi il fut nécessaire qu’apparaissent les échanges de ces nombreuses choses qui étaient séparées jusques là, afin que celui qui recevait d’un autre ce qu’il possédait de différent lui donne en retour ce que lui-même possédait; cet usage s’observe jusqu’à présent chez de nombreuses nations barbares qui ne connaissent pas l’usage de la monnaie et qui n’échangent rien d’autre entre elles que les choses qui leur sont nécessaires à la vie, comme lorsqu’au moyen du troc ils échangent entre eux le vin, le blé et les autres choses de ce genre. |
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[79180] Sententia Politic., lib. 1 l. 7 n. 5 Deinde cum dicit talis quidem igitur etc.,
concludit ex praemissis quod talis commutativa non est praeter naturam, quia
est de rebus quas natura ministrat; neque est species pecuniativae, quia non
fit per denarios. Et quod non sit praeter naturam, probat per hoc quod est in
supplementum per se sufficientiae, idest ut homo per huiusmodi
commutationem habeat ea quae sunt necessaria sufficienter ad sustentationem
humanae vitae. |
115. Ensuite lorsqu’il dit [75] : ¨ Donc une telle etc.¨. Il conclut de ce qui précède qu’une telle forme d’échange n’est pas contre nature, parce qu’elle porte sur des choses que la nature donne; et elle n’est pas non plus une partie de la chrématistique car elle ne s’opère pas au moyen de l’argent. Et qu’elle ne soit pas contre nature, il le prouve au moyen de ceci, à savoir qu’elle est un complément de l’autarcie pour que l’homme, au moyen de cette sorte d’échange, arrive à posséder les choses qui lui sont nécessaires d’une manière suffisante pour conserver sa vie. |
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[79181] Sententia Politic., lib. 1 l. 7 n. 6 Deinde cum dicit ex hac tamen etc., determinat
de commutatione pecuniaria; et circa hoc duo facit. Primo ostendit quomodo
haec commutatio est per rationem inventa, cum non sit a natura. Secundo
ostendit quod sit infinita, ibi, et infinitae utique divitiae et cetera.
Circa primum tria facit. Primo determinat de prima inventione pecuniariae
commutationis. Secundo de quadam commutatione pecuniaria superveniente, ibi,
facto igitur iam numismate et cetera. Tertio determinat de pecuniativa quae
est circa huiusmodi commutationes, ibi, propter quod videtur pecuniativa et
cetera. Dicit ergo primo, quod ex prima commutatione quae erat ipsarum rerum
necessariarum adinvicem, processit quaedam alia commutatio secundum rationem
inventa. Cum enim auxilium hominum adinvicem per commutationes esset factum
magis peregrinum, quia scilicet homines non solum ad propinquos sed etiam ad
remotos coeperunt uti commutatione, adducendo ad se ea quibus indigebant et
mittendo illis ea in quibus ipsi abundabant; propter istam necessitatem
inventus est usus denariorum, eo quod non poterant de facili portari ea quae
sunt necessaria secundum naturam ad remotas terras, puta vinum, aut triticum,
aut aliquid huiusmodi. Et ideo ad huiusmodi commutationes in remotis faciendas
ordinaverunt quod aliquid sibiinvicem darent et acciperent, quod de facili et
expedite portari posset, et tamen de se haberet aliquam utilitatem: et
huiusmodi sunt metalla, puta aes, ferrum et argentum et alia huiusmodi: haec
enim sunt secundum se utilia, inquantum ex eis fiunt vasa vel aliqua
instrumenta, et tamen de facili portari poterant ad remotum, quia modicum de
istis, propter eorum raritatem, valebat multum de aliis rebus; sicut etiam
modo homines qui debent longum iter peragere pro suis expensis loco
denariorum aereorum, portant argenteos vel aureos. Propter praedictam autem
necessitatem commutationis ad loca remota, primo fuit determinatum metallum
solo pondere et magnitudine, sicut apud quasdam gentes habentur formae
argenti non monetati; sed postea ut homines liberarentur a necessitate
mensurandi vel ponderandi impresserunt aliquem characterem quod imponitur in
signum quod metallum sit tantae quantitatis: sicut etiam in aliquibus locis
imponuntur quaedam signa publica ad mensuram vini vel frumenti. Sic ergo patet quod
primo denarii sunt inventi pro commutatione rerum necessariarum. |
116. Ensuite lorsqu’il dit [76] : ¨ Cependant c’est de cette etc.¨. Il traite de l’échange d’argent; et à ce sujet il fait deux choses. Et en premier lieu il montre comment cette sorte d’échange a été inventée par la raison puisqu’elle ne vient pas de la nature [76]. Ensuite il montre qu’elle est infinie là [82] où il dit : ¨ Et par ailleurs les richesses sont infinies etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. Il traite premièrement de la première invention de l’échange de monnaies [76]. Deuxièmement, il traite d’un échange de monnaie qui lui fut ajouté là [77] où il dit : ¨ Donc, une fois la monnaie inventée etc.¨. Troisièmement il traite de la chrématistique qui se rapporte à de tels échanges là [78] où il dit : ¨C’est pour cette raison qu’il semble etc.¨. Il dit donc en premier lieu [76] que c’est à partir de cette première forme d’échange qui se rapportait aux choses nécessaires qu’est née une autre forme d’échange inventée par la raison. Elle apparut en effet lorsque la collaboration des hommes entre eux au moyen des échanges fut davantage faite avec les étrangers, car les hommes commencèrent à se servir des échanges non seulement avec leurs proches mais aussi avec les étrangers, en attirant à eux les choses dont ils manquaient et en faisant parvenir aux autres celles qu’ils possédaient en abondance; c’est à cause de cette nécessité que fut inventé l’usage de la monnaie du fait que les choses qui sont par nature nécessaires à la vie comme le vin, le blé et les autres biens de la sorte ne pouvaient pas facilement être transportées en des régions éloignées. Et c’est pourquoi, afin de réaliser des échanges de cette sorte à l’étranger, ils convinrent qu’ils échangeraient entre eux quelque chose qui pourrait facilement et rapidement être transporté et qui comporterait de soi quelque utilité, à savoir les métaux comme le bronze, le fer, l’argent et d’autres de même sorte : en effet, ces matériaux sont utiles en eux-mêmes dans la mesure où on en tire des vases ou certains instruments et cependant ils pouvaient facilement être transportés en des lieux éloignés car en faible quantité, en raison de leur rareté, ils avaient une valeur bien supérieure à une grande quantité d’autres choses; c’est ainsi encore que ceux qui devaient parcourir de longues distances pour leurs achats transportaient avec eux, au lieu de la monnaie en argent, des plaques d’argent et d’or en raison de cette nécessité des échanges en des lieux éloignés. Au début la valeur du métal fut définie uniquement par le poids et la dimension, ainsi qu’on l’observe encore chez certains peuples où l’argent n’existe pas encore sous la forme de la monnaie; mais par la suite, afin que les hommes soient libérés de la nécessité de mesurer et de peser ces métaux, ils imprimèrent une empreinte qui fut apposée comme signe de la quantité du métal comme encore aujourd’hui en certaines régions on appose certains signes d’usage commun comme mesures de la quantité de vin ou de blé. Ainsi donc il est évident qu’à l’origine la monnaie fut inventée en vue des échanges des choses nécessaires à la vie. |
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[79182] Sententia Politic., lib. 1 l. 7 n. 7 Deinde cum dicit facto igitur etc., determinat
de alia commutatione superveniente; et dicit quod postquam iam facti sunt
denarii ex praedicta commutatione quae est ex necessitate facta propter res
necessarias ex remotis locis habendas, subintroducta est species
commutationis pecuniariae secundum quam denarii pro denariis commutantur: et
haec vocatur campsoria, qua scilicet utuntur campsores denariorum. Et hoc
quidem primo factum est simpliciter et quasi a casu; puta quod ex aliquibus
terris in alias aliqui denarios transferentes carius eos expenderunt quam
acceperint: unde postea per experientiam factum est artificiale, ut homo
scilicet consideret de quo loco denarii transmutati et quomodo possint facere
maximum lucrum; et hoc pertinet ad artem campsoriam. |
117. Ensuite lorsqu’il dit [77] : ¨ Donc, une fois etc.¨ Il traite de l’autre sorte d’échange qui s’ajouta à la première; et il dit qu’après que fut inventée la monnaie suite à cet échange dont nous venons de parler qui est rendu nécessaire en raison des choses nécessaires à la vie devant être acquises des régions éloignées, s’introduisit une espèce d’échange d’argent d’après laquelle la monnaie est échangée contre de la monnaie, qu’on appelle le commerce de détail et dont se servent ceux qui font le commerce de l’argent. Et cela certes fut à l’origine pratiqué d’une manière simple et comme à l’occasion, par exemple lorsque certains, transférant de la monnaie d’une région à une autre, la vendirent plus chère qu’ils l’avaient achetée : à partir de là par la suite cette forme d’échange devint un art, c’est-à-dire de telle sorte que l’homme considéra de quel lieu et de quelle manière les monnaies sont échangées afin de réaliser un profit maximum; et cela est propre au commerce de détail. |
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[79183] Sententia
Politic., lib. 1 l. 7 n. 8 Deinde
cum dicit propter quod videtur etc., determinat de pecuniativa; et circa hoc
duo facit. Primo concludit ex praemissis quae sit materia et actus huius
artis. Secundo determinat quamdam dubitationem, ibi, etenim divitias et
cetera. Concludit ergo ex praemissis, quod ex quo incoeperunt denarii ad
denarios commutari propter lucrum quodam artificiali modo, ars quae est circa
denarios vocatur pecuniativa; et actus eius est quod possit considerare unde
possit provenire homini multitudo pecuniarum: ad hoc enim est ordinata, sicut
ad finem, ut faciat multitudinem pecuniarum et divitiarum. |
118. Ensuite lorsqu’il dit [78] : ¨ C’est pourquoi etc.¨ Il traite de l’art de faire de l’argent; et à ce sujet il fait deux choses. D’abord il conclut, à partir de ce qui précède, quelle est la matière et l’acte de cet art [78]. Deuxièmement il répond à une question, là [79] où il dit : ¨ Et en effet si les richesses etc.¨ Il conclut donc à partir de ce qui précède que du fait que la monnaie commença à être échangée contre de la monnaie en vue d’un profit et suivant des modalités déterminées, l’art qui se rapporte à l’acquisition de l’argent se nomme chrématistique; et son acte consiste à considérer d’où et comment l’homme peut acquérir de grandes quantités d’argent : c’est à cela que cet art est ordonné comme à sa fin, à savoir d’acquérir d’immenses quantités d’argent et de richesses. |
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[79184] Sententia Politic., lib. 1 l. 7 n. 9 Deinde cum dicit etenim divitias etc.,
determinat quamdam dubitationem circa praemissa. Quia enim dixerat quod
pecuniativa est factiva divitiarum et pecuniarum, posset aliquis dubitare,
utrum sint omnino idem pecuniae et divitiae. Circa hoc ergo tria facit. Primo
ponit quorumdam opinionem. Secundo inducit rationes in contrarium, ibi,
aliquando autem rursus et cetera. Tertio concludit determinationem veritatis,
ibi, propter quod quaerunt et cetera. Dicit ergo primo, quod multoties
homines opinantur quod divitiae nihil aliud sint quam multitudo pecuniarum,
eo quod pecuniativa et campsoria, cuius finis est multiplicare divitias, tota
consistit circa pecunias, sicut circa propriam materiam. |
119. Ensuite lorsqu’il dit [79] : ¨ Et en effet les richesses etc.¨ Il répond à une question touchant ce qui précède. Parce qu’en effet il avait dit que la chrématistique engendre de l’argent et de la richesse, on pourrait se demander si l’argent et la richesse sont absolument identiques. Et à ce sujet il fait trois choses. D’abord il présente l’opinion de certains [79]. Deuxièmement il amène une raison qui s’oppose à cette opinion, là [80] où il dit : ¨ Au contraire comme une autre folie etc.¨. Troisièmement il termine en déterminant la vérité là [81] où il dit : ¨ C’est pourquoi ils cherchent etc.¨. Il dit donc en premier lieu [79] que beaucoup d’hommes croient que la richesse n’est rien d’autre que l’abondance d’argent du fait que la chrématistique et le commerce de détail, dont la fin est d’augmenter la richesse, s’attachent exclusivement à l’argent comme à la matière qui leur est propre. |
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[79185] Sententia Politic., lib. 1 l. 7 n. 10 Deinde cum dicit aliquando autem etc., ponit
opinionem contrariam; dicens quod aliquando videtur fatuitas quaedam dicere
quod nihil eorum quae sunt secundum naturam sint divitiae, puta triticum et
vinum et alia huiusmodi: et quod totae divitiae sint denarii introducti per
legem. Et ad hoc introducit duas rationes: quarum prima est, quia non sunt
verae divitiae illae quae variata hominum dispositione, nullam dignitatem
neque utilitatem habent ad necessitatem vitae: sed transmutata dispositione
hominum qui utuntur divitiis denarii nullius sunt pretii, nec aliquid
afferunt ad necessitatem vitae; puta si placeat regi vel communitati, (quod)
non valeant. Ergo stultum est dicere quod divitiae totaliter nihil sint nisi
multitudo pecuniarum. Secundam rationem ponit, ibi, et numismate dives etc.
quae talis est. Inconveniens est dicere quod ille qui est dives, indigeat
cibo vel pereat fame: sed multoties potest contingere quod homo abundans in
denariis egeat cibo et moriatur fame, sicut dicitur fabulose de quodam Meda
nomine, quod, propter hoc quod habebat insatiabile desiderium pecuniae,
petiit a Deo et impetravit quod omnia quae sibi exhiberentur fierent aurea;
et sic peribat fame habens multitudinem auri omnibus cibis sibi appositis
conversis in aurum: ergo denarii non sunt verae divitiae. |
120. Ensuite lorsqu’il dit [80] : ¨ Mais comme une autre etc.¨. Il présente une opinion contraire à la précédente, en disant qu’il apparaît parfois comme une sottise de dire qu’aucune des choses qui sont naturelles n’est une richesse, par exemple le blé, le vin et les autres choses du même genre, et que toute richesse se limite à la monnaie introduite par la loi. Et pour le montrer il présente deux raisons dont la première se présente ainsi : ces richesses ne sont pas véritables qui, en raison d’un changement de convention parmi les hommes, ne présentent plus aucune valeur ni aucune utilité à l’égard des nécessités de la vie; mais une fois changée la convention parmi les hommes qui se servent des richesses, les monnaies ne sont plus d’aucun prix et ne contribuent plus en rien aux nécessités de la vie, par exemple s’il plaisait au roi ou à la communauté qu’il en soit ainsi. Il est donc insensé de dire que toute richesse ne consiste que dans l’abondance d’argent. Il présente la deuxième raison là [80] où il dit : ¨ Et cette richesse en monnaie etc.¨, qui se présente ainsi : il ne convient pas de dire que celui qui est riche manque de nourriture ou meurt de faim : mais il peut arriver souvent que l’homme qui abonde en monnaie manque de nourriture et meurt de faim comme cet homme du nom de Midas, dont la fable dit que parce qu’il avait en lui un désir insatiable d’argent, demanda au dieu et obtint que tout ce qui lui serait montré serait changé en or; c’est ainsi qu’il mourut de faim en possession d’une immense quantité d’or, toute nourriture lui étant présentée étant changée en or : la monnaie ne constitue donc pas la vraie richesse. |
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[79186] Sententia Politic., lib. 1 l. 7 n. 11 Deinde cum dicit propter quod quaerunt etc.,
concludit determinationem veritatis; et dicit quod illi qui recte sapiunt,
propter praedictas rationes dicunt aliud esse divitias et pecuniam, sive
pecuniativam: sunt enim quaedam divitiae secundum naturam, scilicet de rebus
necessariis ad vitam, sicut supra dictum est; et talis acquisitio divitiarum
proprie pertinet ad oeconomicam: sed illa pecuniativa quae est campsoria
multiplicat pecunias non omnibus modis, sed solum per denariorum
permutationem: unde tota consistit circa denarios: quia denarius est
principium et finis talis commutationis, dum denarius pro denario datur.
Patet igitur secundum hoc, quod ditiores sunt qui abundant in rebus
necessariis ad vitam vere loquendo, quam illi qui abundant in denariis. |
121. Ensuite lorsqu’il dit [81] : ¨ Pour cette raison etc.¨. Il termine en fixant la vérité; et il dit que ceux qui discernent correctement, s’appuyant sur les raisons qui précèdent, affirment que la richesse n’est pas identique à l’argent qui est l’objet de la chrématistique : il existe en effet des richesses qui sont naturelles, à savoir celles qui contribuent à répondre aux nécessités de la vie, ainsi que nous l’avons dit précédemment; et c’est l’acquisition de ces richesses qui appartient en propre à l’administration domestique; mais cette acquisition de la monnaie qui relève du commerce de détail augmente l’argent non pas sous toutes les formes mais seulement par les échanges de monnaies : c’est pourquoi elle s’attache exclusivement à la monnaie, car la monnaie est le principe et la fin de tels échanges puisque la monnaie n’est échangée que contre de la monnaie. Suite à cela, il est donc évident, pour parler en vérité, que ceux qui abondent en choses nécessaires à la vie sont plus riches que ceux qui abondent en pièces de monnaie. |
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Lectio
8 |
LEÇON 8 (nn. 122-134; [82-89]) ─ L’acquisition de la monnaie ou de l’argent qui contribue à obtenir les choses nécessaires à la vie humaine est limitée. Mais en vérité celle qui s’écarte de cette finalité est illimitée et contre nature. |
Leçon 8 |
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[79187] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 1 Et infinitae utique divitiae et cetera.
Postquam ostendit philosophus quomodo pecuniativa commutatio est introducta
per legem, hic ostendit quomodo sit infinita talis acquisitiva pecuniae: et
circa hoc duo facit. Primo ostendit propositum. Secundo assignat causam
praemissorum, ibi, causa autem huius dispositionis et cetera. Circa primum
duo facit. Primo ostendit propositum. Secundo solvit ex hoc quamdam
dubitationem, ibi, propter quod sic quidem et cetera. |
122. Après avoir montré comment l’échange de la monnaie est introduit par la loi, le Philosophe montre ici comment cet art qui cherche à acquérir de l’argent est illimité; et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il manifeste son propos [82]. Deuxièmement il présente la cause de ce qui précède là [85] où il dit : ¨ Mais la cause d’une telle disposition etc.¨. Relativement au premier point il fait deux choses. D’abord il manifeste son propos [82]. Deuxièmement à partir de là il répond à une question, là [83] où il dit : ¨ Pour cette raison ainsi certes etc.¨. |
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[79188] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 2 Dicit ergo primo, quod divitiae quae
acquiruntur ab hac pecuniativa, scilicet campsoria, quae tota est
circa denarios, est infinita: et hoc probat tali ratione. Desiderium finis in
unaquaque arte est in infinitum; desiderium autem eius, quod est ad finem,
non est in infinitum, sed habet terminum secundum regulam et mensuram finis:
sicut ars medicinalis intendit ad sanandum in infinitum, cum inducit
sanitatem quantamcumque potest; sed medicinam non dat quantamcumque potest,
sed secundum mensuram, quae est utilis ad sanandum; et ita est in aliis
artibus. Et ratio huius est, quia finis est secundum se appetibilis: quod
autem secundum se est tale, si magis fuerit, erit magis tale: sicut si album
disgregat visum, magis album, magis disgregat. Sed pecuniae se
habent ad pecuniativam campsoriam, sicut finis: haec enim intendit acquirere
pecunias. Ad oeconomicam autem non se habent sicut finis, sed sicut ordinatum
ad finem qui est gubernatio domus; ergo pecuniativa quaerit pecunias absque
termino, oeconomica autem cum aliquo termino. |
123. Il dit donc en premier lieu [82] que les richesses qui sont acquises par cet art d’acquisition, c’est-à-dire par le commerce de détail qui s’attache exclusivement à l’acquisition de la monnaie, sont illimitées; et c’est ce qu’il prouve au moyen de la raison qui suit : le désir de la fin dans tout art est illimité; mais le désir des moyens qui se rapportent à la fin n’est pas illimité mais comporte une limite qui est réglée et mesurée par la fin elle-même : ainsi l’art de la médecine cherche à guérir d’une manière illimitée alors qu’il cherche à produire la santé toujours davantage tant qu’il le peut; mais il ne cherche pas à donner toujours plus de médicaments, mais il les donne au contraire suivant une certaine mesure, à savoir celle qui est utile à la guérison; et il en est de même pour les autres arts. Et la raison de ceci est que la fin est désirable en elle-même : mais ce qui est tel en soi-même le sera davantage s’il se retrouve en plus grande quantité; par exemple, si le blanc altère la vue, ce qui le sera plus intensément altérera davantage la vue. Mais l’art d’acquisition du commerce de détail se rapporte à l’argent comme à sa fin : ce dernier en effet a pour but d’acquérir de l’argent. Mais l’administration domestique ne se rapporte pas à l’argent comme à sa fin mais comme à un moyen ordonné à cette fin qui est l’administration de la maison; donc c’est sans limite que l’art d’acquisition qui se rapporte à l’argent recherche l’argent, mais c’est avec mesure que l’administration domestique le recherche. |
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[79189] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 3 Deinde cum dicit propter quod sic quidem etc.,
solvit dubitationem quamdam ex praemissis. Et circa hoc duo facit. Primo
movet eam. Secundo solvit, ibi, causa autem etc. Dicit ergo primo, quod
propter praedictam rationem videtur quod necessarium sit esse aliquem
terminum divitiarum in oeconomica: sed si quis consideret in his quae
accidunt videtur esse contrarium: omnes enim oeconomici augent denarios in
infinitum, volentes habere denarios pro rebus quae sunt ad usum vitae. |
124. Ensuite lorsqu’il dit [83] : ¨C’est pour cette raison etc.¨. Il répond à une question à partir de ce qui précède. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il soulève la question [83]. Deuxièmement il y répond là [84] où il dit : ¨ Mais la cause etc.¨. Il dit donc en premier lieu [83] qu’à cause de la raison qui précède, il semble qu’il soit nécessaire qu’il y ait une limite des richesses dans l’administration de la maison; mais si on considère ce qui se produit dans la réalité, on observe un paradoxe : en effet, tous les administrateurs domestiques accroissent indéfiniment leur fortune en espèces, voulant ainsi posséder l’argent pour obtenir les choses dont ils ont besoin pour vivre. |
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[79190] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 4 Deinde cum dicit causa autem etc., solvit
praemissam dubitationem; et dicit quod causa praedictae diversitatis videtur
esse propinquitas utriusque pecuniativae; illius scilicet quae deservit
oeconomicae, quae quaerit pecunias pro commutatione rerum necessariarum, et
campsoriae, quae quaerit denarios propter seipsos: utriusque enim
pecuniativae est idem actus, scilicet acquisitio pecuniarum, sed non eodem
modo: sed in pecuniativa oeconomica hoc ordinatur ad alium finem, scilicet ad
gubernationem domus; in pecuniativa autem, scilicet campsoria, ipsa
augmentatio pecuniae est finis; et ideo propter propinquitatem campsoriae ad
oeconomicam videtur quibusdam oeconomis quod sit eorum officium illud quod
pertinet ad campsores, ut scilicet instent ad conservandum et multiplicandum
denarios in infinitum. |
125. Ensuite lorsqu’il dit [84]: ¨ Mais la cause etc.¨. Il répond à la question qui précède; et il dit que la cause de cette différence semble provenir de la proximité de ces deux formes d’acquisition, à savoir de celle qui est au service de l’administration domestique et qui recherche l’argent en vue d’échanger les choses nécessaires à la vie, et de celle qui accumule la monnaie et qui recherche l’argent pour lui-même : en effet, l’acte des deux formes d’acquisition est le même matériellement parlant, à savoir l’acquisition d’argent en monnaie, mais il n’a pas la même finalité : car dans l’art d’acquisition domestique cet acte est ordonné à une autre finalité, à savoir l’administration domestique; dans l’art d’acquérir de l’argent et qui consiste à accumuler la monnaie, c’est l’accroissement de la monnaie elle-même qui est la finalité visée. Et c’est pour cela, en raison de la proximité de l’acquisition de la monnaie pour elle-même et de l’administration domestique, qu’il semble à certains administrateurs domestiques que ce soit leur rôle d’accumuler la monnaie, c’est-à-dire de travailler à la conserver et à l’accroître indéfiniment. |
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[79191] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 5 Deinde cum dicit causa autem etc., assignat
causam eius quod dixerat, quod dispensatores domorum interdum perseverant ad
augendum pecunias in infinitum. Et quia ex causa, quam assignat, sequuntur
quaedam abusiones; ideo haec pars dividitur in tres secundum tres abusiones
quas ponit. Secunda pars incipit ibi, et altera species et cetera. Tertia
ibi, et si pro non per pecuniativam et cetera. Dicit ergo primo, quod causa
huius dispositionis, quod scilicet dispensatores domorum quaerunt augere
pecuniam in infinitum, est, quia homines student ad vivendum qualitercumque,
non autem ad vivendum bene, quod est vivere secundum virtutem. Si enim
intenderent vivere secundum virtutem, essent contenti his quae sufficiunt ad
sustentationem naturae: sed quia praetermisso hoc studio, student ad vivendum
unusquisque secundum suam voluntatem, ideo unusquisque intendit acquirere ea
per quae possit suam voluntatem implere: et quia concupiscentia hominum tendit
in infinitum; ideo in infinitum desiderant ea per quae possint satisfacere
suae concupiscentiae. Quidam etiam sunt qui habent studium, ut bene vivant;
sed ei quod est bene vivere, addunt id quod pertinet ad delectationes
corporales: dicunt enim non esse bonam vitam, nisi cum talibus
delectationibus homo vivat; et ideo quaerunt ea per quae possunt implere
delectationes corporales: et quia hoc videtur hominibus posse evenire per
multitudinem divitiarum; ideo omnis cura eorum esse videtur ad acquirendum
multas pecunias. Et est considerandum quod assignat causam eorum, quae
pertinent ad dispensatorem domus, ex intentione humanae vitae, quia
dispensator domus habet pro fine bonam vitam eorum quae sunt in domo. Sic
igitur prima abusio est, quod homines propter hoc quod non habent rectum
studium bonae vitae, intendunt ad acquirendum pecunias in infinitum. |
126. Ensuite lorsqu’il dit [85] : ¨ Mais la cause de ceci etc.¨. Il assigne la cause de ce qu’il avait dit, à savoir que les administrateurs domestiques s’entêtent parfois à accroître indéfiniment leur fortune en argent. Et parce que certains abus découlent de la cause qu’il assigne, c’est pour cette raison que cette section se divise en trois parties d’après les trois formes d’abus qu’il présente. La deuxième partie commence ici [86] où il dit : ¨ Et une autre espèce etc.¨. La troisième commence là [86] où il dit : ¨ Et si ce n’est pas par cet art d’acquisition etc.¨. Il dit donc en premier lieu [85] que la cause de cette disposition, à savoir de celle par laquelle les intendants domestiques cherchent à augmenter indéfiniment l’argent en espèces monnayées, c’est que les hommes ne recherchent qu’à vivre d’une manière quelconque et non pas dans le bien vivre, lequel consiste à vivre selon la vertu. S’ils cherchaient à vivre selon la vertu, ils seraient satisfaits des choses qui suffisent à l’entretien des besoins naturels : mais parce que cette préoccupation est mise de côté, chacun cherche à vivre selon sa volonté et c’est ainsi que chacun cherche à acquérir les choses au moyen desquelles il puisse combler sa volonté : et parce que la cupidité des hommes tend à l’infini, c’est pour cela qu’ils désirent à l’infini les choses au moyen desquelles ils puissent satisfaire leur cupidité. Mais il y en a certains qui cherchent à bien vivre; mais à ce qui se rapporte au bien vivre, ils ajoutent ce qui appartient aux délectations corporelles : ils disent en effet qu’il n’y a pas de bien vivre à moins que l’homme vive dans de telles délectations; et c’est pourquoi ils recherchent les choses au moyen desquelles ils puissent être rassasiés de délectations corporelles; et parce qu’il apparaît aux hommes que cela puisse s’accomplir au moyen de l’abondance des richesses, c’est pourquoi toute leur attention semble se porter vers l’acquisition d’une grande quantité d’argent. Et il faut considérer qu’il assigne ici la cause de ce qui appartient à l’administrateur domestique en partant de l’intention de la vie humaine car l’intendant de la maison a pour finalité le bien vivre de ceux qui sont dans la maison. Ainsi donc le premier abus est celui-ci : les hommes, pour cette raison qu’ils ne possèdent pas une inclination droite à l’égard du bien vivre, cherchent à acquérir indéfiniment de l’argent. |
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[79192] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 6 Deinde cum dicit et altera species etc., ponit
secundam abusionem. Quia enim dispensatores domorum student circa
acquisitionem pecuniarum propter hoc inducitur in curam domus altera species
pecuniativae, scilicet campsoria, praeter eam quae est propria oeconomicae,
scilicet acquisitio rerum necessariarum ad vitam: sed quia in excessu
intendunt frui delectationibus corporalibus, propter hoc quaerunt ea quae
possunt facere huiusmodi excessum, scilicet multitudinem divitiarum. Et sic
est secunda abusio quod pecuniativa non naturalis, neque necessaria assumitur
ad oeconomicam. |
127. Ensuite lorsqu’il dit [86] : ¨ Et une autre etc.¨. Il présente le deuxième abus. En effet parce que les intendants domestiques s’attachent à l’acquisition d’argent, c’est pour cette raison que dans le soin de la maison apparaît une autre forme d’acquisition qui est celle de l’accumulation de la monnaie, à côté de celle qui est propre à l’administration de la maison, à savoir l’acquisition des choses nécessaires à la vie : mais parce qu’ils cherchent à jouir à l’excès des délectations corporelles, c’est pour cela qu’ils recherchent ce qui permet de réaliser un tel excès, à savoir l’abondance de l’argent. Et c’est là la deuxième sorte d’abus, à savoir que cette autre forme d’acquisition non naturelle et non nécessaire fut introduite dans l’administration domestique. |
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[79193] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 7 Tertio ponit tertiam abusionem, ibi, et si non
per pecuniativam et cetera. Et dicit quod quia homines non possunt interdum
per artem pecuniativam acquirere sufficienter ea per quae satisfaciant
excessui delectationum corporalium, attentant acquirere pecunias per alias
causas; et abutuntur qualibet potentia, idest virtute vel arte, vel officio,
non secundum suam naturam. Sicut fortitudo est quaedam virtus, et eius opus
proprium non est congregare pecunias, sed facere hominem audacem ad
aggrediendum et sustinendum; unde si aliquis fortitudine utatur ad
congregandum divitias, utitur ea non secundum naturam. Similiter etiam militaris
ars est propter victoriam, et medicinalis propter sanitatem, neutra tamen est
propter pecuniam: sed quidam et militarem artem et medicinalem convertunt ad
acquirendum pecuniam, et ita faciunt utramque esse pecuniativam, idest
acquisitivam pecuniae, ordinantes huiusmodi artes ad pecuniam, sicut ad finem
ad quem oportet ordinari omnia alia; et ideo dicitur in Ecclesiaste: et
pecuniae obediunt omnia. |
128. En troisième lieu il présente le troisième abus là [861] où il dit : ¨ Et si ce n’est pas par cet art d’acquisition etc.¨. Et il dit que parce que les hommes ne peuvent parfois acquérir d’une manière suffisante par cet art d’acquisition l’argent au moyen duquel ils puissent satisfaire aux excès des délectations corporelles, ils tentent alors d’acquérir de l’argent par d’autres moyens; et ils font ainsi un usage de leurs puissances, c’est-à-dire de leurs capacités, de leurs arts et de leurs fonctions d’une manière qui n’est pas conforme à leur nature. C’est ainsi que le courage est une vertu dont l’opération propre n’est pas d’amasser de l’argent, mais de rendre l’homme capable d’attaquer et de défendre; d’où il suit que si quelqu’un se sert du courage pour amasser de l’argent, il ne s’en sert pas conformément à sa nature. De même encore l’art militaire a pour but la victoire et l’art de la médecine la santé, mais aucun des deux n’existent en vue de la richesse; mais certains détournent l’art militaire et la médecine vers l’acquisition de l’argent et rendent ainsi l’un et l’autre mercantiles, c’est-à-dire tournés vers la recherche de l’argent, soumettant ces arts à l’argent comme à la finalité à laquelle il faut ordonner toute autre chose; et c’est pourquoi on dit dans le livre de l’Ecclésiaste (1V, 8) : ¨ Tout est soumis à l’argent¨. |
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[79194] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 8 Concludit ergo epilogando ex praemissis, quod
dictum est de non necessaria pecuniativa, quae scilicet acquirit pecuniam in
infinitum, sicut finem, quae sit ipsa et propter quam causam homines indigent
ipsa, scilicet propter concupiscentiam infinitam: dictum est etiam de
necessaria pecuniativa, quae scilicet est altera a praemissa. Acquirit enim
pecunias usque ad aliquem terminum propter alium finem, scilicet propter
habenda necessaria vitae. Sed proprie oeconomica est circa ea quae sunt
secundum naturam, sicut illa quae pertinent ad cibum: et haec non est
infinita, sicut prima pecuniativa, sed habet aliquem terminum. Vel potest
intelligi, quod ipsa pecuniativa quae est necessaria, est altera a non
necessaria, sed est oeconomica, et alia non mutantur. |
129. Suite à ce qui précède il termine donc en résumant ce qui a été dit au sujet de la forme non nécessaire de l’art d’acquérir les richesses, c’est-à-dire de celle qui cherche à acquérir indéfiniment de l’argent dont c’est la raison d’être, ce qu’elle est en elle-même, et pour quelle raison les hommes la recherchent, à savoir une cupidité sans borne; on a parlé aussi de la forme nécessaire d’acquérir les richesses qui diffère de la première car elle acquiert l’argent à l’intérieur de certaines limites et en vue d’une autre fin, à savoir en vue de posséder les choses nécessaires à la vie. Mais l’administration domestique a pour objet propre les choses qui sont conformes à la nature, comme ce qui se rapporte à la nourriture et ces choses ne sont pas infinies, comme c’est le cas dans la première sorte d’acquisition, mais elles sont contenues dans certaines limites. On peut encore comprendre que la forme d’acquisition qui est nécessaire diffère de celle qui ne l’est pas, qu’elle relève de l’administration domestique et qu’elle ne cherche pas à imiter la première. |
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[79195] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 9 Palam autem et quod dubitabant et cetera.
Moverat superius quaestionem, utrum pecuniativa sit pars vel subserviens
oeconomicae: et distinxit pecuniativam ab alia possessiva: nunc solvit motam
superius quaestionem. Et circa hoc duo facit. Primo ostendit, quod
pecuniativa subservit oeconomicae. Secundo ostendit, quomodo pecuniativa
quaedam est laudabilis, et quaedam vituperabilis, ibi, duplici autem
existente et cetera. Circa primum tria facit. Primo solvit superius motam
quaestionem. Secundo movet aliam dubitationem, ibi, etenim dubitabit et
cetera. Tertio manifestat quiddam, quod dixerat, ibi, maxime autem et cetera.
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130. Et là [862] où il avait dit plus haut : ¨ Mais manifestement ce dont ils doutaient etc.¨, il avait soulevé une question, à savoir si l’art d’acquérir des richesses est une partie de l’administration domestique ou s’il en est un auxiliaire: et c’est là qu’il avait distingué l’art d’acquisition la richesse des autres formes d’appropriation : maintenant il répond à la question soulevée plus haut. Et à ce sujet il fait deux choses. Il montre en premier lieu que l’art d’acquérir la richesse est un auxiliaire de l’art de l’administration domestique [862]. Deuxièmement il montre comment un certain art d’acquérir la richesse est louable et qu’une autre forme est blâmable là [89] où il dit : ¨ Mais cet art lui-même a deux formes etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il répond à la question soulevée plus haut (862). Deuxièmement il soulève une autre question, là [87] où il dit : ¨ Et en effet on pourra se demander etc.¨. Troisièmement il manifeste ce qu’il avait dit, là [88] où il dit : ¨ Mais c’est surtout etc.¨. |
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[79196] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 10 Dicit ergo primo, quod iam ex praemissis potest
esse manifestum illud, quod quaerebatur a principio, utrum pecuniativa
pertineat ad oeconomicum et politicum, aut non, sed sit omnino extranea. Et
veritas est quod non est eadem pecuniativa oeconomicae, ut supra dictum est,
sed tamen ei subservit; quia pecunias oportet existere ad hoc, quod domus
gubernetur. Et hoc probat, per hoc, quod in domo et civitate oportet esse et
homines, et ea quae sunt necessaria hominibus. Homines autem non facit
politica, sed accipit eos a natura generatos, et sic utitur ipsis: similiter
ergo politica vel oeconomica non facit cibum, sed natura tradit ipsum vel ex
terra sicut fructus, vel ex mari sicut pisces, aut ex aliqua alia re. Facere
igitur vel acquirere huiusmodi cibum non est proprium opus et immediatum
politicae vel oeconomicae; sed proprium opus eius est dispensare ista in
domo, sicut oportet. Sicut videmus, quod textoris non est facere lanam, sed
uti ipsa, et cognoscere qualis lana sit idonea ad suum opus, qualis etiam sit
prava et inepta. Sic igitur oeconomicae deservit et natura, quae generat
homines et cibus, et iterum pecuniativa, quae acquirit, sicut etiam arti
textoriae deservit et natura quae producit lanam, et mercativa quae acquirit
eam. |
131. Il dit donc en premier lieu [86] que dès maintenant, à partir de ce qui a été dit, on peut répondre avec évidence à ce qu’on se demandait dès le début, à savoir si l’art d’acquérir la richesse fait partie de l’administration domestique et de l’administration de l’État ou si, au contraire, elle leur est totalement étrangère. Et la vérité est que l’art d’acquérir la richesse n’est pas identique à l’administration domestique, ainsi que nous l’avons déjà dit, mais elle en est plutôt un auxiliaire : car il faut que l’argent existe pour que la maison soit administrée. Et c’est ce qu’il prouve au moyen de ceci : à savoir que dans la maison et dans la cité il faut qu’il y ait à la fois des hommes et des choses qui sont nécessaires aux hommes. Mais l’art politique ne produit pas les hommes mais il les reçoit de la nature qui les a engendrés et s’en sert par la suite : de même donc, l’art politique et l’art de l’administration domestique ne produisent pas la nourriture mais c’est la nature qui leur donne soit en la tirant de la terre comme les fruits, soit de la mer, comme les poissons, soit d’une autre source. Donc, produire ou acquérir des aliments de la sorte n’est pas l’opération propre ou immédiate de l’art politique ou de l’administration domestique; mais leur opération propre est plutôt d’en faire une distribution judicieuse dans la maison ou dans la cité. C’est ainsi que nous voyons qu’il n’appartient pas au tisserand de faire la laine mais de s’en servir et de savoir laquelle est propre à tel usage et laquelle ne l’est pas. Ainsi donc à la fois la nature, qui produit les hommes et la nourriture, et l’art d’acquérir les richesses qui acquiert les biens produits par la nature, sont au service de l’art d’administrer la maison, tout comme la nature qui produit la laine et le marchand qui l’acquiert sont au service de l’art du tisserand. |
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[79197] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 11 Deinde cum dicit etenim dubitabit etc., movet
quamdam quaestionem, et est ista quaestio. Cum illi qui sunt in domo
indigeant sanitate, sicut indigent his quae sunt necessaria ad vitam, ut cibo
et vestitu, quare ars medicinalis non est pars oeconomicae, sicut pecuniativa
? Et respondet, quod ad dispensatorem domus et ad principem civitatis pertinet
quodammodo considerare de sanitate, scilicet utendo consilio medicorum ad
sanitatem subiectorum: alio autem modo non pertinet ad eos, sed ad medicos,
considerando scilicet ex quibus rebus sanitas conservetur vel restituatur.
Similiter etiam ad dispensatorem domus quodammodo pertinet considerare de
pecunia, scilicet utendo ea iam acquisita, et utendo etiam ministerio eorum
qui acquirunt: sed considerare ex quibus rebus pecunia possit acquiri et
quomodo, hoc non pertinet ad oeconomicum, sed ad artem subservientem,
scilicet ad pecuniativam. |
132. Ensuite lorsqu’il dit [87] : ¨ Et en effet on pourrait se demander etc.¨. Il soulève une question, qui est la suivante : comme ceux qui sont dans la maison ont besoin de la santé comme ils ont besoin des choses nécessaires à la vie, comme la nourriture et le vêtement, pourquoi l’art de la médecine ne ferait-il pas partie de l’administration domestique comme ce serait le cas pour l’art d’acquérir les richesses? Et il faut répondre qu’à l’intendant de la maison tout comme au chef de la cité il appartient en un certain sens de se soucier de la santé, c’est-à-dire en se servant des conseils des médecins pour la santé de leurs sujets; mais en un autre sens, cela ne leur appartient pas mais ce doit être le propre du médecin de considérer à partir de quoi la santé peut être conservée ou rétablie. De même aussi en un certain sens il appartient à l’intendant de la famille de se soucier de l’argent, c’est-à-dire de bien user de celui qui est déjà acquis et de se servir de l’aide de ceux qui l’acquièrent; mais examiner attentivement comment et à partir de quoi l’argent peut être acquis, cela ne relève pas de l’intendant ou de l’administrateur de la maison mais d’un art auxiliaire, à savoir de l’art d’acquérir la richesse. |
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[79198] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 12 Deinde cum dicit maxime autem etc., manifestat
quod supra dixerat; scilicet quod natura tradat ea quae sunt necessaria: et
dicit quod sicut dictum est prius, ea quibus utitur oeconomica vel politica,
maxime oportet praeexistere a natura, a qua etiam accipiunt subservientes
artes. Et hoc probat per hoc quod naturae opus est dare cibum ei quod
generatur secundum naturam. Videmus enim quod illud ex quo fit aliquid,
quantum ad id quod est residuum generationis, est cibus rei generatae; sicut
patet quod animal generatur ex sanguine menstruo, et id quod est residuum ex
hac materia natura convertit in lac et praeparat cibum generato. Et ideo quia
homo constitutus est ex rebus quae sunt secundum naturam, aliae res quae sunt
secundum naturam, sunt ei cibus. Et ideo omnibus hominibus est naturalis pecuniativa,
idest acquisitiva ciborum, vel denariorum pro cibo, ex rebus naturalibus,
scilicet ex fructibus et animalibus. Quod autem aliquis acquirat pecuniam non
ex rebus naturalibus, sed ab ipsis denariis, hoc non est secundum naturam. |
133. Ensuite lorsqu’il dit [88] : ¨ Mais c’est surtout etc.¨. Il manifeste ce qu’il avait dit plus haut, à savoir que c’est la nature qui fournit ce qui est nécessaire à la vie : et il dit que, tout comme il a été dit antérieurement, les choses dont se servent l’administrateur de la maison et le chef d’état doivent au plus haut point déjà exister grâce à la nature, de laquelle les arts auxiliaires les reçoivent aussi. Et il le prouve au moyen de ceci que c’est l’œuvre de la nature de fournir la nourriture à ce qui est engendré par la nature. Nous voyons en effet que ce d’où un être est engendré est la nourriture de ce qui vient de naître quant à ce qui reste de la matière d’où il est né, ainsi qu’on le voit chez l’animal qui est engendré à partir du sang menstruel, et la nature transforme ce qui reste de cette matière en lait et prépare ainsi la nourriture du nouveau-né. Et c’est pourquoi, parce que l’homme est constitué à partir des choses qui sont naturelles, les autres choses qui existent sont pour lui de la nourriture. Et c’est pourquoi pour tous les hommes l’art naturel d’acquisition, c’est-à-dire l’acquisition de la nourriture ou l’acquisition de la monnaie en vue de la nourriture, a pour principe les choses naturelles, à savoir les fruits de la terre et les animaux. Mais l’acquisition de l’argent qui est réalisée non pas à partir des choses naturelles mais à partir de la monnaie elle-même, cela n’est pas conforme à la nature. |
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[79199] Sententia Politic., lib. 1 l. 8 n. 13 Deinde cum dicit duplici autem existente etc.,
positis duabus pecuniativis, ostendit, quae earum sit laudabilis, et quae
vituperabilis: et dicit, quod duae sunt pecuniativae: quarum una vocatur
campsoria, quae scilicet acquirit pecuniam ex pecuniis et propter ipsas
pecunias; alia autem pecuniativa est oeconomica, quae scilicet acquirit
pecunias ex rebus naturalibus, puta ex fructibus et animalibus, ut dictum
est: ista quidem secunda, est necessaria ad vitam hominum, unde et laudatur:
alia vero, scilicet campsoria, transfertur ab eo quod est necessarium naturae
ad id quod requirit concupiscentia, ut supra dictum est, et ideo iuste
vituperatur: non enim illa pecuniativa est secundum naturam, quia neque ex
rebus naturalibus est, neque ad supplendam necessitatem naturae ordinatur,
sed ex (translatione) denariorum adinvicem; inquantum scilicet homo denarios
per denarios lucratur. Et cum ista pecuniativa, quae est campsoria, iuste
vituperetur, quaedam alia acquisitiva pecuniae est, quae rationabilissime
vituperatur, et odio habetur, quae dicitur obolostatica, id est statuitiva
denariorum, sicut illi qui lucrantur in excessu denariis instituendis. Ista
enim acquisitio fit ab ipsis denariis, et non secundum primum modum qui
institutus est ad acquirendos denarios; facti sunt enim denarii gratia
translationis, id est commutationis, ut supra dictum est. Est autem et
quaedam alia acquisitiva pecuniae quae Graece vocatur tokos, id est usura per
quam denarius seipsum adauget, et ideo sic vocatur apud Graecos. Tokos enim
idem est quod partus; videmus autem quod ea quae pariuntur secundum naturam,
sunt similia generantibus; unde fit quidam partus cum denarius ex denario
crescit. Et ideo etiam ista acquisitio pecuniarum est maxime praeter naturam:
quia secundum naturam est, ut denarii acquirantur ex rebus naturalibus, non
autem ex denariis. Sic ergo una pecuniativa est laudabilis, et tres
vituperabiles, ut dictum est. |
134. Ensuite lorsqu’il dit [89] : ¨ Mais il est double etc.¨. Ayant présenté les deux formes de l’art d’acquérir la richesse, il montre laquelle des deux est louable et laquelle est blâmable. Et il dit qu’il y a deux sortes d’art d’acquisition : dont l’une s’appelle le commerce de détail, qui acquiert l’argent à partir de l’argent et en vue de lui; l’autre forme d’art d’acquisition est l’économie domestique, laquelle acquiert l’argent à partir des choses naturelles comme les fruits et les animaux, ainsi que nous l’avons dit : cette dernière certes est nécessaire à la vie de l’homme et pour cette raison doit être louée; mais à vrai dire la première, le prêt à intérêt, passe de ce qui est nécessaire à la nature à ce qu’exige la cupidité, ainsi que nous l’avons dit précédemment, et pour cela c’est avec raison qu’elle est blâmable : cette forme d’acquisition en effet n’est pas conforme à la nature car elle ne vient pas des choses naturelles et elle n’est pas ordonnée à répondre aux nécessités naturelles, mais elle tire son existence de l’échange de la monnaie, selon que l’homme gagne de l’argent au moyen de l’argent. Et puisque cette forme d’acquisition, qui est celle du prêt à intérêt, est blâmable à juste titre, une autre forme d’acquisition d’argent est blâmable et répugnante à plus forte raison : il s’agit de celle qu’on appelle usure et qui s’enrichit par l’intérêt en argent monnayable, au moyen duquel l’argent s’accroît par lui-même, d’où elle tire son nom. Nous voyons en effet que les êtres qui sont engendrés par la nature sont semblables à ceux qui les ont engendrés : d’où il se produit un certain enfantement lorsque l’argent naît de l’argent. Et c’est pourquoi cette forme d’acquisition de l’argent est elle aussi contraire à la nature au plus haut point : car il est conforme à la nature que l’argent soit acquis à partir des choses naturelles, mais non à partir de l’argent. Ainsi donc, une forme d’art d’acquisition est louable et deux autres sont blâmables, ainsi que nous l’avons dit. |
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Lectio
9 |
LEÇON 9 (nn. 135-150; [90-100]) ─ Ce que doivent
savoir ceux qui s’appliquent à connaître l’art d’acquisition : à savoir,
plus ou moins, le commerce, l’intérêt, le travail du mercenaire, de la
comparaison à faire entre eux, et de la sagesse de Thalès.
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Leçon 9 |
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[79200] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 1 Quoniam autem quae ad scientiam et cetera.
Postquam philosophus docuit cognoscere pecuniativae originem et eius
proprietates et partes, hic consequenter determinat ea quae pertinent ad usum
ipsius. Et primo dicit de quo est intentio. Secundo exequitur propositum,
ibi, sunt autem pecuniativae et cetera. Dicit ergo primo, quod quia
sufficienter determinavimus de pecuniativa in ea quae pertinet ad
cognoscendum naturam ipsius, oportet breviter et pertranseunter ponere ea
quae pertinent ad usum eius, qualiter scilicet sit ea utendum: omnia enim
huiusmodi, quae pertinent ad operationes humanas, habent liberam,
idest expeditam contemplationem; quia facile est ea considerare in
universali; sed tamen necesse est, quod habeatur experientia circa ipsa, ad
hoc quod homo possit perfectum usum eorum habere. |
135. Après nous avoir enseigné la connaissance de l’origine de l’art d’acquisition ainsi que ses propriétés et ses parties, le Philosophe détermine ici suite à cela de ce qui se rapporte à son usage. Et en premier lieu il dit quel est son propos [90]. Deuxièmement il poursuit son propos là [91] où il dit : ¨ Mais il y a dans l’art d’acquisition des parties utiles etc.¨. Il dit donc en premier lieu [90] que parce que nous avons suffisamment traité de l’art d’acquisition quant à ce qui touche à sa nature, il faut ici brièvement présenter ce qui se rapporte à son usage, c’est-à-dire comment il faut s’en servir : en effet, pour toutes les choses de cette sorte qui se rapportent aux opérations humaines, il est facile d’en faire un examen spéculatif car il est facile de les considérer dans l’universel; cependant il est nécessaire d’en acquérir une certaine expérience afin que l’homme puisse en faire un usage parfait. |
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[79201] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 2 Deinde cum dicit sunt autem pecuniativae etc.,
determinat ea, quae pertinent ad usum pecuniativae. Et circa hoc duo facit.
Primo distinguit partes ipsius. Secundo ponit quaedam documenta utilia
pecuniativae, ibi, quoniam autem a quibusdam et cetera. Circa primum duo
facit. Primo assignat partes pecuniativae, quae est necessaria ad vitam
humanam. Secundo partes pecuniativae non necessariae, ibi, translativae autem
et cetera. Dixit autem supra, necessariam esse pecuniativam, per quam homo
acquirit pecuniam ex rebus quas natura ministrat ad necessitatem vitae. Huius
autem ponit duas partes. |
136. Ensuite lorsqu’il dit [91] : ¨ Mais il y a etc.¨. Il détermine ce qui se rapporte à l’usage de l’art d’acquisition. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il en distingue les parties [95]. Deuxièmement il présente des informations utiles sur l’art d’acquisition là [95] où il dit : ¨ Mais puisque par certains etc.¨ Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il assigne les parties de l’art d’acquisition qui est nécessaire à la vie humaine [91]. Deuxièmement il présente les parties de l’art d’acquisition qui ne lui sont pas nécessaires, là [92] où il dit : ¨ Celui de l’échange a certes pour partie la plus importante le commerce etc.¨. Mais il avait dit plus haut que l’art d’acquisition nécessaire est celui au moyen duquel l’homme acquiert l’argent à partir des choses que la nature fournit pour les nécessités de la vie. Et il divise les choses de cette sorte en deux catégories. |
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[79202] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 3 Quarum prima est secundum quam homo ex emptione
et venditione talium rerum potest pecuniam acquirere. Et circa hanc partem
dicit, quod pecuniativae sunt istae partes utiles, idest utilia
quaedam documenta, ut homo sit expertus circa bona huiusmodi, quae ab
hominibus possidentur, quae eorum sint maximi pretii, et ubi maximo pretio
vendantur, et quomodo, puta quo tempore, vel secundum alias conditiones. Et
exponit de quibus possessibilibus bonis dicat: est enim quaedam possessio
equorum, et boum, et ovium, et aliorum animalium. Oportet autem eum, qui ex
his vult lucrari pecuniam, esse expertum quae eorum sint maxime cara, et in
quibus locis; quia alia istorum in aliis regionibus abundant; ut scilicet
emat in loco ubi abundant, et vendat in loco ubi sunt cara. |
137. La première de ces parties est celle selon laquelle l’homme peut acquérir de l’argent à partir de l’achat et de la vente de telles choses. Et dans cette étape il dit que ces parties de l’art d’acquisition sont utiles, c’est-à-dire qu’elles comportent des connaissances utiles à l’homme pour devenir expert par rapport à de tels biens possédés par les hommes, à savoir quels sont ceux qui sont les plus précieux, où il peuvent être vendus à meilleur prix et comment cela peut se réaliser, par exemple à quel moment et selon quelles conditions. Et il explique de la possession de quels biens il parle : il parle en effet de la possession des chevaux, des bœufs, des moutons et de tous les autres animaux de la sorte. Il faut en effet que celui qui veut s’enrichir à partir de ces bêtes doit savoir lesquelles parmi celles-ci sont les plus précieuses et en quels lieux les trouver, car certaines abondent ici alors que d’autres abondent en d’autres régions, de sorte qu’il puisse les acheter là où elles abondent et les vendre là où elles se font rares. |
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[79203] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 4 Secunda autem pars huius possessivae est, ut
homo acquirat copiam harum rerum venalium: quod quidem est per culturam
terrae, sive nudae, hoc est absque arboribus, sicut sunt campi in quibus
seminatur triticum; sive plantatae, sicut sunt vineae, et horti et oliveta.
Per huiusmodi enim culturam acquirit homo abundantiam tritici et vini, et
aliorum huiusmodi; et oportet etiam esse hominem expertum de cultura apum et
aliorum animalium tam natatilium, scilicet piscium, quam etiam volatilium,
scilicet avium; a quibuscumque contingit acquirere auxilium ad vitam humanam;
quia per horum abundantiam potest fieri acquisitio pecuniarum. Sic igitur
patet, quod istae sunt primae et propriissimae partes pecuniativae: et
dicuntur primae et propriissimae, quia sic acquiritur pecunia ex rebus
naturalibus, propter quas inventa est primo pecunia. |
138. La deuxième partie de cette forme de propriété est celle qui permet à l’homme d’acquérir quantité de ces choses qui sont à vendre et qui sont tirées de la culture de la terre, qu’elle soit nue, c’est-à-dire sans arbres, comme le sont les champs dans lesquels on sème le blé, ou qu’elle soit plantée comme le sont les vignes, les jardins et les oliveraies. C’est en effet au moyen de telles cultures que l’homme acquiert abondance de vin, de blé et d’autres produits de ce genre; et il faut aussi que l’homme s’y connaisse en élevage des abeilles et des autres animaux, tant de ceux qui se déplacent dans l’eau, comme les poissons, que de ceux qui se déplacent dans les airs, comme les oiseaux : c’est de tous ces animaux que l’homme arrive à tirer des ressources pour sa vie car c’est par l’abondance de ces derniers qu’il peut acquérir de l’argent. Ainsi donc il est évident que ce sont là les premières parties de l’art d’acquisition et celles qui lui sont les plus propres: et on dit de ces parties qu’elles sont premières et qu’elles appartiennent le plus proprement à l’art d’acquisition car c’est ainsi que l’argent est acquis à partir des choses naturelles, à cause desquelles l’argent fut inventé à l’origine. |
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[79204] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 5 Deinde cum dicit translativae autem etc.,
distinguit partes pecuniativae translativae. Dixit autem supra, pecuniativam
translativam esse per quam acquiritur pecunia non ex rebus necessariis ad
vitam, sed ex quibusdam aliis rebus. Et dicitur translativa, quia pecunia
translata est de rebus naturalibus ad huiusmodi. Circa primum tria facit.
Primo distinguit partes huius pecuniativae. Secundo excusat se a diligentiori
consideratione harum partum, ibi, de unaquaque autem et cetera. Tertio
manifestat quaedam quae dixerat, ibi, sunt autem maxime et cetera. Circa
primum ponit quatuor partes huius pecuniativae: quarum prima et maxima est
mercativa. Mercatores enim maxime pecunias acquirunt. Et hanc primam partem
secundo distinguit in tres partes; quarum prima est naucleria, quae scilicet
mercationes exercet per mare. Alia autem dicitur phortigia, idest oneraria,
nam fortion in Graeco dicitur pondus vel onus, quae scilicet exercet
mercationes in terra per deportationem onerum in curribus vel iumentis.
Tertia autem vocatur parastasis id est assistentia, puta cum aliquis non
defert merces nec per mare nec per terram, sed assistit mercatoribus per
communicationem pecuniae vel rerum: et istae partes differunt adinvicem: quia
quaedam eorum sunt certiores, sicut mercationes terrae, quaedam autem faciunt
magis excrescere lucrum, sicut mercationes maris, quae tamen sunt magis
periculosae. |
139. Ensuite lorsqu’il dit [92] : ¨ Mais de l’art d’acquisition qui fut transféré etc.¨. Il distingue les parties de l’art d’acquisition qui fut transféré à l’échange de monnaie. On a dit plus haut que l’art d’acquisition transféré à l’échange de monnaie est celui au moyen duquel l’argent est acquis non pas à partir des choses nécessaires à la vie mais à partir d’autres choses. Et on dit que cette forme d’art d’acquisition est transférée parce que l’argent est transféré des choses naturelles à ces autres choses. Et au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu [92] il distingue les parties de cette forme d’acquisition. Deuxièmement il s’excuse de ne pas avoir fait un examen plus soigné de ces parties, là [93] où il dit : ¨ De chacune de ces etc.¨. Troisièmement il manifeste certaines choses qu’il avait dites là [94] où il avait dit : ¨ Mais celles qui au plus haut point etc.¨. Au sujet du premier point [92] il présente les quatre parties de cet art d’acquisition, dont la première et la plus importante est le commerce. En effet, les commerçants sont ceux qui acquièrent le plus d’argent. Et il subdivise par la suite cette première partie en trois catégories, dont la première est la navigation qui est la pratique du commerce par voie de mer; mais une autre s’appelle le charriage, c’est-à-dire le transport au moyen de bêtes de somme qui est la pratique du commerce sur terre par le déplacement des cargaisons dans des chars ou des charriots. La troisième s’appelle le négoce, soit quand par exemple quelqu’un, sans déplacer les marchandises ni par terre ni par mer, assiste les commerçants en leur communiquant soit l’argent soit les choses elles-mêmes; et ces parties diffèrent les unes des autres car certaines sont plus sécuritaires, comme le commerce qui s’exerce sur terre, d’autres engendrent de plus grands profits comme le commerce sur mer qui cependant sont plus périlleuses. |
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[79205] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 6 Secunda autem pars principalis huius
translativae pecuniativae est toquismos, id est usuraria, quae scilicet per
usuras pecuniam acquirit. |
140. Mais la deuxième grande partie de cette forme d’acquisition est le prêt usuraire, c’est-à-dire celle qui acquiert l’argent par les intérêts tirés de l’argent prêté. |
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[79206] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 7 Tertia autem pars est mistarina, id est
mercennaria, sicut eorum qui labores suos locant pro mercede pecuniarium. In
hac est quaedam differentia: quia quaedam mercenaria fit per artes banausas,
idest maculativas corporis, sicut est ars coquorum et huiusmodi
ministeriorum. Quaedam autem fit per labores non artificiales, et qui sunt
utiles soli corpori et in quibus etiam solum corpus est utile; sicut illi qui
mercede conducuntur ad fodiendum in agro, vel ad aliquid aliud huiusmodi. |
141. La troisième grande subdivision du commerce est le mercenariat, comme on le voit chez ceux qui louent leurs travailleurs pour un prix en argent. Mais il y a une différence à faire dans cette division car certains mercenaires exercent leur fonction au moyen d’un art utile, comme l’art de la cuisine ou d’autres services du même genre alors que d’autres exercent des tâches qui ne font pas appel à un art, mais ils sont des manœuvres dont toute l’utilité fait appel à leur seule force corporelle comme on le voit chez ceux qui au moyen d’un salaire sont amenés à labourer les champs ou à faire d’autres tâches du même genre. |
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[79207] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 8 Quarta autem pars est media inter translativam
et primam quae est necessaria, habens aliquid de utraque, illa scilicet quae
acquirit lucrum per incisionem lapidum vel metallorum de terra. Habet enim
hoc commune cum prima pecuniativa, quia est a terra et ab his quae generantur
ex terra, sicut agricultura circa ea est quae generantur ex terra. Cum translativa
autem convenit in hoc quod huiusmodi metalla non faciunt aliquem fructum
pertinentem ad necessitatem vitae, sicut faciunt campi et animalia: sunt
tamen huiusmodi utilia ad alia, puta ad aedificandas domos vel ad aliqua
instrumenta construenda. Et ista
quarta pars complectitur sub se diversa genera, secundum diversas species
metallorum, quae sunt aurum, argentum, ferrum et huiusmodi. |
142. Une quatrième partie de cet art d’acquisition est intermédiaire entre la forme d’acquisition qui est transférée et cette forme originelle et nécessaire dont nous avons parlé, puisqu’elle possède quelque chose qui relève de l’une et de l’autre : c’est celle qui acquiert la richesse par la taille des pierres ou des métaux tirés de la terre. En effet elle possède ceci en commun avec la première forme d’acquisition qu’elle procède à partir de la terre et de ce qui est engendré de la terre tout comme l’agriculture procède des choses qui sont engendrées à partir du sol. Mais elle ressemble à la forme d’acquisition transférée en ceci que de tels métaux ne produisent pas des fruits qui répondent aux nécessités de la vie comme le font les champs et les animaux : cependant les choses de ce genre sont utiles à d’autres arts, comme l’art de construire des maisons, ou à la fabrication de certains instruments. Et cette quatrième partie contient en elle différentes espèces d’après les diverses espèces de métaux qui existent comme l’or, l’argent, le fer et les autres métaux de la sorte. |
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[79208] Sententia Politic., lib. 1 l. 9
n. 9 Deinde cum dicit de unaquaque
autem etc., excusat se a perfecta horum determinatione; et dicit quod dictum
est nunc utiliter de istis partibus: esset autem utile ad operationes eorum
qui volunt pecuniam acquirere, quod diligentius determinaretur particulariter
de singulis; sed tamen grave est diu commorari circa talia tendentibus ad
maiora. |
143. Ensuite lorsqu’il dit [93] : ¨ De chacune etc.¨. Il s’excuse de n’avoir pas distingué parfaitement cette forme d’acquisition; et il dit que maintenant nous avons parlé de ces parties d’une manière valable : il serait cependant utile aux opérations de ceux qui désirent acquérir de l’argent d’examiner plus soigneusement et en détail chacune de ces parties; mais pour ceux qui tendent à de plus grandes choses, il serait ennuyeux de s’attarder plus longtemps sur ce sujet. |
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[79209] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 10 Deinde cum dicit sunt autem maxime exponit
quaedam quae dixerat de operationibus banausis et inartificialibus; et dicit
quod illae operationes sunt maxime artificiales, in quibus minimum operatur
fortuna: hoc enim a fortuna fieri dicimus quod fit praeter praevisionem
rationis, in qua ars consistit. Unde operationes illae, quarum eventus multum
subiacent fortunae, parum sunt artificiales; sicut eorum qui piscantur cum
hamo, et aliorum huiusmodi: et e contrario operationes quarum effectus parum
subiacent fortunae, sunt maxime artificiales, sicut fabrorum et aliorum
artificum. Illae autem operationes sunt maxime banausicae, id est abiectae et
viles, quibus corpora maxime maculantur, sicut tinctorum et eorum qui purgant
plateas et aliorum huiusmodi. Illae autem operationes sunt maxime serviles,
ubi maior pars usus est ex parte corporis et parum ex parte rationis; sicut
eorum qui deferunt onera, et cursorum et huiusmodi. Illae autem sunt
ignobilissimae inter omnes ad quas requiritur minimum de virtute vel animi
vel corporis; sicut in aliquibus praedictarum apparet. |
144. Ensuite lorsqu’il dit [94] : ¨ Mais celles qui sont etc.¨. Il explique ce qu’il avait dit au sujet des opérations viles et qui se réalisent naturellement ou sans art; et il dit que les opérations qui se réalisent le plus avec art sont celles où le hasard intervient le moins : en effet, nous disons que ce qui arrive par hasard est ce qui se produit en dehors des prévisions de la raison visées par l’art. D’où il suit que ces opérations dont l’apparition est grandement soumise au hasard relèvent très peu de l’art, comme celles des pêcheurs à la ligne et d’autres opérations de la sorte; mais au contraire, les opérations dont les effets sont peu soumis au hasard sont au plus haut point produites par l’art, comme celles du forgeron et des autres artisans. Mais les opérations les plus humbles et qui ont le moins de valeur sont celles par lesquelles les corps sont le plus souillés comme celles des cuisiniers, de ceux qui nettoient les places publiques et des autres métiers de la sorte. Mais celles qui sont les plus serviles sont celles qui pour la plus grande part sont dues à la force corporelle et doivent peu à la raison, comme celles qui ont pour but de transporter les charges, celles des messagers et d’autres fonctions du même genre. Mais les opérations les plus abjectes et les plus méprisables de toutes sont celles qui requièrent le moins de vertu, soit du corps, soit de l’âme, ainsi qu’il apparaît dans certaines de celles dont nous venons de parler. |
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[79210] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 11 Deinde cum dicit quoniam autem a quibusdam
etc., proponit documenta utilia ad partes praemissas pecuniativae. Et primo
docet huiusmodi documenta considerare ex Scripturis. Secundo ex exemplis,
ibi, adhuc autem et dicta et cetera. Dicit ergo primo, quod quia quidam
sapientes de praemissis scripserunt, sicut quidam Carittis nomine, parilis
origine, et Apollodorus Linius scripserunt de cultura terrae tam nudae quam
plantatae, velut et apud Latinos Palladius, et ab aliis scriptum est de aliis
praemissarum partium: quicumque habet curam plenius praemissa cognoscere
consideret ex eorum libris. |
145. Ensuite lorsqu’il dit [95] : ¨ Mais puisque etc.¨. Il présente des informations utiles pour les parties précédentes de l’art d’acquisition. Et en premier lieu il montre qu’il faut considérer ces informations à partir des écrits [95]. Deuxièmement il montre qu’il faut les considérer à partir d’exemples, là [96] où il dit : ¨ Mais de même, par d’autres auteurs etc.¨. Il dit donc en premier lieu [95] que, parce que certains sages ont écrit sur les sujets qui précèdent, comme un dénommé Charès, originaire de Paros, et Appollodore de Lemnos, qui ont écrit sur la culture des terres, tant sur celles qui sont à ensemencer que sur celles qui sont plantées d’arbres, et chez les latins un certain Palladius et d’autres auteurs qui ont écrit sur d’autres sujets relatifs aux parties qui précèdent, quiconque s’intéresse à ces sujets doit les examiner à partir de leurs livres. |
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[79211] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 12 Deinde cum dicit adhuc autem et dicta etc.,
proponit documentum de exemplis considerandis. Et primo proponit quod
intendit. Secundo subiungit exempla, ibi, puta quod et Thaleo et cetera.
Dicit ergo primo, quod non solum oportet considerare libros eorum, qui artes
de praedictis partibus construxerunt; sed etiam si quae dicuntur exempla
dispersa in diversis narrationibus per quae aliqui acquisiverunt magnam
pecuniam, oportet huiusmodi considerare: haec enim erunt utilia his qui
intendunt acquirere pecunias. |
146. Ensuite lorsqu’il dit [96] : ¨ Mais de même etc.¨. Il présente l’information à partir de la considération d’exemples. Et en premier lieu il présente son propos [96]. Deuxièmement il y ajoute des exemples, là [97] où il dit : ¨ Par exemple, ce que Thalès etc.¨. Il dit donc en premier lieu [96] qu’il ne faut pas seulement considérer les livres de ces sages qui ont constitué les arts qui correspondent à chacune des parties qui précèdent, mais s’il existe ici et là dans différentes traditions orales différents exemples de personnes qui accumulèrent d’immenses fortunes, il faut considérer les moyens grâce auxquels elles y sont parvenues : ces informations en effet seront utiles à ceux qui veulent acquérir de l’argent. |
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[79212] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 13 Deinde cum dicit puta quod et Thaleo etc.,
subiungit duo exempla; quorum secundum incipit ibi, in Sicilia autem et
cetera. Circa primum duo facit. Primo proponit exemplum. Secundo ostendit ad
quid est utile, ibi, est autem quemadmodum diximus et cetera. Sciendum est
ergo circa primum, quod Thales Milesius fuit unus de septem sapientibus, qui
primus incoepit studere in philosophia naturali, aliis sex sapientibus circa
res humanas occupatis. Cuius factum habet quamdam considerationem utilem ad
acquirendum pecunias, quamvis ascribatur non ad cupiditatem pecuniae, sed ad
sapientiam: potest tamen ex eius facto sumi quoddam universale documentum
acquirendi pecunias. Cum enim exprobraretur sibi ab aliquibus quod pauper
esset, et quod sic sua philosophia esset sibi inutilis, consideravit per
astrologiam, cuius erat peritus, quod in futuro anno, futura esset ubertas
olivarum praeter consuetudinem: nam in praecedenti anno, etiam fuerat
olivarum ubertas: ut plurimum autem olivae deficiunt post ubertatem. Cum
igitur adhuc in hieme esset abundantia olivarum, dedit cultoribus olivarum in
duabus civitatibus, scilicet Mileto et Quio, paucas pecunias pro arra fructus
futuri anni, qui parum credebatur excrescere. Quando ergo venit tempus
olivarum, multis simul et subito quaerentibus emere olivas, taxavit pretium,
sicut voluit; et sic colligens multas pecunias, ostendit quod philosophis
facile est ditari si volunt, sed non est studium eorum ad hoc: et per hunc
modum Thales ostendit suam sapientiam. |
147. Ensuite lorsqu’il dit [97] : ¨ Par exemple, ce que etc.¨. Il ajoute deux exemples, dont le deuxième commence ainsi [99] : ¨ En Sicile, etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il présente un exemple [97]. Deuxièmement il montre à quoi il est utile, là [98] où il dit : ¨ Il y a cependant etc.¨. Il faut donc savoir au sujet du premier point [97] que Thalès de Milet fut un des sept sages qui le premier commença à étudier la philosophie de la nature, les six autres s’étant attachés à l’examen des choses humaines. Il s’agit d’un fait qui a son importance pour l’acquisition de l’argent bien qu’il ne doive pas être imputé au désir d’acquérir de l’argent, mais à la sagesse de Thalès : on peut cependant à partir de ce fait tirer un certain principe universel pour acquérir de l’argent. En effet, puisqu’on lui reprochait d’être pauvre et qu’ainsi sa philosophie lui était inutile, il considéra par l’examen des astres dont il était instruit qu’il y aurait dans l’année à venir une abondance d’olives hors de l’ordinaire. Mais comme il arrive souvent, après l’abondance, les olives se font rares. Donc puisque jusqu’à présent en hiver les olives abondaient, il donna aux producteurs d’olives de deux cités, c’est-à-dire de Milet et de Chios, une petite quantité d’argent comme gage de la récolte de l’année à venir, puisqu’ils ne croyaient pas tirer une grande croissance de leurs champs. Quand vint le temps des olives, plusieurs cherchant en même temps et rapidement à acheter des olives, il fixa le prix des olives comme il le voulut : et en amassant ainsi une fortune, il montra qu’il est facile aux philosophes de s’enrichir s’ils le veulent mais que ce n’est pas là leur préoccupation : et c’est de cette manière que Thalès manifesta sa sagesse. |
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[79213] Sententia
Politic., lib. 1 l. 9 n. 14 Deinde
cum dicit est autem quemadmodum diximus etc., ostendit ad quid est utile
pecuniativae huiusmodi exemplum: et dicit quod hoc est valde utile ad
acquirendum pecunias, si quis possit praeparare monopoliam, id est unicam et
singularem venditionem, ut scilicet ipse solus vendat res aliquas in
civitate. Polis enim in Graeco per o parvum scriptum et I breve significat
civitatem, scriptum autem per o parvum et y Graecum significat multitudinem,
scriptum vero per o magnum significat venditionem; unde dicitur versus est
polis urbs, sed multa polis est vendere polis: ex quo dicitur monopolia, id
est singularis venditio. Et quia hoc multum facit ad pecunias acquirendas,
ideo quaedam civitates cum indigeant pecuniis instituunt monopoliam, ut
scilicet communitas singulariter vendat sal vel aliquid huiusmodi. |
148. Ensuite lorsqu’il dit [98] : ¨ Il y a cependant etc.¨. Il montre à quoi est utile un tel exemple d’art d’acquisition : et il dit que cet exemple est grandement utile pour acquérir de l’argent, s’il est possible à quelqu’un de préparer une vente spécifique dans laquelle il serait le seul à vendre certaines choses dans la cité. |
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[79214] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 15 Deinde cum dicit in Sicilia autem etc., ponit
secundum exemplum; et primo narrat factum; secundo ostendit quod redit in
idem cum primo. Dicit ergo primo, quod cum quidam in Sicilia haberet pecuniam
apud se reconditam, emit simul omne ferrum de mineris in quibus fundebatur.
Unde cum venissent mercatores, ipse solus vendebat, non tamen faciebat magnum
excessum pretii, ut expeditius venderet; tamen lucratus est de quinquaginta
talentis centum. Dionysius autem tyrannus Syracusanorum, sentiens hunc valde
ditatum, mandavit ei quod ulterius non habitaret in Syracusis, permittens
tamen ei portare suas secum pecunias. Quod enim aliqui cives multum ditentur,
reputant sibi tyranni esse inconveniens, ut infra dicetur. |
149. Ensuite lorsqu’il dit [99] : ¨ En Sicile etc.¨. Il présente un deuxième exemple; et d’abord il relate un fait [99]. Deuxièmement il montre que ce fait se ramène au premier dont il a déjà parlé. Il dit donc en premier lieu qu’un individu de Sicile qui possédait de l’argent en monnaie qu’il avait mis de côté acheta d’un seul coup tout le fer des mines où il était fixé. Suite à cela, lorsque vinrent les marchands, il était le seul à pouvoir en vendre; cependant il n’en augmenta pas excessivement le prix pour pouvoir le vendre plus rapidement et gagna cependant cent talents pour une dépense de cinquante talents. Mais Denys, tyran de Syracuse, voyant que cet individu s’était grandement enrichi, lui demanda de ne plus habiter à Syracuse à l’avenir, lui permettant cependant d’emporter avec lui son argent. En effet, les tyrans croyaient qu’il leur serait nuisible que certains citoyens puissent s’enrichir à ce point, ainsi que nous le verrons plus loin. |
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[79215] Sententia Politic., lib. 1 l. 9 n. 16 Deinde cum dicit quod vero visum fuit etc.,
ostendit quod illud in idem redit cum primo; quia et isti Siculo et Thali
philosopho idem visum fuit, ut scilicet exerceret monopoliam: et etiam utile
est quod politici considerent, quia multis civitatibus necesse est acquirere
pecunias, sicut et domibus; et adhuc magis, quanto civitas pluribus indiget.
Et ideo quidam qui student circa regimina civitatum, ad hoc principaliter
videntur intendere, ut multiplicent pecuniam in aerario publico. |
150. Ensuite lorsqu’il dit [100] : ¨ Ce qui en vérité etc.¨. Il
montre que ce dernier exemple revient au premier; car ce Sicilien et le
philosophe Thalès eurent la même vision, à savoir celle d’exercer un
monopole : et il est utile même aux hommes d’État de considérer cette
question car il est nécessaire à de nombreuses cités d’acquérir de l’argent
tout comme les familles, mais en plus grande quantité puisque leurs besoins
sont plus considérables. C’est pourquoi certains de ceux qui s’occupent du
gouvernement des cités semblent se porter principalement vers ce sujet, à
savoir l’accroissement de l’argent dans le trésor public |
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Lectio
10 |
LEÇON 10 (nn. 151-161; [101-106]) ─ Examen de la
première et de la deuxième espèce de famille; et que les esclaves doivent
posséder des vertus auxquelles ils sachent évidemment bien se conformer.
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Leçon 10 |
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[79216] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 1 Quoniam autem tres partes et cetera. Postquam
philosophus determinavit de coniugatione domini et servi, addito etiam
universali tractatu de possessione, hic determinat de aliis duabus
coniugationibus domesticis, quas supra posuerat; scilicet viri ad uxorem et
patris ad filium; et dividitur in partes duas. In prima determinat quaedam de
huiusmodi coniugationibus. In secunda excusat se a diligentiori horum
consideratione, ibi, de mulieris autem et viri et cetera. Circa primum duo
facit. Primo determinat de praedictis coniugationibus, comparans eas aliis
principatibus. Secundo movet quamdam quaestionem communem de omnibus, ibi,
primo igitur quidem de servis et cetera. Circa primum tria facit. Primo ponit
comparationem praedictarum coniugationum ad alios principatus. Secundo
comparationem praedictam manifestat, ibi, in politicis quidem et cetera.
Tertio ostendit quod solicitudo oeconomiae maxime circa huiusmodi
coniugationes versatur, ibi, manifestum igitur et cetera. |
151. Après avoir traité du rapport entre le maître et l’esclave et ayant aussi ajouté des considérations générales sur la propriété, il traite ici de deux autres relations domestiques qu’il avait présentées plus haut, à savoir celle du mari à son épouse et celle du père à ses enfants; et il divise cette considération en deux parties. Dans la première il précise certaines choses sur ces sortes de relations [101]. Dans la seconde il s’excuse de ne pas traiter de ces relations d’une manière plus poussée, là [112] où il dit : ¨ Au sujet de l’homme et de la femme etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il traite des relations qui précèdent en les comparant à d’autres formes d’autorité [101]. Deuxièmement il soulève une question commune à toutes les formes d’autorité là [105] où il dit : ¨ Donc en premier lieu certes etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il présente une comparaison entre les relations qui précèdent et les autres formes d’autorité [101]. Deuxièmement, il manifeste cette comparaison-là [102] où il dit : ¨ Donc certes dans les tâches des hommes d’État etc.¨. Troisièmement il montre que le souci de l’administration domestique doit au plus haut point se porter sur les relations de cette sorte, là [104] où il dit : ¨ Il est donc évident etc.¨. |
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[79217] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 2 Dicit ergo primo, quod cum prius dictum sit
quod tres sint partes oeconomicae, idest gubernativae domus, secundum
tres coniugationes praedictas: de una earum iam dictum est, scilicet de
despotica, quae pertinet ad dominum et servum: unde restat dicere de secunda,
quae est paterna, pertinens ad patrem et filium; et de tertia quae est
nuptialis, pertinens ad virum et uxorem. De quibus tria dicit. Primo quidem,
quod in utraque harum coniugationum est quaedam praelatio, sive quidam
principatus. Vir enim principatur mulieri, et pater filiis, non quidem sicut
servis, sed sicut liberis: in quo differunt hi duo principatus a principatu
despotico. Secundum est, quod hi duo principatus non sunt uniusmodi; sed vir
principatur mulieri politico principatu, idest sicut aliquis qui eligitur in
rectorem civitati praeest: sed pater praeest filiis regali principatu; et hoc
ideo, quia pater habet plenariam potestatem super filios, sicut et rex in
regno: sed vir non habet plenariam potestatem super uxorem quantum ad omnia,
sed secundum quod exigit lex matrimonii; sicut et rector civitatis habet
potestatem super cives secundum statuta. Tertio autem manifestat hos duos
principatus esse secundum naturam; quia semper quod est principalius in
natura, principatur, ut supra habitum est. Sed masculus est naturaliter
principalior femina, nisi aliquid accidat praeter naturam, sicut in hominibus
effeminatis: et similiter pater est naturaliter principalior filio, sicut
antiquius iuniore et sicut perfectum imperfecto; ergo naturaliter masculus
principatur feminae et pater filiis. |
152. Il dit donc en premier lieu [101] que puisqu’il qu’il avait dit précédemment qu’il y a trois parties dans l’économique, c’est-à-dire dans l’administration domestique, correspondant aux trois sortes de relations qui précèdent, dont l’une est l’autorité du maître qui se rapporte à la relation entre le maître et l’esclave, dont nous avons déjà parlé; il reste donc à parler en deuxième lieu de l’autorité paternelle, qui se rapporte à la relation entre le père et ses enfants, et en troisième lieu de l’autorité conjugale qui se rapporte à la relation entre le mari et sa femme. Et au sujet de ces deux dernières parties il dit trois choses. Et en premier lieu il dit certes qu’il existe dans chacune de ces deux dernières relations une certaine priorité, une certaine supériorité. En effet l’homme commande à la femme et le père à ses enfants mais non pas certes comme à ses esclaves, mais comme à des hommes libres : c’est en cela en effet que ces deux dernières autorités diffèrent de l’autorité du maître. Il dit en deuxième lieu que ces deux dernières autorités ne sont cependant pas de même sorte; mais l’homme commande à la femme par une autorité politique, à savoir comme celui qui est élu à la direction de la cité commande à cette dernière, mais le père de son côté commande à ses enfants comme par une autorité royale; et il en est ainsi car le père possède un plein pouvoir sur ses enfants comme le roi sur son royaume; mais l’homme ne possède pas un plein pouvoir sur sa femme selon tous les rapports, mais seulement selon ce qu’exige la loi du mariage tout comme celui qui gouverne la cité n’a de pouvoir sur cette dernière que celui qui est déterminé par les décrets qui lui ont été accordés. Et troisièmement il manifeste finalement que ces deux dernières autorités sont conformes à la nature; car toujours, dans la nature, c’est ce qui est supérieur qui commande ainsi que nous l’avons établi plus haut. Mais l’homme est naturellement supérieur à la femme à moins qu’il ne se produise quelque chose qui serait contre nature, ainsi qu’on le voit chez les hommes efféminés; et de même le père est naturellement supérieur à ses enfants, comme le plus vieux l’est au plus jeune et le parfait l’est à l’imparfait; c’est donc par nature que l’homme commande à la femme et le père à ses enfants. |
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[79218] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 3 Deinde cum dicit in politicis quidem igitur
etc., manifestat comparationes praedictas. Et primo nuptialis principatus ad
politicum. Secundo paterni ad regalem, ibi, puerorum autem principatus et
cetera. Ostendit ergo primo comparationem quantum ad differentiam: quia in
politicis principatibus transmutantur personae principantis et subiectae: qui
enim sunt in officio principatus uno anno, subditi sunt alio; et hoc ideo
quia talem principatum competit esse inter eos qui sunt aequales secundum
naturam et in nullo differunt naturaliter, sed tamen tempore, quo unus
principatur et alii subiiciuntur. Industria humana adinvenit quamdam differentiam
et quantum ad figuram quae consistit in exterioribus insigniis, et quantum ad
sermones, quia aliter nominantur quam prius, et aliter eos homines
alloquuntur; et similiter quantum ad honores, quia scilicet cives quasdam
reverentias exhibent ei qui est in principatu, quas ante non exhibebant;
sicut Amasis poeta dixit de lotore pedum: ille enim qui est lotor pedum, si
circumponerentur sibi huiusmodi insignia et alia duo dona exhiberentur, non
videretur a principe civitatis differre. Sic ergo patet quod politicus
principatus permutatur de persona in personam: sed hoc non contingit in
principatu maris ad feminam: non enim qui est mas postea fit femina, aut e
converso; sed semper manet eodem modo. |
153. Ensuite lorsqu’il dit [102] : ¨ Dans les régimes politiques etc.¨. Il manifeste les comparaisons qu’il vient de faire. Et en premier lieu il manifeste la comparaison de l’autorité conjugale à l’autorité de l’homme d’État [102]. Deuxièmement il manifeste la comparaison de l’autorité du père à celle du roi là [103] où il dit : ¨ Mais l’autorité du père sur ses enfants etc.¨. Donc en premier lieu il éclaire ses comparaisons quant à leur différence [102] : car pour ce qui est de l’autorité civile, les gouvernants et leurs sujets se remplacent alternativement : ceux en effet qui sont en autorité pendant une année deviennent sujets l’année suivante; et il en est ainsi car il appartient à une telle autorité de s’exercer parmi ceux qui sont égaux selon la nature et qui ne diffèrent naturellement en rien mais seulement selon le temps pendant lequel un tel gouverne et les autres sont gouvernés. En vérité l’activité humaine découvre une certaine différence à la fois quant à la forme par les marques d’honneur extérieures et quant aux discours car ceux-ci ne reçoivent pas les mêmes titres qu’avant et ce n’est plus de la même façon qu’on s’adresse à ces hommes; et il en est de même quant aux honneurs car les citoyens manifestent à celui qui est en autorité des signes de respect qu’ils ne lui manifestaient pas auparavant, ainsi que le dit le poète au sujet du bain de pied d’Amasis : celui en effet qui lave les pieds, s’il était entouré de telles marques d’honneur et qu’on lui présentait deux autres offrandes, ne paraîtrait différer en rien du chef de la cité. Ainsi donc il est évident que le titre de chef d’État passe d’une personne à une autre mais que cela ne se produit pas en ce qui concerne l’autorité de l’homme sur sa femme : en effet celui qui est un mâle ne devient pas une femme par la suite ni inversement une femme ne devient pas un mâle mais l’un et l’autre demeurent toujours dans le même genre. |
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[79219] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 4 Deinde cum dicit puerorum autem principatus
etc., comparat principatum paternum ad regalem secundum similitudinem; et
dicit quod principatus patris respectu puerorum, id est filiorum est regalis.
In hoc enim principatu duo attenduntur: scilicet quod pater qui generat
principatur secundum amorem, naturaliter enim amat filios; et iterum
principatur secundum senectutem, quasi habens quamdam naturalem praerogativam
aetatis supra filios: et quantum ad hoc est species, idest similitudo
principatus regalis. Et inde est quod Homerus appellavit Iovem, idest
summum Deum, patrem virorum et deorum, idest regem omnium, et hominum,
et superiorum substantiarum quas deos vocabant. Oportet enim quod rex qui
perpetuo principatur et plenariam habet in omnibus potestatem, differat a
subditis secundum naturam in quadam magnitudine bonitatis; et quod tamen sit
genere idem eis, ad minus secundum speciem humanam; melius autem erit et si
etiam unitate gentis. Et haec etiam est comparatio senioris ad iuniorem et
generantis ad genitum, quod scilicet habet naturalem praerogativam
perfectionis. Ideo autem oportet regem naturaliter differre ab aliis: nisi
enim esset naturali quadam bonitate melior, non esset iustum quod semper
dominaretur plenaria potestate sibi aequalibus, ut infra in tertio dicetur.
Sic igitur naturalis differentia separat principatum regalem a politico, qui
est ad aequale secundum naturam: amor autem separat principatum regalem a
tyrannico, qui non principatur propter amorem, quem habet ad subditos, sed
propter commodum proprium. |
154. Ensuite lorsqu’il dit [103] : ¨ Mais l’autorité du père sur les enfants etc.¨. Il compare l’autorité du père à celle du roi d’après une similitude; et il dit que l’autorité du père à l’égard de ses enfants est semblable à celle du roi. Dans cette autorité en effet on doit considérer deux choses : à savoir que le père, ayant engendré ses enfants, commande par amour car il aime naturellement ses enfants; et il commande de plus par la maturité de la vieillesse, détenant une certaine priorité sur ses enfants due à son âge : c’est pour ces raisons que l’autorité du père est de même espèce que l’autorité royale. Et c’est pour cela qu’Homère appela Zeus le plus grand des dieux, le père des hommes et des dieux, c’est-à-dire le roi de tous, à la fois des hommes et de ces substances supérieures qu’il appelait les Dieux. Il faut en effet que le roi, qui possède un pouvoir absolu et universel sur les hommes, diffère par nature de ses sujets quant à la qualité de sa bonté et qu’il soit cependant de même nature qu’eux, au moins sous le rapport de l’espèce humaine et ce sera mieux encore s’il est de même race qu’eux. Et telle est encore la relation du plus vieux au plus jeune et du père à ses enfants, à savoir qu’elle est celle qui possède une supériorité naturelle de perfection. Mais c’est pourquoi il faut que le roi diffère des autres selon la nature : car s’il n’était pas supérieur aux autres en raison qu’une excellence naturelle, il ne serait pas juste qu’il règne continuellement sur ses semblables par un pouvoir complet, ainsi que nous le verrons plus loin au troisième livre. Ainsi donc il y a une différence naturelle qui sépare l’autorité du roi de celle de l’homme d’État, cette dernière s’adressant à des égaux selon la nature; mais c’est l’amour qui distingue l’autorité royale de celle du maître, lequel ne commande pas par amour de ses sujets, mais parce qu’il est mû par un avantage qui lui est propre. |
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[79220] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 5 Deinde cum dicit manifestum igitur etc.,
concludit quod principalis intentio oeconomici est circa istas duas
coniugationes principalior, quam circa alia. Magis enim intendit circa
homines quam circa possessionem inanimatorum, sicut tritici, et vini et
aliorum huiusmodi: et magis debet intendere ad virtutem per quam homines bene
vivunt, quam ad virtutem possessionis per quam possessio bene procuratur et
multiplicatur, quod signatur nomine divitiarum: et similiter etiam magis
studet ad virtutem liberorum quam servorum. Et huius ratio potest assignari,
quia principalis intentio cuiuslibet est de fine. Res autem inanimatae
quaeruntur propter homines, sicut propter finem, et servi propter liberos ut
eis ministrent. |
155. Ensuite lorsqu’il dit [104] : ¨ Il est donc évident etc.¨. Il conclut en disant que l’intention première de l’administration domestique porte davantage sur ces deux relations que sur une autre. Elle doit en effet porter davantage sur les hommes que sur leurs avoirs relatifs aux choses inanimées comme le blé, le vin et les autres choses de la sorte; et elle doit davantage tendre à l’acquisition de la vertu, grâce à laquelle les hommes vivent bien, qu’à l’acquisition de la capacité d’acquérir des propriétés, capacité par laquelle on obtient et augmente les biens matériels que les hommes appellent la richesse; et de même elle doit davantage s’appliquer à susciter la vertu des hommes libres que celle des esclaves. Et l’on peut présenter la raison de ceci : car en toute chose l’intention principale doit porter sur la fin; mais les choses inanimées sont recherchées en vue de l’homme comme en vue de leur fin, et les esclaves en vue des hommes libres pour les servir. |
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[79221] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 6 Deinde cum dicit primo quidem igitur etc., quia
fecerat mentionem de virtute liberorum et servorum, movet de hoc quaestionem;
et circa hoc tria facit. Primo movet. Secundo solvit eam, ibi, manifestum
quia necesse et cetera. Tertio ex solutione movet iterum aliam quaestionem,
ibi dubitabit autem utique aliquis et cetera. Circa primum duo facit. Primo
movet quaestionem circa dominum et servum. Secundo circa alios principatus,
ibi, fere autem idem est quod quaeritur et cetera. Dicit ergo primo, quod de
servis potest esse quaedam dubitatio. Manifestum est enim quod servus debet
habere quamdam virtutem organicam et ministrativam, per quam scilicet sciat
et possit exequi mandatum domini et ei servire, sicut supra dictum est, quod
sunt quaedam serviles scientiae. Sed dubitatio est utrum praeter huiusmodi
virtutes sit aliqua alia dignior virtus conveniens servo, sicut sunt virtutes
morales, ut temperantia, fortitudo, iustitia et alia huiusmodi; vel nulla
virtus competat servo, nisi quae pertinet ad corporalia servitia. Et dicit
quod ex utraque parte videtur esse dubitatio: quia si competit servis habere
huiusmodi virtutes, sicut et liberis, in nullo videbuntur differre a liberis;
ex alia parte inconveniens videtur, si, cum sint homines ratione
communicantes, non habeant virtutes quibus homines vivunt secundum rationem. |
156. Ensuite lorsqu’il dit [105] : Donc, en premier lieu etc.¨. Parce qu’il avait parlé de la vertu des hommes libres et de celle des esclaves, il soulève ici une question à ce sujet; et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il soulève la question [105]. Deuxièmement il y répond là [107] où il dit : ¨ Il est donc évident etc.¨. En troisième lieu il soulève une autre question à partir de la première là [109] où il dit : ¨ Mais on pourrait certainement se demander etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il soulève une question au sujet du maître et de l’esclave [105]. Deuxièmement il soulève une question relativement à d’autres formes d’autorité, là [106] où il dit : ¨ Mais c’est à peu près la même chose etc.¨. Il dit donc en premier lieu [105] qu’on peut se poser une question au sujet des esclaves. Il est évident en effet que l’esclave doit posséder une certaine vertu instrumentale et exécutive par laquelle il sache et puisse exécuter le mandat du maître pour le bien servir ainsi que nous l’avons dit relativement aux savoirs que l’esclave doit posséder. Mais la question est de savoir si, en dehors de ces vertus, il existe des vertus plus dignes qui appartiennent à l’esclave comme la tempérance, la force, la justice etc., ou si aucune vertu n’appartient à l’esclave en dehors de celles qui sont propres aux tâches matérielles. Et il dit que d’un côté comme de l’autre les réponses à cette question semblent présenter un problème : car s’il appartient à l’esclave comme à l’homme libre de posséder ces vertus, il ne différera en rien de l’homme libre; bien plus, les hommes les plus excellents sembleront être ceux qui l’emportent à la fois quant aux vertus des esclaves et à celles des hommes libres; d’un autre côté, il semble se présenter un autre problème si les esclaves ne possèdent pas ces vertus grâce auxquelles les hommes vivent selon la raison puisque c’est le propre des hommes d’entrer en relation par la raison. |
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[79222] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 7 Deinde cum dicit fere autem idem etc., movet
eamdem quaestionem in aliis principatibus; et dicit quod idem quod quaeritur
de servo, potest etiam quaeri de muliere et puero, utrum scilicet oportet
esse mulierem temperatam, et fortem et iustam, et similiter puerum, vel non.
Et haec etiam quaestio potest moveri universaliter in omni principatu: utrum
scilicet sit eadem virtus principantis et subiecti, vel non. Et obiicit ad
utramque partem. Quia si oportet et principantem et subiectum participare
calocagatia, id est bonitate virtutis, nam calos dicitur bonum et similiter
cagaton, nulla ratio erit quod unus debeat subiici, et alius principari
secundum semel, idest per totam vitam suam: secus autem esset si successive
subiicerentur et principarentur, sicut accidit in politico principatu. Nec
potest dici quod virtus principantis et subiecti differant secundum magis et
minus: magis enim et minus non variant speciem: sed principari et subiici
differunt specie. Unde non videtur sufficere ad differentiam principantis et
subiecti, quod unus habeat plus de virtute quam alius. Ex alia parte si
dicatur quod oportet unum habere virtutem, non autem alium, sequitur etiam inconveniens.
Quia si ille qui principatur, non erit sobrius et iustus, non poterit bene
principari. Si vero subiectus non habeat has virtutes, non poterit bene
subiici; quia propter intemperantiam vel timorem frequenter omittet facere ea
quae oportet, et sic non bene subicietur. |
157. Ensuite lorsqu’il dit [106] : ¨ Mais c’est à peu près etc.¨. Il soulève la même question relativement à d’autres formes d’autorité; et il dit que la même chose qu’on se demande au sujet de l’esclave, on peut se le demander au sujet de la femme et de l’enfant, à savoir s’il faut que la femme, tout comme l’enfant, soit tempérante, courageuse et juste. Et cette question peut encore être soulevée universellement pour toute forme d’autorité, à savoir s’il faut ou non que la vertu de celui qui commande soit la même que celle de celui qui obéit. Et il présente une objection pour chacune des deux réponses possibles. Car s’il faut qu’à la fois celui qui commande et celui qui obéit participent de la bonté de la vertu, il n’y aura aucune raison pour que l’un doive se soumettre et que l’autre commande toujours, c’est-à-dire pendant toute sa vie : mais il en serait autrement s’ils obéissaient et commandaient successivement, ainsi que cela se produit dans l’autorité politique. Et on ne peut pas dire que la vertu de celui qui commande et de celui qui obéit diffèrent selon le plus et le moins : en effet, la différence du plus et du moins n’entraîne pas une différence d’espèce alors que commander et obéir diffèrent selon l’espèce. D’où il suit qu’il ne semble pas suffire, pour distinguer celui qui commande de celui qui obéit, que l’un possède plus de vertu que l’autre. Et d’un autre côté, si on dit qu’il faut que l’un possède la vertu et non pas l’autre, il s’ensuit une autre difficulté. Car si celui qui commande n’était pas sobre et juste, il ne pourrait pas bien commander. Et en vérité, si celui qui obéit ne possédait pas ces vertus, il ne pourrait pas bien obéir car en raison de l’intempérance ou de la crainte, il omettrait souvent de faire ce qu’il faut et alors il ne pourrait pas bien obéir. |
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[79223] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 8 Deinde cum dicit manifestum igitur quia necesse
etc., solvit propositam dubitationem. Et primo proponit solutionem in
generali. Secundo in speciali, ibi, palam autem hoc et cetera. Concludit ergo
primo ex rationibus inductis ad unam partem, quod necesse est quod tam
principans quam subiectus participent virtute; aliter enim neque unus bene
principaretur, neque alius bene subiiceretur: sed est quaedam differentia
virtutis utriusque. Et hoc manifestat per ea quae subiiciuntur aliis
naturaliter: et ponit exemplum in partibus animae, cuius una pars naturaliter
subiicitur, scilicet pars irrationalis, ut irascibilis et concupiscibilis.
Ponimus autem utriusque partis esse aliquam virtutem, sed differentem: nam
virtus rationalis partis est prudentia, sed virtus irrationalis partis est
temperantia et fortitudo et aliae huiusmodi virtutes. Unde manifestum est
quod eodem modo se habet et in aliis quae principantur et subiiciuntur
secundum naturam. Et quia natura diversificatur in diversis; ideo secundum
naturam sunt diversa quae principantur et subiiciuntur. Alio enim modo homo
liber principatur suo servo, et masculus feminae et vir puero, ut etiam supra
habitum est. Omnibus autem his insunt partes animae quae dicta sunt. Unde et
virtutes earum omnibus praemissis insunt, sed differenter. |
158. Ensuite lorsqu’il dit [107] : ¨ Il est donc évident etc.¨. Il répond à la question qu’il vient de présenter. Et en premier lieu il présente une réponse universelle [107]. Deuxièmement il présente une réponse plus spécifique, là [108] où il dit : ¨ Mais cela apparaît clairement etc.¨ Mais il conclut en premier lieu [107], à partir des raisons présentées comme objections à l’égard d’une des deux réponses possibles, qu’il est nécessaire à la fois que celui qui commande et celui qui obéit participent de la vertu; autrement en effet l’un ne commanderait pas comme il se doit et l’autre ne pourrait pas bien obéir. Mais il existe une certaine différence dans la vertu de l’un et de l’autre. Et il manifeste cela au moyen des êtres qui sont naturellement soumis à d’autres : et il présente un exemple tiré des parties de l’âme dont l’une commande par nature, à savoir la partie rationnelle, et l’autre obéit par nature, à savoir la partie irrationnelle ou les passions concupiscibles et irascibles. Et nous affirmons qu’il existe une certaine vertu pour chacune des deux parties, mais pas de la même manière : car la vertu de la partie rationnelle est la prudence mais la vertu de la partie irrationnelle est la tempérance, le courage et les vertus de cette sorte. D’où il est évident qu’il en est de même pour les autres choses qui commandent et qui obéissent par nature. Et parce que la nature se manifeste différemment dans les choses différentes, c’est pourquoi les êtres qui commandent et ceux qui obéissent diffèrent par nature. Mais c’est d’une autre manière que l’homme libre commande à son esclave, que le mari commande à sa femme et que l’adulte commande à l’enfant, ainsi que nous l’avons vu plus haut. Mais les parties de l’âme dont nous venons de parler se retrouvent chez tous ces êtres humains. D’où il suit que les vertus de ces parties de l’âme se retrouvent chez tous ceux dont nous venons de parler, mais différemment. |
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[79224] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 9 Et hoc primo manifestat quantum ad partem
rationalem, ad quam pertinet consiliari. Servus enim inquantum est servus,
non habet consilium de suis actibus. Cuius ratio est, quia consiliamur de his
quae sunt in potestate nostra; servus autem non habet actus suos in potestate
sua, sed sunt actus eius in potestate domini. Unde servus non habet liberam
potestatem consiliandi. Sed femina cum sit libera, habet potestatem
consiliandi, sed consilium eius est invalidum. Cuius ratio est, quia propter
mollitiem naturae ratio eius non firmiter inhaeret consiliatis, sed cito ab
eis removetur propter passiones aliquas, puta concupiscentiae, vel irae, vel
timoris vel alicuius huiusmodi. Pueri autem habent consilium, sed
imperfectum: cuius ratio est, quia non habent perfectum usum rationis, ut
possit singula discutere quae sunt in consiliis attendenda: et sic
diversimode se habet ad id quod est rationis. |
159. Et il manifeste cela en premier lieu à l’égard de la partie rationnelle à laquelle se rapporte le conseil ou la délibération. L’esclave en tant qu’esclave ne possède pas en effet une délibération qui découlerait d’une opération qu’il aurait en propre. Et la raison en est que nous délibérons des choses qui sont en notre pouvoir : mais l’esclave ne possède pas des actes qui seraient en son pouvoir, mais ses actes sont au pouvoir du maître. D’où il suit que l’esclave ne possède pas le pouvoir de délibérer. Mais la femme, étant libre, a le pouvoir de délibérer, mais sa délibération est faible. Il en est ainsi parce que, en raison de la mollesse de sa nature, sa raison adhère faiblement à ce qui a été déterminé par le conseil et s’en détourne aisément en raison des passions comme celles de la concupiscence, de la colère ou de la crainte. Et les enfants ont eux aussi une délibération, mais elle est imparfaite : la raison en est qu’ils n’ont pas un usage parfait de la raison pour pouvoir examiner les singuliers sur lesquels il faut porter son attention dans les conseils et ainsi leur relation à ce qui appartient à la raison est inégale. |
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[79225] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 10 Similiter etiam considerandum est et circa
morales virtutes: omnes enim participant ipsas, sed non eodem modo; sed
unusquisque tantum eas participat quantum est necessarium ad proprium opus.
Unde ille qui principatur sive civitati, sive servis, sive mulieri, sive
filiis, oportet quod habeat perfectam virtutem moralem, quia opus eius est
simpliciter opus architectoris, idest principalis artificis. Sicut
enim principalis artifex dirigit et imperat ministris artis qui manu
operantur, ita princeps dirigit suos subiectos; et ideo habet officium
rationis, quae se habet similiter ut principalis artifex ad inferiores partes
animae. Et ita oportet quod ille qui principatur habeat rationem perfectam:
sed unusquisque aliorum qui subiiciuntur, tantum habet de ratione et de
virtute quantum ille qui principatur immittit ipsis, idest tantum oportet
quod habeant, quod sufficiant sequi directionem principantis implendo mandata
ipsius. Et sic patet quod omnium praedictorum est aliqua moralis virtus,
scilicet temperantia, fortitudo, et iustitia; non tamen eadem est viri et
mulieris et aliorum subiectorum, sicut putavit Socrates: sed fortitudo viri
est ad principandum, ut scilicet propter nullum timorem praetermittat
ordinare quid faciendum sit: sed in muliere et in quolibet subdito oportet
quod sit fortitudo ministrativa, ut scilicet propter timorem non
praetermittat facere proprium ministerium. Sic etiam differt fortitudo in
duce exercitus et in milite. Et sicut dictum est de fortitudine, ita dicendum
est de omnibus aliis virtutibus; quae in principante quidem sunt
principativae, in subditis autem ministrativae: et per hoc patet quod non
differunt solum secundum magis et minus horum virtutes, sed aliqualiter
secundum rationem. |
160. De la même manière encore il faut considérer les vertus morales : en effet tous en participent, mais pas de la même manière; chacun en participe quant à ce qui est nécessaire à son œuvre propre. Et, partant de là, celui qui commande soit à la cité, soit à ses esclaves, soit à sa femme, soit à ses enfants, doit posséder une vertu morale parfaite car son œuvre est purement et simplement l’œuvre d’un architecte, c’est-à-dire l’œuvre du maître principal. Comme en effet le maître principal dirige l’ensemble des opérations et commande à ceux qui exécutent l’œuvre de leurs mains, de même le chef d’état commande à ses sujets; et c’est pourquoi il joue le rôle de la raison car il se rapporte à ses sujets de la même manière que le fait la raison à l’égard des parties inférieures de l’âme. Et c’est pourquoi il faut que celui qui commande possède une raison parfaite : mais chacun de ceux qui sont subordonnés possède autant de raison et de vertu que ce que lui en donne celui qui commande, c’est-à-dire autant qu’ils doivent en posséder pour pouvoir suivre les directives du chef en exécutant son mandat. Et ainsi il est évident que pour tous ceux dont nous venons de parler il existe des vertus morales comme la tempérance, le courage et la justice; mais elles ne sont pas les mêmes chez les hommes, chez les femmes et chez les autres subordonnés ainsi que le pensait Socrate : mais la force de l’homme est ordonnée au commandement afin qu’il n’omette pas, en raison de la crainte, de commander ce qu’il faut faire; mais chez la femme comme chez tout sujet il faut que le courage ait un rôle proportionné afin que malgré la crainte elle n’omette pas de faire le service qui lui est propre. C’est ainsi encore que le courage diffère chez le général d’armée et chez le soldat. Et ce que nous avons dit du courage, nous devons le dire de toutes les autres vertus, lesquelles sont ordonnées au commandement chez le chef et à l’obéissance chez le sujet : et par là on voit que les vertus ne diffèrent pas entre eux seulement selon le plus et le moins mais d’une certaine manière selon la raison. |
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[79226] Sententia Politic., lib. 1 l. 10 n. 11 Deinde cum dicit palam autem hoc etc.,
manifestat quod dixerat magis in particulari: et dicit quod hoc quod dictum
est, magis erit manifestum his qui volunt considerare magis in particulari:
quia illi qui de actibus humanis volunt dicere in universali tantum,
decipiunt seipsos, quia non possunt plene pervenire ad veritatem: sicut si aliquis
esset contentus ut sciret quod virtus est per quam anima bene se habet, aut
per quam homo iuste operatur, aut aliquid aliud talium, et nihil plus vellet
scire de virtute, deciperet seipsum, imperfectam et inutilem habens scientiam
de virtute. Multo enim melius dicunt illi qui enumerant virtutes in speciali,
sicut Gorgias fecit, quam illi qui dicunt solum in generali cuius ratio est:
quia actus sunt circa singularia: unde ea quae ad actus pertinent, in
particulari sunt consideranda. Et ideo sicut quidam poeta dixit de muliere
quiddam particulariter ad eius virtutem pertinens, ita etiam est aestimandum
in omnibus. Ad mulieris enim ornatum vel honestatem pertinet quod sit
taciturna, hoc enim ex verecundia provenit quae mulieribus debetur: sed hoc
ad ornatum viri non pertinet, sed magis quod sicut decet loquatur. Unde et
apostolus monet quod mulieres in Ecclesiis taceant, et si quid dicere volunt,
domi viros suos interrogent. Sed quia puer est imperfectus, virtus eius non
est ad seipsum, idest ut secundum suum sensum regatur, sed ut disponatur
secundum quod est conveniens ad finem debitum, et ad obediendum ductori,
scilicet paedagogo. Unde in Ecclesiastico sapiens dicit: non des (filio
tuo) potestatem in iuventute, et ne despicias cogitatus illius. Similiter
etiam virtus servi est in ordine ad dominum. Dictum est enim supra, quod
servus est utilis ad necessaria vitae: unde indiget quidem virtute, sed
parva; et tanta, ut non deficiat ab his, quae debet operari, propter
intemperantiam concupiscentiae, vel propter timiditatem. |
161. Ensuite lorsqu’il dit [108] : ¨ Mais clairement etc.¨. Ce qu’il vient de dire, il le manifeste d’une manière plus détaillée : et il dit que ce qui a été dit sera plus évident à ceux qui désirent examiner ce sujet au moyen de cas particuliers : car ceux qui veulent parler des actes humains dans l’universel seulement se trompent car ils ne peuvent parvenir à la vérité dans sa totalité, comme si quelqu’un se satisfaisait de savoir que la vertu est ce par quoi l’âme est bien disposée ou ce par quoi l’homme agit correctement ou quelque chose d’autre de ce genre et s’il ne voulait rien connaître de plus sur la vertu il se tromperait car il n’aurait de la vertu qu’une science incomplète et inutile. En effet, ceux qui énumèrent chacune des vertus en particulier comme le fit Gorgias parlent beaucoup mieux de la vertu que ceux qui en parlent seulement universellement; et la raison en est que les actes se rapportent aux singuliers : c’est pourquoi tout ce qui se rapporte aux actes doit être examiné jusque dans les cas particuliers. Et c’est pourquoi ce qu’un poète a dit d’une femme en particulier relativement à sa vertu doit être apprécié universellement comme appartenant à toutes. En effet il appartient à la beauté et à la dignité de la femme d’être silencieuse; cela en effet vient de la réserve qui est due aux femmes; mais cela ne convient pas à l’homme mais plutôt de parler quand il convient. D’où l’Apôtre enseigne aux femmes de se taire dans les assemblées et, si elles désirent dire quelque chose, d’interroger leur mari à la maison (1 Cor., X1V, 34). Parce que l’enfant est un être imparfait, sa vertu ne se rapporte pas à lui-même de sorte qu’il se gouvernerait lui-même selon son jugement propre, mais sa vertu consiste à se laisser disposer selon ce qui convient à la finalité qui lui est due et à obéir à celui qui le conduit, à savoir son pédagogue. C’est pourquoi le sage dit dans l’Ecclésiaste (XXX, 11)* : ¨ Ne donne pas le pouvoir à ton fils dans sa jeunesse afin de ne pas mépriser sa pensée¨. De même encore la vertu de l’esclave est ordonnée à son maître. Nous avons dit en effet plus haut que l’esclave est utile à ce qui est nécessaire à la vie : c’est pourquoi il a besoin d’un peu de vertu et autant qu’il lui en faut pour ne pas faillir, par intempérance ou par peur, dans les choses qu’il doit faire. |
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Lectio
11 |
LEÇON 11 (nn. 162-168; [109-114]) ─ Puisque les artisans sont par nature des serviteurs, ils ont une servitude limitée et il convient qu’eux-mêmes soient pourvus de certaines vertus; et il en est de même des femmes et des enfants. |
Leçon 11 |
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[79227] Sententia Politic., lib. 1 l. 11 n. 1 Dubitabit autem (utique) aliquis et cetera.
Soluta praecedenti dubitatione, hic movet quamdam aliam dubitationem, quae ex
praemissa solutione oritur. Et circa hoc tria facit. Primo movet
dubitationem. Secundo solvit eam, ibi, aut differt ab his et cetera. Tertio
inducit quoddam corollarium ex solutione posita, ibi, manifestum igitur, et
cetera. Est ergo dubitatio de hoc, quod supra dictum est. Si enim verum est,
quod oportet servum habere quamdam virtutem, ne propter intemperantiam aut
timorem deficiat ab operibus; pari ratione videbitur, quod artifices, ad hoc
quod sint boni artifices, oporteat habere aliquam virtutem; cum multoties
contingat, quod propter intemperantiam, vel alia vitia, defectum faciant in
suis operibus, utputa negligenter evagantes dum aliis intendunt. |
162. Ayant répondu à la question précédente, le Philosophe soulève ici une autre question qui naît de la réponse qui précède. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il soulève une question [109]. Deuxièmement il y répond là [110] où il dit : ¨ Mais ceci ne diffère-t-il pas grandement etc.¨. Troisièmement il tire un corollaire de la réponse présentée là [111] où il dit : ¨ Il est donc manifeste etc.¨. Il y a donc une question au sujet de ce que nous avons dit [109]. Si en effet il est vrai qu’il faut que l’esclave possède une certaine vertu afin qu’il ne manque pas à sa tâche par intempérance ou par crainte, pour la même raison il semble que les artisans, pour être de bons artisans, doivent posséder quelque vertu puisqu’il arrive souvent que par intempérance ou par d’autres vices ils provoquent une imperfection dans leurs œuvres, par exemple lorsqu’ils s’exécutent avec négligence alors qu’ils s’appliquent à d’autres choses. |
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[79228] Sententia Politic., lib. 1 l. 11 n. 2 Deinde cum dicit aut differt ab his plurimum
etc., solvit propositam dubitationem: et dicit, quod multa differentia est
inter servum et artificem: et hoc probat per duas rationes. Quarum prima est,
quia servus in aliquo est particeps vitae, idest conversationis humanae
inquantum est servus. Dictum est enim supra, quod servus est instrumentum
in his, quae pertinent ad actionem, idest ad conversationem hominum. Et ideo
cum virtutes morales perficiant hominem in conversatione humana, oportet quod
servus, ad hoc quod sit bonus, participet aliquid de virtute morali. Sed
artifex remotius se habet a conversatione humana: non enim operatio
artificis, inquantum huiusmodi, est circa agibilia conversationis humanae,
sed circa aliqua artificiata, quae dicuntur factibilia: unde aliquis dicitur
bonus artifex, utputa bonus faber, ex hoc, quod sciat, et potest facere bonos
cultellos, etiam si male utatur, vel negligenter sua arte: sed tamen intantum
immittit de virtute in sua operatione inquantum exhibet de servitute ad
conversationem humanam. Sicut videmus, quod aliqui artifices, ut
banausi, idest mercenarii, utputa coqui, habent quandam determinatam
servitutem, dum deputantur ad quaedam specialia ministeria, et serviunt: et
secundum hoc indigent virtute morali, ad hoc quod sint boni in ministerio. |
163. Ensuite lorsqu’il dit [110] : ¨ Mais ceci ne diffère-t-il etc.¨. Il répond à la question précédente : et il dit qu’il existe une grande différence entre l’esclave et l’artisan, ce qu’il prouve au moyen de deux raisons. La première raison se présente ainsi : l’esclave en quelque manière participe de la vie de son maître, c’est-à-dire qu’en tant qu’esclave il participe de la fréquentation humaine. Nous avons dit en effet plus haut que l’esclave est comme un instrument pour les choses qui se rapportent à l’action, c’est-à-dire à la fréquentation des hommes. Et c’est pourquoi, puisque les vertus morales contribuent à l’achèvement de l’homme dans la fréquentation humaine, il faut que l’esclave, pour atteindre sa perfection d’esclave, participe en quelque chose de la vertu morale. Mais l’artisan est plus éloigné de la fréquentation des hommes : en effet, l’opération de l’artisan en tant que tel ne se rapporte pas aux actions qui naissent de la fréquentation des hommes, mais plutôt à quelques œuvres artificielles qu’on appelle objets de fabrication : d’où on dit que quelqu’un est un bon artisan, par exemple un bon forgeron, parce qu’il sait et peut faire de bons couteaux même s’il se sert mal ou de façon négligente de son art; cependant il introduit autant de vertu dans ses opérations qu’il manifeste de servitude dans la fréquentation des hommes. C’est ainsi que nous voyons que certains artisans, qui travaillent pour un salaire, par exemple des cuisiniers, ont une servitude limitée alors qu’ils sont au service d’une tâche déterminée qu’on leur a confiée : et sous ce rapport ils ont besoin de la vertu morale pour exceller dans leur service. |
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[79229] Sententia Politic., lib. 1 l. 11 n. 3 Secundam rationem ponit ibi, et servus quidem
et cetera. Quia servus est de his quae sunt a natura: probatum est enim
supra, quod aliqui sunt naturaliter servi: sed nullus est coriarius vel
ullius artis artifex a natura; sed omnes artes sunt adinventae per rationem. Virtus
autem ad ea se habet, quae sunt nobis a natura. Habemus enim naturalem
quamdam inclinationem ad virtutem, ut dictum est in secundo Ethicorum; unde
patet, quod ad hoc quod aliquis sit bonus servus, indiget virtute morali; non
autem ad hoc, quod sit bonus artifex. |
164. Il présente la deuxième raison (ibidem) là où il dit : ¨ Et c’est par nature que l’esclave etc.¨. Car l’esclave fait partie de ceux dont la condition est telle par nature : nous avons prouvé en effet plus haut que certains sont naturellement des esclaves; mais aucun n’est cordonnier ou ne pratique un art de la sorte par nature; au contraire, tous les arts sont inventés par la raison. Mais la vertu se rapporte à ce qui nous est naturel. En effet, nous possédons une inclination naturelle à la vertu ainsi qu’on le voit au deuxième livre des Éthiques; d’où il apparaît que pour être un bon esclave il est nécessaire d’avoir de la vertu morale, ce qui n’est pas nécessaire pour être un bon artisan. |
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[79230] Sententia Politic., lib. 1 l. 11 n. 4 Deinde cum dicit manifestum igitur etc., infert
quoddam corollarium ex dictis. Dictum est enim, quare servus indiget virtute:
oportet autem, quod homo, qui habet inclinationem ad virtutem, consequatur
virtutem per studium alicuius gubernantis; sicut cives debent fieri virtuosi
per legislatorem, ut dicitur in secundo Ethicorum. Unde manifestum est, quod
huius virtutis, quam servus debet habere ad hoc quod sit bonus, dominus eius
debet ei esse causa, instruendo eum qualiter agere debeat, et puniendo si
male facit, et remunerando si bene: sed non est dicendum quod ad dominum
pertineat quod habeat despoticam, id est dominalem quamdam scientiam quae
doceat opera servilia ipsum servum, puta quod doceat ipsum coquinare, vel
aliqua huiusmodi facere; sed debet eum docere, quomodo sit temperatus, et
humilis, et patiens, et alia huiusmodi. Unde non dicunt bene, qui dicunt quod
non est ratione utendum ad servos, sed solo praecepto. Magis enim debemus
servos monere ad virtutem, quam filios pueros; quia nondum sunt ita capaces
monitionis. Et de his quidem sic
determinatum sit. |
165. Ensuite lorsqu’il dit [111] : ¨ Il est donc évident etc.¨. Il tire un corollaire de ce qu’il vient de dire. Nous venons de dire en effet que l’esclave a besoin de la vertu : il faut cependant que l’homme, qui possède une inclination naturelle à la vertu, parvienne à la vertu par le soin de celui qui le dirige, comme c’est par le soin du législateur que le citoyen devient vertueux ainsi qu’on le dit au deuxième livre des Éthiques. D’où il est manifeste que c’est le maître qui doit être la cause de cette vertu que l’esclave doit posséder pour être un bon esclave, en l’instruisant sur la manière dont il doit agir, en le punissant s’il agit mal et en le récompensant s’il agit bien; mais on ne dit pas qu’il appartient au maître de posséder cette connaissance du maître qui enseigne à l’esclave comment réaliser les tâches domestiques, par exemple l’art culinaire ou comment faire d’autres tâches de la sorte; mais il doit lui montrer comment être tempérant, humble, patient et comment acquérir d’autres vertus de ce genre. D’où il suit que ceux qui disent qu’il ne faut pas user de raison mais seulement d’exhortations à l’égard des esclaves ne parlent pas avec justesse. En effet il faut davantage exhorter les esclaves que les enfants à devenir vertueux car ils ne sont pas aussi capables d’être instruits que ces derniers. Sur ces choses certes voilà nos positions. |
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[79231] Sententia Politic., lib. 1 l. 11 n. 5 Deinde cum dicit de mulieris autem et viri
etc., excusat se a diligentiori determinatione de duabus coniugationibus. Et
circa hoc tria facit. Primo exponit excusationem. Secundo assignat rationem
dictorum, ibi, quoniam enim domus quidem, et cetera. Tertio continuat
praedicta dicendis, ibi, quare, quoniam de his et cetera. Dicit ergo primo,
quod in his quae dicenda sunt de politiis, id est de civitatibus, necessarium
est tractare de virtute mulieris et viri, et patris et filiorum, et de
omelia, id est collocutione vel conversatione eorum adinvicem, quid in hoc
fit bene et quid non bene, et quomodo illud quod est bonum, sit procurandum,
et illud quod sit malum, sit vitandum: et ita ad praesens antequam de
politiis dicamus, determinari hic non possunt. |
166. Ensuite lorsqu’il dit [112] : ¨ Au sujet des femmes etc.¨. Il s’excuse de ne pas traiter plus soigneusement des deux autres relations. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il présente son excuse [112]. Deuxièmement il assigne la raison de ce qui a été dit là [113] où il dit : ¨ En effet, puisque la famille etc.¨. Troisièmement il fait suite à ce qui précède au moyen de ce qui doit être dit, là [114] où il dit : ¨ C’est pourquoi, puisque au sujet de ces choses etc.¨. Il dit donc en premier lieu [112] que c’est dans les choses qui doivent être dites au sujet des formes de gouvernement qu’il est nécessaire de traiter de la vertu de la femme et de celle de son mari, du père et de ses enfants ainsi que des entretiens et des relations qu’il y a entre eux, de traiter aussi de ce qui est bien et de ce qui est mal en ce domaine, et enfin des moyens de parvenir au bien et d’éviter le mal : et ainsi on ne peut traiter de ces sujets à présent avant de parler des formes de gouvernement. |
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[79232] Sententia Politic., lib. 1 l. 11 n. 6 Deinde cum dicit quoniam enim domus (quidem)
omnis etc., assignat duas rationes, quare praedicta oporteat determinari
circa politias: quarum prima est, quia dispositionem partis oportet
considerare in comparatione ad totum, sicut dispositionem fundamenti in
comparatione ad domum; sed domus est pars civitatis, ad quam primo pertinent
istae duae coniugationes patris et filii, viri et uxoris: unde secundum
comparationem ad politiam oportet considerare qualiter sint erudiendi pueri
et uxores. Secundam rationem ponit ibi, si quidem aliquid differt et cetera.
Ea enim quorum dispositio facit differentiam circa bonitatem civitatis, sunt
consideranda in politiis. Sed huiusmodi sunt instructiones puerorum et
mulierum, quomodo utrique sint boni, quia mulieres sunt media pars hominum
liberorum qui sunt in civitate; ex pueris autem crescunt viri, quos oportet
esse dispensatores civitatis: ergo in politiis determinandum est de
instructione filiorum et uxorum. |
167. Ensuite lorsqu’il dit [113] : ¨ En effet, puisque etc.¨. Il présente deux raisons qui expliquent pourquoi il importe de traiter des questions qui précèdent dans le cadre de l’étude des gouvernements politiques. Et la première se présente ainsi : puisqu’il faut considérer la disposition de la partie par rapport à celle du tout, comme celle des fondations par rapport à celle de la maison d’une part et que d’autre part la famille est la partie de la cité à laquelle appartiennent en premier ces deux relations, à savoir celle du père et de ses enfants et celle de la femme et de son mari, il s’ensuit que c’est par rapport à la forme de gouvernement qu’il faut examiner comment il faut éduquer les femmes et les enfants. Il présente la deuxième raison là (ibidem) où il dit : ¨ Mais certes cela apporte quelque chose etc.¨. En effet, les choses dont la disposition fait une différence pour le bien de la cité doivent être considérées en ayant le regard tourné vers les formes de gouvernement politique. Or l’éducation des femmes et des enfants, grâce à laquelle ils deviennent bons, fait partie de ces choses, car les femmes sont la moitié des hommes libres qui vivent dans la cité et c’est à partir des enfants que sont formés les adultes qui doivent devenir les administrateurs de la cité: donc, c’est dans le cadre de l’étude des gouvernements politiques qu’il faut traiter de l’éducation des femmes et des enfants. |
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[79233] Sententia Politic., lib. 1 l. 11 n. 7 Deinde cum dicit quare, quoniam etc., continuat
dicta dicendis: et dicit quod quia determinatum est de praemissis, de
reliquis autem dicendum est in aliis, idest sequentibus, quae ad politias
pertinent, debemus ad praesens dimittere istos sermones pertinentes ad
dispensationem domus, tamquam iam consummationem habentes; et faciemus aliud
principium, considerando ea quae dicta sunt ab aliis de optima politia. Et
sic terminatur primus liber. |
168. Ensuite lorsqu’il dit [114] : ¨ C’est pourquoi, puisque etc.¨. Il poursuit ce qui a été dit par les choses qui doivent être dites : et il dit que parce que nous avons traité de ce qui précède, il faudra parler du reste dans d’autres ouvrages qui se rapportent aux formes de gouvernements politiques, et nous devons laisser ces discussions sur l’administration domestique comme étant déjà achevées et prendre un nouveau point de départ en examinant ce qui a été dit par les autres sur les meilleures formes de gouvernement. Et c’est ainsi que se termine le premier livre de ce traité. |
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Liber 2
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LIVRE II ─ [LA CONSTITUTION]
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LIVRE 2 |
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Lectio
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LEÇON 1 (nn. 169-184; [115-124]) ─ Il ne faut pas
que dans les cités toutes les choses soient mises en commun comme les femmes,
les enfants et les biens, ainsi que le croyait Socrate.
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Leçon 1 |
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[79234] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 1 Quia considerare volumus de communione politica et cetera. Postquam philosophus determinavit
in primo libro de his quae pertinent ad domum, quae sunt elementa quaedam
civitatis, hic incipit determinare de ipsa civitate secundum modum quem in
fine primi tetigit, et etiam in fine decimi Ethicorum. Primo enim ponit ea
quae ab aliis dicta sunt de politica communicatione. Secundo incipit
determinare de ea secundum propriam sententiam in tertio libro, ibi, et qui
de politia considerat et cetera. Circa primum duo facit. Primo dicit de quo
est intentio. Secundo prosequitur suam intentionem, ibi, principium autem
primo faciendum et cetera. Circa primum duo facit. Primo proponit suam
intentionem. Secundo excusat eam, ibi, adhuc autem quaerere et cetera. Dicit
ergo primo, quod intentio nostra principalis est considerare de communione
politica, ut sciamus quis modus politicae conversationis sit optimus,
quemadmodum (habeat) omnia ea secundum quae possunt homines vivere maxime ad
votum. Ad hoc consequendum oportet considerare politias, idest
ordinationes civitatis quas alii tradiderunt, sive sint illae quibus quaedam civitatum
utuntur quae laudantur de hoc quod bene reguntur legibus: sive etiam sint ab
aliquibus philosophis et sapientibus traditae quae videntur bene se habere.
Et hoc ideo oportet considerare, ut appareat quid sit rectum et utile in
conversatione et regimine civitatis. Ex collatione enim multorum magis potest
apparere quid sit melius et utilius. |
169. Après avoir traité dans le premier livre des choses qui se rapportent à la famille, lesquelles sont comme les éléments de la cité, le Philosophe commence ici à traiter de la cité elle-même selon le mode dont il a dit un mot à la fin du premier livre et aussi à la fin du dixième livre des Éthiques. En premier lieu en effet il présente ce qui a été dit par les autres sur les différentes formes de communautés politiques [115]. Deuxièmement il commence à traiter de ces formes selon son opinion propre au troisième libre, là [223] où il dit : ¨ Et celui qui fait l’examen du gouvernement politique etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. Premièrement il dit sur quoi porte le propos [115]. Deuxièmement il poursuit le propos, là [117] où il dit : ¨ Mais le principe etc.¨. Et au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il présente son propos [115]. Deuxièmement il le justifie, là [116] où il dit : ¨ Et jusqu’à présent etc.¨. Il dit donc en premier lieu [115] que son intention principale est de
considérer la communauté politique afin de savoir quelle forme de relation
politique est la meilleure, ainsi que les facteurs selon lesquels les hommes
peuvent vivre le plus possible selon leurs vœux. Et pour y arriver il faut
considérer les formes de gouvernement, c’est-à-dire les organisations
politiques dont les autres ont traité, qu’il s’agisse de celles qui ont été
empruntées par certaines des cités considérées de ce point de vue comme étant
bien gouvernées par leurs lois, ou
de celles qui ont été présentées par certains philosophes ou certains sages
comme étant enviables. Et il faut les considérer de telle manière
qu’apparaisse ce qui est vrai et utile pour les relations et l’administration
qu’on doit retrouver dans la cité. En effet, c’est en comparant cette
abondance de données que pourra davantage apparaître ce qui est juste et
utile pour la cité. |
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[79235] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 2 Notandum est autem quod ad optimam politiam
pertinere dicit, ut homines vivant quam maxime ad votum, id est
secundum hominum voluntatem; quia voluntas hominis principaliter est de fine
humanae vitae, ad quem ordinatur tota politica conversatio. Unde secundum
quod homines diversimode existimant de fine vitae humanae, secundum hoc
diversimode homines existimant de conversatione civitatis. Qui enim finem
humanae vitae ponunt delectationes vel potentiam aut honores, aestimant illam
civitatem esse optime dispositam, in qua homines possunt vivere delitiose vel
acquirere multas pecunias, aut consequi magnos honores vel etiam multis
dominari. Qui vero finem praesentis vitae ponunt in bono quod est praemium
virtutis, aestimant illam civitatem esse optime dispositam in qua homines
maxime pacifice et secundum virtutem vivere (possunt). Unde simpliciter verum
est quod optima dispositio civitatis est secundum quorumlibet opinionem,
prout in civitate potest vivere homo ad votum. Item notandum est quod dicit
se consideraturum de politiis communitatum, quae bene dicuntur regi, et de
ordinationibus civitatum a sapientibus traditis, quae videntur bene se
habere; quia ad inveniendum veritatem, non multum prodest consideratio eorum
quae sunt manifeste falsa, sed eorum quae probabiliter dicuntur. |
170. Il faut cependant noter qu’il dit qu’il appartient à la meilleure forme de gouvernement politique de permettre que les hommes y vivent le plus possible selon leurs vœux, c’est-à-dire selon leur volonté; car la volonté de l’homme porte principalement sur la finalité de la vie humaine, à laquelle sont ordonnées toutes les relations de l’organisation politique. Et puisque les hommes portent un jugement différent sur la finalité de la vie humaine, il suit de là que les hommes portent aussi un jugement différent sur le type de relations qui doivent exister dans la cité. En effet, ceux qui affirment que la finalité de la vie humaine consiste dans les plaisirs, le pouvoir ou les honneurs estiment que la cité la mieux organisée est celle dans laquelle les hommes peuvent vivre dans les délices, acquérir beaucoup d’argent, parvenir à de grands honneurs ou exercer un pouvoir sur la multitude. Mais ceux qui estiment que la finalité de la vie présente est le bien qui résulte de la vertu croient que la cité la mieux organisée est celle dans laquelle les hommes vivent au plus haut point dans la paix et selon la vertu. À la considérer absolument, cette opinion de certains, selon laquelle l’organisation de la cité la plus excellente est celle qui permet à l’homme de vivre le plus possible selon sa volonté, est vraie. Il faut cependant noter qu’il affirme que ses considérations porteront sur les communautés politiques qui passent pour avoir été bien gouvernées et sur les organisations des cités qui sont présentées par les sages comme étant enviables; car dans la recherche de la vérité, ce n’est pas la considération des opinions manifestement fausses qui nous fait beaucoup avancer, mais celle des énoncés qui ont au moins l’apparence de la vérité. |
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[79236] Sententia
Politic., lib. 2 l. 1 n. 3 Deinde
cum dicit adhuc autem quaerere etc., excusat propriam intentionem; et dicit
quod non oportet alicui videri quod hoc ipsum quod est quaerere aliquid aliud
in ordinationibus civitatum, praeter ea quae ab aliis dicta sunt, procedat ex
hoc quod ipse (velit) sophizare, id est suam sapientiam ostentare: sed ideo
interserit hanc artem, quia ea quae ab aliis dicta sunt, in multis videntur
non bene se habere. |
171. Ensuite lorsqu’il dit [116] : ¨ Mais jusqu’à maintenant etc.¨. Il justifie son propos : et il dit que la recherche de quelque autre forme d’organisation de la cité, distincte de celles qui ont été présentées par les autres, ne doive pas paraître à certains comme devant procéder d’une volonté de sa part de montrer sa sagesse, mais il introduit cette méthode parce qu’elle est comme le résultat du fait que ce qui a été rapporté par les autres sur ce sujet s’est révélé malheureux en de nombreux points. |
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[79237] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 4 Deinde cum dicit principium autem etc.,
prosequitur suam intentionem, prosequendo ea quae ab aliis dicta sunt de
ordinatione civitatis. Et primo ponit diversas ordinationes civitatum
traditas a diversis. Secundo ostendit qui fuerunt et quales, qui de huiusmodi
se intromiserunt, ibi, eorum autem qui pronuntiaverunt et cetera. Prima autem
pars dividitur in duas, secundum diversitatem quam in praemissis tetigit. In
prima enim ponit ordinationes civitatis quae sunt ab aliquibus sapientibus
traditae. In secunda ponit eas quae in quibusdam civitatibus ordinate
viventibus observantur, ibi, de ea autem quae Lacedaemoniorum et cetera.
Prima dividitur in tres. Primo ponit ordinationem civitatis, quam tradidit
Socrates vel Plato discipulis eius, qui in suis libris Socratem loquentem
introducit. In secunda ponit ordinationem civitatis traditam a quodam qui
Felleas dicebatur, ibi, sunt autem quaedam et cetera. In tertia ponit
ordinationem Hyppodami, ibi, Hyppodamus autem et cetera. Circa primum duo
facit. Primo pertractat quamdam quaestionem de quadam ordinatione, quam Plato
dixit esse utilissimam civitati. Secundo prosequitur de ordinatione ipsius
quantum ad alia, ibi, fere autem similiter et quae circa leges. Circa primum
duo facit. Primo movet quaestionem. Secundo prosequitur eam, ibi, habet
itaque difficultates et cetera. Circa primum tria facit. Primo movet quamdam
quaestionem trimembrem. Secundo excludit unum membrum ipsius, ibi, nullo
quidem igitur et cetera. Tertio quaerit de aliis duobus, ibi, sed utrum
quibuscumque et cetera. |
172. Ensuite lorsqu’il dit [117] : ¨ Mais le principe etc.¨. Il poursuit son propos en parcourant les opinions de ceux qui se sont exprimés sur l’organisation de la cité. Et en premier lieu il présente les diverses organisations de la cité telles que transmises par plusieurs [117]. Deuxièmement il montre qui furent et quels furent ceux qui s’engagèrent dans ces questions, là [216] où il dit : ¨ Mais de ceux qui exprimèrent quelque chose sur l’administration publique etc.¨. Le premier point se divise en deux parties, conformément à la différence dont il a dit un mot dans les considérations précédentes. Dans la première en effet il présente les organisations de la cité qui nous sont transmises par certains sages [117]. Dans la deuxième il présente celles qu’on observe dans certaines cités qui vivent suivant des lois, là [178] où il dit : ¨ Mais au sujet de cette organisation politique des Lacédémoniens etc.¨. La première partie se divise en trois autres. La première présente l’organisation de la cité telle que Socrate et Platon l’enseignèrent à leurs disciples, ce dernier nous présentant dans ses livres Socrate en train de parler [117]. Dans la deuxième il présente l’organisation de la cité telle qu’enseignée par un dénommé Phaléas, là [155] où il dit : ¨ C’est pour cette raison que Phaléas etc.¨. Dans la troisième il présente l’organisation politique d’Hyppodamus, là [162] où il dit : ¨ Mais Hyppodamus etc.¨ Au sujet du premier point il fait deux choses. D’abord, il traite d’une question au sujet d’une certaine organisation sociale, question que Platon disait être la plus utile pour la cité [117]. Deuxième il continue l’examen de cette question sous d’autres rapports, là [136] où il dit : ¨ Mais presque etc.¨. Au sujet de ce premier point il fait deux choses. En premier il soulève la question [117]. En deuxième lieu il en poursuit l’examen, là [120] où il dit : ¨ Il contient encore etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois
choses. En premier il soulève la
question qui contient trois volets [117]. Deuxièmement il en exclut un
des trois, là [118] où il dit : ¨ Évidemment donc, rien etc.¨.
Troisièmement il examine les deux autres, là [119] où il dit : ¨ Mais si
de toutes les choses etc.¨. |
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[79238] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 5 Dicit ergo primo, quod principium huius
considerationis faciendum est ab eo quod primo considerandum occurrit
secundum naturam civitatis. Cum enim civitas sit communitas, quaedam necesse
est primo considerare: utrum omnes cives debeant communicare in omnibus, aut
in nullo; aut in quibusdam, et quibusdam non. |
173. Il dit donc en premier lieu [117] que le point de départ de cette considération doit être tiré de ce qui se présente comme devant être examiné en premier conformément à la nature de la cité. En effet, comme la cité est une certaine communauté, il faut d’abord examiner si les citoyens doivent mettre en commun toutes les choses, aucune chose ou bien encore certaines choses seulement et non pas d’autres. |
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[79239] Sententia
Politic., lib. 2 l. 1 n. 6 Deinde
cum dicit nullo quidem igitur etc., excludit unum trium membrorum.
Impossibile est enim dicere quod cives in nullo communicent: quod probat
dupliciter. Primo quidem, quia civitas est quaedam communicatio. Unde contra
rationem civitatis esset quod cives in nullo communicarent. Secundo, quia
manifestum est quod omnes cives necesse est communicare, saltem in loco, quia
unus est locus unius civitatis. Concives autem dicuntur qui sunt socii in una
civitate: unde oportet quod communicent in loco. |
174. Ensuite lorsqu’il dit [118] : ¨ Mais si en rien etc.¨ Il écarte un des trois volets de la question. Il est impossible en effet de dire que les citoyens ne mettent rien en commun : ce qu’il montre de deux manières. La première certes est la suivante : la cité est une certaine communauté. D’où il est contraire à la nature de la cité que les citoyens ne mettent rien en commun. La deuxième se présente ainsi : il est évident que tous les citoyens doivent mettre quelque chose en commun, au moins le lieu, car le lieu d’une cité est unique. Et on appelle concitoyens ceux qui sont citoyens d’une même cité : d’où il faut bien qu’ils aient le lieu en commun. |
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[79240] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 7 Deinde cum dicit sed utrum quibuscumque etc.,
relinquit duo alia membra sub dubitatione: scilicet utrum melius sit quod
civitas quae debet bene conversari communicet in quibuscumque contingit
aliquos communicare; vel in quibusdam eorum communicet et in quibusdam non.
Quaedam enim sunt in quibus nullo modo contingit communicare; sicut in
omnibus personalibus, puta in membris corporis. Sed in filiis et uxoribus et
possessionibus contingit cives communicare adinvicem, sicut traditur in
politica Platonis: ibi enim dixit Socrates quod oportet ad optimam civitatem,
quod sint communes possessiones omnium civium et communes uxores, ita
scilicet quod indifferenter omnes accedant ad omnes; et per consequens
sequitur quod filii sint communes propter incertitudinem filiorum: et hoc
tangitur in principio Timaei. Quaerendum est ergo, utrum melius sit se habere
conversationem, politicam sicut nunc, aut secundum legem quam Socrates in sua
politica scripsit. |
175. Ensuite lorsqu’il dit [119] : ¨ Mais si etc.¨. Il examine les deux autres volets de la question : est-il préférable en effet que la cité bien administrée mette tout en commun ou qu’elle mette en commun certaines choses seulement et non pas d’autres? Il y a des choses en effet qu’on ne voit jamais être mises en commun comme ce qui est propre à la personne, par exemple les membres corporels. Mais pour ce qui est des enfants, des femmes et des biens, il arrive que les citoyens le mettent en commun ainsi que Platon l’enseigne dans sa République: c’est là en effet qu’il fait dire à Socrate qu’il faut, dans la cité idéale, que tous les citoyens mettent en commun toutes leurs propriétés et toutes leurs femmes de telle manière que tous aient également accès à toutes : et par conséquent il s’ensuit que les enfants aussi sont mis en commun en raison de l’incertitude relative à leur origine. Et Socrate en dit un mot au début du Timée. Il faut donc se demander s’il est préférable de garder les fréquentations humaines telles qu’elles sont maintenant ou plutôt de les rendre conformes à la loi que Socrate prescrivit dans sa constitution. |
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[79241] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 8 Deinde cum dicit habet itaque difficultates
etc., inquirit de praedicta quaestione. Et primo ostendit inconvenientiam
praedictae positionis de communitate uxorum et possessionum. Secundo ostendit
eius insufficientiam, ibi, causa autem deviationis et cetera. Circa primum
tria facit. Primo improbat legem Socratis quantum ad communitatem uxorum et
filiorum. Secundo quantum ad communitatem possessionum, ibi, habitum autem
his est et cetera. Tertio communiter quantum ad utrumque, ibi, et ad hoc
interimunt et cetera. Circa primum duo facit. Primo proponit ea secundum quae
potest apparere positio Socratis de communitate uxorum inconveniens. Secundo
prosequitur illa, ibi, dico autem unam esse civitatem et cetera. |
176. Ensuite lorsqu’il dit [120] : ¨ Ainsi cela présente etc.¨. Il fait l’examen de la question précédente. Et en premier lieu il montre une incohérence à affirmer qu’il faut mettre en commun les femmes et les biens [120]. Deuxièmement il montre la faiblesse de cette position, là [129] où il dit : ¨ Mais la cause de cette erreur de Socrate etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il désapprouve la loi de Socrate quant à la mise en commun des femmes et des enfants [120]. Deuxièmement il fait de même quant à la mise en commun des biens là [123] où il dit: ¨ Mais prenant pour acquis qu’ils etc.¨. Troisièmement il le fait quant à l’une et à l’autre des mises en commun là [124] où il dit : ¨ Mais de plus, les difficultés de cette sorte etc.¨ Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il présente les points selon lesquels la position de Socrate sur la mise en commun des femmes peut sembler poser des difficultés [120]. Deuxièmement il poursuit l’examen de ces points là [121] où il dit : ¨ Et je dis que l’unité etc.¨. |
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[79242] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 9 Circa primum ponit quatuor: quorum primum est
quod ista ordinatio de communitate mulierum habet multas alias difficultates,
praeter eas inconvenientias quae statim tangentur. Secundum est quod causa
propter quam Socrates dixit, hoc oportere lege ordinari, non videtur esse
rationabilis. Tertium est quod per istam legem non posset perveniri ad finem
(scilicet) utilitatem civitatis, quam Socrates existimabat. Quartum est quod
insufficienter tradidit: cum enim communia non possint singulis applicari
nisi secundum certum modum distribuendi, ipse cum faceret mulieres communes
non docebat modum quomodo essent singulis dividendae ad usum. |
177. Relativement au premier point, il fait quatre considérations, dont la première est que cette disposition sur la mise en commun des femmes présente de nombreuses autres difficultés en dehors de celles qu’on rencontre immédiatement; la deuxième est que la raison pour laquelle Socrate a dit que cette disposition doit être imposée par la loi n’est pas rationnelle; la troisième est qu’au moyen de cette loi on ne peut parvenir à ce que Socrate estimait être la finalité et le bien de la cité; enfin la quatrième est que son enseignement est trop faible : en effet, puisque ce qui est mis en commun ne peut être appliqué aux individus si ce n’est au moyen d’un mode de distribution, Socrate, en affirmant que les femmes doivent être mises en commun, n’enseignait pas la manière selon laquelle elles devaient être distribuées pour l’usage des particuliers. |
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[79243] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 10 Deinde cum dicit dico autem etc., prosequitur
tria eorum quae dixerat: nam quartum de insufficientia est per se manifestum.
Primo enim ostendit causam huius ordinationis a Socrate assignatam esse
irrationabilem. Secundo ostendit quod per hanc legem civitas non posset
consequi finem, quem Socrates intendebat, ibi, at vero neque si hoc optimum
et cetera. Tertio ostendit quod haec lex habet multas difficultates, ibi,
adhuc autem et tales difficultates et cetera. Circa primum duo facit. Primo
proponit causam legis quam Socrates assignabat. Secundo improbat eam, ibi,
quamvis manifestum sit et cetera. Dicit ergo primo, quod Socrates supponebat
hoc quasi principium, quod optimum esset civitati quod esset una
quantumcumque posset: propter hoc enim volebat omnia esse communia, etiam
filios et uxores, ut cives essent maxime ad invicem uniti. |
178. Ensuite lorsqu’il dit [121] : ¨ Mais je parle etc.¨. Il poursuit l’examen de trois des quatre considérations dont il vient de parler, car la quatrième, qui porte sur la faiblesse de l’enseignement de Socrate, est évidente par elle-même. En premier lieu en effet il montre que la raison de cette disposition invoquée par Socrate est irrationnelle. [121]. Deuxièmement il montre qu’au moyen d’une telle loi la cité ne peut parvenir à la finalité que Socrate avait en vue, là [123] où il dit : ¨ Et en vérité, même si etc.¨. Troisièmement il montre que cette loi présente de nombreuses difficultés, là [124] où il dit : ¨ Mais de plus, de telles difficultés etc.¨. Relativement au premier point il fait deux choses. D’abord il présente la raison invoquée par Socrate pour fonder cette loi [121]. Deuxièmement il la rejette, à [122] où il dit : ¨ Bien qu’il soit évident etc.¨. Il dit donc en premier lieu [121] que Socrate présentait ceci comme un principe, à savoir que la meilleure cité devait être celle qui posséderait la plus grande unité possible: et en vue de cela il voulait que toute chose soit mise en commun, même les enfants et les femmes, afin que les citoyens soient unis les uns aux autres au plus haut point. |
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[79244] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 11 Deinde cum dicit quamvis manifestum sit etc.,
improbat praedictam causam tribus rationibus: circa quarum primam dicit,
manifestum esse quod tantum posset procedere unitas civitatis magis quam
deberet, quod non remaneret civitas. Dictum enim est supra quod civitas est
naturaliter quaedam multitudo: multitudo autem opponitur unitati. Unde si
civitas fuerit magis una quam deberet, iam non esset civitas, sed ex civitate
fieret domus: et iterum si domus uniretur plus quam deberet, ex domo non
remaneret nisi unus homo. Nullus enim dubitat quin una domus est magis unum
quam civitas, et magis unus homo est unum quam domus. Unde si etiam aliquis
posset facere quod in tota civitate esset tanta unitas sicut in una domo, non
deberet hoc facere, quia sic destrueretur civitas. |
179. Ensuite lorsqu’il dit [122] : ¨ Il est évident cependant etc.¨. Il rejette au moyen de trois arguments la raison qui précède : et de ces trois arguments il dit dans le premier qu’il est évident que si l’unité d’une cité pouvait ainsi progresser plus qu’elle ne devrait, la cité elle-même ne subsisterait plus. Nous avons dit en effet plus haut que la cité est par nature une certaine pluralité : mais la pluralité s’oppose à l’unité. D’où il suit que si la cité était plus unie qu’elle ne le doit, il n’y aurait plus de cité mais on obtiendrait ainsi une famille: et de plus si cette famille était unie plus qu’il ne convient, il ne resterait rien de cette famille sinon un individu humain. Sans aucun doute en effet une famille est davantage une qu’une cité et un individu humain est davantage un qu’une famille. D’où il suit que si quelqu’un pouvait faire en sorte qu’il y ait dans toute une cité autant d’unité que dans une famille, il ne devrait pas le faire car il détruirait ainsi la cité. |
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[79245] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 12 Sed quia posset aliquis dicere quod Socrates
non intelligebat de unitate quae excludit multitudinem personarum, sed de
unitate quae excludit dissimilitudinem; ideo subiungit quod civitas non solum
debet esse ex pluribus hominibus, sed etiam oportet esse ex differentibus
specie, idest ex hominibus diversarum conditionum. Non enim fit civitas ex
hominibus qui sunt totaliter similes secundum conditiones. Et hoc manifestat
tripliciter. Primo quidem, quia aliud est civitas et aliud est multitudo
congregata ad simul pugnandum. Quia multitudo congregata ad simul pugnandum
est utilis ex sola quantitate numerali, etiam si omnes sint eiusdem
conditionis; quia talis multitudo est adunata propter adiutorium, sicut
contingit in illis qui volunt trahere aliquod pondus, quod maior multitudo
hominum trahit maius pondus; ita etiam maior multitudo militum similium magis
auxiliatur ad victoriam. Secundo per hoc quod civitas, in hoc quod ex
dissimilibus constituitur, differt ab illa gente in qua multitudo non
dividitur per habitationem diversarum civitatum aut vicorum, sed unusquisque
separatim habitat per seipsum, sicut accidit apud Arcades. Est autem Arcadia
quaedam provincia in Graecia, in qua unusquisque per se habitat: et sic sunt
quodammodo omnes aequales et similes. Tertio ostendit idem per hoc, quod ea
ex quibus oportet unum aliquid perfectum fieri, differunt specie: unde omne
totum perfectum in rebus naturalibus invenitur esse constitutum ex partibus
diversis secundum speciem; ut homo ex carnibus, ossibus et nervis. Totum vero
quod componitur ex partibus eiusdem speciei est imperfectum in genere
naturae, sicut aer et aqua et alia inanimata corpora. Unde manifestum est
quod, cum civitas sit quoddam totum perfectum, oportet quod consistat ex
partibus dissimilibus secundum speciem. |
180. Mais parce que quelqu’un pourrait encore dire que Socrate n’entendait pas par le mot unité l’unité qui s’oppose à la pluralité des personnes mais celle qui s’oppose à leurs différences, c’est pour cette raison qu’il ajoute que la cité n’est pas seulement composée d’une pluralité de personnes, mais qu’elle doit encore être composée d’une pluralité de personnes différentes, c’est-à-dire d’hommes de conditions différentes. En effet, la cité ne naît pas d’hommes qui sont tout à fait semblables quant à la condition. Et il manifeste cela de trois manières. Dans la première certes il dit qu’autre chose est une cité, autre chose est une pluralité d’hommes rassemblés pour combattre ensemble. Car une multitude rassemblée pour combattre ensemble est efficace du seul fait de sa quantité numérique même si tous ses membres sont de la même condition car une telle pluralité est unie en vue d’un secours mutuel comme il arrive, chez ceux qui veulent tirer une charge, que des hommes plus nombreux tirent une plus grande charge; ainsi encore, un plus grand nombre de soldats semblables apporte un plus grand secours pour la victoire. Dans la seconde il le montre au moyen de ceci que la cité, en cela même qu’elle est constituée d’hommes de conditions différentes, se distingue de ce peuple dans lequel la pluralité des individus n’est pas encore dispersée par l’habitation de diverses cités ou de divers villages, mais dans ce peuple chacun vit séparément par lui-même ainsi qu’on le voit chez les Arcadiens. Et l’Arcadie est une province de Grèce dans laquelle chacun vit par lui-même: et c’est ainsi qu’eux tous sont en quelque sorte égaux et semblables entre eux. Dans la troisième il montre la même chose au moyen de ceci que les choses à partir desquelles un être atteint sa perfection diffèrent selon l’espèce: d’où il suit que tout ensemble parfait dans les choses naturelles se trouve à être constitué de parties qui diffèrent selon l’espèce; ainsi, l’homme est constitué de chairs, d’os et de nerfs. En vérité dans la nature, un tout qui est composé de parties de même espèce est un tout imparfait comme le sont l’air, l’eau et les corps inanimés. D’où il est manifeste que, puisque la cité est un tout parfait, elle doit être constituée de parties qui diffèrent selon l’espèce. |
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[79246] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 13 Et ideo dictum est in quinto Ethicorum quod
civitas conservatur per aequale contrapassum, idest per hoc quod alicui
proportionaliter retribuitur aequale ei quod fecit, quia hoc necesse est quod
sit in liberis et aequalibus. Si enim non retribueretur alicui secundum quod
fecit, esset quaedam servitus, ut ibidem dictum est. Haec autem retributio
quae hic contrapassum dicitur in his qui sunt aequales secundum quantitatem,
fit secundum aequalitatem quantitatis, ut quantum aliquis dedit, tantum recipiat:
quantum fecit, tantum patiatur. In his autem qui non sunt aequales secundum
quantitatem, sed secundum proportionem, servetur etiam aequalitas
proportionis: utpote quanto ille qui fecit iniuriam est minor, in eadem
proportione plus puniatur. Maioris enim culpae est quod aliquis percutiat
digniorem personam quam inferiorem. Sic igitur patet quod, cum de ratione
civitatis sit quod civitas ex dissimilibus constituatur, non est verum quod
Socrates putavit quod oporteat civitatem esse maxime unam; quia si tollatur
dissimilitudo civium, iam non erit civitas. Quae quidem dissimilitudo maxime
videtur tolli factis communibus possessionibus et mulieribus et filiis. |
181. Et c’est pourquoi il est dit dans le cinquième livre des Éthiques que la cité se conserve au moyen d’une égalité réciproque, c’est-à-dire au moyen d’une rétribution à chaque personne qui soit proportionnellement égale à ce qu’elle a fait, car c’est ainsi qu’il doit nécessairement en être parmi ceux qui sont libres et égaux. Si en effet une telle rétribution n’existait pas nous nous retrouverions dans un état d’esclavage ainsi que nous l’avons dit. Mais cette rétribution que nous appelons réciproque se produit selon une égalité de quantité dans les choses qui sont égales selon la quantité, comme lorsque quelqu’un reçoit autant qu’il a donné et qu’il souffre autant qu’il a fait souffrir. Cependant, dans les choses qui ne sont pas égales selon la quantité mais selon la proportion, c’est à une égalité de proportion qu’il faut recourir : par exemple celui qui a causé du tort sera d’autant plus puni qu’il sera de rang inférieur. En effet, blesser une personne plus digne est une faute plus grande que d’en blesser une de rang inférieur. Ainsi donc il est évident que, puisqu’il est dans la nature de la cité d’être constituée d’êtres différents, cela ne s’oppose pas à l’unité, ce que pensait Socrate en disant qu’il fallait que la cité possède l’unité la plus totale possible; car si on enlève la différence entre les citoyens, il n’y aura plus de cité. Et certes cette différence semble disparaître au plus haut point du seul fait de mettre en commun les biens, les femmes et les enfants. |
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[79247] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 14 Secundam rationem ponit, ibi, simul autem
et cetera. Quae etiam inducitur ad ostendendum quod oportet esse aliquam
differentiam inter cives. Oportet
enim quod quidam eorum principentur et quidam subiiciantur. Non enim est
possibile quod omnes simul principentur: sed si hoc fiat, oportet quod hoc
sit vicissim, ita quod unusquisque in suo anno principetur, aut quocumque
alio tempore determinato, puta mense, vel die, vel etiam secundum quemcumque
alium ordinem, puta quod sorte principes eligantur: et secundum hunc modum
vicissitudinarii principatus accidit, quod omnes diversis temporibus principentur,
sicut si in civitate aliqua non semper iidem homines essent coriarii vel
fabri, sed vicissim sequeretur quod omnes cives fierent coriarii et fabri. |
182. Il présente le deuxième argument là [1221] où il dit : ¨ Mais de même il n’est pas possible etc.¨. Et ce dernier est présenté pour montrer qu’il faut qu’il y ait des différences entre les citoyens. Il faut en effet qu’il y en ait parmi eux qui commandent et d’autres qui obéissent. En effet il n’est pas possible que tous commandent en même temps; mais si le pouvoir doit être exercé, il faut qu’il le soit alternativement de sorte que chacun commande pendant un an ou pendant une période de temps déterminée, à savoir pendant un mois, un jour ou suivant quelque autre ordre de succession déterminé en supposant que les gouvernants soient tirés au sort : l’autorité se trouve à être exercée selon ce mode de succession qui est tel que tous exercent le pouvoir mais en des temps différents, comme si dans une cité ce n’était pas toujours les mêmes hommes qui seraient cordonniers ou charpentiers mais qu’ils le deviendraient tous chacun leur tour. |
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[79248] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 15 Subiungit autem quod melius est quod ita
disponatur civitas politica, si possibile sit quod iidem semper principentur.
Hoc enim dicit esse possibile quando in aliqua civitate inveniuntur aliqui
viri multum aliis excellentiores per quos optimum erit ut semper civitas
regatur: sed quando hoc non est possibile eo quod omnes cives fere sunt
aequales secundum naturalem industriam et virtutem, tunc iustum est quod
omnes participent principatu, sive principari sit quoddam bonum, sive malum;
quia et communibus bonis et communibus oneribus iustum est ut aequaliter
participent qui sunt aequales in civitate. Iustum igitur esset, si esset
possibile, quod omnes simul principarentur: sed quia hoc non est possibile,
ad huius iusti imitationem observatur quod illi qui sunt aequales in parte
sibiinvicem cedant, tamquam a principio sint similes: quia dum quidam eorum
principantur, et quidam subiiciuntur, quodammodo facti sunt dissimiles et
diversi per gradum dignitatis. Et ita etiam quaedam diversitas est inter eos
quod simul principantur, dum diversi in civitate diversos principatus vel
officia gerunt. Et sic patet quod ad civitatem requiritur principantium et
subiectorum diversitas, vel simpliciter, vel secundum aliquod tempus. Sic
igitur manifestum est ex praedictis, quod civitas non est sic nata esse una,
sicut quidam dicunt, ut omnes sint similes. Et illud quod dicitur esse
maximum bonum in civitatibus, scilicet maxima unitas, destruit civitatem.
Unde non potest esse bonum civitatis, quia unaquaeque res salvatur per id
quod est sibi bonum. |
183. Mais il ajoute qu’il serait préférable que la société politique soit ainsi disposée de telle sorte, si la chose était possible, que ce soit* toujours les mêmes qui exercent l’autorité. En effet il affirme que cela est possible quand on retrouve dans une cité certains hommes qui sont de loin supérieurs aux autres et au moyen desquels il serait préférable que la cité soit toujours gouvernée; mais lorsque cela n’est pas possible du fait que tous les citoyens sont à peu près égaux selon les dispositions naturelles ou selon les vertus, il est alors juste que tous participent de l’exercice du pouvoir, que ce dernier soit un bien ou un mal; car il est juste que ceux qui sont égaux dans la cité participent d’une manière égale à la fois des biens communs et des charges communes. Il serait donc juste, si la chose était possible, que tous en participent en même temps : mais parce que cela n’est pas possible, on observe une imitation de cette forme de justice si ceux qui sont égaux en partie se cèdent mutuellement le pouvoir dans la mesure où ils sont tous considérés semblables dès le départ: car alors même que certains d’entre eux commandent et que d’autres obéissent, ils seront rendus différents d’une certaine manière par le rang de leur charge. Et ainsi il existe encore une certaine diversité parmi ceux-là même qui commandent en même temps car ce sont différents citoyens qui dans la cité exercent différents pouvoirs et jouent différents rôles. Et ainsi il est évident que la distinction des gouvernants et des gouvernés est nécessaire à l’existence même de la cité, soit purement et simplement, soit selon un temps déterminé. Ainsi donc, à partir de ce qui précède, il est évident que la nature de la cité n’est pas d’être une au sens où certains le disent, à savoir au sens où tous seraient semblables, et que ce qu’on dit être le plus grand bien pour la cité, à savoir la plus grande unité possible, se trouve en fait à détruire la cité. D’où il suit que cette sorte d’unité ne peut être le bien de la cité, car toute chose trouve son salut dans le bien qui lui est propre. |
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[79249] Sententia Politic., lib. 2 l. 1 n. 16 Tertiam rationem ponit, ibi, est autem et per
alium modum et cetera. Et procedit ista ratio alio modo a praemissis: nam
prima ratio sumebatur ex partibus dissimilibus ex quibus necesse est
constitui civitatem: haec vero ratio sumitur ex fine civitatis qui est sufficientia
vitae. Et hoc est quod dicit quod per alium modum potest manifestari quod non
est melius quod homo quaerat valde unire civitatem; per hoc enim tollitur
sufficientia vitae. Manifestum est enim quod una domus vel familia tota magis
est sufficiens ad vitam quam unus homo; et civitas est magis sufficiens quam
domus. Tunc enim iam debet esse civitas cum communitas multitudinis est per
se sufficiens ad vitam. Si igitur id quod est minus unum est magis per se
sufficiens, ut domus homine et civitas domo, manifeste sequitur quod
eligibilius est in civitate quod sit minus una quantum ad distinctionem
civium, quam quod sit magis una. Tanto enim erit sibi sufficientior, quanto
plures diversitates hominum in ea inveniuntur. Unde patet falsum esse quod
Socrates dixit optimum esse in civitate quod sit maxime una. |
184. Il présente le troisième argument là [1222] où il dit : ¨ Mais il encore manifeste par un autre moyen etc.¨. Et cet argument procède de ce qui précède mais d’une autre manière: car le premier argument est tiré des parties différentes à partir desquelles une cité est nécessairement constituée alors que cet argument-ci se tire de la finalité même de la cité qui est l’autarcie. Et c’est ce qu’il veut dire lorsqu’il dit qu’on peut manifester par un autre moyen qu’il n’est pas préférable que l’homme cherche à unifier la cité au plus haut point, car alors il ferait disparaître l’autarcie. Il est manifeste en effet qu’une maison ou l’ensemble d’une famille se suffit plus à elle-même qu’un seul être humain et qu’il en est de même pour la cité à l’égard de la famille. En effet, une cité doit déjà exister alors même que la communauté de la multitude se suffit à elle-même pour vivre. Si donc ce qui est moins unifié se suffit davantage à soi-même, comme la famille qui est moins unifiée que l’homme et la cité moins que la famille, il s’ensuit manifestement qu’il est préférable pour la cité qu’elle soit moins unifiée que plus unifiée quant à la distinction des citoyens. En effet elle se suffira d’autant plus à elle-même qu’on retrouvera en elle une plus grande diversité parmi les hommes. D’où il est évident que ce que dit Socrate est faux, à savoir que la meilleure cité est celle qui possède l’unité la plus parfaite possible. |
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Lectio
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LEÇON 2 (nn. 185-188; [1231-3]) ─
Il ne peut arriver que des hommes libres ne reconnaissent pas de quels
parents ils sont nés.
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Leçon 2 |
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[79250] Sententia Politic., lib. 2 l. 2 n. 1 At vero neque si hoc optimum et cetera.
Postquam reprobavit causam quam Socrates assignabat, legis ferendae de
communitate mulierum et filiorum, ostendens non esse optimum in civitate quod
sit maxime una: hic incipit ostendere quod civitas non consequitur maximam
unitatem per legem praemissam. Et ponit ad hoc quatuor rationes. Circa quarum
primam dicit, quod dato, quod hoc esset optimum civitatis, ut esset maxime
una; non tamen hic videtur ostendi quod civitas sit maxime una per hoc quod
omnes simul dicant, hoc est meum et hoc non est meum. Si enim omnia sint
communia, nullus posset dicere: hoc est meum, nisi de quo et alius diceret:
hoc est meum. Et hoc putabat Socrates esse signum huius quod est civitatem
esse perfecte unam. Videbat enim quod ex hoc oriuntur discidia in civitate,
quod unus curat proprium bonum et alius bonum suum, et sic studia hominum ad
diversa feruntur; quia non est idem de quo unusquisque dicit, hoc est meum.
Sed si omnes dicerent de una et eadem re, hoc est meum, omnium studia
ferrentur in unum; et sic, sicut putabat Socrates, civitas esset maxime una.
Sed haec non est causa: quia cum tu dicis omnes dicerent: hoc est meum: haec
propositio est duplex; eo quod ly omnes possit teneri distributive vel
collective. Si distributive, esset sensus quod unusquisque per se ipsum
posset dicere de tali re, hoc est meum; et tunc forte esset verum quod Socrates
dixit: quia unusquisque unum et eumdem diligeret tamquam filium proprium, et
similiter mulierem tamquam suam propriam. Et ita est etiam de substantia,
idest de possessione. Sed illi qui utuntur communibus uxoribus et pueris, non
dicent omnes in isto sensu, hoc est meum, sed omnes quidem dicent collective
tamquam possidentes unam rem communem: ita tamen quod nullus per se ipsum
dicet, hoc est meum: et idem est etiam si possessio sit communis: nullius
enim secundum seipsum erit propria. Sic igitur patet quod quidam sophisticus
syllogismus est secundum quem procedebat Socrates dicens quod dicere omnes,
hoc est meum, est signum perfectae unitatis: quia istae dictiones omnes et
utrumque propter suam duplicitatem, etiam in orationibus, idest in
disputationibus faciunt syllogismos litigiosos, idest sophisticos: puta si
aliquis dicat, propositis tribus ex una parte et tribus ex alia, utraque
istorum sunt paria: hoc enim est verum, si collective accipiatur, quia simul
iuncta sunt paria: si vero distributive accipiatur, sunt imparia. Unde
dicendum est quod in uno sensu dicere omnes de eodem quod sit suum, esset
bonum, scilicet secundum quod ly omnes tenetur distributive: sed non est
possibile: implicat enim contradictionem: ex hoc enim ipso quod est proprium
huius, non est alterius. Si autem non accipiatur sic, sed collective, non
erit consentaneum, idest congruum civitati. |
185. Après avoir rejeté la raison que Socrate présentait pour mettre de l’avant la loi sur la mise en commun des femmes et des enfants en montrant qu’il n’est pas préférable pour la cité qu’elle possède la plus grande unité possible, il commence à montrer ici que la cité ne parvient pas à cette plus grande unité au moyen de la loi qui précède. Et pour le montrer il présente quatre arguments. Et parmi ceux-ci il dit dans le premier [123] que si on accorde que ce serait le plus grand bien pour la cité de posséder la plus grande unité possible, cependant il n’apparaît pas ici que la cité possède la plus grande unité du seul fait que tous disent en même temps ¨ceci est à moi¨. Si en effet toutes les choses sont communes, nul ne peut dire : ¨ ceci est à moi¨. Et Socrate pensait que c’était cela le signe d’une cité possédant l’unité la plus parfaite. Il croyait en effet que les divisions dans la cité naissent de ce que les intérêts des hommes se portent vers des choses différentes, un tel s’occupant de son bien propre et l’autre du sien; car ce n’est pas de la même chose dont on parle alors quand chacun dit: ¨ ceci est à moi¨. Mais si tous parlaient d’une seule et même chose en disant ¨ ceci est à moi ¨, les intérêts de tous se porteraient vers une seule et même chose et ainsi, comme l’imaginait Socrate, la cité posséderait la plus grande unité. Mais cet antécédent n’entraîne pas nécessairement ce conséquent; car lorsque tu dis : ¨ Tous diraient : ceci est à moi ¨, cette proposition peut s’entendre de deux manières selon que le mot ¨ Tous ¨ se prend au sens distributif ou collectif. S’il s’entend au sens distributif, cette proposition signifierait que chacun en particulier pourrait dire de lui-même au sujet de telle chose qu’elle est la sienne et alors peut-être que ce que dit Socrate serait vrai: car chacun en particulier aimerait le même homme comme son propre fils et la même femme comme sa propre épouse. Et il en serait de même pour les choses, c’est-à-dire pour les biens. Mais ceux qui mettent en commun les femmes et les enfants, ce n’est pas en ce sens que ¨ Tous ¨ disent ¨ ceci est à moi ¨, mais c’est certes en un sens collectif que tous disent posséder une même chose en commun, de telle sorte cependant que nul ne dirait de lui-même : ¨ ceci est à moi ¨: et il en serait de même si les biens étaient possédés en commun : la possession des biens ne serait propre à aucun homme de lui-même. Ainsi donc il est évident que nous sommes ici en présence d’un certain syllogisme sophistique d’après lequel procédait Socrate en disant que si tous disent : ¨ Ceci est à moi ¨, cela est le signe d’une unité parfaite : car les mots ¨ Tous ¨ et ¨ Tous les deux ¨, en raison de leur équivoque, même dans les discours, c’est-à-dire dans les discussions, conduisent à des syllogismes qui sont mauvais ou sophistiques; par exemple, si quelqu’un disait au sujet de triangles égaux : étant donnés trois côtés d’une part et trois côtés d’autre part, ¨ Ces côtés-ci sont égaux à ces côtés-là¨, cela en effet serait vrai si on l’entendait collectivement car ceux qui sont unis ensemble sont égaux mais si on l’entendait au sens distributif, c’est-à-dire pour chacun des côtés en particulier, ce ne serait plus nécessairement le cas. D’où il faut dire qu’en un sens ce serait
bien de dire de la même chose qu’elle appartient à tous, selon que le mot ¨
Tous ¨ serait entendu en un sens distributif, mais cela n’est pas possible:
en effet une contradiction s’y trouve impliquée du fait même que ce qui est
propre à l’un ne peut appartenir en même temps à un autre. Mais si au lieu de
l’entendre ainsi on l’entend au sens collectif, cela ne sera plus conforme ou
en accord avec la nature de la cité. |
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[79251] Sententia Politic., lib. 2 l. 2 n. 2 Secundam rationem ponit, ibi, ad haec autem
etc., per quam ostendit quod dictum Socratis non solum non est utile
civitati, sed etiam infert maximum nocumentum. Videmus enim quod de eo quod
est commune multorum valde parum curatur: quia omnes maxime curant de
propriis; sed de communibus minus etiam curant homines quam quantum pertinet
ad unumquemque; ita quod ab omnibus simul minus curatur, quam curaretur si
esset unius solius. Dum enim unus credit quod alius faciat, omnes negligunt:
sicut accidit in servitiis ministrorum, quod multi servientes quandoque peius
serviunt, dum unus expectat quod alius faciat. Secundum autem legem Socratis
sequitur quod unusquisque civis haberet mille filios vel plures; et sic minus
curabit de singulis quam si haberet unum solum. Et si addamus quod isti mille
filii non sunt proprii uniuscuiusque civium, sed incertus est filius incerti
patris, multo minus curabunt. Unde sequetur quod omnes cives similiter
negligent curam puerorum, et hoc erit maximum damnum in civitate. |
186. Il présente le deuxième argument là [1231] où il dit : ¨ Mais de plus cette position présente un autre inconvénient etc.¨. Et au moyen de cet argument Aristote montre que non seulement ce que dit Socrate n’est pas utile à la cité mais entraîne encore pour elle le plus grand préjudice. Nous voyons en effet qu’on se soucie peu de ce qui est commun à la multitude : car tous prennent le plus grand soin des choses qui leurs sont propres; mais les hommes ne prennent soin des biens communs que dans la mesure où cela sert leurs intérêts et même alors ils prennent moins de soin pour ce qui est possédé par tous que pour ce qu’ils possèdent en propre. En effet, alors même que chacun pense qu’un autre prendra soin des biens communs, tous les négligent. C’est ce qui se produit dans les services domestiques où de nombreux serviteurs accomplissent parfois moins qu’un petit nombre, alors que chacun s’attend à ce que l’autre fasse la besogne. Mais d’après la loi de Socrate, il s’ensuivrait que chaque citoyen aurait mille fils ou plusieurs et ainsi il prendrait moins soin de chacun d’eux que s’il en avait un seul. Et si nous ajoutons à cela que ces mille fils ne sont pas propres à chacun des citoyens et qu’il existe une incertitude quant au lien de paternité, ils en prendront encore moins soin. D’où il suit que tous les citoyens négligeront de même les soins dus à leurs enfants, et cela sera le plus grand dommage causé à la cité. |
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[79252] Sententia Politic., lib. 2 l. 2 n. 3 Tertiam rationem ponit, ibi, adhuc sic
unusquisque et cetera. Dicens quod sic, idest secundum positionem Socratis,
unusquisque civium dicet de unoquoque civium bene operante, vel male,
quotcumque contingat eos esse, dicet inquam, hic est meus, aliquod secundum
naturam existens, puta, hic meus filius, vel illius. Et hoc modo dicet de
unoquoque mille, vel quotcumque contingat esse in civitate: et hoc dicet non
quasi pro certo sciat hunc esse suum filium, vel illius, sed cum dubitatione;
quia si mulieres sint communes, multis accedentibus ad unam, non potest esse
manifestum, ex quo patre contingat esse genitum filium; quia multi sunt qui
non generant; et etiam immanifestum est, cuius filium contingat esse servatum
in vita multis morientibus. Est ergo considerandum utrum melius sit, quod per
modum istum aliquis appellet aliquid idem, id est suum filium vel nepotem
quemlibet de numero duorum millium vel decem milium, aut magis, quod aliquis
appellet aliquem iuvenem suum proprium, sicut modo in civitatibus faciunt.
Videmus enim, quod unum et eundem iuvenem quidam civium vocant filium suum,
quidam nepotem, vel secundum quamdam aliam propinquitatem, sive consideretur
propinquitas propter consanguinitatem, sive propter aliquam familiaritatem,
sive quia aliquis a principio habuit curam ipsius, puta, quia fuit tutor eius
vel instructor, aut etiam eorum, quae ad ipsum pertinent, et cum unum dicat
filium vel nepotem, alium dicet esse fratruelem, vel contribulem. Dicuntur
autem fratrueles, qui sunt ex duobus fratribus nati. Contribules autem qui
sunt ex una tribu, puta ex una societate in civitate. Sic igitur patet, quod
non solum secundum legem Socratis multi cives dicunt de uno et eodem, hic est
meus, sed etiam secundum consuetudinem quae nunc in civitatibus observatur.
Sed in hoc videtur esse praeeminentia secundum legem Socratis, quod multi
dicent hunc esse suum filium. Ex alia vero parte est praeeminentia ex hoc,
quod diversi dicent unum et eundem esse suum, non tamquam communem, sed
tamquam proprium, vel nepotem, vel filium, vel fratrem, vel aliquid
huiusmodi. Multo autem melius et efficacius est ad amicitiam et curam
impendendam, quod aliquis aestimet esse aliquem proprium nepotem, quam quod
aestimet eum filium communem per modum quo Socrates posuit; quia sicut dictum
est, propria magis homines amant et procurant quam communia. Unde patet, quod
lex Socratis magis affert civitati detrimentum quam utilitatem. |
187. Il présente le troisième argument là [1232] où il dit : ¨ De plus chacun ne dit ainsi le mien etc.¨ Il dit que de cette manière, c’est-à-dire conformément à l’opinion de Socrate, chacun des citoyens dira de chacun des autres, qu’ils soient puissants ou non et quel que soit leur nombre, il dira : ¨ voici le mien ¨, par exemple quelque chose qui existe selon la nature comme ¨ voici mon fils ¨ ou ¨ voici celui d’un tel ¨. Et il dira cela en se référant à chacun des mille citoyens ou plus qui sont dans la cité : et il le dira non comme s’il était certain que celui-ci est son fils ou celui d’un autre, et cela sans en être certain : car si les femmes sont mises en commun, comme plusieurs hommes auront eu accès à une femme, il ne pourra être évident de quel père cet enfant aura été engendré; car nombreux sont ceux qui n’engendrent pas et aussi on ne peut être certain, en raison de la mortalité infantile, de quel père sera issu tel enfant qui se trouvera à avoir été conservé vivant. Il faut donc considérer s’il est préférable qu’on appelle de cette manière son fils ou son neveu n’importe quel des deux mille citoyens, plutôt que d’appeler son enfant celui qui est propre à chacun, à la manière dont on le fait généralement dans les cités. Nous voyons en effet que c’est le même jeune homme qu’un des citoyens appelle son fils et un autre son petit-fils, ou lui attribue une autre appellation familiale, que cette appellation soit considérée d’après le lien du sang ou d’après un lien d’intimité par lequel quelqu’un eut soin de lui dès le début parce qu’il en fut le tuteur ou le pédagogue ou par lequel quelqu’un eut soin des choses qui lui appartiennent et alors, suivant ces relations, quelqu’un l’appellera fils ou petit-fils alors qu’un autre l’appellera cousin germain ou compagnon de même tribu. Mais on appelle compagnons de phratrie ceux qui sont nés de deux tribus différentes, alors qu’on appelle parents ceux qui sont nés d’une même tribu comme ceux d’une même classe au sein de la cité. Ainsi donc il est évident que c’est non seulement d’après la loi de Socrate que de nombreux citoyens disent d’une même personne ¨ celui-ci est le mien ¨, mais c’est aussi d’après la coutume qui est maintenant en usage dans les cités. Mais dans la loi de Socrate il semble y avoir une supériorité en ceci qu’ils sont nombreux ceux qui disent que celui-ci est leur fils. Mais d’un autre côté en vérité il y a une supériorité à ce que plusieurs personnes disent que le même individu fait partie des leurs, non pas comme un bien commun mais comme un bien propre, qu’il s’agisse de la relation de neveu, de fils, de frère ou de quelque autre relation. Mais il est de beaucoup préférable et utile pour s’approcher de l’amitié et de l’amour de voir en quelqu’un son cousin propre que de le voir comme son fils commun à la manière de Socrate; car ainsi que nous l’avons dit, les hommes aiment et prennent soin davantage de ce qui leur est propre que de ce qu’ils partagent en commun avec les autres. D’où il est évident que la loi de Socrate apporte à la cité plus de désavantages que d’avantages. |
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[79253] Sententia Politic., lib. 2 l. 2 n. 4 Quartam rationem ponit ibi, quinimo, sed neque
diffugere et cetera. Et dicit, quod quamvis Socrates putaret per communitatem
filiorum et mulierum hoc evitare, ut nullus dicat esse suum proprium filium
vel fratrem, sed communiter hoc opinentur, tamen non potest hoc effugere,
quin aliqui suspicentur de aliquibus, quod sint fratres eorum, vel filii, vel
patres vel matres: et hoc propter similitudinem quae frequenter invenitur
inter filios et patres vel matres. Unde quidam eorum, qui describunt peryodos
terrae, id est quomodo circularitas mundi est habitata, narrant quod in
superiori Lybia quidam habent communes uxores, sed dividunt filios secundum
similitudines, ita quod unusquisque virorum accipit sibi pro filio illum qui
sibi similatur. Et hoc etiam videmus contingere in feminis aliorum animalium,
sicut equae, et vaccae, quae naturaliter habent, quod faciunt filios similes
patribus. Sicut dicitur de quadam equa, quae in terra Pharsaliae ob hoc
vocabatur iusta, quia filios reddebat similes patribus. Unde manifestum est,
quod Socrates per legem quam dicit esse ferendam de communitate uxorum et
filiorum, non potest hoc consequi, ut non sint privati affectus inter
homines. |
188. Il présente le quatrième argument là [1233] où il dit : ¨ Mais, qui plus est, il n’est pas possible d’éviter etc.¨. Et il dit que bien que Socrate croyait, au moyen de cette mise en commun des femmes et des enfants, empêcher qu’on appelle un tel son propre fils ou son propre frère et faire en sorte qu’on le voit plutôt désormais comme un fils ou un frère commun, on ne peut éviter par cette loi que certains soupçonnent qu’un tel individu soit leur frère, leur fils, leur père ou leur mère propre, en raison des ressemblances qu’on retrouve fréquemment entre les enfants et leurs parents naturels. De là, certains de ceux qui décrivent leurs voyages autour du monde et comment la surface de la terre est habitée, racontent que certains de ceux qui habitent la Haute-Lybie qui mettent leurs femmes en commun classent leurs enfants selon leurs ressemblances de sorte que les hommes accueillent comme leurs enfants ceux qui se ressemblent. Et nous voyons que cela se produit chez les femelles d’autres espèces animales comme les juments et les vaches qui ont naturellement des petits semblables à leurs pères. Et c’est ce qu’on dit d’une certaine jument de Pharsale qu’on appelait la Juste parce qu’elle engendrait des petits semblables à leurs pères. D’où il est évident que Socrate, au moyen de la loi sur la mise en commun des femmes et des enfants qu’il disait devoir être promulguée, ne peut parvenir à ce qu’il n’y ait pas de sentiments particuliers parmi les hommes. |
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Lectio
3 |
LEÇON 3 (nn. 189-195; [124 1-6])
─ Que la mise en commun des enfants rend les citoyens plus enclins aux
disputes et aux meurtres et qu’elle fait disparaître le respect dû aux
anciens ainsi que la bienveillance rattachée aux liens du sang.
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Leçon 3 |
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[79254] Sententia Politic., lib. 2 l. 3 n. 1 Adhuc autem et tales difficultates et cetera.
Postquam philosophus ostendit, quod causa, quam Socrates assignabat, suae
legis, non erat rationabilis, scilicet quod optimum esset civitati esse
maxime unam, et iterum quod maxima unitas non provenit ex communitate
mulierum et filiorum, hic tertio vult ostendere multas difficultates et
inconvenientia, quae consequentur ex tali lege: et proponit sex rationes.
Circa quarum primam dicit, quod illis qui constituunt hanc communitatem
mulierum et filiorum, non est facile, quod devitent has difficultates, et
inconvenientia quae dicentur. Primo enim non potest contingere quin in
civitate contingant vulnerationes et homicidia. Quandoque quidem
involuntaria, puta cum casu fiunt. Quandoque autem voluntaria, puta cum fiunt
ex odio vel ira. Et iterum rixae et maledictiones sive opprobria: quae omnia
multo magis inconveniens est quod fiant parentibus, vel aliis propinquis
secundum cognationem, quod extraneis et remotis; quanto enim naturaliter
aliquis magis inclinatur ad amorem alterius, tanto magis inconveniens est,
quod ei inferat nocumentum. Et huiusmodi nocumenta vel iniuriae multo magis
fient ad illos de quibus nescietur pro certo quod sint filii eorum quibus
inferunt tales iniurias, quam apud illos de quibus pro certo scitur. Potest
etiam cum hoc reputari, quod sit facta aliqua dissolutio propinquitatis;
sicut contingit quandoque, quod propinquitas tollitur, vel propter longinquam
generationem, vel quandoque etiam consanguinei abdicantur propter aliquam
offensam. Sed illi qui nesciunt propinquitatem, nullam possunt putare
solutionem propinquitatis esse factam. Unde patet, quod huiusmodi mala, quae
in civitatibus proveniunt, erunt magis inconvenientia si ponatur communitas
mulierum et filiorum; quia scilicet continget, frequenter quod fiant ad
propinquos. |
189. Après avoir montré que la raison que Socrate invoquait pour justifier sa loi n’est pas rationnelle, à savoir qu’il serait souhaitable que la cité possède l’unité la plus parfaite, et après avoir aussi montré que cette plus grande unité ne peut résulter de la mise en commun des femmes et des enfants, il veut mettre en lumière ici en troisième lieu de nombreuses difficultés et de nombreux inconvénients qui découleraient d’une telle loi; et il présente six raisons. Au sujet de la première de ces raisons, il dit [124] qu’il ne sera pas facile à ceux qui établissent cette communauté des femmes et des enfants d’éviter ces difficultés et ces inconvénients dont il va parler. Premièrement en effet il ne peut arriver dans une cité qu’il ne se produise pas des blessures et des homicides. Parfois certes ils sont involontaires, par exemple lorsqu’ils se produisent par hasard. Mais parfois ils sont volontaires, comme lorsqu’ils sont les résultats de la haine ou de la colère. Il se produit aussi des combats et des outrages qui causent beaucoup plus de dommages à ceux qui nous sont apparentés ou font partie de nos connaissances qu’à ceux qui nous sont étrangers ou éloignés; il est en effet d’autant plus inconvenant de causer un préjudice à quelqu’un qu’on est naturellement plus incliné à aimer cette personne. Et des préjudices et des outrages de cette sorte se produisent beaucoup plus souvent à l’égard de ceux au sujet des desquels on ne sait pas avec certitude s’ils sont les enfants de ceux auxquels de telles offenses sont destinées qu’à l’égard de ceux au sujet desquels on le sait avec certitude. On peut encore avec cela mettre en ligne de compte qu’il se produit une certaine dissolution de l’intimité, comme il arrive parfois que l’intimité disparaisse soit en raison de l’éloignement des générations, soit encore parfois parce que des personnes nées de même sang sont rejetées en raison d’une offense. Mais à ceux qui ignorent leur parenté, il est impossible de concevoir comment lui faire réparation. D’où il est évident que de tels maux qui se produisent dans les cités seront plus inconvenants si on met de l’avant la communauté des femmes et des enfants car il arrivera qu’ils se produiront souvent entre parents. |
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[79255] Sententia Politic., lib. 2 l. 3 n. 2 Secundam rationem ponit, ibi, inconveniens
autem, et cetera. Et sumitur haec ratio ex inconvenientibus, quae sequentur
ex concupiscentia libidinum, sicut prima sumebatur ex inconvenientibus quae
sequuntur ex ira vel odio, considerandum est ergo, quod apud omnes reputatum
fuit inconveniens et inhonestum, quod filii coirent cum matribus, aut patres
cum filiabus; et hoc oportebat accidere, si ponerentur communes filii: quia
contingeret, quod filius cognosceret matrem suam sicut et aliquam aliam
mulierem; et similiter contingeret, quod pater cognosceret carnaliter filiam
suam, sicut et aliquam aliam. Socrates igitur praesentiens hoc inconveniens,
voluit ipsum vitare tali statuto, ut per principes civitatis impediretur
coitus filii cum matre, cum oportebat esse certum ad minus apud principes
civitatis, qui filium susciperent nutriendum; et similiter, ut impediretur
per eosdem principes coitus patris ad filiam, quando aliqua coniectura posset
haberi, quod haec esset filia illius. |
190. Il présente la deuxième raison là [1241] où il dit : ¨ Mais il est inconvenant etc.¨. Et cette raison se tire des inconvenances qui découlent des concupiscences de la chair, alors que la première se tire des inconvénients qui découlent de la colère et de la haine. Il faut considérer qu’on reconnaît généralement comme inconvenante et méprisable l’union charnelle entre un fils et sa mère ou entre un père et sa fille; et cela devrait arriver inévitablement si on mettait en application la mise en commun des enfants car il arriverait ainsi qu’un fils connaîtrait charnellement sa mère comme n’importe quelle autre femme et il en serait de même pour un père à l’égard de sa fille. Alors Socrate, pressentant cet inconvénient, voulut l’éviter par un décret tel que l’union charnelle entre un fils et sa mère serait empêchée par les magistrats de la cité puisqu’il fallait connaître avec certitude, au moins de la part des magistrats de la cité, lesquels auraient reçu un enfant à éduquer; et de même, ce décret devait empêcher au moyen des mêmes magistrats l’union charnelle entre un père et sa fille quand on aurait pu obtenir un jugement établissant que cette femme était bien sa fille. |
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[79256] Sententia Politic., lib. 2 l. 3 n. 3 Sed hoc statutum Socratis philosophus impugnat
dupliciter. Primo quidem, quia hoc statutum videtur esse insufficiens.
Prohibebat enim filio solum coitum matris, non autem prohibebat ei amorem
libidinosum, quia non indicabat ei quod haec esset mater eius, neque etiam
prohibebat ei alios usus libidinosos, puta amplexus et oscula, quae
indecentissimum est esse inter propinquos, quia etiam amorem libidinosum
inter eos esse est inconveniens. Secundo improbat istud statutum propter
causam quam assignat. Dicebat enim, quod interdicendus erat coitus matris cum
filio, propter nullam aliam causam, nisi ad vitandum delectationem valde
vehementem, quae ex amore naturali matris et filii proveniret, qui
superadderetur libidinoso amori. Vehementiam autem delectationis
in coitu, ideo vitari volebat, ne homines nimis allicerentur ad
intemperantiam. Dicit ergo
Aristoteles, quod inconveniens est dicere, quod propter istam solam causam
debeat aliquis abstinere a coitu matris, et non ex solo, quod mater eius est.
Et eadem ratio est de aliis propinquis: ex ipsa enim sanguinis propinquitate
debent sibi cognati quamdam reverentiam honestatis, quae tollitur per
lasciviam coitus. |
191. Mais le philosophe combat ce décret de Socrate de deux manières. Premièrement certes parce que ce décret paraît être insuffisant. En effet il interdisait seulement au fils l’union charnelle avec sa mère mais pas l’amour libidineux car il ne lui montrait pas que cette femme était sa mère et il ne lui interdisait pas aussi les autres usages libidineux de l’amour comme les embrassements et les baisers dont l’existence est la plus indécente parmi les proches car l’amour libidineux est lui-même inconvenant parmi eux. Deuxièmement il combat ce décret pour la raison qu’il indique ici : Socrate disait en effet que l’amour charnel entre le fils et la mère devait être interdit pour aucune autre raison que pour éviter la trop grande volupté provenant de l’amour naturel entre le fils et sa mère qui s’ajoute à l’amour libidineux. Et c’est pourquoi il voulait éviter l’impétuosité de la délectation dans l’union charnelle, afin que les hommes ne soient pas trop entraînés à l’intempérance. Aristote dit donc qu’il ne convient pas de dire que c’est seulement pour cette raison que quelqu’un doit s’abstenir d’une union charnelle avec sa mère et non pas pour cette seule raison que c’est sa mère : en effet, c’est du seul fait qu’ils sont unis par les liens du sang que les membres d’une même famille doivent se témoigner du respect et de l’estime, lesquels sont emportés par les élans de l’union charnelle. |
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[79257] Sententia Politic., lib. 2 l. 3 n. 4 Tertiam rationem ponit, ibi, videtur autem
magis et cetera. Et dicit quod ista lex Socratis de communitate uxorum et
filiorum, magis erit utilis agricolis et aliis infimae conditionis hominibus,
quam custodibus civitatis, idest principibus civitatis, et aliis magnis
viris, qui agunt curam de rebus communibus civitatis; quia filii agricolarum
exaltabuntur, et filii magnorum deiicientur, si omnes redigantur in commune.
Et ex hoc sequitur, quod minus erit amicitia inter magnos et plebeios:
conservatur enim amicitia inter eos, inquantum agricolae et alii huiusmodi
sunt principibus subiecti: quia ut dicitur in nono Ethicorum, illud quod est
proportionale unicuique, salvat amicitiam: subiectio autem conservatur in
hoc, quod inferiores principibus obediant et non insolescant; quod quidem
accidet si aequiparantur maioribus in filiis et mulieribus. Unde patet, quod
haec lex Socratis impedit amicitiam civitatis, quae debet esse inter
principes et subiectos. |
192. Il présente la troisième raison là [1242] où il dit : ¨ Mais il semble que c’est davantage à ceux qui cultivent la terre etc.¨. Et il dit que cette loi de Socrate sur la communauté des femmes et des enfants est davantage utile aux agriculteurs et aux autres hommes de condition modeste qu’aux gardiens de la cité, c’est-à-dire aux magistrats de la cité et aux autres dignitaires qui prennent soin des biens communs de la cité; car les enfants des agriculteurs seront élevés et ceux des dignitaires seront dépossédés si tous sont ramenés à une condition commune. Et il suit de là qu’il y aura moins d’amitié entre les grands et les humbles : en effet, l’amitié est conservée parmi eux dans la mesure où les agriculteurs et les autres personnes de condition modeste obéissent aux magistrats: car ainsi qu’on le dit au neuvième livre des Éthiques, c’est ce qui est proportionné à chacun qui conserve l’amitié; or la soumission se conserve en ceci que les inférieurs obéissent aux magistrats et ne se montrent pas insolents à leur égard, ce qui doit certes se produire s’ils deviennent égaux aux dignitaires par la mise en commun des enfants et des femmes. D’où il est évident que cette loi de Socrate empêche l’amitié qui doit exister dans la cité entre les magistrats et leurs subordonnés. |
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[79258] Sententia Politic., lib. 2 l. 3 n. 5 Quartam rationem ponit, ibi, totaliter autem et
cetera. Et dicit, quod ex tali lege omnino accidit contrarium eorum, ad quae
intendunt illi qui ponunt rectas leges; et iterum contrarium ei, propter quod
Socrates putavit, quod debeat ordinari lex de pueris et uxoribus. Omnes enim
communiter putamus, quod amicitia sit maximum bonum in civitatibus; quia si
sit amicitia inter cives, minime facient seditiones; et ad hoc intendunt
omnes legislatores, ut civitas sit sine seditionibus. Unde omnes, qui ponunt
rectas leges, ad hoc tendunt, ut sit amicitia inter omnes cives. Socrates
etiam dixit, quod optimum in civitate erat, quod esset una: unitas autem
hominum adinvicem est effectus amicitiae, et sicut communiter videtur
omnibus, et etiam sicut Socrates dixit. Unde etiam Aristophanes dixit in
sermonibus quos de amore fecit, quod seinvicem amantes desiderant, quod
essent facti unum per naturam; et quia hoc non potest esse, desiderant, quod
fiant unum quantumcumque possibile est. In hoc igitur casu in quo
Aristophanes loquitur, sequeretur quod vel ambo se amantes corrumperentur,
dum ex eis aliquid unum fieret, vel alter eorum corrumperetur quasi in
alterum conversus. Sed in civitate propter talem communionem mulierum et
filiorum, sequitur quod amicitia diminuatur et minimum habebit de pondere ad
amorem quod vel pater dicat de aliquo, iste est meus filius, cum simul dicat
hoc de multis aliis in civitate existentibus, aut filius dicat de patre, hic
est meus pater, cum etiam ipse hoc de multis aliis dicat. Videmus enim quod
si aliquis aliquod modicum dulce immittat in multam aquam fit insensibilis
mixtio, sicut cum parum de melle imponitur in multa aqua, nihil sentitur de
dulcedine mellis. Unde familiaritas, quae ex istis nominibus provenit in civitate,
qua unus dicit, hic est meus pater, vel filius, aut frater, parum curabitur
si quilibet antiquior de quolibet iuniore dicat eum esse suum filium, et e
converso, quilibet iunior dicat quemlibet antiquiorem esse suum patrem, et
omnes coetabiles dicant se esse fratres. Et huius ratio est, quia duo sunt
quae maxime faciunt homines sollicite curare de aliis et maxime diligere eos:
quorum unum est quod sit proprium et singulare eorum. Unde homines magis
curant de rebus propriis, quam de communibus, sicut supra habitum est. Aliud
est specialis amor, quem quis habet ad aliquem: qui quidem amor magis fit ad
eum quem aliquis singulariter diligit quam ad eum quem simul cum multis aliis
diligit: sicut videmus quod etiam parentes magis diligunt filios unigenitos,
quam si multos habeant; quasi amor diminuatur per communicationem ad multos.
Sic igitur patet quod si sit talis ordinatio civitatis qualem Socrates lege
ordinavit, diminuetur amicitia civium adinvicem; quod est contra intentionem
legislatorum. |
193. Il présente la quatrième raison là [1243] où il dit : ¨ Mais une telle loi produit toujours etc.¨. Et il dit qu’à partir d’une telle loi il se produit toujours le contraire de ce que recherchent ceux qui font des lois bien faites; elle est de plus contraire à ce qui, d’après l’opinion de Socrate, devait être réglé par cette loi sur les femmes et les enfants. En effet, nous croyons tous communément que l’amitié est le plus grand bien qu’on puisse retrouver dans les cités; car s’il existe une amitié entre les citoyens, ils feront moins de révoltes; et c’est ce que recherchent tous les législateurs, à savoir qu’il y ait moins de révoltes dans la cité. D’où il suit que tous ceux qui établissent des lois bien faites tendent à ceci qu’il y ait de l’amitié entre tous les citoyens. Socrate lui-même accordait que le plus grand bien d’une cité était de posséder la plus grande unité possible; mais l’unité entre les hommes est l’effet de l’amitié et Socrate se trouve ainsi à parler d’une manière conforme à ce qu’on observe communément. D’où même Aristophane affirme, dans les discours qu’il produisit sur l’amour, que les amants se désirent mutuellement au point de vouloir devenir par nature un seul être; et parce que cela n’est pas possible, ils désirent n’être plus qu’un seul être dans la mesure du possible. Donc dans ce cas dont parle Aristophane il s’ensuivrait soit la disparition des deux amants, alors qu’à partir d’eux un autre serait produit, soit la disparition d’un des deux au profit de l’autre. Mais dans une telle cité, en raison de la mise en commun des enfants et des femmes, il s’ensuivrait que l’amitié serait diminuée et qu’il y aurait moins de poids dans l’amour pour un père de dire de quelqu’un qu’il est son fils et pour un fils de dire de quelqu’un voici mon père, puisqu’ils pourraient le dire simultanément de nombreux autres personnes vivant dans la cité. Nous voyons en effet que si quelqu’un mélange un peu d’une substance douce dans une grande quantité d’eau il se produit alors un mélange sans saveur comme si on introduit un peu de miel dans beaucoup d’eau, on ne percevra plus rien de la douceur du miel. D’où il suit que cette familiarité, qui se produit dans la cité à partir de ces expressions, et par laquelle un tel dit d’un autre voici mon père, mon fils ou mon frère, aura peu de poids, si n’importe quel ancien dit de n’importe quel jeune qu’il est son fils ou si inversement n’importe quel jeune dit de n’importe quel ancien qu’il est son père et si tous ceux d’un même âge s’appellent mutuellement frères. Et la raison en est qu’il y a deux choses qui font au plus haut point que les hommes prennent soin des autres avec sollicitude et qu’ils les aiment profondément: l’une est la propriété privée et ce qui leur appartient en propre. De là vient que les hommes prennent davantage soin des choses qui leur sont propres que de celles qui sont communes à tous, ainsi que nous l’avons vu plus haut. La deuxième est l’amour particulier qu’une personne porte à une autre: et certes cet amour se produit davantage à l’égard de la personne qu’on aime d’une façon spéciale qu’à l’égard de celle qu’on aime également avec toutes les autres; c’est ainsi que nous voyons aussi que les parents aiment leur enfant unique davantage que s’ils en avaient plusieurs, comme si l’amour diminuait en se communiquant à plusieurs. On voit donc ainsi que si la réglementation de la cité était telle que Socrate la souhaitait par cette loi, l’amitié des citoyens entre eux diminuerait, ce qui est contraire à l’intention des législateurs. |
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[79259] Sententia Politic., lib. 2 l. 3 n. 6 Quintam rationem ponit, ibi, at vero et de eo
quod est et cetera. Et dicit quod secundum ordinationem Socratis oportebat
quod fieret transmutatio filiorum; ut illi scilicet qui essent nati a
quibusdam matribus, aliis darentur ad nutriendum, ita quod nullus cognosceret
proprium filium. Quomodo autem hoc fieri posset, ut scilicet transferrentur
filii agricultorum et artificum ad nobiles qui custodiunt civitatem, aut e
converso, non de facili apparet: (afferret) enim talis translatio magnam
turbationem civibus afferret, et ex alia parte non posset omnino tolli opinio
de propriis filiis; quia illi qui darent et transferrent pueros, oporteret
quod scirent a quibus acciperent et quibus darent. Unde lex Socratis non
consequeretur intentum, et cum hoc induceret magnam turbationem. [79260] Sententia Politic., lib. 2 l. 3 n. 7 Sextam
rationem ponit, ibi, adhuc autem et cetera. Et dicit quod propter huiusmodi
translationem puerorum maxime in talibus acciderent ea quae superius dicta
sunt, scilicet vulnerationes, libidinosi amores, et homicidia inter
propinquos. Videmus enim quod nunc pueri qui dantur ad custodiam et
nutritionem aliorum, non tanta affectione nominant suos propinquos, sicut si
apud eos nutriantur; et per consequens non multum verentur in suos propinquos
aliquid praedictorum committere: multo igitur magis si non cognoscerent suos
esse proprios propinquos, nihil talium vererentur facere. Ultimo autem
epilogando concludit, quod hoc modo determinatum est de communione filiorum
et uxorum, quam Socrates inducere volebat. |
194. Il présente la cinquième raison là [1244] où il dit : ¨ Et en vérité, pour ce qui est de transférer les nouveau-nés etc.¨. Et il dit que conformément à la réglementation de Socrate, il fallait opérer un transfert des enfants de sorte qu’aussitôt nés de leur mère, ils étaient donnés à d’autres mères pour être nourris et aucune ne pouvait savoir quel était son enfant propre. Comment en effet une telle connaissance aurait-elle pu se produire alors que les enfants des agriculteurs et des artisans auraient été transférés aux nobles qui prennent soin de la cité, ou inversement, cela n’est pas évident; en effet un tel transfert produit chez les citoyens une grande perturbation; et d’un autre côté, la pensée qu’ils ont de leurs enfants propres ne peut leur être complètement enlevée car ceux qui opèrent le transfert des enfants doivent savoir de qui ils les reçoivent et à qui ils les donnent. D’où il suit que la loi de Socrate ne réalisait pas son intention et que de plus elle entraînait un grand trouble chez les citoyens. 195. Il présente la sixième raison là [1245] où il dit : ¨ Mais en outre les anciens etc.¨. Et il dit qu’en raison d’un tel transfert des enfants, il se produirait au plus haut point chez ces derniers les choses dont nous avons parlé plus haut, c’est-à-dire des blessures, des abus charnels et des homicides parmi les proches. Nous voyons en effet que les enfants qu’on confie maintenant aux soins des autres ne s’adressent pas à leurs proches avec autant d’affection que s’ils avaient été nourris par eux; et par la suite ils ne craignent pas beaucoup de commettre chez leurs proches certains des actes nommés précédemment; il en serait donc bien davantage ainsi s’ils ne savaient pas que leurs proches sont leurs parents propres: ils n’auraient aucune crainte de poser de tels actes. Et finalement il conclut par un résumé [1246] en disant que c’est de cette manière que nous avons traité de la mise en commun des enfants et des femmes que Socrate désirait établir. |
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Lectio
4 |
LEÇON 4 (nn. 196-206; [125-1282]) ─ La possession commune des biens suscite dans la cité de nombreuses controverses et fait disparaître l’exercice de la tempérance et de la libéralité. |
Leçon 4 |
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[79261] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 1 Habitum autem hiis est et cetera. Postquam
philosophus improbavit legem Socratis quantum ad communitatem mulierum et
puerorum, hic improbat eam quantum ad communitatem possessionum. Et circa hoc
duo facit. Primo proponit quod intendit. Secundo ostendit propositum, ibi,
alteris quidem igitur et cetera. Circa primum tria facit. Primo continuat se
ad praecedentia, dicens quod habitum, id est consequens ad praemissa est
considerare de possessione, utrum oporteat ordinare quod illi qui debent
conversari secundum optimam conversationem civilem, habeant possessiones
communes vel non communes. Secundo, ibi, hoc autem utique et cetera. Ostendit
quod ista quaestio seorsum est consideranda a praemissa, quae erat de
communitate uxorum; et dicit quod considerandum est seorsum, etiam si nihil
esset statutum de communitate filiorum et uxorum: utrum scilicet dato quod
filii et uxores non sint communes, sed seorsum quilibet habeat propriam
uxorem et filios secundum modum qui nunc observatur, melius sit quod
possessiones et usus earum sint communes omnibus, quam quod unusquisque
habeat propriam possessionem, sicut nunc est. Tertio, ibi, puta campos
seorsum et cetera. Distinguit modos quibus possibile est cives communicare in
bonis possessis. Et ponit tres modos: quorum primus est quod unusquisque
habeat seorsum proprium campum, sed omnes fructus camporum deferantur ad
commune et distribuantur in omnes: quod observabatur apud quasdam nationes.
Secundus modus est quod e converso terra sit communis et communiter colatur,
sed fructus agrorum dividantur inter cives ad proprium usum cuiuslibet. Et
hic modus apud quosdam barbaros observabatur. Tertius modus est, ut et campi
et fructus sint communes: quod Socrates lege statuendum esse dicebat. |
196. Après avoir rejeté la loi de Socrate qui se rapporte à la mise en commun des épouses et des enfants, il rejette ici la loi qui se rapporte à la mise en commun des biens. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il présente son propos [125]. Deuxièmement il manifeste ce propos-là [126] où il dit : ¨ Donc certes, si par d’autres etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. D’abord il fait suite à ce qui précédait [125] en disant qu’après avoir considéré ce qui précède, il faut examiner au sujet des biens s’il faut en disposer de sorte que ceux qui vivent en société selon la meilleure organisation possible en jouissent sous la forme de biens communs ou sous la forme de biens propres. Deuxièmement, là [1251] où il dit: ¨ Mais quelqu’un considérera cela indépendamment etc.¨, il dit que cette question doit être considérée indépendamment de celle qui précède et qui portait sur la communauté des femmes; et il dit qu’elle devrait être considérée à part, même si rien n’était déterminé sur la réglementation de la mise en commun des enfants et des femmes: à savoir s’il est préférable, étant concédé que les enfants et les femmes ne sont pas mis en commun mais que chacun posséderait séparément sa femme et ses enfants conformément à la manière de vivre qu’on observe partout de nos jours, que les propriétés et leurs usages soient communs à tous plutôt que chacun possède ses biens en propre conformément à la pratique qui est en usage aujourd’hui. Troisièmement, là [1252] où il dit : ¨ Et je dis qu’à ce sujet etc.¨, il distingue les modalités selon lesquelles il est possible que les citoyens mettent en commun la possession des biens. Et il présente les trois modalités, dont la première est que chacun possède séparément son champ mais que tous les fruits des champs soient mis en commun et distribués à tous, ce qu’on observe auprès de certains peuples. La deuxième modalité est celle au contraire dans laquelle les terres sont communes et cultivées en commun mais ses fruits sont distribués entre les citoyens pour que chacun en jouisse séparément. Et on observe cette manière de faire chez certaines nations barbares. La troisième modalité est celle dans laquelle c’est à la fois la terre et ses fruits qui sont communs, et c’est ce mode qui devait être fixé par la loi selon Socrate. |
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[79262] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 2 Deinde cum dicit alteris quidem igitur etc.,
ostendit quid sit verum circa propositam quaestionem. Et primo improbat legem
Socratis de communitate possessionum, ostendens quae mala ex ea sequerentur.
Secundo ostendit quae bona per eam tollentur, ibi, eo autem modo et cetera.
Circa primum ponit tres rationes: quarum prima est, quia si possessiones
essent communes omnium civium, oporteret alterum duorum esse: scilicet quod
vel agri colerentur per aliquos extraneos, vel per aliquos ex civibus. Et si
quidem per alios colerentur, haberet aliquam difficultatem, quia difficile
esset advocare tot extraneos agricolas: tamen hic modus esset facilior, quam
si aliqui ex civibus laborent: hoc enim exhiberet multas difficultates. Non
enim esset possibile quod omnes cives colerent agros: oporteret enim maiores
maioribus negotiis intendere, minores autem agriculturae: et tamen oporteret
quod maiores, qui minus laborarent circa agriculturam, plus acciperent de
fructibus: et sic non aequaliter secundum proportionem corresponderet
perceptio fructuum operibus, sive laboribus agriculturae: et propter hoc ex
necessitate orirentur accusationes et litigia, dum minores qui plus
laborarent, murmurarent de maioribus quod parum laborantes multum acciperent,
ipsi autem e converso minus acciperent plus laborantes. Et sic patet quod ex
hac lege non sequeretur unitas civitatis, ut Socrates volebat, sed potius
discidium. |
197. Ensuite lorsqu’il dit [126] : ¨ Par d’autres certes etc.¨. Il manifeste la vérité relativement à la question présentée. Et en premier lieu il rejette la loi de Socrate relativement à la mise en commun des biens, en montrant quels maux en découleraient [126]. Deuxièmement il montre quels biens elle ferait disparaître, là [127] où il dit : ¨ Mais de la même manière etc.¨. Au sujet du premier point il présente trois raisons dont la première est la suivante [126] : si les propriétés étaient communes à tous les citoyens il faudrait qu’il s’ensuive une de ces deux conséquences : soit que les terres seraient cultivées par des étrangers soit qu’elles seraient cultivées par certains des citoyens. Et si elles étaient cultivées par des étrangers, cela poserait un problème car il serait difficile de convoquer autant d’agriculteurs étrangers : cependant ce mode serait plus facile à réaliser que si le travail était confié à une partie des citoyens, ce qui causerait encore plus de difficultés. Il ne serait pas possible en effet que tous les citoyens travaillent la terre : il faudrait en effet que les plus grands se consacrent à des affaires plus importantes alors que les plus humbles se consacreraient à l’agriculture; et cependant il arriverait inévitablement que les plus grands, qui travailleraient moins les champs, en retirent davantage de fruits : et ainsi la perception des fruits ne correspondrait pas au travail effectué par les agriculteurs selon une égalité de proportion: et pour cette raison on verrait nécessairement apparaître des accusations et des griefs alors que les plus humbles qui travaillent davantage se plaindraient des plus grands qui, travaillant peu, tireraient un plus grand profit alors qu’eux-mêmes au contraire tireraient moins de fruits d’un plus grand travail. Nous voyons donc ainsi que ce n’est pas l’unité de la cité qui découlerait d’une telle loi, mais plutôt sa division. |
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[79263] Sententia
Politic., lib. 2 l. 4 n. 3 Secundam
rationem ponit, ibi, omnino autem convivere et cetera. Et dicit quod valde
difficile est quod multi homines simul ducant vitam et quod communicent in
quibuscumque humanis bonis et praecipue in divitiis. Videmus enim quod illi
qui in aliquibus divitiis communicant, multas habent dissensiones adinvicem,
ut patet in his qui simul peregrinantur: frequenter enim adinvicem
dissentiunt ex his quae expendunt in cibis et potibus compotum faciendo, et
aliquando pro modico seinvicem propulsant et offendunt verbo vel facto. Unde
patet quod si omnes cives haberent communes omnes possessiones, plurima
litigia inter eos existerent. |
198. Il présente la deuxième raison là [1261] où il dit : ¨ Cependant la vie commune est absolument etc.¨. Et il dit qu’il est très difficile à de nombreux hommes qui mènent leur vie ensemble d’arriver à un partage harmonieux des biens humains et particulièrement des richesses. Nous voyons en effet que parmi ceux qui mettent en commun certaines richesses apparaissent de nombreuses dissensions ainsi que cela se manifeste chez ceux qui voyagent ensemble : nous les voyons en effet fréquemment en désaccord lorsqu’ils font le compte de leurs dépenses relatives au boire et au manger, et parfois pour des futilités ils se heurtent et se blessent mutuellement par la parole et le geste. D’où il apparaît que si tous les citoyens mettaient en commun tous leurs biens, de plus nombreuses disputes apparaîtraient parmi eux. |
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[79264] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 4 Tertiam rationem ponit, ibi, adhuc autem
famulantium et cetera. Et dicit quod homines maxime offenduntur suis famulis
quibus multum indigent ad aliqua servilia ministeria; et hoc propter
communitatem conversationis vitae: qui enim non frequenter simul
conversantur, non frequenter habent turbationes ad invicem. Ex quo patet quod
communicatio inter homines existens est frequenter causa discordiae. Ultimo
autem concludit quod praemissae difficultates et aliae similes sequerentur ex
communitate possessionum in civitate. |
199. Il présente la troisième raison là [1262] où il dit : ¨ Mais de plus ceux de nos serviteurs etc.¨. Et il dit que les hommes se heurtent davantage avec les serviteurs dont ils ont le plus besoin pour les tâches domestiques et cela à cause de la fréquence des relations humaines: en effet, ceux qui n’échangent pas fréquemment entre eux ne sont pas fréquemment troublés dans leurs relations mutuelles. D’où il est évident que la communication qui existe entre les hommes est souvent cause de discorde. Et finalement il termine en disant [1263] que de telles difficultés et d’autres semblables découleraient forcément de la mise en commun des biens dans la cité. |
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[79265] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 5 Deinde cum dicit eo autem modo etc., ostendit
quae bona per praedictam legem tollerentur. Et ponit tres rationes: circa
quarum primam dicit, quod si ita ordinetur in civitatibus, sicut nunc se
habet, quod scilicet possessiones sint civibus divisae, et hoc ordinetur
pulchris consuetudinibus et iustis legibus, habebit magnam differentiam in
excessu bonitatis et utilitatis respectu eius quod Socrates dicebat.
Utrobique enim invenitur aliquid boni: scilicet et in hoc quod ponuntur
possessiones propriae, et in hoc quod ponuntur communes. Sed si possessiones
sint propriae, et ordinetur per rectas leges et consuetudines quod cives sibi
invicem communicent de suis bonis, habebit talis modus vivendi bonum, quod
est ex utroque: scilicet et ex communitate possessionum et distinctione
earum. Oportet enim possessiones simpliciter quidem esse proprias quantum ad
proprietatem dominii, sed secundum aliquem modum communes. Ex hoc enim quod
sunt propriae possessiones, sequitur quod procurationes possessionum sunt
divisae, dum unusquisque curat de possessione sua. Et ex hoc sequuntur duo
bona: quorum unum est quod dum unusquisque intromittit se de suo proprio et
non de eo quod est alterius, non fiunt litigia inter homines quae solent
fieri quando multi habent unam rem procurare, dum uni videtur sic et alii aliter
faciendum. Aliud bonum est quod unusquisque magis multiplicabit possessionem
suam insistens ei sollicitius tamquam propriae. Et hoc modo erunt
possessiones divisae, sed propter virtutem civium, qui erunt in invicem
liberales et benefici, erunt communes secundum usum, sicut dicitur in
proverbio, quod ea quae sunt amicorum sunt communia. |
200. Ensuite lorsqu’il dit [127] : ¨ Et de la même manière etc.¨. Il montre quels biens la loi précédente ferait disparaître. Et il présente trois raisons dont la première affirme [127] que si les choses étaient organisées dans la cité ainsi qu’elles le sont maintenant, c’est-à-dire de telle sorte que les biens seraient répartis entre les citoyens et que cette répartition était renforcée par de belles habitudes de vie et par des lois justes, on obtiendrait une grande différence dans l’excellence des biens et des avantages comparativement à ce que Socrate disait. On trouverait en effet les avantages de l’un et de l’autre système, c’est-à-dire à la fois de celui qui prône la propriété et privée et de celui qui met de l’avant la communauté des biens. Mais si la propriété était privée et qu’elle était ordonnée par des lois justes et de bonnes habitudes de vie de sorte que les citoyens partageraient leurs biens, une telle manière de vivre tirerait les avantages des deux formes de propriétés, à savoir à la fois de la communauté des biens et de leur privatisation. À parler franchement, faut en effet que les biens soient en eux-mêmes privés quant au droit de propriété mais qu’ils soient communs sous un certain rapport. En effet, du fait que la propriété soit privée, il s’ensuit que l’administration des biens revient à chacun des particuliers qui les possèdent alors que chacun prend soin des biens qui lui sont propres. Et de cela découlent deux avantages dont le premier est que pendant que chacun s’occupe de ses propres affaires et non de celles des autres, on ne voit pas apparaître parmi les hommes les disputes qui ont l’habitude de se produire quand de nombreuses personnes doivent administrer une seule et même chose, alors qu’il semble à l’un qu’on doive faire ceci et à un autre qu’on doive faire autrement. Le deuxième avantage est que chacun augmentera davantage ses biens en s’appliquant avec plus d’attention à ce qui lui appartient en propre. Et de cette manière la propriété sera privée mais en raison de la vertu des citoyens, qui feront preuve de libéralité et de bienveillance les uns à l’égard des autres, elle sera commune quant à l’usage et ainsi que le dit le proverbe, les biens des amis sont des biens communs. |
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[79266] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 6 Et ne cui videatur impossibile, subiungit quod
in quibusdam civitatibus bene dispositis est hoc statutum quod quaedam sint
ipso facto communia quantum ad usum, quaedam autem fiant communia per
voluntatem ab ipsis dominis, dum scilicet unusquisque habens propriam
possessionem, quaedam de bonis suis facit provenire in utilitatem suorum
amicorum, et quibusdam de bonis suis utuntur amici sui per seipsos, tamquam
rebus communibus. Sicut erat in civitate Lacedaemonia in qua unus poterat uti
servo alterius ad suum ministerium ac si esset proprius servus. Similiter
poterant uti equis et canibus aliorum tamquam suis, si indigerent ire ad
agros, in eadem tamen regione. Unde manifestum est quod multo melius est quod
sint propriae possessiones secundum dominium, sed quod fiant communes aliquo
modo quantum ad usum. Quomodo autem usus rerum propriarum possit fieri
communis, hoc pertinet ad providentiam boni legislatoris. |
201. Et afin que cela ne paraisse pas impossible, il ajoute que dans certaines cités bien organisées on a résolu que certains biens sont d’eux-mêmes communs quant à l’usage alors que certains autres le deviennent par la bonne grâce des seigneurs eux-mêmes, alors que chacun possédant son domaine en propre, fait parvenir de son propre chef certains de ses biens à ses amis pour leurs besoins et ses amis se servent à leur gré de certains de ses biens comme s’ils étaient des biens communs. C’est ainsi que les choses se passaient dans la cité de Lacédémone dans laquelle un tel pouvait mettre à son service l’esclave d’un autre comme s’il était son propre esclave. De même encore les citoyens de cette cité pouvaient se servir des chevaux, des chiens et des chariots des autres pour aller aux champs, comme si c’étaient les leurs, à condition de demeurer dans la même région. D’où il est de loin préférable que la propriété soit privée quant au droit sur le domaine mais qu’elle devienne commune d’une certaine manière quant à l’usage. Mais comment l’usage de la propriété privée peut-il devenir commun, cela relève de la sagesse du bon législateur. |
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[79267] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 7 Secundam rationem ponit, ibi, adhuc et cetera.
Et dicit quod non potest de facili enarrari quantum sit magis delectabile
reputare aliquid esse sibi proprium. Venit enim haec delectatio ex hoc quod
homo amat seipsum; propter hoc enim vult sibi bona. Nec hoc est vanum, quod
aliquis habet amicitiam ad seipsum; sed naturale est. Quandoque tamen iuste vituperatur
aliquis ex hoc quod est philauton, id est amator suiipsius. Sed quando hoc in
vituperium dicitur, non est hoc simpliciter amare seipsum, sed magis quam
oportet; sicut et amatores pecuniarum vituperantur, quas tamen omnes aliquo
modo amant: quia amatores pecuniarum vituperantur inquantum amant eas magis
quam oportet. Hanc autem delectationem, quae est de rebus propriis habendis
aufert lex Socratis. |
202. Il présente la deuxième raison là [1271] où il dit : ¨ Mais de plus, quant au plaisir etc.¨. Et il dit qu’on ne saurait facilement exprimer à quel point il est délectable de considérer une chose comme sienne. Cette délectation tire son origine de ce que l’homme s’aime lui-même; c’est pour cette raison en effet qu’il veut des biens pour lui. Et cet amour que chaque humain se porte à lui-même ne se réduit pas à de la vanité mais il est naturel. Parfois cependant c’est avec raison qu’on blâme celui qui s’aime lui-même; mais quand on dit que son amour de lui-même est blâmable, ce n’est pas simplement l’amour de lui-même qui est blâmable mais l’excès qu’on retrouve en cet amour de soi; ainsi on blâme les avares pour leur amour de l’argent, que tous les humains aiment par ailleurs, dans la mesure où ils l’aiment démesurément. Et c’est ce plaisir qui se rapporte à la possession des choses qui nous sont propres que la loi de Socrate fait disparaître. |
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[79268] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 8 Tertiam rationem ponit, ibi, at vero et largiri
et cetera. Et dicit quod valde delectabile est quod homo donet vel auxilium
ferat vel amicis, vel extraneis vel quibuscumque aliis: quod quidem fit per
hoc quod homo habet propriam possessionem: unde etiam hoc bonum tollit lex
Socratis auferens proprietatem possessionum. Ultimo autem concludit, quod
ista inconvenientia accidunt his qui volunt nimis unire civitatem
introducendo communitatem possessionum, et uxorum, et filiorum. |
203. Il présente la troisième raison là [1272] où il dit : ¨ Et assurément, prodiguer etc.¨. Et il dit que c’est une grande joie pour l’homme de donner à ses amis ou de leur porter secours et d’agir ainsi même à l’égard des étrangers ou de toute autre personne, ce qui ne serait pas possible si l’homme ne possédait pas des biens en propre: voici donc un autre bien que la loi de Socrate fait disparaître en abolissant la propriété privée. Et il termine enfin en disant [1273] que ces inconvénients se produisent chez ceux qui veulent pour la cité une unité excessive en introduisant en son sein la mise en commun des biens, des femmes et des enfants. |
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[79269] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 9 Deinde cum dicit et ad haec interimunt etc.,
obiicit simul contra utramque positionem, scilicet de communitate uxorum et
possessionum. Et inducit etiam ad hoc tres rationes: quarum prima est quod
illi qui volunt sic nimis unire civitatem, manifeste interimunt opera duarum
virtutum: scilicet temperantiae, inquantum est circa mulieres: opus enim
temperantiae est abstinere a muliere aliena: quod non habebit locum si omnes
mulieres sint communes. Similiter introducens communitatem possessionum,
aufert actum liberalitatis. Non enim poterit esse manifestum de aliquo an sit
liberalis, neque aliquis poterit actum liberalitatis exercere, ex quo non
habet proprias possessiones, in quarum usu consistit opus liberalitatis.
Providus homo propria expendit et dat. Quod autem aliquis det communia, non
est multum liberalitatis. |
204. Ensuite lorsqu’il dit [128] : ¨ Et pour cela etc.¨. Il s’oppose simultanément à ces deux positions, à savoir à la mise en commun des femmes et à celle des biens. Et il apporte encore pour cela trois raisons, dont la première [128] est que ceux qui veulent ainsi pour la cité une unité démesurée se trouvent manifestement à supprimer les œuvres de deux vertus, à savoir en premier lieu celles de la tempérance pour ce qui se rapporte aux femmes: il appartient en effet à l’homme tempérant de s’abstenir de la femme qui n’est pas la sienne, ce qui ne peut avoir lieu si toutes les femmes sont communes à tous les hommes; de la même manière, en introduisant la communauté des biens, on fait disparaître les œuvres de libéralité : en effet on ne pourra avoir l’évidence de la libéralité d’une personne et elle ne pourra poser des actes de libéralité si elle ne possède pas de biens qui lui sont propres car c’est dans l’usage de tels biens que peut s’exercer l’œuvre de libéralité. C’est l’homme qui distribue et donne de ses biens propres qui est libéral mais il n’y a pas beaucoup de libéralité à donner ce qui est à tous. |
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[79270] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 10 Secundam rationem ponit ibi, bonae faciei
quidem igitur et cetera. Et dicit quod lex Socratis praedicta videtur bona in
superficie, et videtur quod sit philantropos, id est inducens amicitiam inter
homines, vel philantropos, id est amabilis ab hominibus. Et hoc propter duo.
Primo propter bonum quod aliquis suspicatur futurum ex tali lege. Quando enim
aliquis audit, quod inter cives sint omnia communia, suscipit hoc cum gaudio,
reputans amicitiam admirabilem futuram per hoc omnium ad omnes. Secundo
propter mala, quae putat tolli per hanc legem. Accusat enim aliquis mala,
quae nunc fiunt in civitatibus, sicut disceptationes hominum ad invicem circa
contractus, et iudicia de testimoniis falsis, et hoc quod pauperes adulantur
divitibus, tamquam omnia ista fiant propter hoc quod possessiones non sunt
communes. Sed si aliquis recte consideret, nihil horum fit propter hoc quod
possessiones non sunt communes, sed propter malitiam hominum. Videmus enim
quod illi qui possident aliqua in communi, multo magis dissident adinvicem,
quam illi qui habent separatas possessiones. Sed quia pauci sunt illi qui
habent possessiones communes respectu illorum qui habent divisas, propter hoc
pauciora litigia veniunt ex communitate possessionum: tamen si omnes haberent
communes multo plura litigia essent. |
205. Il présente la deuxième raison là [1281] où il dit : ¨ Elle présente donc un bon visage etc.¨. Et il dit que la loi de Socrate qui vient d’être présentée apparaît bonne au premier regard et paraît aimable aux yeux des hommes pour deux raisons. En premier lieu à cause du bien qu’ils peuvent conjecturer pour l’avenir à partir d’une telle loi. Quand en effet quelqu’un entend que tous les biens sont communs à tous les humains, il reçoit cet énoncé avec joie en songeant que grâce à cette loi il y aura dans l’avenir une amitié extraordinaire entre tous les hommes. En deuxième lieu à cause des maux qu’ils croient voir disparaître au moyen de cette loi. En effet on reproche à tous ces maux qui apparaissent dans les cités, tels les contestations que les hommes s’adressent mutuellement au sujet des contrats, les poursuites pour faux témoignages et même le fait que les pauvres ont une adulation extrême pour les richesses, d’être les résultats de l’absence d’une communauté des biens. Mais si on les examine plus attentivement, on voit qu’aucun de ces maux ne se produit en raison de l’absence de la communauté des biens, mais en raison de la malice des hommes. Nous voyons en effet que ceux qui possèdent des biens en commun se disputent beaucoup plus entre eux que ceux qui possèdent des biens en propre. Mais parce que ceux qui possèdent des biens en commun sont peu nombreux comparativement à ceux qui possèdent des biens qui leur sont propres, c’est pour cela qu’il y a peu de querelles qui proviennent de ceux qui vivent sous le régime de la communauté des biens; mais si tous vivaient sous ce régime, il y aurait alors beaucoup plus de procès. |
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[79271] Sententia Politic., lib. 2 l. 4 n. 11 Tertiam rationem ponit ibi, adhuc autem iustum
et cetera. Et dicit quod homo non solum debet considerare quot malis
priventur illi qui habent communes possessiones et uxores, sed etiam quot
bonis priventur. Debet enim legislator sustinere aliqua mala, ne priventur
maiora bona: tot autem bona privantur per hanc legem Socratis, quod videtur
esse impossibilis talis conversatio vitae, ut patet per inconvenientia supra
posita. |
206. Il présente la troisième raison là [1282] où il dit : ¨ Mais de plus il serait juste etc.¨. Et il dit que l’homme ne doit pas seulement considérer quels maux évitent ceux qui mettent en commun les biens et les femmes, mais aussi de quels biens ils sont privés. Le législateur en effet doit se résigner à certains maux afin que les hommes ne soient pas privés de plus grands biens; et les hommes sont privés de tant de biens par cette loi de Socrate que ce type de relations sociales entre les hommes paraît impossible ainsi qu’on peut le voir par les inconvénients présentés plus haut. |
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Lectio
5 |
LEÇON 5 (nn. 207-222; [129-1351])
─ En quoi Socrate se trompa dans l’affirmation de la mise en commun et
qu’une telle cité ne peut conduire au bonheur.
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Leçon 5 |
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[79272] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 1 Causam autem deviationis et cetera. Postquam
philosophus impugnavit legem Socratis ostendens eam esse inconvenientem, hic
impugnat eam ostendens esse insufficientem. Et circa hoc duo facit. Primo
ostendit quod non habuit sufficiens motivum. Secundo ostendit quod id quod
ponebatur, insufficiens erat, ibi, quinimmo sed neque modus et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ostendit motivum esse insufficiens propter falsam
suppositionem. Secundo propter defectum experientiae quae requiritur in
legibus condendis, ibi, oportet autem non hoc ipsum ignorare et cetera. |
207. Après avoir rejeté la loi de Socrate en montrant qu’elle est inconvenante, le Philosophe la rejette ici en montrant qu’elle est insuffisante. Et à ce sujet il fait deux choses. D’abord il montre qu’elle ne possède pas assez de force [129]. Deuxièmement il montre que ce qu’il affirmait était insuffisant là [131] où il dit : ¨ Mais qui plus est la forme n’est pas etc.¨. Par rapport au premier point il fait deux choses. Il montre que son mobile est faible en raison premièrement de son point de départ qui est faux [129]. Et il le montre deuxièmement en raison d’un défaut d’expérience, laquelle est requise à l’établissement des lois, là [130] où il dit : ¨ Mais il ne faut pas etc.¨. |
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[79273] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 2 Dicit ergo primo, quod causa quare Socrates
deviavit a veritate circa legem de communitate possessionum, filiorum et
uxorum, oportet putare hanc esse, quia supponebat quamdam suppositionem non
rectam: scilicet quod summum bonum civitatum esset quod ipsa esset maxime
una. Haec autem suppositio ideo non est recta, quia ad civitatem et domum,
sicut supra dictum est, requiritur aliqua unitas, sed non omnimoda. Unde
intantum potest procedere unitas civitatis, quod iam non erit civitas; puta
si omnes sint unius artis et cohabitantes in una domo. Intantum autem
potest procedere unitas quod erit in propinquo ad hoc quod non sit civitas.
Unde sequitur quod sit peior: quia unumquodque tanto deterius est, quanto
magis appropinquat ad suum non esse; sicut si tollatur aliqua distinctio
officiorum, quae sunt necessaria ad bene esse civitatis. Et ponit exemplum, sicut si aliquis faciat
homofoniam, idest omnes cantantes in una voce, iam non erit symphonia id est
consonantia vocum, cui similatur civitas ex diversis consistens. Et similiter
tolleretur rismon, id est ordinatio figurae puta trianguli, si quis vellet
facere unam solam basim. Et ita potest in tantum procedere unitas quod
tollatur civitas. |
208. Il dit donc en premier lieu [129] que la cause pour laquelle Socrate s’écarta de la vérité au sujet de la loi sur la mise en commun des biens, des enfants et des femmes, on doit penser qu’elle se trouve en ceci qu’il se fondait sur une hypothèse qui n’était pas juste, à savoir que le plus grand bien pour une cité était de posséder la plus grande unité possible. Mais cette hypothèse n’est pas juste pour cette raison que ce n’est pas n’importe quelle unité qui est requise au bien de la cité comme à celui de la famille, mais une unité déterminée. D’où il est possible que l’unité d’une cité augmente au point où il n’y aura plus de cité, par exemple si tous possèdent le même art et habitent la même maison; et elle peut encore augmenter au point où elle sera près de ne plus en être une. D’où il suit qu’il s’agit là d’une voie qui s’engage vers le pire, car pour une réalité donnée, une situation est d’autant plus mauvaise qu’elle s’approche de sa disparition, par exemple lorsqu’on abolit la distinction des tâches qui sont nécessaires au bien-être de la cité. Et il présente un exemple : ainsi, si on ramenait un concert à une seule voix, c’est-à-dire si on ramenait tous les chants à une seule voix, on ferait disparaître la symphonie, qui consiste en un accord entre les différentes voix, et à laquelle on compare la cité qui consiste en une harmonie entre les différences qu’on observe d’un homme à un autre. De la même manière, si quelqu’un composait un poème d’un seul vers, c’est-à-dire un chant dont la mesure ne consisterait qu’en un seul vers, le chant alors ne pourrait exister, lui qui est le produit de plusieurs vers. Et c’est de la même manière que l’unité de la cité pourrait augmenter au point de la faire disparaître. |
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[79274] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 3 Sed, sicut supra dictum est, oportet in
civitate esse quidem diversorum multitudinem, sed quod civitas fiat una et
communis propter quamdam disciplinam legum recte positarum. Sed si aliquis
qui erat inducturus disciplinam ad uniendum civitatem putet per hanc legem de
communitate filiorum et uxorum fieri civitatem bonam, inconveniens est si
aestimet quod per tales communitates possit rectificare civitatem, et non
magis per bonas consuetudines et leges, et per philosophiam, id est
sapientiam circa talia: sicut dictum est supra, quod Lacedaemones
possessiones proprias faciebant communes quantum ad usum; et in Creta etiam
fecit legislator esse aliqua communia, ut fierent quaedam convivia publica
civibus, secundum aliqua tempora ad hoc ut inter eos maior familiaritas
esset. |
209. Mais, ainsi que nous l’avons dit plus haut, il faut certes qu’il existe dans la cité une multitude d’hommes différents mais de telle sorte que la cité soit conduite à l’unité et à la communauté à cause de l’éducation qui découle des lois bien établies. Mais si quelqu’un, voulant introduire un système d’éducation qui a en vue l’unité de la cité, pensait, au moyen de cette loi sur la mise en commun des enfants et des femmes, voir apparaître une bonne cité, il serait étrange qu’il croie pouvoir redresser la cité au moyen de telles mises en commun plutôt qu’au moyen de bonnes habitudes de vie, de bonnes lois et au moyen d’un sage usage de ces dernières; car ainsi que nous l’avons dit plus haut, les Lacédémoniens faisaient en sorte que les propriétés privées deviennent communes quant à l’usage; et en Crète aussi le législateur rendait certaines choses communes en instituant pour les citoyens des repas publics à des moments déterminés, de manière à développer chez eux une plus grande amitié. |
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[79275] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 4 Deinde cum dicit oportet non hoc ipsum etc.,
ostendit insufficientiam motivi propter defectum experientiae: et dicit quod
ad hoc quod leges bene ponantur, oportet hoc non ignorare, quia debet aliquis
multo tempore considerare et multis annis, ut manifestum sit per
experientiam, si tales leges vel statuta bene se habeant. Aestimandum est
enim quod in longitudine praecedentium temporum fere omnia inventa sunt circa
conversationem humanam, quae excogitari possunt: sed quaedam eorum non sunt
conducta, idest non est usque ad hoc in eis processum quod lege statuerentur,
quia statim eorum inconvenientia apparebat: quaedam vero sunt quidem statuta,
sed recesserunt ab usu dum cognoverunt homines quod non erant utilia. Et hoc
maxime manifestum fit, si quis per experientiam operis inspiciat talem
ordinem civitatis institutum, qualem Socrates dixit. Impossibile enim est,
quod fiat civitas nisi per aliquam partitionem et segregationem; puta quod de
bonis communibus fiat distributio per diversa convivia, vel per diversas
confraternitates, aut per diversas tribus, idest societates civitatis aut
regionis. Quia igitur necesse est omnino, quod fiat distributio bonorum
communium quantum ad rem, nihil aliud affertur per statutum talis legis de
communitate possessionum, nisi quod municipes, idest qui continue morantur in
civitate, non habeant curam de agris colendis, quasi non habentes agros
proprios. Sed etiam si non sint agri communes, hoc ipsum fieri potest, sicut
Lacedaemonii facere conantur, ut scilicet per alios agri colantur, quamvis
sunt proprii. |
210. Ensuite lorsqu’il dit [130] : ¨ Mais il faut etc.¨. Il montre l’insuffisance de son mobile en raison d’un défaut d’expérience: et il dit que pour que les lois soient bien établies il ne faut pas ignorer cela, à savoir qu’il faut envisager une longue période de temps et de nombreuses années pour qu’il devienne évident par l’expérience que telles lois ou tels décrets sont pertinents. Il faut penser en effet que sur l’étendue des époques qui ont précédé, presque tout ce qui pouvait être imaginé a déjà été inventé au sujet des rapports humains; mais certaines de ces réflexions n’ont pas été poussées plus loin, c’est-à-dire jusqu’à ce point qu’elles fassent partie d’un processus qui conduise à leur réalisation au moyen d’une loi, car aussitôt qu’on les considérait, les difficultés apparaissaient; d’autres en vérité ont été décrétées mais ont disparu car les hommes ont connu par l’usage qu’elles n’étaient pas utiles. Et cela deviendrait très manifeste si on voyait cette organisation politique, telle que décrite par Socrate, enracinée dans l’expérience des faits. En effet il est impossible de réaliser une cité sans faire une répartition ou un partage, c’est-à-dire une distribution de l’ensemble des biens parmi différentes communautés de repas, différentes familles ou différentes tribus, c’est-à-dire différentes communautés d’une cité ou d’un pays. Donc, puisqu’il est absolument nécessaire qu’en réalité il y ait une répartition de l’ensemble des biens, l’établissement d’une telle loi sur la mise en commun des biens n’apporte rien de nouveau si ce n’est que les citoyens libres, à savoir ceux qui demeurent continuellement dans la cité, n’ont pas à s’occuper de la culture des terres, comme s’ils ne possédaient pas de terres en propre. Mais même si les terres n’étaient pas des biens communs, cela pourrait se passer comme les Lacédémoniens avaient l’habitude de le faire, eux qui laissaient à d’autres le soin de cultiver les terres qui leur appartenaient. |
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[79276] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 5 Deinde cum dicit quinimmo, etc., ostendit
inconvenientiam legis Platonicae quantum ad id quod ponebatur. Et circa hoc
duo facit. Primo ostendit insufficientiam praedictae legis quantum ad ea de
quibus est. Secundo quantum ad quaedam consequentia, ibi, sed sive necessaria
et cetera. Circa primum inducit tres rationes: quarum prima ostendit insufficientiam
praedictae legis quantum ad hoc, quod non poterat secundum eam sufficienter
distingui multitudo civitatis. Et dicit, quod non solum lex Socratis (nichil
aliud) facere videbatur, nisi quod municipes agros non colerent tamquam non
proprios existentes, sed neque etiam Socrates dixit quis modus esset totius
conversationis politicae instituendae secundum suam legem communicantibus,
idest habentibus omnia communia, neque etiam possibile est a quovis alio dici
hac lege servata. |
211. Ensuite lorsqu’il dit [131] : ¨ Mais qui plus est etc.¨. Il manifeste l’insuffisance de la loi de Socrate quant à ce qu’elle affirmait. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il montre l’insuffisance de cette loi quant aux choses sur lesquelles elle porte [131]. Deuxièmement il montre cette insuffisance quant à certains points communs, là [132] où il dit : ¨ Mais ou bien elle est nécessaire etc.¨. Au sujet du premier point il introduit trois raisons, dont la première est [131] celle grâce à laquelle il montre l’insuffisance de cette loi quant à ceci qu’on ne pouvait par elle suffisamment distinguer l’ensemble de la cité dans sa diversité. Et il dit que non seulement la loi de Socrate ne semblait rien apporter si ce n’est que les citoyens libres ne cultivaient pas les champs comme s’ils ne leur appartenaient pas, mais Socrate ne dit pas non plus quelle serait la forme de l’ensemble du régime politique institué conformément à sa loi pour ceux qui font partie de cette communauté, c’est-à-dire pour ceux qui mettent tout en commun, et il n’est pas même possible qu’on trouve nulle part quelqu’un qui puisse dire ce que cette loi contribue à sauvegarder. |
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[79277] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 6 Necesse enim est, quod multitudo civitatis sit
multitudo hominum diversorum secundum diversos status. De quorum diversitate
qualiter esse possit, nihil est determinatum a Socrate: necesse enim est
dicere, quod agricolis sint possessiones communes simul cum aliis civibus, et
filii et uxores, aut quod habeant seorsum proprios filios et possessiones et
uxores praeter alios cives. Hoc autem secundo modo contingit assignare
diversitatem eorum ab aliis civibus, tum propter differentiam eorum in
possessionibus, tum etiam propter parentum originem: sed si eodem modo sint
communia omnia praedicta omnibus aliis, nulla differentia invenitur, secundum
quam possunt diversificari agricolae a municipibus; id est ab illis qui
communiter incolunt civitatem. Neque etiam poterit assignari, quid plus
consequantur illi qui portant pondus principatus in regendo civitatem, et sic
inutiliter laborabunt: nunc autem habent hoc emolumentum, quod attribuuntur
eis plures possessiones, et filii eorum nobilitantur. Similiter etiam non
poterit assignari, quid passi sufferunt principatum, idest propter quam eorum
conditionem praecedentem ad principatum assumantur nunc enim consueverunt ad
principatus assumi, qui sunt nobiliores origine vel excellentiores divites:
excellentia autem secundum virtutem non semper est ita manifesta, quod
secundum eam solam sufficienter possint inveniri homines, qui assumantur ad
principatus. [79278] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 7 Posset
autem aliquis dicere, quod illi qui servarent legem Socratis, susciperent
tale aliquid observandum, quale observant Cretenses, qui agriculturam et alia
huiusmodi artificia dimittunt exercenda per servos, quibus solum interdicunt gymnasia,
idest exercitia corporalia, et usum armorum, ut secundum hoc non oporteat
distinguere inter agricolas et alios municipes, quia exercentes agriculturam
et artifices secundum hoc non erunt cives, sed servi. Sed si in civitate,
quam Socrates intendit instituere, erunt huiusmodi ordinata sicut in aliis
civitatibus, ut scilicet quidam civium sint agricolae et artifices, non
videbitur esse una communitas, quia in una civitate necessarium erit esse
quasi duas civitates sibi contrarias: ex una enim parte erunt municipes, qui
custodiunt civitatem, nihil aliud operantes; et ex alia parte erunt agricolae
et artifices operantes, quos oportet esse contrarios adinvicem, ex hoc ipso
quod quibusdam laborantibus, alii non laborant, et tamen plura de fructibus
recipiunt, sicut etiam supra dictum est. Si vero possessiones non sint
communes, non erit ex hoc litigium, quia quilibet procurabit, quod colantur
agri sui, vel per alium, vel per seipsum: et dum minores servient maioribus,
ab eis aliquod lucrum recipientes, erit una communicatio inter eos. |
212. Il est nécessaire en effet que la pluralité des hommes qui composent la cité soit une pluralité d’hommes qui sont différents d’après leurs positions différentes. Mais au sujet de cette diversité de positions, Socrate n’a rien précisé : en effet il est nécessaire de dire si les biens des agriculteurs, tout comme leurs femmes et leurs enfants, sont communs aussi à tous les autres citoyens ou s’ils les possèdent au contraire en propre séparément des autres. Et d’une autre manière il importe de montrer la différence qu’il y a entre eux et les autres citoyens, tant en raison de la différence qui tient aux biens qu’ils possèdent qu’en raison de la différence qui tient à l’origine de leurs ancêtres; mais si tous les biens qui précèdent sont communs à tous de la même manière, on ne pourra retrouver aucune différence d’après laquelle les agriculteurs pourraient être distingués des gardes; et de plus on ne pourra identifier ce qu’obtiendront de plus ceux qui portent la charge de commander l’administration de la cité et ils seront ainsi portés à travailler peu alors que maintenant ils possèdent cet avantage de se voir attribuer des biens considérables et de voir leurs fils être ennoblis. De la même manière encore on ne pourra désigner les avantages que devront posséder ceux qui portent cette autorité, c’est-à-dire, quelle condition requise au commandement devrait être assumée par ceux qui cherchent à obtenir la charge de diriger la cité: la noblesse du sang ou l’abondance des richesses? Mais l’excellence de la vertu n’est pas toujours si évidente que ce soit d’après elle seule qu’on puisse trouver les hommes qui sont choisis pour commander. 213. Mais quelqu’un pourrait dire que ceux qui observeraient la loi de Socrate s’exposeraient à observer des choses semblables à celles qu’on observe chez les Crétois qui donnent à leurs esclaves l’exercice de l’agriculture et des arts de la sorte, auxquels ils interdisent cependant la gymnastique, c’est-à-dire les exercices corporels, et l’usage des armes, de telle manière que d’après cette mesure il n’importait plus de distinguer les agriculteurs des hommes libres puisque par la pratique de l’agriculture et des arts serviles ils n’étaient plus citoyens mais esclaves. Mais si dans la cité que Socrate voulut instituer tout est réglé à ce sujet comme dans les autres cités, de telle manière qu’une partie des citoyens soit formée des agriculteurs et des artisans, il ne semblera plus y avoir une communauté car dans cette cité il y aura nécessairement comme deux cités opposées l’une à l’autre : d’un côté en effet on retrouvera les gardes qui n’auront d’autres rôles que la protection de la cité et de l’autre se tiendront les agriculteurs et les artisans; et ces deux parties s’opposeront l’une à l’autre du seul fait que certains travailleront et que d’autres, tout en ne travaillant pas, retireront cependant de nombreux fruits du travail des premiers ainsi que nous l’avons vu plus haut. Mais si en vérité les biens ne sont pas communs mais répartis en propriétés privées on n’aura plus à faire face à de telles disputes car chacun administrera ce qui est cultivé, soit par lui soit par les autres, dans les terres qui lui appartiennent en propre: et alors même que les plus humbles seront au service des plus grands tout en recevant de ces derniers un bénéfice, il n’y aura parmi eux qu’une seule et même communauté. |
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[79279] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 8 Secundam rationem ponit, ibi, accusationes
autem et cetera. Et dicit, quod in civitate habente omnia communia, sicut
Socrates dixit, invenientur mutuae accusationes et disceptationes, et omnia
alia mala, quae Socrates dicit nunc esse in civitatibus. Disceptabunt enim
cives adinvicem de hoc quod non aequaliter laborant, nec aequaliter fructum
recipiunt, et de multis etiam aliis; quamvis Socrates putaverat, quod ista
mala in civitate, in qua essent omnia communia, non essent. Et propter hoc
dicebat, quod propter huiusmodi disciplinam non indigeret civitas multis
legibus, sed solum quibusdam paucis, scilicet circa habitationem municipii,
et circa forum iudiciorum, vel etiam circa forum rerum venalium, et circa
alia huiusmodi, sine quorum ordinatione civitas esse non potest: ita tamen
quod huiusmodi disciplinam legum attribuebat solum municipibus, id est
custodibus civitatis, non autem agricolis, qui extra civitatem municipum
morabantur. Et sic patet, quod lex Socratis erat insufficiens, quia non
poterat a civitate extirpare mala quae tollere conabatur. |
214. Il présente la deuxième raison là [1311] où il dit : ¨ Mais les accusations et les procès etc.¨. Et il dit que dans la cité, telle que la proposait Socrate, où tout est mis en commun, on retrouvera des accusations mutuelles et des procès ainsi que tous les autres maux que Socrate dénonce dans nos cités actuelles. En effet les citoyens s’accuseront mutuellement pour cette raison qu’ils ne travaillent pas également, qu’ils ne tirent pas de ce travail une égale répartition des fruits, et pour de nombreuses autres raisons. Socrate pensait que tous ces maux n’existeraient pas dans la cité où tout serait mis en commun. Et c’est pour cette raison qu’il disait qu’à cause de ce système d’éducation la cité n’aurait pas besoin d’un grand nombre de lois, mais seulement de quelques-unes comme celles relatives à la surveillance des citoyens, à la tenue des marchés, à l’administration du commerce et à d’autres questions du même genre, qui, si elles n’étaient pas réglementées, empêcheraient l’existence d’une cité : de telle manière cependant que c’est seulement aux gardes qu’il appliquait une telle disposition des lois et non aux agriculteurs qui se tenaient en dehors de la cité et de la ville. Et ainsi il devient évident que la loi de Socrate était insuffisante car elle ne pouvait pas extirper de la cité les maux qu’elle s’efforçait de faire disparaître. |
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[79280] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 9 Tertiam rationem ponit, ibi, adhuc autem
dominos facit et cetera. Et dicit quod Socrates committebat secundum suam
legem totam dispositionem possessionum agricolis, quibus dicebat esse
committendum, quod fructus agrorum offerrent quibuscumque circa alia
vacantibus: et ex hoc putabat, quod agricolae propter hanc potestatem
efficerentur obsequiosi et humiliter servientes aliis civibus. Sed totum
contrarium accideret: multo enim magis est verisimile, quod ex quo haberent
omnia in sua potestate, quod essent graves aliis civibus, et adinvenirent
astutias ad defraudandum eos, quam quod humiliter eis servirent. Et sic
patet, quod lex Socratis de communitate mulierum et possessionum insufficiens
erat, quia non poterat implere quod conabatur. |
215. Il présente la troisième raison [1312] là où il dit : ¨ Mais de plus il les laisse maîtres etc.¨. Et il dit que Socrate confiait aux agriculteurs par sa loi une complète disposition de leurs biens, lesquels, disait-il, devaient en retour s’engager à offrir une partie des fruits de leurs champs à ceux qui en manquaient; et à partir de là Socrate croyait qu’en raison de ce pouvoir les agriculteurs se montreraient soumis et qu’ils se mettraient humblement au service des autres citoyens. Mais en réalité il se produirait tout l’opposé : en effet il est beaucoup plus vraisemblable que, du fait que tout serait en leur pouvoir, ils se montreraient durs à l’égard des autres citoyens et qu’ils rechercheraient des astuces pour les frauder plutôt que de chercher à les servir avec humilité. Et ainsi il est évident que la loi de Socrate sur la mise en commun des femmes et des biens est insuffisante et qu’elle ne parvient pas à réaliser ce qu’elle s’efforçait d’achever. |
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[79281] Sententia Politic.,
lib. 2 l. 5 n. 10 Deinde cum dicit sed sive necessaria etc., ostendit
insufficientiam legis Socraticae quantum ad alia consequentia. Et primo in generali. Secundo in speciali, ibi,
at vero si uxores et cetera. Dicit ergo primo, quod sive ista quae Socrates
posuit de communitatem mulierum et possessionum, sint necessaria civitati,
sive non, tamen de habitis, id est de consequentibus nihil determinavit,
scilicet qualis debeat esse ordinatio politicae conversationis, et qualis
disciplina, et quales leges propriae eorum, qui sic habent omnia communia:
non enim est de facili invenire aliquas tales: nec etiam oportet eos parum
differre ab aliis, qui praedictam civitatem servare possint: unde quibusdam
specialibus legibus et speciali disciplina essent imbuendi. |
216. Ensuite lorsqu’il dit [132] : ¨ Mais soit etc.¨. Il montre l’insuffisance de la loi de Socrate quant à d’autres conséquences qui en découlent. Et en premier lieu il le fait universellement [132]. Deuxièmement il le fait au moyen de l’examen de cas particuliers, là [133] où il dit: ¨ Et en vérité si les femmes étaient mises en commun etc.¨. Il dit donc en premier lieu au sujet de ce qu’affirme Socrate au sujet de la mise en commun des femmes et des biens, que cela soit nécessaire ou non à l’existence de la cité, que ce dernier n’a rien fixé cependant sur les mesures qui doivent en découler concrètement, telles que la nature du régime politique, de l’éducation et des lois qui sont propres à ceux qui mettent ainsi tout en commun: et il n’est pas non plus facile de déterminer de ces choses et il ne faut pas non plus distinguer superficiellement ces derniers des autres qui peuvent être au service de cette sorte de cité; c’est pourquoi ils doivent être imprégnés de lois spéciales et d’une éducation spéciale. |
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[79282] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 11 Deinde cum dicit at vero si uxores etc.,
ostendit insufficientiam in speciali. Et primo quantum ad mulieres. Secundo
quantum ad principes, ibi, insecurum autem et cetera. Tertio quantum ad
communem civitatis felicitatem, ibi, adhuc autem et felicitatem auferens et
cetera. Quantum ad mulieres autem duo tangit. Primo, quod non potest sufficienter
ordinari de mulieribus si sint communes municipibus et agricolis, sive
possessiones sint propriae et distinctae utrisque, sive sint communes; quia
si sint communes, oportet quod (per) agricolas dispensentur; et etiam si sint
propriae municipum, quis alius dispensabit eas nisi agricolae ? Quo modo
autem poterunt dispensare ea quae sunt in agris viri mulierum quae habitant
in civitate ? Non enim simul poterunt uti mulieribus in civitate existentibus
et agros colere. |
217. Ensuite lorsqu’il dit [133] : ¨ Et en vérité etc.¨. Il montre cette insuffisance au moyen de cas particuliers. Et en premier lieu il le fait à l’égard des femmes [133]. En deuxième lieu il le fait à l’égard des magistrats de la cité là [134] où il dit : ¨ Mais il est risqué etc.¨. Troisièmement il le fait à l’égard du bien commun de la cité là [135] où il dit : ¨ Mais de plus il retire aux gardes même le bonheur etc.¨. Mais quant aux femmes il touche à deux choses [133]. En premier lieu il dit que, selon que les biens sont propres et distincts pour chacun ou qu’ils soient mis en commun, on ne peut établir de manière suffisante au sujet des femmes si elles sont communes aux gardes et aux agriculteurs. Car si les biens sont communs, les agriculteurs, devant gérer les travaux des champs, ils ne pourront simultanément se servir des femmes qui vivent dans la cité et cultiver les champs; mais si les biens sont propres et les femmes communes, ces dernières ne pourront pas s’appliquer aux travaux domestiques comme les hommes s’occuperont de l’agriculture; et au contraire si les biens sont communs et que les femmes sont propres aux agriculteurs, ces derniers pourront en effet à la fois cultiver les champs et donner des tâches aux femmes qui vivent avec eux. |
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[79283] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 12 Secundo circa mulieres dicit, quod Socrates
dicebat, quod mulieres debebant eadem tractare cum viris, ut scilicet
colerent agros et pugnarent, et alia huiusmodi facerent sicut viri: et
accipiebat parabolam, id est similitudinem a bestiis, in quibus feminae
similia operantur masculis. Sed Aristoteles istud dicit esse inconveniens,
nec esse simile: quia bestiae nihil participant de vita oeconomica, in qua
quidem vita mulieres habent quaedam propria opera, quibus oportet eas
intendere, et abstinere semper ab operibus civilibus. |
218. Deuxièmement il dit relativement aux femmes qu’à leur sujet Socrate prétendait qu’elles devaient s’occuper des mêmes choses que les hommes, c’est-à-dire qu’elles devaient cultiver les champs et aller au combat et accomplir d’autres travaux identiques à ceux que les hommes exécutent: et il s’appuyait pour le dire sur une comparaison avec les bêtes chez lesquelles les femelles accomplissent les mêmes choses que les mâles. Mais Aristote dit que cette comparaison ne convient pas puisqu’il s’agit de deux cas différents car les bêtes ne participent en rien de la vie domestique dans laquelle les femmes ont des tâches qui leur sont propres dont elles doivent s’occuper et à cause desquelles elles doivent toujours s’abstenir de l’administration publique. |
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[79284] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 13 Deinde cum dicit insecurum autem etc., ostendit
insufficientiam quantum ad principes: et dicit, quod non est securum
civitati, quod hoc modo instituantur principes civitatis sicut Socrates
instituebat: ordinavit enim, quod semper manerent iidem principes: quod
quidem fit causa seditionis, etiam apud homines non magni valoris, et multo
magis apud homines animosos et bellicosos, qui non possunt de facili pati,
quod ipsi semper subiiciantur, et alii principentur. |
219. Ensuite lorsqu’il dit [134] : ¨ Il est risqué aussi etc.¨. Il montre l’insuffisance de cette loi relativement aux magistrats de la cité : et il dit qu’il est risqué pour la cité d’établir les magistrats de la cité de la manière que Socrate les établissait : il voulait en effet que ces derniers soient toujours les mêmes, ce qui certes est toujours cause de sédition, même chez les personnes modestes et à plus forte raison chez celles qui sont passionnées et belliqueuses qui ne peuvent pas facilement supporter d’être toujours soumises au commandement des autres. |
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[79285] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 14 Et subiungit causam quare Socrates instituebat,
quod semper essent iidem principes: dicebat enim, quod sicut in quibusdam
mineris terrarum invenitur aurum, in quibusdam argentum, in quibusdam vero
ferrum, aut aes, ita in animabus quorumdam hominum, qui abundant in sapientia
et virtute, est a Deo quasi inditum aurum, quos iustum est principari; in
quibusdam vero argentum, qui sunt secundi gradus; in quibusdam vero qui sunt
imperfecti ad sapientiam et virtutem, invenitur quasi aes aut ferrum: et
tales secundum ipsum debent fieri agricolae et artifices. Manifestum est
autem, quod istud non commutatur, ita quod quandoque istis hominibus sit
inditum aurum, et quandoque aliis; sed semper eisdem: unde sequitur, quod
semper iidem principentur. |
220. Et il ajoute une raison pour laquelle Socrate avait institué que les magistrats devaient toujours être les mêmes : il disait en effet que tout comme on retrouve dans certains minerais tirés de la terre de l’or, dans d’autres de l’argent, dans d’autres du fer ou de l’airain, de même dans les âmes de certains hommes on retrouve de l’or chez ceux qui abondent en sagesse et en vertu et auxquels il revient avec justice de commander; chez d’autres, qui sont d’un rang inférieur, on retrouve de l’argent; chez d’autres en vérité qui ne sont pas parvenus à la sagesse et à la vertu, on retrouve du fer ou de l’airain et c’est à eux qu’il revient de devenir agriculteurs ou artisans. Et il est évident que cela ne varie pas de manière à ce que parfois l’or serait donné à ces hommes et parfois non, mais au contraire ce sont toujours les mêmes qui sont dotés des mêmes qualités; d’où il suit que ce sont toujours les mêmes qui doivent commander aux autres. |
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[79286] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 15 Deinde cum dicit adhuc autem et felicitatem
etc., ostendit insufficientiam quantum ad communem civitatis felicitatem;
dicebat enim Socrates, quod legislator debet ad hoc attendere, quod faciat
totam civitatem felicem, et quantum ad opera virtutis, et quantum ad
exteriora bona: cum tamen Socrates per suam legem auferret a singulis civibus
felicitatem: quia volebat, quod non haberent aliquid proprium, nec in possessionibus,
nec in mulieribus, nec in filiis, quae quidem pertinent ad felicitatem
tamquam organice deservientia, ut dicitur in primo Ethicorum. Hoc autem est
impossibile, quod tota civitas sit felix, nisi vel omnes, vel plures partes
civitatis felicitatem habeant: non enim est felicitas civitatis, sicut
numerus par, et alia similia. Partes enim numeri paris quandoque sunt
impares, sicut partes senarii sunt duo trinarii. Et praeterea si municipes
civitatis non sunt felices, qui alii erunt felices ad hoc quod in eis
felicitas civitatis fundari possit ? Non enim potest dici quod agricolae et
banausi, id est mercenarii sint felices, qui sunt infimi in civitate: non
enim felicitas quae est optimum civitatis potest salvari in infima eius
parte. |
221. Ensuite lorsqu’il dit [135] : ¨ Mais de plus etc.¨. Il montre une insuffisance de cette législation quant au bonheur général de la cité; Socrate disait en effet que le législateur doit tendre à rendre heureuse la cité toute entière, à la fois quant aux actions vertueuses et aux biens extérieurs, alors qu’il retirait par sa loi le bonheur à certains citoyens car il voulait qu’ils ne possèdent rien en propre, que ce soit les biens, les femmes ou les enfants qui contribuent certes au bonheur à titre d’instruments naturels, ainsi qu’on le voit au premier livre des Éthiques. Mais il est impossible que toute la cité soit heureuse si toutes ses parties ne le sont pas : il n’en est pas du bonheur de la cité comme il en est du nombre pair et d’autres choses semblables. En effet, certaines parties du nombre pair sont impaires comme trois est une partie du nombre six. En outre, si les gardes de la cité ne sont pas heureux, quels sont les autres qui le seront pour qu’en eux le bonheur de la cité puisse prendre racine? On ne peut en effet dire que ce seront les agriculteurs et les travailleurs manuels qui le seront puisqu’ils sont d’une classe inférieure: en effet le bonheur, qui est le plus grand bien de la cité, ne peut se conserver dans sa partie la plus humble. |
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[79287] Sententia Politic., lib. 2 l. 5 n. 16 Ultimo autem epilogando concludit, quod
conversatio politica civitatis de qua Socrates dixit, habet praedictas
dubitationes et quasdam alias non minores praedictis. |
222. Et enfin il termine par un résumé [1351] : l’organisation politique de la cité dont parle Socrate présente les difficultés qui précèdent et bien d’autres qui ne sont pas moindres. |
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Lectio
6 |
LEÇON 6 (nn. 223-241; [136-1433])
─ Examen d’autres lois de Socrate.
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Leçon 6 |
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[79288] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 1 Fere autem similiter et quae circa leges et
cetera. Postquam philosophus improbavit positionem Socratis de communitate
mulierum et puerorum et possessionum, quod ponebat quasi principale in sua
politia, hic inquirit de aliis consequentibus legibus. Et primo narrat eas.
Secundo disputat contra eas, ibi, superfluum quidem igitur et cetera. Circa
primum duo facit. Primo dicit de quo est intentio. Secundo prosequitur
intentum, ibi, dividitur autem in duas partes et cetera. Dicit ergo primo,
quod sicut habet multas dubitationes lex de communitate mulierum et
possessionum, ita etiam et aliae eius consequentes leges; et ideo melius est
quod de tota eius politia aliqua pauca hic dicantur; quia de paucis in sua
politia determinavit Socrates, scilicet de communitate uxorum et filiorum et
possessionis, quomodo debeat se habere; et super hoc determinavit ordinem
politicae conversationis. |
223. Après avoir rejeté la position de Socrate sur la communauté des biens, des femmes et des enfants que ce dernier présentait comme le point saillant de son régime politique, le Philosophe examine ici d’autres lois qui sont venues par la suite. Et en premier lieu il les rapporte [136]. Deuxièmement il argumente contre elles, là [139] où il dit : ¨ Donc, il est certes inutile etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. Premièrement il présente son propos [136]. Deuxièmement il poursuit son propos, là [137] où il dit : ¨ Mais il divise etc.¨. Il dit donc en premier lieu [136] que tout
comme sa loi sur la communauté des femmes et des biens soulève de nombreux
doutes, il en est de même aussi pour d’autres considérations que Socrate fait
dans ses Lois; et c’est pourquoi il
est préférable de dire ici quelques mots sur l’ensemble de son régime
politique car dans la République
Socrate n’a donné de précisions complètes que sur peu de choses, comme la
manière d’établir la communauté des femmes, des enfants et des biens sur
laquelle il a fixé l’organisation de son système politique. |
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[79289] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 2 Deinde cum dicit dividitur autem in duas etc.,
recitat ea quae Socrates dixit de ordine politiae nam de communitate satis
supra dictum est. Et primo quantum ad partes civitatis. Secundo quantum ad
disciplinam civium, ibi, et de disciplina qualem quamdam et cetera. Circa
primum quatuor dicit. Quorum primum est quod Socrates totam multitudinem
habitantium civitatem dividebat in duas partes: quarum una erat agricolarum
et aliorum artificum; alia vero erat vivorum bellatorum: addebat autem et
tertiam partem, scilicet consilium et principes civitatis. Secundo dicit quod
Socrates omisit dicere de agricolis et artificibus, utrum debeant aliquem
principatum habere, et utrum etiam debeant aliquo modo pugnare vel non.
Tertio dicit, quod Socrates existimavit quod oportebat mulieres bellare et
alia similia facere viris. Quarto dicit quod alias quidem partes suae
politicae implevit multis sermonibus extraneis qui non pertinebant ad
materiam politicae, interponens multa de naturalibus et de aliis scientiis. |
224. Ensuite lorsqu’il dit [137] : ¨ Il divise cependant etc.¨. Il rapporte ce que dit Socrate sur l’organisation du corps politique car on a suffisamment parlé du partage et de la mise en commun dans les considérations qui précèdent. Et il dit d’abord quelles doivent être selon Socrate les parties de la cité [137]. Et il dit ensuite quelle doit être selon lui l’éducation des citoyens là [138] où il dit : ¨ Et au sujet de l’éducation, quelle doit en être la nature etc.¨. Au sujet du premier point il dit quatre choses [137]. La première est que Socrate divisa la totalité des habitants de la cité en deux parties : l’une est composée des agriculteurs et des artisans alors que l’autre est constituée des forces armées; et il ajoutait à ces deux premières une troisième partie, à savoir le conseil et les magistrats de la cité. Il dit en deuxième lieu que Socrate a omis de dire au sujet des agriculteurs et des artisans s’ils possèdent un certain pouvoir au sein du gouvernement et s’ils doivent ou non de quelque façon participer à la guerre. En troisième lieu il dit que Socrate croyait que les femmes devaient participer à la guerre et exercer les mêmes tâches que les hommes. En quatrième lieu il dit que Socrate a rempli les autres parties de son œuvre de nombreuses considérations étrangères à la chose politique et dont plusieurs font référence aux choses naturelles et à d’autres sciences. |
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[79290] Sententia Politic., lib. 2 l. 6
n. 3 Deinde cum dicit et de
disciplina etc., narrat quid Socrates dixit de disciplina civitatis, et circa
hoc tria facit. Primo dicit in communi quod Socrates dixit de disciplina
civitatis quod oportet aliquam disciplinam habere municipes, id est
habitatores civitatis. |
225. Ensuite lorsqu’il dit [138] : ¨ Et au sujet de l’éducation etc.¨. Il rapporte ce que dit Socrate sur la sorte d’éducation qu’on doit retrouver dans la cité. Et à ce sujet il fait trois choses. Et en premier lieu il rapporte dans les grandes lignes ce que Socrate dit sur l’éducation de la cité, à savoir que les gardes doivent recevoir une éducation d’une nature déterminée (138). |
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[79291] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 4 Secundo, ibi, legum autem et cetera. Ponit ea
in quibus conveniebat cum aliis politiis: et dicit quod magna pars legum,
quas Socrates ponebat, sunt leges quae modo in civitatibus observantur. Cum
enim ipse dixerit de politia, idest conversatione civitatis, et induxerit
quamdam maiorem communitatem in civitate quam sit consuetum, paulatim
instituendo leges deveniebat ad alteram politiam, quae nunc observatur; quia
praeter communionem mulierum et possessionis quae erat propria suae politiae,
omnia alia tradidit quae possint esse communia ambabus politiis, scilicet et
illi quae observat hanc communitatem, et illi quae non observat: eamdem enim
disciplinam dixit esse utrorumque: puta quod homines viverent de necessariis
operibus cum quadam moderantia et abstinentia, et quod facerent quaedam
convivia in civitate ad maiorem civium familiaritatem, quae etiam apud alias
civitates observabantur, quamvis oportuisset quod instituerent multo
differentem disciplinam, ut supra dictum est. |
226. En deuxième lieu, là [1381] où il dit : ¨ Mais des Lois, etc.¨, il présente les choses en lesquelles il s’accordait avec les autres régimes politiques: et il dit que la plus grande partie des Lois que Socrate présente est faite de lois qui doivent être observées de nos jours dans la cité. En effet, comme lui-même l’avait dit au sujet de sa constitution, c’est-à-dire au sujet des relations entre les membres de la cité, et qu’il avait amené dans la cité une plus grande mise en commun que celle qui est en usage de nos jours, peu à peu en instituant les Lois il ramène sa constitution à celle qu’on observe de nos jours; car mise à part la communauté des femmes et des biens qui est propre à son régime politique, il recommande toutes les autres choses qui peuvent être communes aux deux régimes politiques, c’est-à-dire à la fois à celui qui est conforme à cette communauté et à celui qui n’y est pas conforme: il dit en effet que l’éducation doit être la même pour les deux régimes, à savoir que les hommes vivent avec modération des choses nécessaires à la vie et qu’ils fassent dans la cité des repas en commun pour une plus grande amitié entre les citoyens, ce qu’on observe aussi auprès des autres cités, bien qu’elles devaient instituer une éducation de beaucoup différente, ainsi que nous l’avons dit précédemment. |
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[79292] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 5 Tertio cum dicit, verum tamen in hac inquit
etc., narrat quaedam propria quae Socrates ponebat: quorum unum erat quod
fierent etiam convivia mulierum et non solum virorum: aliud autem erat quod
determinabat numerum bellatorum; scilicet quod in civitate essent ad minus
mille arma portantes et ad plus quinque milia. |
227. Troisièmement, lorsqu’il dit [1382] : ¨ En effet, mise à part la communauté des femmes etc.¨, il rapporte certaines choses que Socrate affirmait en propre : et l’une d’elles était qu’on devait retrouver des repas en commun aussi chez les femmes et non seulement chez les hommes; l’autre était qu’on devait déterminer le nombre des guerriers; c’est-à-dire que dans la cité ils devaient être au moins au nombre de mille et au plus au nombre de cinq mille. |
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[79293] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 6 Deinde cum dicit superfluum quidem igitur etc.,
obiicit contra praedicta alia quae Socrates inducebat. Et primo obiicit
contra disciplinam legum. Secundo contra ordinem partium civitatis, ibi,
coordinatio autem tota vult et cetera. Circa primum duo facit. Primo proponit
quod intendit. Secundo manifestat propositum, ibi, quoniam et nunc dictam et
cetera. Dicit ergo primo, quod sermones Socratis habent aliquid superfluum,
inquantum replet suam politiam extraneis sermonibus; et leve, inquantum erant
insufficientes rationes, et sine experientia prolatae; et novum, inquantum
erat contra communem consuetudinem. Et erat quaestionibus plenum per multas
difficultates consequentes; et quod in omnibus bene diceret difficile est
asserere. |
228. Ensuite lorsqu’il dit [139] : ¨ Donc, il est certes inutile etc.¨. Il s’oppose à d’autres énoncés avancés par Socrate. Et en premier lieu il s’oppose à l’éducation proposée dans les Lois [139]. Deuxièmement il s’oppose à l’organisation des parties de la cité qu’on y trouve, là [144] où il dit : ¨ Mais l’ensemble de cette organisation etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il présente son propos [139]. Deuxièmement il manifeste son propos, là [140] où il dit : ¨ Maintenant, que la multitude dont nous venons de parler etc.¨. Il dit donc en premier lieu [139] que les discours de Socrate ont quelque chose d’inutile, dans la mesure où ils sont remplis de considérations extérieures au sujet, à savoir à l’organisation politique; ils ont aussi quelque chose de léger dans la mesure où ses raisons sont insuffisantes et où elles sont produites sans le recours à l’expérience; enfin, ils présentent un caractère d’originalité dans la mesure où ils s’opposent à l’usage commun et où ils soulèvent des doutes en raison des nombreuses difficultés qui en découlent; et il est difficile de maintenir qu’il ait bien parlé en tout et partout. |
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[79294] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 7 Deinde cum dicit quoniam et nunc dictam
manifestat quod dixerat. Et primo improbat dicta Socratis quantum ad mensuram
quam civitati imponebat. Secundo quantum ad distinctionem, ibi, Fidon quidem
igitur et cetera. Circa primum duo facit. Primo improbat dictum eius quantum
ad numerum bellatorum. Secundo quantum ad quantitatem possessionis quam
taxabat, ibi, et multitudinem autem possessionis et cetera. Dicit ergo primo,
quod si quis consideret praedictam multitudinem bellatorum, quam Socrates
instituebat in civitate, manifeste apparet quod civitas talis indigebit
maxima latitudine camporum, sicut est circa Babyloniam, ad hoc quod
nutriantur exinde quinque millia bellatorum, qui nihil aliud operentur, et
praeter eos multo maior alia turba, et mulierum et famulorum. Et secundum hoc
oportet quod ille qui talem civitatem instituit, habeat multitudinem camporum
ad votum; quod tamen non est impossibile: sed tamen hoc considerandum quod
ille qui vult legem in civitate statuere, non debet statuere legem secundum
illud quod cogitat quod sit possibile, sed respiciendo ad ea quae ei
existunt; et praecipue quidem ad duo: scilicet ad regionem, ut non constituat
maiorem civitatem quam regio illa pascere possit, et iterum ad homines ut
conveniant leges hominibus secundum eorum conditiones. Tertio autem est
apponendum, ut ponat leges respiciendo ad loca vicina: et hoc quidem primo
est necessarium si civitas debet habere vitam non solitariam, sed politicam,
idest communem cum multis aliis civitatibus, cum quibus societatem habeat non
solum in pace, sed etiam in bello: quia talem civitatem non solum necessarium
est uti talibus armis ad bellum et in tanto numero secundum quod utile est ad
propriam regionem; sed etiam in exterioribus locis, in quibus conversantur
vel hostes vel amici. Secundo autem si quis non approbet vitam bellicosam,
neque ut propriam alicuius hominis, neque ut communem totius civitatis,
nihilominus tamen quantum ad hoc oportet cives esse armatos et bellicosos, ut
sint terribiles inimicis, non solum cum veniunt in regionem, sed etiam quando
discedunt. |
229. Ensuite lorsqu’il dit [140] : ¨ Maintenant, que ne etc.¨. Il manifeste ce qu’il vient de dire. Et en premier lieu il rejette les énoncés de Socrate quant à la mesure qu’il imposait à la cité [140]. Deuxièmement il le fait quant à une distinction, là [146] où il dit : ¨ Certes ceux qui disent etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il rejette les dires de Socrate quant au nombre des guerriers [140]. Deuxièmement il le fait quant à ce qu’il estimait devoir être l’étendue de la propriété, là [141] où il dit : ¨ Mais l’étendue de la propriété etc.¨. Il dit donc en premier lieu [140] que si on considère le grand nombre de guerriers que Socrate établissait dans la cité, il apparaît manifestement qu’une telle cité aura besoin pour s’étendre d’un très vaste territoire, comparable à celui des Babyloniens, pour pouvoir nourrir cinq mille soldats qui ne font rien d’autre comme fonction et auxquels s’ajoute une bien plus grande foule faite de femmes et de serviteurs. Par conséquent, celui qui institue une telle cité doit avoir à sa disposition de très nombreux et très vastes territoires; cela n’est pas impossible cependant: néanmoins, il faut considérer que celui qui veut instituer une loi dans la cité ne doit pas instituer cette loi uniquement d’après ce qu’il a imaginé comme étant possible, mais il doit le faire en tenant compte des choses qui se présentent à lui dans la réalité, dont les deux principales sont d’abord le territoire, afin de ne pas constituer une cité plus grande que le territoire qu’il peut entretenir, puis les hommes, afin que les lois leur conviennent d’après leurs conditions. À ces deux choses il faut en ajouter une troisième, à savoir qu’il doit tenir compte aussi des contrées voisines lorsqu’il institue des lois; et cela est certes nécessaire premièrement si la cité doit avoir une vie qui ne soit pas solitaire mais politique, c’est-à-dire une vie partagée avec d’autres cités avec lesquelles elle ait des relations non seulement en temps de paix mais aussi en temps de guerre: car non seulement il est nécessaire qu’une telle cité se serve pour la guerre de telles armes et en telle quantité selon ses besoins sur son propre territoire, mais aussi sur les territoires voisins sur lesquels se tiennent soit les ennemis soit les alliés. Cela est encore nécessaire deuxièmement même si on n’approuve pas une telle vie de guerre ni pour les hommes pris individuellement, ni pour la cité prise dans son ensemble, car il faut néanmoins que les citoyens soient armés et prêts à faire la guerre pour se rendre redoutables aux ennemis non seulement lorsqu’ils envahissent leurs territoires mais aussi lorsqu’ils s’en retirent. |
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[79295] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 8 Deinde cum dicit multitudinem autem etc.,
improbat positionem Socratis, quantum ad mensuram possessionum quam in
civitate statuebat. Et circa hoc duo facit. Primo improbat mensuram
possessionum a Socrate positam secundum se. Secundo quantum ad hoc quod
praetermisit mensurare generationem, ibi, inconveniens autem et possessiones
et cetera. Circa primum ponit duas rationes. Dicit ergo primo, quod oportet
considerare ne forte alio modo possit planius determinari quantitas
possessionum quas civitas debet communiter habere, quam Socrates
determinaverat. Dicit enim Socrates quod tanta debet esse possessio
civitatis, ut ex ea possint cives vivere temperate: sed planius diceretur si
quis diceret, quod tanta debet esse possessio civitatis, ut ex ea vivatur
bene: haec enim determinatio est magis utilis, eo quod plura in se
comprehendit bene vivere quam temperate vivere. [79296] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 9 Secundam
rationem ponit, ibi, adhuc autem est temperate quidem et cetera. Et dicit
quod contingit aliquem temperate vivere, qui tamen misere vivit, idest cum
magna penuria. Et sic patet quod praedicta determinatio Socratis non
sufficit; sed melior determinatio est ut dicatur quod tanta debet esse
possessio, ut vivatur temperate et liberaliter. Si enim alterum eorum
separatim dicatur, sequetur inconveniens. Ex una enim parte si dicatur quod
debeat vivere liberaliter, sequetur quod homo in superfluis delitiis vivat.
Ex alia vero parte, si dicatur quod debet vivere temperate, sequetur quod
possit homo vivere cum penuria et labore: ideo ad excludendum utrumque
inconveniens oportet dicere, temperate et liberaliter; et ista determinatio
sufficit; quia solae hae duae virtutes faciunt hominem bene se habere circa
usum substantiae, idest possessionis: et hoc patet in aliis virtutibus: non
enim potest dici quod aliquis utatur sua possessione mansuete aut fortiter.
Mansuetudo enim est circa iras, et fortitudo circa timores et audacias; et
sic in nullo respiciunt usum possessionum: sed temperantia quae est circa
concupiscentias ciborum et venereorum propter quas multi consumunt suam
substantiam, et liberalitas quae est circa donationes et acceptiones manifeste
respiciunt usum possessionis: unde potest dici quod aliquis utatur sua
possessione temperate et liberaliter: unde cum per utrumque istorum videtur
esse inconveniens circa usum possessionum, necessarium est circa ipsas esse
usus hos, scilicet temperantiae et liberalitatis. |
230. Ensuite lorsqu’il dit [141] : ¨ Mais la multitude etc.¨. Il rejette la position de Socrate quant à la limite qu’il avait établie dans la cité relativement aux propriétés devant revenir à chacun. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il rejette en elle-même [141] cette mesure des propriétés établie par Socrate. Deuxièmement il la rejette pour cela qu’elle omet le nombre des citoyens, là [142] où il dit : ¨ Mais il ne convient pas etc.¨. Au sujet du premier point il présente deux raisons. Il dit donc en premier lieu [141] qu’il faut examiner s’il ne serait pas préférable de déterminer d’une autre manière, c’est-à-dire plus clairement que ne le fit Socrate, la quantité des biens qu’une cité doit généralement posséder. Socrate en effet dit que les biens d’une cité doivent être tels qu’ils permettent aux citoyens de vivre sobrement : mais on parlerait plus clairement si l’on disait que les biens de la cité doivent être tels qu’ils permettent aux citoyens de bien vivre : en effet cette précision est plus utile du fait que le bien vivre est une notion plus complète que la sobriété. 231. Il présente sa deuxième raison là [1411] où il dit : ¨ Mais en outre une vie sobre peut certes être etc.¨. Et il dit qu’il arrive que celui qui vit sobrement vive aussi misérablement, c’est-à-dire dans un grand dénuement. Et il apparaît ainsi que l’affirmation de Socrate est insuffisante; elle serait meilleure s’il disait que les biens d’une cité doivent être tels qu’ils permettent aux citoyens de vivre sobrement et avec libéralité. Si en effet on sépare l’une de l’autre la sobriété et la libéralité, il s’ensuit certaines difficultés. D’un côté en effet si on dit que les hommes doivent vivre dans la libéralité, il s’ensuit que les hommes vivront dans des plaisirs superflus; d’un autre côté si on dit que les hommes doivent vivre sobrement, il s’ensuit que les hommes puissent vivre dans le dénuement et la gêne : c’est pourquoi, afin d’éviter ces deux difficultés, il faut dire : sobrement et avec libéralité; et cette précision suffit car ce sont seulement ces deux vertus qui rendent l’homme bien disposé dans l’usage de sa fortune, c’est-à-dire de ses biens; et cela devient évident si on jette un coup d’œil aux autres vertus : en effet on ne dit pas de quelqu’un qu’il fait usage de ses biens avec douceur ou avec courage. La douceur en effet se rapporte à la colère alors que le courage se rapporte à la crainte et à l’audace; et ainsi l’un et l’autre ne se rapportent en rien à l’usage des biens; mais la tempérance qui se rapporte aux désirs du boire et du manger pour lesquels la multitude dépense sa fortune, ainsi que la libéralité qui se rapporte aux biens donnés et aux biens reçus, se rapportent manifestement toutes les deux à l’usage des biens: d’où l’on peut dire que quelqu’un se sert de ses biens à la fois avec sobriété et avec libéralité; d’où il suit que, puisqu’à l’examen de ces deux vertus on voit qu’il peut naître des difficultés dans l’usage des biens, il est nécessaire d’être attentifs à l’égard de ces vertus qui sont la sobriété et la libéralité. |
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[79297] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 10 Deinde cum dicit inconveniens autem etc.,
improbat positionem Socratis ex hoc quod determinans quantitatem possessionum
non determinabat quantitatem generationis. Et circa hoc sex facit. Primo
quidem proponit esse inconveniens id quod Socrates dicebat: et dicit quod
inconveniens est quod aliquis velit possessiones civitatis adaequare idest ad
certam quantitatem reducere, et cum hoc non instituat aliquid ad
determinandum multitudinem civium, sed permittat generationem civium in
infinitum fieri, sicut Socrates faciebat. |
232. Ensuite lorsqu’il dit [142] : ¨ Mais il ne convient pas etc.¨. Il rejette la position de Socrate du fait qu’en fixant la quantité des biens il ne détermine pas le nombre des citoyens. Et à ce sujet il fait six choses. En premier lieu certes il présente ce que disait Socrate comme étant problématique [142] : et il dit qu’il est étonnant de vouloir répartir également les biens de la cité, c’est-à-dire de vouloir les ramener à une certaine quantité et en même temps de ne rien fixer quant au nombre des citoyens, mais de permettre au contraire par la procréation, comme le faisait Socrate, une augmentation à l’infini des citoyens. |
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[79298] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 11 Secundo, ibi, tamquam sufficienter etc. ponit
rationem quae movebat Socratem: contingit enim in civitate multas mulieres
esse steriles: et ita licet aliis mulieribus generantibus multos filios,
tamen semper conservabitur eadem multitudo civitatis, sicut nunc videmus in
civitatibus evenire. Et propter hoc Socrati non videbatur necessarium
quod circa generationem filiorum aliquid taxaretur. |
233. Deuxièmement, là [1421] où il dit : ¨ Comme si c’était suffisamment etc.¨. Il présente la raison que Socrate soulevait pour se justifier : il arrive en effet dans la cité que de nombreuses femmes soient stériles et ainsi, bien que d’autres femmes engendrent de nombreux enfants, cependant le nombre de citoyens se conserve toujours identique comme nous le voyons aujourd’hui dans nos cités. Et c’est pour cette raison que Socrate ne croyait pas nécessaire de limiter la procréation des enfants. |
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[79299] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 12 Tertio quidem, ibi, nunc quidem enim etc.,
ostendit Aristoteles hanc rationem esse insufficientem: quia nunc in
civitatibus, propter hoc quod possessiones sunt divisae, unoquoque habente
propriam possessionem, nulla dubitatio potest provenire ad quantamcumque
multitudinem proveniat generatio filiorum, quia unusquisque filiis suis
studet aliquo modo providere; sed tunc cum possessiones non essent divisae
inter cives secundum ordinationem Socratis, sequeretur quod illi qui essent
abiectiores nihil perciperent de fructibus possessionum, sive multiplicarentur,
sive diminuerentur, dum modo illi qui essent potentes multiplicarentur; dum
enim potentes civitatis primo sibi et suis necessaria sumerent, sic eorum
multitudo excresceret. |
234. Et certes en troisième lieu, là [1422] où il dit : ¨ Mais il faut etc.¨, Aristote montre que cette raison est faible car, dit-il, dans les cités actuelles, parce que les propriétés ont été réparties entre tous et que chacun possède en propre ses biens, aucune inquiétude ne peut naître du nombre des citoyens, quel qu’il soit, auquel peut parvenir la procréation des enfants car chacun s’applique à fournir à ses enfants ce dont ils ont besoin; mais d’après l’organisation politique de Socrate, alors que les biens ne sont pas encore partagés entre les citoyens, il s’ensuit que ceux qui seraient de condition plus humble, que leur nombre augmente ou diminue, ne recevraient rien des fruits provenant des propriétés car, si leur nombre croissait considérablement, les personnages les plus puissants de la cité saisiraient aussitôt pour eux et pour leurs enfants les biens nécessaires à la vie. |
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[79300] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 13 Quarto ibi, magis autem suspicabitur et cetera.
Proponit quod oportet determinare multitudinem circa generationem filiorum;
et dicit quod aliquis potest aestimare quod magis oportet determinari
generationem filiorum quam etiam multitudinem substantiae; ita scilicet quod
non generentur plures cives ab aliquo numero determinato, cui sufficiant
civitatis possessiones. |
235. Quatrièmement, là [1423] où il dit : ¨ Mais on devrait davantage concevoir etc.¨, il propose qu’il faille limiter la procréation des enfants; et il dit qu’on peut croire qu’il faille davantage limiter la procréation des enfants plutôt que l’abondance des propriétés de telle manière que le nombre de citoyens ne dépasse pas un chiffre déterminé auquel les biens de la cité puissent correspondre de manière satisfaisante. |
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[79301] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 14 Quinto ibi, hanc autem multitudinem etc.,
ostendit quid debeat observari in tali determinatione; et dicit quod oportet
determinare multitudinem filiorum generandorum respiciendo ad casus
fortuitos, puta ad mortes eorum qui nascuntur, et ad sterilitatem mulierum
quae non concipiunt, ut scilicet tantum permittatur ex alia parte
superexcrescere generatorum numerus, ut huiusmodi defectus fortuiti
suppleantur. |
236. Cinquièmement, là [1424] où il dit : ¨ Afin qu’on ne dépasse pas un certain nombre etc.¨, il montre de quoi il faut tenir compte dans une telle limitation; et il dit qu’il faut limiter le nombre des enfants à naître en tenant compte des cas fortuits, par exemple de la mort des nouveau-nés et de la stérilité des femmes qui ne peuvent concevoir, pour seulement permettre par là qu’il y ait d’un autre côté une augmentation des nouveau-nés qui compense ces manques fortuits. |
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[79302] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 15 Sexto, ibi, sinere autem etc. ostendit quomodo
oportet determinari multitudinem generatorum; et dicit quod hoc ideo
necessarium est, quia si permittatur quod in infinitum homines generentur
absque aliquo determinato numero, sicut communiter fit in civitatibus, ex
necessitate sequitur quod ex hoc proveniat causa paupertatis civibus: multi
enim filii pauperes erunt habentes id solum quod eorum pater dives habebat;
ex paupertate autem civium, sequitur quod sint seditiosi et maligni; quia dum
non habent necessaria vitae, student ea conquirere fraudibus et rapinis. |
237. Sixièmement, là [1425] où il dit : ¨ Mais négliger etc.¨, il montre pourquoi il faut limiter la procréation des enfants; et il dit que cela est nécessaire car si on permet une procréation des hommes à l’infini sans en limiter le nombre ainsi que cela se produit dans certaines cités, il s’en suivra nécessairement que cela sera cause d’appauvrissement pour les citoyens: en effet, les nombreux enfants seront pauvres puisqu’ils ne posséderont que ce que leur père possédait comme richesse; et de cette pauvreté des citoyens découleront des révoltes et des divisions car alors qu’ils n’auront pas les biens nécessaires à leur subsistance, ils s’appliqueront à les acquérir par la fraude et le vol. |
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[79303] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 16 Deinde cum dicit Phaedon quidem igitur etc.,
improbat disciplinam legum Socratis quantum ad distinctionem quam in civitate
faciebat. Et circa hoc quatuor facit. Primo ostendit quomodo circa
distinctionem discordabat ab aliis legislatoribus. Et dicit quod quidam
legislator Corinthius, Phaedon nomine, duo dixit esse observanda in civitate:
quorum unum est, ut domus antiquorum civium permanerent aequales adinvicem in
divitiis et dignitate, etiam si a principio inaequales sortes habuissent:
(quomodo autem reduci possint ad aequalitatem infra dicetur): aliud est ut
multitudo civium semper aequalis remaneret. Sed in legibus Socratis
contrarium invenitur: quia neque ordinat quomodo aequalitas multitudinis
civium conservetur, neque etiam statuit quod sint aequales divitiae civium;
sed permittit quod quidam habeant maiores divitias aliis, ut postea dicetur:
sed de hoc quid melius sit, utrum scilicet quod omnes cives habeant divitias
aequales, vel non, postea determinabitur. |
238. Ensuite lorsqu’il dit [143] : ¨ Certes, Phédon etc.¨ Il rejette la disposition des lois de Socrate quant aux différences qu’elle faisait dans la cité. Et à ce sujet il fait quatre choses. Et en premier lieu il montre comment, relativement à ce partage, Socrate était en désaccord avec les autres législateurs[143]. Et il dit qu’un législateur de Corinthe du nom de Phédon disait qu’il y a deux choses à observer dans la cité, dont la première est que les propriétés familiales des citoyens devaient demeurer égales entre elles en richesse et en dignité même si au début elles avaient été attribuées au sort inégalement: ( mais comment elles peuvent être ramenées à des dimensions égales, nous le dirons plus tard); la deuxième est que la foule des citoyens devait toujours demeurer égale. Mais c’est tout le contraire qu’on retrouve dans les lois de Socrate : car il ne règle rien sur la manière de conserver égale la foule des citoyens et il ne fixe rien non plus sur la manière de conserver égales les richesses des citoyens; mais il permet que certains possèdent de plus grandes richesses que d’autres, ainsi qu’il le dira plus tard; mais ce qui est préférable quant à nous, c’est-à-dire s’il faut que les citoyens possèdent des richesses égales ou non, nous le déterminerons plus tard. |
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[79304] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 17 Secundo, ibi derelictum autem est etc.,
improbat legem Socratis quantum ad distinctionem principum. Et dicit quod per
leges Socratis non fuit determinatum quomodo deberent distingui principes a
subditis, cum tamen ipse diceret quod oporteret aliquam distinctionem esse
inter eos, ut sicut ex alia materia fit filatum lanae quam filatum lini, ita
ex alia conditione oporteret aliquos assumi in principatum et remanere
aliquos in subiectione: non enim poterat eos distinguere per originem generis
ex quo ponebat pueros et uxores communes. |
239. Deuxièmement, là [1431] où il dit : ¨ Mais on a omis dans ces lois etc.¨, il rejette la loi de Socrate quant à la distinction des magistrats. Et il dit qu’au moyen des lois de Socrate on n’a pas précisé la manière dont les magistrats devaient être distingués de ceux qu’ils gouvernent alors que lui-même disait qu’il fallait qu’il y ait une différence entre eux tout comme on obtient le fil de laine à partir d’une matière qui est autre que celle du fil de lin tout comme il fallait que ceux qui sont choisis pour gouverner viennent d’une condition différente de ceux qui doivent demeurer dans la subordination; en effet, on ne pouvait les différencier par l’origine du sang du fait qu’il prônait la mise en commun des femmes et des enfants. |
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[79305] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 18 Tertio, ibi, quoniam autem omnem substantiam
etc. improbat positionem Socratis quantum ad distinctionem possessionum; et
dicit quod Socrates permittebat quod in rebus mobilibus divitiae unius
multiplicarentur supra divitias alterius in quincuplum; et pari ratione
poterat permittere idem in possessione terrae, ut non faceret omnes agros
communes. |
240. Troisièmement, là [1432] où il dit : ¨ Mais puisque l’ensemble des biens etc.¨, il rejette la position de Socrate quant au partage des biens: et il dit que Socrate permettait, pour ce qui est des biens mobiliers, que les richesses d’une personne s’accroissent jusqu’au quintuple des richesses d’un autre; et pour la même raison il aurait pu permettre la même chose pour ce qui est de la possession de la terre, puisqu’il ne mettait pas de l’avant la mise en commun de toutes les terres. |
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[79306] Sententia Politic., lib. 2 l. 6 n. 19 Quarto, ibi, et domiciliorum autem etc.,
improbat distinctionem Socratis quantum ad domos. Et dicit quod oportet
considerare ne forte distinctio domorum, quam introducebat Socrates, non sit
utilis oeconomicae. Dicebat enim quod quilibet civis debebat habere duo
domicilia, forte propter separationem filiorum: sed hoc est difficile quod
aliquis habeat tantam familiam quod possit inhabitare duas domos; et etiam
damnosum oeconomicae, ut unus homo faciat duas expensas in duabus familiis. |
241. Quatrièmement, là [1433] où il dit : ¨ Et la répartition des résidences etc.¨, il rejette la distinction que Socrate fait quant aux résidences. Et il dit qu’il faut examiner si la distinction des résidences qu’introduisait Socrate ne nuit pas à l’administration domestique. Il disait en effet que tout citoyen devait avoir deux maisons en raison peut-être de la séparation des enfants; mais il est difficile à quelqu’un d’avoir une famille telle qu’il doive habiter deux maisons; et cela de plus est dommageable à l’administration domestique qu’un homme doive avoir la charge financière de deux familles. |
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LEÇON 7 (nn. 242-253; [144-152]) ─ La république
de Socrate est rejetée sous le rapport de ce qui fait la valeur des
magistrats.
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Leçon 7 |
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[79307] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 1 Coordinatio autem tota et cetera. Postquam
Aristoteles improbavit positionem Socratis quantum ad disciplinas legum, hic
improbat eam quantum ad ordinem civitatis. Et primo quantum ad populum.
Secundo quantum ad principes, ibi, quidam quidem igitur dicunt et cetera. Ad evidentiam autem
eorum quae hic dicuntur, considerandum est, quod sex sunt species
ordinationis civitatum, ut in tertio dicetur. Omnis enim civitas, aut regitur ab uno, aut a paucis,
aut a multis. Si ab uno; aut ille unus est rex, aut tyrannus. Rex quidem, si
sit virtuosus tenens communem utilitatem subditorum. Tyrannus autem, si sit
malus omnia retorquens ad suum commodum, utilitate subditorum contempta. Si
vero regatur civitas a paucis; aut illi eligentur propter virtutem qui bonum
multitudinis procurent; et tale regimen dicitur aristocratia id est potestas
virtuosorum vel optimorum. Aut eligentur aliqui pauci propter potentiam, aut
divitias, et non propter virtutem, qui omnia quae sunt multitudinis ad suam
propriam utilitatem retorquebunt; et tale regimen dicitur oligarchia, id est
principatus paucorum. Si vero civitas regitur a multis, similiter, siquidem
regatur a multis virtuosis, tale regimen vocabitur communi nomine politia.
Non autem contingit multos inveniri virtuosos in civitate, nisi forte
secundum bellicam virtutem: et ideo hoc regimen est quando viri bellatores in
civitate dominantur. Si vero tota multitudo populi dominari velit, vocatur democratia
id est potestas populi. |
242. Après avoir rejeté la position de Socrate quant aux dispositions des lois, Aristote la rejette ici quant à l’organisation de la cité. Et il le fait en premier lieu à l’égard du peuple [144] et deuxièmement à l’égard des magistrats, là [146] où il dit : ¨ Certes, il y en a qui etc.¨. Pour manifester ce qui est dit ici, il faut considérer qu’il existe six espèces d’organisations des cités, ainsi que nous le dirons au troisième livre. En effet, toute cité est gouvernée soit par un seul, soit par un petit nombre, soit par une multitude. Si la cité est gouvernée par un seul homme, celui-là sera soit un roi, soit un tyran. Il sera roi si, vertueux, il veille au bien commun de ses subordonnés; il sera tyran si, mauvais, il détourne tout à son avantage au mépris du bien de ses subordonnés. Si en vérité la cité est gouvernée par un petit nombre ou par quelques personnes, soit ces dernières seront choisies en raison de leur vertu et travailleront au bien commun de la multitude: et un tel régime s’appelle le pouvoir des nobles ou l’aristocratie; soit elles seront choisies en raison de leur puissance ou de leurs richesses mais non en raison de leur vertu et ils détourneront à leur propre avantage tout ce qui appartient à la multitude des citoyens: et un tel régime s’appelle une oligarchie. Mais si en vérité la cité est gouvernée par une multitude, de la même manière si elle est menée par un grand nombre d’hommes vertueux, un tel régime sera appelé du nom commun de Politie. Mais il n’est pas fréquent de retrouver dans la cité un grand nombre d’hommes vertueux, à l’exception de ceux qui possèdent une vertu guerrière et alors ce régime trouve à s’appliquer dans la cité quand ce sont les guerriers qui gouvernent. Si en vérité c’est l’ensemble du peuple qui désire le pouvoir alors ce régime s’appelle le gouvernement du peuple ou démocratie. |
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[79308] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 2 Dicit ergo primo, quod secundum legem Socratis
tota coordinatio multitudinis, scilicet civitatis, neque est democratia,
neque oligarchia, sed est media horum, quam communi nomine nominant aliqui
politiam; et consistit ex his qui utuntur armis. Cum enim Socrates
multitudinem civitatis divideret in duas partes, quarum una erat pugnatorum,
alia artificum et agricolarum (agricolas autem oportet in agris manere)
relinquitur quod quasi multitudo habitantium civitatem esset virorum
bellatorum. |
243. Il dit donc en premier lieu [144] que d’après la loi de Socrate l’ensemble de l’organisation du peuple, c’est-à-dire de la cité, n’est assumé ni par un gouvernement du peule ni par l’autorité d’un petit nombre mais par un régime intermédiaire que certains appellent politie et qui est composé de ceux qui sont en armes. Et puisque Socrate divisait la foule des citoyens en deux parties, dont l’une était constituée des guerriers et l’autres des agriculteurs et des artisans et que les agriculteurs devaient demeurer dans les champs, il s’ensuit que la presque totalité de ceux qui habitaient la cité étaient des guerriers. |
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[79309] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 3 Deinde cum dicit siquidem igitur ut
communissimam etc., ostendit quantum ad quid bene dixit, et quantum ad quid
male. Et dicit quod si ipse instituit talem ordinationem tamquam
communissimam inter alias politias, forte bene dixit. Nam oligarchia est
solum magnorum: democratia vero est solum infirmorum: haec vero politia est
ex his qui sunt medii inter utrosque: unde communior est, utpote cum
utriusque participans. Sed si ipse instituit talem ordinationem quasi optimam
post primam, non bene dixit. Primam autem ordinationem dicit regnum, vel quia
est prima tempore (a principio enim omnes civitates regibus regebantur), vel
quia est optima dummodo rex sit bonus. Post hanc autem primam politiam non
potest dici quod politia virorum bellantium sit optima; multo enim melior est
aristocratia, quae est principatus virtuosorum, per quem modum regebantur
Lachoni vel si qui alii cives adhuc magis aristocratice reguntur. [79310] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 4 Deinde cum dicit
quidam quidem igitur dicunt etc., improbat ordinem quem Socrates in civitate
statuebat quantum ad principes. Et circa hoc duo facit. Primo ponit
positionem eius. Secundo improbat eam, ibi, quas aut omnino et cetera. Circa
primum duo facit. Primo proponit quod expedit in civitatibus commisceri
praedicta regimina. Secundo ostendit qualiter Socrates commiscebat, ibi, in
legibus autem iis dictum est et cetera. Dicit ergo primo, quod quidam dicunt
quod optimum regimen civitatis est quod est quasi commixtum ex omnibus
praedictis regiminibus. Et huius ratio est, quia unum regimen temperatur ex
admixtione alterius, et minus datur seditionis materia, si omnes habeant
partem in principatu civitatis; puta si in aliquo dominetur populus, in
aliquo potentes, in aliquo rex: et secundum hoc maxime laudabitur ordinatio
civitatis Lacedaemoniorum: de qua tamen erant duae opiniones. Quidam enim
dicebant eam componi ex tribus civilitatibus, scilicet ex oligarchia, id est
principatus divitum, et monarchia, id est potestate unius, et democratia, id
est potentia populi: habebant enim in civitate regem, quod pertinebat ad
monarchiam: habebant etiam seniores quosdam ex maioribus civitatis assumptos,
quod pertinebat ad oligarchiam: habebant etiam quosdam principes qui eligebantur
ex populo, et vocabantur ephori, idest provisores, et hoc pertinebat ad
democratiam. Aliorum autem opinio fuit quod principatus ephororum pertineret
ad tyrannidem, quia pro voluntate dominabantur; sed erant in civitate alii
principatus qui disponebant de conviviis communibus et de aliis pertinentibus
ad quotidianam vitam civitatis, puta de victualibus et aliis rebus venalibus;
et id dicebant pertinere ad democratiam. |
244. Ensuite lorsqu’il dit [145] : ¨ Si donc etc.¨. Il dit que si Socrate institua cette constitution comme la plus accessible de toutes, il a peut-être bien parlé. Car l’oligarchie s’adresse seulement aux puissants et la démocratie seulement aux petits, alors que la politie s’adresse à ceux qui sont intermédiaires entre les premiers et les derniers; de là il suit qu’elle est plus accessible puisqu’elle participe des deux autres. Mais s’il institua cette constitution en la considérant comme la meilleure après sa première constitution, il a tort. Cette première constitution, il l’a appelée monarchie soit parce qu’elle est la première selon le temps (à l’origine en effet toutes les cités sont gouvernées par des rois) soit parce qu’elle est la meilleure dans la mesure où le roi est bon. Mais après cette première constitution on ne peut dire que la politie des hommes en armes soit la meilleure; en effet, est de loin préférable l’autorité des hommes vertueux par laquelle étaient gouvernés les Lacédémoniens ou encore le pouvoir des nobles sur les autres citoyens. 245. Ensuite lorsqu’il dit [146] : ¨ Certes, il y en a qui etc.¨. Il rejette l’organisation que Socrate instituait dans la cité à l’égard des magistrats. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il présente la position de Socrate [146]. Deuxièmement il la rejette là [1471] où il dit : ¨ Ces formes que soit absolument etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il expose qu’il est avantageux aux yeux de Socrate que la meilleure constitution dans la cité doive être un mélange des constitutions précédentes [146]. Deuxièmement il montre de quelle manière Socrate voyait ce mélange là [147] où il dit : ¨ Mais dans ces Lois etc.¨. Il dit donc en premier lieu [146] que certains disent que la meilleure constitution pour la cité est celle qui est comme le mélange de toutes les constitutions précédentes. Et la raison en est qu’une forme de constitution se trouve alors à être comme modérée par son mélange aux autres et qu’elle prête moins le flanc à la sédition si tous prennent part au pouvoir de la cité, par exemple si c’est le peuple qui détient le pouvoir quant à ceci, si ce sont les puissants qui commandent quant à cela et si c’est le roi qui détient l’autorité sous un autre rapport. Et c’est d’après cette vue qu’on louait au plus haut point la constitution de la cité des Lacédémoniens au sujet de laquelle cependant s’élevaient deux opinions. En effet certains disaient que cette dernière était composée de trois formes de gouvernement: l’oligarchie, la monarchie et la démocratie. Les Lacédémoniens avaient en effet un roi dans la cité, ce qui se rapporte à la monarchie; ils avaient aussi un conseil des Anciens issus des plus importants personnages de la cité, ce qui se rapporte à l’oligarchie; enfin ils étaient aussi gouvernés par des magistrats qui avaient été choisis parmi le peuple et qu’on appelait les Éphores, c’est-à-dire ceux qui prévoient, et cela se rapporte à la démocratie. L’opinion des autres était que l’autorité des Éphores correspondait à une tyrannie puisque ces derniers ne gouvernaient que d’après leurs seuls désirs; mais dans la cité autres étaient les autorités qui disposaient des repas en commun et des autres choses se rapportant à la vie quotidienne de la cité, par exemple des aliments et des choses à acheter; et ils disaient que cette dernière forme d’autorité se rapportait à la démocratie. |
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[79311] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 5 Deinde cum dicit in
legibus autem etc., ostendit quomodo Socrates commiscebat suam politiam: et
dicit, quod in legibus Socratis dictum est, quod optima politia debet componi
ex tyrannide et democratia; forte propter hoc, ut potentia populi
refrenaretur per potentiam tyranni, et iterum quod potentia tyranni
refrenaretur per potentiam populi. |
246. Ensuite lorsqu’il dit [147] : ¨ Dans les Lois etc.¨. Aristote montre de quelle sorte de mélange était fait le régime politique de Socrate : et il dit que dans ses Lois, Socrate dit que le meilleur régime politique est celui qui est un mélange de tyrannie et de démocratie, peut-être pour cette raison que le pouvoir du peuple soit modéré par celui du tyran et que le pouvoir du tyran soit freiné par celui du peuple. |
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[79312] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 6 Deinde cum dicit quas aut omnino etc., improbat
quantum ad hoc Socratis dictum. Et primo ostendit hanc ordinationem secundum
se inconvenientem esse. Secundo ostendit, quod ea, quae statuebat, non erant
convenientia huic commixtioni, ibi, deinde neque habens videtur et cetera.
Dicit ergo primo, quod praedictae duae politiae, scilicet tyrannis et
democratia, vel non sunt dicendae politiae, quia non sequuntur ordinem
rationis, sed impetum voluntatis: vel sunt dicendae pessimae inter omnes:
unde inconveniens est, quod ex pessimis politiis componatur optima politia.
Multo igitur melius faciunt illi, qui ex pluribus politiis commiscent
ordinationem civitatis: quanto enim est ex pluribus commixta, tanto melior
est, quia plures habent partem in dominio civitatis. |
247. Ensuite lorsqu’il dit [1471] : ¨ Ces formes que soit etc.¨. Et quant à cela il rejette les dires de Socrate. Et en premier lieu il montre que cette forme de constitution est en elle-même inconvenante [1471]. Deuxièmement il montre que ce que Socrate avait statué ne correspondait pas au mélange de cette sorte de constitution, là [148] où il dit : ¨ Ensuite à ces choses ne etc.¨. Il dit donc en premier lieu [147] que les deux régimes politiques qui précèdent, à savoir la tyrannie et la démocratie, ou bien on ne doit pas les appeler des constitutions parce qu’ils n’obéissent pas à l’ordre de la raison mais au mouvement de la volonté, ou bien on doit les appeler les pires de tous; d’où il ne convient pas que la meilleure constitution soit composée de celles qui sont les pires. Donc, ceux-là font beaucoup mieux qui composent la constitution de leur cité à partir d’un plus grand nombre de constitutions : en effet, une constitution est d’autant meilleure qu’elle est le mélange du plus grand nombre de constitutions car ainsi c’est un plus grand nombre qui participe au gouvernement de la cité. |
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[79313] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 7 Deinde cum dicit deinde, neque habens etc.,
improbat dictum Socratis quantum ad ea quae instituebat, (quae) non
conveniebant commixtioni praedictae. Et circa hoc duo facit. Primo ostendit,
quod ea quae statuebat Socrates, non conveniebant praedictae commixtioni.
Secundo, quod erant secundum se periculosa, ibi, habet autem, et circa
electionem et cetera. Circa primum tria facit. Primo proponit quod intendit.
Secundo manifestat propositum, ibi, palam autem ex principantium et cetera. Tertio
ostendit quomodo praedicta commixtio fieri posset, ibi, quomodo quidem igitur
et cetera. Dicit ergo primo, quod cum Socrates vellet commiscere politiam ex
democratia et tyrannide, quae est monarchia quaedam, siquis consideret ea,
quae ipse statuit, nihil est ibi monarchicum, id est pertinens ad principatum
unius: sed omnia sunt oligarchica et democratica, id est pertinentia ad
potentes, vel populum; sed magis declinat sua ordinatio ad oligarchiam. |
248. Ensuite lorsqu’il dit [148] : ¨ Ensuite, ne etc.¨. Il rejette l’affirmation de Socrate parce que les choses qu’il avait établies ne correspondent pas au mélange qui précède. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il montre que ce que Socrate avait établi dans sa constitution ne correspondait pas au mélange qui précède [148]. Deuxièmement, il montre que ce mélange comporte de lui-même des dangers là [152] où il dit : ¨ Il y a un danger cependant d’avoir parmi etc.¨ Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il présente son propos [148]. Deuxièmement il le manifeste là [149] où il dit : ¨ Mais clairement etc.¨. Troisièmement il montre comment le mélange qui précède pouvait se produire, là [151] où il dit : ¨ Ainsi donc, etc.¨. Il dit donc en premier lieu [148] que puisque Socrate voulait faire de sa constitution un mélange de démocratie et de tyrannie, laquelle est une certaine forme de monarchie, si on considère les choses qu’il a statuées dans ce régime, on n’y retrouve rien qui appartienne à la monarchie mais elles se rapportent toutes à l’oligarchie, c’est-à-dire aux puissants, et à la démocratie, c’est-à-dire au peuple; mais son régime se tourne davantage vers l’oligarchie. |
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[79314] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 8 Deinde cum dicit palam autem etc., ostendit
propositum. Et primo circa electionem principum. Secundo circa electionem
consiliorum, ibi, oligarchicam autem et cetera. Dicit ergo primo, quod hoc
quod dictum est, manifestum est ex institutione principum, quam Socrates
determinat: dicit enim quod debebant aliqui eligi ex quibus per sortem
assumerentur principes: et hoc commune erat et democratiae et oligarchiae,
quia isti electi erant et de populo et de maioribus. Sed quaedam alia
instituebat pertinentia ad oligarchiam: scilicet quod ad divites civitatis
pertineret convocare multitudinem, et quod ipsi deferrent principes electos
ad populum; et omnia huiusmodi, quae pertinebant ad communitatem civitatis
volebat fieri per divitiores, et in his alios dimittebat: similiter etiam
oligarchicum erat, quod volebat plures principes fieri ex divitibus, et in
maioribus officiis constitutos. |
249. Ensuite lorsqu’il dit [149] : ¨ Mais manifestement etc.¨. Il manifeste son propos. Et en premier lieu à l’égard de l’élection des magistrats [149]. Deuxièmement à l’égard des conseillers, là [150] où il dit : ¨ Et de s’efforcer de prendre de nombreux etc.¨. Il dit donc en premier lieu [149] que ce qu’il vient de dire apparaît clairement à partir de l’institution des magistrats déterminée par Socrate: il dit en effet que les magistrats devaient être choisis par tirage au sort parmi des candidats élus; et ce mode de nomination était commun à la fois à la démocratie et à l’oligarchie car ces élus provenaient du peuple et des puissants. Mais Socrate avait fixé d’autres points qui se rapportaient à l’oligarchie : à savoir qu’il appartenait aux riches de la cité de convoquer les assemblées et de présenter les magistrats élus au peuple; et toutes ces tâches qui se rapportaient au bien commun de la cité et auxquelles d’autres étaient admis, il désirait qu’elles naissent d’un partage : tout cela relevait du régime oligarchique, tout comme de tirer le plus grand nombre de magistrats de la classe des riches et d’établir les plus hauts magistrats dans les charges les plus élevées. |
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[79315] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 9 Deinde cum dicit oligarchicam autem etc., dicit
quomodo in electione consiliariorum declinabat ad oligarchiam: et dicit, quod
secundum Socratem cives distinguebantur per quatuor gradus, et ex omnibus
gradibus aliqui erant, qui eligebant consiliarios: sed omnes, qui erant de
prima honorabilitate, ex necessitate cogebantur ad eligendum: illi vero qui
erant in secunda honorabilitate, non omnes eligebant, sed aliqui aequales
numero primis; et tamen isti etiam ex necessitate cogebantur eligere. Deinde
ex tertio gradu eligebantur aliqui aequales, et similiter ex quartis: sed
tamen non erat necessarium, quod omnes qui eligebantur ex tertiis vel quartis
eligerent; sed ex quarto gradu qui erat quartorum, nullus poterat eligere
consiliarios, nisi illi qui erant de primo vel de secundo gradu: et ita
dicebat Socrates, quod aequalis numerus consiliariorum proveniebat de
quolibet gradu civitatis. Sed hoc non est necessarium: quinimo semper erunt
plures et meliores ex maximis honorabilitatibus, eo quod populares non omnes
eligent, cum non habeant necessitatem eligendi. |
250***. Ensuite lorsqu’il dit [150] : ¨ Et s’efforcer etc.¨. Il dit comment pour l’élection des conseillers Socrate penchait vers l’oligarchie : et il dit que d’après Socrate les citoyens se partageaient en quatre classes et dans toutes les classes les citoyens élisaient des conseillers: cependant tous ceux qui faisaient partie de la première classe étaient obligés de voter; ceux qui étaient de la deuxième classe n’étaient pas tous obligés de voter mais seulement ceux qui étaient en nombre égal à ceux de la première classe; et cependant ceux-là aussi étaient obligés de voter. Ensuite un nombre égal de candidats était choisi par les citoyens de la troisième classe tout comme par ceux de la quatrième classe; cependant le vote n’était pas obligatoire pour tous les citoyens dans le cas des candidats de la troisième ou de la quatrième classe; mais pour ce qui était des conseillers de la quatrième classe, nul ne pouvait les choisir sauf les citoyens de la première et de la deuxième classe. Et ainsi Socrate disait qu’un nombre égal de conseillers provenait de chaque classe de la cité. Mais il n’en était pas nécessairement ainsi : au contraire il y aura toujours des conseillers en plus grand nombre et en meilleure qualité provenant des classes les plus élevées du seul fait que ce n’est pas tout le peuple qui vote par suite de la non obligation pour tous de voter. |
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[79316] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 10 Deinde cum dicit quomodo quidem igitur etc.,
dicit, quod ex his quae dicta sunt, potest esse manifestum qualiter oporteat
institui politiam ex democratia et monarchia: et iterum ex his, quae dicentur
posterius, quando inciderit consideratio de politia sic commixta. |
251. Ensuite lorsqu’il dit [151] : ¨ Comment certes etc.¨. Il dit qu’à partir de ce qui a été dit, il est manifeste de quelle manière il faut instituer une constitution à partir d’une démocratie et d’une monarchie : et encore une fois on le verra à partir de ce qu’on dira par la suite quand viendra le moment de considérer une constitution composée de la sorte. |
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[79317] Sententia Politic., lib. 2 l. 7 n. 11 Deinde cum dicit habet autem et circa
electionem etc., ostendit, quod electio principum quam Socrates instituebat,
est periculosa. Et dicit, quod periculosum est civitati, quod Socrates
instituebat circa electionem principum, ut scilicet ex aliquibus electis,
alii electi eligerentur. Illi enim primi electi ex quibus eliguntur
principes, sunt pauci respectu totius multitudinis civitatis, et ideo
facilius erit eos pervertere quam totam multitudinem: unde si sint aliqui qui
velint semper institui in principatu, etiam si sint mediocres multitudine,
semper ad horum voluntatem eligentur principes, quia mutuo se eligent, et
mutuo sibi succedent in principatibus. |
252. Ensuite lorsqu’il dit [152] : ¨ Mais il y a un danger etc.¨. Il montre que le choix des magistrats institué par Socrate comporte un danger. Et il dit que ce qui a été institué par Socrate touchant l’élection des magistrats est dangereux pour la cité, c’est-à-dire que ce soit à partir de candidats eux-mêmes élus que les magistrats soient choisis*. En effet, ces premiers élus, à partir desquels les magistrats sont choisis, sont peu nombreux comparativement à l’ensemble de la population de la cité et pour cette raison il leur sera plus facile qu’à la multitude de corrompre le système : par conséquent si certains aspirent à être établis en permanence en autorité, même s’ils sont peu nombreux, grâce à des alliances, ils éliront toujours des magistrats suivant leur volonté. |
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[79318] Sententia Politic.,
lib. 2 l. 7 n. 12 Ultimo epilogando concludit, quod ea quae sunt in
legibus, circa politiam Socratis habent hunc praedictum modum. |
253. En dernier lieu il termine par un résumé [152]. Et il dit que c’est de cette manière que se présente ce qui est exposé dans les Lois par Socrate touchant la constitution. |
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Lectio
8 |
LEÇON 8 (nn. 254-268; [153-161]) ─ Examen et
condamnation des lois instituées par Phaléas le Carthaginois.
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Leçon 8 |
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[79319] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 1 Sunt autem quaedam et cetera. Postquam
philosophus disputavit de politia Socratis sive Platonis, hic prosequitur de
politia cuiusdam qui Phaleas dicebatur. Et circa hoc tria facit. Primo narrat
eius ordinationem. Secundo approbat eam quantum ad id quod bene dicebat, ibi,
quia quidem igitur habet et cetera. Tertio improbat eam quantum ad id in quo
deficiebat, ibi, sed est aequalitatem et cetera. Circa primum duo facit.
Primo comparat istam politiam et sequentes ad praecedentem ordinationem
Socratis vel Platonis. Secundo enarrat huius politiae ordinationem, ibi, videtur enim
quibusdam et cetera. Dicit ergo
primo, quod praeter praedictas politias Socratis vel Platonis sunt etiam
quaedam aliae politiae, idest ordinationes civitatum, quarum quaedam sunt ab
idiotis et illiteratis inventae, quaedam vero sunt adinventae a philosophis
et a quibusdam hominibus, qui fuerunt prudentes et experti in civili
conversatione; et earum quaedam sunt constitutae tantum a suis auctoribus,
ita tamen, quod in nulla civitate observantur; quaedam vero sunt secundum
quas aliqui civiliter conversantur. Omnes autem huiusmodi politiae
propinquius se habent ad invicem, et ad id quod est conveniens civitati, quam
ambae praedictae politiae Socratis vel Platonis, quarum prima supra posita
est de communitate mulierum, et filiorum et possessionum: alia vero posterius
de legibus ab eo scriptis. Nullus enim alius legislator
adinvenit, neque communitatem filiorum et uxorum, quod pertinet ad primam
politiam Socratis, neque ordinavit aliquid circa convivia mulierum, quod
pertinet ad secundam, ut ex praedictis patet; sed incipiunt ordinare
civitatem ab his quae sunt magis necessaria. |
254. Après avoir argumenté contre la constitution de Socrate ou de Platon, le Philosophe poursuit ici avec l’examen de la constitution d’un dénommé Phaléas. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il présente sa constitution [153]. Deuxièmement il l’approuve quant à ce qu’il y dit avec justesse là [156] où il dit : ¨ Donc, parce que certains etc.¨. Troisièmement il la condamne quant à ses faiblesses là [157] où il dit : ¨ Mais l’égalité est etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il compare ce régime politique et les autres au régime précédent de Socrate ou de Platon [153]. Deuxièmement il présente l’organisation de ce régime politique là [154] où il dit : ¨ En effet il semble à certains etc.¨. Il dit donc en premier lieu [153] que parallèlement aux constitutions précédentes de Socrate ou de Platon il existe encore d’autres formes de régimes politiques ou d’organisations de la cité, dont certaines ont été inventées soit par des profanes et des ignorants, et d’autres par des philosophes et des hommes prudents et versés dans la politique; et parmi elles, certaines ont été constituées seulement par leurs auteurs de telle manière cependant qu’on ne les voit appliquées dans aucune cité alors que d’autres servent de fondements d’après lesquels des hommes se fréquentent civilement. Mais tous ces autres régimes politiques ont plus d’affinité entre eux et avec ce qui convient à la cité que les deux constitutions précédentes de Socrate ou de Platon, dont la première qui a été présentée plus haut se rapporte à la mise en commun des femmes, des enfants et des biens et dont la seconde présentée plus loin se rapporte aux lois rédigées par lui. En effet aucun autre législateur n’a inventé ni la mise en commun des femmes et des enfants, ce qui se rapporte à la première constitution de Socrate, ni l’organisation des repas en commun pour les femmes, ce qui se rapporte à la deuxième ainsi que nous l’avons vu précédemment; au contraire, ils ont tous commencé à organiser la cité à partir de choses qui sont davantage nécessaires à la vie en commun. |
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[79320] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 2 Deinde cum dicit videtur enim quibusdam etc.,
narrat politiam quam Phaleas ordinavit. Et circa hoc quatuor facit. Primo
ostendit ad quid plurimi legislatorum intenderunt. Et dicit, quod quibusdam
legislatoribus visum est maxime necessarium esse, quod bene ordinetur de
substantiis, idest de possessionibus civium; quia ex his praecipue
oriuntur omnes seditiones civitatum, quas principaliter legislatores removere
intendunt. |
255. Ensuite lorsqu’il dit [154] : ¨ Il semble en effet etc.¨. Il expose la constitution instituée par Phaléas. Et à ce sujet il fait quatre choses. En premier lieu il montre ce que la plupart des législateurs ont recherché. Et il dit qu’il est apparu à certains législateurs qu’il était davantage nécessaire de bien réglementer les avoirs, c’est-à-dire les biens des citoyens; car c’est de là que naissent toutes les séditions dans les cités, ce que cherchent surtout à éviter les législateurs. |
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[79321] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 3 Deinde cum dicit propter quod Felleas etc.,
ostendit quid circa hoc Phaleas ordinaverit. Et dicit, quod ipse primus circa
hoc aliquid statuit. Voluit enim quod omnes possessiones civium essent
aequales: quod quidem dicebat non esse difficile fieri in civitatibus, quando
a principio inhabitari incipiebant, quia poterant possessiones ex aequo
dividi inter cives; sed in civitatibus inhabitatis quarum cives habent
inaequales possessiones, hoc difficilius erat: tamen cito posset reduci ad
hanc regulam per dotes, ita scilicet quod divites contrahentes cum pauperibus
darent dotes et non acciperent, pauperes autem acciperent et non darent,
quousque omnium possessiones adaequarentur. |
256. Ensuite lorsqu’il dit [155] : ¨ C’est à cause de cela etc.¨. Il montre ce que Phaléas réglementa à ce sujet. Et il dit que Phaléas fut le premier à réglementer quelque chose à ce sujet. Il voulut en effet que tous les biens des citoyens soient égaux: il disait qu’il n’était sans doute pas difficile de réaliser cela dans les cités lorsqu’à l’origine les citoyens commençaient à habiter les cités car ils pouvaient alors se partager entre eux les biens en parts égales, mais que dans les cités déjà habitées dont les citoyens possèdent des biens en quantité inégales, cela est plus difficile à réaliser; il ajoutait cependant que la situation pouvait être rapidement ramenée à cette règle de l’égalité des biens au moyen de dons, c’est-à-dire de telle manière que les riches se rapprochent des pauvres en leur faisant des dons sans en recevoir et que les pauvres les reçoivent sans en donner, jusqu’à ce que soit obtenue une répartition égale de tous les biens. |
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[79322] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 4 Tertio ibi, Plato autem leges etc., ostendit
quomodo diversimode circa hoc Plato ordinavit: dixit enim, quod nulli civium
debebat dari potestas, ut haberet divitias plusquam in quincuplum supra eum
qui minimum haberet: sed hoc est intelligendum quantum ad divitias rerum
mobilium, quia res immobiles faciebat communes. |
257. Deuxièmement, là [1551] où il dit : ¨ Mais Platon etc.¨. Il montre comment différait la réglementation de Platon à ce sujet : il disait en effet qu’aucun citoyen ne devait avoir la liberté de posséder plus que le quintuple de la propriété la plus humble; mais cela doit s’entendre des richesses se rapportant aux biens mobiliers car les biens immobiliers devaient selon lui être mis en commun. |
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[79323] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 5 Quarto ibi, oportet autem neque hoc latere
etc., ostendit in quo omnes huiusmodi deficiebant: latebat enim eos, quoniam
ex quo statuebant aliquid circa multitudinem divitiarum, oportebat etiam,
quod aliquid ordinarent circa multitudinem filiorum: puta, quod aliquis post
certum numerum, generationi operam non daret, vel quod postquam pueri essent
nati in aliquo numero, quod superexcrescentes viri mitterentur ad alias
civitates construendas, vel quocumque alio modo. Quia si numerus filiorum qui
nascuntur excedat multitudinem divitiarum, quae alicui homini taxantur,
necesse est, quod lex de aequalitate possessionum dissolvatur; puta si duorum
civium habentium aequales possessiones, unus generat quatuor filios, alius
vero unum tantum, ex necessitate sequetur, quod filii eorum non habeant
aequales possessiones. Et propter hoc, quod solvitur lex, sequitur etiam
aliud malum; scilicet, quod multi qui nascuntur ex divitibus fiant pauperes,
dum substantia unius divitis in multos filios dividitur: et hoc est malum,
quia opus est ad pacem civitatis, ut filii divitum qui insolescere possunt,
non sint pauperes, quia efficerentur latrones. Sed si non taxetur alicui
quantitas possessionis, hoc non sequetur; quia secundum quod augetur ei
numerus filiorum, studebit aliquis in divitiis crescere: sic igitur, vel
nihil statuendum est circa mensuram possessionum, vel simul cum hoc
ordinandum est aliquid circa numerum filiorum. |
258. Troisièmement, là [1552] où il dit : ¨ Mais il faut etc.¨. Il montre en quoi toutes ces considérations sont fautives : en effet, ce qui leur échappait, c’était que du fait qu’ils apportaient une réglementation sur la quantité des richesses, ils devaient aussi apporter une réglementation sur la quantité des enfants : en effet, il arrivait que certains, après avoir eu un certain nombre d’enfants, ne prenaient plus soin de leur descendance ou que suite à leur naissance en telle quantité, les hommes nés en surplus étaient envoyés pour fonder d’autres cités. Car si le nombre des enfants qui naissent dépasse la quantité de richesses qui est fixée pour un homme il est nécessaire que la loi sur l’égalité des biens doive être abrogée; car si de deux citoyens possédant des biens égaux l’un engendre quatre enfants et l’autre un seul, il s’ensuit nécessairement que leurs enfants ne posséderont pas des biens en quantité égale et que la loi devra être abrogée. Mais un autre mal découle de cela, à savoir que ceux qui naissent d’un milieu riche seront nombreux à devenir pauvres puisque la fortune d’un riche sera partagée entre de nombreux enfants; et cela est un mal car c’est de travailler à la paix de la cité de faire en sorte que les enfants des riches, qui peuvent devenir arrogants, ne deviennent pas pauvres car ils se transformeraient en voleurs. Mais par ailleurs, si on n’impose pas à quelqu’un une quantité déterminée de biens, cet inconvénient n’apparaîtra pas car au fur et à mesure que s’accroîtra le nombre de ses enfants, un homme s’appliquera à augmenter ses richesses : ainsi donc, ou bien il ne faut rien statuer sur la quantité des biens ou bien si on le fait au contraire, il faudra simultanément établir une réglementation sur le nombre des enfants. |
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[79324] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 6 Deinde cum dicit quia quidem igitur etc.,
approbat praedictam ordinationem quantum ad hoc, quod ordinabat aliquid circa
mensuram substantiarum, ne videatur propter praedicta inconvenientia ea
reprobasse. Approbat autem hoc duplici ratione. Primo quidem per auctoritatem
antiquorum legislatorum; et dicit, quod quidam antiquorum legislatorum videntur
cognovisse, quod regulare substantias civium, habet magnam virtutem ad
civilem communitatem bene conservandam: unde Solon, qui fuit unus de septem
sapientibus, et statuit leges Atheniensium posuit pro lege, quod etiam apud
alios observatur, ut non possit quis acquirere de terra ad possidendum
quantumcumque voluerit, sed usque ad aliquem certum terminum: similiter etiam
leges quaedam sunt in aliquibus civitatibus, quae prohibent, ne homines
vendant suas possessiones: sicut in civitate Locrorum, quae est in Calabria,
lex fuit antiquitus, ut nullus venderet possessionem, nisi monstraretur quod
accidisset ei aliquod grave infortunium, puta quod esset captus ab hostibus,
vel aliud aliquid huiusmodi passus. Similiter etiam leges aliquae sunt
ordinantes, quod antiquae sortes civium conserventur illesae: et haec omnia
pertinent ad hoc, quod substantiae civium regulentur. |
259. Ensuite lorsqu’il dit [156] : ¨ Car certains etc.¨. Il approuve la réglementation qui précède quant à ceci qu’elle établit une réglementation sur la quantité des biens, afin qu’il ne paraisse pas la rejeter à cause des inconvénients précédents. Et il l’approuve par deux raisons. Et en premier lieu au moyen de l’autorité des anciens législateurs; et il dit que certains parmi les anciens législateurs ont semblé avoir compris qu’une réglementation sur les biens des citoyens joue un grand rôle sur la conservation de la communauté civile : d’où Solon, qui fut l’un des sept sages et un législateur pour les Athéniens, établit comme loi, tout comme d’autres législateurs l’ont fait par ailleurs, qu’on ne pouvait pas acquérir des terres à volonté mais seulement jusqu’à une limite déterminée; de même encore dans certaines cités on retrouve certaines lois qui interdisent aux hommes de vendre leurs propriétés, comme dans la cité des Locriens, en Calabre, où il y avait une loi ancienne qui interdisait à tout homme de vendre sa propriété, à moins de pouvoir montrer qu’il était tombé dans un grand malheur, comme d’avoir été capturé par des ennemis ou d’avoir souffert quelque autre infortune. De la même manière certaines lois avaient été établies pour conserver intacts certains lots des citoyens qui avaient été anciennement tirés au sort: et toutes ces lois contribuent à réglementer les biens des citoyens. |
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[79325] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 7 Secundo ibi, hoc autem solutum etc., ostendit
idem per inconvenientia quae sequuntur: et dicit, quod quia hoc fuit
permissum in quadam civitate, consecutum est quod eorum politia esset multum
democratica, id est popularis; quia cum indifferenter cuilibet liceret
possessiones emere, factum est quod multi popularium sunt exaltati, et
maiores depressi: et ita sequebatur, quod non eligerentur homines ad
principatus ex aliquibus determinatis dignitatibus civium, propter
confusionem supervenientem in conditionibus civium. [79326] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 8 Deinde cum dicit
sed est aequalitatem quidem etc., improbat praedictam ordinationem. Et primo
quantum ad hoc, quod aliqua praetermisit. Secundo quantum ad hoc, quod
substantias non convenienter regulavit, ibi, similiter autem et de
possessione et cetera. Tertio, quantum ad hoc, quod de artificibus
inconvenienter assignavit, ibi, videtur autem ex legislatione et cetera.
Circa primum tria facit. Primo ostendit, quod praetermisit ea quae pertinent
ad disciplinam civium. Secundo, quod praetermisit ea quae pertinent ad pacem
civitatis, ibi, adhuc dissident et cetera. Tertio ex hoc, quod praetermisit
ea, quae pertinent ad civilem conversationem, ibi, adhuc multa opus est et
cetera. |
260. Deuxièmement, là où il dit [1561] : ¨ Ce qui, ayant été retiré, etc.¨. Il montre son approbation au moyen des inconvénients qui suivent : et il dit que parce qu’il fut permis d’abroger cette loi dans certaines cités, il arriva que leur régime politique se démocratisa considérablement; car comme il était permis à tout homme indifféremment d’acheter des propriétés, il arriva que de nombreuses personnes du peuple furent élevées et que de nombreux nobles furent abaissés; et ainsi il s’ensuivit que les hommes ne furent plus élus à la magistrature à partir de classes de citoyens déterminées en raison d’une confusion découlant des conditions de fortune des citoyens. 261. Ensuite lorsqu’il dit [157] : ¨ Mais l’égalité est etc.¨. Il rejette la réglementation qui précède. Et en premier lieu il le fait parce qu’elle omet certaines choses [157]. Deuxièmement, il le fait parce qu’elle ne réglemente pas correctement les biens, là [160] où il dit : ¨ Mais de la même manière etc.¨. Troisièmement il le fait parce que cette réglementation fit aux artisans une attribution qui ne convenait pas, là [161] où il dit : ¨ Mais on voit etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il montre qu’elle omet certaines choses se rapportant à l’éducation des citoyens [157]. Deuxièmement il montre qu’elle omet certaines choses se rapportant à la paix de la cité, là [158] où il dit : ¨ De plus ils se soulèvent etc.¨. Troisièmement il la rejette du fait qu’elle omet certaines choses qui se rapportent aux relations sociales* à l’intérieur de la cité, là [159] où il dit : ¨ De plus de nombreux etc.¨. |
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[79327] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 9 Circa primum ponit duas rationes: quarum, prima
est, quod contingit esse aequalitatem substantiae inter cives: et tamen
potest esse vel valde multa, ita quod cives ex ea delitiose vivant, et sic
civium mores corrumpantur: vel valde modica, ut vivant cives valde tenaciter,
ita quod unus alteri subvenire non possit: et utrumque eorum est nocivum ad
bonam disciplinam civium; unde manifestum est, quod non est sufficiens
legislator ex hoc, quod solum facit substantias civium aequales; sed oportet
quod ipse determinet aliquod medium, ita scilicet quod sit tanta quantitas
possessionum, ut neque superflue possint delitiis intendere, neque etiam
nimis parce vivere compellantur. |
262. Au sujet du premier point il présente deux raisons, dont la première [157] est qu’il arrive qu’il y ait égalité de biens entre les citoyens : mais il peut arriver qu’elle ait été établie beaucoup trop haute de sorte que les citoyens vivent dans le luxe et qu’ils en arrivent ainsi à des mœurs corrompues, ou qu’elle ait été établie beaucoup trop basse, de sorte qu’ils vivent dans le dénuement et qu’ils ne puissent ainsi se venir en aide mutuellement; et aucune de ces deux avenues n’est utile à la bonne éducation des citoyens; d’où il est manifeste qu’il ne suffit pas au législateur de rendre égaux les biens des citoyens mais il lui faut encore établir une égalité intermédiaire des biens telle que par elle les citoyens ne puissent ni rechercher un luxe superflu ni être contraints de vivre dans la pauvreté. |
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[79328] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 10 Secundam rationem ponit, ibi, adhuc autem si
quis et cetera. Et circa hoc duo facit. Primo ponit rationem; et dicit, quod
etiam si aliquis omnibus civibus ordinet moderatam possessionem, adhuc istud
non sufficit ad bonam vitam civium: magis enim oportet regulare interiores
concupiscentias animae, ut scilicet non immoderata concupiscant, quam exteriores
substantias, ut scilicet non immoderata habeant. Sed quod concupiscentiae
hominum regulentur, hoc non contingit nisi per hoc, quod homines sunt
sufficienter instructi per debitas leges, quas Phaleas non posuit: unde
insufficienter tradidit ea, quae pertinent ad disciplinam civium. |
263. Il présente la deuxième raison là [1571] où il dit : ¨
Mais de plus si quelqu’un etc.¨. Et à ce sujet il fait deux choses. En
premier lieu il présente cette raison; et il dit que même si on imposait à
tous les citoyens une quantité de biens égale et raisonnable, cela ne
suffirait pas encore à assurer le bien vivre des citoyens : il faudrait
bien davantage arriver à régler les concupiscences intérieures de l’âme, afin
que leurs désirs ne deviennent pas déréglés, qu’à réglementer les biens
extérieurs pour que leurs possessions ne deviennent pas démesurées. Mais pour
que les désirs des hommes parviennent à être réglés, cela ne peut arriver
qu’au moyen de ceci, à savoir que les hommes soient suffisamment éduqués
grâce à des lois justes que Phaléas n’a pas déterminées : d’où il suit
qu’il ne nous a pas suffisamment instruits sur ce qui se rapporte à
l’éducation des citoyens. |
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[79329] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 11 Secundo ibi, sed forte utique dicet etc.
excludit responsionem Phaleae: qui forte ad hanc rationem responderet, quod
utrumque oportet esse in civitate; scilicet et aequalitatem possessionis, et
aequalitatem disciplinae, ut scilicet omnes cives aequali disciplina
informentur. Sed contra hoc Aristoteles dicit, quod oportuisset eum dicere
quid est ista disciplina, qua oportet omnes cives informare. Non enim
sufficit dicere, quod sit una et eadem omnium; sed oportet eam esse talem,
per quam cives informentur, ut quidam eorum non velint excedere alios vel in
divitiis, vel in honoribus, vel simul in utrisque: unde, cum talem
disciplinam Phaleas praetermiserit, insufficiens legislator fuit. |
264. Deuxièmement, là [1572] où il dit : ¨ Mais peut-être etc.¨. Il écarte la réponse de Phaléas qui répondrait peut-être à cette raison que l’une et l’autre égalité devraient exister dans la cité, à savoir celle des biens et celle de l’éducation afin que tous les hommes soient formés par une même éducation; mais à cette affirmation Aristote réplique qu’il lui aurait fallu dire quelle est cette éducation par laquelle il est nécessaire que tous les citoyens soient formés. En effet, il ne suffit pas de dire que cette éducation soit la même pour tous mais encore faut-il préciser la nature de cette éducation grâce à laquelle les citoyens recevraient une formation telle qu’aucun d’eux ne chercherait à dépasser les autres soit pour les richesses, soit pour les honneurs, soit pour les deux à la fois : d’où il suit que puisque Phaléas a omis de donner ces précisions sur cette éducation, le travail qu’il exerça comme législateur fut insuffisant. |
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[79330] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 12 Deinde cum dicit adhuc dissident etc.,
ostendit, quod praetermisit ea quae pertinent ad pacem civitatis. Et circa
hoc ponit tres rationes: quarum prima est, quod cives dissident non solum
propter inaequalitatem possessionis, sed etiam propter inaequalitatem
honorum; sed diversimode tamen. Nam multitudo popularium de honoribus non
curat, sed solum de divitiis, et ideo dissident propter inaequalitates divitiarum;
sed homines gratiosi qui alios excellunt in operibus virtutum, dissident de
honoribus, si aequales eis reddantur, et non maiores quam aliis. Et ideo
indiget legislator ordinare aliquid circa honores: ut scilicet aliquis honor
determinetur, qui non detur nisi bonis, et alius honor sit, quo etiam malus,
idest deficiens a virtute, uti possit: et sic servabitur pax in civitate. Cum
igitur hoc Phaleas praetermiserit, insufficienter tradidit ea quae pertinent
ad pacem civitatis. |
265. Ensuite lorsqu’il dit [158] : ¨ De plus ils se soulèvent etc.¨. Il montre que Phaléas a négligé de traiter de choses qui se rapportent à la paix de la cité. Et à ce sujet il présente trois raisons, dont la première est que les citoyens se soulèvent non seulement en raison d’une inégalité des biens mais aussi en raison d’une inégalité des honneurs, mais d’une manière opposée cependant. Car la foule du peuple ne s’intéresse pas aux honneurs, mais seulement aux richesses et c’est pourquoi elle se révolte à cause de l’inégalité des richesses; mais ceux qui sont favorisés et qui dépassent les autres en œuvres de vertu se soulèvent si les honneurs qui leur sont rendus sont égaux et non supérieurs à ceux que les autres reçoivent. Et c’est pourquoi le législateur doit fixer une réglementation sur les honneurs afin qu’il existe un honneur qui ne soit attribué qu’aux bons et qu’il en existe un autre dont même le méchant, c’est-à-dire celui qui manque de vertu, puisse se servir : c’est ainsi que la paix de la cité sera préservée. Ainsi donc, puisque Phaléas a omis de donner des précisions sur ces points, ce qu’il nous a transmis sur ce qui se rapporte à la paix de la cité est insuffisant. |
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[79331] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 13 Secundam rationem ponit, ibi, non solum autem
homines etc., quae talis est. Homines quidem non solum iniuriantur aliis
propter necessaria conquirenda, quod est primum, cuius remedium esse putabat
Phaleas, quod substantiae civium essent aequales, et sic omnes necessaria
habent, et sic unus homo non spoliat alium propter vitandum frigus aut famem:
sed etiam quidam proximo iniuriantur, ut fruantur suis delectationibus, et ut
non concupiscant aliquid, quod statim non habeant: quia si sint aliqui qui
habeant maiorem concupiscentiam rerum temporalium necessariorum, id est
necessariis more Graeco, idest qui plura concupiscant quam sint eis
necessaria, propter huius medicinam, idest ut satisfaciant suae
concupiscentiae, iniuriabuntur auferentes bona aliorum vi vel dolo. Nec solum
propter hanc causam homines iniuriantur; sed etiam propter hoc, quod aliqui
volunt ita gaudere delectabilibus, quod nullas tristitias patiantur; et ideo
iniuriantur hominibus, per quos timent sibi posse inferri tristitias,
opprimendo eos. Oportet igitur, ad pacem civitatis, quod legislator excogitet
remedia contra istas tres causas iniuriandi. Illis enim qui iniuriantur
propter necessaria acquirenda, pro remedio sufficit modica possessio, et
operatio propria, per quam sibi victus aliquis acquirit. Paucis enim natura
contenta est. Sed illis qui iniuriantur propter concupiscentias
delectationum, remedium est temperantia, quae moderatur in homine
delectationum concupiscentias. Sed contra tertium, scilicet contra eos qui
iniuriantur ut non tristentur, remedium adhibet philosophia, quantum ad eos, qui
possunt eius delectationibus frui, quae sunt sine tristitia: quae etiam facit
hominem non tristari in infortuniis. Sed in aliis duobus potest homini
auxilium ferri per homines: unde cum ista duo secunda remedia Phaleas
praetermiserit, solum contra primum remedium ferens, videtur insufficienter
ordinasse. |
266. Il présente la deuxième raison là [1581] où il dit : ¨ Mais non seulement etc.¨. Et il dit que ce n’est pas seulement pour l’acquisition des choses nécessaires à la vie que les hommes causent des dommages aux autres; ce n’est là que le premier motif dont le remède, d’après Phaléas, devait être l’égalité des biens entre les citoyens qui permettrait à tous de posséder ce qui est nécessaire à la vie et empêcherait chacun de dépouiller son voisin pour éviter le froid ou la faim; mais s’ils font du tort à leur voisin, c’est aussi pour jouir de leurs plaisirs et ne pas désirer ce qu’ils ne peuvent posséder immédiatement : car s’il existe des humains qui ont des désirs à l’égard des choses temporelles qui soient plus grands que ceux qui sont nécessaires, c’est-à-dire qui désirent plus de choses que ce qui leur est nécessaire, pour s’en guérir, c’est-à-dire pour combler ces désirs ils commettront le mal en enlevant aux autres leurs biens soit par la force soit par la ruse. Et ce n’est pas seulement pour cette raison que les hommes se font du tort, mais c’est aussi pour cette raison que certains désirent à ce point jouir des plaisirs qu’ils ne peuvent supporter aucune douleur; et c’est pourquoi, en les opprimant, ils causent du tort à ces hommes de qui ils craignent que certaines douleurs pourraient leur provenir. Il faut donc, pour assurer la paix de la cité, que le législateur songe sérieusement aux remèdes correspondant à ces trois causes de dommages. En effet, pour ce qui est de ceux qui causent du tort à cause de l’acquisition des choses nécessaires à la vie, il suffira comme remède de posséder des biens modestes et d’exercer un travail qui leur convient et grâce auquel ils pourront acquérir leur nourriture. La nature en effet se satisfait de peu. Mais quant à ceux qui causent du tort aux autres en raison d’une recherche immodérée des plaisirs, leur remède est la tempérance qui règle chez l’homme les tendances aux plaisirs. Mais à l’égard de la troisième cause de dommages, c’est-à-dire à l’égard de ceux qui causent des préjudices à d’autres afin de ne pas en recevoir des souffrances, le remède qui se présente est la philosophie pour ceux qui peuvent jouir de ces plaisirs qui sont dépourvus de douleurs et qui fait que l’homme ne s’attriste pas dans le malheur. Mais dans les deux autres remèdes les hommes peuvent se porter mutuellement secours : d’où il suit que, puisque Phaléas a négligé ces deux derniers remèdes, n’apportant un remède qu’à la première cause de préjudices, sa réglementation se montre insuffisante. |
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[79332] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 14 Tertiam rationem ponit, ibi, iniuriantur et
cetera. Et dicit, quod homines maxime iniuriantur propter excellentias
divitiarum et honorum acquirendas: non autem propter necessaria conquirenda;
sicut patet de illis qui exercent tyrannidem, non quidem propter hoc ut non
patiantur frigus aut famem, sed propter praedictas excellentias. Et ideo quia
isti maxime iniuriantur in civitate, propter hoc, praemium datur magnorum
honorum in civitatibus his qui interficiunt tyrannos, non autem his qui
interficiunt alios fures. Et tamen contra iniurias tyrannorum nullum remedium
apposuit Phaleas: unde patet, quod modus ordinationis eius praebet auxilium
solum contra modicas iniurias, non autem contra magnas. |
267. Il présente la troisième raison là [1582] où il dit : ¨ Mais ils se causent du tort etc.¨. Et il dit que c’est surtout pour acquérir des richesses et des honneurs excessifs que les hommes se font du mal et non pour acquérir ce qui leur est nécessaire pour vivre, ainsi qu’on le voit chez ceux qui exercent la tyrannie, lesquels ne cherchent pas à y parvenir pour se prémunir contre le froid et la faim mais pour arriver à posséder les biens excessifs dont on vient de parler. Et c’est pourquoi, parce que ce sont ces derniers qui causent les plus grands torts dans la cité, la récompense des plus grands honneurs dans les cités est donnée à ceux qui tuent les tyrans et non à ceux qui tuent les autres voleurs. Et cependant Phaléas n’apporte aucun remède contre les crimes des tyrans : d’où l’on voit que son type de constitution ne prévoit de solutions que pour les crimes de peu d’importance et non contre les crimes majeurs. |
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[79333] Sententia Politic., lib. 2 l. 8 n. 15 Deinde cum dicit adhuc multa opus est etc.,
ostendit, quod ordinatio Phaleae insufficiens erat quantum ad civium
conversationem; quia oportet in civitate multa constitui, ex quibus cives
bene conversantur adinvicem. Oportet etiam aliqua constitui, per quae bene
conversentur ad vicinos, et ad quoscumque extraneos. Et quia inter vicinos et
extraneos quidam etiam sunt hostes, cum quibus est bellandum; ideo necesse
est etiam ponere in civitate aliquam ordinationem in comparatione ad bellicam
fortitudinem. Quae omnia praedictus legislator praetermisit: unde manifestum
est, quod insufficienter civitatem ordinavit. |
268. Ensuite lorsqu’il dit [159] : ¨ De plus, de nombreux etc.¨. Il montre que la constitution de Phaléas était insuffisante quant aux relations entre les citoyens; car de nombreux points doivent être réglés dans la cité à partir desquels les citoyens puissent avoir de bonnes relations entre eux; mais il faut encore que d’autres points soient déterminés pour qu’ils entretiennent de bonnes relations avec leurs voisins et avec ceux qui leur sont étrangers. Et parce que parmi les États voisins et étrangers il y en a qui sont des ennemis avec lesquels il faut faire la guerre, c’est pourquoi il est nécessaire d’établir dans la cité une réglementation relative à la puissance militaire. Et par rapport à toutes ces choses ce législateur n’a rien dit : d’où l’on voit que sa constitution de la cité est insuffisante. |
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Lectio
9 |
LEÇON 9 (nn. 269-275; [160-161]) ─ Aristote reprend Phaléas qui, alors qu’il prône l’égalité des domaines et des résidences, ne dit rien des esclaves et de l’argent. |
Leçon 9 |
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[79334] Sententia Politic., lib. 2 l. 9 n. 1 Similiter autem et de possessione et cetera.
Postquam philosophus improbavit politiam Phaleae quantum ad ea quae
praetermisit, quantum ad disciplinam civium, pacem civitatis, et communem
conversationem; hic improbat eam quantum ad hoc, quod insufficienter de
substantiis ordinavit. Et circa hoc ponit quatuor rationes: circa quarum
primam dicit, quod etiam de possessione non sufficienter determinavit.
Quamvis enim posuerit quamdam possessionis regulam inter cives adinvicem, ut
scilicet omnium possessiones essent aequales, non tamen determinavit quanta
deberet esse possessio totius civitatis: cuius mensuram oportet accipere, non
solum in comparatione ad sufficientiam civilium usuum qui pertinent ad victum
et vestitum civium et alia huiusmodi, sed etiam per comparationem ad pericula
quae possunt ab exterioribus imminere. Et ideo duo sunt consideranda circa
quantitatem possessionis civitatis: quorum unum est quod non sit tam magna
quod vicini potentiores alliciantur ad eam concupiscendam, ita quod cives non
possunt sustinere eorum molestias; aliud est quod non sit tam parva, ut non
sufficiat ad praeparationem belli per quod cives resistant sibi aequalibus et
similibus. Oportet ergo scire, quod multitudo possessionis prodest civitati:
quia per hoc erunt cives sufficientes non solum ad expensas vitae civilis,
sed etiam ad exercitia bellica: sed tamen optimus terminus esse videtur
multitudinis substantiae, ut non sit tanta, ut propter abundantiam cives de
levi praesumant inferre bellum suis potentioribus; sed ita ut possint secure
inferre bellum his qui non habent tantam substantiam, per quam eis possint
resistere. Vel potest aliter intelligi, ut talis terminus possessioni civium
statuatur, ut potentiores non de facili moveantur bellum civitati inferre
allecti ex abundantia possessionis eorum; sed ita se habeant ad eos sicut ad
illos qui non habent tot divitias propter quas diripiendas debeant
potentiores discrimen belli subire. |
269. Après avoir rejeté le régime politique de Phaléas quant aux points qu’il omet quant à l’éducation des citoyens, la paix de la cité et les relations ordinaires entre les hommes, le Philosophe le rejette ici en raison d’une réglementation insuffisante des biens. Et à ce sujet il présente quatre raisons, dont la première [160] dit que c’est même à l’égard des biens que Phaléas ne donna pas suffisamment de précisions. En effet, même s’il établit une certaine règle relativement à la répartition des biens entre les citoyens, à savoir l’égalité des biens, cependant il ne fixa pas la quantité totale des biens possédés par la cité dont il faut déterminer la mesure non seulement à l’égard de ce qui suffit aux besoins communs des citoyens, lesquels se rapportent aux aliments, aux vêtements et aux autres besoins de première nécessité, mais aussi à l’égard des dangers qui peuvent venir de l’extérieur. Et c’est pourquoi il faut considérer deux choses par rapport à la quantité des biens possédés par la cité, dont l’une est qu’elle ne doit pas être si grande que les voisins plus puissants ne soient enclins à les convoiter alors que les citoyens ne pourraient supporter leurs assauts, et l’autre est qu’elle ne doit pas être si petite de sorte qu’elle ne suffirait pas à se préparer à la guerre contre des ennemis égaux et de même force. Il faut donc savoir que l’abondance des richesses profite à la cité: car c’est par elle que les citoyens seront capables non seulement d’assumer les dépenses de la vie civile, mais aussi de se préparer à la guerre; cependant la meilleure limite à lui appliquer semble être qu’elle ne soit pas si grande qu’à cause de cela les citoyens présumeraient à la légère de porter la guerre à ceux qui sont plus puissants qu’eux, mais qu’elle soit telle qu’ils puissent la mener sans danger contre ceux qui n’ont pas cette richesse grâce à laquelle ils pourraient leur résister. Ou encore, on peut entendre cette limite imposée à la richesse des citoyens de telle manière que les plus puissants, attirés par l’abondance de leurs richesses, ne soient pas facilement enclins à porter la guerre aux citoyens de la cité mais qu’ils les considèrent comme n’étant pas riches à ce point qu’ils doivent s’exposer à un danger de guerre pour les avoir pillés. |
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[79335] Sententia Politic., lib. 2 l. 9 n. 2 Et huic consonat exemplum, quod subdit. Cum
enim quidam princeps Autophradates nomine, vellet obsidere quamdam civitatem
quae Abtharnia dicebatur, quidam sapiens Eubolus nomine vel Eubulus, id est
aliquis bonus consiliarius induxit eum, ut consideraret in quanto tempore
posset capere civitatem, et cum hoc etiam computaret tanti temporis expensas:
et si inveniret quod minus lucraretur capiendo civitatem quam expenderet
obsidendo, derelinqueret ipsam. Cui consilio princeps ille consentiens
cessavit ab obsidione: non autem cessasset si maiores divitias habuissent.
Unde praedictus possessionis terminus videtur esse utilis civitati: quem cum
Phaleas praetermiserit, videtur insufficienter de possessione civitatis
ordinasse. |
270. Et l’exemple qu’il ajoute s’accorde avec ce qu’il vient de dire. En effet, un prince du nom d’Autophradate, voulant assiéger une cité nommée Atarnée, un sage du nom d’Eubule, comme un bon conseiller, l’amena à considérer en combien de temps il pouvait s’emparer de la cité et de calculer en comparaison quelles seraient les dépenses encourues; et que s’il en venait à voir que ses profits dus à la prise de la cité seraient moindres que ses dépenses en l’assiégeant, il devait l’abandonner. Le prince, ayant accueilli ce conseil, cessa le siège; mais il n’y aurait pas mis fin si la cité avait possédé davantage de richesses. D’où cette limite à la richesse se montre utile à la cité : et comme Phaléas a négligé ce point, on voit que sa réglementation sur la richesse de la cité est insuffisante. |
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[79336] Sententia Politic., lib. 2 l. 9 n. 3 Secundam rationem ponit, ibi, est quidem igitur
aliquid et cetera. Et dicit quod in aliquo expedit civitati quod substantiae
civium sint aequales ad hoc quod non fiant seditiones adinvicem inter cives:
sed, ut ita liceat dicere, hoc non est aliquid magnum: quod per hoc cessant
seditiones inter parvos cives, remanet autem materia seditionis maioribus
civitatis. Illi enim qui sunt in civitate gratiosi, utpote nobiles et
virtuosi existentes indignabuntur si aequalia recipiant cum sint digni
maioribus. Sicut enim contra iustitiam esse videtur, ut aequales inaequalia
habeant, ita iniustitia est, ut inaequales aequalia habeant. Et ex hac causa
frequenter maiores sunt aliis molesti et seditiones movent. Per iustitiam
enim conservatur pax civitatis, transgressio vero iustitiae est seditionis
causa. Sic insufficienter de possessionibus statuit Phaleas. |
271. Il présente la deuxième raison là [1601] où il dit : ¨ Il est donc certes etc.¨. Et il dit qu’il est avantageux pour la cité que les richesses des citoyens soient égales afin que ne naissent pas entre eux des discordes; mais qu’il soit permis de dire que cela est encore peu de chose; car si au moyen de cela cessent les discordes entre ceux qui sont de condition humble, il y a encore matière à rébellion chez les grands de la cité. En effet, ceux qui sont les plus favorisés dans la cité, comme les nobles et les plus courageux, s’indigneront s’ils reçoivent des biens égaux puisqu’ils s’estiment dignes de plus grands biens. En effet, tout comme il semble contraire à la justice que des égaux reçoivent en partage des biens inégaux, de même il est injuste que des hommes inégaux en valeur reçoivent des biens égaux. Et c’est pour cette raison que les grands sont souvent désagréables et qu’ils provoquent des soulèvements. C’est par la justice en effet qu’on arrive à conserver la paix de la cité et ce sont les affronts à la justice qui sont causes de division. C’est donc d’une manière insuffisante que Phaléas légiféra sur les biens de la cité. |
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[79337] Sententia Politic., lib. 2 l. 9 n. 4 Tertiam rationem ponit, ibi, adhuc autem
malitia hominum et cetera. Et dicit quod etsi voluntas hominum quantum ad
necessitatem repleri possit tamen quantum ad malitiam repleri non potest.
Primo enim homini qui nihil habet videtur sufficiens quod habeat duos obolos;
quos cum acquisiverit vel ex haereditate paterna acceperit, semper videtur
quod indigeat pluribus, et hoc usque in infinitum. Et hoc ideo est, quia
natura concupiscentiae est infinita: non enim quaerit sola necessaria vitae,
sed omnia quae possunt homini esse delectabilia, quae sunt infinita. Unde,
cum plurimi hominum ad hoc tendunt ut suam concupiscentiam repleant, sequitur
quod eorum desiderium repleri non possit usque in infinitum. Ex hoc autem
quod aliqui desiderant ea quae sunt aliorum, oriuntur in civitatibus
seditiones. Oportet igitur quod legislator magis regulet principium horum,
scilicet concupiscentiam, quam etiam possessiones. |
272. Il présente la troisième raison là [1602] où il dit : ¨ Mais de plus la méchanceté etc.¨. Et il dit que si la volonté des hommes peut être rassasiée à l’égard de ce qui est nécessaire à la vie, elle ne peut l’être à l’égard de la méchanceté. Au début en effet il semble suffisant à l’homme qui ne possède rien de posséder deux oboles; puis, quand il les aura acquises pour les avoir reçues de l’héritage paternel, il lui semblera toujours qu’il lui en faut davantage et cela à l’infini. Et il en est ainsi puisqu’il est dans la nature de la cupidité d’être sans borne : en effet, l’homme ne recherche pas seulement ce qui est nécessaire à sa vie, mais encore toutes les choses qui peuvent lui être délectables, lesquelles sont infinies. D’où il suit que puisque les hommes cherchent le plus souvent à combler leurs désirs, leurs désirs ne peuvent être satisfaits jusqu’à l’infini. Mais c’est du fait que certains désirent les biens des autres que naissent les divisions dans les cités. Il faut donc que le législateur s’attache à régler davantage le principe des biens, à savoir les appétits, que les biens eux-mêmes. |
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[79338] Sententia Politic., lib. 2 l. 9 n. 5 Sed hoc aliter fit quantum ad bonos et aliter
quantum ad malos. Oportet enim quod legislator illos qui sunt epyikes natura,
id est naturaliter virtuosi, ita instituat, quod non velint agere avare,
idest tollere aliena: quod quidem facere potest assuefaciendo eos ad amorem
iustitiae. Sed homines pravos sic debet tractare, ut non possint aliena
tollere etiam si velint. Et ad hoc duo sunt necessaria: quorum unum est, ut
pravi in civitate sint minores, idest quod dimittantur in infimo statu, ut
aliis nocere non possint. Aliud autem est ut eis iniuriae non irrogentur, ex
quibus homines provocantur, ut aliis noceant. Cum igitur huiusmodi
disciplinam Phaleas praetermiserit, insufficiens in sua legislatione fuisse
videtur. |
273. Mais cela se produit différemment à l’égard des biens et à l’égard des maux. Il faut en effet que le législateur éduque ceux qui sont naturellement vertueux de telle manière qu’ils ne veuillent pas agir avec avidité en s’emparant des biens des autres, ce qu’il peut réaliser en les exerçant à l’amour de la justice. Et il doit traiter les basses classes de telle manière qu’elles ne puissent s’emparer du bien des autres même si elles le voulaient. Et deux choses sont nécessaires à cette fin, dont l’une est que les humbles fassent partie d’une classe inférieure, c’est-à-dire qu’ils soient confinés à un statut inférieur afin qu’ils ne puissent nuire aux autres, et l’autre est qu’on ne leur inflige pas des dommages qui les provoqueraient à nuire aux autres. Donc, puisque Phaléas a négligé de porter son attention sur une telle éducation, on voit que sa législation a été insuffisante. |
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[79339] Sententia Politic., lib. 2 l. 9 n. 6 Quartam rationem ponit, ibi, non bene autem et
cetera. Et dicit quod Phaleas non sufficienter dixit de aequalitate
substantiae; quia adaequavit substantias civium solum quantum ad bona
immobilia, scilicet quantum ad possessionem terrae. Sunt autem quaedam aliae
divitiae, puta servorum, animalium, denariorum et aliorum quae praeparantur
ad usum vitae, quae supellectilia dicuntur: de quorum aequalitate nihil
dixit. Oportet autem quod omnium tam mobilium quam immobilium aequalitas
statuatur, aut secundum aliquem alium modum ordinetur de eis, aut quod omnia
praetermittantur: eadem enim ratio est de mobilibus et immobilibus, quia ex
utrisque seditiones oriuntur. |
274. Il présente la quatrième raison là [1603] où il dit : ¨ Mais ce n’est pas correctement etc.¨. Et il dit que Phaléas n’a pas suffisamment bien parlé de l’égalité des biens; car il a mis de l’avant l’égalité des biens des citoyens uniquement quant aux biens immobiliers, c’est-à-dire quant à la propriété des terres. Mais il existe d’autres formes de richesses, par exemple la possession des esclaves, des animaux, de la monnaie et de toutes ces choses qui aident à jouir de la vie et qu’on appelle les biens mobiliers, au sujet desquels Phaléas n’a rien dit. Il faut donc établir une égalité tant sur les biens mobiliers que sur les biens immobiliers, et soit on les réglemente tous selon quelque modalité, soit on laisse tout tomber à ce sujet : en effet, la même raison vaut pour les biens mobiliers que pour les biens immobiliers car c’est des uns et des autres que naissent les séditions. |
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[79340] Sententia Politic., lib. 2 l. 9 n. 7 Deinde cum dicit videtur autem ex legislatione
etc., improbat ordinationem Phaleae quantum ad artifices: et dicit quod
propter legem quam Phaleas circa artifices tulit sequebatur quod civitas
modica construeretur; volebat enim quod omnes artifices in communi
operarentur et eorum opera distribuerentur civibus secundum eorum necessitates;
et secundum hoc artifices essent quasi servi communitatis et non facerent
aliquod supplementum ad multitudinem civitatis: unde relinquebatur quod
civitas esset parva; cum videamus nunc non modicam partem civitatis ex
artificibus esse. Oportet tamen esse in civitate aliquos publicos operarios
qui operentur opera communia civitatis, sicut servatur in civitate Epidamni
et sicut quidam legislator nomine Diophantus aliquando statuit in Athenis.
Ultimo autem epilogando concludit, quod ex praemissis, potest aliquis
considerare circa politiam Phaleae quid bene vel non bene dixerit. |
275. Ensuite, lorsqu’il dit [161] : ¨ Mais il semble etc.¨. Il rejette la réglementation de Phaléas quant aux artisans : et il dit qu’en raison de la loi que Phaléas présenta au sujet des artisans il s’ensuivit qu’il constitua une cité de peu d’importance; il voulait en effet que tous les artisans travaillent en commun et offrent leurs travaux aux citoyens conformément à leurs besoins; et conformément à cette visée les artisans en étaient pratiquement réduits à être des esclaves de la communauté au lieu de constituer comme un membre distinct et complémentaire de l’ensemble de la cité : d’où il suivait que la cité demeurait petite puisque, comme nous le voyons aujourd’hui, la partie de la cité constituée des artisans n’est pas de peu d’importance. Mais il faut qu’il y ait dans la cité des ouvriers publics qui soient rattachés aux travaux communs de la cité ainsi qu’on l’observe dans la cité d’Épidamne et ainsi qu’un législateur du nom de Diophante l’imposa jadis aux Athéniens. Et finalement il termine par un résumé [161] en disant qu’à partir de ce qui précède on peut voir ce que Phaléas a bien dit et ce qu’il n’a pas bien dit relativement à la constitution de la cité. |
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Lectio
10 |
LEÇON 10 (nn. 276-280; [162-1663])
─ Quelle fut la république d’Hippodamos de Milet et quels furent ses
défauts.
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Leçon 10 |
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[79341] Sententia Politic., lib. 2 l. 10 n. 1 Ypodamus autem Eurifontis et cetera. Postquam
philosophus prosecutus est de politia Phaleae, hic incipit agere de politia
Hippodami. Et circa hoc tria facit. Primo exponit conditionem legislatoris.
Secundo narrat politiam ipsius, quam ipse instituit, ibi, construxit autem
civitatem et cetera. Tertio improbat eam quantum ad aliqua, ibi, dubitabit
autem utique aliquis et cetera. Circa primum tria facit. Primo dicit quid in
arte politica Hippodamus adinvenit; et dicit quod adinvenit distinctionem
civitatis quantum ad diversos ordines civium: et iterum incidit, hoc est
divisit suburbia; adinvenit enim quomodo territorium civitatis per diversa
suburbia distingui deberet. Fuit autem Euriphontis filius, Milesius autem
natione. Secundo exponit conversationem ipsius; et dicit quod quia erat
honoris cupidus, quaedam superflua observabat in propria vita privata quae
est alia a civili: videbatur enim esse curiosus in multitudine capillorum et
comae, et iterum in utilitate vestitus; volebat tamen habere calida
vestimenta non solum in hieme, sed etiam in aestate. Tertio exponit studium
ipsius: voluit enim ratiocinari de tota natura rerum, et primus inter
philosophos, qui non agunt civilem vitam, sed contemplativam, conatus est
determinare quae sit optima politia. |
276. Après avoir parcouru le régime politique de Phaléas, le Philosophe commence ici à traiter de la constitution d’Hippodamos. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il présente le statut de ce législateur [162]. Deuxièmement il expose la constitution politique établie par lui, là [163] où il dit : ¨ Et il constitua etc.¨. Troisièmement il la rejette sous certains rapports, là [167] où il dit : ¨ Mais on se demandera toujours etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il dit [162] ce qu’Hippodamos inventa en art politique; et il dit qu’il inventa une division de la cité en trois classes de citoyens et il divisa de plus le territoire en trois banlieues; il trouva en effet comment le territoire de la cité devait être divisé en différents faubourgs. Et cet homme fut le fils d’Euryphon le la cité de Milet. Deuxièmement il présente son mode de vie; et il dit que parce qu’il recherchait les honneurs il s’attachait à des choses superflues dans sa vie privée distincte de sa vie publique: en effet il semblait étrange par l’abondance de ses cheveux et de ses parfums et aussi par le luxe de ses vêtements; et il désirait porter des vêtements chauds non seulement en hiver mais aussi en été. Troisièmement il présente sa passion pour l’étude : il voulait en effet raisonner sur la nature de toute chose et il fut le premier parmi les philosophes qui, sans être homme d’État, entreprit d’établir la meilleure constitution. |
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[79342] Sententia Politic., lib. 2 l. 10 n. 2 Deinde cum dicit construxit autem civitatem
etc., enarrat ordinem politiae ipsius. Et primo quantum ad divisiones quas
adinvenit. Secundo quantum ad iudicia, ibi, putavit autem et species legum et
cetera. Tertio quantum ad civium disciplinam, ibi, adhuc autem legem et
cetera. Circa primum duo facit. Primo ostendit quomodo divisit civium
multitudinem. Secundo quomodo divisit civitatis possessiones, ibi, dividebat
autem in tres partes et cetera. Dicit ergo primo, quod Hippodamus
determinabat optimam quantitatem multitudinis in civitate, ut sit decem
millium virorum: et hanc multitudinem dividebat in tres partes: quarum una
erat artificum, alia agricolarum, tertia pugnatorum. |
277. Ensuite lorsqu’il dit [163] : ¨ Et il constitua etc.¨. Il rapporte l’organisation de sa constitution. Et en premier lieu il la présente quant aux divisions qu’il inventa [163]. Deuxièmement il le fait quant aux actions judiciaires, là [165] où il dit : ¨ Il croyait cependant etc.¨. Troisièmement il le fait quant à l’éducation des citoyens, là [166] où il dit : ¨ Mais de plus la loi etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il montre comment il divisait l’ensemble des citoyens [163]. Deuxièmement il montre comment il divisait l’ensemble du territoire que possédait la cité, là [164] où il dit : ¨ Et il divisait etc.¨. Il dit donc en premier lieu [163] qu’Hippodamos fixa le nombre idéal de citoyens dans la cité à dix mille hommes et il divisa ce nombre en trois parties : celle des artisans, celle des agriculteurs et celle des soldats. |
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[79343] Sententia Politic., lib. 2 l.
10 n. 3 Deinde cum dicit dividebat
autem etc., ostendit quomodo dividebat possessionem civitatis; et dicit quod
totam regionem, idest territorium civitatis dividebat in tres partes: quarum
unam volebat esse sacram, de qua scilicet fierent ea quae homines reputant
fieri propter cultum divinum; aliam volebat esse publicam vel communem de qua
viverent bellatores: tertiam volebat esse propriam quae distribueretur inter
agricolas. |
278. Ensuite lorsqu’il dit [164] : ¨ Et il divisait etc.¨. Il montre comment il divisait le territoire possédé par la cité; et il dit qu’il divisait l’ensemble de la région, c’est-à-dire du territoire de la cité, en trois parties, dont la première selon lui devait être sacrée, c’est-à-dire celle où devaient avoir lieu les événements que les hommes croyaient devoir réserver au culte divin; la deuxième devait être publique ou commune de laquelle les militaires tiraient leur subsistance; enfin la troisième devait être privée et partagée entre les agriculteurs. |
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[79344] Sententia Politic., lib. 2 l. 10 n. 4 Deinde cum dicit putavit autem et species etc.,
narrat ordinem politiae ipsius quantum ad iudicia. Et circa hoc tria facit.
Primo dicit quod putavit leges iudiciorum esse solummodo tres, secundum tria
de quibus homines in iudiciis disceptant: quae sunt iniuria, nocumentum, et
mors: ut iniuria referatur ad ea quae fiunt in vituperium hominis, nocumentum
autem ad ea quae fiunt in damnum rerum, sub morte autem comprehenduntur omnia
quae fiunt in nocumentum personae. Secundo ibi, lege autem statuit etc.,
dicit quod Hippodamus instituit quamdam principalem curiam ad quam
reducerentur, quasi per appellationem, omnes causae quae non viderentur esse
bene iudicatae: et volebat quod hoc iudicium committeretur quibusdam senibus
ad hoc electis qui et discretione et virtute essent probati. Tertio ibi,
iudicia autem et cetera. Ponit modum quem in iudicando volebat observari. Cum
enim esset aliqua sententia ferenda a multis iudicibus, putabat non oportere,
quod iudices conferrent adinvicem de sententia ferenda; sed quod unusquisque
solitarius cogitaret de sententia ferenda, et illud quod cogitaret deferret
scriptum in pugillari; ita scilicet quod si sibi videretur quod aliquis
accusatus esset condemnandus, simpliciter condemnationem ibi describeret: si
vero sibi videretur quod esset simpliciter absolvendus, deferret pugillare
vacuum. Si autem sibi videretur quod quantum ad aliquid esset condemnandus,
et quantum ad aliquid absolvendus, hoc etiam determinaret per Scripturam: et
sic ex omnibus Scripturis eliceretur quod pluribus videretur. Non autem
putabat bonum esse hoc, quod nunc est lege statutum, ut iudices adinvicem
conferant antequam unusquisque sententiam proferat: cum enim sint iurati
dicere quod eis videtur, per huiusmodi disceptationes quae in tali loco, et
circa talia fiunt, coguntur quodammodo degerare, dum aliquis non audet dicere
quod sibi videtur multis contradicentibus. |
279. Ensuite lorsqu’il dit [165] : ¨ Mais il pensa etc.¨. Il rapporte l’organisation de sa constitution quant aux actions judiciaires. Et à ce sujet il fait trois choses. Premièrement il dit qu’Hippodamos croyait qu’il n’y avait que trois sortes de lois d’après lesquelles les hommes intentaient des actions en justice sur les causes possibles de poursuite qui sont au nombre de trois : l’outrage, le dommage et le meurtre, de telle manière que l’outrage se rapporte à tout ce qui est blâmable chez l’homme, le dommage à tout ce qui nuit à ses biens et le meurtre à tout ce qui nuit à sa personne. Deuxièmement, là [1651] où il dit : ¨ Il établissait aussi etc.¨, il dit qu’Hippodamos institua une cour suprême de justice devant laquelle devaient être portées en appel toutes les causes qui ne semblaient pas avoir été bien jugées : et il voulait que ce jugement soit confié à des vieillards élus à cette fin et qui étaient estimés pour leur discernement et leur vertu. Troisièmement, là [1652] où il dit : ¨ En effet, les jugements dans les tribunaux etc.¨, il présente le mode de précéder qu’il voulait voir observé pour rendre les jugements. En effet, puisqu’une sentence devait être rendue par plusieurs juges, il croyait qu’il ne fallait pas que les juges échangent entre eux sur le jugement à porter, mais plutôt que chaque juge réfléchisse à part sur le jugement à porter et que ce dernier dépose par écrit sur une tablette sa conclusion, de telle manière que s’il lui semblait que l’accusé devait être condamné, il devait simplement y écrire la condamnation et s’il lui semblait que l’accusé devait simplement être acquitté, il déposait une tablette vide. Mais s’il lui semblait que l’accusé devait être condamné sous un rapport mais acquitté sous un autre, il devait encore le fixer par écrit : et ainsi c’est à partir de tous ces écrits que serait choisie comme sentence ce qui était apparu juste à plusieurs. Mais il pensait que ce qui est fixé par la loi de nos jours n’est pas bon, à savoir que les juges échangent entre eux avant de prononcer leur jugement : en effet, puisqu’ils ont promis sous serment de dire ce qu’ils pensent, à l’occasion des discussions qui ont lieu en ces endroits et sur de tels sujets, ils sont forcés en quelque sorte à se parjurer alors qu’ils n’osent pas dire ce qu’ils pensent aux nombreux autres juges qui pensent le contraire. |
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[79345] Sententia Politic., lib. 2 l. 10 n. 5 Deinde cum dicit adhuc autem legem posuit etc.,
narrat ordinationem eius circa disciplinam civium. Et ponit eius quatuor
leges: quarum prima est quod illi qui invenerunt aliquid ordinandum in
civitate quod esset civitati expediens, obtinerent aliquem honorem. Secundam
legem ponit, ibi, et pueris eorum et cetera. Ut scilicet filii eorum qui
moriuntur in bello pro civitate nutrirentur de aerario publico; quod quidem
nondum erat statutum in civitatibus; nunc autem ista lex observatur in
Athenis et in quibusdam aliis civitatibus. Tertiam legem ponit, ibi,
principes autem et cetera. Et haec est de electione principum, ut scilicet
totus populus principes eligat. Dicebat autem esse populum tres praedictas
partes civitatis; scilicet agricolas, artifices et bellatores. Quartam legem
ponit de officio principum, ibi, electos autem et cetera. Ut scilicet illi
qui eliguntur in principes, habeant curam de rebus communibus civitatis et de
peregrinis et de orphanis et aliis impotentibus personis. Et ultimo
concludit, quod plurima et maxime recitanda de his quae Hippodamus ordinavit,
sunt ea quae dicta sunt. |
280. Ensuite lorsqu’il dit [166] : ¨ Mais de plus etc.¨. Il rapporte sa réglementation relative à l’éducation des citoyens. Et il présente ses quatre lois, dont la première est que ceux qui trouveraient une réglementation qui serait avantageuse pour la société devraient recevoir un honneur. Il présente la deuxième loi là [1661] où il dit : ¨ Et à leurs enfants etc.¨. Cette loi avait pour effet que les enfants des citoyens morts à la guerre pour la cité soient entretenus par le trésor public ce qui, selon lui, n’avait encore jamais été fixé par une loi dans aucune cité; mais de fait cette loi existe de nos jours chez les Athéniens et dans d’autres cités. Il présente la troisième loi là [1662] où il dit : ¨ Mais c’est par le peuple que les magistrats etc.¨. Et cette loi porte sur l’élection des magistrats de telle manière que c’est tout le peuple qui élit les magistrats. Et il disait que le peuple était formé de ces trois parties constitutives, à savoir les artisans, les agriculteurs et les soldats. Il présente la quatrième loi qui porte sur les fonctions des élus, là [1663] où il dit : ¨ Et les élus etc.¨. Et cette loi stipule que ceux qui sont élus comme magistrats s’occupent des affaires communes de la cité, des étrangers, des orphelins et des autres personnes dans le besoin. Et à la fin il termine [1663] en disant que les dispositions d’Hippodamos les plus nombreuses et les plus dignes d’être rapportées sont celles que nous avons mentionnées. |
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Lectio
11 |
LEÇON 11 (nn. 281-288; [167-172]) ─ Critique de la
constitution d’Hippodamos.
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Leçon 11 |
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[79346] Sententia Politic., lib. 2 l. 11 n. 1 Dubitabit autem utique aliquis et cetera.
Posita politia Hippodami, hic improbat ipsam. Et primo quantum ad divisionem
quam instituit. Secundo quantum ad ea quae de iudicio dixit, ibi, non bene
autem neque de iudicio et cetera. Tertio quantum ad ea quae instituit de
disciplina civium, ibi, de eo autem quod invenientibus et cetera. Circa
primum duo facit. Primo improbat divisionem institutam ab Hippodamo quantum
ad partes civitatis. Secundo quantum ad possessiones, ibi, adhuc autem
communem et cetera. Circa primum tria facit. Primo improbat divisionem
partium civitatis quantum ad artifices. Secundo quantum ad bellatores, ibi,
sed oportet et cetera. Tertio quantum ad agricolas, ibi, adhuc agricolae et
cetera. |
281. Le Philosophe rejette ici la constitution d’Hippodamos après l’avoir présentée. Et en premier lieu il le fait quant à la division qu’il établit entre les citoyens [167]. Deuxièmement, il le fait quant à ce qu’il dit sur le jugement, là [171] où il dit : ¨ Mais il n’a pas bien parlé non plus au sujet du jugement etc.¨. Troisièmement il le fait quant à ce qu’il a établi sur l’éducation des citoyens, là [173] où il dit : ¨ Mais quant à cela etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il rejette la division instituée par Hippodamos et qui porte sur les classes de citoyens [167]. Deuxièmement il rejette celle qui est relative aux propriétés, là [170] où il dit : ¨ De plus, les possessions communes etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. Premièrement il rejette la division des classes de citoyens quant à ce qu’il dit sur les artisans [167]. Deuxièmement, il fait la même chose quant à ce qu’il dit sur les soldats, là [168] où il dit : ¨ Mais il faut etc.¨. Troisièmement, il le fait quant à ce qu’il dit sur les agriculteurs, là [169] où il dit : ¨ De plus, les agriculteurs etc.¨. |
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[79347] Sententia Politic., lib. 2 l. 11 n. 2 Dicit ergo primo, quod prima dubitatio in
politia Hippodami, accidit circa divisionem multitudinis civium. Voluit enim
quod tam artifices quam agricolae et quam viri armati, omnes communicarent in
ordine civitatis: ita tamen quod agricolae non haberent arma, sed haberent
terram: artifices autem neque haberent terram, neque arma. Ex qua ordinatione
sequitur, quod artifices fere sunt servi eorum qui possident arma, quia
nullam propriam possessionem habentes. Quod videtur ad
eorum utilitatem pertinere. Insistunt enim operibus in ministerium civitatis,
et praecipue bellatorum, quos oportet maiorem partem in honoribus civitatis
obtinere. Non enim est possibile
quod artifices habeant partem in omnibus honoribus, quia duces exercitus et
rectores civium et alii maiores principatus non erit decens quod instituantur
ex artificibus, sed solum ex viris bellatoribus, qui sunt ad hoc magis
idonei. Non est autem possibile quod, ex quo non habent partem in regimine
civitatis, quod ipsi ament talem ordinationem civitatis: unde relinquitur
seditionis materia: non igitur convenienter ordinavit de artificibus. |
282. Il dit donc en premier lieu [167] que la première question sur la constitution d’Hippodamos se présente relativement à la division qu’il fait de l’ensemble des citoyens. Ce dernier en effet voulait que tant les artisans que les agriculteurs et les soldats participent à l’organisation de la cité, de telle manière cependant que les agriculteurs ne posséderaient pas d’armes mais des terres et que les artisans ne posséderaient ni des armes ni des terres. Mais de cette disposition il s’ensuit que les artisans sont pratiquement les esclaves de ceux qui possèdent des armes puisqu’ils ne possèdent aucun domaine en propre, ce qui semble dénoter chez eux une condition inférieure. En effet, ils se limitent dans la cité aux tâches de service, principalement à l’égard des soldats qui doivent obtenir la plus grande part des honneurs de la cité. En effet il n’est pas possible que les artisans aient part à tous les honneurs car il ne convient pas que les chefs d’armées, ceux qui gouvernent la cité et les autres magistrats d’importance soient choisis par les artisans mais plutôt par les soldats qui sont plus aptes à le faire. Mais il n’est pas possible non plus, du fait qu’ils n’ont pas de part dans le gouvernement de la cité, qu’ils aiment une constitution qui les exclut: d’où il suit qu’il y a là matière à sédition; par conséquent, la réglementation d’Hippodamos sur les artisans ne convient pas. |
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[79348] Sententia Politic., lib. 2 l. 11 n. 3 Deinde cum dicit sed oportet etc., improbat
praedictam ordinationem quantum ad viros bellatores. Oportet enim eos esse
meliores, idest potentiores ambabus aliis partibus, scilicet et agricolis et
artificibus. Et hoc ideo quia ad viros bellatores pertinet, ut potestatem
civitatis defendant non solum contra impugnationem hostium, sed et contra
seditiones civium, quos non possent reprimere nisi potentiores essent: quod
quidem non est facile, nisi sint multi. Si autem viri bellatores excedant et
multitudine et virtute et dignitate, nulla necessitas fuit, quod artifices et
agricolae partem haberent in regimine civitatis, et quod ad eos pertineret
institutio principum, quia semper hoc fiet ad arbitrium virorum bellatorum.
Superflue igitur aliis committitur: unde patet quod non convenienter divisit
viros bellatores ab aliis. |
283. Ensuite lorsqu’il dit [168] : ¨ Mais il faut etc.¨. Il rejette la disposition qui précède relativement aux guerriers. Il faut en effet que ces derniers soient meilleurs et plus puissants que les deux autres classes réunies, à savoir les agriculteurs et les artisans. Et il en est ainsi car il appartient aux guerriers de protéger le pouvoir de la cité non seulement contre les attaques des ennemis extérieurs, mais aussi contre les soulèvement des citoyens qui ne pourraient être réprimés si les guerriers n’étaient pas plus puissants, ce qui ne peut être réalisé facilement si les guerriers ne sont pas nombreux. Si cependant les guerriers l’emportent en nombre, en puissance et en dignité, il n’était d’aucune nécessité que les artisans et les agriculteurs aient part au gouvernement de la cité et qu’ils aient un intérêt à choisir les magistrats puisque cela relèverait toujours du bon vouloir des guerriers. Il était donc superflu de confier ce devoir aux deux autres : d’où il est évident qu’Hippodamos n’a pas bien distingué les guerriers des deux autres classes. |
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[79349] Sententia Politic., lib. 2 l. 11 n. 4 Deinde cum dicit adhuc agricolae etc., improbat
praedictam distinctionem quantum ad agricolas: de quibus non est manifestum
secundum praedictam ordinationem, quomodo sint utiles civitati. De
artificibus enim manifestum est quod sunt in civitate necessarii propter
variam supellectilem praeparandam: et vita civium poterit bene procedere per
ea quae praeparantur ab arte, sicut accidit in aliis civitatibus. Vel potest
intelligi quod ipsi artifices possunt procedere, idest nutriri de sua arte,
unde non indigent agricolis ut ab eis sustententur; sed viri bellatores,
quasi ab aliis distinguantur, non possunt de suo officio sustentari: unde
indigent ut ab aliis sustententur. Si igitur agricolae instituerentur ad hoc
quod acquirerent cibum viris bellatoribus, rationabiliter ponerentur esse
pars civitatis. Oportet enim quod pars totius coadiuvet ad bonum aliarum
partium. Sed secundum praedictam operationem habebunt proprias possessiones
et eas colent et ita aliis in nullo utiles erunt, sed sibiipsis tantum. Non
ergo ponuntur agricolae convenienter pars civitatis. |
284. Ensuite lorsqu’il dit [169] : ¨ De plus, les agriculteurs etc.¨. Il rejette la division qui précède quant aux agriculteurs, au sujet desquels il n’est pas évident comment ils peuvent être utiles à la cité d’après la disposition qui précède. En effet, pour ce qui est des artisans, il est évident qu’ils sont nécessaires à la cité en raison de la variété des tâches qu’ils doivent accomplir : et la vie de l’ensemble des citoyens pourra se développer avantageusement au moyen de ce qui est fabriqué par l’art, ainsi que cela se produit dans les autres cités. Ou bien on peut comprendre que les artisans eux-mêmes peuvent prospérer, c’est-à-dire vivre de leur art et que par là ils n’ont pas besoin des agriculteurs pour être entretenus pas eux; mais les guerriers se distinguent des autres classes en ceci que leur rôle ne peut de lui-même assurer leur entretien : d’où il suit qu’ils ont besoin d’être entretenus par d’autres. Si donc les agriculteurs étaient établis pour procurer aux guerriers leurs aliments, ils seraient établis avec raison comme partie constitutive de la cité. Il faut en effet que la partie d’un tout collabore au bien des autres parties. Mais conformément à la disposition qui précède, ils posséderont en propre leurs domaines et les cultiveront de telle manière qu’ils ne seront utiles en rien aux autres, mais seulement à eux-mêmes. Donc, d’après cette disposition, les agriculteurs ne sont pas correctement établis comme partie constitutive de la cité. |
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[79350] Sententia Politic., lib. 2 l. 11 n. 5 Deinde cum dicit adhuc autem communem etc.,
improbat divisionem possessionum. Ponebat enim Hippodamus unam partem
possessionum civitatis communem ex qua viri bellatores nutrirentur. Est ergo
considerandum quis colet istam terram communem. Oportet autem quod altero
aliquo trium modorum colatur: quorum primus est ut ipsimet bellatores colant
terram communem, et sic quidem erunt pugnantes et agricolae: sed legislator
voluit eos distinguere, inutilis ergo fuit distinctio. Secundus modus, ut
quidam alii inter pugnatores et agricolas colentes possessiones proprias,
colant terram communem: ex quo sequitur quod erit quaedam quarta pars
civitatis in nullo participans regimine civitatis, sed omnino ab hoc aliena:
non enim admittebat ad electionem principum, nisi tres partes praedictas.
Tertius modus esse potest, ut ipsi agricolae qui colunt possessiones proprias
colant et communes: sed tunc sequetur quod non sit copia fructuum terrae in
civitate, non enim erit facile quod unus agricola sufficienter excolat tot
terras, unde fructus necessarios duabus familiis administret. Si etiam iste
tertius modus ponatur, videtur fuisse superflua possessionum divisio in tres
partes: potuisset enim fieri, ut a principio tota terra daretur agricolis: ut
scilicet unusquisque agricola ex terra, quae ei veniret in sortem, sumeret
cibum suae familiae et aliquibus viris bellatoribus. Ea igitur quae
Hippodamus dixit circa huiusmodi divisiones, inducunt magnam turbationem. |
285. Ensuite lorsqu’il dit [170] : ¨ Mais de plus, etc.¨. Il rejette la division des propriétés. En effet, Hippodamos affirmait qu’une partie des terres de la cité était commune et que c’était à partir d’elle que les guerriers devaient tirer leur subsistance. Il faut donc considérer qui doit cultiver ces terres communes, et il faut qu’elles le soient d’après un des trois modes suivants : et le premier mode est celui selon lequel elles le seraient par les guerriers eux-mêmes et ainsi ces derniers seraient certes à la fois guerriers et agriculteurs; mais comme le législateur voulait distinguer ces deux classes, cette distinction ne tient plus. Le second mode est celui selon lequel ce seraient des hommes différents à la fois des guerriers et des agriculteurs cultivant leurs terres privées qui cultiveraient les terres communes : et il suivrait de là qu’il existerait dans la cité une quatrième classe qui ne participerait en rien à son gouvernement mais qui en serait totalement exclue : en effet, Hippodamos n’admettait que les trois classes précédentes à l’élection des magistrats. Le troisième mode possible, c’est que ce soient les agriculteurs eux-mêmes qui cultivent à la fois leurs terres privées et les terres communes : mais alors il s’ensuivrait que les fruits de la terre ne se retrouveraient pas en abondance dans la cité car il ne serait pas facile pour un seul agriculteur de cultiver tant de terres d’une manière suffisante pour fournir les aliments nécessaires à la subsistance de deux familles. Et si ce troisième mode était établi, la division qu’il fit des terres en trois catégories semblerait avoir été inutile : il aurait été possible en effet que dès le début l’ensemble des terres soit attribué aux agriculteurs, c’est-à-dire de telle manière que chaque agriculteur tire de sa terre qui lui aurait été attribuée au sort à la fois la nourriture de sa famille et celle destinée à certains guerriers. Donc, ce que dit Hippodamos sur la répartition des terres conduit à une grande confusion. |
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[79351] Sententia Politic., lib. 2 l. 11 n. 6 Deinde cum dicit non bene autem neque de
iudicio etc., improbat praedictam politiam quantum ad iudicium; scilicet
quantum ad hoc quod statuit iudicia in praetoriis fieri, non per sententiae
collationem. Et circa hoc duo facit. Primo improbat statutum. Secundo
rationem statuti, ibi, adhuc nullus degerare cogit et cetera. Circa primum
ponit duas rationes: circa quarum primam dicit quod lex quam ipse posuit de
iudicio, non bene se habet, per quam dignum reputavit quod aliqui iudicarent
dividentes se abinvicem, ita quod quilibet per seipsum conscriberet id quod
sibi de causa videretur. Et secundum hoc volebat quod iudex per seipsum
disquireret quid esset sententiandum. Sed in tali disquisitione singulari
contingebat etiam a pluribus simul disquiri, quia iudices poterant
sibiinvicem colloqui de iudicio ferendo in domibus propriis, ita tamen quod
in praetoriis, idest in loco publico iudiciorum non colloquerentur adinvicem
ad conferendum de sententia; et hoc erat magis periculosum, quia facilius
poterat contingere quod unus iudex perverteret alium ad ferendum sententiam
aliter quam sibi videretur privatim cum eo conferens, quam in praetorio
publico omnibus audientibus: unde etiam contrarium huius multi legislatores
statuerunt, ut scilicet iudices non colloquantur adinvicem, in privato
videlicet, sed solum in praetoriis adinvicem conferrent. Videtur igitur quod
praedicta lex periculosa fuerit et aliorum legibus contraria. |
286. Ensuite lorsqu’il dit [171] : ¨ Ce n’est pas correctement etc.¨. Il rejette la constitution qui précède quant à ce qu’elle propose relativement aux jugements, c’est-à-dire quant à ceci qu’elle établit que dans les tribunaux les jugements ne devaient pas être portés en conférant sur la sentence. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il rejette le décret [171]. Deuxièmement il rejette la raison sur laquelle se fondait ce décret, là [172] où il dit : ¨ De plus, aucun etc.¨. Au sujet du premier point il présente deux raisons, dont la première [171] dit que la loi qu’Hippodamos fixa lui-même au sujet du jugement ne convient pas, par laquelle il croyait que certains établiraient leur jugement séparément les uns des autres de telle manière que chacun écrirait de lui-même ce qui lui semblait devoir être la conclusion de cette cause. Et c’est d’après elle qu’il voulait que le juge recherche avec soin par lui-même quel devait être son jugement. Mais il arrivait qu’une telle recherche individuelle soit menée simultanément par plusieurs, car les juges pouvaient en privé discuter entre eux du jugement à porter dans leurs maisons mais de telle manière cependant que dans les tribunaux, c’est-à-dire dans les lieux publics, ils ne pouvaient pas échanger entre eux sur les jugements quant à la sentence à apporter; et cela comportait un grand danger car il pouvait plus facilement arriver qu’un juge en corrompe un autre en échangeant avec lui pour qu’il apporte aux auditeurs présents dans les tribunaux publics un jugement différent de celui qui lui était apparu à part: c’est pourquoi la plupart des législateurs ont statué contrairement à cela que les juges n’échangent pas entre eux, c’est-à-dire dans le privé, mais qu’ils le fassent seulement dans les tribunaux. Il apparaît donc que cette loi présentait des dangers et qu’elle était contraire aux lois en usage ailleurs. |
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[79352] Sententia Politic., lib. 2 l. 11 n. 7 Secundam rationem ponit, ibi, deinde quomodo
non erit plenum turbatione et cetera. Et dicit quod non poterit iudicium
absque turbatione fieri per modum praedictum. Potest enim contingere quod
iudici non videbitur seorsum considerandum, ut reus tantum condemnetur
quantum actor qui litigat petit, sed forte actor petit quod reus condemnetur
ad viginti minas, iudex autem iudicabit quod condemnetur ad decem minas; aut
forte unus iudicum condemnabit eum ad plus, alius autem ad minus; puta unus
ad quinque, alius ad quatuor; et per hunc modum oportet quod iudices idem
patiantur, idest ut conferant adinvicem post sententias scriptas, sicut si
sententias singulariter non conscripsissent quia forte quidam iudicum
condemnabunt reum quantum ad omnia quae petit actor, quidam autem non. Quis
ergo modus erit disputandi de sententiis diversis iudicum, nisi scilicet
conferendo ? Quod sic praedicta lex non poterit vitare quod intendebat,
scilicet collationem iudicum: unde patet quod superflua fuit. |
287. Il présente la deuxième raison, là [1711] où il dit : ¨ Ensuite, comment ne sera-t-il pas etc.¨. Et il dit que si on se conforme au mode qui précède, le jugement ne pourra être produit sans qu’il y ait une grande confusion. Il peut en effet arriver qu’il n’apparaisse pas au juge qu’il faille considérer en particulier que l’accusé soit condamné autant que l’avocat qui plaide l’exige, mais par exemple si l’avocat demande que l’accusé soit condamné à payer vingt mines, le juge pourra le condamner à payer dix mines; ou peut-être qu’un des juges le condamnera à plus et un autre à moins : par exemple un à cinq et l’autre à quatre; et de cette manière il faut que les juges souffrent la même chose, c’est-à-dire qu’ils confèrent les uns avec les autres une fois les sentences écrites comme si chacune d’elles n’avait pas été écrite car peut-être que certains des juges condamneront l’accusé en donnant toute satisfaction à l’avocat alors que d’autres ne le feront pas. Quelle sera donc la manière de discuter des diverses sentences prononcées par les juges si ce n’est en conférant? Et ainsi cette loi ne pourra écarter l’inconvénient qu’elle cherchait à éviter, à savoir la communication entre les juges : suite à cela il est évident qu’elle fut superflue. 288. Ensuite lorsqu’il dit [172] : ¨ De plus, aucun etc.¨. Il rejette la raison sur laquelle il fondait ce décret, et qui était d’éviter les parjures; et il dit que s’il se produit une communication entre les juges au sujet de la condamnation d’un accusé, rien n’oblige à penser qu’à cause de cela le parjure sera commis par celui qui doit juger, et cela même si l’accusation de l’avocat a été écrite correctement et que le juge ne la reçoit pas : en effet, le juge ne jugera pas que l’accusé ne doit rien, mais il jugera peut-être qu’il doit quatre-vingt-dix mines alors que l’avocat en demande davantage; mais ce sera plutôt l’accusé qui est condamné qui, ne croyant pas même devoir vingt mines, paraîtra se parjurer. Et ainsi il ne fallait pas établir cette loi pour une telle raison. |
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[79353] Sententia Politic., lib. 2 l. 11 n. 8 Deinde cum dicit adhuc nullus etc., improbat
causam statuti, quae erat vitatio periurii; et dicit quod si fiat collatio
iudicum de condemnatione alicuius, nullus cogit propter hoc, quod periurium
committatur ab eo qui iudicare debet, etiam si accusatio actoris sit iuste
scripta et iudex eam non admittat: non enim iudicabit iudex quod reus nihil
debeat, sed forte iudicabit quod viginti minas debeat, cum actor plus petat;
sed magis reus, qui condemnatur, degerare videtur, qui non putat etiam se
debere viginti minas. Et ita propter talem causam non oportebat hanc legem
poni. |
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Lectio
12 |
LEÇON 12 (nn. 289-296; [173-177]) ─ Que les lois,
même les moins bonnes, ne doivent pas être changées aisément.
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Leçon 12 |
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[79354] Sententia Politic., lib. 2 l. 12 n. 1 De eo autem quod invenientibus et cetera.
Postquam improbavit politiam Hippodami quantum ad divisionem et iudicia, hic
improbat eam quantum ad disciplinam quam ordinavit, quantum ad hoc, scilicet,
quod statuit quod hi qui invenirent aliquid utile civitati, honorem
consequerentur. Et circa hoc duo facit. Primo improbat statutum. Secundo
movet quasdam quaestiones, ibi, quoniam autem fecimus et cetera. Dicit ergo
primo, quod non est securum civitati quod praedicta lex statuatur; sed solum
in primo aspectu, quando auditur, apparet bona. Si enim eveniat quod talis
lex statuatur, habebit multas calumnias, dum aliqui arbitrabuntur esse utile
illud adinventum et aliqui quod non. Habebit etiam transmutationes
politiarum. Una enim lege transmutata, quandoque totus status civitatis
mutatur. Sed istud statutum facit nos incidere in aliud problema, id est in
aliam quaestionem et in aliam considerationem: est enim dubium apud quosdam
utrum sit expediens vel nocivum civitati, ut removeat patrias leges, si aliqua
melior adinveniatur; et ideo huic dicto non facile est quod homo velociter
consentiat, ut scilicet adinventores novorum honorentur, et hoc si non
expedit civitatibus quod leges patriae amoveantur. Continget autem per hoc
statutum, quod quidam dum provocantur ad novorum adinventionem, ut
adipiscantur honorem, inducant dissolutionem legum et totius politiae sub
specie communis boni: quod quidem est valde periculosum: non ergo illud
statutum est conveniens. |
289. Après avoir rejeté la constitution d’Hippodamos quant aux divisions qu’il établit et quant à ce qu’il dit des jugements, le Philosophe la rejette ici quant à la législation qu’il ordonna quant à ceci, à savoir qu’il établit que ceux qui inventeraient quelque chose d’utile à la cité recevraient des honneurs. Et à ce sujet il fait deux choses. D’abord il rejette le décret lui-même [173]. Deuxièmement il soulève certaines questions, là [174] où il dit : ¨ Mais puisque nous avons fait mention etc.¨. Il dit donc en premier lieu [173] que l’établissement de la loi qui précède présente certains dangers pour la cité, mais que c’est seulement lorsqu’on l’entend au premier abord qu’elle semble bonne. Si en effet il arrive qu’une telle loi voie le jour, elle suscitera de nombreuses calomnies, alors que certains jugeront que telle invention est utile à la cité et d’autres non. On verra apparaître aussi des changements de constitutions. En effet, il arrive qu’ayant changé une loi, c’est parfois l’ensemble de la constitution de la cité qui est changé. Mais ce décret nous amène à une autre question et à une autre considération: en effet, certains se demandent s’il est avantageux ou nuisible à la cité de remplacer une loi traditionnelle par une autre meilleure qu’on aurait découverte; et c’est pourquoi il n’est pas facile à l’homme de consentir aussitôt à ce projet, à savoir d’honorer ceux qui auraient découvert des nouveautés, et spécialement s’il n’est pas avantageux aux cités que les lois traditionnelles soient remplacées. Au moyen de ce décret cependant, il arriverait que certains, stimulés à inventer du nouveau pour recevoir des honneurs, présenteraient la dissolution des lois et de l’ensemble de la constitution comme ordonnée au bien commun, ce qui est certes grandement dangereux. Ce décret n’est donc pas convenable. |
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[79355] Sententia Politic., lib. 2 l. 12 n. 2 Deinde cum dicit quoniam autem fecimus etc.,
movet quasdam dubitationes. Et primo, utrum oportet leges mutare. Secundo si
sunt mutandae, a quibus et quomodo, ibi, adhuc autem si mutandae et cetera.
Circa primum duo facit. Primo inducit rationes ad ostendendum quod oportet
leges mutare. Secundo inducit ad contrarium, ibi, alio autem modo
considerantibus etc., circa primum ponit quatuor rationes. Circa quarum
primam dicit quod quia fecimus modicam mentionem de mutatione legum, melius
est quod parum amplius super hoc nos dilatemus; quia, ut dictum est, hoc
habet dubitationem: et quibusdam videtur, quod melius sit leges antiquas
amovere, si aliqua melior inveniatur. Videmus enim quod hoc multum profuit in
aliis scientiis, quod scilicet aliqua sunt mutata de his quae a patribus
observabantur scilicet in medicina. Nam posteriores medici multa adinvenerunt
mutantes ea quae primi observabant. Et idem etiam est in gymnastica, idest in
exercitativa. Dicebantur enim gymnasia, quaedam exercitia in quibus homines
nudi se exercebant, a gymnos, quod est nudum. Et ita etiam videmus in omnibus
aliis artibus et operativis potentiis, de quarum numero est politica, quae
est regitiva civitatis. Ergo etiam in regimine civitatis oportet mutare ea
quae a patribus sunt observata, dummodo meliora occurrant. |
290. Ensuite lorsqu’il dit [174] : ¨ Mais puisque etc.¨. Il soulève certaines questions. Et en premier lieu il se demande s’il faut changer les lois [174]. En deuxième lieu, il se demande, si elles doivent être changées, par qui et comment elles doivent l’être, là [177] où il dit : ¨ Mais de plus, si elles doivent être changées etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il présente les raisons pour montrer qu’il faut changer des lois [174]. Deuxièmement il présente des raisons qui conduisent à montrer le contraire, là [175] où il dit : ¨ Mais sous un autre angle etc.¨. Relativement au premier point il présente quatre raisons. Et la première de ces raisons stipule que parce que nous avons déjà fait brièvement mention du changement des lois, il est préférable que nous ne nous étendions pas beaucoup plus sur le sujet; car, ainsi que nous l’avons déjà dit, la question est controversée, et il peut paraître à certains qu’il est préférable que les lois traditionnelles soient remplacées si on en découvre de meilleures. Nous voyons en effet que cela fut grandement utile dans d’autres sciences, c’est-à-dire que certaines choses ont été changées dans les pratiques que nos pères observaient en médecine. Car les médecins qui ont suivi ont fait de nombreuses découvertes qui ont modifié les pratiques observées par leurs prédécesseurs. Et il en est de même pour la gymnastique, c’est-à-dire pour la pratique des exercices corporels. En effet, on appelait gymnases les lieux dans lesquels les hommes nus pratiquaient leurs exercices parce que ce nom vient du mot gymnos qui veut dire nu. Et nous voyons qu’il en est encore de même pour tous les arts et toutes les disciplines pratiques dont la politique fait partie et qui a pour objet le gouvernement de la cité. C’est donc aussi dans le gouvernement de la cité qu’il importe de changer des choses qui étaient observées par nos pères, pourvu qu’il s’en présente de meilleures. |
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[79356] Sententia Politic., lib. 2 l. 12 n. 3 Secundam rationem ponit, ibi, signum autem et
cetera. Et dicit, quod signum huius quod leges sint mutandae, potest aliquis
accipere ab ipsis operibus, idest ab his quae contingunt: videmus enim quod
antiquae leges fuerunt valde simplices et barbaricae, idest
irrationabiles et extraneae, sicut hoc quod ab antiquo erat lex apud Graecos
quod emebant uxores adinvicem portantes ad talem emptionem ferrum, quia forte
alia metalla non erant in usu. Et similiter videmus quod si quae leges adhuc
remanent de antiquis, sunt omnia stulta, sicut in quadam terra erat talis lex
circa homicidia quod si aliquis de cognatis occisi persequeretur homicidam et
ille fugeret praesente multitudine testium, quod ille reputaretur reus
homicidii (et ab hinc videtur introducta consuetudo duellorum): et hoc est
omnino irrationabile. Homines autem in legibus ponendis non debent quaerere,
quid fuerit a patribus observatum, sed quid sit bonum observandum; et ita
conveniens est antiquas leges mutare, si occurrant meliores. |
291. Il présente la deuxième raison, là [1741] où il dit : ¨ Mais en tout cas, un signe etc.¨. Et il dit qu’on peut voir un signe que les lois doivent être changées dans les faits eux-mêmes, c’est-à-dire dans les actions qu’on voit se produire : nous voyons en effet que les lois anciennes étaient très simples et barbares, c’est-à-dire irrationnelles et étranges comme celle qui était en usage chez les Grecs qui s’achetaient mutuellement leurs femmes et qui étaient comme vêtus de fer puisque les autres métaux n’étaient peut-être pas encore en usage chez eux. Et nous voyons de même que ce qui nous reste encore des anciennes lois est tout à fait stupide, comme par exemple à Cymé cette loi qui se rapporte au meurtre stipulait que si une personne parmi les proches de l’accusé pouvait être présenté comme témoin contre lui, l’accusé était déclaré meurtrier, ce qui est absolument irrationnel. Mais les hommes, en instituant des lois, ne doivent pas se demander si elles sont traditionnelles mais plutôt si elles sont bonnes; et ainsi il convient de remplacer les lois traditionnelles s’il s’en présente de meilleures. |
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[79357] Sententia Politic., lib. 2 l. 12 n. 4 Tertiam rationem ponit, ibi, verisimileque et
cetera. Ad cuius intellectum considerandum est, quod Aristoteles opinatus
fuit mundum ab aeterno fuisse, ut patet in octavo physicorum et in primo de
caelo: et tamen manifestum est per antiquas historias, quod ab aliquo certo
tempore incoeperunt regiones habitari: quod videtur contrariari aeternitati
mundi. Sed ad hoc solvendum inducebat Aristoteles quod multoties factae sunt
desolationes generales terrarum per aliqua diluvia vel per quascumque
corruptiones; quibus cessantibus incoeperunt de novo regiones habitari. Quod
quidem potuit contingere dupliciter. Uno modo ita quod homines generarentur
ex terra. Posuerunt enim quidam quod ex terra aliquo modo proportionata
naturaliter generaretur homo, sicut et murem certum est generari ex terra.
Sed hoc non videtur conveniens: quia natura ex determinatis principiis et per
determinata media procedit ad suos effectus: unde animalia perfecta nunquam
possunt generari nisi ex semine: unde non credimus quod ex terra possit homo
fieri naturaliter, sed solum virtute divina. Alio modo potuit contingere quod
in generali corruptione aliqui homines conservarentur vel in montibus vel per
aliquem alium modum; sicut nos ponimus quod Noe fuit conservatus in arca,
tempore diluvii generalis, et Deucalion fuit conservatus in montibus in
diluvio, quod accidit tempore Ogygis regis in terra Graecorum. Sed quocumque
horum modorum contigerit, videtur quod primi homines fuerint contingentes id
est qualescumque non viri excellentes, et quod fuerint insensati, sicut
fabulose dicitur de illis qui dicuntur fuisse producti de terra, tempore
Deucalionis: unde inconveniens videtur quod aliquis permaneat in legibus et
statutis ipsorum. |
292. Il présente la troisième raison, là [1742] où il dit : ¨ Car il est probable qu’à l’origine etc.¨. Et pour la manifester il faut considérer qu’Aristote croyait que le monde était éternel, ainsi qu’on le voit au huitième livre des Physiques et au premier livre du Ciel : et cependant nous savons au moyen des anciens historiens que les pays ont commencé à être peuplés à partir d’un moment déterminé, ce qui semble contredire l’éternité du monde. Mais pour résoudre cette difficulté Aristote voulait qu’à plusieurs occasions il se soit produit des destructions universelles sur la terre par l’action de déluges ou de toutes sortes d’autres destructions, lesquelles ayant cessé, les nations ont commencé à se repeupler à nouveau. Ce qui a pu certes se produire de deux manières. Selon la première les hommes auraient été engendrés à partir de la terre. Certains en effet affirmaient que c’est à partir d’une terre proportionnée que l’homme est engendré par la nature tout comme la terre produit une souris déterminée. Mais cela ne paraît pas convenable car c’est à partir de principes déterminés et par des moyens déterminés que la nature produit ses effets : d’où il suit que les animaux achevés ne peuvent être engendrés qu’à partir d’une semence; par conséquent, nous ne pouvons croire que c’est à partir de la terre que l’homme a pu être engendré par la nature, mais qu’il n’a pu l’être que par la puissance divine. Selon la deuxième il aurait pu arriver que lors d’un désastre universel certains hommes auraient pu survivre dans les montagnes ou d’une autre manière, tout comme nous affirmons que Noé a trouvé le salut dans l’Arche au temps du déluge universel et Deucalion l’a trouvé dans les montagnes lors du déluge qui se produisit au temps d’Ogygès, roi du pays des Grecs. Mais quelle que soit la manière dont les choses se seraient produites, il apparaît que les premiers hommes étaient sots et ignorants, c’est-à-dire imparfaits comme le rapporte la fable au sujet de ceux qu’on dit avoir été produits à partir de la terre au temps de Deucalion; d’où il ne convient pas de conserver leurs lois et leurs décrets. |
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[79358] Sententia Politic., lib. 2 l. 12 n. 5 Quartam rationem ponit, ibi, ad haec autem et
cetera. Posset enim aliquis dicere quod consuetudines antiquorum insensatorum
opportunum fuit mutare; sed leges quae sunt scriptae a viris sapientibus non
debent mutari. Sed ad hoc excludendum ipse obiiciendo dicit quod non est
melius, si etiam leges scriptae permaneant immobiles. Videmus enim quod
impossibile est omnia diligenter et perfecte esse conscripta circa
ordinationem civitatis, etiam a quantumcumque sapientibus viris; sicut etiam
est hoc impossibile circa alias artes: quia sapientes scribunt leges in
universali, et non possunt considerari omnia particularia: actus vero sunt
circa particularia: unde non potuerunt omnia perfecte conscribere quae
pertinent ad directionem actuum; et sic melius est quod immutentur quando
aliquid melius invenitur. Sic ergo per huiusmodi rationes videtur quod
quaedam leges aliquando sint mutandae. |
293. Il présente la quatrième raison là [1743] où il dit : ¨ Et par ailleurs les lois écrites non plus etc.¨. En effet, quelqu’un pourrait dire qu’il fut avantageux de changer les coutumes insensées des anciens, mais que les lois qui sont rédigées par des hommes sages ne doivent pas être changées. Mais pour répondre à cela par manière d’objection il dit lui-même qu’il n’est pas préférable que même les lois écrites demeurent inchangées. Nous voyons en effet qu’il est impossible que tout ait été écrit avec le plus grand soin et avec perfection relativement à l’organisation de la cité, même par les hommes les plus sages, tout comme cela est impossible aussi dans les autres arts; car les lois écrites par les sages sont universelles et ces derniers n’ont pu faire l’examen de tous les cas particuliers alors que précisément les actions sont particulières; c’est pourquoi tous leurs écrits, lesquels se rapportent à la réglementation des actions, n’ont pu être parfaits; et c’est pourquoi il est préférable qu’ils soient changés lorsqu’on parvient à découvrir quelque chose de meilleur. Ainsi donc, par des raisons de ce genre, nous voyons que certaines lois doivent parfois être changées. |
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[79359] Sententia Politic., lib. 2 l. 12 n. 6 Deinde cum dicit alio autem modo etc., procedit
ad contrarium. Et primo ostendit veritatem quaestionis. Secundo solvit
quamdam inductarum rationum, ibi, mendax quoque et cetera. Dicit ergo primo,
quod si quis secundum alium modum consideret, videbitur esse multum verendum,
mutare antiquas leges etiam pro verioribus: potest enim contingere quod sit
modicum melius illud, quod adinvenitur: consuescere autem ad dissolvendum
leges est valde pravum. Unde manifestum est quod sustinendi sunt quidam
modici defectus et errores qui contingunt principibus et sapientibus in
legibus ferendis; quia ille qui vult mutare propter aliquid melius, non
tantum proficiet mutando, quantum nocebit, dum consuescunt cives ad non
observandum statuta et praecepta principum. |
294. Ensuite lorsqu’il dit [175] : ¨ Mais d’un autre côté etc.¨. Il procède par l’opposé. Et en premier lieu il manifeste la vérité de la question [175]. Deuxièmement il résout une des raisons présentées, là [176] où il dit : ¨ Aussi il est trompeur etc.¨. Il dit donc en premier lieu [175] que si on considère l’autre point de vue, il apparaîtra que c’est avec beaucoup de crainte qu’il faut changer les lois traditionnelles même pour des meilleures, car il peut arriver que ce qu’on découvre de meilleur ne le soit pas à ce point : et habituer les hommes à abroger les lois est très mauvais. D’où il est manifeste que certaines erreurs et défauts légers qui ont été apportés dans les lois par les magistrats et les hommes sages doivent être tolérés. Car celui qui désire changer parce qu’il a en vue quelque chose de mieux, ne sera pas par ce changement aussi utile que nuisible à la cité alors même que les citoyens prennent l’habitude de ne pas respecter les décrets prescrits par les magistrats. |
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[79360] Sententia Politic., lib. 2 l. 12 n. 7 Deinde cum dicit mendax quoque etc., solvit
unam inductarum rationum in contrarium. Et dicit quod illud exemplum, quod
sumebatur de artibus in quibus profuit multa mutasse, inducit nos ad
mendacium, quod non est simile de mutatione artis et legis: quia ea quae sunt
habent efficaciam ex ratione; sed lex nullum habet robur ad hoc quod
persuadeatur subditis, quia sit bona, nisi consuetudinem; quae quidem non fit
nisi per multum tempus. Unde qui facile mutat leges, quantum est de se,
debilitat legis virtutem. Ad alias autem rationes patet solutio; quia non
concludunt quod leges sint de facili mutandae; sed quod aliquae leges,
scilicet malae, sint aliquando mutandae, quod verum est. |
295. Ensuite lorsqu’il dit [176] : ¨ Aussi il est trompeur etc.¨. Il résout une des raisons présentées dans le point de vue opposé. Et il dit que cet exemple qui est tiré des arts dans lesquels il fut avantageux d’avoir fait de nombreux changements, nous amène à nous tromper, car les changements dans les arts ne sont pas de même nature que ceux qui ont lieu dans les lois: car les œuvres d’art tirent leur efficacité de la raison alors que la loi ne possède pas d’autre pouvoir que celui de l’habitude pour se montrer bonne à ceux qui lui obéissent. D’où il suit que celui qui change les lois à la légère affaiblit la puissance de la loi quant à ce qu’elle est en elle-même. Quant aux autres raisons la réponse est évidente car elles ne concluent pas que les lois doivent être changées facilement, mais que certaines d’entre elles, c’est-à-dire les mauvaises, doivent parfois être changées; ce qui est vrai. |
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[79361] Sententia Politic., lib. 2 l. 12 n. 8 Deinde cum dicit adhuc autem si mutandae etc.,
movet aliam quaestionem; et dicit, quod si leges sint aliquando mutandae,
quaerendum est, utrum omnes sint mutandae, et in qualibet politia vel non; et
utrum sint mutandae a quocumque, vel ab aliquibus determinatis. Multum enim
differt quid circa hoc verius sit. Et ideo haec consideratio dimittatur ad
praesens et reservetur in posterum. |
296. Ensuite lorsqu’il dit [177] : ¨ Mais de plus etc.¨. Il soulève une autre question; et il dit que si les lois doivent parfois être changées, il faut se demander si elles doivent toutes être changées et si elles doivent être changées dans toute sorte de constitution ou bien non; et si elles doivent être changées, est-ce que ce sera par n’importe qui ou par certaines personnes déterminées seulement? Les réponses apportées dans l’un ou l’autre cas diffèrent grandement quant à la vérité. Et c’est pourquoi nous laissons à présent l’étude de ces questions et les reportons à une autre occasion. |
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Lectio
13 |
LEÇON 13 (nn. 297-308; [178-187]) ─ Le Philosophe
examine la constitution des Lacédémoniens qui depuis longtemps est apparue
supérieure aux autres et il la reprend quant à ce qu’elle dit des esclaves,
des femmes et de la possession des terres.
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Leçon 13 |
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[79362] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 1 De ea autem quae Lacedaemoniorum et cetera.
Postquam philosophus posuit politias institutas a sapientibus, nunc agit de
politiis, quae in civitatibus observabantur. Et primo de politia
Lacedaemoniorum sive Lachosensium. Secundo de politia Cretensium, ibi,
Cretensium autem politia et cetera. Tertio de politia Calchedoniorum, ibi,
politizare autem videntes et cetera. Horum enim civitatum politiae
commendabantur. Circa primum duo facit. Primo ponit modum considerationis
necessariae circa has politias. Secundo agit de politia Lacedaemoniorum, ibi,
quod quidem igitur oportet et cetera. Dicit ergo primo, quod duae
considerationes incidunt circa politias Lacedaemoniorum et alias politias:
quarum una est ut consideretur, utrum illud quod in eis lege est statutum,
sit conveniens ordini virtutis. Hoc enim est finis omnis legis. Unde si lex
non sit proportionata ad virtutem, non erit lex. Alia consideratio est, utrum
in politia sit aliquid ordinatum, quod sit conveniens secundum suppositionem
et modum, contrariae politiae ei quae proponitur: puta si aliquis intendat
instituere politiam democraticam, et ponat leges convenientes politiae
oligarchicae, quae est contraria. Sic enim et in scientiis aliquid
reprobatur, aut quia non convenit veritati, aut quia non convenit positioni. |
297. Après avoir présenté les constitutions instituées par les sages, le Philosophe traite ici de celles auxquelles on se conforme dans les cités. Et il traite en premier lieu de la constitution des Lacédémoniens [178]. Deuxièmement de celle des Crétois, là [196] où il dit : ¨ Certes, des Crétois etc.¨. Troisièmement de celle des Carthaginois, là [207] où il dit : ¨ Mais les Carthaginois semblent avoir bien gouverné etc.¨. En effet les constitutions de ces cités étaient recommandées. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il présente la manière dont il faut procéder pour un examen sérieux de ces constitutions [178]. Deuxièmement il traite de la constitution des Lacédémoniens, là [179] où il dit : ¨ Ce que certains donc etc.¨. Il dit donc en premier lieu [178] qu’il y a deux considérations qui se présentent relativement aux constitutions des Lacédémoniens et aussi aux autres constitutions, dont la première est d’examiner si ce qui leur est imposé dans la loi convient à l’ordre de la vertu. Car cela en effet est la finalité même de toute loi. D’où il suit que si la loi n’est pas proportionnée à la vertu, elle ne sera pas une loi. L’autre point à examiner est de savoir s’il existe dans la constitution une disposition qui appartienne selon les principes et la forme à une constitution contraire à celle qui est proposée: par exemple, ce sera le cas si on cherche à fonder une constitution démocratique et qu’on établisse des lois qui conviennent à une constitution aristocratique, laquelle est contraire à la première. Il en est ainsi même dans les sciences où l’on trouve quelque chose à reprocher soit parce que ce qui y est dit est contraire à la vérité, soit parce qu’on y trouve une incohérence relative à la forme. |
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[79363] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 2 Deinde cum dicit quod quidem igitur etc., agit
de politia Lacedaemoniorum. Et primo quantum ad ea quae habentur a civibus.
Secundo quantum ad ordinem ipsorum civium, ibi, at vero et quae circa
efforiam et cetera. Circa primum tria facit. Primo prosequitur ea quae
pertinent ad servos. Secundo ea quae pertinent ad mulieres, ibi, adhuc autem
ad mulieres et cetera. Tertio ea quae pertinent ad possessiones, ibi, post ea
enim quae nunc dicta sunt et cetera. Haec enim tria a civibus habentur. Dicit
ergo primo, quod omnes confitentur hoc: quod opportunum est civitati, quae
debet bene vivere politice, quod in ea existat scola necessariorum,
idest servorum, vel quorumcumque qui sunt necessarii ad ministrandum, ut
scilicet ipsi recta disciplina potiantur. Sed quomodo fiat non potest de
facili accipi. |
298. Ensuite lorsqu’il dit [179] : ¨ Ce que certains etc.¨. Il traite de la constitution des Lacédémoniens. Et en premier lieu il le fait quant aux choses qui se rapportent aux citoyens [179]. Deuxièmement quant à l’ordre qu’il y a entre les citoyens eux-mêmes, là [188] où il dit : ¨ Et en vérité, celle etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il traite de ce qui se rapporte aux esclaves (179). Deuxièmement il traite de ce qui se rapporte aux femmes, là (180) où il dit : ¨ Mais de plus etc.¨. Troisièmement il traite de ce qui se rapporte à la propriété, là (184) où il dit : ¨ En effet, suite à ce que etc.¨. Ces trois choses en effet se rapportent aux citoyens. Il dit donc en premier lieu [179] que tous admettent ceci, à savoir qu’il est avantageux à la cité, pour qu’elle soit bien gouvernée, qu’il existe en elle une disposition relative aux nécessités de la vie, c’est-à-dire aux esclaves, et à toutes les tâches contraignantes dont on doit se libérer par une bonne éducation. Mais comment parvenir à une telle libération, cela n’est pas facile à établir. |
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[79364] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 3 Quod autem hoc sit necessarium, manifestat
consequenter per inconvenientia, quae ex eis sequuntur, quando non sunt bene
disciplinati. Multoties enim contingit, quod pauperes in Thessalonica molesti
fuerunt divitibus: et similiter etiam Lachosibus, id est Lacedaemoniis servi
eorum frequenter fuerunt infesti: insidiabantur enim eis quando aliqua
infortunia eis contingebant, ita ut non possent eos reprimere, et in talibus
infortuniis eos molestabant. Sed Cretensibus nihil tale accidit: et forte
huius causa est, quia quamvis civitates, quae sunt vicinae, pugnent
adinvicem, nulla tamen civitas (est) quae pugnet contra aliquos cives
distantes, eo quod non expediat eis, propter hoc quod praedia possident prope
civitatem et domos suas; et sic si longinquum bellum susciperent, non possent
suorum praediorum curam habere. Et quia Cretenses non habebant vicinos, qui
contra eos pugnarent, puta in insula maris existentes, non frequenter
imminebant eis infortunia, in quibus servi vel inopes possent eis insidiari.
Sed Lachosensibus, id est Lacedaemoniis omnes vicini inimicabantur. Erant
enim totaliter dediti rebus militaribus, ut Vegetius dicit in libro de re
militari, sicut et Athenienses philosophiae. Inimicabantur enim Argi et
Messenii et etiam Arcades, et a principio etiam discordabant a
Thessalonicensibus. Habuerunt etiam bella cum Achaicis vicinis eorum, et
Perrebiis et Magnesibus. Et ideo multoties infortunia eis imminebant, quibus
eorum servi insidiabantur. |
299. Mais que cela soit nécessaire cependant, il le manifeste par la suite au moyen des inconvénients qui découlent de ces servitudes lorsqu’elles ne sont pas bien réglées. Il est souvent arrivé en effet que les pauvres en Thessalie se soient montrés désagréables à l’égard des riches et de même chez les Lacédémoniens les esclaves furent à maintes reprises hostiles à leur égard: ils les épiaient en effet lorsqu’une infortune leur arrivait, de telle manière qu’ils ne pouvaient être arrêtés et qu’ils les tourmentaient dans leurs malheurs. Mais chez les Crétois rien de tel n’arriva : et la cause en est peut-être que bien que les cités qui y sont voisines soient en guerre les unes contre les autres, il n’y a cependant aucune cité qui combatte contre des citoyens éloignés, du fait que cela n’est pas dans leur intérêt parce qu’ils possèdent leurs domaines près de la cité et de leurs maisons; et ainsi s’ils devaient soutenir une guerre qui dure longtemps ils ne pourraient avoir soin de leurs domaines. Et parce que les Crétois n’avaient pas de voisins qui leur faisaient la guerre parce qu’ils vivaient sur une île, ils n’étaient pas souvent pressés par ces infortunes dans lesquelles les esclaves ou les pauvres pouvaient leur tendre des pièges. Mais les Lacédémoniens étaient menacés par tous leurs voisins qui se consacraient entièrement aux choses de la guerre, ainsi que Végèce l’affirme dans son livre intitulé Sur l’art militaire, tout comme les Athéniens se consacraient à la philosophie. Ils avaient en effet pour ennemis les Argiens, les Messéniens et même les Arcadiens et, à l’origine, ils se querellaient même avec les Thessaliens. Ils entrèrent aussi en guerre avec les Achéens leurs voisins ainsi qu’avec les Perrhèbes et les Magnésiens. Et c’est pourquoi ils étaient souvent pressés par ces infortunes lors desquelles leurs esclaves se soulevaient. |
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[79365] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 4 Sic igitur patet, quod necessarium est, ut
servi et alii necessarii disciplinentur. Sed quod non sit facile, ostendit
consequenter. Et dicit, quod si nihil alterum esset, istud videtur operosum
esse quantum ad curam, quae oportet haberi de servis, quomodo oporteat ad eos
colloqui, vel qualitercumque conversari. Quia ex una parte, si homo benigne
se habeat ad eos, insolescunt et efficiuntur iniuriosi, et reputant se
aequales dominis suis. Ex alia vero parte si ipsi vivant, semper mala
sustinendo a dominis suis, odiunt eos et insidiantur eis: unde difficile est
videre qualiter sint tractandi. Oportet enim medio modo se ad eos habere, ut
non iniuste affligantur, nec tamen eis nimia familiaritas ostendatur. Ex
istis ergo concludit, quod Lacedaemonii, quibus hoc accidit, ut a servis suis
molestarentur, non sunt ex illis, qui optimum modum invenerunt circa
gubernationem servorum. |
300. Ainsi donc il est évident qu’il soit nécessaire de bien discipliner les esclaves ainsi que les autres moyens de subsistance. Mais que cela ne soit pas facile à réaliser, il le montre par la suite. Et il dit que s’il n’y avait rien d’autre à faire, ce seul fait apparaît pénible, à savoir celui de se soucier de la façon de se comporter avec les esclaves, de leur parler ou d’entrer en relation avec eux. Car d’un côté, si on se comporte avec bonté à leur égard, ils se montrent insolents et injurieux et se prétendent les égaux de leurs maîtres. Mais d’un autre côté, s’ils endurent une vie misérable de la part de leurs maîtres, ils les haïssent et conspirent contre eux: d’où il est difficile de voir comment il faut les traiter. Aussi faut-il se comporter à leur égard d’une manière intermédiaire, de sorte qu’ils ne soient pas abaissés injustement et qu’on ne leur montre cependant pas trop de familiarité. À partir de ces considérations, le Philosophe conclut que les Lacédémoniens, auxquels ces déboires survinrent, ne font pas partie de ceux qui trouvèrent le meilleur moyen de gouverner les esclaves. |
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[79366] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 5 Deinde cum dicit adhuc autem ad mulieres etc.,
agit de politia Lacedaemoniorum quantum ad mulieres. Et circa hoc quatuor
facit. Primo ostendit, necessarium esse, quod mulieres in civitate bene
disciplinentur. Secundo ostendit quid circa hoc Lacedaemonii observarent,
ibi, quod quidem ibi accidit et cetera. Tertio ostendit, quae inconvenientia
ex hac observantia sequerentur, ibi, itaque necessarium. Quarto ostendit,
quae fuerit causa huius observantiae, ibi, a principio quidem igitur et
cetera. Dicit ergo primo, quod remissio legum circa mulieres, ut scilicet
absque convenienti disciplina in civitate vivant, ad duo est nociva. Primo
quidem ad electionem politiae; quia per earum inordinationem totam politiam
contingit immutari, ut dicetur. Secundo ad felicitatem civitatis; quia
propter earum inordinationem multa inconvenientia possunt in civitate sequi. Et
hoc manifestat per hoc, quod sicut partes domus sunt vir et mulier, ut in
primo dictum est, ita oportet quasi totam civitatem quae ex domibus
constituitur, in duo dividi, considerata multitudine virorum et mulierum.
Unde sequitur, quod in quibuscumque civitatibus male se habeat ordinatio
mulierum, reputandum est, quod medietas civitatis non sit bene ordinata
secundum leges. |
301. Ensuite lorsqu’il dit [180] : ¨ Mais de plus etc.¨. Il traite de la constitution des Lacédémoniens quant à ce qui se rapporte aux femmes. Et, à ce sujet il fait quatre choses. En premier lieu il montre qu’il est nécessaire que dans toute cité les femmes soient bien éduquées [180]. Deuxièmement il montre ce que les Lacédémoniens observaient à ce sujet, là [181] où il dit : ¨ C’est certes ici ce qui etc.¨. Troisièmement il montre quels inconvénient découlaient de cette coutume, là [182] où il dit : ¨ C’est pourquoi il est nécessaire etc.¨. Quatrièmement il montre quelle aura été la cause de cette coutume, là [183] où il dit : ¨ Donc à l’origine certes etc.¨. Il dit donc en premier lieu [180] que le relâchement des lois à l’égard des femmes, tel qu’elles soient amenées à avoir dans la cité une vie déréglée, est nuisible sous deux rapports : en premier lieu certes ce relâchement est nuisible à l’esprit de la constitution car par leurs désordres c’est l’ensemble de la constitution qui est appelé à changer, ainsi que nous le verrons; en deuxième lieu il l’est aussi au bonheur de la cité car de leurs dérèglements plusieurs inconvénients peuvent découler dans la cité. Et cela, il le manifeste au moyen de ceci, à savoir que tout comme les parties essentielles de la famille sont l’homme et la femme, ainsi que nous l’avons dit au premier livre, ainsi l’ensemble de la cité, qui est constitué des familles, se divise en ces deux parties si nous prenons en considération la multitude des hommes et des femmes. D’où il suit que dans ces cités où l’éducation des femmes est mal assurée, il faut penser que c’est la moitié de la cité qui n’est pas bien réglementée conformément aux lois. |
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[79367] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 6 Deinde cum dicit quod quidem ibi etc., ostendit
quid circa hoc observaretur apud Lacedaemoniam. Ibi enim accidebat praedicta
inordinatio mulierum. Cum enim de intentione legislatoris esset, quod tota
civitas esset perseverativa, id est potens sustinere et abstinere a delitiis,
hoc bene observabatur quantum ad viros; sed mulieribus hoc instituere
legislator neglexit. Vivunt enim ibi mulieres voluptuose secundum omne genus
intemperantiae, et etiam delitiose. |
302. Ensuite lorsqu’il dit [1811] : ¨ C’est pourquoi il est nécessaire etc.¨. Il montre ce qu’on observait chez les Lacédémoniens à ce sujet. Là en effet se manifestait ce dérèglement des femmes. Comme en effet c’était l’intention du législateur que toute la cité soit capable de supporter les épreuves et de se priver des douceurs de la vie, cela s’observait bien du côté des hommes mais le législateur négligea de donner cette formation aux femmes. Là en effet les femmes menaient une vie remplie de voluptés sans aucune sorte de retenue jusqu’à s’abandonner à la mollesse. |
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[79368] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 7 Deinde cum dicit itaque necessarium etc.,
ostendit quae inconvenientia sequebantur. Et ponit quatuor: quorum primum
est, quod necessarium est in tali politia, in qua mulieres sic delitiose
vivunt, quod viri multum appretientur divitias, et concupiscant eas, ut ex
his satisfacere possint delitiis mulierum, quae sine magnis sumptibus esse
non possunt. Hoc autem multum facit ad hoc, quod mores corrumpantur in
civitate quod multum curent de divitiis. Ex hoc enim sequitur, quod omnia in
civitate sint venalia; quod corrumpit statum civitatis. Secundum inconveniens
ponit, ibi, aliterque si existant et cetera. Et dicit, quod si cogatur
multitudo civium, ut nimis contineat a mulieribus, sequitur quod labantur ad
turpe vitium, scilicet ad coitum masculorum; sicut accidit multis
militantibus et bellicosis viris, et quibuscumque similibus. Qui enim primo
fabulose induxit, quod Mars fuit maritus Veneris, non irrationabiliter est
locutus; quia viri bellicosi, qui sunt Martiales, luxuriosi sunt, et inhiant
vel ad coitum masculorum vel mulierum. Dicitur enim in libro de
problematibus, quod equitantes continue, luxuriosi magis fiunt, quia propter
caliditatem et motum, hoc patiuntur, quod accidit in coitu. Hoc etiam quod
frequenter vacant a negotiis, eos luxuriosos facit. Et hoc etiam accidit
Lacedaemoniis, propter hoc quod ad nimiam continentiam mulierum legislator
eos induxit. Tertio inconveniens
ponit, ibi, et multa dispensabantur et cetera. Et dicit, quod mulieres in
Lacedaemonia, propter hoc quod delitiose vivebant, praesumptuosae
reddebantur, et volebant se de omnibus intromittere; ita quod etiam in
principatibus civitatis, multa dispensabantur per mulieres: et tamen nihil
differt, utrum ipsae mulieres principentur, vel ipsi principes sub mulieribus
regantur, quod eis subiecti propter insolentiam mulierum. Idem enim accidit
utroque modo, ut scilicet civitas male regatur, quia mulieres deficiunt
ratione. Quartum inconveniens ponit, ibi, utili autem existente et cetera.
Mulieres enim Lacedaemoniorum propter delitias insolentes et audaces
reddebantur. Audacia autem in civitate ad nihil circularium, id est
circumadiacentium negotiorum utilis esse potest, nisi ad bellum: et tamen ad
hoc etiam audacia illarum mulierum erat nociva. Quod quidem manifestatum fuit
in bello quod habuerunt cum Thebanis; in quo mulieres ad nihil utiles erant,
nolentes facere ministeria, quae in aliis civitatibus mulieres faciunt. Sed
viris pugnantibus, maiorem tumultum inferebant, quam etiam inimici, volentes
forte de omnibus se intromittere. Unde ex his patet remissionem mulierum
nocivam fuisse. |
303. Ensuite lorsqu’il dit [182] : ¨ C’est pourquoi il est nécessaire etc.¨. Il montre quels inconvénients découlaient de là. Et il en présente quatre, dont le premier est qu’il est nécessaire que dans une telle constitution, où les femmes vivent dans la mollesse, que les hommes désirent grandement les richesses et qu’ils les recherchent avec avidité afin que par elles ils puissent répondre aux appétits de leurs femmes, lesquels ne peuvent être assouvis sans de grandes dépenses. Mais cela contribue grandement à corrompre les mœurs dans la cité et à accorder beaucoup d’importance aux richesses. Il suit de cela en effet que tous les citoyens sont enclins à se vendre, ce qui corrompt les fondements mêmes de la cité. Il présente le deuxième inconvénient, là [1821] où il dit : ¨ Et autrement s’ils se trouvent à être etc.¨. Et il dit que si l’ensemble des citoyens est forcé de se priver des femmes à l’extrême, ils tombent dans un vice honteux qui consiste à s’unir à d’autres hommes, ainsi que cela se produit chez de nombreux guerriers, chez des hommes belliqueux et chez ceux qui leur ressemblent. Celui en effet qui à l’origine a imaginé dans une fable que Mars fut l’époux de Vénus, ce n’est pas sans raison qu’il le fit; car les hommes de guerre, qui sont martiaux, sont voluptueux et désirent ardemment s’unir soit aux hommes, soit aux femmes. On dit en effet, au livre intitulé Des questions à résoudre, qu’étant continuellement à cheval, ils sont davantage portés à la luxure car en raison de la chaleur et du mouvement, ils subissent ce qui se produit lors du coït. Et comme ils étaient souvent absents des affaires et du travail, cela aussi les rendait voluptueux. Et cela se produisait aussi chez les Lacédémoniens à cause d’une privation excessive des femmes à laquelle le législateur les amenait. Il présente le troisième inconvénient, là [1822] où il dit : ¨ Et de nombreuses choses étaient administrées etc.¨. Et il dit que les femmes de Lacédémone, parce qu’elles vivaient dans la mollesse, devenaient présomptueuses et désiraient se mêler de tout de telle manière que même dans le gouvernement de la cité, de nombreuses choses étaient administrées par les femmes : et cependant, cela ne change rien si ce sont les femmes elles-mêmes qui commandent ou si les magistrats sont menés par les femmes car dans les deux cas, en raison de l’arrogance de ces dernières, ils leur sont soumis. D’une manière ou d’une autre en effet, c’est le même résultat qui est atteint : la cité est mal gouvernée car les femmes manquent de raison. Enfin il présente le quatrième inconvénient, là [1823] où il dit : ¨ En effet la présence de l’audace n’est utile à rien etc.¨. En effet les femmes des Lacédémoniens se rendaient insolentes et audacieuses en raison de leurs caprices. Mais l’audace ne peut être utile à aucune des affaires courantes de la cité si ce n’est à la guerre : et cependant même à cela l’audace de ces femmes était nuisible. Ce qui devint certes évident dans la guerre qu’ils menèrent contre les Thébains dans laquelle les femmes n’étaient utiles à rien, refusant de rendre les services que les femmes des autres cités accomplissaient. Au lieu de cela, voulant tout gérer, elles portèrent dans le camp de leur propre armée des désordres plus grands que ceux qui étaient provoqués par les ennemis eux-mêmes. Pour toutes ces raisons il est évident que le dérèglement des femmes fut nuisible. |
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[79369] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 8 Deinde cum dicit a principio quidem igitur
etc., ostendit causam praedictae observantiae. Et dicit quod rationabiliter
Lacedaemoniis accidit a principio remissio disciplinae circa mulieres; quia
propter militiam, cui totaliter dedita erat civitas, multo tempore
peregrinabantur extra domum, pugnantes contra Argos et Arcades et Messenos.
Et ideo mulieres remanebant domi absque viris, ad libitum viventes nullam
disciplinam a viris habentes. Et ex hac etiam causa contingit quod viri facti
sunt virtuosi in multis. Vacantes enim rebus bellicis se exhibebant promptos
ad obediendum legislatori propter consuetudinem militaris vitae, quae multas
in se continet partes virtutis. Requirit enim talis vita maximam obedientiam
et abstinentiam a delitiis, et perseverantiam in laboribus et rebus
dolorosis. Postmodum Lycurgus legislator Lacedaemoniorum conatus fuit
mulieres reducere ad rectam disciplinam legum. Sed mulieres omnino
restiterunt propter pravam consuetudinem; et ideo oportuit quod legislator
desisteret ab incepto. Hae sunt igitur causae eorum quae fiebant apud Lacedaemones,
et potestatis mulierum, quae apud eos erat: et quamvis ex rationabili causa
hoc acciderit absque eorum culpa, et sic sint excusandi, tamen eos non
consideramus modo, quibus oporteat dare veniam vel non dare. Non enim
intendimus eos laudare vel vituperare, sed ostendere quid recte se habeat vel
non recte. Manifestum est enim quod ea quae non bene se habebant circa
mulieres, apud eos non solum erant indecens secundum se politiae eorum, sed
etiam in animis civium aliquid addebant ad amorem pecuniae, ut dictum est. |
304. Ensuite lorsqu’il dit [183] : ¨ À l’origine etc.¨. Il montre la cause expliquant ce dérèglement observé chez les femmes. Et il dit que c’est avec raison que ce relâchement de l’éducation chez les femmes se produisit à Lacédémone; et il dit qu’en raison de la guerre à laquelle la cité était entièrement dévouée, les hommes voyageaient loin de la maison pendant de longues périodes de temps, combattant contre les Argiens, les Arcadiens et les Messéniens. Et c’est pourquoi les femmes, demeurant seules à la maison, vivaient selon leurs fantaisies, sans recevoir aucune règle de la part des hommes. Et c’est encore la même cause qui explique que les hommes devinrent vertueux en de nombreuses choses. Vaquant à la vie militaire, ils se montraient prompts à obéir au législateur en raison de l’habitude même de la vie militaire qui comporte en elle une grande part de vertu. En effet, cette sorte de vie exige une très grande obéissance, l’abstinence des plaisirs et une grande persévérance à travers les peines et les souffrances. Un jour, Lycurgue, législateur chez les Lacédémoniens, entreprit de ramener les femmes à la règle ferme des lois. Mais les femmes, en raison de leurs mauvaises habitudes, lui présentèrent une résistance complète et c’est pourquoi le législateur dut renoncer à son entreprise. Telles sont donc les causes de ce qu’on observait chez les Lacédémoniens, y compris du pouvoir que les femmes y avaient : et bien que pour une bonne raison cela se soit produit sans que ce soit leur faute et qu’on doive les en excuser, cependant nous ne les voyons pas comme ceux auxquels il faut ou non accorder un pardon. En effet nous ne cherchons pas à les louer ou à les blâmer, mais à montrer qui a raison. Il est évident en effet que les choses qui étaient inacceptables chez les femmes non seulement étaient contraires à l’esprit de la constitution chez les Lacédémoniens, mais elles étaient aussi contraires à l’âme des citoyens car elles encourageaient l’amour de l’argent, ainsi que nous l’avons déjà dit. |
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[79370] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 9 Deinde cum dicit post ea enim quae nunc dicta
sunt etc., agit de politia Lacedaemoniorum quantum ad possessiones. Et primo
improbat politiam ipsorum circa possessiones, ostendens eam esse nocivam
civitati. Secundo ostendens eam esse contrariam legislatoris intentioni, ibi,
contraria autem et cetera. Circa primum tria facit. Primo proponit quod apud
eos erat irregularitas possessionum. Secundo ostendit unde provenerat, ibi,
hoc autem et per leges et cetera. Tertio ostendit nocumentum quod ex hoc est
secutum, ibi, igitur cum possit regio et cetera. Dicit ergo primo, quod post
praedicta quae reprobanda sunt in hac politia circa servos et mulieres,
potest etiam eos aliquis increpare, quod circa irregularitatem possessionis
delinquebant. Accidebat enim apud ipsos quod aliqui habebant valde magnas
possessiones, alii vero habebant valde modicas, ita quod quasi tota regio ad
dominium paucorum pervenerat. |
305. Ensuite lorsqu’il dit [184] : ¨ Après cela etc.¨. Il traite de la constitution des Lacédémoniens quant à la propriété. Et en premier lieu il rejette leur constitution relativement à la propriété en montrant qu’elle est nuisible à la cité [184]. Deuxièmement il montre qu’elle est contraire à l’intention du législateur, là [187] où il dit : ¨ Mais elle est contraire etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il explique qu’il y avait chez eux une irrégularité touchant la propriété [184]. Deuxièmement il montre d’où provenait cette irrégularité, là [185] où il dit : ¨ Mais cela est encore etc.¨. Troisièmement il montre le préjudice qui en découla, là [186] où il dit : ¨ Donc, puisque ce pays pouvait etc.¨. Il dit donc en premier lieu [184] que suite à tout ce qui a précédé comme reproches à cette constitution relativement aux esclaves et aux femmes, on peut encore les réprimander puisqu’ils se montraient fautifs à l’égard d’une irrégularité touchant la propriété. Il arrivait en effet chez eux que certains possédaient de très grands biens alors que d’autres n’en possédaient que très peu, de telle manière que l’ensemble du pays était devenu la propriété d’un petit nombre de personnes. |
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[79371] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 10 Deinde cum dicit hoc autem et per leges etc.,
ostendit, unde haec irregularitas processerat. Et dicit quod hoc processit ex
prava ordinatione legis. Statuit enim legislator apud eos quod civis non
esset dominus vendendi et emendi, ut scilicet posset possessionem suam
vendere aut emere alienam quacumque ex causa. Et hoc quidem bonum fecit ad
regulandas possessiones; non tamen recte, quia non sufficienter. Dedit enim
potestatem civibus, ut quibuscumque vellent darent inter vivos vel etiam
derelinquerent in testamento bona sua; ex quo etiam accidebat irregularitas possessionum,
sicut ex emptione et venditione: ita quod si totum eorum territorium
divideretur in quinque partes, duae illarum partium iam pervenerant ad
mulieres. Tum quia multae earum erant institutae haeredes a viris
morientibus; tum etiam quia quando nubebant accipiebant magnas dotes, cum
tamen multo melius sit, quod vel nulla dos detur, vel modica vel moderata.
Sed apud Lacedaemonios licebat cuilibet in testamento dimittere haeredem
bonorum suorum quemcumque voluerit; et si in sua morte non velit dimittere
haeredem, potest distribuere bona sua cuicumque voluerit. |
306. Ensuite lorsqu’il dit [185] : ¨ Mais cela etc.¨. Il montre d’où provenait cette irrégularité. Et il montre qu’elle provenait d’une mauvaise disposition de la loi. En effet, le législateur avait établi que chez eux le citoyen n’était pas maître de vendre et d’acheter, c’est-à-dire qu’il ne pouvait pas vendre sa propriété ou en acheter une pour quelque raison que ce soit. Et il en décida ainsi certes afin de régler la propriété; mais il ne le fit pas correctement car cette disposition n’était pas suffisante. Il donna en effet aux citoyens qui le voulaient le pouvoir de donner leurs biens de leur vivant ou de les léguer par testament, ce qui entraînait une inégalité de la propriété semblable à celle qui découlait de la vente ou de l’achat, de sorte que si l’ensemble de leur territoire était divisé en cinq parties, deux d’entre elles tombaient entre les mains des femmes. Alors, comme plusieurs d’entre elles avaient été établies héritières par leur mari mourant et qu’en outre elles recevaient des dotes considérables lorsqu’elles se mariaient, il aurait été plutôt préférable qu’elles n’en reçoivent pas ou qu’elles en reçoivent une petite ou une raisonnable. Mais chez les Lacédémoniens il était permis à quiconque de laisser par testament l’héritage de ses biens à qui il voulait; et si à sa mort il ne voulait pas laisser d’héritier, il pouvait distribuer ses biens à qui il voulait. |
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[79372] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 11 Deinde cum dicit igitur cum possit etc.,
ostendit quod nocumentum sit inde secutum. Et dicit quod cum tanta sit eorum
regio, idest territorium, quod posset nutrire mille quingentos equites, et
super hoc triginta millia bellatorum peditum, ad tantam paucitatem
devenerant, possessionibus devenientibus ad paucos, quod non erant nisi mille
bellatores in civitate. Et sic per opera eorum manifestatum est quod
praedicta institutio mala erat; quia civitas illa ex hoc deperiit cum nullam
gravem hostilem plagam sustinuerit. Dicitur autem quod in antiquis temporibus
extendebant politiam suam quantum poterant, ut haberent multitudinem
bellatorum; ita quod aliquando (ut dicitur) Spartiatae, id est Lacedaemones
habuerunt in exercitu suo decem millia armatorum. Sed sive ista sint vera, sive
non, tamen opportunum est quod per regulatas possessiones civitas viris
repleatur, quod aliter fieri non potest. Quia si possessiones ad paucos
devolvantur, alii propter paupertatem desererent civitatem. |
307. Ensuite lorsqu’il dit [186] : ¨ Donc, puisque etc.¨. Il montre quel préjudice découla de là par la suite. Et il dit que puisque leur contrée, c’est-à-dire leur territoire, était si vaste qu’il pouvait nourrir mille cinq cents cavaliers et par-dessus cela trente mille hoplites, les hommes en étaient venus à une pauvreté telle qu’il n’y avait pas même mille combattants dans la cité, tant les propriétés étaient tombées dans les mains d’un petit nombre de personnes. Et ainsi, au moyen des faits qui en découlèrent, il devint évident qu’une telle disposition était fautive; car c’est dans ce manque d’hommes que cette cité trouva sa perte car elle ne put supporter aucune défaite d’importance de la part de l’ennemi. On dit cependant que dans les temps anciens ils élargissaient leur constitution tant qu’ils le pouvaient de sorte que les Lacédémoniens avaient un très grand nombre de soldats, jusqu’à dix mille (selon ce qu’on en dit) hommes de guerre dans leur armée. Mais que cela soit vrai ou faux, il est préférable que la cité abonde en hommes grâce à une égale distribution de la propriété, ce qui ne pourrait arriver autrement. Car si l’ensemble des propriétés tombent entre les mains de quelques-uns, les autres déserteront la cité à cause de leur pauvreté. |
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[79373] Sententia Politic., lib. 2 l. 13 n. 12 Deinde cum dicit contraria autem etc., ostendit
quod praedicta irregularitas possessionum erat contraria intentioni
legislatoris, qui proposuerat quamdam legem circa filiorum generationem
contrariam praedictae institutioni, ex qua procedebat irregularitas possessionum.
Intendens enim legislator ad hoc quod essent plures cives in civitate,
provocavit eos ad hoc quod generarent multos filios, quibusdam immunitatibus:
erat enim statutum lege apud eos, quod ille qui genuisset tres filios, esset
affruron, id est sine custodia, quia scilicet non tenebatur ire ad custodiam
civitatis: qui autem genuerat quatuor filios erat immunis ab omnibus
vectigalibus et tributis. Et tamen manifestum est quod si observetur
praedicta regularitas in divisione possessionum, necesse erit, si
generarentur plures filii, quod sint multi pauperes in civitate, quod est
nocivum civitati, ut supra dictum est. |
308. Ensuite lorsqu’il dit [187] : ¨ Mais est contraire etc.¨. Il montre que cette inégalité de la propriété était contraire à l’intention du législateur, qui avait proposé une loi relative à la procréation opposée à la réforme qui précède et d’où découlait l’inégalité des propriétés. En effet le législateur, cherchant à augmenter le nombre des citoyens dans la cité, les encouragea par certaines exemptions à engendrer de nombreux enfants: il était en effet établi par la loi parmi eux que celui qui engendrait trois enfants était déchargé du service militaire, c’est-à-dire qu’il n’était pas tenu d’aller protéger la ville; et celui qui en engendrait quatre était soulagé de tout impôt et de toute forme de contribution. Et cependant il est évident que, si la même égalité dans la division des terres est observée, il y aura un plus grand nombre de pauvres dans la cité si plus d’enfants sont engendrés, ce qui est nuisible à la cité ainsi que nous l’avons dit. |
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Lectio 14 |
LEÇON 14 (nn. 309-320; [188-195]) ─ Que Lycurgue
se fourvoya considérablement en instituant les Éphores, les Phidities et les
impôts.
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Leçon 14 |
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[79374] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 1 At vero et quae circa efforiam et cetera.
Postquam philosophus prosecutus est de politia Lacedaemoniorum, quantum ad ea
quae habentur a civibus, scilicet servos, mulieres et possessiones, hic
prosequitur de eadem politia quantum ad ipsos cives. Et primo quantum ad
principes. Secundo quantum ad populum, ibi, non bene autem neque circa
convivia et cetera. Tertio quantum ad bellatores viros, ibi, eam autem quae
circa navigii et cetera. Erant autem tres principatus apud Lacedaemones, ut
etiam supra tactum est: scilicet ephori, idest provisores, et de his primo
tractat. Et iterum seniores quidam, et de his tractat secundo, ibi, habent
autem et quae circa seniorum et cetera. Erat etiam rex in civitate, et de hoc
tractat tertio, ibi, de regno autem siquidem melius est et cetera. Circa
primum improbat principatum ephororum quantum ad quinque. Primo quidem
quantum ad conditionem personarum quae in hoc principatu constituebantur. Et
dicit quod ea quae erant circa hunc principatum prave se habebant: hic enim
principatus habebat dominium et potestatem super ea quae erant maxima in
civitate: puta circa indicenda bella vel faciendam pacem, et circa electiones
militum et alia similia. Et tamen ad istum principatum omnes eligebantur ex
populo; ita quod quandoque accidebat quod homines valde pauperes assumebantur
ad talem principatum, qui propter penuriam venales erant, et facile poterant
corrumpi muneribus. Quod quidem prius multoties ostenderant, sed nuper
ostenderunt in quodam negotio quod habebant cum Andriis: corrupti enim
fuerunt ab eis argento, ita quod quantum in ipsis fuit, totam civitatem
periculo exposuerunt. |
309. Après avoir parcouru la constitution des Lacédémoniens sous le rapport des possessions des citoyens, à savoir les esclaves, les femmes et les terres, le Philosophe examine ici la même constitution mais sous le rapport des citoyens eux-mêmes. Et il le fait d’abord à l’égard des magistrats [188]. Deuxièmement il le fait à l’égard du peuple, là [192] où il dit : ¨ Ce n’est pas correctement cependant etc.¨. Troisièmement il le fait à l’égard des soldats, là [191] où il dit : ¨ Quant à la royauté cependant etc.¨. Il existait cependant chez les Lacédémoniens trois formes d’autorité, ainsi que nous l’avons dit précédemment : à savoir celle de l’Éphorat, c’est-à-dire de ceux qui pourvoient, et c’est d’abord d’eux qu’il traite (188), celle des Anciens dont il traite en deuxième lieu là [190] où il dit : ¨ Et de plus l’élection etc.¨, et enfin celle du roi de la cité dont il traite en troisième lieu là [191] où il dit : ¨ Au sujet du roi cependant etc.¨. En premier lieu il réprouve le pouvoir des Éphores pour cinq raisons. La première se rapporte à la condition des personnes qui étaient recrutées dans cette magistrature [188]. Et il dit que les personnes qui composaient cette magistrature se comportaient honteusement: cette magistrature en effet exerçait une autorité et un pouvoir sur ceux qui étaient les plus grands dans la cité, par exemple sur ceux qui doivent se prononcer sur la guerre et la paix et sur ceux qui choisissent les soldats, et cependant pour cette magistrature tous étaient choisis dans le peuple, de telle manière cependant qu’il arrivait parfois que des hommes très pauvres accédaient à une telle autorité, lesquels étaient prêts à se vendre pour de l’argent et pouvaient facilement être corrompus par des présents. Ce qu’ils ont certes montré clairement dans le passé en plusieurs occasions et encore récemment dans une affaire qu’ils eurent avec les Andriens: ils furent en effet corrompus par eux avec de l’argent de telle manière qu’autant qu’ils purent ils exposèrent toute la cité au danger. |
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[79375] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 2 Secundo ibi, et propter principatum esse etc.,
improbat praedictum principatum quantum ad magnam potestatem quam habebat. Et
dicit quod quia iste principatus erat valde magnus et quasi aequalis
tyrannidi, ita attenuabat potestatem regum quod cogebant, ut permitterent
quod populus seipsum regeret parum obediens legi. Et sic corrumpebatur tota
politia ipsorum, quia ex aristocratia degenerabat in democratiam. Et tamen
iste principatus quantum ad aliquid erat utilis, quia continebat civitatem in
pace: quiescebat enim populus a seditione propter hoc quod habebat partem in
magno principatu. Et haec utilitas sequebatur per experimentum in ipsis
rebus; sive hoc fuerit ex intentione legislatoris, sive fortuito acciderit. Oportet
enim, ad hoc quod politia conservetur, quod omnes partes civitatis velint eam
esse, et quod cuilibet parti civitatis sufficiat quod permaneat in suo statu:
et hoc ibi contingebat. Nam reges acceptabant propter honorem quem ibi
habebant; calicagathi autem, idest virtuosi, acceptabant propter iherusiam,
idest propter honorabilitatem seniorum: iste enim principatus erat virtutis
praemium, ita quod nullus ad eum assumebatur nisi virtuosus. Populus autem
acceptabat propter principatum ephororum, qui communicabatur omnibus. |
310. Il présente la deuxième là [1881] où il dit : ¨ Et à cause de cette autorité excessive etc.¨, où il rejette cette magistrature en raison du très grand pouvoir dont elle jouissait. Et il dit que parce que ce pouvoir était extrêmement grand et pratiquement égal à celui d’un tyran, il affaiblissait le pouvoir royal de telle manière qu’il le contraignait à permettre au peuple de se gouverner lui-même en obéissant peu à la loi. Et c’est ainsi que tout leur régime politique fut corrompu car il dégénéra d’une aristocratie en un régime démocratique. Et cependant cette magistrature fut utile à quelque chose car elle conservait la paix dans la cité: en effet le peuple s’abstenait de se soulever puisqu’il avait part à un grand pouvoir. Et on voyait cette utilité se vérifier par expérience dans les choses elles-mêmes, soit qu’elle ait été prévue par le législateur, soit qu’elle soit née du hasard. Il faut en effet, pour qu’un régime soit conservé, que toutes ses parties veuillent qu’il en soit ainsi, et que toutes ses parties constituantes se contentent de demeurer dans leur condition, et c’est ce qui se produisait alors. Car les rois acceptaient ce régime pour les honneurs qu’ils y trouvaient; et l’élite, c’est-à-dire les hommes vertueux, y trouvait son compte à cause du sénat. Cette dernière magistrature était en effet la récompense de la vertu, de telle manière qu’aucun homme ne pouvait y accéder à moins d’être vertueux. Enfin le peuple l’acceptait à cause de la magistrature des Éphores qui était accessible à tous. |
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[79376] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 3 Tertio ibi, sed eligibilem etc., improbat hunc
principatum quantum ad electionem. Erat enim commendabile quod ad illum
principatum assumerentur ex omnibus per electionem: sed modus eligendi erat
valde puerilis: quia forte per sortes vel alio inconvenienti modo eligebant,
ita quod iste deveniebat quandoque ad inopes, sicut dictum est. |
311. Il présente la troisième raison, là [1882] où il dit : ¨ Mais il fallait que soit éligible etc.¨, où il rejette la magistrature précédente sous le rapport de l’élection. Il était louable en effet qu’ils soient commis à cette magistrature au moyen d’une élection par tous : mais le mode de l’élection était grandement puéril, car d’aventure c’était par tirages au sort ou par une autre façon inconvenante qu’ils tenaient leurs élections, de telle sorte que le l’élection tombait parfois sur des incapables, ainsi que nous l’avons déjà dit. |
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[79377] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 4 Quarto, ibi, adhuc autem et iudiciorum etc.,
improbat praedictum principatum quantum ad arbitrium quod habebat. Et dicit,
quod hoc erat improbabile, quod quicumque essent ephori, habebant in sua
potestate arbitrium iudicandi de rebus magnis. Melius enim erat, quod non
iudicarent secundum proprium arbitrium, sed secundum aliquas Scripturas et
leges. |
312. Il présente la quatrième raison, là [1883] où il dit : ¨ Et de plus, des décisions etc.¨, où il rejette cette magistrature quant au pouvoir de décision qu’elle possédait. Et il dit qu’il était improbable que tous les Éphores aient eu la capacité de juger des affaires importantes. Il aurait été préférable en effet qu’ils ne prennent pas de décision de leur propre chef, mais plutôt en s’appuyant sur les règles écrites et sur les lois. |
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[79378] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 5 Quinto ibi, est autem et dieta etc., improbat
praedictum principatum quantum ad eorum conversationem. Et dicit, quod eorum
dieta id est disciplina in cibis et vestibus et potibus, et aliis huiusmodi,
non consonabat voluntati civitatis; quia in quibusdam erat valde remissa,
puta forte in vestibus vel in otio; in aliis autem, puta forte in cibis et
venereis, imponebatur eis dura lex, forte propter hoc, ut non emollescerent,
ita quod non poterant eam sustinere; sed occulte transgrediebantur legem sibi
positam fruentes corporalibus delectationibus. Et sic eorum conversatio erat
contra intentionem civitatis. |
313. Il présente la cinquième raison là [1884] où il dit : ¨ Cependant il est etc.¨, où il rejette la magistrature qui précède en raison de ses mœurs. Et il dit que la morale des Éphores en matière de nourritures, de vêtements et de boissons n’était pas en accord avec la volonté de la cité; et parce que chez certains cette morale était grandement relâchée, par exemple dans les vêtements et l’oisiveté chez les uns et peut-être dans la nourriture et les plaisirs de l’amour chez les autres, une loi sévère leur était imposée afin peut-être qu’ils ne s’amollissent pas, et qui était telle cependant qu’ils ne pouvaient pas la supporter; en effet ils transgressaient la loi qui leur avait été imposée en jouissant des plaisirs corporels. Et c’est ainsi que leurs mœurs étaient en contradiction avec l’intention du législateur. |
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[79379] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 6 Deinde cum dicit habent autem
et quae circa seniorum etc., improbat politiam praedictam quantum ad
principatum seniorum. Et primo
quantum ad potestatem ipsorum. Secundo quantum ad electionem eorum, ibi,
adhuc autem et electionem et cetera. Dicit ergo primo, quod apud Lacedaemones
non bene se habent ea quae pertinent ad principatum seniorum: manebant enim
perpetuo in principatu. Si enim huiusmodi seniores possent inveniri, qui
essent epyikes, id est virtuosi, et sufficienter instructi ad andragathiam,
id est ad virilem bonitatem, sive ad strenuitatem, posset forte aliquis
dicere, quod expediens esset civitati, quod perpetuo manerent in principatu.
Quamvis etiam si essent perfecte virtuosi, formidabile esset civitati, quod
aliqui essent habentes dominium et potestatem super magna iudicia civitatis,
et hoc per totam vitam suam. Quia sicut virtus corporis senectute
debilitatur, ita etiam plerumque virtus mentis: quia postquam senescunt
homines, non habent nec illud robur animi, nec illam vivacitatem ingenii,
quam habebant in iuventute, propter debilitatem virtutum sensitivarum
deservientium parti intellectivae. Multo plus igitur formidandum est aliquos
principari per vitam, si sunt isto modo instructi ad bonum, sicut erant apud
Lacedaemones, ita quod etiam legislator non considerat de eis omnino, sicut
de bonis viris, quia non omnia committit eis. Frequenter autem tales volunt
videri liberales in plebem, ut captent sibi favorem populi, et sic absque
utilitate civitatis dispergunt bona communia. Unde melius est, quod habeant
quamdam correctionem, talem scilicet, ut si deficientes inveniantur, possint
amoveri: nunc autem sunt absque tali correctione. Habebant tamen aliquam
correctionem, quia principatus ephororum poterat corrigere omnes principatus,
impediendo scilicet ne sententiae eorum procederent, si viderentur male
facere, et haec erat maxima dignitas ephororum. Sed nos intelligimus de alia
correctione, ut scilicet possint amoveri; quod ephori facere non poterant. |
314. Ensuite lorsqu’il dit [189] : ¨ Ils possèdent cependant etc.¨, Il rejette la constitution politique des Lacédémoniens quant à la magistrature des Anciens. Et il la rejette d’abord quant au pouvoir que ces derniers avaient [189]. Deuxièmement il la rejette quant à la manière dont ils étaient élus, là [190] où il dit : ¨ En outre la création etc.¨. Il dit donc en premier lieu [189] que chez les Lacédémoniens les choses qui se rapportent à l’autorité des Anciens ne sont pas bien réglées par la loi : en effet, c’est toute leur vie durant qu’ils conservaient leur autorité. Si en effet c’est ainsi que se montraient les Anciens comme étant vertueux et suffisamment formés à la bonté dont un homme est capable, on pourrait peut-être dire qu’il serait avantageux à la cité qu’ils demeurent toujours en autorité. Bien qu’encore qu’ils soient parfaitement vertueux, il serait redoutable à la cité que certains soient les maîtres et possèdent un plein pouvoir sur les décisions les plus importantes de la cité, et cela durant toute leur vie. Car tout comme la vitalité du corps s’affaiblit avec l’âge, il en est de même le plus souvent pour la vitalité de l’esprit: car les hommes, après avoir vieilli, ne possèdent plus ni cette fermeté de l’âme, ni cette vivacité d’esprit qu’ils possédaient dans leur jeunesse, et cela à cause de l’affaiblissement des puissances sensitives qui sont au service de la partie intellectuelle de l’âme. On doit donc encore plus redouter que certains soient toute leur vie au pouvoir, s’ils sont formés au bien à la manière dont les hommes l’étaient chez les Lacédémoniens, c’est-à-dire de telle sorte que le législateur lui-même n’avait aucune confiance en eux comme en des hommes de bien puisqu’il ne leur confiait pas tout. Et fréquemment de tels hommes veulent paraître bienveillants au peuple pour s’emparer de la faveur populaire et c’est ainsi qu’ils sont amenés à dilapider les biens publics sans que la cité y trouve le moindre avantage. D’où il serait préférable qu’ils subissent une correction telle que si on les trouve fautifs, ils puissent être remplacés: de nos jours cependant ils sont exemptés d’une telle correction. Les Lacédémoniens cependant jouissaient d’un certain pouvoir de redressement car la magistrature des Éphores pouvait redresser toutes les formes de pouvoir en les empêchant de mettre leurs desseins à exécution, mais elle se montrait incapable de le faire correctement, bien que c’était là la plus noble prérogative des Éphores. Mais nous, de notre côté, nous songeons à une autre forme de redressement, à savoir au remplacement, ce qui ne relevait pas du pouvoir des Éphores. |
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[79380] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 7 Deinde cum dicit adhuc autem etc., improbat
praedictum principatum quantum ad electionem ipsorum: et hoc duplici ratione.
Circa quarum primam dicit, quod electio seniorum, quae fiebat apud eos, erat
valde puerilis. Erat enim apud eos ordinatum, ut illi qui digni viderentur
tali principatu, peterent ipsum: quod non recte se habet: quia secundum hoc
nullus assumeretur ad principatum nisi volens. Oportet autem aliquem, qui
dignus est principatu, assumi ad principatum, sive velit sive non velit; quia
utilitas communis est praeferenda propriae voluntati ipsius. Secundam
rationem ponit, ibi, nunc autem et cetera. Et dicit, quod per hanc
ordinationem circa electionem senum, legislator videtur facere cives amatores
honoris, sicut et circa aliam partem politiae, idest circa electionem
ephororum, vel etiam circa quaecumque alia, (per) quae faciebant cives
honoris amatores. Et quod hoc facerent in electione senum, patet. Nullus enim
peteret principatum, nisi principari volens, quod est amare honorem. Si ergo
nullus haberet principatum nisi petens, sequeretur quod soli amantes honorem
principarentur; et ita omnes provocarentur ad amandum honorem: et hoc est
valde periculosum civitati: quia maior pars iniustitiarum, quae in civitate
accidunt ex voluntate hominum, sicut sunt violentiae, rapinae et huiusmodi,
fiunt propter amorem honoris et pecuniae. Unde patet, quod talis ordinatio
est periculosa civitati. |
315. Ensuite lorsqu’il dit [190] : ¨ En outre cependant etc.¨. Il rejette la magistrature des Anciens quant à la manière dont ils étaient élus : et il le fait au moyen de deux raisons. Et la première se présente ainsi en disant que l’élection des Anciens qui avait lieu chez eux était grandement puérile. On réglementation chez eux demandait en effet que ceux qui paraissaient dignes d’une telle magistrature en fassent eux-mêmes la demande, ce qui ne convient pas car de cette manière nul ne pouvait assumer cette magistrature à moins de le vouloir. Ce qu’il faudrait en réalité, c’est que celui qui est jugé digne de cette magistrature l’assume, qu’il le désire ou non, car le bien commun doit être préféré à la volonté propre de chacun. Il présente la deuxième raison là [190] où il dit : ¨ Ce que cependant le législateur etc.¨. Et il dit qu’au moyen de ce règlement sur l’élection des Anciens, le législateur a voulu rendre les citoyens amoureux des honneurs comme il le fit à l’égard d’une fraction de la constitution, à savoir à l’égard de l’élection des Éphores, comme à l’égard des toutes les autres, pour leur faire rechercher les honneurs. Et il est évident que c’était là l’intention du législateur dans l’élection des Anciens. Nul en effet ne pouvait postuler cette magistrature sauf celui qui voulait avoir le pouvoir, ce qui revient à aimer les honneurs. Si donc nul ne possédait le pouvoir si ce n’est celui qui le demandait, il s’ensuit que seuls ceux qui aimaient les honneurs détenaient le pouvoir; et c’est ainsi que tous étaient encouragés à aimer les honneurs, ce qui est grandement dangereux pour la cité car la plus grande partie des injustices qui se produisent dans la cité par la volonté des hommes, comme les meurtres, les vols et les autres crimes de ce genre, voient le jour à cause de l’amour des honneurs et de l’argent. D’où il est évident qu’une telle réglementation est dangereuse pour la cité. |
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[79381] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 8 Deinde cum dicit de regno autem etc., improbat
praedictam politiam quantum ad principatum regium. Et dicit, quod utrum
expediat civitati habere regem vel non, tractabitur inferius, scilicet in
tertio: sed supposito quod melius sit habere regem, non est hoc melius, sicut
erat apud Lacedaemones, quod non per totam vitam regnabant; sed melius est
quod unusquisque habeat iudicium regium per totam vitam suam, quia rex est
utilis civitati, ut sua potestate efficaciter conservet statum civitatis.
Quod fieri non potest nisi per vitam regnaverit; quia et ipse timebit alios
offendere, et alii minus eum timebunt. Secus autem est de senioribus, qui ad
consilia vel ad iudicia quaedam eligebantur. Causa autem quare legislator
apud Lacedaemones instituit non esse reges perpetuos, est ista: quia
reputavit quod non posset facere cives aliquos caluscagathus, id est perfecte
bonos. Unde diffidit de civibus quasi de non perfecte bonis existentibus. Et
propter hoc quando mittebant aliquos legatos seu nuncios, eligebant aliquos
inimicos vel dissentientes, ut unus alium impediret, si vellet facere contra
bonum civitatis. Et similiter putabant esse salutem civitatis, si reges
dissentirent, qui sibi invicem succederent; qui unus emendabat, quod alius
male fecisset. |
316. Ensuite lorsqu’il dit [191] : ¨ Au sujet de la royauté etc.¨. Il rejette ce régime politique sous le rapport de l’autorité des rois. Et il dit que s’il est avantageux ou non à la cité d’avoir un roi, on le verra plus loin, à savoir au troisième livre de ce traité: mais si on suppose qu’il est préférable d’avoir un roi, cela ne doit pas l’être à la manière dont cela avait lieu chez les Lacédémoniens chez lesquels les rois ne régnaient pas durant toute leur vie; mais il est préférable que chaque peuple décide d’une royauté qui se maintienne pendant toute la vie du monarque, car le roi est utile à la cité dans la mesure où par son pouvoir il conserve efficacement le statut de cette dernière, ce qui ne peut se réaliser à moins que son règne dure toute sa vie durant; car autrement lui-même craindra d’offenser les autres et ces derniers éprouveront moins de crainte à son égard. Il en est autrement au sujet des Anciens qui sont élus pour les conseils et pour les décisions. Chez les Lacédémoniens, la raison pour laquelle le législateur détermina que les rois ne devaient pas régner pendant toute leur vie est la suivante, à savoir qu’il croyait qu’il ne pouvait pas rendre certains hommes parfaitement bons. C’est pourquoi il se méfiait des citoyens comme des hommes dont l’existence n’était pas parfaitement vertueuse. Et c’est pour cette raison que lorsque les Lacédémoniens envoyaient en mission des ambassadeurs ou des messagers, ils choisissaient des ennemis ou des dissidents qu’ils leur adjoignaient afin que l’un soit un obstacle pour l’autre qui aurait voulu agir contre le bien de la cité. Et ils considéraient de même le désaccord entre les rois qui se succédaient les uns aux autres comme une sauvegarde pour la cité, afin que l’un corrige les erreurs de l’autre. |
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[79382] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 9 Deinde cum dicit non bene autem etc., improbat
praedictam politiam quantum ad ea quae pertinent ad populum, scilicet quantum
ad convivia publica quae erant in civitate: et dicit, quod lex non bene
ordinaverat de huiusmodi conviviis; quia melius esset, quod huiusmodi
congregatio convivii fieret de expensis communibus civitatis, sicut fiebat
apud Cretenses, quam quod fieret de his quae a singulis afferrentur, sicut
fiebat apud Lacedaemones, apud quos etiam et valde pauperes oportebat aliquid
ferre ad huiusmodi sumptus; et hoc erat destructio pauperum, qui non poterant
expendere. Unde circa hoc accidebat contrarium intentioni legislatoris qui
instituit huiusmodi convivia quasi aliquid democraticum, id est in favorem
populi, ut scilicet populus aliquam recreationem haberet in huiusmodi
conviviis; sed secundum hanc legem conviviorum sequebatur quod essent
huiusmodi convivia in magnum detrimentum populi, quia secundum hoc populares
non de facili poterant principari; erat enim lex apud eos, quod qui non
ponerent aliquid ad huiusmodi sumptus, non haberent partem in politia
ipsorum; quia nec poterant fieri principes, nec habebant vocem in electione
principum. |
317. Ensuite lorsqu’il dit [192] : ¨ Ce n’est pas bien etc.¨. Il rejette la constitution précédente quant à ce qui se rapporte au peuple, c’est-à-dire quant aux repas publics qui avaient lieu dans la cité: et il dit que la loi ne réglementait pas bien ces repas car il aurait été préférable qu’une telle assemblée de convives se fit aux frais de la cité comme cela se faisait chez les Crétois, plutôt qu’aux frais de chacun comme chez les Lacédémoniens chez lesquels il fallait que même les pauvres apportent quelque chose pour des dépenses de cette sorte, ce qui causait la ruine de ces derniers qui ne pouvaient contribuer à ces dépenses. De là il se produisait le contraire de ce qui était visé par le législateur qui avait institué ces repas comme des événements en faveur du peuple pour que ce dernier y trouve une réjouissance; mais selon cette loi relative aux repas il s’ensuivait que ces derniers causaient un grand préjudice au peuple car d’après elle les gens de la plèbe ne pouvaient pas facilement participer au commandement; en effet, leur loi stipulait que ceux qui ne pouvaient contribuer à de telles dépenses ne pouvaient avoir part à leur gouvernement puisqu’ils ne pouvaient ni devenir magistrats ni se prononcer en faveur d’un magistrat. |
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[79383]
Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 10 Deinde cum dicit eam autem
quae circa navigii etc., improbat praedictam politiam quantum ad viros
bellatores. Et primo quantum ad bellatores
belli navalis. Secundo communiter quantum ad omnes, ibi, et hoc autem
suppositionem et cetera. Tertio quantum ad ipsorum stipendia, ibi, prave autem
habet et cetera. Dicit ergo primo, quod quidam alii recte increpaverunt legem
Lacedaemoniorum, quae erat circa principes navigii, eo quod erat causa
seditionis. Cum enim haberent reges quasi sempiternos, qui praeerant
terrestri militiae, navarchia, id est principatus navigiorum fiebat quasi
alterum regnum: et ita habebant quasi duos reges, quod poterat esse materia
dissensionis. |
318. Ensuite lorsqu’il dit [193] : ¨ Celle-ci cependant etc.¨. Il rejette cette constitution quant à ce qu’elle établit au sujet des guerriers. Et il le fait en premier lieu au sujet de ceux qui font partie de l’armée navale [193]. Deuxièmement il le fait en général à l’égard de tous les guerriers, là [194] où il dit : ¨ Cela cependant, l’hypothèse de départ etc.¨. Troisièmement il le fait au sujet de leurs impôts, là [195] où il dit : ¨ Elle se montre cependant incorrecte etc.¨. Il dit donc en premier lieu [193] que c’est avec raison que certains ont blâmé la loi des Lacédémoniens relative aux chefs de la marine de guerre parce qu’elle était cause de sédition. Puisqu’en effet leurs rois détenaient leur autorité durant toute leur vie et qu’ils commandaient à l’armée de terre, le chef de la marine de guerre devenait pratiquement un autre roi et on aboutissait ainsi à une double royauté, ce qui pouvait être matière à soulèvement. |
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[79384] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 11 Deinde cum dicit et hoc autem suppositionem
etc., improbat praedictam politiam communiter quantum ad omnes viros
bellatores: et dicit, quod aliquis recte potest increpare suppositionem
legislatoris, idest illud quod supponebat tamquam finem, ad quem totam
politiam ordinabat: et hoc etiam Plato in suis legibus increpabat, quod omnes
leges eorum ordinabantur ad unam partem virtutis, scilicet ad bellicam, propter
hoc, quod erat utilis ad dominandum aliis. Et ideo, quia bene se habebant in
his, quae pertinent ad bellum, male autem in his quae pertinent ad status
politici gubernationem: sequebatur, quod in bellis conservabantur: sed quando
iam adepti erant principatum, imminebant eis multa pericula, quia nesciebant
vacare, id est nesciebant vivere in pace, neque erant exercitati aliqua alia
meliori exercitatione quam bellica: quod non erat parvum peccatum. In hoc
enim bene opinabantur quod putabant res bellicas melius tractari per virtutem
hominum, quam etiam per malitiam, quia ut dicitur in tertio Ethicorum,
homines virtuosi non parcunt vitae, ubi bonum est persistere: milites vero
quando superexcrescunt pericula, deficiunt, non enim confidunt ulterius posse
liberari per experientiam et industriam armorum. Sed non bene opinabantur
quantum ad hoc quod putabant virtutem, qua homo bene se habet in bellis, esse
optimam: cum aliae virtutes, scilicet prudentia et iustitia, sint digniores
fortitudine; et ipsum etiam bellum est propter pacem, non autem e converso. |
319. Ensuite lorsqu’il dit [194] : ¨ Et cela cependant etc.¨. Il rejette cette constitution quant à ce qu’elle établit au sujet de tous les guerriers en général : et il dit qu’on pourrait blâmer avec raison le principe de base du législateur, c’est-à-dire ce qu’il supposait comme finalité à laquelle toute la constitution était ordonnée et que même Platon avait critiquée dans ses Lois, à savoir que toutes leurs lois étaient ordonnées à une seule partie de la vertu, c’est-à-dire à la vertu guerrière, pour cette raison qu’elle était utile pour dominer les autres peuples. Et c’est à cause de cela, à savoir parce qu’ils excellaient dans les choses de la guerre mais qu’ils étaient déficients dans celles qui se rapportent à l’administration des affaires de l’État, qu’il s’en est suivi qu’ils se sont maintenus tant qu’ils ont été en guerre mais une fois qu’ils ont acquis le pouvoir ils ont été menacés par de nombreux dangers parce qu’ils ignoraient comment vivre en paix et qu’ils n’avaient pas été habitués à de meilleurs exercices qu’à ceux de la guerre, ce qui n’était pas une faute légère. Ceux qui croyaient que les biens obtenus par la guerre sont mieux acquis par la vertu des hommes que par leur malice ont raison de le penser car les hommes vertueux ne se détournent pas de la vie où le bien persiste, ainsi qu’on le dit au troisième livre des Éthiques : les guerriers en réalité l’abandonnent quand les dangers augmentent, ne croyant pas davantage pouvoir être libérés par l’expérience et la force des armes. Mais ils se trompaient lorsqu’ils pensaient que la vertu par laquelle l’homme excelle à la guerre est la meilleure qui soit alors qu’au contraire, les autres vertus comme la prudence et la justice sont supérieures au courage; et la guerre elle-même est en vue de la paix et non l’inverse. |
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[79385] Sententia Politic., lib. 2 l. 14 n. 12 Deinde cum dicit prave autem habet etc.,
improbat praedictam politiam quantum ad stipendia militum vel circa aerarium
publicum: et dicit quod apud Spartiatas, id est Lacedaemones non erat bene
ordinatum de communibus pecuniis. Nihil enim habebat civitas in communi, cum
tamen frequenter cogeretur magna bella agere; et iterum singuli cives male
ministrabant necessaria ad tales sumptus; non enim requirebantur a singulis
auctoritate alicuius potestatis publicae, sed committebatur voluntati
cuiuslibet, ut daret quod vellet. Quod ideo statuit legislator, quia cives
habebant multas possessiones, et poterant sine aliquo gravamine multa dare:
sed accidit contra utilitatem, quam legislator intendebat; quia ipse reddidit
civitatem sine pecuniis publicis; et ydiotas, id est privatas personas et
viles fecit amatores pecuniarum, dum conabantur tantum lucrari quod possent
et sibi et communitati providere. Ultimo autem
epilogando concludit quod ea quae dicta sunt, videntur improbabilia in
politia Lacedaemoniorum. |
320. Ensuite lorsqu’il dit [195] : ¨ Mais ce n’est pas bien etc.¨. Il rejette cette même constitution à l’égard de la solde des guerriers et du trésor public : et il dit que chez les Lacédémoniens les finances publiques n’étaient pas bien administrées. En effet les coffres de la cité étaient vides alors que l’État était souvent contraint à mener de grandes guerres et de plus les particuliers géraient mal ce qui était nécessaire à de telles dépenses; en effet, les contributions des particuliers n’étaient pas exigées par le pouvoir d’une autorité publique mais elles étaient laissées à la volonté de chacun, de telle sorte que chacun donnait ce qu’il voulait. Le législateur en avait statué ainsi pour cette raison que les citoyens possédaient de grands biens et qu’ils pouvaient donner abondamment sans tomber dans la gêne: mais ce qui se produisit se montra contraire à l’intérêt général visé par le législateur car il a rendu la cité pauvre et les particuliers vils et cupides, lesquels cherchaient à s’enrichir tant qu’ils le pouvaient et à se précautionner contre eux-mêmes et contre la communauté. Et à la fin il termine par un résumé [195] en disant que les caractéristiques de la constitution des Lacédémoniens qui ont été présentées semblent ne pouvoir être approuvées. |
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Lectio
15 |
LEÇON 15 (nn. 321-331 bis; [196-206]) ─ Il compare
la constitution de la Crète à celle de Spartes et il montre les choses dans
lesquelles elle paraît avoir échoué.
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Leçon 15 |
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[79386] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 1 Cretensium autem politia et cetera. Postquam
superius auctor prosecutus est de politia Lacedaemonica, hic prosequitur de
politia Cretensi. Et primo comparat hanc politiam ad praecedentem. Secundo
improbat eam, ibi, de quibus eosdem utique dicet et cetera. Circa primum tria
facit. Primo ponit in communi comparationem istarum politiarum. Secundo
assignat rationem positae comparationis, ibi, et enim videtur et cetera.
Tertio explicat praedictam comparationem in speciali, ibi, habet autem
proportionaliter et cetera. Dicit ergo primo, quod politia Cretensium est
propinqua politiae Lacedaemonicae in quibusdam; tamen differt in aliquibus,
in quorum paucis non se habet deterius quam politia Lacedaemonica, sed
melius; sed in pluribus se habet minus plane, idest minus expedite et
convenienter ad bonum statum civitatis. |
321. Après avoir parcouru plus haut la constitution des Lacédémoniens, l’auteur de ce livre s’apprête ici à parcourir celle des Crétois. Et en premier lieu il compare cette constitution à celle qui précède [196]. Deuxièmement il la rejette, là [202] où il dit : ¨ À leur sujet etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il présente en général la comparaison de ces deux formes de constitutions [196]. En deuxième lieu il donne la raison pour laquelle il présente cette comparaison, là [197] où il dit : ¨ Et on dit certes que etc.¨. En troisième lieu il explique cette comparaison plus en détail, là [199] où il dit : ¨ Cette constitution présente cependant une certaine analogie etc.¨. Il dit donc en premier lieu [196] que la constitution des Crétois est proche de celle des Lacédémoniens sur certains points; elle en diffère cependant sur d’autres, dans quelques-uns desquels elle ne se montre pas inférieure au système Lacédémonien mais supérieure; mais en de nombreux autres elle est moins brillante, c’est-à-dire moins avantageuse et moins conforme à la bonne conservation de la cité. |
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[79387] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 2 Deinde cum dicit et enim videtur, assignat
causam praemissae comparationis. Et primo ostendit huius causam esse ex hoc
quod Lacedaemonica sumpta est a Cretensi. Secundo assignat causam quare
Cretensis fuit prior, ibi, videtur autem insula et cetera. Dicit ergo primo
quod causa praedictorum est, quia politia Lacedaemonica in pluribus imitatur
politiam Cretensium tamquam antiquiorem; et ideo politia Cretensis in
pluribus peius se habet; quia videmus quod plurima de his quae sunt ab
antiquis inventa, sunt minus dearticulata, idest diligenter distincta
quam ea quae sunt inventa a iunioribus. Dicunt enim quod Lycurgus qui
instituit politiam Lacedaemonicam dimittens regnum Charylli regis
Lacedaemoniorum, multo tempore conversatus est apud Cretam propter amicitiam
et affinitatem quam habebant Lacedaemones ad Cretenses. Et ideo Lacedaemones,
qui venerant Cretam causa familiaritatis, susceperunt institutiones legum,
quae tunc erant apud habitantes in Creta. Unde videmus quod incolae Cretenses
eodem modo utuntur legibus sicut et Lacedaemones; et hoc est secundum
institutionem Minois regis Cretensium. |
322. Ensuite lorsqu’il dit [197] : ¨ Et on dit etc.¨. Il assigne la raison sur laquelle il fonde cette comparaison. Et en premier lieu il montre que cette cause se tire du fait que la constitution Lacédémonienne vient de celle des Crétois [197]. Deuxièmement il donne la cause pour laquelle celle des Crétois fut antérieure, là [198] où il dit : ¨ Mais il semble que l’île etc.¨. Il dit donc en premier lieu que la cause de ce qui précède est que la constitution des Lacédémoniens imite en plusieurs points celle des Crétois qui est plus ancienne; et c’est pour cette raison que la constitution des Crétois est plus faible sous plusieurs aspects; car nous voyons que de nombreuses choses inventées par les anciens sont moins articulées, c’est-à-dire moins soigneusement nuancées que celles qui ont été inventées par ceux qui les ont suivis. On dit en effet que Lycurgue qui fixa la constitution des Lacédémoniens, se séparant de l’autorité de Charillos, roi des Lacédémoniens, séjourna pendant longtemps en Crète en raison de l’amitié et des liens qui unissaient les Lacédémoniens aux Crétois. C’est pourquoi les Lacédémoniens qui vénèrent la Crète en raison de cette fréquentation amicale, ont accueilli ce système de lois qui était alors en usage chez les habitants de la Crète. Et c’est pourquoi nous voyons encore que les colons de la Crète observent les mêmes lois que les Lacédémoniens, conformément au système établi par Minos, roi des Crétois. |
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[79388] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 3 Deinde cum dicit videtur autem insula etc.,
assignat causam quare leges inter Graecos primo inventae sunt apud Cretam. Dicit
enim quod insula Cretensis videtur secundum situm terrae optime esse
disposita ad principandum Graecis, qui fere omnes habitant circa mare. Insula
autem illa quasi adiacet toti litori Graeciae; et distat modicum a quadam
insula quae vocatur Pelopus, quae nunc dicitur Achaia: et similiter versus
Asiam propinqua est loco qui dicitur Tropium et insulae quae dicitur Rhodus;
et ideo Minos qui fuit rex Cretensis obtinuit principatum in toto mari
Graeciae, et insulas quasdam prius habitatas per violentiam subegit, quasdam
autem de novo habitari fecit singulis suas leges imponens. Ultimo autem
transivit in insulam Siciliae, et ibi mortuus est circa caminum, idest circa
montem Vulcani vel Ethnae ex quibus ignis eructuat. |
323. Ensuite lorsqu’il dit [198] : ¨ Il semble cependant etc.¨. Il assigne la raison pour laquelle les lois qui ont cours parmi les Grecs ont d’abord été inventées par les Crétois. Il dit en effet que l’île de la Crète semble d’après la position de son site la mieux disposée à dominer l’ensemble des Grecs qui habitent presque tous les bords de la mer. Et cette île est presque contiguë à tout le littoral de la Grèce; et elle n’est qu’à une faible distance d’une péninsule qu’on appelle le Péloponèse et qu’on désigne maintenant du nom d’Achaïe; et de la même manière vers l’Asie, elle est proche d’un lieu dénommé Triope et de l’île de Rhodes. Et c’est pourquoi Minos, qui fut le roi des Crétois, acquit la domination dans toute la mer de Grèce et soumit par la violence certaines villes déjà habitées et il en colonisa certaines autres qu’il attribua à des particuliers en leur imposant ses lois. À la fin cependant il passa à l’île de Sicile où il finit ses jours près de Camarina, c’est-à-dire près des monts Vulcain et Ethna qui crachent le feu. |
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[79389] Sententia Politic., lib. 2 l.
15 n. 4 Deinde cum dicit habet
autem proportionaliter etc., explicat in speciali comparationem supra
positam. Et primo ostendit in quibus conveniunt ambae politiae. Secundo in
quibus politia Cretensis habet melius, ibi, quod quidem igitur conviviorum et
cetera. Tertio in quibus habet peius, ibi, quae autem circa cosmos et cetera.
Ostendit autem primo, quod hae duae politiae proportionaliter se habent
adinvicem in tribus convenientes. Primo quidem in agricultura, quam apud
Lacedaemones exercent servi, apud Cretenses autem incolae, idest rustici
habitantes in insula. Secundo quantum ad convivia publica quae apud utrosque
fiunt: quae quidem nunc apud Lacedaemones vocabantur Philitia, a philos quod
est amor, quia erant instituta ad amorem mutuum inter cives conservandum; sed
antiquitus apud eos vocabantur Andria; ab anir quod est vir, quia soli viri
ibi conveniebant absque mulieribus et sic etiam vocantur nunc apud Cretenses.
Unde manifestum est quod Lacedaemones assumpserunt a Cretensibus. Tertio
quantum ad ordinem politiae, quia ephori apud Lacedaemones habebant eamdem
potestatem, quam apud Cretenses quidam qui dicebantur cosmi, idest ornatores,
solo numero differentes: nam ephori apud Lacedaemones erant quinque, cosmi
vero Cretensium erant decem. Similiter et seniores apud Lacedaemones erant
aequales et numero et potestate senioribus Cretensium, quos vocabant boulin,
id est consilium. Regnum autem primo fuit apud Cretenses, sicut et apud
Lacedaemones: sed postmodum dissolverunt regnum, et commiserunt cosmis
ducatum bellorum: utrique etiam habent Ecclesiam, idest adunationem populi,
quae nullius rei habet potestatem, nisi approbandi sententias seniorum et
cosmorum. |
324. Ensuite lorsqu’il dit [199] : ¨ Cette constitution présente cependant etc.¨. Il explique plus en détail la comparaison présentée plus haut. Et en premier lieu il montre en quoi ces deux constitutions se ressemblent. En deuxième lieu il montre sur quels points le système des Crétois est meilleur, là [200] où il dit : ¨ Ce qui est donc certes etc.¨. Troisièmement il montre en quoi il est inférieur, là [201] où il dit : ¨ Mais celle des Cosmes etc.¨. Et il montre en premier lieu [199] que ces deux constitutions présentent des analogies sur trois points dont le premier est certes l’agriculture: en effet les terres que possèdent les Lacédémoniens et les Crétois sont cultivées par leurs esclaves respectifs que sont les Hilotes et les Périèques, ces derniers étant des esclaves qui demeurent comme à l’écart dans l’île. Le second se rapporte aux repas publics qui ont lieu dans les deux formes de constitutions, lesquels chez les Lacédémoniens ont pour nom phidities mais que leurs anciens appelaient andries, nom que leur conservent encore les Crétois, d’où il est manifeste que cette institution leur vient de ces derniers. Le troisième se tient du côté de l’organisation politique, car les Éphores chez les Lacédémoniens possédaient le même pouvoir que ceux qui chez les Crétois étaient dénommés Cosmes, c’est-à-dire ceux qui pourvoient, et dont ils ne diffèrent que par le nombre, car les Éphores chez les Lacédémoniens étaient au nombre de cinq alors que les Cosmes chez les Crétois étaient au nombre de dix. Et de la même manière les Anciens chez les Lacédémoniens étaient égaux en nombre et en pouvoir à ceux que les Crétois appelaient le Conseil. Et à l’origine c’était la royauté qui réglait la vie des Crétois comme celle des Lacédémoniens: mais par la suite les Crétois écartèrent la royayté et confièrent aux Cosmes la direction de la guerre; les uns et les autres possèdent aussi une assemblée, c’est-à-dire une réunion du peuple qui n’a pas d’autre pouvoir que celui d’approuver les jugements des Anciens et des Cosmes. |
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[79390] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 5 Deinde cum dicit quae quidem igitur conviviorum
etc., ostendit in quibus melior erat politia Cretensis. Et dicit quod
ordinatio conviviorum melior erat apud Cretenses quam etiam apud
Lacedaemones; quia in Lacedaemonia unusquisque qui accedebat ad convivium,
oportebat, quod aliquid exhiberet secundum caput suum, alioquin non poterat
participare politia, sicut prius dictum est: sed apud Cretenses erat
observatio magis pertinens ad commune, quia de rebus publicis, tam de
fructibus terrae, quam de pecoribus et de redditibus, quos reddebant incolae
qui colebant terras, erat instituta quaedam pars quae expendebatur in
sacrificia, et quaedam pars quae expendebatur in convivia, ut in talibus
conviviis homines et mulieres et pueri et viri nutrirentur de communi. Hoc
erat autem et aliud proprium politiae Cretensium, quod legislator eorum multa
philosophice induxit ad hoc, quod modicum comederent; quasi hoc sit valde
proficuum et singulis et communitati. Volens etiam quod non procrearent
multos pueros, ne multitudo hominum excederet quantitatem possessionis,
voluit, quod homines non multum commiscerentur mulieribus, et ad hoc
concessit turpem masculorum coitum: sed utrum in hoc bene fecerit vel male,
posterius considerabitur: tamen hoc manifestum est, quod ordinatio
conviviorum melior erat apud Cretenses quam apud Lacedaemones. |
325. Ensuite lorsqu’il dit [200] : ¨ Ce qui est certes etc.¨. Il montre en quoi la constitution des Crétois était meilleure que celle des Lacédémoniens. Et il dit que l’organisation des repas publics était meilleure chez les Crétois que chez les Lacédémoniens car chez ces derniers chacun de ceux qui voulaient participer à ces repas devait contribuer selon son revenu, sans quoi il ne pouvait participer à la vie politique, ainsi que nous l’avons déjà dit : mais chez les Crétois la pratique de cette institution était davantage respectueuse de l’ensemble de la population car sur l’ensemble des biens de l’État, tant des produits de la terre que du bétail et des revenus tirés des colons qui cultivaient la terre, une part était fixée qui était dépensée pour les sacrifices et une autre pour les repas en communs de telle sorte que dans ces repas tous, tant les hommes les femmes et les enfants, étaient nourris aux frais de la communauté. Mais c’était là un autre élément propre à la constitution des Crétois, à savoir que leur législateur introduisit sagement plusieurs mesures pour les amener à consommer peu, dans la mesure où cela pouvait se montrer grandement avantageux à la fois pour les individus et pour la communauté. Désirant aussi qu’ils n’engendrent pas une multitude d’enfants afin que le nombre de citoyens ne dépasse pas le nombre des propriétés, il voulut que les hommes n’aient pas trop de commerce avec les femmes et à cette fin il permit cette union honteuse entre les hommes: mais pour savoir si cette concession est bénéfique ou non à la cité, nous en ferons l’examen par la suite: cependant, il est manifeste que l’organisation des repas publics fut plus heureuse chez les Crétois que chez les Lacédémoniens. |
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[79391] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 6 Deinde cum dicit quae autem circa cosmos etc.,
ostendit in quo peior erat Cretensis politia. Et dicit, quod peior erat
ordinatio apud Cretenses de cosmis quam apud Lacedaemones de ephoris. Unum
enim malum est commune utrisque, quia scilicet apud utrosque assumuntur ad
huiusmodi principatum quicumque, idest homines non probati nec virtuosi. Sed
tamen apud Lacedaemones erat unum bonum, quia poterant eligi de qualibet
conditione hominum: et ideo populus, quasi habens partem in maximo
principatu, bene volebat, quod conservaretur talis politia. Sed apud
Cretenses non eligebantur cosmi ex qualibet hominum conditione, sed solum ex
aliquibus qui erant vel fuerant de numero seniorum; et similiter seniores
eligebantur ex quibusdam qui fuerant cosmi quibus licebat dimittere suum
principatum, ut infra dicetur. Et sic populus in principatu cosmorum non
habebat partem. |
326. Ensuite lorsqu’il dit [201] : ¨ Celle-ci cependant etc.¨. Il montre en quoi la constitution des Crétois était inférieure à celle des Lacédémoniens. Et il dit que la réglementation des Crétois à l’égard des Cosmes était inférieure à celle des Lacédémoniens à l’égard des Éphores. Il existe un mal commun aux deux réglementations, à savoir que n’importe qui était admis à ces magistratures, aussi bien ceux qui étaient intègres que ceux qui ne l’étaient pas. Cependant chez les Lacédémoniens il y avait quelque chose de bien car les Éphores pouvaient être élus indépendamment de leur condition sociale; et c’est pourquoi le peuple, qui avait part à la plus grande magistrature désirait volontiers que ce régime soit conservé. Mais chez les Crétois les Cosmes n’étaient pas choisis parmi tous les citoyens, mais seulement parmi ceux qui faisaient ou qui avaient fait partie des Anciens; et de même les Anciens étaient choisis parmi ceux qui avaient été Cosmes auxquels il était permis de démissionner de leur magistrature, ainsi que nous le verrons plus loin. Et c’est ainsi que le peuple n’avait aucune part à la magistrature des Cosmes. |
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[79392] Sententia Politic., lib. 2 l.
15 n. 7 Deinde cum dicit de quibus
eosdem etc., improbat praedictam politiam. Et primo quantum ad statuta quae
ponebant. Secundo quantum ad remedia quae adhibebant, ibi, quam autem faciunt
et cetera. Circa primum duo facit. Primo improbat eorum statuta. Secundo
excludit quamdam responsionem, ibi, quiescere et cetera. Improbat autem
politiam istam quantum ad duo, quae etiam improbavit in politia
Lacedaemonica: quorum unum est, quod cosmi et seniores principabantur per
totam vitam suam sine correctione, idest sine hoc quod possent amoveri
propter aliquam culpam; et sic principatus erant maiores quam dignum esset.
Secundum autem est, quia non principabantur secundum litteras, id est
secundum aliquas leges scriptas, sed auctognomonas, id est per se sententiantes
vel arbitrantes; et hoc non erat securum civitati; quia eorum iudicium
poterat perverti amore vel odio. |
327. Ensuite lorsqu’il dit [202] : ¨ À leur sujet, etc.¨. Il rejette cette forme de constitution. Et il le fait en premier lieu à l’égard des décrets qu’ils instituaient [202]. En deuxième lieu il le fait à l’égard des remèdes qu’ils y ajoutaient, là [204] où il dit : ¨ Mais le remède qu’ils produisent etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il rejette leurs décrets [202]. En deuxième lieu il écarte une certaine réponse, là [203] où il dit : ¨ Vivre dans la tranquillité etc.¨. Il rejette cependant cette constitution [202] sur deux points qu’il avait déjà condamnés dans la constitution des Lacédémoniens, et dont le premier est que les Cosmes et les Anciens conservaient leur pouvoir durant toute leur vie sans être corrigés, c’est-à-dire sans qu’ils puissent être remplacés en raison d’une faute qu’ils auraient commise; et dans ce cas leur pouvoir était plus grand qu’ils ne le méritaient. Le deuxième point est que leur autorité ne reposait pas sur des lois écrites mais sur leurs jugements et sur leurs décisions propres; et cela n’était pas sans inquiétude pour la cité car leurs jugements pouvaient être corrompus par leurs désirs ou leurs aversions. |
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[79393] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 8 Deinde cum dicit quiescere autem etc., excludit
quamdam responsionem qua possent se defendere, inducentes pro signo bonae
ordinationis, quod semper absque seditione vixerint. Sed ipse dicit, quod
hoc, quod populus quieverit apud eos a seditionibus non participans
principatu, non est signum demonstrans quod eorum politia sit bene ordinata:
hoc enim contingebat quia Cretenses longe peregrinabantur ab aliis hominibus
(in) insula quadam habitantes, et distantes ab aliis: et sic non habebant
bella cum finitimis, sicut supra dictum est, et sic cosmi apud Cretenses non
habebant aliqua recipere vel expendere propter bella, sicut ephori apud
Lacedaemones: unde populus non multum curabat tali principatu participare. |
328. Ensuite lorsqu’il dit [203] : ¨ Mais vivre dans la tranquillité etc.¨. Il écarte une réponse au moyen de laquelle ils pouvaient se défendre, en présentant comme signe d’une bonne administration le fait qu’ils avaient toujours vécu sans avoir à souffrir de séditions. Mais il dit lui-même que le fait que le peuple s’était tenu à l’écart des soulèvements, malgré qu’il ne participait pas à la magistrature, n’était pas le signe démontrant que leur régime était bien organisé: il en était simplement ainsi parce que les Crétois, habitant une île et éloignés aussi des autres cités, avaient voyagé loin des autres hommes, et ainsi ils n’avaient pas mené de guerres contre leurs voisins, ainsi que nous l’avons déjà dit; et c’est ainsi que les Cosmes chez les Crétois n’avaient rien à recevoir ou à dépenser pour les guerres, contrairement aux Éphores chez les Lacédémoniens : c’est pourquoi le peuple ne se souciait pas beaucoup de participer à cette magistrature. |
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[79394] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 9 Deinde cum dicit quam autem faciunt etc.,
improbat remedia, quae apud Cretenses contra pericula erant. Et primo ponit
ea. Secundo improbat, ibi, aut et palam et cetera. Circa primum duo facit.
Primo ponit remedia, quae erant contra personas male principantium. Secundo
remedium, quod erat contra ipsum principatum, ibi, omnium autem pessimum et
cetera. Dicit ergo primo, quod illa medicina, quam faciunt Cretenses contra
praedictum peccatum de incorrigibilitate principum, non est conveniens, nec
est politica quasi sapiens communem ordinem civitatis, sed magis est
oppressiva et tyrannica; quod non est secundum rationem, sed per violentiam.
Multoties enim apud eos conveniebant aliqui vel de principibus vel de
privatis personis, et eiiciebant cosmos per violentiam. Erat autem et aliud
remedium: quia cosmi poterant abrenunciare principatui in vita sua. Sed
melius erat, quod ista duo ordinarentur per legem: ut scilicet aliqua lex
esset certa secundum quam cosmi deberent expelli, vel cedere principatui,
quam quod hoc fieret secundum voluntatem hominum, quae non est securus canon,
id est secura regula, cum frequenter voluntas humana sit irrationabilis et
iniusta. |
329. Ensuite lorsqu’il dit [204] : ¨ Mais le remède qu’ils produisent etc.¨. Il rejette les remèdes que les Crétois produisaient contre les dangers. Et en premier lieu il les présente [204]. En deuxième lieu il les rejette, là [206] où il dit : ¨ Ou bien il est manifeste etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il présente les remèdes qui devaient contrecarrer les personnes qui abusaient de leur autorité [204]; en deuxième lieu il rejette le remède qui s’opposait à la magistrature elle-même, là [205] où il dit : ¨ Mais le pire de tous etc.¨. Et il dit en premier lieu [204] que cette médecine que les Crétois ont produite pour contrecarrer le défaut dont nous venons de parler, à savoir l’impossibilité de pouvoir redresser les magistrats fautifs, n’est ni constitutionnelle, ni éclairée sur le bien commun de la cité, mais elle est plutôt oppressive et tyrannique et ne relève pas de la raison mais de la violence. Chez eux en effet, en de nombreuses occasions, certains parmi les magistrats ou les particuliers convenaient entre eux de chasser les Cosmes par violence. Mais il existait cependant un autre remède: les Cosmes pouvaient renoncer à la magistrature pendant leur vie. Mais il aurait été préférable que ces deux remèdes soient réglés par la loi, c’est-à-dire qu’une loi soit décrétée qui déterminerait comment les Cosmes seraient chassés de la magistrature ou y renonceraient, au lieu que cela se produise uniquement par la volonté des hommes, laquelle n’est pas une règle sûre étant donné que la volonté humaine est souvent irrationnelle et injuste. |
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[79395] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 10 Deinde cum dicit omnium
autem pessimum etc., ponit remedium quod habebant contra ipsum officium; et
dicit, quod illud erat pessimum inter omnia remedia, quod quando cosmi
volebant dare sententias contra aliquos potentes, frequenter inter eos
instituebatur acosme, id est cessatio principatus cosmorum: interdicebant
enim ad tempus omnino talem principatum: hoc autem dicit esse pessimum, quia
non solum erat contra personas, sed contra totum officium vel principatum, ex
quo proveniebat multa utilitas civitati. |
330. Ensuite lorsqu’il dit [205] : ¨ Mais de tous etc.¨. Il présente le dernier remède qu’ils avaient contre cette fonction publique elle-même; et il dit que ce dernier remède était le pire de tous, à savoir que quand les Cosmes voulaient présenter un jugement contre certains puissants, il arrivait souvent chez les Crétois qu’on institue une suspension de la magistrature des Cosmes : en effet, en temps utile, les nobles interdisaient complètement cette magistrature; et il dit que ce remède était le pire car il n’était pas dirigé seulement contre les personnes, mais contre la fonction publique dans son ensemble et contre la magistrature qui était par ailleurs d’une grande utilité à la cité. |
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[79396] Sententia Politic., lib. 2 l. 15 n. 11 Deinde cum dicit aut et palam etc., improbat
praedicta remedia. Et dicit quod ista institutio ultima de vacatione cosmorum
habet aliquid politiae inquantum fit de communi consensu populi, sed tamen
non est vera politia, sed magis oppressio quaedam per potentiam populi, et
via quaedam ad tyrannidem. Consueverunt enim aliqui habentes odio cosmos,
colligantes sibi populum et alios amicos suos facere monarchiam, ut scilicet
aliquis eorum dominetur in civitate loco omnium; et quando hoc non possunt
statim facere, movent seditiones et pugnant cives adinvicem. Nihil autem hoc
differt, quam quod post aliquod tempus iam non sit civitas, sed solvatur tota
communio politica. |
331. Ensuite lorsqu’il dit [206] : ¨ Du moins, manifestement, etc.¨. Il rejette les remèdes précédents. Et il dit que cette dernière réglementation au sujet de la cessation de la fonction des Cosmes est constitutionnelle au sens où elle est le résultat de l’accord populaire, mais elle n’est pas véritablement constitutionnelle; elle est plutôt une certaine violence qui résulte du pouvoir du peuple et un chemin qui mène à la tyrannie. Ceux en effet qui avaient les Cosmes en haine avaient l’habitude de réunir autour d’eux le peuple et leurs amis pour mettre sur pied une monarchie afin qu’un des leurs domine sur la cité au lieu de tous et lorsqu’ils ne pouvaient pas réaliser ce dessein à court terme, ils fomentaient des soulèvements et divisaient les citoyens en factions opposées. Mais cela ne diffère en rien de la disparition complète de la communauté politique puisqu’après un certain temps la cité elle-même n’existe plus. |
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[79397] Sententia
Politic., lib. 2 l. 15 n. 12 Non
enim potest esse civitas, soluta concordia civium; et sic per seipsam
dissolvitur. Sed etiam antequam per seipsam dissolvatur imminet ei periculum
ab hostibus, qui volunt et valent invadere civitatem; quia dum cives
adinvicem pugnant, non possunt unanimiter resistere hostibus; et quandoque
una pars introducit hostes in sui auxilium. Sed, sicut dictum est, ab huiusmodi
periculis hostium liberata fuit politia Cretensium propter locum, quia
habitabant in insula longe ab aliis civitatibus; et sic ipsa longinquitas
fecit eos securos ab expulsione, idest quod non expellerentur de
proprio loco ab hostibus. Et huius ponit duo signa: quorum unum est, quod
status incolarum perseverat apud Cretenses propter consuetudinem
conversationis. Sed illi qui adveniunt aliunde ad ministrandum, non possunt
cum eis diu commorari, quia nullum principatum possunt apud eos habere. Non
enim volebant Cretenses habere principes extraneos. Secundum signum est, quia
nuper transierat ad insulam Cretensium bellum ab extraneis invadentibus
insulam: ex quo manifestum est, quod leges eorum non erant sufficienter
virtuosae ad conservandum eorum politiam; sed conservabantur, quia non
habebant inimicos contra se bellantes. Ultimo autem epilogando concludit,
quod intantum dictum est de politia Cretensium. |
3312. En effet, la cité cesse d’exister à partir du moment où est rompue l’harmonie entre les citoyens: et ainsi, c’est d’elle-même que la cité est réduite au néant. Et même avant qu’elle disparaisse d’elle-même, la cité est menacée par des dangers qui lui viennent de ses ennemis qui ont la volonté et la capacité de l’envahir; car alors même que les citoyens sont en lutte les uns contre les autres, ils ne peuvent résister aux ennemis dans l’unanimité; et parfois même une partie de la cité fait appel à l’aide de l’ennemi pour lutter contre une autre partie de la cité. Mais ainsi que nous l’avons dit, la constitution des Crétois fut épargnée des menaces des ennemis en raison du lieu qu’ils occupaient car ils habitaient sur une île éloignée des autres cités; et ainsi c’est cet éloignement même qui les mit à l’abri d’une expulsion, c’est-à-dire d’être chassés par les ennemis du lieu qui leur était propre. Et pour montrer cela il donne deux signes, dont le premier est que la condition des habitants demeure la même chez les Crétois en raison de l’habitude des fréquentations. Mais ceux qui venaient d’ailleurs pour administrer ne pouvaient pas communiquer avec eux sur une longue période de temps car ils ne pouvaient avoir aucune autorité parmi eux. En effet les Crétois ne voulaient pas avoir de magistrats étrangers. Le deuxième signe est que parce que tout récemment la guerre était passée à l’île des Crétois par des étrangers qui envahissaient l’île, il est manifeste à partir de là que leurs lois n’étaient pas suffisamment fortes pour conserver leur régime politique; mais ils se sont conservés car ils n’avaient pas d’ennemis qui luttaient contre eux de l’intérieur. Et à la fin il termine comme en résumant ce qui précède, en disant que nous avons suffisamment parlé de la constitution des Crétois. |
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Lectio
16 |
LEÇON 16 (nn. 332-340; [207-215]) ─ Le Philosophe
considère ici la république des Carthaginois. Et, la comparant aux deux
constitutions précédentes, il la réfute.
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Leçon 16 |
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[79398] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 1 Politizare autem videntur et cetera. Postquam
philosophus prosecutus est de politia Lacedaemoniorum et Cretensium,
prosequitur de politia Calchedonensium. Et circa hoc tria facit. Primo
commendat huiusmodi politiam simul cum praemissis. Secundo ostendit
convenientiam huius politiae ad praemissas, ibi, habet autem similia et
cetera. Tertio improbat quaedam circa ipsam, ibi, et melius autem reges et
cetera. Dicit ergo primo, quod Calchedonenses bene videbantur vivere
politice, et quantum ad multa melius aliis, et maxime in illis in quibus
appropinquabant ad politiam Lacedaemonicam. Istae enim tres politiae erant
adinvicem propinquae, multum ab aliis differentes, scilicet Cretensis,
Lacedaemonica et Calchedonensis; et multa erant bene statuta, apud eos.
Signum autem quod politia eorum esset bene ordinata, est quod populus
permanebat quietus in tali ordinatione, et non fiebat ibi seditio populi quae
esset alicuius ponderis, neque etiam degeneravit eorum politia ad tyrannidem.
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332. Après avoir parcouru les constitutions respectives des Lacédémoniens et des Crétois, le Philosophe considère ici celle des Carthaginois. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il loue cette forme de constitution en même temps qu’il le fait pour les autres [207]. En deuxième lieu il montre comment cette constitution s’accorde avec les deux précédentes, là [208] où il dit : ¨ Elle a cependant etc.¨. En troisième lieu il rejette certains points appartenant à cette dernière, là [209] où il dit : ¨ Il est préférable cependant etc.¨. Il dit donc en premier lieu [207] que les Carthaginois avaient la réputation d’être bien gouvernés et sous plusieurs rapports mieux que les autres et spécialement sur les points par lesquels ils s’approchaient de la constitution des Lacédémoniens. En effet ces trois régimes politiques, à savoir ceux des Crétois, des Lacédémoniens et des Carthaginois étaient proches les uns des autres et en même temps très différents de tous les autres; plusieurs institutions chez les Carthaginois étaient bien établies. Un signe que leur constitution était bien ordonnée est que le peuple, sous cette administration, vivait dans la paix et qu’on n’y voyait pas apparaître de soulèvements populaires d’importance et aussi que leur constitution ne dégénéra jamais en une tyrannie. |
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[79399] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 2 Deinde cum dicit habet autem similia etc.,
ostendit convenientiam huius politiae ad Lacedaemonicam. Et primo quidem
quantum ad hoc, quod apud ipsos fiebant convivia societatum quae Lacedaemones
vocabant Philitia. Secundo quantum ad regimen civitatis; quia apud
Calchedonenses erat principatus centum et quatuor virorum similis principatui
ephororum qui erat apud Lacedaemones: tamen quantum ad hoc non deterius sed
melius se habebant Calchedonenses; quia Lacedaemonii instituebant ephoros ex
contingentibus, idest ex quibuscumque personis, et etiam non approbatis
in virtute. Sed Calchedonenses eligebant ad hunc principatum solum homines
virtuosos. Similiter etiam Calchedonenses habebant reges sicut Lacedaemones,
et habebant iherusiam, id est dignitatem quamdam vel honorabilitatem
correspondentem senioribus qui erant apud Lacedaemones. |
333. Ensuite lorsqu’il dit [208] : ¨ Elle a cependant etc.¨. Il montre comment cette dernière constitution s’accorde avec celle des Lacédémoniens. Et en premier lieu certes il le montre quant à ceci que chez eux on retrouvait les repas en commun des sociétés politiques que les Lacédémoniens appelaient les Phidities. En deuxième lieu il le montre quant à la royauté de la cité; car chez les Carthaginois il existait la magistrature des Cent Quatre semblable à celle des Éphores qui existait chez les Lacédémoniens : cependant quant à cette dernière magistrature les Carthaginois se retrouvaient en meilleure position que les Lacédémoniens qui choisissaient les Éphores un peu au hasard, parmi les premiers venus, et non selon un mérite reconnu. Les Carthaginois au contraire choisissaient pour cette magistrature seulement les hommes reconnus pour leur vertu. De même encore les Carthaginois tout comme les Lacédémoniens avaient des rois et possédaient une dignité ou une fonction publique honorable correspondant au Conseil des Anciens présent chez les Lacédémoniens. |
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[79400] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 3 Deinde cum dicit melius autem etc., improbat
praedictam politiam secundum duos modos supra positos. Et primo quidem quantum
ad hoc, quod non erat apud eos bene statutum. Secundo quantum ad hoc, quod
non concordabat intentioni legislatoris, ibi, eorum autem quae ad
suppositionem et cetera. Dicit ergo primo, quod melius esset, quod reges non
acciperentur ex uno solo genere, sed ex quibuscumque virtuosis: et si
deberent ex uno genere accipi, non deberet esse illud genus qualecumque, sed
tale, ex quo ut in pluribus boni prodirent. Et iterum si eligatur aliquod
genus differens bonitate ab aliis, ex quo assumantur reges, melius esset,
quod ex illo genere aliqui eligerentur ad regnum per electionem quam per
aetatem; puta, quod primogeniti dominentur: quod dum aliter fit, frequenter
contingit quod homines viles perveniunt ad regnum: et hoc est valde
periculosum, si homines viles constituantur ad habendum potestatem de rebus
magnis. Multum enim hoc laedit civitates: et tales viles reges in multis
laeserant civitatem Calchedonensium. Concludit etiam ex praedictis, quod cum
tres istae politiae sint similes, communia sunt omnibus ea quae sunt in eis
increpatione digna. Et ideo quae dicta sunt in aliis, sunt etiam hic
intelligenda. |
334. Ensuite lorsqu’il dit [209] : ¨ Il est préférable cependant etc.¨ Il rejette la constitution susdite selon les deux modes présentés plus haut. Et en premier lieu il le fait quant à ce qui chez eux n’était pas bien réglementé [209]. En deuxième lieu il le fait quant à ce qui n’était pas en accord avec l’intention du législateur, là [210] où il dit : ¨ Mais de leurs etc.¨. Il dit donc en premier lieu [209] qu’il serait préférable que les rois ne soient pas choisis à partir d’une seule famille mais parmi ceux qui sont vertueux : et s’ils devaient être choisis à partir d’une même famille, cette dernière ne devrait pas être quelconque mais telle que ceux qui en proviennent sont la plupart du temps bons. Et si on choisissait une famille qui se distinguerait des autres par sa bonté et de laquelle on tirerait les rois, il serait préférable que ceux qui de cette dernière seraient choisis comme rois le soient par mode d’élection plutôt qu’en raison de leur âge comme cela se produit lorsque ce sont les aînés qui règnent: et quand les choses se passent autrement, il arrive souvent que ce sont des hommes corrompus qui accèdent à la royauté: et cela est grandement dommageable quand les hommes corrompus sont établis pour avoir un pouvoir sur les choses importantes. Cela en effet cause de grands dommages aux cités et de tels rois en de nombreuses choses ont amené des malheurs à la cité des Carthaginois. En partant de ce qu’il a dit il termine encore en disant que puisque ces trois constitutions se ressemblent, tous les traits qui en elles sont dignes de blâme sont communs à toutes les constitutions. Et c’est pourquoi ce que nous avons dit au sujet des autres doit aussi s’appliquer ici. |
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[79401] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 4 Deinde cum dicit eorum autem quae etc.,
improbat hanc politiam quantum ad hoc, quod recedebat a proposita intentione.
Et circa hoc tria facit. Primo ostendit, quod in
quibusdam divertebat ad democratiam, in quibusdam ad oligarchiam. Secundo
ostendit, quod magis divertebat ad oligarchiam, ibi, transgreditur autem
aristocratiae et cetera. Tertio improbat remedium, quod contra hoc
apponebant, ibi oligarchia autem et cetera. Dicit ergo primo, quod cum ista
esset supposita intentio legislatoris apud Calchedones ut institueret
politiam vel aristocratiam, quaedam statutorum eius declinabant ad demum, id
est ad populum, quaedam ad oligarchiam. Erat enim apud eos statutum, quod reges cum senioribus
haberent in sua potestate aliqua deferre ad populum, vel non deferre quando
omnes consentirent: si autem non omnes consentirent, populus habebat de illis
in hoc iudicium quid fieri deberet. Similiter autem quando de communi
consensu aliqua referebant ad populum, non solum populus habebat audire quae
dicebantur et approbare, sed habebat potestatem diiudicandi an esset bonum
vel non: et si volebat populus, poterat contradicere: quod non fiebat in
aliis praemissis politiis: et sic populus statuebat principibus quid esset
faciendum: et hoc erat democraticum. Ex alia parte erat apud eos quaedam
pentharchiae, id est principatus quinque virorum, qui habebant se
intromittere de multis et magnis negociis civitatis: et isti eligebantur per
solos principes. Similiter etiam et per eos solos eligebantur illi centum
quatuor, de quibus supra dictum est. Similiter etiam maiores civitatis pluri
tempore principabantur quam alii: quia illi qui praecesserant in principatu,
erant socii in principatu eorum qui succedebant, et sic duplicabatur eis
tempus principatus, quod non fiebat aliis minoribus: et hoc erat
oligarchicum. Erat etiam apud eos aliquid aristocraticum, scilicet quod
principes eligebantur absque pretio dato ab eis. Et iterum non eligebantur
per sortem, sed propter virtutem, et quaedam alia huiusmodi. Et sic non in
omnibus recedebant ab aristocratia. Habebant etiam aliud oligarchicum:
scilicet, quod maximi principes iudicabant de omnibus sententiis. Non autem
erant diversi, qui ex diversis iudicarent, sicut fiebat in Lacedaemonia. |
335. Ensuite lorsqu’il dit [210] : ¨ Mais de leurs etc.¨. Il rejette cette constitution parce qu’elle s’écarte de l’intention que se proposait le législateur. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il montre qu’en certains points elle incline vers la démocratie mais qu’en d’autres elle tend vers l’oligarchie [210]. En deuxième lieu il montre qu’elle inclinait davantage vers l’oligarchie, là [211] où il dit : ¨ Mais on franchit etc.¨. En troisième lieu il rejette le remède qui était appliqué à ce problème, là [215] où il dit : ¨ Cependant l’oligarchie etc.¨. Il dit donc en premier lieu [210] que comme c’était l’intention de départ du législateur d’instituer chez les Carthaginois une constitution ou un état aristocratique, certains de ses décrets penchaient vers la démocratie, d’autres vers l’oligarchie. Il existait en effet chez eux un décret qui stipulait que les rois et les Anciens avaient le pouvoir de porter certains problèmes devant le peuple, ce qu’ils ne faisaient pas quand il y avait unanimité: mais si tous ne s’accordaient pas de façon unanime, c’est le peuple qui pour cette question devait décider de ce qui devait arriver. Mais de la même manière, quand d’un commun accord certaines questions étaient portées devant le peuple, non seulement ce dernier devait entendre et approuver ce qui était dit, mais il avait aussi le pouvoir de juger si cela était bon ou non; et si le peuple le voulait, il pouvait s’y opposer, ce qui n’était pas possible dans les autres constitutions que nous avons examinées; et c’est ainsi que le peuple commandait aux magistrats ce qui devait être fait, ce qui relevait d’une constitution démocratique. D’un autre côté il existait chez eux la magistrature des Cinq, lesquels avaient le pouvoir de se mêler de nombreuses et importantes affaires de la cité, lesquels étaient choisis par les seuls magistrats qui choisissaient aussi ceux qui faisaient partie de la magistrature des Cent Quatre dont nous avons parlé plus haut. De la même manière encore les grands de la cité exerçaient leur pouvoir sur une plus longue période de temps que les autres car ceux qui avaient précédé dans l’exercice du pouvoir étaient les associés de ceux qui devaient leur succéder et c’est ainsi que la durée de leur magistrature était augmentée, ce qui n’avait pas lieu pour les autres magistratures de moindre importance: et c’est en cela que cette constitution penchait vers l’oligarchie. On retrouvait encore chez eux quelque chose qui relevait de l’aristocratie, à savoir que les magistrats étaient élus sans qu’un salaire ne leur soit versé. Et encore ils n’étaient pas choisis par tirage au sort, mais en raison de leurs qualités morales et d’autres motifs du même genre. Et ainsi ce n’est pas sur tous les points que cette constitution s’écartait de l’aristocratie. Cette constitution possédait encore une autre caractéristique de l’oligarchie, à savoir que les plus hauts magistrats jugeaient toutes les causes. En effet, ce n’étaient pas différentes magistrats qui jugeaient de différentes causes comme cela se passait chez les Lacédémoniens. |
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[79402] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 5 Deinde cum dicit transgreditur autem etc.,
ostendit, quod ista politia magis declinabat ad oligarchiam. Et hoc quantum
ad duo, quorum secundum ponit ibi, pravum autem utique et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ostendit in quo declinabat ad oligarchiam. Secundo
improbat, ibi, oportet autem putare et cetera. Dicit ergo primo, quod
institutio politiae Calchedonensis quam volebant esse aristocraticam, maxime
declinabat ad oligarchiam, sicut multis videtur. Putabant enim, quod oportet
eligi principes non solum virtuosos, sed etiam divites: et movebantur hac
ratione: quia impossibile erat, quod aliquis pauper bene principaretur et
vacaret negotiis civitatis. Non enim habebant eorum principes salarium de
communi. Unde oportebat, si pauperes virtuosi eligerentur in principes, quod
praetermissis negotiis civitatis intenderent ad quaerendum sibi victum. Quia
autem eligere principem divitem est oligarchicum, eligere autem virtuosum est
aristocraticum, manifestum est, quod eligere divitem virtuosum erit iam
tertius ordo, qui observabatur apud Calchedonenses. Eligebant enim maximos
principes reges et duces exercitus, respicientes simul ad divitias et
virtutes. |
336. Ensuite lorsqu’il dit [211] : ¨ Mais on franchit etc.¨. Il montre que cette constitution penche davantage vers l’oligarchie. Ce qu’il fait sous deux rapports, dont il présente le deuxième là [214] où il dit : ¨ Mais il est erroné etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il montre en quoi ce régime penche vers l’oligarchie [211]. En deuxième lieu il la rejette, là [212] où il dit : ¨ Il faut cependant croire etc.¨. Il dit donc en premier lieu [211] que le système politique de Carthage, que les législateurs avaient voulu aristocratique, penchait davantage vers l’oligarchie, ainsi qu’on le croyait généralement. Les Carthaginois croyaient que les magistrats devaient être élus non seulement pour leur vertu mais aussi pour leur richesse et c’est par ce motif qu’ils étaient mus: il était en effet impossible selon eux qu’un pauvre soit un bon administrateur et qu’il s’occupe convenablement des affaires de la cité. En effet chez eux les magistrats n’étaient pas rétribués par l’État. D’où il fallait, si des pauvres vertueux étaient élus comme magistrats, qu’ils cherchent à assurer leur subsistance en négligeant les affaires de la cité. Et parce que le fait de choisir des magistrats riches relève d’une constitution oligarchique et que celui des magistrats vertueux relève d’une constitution aristocratique, il est manifeste que le choix d’hommes riches et vertueux relève d’un troisième ordre qu’on observait chez les Carthaginois. Ils élisaient en effet les plus grands magistrats, les rois et les chefs d’armée en ayant égard à la fois aux richesses et aux vertus. |
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[79403] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 6 Deinde cum dicit oportet autem putare etc.,
improbat praedictam ordinationem. Et primo rationem qua movebantur. Secundo
ipsam ordinationem, ibi, si autem oportet et cetera. Dicit ergo primo, quod
iste recessus ab aristocratia est imputandus legislatori: hoc enim fuit
maxime necessarium videre a principio, qualiter homines optimi in virtute,
possent vacare operibus virtutum, absque hoc quod dehonestarentur vacando
rusticanis operibus: et hoc non solum quando principarentur, seu etiam quando
agerent privatam vitam; instituendo scilicet aliqua praemia virtutum, ex
quibus nutrirentur virtuosi. |
337. Ensuite lorsqu’il dit [212] : ¨ Il faut cependant etc.¨. Il rejette la disposition qui précède. Et il rejette en premier lieu la raison sur laquelle ils se fondaient [212]. En deuxième lieu il rejette la disposition elle-même, là [213] où il dit : ¨ Si cependant il faut considérer etc.¨. Il dit donc en premier lieu [212] que cet écart à l’égard de la constitution aristocratique doit être imputé au législateur : il était en effet nécessaire d’être attentif dès le début à ceci, à savoir que les hommes les plus vertueux puissent vaquer aux œuvres vertueuses sans qu’ils puissent être déshonorés en s’adonnant à des tâches grossières, et cela non seulement par rapport à l’exercice du pouvoir mais aussi dans leur vie privée, en mettant sur pied une rétribution grâce à laquelle les hommes vertueux assureraient leur subsistance. |
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[79404] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 7 Deinde cum dicit si autem oportet etc.,
improbat ipsam ordinationem dupliciter. Primo quidem ostendens eam esse
periculosam. Si enim oportet in eligendis principibus aspicere ad divitias,
ad hoc quod possint vacare absque operibus, quibus lucrentur victum, valde
malum erit quod maximi principatus, scilicet regnum et ducatus exercitus,
sint venales, ita scilicet, quod pro abundantia pecuniarum dentur. Ita etiam
dicit esse pravum, quia ex hac lege sequitur, quod tota civitas sit amativa
pecuniae, etiam magis quam virtutis. Quia cives quicquid viderint esse
pretiosum in principatibus, consequenter opinantur pretiosum esse. Et in
quacumque civitate virtus non maxime honoratur, ut scilicet soli virtuti
honor principatus deferatur, impossibile quod in tali civitate homines
secundum virtutem infallibiliter principentur. Et ex quo propter divitias
principatus datur, quodammodo divitiis emptus, probabile est, quod cives
consuescant inhiare ad lucra pecuniae; quando cum expenderint, poterunt
principari. Valde enim inconveniens est, si dicatur, quod ille qui est pauper
et virtuosus, volet lucrari in officio constitutus, ille autem qui est
deterior, non volet lucrari, postquam multa expenderit ad principatum
acquirendum. Hoc enim est omnino improbabile. Et ideo non oportet requirere,
an sint divites illi qui sunt instituendi ad principatum: sed sive sint
divites, sive pauperes, illi debent institui qui possunt aristarchizare, id
est principari secundum virtutem. Secundo, ibi, dignius et cetera. Improbat
praedictam legem ex hoc, quod praetermittit convenientius remedium quod
possit adhiberi. Dignius enim esset si legislator praeeligeret ad principatum
paupertatem virtuosorum, non respiciens ad divitias; et cum hoc curam aliquam
apponeret, ut saltem in principatu existentes possent vacare. |
338. Ensuite lorsqu’il dit [213] : ¨ Si cependant etc.¨. Il rejette la disposition qui précède pour deux raisons. En premier lieu certes il le fait en montrant qu’elle comporte des dangers. S’il faut en effet en choisissant les magistrats avoir égard aux richesses afin qu’ils puissent être libérés des tâches qui leur permettraient de gagner leur vie, ce sera un grand mal que les magistrats les plus élevés, à savoir le roi et les chefs d’armée, se laissent corrompre pour de l’argent, c’est-à-dire qu’ils se vendent pour de grandes sommes d’argent. C’est ainsi qu’il dit encore que cela est pervers car il suit de cette loi que toute la cité devient amoureuse de l’argent encore plus que de la vertu. Car les citoyens, voyant ce qui est précieux aux yeux des magistrats, croient que cela est précieux en réalité. Et dans toute cité où la vertu n’est pas honorée au plus haut point, c’est-à-dire de manière à ce qu’on déclare le magistrat honorable pour sa seule vertu, il est impossible dans une telle cité que les hommes dirigent avec fermeté selon la vertu. Et du fait que la magistrature est attribuée en raison des richesses et d’une certaine manière comme corrompue par l’argent, il est probable que les citoyens s’habituent à rechercher avec cupidité les gains en argent qu’ils dépenseront alors pour pouvoir parvenir à la magistrature. Il est certainement étrange de dire que celui qui est pauvre et vertueux voudra s’enrichir une fois qu’il sera établi dans ses responsabilités alors que celui qui est plus mauvais ne le voudra pas après avoir dépensé des sommes considérables pour s’emparer de la magistrature. Cela en effet est tout à fait improbable. Et c’est pourquoi il ne faut pas exiger qu’ils soient riches, ceux qui doivent être établis comme magistrats: au contraire, qu’ils soient riches ou pauvres, ceux qui doivent être établis en autorité sont ceux qui peuvent commander selon la vertu. En deuxième lieu, là [2131] où il dit : ¨ Il serait cependant plus convenable de etc.¨. Il rejette la loi qui précède du fait qu’elle néglige le remède le plus convenable qui pourrait être appliqué à ce problème. Il serait plus convenable en effet que le législateur préfère pour la magistrature la pauvreté de ceux qui sont honnêtes, sans égard à la richesse et qu’il leur accorde de plus une rétribution pour qu’au moins durant la durée de leur mandat ils puissent s’occuper des affaires de leur magistrature. |
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[79405] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 8 Deinde cum dicit pravum autem utique etc.,
ponit secundo, in quo declinabat ista politia ad oligarchiam, et dicit hoc
esse pravum id quod observabatur apud Calchedones, ut idem obtineret plures
principatus sive plura officia: quia unum opus optime perficitur ab uno
homine. Si autem unus homo debeat plura opera exercere, necesse est, quod
impediatur in altero, vel in utroque. Unde legislatorem oportet attendere, ut
non imponat plura opera uni homini: puta, quod non praecipiat eidem fistulare
et incidere coria. Et ideo, nisi parvitas civitatis impediat, magis videtur
esse politicum et demoticum id est populare, ut plures participent
principatibus diversis, non autem unus habeat plures principatus: quia hoc
est oligarchicum. Ideo autem illud est melius, quia unumquodque, sicut
praedictum est, et pulchrius et velocius perficitur ab uno: ita quod unus non
cogatur multa facere. Et hoc videmus in exercitu et in navi. Utrobique enim
propter distinctionem officiorum quodammodo ad omnes extenditur principari et
subiici; dum scilicet quidam subiecti quibusdam aliis praeferuntur usque ad
infimos. |
339. Ensuite lorsqu’il dit [214] : ¨ Il est cependant mauvais etc.¨. Il présente en deuxième lieu en quoi cette position penchait vers l’oligarchie. Et il dit qu’est mauvais ce qu’on observait chez les Carthaginois, à savoir que la même personne exerçait plusieurs magistratures ou plusieurs charges: car c’est par un seul homme qu’une même charge est le mieux achevée. Si cependant un seul homme doit réaliser plusieurs responsabilités, il est nécessaire qu’il rencontre des obstacles dans l’une ou dans les deux. C’est pourquoi il importe au législateur de ne pas imposer plusieurs fonctions à un même homme: par exemple de ne pas ordonner au même homme de jouer de la flûte et d’être cordonnier. Et c’est pourquoi, à moins que la petitesse de la cité ne l’empêche, il est plus démocratique que de plus nombreuses personnes participent à différentes magistratures plutôt qu’un seul en possède plusieurs, ce qui reviendrait à une oligarchie. C’est pourquoi cela est préférable car toute chose, ainsi que nous l’avons vu, est mieux et plus rapidement achevée par un seul de telle manière qu’un même homme ne doit pas être poussé à faire de nombreuses choses. Et ce que nous venons de dire se vérifie dans l’armée et dans la marine. Dans ces deux domaines en effet, en raison de la distinction des charges, le commandement et la subordination s’appliquent d’une certaine manière à tous; c’est-à-dire qu’alors même que certains sont des subordonnées, ils ont, jusqu’au dernier, autorité sur d’autres. |
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[79406] Sententia Politic., lib. 2 l. 16 n. 9 Deinde cum dicit oligarchia autem existente
etc., improbat remedium quod contra praedictam declinationem habebant. Et
dicit, quod cum politia eorum esset oligarchica, optimum modum adinvenerunt
ad effugiendum seditionem populi, quia semper aliquos de populo mittebant ad
regimina civitatum sibi subiectarum ut sic ditarentur, et per hoc quodammodo
sanabant et faciebant permanere suam politiam; sed hoc erat a fortuna; quia
scilicet civitates eis subiectae non rebellaverant. Oportet autem, ut cives
sint absque seditione, non propter fortunam, sed propter providentiam
legislatoris. Nunc autem si aliquod infortunium Calchedonibus eveniat, ut
magna pars subiectorum discedat ab eorum dominio, nullum erit remedium contra
seditiones propter leges ab eis latas. Ultimo autem epilogando concludit,
quod ea quae praedicta sunt, merito possunt acceptari circa politiam
Lacedaemonum, et Cretensium, et Calchedonensium. |
340. Ensuite lorsqu’il dit [215] : ¨ L’oligarchie cependant etc.¨. Il rejette une mesure qu’ils appliquaient à ce penchant vers l’oligarchie. Et il dit que comme leur constitution était une oligarchie, ils inventèrent le meilleur moyen d’éviter un soulèvement du peuple, car ils envoyaient toujours certains parmi le peuple pour gouverner des cités qui leur étaient assujetties pour qu’ainsi ils s’enrichissent et que par ce moyen soit assurées la conservation et la permanence de leur constitution; mais cela était un effet du hasard car les cités qui leur étaient soumises ne s’étaient pas rebellées. Il faut cependant, pour que les citoyens ne se soulèvent pas, que cela ne soit pas dû au hasard mais à la prévoyance du législateur. Mais maintenant, s’il advenait quelque infortune aux Carthaginois, de telle manière qu’une grande partie de leurs sujets se soulèverait contre leur domination, il n’y aurait aucun remède contre la sédition en raison des lois en vigueur chez eux. Et finalement il termine comme en résumant [215], en disant que les choses qui ont été dites au sujet des constitutions des Lacédémoniens, des Crétois et des Carthaginois peuvent être agréées avec raison. |
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Lectio
17 |
LEÇON 17 (nn. 341-347; [216-222]) ─ Le Philosophe
rappelle les lois de Solon et de certains autres afin que rien de ce qui
appartiendrait à cette connaissance ne paraisse avoir été omis.
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Leçon 17 |
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[79407] Sententia Politic., lib. 2 l. 17 n. 1 Eorum autem qui pronuntiaverunt de politia et
cetera. Postquam philosophus prosecutus est de diversis politiis, hic
prosequitur de institutoribus politiarum et legum. Et circa hoc tria facit.
Primo determinat eorum differentiam adinvicem. Secundo determinat de
quibusdam qui instituerunt politias, ibi, de ea quidem igitur et cetera. In
tertia determinat de quibusdam, qui fuerunt legislatores, ibi, legislatores
autem et cetera. Ponit ergo primo, duas differentias eorum, qui de politiis
vel legibus tractaverunt; quarum prima est secundum diversitatem vitae.
Quidam enim eorum vixerunt vita privata, in nullo communicantes politicis
actionibus, quia non fuerunt gubernatores aliquarum civitatum, sicut Plato,
Phaleas et Hippodamus, de quibus supra dictum est, si quid fuit dignum circa
eos dicendum. Alii autem vixerunt vita politica, instituentes leges aliquibus
civitatibus, vel propriis vel extraneis. Secunda differentia est secundum ea
quae tradiderunt. Quidam enim fuerunt conditores aliquarum legum, sine hoc,
quod ordinarent aliquam politiam. Quidam vero etiam instituerunt politiam,
quae est ordinatio regiminis civitatis, et posuerunt quasdam leges, sicut
Lycurgus, qui instituit Lacedaemonicam politiam, et Solon qui instituit
Atheniensem. |
341. Après avoir parcouru les différents régimes politiques, le Philosophe examine ici ceux qui ont fondé ces constitutions et ces lois. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il fixe les différences qui existent entre eux [216]. En deuxième lieu, il traite de ceux qui ont fondé ces constitutions, là [217] où il dit : ¨ Mais Solon etc.¨. En troisième lieu il donne certaines précisions sur ceux qui ont été législateurs, là [220] où il dit : ¨ Mais les législateurs etc.¨. Il présente donc en premier lieu deux traits qui permettent de distinguer ceux qui ont délibéré sur ces constitutions et de ces lois. Et le premier se rapporte au mode de vie. Certains d’entre eux en effet ont vécu une vie privée, ne participant en rien aux activités politiques car ils ne contribuèrent pas à l’administration d’une cité comme ce fut le cas pour Platon, Phaléas et Hippodamos, au sujet desquels nous avons dit précédemment ce qui était digne de mention. Les autres ont vécu une vie publique et ont institué des lois, soit dans leurs propres cités, soit dans des cités étrangères. Le second se rapporte aux choses mêmes qu’ils nous ont transmises. Certains en effet furent les créateurs de certaines lois sans avoir établi une constitution. Certains autres en vérité ont aussi établi une constitution qui est l’ordonnance de l’administration globale de la cité, et ont implanté certaines lois, ainsi que le firent Lycurgue qui fonda la constitution des Lacédémoniens et Solon qui fonda celle des Athéniens. |
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[79408] Sententia Politic., lib. 2 l. 17 n. 2 Deinde cum dicit de ea quidem igitur etc.,
prosequitur de instituentibus politias. Et quia de politia Lacedaemonica,
quam Lycurgus instituit, supra dictum est; restat dicendum de politia
Atheniensi, quam instituit Solon. Et circa hoc tria facit. Primo ostendit
quid Solon instituit. Secundo quomodo a quibusdam reprehendebatur, ibi,
propter quod et quidam et cetera. Tertio excusat ipsum, ibi, videtur autem
hoc et cetera. Dicit ergo primo, quod aliqui reputant Solonem fuisse bonum
legislatorem, quia dissolvit oligarchiam, quae erat valde intemperata et
immoderata apud Athenas, et liberavit populum qui servitute opprimebatur ex
immoderato regimine divitum, et instituit democratiam in patria sua, et
miscuit bene politiam id est regimen civitatis, dans aliquam partem populo in
ea. Erat enim in Ariopago, idest in vico Martis, qui erat locus
solemnis apud Athenas, institutum Concilium civitatis, quod erat
oligarchicum, quia consiliarii civitatis erant ex divitibus et potentibus.
Sed quod principes eligerentur, hoc erat aristocraticum. Praetorium autem,
idest potestatem iudiciariam instituit ex popularibus, quod erat
democraticum, id est populare. Et sic Solon videtur non dissolvisse illa,
quae prius erant, scilicet Concilium oligarchicum et electionem populi, quae
erat aristocratica. Sed de novo instituit popularem quemdam principatum, dum
fecit praetoria, idest iudices ex omnibus civibus. |
342. Ensuite lorsqu’il dit [217] : ¨ Mais Solon etc.¨. Il poursuit son examen de ceux qui ont fondé des constitutions. Et parce que nous avons déjà parlé de la constitution des Lacédémoniens fondée par Lycurgue, il nous reste à parler de la constitution des Athéniens fondée par Solon. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il montre ce que Solon a fondé [217]. En deuxième lieu il montre comment il a été blâmé par certains, là [218] où il dit : ¨ C’est pourquoi etc.¨. En troisième lieu il le justifie, là [219] où il dit : ¨ Il semble cependant etc.¨. Il dit donc en premier lieu [217] que certains considéraient que Solon avait été un bon législateur car il avait aboli l’oligarchie qui avait été excessive et immodérée chez les Athéniens, libéré le peuple qui était accablé par une servitude provenant du gouvernement abusif des riches, et institué la démocratie dans sa patrie et par un heureux mélange des éléments de sa constitution, donnant au peuple de participer à la vie de la cité. Dans l’Aréopage en effet, c’est-à-dire dans le quartier de Mars, qui était un lieu solennel chez les Athéniens, était établi le Conseil de la cité qui était oligarchique car les conseillers de la cité étaient issus des riches et des puissants. Mais l’élection des magistrats était aristocratique. Mais c’est à partir du peuple qu’il institua le prétoire, c’est-à-dire le pouvoir de juger dans les tribunaux, lequel était démocratique. Et ainsi Solon ne semble pas avoir aboli ces institutions qui existaient déjà, c’est-à-dire le conseil oligarchique et l’élection des magistrats qui était aristocratique, mais il créa un pouvoir démocratique alors qu’il établit le prétoire, c’est-à-dire les juges, auquel étaient admis tous les citoyens. |
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[79409] Sententia Politic., lib. 2 l. 17 n. 3 Deinde cum dicit propter quod et quidam etc.,
ostendit quomodo Solon a quibusdam reprehendebatur. Accusabant enim quidam
ipsum, quod ipse dissolverat alteram politiam, quae prius erat, quando
instituit praetorium quod postea habuit potestatem super omnia, cum tamen
istud officium esset sortiale, quia scilicet sorte eligebantur aliqui ex
populo ad hoc officium. Ideo autem dicunt eum per hoc dissolvisse priorem
politiam, quia cum invaluit istud officium in civitate, praetores illi
instituti ex populo, transtulerunt totum regimen civitatis in populum qui
(per) tyrannidem opprimebat maiores; et ita deventum est ad inordinatam
democratiam, quae erat apud Athenas. Primo enim Ephialtes et Pericles qui
fuerunt praetores populares, destruxerunt consilium quod ex antiquo erat in
Ariopago, et continenter unusquisque de rectoribus populi auxit potestatem
populi, quousque perducta est politia ad democratiam quae tunc erat. |
343. Ensuite lorsqu’il dit [218] : ¨ À cause de cela etc.¨. Il montre comment Solon a été blâmé par certains. En effet certains l’accusaient d’avoir aboli l’autre constitution, celle qui avait précédé, quand il institua le Tribunal, pour obtenir par la suite un pouvoir absolu sur tous, alors que cette charge est cependant tirée au sort, car c’est par tirage au sort qu’étaient choisis parmi le peuple ceux qui étaient responsables de cette charge. C’est pourquoi ils disent cependant de lui qu’il a aboli le régime politique précédent, car quand cette charge s’affermit dans la cité, ces magistrats établis à partir du peuple transférèrent tout le gouvernement de la cité au peuple qui étouffait les anciens à la manière d’un tyran; et c’est ainsi qu’on aboutit à la démocratie désordonnée qui existait chez les Athéniens. En premier lieu en effet Éphialte et Péricles, qui étaient des magistrats populaires, anéantirent le Conseil des Anciens qui siégeait à l’Aréopage et sans interruption chacun des administrateurs populaires augmenta le pouvoir du peuple jusqu’à ce que la constitution en fut réduite à la démocratie d’alors. |
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[79410] Sententia Politic., lib. 2 l. 17 n. 4 Deinde cum dicit videtur autem etc., excusat
Solonem; et dicit, quod iste defectus videtur accidisse non ex intentione
Solonis, sed ex quodam accidente. Cum enim rex Medorum invaderet Athenienses,
illi cogitantes, quod neque fines suos tueri poterant neque obsidionem
civitatis sustinere, collocatis pueris et mulieribus et rebus quas habebant,
in aliis Graeciae civitatibus, dimissa civitate, transtulerunt bellum de
terra ad mare. Et ita congregatus est populus tempore Medorum causa huiusmodi
navarchiae, id est principatus navalis, et astute concepit ut totam sibi
potestatem usurparet: et accidit, quod loco virtuosorum rectorum, populus
habuit pravos rectores, qui intentionem populi sunt prosecuti. Quod autem
Solon hoc non intenderit, patet per hoc, quia Solon non dedit potestatem
populo, nisi illam quae est maxime necessaria, ut scilicet eligeret principes
et corrigeret eorum errores. Hanc autem potentiam populi dicit esse
necessariam, quia sine hoc populus esset servus, si sine sua voluntate
principes acciperentur, et non posset emendare mala quae principes facerent;
et cum servitutem ferre non posset fieret adversarius principibus. Sed omnes
principatus instituit primo ex insignibus, idest nobilibus et
divitibus. Et secundario instituit ex quibusdam quingentis qui erant quasi
medii in civitate, quos medignos vocat, quasi moderatores, et iugarios eos
vocat, quia erant capita societatum vel artium quasi coniungentes
multitudinem; et tertio instituebat principes ex equitibus, qui erat tertius
ordo. Quartus autem ordo erat mercenariorum, qui erant infima pars populi: ad
quos nullus principatus pertinebat. Et sic patet, quod in principatibus
maiorem partem addidit maioribus quam populo. Unde non fuit eius intentio
instituere democratiam; sed consecuta est praeter eius intentionem. |
344. Ensuite lorsqu’il dit [219] : ¨ Il semble cependant etc.¨. Il justifie Solon; et il dit que cette déviation n’était pas intentionnelle de la part de Solon, mais qu’elle était accidentelle. En effet, alors que le roi des Mèdes attaquait les Athéniens, ces-derniers croyant qu’ils ne pouvaient ni défendre leurs frontières ni subir le siège de la cité, ayant rassemblé les enfants, les femmes et les biens qu’ils possédaient et ayant abandonné la cité, transportèrent la guerre de la terre à la mer. Et ainsi à cause de cette supériorité sur mer à l’époque des Mèdes, le peuple fut réuni et conçut habilement de s’approprier tout le pouvoir : et il arriva qu’au lieu d’être dirigé par des chefs vertueux, le peuple le fut par des démagogues corrompus. Que ce ne fut pas là l’intention de Solon, cela est évident du fait que Solon ne donna pas de pouvoir au peuple, si ce n’est celui qui est le plus nécessaire, à savoir celui de choisir des chefs et celui de corriger leurs erreurs. Il dit cependant que ce pouvoir du peuple était nécessaire car sans lui le peuple était réduit à l’esclavage si les magistrats étaient nommés sans sa volonté et s’il ne pouvait corriger les maux dont ils seraient la cause; et comme ce dernier ne pourrait supporter la servitude, il deviendrait hostile aux magistrats. Mais en premier lieu il attribua toutes les magistratures aux personnes distinguées, c’est-à-dire aux nobles et aux riches. Et en deuxième lieu il les établit à partir de la classe des Pentacosiomédimnes, c’est-à-dire à partir de ceux qui possédaient en biens cinq cents médimnes et autant d’arpents. Et en troisième lieu il institua les magistrats à partir des Chevaliers qui étaient la troisième classe. La quatrième classe était celle des mercenaires qui était une petite partie du peuple et à laquelle ne correspondait aucune magistrature. Il est ainsi évident que quant aux magistratures, la plus grande partie revenait aux notables plutôt qu’au peuple. D’où il suit que l’intention de Solon n’était pas d’instituer une démocratie, mais que cette dernière apparut par la suite malgré lui. |
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[79411] Sententia Politic., lib. 2 l. 17 n. 5 Deinde cum dicit legislatores autem etc.,
determinat de institutoribus legum. Et primo ostendit qui fuerint, et quibus
leges imposuerint. Secundo, quas leges tulerint, ibi, legislator autem fuit
et cetera. Circa primum duo facit. Primo agit de quibusdam legislatoribus in
Italia: quae quondam magna Graecia vocabatur. Secundo de quibusdam
legislatoribus Graeciae, ibi, fuit autem et Philolaus et cetera. Dicit ergo
primo, quod legislatores fuerunt quidam Zaleucus nomine, qui imposuit leges
Locris Occidentalibus et est quaedam civitas Calabriae, quae est ad
occidentem Graeciae. Fuit etiam quidam legislator Charondas Catinensis qui
tulit leges suis civibus et quibusdam aliis civitatibus Chalcidiae, circa
Italiam et Siciliam. Ostendit autem, unde isti fuerint eruditi in
legislatione; et dicit quod quidam volunt colligere quod in terris illis
primus instructus industrius in legislatione fuit quidam Onomacritus nomine,
qui cum esset civis Locrensis, exercitatus fuit circa legislationem in Creta,
et postea praefectus fuit populo artificialiter regens ipsum: et huius socium
dicunt fuisse quaedam Thaletem, cuius auditores dicunt fuisse Lycurgum
Lacedaemonium et Zaleucum Locrium. Zaleuci autem auditorem dicunt fuisse
Charondam Cataniensem. Sed ista dicunt non considerantes bene tempus ipsorum,
quod non erat conveniens huic narrationi. |
345. Ensuite lorsqu’il dit [220] : ¨ Mais les législateurs etc.¨. Il traite de ceux qui ont institué les lois. Et en premier lieu il montre qui ils furent et à qui ils imposèrent ces lois [220]. En deuxième lieu il montre quelle furent ces lois qu’ils introduisirent, là [222] où il dit : ¨ Au sujet de certaines autres etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. Il traite en premier lieu de certains législateurs de l’Italie qu’on appelait autrefois la Grande Grèce [220]. En deuxième lieu il traite de certains législateurs grecs, là [221] où il dit : ¨ Mais il y eut Philolaos etc.¨. Il dit donc en premier lieu [220] que parmi les législateurs il y en eut un du nom de Zaleucos qui prescrivit des lois aux Locriens occidentaux et qui venait d’une ville de Calabrie située à l’ouest de la Grèce. Il y eut aussi comme législateur un certain Charondas qui promulgua des lois pour ses propres citoyens et pour d’autres cités chalcidiennes autour de l’Italie et de la Sicile. Il montre cependant où ceux-ci furent formés à la législation; et il dit que certains veulent établir que dans ces contrées celui qui fut le premier à être formé activement à la législation fut un certain Onomacrite, citoyen de Locres, qui s’exerça à la législation en Crète et qui par la suite il fut gouverneur auprès du peuple qu’il dirigea d’une main de maître: et ils affirment qu’ayant été un compagnon de Thalès, ses disciples auraient été Lycurgue le Lacédémonien et Zaleucos le Locrien. Ils affirment encore que Charondas de Catane fut le disciple de Zaleucos. Mais ils affirment ces choses en ne prenant pas bien en considération les époques pendant lesquelles vivaient ces derniers, lesquelles ne correspondent pas à cette relation. |
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[79412] Sententia Politic., lib. 2 l. 17 n. 6 Deinde cum dicit fuit autem et Philolaus etc.,
narrat de legislatoribus Graeciae. Et dicit, quod quidam Philolaus civis
Corinthiensis tulit leges Thebanis. Et assignat causam quare de Corintho
transivit Thebas. Et dicit, quod cum esset de genere Bachidorum, idest eorum
qui trahebant originem a Baccho, factus est amicus cuiusdam Dioclis, qui
habuerat quamdam victoriam in Olimpiade. Postquam igitur Diocles reliquit
civitatem, forte expulsus inde per aliquam iniuriam, Philolaus habens in
memoriam amorem matris Dioclis, quae vocabatur Anchiones, quae forte
nutriverat eum, simul cum eo abiit Thebas, et ibi ambo finiverunt vitam, quod
usque nunc eorum sepulcra ostendunt, quae mutuo se respiciebant, et ex uno
poterat conspici aliud. Sed ita erant disposita versus regionem Corinthiorum,
ut unum posset inde videri, aliud non. Narrant autem, quod ideo fuit sic
ordinata eorum sepultura, ut Diocles non videretur a Corinthiis, quasi volens
ab eis abstinere propter ea quae ab eis passus fuerat: Philolaus autem videri
poterat, qui nihil ab eis fuerat passus. Ista igitur fuit causa, quare apud
Thebanos habitaverunt, et eis leges tulerunt. |
346. Ensuite lorsqu’il dit [221] : ¨ Mais il y eut etc.¨. Il parle des législateurs de la Grèce. Et il dit qu’un certain Philolaos, citoyen de Corinthe, donna des lois aux Thébains. Et il donne la raison pour laquelle il passa de Corinthe à Thèbes. Et il dit qu’alors qu’il était de la famille des Bacchiades, c’est-à-dire de ceux qui tenaient leur origine de Bacchus, il devint l’ami d’un certain Dioclès qui avait remporté la victoire aux Jeux Olympiques. Par la suite donc Dioclès laissa la cité, peut-être chassé de là par une offense, Philolaos se rappelant l’amour de la mère de Dioclès nommée Alcyoné et qui peut-être l’avait nourri, il partit en même temps avec lui pour Thèbes et c’est là que tous les deux moururent; et maintenant encore leurs tombes y sont visibles, lesquelles se regardent mutuellement de telle manière qu’à partir de l’une, l’autre peut être facilement observée. Mais elles sont disposées de telle manière par rapport à la région de Corinthe que de sa position l’une peut la voir et l’autre non. On raconte cependant que la raison pour laquelle leurs tombes étaient disposées de telle manière que celle de Dioclès ne pouvait être aperçue des Corinthiens, c’est que ce dernier voulait se tenir loin d’eux en raison de ce qu’il avait souffert de leur part; celle de Philolaos au contraire pouvait être aperçue des Corinthiens parce qu’il n’avait rien souffert de leur part. Telle est donc la cause pour laquelle ils vécurent chez les Thébains et leur apportèrent des lois. |
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[79413] Sententia Politic., lib. 2 l. 17 n. 7 Deinde cum dicit legislator autem etc.,
ostendit, quid proprium unusquisque legislator instituit. Et dicit, quod
Philolaus tulit leges Thebanis de quibusdam aliis, sed specialiter de
puerorum procreatione, ut scilicet non insisterent operi generationis,
postquam certum numerum filiorum haberent. Et has leges Philolai, Thebani
vocant leges positivas. Hoc autem de procreatione filiorum solus ipse
constituit ad hoc, quod conservetur numerus sortium, idest, quod non
oporteat unam partem possessionis unius hominis dividi in plures; sed tot
pueri generentur, quod semper idem numerus civium conservetur. Charondas
autem nihil statuit ipse solus, nisi vindictas de falsis testimoniis, quod
ipse primus consideravit: sed magis placuit propter hoc, quod cum diligentia
explicavit ea quae necessaria erant in legibus prae aliis legislatoribus,
quam de hoc quod aliquid singulariter statueret. Sed Philolaus instituit
aliquid proprium, scilicet, ut tolleretur irregularitas possessionum. Plato
autem quatuor propria instituit in suis legibus: quorum unum est, quod
mulieres et pueri et possessiones sint communes. Secundum est, quod fierent
convivia mulierum sicut in aliis civitatibus fiunt convivia virorum. Tertium
est, quod instituit legem contra ebrietatem, ut scilicet soli sobrii possint
esse principes symposiorum id est. Conviviorum. Quartum autem statuit in re militari,
ut scilicet homines per exercitium et studium fierent ambidexteri, ut
scilicet utraque manus fieret eis utilis ad bellandum. Consequenter dicit,
quod inveniuntur quaedam leges draconis, qui politiae praeexistenti imposuit
quasdam leges, sed in legibus suis nihil fuit proprium quod sit memoria
dignum, nisi quod severior poena daretur quando maius damnum sequebatur ex
culpa. Fuit etiam quidam Pittacus legislator, qui non instituit politiam:
cuius lex quaedam propria fuit, ut ebrii si percuterent, plus punirentur quam
sobrii, quia plures ebrii faciunt iniurias quam sobrii: unde magis respexit
ad utilitatem, ut scilicet cohiberentur iniuriae ebriorum, quam ad veniam,
quam oportet habere de ebriis, qui non sunt sui compotes. Fuit etiam alius
legislator Androdamas civis Rheginus, qui instituit quasdam leges circa
poenas homicidiorum, et circa successiones haereditatum, sed tamen quasi
nihil proprium ipsius dici potest. Ultimo autem epilogando concludit, quod
hoc modo sunt considerata eadem, quae oportuit considerari circa optimas
politias, puta Lacedaemonensium, Cretensium, et Chalcedonensium, et circa
politias a quibusdam aliis ordinatas. Et sic terminatur secundus liber. |
347. Ensuite lorsqu’il dit [222] : ¨ Au sujet des autres etc.¨. Il montre ce que chacun de ces législateurs établit en propre. Et il dit que Philolaos établit, entre autres lois, celle qui se rapporte spécialement à la procréation des enfants afin que les Thébains ne poursuivent pas l’œuvre de procréation après avoir atteint un certain nombre d’enfants. Et ces lois de Philolaos, les Thébains les appellent prolétaires. Il fut le seul à instituer cette loi sur la procréation des enfants, laquelle était destinée à conserver le nombre des lots familiaux en empêchant qu’une partie du domaine appartenant à un particulier soit divisée en plusieurs parties; ainsi le nombre d’enfants engendrés devait conserver identique le nombre des citoyens. Charondas au contraire n’institua rien de lui-même si ce n’est les poursuites à l’égard des faux témoins, problème qu’il fut le premier à considérer: mais il jugea davantage à propos d’expliquer avec plus de précision ce qui était contenu dans les lois, comparativement aux autres législateurs, que de s’occuper de ce qu’il aurait pu instituer de lui-même. Mais Philolaos institua quelque chose en propre, c’est-à-dire qu’il supprima l’inégalité des propriétés. On retrouve cependant dans les lois de Platon quatre éléments qui lui sont propres : le premier est la communauté des femmes, des enfants et des propriétés; le deuxième élément particulier, ce sont les repas en commun pour les femmes tout comme dans les autres cités on retrouvait les repas en commun pour les hommes; le troisième est la promulgation de la loi contre l’ivresse qui faisait en sorte que seuls ceux qui étaient sobres pouvaient présider les banquets; le quatrième est la loi qu’il institua sur l’exercice militaire, afin que les hommes, au moyen des exercices et de l’application, deviennent ambidextres afin que leurs deux mains leur soient utiles à la guerre. Et par la suite il dit qu’on retrouve certaines lois de Dracon qu’il adapta à la constitution existante, mais dans lesquelles on ne retrouve rien de particulier qui soit digne de mémoire, si ce n’est qu’un plus grand châtiment était donné lorsqu’un plus grand dommage découlait de la faute. Il y eut aussi un législateur nommé Pittacos, qui n’institua pas une constitution, mais une loi qui lui est propre et qui était telle que les ivrognes, s’ils étaient punis, l’étaient davantage que les hommes qui étaient sobres, car les ivrognes causent plus de dommages que les sobres: en cela il eut davantage égard à l’utilité commune, afin que les dommages dus aux ivrognes soient empêchés, qu’à la grâce ou au pardon qu’il faut avoir pour les ivrognes, lesquels ne sont pas maîtres d’eux-mêmes. Il y eut aussi un certain Andromadas de Rhégium, législateur qui institua certaines lois relatives aux châtiments pour meurtre et aux successions des héritiers, sans qu’on ne puisse cependant rien dire de particulier à son sujet. Et à la fin il termine comme par un résumé [222] en disant que c’est ainsi qu’ont été considérées les mêmes choses qu’il fallait considérer au sujet des plus grandes constitutions en vigueur et de celles qui ont été proposées par certains autres. Et c’est ainsi que se termine le second livre des Politiques. |
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Liber 3 |
LIVRE III ─ [LES CITOYENS] |
LIVRE 3 |
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Lectio
1 |
LEÇON 1 (nn. 348-356; [223-229]) ─ Quel est celui qu’on doit appeler citoyen et quelle cité mérite ce nom. |
Leçon 1 |
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[79414] Sententia Politic., lib. 3 l. 1 n. 1 Ei qui de politia considerat et cetera.
Postquam philosophus in secundo libro inquisivit de politiis secundum
traditionem aliorum, hic incipit prosequi de eis secundum propriam opinionem.
Et dividitur in partes duas. In prima manifestat diversitatem politiarum, in
secunda docet qualiter optima politia sit instituenda, in principio septimi
libri, ibi, de politia optima facturum et cetera. Prima autem pars dividitur
in duas. In prima distinguit politias. In secunda determinat de singulis
earum, in quarto libro, ibi, in omnibus artibus et scientiis et cetera. Prima autem pars
dividitur in duas. In prima parte determinat id, quod pertinet ad politiam in
communi. In secunda dividit
politias, ibi, quoniam autem haec determinata sunt, et cetera. Prima pars
dividitur in duas. In prima dicit de quo est intentio. In secunda prosequitur
propositum, ibi, eos quidem igitur qui aliter qualiter et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ostendit, quod ad tractandum de politiis, necesse est
primo considerare de civitate. Secundo ostendit, quod ad tractandum de
civitate, necesse est considerare quid sit civis, ibi, quoniam autem civitas,
et cetera. |
348. Après avoir consulté dans son deuxième livre les différentes constitutions transmises par les autres, le Philosophe commence ici à les traiter selon son opinion propre. Et il divise son examen en deux parties. Dans la première il manifeste la diversité des constitutions [223]. Dans la deuxième il enseigne comment établir la meilleure constitution, au début du septième livre, là [892] où il dit : ¨ Au sujet de la meilleure constitution etc.¨. La première partie se divise cependant en deux. Dans la première il distingue les constitutions [223]. Dans la deuxième il traite de chacune d’elles en particulier au quatrième livre, là [389] où il dit : ¨ Dans tous les arts réunis etc.¨. Mais la première partie se divise elle-même en deux. Dans la première partie il détermine ce qui appartient en commun à toute constitution [223]. Dans la deuxième il distingue les constitutions, là [244] où il dit : ¨ Mais puisque cela est précisé etc.¨. La première partie se divise en deux. Dans la première il dit quel est le propos [223]. Dans la deuxième il poursuit son propos, là [225] où il dit : ¨ Donc, ceux qui etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il montre que pour traiter des constitutions il est nécessaire d’examiner en premier lieu ce qu’il en est de la cité [222]. En deuxième lieu il montre que pour traiter de la cité, il est nécessaire d’examiner ce qu’est un citoyen, là [224] où il dit : ¨ Mais puisque la cité etc.¨. |
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[79415] Sententia Politic., lib. 3 l. 1 n. 2 Dicit ergo primo, quod ille qui vult
considerare de politia, quae unaquaeque sit secundum propriam rationem et
qualis sit, utrum scilicet bona vel mala, iusta vel iniusta, necesse est,
quod primo consideret quid sit civitas. Et hoc probat duplici ratione: quarum
prima est, quia de hoc potest esse dubitatio. Dubitant enim aliqui circa
aliqua negotia, utrum sint facta a civitate, puta cum sint facta a tyranno,
vel a divitibus civitatis. In quo casu aliqui dicunt, quod civitas haec
fecit; aliqui autem dicunt, quod non fecit haec civitas, sed oligarchia, id
est divites principantes, vel etiam tyrannus: et sic videtur in dubium verti,
utrum soli divites principantes sint civitas. Et quia dubium est; oportet quod
determinetur. Secunda ratio est, quia tota intentio eorum, qui tractant de
politiis et legislatione, negotiatur circa civitatem, quia politia nihil
aliud est quam ordo inhabitantium civitatem. |
349. Il dit donc en premier lieu [223] que celui qui veut examiner une constitution, ce qu’elle est selon sa nature propre et de quelle sorte elle est, à savoir si elle est bonne ou mauvaise, juste ou injuste, doit d’abord examiner ce qu’est une cité. Et il prouve cela au moyen de deux raisons, dont la première est qu’il est possible d’avoir un doute à ce sujet. Certains se demandent en effet au sujet de certaines affaires si elles sont faites par la cité, par exemple lorsqu’elles sont faites par un tyran, ou par les riches de la cité. Dans lequel cas certains affirment que c’est la cité qui a fait cela; certains autres cependant disent que ce n’est pas la cité qui a fait cela mais plutôt les riches magistrats ou encore le tyran: et ainsi il semble courir un doute, à savoir est-ce que ce sont seulement les riches magistrats qui constituent la cité? Et parce qu’il existe un doute à sujet, il importe de le résoudre. La deuxième raison, c’est que tout ce que se proposent ceux qui traitent des constitutions et des lois tourne autour de la cité car une constitution n’est rien d’autre que l’organisation de ceux qui habitent la cité. |
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[79416] Sententia Politic., lib. 3 l. 1 n. 3 Deinde cum dicit quoniam autem civitas etc.,
ostendit, quod necessarium est determinare de cive, duplici ratione: quarum
prima talis est. In omnibus illis quae sunt composita ex multis partibus,
necesse est prius considerare partes. Civitas autem est quoddam totum
constitutum ex civibus sicut ex partibus, cum civitas nihil aliud sit, quam
quaedam civium multitudo. Ergo ad cognoscendum civitatem, oportet considerare
quid sit civis. Secunda ratio est, quod de hoc etiam contingit dubitationem
esse: non enim omnes concorditer confitentur, quod idem sit civis. Aliquis
enim popularis, qui est civis in democratia secundum quam populus
principatur, non reputatur quandoque civis in oligarchia, secundum quam
divites principantur: quia frequenter talis est oligarchia, quod populus
nullam habet ibi partem. |
350. Ensuite lorsqu’il dit [224] : ¨ Mais puisque etc.¨. Il montre qu’il est nécessaire d’examiner ce qu’est un citoyen et il le fait au moyen de deux raisons, dont la première se présente ainsi: dans toutes les choses qui sont composées de nombreuses parties, il est nécessaire d’examiner d’abord les parties. Mais la cité est un certain tout composé des citoyens qui en sont comme les parties, puisque la cité n’est rien d’autre qu’une multitude de citoyens. Donc, pour connaître ce qu’est une cité il faut d’abord considérer ce qu’est un citoyen. La deuxième raison est qu’il arrive qu’il se présente encore un doute à ce sujet: tous en effet ne déclarent pas unanimement la même chose sur la nature du citoyen. En effet, une personne du peuple, laquelle est citoyen dans une constitution démocratique où c’est le peuple qui dirige, n’est parfois pas reconnue comme tel dans une constitution oligarchique dans laquelle ce sont les riches qui dirigent: car il arrive souvent dans une telle constitution que le peuple n’a aucune part dans les affaires de l’État. C’est pourquoi il est manifeste qu’il existe une controverse au sujet du citoyen pour déterminer qui en est un et de quelle nature doit être celui qu’on appelle citoyen. |
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[79417] Sententia Politic., lib. 3 l. 1 n. 4 Deinde cum dicit eos quidem igitur etc.,
prosequitur propositum. Et dividitur in partes duas. In prima ostendit quid
sit civis. In secunda ostendit quae sit virtus, quae facit bonum civem, ibi,
his autem quae dicta sunt et cetera. Circa primum duo facit. Primo determinat
quid sit civis. Secundo movet circa hoc quasdam dubitationes, ibi, sed forte
illi magis et cetera. Circa primum duo facit. Primo ostendit, quid sit civis
secundum rei veritatem. Secundo excludit quandam falsam determinationem, ibi,
determinant etiam secundum usum et cetera. Circa primum duo facit. Primo
ponit quosdam modos secundum quos aliqui sunt cives secundum quid et non
simpliciter. Secundo ostendit quid sit civis simpliciter, ibi, civis autem
simpliciter et cetera. |
351. Ensuite lorsqu’il dit [225] : ¨ Mais certes ceux etc.¨. Il poursuit son propos. Lequel se divise en deux parties. Dans la première il montre ce qu’est un citoyen [225]. Dans la seconde il montre quelle est la vertu qui fait un bon citoyen, là [233] où il dit : ¨ Pour les choses qui ont été dites, etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il établit ce qu’est un citoyen [225]. En deuxième lieu il soulève à ce sujet certaines questions, là [230] où il dit : ¨ Mais peut-être qu’à ce sujet etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il montre ce qu’est un citoyen selon la vertu [225]. En deuxième lieu il écarte une fausse définition, là [229] où il dit : ¨ Ils avaient l’habitude etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il présente certaines modalités selon lesquelles certains sont des citoyens sous certains rapports mais non pas purement et simplement [225]. En deuxième lieu il montre ce qu’est un citoyen purement et simplement, là [226] où il dit : ¨ Le citoyen, à parler purement et simplement, etc.¨. |
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[79418] Sententia Politic., lib. 3 l. 1 n. 5 Dicit ergo primo, quod debemus ad praesens
dimittere illos qui dicuntur cives secundum aliquem modum poeticum, idest
secundum metaphoram vel similitudinem; quia isti non sunt vere cives. Et
primus quidem modus est secundum habitationem. Non autem dicuntur vere cives
aliqui ex hoc quod civitatem inhabitant: quia advenae et servi habitant in
civitate, nec tamen sunt simpliciter cives. Secundus modus est, quod aliqui
possunt dici cives, quia subduntur iurisdictioni civitatis, ut scilicet participent
iustitiam civitatis in hoc, quod quandoque obtineant sententiam pro se, et
quandoque iudicentur, idest condemnentur: quia hoc etiam convenit illis qui
habent aliquos contractus inter se, qui tamen non sunt unius civitatis cives.
Et tamen in quibusdam civitatibus extranei non participant perfecte huiusmodi
iustitia sicut cives: sed necesse est, quod si volunt iudicio contendere,
quod dent astitorem, idest fideiussorem de parendo iuri. Unde patet, quod
adventitii imperfecte participant communionem iustitiae: et ita secundum hoc
non sunt simpliciter cives, sed possunt dici cives secundum quid. Sicut etiam
tertio modo dicimus pueros cives, qui nondum conscripti sunt in numero
civium. Et sicut dicimus senes cives, qui iam emissi sunt a numero civium, ut
non possunt exequi opera civium: utrosque enim non dicimus simpliciter cives,
sed cum aliqua adiectione. Pueros quidem tamquam imperfectos. Senes autem
tanquam ultra provectos, quam requirat conditio civium. Vel si etiam aliud
aliquid tale apponatur, nihil differt. Manifestum est enim illud quod
intendimus dicere: inquirimus enim nunc quid sit simpliciter civis absque
aliqua additione, quae sit necessaria ad dirigendum vel exponendum nomen
civis. Est autem et quartus modus, in quo est eadem dubitatio et solutio:
scilicet circa profugos et viles, id est infames personas; quia scilicet
tales sunt cives secundum quid, et non simpliciter. |
352. Il dit donc en premier lieu [225] que nous devons à présent écarter ceux qu’on appelle citoyens selon une modalité particulière, c’est-à-dire d’après un langage métaphorique ou analogique, car ceux-là ne sont pas à véritablement parler des citoyens. Et la première de ces modalités s’entend certes selon le lieu de résidence. Mais ce n’est pas du seul fait que certains résident dans une cité qu’ils sont véritablement des citoyens, car les étrangers et les esclaves résident dans une cité sans être pour cela des citoyens purement et simplement. La deuxième modalité est celle selon laquelle certains peuvent être appelés citoyens du fait qu’ils sont soumis à la juridiction de la cité de sorte qu’ils ont part à la justice de la cité en ceci que parfois ils obtiennent une sentence en leur faveur et que parfois ils sont jugés coupables, c’est-à-dire qu’ils sont condamnés: car cela appartient aussi à ceux qui ont des conventions entre eux et qui cependant ne sont pas citoyens d’une cité. Et cependant dans certaines cités les étrangers n’ont pas pleinement part à la justice en tant que citoyens: mais il est nécessaire, s’ils veulent s’opposer au jugement, qu’ils fournissent un protecteur, c’est-à-dire un garant pour veiller à l’exécution du jugement. D’où il est évident que les étrangers participent imparfaitement à la communauté de la justice: et ainsi, suite à cela, ils ne sont pas des citoyens purement et simplement, mais on peut les appeler ainsi sous un certain rapport. De même encore nous disons selon une troisième modalité que les enfants sont des citoyens, bien qu’ils ne soient pas encore inscrits au nombre des citoyens. De même encore nous disons que les vieillards sont des citoyens, lesquels ont déjà été retirés du nombre des citoyens puisqu’ils ne peuvent accomplir plus longtemps les tâches des citoyens: en effet, au sujet des uns et des autres, nous ne disons pas qu’ils sont des citoyens purement et simplement, mais si nous les appelons ainsi, c’est seulement en y ajoutant une certaine limite. Les enfants le sont certes imparfaitement alors que les vieillards sont avancés en âge au-delà de ce que requiert la condition de citoyen. Et même si on ajoutait d’autres cas qui seraient du même genre, cela ne changerait rien. En effet, ce que nous cherchons à dire est évident: ce que nous cherchons à déterminer maintenant est ce qu’est un citoyen purement et simplement sans l’ajout de quelque précision qui serait nécessaire pour éclairer ou expliquer le nom de citoyen. Il existe cependant une quatrième modalité pour laquelle on retrouve le même doute et la même réponse, à savoir celle des fugitifs et des individus infâmes, car de telles personnes ne sont citoyens que sous un certain rapport et non pas purement et simplement. |
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[79419] Sententia Politic., lib. 3 l. 1 n. 6 Deinde cum dicit civis autem simpliciter etc.,
ostendit quid sit civis simpliciter. Et circa hoc tria facit. Primo ponit
quamdam determinationem civis. Secundo ostendit quod illa determinatio non
est communis in qualibet politia, ibi, oportet autem non latere et cetera.
Tertio ostendit quomodo possit corrigi ut sit communis, ibi, sed habet
directionem et cetera. Dicit ergo primo, quod per nihil aliud melius potest
determinari civis simpliciter, quam per hoc, quod participet in civitate
iudicio, ut scilicet possit de aliquo iudicare et principatu, ut scilicet
aliquam habeat potestatem in negotiis civitatis. Sed sciendum, quod
principatuum sunt duo genera. Quidam enim sunt determinati ad certum tempus,
ita quod apud quasdam civitates non liceat, quod idem homo bis obtineat
eumdem principatum, vel quod obtineat per determinata tempora, puta quod
exerceat aliquod officium ad annum, et postea non possit institui in eodem
officio usque ad tres vel quatuor annos. Alius autem principatus est qui non
determinatur secundum aliquod tempus, sed quocumque tempore potest homo illud
officium exercere: sicut praetor, qui scilicet habet potestatem iudicandi de
aliquibus causis, et concionator qui habet potestatem dicendi suam sententiam
in concione civitatis. Potest autem contingere quod aliquis huiusmodi iudices
vel concionatores non nominet principes, et quod dicatur quod non habent propter
hoc aliquem principatum quod possint concionari vel iudicare. Sed hoc nihil
ad propositum differat, quia ista dubitatio non est nisi in nomine: non enim
invenimus aliquod nomen commune iudici et concionatori: et ideo imponatur eis
hoc nomen, ut dicatur indeterminatus. Sic igitur ponimus eos qui participant
huiusmodi principatu, esse cives: et ista videtur esse melior determinatio
civis simpliciter. |
353. Ensuite lorsqu’il dit [226] : ¨ Nous cherchons en effet etc.¨. Il montre ce qu’est un citoyen purement et simplement. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il donne une certaine définition du citoyen [226]. En deuxième lieu il montre que cette définition ne s’applique pas à toute constitution, là [227] où il dit : ¨ Il importe cependant de ne pas ignorer etc.¨. En troisième lieu il montre comment cette définition pourrait être corrigée de manière à devenir commune à toute constitution, là [228] où il dit : ¨ Mais elle possède une direction etc.¨. Il dit donc en premier lieu [226] qu’on ne peut mieux définir ce qu’est un citoyen purement et simplement par quelque chose d’autre que par ceci, à savoir qu’il participe aux décisions de la cité, de sorte qu’il puisse décider d’une chose de son propre chef pour arriver à posséder une certaine autorité dans les affaires de la cité. Mais il faut savoir qu’il existe deux genres de magistratures. Certaines en effet sont limitées dans le temps, de telle manière que dans certaines cités il n’est pas permis à un homme d’obtenir deux fois le même pouvoir ou qu’il l’obtienne sur des périodes déterminées, par exemple qu’il exerce une responsabilité pour un an et que par la suite il ne puisse être établi dans le même ministère pendant une période allant jusqu’à trois ou quatre ans. Il existe cependant une autre sorte de magistrature qui n’est pas limitée dans le temps et qui est un ministère qu’un homme peut exercer pendant un temps indéfini, comme celui de préteur qui a le pouvoir de juger de certaines causes et celui de démagogue qui a le pouvoir d’exprimer sa cause dans l’assemblée de la cité. Il peut arriver cependant que certains de ces juges ou de ces démagogues ne soient pas appelés magistrats et qu’on dise à cause de cela qu’ils ne possèdent aucune autorité pour pouvoir haranguer ou juger. Mais cela ne se rapporte pas au propos puisque ce doute ne porte que sur le nom: en effet, nous ne cherchons pas à trouver un nom commun au juge et au démagogue et c’est pour cela que ce nom leur est attribué puisqu’il est dit en un sens indéterminé. Ainsi donc nous affirmons que ceux qui participent de cette magistrature sont des citoyens: et cette définition semble la meilleure qui puisse être donnée du citoyen entendu purement et simplement. |
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[79420] Sententia Politic., lib. 3 l. 1 n. 7 Deinde cum dicit oportet non latere etc.,
ostendit quod huiusmodi determinatio civis non est communis in omnibus
politiis. Et dicit quod oportet hoc manifestum esse quod in omnibus rebus in
quibus supposita differunt specie, et unum eorum est primum, aliud secundum,
aliud habitum, id est consequenter se habens, vel nihil est commune in eis,
sicut in aequivocis, vel vix est aliquid commune, idest secundum aliquid
modicum. Politiae autem, ut infra dicetur, differunt secundum speciem, et
quaedam earum sunt priores et quaedam posteriores; quia illae quae sunt
vitiatae et transgrediuntur rectum ordinem politiae, sunt posteriores
naturaliter politiis non vitiatis, sicut in quolibet genere perfectum est
naturaliter prius corrupto. Quomodo autem aliquae politiae transgrediuntur
rectum ordinem, infra erit manifestum. Unde oportet quod altera sit ratio
civis in diversis politiis. Unde praedicta determinatio civis maxime convenit
in democratia in qua quilibet de populo habet potestatem iudicandi de aliquo
et concionandi. In aliis autem politiis quandoque contingit, quod quilibet
civis habet hanc potestatem; non tamen est hoc necessarium, quia in quibusdam
non est populus habens aliquam civilitatem, neque aliquid reputant Ecclesiam,
id est congregationem populi, sed solum aliquos specialiter convocatos, et
isti soli per partes iudicant aliquas sententias, sicut in Lacedaemonia
ephori iudicant sententias contractuum, alii tamen alias, diversi diversas.
Senes autem iudicant causas homicidiales, et alii principatus alias. Et ita
etiam est apud Calchedonem, quia omnes sententiae iudicantur per aliquos
principes, et sic populares cives non participant iudicio: unde praedicta
determinatio civis in talibus politiis non convenit. |
354. Ensuite lorsqu’il dit [227] : ¨ Il faut cependant etc.¨. Il montre que cette définition du citoyen n’est pas commune à toutes les constitutions. Et il dit qu’il doit être évident que dans toutes les choses dans lesquelles ce qui y est contenu diffère selon l’espèce et parmi lesquelles il y en a une qui est naturellement première et une autre seconde et par conséquent différente, soit qu’il n’y a absolument rien qui leur soit commun en tant que telles, comme dans les équivoques, soit qu’il y ait à peine quelque chose de commun et comme obscurément, c’est-à-dire selon une certaine proportion. Mais les constitutions, ainsi que nous le verrons plus loin, diffèrent selon l’espèce et certaines d’entre elles sont antérieures aux autres alors que les autres sont postérieures; car celles qui sont ordonnées selon la raison droite sont antérieures aux autres alors que celles qui sont viciées et qui transgressent l’ordonnance intègre d’une constitution sont naturellement postérieures aux constitutions non viciées tout comme dans un genre donné le parfait est antérieur à ce qui est corrompu. Mais comment certaines constitutions outrepassent une juste ordonnance, cela sera manifeste par la suite. D’où il faut que la définition du citoyen varie selon les constitutions. Il suit de là que la précédente définition du citoyen convient davantage à une constitution démocratique dans laquelle chacun des membres du peuple a un pouvoir de décider sur différents sujets et de s’adresser à l’assemblée. Dans les autres constitutions cependant il arrive parfois que tout citoyen ait ce pouvoir; cependant, cela ne se produit pas nécessairement car dans certaines le peuple ne possède aucun pouvoir et ces dernières ne tiennent pas compte d’une assemblée du peuple mais seulement de d’autres personnes spécialement convoquées et ce sont elles seules qui jugent certaines causes séparément tout comme dans la constitution Lacédémonienne les Éphores décident des causes des repas publics alors que d’autres rendent d’autres jugements, chacun le faisant pour les causes différentes lui étant attribuées. Les vieillards jugent des meurtres alors que les autres magistrats jugent des autres cas. Et on retrouve encore cela chez les Carthaginois: tous les jugements sont rendus par des hauts fonctionnaires et ainsi les membres du peuple ne participent pas aux décisions: c’est pourquoi la définition précédente du citoyen ne peut s’attribuer à de tels régimes politiques. |
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[79421] Sententia Politic., lib. 3 l. 1 n. 8 Deinde cum dicit sed habet directionem etc.,
corrigit praedictam definitionem civis; et dicit quod praedicta definitio
potest dirigi ad hoc quod sit communis, quia in aliis politiis quam
democratia concionator et praetor non habet indeterminatum principatum, sed
haec duo pertinent solum ad eos qui habent determinatos principatus, quia
quibusdam horum, aut etiam omnibus, convenit iudicare et consiliari, vel de
quibusdam, vel de omnibus. Et ex hoc potest esse manifestum quid sit civis:
non enim ille qui participat iudicio et concione, sed ille qui potest
constitui in principatu consiliativo vel iudicativo. Illi enim qui non
possunt assumi ad talia officia, in nullo videntur participare politia, unde
non videntur esse cives. Ultimo autem ex hoc concludit quod civitas nihil est
aliud, quam multitudo talium, qui sic dicuntur cives sufficiens ad autarkiam,
id est per se sufficientiam vitae ut potest absolute dici. Est enim civitas
communitas per se sufficiens, ut in primo dictum est. |
355. Ensuite lorsqu’il dit [228] : ¨ Mais elle possède etc.¨. Il améliore la définition précédente du citoyen; et il dit que cette dernière peut être redressée de manière à devenir commune car dans les autres constitutions qui diffèrent de la démocratie où le démagogue et le préteur ne possèdent pas un pouvoir déterminé, ces deux fonctions appartiennent seulement à ceux qui possèdent un pouvoir défini car c’est à certains d’entre eux ou même à tous qu’il convient de juger ou de conseiller soit de certaines choses, soit de toutes. Et à partir de là la nature du citoyen peut devenir évidente : ce n’est pas en effet celui qui participe au jugement et à l’assemblée mais celui qui peut être établi dans la magistrature de conseiller ou de juge. Ceux en effet qui ne peuvent assumer de telles responsabilités semblent ne participer en rien à la constitution et ne semblent donc pas être des citoyens. Et à la fin il conclut à partir de là [228] que la cité n’est rien d’autre que l’ensemble de tels hommes qui sont ainsi appelés citoyens de manière à ce qu’ils puissent vivre par eux-mêmes purement et simplement. La cité en effet est une communauté qui se suffit à elle-même ainsi que nous l’avons déjà dit au premier livre. |
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[79422] Sententia
Politic., lib. 3 l. 1 n. 9 Deinde
cum dicit determinant etiam secundum usum etc., excludit quamdam
determinationem qua quidam definiunt civem. Et dicit, quod quidam secundum
consuetudinem determinant eum esse civem, qui natus est ex ambobus parentibus
civibus, et non ex altero solum, scilicet patre vel matre. Quidam autem
amplius requirunt ad hoc quod aliquis sit civis, scilicet quod deducatur eius
generatio ad cives avos usque ad secundum gradum, vel tertium, vel ultra. Et
si sic determinetur civis politice, idest secundum consuetudinem quarumdam
civitatum et celeriter, id est ante debitam disquisitionem, consurgit
dubitatio, quomodo iste tertius vel quartus avus fuit civis. Secundum enim
praedictam determinationem non poterit dici fuisse civis, nisi et eius
generatio reducatur ad tertium vel quartum avum civem: et ita erit procedere
in infinitum. Circa hoc autem ponit dictum Gorgiae Siculi Leontini qui
quaedam verba sapientia (circa) praedictas determinationes dixit, sive quia
non erat certus de veritate, sive quia ironice loquebatur. Dixit enim quod
sicut mortariola sunt illa quae fiunt ab artificibus mortariorum, ita et
cives Larissaei sunt qui sunt facti, idest geniti ab aliis civibus
Larissaeis, qui sunt factivi civium Larissaeorum. Hoc autem dictum est
simpliciter et sine ratione: quia si aliqui participant politia secundum
definitionem praedictam a nobis, oportet dicere, quod sint cives etiam si non
sint progeniti ex civibus: alioqui ista determinatio quam isti dant non
potest adaptari primis, qui aedificaverunt, aut inhabitaverunt civitatem; de
quibus constat quod non fuerunt nati ex civibus illius civitatis: unde
sequeretur, quod non fuerunt cives; et per consequens nec alii, qui ab eis
derivantur; quod est inconveniens. |
356. Ensuite lorsqu’il dit [229] : ¨ Ils définissent encore etc.¨. Il écarte une certaine définition du citoyen par laquelle certains prétendent définir le citoyen. Et il dit que certains, selon leur habitude, définissent le citoyen comme étant celui qui est né de deux parents qui sont citoyens, ce qui n’est pas le cas quand seulement un des deux, soit le père, soit la mère, est citoyen. Mais certains exigent davantage pour l’attribution du statut de citoyen, à savoir que sa généalogie remonte, jusqu’à la deuxième et même à la troisième génération et davantage encore, à des ancêtres qui étaient citoyens. Ainsi c’est d’une manière purement civile qu’on définit le citoyen, c’est-à-dire d’après la coutume de certaines cités, et rapidement, avant même une enquête appropriée, naît un doute sur la citoyenneté de cet ancêtre de troisième ou quatrième génération. En effet, d’après la définition qui précède, on ne pourra avoir été appelé citoyen à moins de voir sa génération ramenée à un ancêtre de troisième ou quatrième génération qui aura été lui-même citoyen et ainsi il faudra procéder à l’infini, ce qui ne convient pas car une constitution ne peut procéder à l’infini: c’est pourquoi il est manifeste qu’il faut finalement en arriver à des citoyens qui ne sont pas eux-mêmes nés de citoyens. À ce sujet il présente les mots d’un certain Gorgias de Léontium qui exprima des paroles critiques à l’égard des définitions qui précèdent, soit parce qu’il n’était pas certain de leur vérité, soit parce qu’il voulait s’exprimer avec ironie. Il dit en effet que tout comme les œuvres de maçonnerie sont celles qui proviennent de l’art du maçon, de même les citoyens de Larisse sont ceux qui sont produits ou engendré par d’autres citoyens de Larisse qui sont eux-mêmes engendrés par des citoyens de Larisse. Mais ces paroles sont dites sans nuances et sans grande réflexion : car si certains participent d’une constitution d’après la définition que nous avons donnée précédemment, il faut dire qu’ils sont des citoyens même s’ils n’ont pas été engendrés par des citoyens car autrement cette définition qu’ils donnent ne pourrait s’appliquer aux pionniers qui ont construit et habité la cité et au sujet desquels il est évident qu’ils n’ont pas pu avoir été engendrés par des citoyens de cette cité; et de là, il s’ensuivrait qu’ils n’auraient pas été citoyens et que par conséquent les autres qui en proviendraient n’auraient pas pu l’être non plus, ce qui est ridicule. |
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Lectio
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LEÇON 2 (nn. 357-364; [230-232]) ─ Que ceux qui ont jadis été gratifiés par la cité sont des citoyens et de quelle manière la cité demeure unie. |
Leçon 2 |
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[79423] Sententia Politic., lib. 3 l. 2 n. 1 Sed forte illi magis et cetera. Postquam
determinavit quid sit civis, hic manifestat quasdam dubitationes circa
praedicta, et determinat eas. Et ponit quatuor dubitationes se invicem
consequentes. Est autem prima dubitatio de his qui facta mutatione politiae
assumuntur ad communicationem politiae, sicut quidam sapiens Clisthenes
nomine fecit apud Athenas tyrannis eiectis. Adiunxit enim societatibus
civitatis multos extraneos, et etiam quosdam servos adventitios, ut
multiplicato populo, divites non possent tyrannice opprimere ipsum. Ad hanc
autem dubitationem solvendam dicit quod circa hos dubitatio est non an sint
cives; quia ex quo sunt facti cives, cives sunt: sed est dubitatio, utrum
sint iuste vel iniuste. |
357. Après avoir défini ce qu’on doit entendre par citoyen purement et simplement, le Philosophe soulève ici certaines questions sur ce qui précède et il y répond. Et il présente quatre questions qui découlent les unes des autres. Et la première question [230] porte sur les choses qui, la constitution ayant subi des changements, sont décidées pour communiquer la constitution, ainsi qu’un certain sage du nom de Clisthène le fit chez les Athéniens lorsque les tyrans furent déchus. En effet il ajouta aux communautés de la cité de nombreux étrangers et même certains esclaves supplémentaires de telle manière que le peuple s’étant ainsi accru, les riches ne pouvaient plus l’opprimer à la manière d’un tyran. Et afin de dénouer ce doute il dit qu’au sujet de ces derniers la question n’est pas de savoir s’ils sont des citoyens car du fait qu’ils ont été établis comme tels, ils sont des citoyens; mais la question est plutôt de savoir s’ils le sont d’une manière juste ou injuste; et le Philosophe semble chercher à montrer que ceux qui ont été établis citoyens par celui qui a changé la constitution le sont manifestement. |
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[79424] Sententia Politic., lib. 3 l. 2 n. 2 Secundam dubitationem movet, ibi, equidem cum
hoc et cetera. Potest enim aliquis dubitare, utrum ille qui non est iuste
civis, sit civis; ac si tantum valeat circa hoc iniustum quantum falsum:
manifestum enim est quod falsus civis non est civis. Et ad hoc solvit quod
cum aliqui qui principantur iniuste, principes tamen habeantur, eadem ratione
et illi qui sunt iniuste cives, dicendi sunt cives, quia civis dicitur ex hoc
quod participat aliquo principatu, ut supra dictum est. |
358. Il soulève la deuxième question, là [2301] où il dit : ¨ Certes et en plus de cela etc.¨. En effet on peut se demander si celui qui n’est pas citoyen à juste titre l’est véritablement. Et si son injustice à cet égard est assez importante pour en faire un faux citoyen, il est évident en effet qu’un faux citoyen n’en est pas un. Et pour résoudre cela il dit que puisque ceux qui commandent injustement sont néanmoins des chefs, pour la même raison ceux qui sont injustement des citoyens doivent être appelés citoyens car on est appelé citoyen du fait qu’on participe à un pouvoir, ainsi que nous l’avons dit plus haut. |
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[79425] Sententia Politic., lib. 3 l. 2 n. 3 Tertiam dubitationem ponit, ibi, de eo autem
quod est iuste et cetera. Et dicit quod an aliquis sit iuste civis vel
iniuste videtur esse coniunctum praecedenti dubitationi, quae in principio
huius libri tertii mota est. In transmutationibus enim politiarum circa
aliquam civitatem dubitari solet, quando id quod fit, sit factum civitatis,
et quando non, sicut contingit quandoque quod politia civitatis mutatur de
tyrannide vel oligarchia in democratiam, et tunc populus potestatem politiae
accipiens, non vult adimplere conventiones quae sunt factae vel per tyrannum
vel per divites prius dominantes: dicunt enim quod si qua sunt data tyranno
vel divitibus civitatis, non accepit ea civitas: et ita est in multis
talibus, quia in quibusdam politiis, illi qui praesident, obtinent aliqua ab
aliis, non propter communem utilitatem civitatis, sed propter proprium
commodum. Solvit autem hanc dubitationem: quod si haec civitas maneat eadem
facta transmutatione politiae, sicut est factum huius civitatis, illud quod
fit ex democratia, ita illud quod fit ex oligarchia vel tyrannide: quia sicut
tunc habebat in civitate potestatem tyrannus vel divites, ita etiam in
democratia populus. |
359. Il présente la troisième question, là [2302] où il dit : ¨ Mais au sujet de celui qui à juste titre etc.¨. Et il dit que si quelqu’un est un citoyen à juste titre ou non, cela semble relié avec raison à une question précédente soulevée au début de ce troisième livre. Dans les changements de constitutions relatifs à une cité on a l’habitude de se demander quand ce qui se produit est le fait de la cité et quand ce ne l’est pas, ainsi qu’il arrive parfois que la constitution de la cité passe d’une tyrannie ou d’une oligarchie à une démocratie et alors le peuple, parvenant au pouvoir dans cette nouvelle constitution, ne veut plus satisfaire aux conventions qui ont été établis soit par le tyran soit par les riches qui dominaient avant eux. Ils disent en effet que si certaines choses sont amenées par le tyran ou par les riches de la cité, la cité ne peut les accepter: et il en est ainsi dans de nombreux cas de ce genre, car dans certaines constitutions ceux qui commandent obtiennent certaines choses des autres non en vue du bien commun de la cité mais en vue de leurs intérêts personnels. Il résout cependant cette difficulté en disant que si la cité demeure la même une fois qu’est réalisé le changement de constitution, comme c’est le fait de cette cité, ce qui se produit du fait d’une démocratie est semblable à ce qui se produit du fait d’une oligarchie ou d’une tyrannie: car tout comme alors c’étaient le tyran ou les riches qui possédaient le pouvoir dans la cité, de même encore c’est le peuple qui le possède dans la démocratie. |
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[79426] Sententia Politic., lib. 3 l. 2 n. 4 Quartam dubitationem ponit, ibi, videtur autem
sermo et cetera. Et primo ponit hanc dubitationem in generali: et dicit quod
proprius sermo ad solvendum tertiam dubitationem est, quomodo oporteat
civitatem dicere eamdem vel non eamdem. Secundo ibi, superficialis quidem
igitur etc. dividit praedictam dubitationem in duas partes: et dicit quod
huiusmodi quaestio in ipsa superficie apparet, quod est circa duo: scilicet
circa locum civitatis, et circa homines inhabitantes civitatem. Contingit
enim quandoque aliter separari homines a loco: puta cum omnes cives
expelluntur de civitate, et quidam ducuntur ad unum locum, et quidam ad
alium. Potest igitur esse dubitatio si superinducantur alii habitatores,
utrum sit eadem civitas vel non: et haec quidem dubitatio mitior est, idest
facilior. Civitas enim multipliciter dicitur. Uno modo ipse locus civitatis:
et sic civitas est eadem; alio modo populus civitatis, et sic civitas non est
eadem. |
360. Il présente la quatrième question, là [2303] où il dit : ¨ Mais ce discours semble etc.¨. Et en premier lieu il présente cette question universellement : et il dit que le discours propre à résoudre cette troisième question consiste d’abord à se demander en quel sens il faut dire que la cité est la même ou qu’elle ne l’est pas. En deuxième lieu, là [2304] où il dit : ¨ Donc, une superficielle etc.¨, il divise cette question en deux parties : et il dit qu’une telle question, examinée superficiellement, semble se rapporter à deux choses, à savoir au lieu même de la cité d’une part et aux hommes qui habitent cette cité d’autre part. Il arrive en effet de distinguer autrement les hommes du lieu : par exemple lorsque tous les citoyens sont chassés de la cité, et que certains sont conduits en un lieu et que les autres sont conduits en un autre lieu. On peut donc se demander, si d’autres habitants y sont ajoutés, si la cité est la même ou pas: et alors certes la question est plus légère, c’est-à-dire plus facile. La cité en effet s’entend de plusieurs manières: en un premier sens, la cité désigne le lieu même de la cité et en ce sens la cité est la même; en un autre sens on peut entendre par ce terme le peuple qui habite la cité et en ce sens la cité n’est pas la même. |
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[79427] Sententia Politic., lib. 3 l. 2 n. 5 Sed tunc remanet alia dubitatio, quam tangit
ibi, similiter autem et hominum et cetera. Si enim semper iidem homines
habitent eumdem locum, potest esse dubium quando sit una civitas, et quando
non. Et primo excludit unam rationem unitatis, cum dicit, non enim utique
muris et cetera. Et dicit quod non potest dici, quod homines inhabitantes
civitatem conservent identitatem civitatis propter muros eosdem. Posset enim
contingere quod toti uni regioni, puta Peloponneso, id est Achayae,
circumduceretur unus murus, et tamen non esset eadem civitas, et ita fuit de
Babylone vel de quacumque alia maxima civitate, in qua magis comprehenditur
una gens, quam una civitas. Dicitur enim de Babylone quod quando fuit capta,
usque ad tertium diem non sensit quaedam pars civitatis propter murorum
amplitudinem. |
361. Mais alors une autre question demeure qu’il effleure là [2305] où il dit : ¨ De la même manière encore etc.¨. Si en effet ce sont toujours les mêmes hommes qui habitent le même lieu, on peut se demander quand la cité est une et quand elle ne l’est pas. Et en premier lieu il écarte une notion de l’unité, là [2306] où il dit : ¨ En effet ce n’est assurément pas de l’enceinte etc.¨. Et il dit qu’on ne peut dire que les hommes qui habitent une cité conservent cette cité identique parce que ses murs restent les mêmes. Il pourrait en effet arriver qu’un mur fasse le tour de toute une région, par exemple du Péloponèse et que la cité cependant ne soit pas la même; et il en fut ainsi de Babylone ou de toute autre grande cité dans laquelle est davantage contenue une nation qu’une cité. On dit en effet de Babylone, quand une des parties de la cité fut conquise, que l’autre partie ne s’en aperçut pas pendant trois jours en raison de l’immense étendue des murs. |
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[79428] Sententia Politic., lib. 3 l. 2 n. 6 Et interponit quod de hac dubitatione, scilicet
utrum expediat esse ita magnam civitatem, considerandum erit alibi, idest in
septimo. Pertinet enim ad politicum cognoscere quanta debeat esse magnitudo
civitatis, et utrum debeat continere homines unius gentis vel plurium. |
362. Et il intercale une remarque au sujet de cette question, c’est-à-dire que la question de savoir s’il est avantageux pour la cité d’être si vaste devra être examinée plus loin, à savoir au septième livre. Il appartient en effet au politique ou à l’homme d’État de connaître quelle doit être la dimension d’une cité et si elle doit contenir les hommes d’une seule nation ou de plusieurs: car la dimension d’une cité doit être telle que la fertilité de la région réponde à ses besoins et qu’elle permette aux citoyens de repousser les étrangers déraisonnables. Elle doit être composée de préférence d’une seule nation car un même peuple, ayant les mêmes mœurs et les mêmes coutumes, est celui qui attire l’amitié en raison des points communs qu’on retrouve entre les citoyens: c’est pourquoi les cités qui étaient composées de plusieurs nations, en raison des divisions qui les habitaient en raison de la diversité de leurs mœurs, furent détruites, car une partie de la cité rejoignait le rang des ennemis à cause de la haine qu’elle éprouvait pour l’autre partie. |
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[79429] Sententia Politic., lib. 3 l. 2 n. 7 Deinde cum dicit sed et eisdem etc., inquirit
de alia ratione unitatis: utrum scilicet hominibus remanentibus in eodem
loco, sit dicenda civitas eadem propter idem genus inhabitantium, quia
scilicet quidam succedunt quibusdam, quamvis non sint iidem homines numero:
sed sicut dicimus fontes vel fluvios esse eosdem propter successionem
aquarum, quamvis quaedam effluat, et quaedam adveniat. |
363. Ensuite lorsqu’il dit [231] : ¨ Mais aux mêmes etc.¨. Il recherche une autre cause de l’unité : c’est-à-dire qu’il se demande si, les hommes habitant un même lieu, on doit dire que la cité est la même du fait que la nation reste la même, car les hommes sont remplacés par d’autres hommes bien qu’ils ne soient pas identiques en tant qu’individus : mais tout comme nous disons que les sources et les fleuves sont les mêmes en raison de la succession des eaux, bien que celle-ci s’échappe et que celle-là arrive, de même nous disons que la cité reste la même, bien que certains meurent et que d’autres naissent, tant qu’il s’agit des hommes de la même nation. |
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[79430] Sententia Politic., lib. 3 l. 2 n. 8 Deinde cum dicit aut homines quidem etc.,
solvens hanc dubitationem ostendit veram rationem unitatis civitatis. Et
dicit quod propter praedictam successionem hominum unius generis potest
aliqualiter dici eadem multitudo hominum; non tamen potest dici eadem
civitas, si mutetur ordo politiae. Cum enim communicatio civium, quae politia
dicitur, sit de ratione civitatis, manifestum est quod mutata politia non
remanet eadem civitas, sicut videmus in illis qui dicunt cantiones in choreis
quod non est idem chorus, si quandoque sit comicus, idest dicens
cantiones comediales de factis infimarum personarum, quandoque autem tragicus,
idest dicens tragicas cantiones de bellis principum: et ita etiam videmus in
omnibus aliis quae consistunt in quadam compositione vel communione, quod
quandocumque fit alia species compositionis non remanet identitas: sicut non
est eadem harmonia, si quandoque sit Dorica, idest septimi vel octavi toni,
quandoque autem Phrygia idest tertii vel quarti. Cum igitur omnia talia
habeant hunc modum, manifestum est quod civitas est dicenda eadem respiciendo
ad ordinem politiae; ita quod mutato ordine politiae, licet remaneat idem
locus et iidem homines, non est eadem civitas, quamvis materialiter sit
eadem. Potest autem civitas sic mutata vocari, vel eodem vel altero nomine,
sive sint iidem, sive alii: sed si est idem nomen, erit aequivoce dictum.
Utrum autem propter hoc quod non remanet eadem civitas facta transmutatione
politiae, sit iustum, quod conventiones prioris politiae adimpleantur, vel
non, pertinet ad aliam considerationem, quod quidem in sequentibus
determinabitur. |
364. Ensuite lorsqu’il dit [232] : ¨ Si les hommes etc.¨. En répondant à cette question il montre la véritable notion de l’unité de la cité. Et il dit qu’en raison de la succession des hommes d’une même nation dont nous venons de parler, on peut dire en quelque sorte que la multitude des hommes est la même; on ne peut dire cependant que la cité reste la même si l’organisation de la constitution est changée. Comme en effet la communauté des citoyens, qu’on appelle une constitution, fait partie de la nature de la cité, il est évident que si la constitution est changée, la cité ne reste plus la même, ainsi qu’on le voit chez ceux qui entonnent les chants dans les chœurs; là en effet on voit bien que le chœur n’est pas identique quand il est comique, c’est-à-dire quand il exprime des chants comiques sur les actes des personnes débiles, et quand il est tragique, c’est-à-dire quand il exprime des chants tragiques au sujet des hauts faits des princes. Et c’est ce qu’on voit aussi dans toutes les autres choses qui consistent en une certaine composition ou en une certaine communauté, et que la chose ne demeure pas identique lorsque change la sorte de composition, tout comme on voit que l’harmonie n’est pas la même quand elle est dorique, c’est-à-dire du septième ou du huitième ton, et quand elle est de mode phrygien, c’est-à-dire du troisième ou du quatrième ton. Donc, puisque toutes les choses de cette sorte possèdent le même rapport de proportion, il est manifeste qu’on doit dire que la cité est la même à l’égard d’une même organisation politique de telle manière que si l’organisation politique change, bien que le lieu et les individus demeurent les mêmes, la cité n’est plus la même bien que matériellement parlant elle soit la même. Mais la cité ainsi changée peut être dénommée soit par le même nom, soit par un autre, que ce soit par les mêmes ou par d’autres; mais si on lui donne le même nom, il s’agira d’un mot équivoque. Mais s’il est juste, du fait que la cité ne demeure pas la même en raison du changement de forme de constitution, que les conventions de la constitution antérieure soient accomplies ou non, cela est une autre question à laquelle nous répondrons par la suite. |
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Lectio
3 |
LEÇON 3 (nn. 365-377; [233-238]) ─ Que ce n’est
pas la même chose d’être un bon citoyen et un homme bon, puisque le bon
citoyen est celui qui sait obéir et commander à propos alors que c’est dans
sa totalité qu’un homme est appelé bon.
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Leçon 3 |
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[79431] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 1 Hiis autem quae dicta sunt et cetera. Postquam
philosophus ostendit quid sit civis, hic inquirit de virtute civis. Et
dividitur in partes duas. In prima ostendit, quod non est simpliciter eadem
virtus civis, et virtus boni viri. In secunda parte movet circa hoc quasdam
dubitationes, ibi, circa civem autem et cetera. Circa primum duo facit. Primo
ostendit, quod non est eadem simpliciter virtus civis, et boni viri. In
secunda ostendit, quod alicuius civis est eadem virtus, quae et boni viri,
ibi, sed forte erit alicuius et cetera. Circa primum duo facit. Primo dicit
de quo est intentio: quia post praedicta habitum est, id est consequens
considerare, utrum debeamus ponere eamdem virtutem boni civis et boni viri,
vel non: quod est quaerere, utrum ab eodem dicatur aliquis bonus vir, et
bonus civis: nam virtus est, quae bonum facit habentem. Ad hoc autem, quod
ista quaestio debitam inquisitionem accipiat, oportet primo ostendere, quae
sit virtus civis, quodam typo, id est sub quadam figura et similitudine. |
365. Après avoir montré ce qu’est un citoyen et résolu certains doutes, le Philosophe s’enquiert ici de la vertu selon laquelle l’homme est défini en tant que citoyen. Et cette recherche se divise en deux parties. Dans la première il montre que la vertu du citoyen n’est pas purement identique à celle d’un homme bon [233]. Dans la deuxième partie il soulève certains doutes à ce sujet, là [236] où il dit : ¨ Mais au sujet des choses que nous avons dites etc.¨ Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il montre que la vertu du citoyen appliqué n’est pas identique à celle de l’homme bon [233]. En deuxième lieu il montre que la vertu de certains citoyens est identique à celle d’un homme bon, là [234] où il dit : ¨ Mais peut-être etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il dit quel est son propos [233]: car suite à ce que nous avons déjà dit, il est conséquent de considérer si nous devons présenter ou non la même vertu que celle de l’homme bon, ce qui revient à se demander si c’est dans le même sens que l’on dit de quelqu’un qu’il est un homme bon et qu’il est un bon citoyen: car la vertu est ce qui rend bon celui qui la possède. Mais afin que cette question reçoive une recherche appropriée, il faut d’abord montrer ce qu’est cette vertu du citoyen au moyen d’une certaine figure et d’une similitude. |
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[79432] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 2 Secundo, ibi, sicut igitur nauta etc.,
ostendit, quod non sit eadem virtus civis et boni viri, tribus rationibus. In
quarum prima praemittit similitudinem, ad ostendendum, quae sit virtus boni
civis: et dicit, quod sicut nauta significat aliquid commune multis, ita et
civis. Quod autem nauta sit communis multis, manifestat, quia cum multi
dissimiles in potentia, idest arte et officio, dicantur nautae, quidam eorum
est remigator, qui movet navem remis, quidam gubernator, qui dirigit motum
navis gubernaculo, quidam autem est prorarius, idest custos prorae, quae est
anterior pars navis, et alii habent alia nomina et alia officia. Manifestum
est autem, quod unicuique horum convenit aliquid secundum propriam virtutem,
et aliquid secundum communem. Ad propriam enim virtutem uniuscuiusque
pertinet, quod habeat diligentem rationem et curam de proprio officio, sicut
gubernator de gubernatione, et sic de aliis. Communis autem virtus est
quaedam, quae convenit omnibus: omnium enim eorum opus ad hoc tendit, ut
navigatio sit salva: ad hoc enim tendit desiderium et intentio cuiuslibet
nautarum: et ad hoc ordinatur virtus communis nautarum, quae est virtus
nautae inquantum est nauta. Ita etiam cum sint diversi cives habentes
dissimilia officia, et status dissimiles in civitate, opus commune omnium est
salus communitatis: quae quidem communitas consistit in ordine politiae. Unde
patet, quod virtus civis inquantum est civis, consideretur in ordine ad
politiam; ut scilicet ille sit bonus civis, qui bene operatur ad
conservationem politiae. Sunt autem plures species politiae, ut infra
dicetur, et ex superioribus aliqualiter est manifestum: ad diversas autem
politias ordinantur homines bene, secundum diversas virtutes. Alio enim modo
conservatur democratia, et alio modo oligarchia, aut tyrannis. Unde
manifestum est quod non est una virtus perfecta secundum quam civis possit
simpliciter dici bonus; sed aliquis dicitur bonus vir secundum unam virtutem
perfectam, scilicet secundum prudentiam, ex qua omnes virtutes morales
dependent. Contingit igitur aliquem esse bonum civem, qui tamen non habet
virtutem secundum quam aliquis est bonus vir; et hoc in politiis, quae sunt
praeter optimam politiam. |
366. En deuxième lieu, lorsqu’il dit [2331] : ¨ Mais des matelots etc.¨, il montre, au moyen de trois raisons, que les vertus respectives du bon citoyen et de l’homme bon ne sont pas identiques. Et dans la première de ces raisons, il introduit une analogie pour manifester la vertu du bon citoyen: et il dit que le citoyen, tout comme le matelot, représente quelque chose de commun à plusieurs. Qu’il en soit ainsi pour le matelot, cela est évident. Car alors ce sont de nombreuses personnes qui diffèrent dans leurs facultés, c’est-à-dire dans leur art et dans leur charge, qui sont appelées matelots: certains parmi eux en effet sont des rameurs qui donnent le mouvement au navire au moyen de leurs rames, d’autres sont des timoniers qui dirigent le mouvement du navire au moyen du gouvernail, d’autres encore sont responsables de la proue, laquelle est la partie antérieure du navire, en tant qu’ils en sont les gardiens et d’autres encore possèdent d’autres noms correspondant à d’autres fonctions. Cependant, il est manifeste qu’à chacun de ces derniers appartienne à la fois quelque chose qui découle d’une faculté qui lui est propre et quelque chose qui découle d’une faculté commune à tous. C’est en effet de la faculté qui est propre à chacun que relève la pensée et le soin attentifs que chacun apporte à la tâche qui lui est propre, tout comme le fait le timonier pour la direction du navire et comme le font les autres pour les tâches qui leur sont propres. Mais il y a aussi une faculté commune qui appartient à tous. Car chacune des opérations de tous ces matelots tend à ceci, à savoir à conserver intacte la navigation: en effet, c’est vers ce but que tendent le désir et l’intention de chacun des matelots: et c’est à ce but qu’est ordonnée la puissance commune des matelots, laquelle est la puissance du matelot en tant que matelot. Ainsi de même, alors qu’il existe différents citoyens possédant différentes fonctions et différentes positions sociales au moyen desquelles ils exercent les opérations qui leur sont propres, leur œuvre commune est la conservation de la communauté, laquelle communauté consiste en un régime politique ordonné. D’où il est évident que la vertu du citoyen en tant que tel doit s’entendre dans son rapport à la constitution de telle sorte que le bon citoyen est celui dont la bonne opération vise la conservation de la constitution. Mais il existe plusieurs sortes de constitutions ainsi que nous en avons eu l’évidence dans ce qui précède et que nous le verrons par la suite: mais c’est selon des vertus différentes que les hommes sont bien disposés à différentes constitutions. En effet, autre est la manière dont se conserve la démocratie, autre celle dont se conserve l’oligarchie ou la tyrannie. D’où il est manifeste qu’il n’existe pas de vertu parfaite d’après laquelle on pourrait dire d’un citoyen qu’il est bon purement et simplement; mais c’est d’après une vertu parfaite qu’on dit de quelqu’un qu’il est vertueux, c’est-à-dire conformément à la prudence dont dépendent toutes les autres vertus morales. Il arrive donc à certains d’être de bons citoyens sans cependant posséder la vertu d’après laquelle un homme est bon à parler absolument, et cela se produit particulièrement dans les constitutions qui s’éloignent de celle qui est la meilleure. |
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[79433] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 3 Secundam rationem ponit, ibi, quinimmo et
secundum alium modum et cetera. Et dicit, quod per alium modum possumus
inquirendo sive obiiciendo pervenire ad eamdem rationem, et circa optimam
politiam, scilicet quod non sit eadem virtus boni civis et boni viri: quia
impossibile est, quantumcumque sit bona politia, quod omnes cives sint
virtuosi: sed tamen oportet, quod unusquisque faciat opus suum quod ad
civitatem pertinet, bene: quod quidem fit secundum virtutem civis, inquantum
est civis. Et ideo dico, opus quod secundum ipsum, quia non possunt esse
omnes cives similes, ut idem opus ad omnes pertineat. Et ex hoc sequitur,
quod non sit una virtus civis et boni viri. Quam quidem consequentiam sic
manifestat. Quia in optima politia, oportet quod quilibet civis habeat
virtutem boni civis. Per hunc enim modum civitas erit optima: sed virtutem
boni viri, impossibile est quod omnes habeant, quia non omnes sunt virtuosi
in una civitate, ut dictum est. |
367. Il présente la deuxième raison, là [2332] où il dit : ¨ De plus, il existe une autre manière selon laquelle etc.¨. Et il dit que c’est grâce à une autre méthode que nous pouvons parvenir, dans notre recherche et notre propos, à la même conclusion et cela même à l’égard de la meilleure constitution, à savoir que la vertu du bon citoyen n’est pas identique à celle de l’homme qui est bon absolument parlant: car il est impossible, si excellente que soit la constitution, que tous les citoyens soient vertueux: mais il faut cependant que chacun accomplisse bien sa fonction qui se rapporte à la cité, ce qui se réalise conformément à la vertu du citoyen en tant que citoyen. Et c’est pourquoi je dis que tous les citoyens ne peuvent être semblables de sorte que tous se verraient attribuer la même fonction. Et il suit de là que la vertu du bon citoyen n’est pas identique à celle de l’homme bon. Et il manifeste ainsi cette conséquence. Car dans la meilleure constitution, il faut que tout citoyen possède la vertu du bon citoyen: c’est de cette manière en effet que la cité sera la meilleure. Mais la vertu de l’homme bon, il est impossible que tous la possèdent car ce ne sont pas tous les individus qui sont vertueux dans une cité, ainsi que nous l’avons déjà dit. |
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[79434] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 4 Tertiam rationem ponit, ibi, adhuc quoniam et
ex dissimilibus et cetera. Et dicit, quod omnis civitas constat ex
dissimilibus partibus, sicut animal constat statim quidem ex dissimilibus,
scilicet ex anima et corpore, et similiter anima humana constat dissimilibus,
scilicet ex vi rationabili et appetitiva, et iterum domestica societas
consistit ex dissimilibus, scilicet ex viro et muliere, et possessio etiam
constat ex domino et servo. Civitas autem constat ex omnibus istis
diversitatibus, et ex multis aliis. Dictum est autem in primo, quod non est
eadem virtus principantis et subiecti, neque in anima, neque etiam in aliis:
unde etiam relinquitur, quod non sit una et eadem virtus omnium civium: sicut
videmus, quod in choreis non est eadem virtus summi, idest illius qui
ducit choream, et astantis, idest illius qui assistit. Manifestum est
autem, quod una et eadem est virtus boni viri: relinquitur ergo, quod non sit
eadem virtus boni civis et boni viri. |
368. Il présente la troisième raison, là [2333] où il dit : ¨ En outre en effet, etc.¨. Et il dit que toute cité est constituée de différentes parties, tout comme l’animal. En effet, l’animal est composé immédiatement de parties différentes, à savoir de l’âme et du corps et de même l’âme humaine est à son tour constituée de parties différentes, à savoir de la puissance rationnelle et de la puissance appétitive et à son tour la communauté domestique est constituée de ces parties différentes que sont l’homme et la femme et même l’accroissement du domaine exige les contributions respectives du maître et de l’esclave. Mais la cité elle-même est constituée de toutes ces parties constitutives différentes et de plusieurs autres. Mais nous avons dit dans le premier livre que la vertu de celui qui commande n’est pas identique à celle de celui qui obéit et cela ni dans l’âme ni même dans les autres réalités, d’où il s’ensuit qu’il n’existe pas une seule et même vertu pour tous les citoyens: c’est ainsi que nous observons que dans un chœur, la vertu du chef, c’est-à-dire de celui qui conduit le chœur, n’est pas identique à celle de son assistant, c’est-à-dire de celui qui l’accompagne. Mais il est évident qu’il y a une seule et même vertu pour l’homme bon; il s’ensuit donc que la vertu du bon citoyen n’est pas identique à celle de l’homme bon. |
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[79435] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 5 Deinde cum dicit sed forte erit alicuius eadem
etc., ostendit, quod alicuius civis est eadem virtus, quae et boni viri. Et
circa hoc tria facit. Primo ostendit propositum. Secundo ex hoc concludit
conclusionem probatam in praemissis, ibi, et disciplinam autem et cetera.
Tertio movet quamdam dubitationem circa praemissa, et solvit, ibi, at vero
laudatur et cetera. Dicit ergo primo, quod forte poterit dici, quod alicuius
civis, ad hoc quod sit bonus, requiritur eadem virtus, quae est boni viri.
Non enim dicitur aliquis esse bonus princeps, nisi sit bonus per virtutes
morales et prudens. Dictum est enim in sexto Ethicorum quod politica est
quaedam pars prudentiae: unde oportet politicum, idest rectorem
politiae, esse prudentem, et per consequens bonum virum. |
369. Mais ensuite lorsqu’il dit [234] : ¨ Mais peut-être etc.¨, il montre que chez certains citoyens, la vertu du bon citoyen est la même que celle de l’homme bon. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il montre son propos [234]. En deuxième lieu il termine à partir de là par la conclusion prouvée dans ce qui précède, là [235] où il dit : ¨ Et cependant la formation etc.¨. En troisième lieu il soulève une question au sujet de cette dernière et il y répond, là [236] où il dit : ¨ Mais on loue en réalité etc.¨. Il dit donc en premier lieu [234] qu’on pourra peut-être dire qu’un citoyen, pour être bon, a besoin de la même vertu que celle de l’homme bon. En effet on ne dit pas de quelqu’un qu’il est un bon chef, à moins qu’il soit bon et prudent grâce aux vertus morales. On dit en effet dans le sixième livre des Éthiques que l’organisation politique est une partie de la prudence: d’où il faut que le politique, c’est-à-dire celui qui dirige un régime politique, soit prudent et qu’il soit par conséquent un homme bon. |
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[79436] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 6 Deinde cum dicit et disciplinam autem etc.,
concludit ex hoc, quod non sit eadem virtus boni civis simpliciter, et boni
viri. Et ad hoc probandum primo inducit, quod quidam dicunt aliam esse
disciplinam principis, qua est instruendus ad virtutem, et disciplinam civis,
ut apparet ex hoc quod filii regum erudiuntur in equestri et bellica
disciplina. Unde, et Euripides dixit loquens ex persona principis: non ad me
pertinet scire quae sunt varia, et alta, quae scilicet philosophi
considerant, sed ea quorum opus est ad regimen civitatis. Et hoc dixit ad
significandum, quod est quaedam propria disciplina principis. Et quo
concludit, quod si eadem sit disciplina et virtus boni principis et boni
viri, non autem omnis civis est princeps, sed etiam subditi sunt cives;
sequitur, quod non sit simpliciter eadem virtus civis, et viri, nisi forte
alicuius civis, illius scilicet, qui potest esse princeps. Et hoc ideo, quia
non est eadem virtus principis et civis. Propter quod Iason dixit, quod
esuriebat quando non tyrannizabat, ac si nesciret vivere sicut ydiota, id est
sicut privata persona. |
370. Ensuite lorsqu’il dit [235] : Et la formation etc.¨. Il conclut à partir de là que la vertu du bon citoyen n’est pas purement identique à celle de l’homme bon. Et pour le prouver il présente d’abord ceci, à savoir que certains affirment que l’éducation du chef par laquelle il est disposé à la vertu, diffère de l’éducation du citoyen, ainsi qu’on le voit chez les fils des rois qui sont formés à l’art équestre et à l’art militaire. C’est pourquoi Euripide dit ceci en parlant par la bouche du chef: il ne m’appartient pas de savoir les choses qui sont brillantes et élevées, c’est-à-dire celles que les philosophes examinent, mais plutôt celles dont la réalisation se rapporte au gouvernement de la cité. Et il dit cela pour signifier qu’il existe une éducation qui est propre au chef. Au moyen de quoi il conclut que si l’éducation et la vertu du bon chef étaient les mêmes que celles de l’homme bon, ce ne sont cependant pas tous les citoyens qui sont des chefs, mais même les subordonnés sont des citoyens; il s’ensuit que la vertu du citoyen n’est pas purement identique à celle de l’homme bon, si ce n’est peut-être celle d’un certain citoyen, c’est-à-dire de celui qui peut être chef. Et il en est ainsi pour cette raison que la vertu du chef et celle du citoyen ne sont pas identiques. Et c’est pour cette raison que Jason dit qu’il souffrait fortement quand il n’était plus au pouvoir, comme s’il ignorait vivre comme le font les particuliers qui ont une vie privée. |
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[79437] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 7 Deinde cum dicit at vero laudatur etc., movet
dubitationem circa praemissa. Et circa hoc duo facit. Primo obiicit contra
praemissa. Secundo solvit, ibi, quoniam igitur aliquando videtur et cetera.
Dicit ergo primo, quod quandoque laudatur civis ex hoc, quod potest bene
principari et subiici. Si ergo virtus boni viri est, quae est virtus boni
principis; virtus autem boni civis est, quae se habet ad utrumque, scilicet
ad principandum et subiiciendum: sequitur, quod non sunt ambo similiter
laudabilia, scilicet esse bonum civem et bonum virum; sed esse bonum civem
sit multo melius. |
371. Ensuite lorsqu’il dit [236] : ¨ Mais en réalité etc.¨. Il soulève une question relativement à la question qui précède. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il présente une objection à l’égard de ce qui précède [236]. En deuxième lieu il y répond, là [237] où il dit : ¨ Donc, puisque etc.¨. Il dit donc en premier lieu [236] qu’on loue parfois le citoyen du fait qu’il peut bien commander et bien obéir. Si donc la vertu de l’homme bon est celle du bon chef mais que celle du bon citoyen est celle qui se rapporte à la fois au commandement et à l’obéissance, il s’ensuit donc que ces deux vertus, à savoir celle du bon citoyen et celle de l’homme bon, ne sont pas toutes deux louables au même titre mais que celle du bon citoyen est de loin préférable. |
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[79438] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 8 Deinde cum dicit quoniam igitur etc., solvit
praedictam dubitationem. Et primo ponit, quomodo est eadem disciplina
principis et subiecti, et quomodo non. Secundo ostendit, quomodo sit eadem
virtus utriusque, ibi horum autem virtus et cetera. Circa primum tria facit.
Primo proponit quod intendit: et dicit, quod quia, sicut praedictum est,
aliquando utrumque horum videtur, scilicet quod non oporteat eadem discere
principem et subditum; et iterum, quod bonus civis debet scire utrumque,
scilicet principari et subiici: quomodo utrumque sit verum, oportet
considerare ex sequentibus. |
372. Ensuite lorsqu’il dit [237] : ¨ Donc, puisque etc.¨. Il répond à la question qui précède. Et en premier lieu il montre de quelle manière l’éducation du chef et celle du subordonné sont les mêmes et de quelle manière elles ne le sont pas [237]. En deuxième lieu il montre de quelle manière la vertu de l’un et celle de l’autre sont les mêmes, là [238] où il dit : ¨ Mais leur vertu etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il présente son propos [237] : et il dit que parce que, ainsi qu’il a été dit précédemment, il semble parfois que pour l’un et l’autre il n’en est pas ainsi, c’est-à-dire qu’il ne faut pas que le chef et le subordonné acquièrent la même éducation et que de plus le bon citoyen doive savoir les deux, c’est-à-dire à la fois commander et obéir, il faut examiner à partir de ce qui va suivre de quelle manière ces deux énoncés sont vrais. |
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[79439] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 9 Secundo, ibi, est enim principatus et cetera.
Ponit unum modum principatus, in quo verificatur unum eorum, quae dicta sunt:
scilicet quod alia est disciplina principis et subditi. Et dicit, quod est
quidam principatus despoticus, id est dominativus, in quo princeps est
dominus subditorum; et talem principem non oportet quod sciat facere ea quae
pertinent ad ministeria necessaria vitae, sed magis quod sciat uti eis:
alterum autem, scilicet posse servire in his quae pertinent ad actiones
ministrorum, non videtur esse principativum vel dominativum, sed magis
servile. Sunt autem diversae species servorum secundum diversas operationes
ministrantium: inter quos unam partem tenent illi qui manibus operantur,
sicut calcifices, coquinarii, et similes. Isti autem vivunt de operibus
manuum, sicut ex nomine ipsorum significatur: et inter tales computatur
banausus artifex, idest qui opere suae artis maculat corpus, ut in primo
dictum est. Et quia operationes horum artificum non sunt principativae, sed
magis serviles, ideo antiquitus apud quosdam artifices non habebant aliquam
partem in principatu civitatis; et hoc dico antequam fuisset demus, id est
populus extremus, idest antequam infimi de populo acciperent potestatem in
civitatibus. Sic igitur patet, quod huiusmodi opera subditorum non oportet
addiscere neque bonum politicum, idest gubernatorem civitatis, neque
etiam bonum civem, nisi quandoque propter aliquam utilitatem ad
seipsum; non quod in hoc serviat aliis, quia iam non esset distinctio inter
dominum et servum, si huiusmodi servilia opera domini exercerent. |
373. En deuxième lieu, là [2371] où il dit : ¨ Il existe en effet une autorité etc.¨. Il présente une forme d’autorité dans laquelle se vérifie une des choses qui a été dite, à savoir qu’autre est l’éducation du chef, autre est l’éducation du subordonné. Il existe en effet une autorité qui est celle du maître, dans laquelle le chef est le maître de ses subordonnés; et il ne faut pas qu’un tel chef sache faire les choses qui se rapportent aux services nécessaires à la vie, mais plutôt qu’il sache s’en servir: l’autre cas, c’est-à-dire celui qui consiste dans la capacité de servir dans les choses qui se rapportent aux fonctions des serviteurs, ne semble pas appartenir au chef ou à celui qui commande, mais davantage au serviteur. Il existe cependant diverses sortes de serviteurs correspondant aux diverses sortes d’opérations à accomplir: et parmi celles-là, ceux qui travaillent de leurs mains ont une part comme les artisans, les cuisiniers et d’autres serviteurs de même sorte. Et ceux-ci vivent de leurs travaux manuels, ainsi que leurs noms l’indiquent: et parmi eux on compte ceux qui exercent les arts serviles, c’est-à-dire ceux qui par l’ouvrage de leur art tachent leur corps ainsi que nous l’avons dit au premier livre. Et parce que les opérations de ces artisans n’appartiennent pas à un maître mais à un serviteur, c’est pour cette raison qu’autrefois certains artisans n’avaient aucune part dans le gouvernement de la cité, à une époque antérieure à la démocratie, c’est-à-dire avant que les plus humbles parmi le peuple ne puissent participer au pouvoir dans les cités. Ainsi donc il est évident que pour ce qui est des tâches des serviteurs, ni le bon homme politique, c’est-à-dire celui qui administre la cité, ni même le bon citoyen ne doit y être formé, à moins que ce ne soit parfois en vue de quelque utilité pour lui-même et non en tant que service ordonné à un autre car alors il n’y aurait plus de différence entre un maître et un esclave si un maître s’occupait de ces tâches serviles. |
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[79440] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 10 Tertio ibi, sed est quidam principatus et
cetera. Ponit alium principatum in quo alia pars verificatur: scilicet quod
eadem debet addiscere et princeps et subditus. Et dicit, quod est quidam
principatus secundum quem aliquis principatur, non sicut dominus servis, sed
sicut liberis, et sibi aequalibus. Et hic est civilis principatus, secundum
quem in civitatibus nunc hi, nunc alii assumuntur ad principandum. Et
huiusmodi principem oportet subiectum addiscere qualiter debet principari;
sicut principari equestribus addiscit aliquis per hoc quod inter equites
subiectus fuit, et esse dux exercitus addiscit aliquis per hoc quod fuit sub
duce exercitus, et qui alicui particulari ordini praefuit, puta uni centuriae
vel uni cohorti, et qui insidias disposuit ad mandatum ducis. Magnum enim
principatum exercere addiscit homo, et per subiectionem et per exercitium in
minoribus officiis. Et quantum ad hoc bene dicitur in proverbio, quod non
potest bene principari, qui non fuit sub principe. |
374. En troisième lieu, là [2372] où il dit : ¨ Mais il existe une autorité etc.¨. Il présente une autre forme d’autorité pour laquelle se vérifie l’autre énoncé, à savoir que le chef et le subordonné doivent apprendre les mêmes choses. Et il dit qu’il existe une autre forme d’autorité selon laquelle un chef commande non pas à la manière d’un maître à son esclave, mais à la manière d’un homme libre à un autre homme libre et qui lui est comme son égal. Et il s’agit ici de l’autorité civile selon laquelle dans les cités ce sont tantôt ceux-ci et tantôt ceux-là qui sont appelés à commander. Et un subalterne doit apprendre à être un chef de cette sorte pour apprendre ainsi comment il doit commander tout comme on apprend à commander aux cavaliers en étant d’abord un subalterne parmi eux, tout comme on devient chef d’armée ou général en ayant été sous les ordres d’un général et en ayant commandé à un rang particulier de l’armée, par exemple à une centurie ou à une cohorte et en ayant disposé des embûches qui se dressaient sur le chemin qui conduit au mandat de général. En effet l’homme apprend à exercer une grande autorité à la fois par la soumission et par l’exercice de tâches humbles. Et sous ce rapport le proverbe a raison de dire que ne peut bien commander celui qui n’a pas d’abord appris à obéir. |
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[79441] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 11 Deinde cum dicit horum autem virtus quidem
etc., ostendit, quomodo sit eadem virtus, vel diversa principis et aliorum.
Et dicit, quod etiam in hoc principatu est altera virtus principis et
subiecti: sed tamen oportet, quod ille qui est simpliciter bonus civis, sciat
et principari, et subiici, principatu scilicet non dominativo, qui est
servorum, sed politico, qui est liberorum. Et haec est virtus civis, ut ad
utrumque bene se habeat: et similiter boni viri sunt ambo, scilicet, et bene
principari, et bene subiici. Et sic boni civis, inquantum est potens
principari, est eadem virtus quae et boni viri; sed inquantum est subiectus,
est alia virtus principis et boni viri, a virtute boni civis: puta altera
species est temperantiae et iustitiae principis, et temperantiae et iustitiae
subditorum. Subiectus enim qui est liber et bonus, non habet unam tantum
virtutem, puta iustitiam; sed iustitia eius habet duas species; secundum unam
quarum potest bene principari, et secundum aliam bene subiici: et ita etiam
de aliis virtutibus. |
375. Ensuite lorsqu’il dit [238] : ¨ Mais leur vertu etc.¨. Il montre comment la vertu du chef est identique et différente de celle des autres. Et il dit que même dans cette dernière forme d’autorité, autre est la vertu du chef et autre celle du subalterne: mais il faut cependant que celui qui est simplement un bon citoyen sache à la fois commander et obéir à une autorité, c’est-à-dire non pas à la manière d’un maître qui s’adresse à des esclaves mais à la manière d’un homme politique qui s’adresse à des hommes libres. Et telle est la vertu du citoyen, laquelle se rapporte correctement à ces deux relations et elles appartiennent aussi à celui qui est simplement un homme bon, lequel doit être capable à la fois de bien commander et de bien obéir. Et ainsi la vertu du bon citoyen, dans la mesure où il est capable de commander, est identique à celle de l’homme bon; mais dans la mesure où il est un subalterne, la vertu du citoyen diffère de celle du chef et de celle de l’homme bon: par exemple, la tempérance et la justice du chef sont d’une autre espèce que la tempérance et la justice des subordonnés. En effet, le sujet qui est à la fois libre et bon ne possède pas une seule vertu, par exemple la vertu de justice; mais sa justice contient deux espèces; selon l’une d’elles il peut bien commander, et selon l’autre il peut bien obéir: et il en est de même des autres vertus. |
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[79442] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 12 Et manifestat hoc per exemplum: quia alia est
temperantia et fortitudo viri et mulieris: quia vir reputabitur timidus, si
non sit magis fortis quam fortis mulier; et mulier quam decet taciturnitas,
reputabitur loquax, si sit ornata, id est facunda sicut bonus vir. Et hoc ideo, quia
etiam in dispensatione domus, aliud pertinet ad virum, aliud ad mulierem. Ad
virum enim pertinet acquirere divitias, ad mulierem autem conservare. Et sic etiam se habet in civitate circa
principem et subiectum. Nam proprie virtus principis est prudentia, quae est
regitiva et gubernativa. Aliae vero virtutes morales, quarum ratio consistit
in gubernari et subiici, sunt communes et subditorum et principum: sed tamen
aliquid prudentiae participant subditi, ut scilicet habeant opinionem veram
de agendis, per quam possint seipsos gubernare in propriis actibus secundum
gubernationem principis. Et ponit exemplum de illo qui facit fistulas, qui se
habet ad fistulatorem, qui utitur fistulis, sicut subiectus ad principem:
operatur enim recte faciendo fistulas, si habeat opinionem regulatam secundum
mandatum fistulatoris: et ita est in civitate de subiecto et principe.
Loquitur autem hic de virtute subditi, non inquantum est bonus vir, quia sic
indiget habere prudentiam, sed loquitur de eo inquantum est bonus subditus:
ad hoc enim non requiritur nisi quod habeat opinionem veram de his quae ei
mandantur. |
376. Et il manifeste cela au moyen d’un exemple car la tempérance et le courage de l’homme diffèrent de celles de la femme car l’homme aura la réputation d’être craintif s’il n’est pas plus courageux que sa femme; et la femme, à laquelle convient le silence, aura la réputation d’être bavarde si elle se montre aussi éloquente qu’un homme bon. Et il en est ainsi parce que dans l’administration domestique, ce qui appartient à l’homme diffère de ce qui appartient à la femme. En effet, il appartient à l’homme d’acquérir les richesses, à la femme de les conserver. Et c’est le même rapport qu’on retrouve dans la cité entre le chef et le subordonné. Car la vertu qui appartient en propre au chef est la prudence, laquelle sert à commander et à gouverner. Autres en vérité sont les vertus morales dont la nature consiste à être bien gouverné et bien assujetti, lesquelles sont communes à la fois aux chefs et à leurs subalternes: et cependant les subalternes participent de quelque chose de la prudence, c’est-à-dire qu’ils possèdent une opinion vraie au sujet de ce qui doit être fait grâce à laquelle ils peuvent se gouverner eux-mêmes dans les actes qui leur sont propres d’une manière conforme aux directives du chef. Et il présente l’exemple du fabriquant de flûtes qui se rapporte au joueur de flûte, qui fait usage de cet instrument, comme le subalterne se rapporte à son chef: son opération est droite en effet en les fabriquant s’il possède une opinion qui se règle conformément aux ordres du joueur de flûte: et il en est de même dans la cité pour ce qui est du rapport entre un subalterne et son chef. Et nous parlons ici de la vertu du subalterne non pas en tant qu’il est un homme bon, lequel en tant que tel se doit de posséder la prudence, mais nous parlons de lui en tant qu’il est un bon subalterne: sous ce rapport en effet on n’exige rien de lui si ce n’est d’avoir une opinion vraie au sujet des choses qui lui sont confiées. |
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[79443] Sententia Politic., lib. 3 l. 3 n. 13 Ultimo autem epilogando concludit, manifestum
esse ex praemissis, an sit eadem vel altera virtus boni viri et boni civis;
et iterum, quomodo sit eadem et quomodo altera, quia est eadem inquantum
potest bene principari, alia autem inquantum potest bene subiici. |
377. Et à la fin il termine comme par un résumé [238] en disant qu’il est manifeste à partir de ce qui a été dit si la vertu de l’homme bon et celle du bon citoyen sont identiques ou si elles diffèrent; et de plus il est manifeste comment elles sont identiques et comment elles diffèrent, car elles sont identiques dans la mesure où les deux sont capables de bien commander et elles diffèrent dans la mesure où ils peuvent bien obéir. |
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Lectio
4 |
LEÇON 4 (nn. 378-383; [239-243]) ─ Quels sont ceux qui doivent être appelés citoyens et qu’il existe plusieurs espèces de citoyens. |
Leçon 4 |
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[79444] Sententia Politic., lib. 3 l. 4 n. 1 Circa civem autem adhuc restat et cetera.
Postquam philosophus ostendit, quae sit virtus civis, et utrum sit eadem cum
virtute boni viri, hic movet quamdam dubitationem circa praedeterminata. Et
circa hoc tria facit. Primo movet dubitationem. Secundo solvit eam, ibi, aut
propter hanc quidem rationem et cetera. Tertio solutionem manifestat, ibi,
manifestum autem hinc parum et cetera. Dicit ergo primo, quod circa civem
adhuc remanet quaedam dubitatio: utrum scilicet ille solus sit civis, qui
potest communicare in principatu civitatis; an etiam banausi, id est viles
artifices sint ponendi cives, quos non contingit communicare in principatu.
Et obiicit ad utramque partem: quia si banausi dicantur cives, ad quos nihil
pertinet de civitatibus, sequetur, quod virtus quam diximus esse boni civis,
ut scilicet possit bene principari et subiici, non pertineat ad omnem civem,
quia iste civis ponitur, qui tamen non potest principari: si autem dicatur,
quod nullus talium sit civis: remanebit dubium, in quo genere sint ponendi
banausi. Non enim potest dici quod sint advenae, quasi aliunde venientes ad
habitandum in civitate; neque quod sint peregrini, sicut viatores, qui
propter aliquod negotium ad civitatem veniunt, non causa manendi. Huiusmodi
enim artifices, et mansionem in civitate habent, et in civitate sunt nati,
non advenientes aliunde. |
378. Après avoir montré quelle est la vertu du citoyen appliqué et si elle est identique à la vertu de l’homme bon, le Philosophe soulève ici une question au sujet de ce qui a été traité précédemment. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il soulève une question [239]. En deuxième lieu il y répond, là [240] où il dit : ¨ À cause de cela etc.¨. En troisième lieu il manifeste la réponse, là [241] où il dit : ¨ Il est évident cependant etc.¨. Il dit donc en premier lieu [239] qu’au sujet du citoyen il reste encore une question à se poser, à savoir si c’est seulement celui qui peut avoir part au gouvernement de la cité qui est citoyen ou bien si l’on doit affirmer que ce sont aussi ceux qui pratiquent les arts serviles qui le sont, auxquels il n’arrive pas d’avoir part au gouvernement. Et il présente une difficulté à l’égard de chacune des alternatives : car si on dit que les mercenaires, auxquels n’est attribué aucun rôle sur les questions de la cité, sont des citoyens, il s’ensuit que la vertu que nous avons attribuée au bon citoyen et qui le rend capable à la fois de bien commander et de bien obéir n’appartient pas à tout citoyen car ces mercenaires qu’on appelle citoyens, on dit aussi à leur sujet qu’ils ne peuvent commander; et si on dit au contraire qu’aucun de ceux-là n’est un citoyen, il restera à savoir dans quel genre il faut les ranger. En effet, on ne peut dire à leur sujet qu’ils sont des étrangers comme s’ils venaient d’ailleurs pour habiter la cité, ni qu’ils sont des voyageurs comme les messagers qui viennent à la ville pour faire des affaires et non pour y demeurer. Les artisans dont nous parlons au contraire possèdent une maison dans la cité où ils sont nés et ils ne sont pas des étrangers qui viennent d’ailleurs. |
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[79445] Sententia Politic., lib. 3 l. 4 n. 2 Deinde cum dicit aut propter hanc quidem etc.;
solvit praedictam dubitationem, et dicit, quod propter hanc ultimam rationem
(quae) dubitat in qua parte ponendi sunt artifices, si non cives sunt, non
sequitur aliquod inconveniens. Multi enim sunt, qui non sunt cives, et tamen
neque sunt advenae neque peregrini; sicut patet de servis et libertinis, qui
sunt ex servitute libertati restituti. Verum est enim quod non omnes sunt
cives, qui sunt necessarii ad complementum civitatis, sine quibus civitas
esse non potest; quia non solum de servis, sed etiam de pueris videmus, quod
non sunt ita perfecte cives sicut et viri. Viri enim sunt simpliciter cives,
quasi potentes operari ea quae sunt civium: sed pueri sunt cives ex
suppositione, idest cum aliqua determinatione diminuente. Sunt enim cives
imperfecti: et sicut servi et pueri sunt quidem aliqualiter cives, sed non
perfecte, ita etiam est et de artificibus. Unde in antiquis temporibus
banausi, id est viles artifices opere suae artis maculantes corpus, et etiam peregrini
apud quasdam civitates erant servi, sicut etiam et modo multi sunt tales. |
379. Il répond à la question précédente [240] et il dit que du fait que pour cette dernière raison on se demande dans quelle classe on doit ranger les artisans s’ils ne sont pas des citoyens, cela ne présente pas de problème. En effet ces derniers sont tels qu’ils ne sont pas des citoyens et pourtant ne sont ni des étrangers ni des voyageurs tout comme on le voit chez les esclaves et les affranchis qui ont été arrachés à l’esclavage pour être rétablis dans la liberté. Il est vrai en effet que ce ne sont pas tous ceux qui sont nécessaires à la perfection de la cité et sans lesquels la cité ne peut exister qui sont des citoyens; car c’est non seulement au sujet des esclaves mais aussi au sujet des enfants que nous voyons qu’ils ne sont pas des citoyens achevés comme le sont les hommes mûrs. Les hommes en effet sont des citoyens purement et simplement, capables de poser les opérations qui relèvent du citoyen alors que les enfants ne sont citoyens que d’une manière conditionnelle, c’est-à-dire dans une moindre limite. Ils sont en effet des citoyens imparfaits: et comme les esclaves et les enfants sont en quelque sorte des citoyens, mais non d’une manière parfaite, il en est de même des artisans. C’est pourquoi dans les temps anciens ceux qui pratiquaient les arts serviles et même les voyageurs étaient dans certaines cités des esclaves et c’est ainsi que jusqu’à tout récemment plusieurs le sont encore. |
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[79446] Sententia Politic., lib. 3 l. 4 n. 3 Sed modo etiam in civitate optime disposita non
possunt esse banausi cives. Et si dicatur, quod banausus est civis aliquo
modo; tunc dicendum est, quod virtus civis, quam determinavimus, ut scilicet
possit bene principari et subiici, non est cuiuslibet civis quomodocumque
dicti: sed oportet, ad hoc quod ad eos pertineat huiusmodi virtus, quod non
solum sint liberi, sed etiam sint dimissi, idest absoluti ab operibus
necessariis vitae. Illi enim qui sunt deputati talibus necessariis operibus,
siquidem in his ministrent uni tantum, hoc est proprie servorum: consueverunt
enim servi huiusmodi ministeria exhibere dominis suis. Si autem haec
ministeria exhibeant communiter quibuscumque, hoc pertinet ad banausos et
mercenarios, nam calcifices et pistores serviunt quibuscumque pro pecunia. |
380. Ensuite lorsqu’il dit [240] : ¨ C’est pour cette raison etc.¨. Il manifeste la réponse qui précède : car même dans la cité la mieux organisée, les ouvriers ne pourraient pas être citoyens. Et si l’on disait que l’ouvrier est d’une certaine manière un citoyen, alors il faudrait dire que la vertu du citoyen, que nous avons définie comme étant celle par laquelle il peut bien commander et bien obéir, n’appartient pas au citoyen, s’il est permis de dire ce mot de quelque manière que ce soit: mais il faut, pour qu’une vertu de cette sorte leur appartienne, non seulement qu’ils soient libres, mais qu’ils soient libérés, c’est-à-dire dégagés des tâches nécessaires à la vie. Ceux en effet qui sont assignés à ces tâches nécessaires à la vie, vu que dans ces tâches ils sont au service d’une seule personne, accomplissent les fonctions qui appartiennent aux esclaves: les esclaves en effet avaient coutume d’exécuter de tels services pour leurs maîtres. Mais s’ils rendent de tels services universellement à n’importe qui, alors ces fonctions appartiennent aux mercenaires et aux personnes misérables qui pour de l’argent sont prêtes à se mettre au service de n’importe qui. |
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[79447] Sententia Politic., lib. 3 l. 4 n. 4 Deinde cum dicit manifestum autem etc.,
manifestat propositam solutionem. Et circa hoc facit tria. Primo ostendit,
quomodo aliquis diversimode in diversis politiis est civis. Secundo ostendit,
quod maxime civis est in qualibet politia, qui potest participare principatu,
ibi, quod dicitur maxime civis et cetera. Tertio epilogando colligit ea quae
dicta sunt de virtute civis. Dicit ergo primo, quod manifestum erit, quomodo
se habeat veritas circa praemissa, ex parva consideratione eorum quae
sequuntur. Si enim aliquis perfecte videat id quod dicetur, fiet ei evidens
quod dictum est: cum enim sint plures politiae specie differentes, et civis
dicatur in ordine ad politiam, ut dictum est; necesse est etiam, quod civis
habeat plures species. Et maxime ista differentia attenditur quantum ad cives
subditos, qui in diversis politiis diversimode se habent ad principatum. Illi
autem qui praesident in qualibet politia principantur. Unde propter
diversitatem politiarum, et per consequens civium, necesse est, quod in
aliqua politia, scilicet in democratia, in qua quaeritur solum libertas,
banausi et mercenarii sint cives: poterunt enim ad principatum promoveri, cum
sint liberi. Sed in aliquibus politiis est hoc impossibile, sicut maxime
contingit in aristocratia, in qua dantur honores dignis secundum eorum
virtutem, illi autem qui vivunt vita banausa vel mercenaria non possunt
civitati exhibere in suo regimine ea quae pertinent ad virtutem, quia non
sunt in talibus exercitati. Sed in oligarchiis mercenarii quidem non possunt
esse cives, quia in huiusmodi politiis assumuntur aliqui ad principatus
propter diuturnos honores praecedentes. Unde non de facili potest contingere,
quod mercenarii ad honores assumantur, qui vix per totam vitam suam possunt
congregare, unde divites fiant. Sed banausi, id est artifices in talibus
politiis possunt esse cives et principes, quia multi artifices cito ditantur,
et ita possunt propter divitias in oligarchiis assumi ad principatus, cum per
aliquod tempus ab artificiis se abstinentes, postquam fuerint ditati,
honorabilem duxerunt vitam: unde apud Thebas erat statutum, quod ille qui non
abstinuisset a foro venalium rerum decem annis, non posset participare
virtute, scilicet principativa. |
381. Ensuite lorsqu’il dit [241] : ¨ Mais il est manifeste etc.¨. Il manifeste la réponse qui présentée. Et à ce sujet il fait trois choses. Il montre en premier lieu comment on peut être citoyen de différentes manières dans des constitutions différentes [241]. En deuxième lieu il montre que le citoyen achevé, dans quelque constitution que ce soit, est celui qui peut avoir part au gouvernement, là [2411] où il dit : ¨ Et il est nécessaire que les espèces de citoyens etc.¨. En troisième lieu et comme par un résumé il rassemble tout ce qui a été dit au sujet de la vertu du citoyen (ib.). Il dit donc en premier lieu [241] que la vérité de ce qui précède deviendra évidente suite à une brève considération de ce qui suit. Si en effet on voit parfaitement ce qui sera dit, ce que nous avons dit deviendra évident, à savoir que puisqu’il existe plusieurs constitutions qui diffèrent selon l’espèce et que c’est par rapport à une constitution qu’on dit de quelqu’un qu’il est un citoyen, ainsi que nous l’avons déjà dit, il est encore nécessaire qu’il existe plusieurs espèces de citoyens. Et cette différence s’applique particulièrement aux citoyens de classes inférieures, lesquels dans des constitutions différentes ont des relations différentes au gouvernement de la cité. Mais dans toutes les constitutions ce sont ceux qui gouvernent qui commandent. D’où il suit qu’en raison des différences de constitutions et par conséquent des différences de citoyens, il est nécessaires que dans certaines d’entre elles, c’est-à-dire dans celles qui sont démocratiques dans lesquelles seule la liberté est recherchée, les mercenaires soient des citoyens : ils pourront en effet être promus au gouvernement lorsqu’ils seront libres. Mais dans d’autres formes de constitutions cela est impossible, ainsi que cela se produit dans les constitutions aristocratiques où les honneurs sont attribués à ceux qui le méritent conformément à leurs vertus alors que ceux qui vivent une vie de mercenaires ne peuvent exhiber à la cité dans son gouvernement les traits qui se rapportent aux vertus car ils n’ont pas été exercés à la pratique de ces dernières. Dans une constitution oligarchique les mercenaires ne peuvent certes être citoyens car dans une telle constitution les hommes sont établis au gouvernement en raison d’une gloire qui a précédé sur une longue période de temps et de leurs richesses. C’est pourquoi il peut difficilement arriver à des mercenaires de se voir attribuer des honneurs qu’ils peuvent difficilement accumuler pendant toute leur vie et qui leur permettraient de devenir riches. Mais les artisans dans de telles constitutions peuvent être des citoyens et des magistrats car plusieurs d’entre eux s’enrichissent rapidement et peuvent ainsi en raison de leurs richesses se voir attribuer des magistratures dans une constitution oligarchique alors que, s’abstenant de leur métier pendant une certaine période de temps après être devenus riches, ils auront mené une vie honorable : c’est pourquoi chez les Thébains une loi stipulait que celui qui s’était tenu loin de la place publique des marchands pendant dix ans pouvait être considéré comme vertueux et pendre part à l’administration. |
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[79448] Sententia Politic., lib. 3 l. 4 n. 5 Sed quamvis peregrini et advenae, et abiectae
personae non possint esse cives, quasi potentes principari in civitatibus
bene institutis, tamen in multis politiis, scilicet democraticis,
restringitur lex de peregrinis et advenis ut non sint cives; quia in
quibusdam democratiis, ille qui est natus ex matre cive, reputatur civis,
licet pater sit advena vel peregrinus. Et ita etiam restringitur lex de spuriis
apud multos, ut scilicet sint cives: sed hoc faciunt propter indigentiam
bonorum civium, et propter paucitatem hominum habentes defectum turbae, in
qua consistit potestas democratiae, utuntur talibus legibus, ut primo eligant
eos in cives, qui sunt nati ex servo vel ex serva, dummodo alter parentum sit
liber; deinde crescente multitudine, excludunt omnes filios servorum, sed
reputant cives eos, qui sunt nati ex mulieribus civibus, quamvis patres sint
advenae; tandem autem diriguntur ad hoc, quod iudicant cives solum illos, qui
sunt nati ex ambobus liberis et civibus. Sic igitur manifestum est, quod sunt
diversae species civium, secundum diversitatem politiarum. |
381 bis. Mais bien que les voyageurs, les étrangers et les misérables ne puissent pas être des citoyens puisqu’ils ne peuvent gouverner dans les cités bien réglées, cependant, dans de nombreuses constitutions comme la démocratie, on atténue la loi qui empêche les voyageurs et les étrangers d’être des citoyens; car dans certaines cités celui qui est né d’une mère citoyenne est reconnu comme citoyen, même si son père était un étranger ou un voyageur. Et il en est encore de même dans d’autres cités relativement à la loi qui permet aux bâtards d’être citoyens: mais cela ne se produit qu’en raison du manque de bons citoyens et à cause de la rareté des hommes qui maîtrisent les soulèvements de la foule dans laquelle consiste la force d’une constitution démocratique, et ils se servent alors de telles lois pour choisir d’abord comme citoyens ceux qui sont nés d’un esclave ou d’une servante, pourvu que l’autre parent jouisse d’un statut de liberté; par la suite, la masse des citoyens augmentant, ils écartent de la citoyenneté tous les enfants des esclaves et ne considèrent comme citoyens que ceux qui sont nés de femmes possédant la citoyenneté bien que les pères soient des étrangers. À la fin cependant ils sont amenés à ne considérer comme citoyens que ceux qui sont nés de deux parents libres et citoyens. Ainsi donc il est évident qu’il existe plusieurs espèces de citoyens conformément à différentes espèces de constitutions. |
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[79449] Sententia Politic., lib. 3 l. 4 n. 6 Deinde cum dicit et quod dicitur maxime etc.,
ostendit, quid sit maxime civis. Et dicit quod maxime ille dicitur civis in
qualibet politia, qui participat honoribus civitatis. Unde Homerus dixit
poetice de quodam quod post alios exsurrexit, puta ad loquendum, sicut quidam
inhonoratus idest sicut quidam advena, qui non erat civis. Sed ubi
ista ratio civis occultatur propter deceptionem, cohabitantium (est) esse
civem, ut scilicet omnes inhabitantes civitatem cives dicantur; sed hoc non
est conveniens quia ille qui non participat honoribus civitatis, est sicut
advena in civitate. |
382. Ensuite lorsqu’il dit [242] : ¨ Et que etc.¨. Il montre quel est le citoyen par excellence. Et il dit que dans toutes les constitutions on appelle citoyen par excellence celui qui participe aux charges de la cité. C’est pourquoi Homère parla dans un poème de quelqu’un qui s’était levé après tous les autres pour parler comme une personne sans honneur, c’est-à-dire comme un étranger qui ne possédait pas le statut de citoyen. Mais cette définition ne saute pas aux yeux: ils se trompent en effet ceux qui estiment, du fait qu’ils habitent tous ensemble dans la cité, qu’à cause de cela tous ceux qui habitent dans la cité sont des citoyens. Mais cela n’est pas juste car celui qui ne prend pas une part dans les magistratures de la cité y est comme un étranger. |
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[79450] Sententia Politic., lib. 3 l. 4 n. 7 Deinde cum dicit utrum quidem igitur etc.,
colligit epilogando quae dixerat: et dicit quod circa hanc quaestionem qua
quaerebatur, utrum sit eadem virtus boni viri et studiosi civis, ostensum est
quod in aliqua civitate, scilicet aristocratica, idem est bonus vir et bonus civis,
quia scilicet principatus dantur secundum virtutem quae est boni viri. In
aliquibus autem alius est bonus vir et alius bonus civis, scilicet in
corruptis politiis in quibus principatus dantur non secundum virtutem. Et
ille cives qui est idem cum bono viro, non est quicumque civis, sed ille qui
est civilis, id est rector civitatis et dominus vel potens esse dominus eorum
quae pertinent ad curam communitatis, vel solus vel etiam cum aliis. Dictum
enim est supra quod eadem est virtus principis et boni viri. Unde si civis
accipiatur, qui est princeps vel qui potest esse, eadem est virtus eius et
boni viri. Si autem accipiatur civis imperfectus qui non potest esse
princeps, non erit eadem virtus boni civis et boni viri, ut ex praedictis
patet. |
383. Ensuite lorsqu’il dit [243] : ¨ Certes si etc.¨. Il conclut en résumant ce qu’il vient de dire : et il dit qu’au sujet de cette question par laquelle on se demandait si la vertu de l’homme bon est la même que celle du citoyen dévoué, nous avons montré que dans une société, à savoir celle qui est aristocratique dans laquelle la magistrature est confiée suivant la vertu qui appartient à l’homme bon, l’homme bon est semblable au bon citoyen. Mais dans d’autres, à savoir dans les constitutions qui sont altérées où la magistrature n’est pas accordée suivant la vertu, l’homme bon diffère du bon citoyen. Et celui qui est semblable à l’homme bon n’est pas un citoyen quelconque, mais c’est celui qui est le chef de la cité et le maître ou celui qui peut être le maître des choses qui se rapportent aux soins de la communauté, qu’il en ait seul la charge ou qu’il soit accompagné en cela de d’autres personnes. Nous avons dit en effet plus haut que la vertu du chef est identique à celle de l’homme bon. Il suit de là que si on entend par citoyen celui qui est le chef ou celui qui peut l’être, sa vertu est identique à celle de l’homme bon. Mais si on entend par citoyen celui qui en raison de son imperfection ne peut être chef, alors la vertu du bon citoyen ne sera pas identique à celle de l’homme bon, ainsi que nous le voyons à partir de ce qui précède. |
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Lectio
5 |
LEÇON 5 (nn. 384-390; [244-251]) ─ Que la cité est
une communauté d’hommes libres dont la finalité est le bien commun auquel
toute l’administration publique doit tendre.
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Leçon 5 |
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[79451] Sententia Politic., lib. 3 l. 5 n. 1 Quoniam autem haec determinata sunt et cetera.
Postquam philosophus determinavit de cive, ex cuius notitia cognosci potest
quid sit civitas, hic consequenter intendit distinguere politiam in suas species.
Et dividitur in partes tres. In prima distinguit politias. In secunda
ostendit quid sit iustum in unaquaque politia, ibi, sumendum autem et cetera.
Tertio ostendit quae politiarum sit potior, ibi, habet autem dubitationem et
cetera. Circa primum tria facit. Primo dicit de quo est intentio. Secundo
ostendit quid sit politia, ibi, est autem politia et cetera. Tertio dividit
politias, ibi, supponendum itaque primo et cetera. Dicit ergo primo, quod
determinatis praedictis restat considerare, utrum sit una politia tantum vel
plures; et si sunt plures, quot et quae sint, et quomodo adinvicem differant. |
384. Après avoir donné la définition du citoyen dont la connaissance peut amener à comprendre ce qu’est la cité, le Philosophe cherche par conséquent ici à distinguer les différentes espèces de constitutions. Et il divise cet examen en trois parties. Dans la première il distingue les sortes de constitutions [244]. Dans la deuxième il montre ce qui est juste dans chacune de ces formes de constitutions, là [260] où il dit : ¨ Mais il faut d’abord tirer etc.¨. Troisièmement il montre laquelle de ces constitutions est la plus puissante, là [275] où il dit : ¨ Il y a cependant etc.¨. Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il dit quel est son propos [244]. En deuxième lieu il montre ce qu’est une constitution, là [245] où il dit : ¨ Mais une constitution est etc.¨. En troisième lieu il distingue les constitutions, là [246] où il dit : ¨ C’est pourquoi il faut soumettre etc.¨. Il dit donc en premier lieu [244] que suite à ce qui a été déterminé précédemment, il reste à considérer s’il n’existe qu’une sorte de constitution ou s’il en existe plusieurs; et s’il en existe plusieurs, il faut examiner quel en est le nombre, ce qu’elles sont et comment on les distingue les unes des autres. |
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[79452] Sententia Politic., lib. 3 l. 5 n. 2 Deinde cum dicit est autem politia etc.,
ostendit quid sit politia. Et dicit quod politia nihil est aliud quam
ordinatio civitatis quantum ad omnes principatus qui sunt in civitate, sed
praecipue quantum ad maximum principatum, qui dominatur omnibus aliis
principatibus. Et hoc ideo, quia politeuma civitatis id est positio ordinis
in civitate, tota consistit in eo qui dominatur civitati; et talis impositio
ordinis est ipsa politia. Unde praecipue politia consistit in ordine summi
principatus secundum cuius diversitatem politiae diversificantur: sicut in
democratiis dominatur populus, in oligarchiis quidem pauci divites: et ex hoc
est diversitas harum politiarum. Et eodem modo dicendum est de aliis
politiis. |
385. Ensuite lorsqu’il dit [245] : ¨ Cependant une constitution est etc.¨. Il montre ce qu’est une constitution. Et il dit qu’une constitution n’est rien d’autre que l’organisation d’une cité à l’égard de toutes les autorités qui existent dans la cité mais principalement à l’égard de l’autorité la plus importante qui commande à toutes les autres autorités. Et il en est ainsi parce que l’imposition de l’ordre dans la cité relève totalement de celui qui règne sur la cité; et une telle mise en place de cet ordre figure la constitution elle-même. De là, la constitution consiste principalement dans l’ordre issu de la plus haute autorité et c’est la diversité de cette autorité qui entraîne la diversité des constitutions, tout comme dans la démocratie c’est le peuple qui domine alors que dans une oligarchie c’est le petit nombre des riches et c’est de là que découle la diversité de ces constitutions. Et on doit dire qu’il en est de même pour les autres formes de constitutions. |
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[79453] Sententia Politic., lib. 3 l. 5 n. 3 Deinde cum dicit supponendum itaque primo etc.,
distinguit politias. Et primo ostendit quomodo distinguantur rectae politiae
ab iniustis. Secundo quomodo distinguantur utraeque politiae in seipsis, ibi,
determinatis autem his et cetera. Circa primum tria facit. Primo ostendit ad
quid sit civitas ordinata. Secundo ostendit quomodo distinguantur principatus
adinvicem, ibi at vero et principatus etc.; tertio concludit differentiam
rectarum politiarum et iniquarum, ibi, manifestum igitur et cetera. Circa
primum duo facit. Primo dicit de quo est intentio. Secundo incipit exequi
propositum, ibi, dictum est autem et cetera. Dicit ergo primo, quod cum
oporteat distinguere politias abinvicem, oportet primo duo praemittere;
quorum primum est propter quid civitas sit instituta. Secundum est, quod sint
differentiae principatuum, qui sunt circa homines et circa omnia quae veniunt
in communionem vitae. Ex his enim duobus poterit accipi differentia iustae et
iniustae politiae. |
386. Ensuite lorsqu’il dit [246] : ¨ C’est pourquoi il faut soumettre etc.¨. Il distingue ces formes de constitutions. Et en premier lieu il distingue les constitutions qui sont justes de celles qui ne le sont pas [246]. Deuxièmement il montre comment se distinguent les véritables constitutions en elles-mêmes, là [252] où il dit : ¨ Ayant déterminé ces choses etc.¨ Au sujet du premier point il fait trois choses. En premier lieu il montre à quoi une cité est ordonnée [246]. En deuxième lieu il montre comment les autorités se distinguent les unes des autres [249]. En troisième lieu il montre comment les constitutions justes se distinguent de celles qui ne le sont pas, là [251] où il dit : ¨ Il est donc évident etc.¨. Au sujet du premier point il fait deux choses. En premier lieu il dit quel est son propos [246]. En deuxième lieu il commence à exécuter son propos, là [247] où il dit : ¨ Nous avons dit cependant dans les premiers etc.¨. Il dit donc en premier lieu [246] que puisqu’il faut distinguer les constitutions les unes des autres, il est nécessaire d’établir en premier lieu deux choses, dont la première est de savoir ce en vue de quoi une cité est établie et la deuxième est de distinguer les différences entre les pouvoirs qui se rapportent à tout ce qui concourt à une communauté de vie. C’est à partir de ces considérations en effet qu’on pourra saisir la différence qu’il y a entre une constitution qui est juste et une qui ne l’est pas. |
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[79454] Sententia Politic., lib. 3 l. 5 n. 4 Deinde cum dicit dictum est autem in primis
etc., ostendit quid sit finis civitatis vel politiae. Et dicit quod dictum
est in primo libro, in quo determinatum est de oeconomia et despotia, quod
homo naturaliter est animal civile; et ideo homines appetunt adinvicem
convivere et non esse solitarii, etiam si in nullo unus alio indigeret ad hoc
quod ducerent vitam politicam: sed tamen magna utilitas est communis in
communione vitae socialis. Et hoc quantum ad duo. Primo quidem quantum ad
bene vivere: ad quod unusquisque affert suam partem, sicut videmus in
qualibet communitate, quod unus servit communitati de uno officio, alius de
alio, et sic omnes communiter bene vivunt. Hoc igitur, scilicet bene
vivere, maxime est finis civitatis vel politiae et communiter quantum ad
omnes et sigillatim quantum ad unumquemque. Secundo utilis est vita communis
etiam propter ipsum vivere, dum unus in communitate vitae existentium alii
subvenit ad sustentationem vitae et contra pericula mortis. Et propter hoc
homines ad invicem conveniunt et conservant politicam communionem, quia etiam
ipsum vivere secundum se consideratum absque aliis quae faciunt ad bene
vivendum est quiddam bonum et diligibile, nisi forte homo in vita sua
patiatur aliqua valde gravia et crudelia. Et hoc patet ex hoc quod homines
etiam si multa mala sustineant, tamen perseverant in affectu vivendi quodam
modo inviscati id est fortiter coniuncti ad desiderium vitae, ac si ipsa vita
habeat in se quoddam solatium et dulcedinem naturalem. |
387. Ensuite lorsqu’il dit [247] : ¨ Nous avons dit etc.¨. Il montre quelle est la finalité d’une cité ou d’une constitution. Et il dit ce qui a été affirmé au premier livre au sujet de ce qui a été établi sur la gestion de la famille et son administration, à savoir que l’homme est naturellement un animal social; et c’est pourquoi les hommes désirent vivre ensemble au lieu de rester seuls, même si l’un n’avait besoin en rien d’un autre pour mener une vie sociale, quoiqu’on retrouve communément de grands avantages à vivre en communauté. Et il en est ainsi sous deux rapports. Et en premier lieu certes sous le rapport du bien vivre auquel chacun y apporte sa part ainsi que nous l’observons dans toute communauté où l’un enrichit la communauté par la fonction qui lui est propre et l’autre par la sienne et c’est ainsi que tous parviennent au bien vivre en communauté. Cela donc, à savoir le bien vivre, est la finalité la plus excellente d’une cité ou d’une constitution et cela à la fois pour l’ensemble de la population et en particulier pour chacun des individus. En deuxième lieu la vie en communauté est utile même pour vivre purement et simplement alors que dans une communauté un tel collabore à la vie des autres à la fois pour soutenir la vie et pour s’opposer aux dangers de mort. Et c’est pour cette raison que les hommes se réunissent ensemble et cherchent à conserver une communauté politique car même la vie considérée en elle-même, indépendamment des autres choses qu’on fait pour bien vivre, est un bien qui mérite d’être aimé, à moins peut-être que l’homme dans sa vie ne souffre de quelque grand et cruel malheur. Et cela devient évident du fait que même si les hommes supportent de nombreux maux, ils persévèrent dans la volonté de vivre, séduits qu’ils sont par un attrait naturel à désirer la vie, comme si cette dernière possédait en elle-même une consolation et un charme naturels [248]. |
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[79455] Sententia Politic., lib. 3 l. 5 n. 5 Deinde cum dicit at vero et principatus etc.,
distinguit species principatus. Et primo in oeconomicis. Secundo in
politicis, ibi, propter quod et politicos et cetera. Dicit ergo, quod facile
est distinguere modos principatus qui dicuntur, quia saepe etiam facta est
mentio in extraneis sermonibus praeter principalem intentionem de ipsis,
sicut in octavo Ethicorum, et supra etiam in secundo. Est autem in domesticis
duplex principatus. Unus quidem est domini ad servos, qui vocatur despotia:
et quamvis idem sit secundum rei veritatem utile ei qui est naturaliter
servus, et ei qui est naturaliter dominus, ut scilicet iste ab illo regatur,
tamen dominus principatur servo ad utilitatem domini, non autem ad utilitatem
servi, nisi forte per accidens, inquantum scilicet corrupto servo cessat
dominium. Alius autem est principatus ad liberos, sicut ad filios et uxorem
et totam familiam, qui vocatur principatus oeconomicus. In quo quidem
principatu intenditur utilitas subditorum, vel etiam communis utrorumque. Per
se quidem et principaliter, utilitas subditorum, sicut videmus in aliis
artibus, sicut ars medicinae intendit principaliter utilitatem eorum qui
medicantur, et ars exercitativa intendit principaliter utilitatem eorum qui
exercitantur: sed per accidens contingit, quod etiam utilitas redundat in
ipsos qui habent artem. Ille enim qui exercitat pueros etiam ipse simul
exercitatur; aliquando etiam est de numero eorum qui exercitantur, sicut
gubernator unus est nautarum. Sic igitur exercitator puerorum et gubernator
navis considerat per se subiectorum utilitatem: sed quia ipse est unus de
numero eorum, ideo uterque per accidens participat utilitate communi quam
procurat. Et similiter pater participat utilitate domus quam procurat. |
388. Ensuite lorsqu’il dit [249] : ¨ Et en vérité etc.¨. Il distingue les formes d’autorité. Et en premier lieu il le fait dans la vie domestique [249]. En deuxième lieu il le fait dans la vie politique, là [250] où il dit : ¨ C’est pourquoi les pouvoirs politiques etc.¨. Il dit donc [249] qu’il est facile de distinguer les formes d’autorité dont on parle car il en a déjà fait mention dans des considérations étrangères et en marge du propos principal les concernant, comme dans le huitième livre des Éthiques et aussi précédemment dans le deuxième. Mais il existe deux formes d’autorités dans la vie domestique. La première qui est semblable à celle du maître à l’égard des esclaves et qu’on appelle domination. Et bien que la même chose soit, conformément à la vérité de la chose, utile à la fois à celui qui est esclave par nature et à celui qui est maître par nature, à savoir de telle manière que celui-ci soit gouverné par celui-là, c’est cependant à l’avantage du maître que le maître commande à l’esclave et non à l’avantage de ce dernier, à moins peut-être que ce ne soit par accident, c’est-à-dire dans la mesure où le pouvoir du maître cesse lorsque l’esclavage disparaît. L’autre forme d’autorité cependant est celle qui s’adresse à des hommes libres, c’est-à-dire aux enfants, à la femme et à l’ensemble de la famille, laquelle s’appelle l’autorité familiale. Et dans cette forme d’autorité c’est l’utilité des subordonnés qui est recherchée ou encore celle qui est commune aux deux. Mais certes c’est l’utilité des subalternes qui est recherchée par soi et en premier lieu ainsi que nous le voyons dans les autres arts, tout comme l’art de la médecine recherche principalement l’avantage de ceux qui sont soignés et l’art de la gymnastique recherche d’abord le bien de ceux qui font des exercices physiques; mais par accident il arrive que cet avantage déborde même sur ceux-là même qui possèdent l’art. En effet, celui qui fait faire les exercices aux enfants exerce lui-même simultanément son corps; parfois même il fait partie de ceux qui sont au travail, tout comme celui qui tient le gouvernail fait partie de l’équipage qui est transporté par le navire. Ainsi donc celui qui exerce les enfants, tout comme celui qui dirige le navire, a en vue par soi le bien des subalternes: mais parce qu’eux-mêmes font partie respectivement de ceux qui s’exercent et de ceux qui sont transportés, c’est pourquoi l’un et l’autre participent par accident de l’utilité commune à laquelle ils ont présidé. Et de la même manière le père participe du bien commun de la famille qu’il a lui-même causé. |
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[79456] Sententia Politic., lib. 3 l. 5 n. 6 Deinde cum dicit propter quod et politicos
etc., distinguit secundum praemissa principatus politicos. Et dicit quod quia
principatus qui est supra liberos ordinatur principaliter ad utilitatem
subditorum; ideo dignum reputatur quod particulariter principentur cives
secundum principatus politicos, quando fuerint instituti secundum
aequalitatem et similitudinem civium. Tunc enim dignum videtur quod in una
parte temporis quidam principentur, in alia vero alii. Secus autem esset, si
quidam civium multum excederent alios in bonitate: tunc enim dignum esset, ut
illi semper principarentur; sicut infra dicetur. Sed circa istud
dignum variatur aestimatio hominum secundum temporum diversitatem. A principio enim ipsi qui principabantur quasi
aliis servientes reputabant dignum, sicut et erat, ut ipsi in parte
ministrarent aliis intendentes utilitati aliorum, et iterum alio tempore
aliquis alius principaretur qui intenderet ad bonum eius, sicut ipse prius
intenderat ad bonum aliorum: sed postea homines, propter utilitates quae
veniunt ex bonis communibus quae sibi principantes usurpant et quae veniunt
etiam ex ipso iure principatus, volunt semper principari, ac si principari
esset sanum esse, et non principari, esset infirmum esse. Sic enim videntur
homines appetere principatum, sicut infirmi appetunt sanitatem. |
389. Ensuite lorsqu’il dit [250] : ¨ C’est pourquoi etc.¨. Il distingue les autorités politiques conformément à ce qui a été dit précédemment. Et il dit que parce que l’autorité qui commande aux hommes libres est ordonnée en premier lieu au bien des subalternes, on considère comme étant juste que les citoyens soient précisément commandés conformément à des autorités politiques qui auront été établies d’après une égalité et une parité des citoyens. Alors en effet il semble juste que pendant un certain temps ce soient certains qui commandent et que ce soient d’autres qui le fassent à une autre époque. Il en serait autrement cependant si certains des citoyens dépassaient largement les autres par leur excellence de bonté: il serait juste alors en effet que ces derniers commandent toujours, ainsi que nous le verrons plus loin. Mais à l’égard de cette justice l’opinion des hommes varie selon les époques. *À l’origine en effet ceux-là même qui commandaient en étant au service des autres croyaient qu’il était juste, comme il l’était de fait, qu’eux-mêmes servent en partie les autres en recherchant leurs intérêts et par la suite à une autre époque on croyait juste, si quelqu’un d’autre commandait, qu’il recherche son bien propre tout comme il avait lui-même recherché précédemment le bien des autres: mais par la suite, en raison des avantages provenant des biens communs que ceux qui commandent usurpent pour eux-mêmes et qui proviennent aussi du droit même de commander, les hommes veulent commander toujours, comme si l’acte de commander était le fait d’un homme en santé et sa privation celui d’un homme malade. Ainsi en effet les hommes désirent le pouvoir tout comme les malades désirent la santé. |
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[79457] Sententia Politic., lib. 3 l. 5 n. 7 Deinde cum dicit manifestum igitur etc.,
concludit ex dictis distinctionem rectarum politiarum ab iniustis. Cum enim
ita sit quod principatus liberorum sit ordinatus ad utilitatem subditorum,
manifestum est quod in quibuscumque politiis principes intendunt communem
utilitatem, illae sunt rectae politiae secundum iustitiam absolutam: in
quibuscumque vero politiis intenditur sola utilitas principantium, illae sunt
vitiatae et corruptiones quaedam rectarum politiarum: non enim in eis est
iustum simpliciter, sed iustum secundum quid, ut infra dicetur. Principantur
enim despotice civitati utentes civibus sicut servis, scilicet ad suam
utilitatem: et hoc est contra iustitiam, quia civitas est communitas
liberorum; servus enim non est civis, ut supra dictum est. |
390. Ensuite lorsqu’il dit [251] : ¨ Il est donc évident etc.¨. Il termine, à partir de ce qui a été dit, par la distinction des constitutions justes de celles qui sont injustes. Puisqu’en effet l’autorité à l’égard des hommes libres est ordonnée au bien des subalternes, il est évident que toutes les constitutions où ceux qui gouvernent recherchent le bien commun sont des constitutions justes conformément à une justice parfaite: mais celles où seuls sont recherchés les intérêts de ceux qui détiennent le pouvoir sont viciées et déchoient de celles qui sont justes: en elles en effet on ne retrouve pas une justice parfaite, mais une justice partielle, ainsi que nous le verrons. Les gouvernants commandent alors en effet à la cité en se servant des citoyens comme de leurs esclaves, c’est-à-dire en vue des intérêts qui leur sont propres et cela est contraire à la justice car la cité est une communauté d’hommes libres; l’esclave en effet n’est pas un citoyen, ainsi que nous l’avons vu précédemment. |
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Lectio
6 |
LEÇON 6 (nn. 391-398; [252-259]) ─ À partir de la
finalité de la société civile et du nombre de ceux qui gouvernent, il
rassemble les manières de gouverner les cités ainsi que les vices qui leur
sont opposés.
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Leçon 6 |
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[79458] Sententia Politic., lib. 3 l. 6 n. 1 Determinatis autem hiis et cetera. Postquam
philosophus distinxit politias rectas ab iniustis, hic intendit distinguere
utrasque abinvicem. Et circa hoc duo facit. Primo dicit de quo est intentio.
Secundo exequitur propositum, ibi, quoniam autem politia et cetera. Dicit
ergo primo, quod postquam praedicta determinata sunt, consequens est
determinare de politiis quot sint numero et quae sint; et hoc ordine, ut
primo consideremus de politiis rectis, secundo de iniustis. |
391. Après avoir distingué les constitutions justes de celles qui ne le sont pas, le Philosophe cherche ici à distinguer celles qui sont comprises à l’intérieur de chacune d’elles. Et à ce sujet il fait deux choses. En premier lieu il dit quel est son propos [252]. En deuxième lieu il poursuit son propos, là [253] où il dit : ¨ Mais puisque etc.¨. Il dit donc en premier lieu qu’après avoir déterminé ce qui précède, il faut déterminer par la suite le nombre ainsi que la nature des constitutions en suivant cet ordre, c’est-à-dire en considérant d’abord les constitutions qui sont justes et en deuxième lieu celles qui ne le sont pas. |
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[79459] Sententia Politic., lib. 3 l. 6 n. 2 Deinde cum dicit quoniam autem politia etc.,
distinguit politias. Et circa hoc tria facit. Primo ostendit secundum quid
accipienda sit politiarum distinctio. Secundo distinguit politias, ibi,
vocare autem consuevimus et cetera. Tertio obiicit contra praedicta, ibi,
oportet autem paulo et cetera. Dicit ergo primo, quod (quia) politia nihil
est aliud quam politeuma, quod significat ordinem dominantium in civitate.
Necesse est quod distinguantur politiae secundum diversitatem dominantium.
Aut enim in civitate dominatur unus, aut pauci, aut multi. Et quodlibet horum
trium fuerit, potest dupliciter contingere. Uno modo quando principantur ad
utilitatem communem, et tunc erunt rectae politiae. Alio modo quando
principantur ad propriam utilitatem eorum qui dominantur, sive sit unus, sive
pauci, sive plures; et tunc sunt transgressiones politiarum; quia oportet
dicere quod vel subditi non sint cives, vel quod in aliquo communicent
utilitate civitatis. |
392. Ensuite lorsqu’il dit [253] : ¨ Mais puisque etc.¨. Il distingue les sortes de constitutions. Et à ce sujet il fait trois choses. En premier lieu il montre selon quel critère doit se faire la distinction des constitutions [253]. En deuxième lieu il distingue les constitutions, là [254] où il dit : ¨ Mais nous avons l’habitude d’appeler etc.¨. En troisième lieu il présente une objection à l’encontre de ce qui précède, là [256] où il dit : ¨ Il faut cependant dire un peu plus longuement etc.¨. Il dit donc en premier lieu [253] qu’une constitution n’est rien d’autre que l’organisation sociale provenant de ceux qui règnent sur la cité. Il est nécessaire en effet que les constitutions se distinguent selon les différences qui existent entre ceux qui dirigent la cité. En effet ces derniers sont soit un seul, soit un petit nombre, soit un grand nombre. Et pour chacun de ces trois cas, deux choses peuvent se produire. La première, c’est qu’ils commandent en vue du bien commun et alors les constitutions seront justes. La deuxième, c’est qu’ils commandent en vue de leur bien propre, qu’il s’agisse d’un seul, d’un petit nombre ou d’un grand nombre; et nous avons alors affaire à des violations des constitutions justes; car il faut alors dire soit que les sujets ne sont pas des citoyens, soit qu’ils participent en quelque chose du bien de la cité. |
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[79460] Sententia Politic., lib. 3 l. 6 n. 3 Deinde cum dicit vocare autem consuevimus etc.,
distinguit utrasque politias per propria nomina. Et primo rectas. Secundo
vitiosas, ibi, transgressiones autem et cetera. Dicit ergo primo, quod si sit
monarchia, id est principatus unius, vocatur regnum consueto nomine si
intendat utilitatem communem. Illa vero politia in qua pauci principantur
propter bonum commune, plures tamen uno, vocatur aristocratia, id est
potestas optimorum vel optima, vel quia optimi principantur, scilicet
virtuosi; vel quia ordinatur talis politia ad id quod est optimum civitati et
omnium civium. Sed quando multitudo principatur intendens ad utilitatem
communem, vocatur politia, quod est nomen commune omnibus politiis. Et hoc
quod ista politia vocetur tali nomine, rationabiliter accidit: de facili enim
contingit quod in civitate inveniatur unus vel pauci qui multum excedant
alios in virtute: sed valde difficile quod multi inveniantur qui perveniant
ad perfectum virtutis; sed maxime hoc contingit circa bellicam virtutem, ut
scilicet multi in ea sint perfecti. Et ideo in hac politia principantur viri
bellatores et illi qui habent arma. |
393. Ensuite lorsqu’il dit [254] : ¨ Mais nous avons l’habitude d’appeler etc.¨. Il distingue chacune de ces constitutions par les noms qui leur sont propres. Et en premier lieu il le fait pour celles qui sont justes [254] et en deuxième lieu pour celles qui sont viciées, là [255] où il dit : ¨ Mais les violations etc.¨. Il dit donc en premier lieu [254] que si l’autorité appartient à un seul elle porte habituellement le nom de pouvoir royal si elle cherche le bien commun. Mais en vérité cette organisation politique, dans laquelle c’est un petit nombre mais plus qu’un seul qui commande en vue du bien commun, s’appelle une aristocratie: soit parce que ce sont les meilleurs hommes qui commandent, c’est-à-dire ceux qui sont vertueux, soit parce qu’une telle organisation politique est ordonnée à ce qu’il y a de meilleur pour la cité et pour tous les citoyens. Mais quand c’est le peuple qui commande en recherchant l’intérêt public, cette forme de gouvernement s’appelle alors une république, lequel nom est aussi commun à toutes les organisations politiques. Et il est raisonnable que cette organisation politique porte un tel nom car on retrouve facilement dans une cité un homme ou quelques-uns qui dépassent largement les autres en vertu mais on en retrouve très difficilement un grand nombre qui parvienne à la perfection de la vertu; mais cela se produit surtout à l’égard de la vertu guerrière, c’est-à-dire que plusieurs parviennent à sa perfection. Et c’est pourquoi dans cette forme de gouvernement ce sont les guerriers et ceux qui possèdent des armes qui commandent. |
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[79461] Sententia Politic., lib. 3 l. 6 n. 4 Deinde cum dicit transgressiones autem etc.,
distinguit corruptiones dictarum politiarum per nomina. Et dicit quod
dictarum politiarum sunt istae transgressiones: tyrannis quidem regni;
oligarchia autem, id est principatus paucorum, aristocratiae transgressio
est; democratia autem, id est potestas populi, id est vulgalis multitudinis,
est transgressio politiae in qua multi principantur saltem propter virtutem
bellicam. Ex quo concludit quod tyrannis est monarchia, id est principatus
unius intendens utilitatem principantis. Oligarchia vero est
tendens ad utilitatem divitum. Democratia vero ad utilitatem pauperum: nulla
vero earum intendit ad utilitatem communem. |
394. Ensuite lorsqu’il dit [255] : ¨ Mais les violations etc.¨. Il distingue par les noms qui leur sont propres les corruptions des organisations politiques précédentes. Et il dit que telles sont les corruptions des organisations politiques précédentes. La tyrannie est certes la corruption de la royauté, l’oligarchie celle de l’aristocratie et la démocratie celle de la république. De là il conclut que la tyrannie est le pouvoir d’un seul homme qui recherche son bien propre, que l’oligarchie est le pouvoir qui recherche les intérêts financiers et que la démocratie est le pouvoir qui est au service des intérêts des pauvres: en vérité, aucune de ces formes de gouvernement ne recherche le bien commun. |
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[79462] Sententia Politic., lib. 3 l. 6 n. 5 Deinde cum dicit oportet autem paulo etc.,
obiicit contra praedicta. Et circa hoc tria facit. Primo dicit de quo est
intentio: et repetit quae praedicta sunt. Secundo movet dubitationem, ibi,
prima autem dubitatio est et cetera. Tertio ponit solutionem, ibi, videtur
igitur ratio et cetera. Dicit ergo primo, quod oportet aliquantulum a
remotiori discutere quae sit unaquaeque politiarum praedictarum cum habeat
quasdam dubitationes. Ille qui philosophatur in unaquaque arte, quasi considerans
veritatem et non solum respicit ad id quod est utile ad agendum, nihil debet
despicere vel praetermittere, sed in singulis declarare veritatem. Dictum est
autem quod tyrannis est quaedam monarchia despotica id est dominativa
politicae communitatis, quia scilicet utitur civibus ut servis. Oligarchia
vero est quando dominantur politiae illi qui abundant in divitiis. Democratia
vero est quando dominantur politiae non illi qui possident multitudinem
divitiarum, sed magis pauperes. |
395. Ensuite lorsqu’il dit [256] : ¨ Il faut cependant etc.¨. Il présente des objections à l’encontre de ce qui précède. Et à ce sujet il fait trois choses. Et en premier lieu il dit quel est son propos et il revient sur ce qui précède [256]. En deuxième lieu il présente une question, là [259] où il dit : ¨ Mais la première question etc.¨. En troisième lieu il présente la réponse, là [259] où il dit : ¨ Donc la raison semble etc.¨. Il dit donc en premier lieu [256] qu’il faut examiner avec un peu plus de recul chacune des organisations politiques précédentes, puisque chacune d’elles suscite certaines questions. En effet, dans toutes les disciplines, celui qui philosophe en ayant en vue la vérité ne s’arrête pas uniquement à ce qui est utile pour l’action et ne doit rien regarder avec mépris ni rien omettre, mais au contraire il doit pour chaque chose en particulier faire connaître la vérité. Mais nous avons dit que la tyrannie est une monarchie absolue d’une communauté politique au sens où elle se sert des citoyens comme s’ils étaient des esclaves, que l’oligarchie est la forme de gouvernement commandée par ceux qui abondent en richesses et que la démocratie est celle qui est commandée non pas par ceux qui possèdent de nombreuses richesses mais plutôt par les pauvres. |
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[79463] Sententia Politic., lib. 3 l. 6 n. 6 Deinde cum dicit prima autem dubitatio etc.,
movet dubitationem. Et primo ponit dubitationem, secundo excludit quamdam
responsionem, ibi, at vero siquis et cetera. Dicit ergo primo, quod prima
dubitatio est contra definitionem, scilicet democratiae et oligarchiae.
Dictum est enim quod democratia est quando dominantur in civitate egeni
oligarchia autem quando dominantur divites; ipsum autem nomen oligarchiae
designat principatum paucorum, nomen autem democratiae designat principatum
populi sive multitudinis. Ponatur ergo quod in aliqua civitate sint plures
divites quam pauperes, et divites sint domini civitatis: videtur, secundum
hoc, quod sit ibi democratia, quae est quando multitudo dominatur; similiter
autem si alicubi contingat quod pauperes sint pauciores, sed sint meliores et
fortiores et dominentur civitati, sequetur, secundum hoc, quod sit ibi
oligarchia quia pauci dominantur. Non ergo videtur quod sit bene definitum de
politiis cum dictum est quod democratia est dominium pauperum, oligarchia
dominium divitum. |
396. Ensuite lorsqu’il dit [257] : ¨ Mais la première etc.¨. Il soulève une question. Et en premier lieu il présente la question [257]. En deuxième lieu il écarte une réponse, là [258] où il dit : ¨ Et en vérité si quelqu’un etc.¨. Il dit donc en premier lieu [257] que la première question s’oppose à la définition de la démocratie et à celle de l’oligarchie. On affirme donc que dans certaines cités il y a davantage de riches que de pauvres et que les riches sont les chefs de la cité: il semble donc, d’après cela, qu’on ait affaire à une démocratie. Mais de la même manière s’il arrive au contraire que les pauvres soient peu nombreux mais qu’ils soient meilleurs et plus forts et qu’ils commandent à la cité, il s’ensuit d’après cela qu’on aura affaire ici à une forme d’oligarchie. Il semble donc que n’avons pas bien défini les formes de constitutions puisque nous avons dit qu’en démocratie le pouvoir est aux mains des pauvres alors qu’en oligarchie il est aux mains des riches. |
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[79464] Sententia Politic., lib. 3 l. 6 n. 7 Deinde cum dicit at vero si quis connectens
etc., excludit quamdam responsionem. Posset enim aliquis dicere, quod in
definitione oligarchiae est coniungenda paucitas divitiis; et in definitione
democratiae est coniungenda multitudo paupertati; ita scilicet quod
oligarchia sit in qua pauci divites principantur, democratia autem in qua
multi pauperes. Sed hoc iterum habet aliam dubitationem: si enim sufficienter
divisae sunt politiae, ita scilicet quod nulla sit alia politia praeter
praedictas, non erit dare sub qua politia comprehendantur duae praedictae
politiae: scilicet quando principantur vel multi divites, vel pauci pauperes. |
397. Ensuite lorsqu’il dit [258] : ¨ Et en vérité etc.¨. Il écarte une réponse. En effet quelqu’un pourrait dire que dans la définition de l’oligarchie le petit nombre doit être rattaché aux richesses et que dans la définition de la démocratie la foule doit coïncider avec la pauvreté, c’est-à-dire de telle manière que dans l’oligarchie ce soit la minorité des riches qui commande et que dans la démocratie ce soit la multitude des pauvres. Mais cela à son tour présente une autre difficulté : si en effet les constitutions sont distinguées de manière satisfaisante, c’est-à-dire de telle manière qu’il n’existe aucune autre constitution en dehors de celles qui précèdent, il n’y aurait pas à chercher sous quelle constitution sont comprises les deux qui précèdent, c’est-à-dire quand ce sont les nombreux riches ou les rares pauvres qui commandent. |
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[79465] Sententia Politic., lib. 3 l. 6 n. 8 Deinde cum dicit videtur igitur etc., concludit
ex praemissis solutionem dubitationis. Et dicit quod ratio praemissae
dubitationis videtur manifestare, quod principes esse multos, per accidens se
habeat ad democratias: et eos esse paucos per accidens se habeat ad
oligarchias, eo quod ubique inveniuntur plures pauperes quam divites; et
secundum hoc nomina sunt posita prout in pluribus invenitur. Sed quia id quod
per accidens est, non est differentia specifica; ideo oligarchiae non
distinguuntur a democratiis per se loquendo secundum multitudinem et
paucitatem: sed id quo per se differunt sunt paupertas et divitia: alia enim
est ratio regiminis quod ordinatur ad opulentiam et eius quod ordinatur ad
libertatem quae est finis democratiae. Et ideo necesse est quod ubicumque
aliqui dominantur propter divitias, sive sint plures, sive pauciores, quod
ibi sit oligarchia; et ubicumque dominantur pauperes, ibi sit democratia: sed
per accidens est, quod hi sint multi, et illi pauci. Pauci enim sunt, qui
abundant divitiis, sed omnes participant libertate; et propter haec duo
altercantur sibi invicem; dum pauci volunt praeesse propter excessum
divitiarum, et multi volunt praevalere paucis, quasi aequivalentes eis
propter libertatem. |
398. Ensuite lorsqu’il dit [259] : ¨ Il semble donc etc.¨. Il conclut à partir de ce qui précède en répondant à la question. Et il dit que la nature même de la question qui précède semble manifester ceci, à savoir que le pouvoir soit exercé par la foule ne se rapporte que d’une manière accidentelle à une constitution démocratique, tout comme le petit nombre ne se rapporte qu’accidentellement à l’oligarchie du fait que c’est partout qu’on retrouve davantage de pauvres que de riches; et suite à cela, les noms ont été imposés en ayant égard à ce qu’on observe dans la plupart des cas. Mais parce que ce rapport existe par accident, cela n’entraîne pas une différence spécifique; c’est pour cette raison que l’oligarchie et la démocratie ne se distinguent pas à parler absolument par le grand ou le petit nombre, mais ce qui les distingue par soi, ce sont d’abord et avant tout la pauvreté et la richesse: autre en effet est la définition de la constitution qui est ordonnée à la richesse et autre est la définition de celle qui est ordonnée à la liberté qui est la finalité même de la démocratie. Et c’est pour cette raison que dans tous les cas où ceux qui commandent le font en vue des richesses, qu’ils soient peu nombreux ou en grand nombre, nous sommes alors en présence d’une oligarchie et que partout où ce sont des gens de condition modeste qui commandent, nous avons affaire à une démocratie, et c’est seulement par accident que les uns sont en petit nombre et que les autres sont en grand nombre. En effet peu nombreux sont ceux qui abondent en richesses mais tous participent de la liberté; et c’est pour ces deux motifs que les deux s’opposent les uns aux autres alors que le petit nombre veut diriger en raison de son extrême richesse et que la foule désire l’emporter sur le petit nombre comme si elle était son égale à cause de la liberté. |
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Petri
de Alvernia Continuatio S. Thomae in Politicam liber III a lectione VII ad
XVI |
A
PARTIR D’ICI, COMMENTAIRE PAR PIERRE D’AUVERGNE
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Lectio
7 |
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[89320] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 1 Postquam
philosophus declaravit per quid distinguuntur popularis status et paucorum,
in parte ista ostendit per quid antiqui istas politias determinaverunt. Et
quia determinaverunt huiusmodi politias per iustum quoddam, ideo determinat
in parte ista de iusto paucorum potentia, et multorum, et quomodo verum
dixerunt, et quomodo non: et dividitur in partes duas. In prima praemittit
intentum suum. Secundo prosequitur, ibi, omnes enim tangunt, et cetera. In
prima dicit, quod postquam determinatum est, quid est paucorum status, et
multorum, et quod distinguuntur per divitias et penuriam, primo accipiendum
definitiones, quas antiqui assignaverunt de ipsis. Definiunt autem ista per
iustum, quia politia est ordo inhabitantium in civitate, et iste ordo
attenditur secundum aliquam iustitiam; ideo huiusmodi politias definiverunt
per iustum: propter quod videndum est, quid sit iustum multorum. |
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[89321] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 2 Deinde cum dicit omnes enim prosequitur intentum suum.
Et quia antiqui, ut dictum est, istas politias distinxerunt per iustum, vult
determinare, quod huiusmodi iustum sit iustum secundum quid, non simpliciter.
Et primo ostendit, quod sit iustum secundum quid. Secundo specialiter, quod
non sit iustum simpliciter, ibi, quod autem principalissimum, et cetera.
Adhuc prima in duas: quoniam primo declarat, quod isti tetigerunt iustum
secundum quid, non simpliciter. Secundo assignat causam cuiusdam dicti, ibi,
causa autem, quia et cetera. In prima dicit, quod omnes antiqui determinantes
de paucorum statu, et de multorum, tangunt iustum secundum quid, non
simpliciter, procedentes usque ad aliquid: et dicunt non omne illud quod est
proprie iustum et simpliciter iustum, sed illud quod est improprie et
secundum quid iustum. Et hoc apparet, quia iustum attenditur secundum aliquam
proportionem, et secundum aliquam dignitatem, saltem in iustitia
distributiva. Et ideo ubi est iustum secundum proportionem, quae est secundum
dignitatem, respectu boni simpliciter, ibi est bonum simpliciter: ubi autem
non est respectu boni simpliciter, sed secundum quid, ibi iustum non est
simpliciter, sed secundum quid. Hoc autem est in statu multorum, et paucorum.
In statu enim paucorum attenditur iustum penes divitias, in statu vero
multorum penes libertatem. Et manifestum est, quod ista non sunt bona
simpliciter: bona enim simpliciter sunt bona virtutis: quare manifestum est,
quod isti tetigerunt iustum secundum quid, non simpliciter. Iterum hoc
apparet. Iustum enim aequale videtur esse vel consistere in quadam
aequalitate secundum proportionem; quae non solum attenditur ex parte rerum,
quae distribui debent, sed ex parte suppositorum, quibus debet fieri
distributio. In iustitia enim facienda etiam attenditur aequalitas
proportionis ex parte personarum, quibus debet fieri iustitia secundum
aliquam dignitatem: et eamdem oportet esse proportionem rerum quae
distribuuntur; ut si sint aequales secundum virtutes, aequaliter distribuatur
eis de bonis. Si autem inaequales secundum virtutem, distribuatur eis
aequaliter secundum proportionem, ut quanto excedit unus alium in virtute,
tanto plus distribuatur ei de bonis communibus. Similiter etiam si quantum ad
aliquid attendatur dignitas. Et antiqui decertantes de iusto paucorum
potentiae et multorum, concesserunt bene aequalitatem ex parte rerum et
tetigerunt; aequalitatem autem suppositorum praetermiserunt, et male quantum
ad hoc iudicaverunt. Quare manifestum est, quod non tetigerunt iustum
simpliciter; quare, male ipsum iudicaverunt. |
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[89322] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 3 l. 7 n. 3 Deinde cum dicit causam autem assignat causam cuiusdam
dicti. Dixit enim, quod male iudicaverunt de iusto, et assignat causam
huiusmodi: et dividitur in duas, secundum quod dupliciter assignat. Secunda,
ibi, deinde autem et cetera. In prima dicit, quod causa quare male
iudicaverunt de iusto, non considerantes aequalitatem personarum sed rerum,
haec fuit, quia de seipsis iudicaverunt: fere autem plures pravum iudicium
dant de seipsis; et ratio huius est, quia ad iudicium requiritur prudentia. Prudentia
autem praesupponit appetitum rectum per virtutem moralem: quod ergo pervertit
appetitum, pervertit iudicium rationis. Iudicium autem de seipso pervertit
appetitus malus et perversus. Homo autem habet ut in pluribus perversum
appetitum respectu suiipsius, quia unusquisque nimis afficitur ad seipsum. Et
ideo propter nimiam dilectionem et affectionem quam habet ad seipsum,
voluntas pervertitur a fine recto: et ideo iudicantes de seipsis prave
iudicant. Et dicit fere autem etc. quia sapientes non male iudicant de
seipsis: habent enim prudentiam et appetitum rectum, et cognoscunt se sicut
sunt, et ideo non inordinate afficiuntur ad seipsos; propter quod recte
iudicant de seipsis sicut de aliis. Cum ergo iustum sit aequale eodem modo et
ex parte rerum, et ex parte personarum, sicut dictum est in Ethicis, ipsi
vero antiqui erant personae, quibus fiebat distributio, et iudicabant de
seipsis: concesserunt aequalitatem ex parte rerum, non personarum: quare
manifestum est, quod male iudicaverunt de iusto. |
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[89323] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 7 n. 4 Deinde cum
dicit deinde autem hoc idem probat secunda ratione: et dicit, quod iterum
manifestum est, quod hi qui favent statui paucorum et multorum, male
iudicaverunt de iusto, et propter causam dictam, et quia tangentes iustum
secundum quid, putaverunt tetigisse iustum simpliciter: sed non tetigerunt,
quia dixerunt fautores status paucorum, quod si aliqui sunt inaequales
secundum quid, sunt inaequales simpliciter: videlicet si sunt inaequales
secundum divitias, ut unus sit ditior alio, sint inaequales simpliciter. Et
ideo non tantum debet distribui de bonis communibus uni quantum alteri.
Fautores status multorum dixerunt, quod si aliqui essent aequales in
libertate, essent aequales simpliciter, et aequaliter debebant recipere de
bonis communibus. Si autem inaequales in libertate, inaequales simpliciter et
inaequaliter deberent recipere. Et sic manifestum est, quod non tangunt
iustum simpliciter, sed secundum quid. Arguunt enim a secundum quid ad
simpliciter: est aequalis secundum divitias, ergo aequalis: et: est aequalis
in libertate, ergo aequalis simpliciter. |
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[89324] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 5 Deinde cum dicit quod autem probat specialiter, quod
isti non intenderunt iustum simpliciter. Et primo quantum ad statum paucorum.
Secundo quantum ad omnes, ibi, neque iis, qui a principio et cetera. In prima
dicit, quod isti dimittunt principalissimum iustum. Si enim ita esset, quod
civitas esset instituta finaliter propter divitias et possessiones, et
homines communicassent et convenissent propter eas, tantum participarent
civitate quantum divitiis. Et tunc veritatem haberet sermo eorum, qui de
statu paucorum scribunt, ut qui aequales essent in divitiis, aequaliter
reciperent de communi: si vero non, non. Non enim videtur eis esse iustum, si
communitas habeat in bonis centum talenta, quod tantum recipiat de centum
talentis, qui ad commune non apposuit nisi unam minam, idest aliquam parvam
mensuram, sicut ille qui totum residuum dedit. Iterum non videtur esse
iustum, quod ille qui minus apposuit ad commune, tantum recipiat de illis
quae habuit communitas a principio, nec de illis quae postmodum acquisita
sunt. Nunc autem civitas non est instituta propter divitias finaliter, cum
divitiae ad aliquid ordinentur: quare manifestum est, quod isti qui statui
paucorum favent, non tetigerunt iustum simpliciter. |
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[89325] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 7 n. 6 Deinde cum
dicit neque compugnationis ostendit universaliter, quod nec isti nec alii
tetigerunt iustum simpliciter. Et quia iustum attenditur in ordine ad finem
civitatis, in operationibus quae sunt ad alterum, ideo philosophus declarat
finem civitatis, ut ex hoc appareat quid sit iustum simpliciter, et quid
iustum secundum quid. Et dividitur in partes duas. Primo ostendit, gratia
cuius finis civitas sit instituta. Secundo infert corollarium, ex quo apparet
illud quod intendit principaliter, ibi, quapropter et cetera. Prima in duas.
Primo ostendit, quod civitas non est instituta gratia alicuius boni
particularis, et secundum quid. Secundo ostendit gratia cuius est instituta,
ibi, sed ipsius bene vivere et cetera. Adhuc prima in duas. Primo ostendit,
quod non est instituta gratia ipsius vivere absolute. Secundo, quod nec
gratia commutationis, aut compugnationis, ibi, neque compugnationis gratia et
cetera. In prima dicit, quod si civitas non sit instituta finaliter propter
divitias, nec instituta est gratia ipsius vivere solum, ita quod ipsum vivere
secundum se sit finis ultimus civitatis, sed magis ipsum vivere bene: si enim
vivere absolute esset finis civitatis, quicquid attingeret ad vivere, attingeret
ad finem civitatis: sed servi et bruta animalia attingunt ad vivere absolute,
quare attingerent ad finem civitatis: sed non attingunt, quia felicitas,
finis est civitatis: ipsa autem non participant felicitatem nec attingunt ad
ipsum vivere secundum electionem: quare manifestum est, quod civitas non est
instituta gratia ipsius vivere absolute. |
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[89326] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 7 Deinde cum dicit neque compugnationis ostendit, quod
nec gratia compugnationis, et commutationis eorum adinvicem. Et dividitur in
duas, secundum quod hoc dupliciter probat. Secunda, ibi, quod autem hoc modo
et cetera. Adhuc prima in duas. In prima ponit conclusionem rationis quam
intendit. In secunda probat eam, ibi, etenim utique Tyrrheni et cetera. In
prima dicit quod civitas non est instituta gratia compugnationis ad inimicos,
ut a nullo possint pati iniustitiam; nec gratia commutationis faciendae; nec
propter aliquos contractus, vel usus, qui possunt fieri inter homines
adinvicem. |
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[89327] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 8 Deinde cum dicit etenim utique probat; et dicit quod si
civitas esset instituta propter ista, quae dicta sunt, tunc Tusci et
Carthaginenses, qui habent aliquos contractus adinvicem, essent sub una
civitate: sed hoc est falsum: quare civitas non est instituta gratia alicuius
commutationis, nec compugnationis. Circa istam rationem sic
procedit. Primo probat consequentiam. Secundo destruit consequens, ibi, sed
neque magistratus. In prima dicit,
quod si civitas esset instituta, gratia compugnationis et commutationis et
contractuum, qui possunt fieri adinvicem, tunc Tusci et Carthaginenses, et
omnes inter quos sunt et fiunt aliqui contractus, essent sub una civitate:
sunt enim istis pacta de introductibilibus, sive de rebus apportabilibus
adinvicem, ut res unius civitatis possint apportari ad aliam civitatem, et
commutari. Iterum conventiones habent, quod non faciant sibi adinvicem
iniustitiam de compugnatione: quare isti essent sub una civitate contra
inimicos iuvando se adinvicem. |
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[89328] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 9 Deinde cum dicit sed neque destruit consequens,
probando ipsum esse falsum. Et dividitur in duas, secundum quod dupliciter
probat. Secunda ibi, neque quales quosdam et cetera. In prima dicit, quod
manifestum est, quod non sit una civitas, quia civitas una unum principatum
habet: sed cives Tusci, et Carthaginenses, et alii quibus sunt contractus
adinvicem, non sunt sub uno principatu, sed sub diversis principatibus. Alius
est enim principatus Tuscorum, et Carthaginensium: quare, manifestum est,
quod isti non sunt sub una civitate. |
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[89329] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 7 n. 10 Deinde
cum dicit neque quales ponit secundam rationem ad destruendum consequens. Et
dicit quod manifestum est quod isti non sunt sub una civitate, quia isti
Tusci non curant quales debent esse secundum virtutem Carthaginenses, nec e
converso; nec curant quomodo nullus eorum iniustus sit, nec qualiter nullus
habeat malitiam, nec ad hoc laborant, nec ad hoc cooperantur; sed solum
intendunt quod non faciant sibi adinvicem iniustitiam. Sed quicumque curant
de bona legislatione considerant de virtute et malitia, ut malitiam repellant
a civibus et faciant eos virtuosos: hoc enim intendit bonus legislator: quare
manifestum est quod bona et vera civitas et non secundum sermonem tantum,
debet esse sollicita de virtute, ut faciat cives virtuosos. Quamvis tamen
isti non curent adinvicem quales sint secundum virtutem, nec ad hoc laborent,
habent tamen aliquam communicationem; nam iuvant se in pugnando contra
inimicos, et communicant in commutationibus et in contractibus, et sic de
aliis. Similiter dicendum est ita, quod si sint duae civitates remotae
secundum situm, quandoque tamen in commutationibus et aliis contractibus
communicant et iuvant se adinvicem in compugnando contra inimicos,
differentes tantum in hoc a propinquis secundum locum, quia istae propinquae,
illae remotae. Et pactum est eis lex, quod non faciant sibi adinvicem
iniustitiam non quod faciant se bonos cives: sicut proverbialiter dixit
Lycophron sophista quod pactum inter aliquos habitum fideiussor est, quod non
faciant sibi adinvicem iniustitiam; non quod bonos seinvicem faciant, nec et
quales sint secundum virtutem, scilicet boni vel iusti. |
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[89330] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 11 Deinde cum dicit quod autem ponit secundam rationem ad
probandum quod civitas non est instituta gratia compugnationis et
commutationis et aliorum contractuum. Posset enim aliquis dicere quod si
Tusci et Carthaginenses essent propinqui et commorarentur simul in uno loco
et communicarent in communicationibus et contractibus aliis, essent una
civitas. Hoc removet per istam rationem. Et dividitur in
duas. In prima ponit rationem quasi procedens narrative. Secundo concludit conclusionem principaliter
intentam, ibi, ex quo patet et cetera. In prima dicit, palam esse ex dictis,
quod hoc modo se habeat, sicut dictum est, quod civitas non instituta sit
gratia compugnationis, nec commutationis, nec aliorum contractuum. Si enim
duae civitates distinctae, sicut Megarensium et Corinthiorum, essent
propinquae secundum situm, ita quod se tangerent et circumvolverentur uno
muro, adhuc non esset una civitas, quia posset contingere quod haberent
diversos principatus et diversas politias, et manifestum est quod tunc non
esset una civitas, etiam dato quod communicarent sibi adinvicem secundum
connubia, ut aliqui civium Megarensium contraherent cum aliquibus Corinthiorum;
quamvis ista communicatio sit una de propriis communicationibus quae fiunt in
civitatibus. Homines enim unius civitatis frequenter contrahunt cum aliis
eiusdem civitatis. Adhuc tamen non esset una civitas, quia istud possent
facere diversae civitates. Eodem modo si aliqui separati essent secundum
locum et haberent diversas habitationes, non tamen tantum distarent quod non
possent adinvicem communicare, sed haberent leges quod in commutationibus
faciendis adinvicem non inferrent iniuste sibi molestias, ut si aliquis esset
faber, alius coriarius, alius agricola, alius haberet aliquam artem aliam, et
essent in aliqua magna multitudine, sicut si essent decem millia, et in nullo
alio communicarent adinvicem, quam in commutatione rerum et in compugnando contra
inimicos, adhuc non esset una civitas; quia ista possunt contingere
habitantibus in diversis civitatibus. Quae igitur est causa propter quam non
est civitas una ? Non est dicendum quod propter hoc non sunt propinquae
secundum situm cum non sint sub una civitate, ita quod non esse propinquos
secundum situm faciat civitatem non esse unam et esse propinquum faciat
civitatem esse unam: quia si aliqui sic convenirent quod essent propinqui
secundum situm et communicarent adinvicem, si tamen quilibet haberet domum
suam et uteretur ea sicut civitate, quae communis est pluribus, et iuvarent
se adinvicem contra inimicos iniuriantes eis, sed in nullo alio
communicarent, non esset civitas una. Et hoc manifestum est diligenter
consideranti; quia possibile est quod sint sub diversis principatibus et
politiis, et tunc manifestum est quod non sunt sub una civitate. Iterum dato
quod sic essent congregati, ut adinvicem colloquerentur et divisim de
contractibus faciendis, adhuc non esset civitas una, quia possibile esset
quod haberent diversas politias et principatus. |
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[89331] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 12 Deinde cum dicit manifestum igitur concludit
conclusionem principalem. Et dicit quod manifestum est quod civitas non est
communicatio loci, nec civitas finaliter instituta est ut adinvicem non
faciant iniusta, nec gratia commutationis: tamen si debeat esse civitas:
oportet ista existere, aliter enim non esset civitas: tamen istis solum
existentibus non est primo. |
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[89332] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 13 Deinde cum dicit sed ipsius ostendit gratia cuius
instituta est. Et dividitur in duas. In prima ostendit quid est civitas
simpliciter. In secunda ostendit quis est finis civitatis gratia cuius
instituta est, ibi, finis est et cetera. In prima dicit quod bene dictum est
quod communicatio loci non est civitas, sed communicatio bene vivendi
composita ex domibus et diversis generibus gratia vitae perfectae, et per se
sufficientis, est civitas. Et per hoc quod dicit, communicatio bene vivendi,
innuit causam formalem: per hoc quod dicit composita ex domibus, tangit
causam materialem propinquam: per hoc quod dicit ex diversis generibus,
tangit causas materiales remotas: per hoc quod dicit gratia vitae perfectae etc.
tangit causam finalem. Sed haec non contingunt esse nisi habitantibus eumdem
locum et nisi coniungantur secundum connubia. Et propter hoc in civitate
fiunt affectiones amicitiae factivae et conservativae, et confraternitates,
quae sunt communicationes adinvicem in comestionibus et potibus vel in aliis.
Similiter fiunt sacra et conversationes et solatia propter ipsum convivere:
et ratio huius est, quia amicitia multum necessaria est in civitate. Amicitia enim
eligitur propter convivere, sine autem convivere non est civitas: quare
amicitia necessaria est ad civitatem: sed ista quae dicta sunt, necessaria
sunt ad amicitiam; et ideo ista ordinata sunt in civitate. |
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[89333] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 14 Deinde cum dicit finis quidem ostendit gratia cuius
finis instituta est civitas. Et dicit quod finis civitatis propter quod
civitas instituta est, est ipsum bene vivere. Civitas autem et illa quae
ordinantur ad civitatem, sunt propter finem. Civitas enim est communicatio bene
vivendi composita ex generibus diversis et gratia vitae perfectae et per se
sufficientis. Hoc autem est vivere feliciter: bene autem vel feliciter vivere
in politicis, est operari secundum optimam virtutem practice. Et propter hoc
manifestum est quod communicatio politica consistit in communicatione bonarum
actionum, et consistit in ipso vivere absolute. Apparet igitur quod finis
propter quem instituta est civitas bene ordinata, est secundum virtutem
perfectam vivere vel operari, et non ipsum convivere. [89334] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 7 n. 15 Deinde cum dicit propter quod
infert corollarium ex quo apparet principale intentum. Et dicit quod, cum
finis civitatis sit feliciter vivere practice, feliciter autem vivere sit
operari secundum optimam virtutem practicam, quae est prudentia, et
communicatio politica consistit in huiusmodi actionibus; manifestum est quod
illi qui plus addunt ad talem communionem plus addunt ad civilitatem, et plus
civitatis pertinet ad istos quam ad illos qui sunt aequales in libertate vel
genere, et quam ad illos qui sunt maiores in genere, tamen minores et
inaequales secundum virtutem politicam. Iterum plus attinet illis de eis quae
pertinent ad civitatem, quam illis qui excedunt alios in divitiis, sed exceduntur
ab aliis in virtutibus. Ex quo apparet, quod si iustum est aequale aliquarum
rerum aliquibus personis secundum dignitatem in ordine ad finem, quod in
politia illa in qua ponitur rectus finis, est iustum simpliciter. Iustum
enim, ut dictum est, attenditur secundum dignitatem in ordine ad finem, sicut
in regno et politiis rectis universaliter. In politia autem in qua ponitur
finis non rectus, non est iustum simpliciter. Tales autem sunt status popularis et paucorum; et ideo
in talibus non est iustum simpliciter. Quod erat principale intentum, gratia
cuius induxit totam inquisitionem de fine civitatis. Nunc recapitulat, et
dicit quod manifestum est ex determinatis, quod omnes illi qui adversantur de
iusto non tetigerunt iustum simpliciter, sed iustum secundum quid tantum. |
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Lectio
8 |
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[89335] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 1 Postquam philosophus distinxit politias secundum
distinctionem principatuum, et declaravit cuius gratia civitas est instituta,
in parte ista inquirit quem oportet esse principantem in civitate. Et quia
principatus debet distribui secundum excessum alicuius boni, inquirit
secundum cuius excessum debeant distribui. Et secundum hoc dividitur ista
pars in duas partes. In prima inquirit quem oportet esse principantem in
civitate. Secundo inquirit secundum cuius excessum debeat distribui, ibi,
quoniam autem et cetera. Prima in duas. In prima movet dubitationem, tangens
quasi solutionem. Secundo arguit contra solutionem, ibi, sed haec et cetera.
In prima dicit quod postquam determinatum est ad quod politiae debent
distingui secundum distinctionem principatuum, sequitur dubitatio, scilicet
quem oportet dominantem esse in civitate. Cum autem oporteat aliquem esse
dominantem: aut dominabitur multitudo, sicut in politia quae est status
popularis; aut divites ut in statu paucorum; aut virtuosi, sicut in statu
optimatum; aut unus optimus, sicut in regno; aut unus pessimus, sicut in
tyrannide. [89336] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 2 Deinde cum dicit sed haec omnia
arguit contra ista singula, et ad minus contra plura. Et dividitur in duas.
In prima facit quod dictum est. Secundo specialiter inquirit, utrum magis
expediat multitudinem dominari aut paucos virtuosos, ibi, de his et cetera.
Prima adhuc in duas. Primo arguit quod non expedit dominari multitudinem, aut
divites. Secundo quod nec unum studiosum, ibi, sed unum et cetera. Adhuc
prima in duas. Primo ostendit quod non expedit multitudinem dominari.
Secundo, quod nec paucos divites, ibi, ergo ne pauciores et cetera. Prima in
tres, secundum quod probat per tres rationes quod non expedit multitudinem
dominari. Secunda, ibi, rursumque et cetera. Tertia, ibi, adhuc et actiones
et cetera. In prima dicit quod omnia ista videntur habere difficultatem. Si
enim dicatur quod expedit multitudinem pauperum dominari, cum huiusmodi
multitudo potentiam habeat et sine virtute, sic sequetur quod diripient
propter indigentiam et potentiam bona divitum. Sed est ne hoc iniustum ?
Quasi diceret, sic. Secundum enim virtutem civitas debet habere dominium
iustum. Quare manifestum est quod iniustitia extrema est haec, idest pessima.
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[89337] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 3 Deinde cum dicit rursumque omnibus ponit secundam
rationem. Et dicit quod, si dicatur quod expedit multitudinem dominari,
sequetur sicut prius, quod diripient bona divitum et paucorum, sicut
virtuosorum. Sed hoc est destruere civitatem. Sed virtus non destruit illud
cuius est, quod habet eam, nec quod iustum est corrumpit civitatem: quare
manifestum est quod illa lex quae praecipit multitudinem dominari, non est
iusta: non igitur expedit multitudinem dominari. |
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[89338] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 4 Deinde cum dicit adhuc et ponit tertiam rationem. Et
dicit quod omnes operationes, quas facit tyrannus, ut tyrannus est, iniustae
sunt, quia tyrannus per potentiam suam violentiam facit et accipit bona
subditorum: talis autem operatio iniusta est. Sed ubi multitudo dominatur,
facit violentiam divitibus ad modum tyranni diripiendo bona eorum; et ideo
manifestum est quod multitudo est sicut tyrannus: quare operationes
multitudinis sunt iniustae, ergo non expedit multitudinem dominari. |
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[89339] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 5 Deinde cum dicit ergo ne ostendit quod non est iustum
dominari paucos divites. Et dividitur in duas. In prima ostendit quod non
expedit paucos divites dominari. Secundo quod nec virtuosos, sive paucos sive
plures, ibi, sed epiiches et cetera. In prima dicit quasi interrogando: est
ne iustum pauciores divites dominari in civitate ? Quasi dicat: non est
iustum pauciores dominari, quia per potentiam suam diripient bona pauperum et
possessiones; sicut e contrario multitudo si dominaretur; et sic iustum esset
divites diripere bona multitudinis et e contrario iustum esset multitudinem
diripere bona divitum. Sed hoc est iniustum, ut visum est: quare manifestum
est quod pravum et iniustum est et non studiosum divites paucos dominari. |
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[89340] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 6 Deinde cum dicit sed epiiches ostendit quod non est
iustum dominari virtuosos, sive plures, sive paucos. Aliquis enim diceret
quod verum est quod non expedit dominari nec paucos divites, nec multitudinem;
sed bene expedit et iustum est virtuosos dominari et esse dominos inter
omnes. Sed istud videtur esse falsum: quia si soli virtuosi principentur,
omnes alii erunt inhonorati, quia non attingunt ad honorem principatus, quia
principatus honores sunt. Sunt enim praemium virtutis, et hoc est honor,
sicut dicitur primo et quarto Ethicorum. Ergo qui non attingit ad
principatum, non attingit ad honorem. Principantibus igitur virtuosis alii
remanent inhonorati: sed hoc est inconveniens. Est enim hoc causa
dissensionis: omnes enim appetunt honorem naturaliter, propter quod appetunt
honorari a bonis et sapientibus qui melius et rectius possent iudicare. Si
ergo auferatur eis honor, sequitur dissensio et multa mala in civitate: quare
non est iustum virtuosos dominari. |
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[89341] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 7 Deinde cum dicit sed unum ostendit quod non est iustum
dominari unum virtuosum. Et dividitur in partes duas. In prima facit quod
dictum est. In secunda, quia posset aliquis dicere quod non expedit hominem
principari, sed hominem per legem ostendit contrarium, ibi, sed forte dicet
et cetera. In prima dicit quod non expedit unum virtuosum valde principari;
quia si unus valde virtuosus dominetur, plures erunt inhonorati honore
principatus: sed hoc est inconveniens. Ex hoc enim sequuntur dissensiones in
civitate et perturbationes, sicut dictum est. Iterum videbitur politia peior
esse quam status paucorum, quia in principatu paucorum pluribus impenduntur,
in ista autem uni. Hoc autem peius videtur esse, quia malum quanto magis
divisum est, tanto minus existit et tolerabilius est: quare manifestum est
quod non expedit unum virtuosum dominari. |
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[89342] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 8 Deinde cum dicit sed forte quia diceret aliquis, quod
lex debet dominari non homo, arguit contra hoc. Et primo ponit rationem per
quam videtur quod lex debet dominari. Secundo arguit in contrarium, ibi, si
igitur et cetera. In prima dicit quod pravum et iniustum est hominem
principari et non legem, quia homo habet passiones sibi coniunctas. Passiones
autem distrahunt voluntatem et faciunt deviare a recto fine, et per
consequens pervertunt iudicium rationis. Lex autem nullas habet passiones:
quare per legem non contingit deviare e recto iudicio rationis. Cum igitur
melius et iustius sit illum principari qui non potest deviare a recto fine,
quam illum qui potest, et homo potest deviare a recto fine, lex vero non;
manifestum est quod iustum est legem dominari, non hominem. [89343] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 9 Deinde cum dicit si igitur arguit in
contrarium; et dicit quod non videtur esse verum quod legem sit iustum
dominari universaliter; quia contingit leges esse pertinentes ad potentiam
paucorum vel multorum; et tales leges datae et ordinatae sunt in ordine ad
finem illarum. In illis autem non supponitur rectus finis simpliciter, sicut
praedictum est: ergo nec leges istae sunt iustae simpliciter. Quare
manifestum est quod non differt quid dicatur, sive legem, sive aliud aliquid
aliorum principari; quia semper idem accidit inconveniens, sicut prius
ostensum est de omnibus. [89344] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 10 Deinde cum dicit de aliis omissis
aliis, specialiter descendit ad inquirendum utrum magis expediat
multitudinem, aut paucos virtuosos dominari. Et dividitur in duas. In prima
praemittit quod omissis aliis, de quibus non est argutum, quia altera ratio
est (manifestum est enim quod unum pessimum non expedit dominari, quia hoc
est per se manifestum), altera ratio de hoc et de aliis, quia de aliis est
dubium, sed de hoc non; ideo philosophus non arguit ad istud. Sed inquirendum
est, utrum multitudinem magis expediat dominari, quam virtuosos, paucos
tamen. Hoc enim videtur habere dubium et solutionem qua dissolvitur ratio,
quae in oppositum adducebatur prius; et magis videtur esse verum et expediens
multitudinem principari debere quam paucos virtuosos. [89345] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 11 Deinde cum dicit multos enim
prosequitur; et primo ostendit quod magis expediat multitudinem dominari quam
paucos virtuosos. Secundo solvit dubitationem, et quamdam aliam annexam illi,
ibi, quapropter et cetera. Prima in duas. Primo declarat unam propositionem.
Secundo arguit ex illa, ibi, si igitur et cetera. Adhuc prima in duas. Primo
manifestat illam propositionem. Secundo ponit differentiam inter aliqua de
quibus erat mentio facta, ibi, multos enim et cetera. In prima dicit, quod si
sint multi non virtuosi simpliciter, cum convenient in aliquod unum, facient
unum aliquod studiosum, non sic quidem, ut quilibet faciat aliquid studiosum
per se, et aliquid melius, sed omnes simul faciant unum aliquid studiosum, et
sunt aliquid melius quam quilibet divisim acceptus. Et hoc declaravit per
simile; et dicit, quod sicut illi qui faciunt coenam ad communes expensas et
quilibet modicum apportat, quod autem collectum est ex omnibus apportatis
magnae quantitatis est, sic est in proposito, si sint multi et quilibet
aliquid habeat virtutis et prudentiae, cum convenerint in unum facient unum
aliquid magnum et virtuosum. In quo enim unus deficit, contingit alterum
abundare; ut si unus non inclinetur ad fortitudinem alter inclinabitur; et si
alius non inclinetur ad temperantiam, alter inclinabitur: et ubi unus non
poterit praevidere bene, alter poterit: et sic cum convenerit, facient quasi
unum hominem virtuosum et perfectum: hominem dico habentem multitudinem
sensuum, per quos discernere possit, et multitudinem manuum et pedum per quae
possit moveri ad operationem et operari. Similiter etiam quantum ad mores et
quantum ad intellectum se habet. Ex omnibus enim, cum convenerint, efficietur
quasi unus homo perfectus secundum intellectum, quantum ad virtutes
intellectuales, et secundum appetitum quantum ad morales. Et adducit aliud
simile: dicens, quod propter hoc quod multi sunt aliquid melius simul iuncti,
quam quilibet illorum, contingit quod opera musicalia, et opera poetarum
melius facta sunt et ducta ad perfectionem per plures quam per unum. Sic enim
inventae fuerunt artes et scientiae; quia primo unus invenit aliquid et illud
tradidit et forte inordinate: alius post hoc accepit illud et addidit et
totum tradidit et magis ordinate; et sic consequenter donec perfecte artes et
scientiae inventae sunt: et manifestum est quod aliqui aliqua invenerunt, sed
omnes simul omnia: et manifestum est quod plus est et perfectius illud quod
omnes invenerunt quam illud quod quilibet per se. [89346] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 8 n. 12 Deinde cum dicit sed hoc differunt ponit
differentiam inter unum virum studiosum simpliciter, et quemlibet illorum, ex
quibus cum convenerint in unum, factum est aliquid studiosum. Et dicit quod
viri studiosi, sive virtuosi, differunt a quolibet illorum multorum ex quibus
cum convenerint in aliquod unum, fit aliquid virtuosum, sicut bonus differt a
non bono; quoniam viri virtuosi boni simpliciter sunt; sed quilibet istorum
secundum se acceptus non est bonus, quia non est virtuosus perfecte. Iterum
differunt viri studiosi ab istis divisim acceptis, sicut picta per artem
differunt a veris. Circa quod intelligo quod pictor volens aliquid pingere
per artem, sicut imaginem hominis, considerat bonam dispositionem oculorum in
isto dimittens malas dispositiones aliorum membrorum; similiter considerat
bonam dispositionem manus in alio dimittens malas dispositiones aliorum
membrorum; et sic considerat meliores dispositiones aliorum membrorum in
diversis et dimittit turpes: tunc ex omnibus istis collectis facit imaginem
pulchriorem quam sit quilibet illorum ex quibus aliquid accepit. Et
manifestum est quod quilibet illorum ex quibus aliquid accepit aliquid
pulchritudinis habet, sed non simpliciter; illud autem quod acceptum est ex
istis, simpliciter pulchrum est. Sic similiter in proposito, quilibet istorum
multorum aliquid habet virtutis, sed non est simpliciter virtuosus: id autem
quod simpliciter collectum est ex ipsis, simpliciter virtuosum est. Et hoc
est quod intendit, cum dicit artificiose, eo quod illa vera
simpliciter accepta sunt collecta in unum, et imago illa quae componitur
simul ex partibus bene dispositis in diversis existentibus, pulchrior est
quam unumquodque illorum, in quorum uno invenitur pulcher oculus, in alio
autem pulchra manus: convenit enim bene invenire seorsum unum habentem oculum
pulchriorem quam sit pictus quamvis in aliis deficiat; similiter aliquem
habentem pulchram manum, quam sit picta, quamvis in aliis deficiat; similiter
in aliis particulis. Similiter in proposito, differt vir studiosus ab
unoquoque illorum qui dicti sunt; quia omnes bonas dispositiones secundum
animam habent coniunctim, et in uno supposito unusquisque illorum unam aut in
qua forte poterit excedere virtuosum, simpliciter tamen excedetur ab eo. [89347] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 8 n. 13 Deinde cum dicit siquidem igitur ex
ista propositione declarata arguit dicens, quod immanifestum est utrum
huiusmodi differentiam contingat esse circa multitudinem, et circa populum
totum ad paucos virtuosos, quod scilicet tota multitudo melior sit quam illi
pauci virtuosi. Tamen secundum virtutem in quibusdam est impossibile: hoc est
enim quaedam multitudo bestialis, cuius homines inclinantur ad actus
bestiales, et parum rationis habent. Et in tali multitudine non est verum,
quod ex illis hominibus possit fieri aliquid virtuosum, si conveniant in
unum. Alia est multitudo in qua quisque habet aliquid virtutis et prudentiae,
et inclinantur ad actum virtutis: et in tali verum est, quod illud quod fit
ex istis, cum conveniunt in unum, est aliquid virtuosum. Et hoc est quod
dicit philosophus quod in aliqua multitudine non est verum, quod illa
multitudo faciat aliquid virtuosum, sed in aliqua multitudine potest habere
veritatem. Ex quo potest formari ratio sic. Melius est principari quod melius
et studiosius est; sed contingit aliquam multitudinem esse meliorem et magis
studiosam paucis virtuosis, ut probatum est, ergo et cetera. Lectio 9 [89348] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 1 Postquam philosophus movit
dubitationem, utrum magis expediat multitudinem dominari quam virtuosos, in
parte ista solvit eam, et quamdam annexam illi: et habet duo. Primo infert
solutionem quaestionis ex determinatis, et ponit quaestionem annexam. Secundo
solvit illam, ibi, participare et cetera. In prima dicit, quod propter ea
quae dicta sunt, potest solvi dubitatio, qua quaeritur: utrum magis expediat
dominari multitudinem, quam paucos virtuosos: apparet enim ex dictis, quod
duplex est multitudo. Una quidem bestialis, in qua nullus habet rationem vel
modicam, sed inclinatur ad bestiales actus; et manifestum est, quod istam non
expediat dominari aliquo modo, quia sine ratione est et coniunctim et
divisim. Alia est multitudo ubi omnes aliquid habent rationis et inclinantur
ad prudentiam, et bene suasibiles sunt a ratione: et talem expedit magis
dominari, quam paucos virtuosos: quamvis enim quilibet non sit virtuosus,
tamen quod fit ex omnibus cum conveniunt, est virtuosum. Et sic apparet
solutio quaestionis; quia ubi est talis multitudo, expedit eam magis dominari
quam virtuosos: ubi non est talis, sed bestialis, nullo modo expedit. Poterit
etiam per hoc solvi quaestio alia consequenter se habens ad illam; scilicet
utrum oporteat multitudinem et liberos dominos eligere, et eos corrigere, et
quorum expedit eos esse dominos, si expediat. Et qui sunt illi, de quibus
movet quaestionem, exponit: huiusmodi enim sunt qui non habent aliquam
dignitatem sive bonum virtutis. [89349] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 2 Deinde cum dicit participare quidem
solvit quaestionem. Et primo solvit eam. Secundo solutionem confirmat per
leges antiquorum, ibi, quapropter et cetera. Prima in tres. In primo ostendit
quod inconveniens et non securum est multitudinem principari. Secundo, quod
terribile est eos nullo modo participare principatum, ibi, non tradere.
Tertio, quod expedit aliquo modo, ibi, restat utique et cetera. In prima
dicit, quod liberos et multitudinem attingere ad principatum, maximum et
primum periculum est: isti enim iniustitiam et imprudentiam habent, et
propter imprudentiam deficerent a recte iudicando, et propter iniustitiam
inclinabuntur ad opera iniusta: et ideo sequetur quod multa mala facient
quantum ad seipsos, et multa iniusta quantum ad alios, eis iniuriando et
molestando: hoc autem est periculosum; ergo tales participare principatu
inconveniens est maximum. [89350] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 3 Deinde cum dicit non tradere
ostendit, quod terribile videtur esse, eos nullo modo participare honoribus:
et quod si nullo modo concedatur eis principatus, nec attingant ad ipsum,
inconveniens et terribile videtur, quia reputabunt se inhonoratos; et cum
sint multi et pauperes, sequetur seditio et turbatio in civitate: sed istud
est terribile. [89351] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 4 Deinde cum dicit restat utique
concludit tertium. Et dicit quod ex quo sequuntur multa mala in civitate, si
nullo modo attingant ad principatum, relinquitur, quod participare debent
principatu aliquo modo, saltem quantum ad consiliativum et iudicativum. [89352] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 5 Deinde cum dicit propter quod
confirmat solutionem per leges et ordinationes antiquorum; et dividitur in
partes duas. In prima facit quod dictum est. In secunda arguit contra
ordinationes illorum, ibi habet autem ordinatio et cetera. In prima dicit,
quod quia dictum est, si multitudo nullo modo participet principatu,
sequentur multa mala, sicut seditio et turbatio in civitate. Solon legislator
Atheniensium, et quidam alii legislatores statuerunt multitudinem in eligendo
et corrigendo principes; tamen noluerunt quod quilibet sigillatim haberet
potestatem in eligendo et corrigendo; et hoc rationabiliter; quia quilibet
secundum se virtutem non habet: et ideo deficeret in eligendo et corrigendo.
Et dicimus, quod isti noluerunt quod quilibet haberet potestatem in eligendo
et corrigendo principantem propter causam dictam, sed omnes insimul. Et ratio
huius est, quia quamvis quilibet non habeat virtutem perfectam, unde recte se
possit habere in principatu, tamen tota multitudo sufficienter virtutem
habet, et discretionem in eligendo et corrigendo: in ista enim multitudine
sunt sapientes et virtuosi aliqui, et aliqui non; et plus valet quod sumantur
isti omnes simul, quam si sumerentur virtuosi et sapientes solum: sic enim
est hic, sicut est de alimento: alimentum enim impurum sumptum cum puro, plus
proficit quam alimentum impurum, si per se assumatur: impuri enim alimenti
malitia et improbitas per purum sibi permixtum corrigitur, et ex eis
commixtis fit bonum alimentum, et impurum ad aequalitatem redigitur: sic in
republica insipientes in consulendo et decernendo quodammodo rectificantur a
sapientibus, ut possint aliquo modo reipublicae prodesse. [89353] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 6 Deinde cum dicit habet autem obiicit
contra istam ordinationem antiquorum: et dividitur in duas secundum quod
dupliciter obiicit. Secunda, ibi, alia autem est habita et cetera. Prima in
duas. In prima tangit obiectionem. Secundo solvit, ibi, sed forte et cetera.
Adhuc prima in duas. Primo praemittit duas propositiones. Secundo arguit ex
illis, ibi, quare secundum et cetera. Prima in duas, secundum quod duas
propositiones proponit. Secunda, ibi, deinde circa electionem et cetera. In
prima dicit: ita dictum est quod Solon et quidam alii legislatores
ordinaverunt, quod multitudo haberet potestatem in eligendo, et corrigendo
principatum. Videtur quod haec ordinatio habet dubitationem. Et ad
declarationem praemittit istam propositionem. Cuius est aliquem medicari et
sanare ab aegritudine praesente, eius est iudicare quis recte sanatus est:
hoc autem facit medicus. Et ratio propositionis est, quia cuius est aliquid
facere per deductionem ex causis et principiis, eius est resolvere ipsum
usque ad primas causas, considerando ex quibus et qualibus causis est et
habet esse: hoc autem est iudicare; ergo eiusdem est aliquid constituere, et
iudicare de ipso: similiter est in aliis artibus: sicut enim medicus in
medicinalibus iudicat et corrigit, similiter et alii in suis artibus.
Ulterius dicit quod medicus triplex est: unus quidem est qui non novit artem,
sed ordinata ab aliis aliqualiter scit applicare ad opus. Alius est artifex
principalis, qui novit simpliciter omnes causas et principia medicinae; et
tertius est expertus qui aliqua novit, sed non simpliciter. Cum igitur
dicimus medicum iudicare de eo quem sanat, intelligimus de medico secundo et tertio
modo. Et sicut circa medicinam est considerare triplicem medicum, scilicet
practicum, scientem et expertum, sic circa omnes alias artes fere: in omnibus
autem ipsis iudicium rectum, de his quae sub ipsis sunt, attribuimus non
minus, idest parum minus expertis quam ipsis scientibus. Dicit autem non
minus, quia scientes simpliciter in omnibus melius iudicant. [89354] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 7 Deinde cum dicit deinde circa
proponit secundam propositionem; et dicit, quod sicut est circa iudicium, sic
est circa electionem, quod scientis est recte eligere, et hoc est opus eius,
sicut geometra iudicat recte de geometricis, et gubernator de gubernativis,
et sic de aliis. Et ratio huius est. Electio enim est appetitus praeconsiliantis,
consilium autem est ratiocinatio de eis quae sunt ad finem, ratiocinari autem
recte de his quae sunt ad finem scientis est. Quare manifestum est, quod opus
scientis est iudicare, et recte eligere. Et si idiotae aliqua recte eligant,
non tamen sicut scientes, nec magis ipsis; quia si recte eligant, vel
iudicent, hoc est a casu; non sic autem sapientes. [89355] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 8 Deinde cum dicit quare secundum ex
istis duobus arguit, quod non expedit populum habere potestatem in eligendo
et corrigendo principatum; dicens, quod manifestum est ex dictis, quod non
expedit multitudinem habere dominium in electione et correctione principum,
quia sicut dictum est, scientis est eligere, et corrigere prudentis; sed
multitudo et ignorans et imprudens est; quare non expedit multitudinem
dominari in eligendo et corrigendo. [89356] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 9 Deinde cum dicit sed forte solvit
istam dubitationem: et dividitur in duas, secundum quod dupliciter removet
ipsam. Secunda ibi, et quia de quibusdam et cetera. In prima dicit, quod
forte omnia ista non habent veritatem, nec bene dicta sunt; et hoc propter
rationem superius dictam. Si enim sit multitudo non vilis, sive bestialis, sed
aliquid habens rationis et virtutis, bene etiam suasibilis, habens sapientes
a quibus recte suadeatur, talem multitudinem simul sumptam bene expedit
habere potestatem in eligendo et corrigendo principem, et si unusquisque
illorum non habeat sufficienter rationem et virtutem, per quam possit recte
eligere et corrigere, tamen omnes simul habent, et constitutum ex omnibus cum
conveniunt, virtuosum est simpliciter. Ex quo apparet, quod philosophus
respondet per interemptionem minoris cum dicebatur quod multitudo est
imprudens et ignorans: verum est si fuerit talis, sicut dictum est. Et dicit forsan
quia in aliqua politia non expedit multitudinem habere potestatem in eligendo
et corrigendo, sicut in regno. In regno enim si unus sit simpliciter prudens
et alii regantur quasi dominativo principatu, ut inferiores obediunt
superiori, non expedit multitudinem habere potestatem; sed in politia, ubi
multitudo est aequalis expedit. [89357] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 10 Deinde cum dicit et quia de secundo
removet obiectionem quasi interimendo maiorem; et dicit quod istud quod
accipiebatur quod scientis solum secundum unamquamque artem est iudicare de
opere suo, non habet veritatem, puta si sint aliqui qui fecerunt aliqua
opera, et tamen non utantur illis, non est verum quod illi bene iudicent; sed
illi qui utuntur recte iudicant; sicut non solum aedificator iudicat domum,
immo melius iudicat ille qui ea facta utitur, sicut paterfamilias: similiter
nauta gubernaculum accipit a carpentario, et melius iudicat de ipso quam
carpentarius; sic et conviva de epulis melius iudicat quam coquus. Haec ergo
dubitatio isto modo videtur esse dissoluta sufficienter. Similiter etiam est
in proposito quod melius iudicat qui utitur principatu; hoc autem est multitudo.
Et est intelligendum quod tres sunt artes se habentes per ordinem. Una quidem
est quae versatur circa materiam, sicut est illa quae praeparat materiam,
sicut est lignorum dolativa et praeparativa. Alia est quae in materia
dispositiva introducit formam, sicut navifactiva. Tertia est usualis quae
utitur nave facta. Et istae sic se habent: quod prima rationem operandi habet
a secunda, et est propter ipsam: disponit enim sic ligna, quia talis forma
quam considerat debet introduci in materiam talem; et tamen ipsa secundum se,
formam illam non novit. Similiter secunda rationem operandi habet ex tertia
et est propter ipsam; talem enim formam inducit in lignis, cui competit talis
finis qui consideratur a tertia quae dicitur usualis; et ideo etiam considerat
causam omnium aliarum primam. Per resolutionem autem ad primam causam
iudicatur de re certius; et ideo usualis rectius iudicat quam ille qui formam
inducit in materia. Si autem sit aliqua scientia quae aliquid constituat in
esse et eo utatur, ista melius iudicat et certius omnibus. [89358] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 11 Deinde cum dicit alia autem ponit
secundam obiectionem contra illam ordinationem; et dividitur in duas. In
prima ponit obiectionem. In secunda solvit, ibi, similiter itaque et cetera.
In prima dicit quod alia est dubitatio contra illam ordinationem se habens ad
primam: inconveniens enim est pravis et imprudentibus committere maxima; sed
electio et correctio principum maxima sunt in civitate; ergo committere ista
pravis inconveniens est: sed multitudo prava et imprudens est; ergo
inconveniens est multitudinem habere potestatem in corrigendo et eligendo
super principes et virtuosos. Sed sicut dictum est, in quibusdam politiis
ista commissa sunt populo; multitudo enim in illis dominium habet et in
eligendo et corrigendo, quia in aliqua civitate populares et inferiores
attingunt ad principatum et ad iudicativum et consiliativum, etiam de parvis
honoribus iudicant et praesunt divitibus et ducunt exercitus et principantur
maximis principatibus et magis quam maiores: quare manifestum est quod
ordinationes istorum inconvenientes sunt. [89359] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 12 Deinde cum dicit similiter itaque
solvit dubitationem. Et primo facit hoc. Secundo ostendit quid ex dictis
potest esse manifestum et quid immanifestum, ibi, prima autem dicta dubitatio
et cetera. In prima dicit quod eodem modo ista dubitatio potest solvi, sicut
prima. Forte veritatem habet quod expedit aliquam multitudinem habere
potestatem in electione et correctione principum: in aliqua enim multitudine,
nec iudex, nec consiliator, nec praetor, neque concionator unus per se est
iudex de principatu et dominus in electione, sed totum aggregatum ex
praetorio consilio et populo; et unusquisque illorum pars est aggregata,
scilicet consiliarius et concionator et iudex. Et manifestum est quod expedit
magis dominari totam multitudinem quam aliquos, quia tota multitudo studiosa
magis est quam aliqui pauci. Est enim multitudo ex sapientibus mediocribus et
inferioribus: est enim ibi populus et consilium et praetor. Et manifestum est
quod honorabilior est tota multitudo quam aliquis unus secundum se acceptus
vel aliqui pauci. Et ex his manifestum est, quod obiectio praedicta non valet.
Quod enim dicebatur quod multitudo prava est et imprudens, dicendum quod non
est verum: quamvis enim aliqui sint tales, non omnes tamen. Sed si esset
talis multitudo vilis in qua nullus esset sapiens nec prudens, non expediret
talem habere potestatem in eligendo et corrigendo principes. Et ex his
apparet quod philosophus intendit quod magis expedit totam multitudinem
habere potestatem in eligendo et corrigendo quam paucos: et vocat hic
multitudinem aggregatam ex sapientibus maioribus et prudentibus et mediocribus
et populo: istam totam multitudinem talem magis expedit dominari quam paucos,
vilem tamen multitudinem non expedit. Et dicit forsan, quia in
politia, in qua est unus excellens in virtute, et alii nati sibi obedire, non
expedit multitudinem attingere ad ista; quia duo exiguntur in regimine
politiae. Unum est ratio recta; hoc autem habet ista multitudo per illos
sapientes. Aliud est potentia, ut possit coercere et punire malos: hoc autem
habet per populum. [89360] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 9 n. 13 Deinde cum dicit prima autem ostendit quid est
manifestum et quid immanifestum ex praedicta dubitatione. Et primo ostendit
quid est manifestum. Secundo quid est immanifestum, ibi, quales tamen quasdam
et cetera. Ista litera dupliciter potest exponi. Primo, ut referamus istam
literam ad dubitationem, qua quaerebatur prius, utrum magis expediret
multitudinem dominari quam paucos virtuosos, ut dicamus sic. Dubitatio prima,
scilicet ista quae iam dicta est, nihil aliud manifestat, nisi qualiter lex
dominetur in civitate et qualiter princeps, sive sit unus, sive plures: legem
enim oportet esse dominam et principativam omnium eorum de quibus leges
determinare possunt: principem autem oportet esse dominum de omnibus illis
quae per leges non possunt cum certitudine determinari. Lex enim fertur in
universali; et ideo in aliquo particulari quandoque habet instantiam: non
enim potest legislator praevidere omnia particularia in quibus lex potest
deficere: et ideo quandoque deficit. In isto autem casu princeps dominatur.
Istud vero manifestum est ex praedicta dubitatione et solutione. Oportet enim
in civitate principem habere regulam per quam dirigatur in operationibus suis
et dirigat alios et per quam iudicet: hoc autem potest facere per legem. Quare
oportet legem principari: et quia quandoque non potest per legem iudicare,
quia lex deficit in aliquo casu, non apparet quid in illo casu oportet
principem corrigere; et ideo expedit quod in isto casu princeps dominetur.
Aliter potest exponi, ut referatur litera ad illud quod dictum est prius:
dicebatur enim quod non oportet hominem principari secundum legem, quia
passiones habet coniunctas quae pervertunt iudicium rationis. In contrarium
arguebatur, quia contingit legem esse pravam et talem non expedit principari.
Ex hoc oritur dubitatio, quem expedit magis principari: vel legem vel
hominem: et tunc legatur sic. Dubitatio prima, hoc est prius dicta, aliud non
quaerit, nisi quando oportet legem principari et quando principem sive sit
unus, sive plures. Et sicut prius dictum est, quod legem expedit principari
in illis, in quibus potest cum certitudine terminare, in aliis in quibus non
potest, expedit principem dominari. [89361] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 9 n. 14 Deinde cum dicit quales tamen
ostendit quid est manifestum ex dictis: quia dictum est superius quod leges
quaedam sunt rectae, hoc autem quae sint leges rectae et quae non, adhuc non
est manifestum, sed adhuc est dubitatio de hoc, de quo similiter prius
dubitatum est. Sed de legibus dicendum est sicut de politiis: sicut enim
quaedam politiae sunt pravae et iniustae, et quaedam studiosae et iustae; sic
sunt leges quaedam iustae et studiosae, quaedam pravae et iniustae, quia
leges dantur de conferentibus ad finem politiae: ergo si finis politiae
rectus simpliciter, et politia recta et lex data de his quae fiunt ad talem
finem recta est: si finis politiae non sit rectus, nec politia recta, nec lex
data de conferentibus ad finem talis politiae recta erit: et si hoc, manifestum
est quod leges dantur in habitudine ad politiam et ad finem eius, et
manifestum est quod leges quae dantur secundum politias rectas sunt rectae:
quae secundum transgressiones non rectae sunt. Lectio 10 |
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[89362] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 10 n. 1 Postquam philosophus declaravit quis debet esse
dominans et principans in civitate, ostendit in parte ista secundum cuius
boni excessum debeant distribui principatus; et dividitur in duas. In prima
praemittit intentum suum et causam intenti. Secundo prosequitur, ibi forte
enim et cetera. Prima in duas. In prima ostendit quod finis politiae recte
ordinatae est bonum communiter conferens. Secundo dat intentum suum et causam
intenti, ibi, videtur autem omnibus et cetera. In prima dicit quod in omnibus
artibus et scientiis, scilicet operativis, finis est aliquid bonum, quia
omnis doctrina et ars, similiter autem actus et operatio bonum quoddam
appetere videtur, sicut primo Ethicorum dicitur. Si autem cuiuslibet artis et
scientiae finis est aliquod bonum, principalissimae est finis optimum et
principalissimum; quia in his quae sunt per se, sicut simpliciter ad
simpliciter, ita magis ad magis, et maxime ad maxime. Sed inter omnes
scientias practicas activas politica est principalissima, ut ostensum est in
primo huius: quare finis eius debet esse principalissimum quid et optimum.
Sed bonum intentum in politica est illud quod iustum est simpliciter, idest
in ordine ad quod attenditur iustum simpliciter, et tale est bonum conferens
communiter: ergo bonum communiter conferens est finis in politia. |
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[89363] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 10 n. 2 Deinde cum dicit videtur autem dat intentionem suam cum
causa; et dicit quod omnibus apparet quod iustum est aequale; quod consonat
ei quod dictum est, ubi determinatum est de sermonibus moralibus, scilicet in
Ethicis: ibi enim dictum est quod iustum est aequale in rebus, quae debent
distribui secundum dignitatem et aliquibus et aequalibus personis quibus
debet fieri distributio. In huiusmodi vero distributione oportet esse aliquam
mensuram secundum quam dirigantur in distributione: huiusmodi autem mensurae
finis est, ita quod secundum quod aliquis plus accedit vel minus ad finem,
secundum hoc plus vel minus debet ei distribui de communibus bonis; ita et
qui aequaliter attingunt ad huiusmodi dignitatem in ordine ad finem,
aequaliter debent recipere. Quid autem est illud bonum respectu cuius vel
quorum est aequalitas vel inaequalitas, non debet esse immanifestum; hoc enim
habet dubitationem, quam determinare pertinet ad politicum. |
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[89364] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 10 n. 3 Deinde cum dicit forte enim prosequitur. Et primo
improbat opinionem quorumdam circa hoc. Secundo inquirit veritatem secundum
intentionem suam, ibi sed ex quibus et cetera. Prima in duas. Primo ponit
opinionem illorum. Secundo reprobat, ibi, at non si hoc et cetera. In prima
ponit opinionem; et dicit quod cum aliquis posset dicere, quod principatus
debet distribui secundum dignitatem vel excessum cuiuslibet boni, sive sit
bonum secundum animam, sive sit secundum corpus. Si enim aliqui duo in aliquo
bono differant secundum excessum, ita quod unus excedat alium in illo, et in
omnibus aliis sint similes et non differant, principatus debet distribui
secundum excessum illius boni, ita quod ille qui excedit plus debet habere
principatum: qui enim differunt in aliquo bono quocumque, differunt secundum
dignitatem, ad quam inspiciendum est in distribuendo honores communes:
differentibus enim in aliquo bono non est idem iustum, nec est idem secundum
dignitatem, sed diversum et alterum; ita quod quae est proportio dignitatis
alicuius, sive boni, ad dignitatem alterius, sive ad bonum, eadem est
proportio eius quod debet distribui uni ad illud quod debet distribui alteri;
ita quod quantum bonum unius excedit bonum alterius, et principatus unius
principatum alterius. |
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[89365] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 10 n. 4 Deinde cum dicit at vero reprobat istam opinionem: et
dividitur in partes tres, secundum quod reprobat eam per tres rationes.
Secunda ibi, si autem non et cetera. Tertia ibi, adhuc secundum hanc et
cetera. In prima dicit, quod si istud verum est, quod principatus debet
inaequaliter distribui secundum excessum cuiuslibet boni; manifestum est,
quod secundum excessum coloris et magnitudinis, et secundum excessum
cuiuslibet alterius boni, plus debet distribui de principatu politico. Sed
istud statim apparet esse falsum, et hoc manifestum est in aliis scientiis et
potentiis. Si enim sint duo habentes aequaliter artem fistulandi, si unus
excedat alium in nobilitate, manifestum quod non propter hoc debent dari
plures fistulae vel meliores ei qui excedit in nobilitate: et ratio huius
est, quia fistulae non dantur nisi propter opus fistulandi: ergo non debent
dari nisi ei qui aptus natus est ad fistulandum: quare plures et meliores
debent dari ei qui magis est aptus, et melius scit fistulare: ergo propter
excessum illius non debent plures distribui, per quod homo non est magis aptus
ad fistulandum, nec melius scit fistulare: quare manifestum est, quod per
excessum in nobilitate non debent plures fistulae distribui. Similiter si
sint duo aequales in virtute, unus tamen excedat alium in pulchritudine, vel
in aliquo alio bono, cum hoc sit accidens in ordine ad principatum,
manifestum est quod propter istum excessum non debet plus attribui de
principatu uni quam alteri. |
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[89366] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 10 n. 5 Deinde cum dicit si autem ponit secundam rationem: et
dicit, quod si ex ista ratione non sit manifestum, quod secundum excessum
cuiuslibet boni non debet fieri distributio principatus, volentibus ulterius
producere rationem praedictam, magis erit manifestum. Si enim sit aliquis qui
multum excedit alium in arte fistulandi, excedatur tamen ab alio in
nobilitate et pulchritudine, supposito quod quodlibet illorum sit melius quam
ars fistulativa, sicut pulchritudo et nobilitas, et secundum aliquam
proportionem, excedant plus illa bona artem fistulandi quam alius secundum
artem fistulandi illa bona, nihilominus plures fistulae et differentes in
bonitate debent dari ei qui excedit in arte fistulandi, quam aliis. Et ratio
huius est, quia distributio fistularum secundum excessum debet fieri in
ordine ad opus, quia fistulae non dantur nisi propter opus: ergo ei qui
melius scit artem fistulandi, plures et meliores fistulae debent distribui:
sed per divitias et voluptates non est magis aptus ad fistulandum. Similiter
si sit aliquis melius dispositus secundum virtutem, et magis aptus ad
principandum quam alius, exceditur tamen ab alio in nobilitate et
pulchritudine, distributio principatus magis debet fieri virtuoso, quam alii;
et ratio huius est, quia distributio principatus secundum excessum, non debet
fieri nisi ei qui magis est aptus ad principandum; hic autem est ille qui
excedit in virtute. Quare manifestum est, quod distributio principatus non
debet fieri secundum excessum cuiuslibet boni. |
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[89367] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 10 n. 6 Deinde cum dicit adhuc secundum ponit tertiam rationem,
et est ducens ad impossibile: et dividitur in duas. In prima ponit rationem.
Secundo destruit consequens quod sequitur, ibi, quoniam autem et cetera. In
prima dicit, quod si distributio principatus fiat secundum excessum
cuiuslibet boni, tunc omne bonum erit ad omne bonum comparabile, et secundum
magis et minus, et secundum aequale: sed hoc est falsum, quare et primum.
Quod autem ita sit, declarat philosophus, quod omne bonum sit ad omne
comparabile secundum magis et minus; et si distributio principatus fiat
secundum excessum cuiuslibet boni, hoc manifestum est; et ideo philosophus
hoc non declarat: sed quod sit comparabile secundum aequale, sic probari
potest. Si enim sint duo, et unus excedat alium in nobilitate et
pulchritudine, manifestum est, quod sunt comparabilia secundum magis et
minus: similiter secundum aequale: quia si ab eo quod excedit alium,
auferatur illud in quo excedit, manifestum est, quod residuum erit aequale:
si enim aliqua magnitudo sit maior altera, si auferatur ab ea in quo excedit
alteram, totaliter erit aequalis ei. |
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[89368] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 10 n. 7 Eodem
modo est consideratio ad divitias et ad libertatem: si enim aliquis excedat
alium in nobilitate et divitiis et libertate, si amoveatur illud in quo
excedit, manifestum est, quod erit aequalis. Et ex hoc manifestum est, quod
si isti duo sic se habeant, quod magnitudo boni unius plus excedat virtutem
alterius, quam alius secundum virtutem, si addamus virtutem ampliorem,
manifestum est, quod iste excedet in virtute: quare manifestum est, quod
omnia bona ad omnia sunt comparabilia, et secundum magis, et secundum minus
et secundum aequale: si enim tanta magnitudo sit maior altera, amoto illo in
quo excedit, residuum erit aequale. |
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[89369] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 10 n. 8 Deinde cum dicit quoniam autem destruit consequens: et
dicit, quod hoc est impossibile; scilicet, quod omnia bona sint comparabilia
secundum aequale, et magis et minus. Et ratio huius est quia comparabilia
oportet esse unius speciei, sicut dicitur septimo physicorum; sed omnia bona
non sunt unius speciei, nec etiam unius generis: quare omnia bona adinvicem
non sunt comparabilia: et si hoc est impossibile, manifestum est, quod
hypothesis est impossibilis; scilicet, quod secundum excessum cuiuslibet boni
vel qualitatis, distribuatur principatus. Et adiungit ad declarationem
huiusmodi; dicens, quod si isti sunt tardi, et alii sunt veloces, isti veloces
non plus debent participare principatu; quia secundum aliquod istorum non
magis attingit ad finem principatus per se, quia propter aliud istorum non
est magis virtuosus: tamen in agonibus exercitatis, huiusmodi diversitas
consideranda est: in tali enim exercitio secundum excessum velocitatis est
distributio honoris; ita quod ille qui velocior et agilior est, plus recipit
de honore. In principatu vero politico secundum excessum istorum non debet
fieri distributio principatus. |
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Lectio
11 |
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[89370] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 11 n. 1 Postquam
philosophus reprobavit opinionem antiquorum volentium, quod secundum excessum
cuiuslibet boni debeant distribui principatus, inquirit secundum intentionem
suam, secundum cuius boni excessum debeat fieri: sunt enim quaedam bona quae
ordinantur ad civitatem propter finem ipsius; et de talibus inquirit, utrum
secundum excessum alicuius istorum quae ordinantur ad civitatem debeat fieri:
rationabile enim videtur, quod secundum excessum alicuius illorum quae
ordinantur ad civitatem debeat fieri; et dividitur in duas. In prima ostendit
quae sunt illa, ex quibus est civitas; proponens quod non irrationabiliter
dubitabit aliquis de istis. In secunda inquirit, utrum secundum excessum
illorum debeat fieri, ibi, quoniam autem et cetera. Prima in duas. Primo
proponit quod de bonis illis, quae ordinantur ad civitatem, rationabiliter
aliquis dubitabit. Secundo concludit intentum suum, ibi, ad civitatem quidem
et cetera. In prima dicit, ita dictum est, quod inconveniens est, ut secundum
excessum cuiuslibet boni fiat distributio principatus: sed de illis quae
ordinantur ad civitatem non dubitabit aliquis irrationabiliter: sunt autem
ista quae ordinantur ad civitatem: divitiae, nobilitas et libertas: et propter
hoc divites honorantur in civitate, et nobiles, et liberi: liberos enim
oportet in civitate honorari. Quod autem ista requirantur ad civitatem, hinc
apparet: nam civitas non debet esse ex egenis, quia si esset ex omnibus
egenis, nihil posset tribuere ad commune, quod tamen est necessarium: aliter
non possent repelli inimici: nec debet esse ex servis, quia non esset
civitas: servus enim non potest habere principatum, quia non potest
praevidere de agibilibus; ergo oportet civitatem esse ex divitibus et liberis.
Si autem ista sunt necessaria ad civitatem, multo magis iustitia et virtus
bellica; nam sine istis non contingit inhabitari bene civitatem; sed
differenter sunt necessaria ad civitatem ista: et primo, quia prima sic sunt
necessaria, quod sine ipsis non potest esse civitas; sed sine iustitia et
bellica virtute potest quidem esse, sed non bene. |
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[89371] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 3 l. 11 n. 2 Deinde cum dicit ad
civitatem concludit intentum suum. Et
dicit, quod manifestum est, quod omnia ista vel quaedam horum conferunt et
ordinantur ad civitatem; sed ad bonam vitam disciplina, et maxime virtus;
propter quod manifestum est, quod rationabiliter dubitabit aliquis, utrum
secundum excessum istorum vel alicuius eorum debeat fieri distributio
principatus. |
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[89372] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 11 n. 3 Deinde cum dicit quoniam autem inquirit utrum secundum
excessum alicuius istorum debeat distribui principatus: et dividitur in duas.
In prima ponit rationes ad utramque partem. Secundo solvit dubitationem, ibi,
omnia itaque haec et cetera. Prima in duas. In prima ostendit quod secundum
dignitatem alicuius istorum debeat distribui principatus. Secundo arguit in
contrarium, ibi, est autem dubitatio et cetera. Adhuc prima in duas. In prima
facit quod dictum est. Secundo inducit quamdam quaestionem, ibi, ergo si
omnes sunt et cetera. Prima in quatuor. Primo ostendit quod secundum excessum
divitiarum debeat fieri distributio principatus. Secundo, quod secundum dignitatem
libertatis, ibi, liberi autem et ingenui et cetera. Tertio, quod secundum
dignitatem virtutis, ibi, similiter autem dicemus et cetera. Quarto, quod
secundum dignitatem multitudinis, ibi, at qui et cetera. In prima igitur vult
ponere rationes, per quas videtur quod secundum divitias magis debeat
distribui; et primo dicit quod manifestum est quod non oportet quod si aliqui
sint secundum aliquid aequales, quod aequaliter debeant recipere; quia
possibile est quod sint aequales in parvo bono et inaequales in maiori. Non
autem expedit quod isti aequaliter recipiant, immo iniustum est. Similiter si
aliqui sint secundum aliquid inaequales, non oportet quod inaequaliter
recipiant, quia possibile est quod sint inaequales in minori bono et quod
sint aequales in maiori bono: tales autem recipere inaequaliter iniustum est.
Quare manifestum est quod illae politiae, in quibus ita sit quod aequales
secundum aliquid aequaliter recipiant et inaequales secundum aliquid
inaequaliter, transgressiones sunt, secundum quod dictum est. Omnes etiam
tales altercantur considerantes secundum quid iustum et aliquo modo, sed non
simpliciter iustum; sicut divites dicunt se plus debere recipere de
principatu, quia ille qui plus habet in regione plus debet participare
principatu, quia regio communis est. Divites vero plus participant regione:
habent enim magnas possessiones, pauperes vero aut parvas aut nullas. Iterum
illi qui fideliores sunt civitati et magis conservant politiam et
conventiones politiae plus debent participare principatu: sed divites sunt
fideliores pauperibus et melius servant politiam et conventiones, quia
pauperes propter penuriam coguntur infringere pacta, et sic infideles sunt,
divites vero non, quia divitias habent, et iterum propter defectum divitiarum
non tradent regionem in manu alterius; et ideo fideliores sunt quam pauperes
in pluribus, ad minus ut videtur. |
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[89373] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 11 n. 4 Deinde
cum dicit liberi autem ostendit quod secundum dignitatem libertatis et ingenuitatis
debeat distribui: et dicit quod liberi et ingenui tamquam sint propinqui
adinvicem, invicem altercantur de principatu: liber autem dicitur qui mente
potest praevidere quae agenda sunt et inclinatur ad virtutem: similiter
ingenuus: sed differunt, quia ingenuus dicitur qui habet huiusmodi
inclinationem secundum virtutem profectam a parentibus et illi ab aliis, et
sic secundum quamdam antiquitatem: liber autem qui habet undecumque. Isti
igitur altercantur dicentes se debere participare principatu, alios non: et
hoc dupliciter. Primo, quia illis magis debetur principatus qui magis
attingunt ad civitatem; sed liberi et ingenui tales sunt, quia generosi magis
sunt cives quam alii non generosi, quia magis videntur virtuosi. Et huiusmodi
signum est, quia apud quoscumque nobiles sive generosi honorabiliores sunt,
quare liberis et generosis magis debetur principatus quam aliis. Secundo,
quia illis magis debetur principatus qui meliores sunt: sed liberi et
generosi meliores sunt. Generosi quidem, quia verisimile est quod qui
generati sunt ex melioribus meliores sint; generosi autem sunt ex melioribus;
est enim generositas virtus generis, haec est inclinatio ad virtutem. Sed
intelligendum circa hoc quod dicit, quod meliores ex melioribus generantur,
quod bonus dicitur dupliciter: uno modo secundum actum perfectum: et sic
bonus non generat bonum, quia bonus est secundum intellectum et secundum
electionem et exercitationem: non ergo fit bonus aliquis secundum actum
perfectum a parentibus. Alio modo dicitur bonus secundum inclinationem ad
virtutem perfectam, et sic bonus vult bonum generare, quia virtus in semine
existens intendit per se generare simile ei a quo est ipsum semen secundum
omnes dispositiones ad quas potest attingere virtus generativa. Attingit
autem ad omnes dispositiones materiales quae inclinant ad dispositiones
voluntatis et intellectus; et ideo intendit generare sibi simile secundum
omnes dispositiones inclinantes sive in bonum sive in malum: propter quod
inclinatio ad virtutem aliqualiter est ex parentibus. Bonus igitur isto modo
generat, ut in pluribus, bonum: si autem quandoque accidit contrarium, hoc
est per accidens. De hoc autem quod dicit quod ingenuitas est virtus,
intelligendum quod virtus dupliciter dicitur: uno modo secundum actum perfectum:
et sic nobilitas non est virtus, sed in ordine ad ipsam dicitur: alio modo
dicitur virtus inchoatio quaedam et dispositio sive inclinatio ad virtutem
perfectam. Isto modo dicitur virtus nobilitas, si proveniat ex parentibus et
illi ex aliis, et sic secundum quamdam antiquitatem; si autem proveniat ex
quacumque causa, facit liberum. |
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[89374] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 11 n. 5 Deinde cum dicit similiter autem ostendit quod secundum
dignitatem virtutis debeat distribui principatus; et dicit quod eodem modo
rationabiliter altercantur virtuosi de principatu, dicentes se debere
principari et non alios, quoniam secundum dignitatem illius debet distribui
principatus quod est magis salvativum civitatis: sed hoc est virtus: quod
apparet, quia iustitia est maxime salvativa civitatis. Est enim iustitia
habitus, per quem sumus operativi iustorum et volumus operari iusta: hoc
autem contingit in agere et contra pati aequale. Hoc autem maxime salvativum
est civitatis, ut dicitur quinto Ethicorum: ipsam enim consequitur omnis alia
virtus. Quod potest dupliciter exponi. Uno modo sic quod omnes aliae sibi
consequuntur pro tanto, quia qui habet unam virtutem perfecte habet omnes:
iustitia est virtus perfecta: ergo qui habet iustitiam habet omnes. Aliter
sic: quia duplex est iustitia: una particularis, per quam aliquis bene se
habet in operatione quae est ad alterum vel in his quae ordinantur in bonum
alterius: alia vero iustitia est universalis, per quam aliquis bene se habet
in opere quod est ad alterum in ordine ad bonum commune. Unde per iustitiam
universalem aliquis recte utitur omni virtute et actu cuiusque virtutis in
ordine ad bonum commune, et sic includit omnem virtutem: tale vero quod
includit omnem virtutem maxime salvativum est civitatis; et sic videtur quod
secundum dignitatem virtutis debeat distribui principatus. |
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[89375] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 11 n. 6 Deinde
cum dicit at vero et arguit quod secundum dignitatem multitudinis debeat
distribui: et dicit quod plures sive multitudo altercantur cum paucioribus
rationabiliter de distributione principatus; dicentes se debere principari,
quia secundum dignitatem istorum debet distribui principatus qui meliores et
ditiores et valentiores sunt: nunc autem multitudo valentior, melior et
ditior est quam aliqui particulares quicumque, quia multitudo includit istos
et alios, et pauci non. Quare manifestum est quod secundum dignitatem
multitudinis debet distribui principatus. |
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[89376] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 11 n. 7 Deinde
cum dicit ergo si omnes inducit quamdam dubitationem; et dicit quod si isti
omnes, divites scilicet, liberi, ingenui et virtuosi, sint in civitate,
iterum multitudo civilis, dubitabit aliquis utrum inter istos sit altercatio
de principatu aut non. Et solvit quod sic: quoniam in unaquaque politia
determinatum est quis debet esse dominans; sicut in statu populari populus,
in statu paucorum divites, in statu optimatum virtuosi, et sic de aliis:
politiae enim differunt secundum diversitatem principatuum; et ideo erit
altercatio de principatu. Dicent enim divites se debere principari, similiter
virtuosi: quare altercatio erit quis debet esse principans: sed si sint omnes
in civitate et eodem tempore, considerandum est in universali secundum cuius
dignitatem magis et simpliciter debet distribui principatus; utrum secundum
divitias vel ingenuitatem, et sic de aliis. Adhuc etiam magis considerandum
est in speciali, si in civitate sint valde pauci viri virtuosi, dato quod
principatus debeat distribui secundum dignitatem virtutis, considerandum est
quomodo illi pauci determinari debent. Et solvit dicens
quod in determinatione ista oportet considerare ad opus. Manifestum est enim
quod ratio principatus ex fine sumitur. Finis vero politiae rectae est
feliciter vivere; ideo ex hoc debet sumi ratio principatus; ideo tot sunt
necessarii virtuosi in civitate, quot sunt necessarii ad dirigendum et
regulandum civitatem ut possit feliciter vivere: iterum tot virtuosi debent
principari, ut possint per prudentiam suam constituere civitatem. Sed quantam oportet esse multitudinem omnium
habitantium in civitate ? Dicendum quod tanta debet esse quanta potest vivere
per se sufficienter, et quanta potest repellere inimicos, sicut inferius
ostendetur in septimo huius. |
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[89377] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 11 n. 8 Deinde cum dicit est autem arguit in contrarium: et
dividitur in tres. In prima arguit, quod secundum dignitatem divitiarum et
ingenuitatis non debet fieri distributio principatus. Secundo, quod nec
secundum dignitatem virtutis, ibi, idem autem iis accidet et cetera. Tertio,
quod nec secundum dignitatem multitudinis, ibi, igitur si et multitudo et
cetera. In prima dicit quod ad omnes altercantes de distributione principatus
est dubitatio alia in contrarium. Primo enim illi qui dicunt quod secundum
dignitatem divitiarum debent principatus distribui, similiter et illi qui
dicunt quod debet fieri secundum generositatem, non verum dicunt nec iustum:
si enim secundum dignitatem divitiarum distribuantur, si contingat unum
ditiorem esse omnibus aliis, manifestum est, quod secundum hoc iustum quod
ipsi dicunt oportebit istum principari; hoc autem est inconveniens, quia ille
propter divitias, cum non habeat virtutem, iniuriabitur aliis. Erit enim
elatus et superbus. Quare manifestum est quod secundum dignitatem divitiarum
non debet distribui principatus: similiter accidet illis, qui altercantur
propter libertatem et ingenuitatem: quia si sit unus generosior omnibus
aliis, secundum istud iustum oportebit istum dominari: hoc autem est
inconveniens; quia cum non habeat virtutem, sed solum inclinationem ad ipsam,
potest esse quod habeat malitiam, et tunc faciet iniurias aliis: quare
manifestum est quod secundum dignitatem ingenuitatis non debet fieri
distributio principatus. Eodem modo potest argui de libertate. |
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[89378] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 11 n. 9 Deinde cum dicit idem autem ostendit quod non debeat
fieri distributio secundum dignitatem virtutis: et dicit quod istud idem
accidit circa politiam optimatum in qua distribuitur principatus propter
dignitatem virtutis; quia si contingat unum esse meliorem secundum virtutem
omnibus aliis studiosis qui sunt in civitate, ipse principabitur et
dominabitur: hoc autem est inconveniens, quia sequitur quod alii erunt
inhonorati; et tunc sequuntur seditiones et turbationes in civitate. Quare
manifestum est quod non debet fieri distributio principatus secundum
dignitatem virtutis. |
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[89379] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 11 n. 10 Deinde
cum dicit igitur si et arguit contra altercantes de multitudine, quod
secundum dignitatem multitudinis non debeat fieri distributio principatus:
quia si propter causam istam multitudo debet dominari, quia ditior et melior,
tunc si unus sit ditior omnibus aliis, vel plures vel pauciores, tunc
manifestum est quod istum vel istos paucos magis expediret dominari quam
totam multitudinem. Sed tunc sequitur, sicut prius, quod omnes alii erunt
inhonorati; et ex hoc sequuntur seditiones et turbationes in civitate. Ista
autem corrumpunt eam. Quare manifestum est, quod secundum dignitatem
multitudinis non debet distribui principatus. |
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[89380] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 11 n. 11 Deinde cum dicit omnia itaque solvit dubitationem. Et
primo ponit solutionem. Secundo inducit quaedam ad declarationem eius, ibi,
ex quo ad quaestionem illam quam afferunt per hunc modum et cetera. In prima
philosophus videtur colligere solutionem suam ex tactis rationibus ad
utramque partem; haec enim est consuetudo philosophi, cum arguit ad aliquam
dubitationem ad utramque partem; quod rationes utraeque aliquid veri
concludunt; et sic ex omnibus rationibus colligit solutionem. Dicit ergo,
quod omnia ista quae arguta sunt, faciunt manifestum, quod nullum istorum per
se determinate sit illud, secundum cuius dignitatem debet distribui
principatus nec divitiae, nec libertas, nec virtus, et sic de aliis; quia
contra illos qui volunt principari propter divitias et virtutes arguet
multitudo volens principari; et hoc iuste et rationabiliter; quia meliorem et
ditiorem oportet principari in civitate: sed multitudinem contingit esse
meliorem et ditiorem quam paucos; non quod quilibet de multitudine sit melior
et ditior divisim, sed omnes insimul contingit esse meliores et ditiores.
Possibile enim est in multitudine esse aliquos viros sapientes et prudentes,
et aliquos valde divites; ipsos autem et alios populares bene suasibiles a
ratione et obedibiles. Talem autem multitudinem melius est principari quam
paucos; quia ad principandum duo requiruntur; scilicet recte regere, et
potentia: sed in multitudine tali ista duo reperiuntur, quia sapientes habet
et prudentes; scit et regere, quia multitudo est; et habet potentiam
coercendi et repellendi inimicos; quare rationabiliter arguit multitudo
contra illos, quod melius est eam principari; aggregat enim multitudo et
divites et nobiles et virtuosos et populi potentiam; et ideo videtur
rationabilius totam multitudinem quae aggregat omnia ista debere principari,
ubi possibile erit invenire talem multitudinem: sed non multitudinem vilem et
non persuasibilem; et propter hoc in electione principatus oportet ad multa
inspicere non ad unum, et hoc dixit philosophus prius. |
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Lectio
12 |
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[89381] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 1 Postquam philosophus declaravit, quod in distributione
principatus non est inspiciendum ad unum, sed multa; inducit quaedam ad
declarationem dictorum; et dividitur in duas. In prima praemittit
dubitationem quamdam. Secundo declarat quiddam, cuius contrarium videtur
opponi cuidam dictorum, ibi, si autem est aliquis intantum et cetera. Prima in duas. In
prima praemittit dubitationem. Secundo solvit eam, ibi, rectum autem forte ad
conferens et cetera. In prima dicit: dictum est, quod expedit multitudinem
aliquam magis principari quam paucos aliquos vel unum; et quod in
distributione principatus non debet considerari ad unum solum, sed plura.
Propter hoc ad dubitationem quam quaesierunt aliqui et dimiserunt insolutam,
isto modo potest solvi, vel obviari ad ipsam. Dubitaverunt enim utrum
legislator volens ponere rectas leges, debeat eas ponere ad conferens vel
bonum totius multitudinis, vel meliorem aliquorum, vel secundum divitias, vel
secundum virtutem, supposito quod sit multitudo habens sapientes et divites,
et alios suasibiles et obedibiles rationi. |
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[89382] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 3 l. 12 n. 2 Deinde cum dicit rectum autem solvit istam
dubitationem. Et dicit, quod illud quod rectum est et melius, hoc est
accipiendum: melius autem et magis rectum est, quod leges ferantur ad bonum
totius civitatis et communitatis et civium: nam leges feruntur de
conferentibus ad finem civitatis: finis vero civitatis est bonum communiter
conferens; ergo leges debent ferri in ordine ad commune bonum totius
civitatis et civium. Civis autem dicitur ille qui virtutem habet, per quam
recte potest subiici et principari in diversis temporibus: sed alius et alius
est secundum suppositum et rationem, et in diversis politiis: nam in statu
multitudinis populus eligit dominari propter libertatem, in statu paucorum
propter divitias: sed in optima politia ille dicitur civis qui eligit, et
potest subiici et principari propter vitam virtuosam. |
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[89383] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 3 Deinde cum dicit si autem declarat quiddam cuius
contrarium videtur opponi cuidam dictorum prius: dictum est enim, quod magis
expedit multitudinem dominari quam unum vel plures: et ideo intendit
inquirere si inveniretur unus vel plures in civitate, qui excederent omnes
alios in virtute, utrum expediret istum vel istos dominari: si enim expediat,
non est verum quod determinatum est iam. Et circa hoc duo facit. Primo enim
declarat, quod iste non sit civis. Secundo declarat qualiter se debeat habere
ad civitatem et civitas ad ipsum, ibi, in transgressis quidem igitur et
cetera. Prima in duas. In prima proponit conclusionem suam. Secundo arguit ad
eam, ibi, iniuriabuntur enim dignificati et cetera. In prima dicit, quod si
in aliqua civitate unus inveniatur qui excedat omnes alios in virtute, vel
plures virtuosi excedentes alios, non tamen tot quot ex ipsis civitas possit
compleri vel fieri, et intantum iste vel isti excedant alios, quod virtus omnium
aliorum et potentia ipsa civilis non possit aequari secundum aequalitatem
virtuti et potentiae illorum plurium, nec virtuti et potentiae illius unius
si non sit nisi unus solus, talis iste non erit pars civitatis, nec illi
plures si sint plures virtuosi. |
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[89384] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 12 n. 4 Deinde
cum dicit iniuriabuntur enim probat quod dictum est. Et primo arguit quod
iste vel isti non sint pars civitatis. Secundo respondet ad obiectionem, quam
posset fieri, ibi propter quod secundum et cetera. Tertio corrigit quoddam
dictum, ibi, melius quidem igitur et cetera. Adhuc prima in tres; quia primo
probat, quod iste non sit pars civitatis per rationes politicas. Secundo per
facta et dicta aliorum, ibi, dicentur autem utique et cetera. Tertio per
simile, ibi, patet hoc autem in aliis et cetera. Adhuc prima in duas,
secundum quod probat per duas rationes. Secunda, ibi, unde palam, quia et
cetera. Prima ratio consistit in hoc: iustum simpliciter est, ut qui sunt
aequales in virtute, recipiant et attingant ad principatum aequaliter: qui
vero inaequales sunt, inaequaliter recipiant: sed iste vel isti excedit vel
excedunt omnes alios in virtute; ergo plus debet recipere ille unus vel isti
plures, quam omnes alii: sed omnes alii propter multitudinem credunt se plus
debere recipere quam ille vel isti pauci: quare, si excedentes secundum
virtutem et potentiam plus recipiant quam omnes alii, videbuntur iniuriari
aliis; et tunc sequitur dissensio et turbatio in civitate et corrumpetur
proportio civitatis: hoc autem est inconveniens: quare nec iste nec illi, si
sint plures excedentes in civitate, erunt cives; et propter talem unum
excedentem omnes alios in virtute, verisimile est esse quasi Deum. Circa quod
intelligendum est, quod aliquis potest attingere ad virtutem perfectam et
actum ipsius dupliciter: uno modo secundum statum communem humanum: alio modo
ultra communem modum vel statum humanum: hoc autem fit per virtutem heroicam.
Est autem virtus heroica secundum quam aliquis per virtutem moralem et
intellectualem attingit ad operationem cuiuslibet virtutis supra communem
modum hominum: hoc autem est aliquod esse divinum, quod fit per aliquod
divinum in homine existens, quod est intellectus: sic loquitur hic
philosophus; talem enim hominem, et sic excedentem omnes alios, dicit esse
sicut Deum. |
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[89385] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 5 Deinde cum dicit unde palam ponit secundam rationem,
quae est haec: lex quae datur in civitate est necessaria omnibus aequalibus
potentia et genere: et hoc patet, quia lex est de conferentibus ad finem
politiae. In his autem non omnes sunt sufficientes se dirigere ex se, et ideo
indigent lege dirigente eos in agibilibus; unde datur lex eis qui sunt
aequales genere et potentia isto modo: quia non sunt sufficientes dirigere se
in actionibus, et isti dicuntur cives: sed talibus, qui sic excedunt alios in
virtute, non datur lex; ipsi enim sunt sibi lex: et hoc patet, quia lex est
ordinatio quaedam secundum rationem de conferentibus ad finem politiae: isti
enim ordinationem habent in seipsis, ideo sunt sibi leges. Deridendus igitur
esset ille, qui vellet dare legem istis virtuosis, cum in eis non sit causa,
propter quam lex fertur. Igitur isti sic excellentes, cives non erunt. |
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[89386] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 12 n. 6 Deinde
cum dicit dicentur enim probat quod iste qui sic excedit omnes alios, non sit
civis respectu aliorum; et dividitur in quinque, secundum quod probat per
quinque. Secunda, ibi, propter quod ponunt et cetera. Tertia, ibi, tradunt
etiam et cetera. Quarta, ibi, propter quod et vituperantes et cetera. Quinta,
ibi, idem autem circa civitates et cetera. In prima dicit, quod de isto
virtuoso vel de talibus fortassis recte poterit dici quod dixit Antisthenes
de leonibus: dixit enim quod lepusculis volentibus habere aequale, sive
volentibus esse aequales, non est bonum habere leones cum dentibus in socios:
quia leones propter potentiam eorum devorarent eos: sic in civitate non est
bonum civibus volentibus esse aequales habere istum virtuosum vel plures
concives, quia propter potentiam suam et virtutem opprimerent eos. |
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[89387] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 7 Deinde cum dicit propter quod declarat secundum. Et dicit
quod manifestum est, quod isti vel iste sic excedentes alios non debent esse
cives; propter hoc enim civitates populares statuerunt ostracismum, idest
relegationem contra tales: huiusmodi enim civitates volunt habere
aequalitatem: dominatur enim in tali republica populus propter libertatem:
omnes autem aequaliter attingunt ad libertatem: et propter hoc illos, qui
excedebant communiter cives vel in divitiis, vel in amicis, vel in potentia
aliqua civili, relegabant a civitate, et transtulerunt aliquos extra
civitatem aliquibus temporibus determinatis. Quare manifestum est secundum
istos, quod non expedit sic excedentes cives esse et remanere in civitate. |
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[89388] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 8 Deinde cum dicit fabulantur autem declarat hoc idem per
tertium. Et dicit quod narratur, quod quidam nautae dicti Argonautae ab Argo
navi, noluerunt recipere Herculem propter consimilem causam. Hercules enim
multum excedebat eos virtute et potentia: timentes, ergo, quod quia excedebat
eos multum, vellet dominari, dereliquerunt eum, et noluerunt quod conduceret
cum eis navem suam. Quare videtur, quod iste excedens alios in virtute et
potentia, non debeat remanere in civitate, ne alios opprimat. |
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[89389] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 12 n. 9 Deinde
cum dicit propter quod ponit quartum ad declarationem illius eiusdem. Et
dicit, quod propter hoc, quod non expedit tales excedentes alios, remanere in
civitate, sed vel relegare, vel interimere omnino, quidam volentes increpare
tyrannidem, non secundum rationem vituperaverunt consilium Periandri ad
Thrasybulum: misso enim nuncio a Thrasybulo ad Periandrum, quid faciendum
sibi esset contra potentes et divites et universaliter excellentes turbantes
civitatis dominium; dicunt enim, quod nolens manifestare intentum suum
Periander expresse nuncio misso, sub parabola dixit ei quid faciendum erat,
dicens quod auferens excedentes spicas aequabat segetes: cum autem nuncius
ignoraret causam eius quod fiebat, et nunciaret quod ei dictum erat
Thrasybulo, statim intellexit Thrasybulus, quod oportebat viros excellentes
in virtute et potentia politica interficere. Et dico quod non rationabiliter
increpuerunt consilium huiusmodi, quia istud non solum expedit tyrannis, nec
solum hoc ipsi faciunt, immo consimiliter fiebat in politia paucorum et
populari; in illis enim ordinata fuit relegatio ad prohibendum ne aliquis
fieret ita excellens; et si contingeret esse aliquem talem, quod relegaretur
a civitate. Sic igitur manifestum est ex hoc, quod tales viri non debent
remanere in civitate. |
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[89390] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 10 Deinde cum dicit idem autem ponit quintum ad
declarationem illius eiusdem. Et dicit quod idem in quibusdam civitatibus
fecerunt aliqui habentes dominium et potentiam super illas, sicut Athenienses
subiugantes sibi Samios et Chios et Lesbios quibusdam pactis
intervenientibus, cum illos Athenienses excederent, et principarentur, magis
quantum ad aliqua humiliaverunt eos, opprimendo eos praetermissis pactis
praehabitis: eodem modo fecit rex Persarum cum subiugasset sibi Medos et
Babylonicos, prudentiores et magis sagaces inter ipsos dispersit saepe:
videns enim quod isti prudentes et sagaces erant, quia fuerant in principatu,
et civiliter vixerant, timens quod si simul manerent, per sapientiam possent
invenire vias per quas discuterent se a iugo illius, dispersit eos, et sic
isti excellentes propter eorum sapientiam translati sunt ad alias regiones.
Sic igitur huiusmodi problema universaliter est circa omnes politias; quod
scilicet illi qui excedunt alios in potentia et virtute, cives non sunt.
Istud autem in transgressis politiis observatur, nam principantes in illis
intendentes bonum proprium, illos qui excedunt alios in potentia vel virtute,
relegant a civitate; et non solum intendentes bonum proprium, sed commune hoc
faciunt. |
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[89391] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 11 Deinde cum dicit palam autem declarat idem per simile
in artibus. Et dicit, talem qui excedit alios, non debere esse civem nec
manere in civitate, manifestum est per simile in aliis artibus: videmus enim
quod pictor si pingat imaginem, non pinget pedem excedentem alias partes
secundum proportionem, dato etiam quod sit pulchrior aliis; quinimmo si
pinxerit, delet et pinget pedem minorem magis proportionatum; similiter ille
qui facit navem non facit proram, partem scilicet anteriorem navis, maiorem
aliis praeter proportionem, dato quod illa pars sit optime facta; et si
fecerit abiicit et facit minorem: similiter magister chori, si unus cantat
altius omnibus aliis praeter proportionem, dato quod pulchrius et
delectabilius cantet, non permittet eum cantare cum aliis: quare similiter
legislator si sit aliquis in civitate excellentior omnibus aliis in virtute
et potentia, quamvis secundum se sit bonus, quia tamen improportionalis est
aliis, ipsum debet relegare a civitate. |
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[89392] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 12 Deinde cum dicit propter quod respondet cuidam obiectioni,
quae posset fieri. Aliquis enim posset dicere, quod si ille qui excedit alios
omnes in civitate, deberet expelli propter excessum, cum monarcha in aliqua
monarchia excellat omnes alios, talis deberet expelli et non principari.
Solvit dicens, quod quamvis monarcha excellat alios in potestate, tamen nihil
prohibet ipsum concordare cum aliis si principetur propter bonum commune:
tunc enim concordabit cum aliis: si autem monarcha non principaretur propter
bonum commune, tunc ibi laborandum esset ad expulsionem eius. |
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[89393] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 13 Deinde cum dicit melius quidem docet corrigere quoddam
dictum prius: dictum est enim et declaratum, quod excellentes omnes alios
debeant a civitate relegari, et hoc durum valde: ideo volens hoc corrigere
dicit philosophus, quod sermo de relegatione facienda eius qui excedit omnes
alios in potentia vel virtute aliquod iustum habet, sed non simpliciter
iustum: ideo melius fuit a principio sic ordinare politiam, quod non esset
necessarium uti ipsa relegatione, quia relegatio ista periculosa est, quia
non relegantur nisi potentes, isti autem nocere possunt civitati. Et ideo
melius fuisset sic ordinasse civitatem, ut non oporteret uti ea; ita, quod a
principio fuisset ordinatum, quod non liceret alicui excedere determinatum
gradum divitiarum, nec excedere alios secundum quemcumque gradum, nec
recipere excedentes sed aequales; et si contingeret aliquem excedere,
corrigeretur et dirigeretur aliqualiter; secundo loco, idest si secundario
defecerit, corrigeretur tali relegatione; tunc enim esset utendum
relegatione. Sic autem non fiebat in quibusdam civitatibus; quia relegantes
huiusmodi excedentes non respiciebant ad bonum commune politiae, sed propter
commodum proprium, et malitiose et seditiose, et propter malam affectionem,
quam habebant ad illos. |
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[89394] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 12 n. 14 Deinde cum dicit in transgressis declarat qualiter
iste, qui excedit omnes alios in civitate, se debeat habere in civitate, et
civitas ad ipsum: et dicit, quod in politiis non recte ordinatis sed
transgressis tantum expedit talem sic excedentem relegare a civitate, et
iustum sit non simpliciter, sed secundum quid est iustum, sicut in populari
statu: in ipso enim intenditur aequalitas civium; et ideo contra finem illius
politiae est talis excessus, propter quod iustum est in ea taliter relegari.
Iterum in statu paucorum non expedit talem esse civem, quia per suam
potentiam converteret politiam illam ad voluntatem suam; nec in tyrannide
expedit talem esse; quia talis nimis tyrannizare vellet: quare manifestum
est, quod in transgressis iustum est talem relegare; non simpliciter iustum,
sed secundum quid, quia in istis politiis non est iustum simpliciter, sed
secundum quid, ut dictum est prius. Sed in optima politia magna dubitatio
est, qualiter se habendum sit circa talem. Non est autem dubitatio de illo
qui excedit omnes alios vel in fortitudine corporali, vel in divitiis, vel in
multitudine amicorum: sed de illo, qui excellat omnes alios in virtute sive
in bonis secundum animam, quid oportet facere de isto: non enim dicendum est,
quod debeat expelli a civitate, et transferri ad alium locum: hoc enim est
contra rationem, ex quo est optimus; quare nullo modo est repellendus. Iterum
non est assumendus ad principatum sicut alii, ut quandoque principetur,
quandoque non. Simile enim esset ac si vellemus principari Iovem aliquando et
aliquando non, hoc enim derisorium est. Et ideo relinquitur, quod cum talis
sit optimus, quod dignum et iustum est quod omnes sibi laetanter obediant, et
ut sit rex; vel si sint tales plures, quod sint reges, et principantes, non
aliquando sic aliquando non, sed semper. Sed est considerandum, quod
philosophus videtur sibi contrariari: dixit enim prius, quod melius est
multitudinem aliquam principari quam paucos: dixit etiam, quod si unus
principaretur, alii essent inhonorati, quod est inconveniens: in ista parte
dicit, quod iste qui sic excedit omnes alios non est civis; sed ille qui non
est civis non debet principari: quare iste non debet principari: cuius
contrarium dicit hic. Ad hoc dicendum, quod si unus inveniatur, qui excedat
omnes alios in virtute, iste debet principari. Et ratio huius est, quia illum
oportet magis principari qui accedit magis ad principatum naturalem, et ad
principatum universi: sed iste qui sic excedit omnes alios in virtute est
huiusmodi: ergo expedit ipsum solum principari. Maior propositio apparet in
animali: pars enim quae principatur cor est, cor autem unum est et principale,
a quo derivatur virtus ad singulas partes corporis. Iterum in universo est
unus princeps: principatus autem universi unus et optimus est: quare ille in
civitate qui magis unus et melior est accedit magis ad similitudinem
principatus universi et naturalis: ergo ille principatus erit melior, in quo
erit unus princeps; et illum magis expedit principari, qui unus existens
optimus est: talis est ille, qui excedit omnes alios in virtute: ergo
manifestum est, quod istum expedit magis principari quam alium. Nec valet,
quod primo obiicitur, quod superius dixit, quod magis expedit multitudinem
dominari: quia illud intelligendum est ubi est politia aequalium et similium,
et virtus unius non excedat virtutem omnium aliorum, quod in proposito non
contingit. Nec valet quod secundo obiiciebatur, si unus vel plures
principarentur, quod omnes alii essent inhonorati; quia in politia recte
ordinata quilibet diligit statum et gradum proprium et gradum alterius, et
ideo vult honorem sibi secundum gradum suum, et vult alii honorem secundum
gradum illius, nec vult sibi honorem alterius. Et ideo si sit unus excellens
omnes in virtute, omnes volunt sibi honorem qui debetur ei; et ideo non sunt
inhonorati, quia quilibet habet honorem qui debetur ei. Nec valet quod
obiiciebatur tertio de hoc quod dicit, quod iste non est civis: verum enim
est, quia sicut ille, qui principatur propter excellentiam virtutis, non est
civis, sed supra civem, eodem enim modo est aliquis civis, sicut se habet ad
legem: sed cum assumitur, quod non debet dominari nisi civis, non habet
veritatem in politia regali et optima simpliciter, qualis est illa, in qua
dominatur qui dictus est. |
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Lectio
13 |
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[89395] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 1 Postquam
distinxit philosophus politias secundum distinctiones principatuum, hic
prosequitur de unaquaque ipsarum: et habet partes duas. Primo enim determinat
de unaquaque ipsarum. Secundo ostendit ex quibus corrumpuntur et salvantur,
in principio quinti libri, ibi, de aliis quidem et cetera. Prima dividitur in
duas. In prima determinat de optima politia, scilicet de regno. In secunda
determinat de aliis, in principio quarti libri, ibi, in omnibus artibus et
cetera. Adhuc prima in duas. In prima praemittit intentum suum. Secundo
prosequitur, ibi, facile itaque et cetera. In prima dicit, quod post
praedictas inquisitiones de politiis forte bene se habet transire ad
considerationem de regno: et ratio huius est, quia inter politias rectas
regnum est optima et rectissima politiarum; et ideo regula et mensura
aliarum: optimum enim perfectissimum est in unoquoque genere, et mensura est
omnium aliorum: propter quod primo dicendum est de regno. Est autem
considerandum de regno, utrum civitati et regioni quae debet in viris. Primo
autem videndum est, utrum sunt monarchiae regalis plures modi et
differentiae, aut unus modus solum. |
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[89396] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 2 Deinde cum dicit facile itaque prosequitur intentum
suum; et habet partes duas. Primo distinguit modos monarchiae regalis.
Secundo prosequitur de principali modo, ibi, principium autem et cetera.
Prima in duas. Primo ponit diversos modos huius monarchiae. Secundo reducit
istos ad duos modos, ibi, fere itaque duae et cetera. Prima adhuc in duas.
Primo, ponit quatuor modos. Secundo recolligendo illos addit quintum qui est
principalis, ibi, regni quidem et cetera. Prima in quatuor, secundum quod
ponit quatuor modos. Secunda ibi, praeter hanc autem et cetera. Tertia ibi,
altera autem et cetera. Quarta ibi, quarta autem species et cetera. Adhuc
prima in duas: in prima ponit primum modum, in secunda declarat quoddam
dictum per dictum Homeri, ibi, significat autem Homerus et cetera. In prima
dicit quod parum considerantibus in politia regali, facile potest apparere
quod principatus regalis plura et diversa genera continet; et istiusmodi
principatus non est unus modus, sed plures. Est autem unus modus ipsius qui
fuit in Laconica regione: in isto enim regno et rex principabatur secundum
legem, et non erat dominus omnium, quia non ferebat sententias, nec puniebat
secundum suam voluntatem; tamen quando exibat regionem ad praeliandum, tunc
principabatur quantum ad omnia, quae pertinebant ad praelium: iterum dominus
erat omnium eorum quae pertinebant ad cultum divinum. Istud autem regnum erat
sicut quidam ducatus exercitus imperialis; quia iste rex universale imperium
habebat quantum ad ea quae sunt exercitus. Iterum istud regnum perpetuum
erat, ita quod rex non quandoque regnabat, quandoque non, sed non erat
dominus omnium in civitate, quia non iudicabat homicidam; non enim erat
dominus ad puniendum homicidium, nisi quando exibat ad praelia: poterat enim
tunc dare leges et punire universaliter. |
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[89397] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 3 Deinde cum dicit significat autem declarat quod dictum
est per dictum Homeri. Dixit enim quod in isto regno princeps est dominus
omnium: et dicit quod hoc significavit Homerus dicens quod Agamemnon cum
esset in civitate et veniret ad congregationem civium, multoties opprimebatur
quod non esset dominus omnium; cum autem regrederetur ad praelium, dominus
erat in omnibus et interficiendi et dandi legem, quantum ad ea quae erant
exercitus: dicebat enim: quem videro fugientem ex praelio, taliter tractabo
ipsum quod non poterit fugere canes nec aves: apud me enim est mors, idest in
potestate mea est interficere. Est ergo una species monarchiae regalis quae
ducatus exercitus est, qui principatus durat per totam vitam hominis. Istorum
autem qui principantur in isto regno, quidam regnant per successionem
generis, quidam autem ex electione quia ad hoc eliguntur. |
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[89398] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 13 n. 4 Deinde
cum dicit praeter hanc ponit secundam speciem huius monarchiae; et dividitur
in duas. In prima ponit speciem illam. In secunda declarat qualis est.
Secunda ibi, habent autem haec et cetera. In prima dicit quod praeter speciem
monarchiae, de qua dictum est, est alia species secundum quam aliqui regnant
apud barbaros. Dicuntur autem barbari qui deficiunt a ratione: barbari enim
quasi extranei dicuntur. Et quia homo utitur ratione, quicumque deficiunt a
ratione barbari dicuntur, sicut apparuit in primo. |
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[89399] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 5 Deinde cum dicit habent autem ostendit qualis est: et
primo quod est voluntaria. Secundo quod est secura, ibi, secura autem, quia
et cetera. In prima dicit quod huiusmodi regna secundum quae principantur
aliqui barbari, sunt sicut tyrannides monarchiae; et qui principantur in
istis, principantur secundum legem et secundum leges patrias. Dicuntur autem
leges patriae consuetudines, quae descendunt a parentibus in filios: isti
autem secundum tales leges principantur. Et quia barbari naturaliter sunt
magis serviles quam Graeci, et hi qui sunt circa Asiam sunt magis serviles
quam qui circa Europam, quia Europa est media inter Africam et Asiam, et
sicut media est secundum locum, sic homines medio modo se habent in aliis
dispositionibus; et ideo isti barbari sustinent principatum dominativum sine
tristitia, quia inclinationem habent ad sustinendum ipsum. Quod autem est
secundum inclinationem, naturale est et voluntarium. Quare manifestum est,
quod tales voluntarie sustinent talem principatum dominantium qui est domini
ad servum. Quare manifestum est quod principantes in tali regno, propter hoc
assimilantur tyrannidi. |
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[89400] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 13 n. 6 Deinde
cum dicit secura autem ostendit quod est secura; et dicit quod huiusmodi
monarchiae species secura est. Et ratio huius est, quia principatus in tali
regno principatur et secundum genus, et secundum leges patrias, idest
consuetudines quae descendunt a parentibus. Et quia secundum genus dominatur
voluntate; regnante enim patre aliquo modo assuescunt subditi filio; et ideo
postmodum regnante filio voluntarie subiiciuntur, quia consueti sunt. Iterum
principatur secundum consuetudinem et secundum leges; quae autem insunt
secundum consuetudinem delectabilia sunt; et ideo minus odiunt eos. Et quod
sit secura, signum est, quia isti barbari custodiunt regem suum, quia
diligunt eum et libenter subiiciuntur ei. Tyrannum autem custodiunt alieni et
cives reges suos custodiunt cum armis, quia secundum legem, et voluntarie
subiiciuntur eis: tyranni autem principantur subditis involuntariis, et
propter hoc tyranni super cives habent custodiam, diffidunt enim de subditis.
Sic igitur apparet quod hae sunt duae species
monarchiae regalis. |
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[89401] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 3 l. 13 n. 7 Deinde cum dicit
altera autem ponit tertiam speciem; et primo ponit eam. Secundo declarat quoddam dictum per exemplum, ibi,
qualem elegerunt quandoque et cetera. In prima dicit quod alia est species
monarchiae regalis, quae erat apud antiquos Graecos qui dicebantur
aesymnetae. Est autem huiusmodi monarchia, ut simpliciter est dicere,
tyrannis secundum electionem: et dicit ut simpliciter dicamus quia tyrannis
quae eligitur, simpliciter non est tyrannis. Differt autem ista a barbarica
tyrannide de qua dictum est, non eo quod in ista, quae est secundum
electionem, non principetur princeps secundum legem, in illa autem
principetur: sed in hoc solum differunt quod ista non est patria, idest
princeps non principatur secundum successionem generis; vel non est sic
assueta, sicut sunt ea quae sunt patria, sed per electionem. In isto vero
principatu quidam principantur per totam vitam suam, et eliguntur ad vitam
suam, alii principantur usque ad aliqua tempora determinata, quia sic
eliguntur; alii principantur quantum ad aliquas actiones. |
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[89402] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 13 n. 8 Deinde
cum dicit qualem elegerunt declarat quod dictum est, per exemplum. Dictum est
enim quod in isto principatu, principatur tyrannus per electionem, qualis
fuit ille quem elegerunt quidam dicti Mytilenaei: cum enim quidam essent
profugi a civitate illorum, elegerunt quemdam Pittacum nomine contra profugos
illos, ut fugaret illos atque extirparet; tunc autem principabantur istis
Mytilenaeis duo, quorum unus erat Antimenides, alius Alcaeus poeta. Dixit
autem iste Alcaeus hoc in quodam loco suorum carminum; dixit inquam quod isti
elegerunt sibi Pittacum tyrannum; et increpabat eos quod malum patriae
praefecerunt. Iterum praefecerunt civitati hominem sine felle. Fel autem
dicitur commovere ad iram, ira autem valet ad fortitudinem virtutis: unde
dicitur tertio Ethicorum: virtutem immitte furori et virtutem erige furore. Volebat
igitur dicere quod cum deberet esse fortis contra inimicos civitatis non
movebatur; erat enim timidus nec potens eos opprimere. Iterum, quia elegerunt
hominem gravis felicitatis, quia felicitatem suam ponit in voluptatibus, et
gravabat subditos, ut posset exercere voluptates suas. Iterum increpabat eos,
qui cum convenissent et fuissent congregati, approbaverunt eum eligentes.
Istae autem monarchiae erant regales et tyrannicae. Tyrannicae quidem, quia
principantes in eis principabantur principatu dominativo. Et quia
principabantur voluntarie et per electionem, erant regales. |
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[89403] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 9 Deinde cum dicit quarta autem ponit quartam speciem: et
dividitur in tres. In prima ponit illam speciem. Secundo ostendit quorum
erant domini principantes in isto regno, ibi, domini autem et cetera. Tertio
ostendit quomodo huiusmodi monarchia augmentata fuit, ibi, qui quidem igitur
in antiquis et cetera. In prima dicit quod quarta species monarchiae regalis,
est secundum quod aliqui principantur aliquibus secundum virtutem heroicam.
Et principantes dicebantur heroes, idest attingentes ad virtutem perfectam et
actum eius ultra communem statum hominum; et fuit ista temporibus eiusmodi
heroum. Isti autem voluntarie principabantur secundum legem. Primi autem
principantes isto principatu assumpti fuerunt ad istum principatum, propter
beneficium quod contulerant multitudini, aut quia invenerunt artem aliquam
utilem regioni, sicut Saturnus in Italia primus docuit artem seminandi
triticum, propter quod reputatus fuit Deus apud ipsos; aut quia primo praeliati
fuerunt contra inimicos multitudinis; aut quia primo congregaverunt homines
regionis inducentes eos ad vitam civilem; aut quia emerunt regionem: et ideo
facti fuerunt reges propter huiusmodi beneficia, et hoc volentibus subditis
voluntarie eos assuescentibus, principantes secundum successionem generis: et
erant quasi principantes patrie, idest principantes secundum leges
descendentes a parentibus in ipsos. |
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[89404] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 10 Deinde cum dicit domini autem ostendit quorum erant
domini: et dicit quod isti domini erant omnium quae pertinebant ad bellum:
iterum omnium possessionum et substantiarum quae non erant sacerdotales, sive
pertinentes ad cultum divinum, sicut erant possessiones sacerdotum; et cum
hoc ferebant sententias et iudicabant. Ista autem faciebant ita quod quidam
eorum non iurabant quod fideliter huiusmodi exercerent, quidam autem
iurabant. Iuramentum autem ipsorum erat elevatio sceptri, scilicet baculi
regalis. |
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[89405] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 11 Deinde cum dicit qui quidem declarat quomodo huiusmodi
monarchia augmentata fuit; et dicit quod in temporibus antiquis primo
principati fuerunt in aliqua civitate, et in eis quae circa civitatem, sicut
sunt castra; deinde gentibus; deinde principati fuerunt civitatibus
circumvicinis: post haec autem regibus permittentibus et indulgentibus, vel
multitudine civili cogente vel usurpante, substantiae paternae regum
remanserunt in civitatibus principantibus, ipsis regibus habentibus ducatum
vel dominium circa exteriora et in remotis a civitate, ubi exempta civitate
principali et immuni facta a tributo regali, rex quasi in exterioribus
principabatur. |
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[89406] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 12 Deinde cum dicit regni quidem recolligit istos modos et
addit quintum; et primo recolligit istos quatuor. Secundo addit etiam
quintum, ibi, quinta autem species et cetera. In prima dicit quod monarchiae
regalis sunt quatuor species numero. Una species in qua principabantur aliqui
secundum virtutem heroicam, secundum aliqua tempora. In ista vero monarchia
principabatur princeps volentibus subditis. Erat autem dominus in quibusdam
determinatis, non in omnibus. Rex enim erat dux exercitus et ferebat sententias
et eorum quae pertinebant ad cultum divinum dominus erat, sicut electionis
sacerdotis, punitionis et talium, sed non possessionum. Secunda species est,
secundum quam aliqui principabantur barbaris; et in isto principatu
principabatur rex secundum successionem generis et secundum legem, et est
principatus dominativus. Tertia species est quae dicitur aesymnetica et
dicitur ista monarchia tyrannis secundum electionem. Quarta species est
Laconica, in qua princeps dominabatur secundum legem. Huiusmodi monarchia
dicebatur ducatus exercitus ad praelium, ut simpliciter est dicere: quod
dicit, quia non omnium dominus erat, sed eorum quae pertinebant ad praelium:
iste autem ducatus erat secundum successionem generis et perpetuus. Istae
igitur species isto modo ad invicem differunt. |
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[89407] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 13 n. 13 Deinde
cum dicit quinta autem addit quintam speciem; et dicit quod quinta species
monarchiae regalis est, in qua dominus est omnium principans: sic namque gens
et civitas ordinata sunt secundum quod gubernatio domus ordinatur. In
gubernatione enim domus, unus principatur ad utilitatem subditorum et dominus
est omnium qui sunt in domo: ita etiam est in regno unus qui principatur ad
utilitatem subditorum: et ideo sicut gubernatio patris familias est quaedam
regia potestas, ita regia potestas est quaedam domestica gubernatio civitatis
et gentis; sive sit una civitas et una gens, sive plures civitates et gentes. |
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[89408] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 13 n. 14 Deinde cum dicit fere itaque reducit istos modos ad
pauciores; scilicet ad duos. Et primo facit hoc. Secundo ostendit de quo
istorum dicendum est nunc, ibi, de tali quidem igitur et cetera. In prima dicit quod
fere duae sunt considerandae species monarchiae regalis ad quas aliae aliquo
modo reducantur. Et dicit fere, quia distinguendo eas per proprias
rationes plures sunt; sed considerando eas inquantum reducuntur ad duas, duae
sunt. Una est Laconica, in qua
principatur aliquis secundum legem. Alia est regnum. Laconica autem differt a
regno, quia in Laconica rex principatur secundum legem, iterum non est
dominus omnium. Sed in regno principatur secundum virtutem et est dominus
omnium. Aliae autem sunt mediae inter istas vel privationes ipsarum: quia in
aliquibus principantes plurium sunt domini quam in Laconica monarchia, sed
pauciorum quam in regno; sicut monarchia in qua principatur aliquis secundum
virtutem heroicam; et etiam illa est quae dicitur electa tyrannis. Manifestum
igitur ex istis quod de duobus restat considerare. Primo quidem de ducatu
exercitus, utrum magis expediat esse ducem exercitus et perpetuum vel non; et
utrum magis expediat quod iste assumatur, vel per generis successionem. De
regno etiam restat considerare, utrum expediat unum esse principem omnium;
vel non expediat esse unum, sed plures magis. |
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[89409] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 13 n. 15 Deinde
cum dicit de tali quidem ostendit de quo istorum est dicendum. Et dicit quod
de ducatu exercitus considerare pertinet ad legislatorem magis quam ad
politicum. In omnibus enim politiis fit ducatus exercitus; et ideo
considerare de ipso dimittatur ad praesens. Sed monarchia regalis species est
politiae, propter hoc de ista considerandum et transcurrendae sunt
dubitationes quae possunt circa ipsam accidere. |
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Lectio
14 |
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[89410] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 1 Postquam philosophus distinxit monarchiam regalem et
posuit quinque modos ipsius, prosequitur de primo modo et principaliter
dicto, scilicet de regno. Et primo prosequitur quasdam dubitationes ex quibus
apparet natura regni. Secundo ostendit quod eadem est virtus regis optimi et
optimi viri, in fine huius tertii, ibi, de rege et cetera. Prima in duas. Primo
inquirit, utrum magis expediat civitatem regi ab optimis legibus vel ab
optimis hominibus. Secundo utrum ab uno optimo viro vel pluribus, ibi,
quoniam autem tres et cetera. Adhuc prima in duas. Primo
inquirit an melius sit civitatem regi ab optimis legibus an ab optimis viris.
Secundo movet alias dubitationes,
ibi, si vero aliquis et cetera. Adhuc prima in duas. Primo praemittit
dubitationem. Secundo prosequitur, ibi, videtur itaque putantibus et cetera.
In prima igitur dicit quod primo inquirendum est de regno, utrum magis
expediat civitatem regi ab optimo viro, an ab optimis legibus. |
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[89411] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 14 n. 2 Deinde
cum dicit videtur itaque prosequitur. Et primo arguit quod melius est regnum
regi ab optimo viro. Secundo arguit in contrarium, ibi, at qui et cetera.
Quod melius sit regnum regi ab optimo viro quam ab optimis legibus, ostendit
ratione et exemplo: et dicit quod quidam opinantur quod civitati expedit
magis regi ab optimo viro; quia ab eo melius est civitatem regi, qui potest
terminare casus omnes emergentes: sed hoc non potest lex, quia lex non dicit
nisi universale, nihil autem de particulari. Particularia autem infinita sunt
et non possunt apprehendi. Iterum lex non ordinat quod dicit ad ea quae de
novo emergunt; sed hoc potest facere optimus vir per prudentiam suam: habet
enim rectum iudicium de agibilibus et appetitum rectum per virtutem moralem.
Et tunc interponit exemplum antequam concludat conclusionem: et dicit quod
sic videmus in artibus aliis, quod non est semper bonum agere secundum artem
scriptam; quia aliqua sunt scripta secundum quae si ageretur esset nocumentum
alicui, sicut apparet in medicina. Non enim medicus in omnibus considerat ea
quae scripta sunt in medicina, quia multa sunt dimissa prudentiae medici:
sicut apud Aegyptios scriptum fuit, quod medicis post tertium diem liceret
movere, hoc est agere per medicinam ad expulsionem morbi, quia ante tertium
diem non poterat bene videri natura morbi, et si moveret ante tertium diem in
periculo suo erat: hoc autem observare in omnibus non erat bonum: in
aliquibus enim citius, in aliquibus tardius, hoc expedit secundum
diversitatem medicinae et morbi facere. Similiter est in politia quod
non expedit semper per scriptum vel per legem regi, quia lex quandoque
deficit in aliquo particulari, et tunc indiget aliquo dirigente. Quare manifestum est
quod melius est regnum regi ab optimo viro quam ab optimis legibus. |
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[89412] Petrus de Alvernia, In
Politic. continuatio, lib. 3 l. 14 n. 3 Deinde cum dicit at vero arguit
quod melius est civitatem regi ab optimis legibus. Et primo facit hoc. Secundo obiicit in contrarium, ibi,
sed forte et cetera. In prima dicit quod principantibus oportet inesse
universalem rationem; ideo melius est civitatem regi ab eo, qui non habet
passiones coniunctas, quam ab eo qui naturaliter habet eas; quia passiones
pervertunt iudicium rationis. Est enim passio motus appetitus sub phantasia
boni vel mali: sed lex non habet passiones coniunctas, homo autem habet;
quare melius est civitatem regi ab optimis legibus, quam ab optimo viro. |
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[89413] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 4 Deinde cum dicit sed forte obiicit in contrarium, et
ponit obiectionem. Secundo removet eam, ibi, quod quidem igitur et cetera. In
prima dicit, quod dicet aliquis quasi in contrarium, quod quamvis homo habeat
passiones sibi naturaliter coniunctas, tamen bonus homo consiliabitur de
singularibus, et secundum deliberationem habitam ipse recte iudicabit; quare
adhuc melius est civitatem regi ab optimo viro, quam ab optima lege. |
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[89414] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 5 Deinde cum dicit quod quidem removet istam obiectionem,
inducendo quamdam aliam dubitationem, ex cuius dissolutione apparet solutio
istius obiectionis. Et dividitur in duas. In prima facit quod dictum est.
Secundo infert quaedam corollaria, ibi, si itaque et cetera. Adhuc prima in
duas. Primo ponit dubitationem. Secundo solvit probando alteram partem, ibi,
etenim nunc et cetera. In prima dicit, quod manifestum est, quod principantem
in civitate oportet scire leges et ponere eas; non oportet tamen, quod sit
dominus omnium: ex quo enim dominatur secundum legem, non oportet quod in
omnibus dominetur; sed oportet quod dominetur in illis quae non possunt per
legem terminari, vel simpliciter, vel non bene. Et tunc est dubitatio, utrum
in isto casu magis oporteat unum principari in iudicando de particularibus,
de quibus non potest lex bene determinare, vel multos. |
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[89415] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 6 Deinde cum dicit etenim nunc solvit probando alteram
partem: et dividitur in tres, secundum quod probat, quod melius sit in isto
casu iudicare per plures, per tres rationes. Secunda, ibi, adhuc magis et
cetera. Tertia, ibi, si autem et cetera. In prima dicit, quod quando emergit
casus particularis, qui non potest terminari per legem, tunc conveniunt
plures et disceptant de illo adinvicem, et inquirunt per consilium de illo,
et post consilium iudicant: et talia sunt omnia iudicia de particularibus, de
quibus lex non potest terminare. Sic autem possunt facere plures et non unus;
quia plures consiliantes super aliquo plura possunt videre quam unus. Ergo
manifestum est, quod unus comparatus ad plures, deterior est in iudicando, et
iudicium eius comparatum ad iudicium plurium deterius est: sicut enim civitas
ex multis pulchrior est quam ex paucis, et iudicium multorum melius est quam
unius, sicut coena comparata ex multis ferculis, idest sicut coena, in qua
sunt plura fercula, pulchrior est quam coena simplex, ubi non est nisi unum
ferculum. Manifestum igitur propter hoc, quod melius et certius iudicabit
multa turba, sive plures quam unusquisque de turba. Et breviter ratio
philosophi in hoc consistit. Per illum debet fieri iudicium in casu non
determinato per legem, qui certius potest iudicare: sed in tali casu melius
et certius possunt iudicare plures; ergo in tali casu debet fieri iudicium
per plures. Minorem huius rationis declarat. |
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[89416] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 14 n. 7 Deinde
cum dicit adhuc magis ponit secundam rationem ad idem. Et dicit, quod
manifestum est, quod plures magis sunt indifferentes respectu passionum
turbantium, et pervertentium iudicium rectum, quam unus sive pauci; sicut
aqua maior et amplior magis est indifferens ut fluat ad multa loca quam
parva. Parva enim aqua cito fluit ad unam partem; et ideo unus potest magis
occupari passionibus quam plures. Cum autem unus fuerit occupatus ab aliqua
alia passione, corrumpitur iudicium. Ubi autem sunt plures, difficile est
corrumpi iudicium propter impetus passionum: quia si aliqui sunt passionati,
tunc reprimentur passiones eorum per rationem aliorum; et ideo difficile erit
eos peccare: et maxime si sit multitudo non vilis, sed sit eorum, qui liberi
sunt secundum virtutem: tales enim nihil agent praeter legem, nisi ubi lex
deficit. Consistit autem ratio philosophi in hoc. Per illum debet fieri
iudicium in tali casu qui non terminatur per legem, qui magis indifferens est
respectu passionum: sed plures sunt magis indifferentes respectu passionum
quam unus: quare melius debet fieri iudicium per plures quam per unum. |
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[89417] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 8 Deinde cum dicit si autem ponit tertiam rationem. Et
primo ponit eam. Secundo obiicit in contrarium, ibi, an palam, quod et
cetera. In prima dicit, quod si dicatur, quod non est facile quod plures bene
iudicent in tali casu, si fuerint quicumque indifferenter; si tamen fuerint
boni viri, et cives, adhuc quaerendum est, si sic dicatur, utrum unus
princeps difficilius possit perverti et corrumpi quam plures numero boni
viri. Et manifestum est, quod plures boni viri difficilius pervertentur et
corrumpentur, quam unus bonus: et per illum melius est fieri iudicium, qui
difficilius potest corrumpi et perverti: sed plures difficilius possunt
corrumpi et perverti quam unus: quare melius est, quod fiat iudicium per
plures, quam per unum. |
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[89418] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 9 Deinde cum dicit an palam obiicit in contrarium. Et
dicit, quod aliquis dicet, quod melius est quod fiat iudicium per unum, quam
per plures; quia plures facient dissensiones adinvicem secundum seditiones;
unus autem sibi non potest dissentire; quare melius est fieri iudicium per
unum, quam per plures. Et solvit hoc dicens, quod contra hoc dicendum est,
quod isti plures studiosi sunt sicut ille unus. Et manifestum est, quod
studiosos non est possibile adinvicem dissentire, secundum quod huiusmodi. |
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[89419] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 10 Deinde cum dicit si itaque infert duo corollaria: et
habet duas partes secundum quod duo infert. Secunda, ibi, et propter hoc
forte et cetera. In prima concludit praeeminentiam status optimatum ad
regnum. Et dicit, quod si ita sit, ut declaratum est, quod melius sit plures
bonos iudicare quam unum, et illa politia in qua principantur plures
sapientes, sit status optimatum, illa in qua unus solus sapiens sit regnum;
manifestum est, quod status optimatum melior est, quam regnum. |
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[89420] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 11 Deinde cum dicit et propter ponit secundum corollarium;
et est de ordine introductionis politiarum. Et dividitur in partes quinque.
Primo enim concludit qualiter monarchia regalis primo fuit introducta.
Secundo qualiter status optimatum, ibi, quoniam autem evenit et cetera.
Tertio qualiter paucorum potentia, ibi, quoniam autem deteriores et cetera.
Quarto qualiter tyrannis, ibi, ex his et cetera. Quinto qualiter status
popularis, ibi, ex tyrannidibus et cetera. In prima dicit, quod propter hoc,
quod melius est civitatem regi et iudicia dari per plures quam per unum,
civitates primo regebantur uno rege, quia in principatu facilius fuit invenire
unum sapientem quam plures: et ideo primo principatus regalis fuit concessus
uni. Iterum in principio, civitates parvae fuerunt, et ideo sufficiebat unus
ad regendum. Iterum praefecerunt sibi aliquem in regem propter beneficium eis
ab illo collatum; vel quia pugnavit contra inimicos pro illis, vel invenit
artem aliquam eis necessariam: hoc autem est opus boni viri; et ideo talem
tamquam bonum et virtuosum fecerunt sibi regem. |
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[89421] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 12 Deinde cum dicit quoniam autem evenit declarat qualiter
postmodum introductus fuit status optimatum. Et dicit, quod postmodum
accidit, quod plures exercitabant se in operibus virtutum, quia plures facti
sunt virtuosi; similiter et tunc quaerebant principatum plurium similium in
virtute, nec sustinuerunt principatum regalem, instituentes principatum
aequalium in virtute: iste autem est status optimatum: post igitur regnum
venit status optimatum. |
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[89422] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 14 n. 13 Deinde
cum dicit quoniam autem deteriores declarat qualiter post venit status
paucorum. Et dicit, quod postmodum contigit, quod isti principantes facti
sunt divites de bonis communibus, et inclinabantur ad voluptates deficientes
a ratione, et principabantur propter divitias; et sic conversus fuit status
optimatum in statum paucorum. Fecerunt enim divitias honorabiles, et debere
principari propter ipsas. |
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[89423] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 3 l. 14 n. 14 Deinde cum dicit ex iis autem declarat de tyrannide. Et
dicit, quod postmodum contigit quod unus factus fuit ditior aliis, et
potentior in amicis, et subiugavit alios; et sic convertit statum paucorum in
tyrannidem, principans propter commodum suum. |
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[89424] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 15 Deinde cum dicit ex tyrannidibus declarat qualiter
introductus fuit status multorum. Et dicit, quod post tyrannidem factus fuit
status multorum. Cum enim tyrannus opprimeret divites propter turpe lucrum,
cives ducentes politiam ad pauciores extorsiones, fugientes turpe lucrum
tyranni, induxerunt multitudinem fortiorem, et fecerunt eam ut insurgeret
contra tyrannum; et contigit quod populus insurrexit et expulsus est tyrannus
et remansit potestas penes populum, et tunc fuit politia popularis. Et haec
est causa, quare in pluribus civitatibus dominatur populus, quia populus
multus est; et ideo potestatem habet: verumtamen ubi populus dominatur,
aliquid accipitur ab aliis politiis. Faciunt enim aliquos capitaneos et unum
supra illos. Ulterius dicit, quod quia contingit fieri maiores civitates,
fortassis non contingit de facili fieri aliam politiam praeter popularem. Ex
dictis autem apparet solutio obiectionis prius factae ad probandum, quod unus
debeat iudicare, quamvis habeat passiones sibi naturaliter coniunctas, quia
consiliabitur de singularibus et sic recte iudicabit. Est enim dicendum, quod
melius poterant consiliari plures quam unus, et sic melius iudicare; quare
adhuc melius est civitatem regi per plures quam per unum. |
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[89425] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 14 n. 16 Deinde
cum dicit si vero aliquis inducit alias dubitationes; et dividitur in duas,
secundum quod ponit duas. Secunda, ibi, habet autem dubitationem et cetera.
In prima dicit, quod si quis dicat, quod optimum est civitatem regi ab uno,
dubitatio erit de illo qualiter sit assumendus, utrum per electionem, vel per
generis successionem. Et quod non debeat assumi per generis successionem,
ostendit, quia dubium est de filiis succedentibus quales futuri sint: et
potest contingere, quod malus sit filius: si ergo assumatur ille unus per
generis successionem, continget assumi malum ad principatum: hoc autem est
inconveniens; ergo non est assumendus per successionem. Sed quia forte
aliquis diceret, quod pater bonus existens videns malum filium non tradet
filio regnum, sed alii, ipse istud removet; et dicit, quod istud difficile
est credere, patrem scilicet dimittere filium et tradere alii principatum.
Hoc enim est supra communem facultatem hominum. Oportet enim quod dimittat
principatum magis dilecto; et magis dilectum secundum naturam est propinquius
secundum naturam: filius autem est sicut alter pater; et ideo sicut pater
plus diligit se quam quemcumque alium, sic post se naturaliter plus diligit
naturalem filium quam quemlibet alium; quare citius dimittet sibi regnum quam
alicui alii. Et est intelligendum quod per se semper melius est assumi regem
per electionem quam per successionem: sed per successionem melius per
accidens. Primum patet sic. Melius est assumi principantem
illo modo, quo per se contingit ipsum accipi meliorem; sed per electionem
contingit assumi meliorem quam per successionem generis, quia melior ut in
pluribus invenitur in tota multitudine quam sit unus. Et electio per se est
appetitus ratione determinatus. Tamen per accidens est melius assumere
principantem per generis successionem, quia in electione contingit esse
dissensionem inter eligentes. Iterum
quandoque eligentes mali sunt; et ideo contingit quod eligant malum. Utrumque
autem istorum malum est in civitate. Iterum consuetudo dominandi multum facit
ad hoc quod aliquis subiiciatur alteri; et ideo regnante patre assuescunt
filii subiici, quia patri ideo inclinantur ad hoc ut subiiciantur ei. Iterum
valde durum et extraneum est, quod ille qui est hodie aequalis alicui cras
dominetur et sit princeps illi; et ideo per accidens melius est principantem
assumi per successionem generis quam per electionem. |
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[89426] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 17 Deinde cum dicit habet autem movet secundam
dubitationem; et dividitur in duas partes. In prima movet dubitationem. In
secunda solvit, ibi, forte quidem et cetera. In prima dicit quod de potentia
principantis in monarchia regali est dubitatio, utrum oportet ipsum habere
potentiam per quam possit cogere et punire rebelles nolentes obedire sibi;
vel qualiter oportet principatum agere et dispensare. Et quod oporteat ipsum
habere potentiam ad puniendum rebelles, apparet; quia videmus quod principans
secundum legem nihil agens secundum voluntatem ultra legem, oportet quod
habeat potentiam, per quam puniat nolentes obedire legi vel committentes
contra legem: quare similiter oportet principantem secundum suam voluntatem,
qualis est in monarchia regali, habere potentiam ad puniendum nolentes
obedire sibi. |
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[89427] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 14 n. 18 Deinde cum dicit forte quidem solvit istam
dubitationem; et dicit quod forte solvere dubitationem circa regem non est
difficile. Manifestum est enim quod oportet ipsum habere potentiam et maiorem
potentiam quam sit potentia unius; quia si non haberet maiorem non posset
illum vel illos punire, si nollent ei obedire. Iterum et maiorem oportet
ipsum habere potentiam, quam plurium simul; aliter non posset illos punire:
minorem tamen quam sit potentia totius civitatis respectu multitudinis; quia
si haberet maiorem potentiam quam civitas, opprimeret eam et converteret
principatum in tyrannidem. Sicut fecerunt quidam antiqui quando praefecerunt
quemdam in regem, quem dicebant aesymnetem, dederunt sibi custodias maioris
potentiae quam unius vel plurium insimul, minores tamen quam civitatis
totius. Similiter cum quidam alius, Dionysius nomine, peteret custodias a
Syracusanis, consuluit quidam illis quod darent tot custodias quae non
excederent potentiam civitatis vel multitudinis, ne opprimeret eam; maiorem
tamen custodiam quam unius vel plurium insimul. Sic igitur manifestum est
quod principantem secundum legem oportet habere potentiam ad puniendum
rebelles. |
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Lectio
15 |
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[89428] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 1 Postquam philosophus inquisivit utrum magis expediat
civitatem regi optimis legibus an optimo viro, in parte ista inquirit utrum
magis expediat ipsam regi uno viro optimo an pluribus. Et dividitur in partes
duas. In prima dat intentionem suam et causam intentionis. In secunda
prosequitur, ibi, de vocato autem et cetera. In prima dicit quod post
praedicta restat dicendum de rege simpliciter, qui in omnibus secundum suam
voluntatem non secundum legem agit et regit, et non secundum quod movetur ab
alio: et de isto facienda est consideratio. Et causa huius est, quia ille qui
principatur secundum legem non est rex simpliciter; nec principatus suus est
species regni, sicut dictum fuit superius. Et quod non sit species regni,
apparet: quia ille principatus qui est ducatus exercitus, reperitur in
omnibus politiis, sicut in statu multorum et optimatum. In istis enim faciunt
unum dominum ad regendum et dispensandum, et multi alii unum faciunt ducem.
Non ergo iste ducatus est species regni. Talis autem fuit principatus qui
fuit circa Dyrrachium et Sipontum, licet apud Sipontinos sit paulo
constrictior minore existente quam primo. |
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[89429] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 15 n. 2 Deinde
cum dicit de vocato prosequitur: et dividitur in partes tres. In prima
proponit dubitationem. Secundo arguit ad ipsam, ibi, similibus enim et
cetera. Tertio determinat veritatem, ibi, sed forte haec et cetera. In prima
resumens intentionem suam, dicit quod de regno simpliciter in quo aliquis
dominatur omnibus secundum suam voluntatem, et non secundum legem, est nunc
dicendum. Quod quibusdam apparet quod non est secundum naturam, nec ex
inclinatione naturali, nec consonum rationi quod unus sit dominus omnium
secundum voluntatem, ubi civitas constet ex similibus secundum virtutem, id
est secundum dispositionem naturalem. |
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[89430] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 3 Deinde cum dicit similibus enim arguit ad quaestionem:
et ostendit quod non est naturale unum dominari pluribus similibus illi
secundum virtutem et dispositionem naturalem. Et dividitur in partes quatuor,
secundum quod adducit quatuor rationes ad probationem huius. Secunda ibi, at
vero et cetera. Tertia ibi, adhuc melior et cetera. Quarta ibi,
inconveniensque forte et cetera. Prima in duas. Primo ponit rationem illam.
Secundo infert ex dictis quod melius est civitatem regi lege quam viro, ibi,
propter quod et cetera. In prima dicit quod similibus secundum dispositionem
naturalem et secundum virtutem idem est iustum et eadem virtus. Dicimus enim
quod iustum est aequale: ergo quorum est eadem virtus et dispositio
naturalis, idem est iustum et dignitas; quia dignitas attenditur secundum
virtutem; et quorum non est eadem virtus, nec dignitas eadem, nec iustum
idem. Si igitur ponamus quod aliqui sint similes in virtute eorum erit eadem
dignitas et iustum: quare non expedit aliquem unum dominari secundum
voluntatem istis, quia non inesset eis eadem dignitas. Et sicut videmus in
naturalibus quod non expedit inaequales habere par alimentum, aut eamdem
vestem; quia quod proficuum est uni nocivum est alii. Sunt enim aliqui
calidi, aliqui frigidi. Et manifestum est quod isti indigent diversis
alimentis. Eodem modo est circa honores. Si enim inaequales secundum virtutem
aequale recipiant, iniustum est: et si aequales inaequales, similiter
iniustum est. Si autem aliqui sint similes in virtute et dispositione
naturali, et unus principetur secundum suam voluntatem aliis, manifestum est
quod aequales inaequale recipiunt: hoc ergo est inaequale et iniustum: quare
manifestum est quod non expedit unum dominari secundum virtutem aequalibus et
dispositione naturali. |
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[89431] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 4 Deinde cum dicit propter quod infert ex dictis, quod
melius est optimam legem principari, quam optimum virum. Et primo facit hoc.
Secundo adducit rationem ad probationem huius, ibi, at vero quaecumque et
cetera. Prima in duas. In prima facit quod dictum est. In secunda ex eodem
infert quod melius est legem principari quam plures optimos, ibi, secundum
eamdem et cetera. In prima dicit, sicut dictum est: iustum est aequales
secundum virtutem et dispositionem naturalem habere aequale: propter quod
manifestum est quod si sint plures aequales vel similes secundum virtutem et
dispositionem naturalem, quod unus non est magis natus principari vel subiici
quam alius; et ideo unus non debet magis principari quam alius. Et quia
necesse est aliquem principari, iustum est quod vicissim et secundum quemdam
ordinem principentur omnes et eodem modo. Principari autem eos secundum
ordinem et vicissim, lex quaedam est. Est enim lex ordo quidam. Quare
manifestum est quod melius est et eligibilius legem principari quam unum
aliquem civem. |
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[89432] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 5 Deinde cum dicit secundum eamdem ex eodem infert quod
melius est legem principari quam plures, paucos tamen. Et dicit quod secundum
eamdem rationem, si melius est plures principari quam unum, illos tamen
melius est principari secundum legem quam secundum voluntates proprias et
institui ad servandum legem et ministros esse legis: sicut enim dictum est
prius quod aequalibus secundum virtutem debetur aequalis honor et dignitas;
ergo si civitas sit ex aequalibus secundum virtutem, aequalis honor debetur
illis: ergo non expedit aliquos ex illis semper principari, sed necessarium
est esse diversos principatus, ita ut isti modo principentur, alii alias
secundum quemdam ordinem: quare oportet eos principari secundum quemdam
ordinem: sed hoc est lex quaedam: quare manifestum est quod melius est plures
secundum legem principari quam secundum proprias voluntates, si plures sit
melius principari quam unum. |
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[89433] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 15 n. 6 Deinde
cum dicit at vero adducit rationem ad probandum quod melius sit legem
principari, vel hominem secundum legem, quam virum bonum secundum propriam
voluntatem. Et dividitur in duas. In prima facit quod dictum est. In secunda
solvit rationem adductam prius per simile, ad probandum quod melius sit
hominem principari quam legem, ibi, exemplum autem et cetera. Adhuc prima in duas. Primo ostendit de quibus
fertur lex, et quae oportet dimittere principi. Secundo ponit rationem ad
probandum quod melius est legem principari quam hominem, ibi, qui quidem et
cetera. In prima dicit quod illa quaecumque non possint terminari per legem,
nec homo secundum se potest facere nota et manifesta, nisi per prudentiam
multam et longam experientiam: lex vero de particularibus nihil ordinat
secundum se, sed tantum in universali. Est enim enunciatio universalis; et
ideo dictum est ipsam deficere in aliquo particulari, et talia dimitti principi,
qua oportet ipsum disponere et iudicare secundum rectam sententiam. Iterum si
aliquid inveniatur secundum rationem melius quam lex posita determinet, istud
dimittendum est principi ut ipse ordinet pro lege. Ita quod duo dimittuntur
principi: unum est iudicare et disponere recte particularia per legem, ubi
possibile est hoc fieri per legem: secundum est quod ubi lex scripta deficit
in aliquo casu particulari, dirigat, et hoc est per virtutem ipsius propriam:
vel si lex posita non sit bene ordinata secundum rationem, dimittitur
principi, ut illa dimissa inveniat meliorem, vel per se, vel de consensu
multitudinis; et ordinet per legem. |
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[89434] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 7 Deinde cum dicit qui quidem adducit rationem ad probandum
quod melius est legem principari quam optimum virum secundum propriam
voluntatem. Et est intelligendum quod unumquodque maxime dicitur illud vel
secundum illud quod est principale in eo, sicut dicitur in decimo Ethicorum.
Principale vero in homine est intellectus. Et ideo maxime homo dicitur
intellectus vel secundum intellectum: et tunc dicitur homo maxime operari cum
operatur secundum intellectum. Contingit autem quod homo aliquando operatur
secundum intellectum, ita quod non impeditur a sensu omnino, nec sensu utitur
nisi quantum sibi necessarius est: et tunc dicitur homo simpliciter operari,
quia operatur secundum id quod simplicius est in eo. Sed quia indiget sensu,
contingit aliquando operationi intellectus coniungi appetitum sensitivum, et
tunc dicitur homo compositus. Et cum homo operatur secundum intellectum, nec
impeditur a sensu, tunc operatur maxime secundum intellectum et rationem, et
secundum divinum aliquid inexistens: tum quia intellectus divinum aliquid in
eo est, tum quia operatur supra communem modum hominum. Dicit igitur quod
ille qui praecipit intellectui principari vel hominem secundum intellectum,
ita quod non coniungatur appetitus sensitivus aliqualiter retrahens,
praecipit velut Deum, hoc est hominem secundum aliquid divinum principari et
legem: qui autem vult hominem principari eum comitante appetitu sensitivo,
apponit bestiam, idest apponit aliquid per quod assimilatur homo bestiis,
scilicet appetitum sensitivum. Sed melius est principari aliquid divinum quam
coniunctum bestiae. Quia si principetur homo secundum intellectum cum
appetitu sensitivo, cum in appetitu sint passiones pervertentes ipsum, et per
consequens iudicium rationis, continget tandem quod principans existens in
passione concupiscentiae et furoris, quod bonos viros et virtuosos
interficiet. Hoc autem est inconveniens: quare melius est hominem per
intellectum absolute principari, quam per intellectum coniunctum appetitui
sensitivo. Cum igitur lex sit sine passione et sit secundum rationem,
relinquitur ipsam esse intellectum sine appetitu sensitivo: quare melius est
legem principari quam hominem. |
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[89435] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 8 Deinde cum dicit exemplum autem dissolvit rationem quae
prius adducebatur ex simili in artibus operativis ad probandum quod melius
sit hominem principari quam legem. Et primo per interemptionem assumpti.
Secundo interimendo similitudinem, ibi, adhuc principaliores et cetera. Prima
in duas; secundum quod dupliciter probat quod non est verum quod assumebatur.
Secunda ibi, at vero medici et cetera. In prima dicit: quod assumebatur prius
ex simili in artibus non videtur esse verum sed falsum. Assumebatur enim quod
non est bonum operari per artem, immo pravum sit: nec in politicis est bonum
principari per legem. Istud autem non est verum: immo melius est, quod
habentes artem operentur per eam quam alio aliquo modo. Et ratio huius est,
quia operantes per artem secundum quod huiusmodi, non habent passiones nec
affectiones sibi coniunctas; et ideo propter amicitiam nihil operantur
praeter rationem ex quo operantur per artem. Operantes enim per artem curant
aegrotos mercedem recusantes per gratiam solum; sed qui operantur per
prudentiam propriam possunt habere passiones coniunctas pervertentes
appetitum sensitivum, et per consequens iudicium rationis; multa faciunt
sequentes passiones dimittentes rationem; sicut principantes in politicis per
passiones et affectiones multa faciunt per gratiam dimittentes rationem
rectam. Et propter hoc quandoque amici aegroti alicuius suspicantur quod
medici volunt illum interficere propter lucrum quod recipiunt ab aliquo, tunc
nolunt quod operentur circa aegrotum, nec curent eum secundum industriam, sed
volunt quod operentur per artem: quare manifestum est, quod melius est
operari per artem, quam per industriam propriam: non igitur pravum est
operari per artem quemadmodum accipiebatur prius. |
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[89436] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 15 n. 9 Deinde
cum dicit at vero declarat secundo assumptum esse falsum; et dicit quod
melius est operari per illud per quod certius operari potest et rectius: sed
per artem certius et rectius potest operari, quam per rationem: quia
operantem per rationem contingit habere passiones pervertentes iudicium. Et
propter hoc medici aegrotantes ad seipsos vocant sanandos alios medicos,
propter hoc scilicet, quod sunt in passione, quamvis habeant habitum artis,
et turbati a passione non possunt recte iudicare. Similiter illi qui sunt
magistri palaestrae cum se exercent vocant alios magistros, ut videant si
bene operentur, tamquam non potentes recte iudicare de propriis: qui ut in
pluribus non bene iudicant nec vere de seipsis: quare manifestum est quod per
passiones turbatur iudicium rationis. Operans autem per artem passiones non
habet secundum quod huiusmodi: quare certius et melius potest iudicare quam
per rationem. Et tunc infert quamdam conclusionem, quae sequitur non ex
immediate dictis, sed ex prius dictis: et sequitur sic. Dictum est quod non
est iustum unum principari aliquibus similibus et aequalibus secundum
virtutem et naturalem dispositionem, sed iustum est eos vicissim et secundum
ordinem principari, et hoc est principari secundum legem; ergo iustum est
principari secundum legem et operam ergo cum lex sit mediam, palam quod quaerentes
iustum quaerunt medium. |
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[89437] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 10 Deinde cum dicit adhuc principaliores solvit rationem
per interemptionem similitudinis; et dicit, quod ratio adhuc in alio deficit,
non enim est simile in artibus et in politiis: et hoc apparet, quia leges
politiarum quae confirmatae sunt per consuetudinem, quia homines secundum
illam vivere assueti sunt, sunt principaliores et de principalioribus quam
leges operativarum artium: quia leges politiarum sunt de agibilibus in ordine
ad finem politiae, et de his per quae perficitur anima: sed leges artis, sive
ea quae sunt secundum artem, sunt de his per quae corpus perficitur, sicut
medicina. Sicut ergo anima est melior quam corpus et principalior, sic leges quae
sunt de his per quae perficitur anima principaliores et meliores sunt quam
illae quae sunt de dispositionibus et de conferentibus ad corpus: quare
manifestum est, quod quamvis homo secundum artem iudicet secure et cum
certitudine, tamen non certius per leges quae sunt secundum consuetudinem,
non secundum artem, cum istae sint principaliores. |
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[89438] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 11 Deinde cum dicit at vero ponit secundam rationem ad
principale, scilicet ad probandum quod non est naturale unum dominari
pluribus similibus secundum virtutem: et dicit, quod adhuc manifestum est,
quod non expedit unum principari similibus secundum virtutem, sed magis
plures: quia principantem oportet ad multa inspicere, sed unus non potest bene
inspicere: quare manifestum est quod oportet quod sint alii multi
principantes, sub ipso: ergo si a principio fuissent multi principantes, non
viderentur in aliquo differre, sed melius fuisset ordinatum quam sint multi
sub ipso. Si ergo unus non potest principari, nisi habeat sub se aliquos
principantes: ubi autem omnes sunt similes et aequales secundum virtutem
nullus naturaliter sub alio est: manifestum est quod non est naturale unum
principari similibus, et aequalibus secundum virtutem. |
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[89439] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 12 Deinde cum dicit adhuc quod ponit tertiam rationem. Et
primo ponit eam. Secundo regreditur ad solvendum rationem prius
adductam ad probandum, quod melius sit bonum virum principari quam bonam legem,
ibi, sunt autem et cetera. In
prima dicit, quod ex hoc quod prius dictum est manifestum est, quod non est
naturale unum dominari pluribus, sed plures, quia secundum quod dictum est,
virtuosis principari debet qui melior est. Cum ergo duo sint meliores uno in
similibus, manifestum quod melius est plures dominari, quam unum; et hoc est,
quod dicit Homerus: duo simul euntes. Non plus ponit, sed supplendum est quod
societas erit melior, quia unus iuvabit alium. Et hoc est quod Agamemnon
petiit in oratione sua, quod haberet tales consultores quod non esset iustum
ipsum eis principari, sed quod illi essent comprincipantes cum illo.
Manifestum igitur est, quod melius est plures principari, quam unum: non est
ergo secundum naturam, quod unus principetur pluribus similibus secundum
virtutem. |
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[89440] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 15 n. 13 Deinde cum dicit sunt autem regreditur ad dissolvendum
rationem prius adductam ad probandum quod melius est principari bonum virum
quam legem; et dicit quod in actionibus politicis sunt quaedam quae oportet
dimitti iudicio principantis, sicut sunt illa de quibus lex non potest
determinare. In illis autem de quibus potest lex determinare, manifestum est
quod nullus dubitat, utrum bene ordinata sit; nec intromittet se aliquis ad
iudicandum de ipsis tamquam lex non bene ordinaverit, propter quod in istis
melius est legem principari (cum lex sit sine passionibus, per quas
pervertitur appetitus, per consequens iudicium rationis), quam principem: sed
quia lex datur in universali, aliqua possunt comprehendi per legem, alia vero
comprehendi est impossibile. Ex istis oritur dubitatio: utrum melius est
principari optimam legem vel optimum virum. Illa vero de quibus principes
consiliantur non possunt esse ordinata per legem; quoniam si essent, non
inquirerent de istis per consilium; et ideo in talibus iudicabit princeps; in
aliis vero de quibus determinavit lex, non iudicabit. Et sic manifestum est,
quod ista non contradicunt legem principari in universali, et principem in
particulari. Non enim recte potest dici quod non sit expediens hominem bonum
iudicare de talibus per legem non determinatis: sed dici potest quod non
expedit unum solum, sed magis plures; tunc enim plures iudicabunt optime,
maxime si sint instructi secundum legem. |
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[89441] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 15 n. 14 Deinde
cum dicit inconveniensque forte ponit quartam rationem; et dicit quod
inconveniens est dicere, quod unus duobus oculis et duabus auribus melius
percipiat quam multi multis auribus et multis oculis. Et inconveniens est
dicere, quod unus melius operetur duabus manibus et duobus pedibus quam multi
multis pedibus et multis manibus. Similiter inconveniens est quod unus melius
iudicet per suam prudentiam quam multi; et ideo videmus quod principes
faciunt sibi multos oculos et multas manus et pedes, quia faciunt sibi multos
comprincipantes: hos enim vocat pedes et manus et oculos, quia per hos
discernunt et operantur. Faciunt autem comprincipes illos, qui sunt amici sui
et principatus; quia si non essent amici utriusque, sed alterius, sicut
principatus, non curarent de bono principis, sed principatus. Iterum si non
diligerent principatum, sed principem, non curarent de bono principatus.
Oportet autem comprincipantes curare de bono principis et principatus. Et
ideo faciunt comprincipantes amicos sui et principatus, quia amici non
faciunt nisi quod rectum est et honestum: et si sunt amici principis et
principatus, procurant bonum utriusque. Modo ita est quod amicos oportet esse
similes. Quare si istos oportet esse comprincipantes illi, manifestum est,
quod similes et aequales secundum virtutem oportet similiter principari. Non
igitur naturale est unum secundum suam voluntatem principari aliquibus
similibus et aequalibus ei secundum virtutem. Et adiungit recapitulando,
dicens, quod ista sunt quae faciunt dubitare de regno. Et est intelligendum
circa id quod dictum est, quod assumit princeps sibi comprincipantes amicos
sui et principatus, quod ratio principis sumitur a ratione principatus; et
ideo bonum principis est in ordine ad principatus bonum: et ideo qui diligit
principem secundum quod princeps est, diligit principatum. Sed ille qui
principatur, duobus modis potest considerari: vel secundum quod princeps, vel
secundum quod homo talis; et ideo potest aliquis diligere ipsum, vel secundum
quod princeps, vel secundum quod talis homo. Si diligat ipsum secundum quod
princeps, diligit principatum; et procurando bona unius, procurat bona
alterius. Si diligat ipsum secundum quod talis vel talis, non oportet quod
diligat principatum: et tunc procurat secundum quod talis vel talis, non
procurando de bono principatus. |
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Lectio
16 |
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[89442] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 16 n. 1 Postquam philosophus posuit rationes ad ostendendum,
quod non est naturale unum principari pluribus secundum virtutem, in parte
ista determinat veritatem: et dividitur in duas. In prima proponit
intentionem suam cum quadam distinctione. In secunda manifestat eam, ibi, sed
ex dictis et cetera. In prima dicit: ita dictum est quod non expedit unum
dominari multis similibus: sed forte in aliquibus expedit, in aliquibus autem
non expedit. Unde est intelligendum quod aliquid est iustum et conferens
secundum naturam in ordine ad dominativam, aliud est iustum et conferens in
ordine ad politiam: et manifestum est quod ista non sunt unum et idem. Et hoc
apparet, quia principatus dominativus est, in quo aliquis principatur alteri
qui natus est subiici, sicut est servus; et principatur primo et
principaliter ad bonum proprium. Principatus autem politicus in quo
principatur aliquis liberis et aequalibus secundum virtutem et ad bonum
subditorum. Sicut ergo principatus isti sunt diversi, sic iustum quod est in
ordine ad unum, non est idem quod iustum in ordine ad alium principatum; et
ideo manifestum est quod non sunt idem iustum dominativum et iustum
politicum. In tyrannide autem et in aliis transgressis non est iustum
simpliciter: quia in illis politiis in quibus est finis praeter naturam non est
iustum simpliciter: sed in transgressis politiis est finis praeter naturam.
Sunt enim huiusmodi politiae praeter naturam. Ergo in ipsis non est iustum
simpliciter vel secundum naturam. |
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[89443] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 3 l. 16 n. 2 Deinde
cum dicit sed ex dictis declarat solutionem in speciali. Et primo declarat
quod in similibus secundum naturam et aequaliter se habentibus ad virtutem
non est iustum esse unum dominum nisi aliquo modo. Secundo declarat quis est
ille modus, ibi, quis autem et cetera. In prima dicit quod patet ex dictis,
quod non est secundum naturam, nec expedit, nec iustum est, unum principari
similibus et aequalibus secundum virtutem, sive non principetur secundum
legem, sed secundum voluntatem suam, tamquam sit ipse lex; sive non
principetur secundum suam propriam voluntatem, sed secundum legem; sive etiam
princeps sit bonus et subditi boni; sive ipse sit malus et ipsi mali; sive
sit melior et excellentior omnibus aliis in virtute, nisi aliquo modo.
Apparet autem hoc ex dictis. Sicut enim dictum est, iustum est quod similibus
secundum virtutem, sit eadem dignitas: si autem similibus secundum virtutem
unus principaretur, non esset eis eadem dignitas. Iterum dictum est prius
quod plures plura possunt videre et rectius iudicant quam unus: ex istis
manifestum est, quod non est iustum similibus existentibus secundum virtutem,
unum ex illis principari. |
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[89444] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 16 n. 3 Deinde cum dicit quis autem declarat quis est modus
ille quo expedit unum principari pluribus. Et primo praemittit intentum suum.
Secundo prosequitur, ibi, regnabile quidem et cetera. In prima dicit quod
dicendum est quis est modus ille quo expedit unum principari pluribus, et
qualiter. Aliqualiter autem dictum est prius quis est modus ille; scilicet
ubi quaesivit, utrum excedens omnes alios virtute esset civis. Sed antequam
dicamus quis est modus ille, dicendum est quid sit regius status et optimatum
et politicus. Et ratio huius est, quia ista sunt obiecta politiarum, et ex
ratione istorum aliqualiter apparebit propositum. |
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[89445] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 16 n. 4 Deinde cum dicit regnabile quidem prosequitur; et primo
declarat quid est unumquodque istorum. Secundo declarat modum illum, ibi, cum
igitur et cetera. In prima dicit quod regius status est cui subiicitur
multitudo quae nata est subiici secundum inclinationem naturalem alicui
superexcellenti in virtute ad principatum politicum vel regalem. Status
optimatum vero est cui subiicitur multitudo quae nata est sustinere dominium
multitudinis studiosorum; quae scilicet multitudo studiosorum nata est regi
principatu optimatum et liberorum ab his qui principantur secundum virtutem
in ordine ad politicum principatum: politicus autem est multitudo quae nata
est subiici et principari quandoque secundum legem, secundum quam
distribuitur principatus vel dignitates tenuioribus. Aliqui textus legunt
opulentis; et ideo intelligendum est opulentis vel egenis, utrisque tamen virtuosis. |
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[89446] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 16 n. 5 Deinde cum dicit cum igitur declarat quis est ille
modus, secundum quem expedit unum principari pluribus, et qualiter. Et primo
facit hoc. Secundo recapitulat, ibi, de regno quidem et cetera. In prima
dicit, quod si contingat unum totum genus vel unum inter alios sic differre
in genere ab aliis secundum virtutem, ut virtus eius excedat virtutem omnium
aliorum, iustum est hoc genus esse regale, vel illum si sit unus, et regnum et
dominium esse unum omnium: hoc enim est secundum naturam, quod ille qui
excedit secundum virtutem sit dominus aliorum. Ergo si virtus alicuius
excedat virtutem aliorum, naturale est quod iste sit rex et dominus. Nec
solum propter hoc iustum est illum esse regem, quia excedit absolute, sicut
est prius dictum quod omnes illi qui instituerunt politias dixerunt quod
iustum est principari illum qui excedit, sicut et qui optimatum et qui
paucorum potentum et qui popularem statum instituerunt. Omnes enim considerantes
ad excessum, dixerunt illum qui excedit debere principari: quamvis non eumdem
excessum ponerent: sed quidam secundum virtutem, quidam secundum divitias,
alii secundum libertatem: sed expedit istum principari qui excedit alios
secundum virtutem: nec expedit interimere, vel relegare, vel fugare: hoc enim
esset tollere regulam vivendi a civitate vel regione. Iterum non expedit
istum principari secundum partem, sed omnibus; nec secundum aliquod tempus,
sed semper; quia pars non est nata excedere suum totum: sed iste in virtute
excedit omnes alios: ergo alii sunt pars respectu istius: ergo non sunt nati
excedere ipsum, sed semper excedens magis secundum virtutem debet principari.
Quare relinquitur istum debere principari omnibus et semper, et dominum esse,
et omnes illi tali obedire quasi ex inclinatione naturali. Sed est
intelligendum quod quamvis multi conveniant in virtute et disciplina, oportet
tamen quandoque unum principari principatu regali. Est enim aliqua multitudo
virtuosorum, et haec dignitatem habet, et dicitur multitudo politica. Alia
est quae deficit a ratione multum, et haec dicitur dominativa. Utramque
expedit regi principatu regali: primam, inquantum est unus qui excedit omnes
alios in virtute; aliam autem expedit regi uno, inquantum est aliquis qui
excedit omnes alios in virtute. Sed differt: quia in prima principatus
politicus multum distat a dominativo principatu: in secunda autem multum
appropinquat, quia multitudo ista a ratione deficit, prima autem non. Item
differt, quia secundum regnum diuturnius est quam primum, quia ad secundum
minus de virtute sufficit quam ad primum; et ideo facilius potest inveniri
unus qui excedat alios, in primo non. In prima enim multitudine, quia omnes
attingunt ad rationem, contingit esse aliquos qui possunt invenire diversas
vias et modos ad expellendum principem. Non sic est in secunda, quia in
secunda deficiunt a ratione; et ideo non possunt invenire vias et cautelas
contra principantem; et ideo secundus principatus plus durat quam primus. |
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[89447] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 16 n. 6 Deinde cum dicit de regno recapitulat; et dicit quod de
monarchia regali quas habet differentias et modos, et quae sunt, et utrum non
expediat unum principari, et quibus expediat, et quomodo, dictum est. |
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[89448] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 16 n. 7 Deinde cum dicit quoniam autem declarat quod eadem est
virtus optimi regis et viri studiosi; et adiungit etiam statum optimatum. Et
primo hoc declarat. Secundo continuat se ad dicenda, ibi, determinatis autem
iis et cetera. Prima in duas. Primo ostendit quod eadem est virtus, per quam
aliquis instituit rempublicam optimatum et regnum optimum, et viri studiosi.
Secundo ex dictis infert unam esse disciplinam, et per consequens unam
virtutem regis optimi et politici, et optimi viri, ibi, quare erunt et
cetera. In prima dicit, quod cum sint tres politiae recte ordinatae, secundum
quod dictum est prius, illa inter alia optima est, quae regitur et
dispensatur ab optimo viro vel ab optimis viris, quia ad optimum finem
ordinatur: semper enim quod fit ab optimo agente, ad optimum finem ordinatur
per se. Illa igitur quae ab optimo viro vel optimis viris dispensatur optima
est. Talis autem est politia illa in qua principatur unus vel totum unum
genus, vel in qua multitudo excellens secundum virtutem principatur, in qua
quidam possunt subiici et principari ad electissimam et perfectissimam vitam,
scilicet quae est secundum virtutem perfectissimam. Ostensum autem fuit quod
aliquo modo eadem est virtus optimi viri et optimi civis, quare manifestum
est quod eodem modo et per eamdem virtutem per quam aliquis est vir
studiosus, instituit has politias, scilicet regnum et optimatum statum. |
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[89449] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 16 n. 8 Deinde cum dicit quare erunt ex dictis infert unam esse
disciplinam, et per consequens virtutem unam regis optimi, et politici, et
optimi viri. Et dicit, quod si eadem est virtus per quam instituitur politia
optimi viri, et viri studiosi, manifestum est, quod eadem erit disciplina, et
eaedem consuetudines, quae faciunt virum studiosum, et quae faciunt civem
politicum, et regales viros. Ratio autem huius consequentiae est, quia per
illam virtutem per quam aliqua causa per se et primo instituit aliquem
effectum, per eamdem est et determinatur; per idem enim est aliquid et
operatur. Sed per virtutem boni et studiosi viri instituit rex politiam
regalem, et institutor status optimatum, statum optimatum, ut probatum est
prius. Ergo per eamdem sunt, hic autem est rex, hic autem
est institutor status optimatum. |
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[89450] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 3 l. 16 n. 9 Deinde cum dicit determinatis autem continuat se ad
dicenda. Et dicit quod his determinatis, considerandum est qualiter et
quomodo sit instituenda optima respublica, et quomodo necesse est eum, qui
debet de ea facere speculationem convenientem, prius in universali de ea
considerare. |
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Liber 4
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LIVRE 4
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Lectio
1 |
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[89451] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 1 Postquam philosophus determinavit de politia optima,
puta de regno, et distinxit eius modos, et dissolvit quasdam dubitationes ex
quibus apparet natura ipsius, scilicet monarchiae, idest potestatis regalis,
prosequitur de aliis politiis. Et dividitur in duas. In prima ostendit de
quibus et quo ordine considerandum est in hac scientia, et quae sunt
considerata, et quae restant consideranda. Secundo prosequitur de illis, ibi,
ut igitur et cetera. Prima in tres. In prima ostendit, quae sunt consideranda
in hac scientia. Secundo ostendit, quae sunt considerata, et qui restant
consideranda, ibi, quoniam autem in prima et cetera. In tertia ostendit quo
ordine considerandum est, ibi, nobis autem et cetera. Adhuc prima in duas. In
prima ostendit, quod istius scientiae est considerare de politia optima, quae
et qualis sit, et quibus et qualibus congruit. Secundo ostendit quae sunt
illa universaliter quae pertinent ad considerationem huius scientiae, ibi,
quam optima simpliciter et cetera. In prima intendit istam rationem, in
omnibus artibus factivis, et in omnibus scientiis activis, quae non versantur
circa aliquam naturam particularem, sed circa aliquod unum commune, et quae
perfecte considerant aliquod unum commune, unius est considerare qualis dispositio
convenit unicuique illorum, quae sunt sub communi, et qualis est optima, quae
competit illi communi et primo: sed politica est scientia activa
considerativa alicuius unius communis, non particularis, et perfecte
considerat illud: quare ipsius est considerare quae politia est optima, et
quae politia quibus convenit. Circa istam rationem sic procedit. Supposita
minore. Primo probat minorem, et eam ponit. Secundo concludit conclusionem,
ibi, quare manifestum et cetera. Circa primum intelligendum est, quod
scientiae omnes aliquod subiectum considerant, sed in quibusdam contingit
esse illud univocum, in aliis autem non univocum, sed analogum, dictum de
pluribus per attributionem ad aliquod prius inter illa. Et sicut est in
speculativis, sic etiam est in activis et factivis, quae sunt quaedam
scientiae activae et factivae considerantes aliquod unum dictum de pluribus
per attributionem ad aliquod primum. Et in talibus proponit propositionem
suam maiorem. Et dicit quod in omnibus artibus factivis et scientiis activis,
quae non considerant particulare aliquod, sed considerant aliquod unum
commune pluribus secundum analogiam perfecte considerantibus, illud commune
unius est considerare quae et qualis est dispositio uniuscuiusque illorum
habentium attributionem ad primum, et qualis est optima dispositio, quae
competit illi primo, ad quod alia habent attributionem. Et declarat istam
proportionem, quia ars exercitativa considerat quae et qualis exercitatio,
cui et quali corpori conveniat. Considerat etiam quae est exercitatio optima,
quae optime disposito corpori convenit. Optima enim exercitatio convenit ei
qui est optime dispositus et proportionatus secundum naturam, et illa
exercitatio, quae competit pluribus habentibus attributionem ad aliquid unum,
illa una omnibus competit secundum attributionem. Ista enim est consideratio
exercitativae artis. Et si aliquis obiiciat quod exercitativa non debet
considerare dispositionem illam optimam, quia nullus attingit ad eam. Hoc
removens dicit, quod si aliquis non desideret dispositionem optimam, vel quae
sibi possibilis est, nec scientiam, vel habitum eorum, quae circa
exercitationem illam sunt, tamen ars exercitativa de istis debet considerare.
Iterum ars exercitativa debet disponere potentiam exercitati ad hanc,
similiter medicina considerat sanitatem, et quae et qualis, cui et quali
corpori conveniat. Considerat etiam dispositionem corporum, puta
complexiones, et quae complexio optima, et quae sanitas optime complexionato
congruit. Similiter est circa artem faciendi vestes, et circa omnes alias
artes, et ratio huius est, quoniam si aliqua scientia considerat aliquam
naturam, considerat passiones illius, considerat etiam omnia, quae
attributionem habent ad illam naturam. Iterum passiones illorum attributorum,
sed passio primi in scientia est dispositio eius optima. Passiones eorum quae
attribuuntur sunt quales illis congruunt, et ideo eiusdem scientiae est
considerare, et optimam dispositionem, et quae quali congruit. |
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[89452] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 2 Deinde cum dicit quare palam concludit conclusionem. Et
dicit, quod ex istis manifestum est, quod scientiae eiusdem, scilicet
politicae, est considerare quae est optima politia. Haec autem est quae
maxime desideratur, et est secundum voluntatem, si non sit impedimentum per
aliquod extrinsecum. Contingit enim per aliquod impediens quod aliquis non
appetit optimam politiam. Iterum politica scientia considerat, quae politia
quibus convenit. Sunt enim multi qui non possunt attingere ad optimam, quae
illis competat, sed ad illam quae illis congruit. |
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[89453] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 3 Deinde cum dicit quare optimam ostendit quae pertinent
ad considerationem universaliter huius scientiae. Et primo ostendit de quibus
considerat per se et primo. Secundo ostendit de quibus ex consequenti; puta
de differentiis legum et politiarum, ibi, propter quod et cetera. Prima in
duas. In prima facit quod dictum est. In secunda tangit defectus quorumdam
circa praedicta, ibi, quo plurimi et cetera. In prima dicit, quod manifestum
est ex dictis, quod politicus considerat politiam simpliciter. Sicut enim
dictum est, considerans aliquam naturam, considerat quae est optima
dispositio eius; et ideo considerans politiam considerat eam quae est optima.
Sed politicus de politia considerat: quare manifestum est, quod politicus et
legislator considerant de optima politia. Iterum ad ipsum pertinet
considerare quae est politia optima ex suppositione. Si enim in civitate
aliqua sint plures virtuosi excedentes alios in virtute, et populus
inclinetur ad virtutem, his suppositis optima politia reguntur isti. Iterum
ad politicum pertinet considerare politiam quae ex suppositione, non ex
suppositione simpliciter, sed ex suppositione alicuius quod non est bonum
simpliciter. Si enim ista sit politia, oportet considerare in principio
qualiter poterit fieri, et qualiter poterit conservari in multo tempore. Si
enim aliqua civitas non regeretur optima politia simpliciter, nec etiam
sufficienti in per se necessariis, nec etiam optima ex suppositione, quae ei
contingere potest, sed quadam alia politia peiori ista ex suppositione non
simpliciter, sed alicuius, quod non est simpliciter bonum. Item praeter omnia
ista considerat politicus, quae politia cui civitati congruit. |
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[89454] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 4 Deinde cum dicit quo plurimi tangit defectum quorumdam
circa praedicta. Et dividitur in duas, secundum quod dupliciter eos reprobat.
Secunda, ibi, oportet autem et cetera. In prima dicit: dictum est, quod
politicus debet considerare politiam optimam simpliciter, et ex suppositione,
quae pluribus civitatibus congruit. Sicut medicus non
solum considerat sanitatem simpliciter, sed sanitatem quae competit isti. In hoc autem multi loquentium de politia
defecerunt. Et si in aliquibus dicant bene, tamen in politiis, quae non sunt
optimae, opportunae tamen aliquibus civitatibus, defecerunt, quia politicus
non solum habet considerare politiam simpliciter optimam, sed ex suppositione,
et quae cuique congruit, et quae possibilis. Similiter debet politicus
considerare politiam faciliorem et communiorem omnibus. Isti autem solum de
optima politia determinaverunt, quae multis indiget, ad quam pauci pertingere
possunt. Et ideo solum de illa quae vix aut nunquam esse potest,
consideraverunt. Alii consideraverunt politiam magis communem, et nihil de
optima dixerunt: unde reprobabant quasdam politias, sicut politias
Laconicorum, et si qua alia est, quae approbanda est, et quam laudamus. Et
ideo manifestum est, quod erraverunt. |
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[89455] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 5 Deinde
cum dicit oportet autem secundo improbat illos. Reprobat autem eos in hoc,
quod voluerunt alias politias corrigere, in quo erraverunt. Et dicit, quod
volentem corrigere aliquam politiam, oportet talem modum et ordinem invenire,
ad quem possunt cives suaderi, et prosequi faciliter. Non enim minus
difficile videtur corrigere politiam aliquam quam instituere eam a principio;
sicut non videtur minus esse difficile addiscere, postquam aliquis oblitus
est, et a principio. Sic autem isti non fecerunt; oportebat autem. Oportet
enim qui vult corrigere aliquam politiam, prius amovere inordinationes, quae
sunt in illa politia, et deinde inducere novum ordinem. Sicut si aliquis vult
calefacere frigidum, oportet, quod prius natura abiiciat formam frigiditatis,
et postmodum inducat formam caliditatis: sic in proposito. Non sic autem
fecerunt isti; et ideo erraverunt in corrigendo. |
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[89456] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 6 Deinde cum dicit propter quod declarat, quod oportet
politicum considerare, quae sunt differentiae politiarum. Et primo facit hoc.
Secundo dicit, quod ad ipsum pertinet considerare differentias legum, ibi,
cum eadem autem et cetera. In prima dicit, quod praeter ea quae dicta sunt,
oportet politicum considerare per quae et quomodo contingit auxiliari
politiis existentibus, cum fuerit error in illis, sicut praetactum fuit in
praecedentibus. Hoc autem non potest fieri, nisi manifestum sit, quae sint
differentiae et species politiarum; quia non est possibile aliquem auxiliari
per se in eo quod non novit. Aliqui enim dicunt popularem esse unum tantum,
similiter etiam et paucorum; nunc autem istud non est verum: sunt enim plures
species utriusque istarum. Oportet igitur politicum, si debeat auxiliari
politiis existentibus et dirigere differentias ipsarum, non latere quot sunt,
et qualiter etiam componantur ex principiis suis. |
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[89457] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 1 n. 7 Consequenter
cum dicit cum eadem declarat, quod oportet ipsum considerare de differentiis
legum; dicens, quod cum consideratione praedictorum oportet considerare de
legibus; puta quae sint optimae simpliciter, idest quae sint optimae secundum
unamquamque politiam, et quae et quales unicuique illarum conveniunt. Cuius
ratio est, quoniam leges omnes feruntur vel ferri debent secundum quod
competit politiae per se, et non e converso politias ordinare secundum quod
competit legibus. Politia enim est ordo principatuum in civitate, secundum
quem distribuuntur ipsi principatus secundum rationem; et secundum quem
attenditur, quem oportet esse dominantem in civitate, et quis etiam sit finis
communicationis civium. Ista autem determinantur per leges. Leges enim
separatae, scilicet seorsum acceptae, sunt enunciationes de agibilibus
significantes praedictum ordinem, scilicet quot oportet esse differentias, et
quis finis civitatis, et qualiter et quomodo oportet dominari, et qualiter
oportet observare transgredientes ipsas. Igitur manifestum, quod necesse est
politicum considerare leges, et differentias et numerum ipsarum, et
differentias, quae sunt secundum differentias et numerum politiarum, quia non
est possibile easdem leges conferre statui populari et paucorum: leges enim
differunt secundum diversitatem finium: status autem popularis et paucorum
non est idem finis. Nec etiam eaedem leges competunt omnibus modis statui
populari; similiter nec omnibus modis statui paucorum; si non supponamus quod
non sit popularis una tantum, nec paucorum una tantum, sed multae. Si enim
sunt multae, aliqualiter diversos fines habent; leges vero diversificantur
secundum diversitatem finium. |
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[89458] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 8 Consequenter cum dicit quoniam autem declarat, quae de
praedictis considerata sunt, et quae restant consideranda. Et dividitur in
duas. Quoniam primo declarat quae sunt considerata. Secundo cum dicit,
reliquum de politia etc. declarat quae restant consideranda. Primo igitur
dicit, quod in praecedenti methodo distinximus politias in rectas et
transgressas. Rectas quidem, ut sunt regnum, quod est optimum, et optimatum,
et ea quae dicitur communi nomine politia. Transgressae autem sunt tyrannis
quae a regno transgreditur, et propter hoc est pessima; et paucorum quae
transgreditur ab optimatum; et popularis, quae a politia. Adhuc autem
consideratum est in praecedentibus de regno et de statu optimatum. Idem enim
est considerare de his quae significantur per ista nomina, et de optima
politia: utraque enim istarum duarum intendit principaliter in finem, qui est
secundum virtutem, et ad ipsam virtutem multam et perfectam existentem.
Iterum consideratum est in quo differunt regnum et respublica optimatum, et
quando etiam oportet regnum esse, et quibus oportet vivere sub regno. |
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[89459] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 9 Deinde cum dicit reliquum de politia declarat quae
restant considerare. Et circa hoc duo facit. Primo tangit hoc quod dictum
est. Secundo, quia fecerat mentionem de transgressis politiis, declarat, quae
illarum est magis, et quae minus mala, ibi, manifestum quidem igitur et
cetera. Circa primum dicit, quod post ea quae determinata sunt, relinquitur
nobis considerandum de ea quae appellatur communi nomine politia recta
existente, et de his quae transgrediuntur rectis, sicut de populari et
paucorum et tyrannide. |
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[89460] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 1 n. 10 Deinde
cum dicit manifestum quidem declarat, quae istorum est magis et minus mala.
Et primo facit hoc. Secundo tangit defectum cuiusdam, ibi, iam quidem igitur
et cetera. Primo igitur dicit, quod ex dicendis poterit esse manifestum, quae
politiarum transgressarum est pessima et quae minus mala post illam, et quae
minime. Illa enim quae transgreditur ab optima et divinissima politia quae
est maxime secundum rationem rectam, necessarium est esse pessimam, sicut ex
se manifestum. Regnum autem est optima politia, et maxime secundum rationem.
Regem enim, aut solum nomen regis oportet habere, et aequivoce, aut talem
esse propter excellentiam virtutis et boni universaliter. Dicitur enim in
octavo Ethicorum quod non est rex, qui non est per se sufficiens et omnibus
bonis superexcellens. Quare tyrannis erit pessima omnium, et propter hoc,
plurimum distat ab optima. Deinde autem post ipsam mala est gubernatio
paucorum; transgreditur enim ab optimatum, quae optima est post regnum. Ergo
ipsa pessima est post tyrannidem. Minus autem mala, et magis commensurata inter
transgressas est popularis, quia transgreditur a politia, quae minus recta
est inter rectas: ergo ista est minime mala inter transgressas: quod enim a
minus bono transgreditur, necesse est esse minus malum. |
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[89461] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 1 n. 11 Deinde
cum dicit iam quidem tangit defectum Platonis circa praedicta; dicens, quod
quidam priorum philosophantium, scilicet Plato, de istis pronunciavit, non
tamen in idem ferens intentionem nobiscum. Ipse enim iudicavit omnes politias
bonas esse, sicut regnum et paucorum et alias: sed popularem dixit esse
pessimam respectu rectarum simpliciter. Dixit tamen esse optimam respectu
earum quae inordinatae sunt. Nos autem e contrario dicimus, has tres politias
totaliter transgressas esse, popularem scilicet et paucorum et tyrannidem; et
quod non convenienter dicitur gubernationem paucorum unam meliorem alia: quae
enim rationem boni non habent omnino, non sunt comparabilia secundum
bonitatem: sed verius potest dici unam esse minus pravam alia: quae enim
prava sunt contingunt comparari unum alii secundum pravitatem. Sed quia
iudicium de talibus non multum facit ad propositum, dimittatur ad praesens. |
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[89462] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 12 Deinde cum dicit nobis autem dat ordinem considerandi
de istis. Et primo quantum ad ea, quae consideranda sunt in quarto. |
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[89463] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 1 n. 13 Deinde
cum dicit deinde quae quantum ad quaedam quae consideranda sunt consequenter.
Dicit igitur primo, quod post praedicta primo est considerandum a nobis quot
sunt differentiae politiarum dictarum prius, puta popularis, et paucorum, et
optimatum, si ita sit, quod sint plures species ipsarum. Postea
considerabimus, quae politia sit communissima quantum ad omnes conditiones
multitudinis, et quae maxime eligibilis in ordine ad finem post optimas
politias, quae sunt regnum, et optimatum simpliciter. Et iterum si contingit
esse aliquam speciem optimatum praeter simplicem, quae sit bene mansiva, et
conveniens multis civitatibus, quae sit illa. Post haec vero considerandum
erit, quae vel qualis, quibus vel qualibus sit magis eligibilis, et magis
congruens. Possibile enim est, quod quibusdam magis congruat popularis quam
paucorum, quibusdam autem magis ista quam illa. |
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[89464] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 1 n. 14 Deinde cum dicit deinde et aliarum dat ordinem
considerandi quantum ad consideranda consequenter; dicens, quod deinde post
determinationem dictorum considerandum erit, quomodo instituendae sint a
principio huiusmodi politiae, et ex quibus: puta quomodo instituendae sunt et
ex quibus respublica popularis et paucorum secundum omnes species earum, et
quomodo optima sit instituenda. Deinde autem posterius secundum intentionem,
quamvis prius secundum executionem, puta in libro sequenti, considerandum est
quae sunt principia corruptiva et salvativa huiusmodi politiarum, et in
universali, et secundum unamquamque aliarum, et quae sunt causae propter quas
maxime natae sunt corrumpi et salvari. Est autem intelligendum, quod prius
considerat de corrumpentibus et salvantibus eas, puta in quinto istius;
posterius et deinceps de institutione earum; quamvis prius esset in
intentione de institutione, quam de salvatione et corruptione. |
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Lectio
2 |
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[89465] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 2 n. 1 Postquam
philosophus declaravit de quibus considerat scientia ista et quae dicenda, et
secundum quem ordinem, in parte ista prosequitur. Et dividitur in partes
duas: quia primo facit quod dictum est; secundo determinat de quibusdam
partibus principalibus politiae, ibi, quae autem sit et cetera. Prima in
duas. In prima distinguit politias. In secunda prosequitur de illis, de
quibus non est dictum prius, ibi, reliquum autem est et cetera. Adhuc prima
in duas. In prima ostendit esse plures politias. In secunda distinguit
species ipsarum magis in speciali, ibi, quod autem et cetera. Prima in duas,
secundum quod primo probat politias esse plures, et quot sunt aliquo modo;
secundo quod sunt plures dictis, cum dicit, quod autem et plures et cetera.
Adhuc prima in duas. In prima dicit quod sunt plures: in secunda quot sunt,
ibi, maxime autem et cetera. Adhuc prima in duas. Primo praemittit causam
propter quam sunt plures. Secundo manifestat, ibi, primo quidem enim et
cetera. In prima dicit quod causa quare politiae sunt plures est, quia
cuiuslibet civitatis plures sunt partes differentes secundum rationem. Et quamvis
distinctio formae non sit propter distinctionem materiae, tamen ad
distinctionem materiae sequitur distinctio formae. |
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[89466] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 2 Deinde cum dicit primo quidem propositam causam
manifestat. Et primo ostendit quae sunt partes civitatis, et quam habent
similitudinem ad politiam. In secunda ex hoc concludit quod sunt plures
politiae, subinducens causam ex dictis propter quam sunt plures politiae,
ibi, manifestum igitur et cetera. Prima in duas. Primo distinguit partes
civitatis. Secundo ostendit quam habitudinem habent ad politiam, ibi, harum
enim et cetera. Adhuc prima in duas. Primo distinguit partes civitatis.
Secundo subdividit, ibi, et hunc quidem et cetera. In prima dicit quod
manifestum est quod primo civitas componatur ex domibus; et ideo quaecumque
sunt partes domus, sunt partes civitatis radicaliter. Item in multitudine
civitatis quidam sunt divites et opulenti, quidam pauperes, paucam aut nullam
habentes substantiam; quidam medii. Iterum divitum et egenorum quidam habent
exercitum armorum, quidam non habent. |
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[89467] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 3 Deinde cum dicit et hunc quidem subdividit partes
civitatis. Et primo subdividit egenos. Secundo divites, ibi, et insignium et
cetera. Tertio subdividit medios, ibi, adhuc cum et cetera. In prima dicit
quod egenorum multi sunt modi: quidam enim sunt agricultores qui versantur
circa culturam agrorum, alii sunt qui vacant circa commutationes venalium
rerum, alii sunt dediti sordidis ministeriis qui faciendo opera sua maculant
corpus, sicut sunt mercenarii. Istorum sunt multi modi; quidam coriarii,
quidam pellium curatores et huiusmodi. |
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[89468] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 4 Deinde cum dicit et insignium subdividit opulentos; et dicit
quod modi opulentorum sunt secundum diversitatem divitiarum et excessum
earum. Quidam enim sunt divites eo quod vacant circa nutritionem equorum et
aliorum animalium: tales enim non est difficile fieri divites: illud enim
munus non possunt ferre nisi divites; et ideo antiquitus in illis civitatibus
quarum potentia erat in equis et animalibus, erat politia paucorum: isti enim
utebantur equis quos nutriebant contra adversarios, sicut contra vicinos;
sicut quidam dicti Eretrienses et Chalcidenses et Magnesii, qui sunt super
Meandro, et aliae plures civitates Asiae. |
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[89469] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 5 Deinde cum dicit adhuc cum subdividit medios; et dicit
quod praeter differentias istorum divitum sunt aliae differentiae mediorum:
quorum quidam excedunt secundum genus et nobilitatem, alii excedunt secundum
virtutem. Similiter si aliud aliquid sit tale quod sit necessarium et utile
civitati, et dicitur pars civitatis. Et hoc dictum fuit, ubi dicebatur de
statu optimatum. Ibi enim dictum fuit, ex quot partibus necessariis est
quaelibet civitas: puta in secundo huius, ubi posuit politiam Platonis quam
forte dixit esse optimatum. Ibi enim numeravit partes civitatis. Vel forte in
tractatu separato, ubi de republica optimatum dixit. |
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[89470] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 6 Deinde cum dicit harum enim declarat quam habitudinem
habent istae partes ad politiam; et dicit quod istarum partium aliquando
omnes attingunt ad politiam, sicut in populari in qua populus dominatur,
omnes attingunt ad eam, etiam infimi. Aliquando pauci, sicut in paucorum
statu in qua divites principantur. Aliquando plures, sicut in statu
optimatum, in qua principantur plures virtuosi. |
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[89471] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 7 Deinde cum dicit manifestum igitur concludit causam
propter quam sunt plures politiae. Et videtur concludere duas causas; et
dicit quod manifestum est quod necesse est esse plures politias differentes
adinvicem secundum speciem; quia distinctio politiarum secundum speciem est
secundum distinctionem partium principalium. Quamvis enim diversitas secundum
speciem non sit propter diversitatem partium materialium, tamen ad
diversitatem partium materialium sequitur diversitas formae. Sed partium
civitatis quaedam differunt specie adinvicem etiam pertinentium ad speciem:
plures igitur erunt politiae. Et est intelligendum ad evidentiam dicti, quod
sicut partium animalis quaedam sunt quae non pertinent ad speciem, sicut haec
caro, haec ossa, quaedam quae pertinent ad ipsam, sicut caro et ossa
absolute: et sicut sunt quaedam quae non attingunt ad formam rei, sicut pili
et ungues, quaedam quae attingunt, sicut cor et hepar: et secundum
distinctionem istorum secundum speciem diversificantur animalia secundum
speciem, non autem secundum primarum distinctionem quae non attingunt ad
formam, nec pertinent ad speciem: sic civitatis sunt quaedam partes quae non
attingunt ad civilitatem, nec pertinent ad formam eius; aliae sunt partes
principales ipsius; et secundum distinctionem istarum distinguuntur politiae;
cuiusmodi sunt illae secundum quas distinguuntur principatus. Aliam causam
tangit; et dicit, quod politia est ordo principatuum: ergo secundum
distinctionem principatuum est distinctio politiarum. Sed distinctio
principatuum est secundum distinctionem huiusmodi partium. In quibusdam enim
politiis principatus distribuuntur secundum potentiam eorum qui possunt
attingere ad principatum; in aliis secundum aequalitatem quamdam; sicut
divites propter excessum divitiarum, et egeni principantur propter
libertatem, in aliis plures propter virtutem; et isti sunt medii inter istos.
Quare manifestum est, cum istae partes sint plures differentes species, quod
erunt plures politiae differentes secundum speciem; et tot erunt politiae,
quot sunt gradus secundum excessum aliquem. |
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[89472] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 8 Deinde cum dicit maxime autem ostendit quot sunt
politiae. Et primo facit hoc. Secundo removet errorem quorumdam, ibi, non
oportet autem et cetera. Prima in duas. In prima dicit quot sunt secundum
opinionem aliorum. In secunda quot secundum opinionem suam, ibi maxime quidem
et cetera. In prima dicit, quod secundum intentionem aliorum, duae videntur
maxime esse politiae, sicut duo sunt venti principales, scilicet Australis et
borealis, et quod alii omnes sunt praetergressiones istorum duorum et quod ab
eis deficientes reducuntur ad ipsos. Una est paucorum, alia popularis.
Optimatum autem dicunt esse sub paucorum et reduci ad eam et politiam dicunt
esse popularem quamdam, sicut accidit in ventis: ad illos enim duos omnes
alios reducunt; sicut Zephyrum ad Boream, Eurum autem ad Austrum. Eodem modo
accidit in proportionibus musicalibus. Sunt enim duae harmoniae principales,
quibus omnes aliae coordinantur; scilicet Dorica et Phrygia. Dorica dicitur
harmonia primi toni. Phrygia vero tertii. Et istis alias coordinant; quasdam
reducentes ad Doricam, quasdam ad Phrygiam. Similiter in proposito duas
posuerunt principales; scilicet politias popularem et paucorum; et istis
duabus alias coordinaverunt. |
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[89473] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 2 n. 9 Deinde cum dicit maxime quidem declarat quot sunt secundum suam
opinionem; et dicit, quod antiqui sic consueverunt dividere politias. Melius tamen est quod dividamus eas secundum
quod superius dictum fuit: scilicet quod quaedam sunt politiae rectae,
quaedam quae sunt transgressiones; ita quod unius politiae bene ordinatae vel
duarum, aliae sunt transgressiones: puta quaedam transgressiones sunt bene
commensuratae, sicut est illa quae communi nomine nominatur respublica; aliae
vero sunt transgressiones. |
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[89474] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 10 Deinde cum dicit non oportet removet errorem quemdam
circa distinctionem status paucorum et popularium. Et primo probat quod non
distinguuntur, sicut ipsi posuerunt eas distingui, proponendo intentum suum.
Secundo ostendit qualiter distinguuntur, ibi, magis igitur. In prima dicit
quod non oportet quod determinetur status popularis, sicut quidam
consueverunt ponere et determinare ipsum simpliciter, ita quod status
popularis sit politia in qua multitudo principatur: quia contingit quod in
statu paucorum multi divites dominentur, et tamen tunc non erit status
popularis. Non ergo debet status popularis determinari per hoc quod pauci
dominentur. Quoniam si essent in aliqua civitate mille trecenti, et mille
essent divites et principarentur aliis trecentis pauperibus et liberis
existentibus et non concederent eis aliquid de principatu, sed tantum
subiicerentur eis, nullus diceret eos principari principatu populari; et
tamen multitudo dominaretur. Non ergo per hoc determinatur popularis status,
quia multi principantur. Similiter si illi trecenti pauperes et pauci
respectu aliorum existentes essent meliores divitibus et principarentur,
divites autem non principarentur, sed subiicerentur illis, talem politiam
nullus diceret statum paucorum; et tamen pauci sunt principantes. Quare
manifestum est quod status paucorum non debet determinari per hoc quod pauci
dominentur. |
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[89475] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 11 Deinde cum dicit magis igitur declarat quomodo
determinandae sunt respublica paucorum et popularis; et habet partes duas. In
prima proponit quod per se determinantur libertate et divitiis, et per
accidens multitudine et paucitate. In secunda probat, ibi, etenim utique et
cetera. In prima dicit quod magis dicendum quod status popularis sit, quando
liberi existentes principantur; paucorum quando divites. Sed accidit liberos
esse plures, divites vero paucos; et ideo per accidens determinantur
paucitate et multitudine. |
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[89476] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 12 Deinde cum dicit etenim utique probat illud quod dictum
est. Et primo probat quod multitudine et paucitate per se non distinguuntur
nec determinantur. Secundo, quod solum determinantur per se per divitias et
paupertatem; sed oportet adiungere multum et paucum, licet per accidens, ibi,
sed neque iis. In prima dicit: ita dictum est quod paupertate et divitiis per
se determinantur popularis et paucorum, sed per accidens multitudine et
paucitate. Quia si per se distribuerentur principatus secundum magnitudinem,
sicut dicunt quidam fieri in Aethiopia, vel secundum pulchritudinem, ita quod
ille qui esset maior et pulchrior principaretur, cum pauci sint pulchri et
magni, esset tunc paucorum; hoc autem falsum est. Status enim paucorum tantum
est cum divites principantur. Quare manifestum est quod per se non
determinantur paucitate et multitudine. |
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[89477] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 2 n. 13 Deinde cum dicit sed neque declarat quod paucitate et
multitudine distinguuntur, sed per accidens; et quod oportet ista adiungere;
et dicit, quod status paucorum et status popularis non sufficienter habent
terminari his differentiis solum, scilicet paupertate et divitiis: sed cum
sint plures partes popularis et paucorum, oportet adiungere aliqua ad
determinationem eorum, saltem per accidens; quoniam si pauci liberi
existentes principentur pluribus non liberis, non dicemus quod sit
principatus popularis; sicut accidit in Apollonia quae est in Ionio et in
Thera. In istis enim urbibus principabantur excellentes secundum ingenuitatem
et pauci existentes erant ad alios collati, et iam non erat status popularis.
Similiter si multi secundum divitias excedentes principarentur, non diceremus
popularem, sicut accidit antiquitus in quadam civitate quae dicitur Colophon.
In illa enim civitate erant plures divites antequam fieret bellum inter ipsos
et Lydos, et principabantur: attamen non erat popularis. Sed sic debet
determinari popularis, ut dicatur quod status popularis est, in quo plures
existentes liberi et pauperes principantur: et status paucorum est, quando
divites pauci existentes vel nobiles dominantur. Et tunc concludit, quod sunt
plures politiae; dicens quod manifestum est quod politici sunt plures, et
propter quam causam sunt plures. |
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Lectio
3 |
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[89478] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 1 Postquam philosophus declaravit, quod plures sunt
politiae et propter quam causam et quot sunt aliquo modo, in parte ista
declarat quod sunt plures politiae quam quae dictae sunt: et ostendit hoc
quasi ex virtute cuiusdam medii per quod ostendebat prius quod sint plures;
et dividitur in duas. In prima ostendit quod sunt plures quam quae dictae
sunt. In secunda ostendit quae sunt principales inter illas secundum alios,
ibi, alias quidem. Adhuc prima in duas. In prima praemittit intentum
suum proponendo principium ad probandum hoc. In secunda prosequitur, ibi,
sicut igitur. In prima dicit: sic dictum est, quod sunt plures politiae:
quaedam enim sunt rectae; et istae sunt tres: regnum, optimatum status, et
respublica. Et sunt tres non
rectae: tyrannis, paucorum, et popularis. Modo dicendum est, quod sunt plures
politiae quam quae dictae sunt et quae sunt illae et propter quam causam sunt
plures; accipiendo principium ad hoc probandum quod prius assumptum fuit ad
probandum quod essent plures; scilicet quod omnis civitas plures partes habet
et non unam solum: ex isto enim eodem probabitur quod sint plures quam quae
dictae sunt. |
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[89479] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 3 n. 2 Deinde cum
dicit sicut igitur probat accipiendo simile in his quae sunt secundum
naturam; quia politia assimilatur eis. Est enim politia secundum rationem: ea
autem quae secundum rationem sunt, sunt posteriora his quae sunt secundum
naturam et ortum habent ex illis; et ideo assumit simile in his ad probandum
intentum suum: et habet partes duas. Primo assumit
simile. Secundo adaptat ad propositum, ibi, eodem autem modo. Circa primum
intelligendum est, quod sicut dictum est prius, partium materialium quaedam
sunt quae pertinent ad speciem, quaedam autem non. Partes pertinentes ad
ipsam sunt sine quibus species non potest esse; sicut caro et os pertinent ad
speciem hominis, quia sine his non potest esse homo. Partes materiales non
pertinentes ad speciem sunt, sine quibus species potest reperiri; sicut ista
ossa et istae carnes non pertinent ad speciem humanam, quia sine istis potest
esse homo. Secundum igitur
distinctionem partium pertinentium ad speciem distinguitur forma; quamvis
distinctio formae non sit propter distinctionem materiae. De talibus vero
partibus secundum quarum distinctionem distinguuntur formae et species,
loquitur hic philosophus; et dicit quod si aliquis velit accipere species
animalis, oportet quod distinguantur partes materiales animalis, sine quibus
non potest esse forma animalis, non autem sine quibus animal potest esse: ut
dicatur quod partium animalis materialium, aliud est sensitivum, aliud
nutritivum, aliud digestivum: animal enim determinatur sensu; et ideo oportet
esse unam partem sensitivam organicam: et cum animal nutriatur, oportet quod
recipiat alimentum et quod digerat: ista autem fiunt per diversas partes:
quare animalis est quaedam pars receptiva alimenti sicut os, alia digestiva
sicut venter. Tertiam non adiungit hic quae necessaria est, per quam scilicet
emittit impurum et superfluum; sed in libro de morte et vita adiungit illam.
Iterum cum animal moveatur vel de loco ad locum, sicut animalia quae moventur
motu progressionis vel motu dilatationis et constrictionis, sicut quaedam
imperfecta, oportet quod habeat partes aliquas opportunas ad motum. Si ergo
sint tot partes animalis, et istarum partium sint plura genera differentia
secundum speciem, sicut sunt plura genera oris et ventris quae differunt
secundum speciem; similiter et plura sensitiva differentia secundum speciem
et plures partes opportunae ad motum: manifestum est quod secundum
distinctionem istarum partium est distinctio specierum animalium: quia non
est possibile quod idem animal secundum speciem habeat plures ventres
differentes secundum speciem et plures aures et plures differentias oris:
quia si animal sit unius speciei, oportet quod partes sint unius speciei,
quia per formam ipsius partes eius determinantur. Ergo illae quae
terminantur per formam unam, sunt unius speciei. Non ergo possibile est unius animalis esse plures
differentias specificas oris, et sic de aliis. Quare manifestum est quod si
accipiantur omnes combinationes quae possibiles sunt istarum partium
animalium quae differunt secundum species, quod erunt diversae species
animalis, et tot quot sunt tales combinationes. |
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[89480] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 3 Deinde cum dicit eodem autem applicat ad propositum; et
intendit istam rationem. Secundum distinctionem partium pertinentium ad
speciem distinguitur species: sed plures sunt partes pertinentes ad rationem
politiae, et plures quam quae dictae sunt: ergo plures erunt politiae et
plures quam quae dictae sunt. Circa istam rationem duo facit.
Primo applicando simile ad propositum, ponit minorem. Secundo probat, ibi, una quidem
et cetera. In prima dicit, quod sicut secundum distinctionem partium animalis
pertinentium ad speciem est distinctio specierum animalis, et plures sint
species animalis cum sint plures tales partes, eodem modo sunt plures politiae,
quia diversae sunt partes civitatis differentes secundum speciem: non enim
civitas ex una parte componitur, sed ex multis, sicut frequenter dictum est
superius. |
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[89481] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 3 n. 4 Deinde cum
dicit una quidem probat quod sunt plures partes civitatis. Sunt autem tres
gradus in ea; infimus, medius et supremus; et secundum hoc dividitur in tres
partes. In prima enumerat partes populi qui est in gradu infimo. Secundo
enumerat partes medias, ibi, quintum autem. Tertio partes supremas, ibi,
reliqua. In prima dicit: bene dictum est quod sunt plures partes civitatis.
Una enim est multitudo quae administrativa est alimenti, sicut sunt agricolae
et ista est prima pars et necessaria; alimentum enim necessarium est in
civitate, et ideo necessarii sunt illi qui administrant ipsum. Secunda pars
civitatis quantum ad gradum inferiorem, sunt viles mercenarii: et dicuntur
viles mercenarii qui in operibus suis maculant corpus, sicut sunt fullones,
et coriarii, et alii huiusmodi artifices, sine quibus non potest civitas
inhabitari. Et istarum artium multa sunt genera. Quaedam enim est, quae est
ad necessitatem civitatis, sicut textiva et coriaria; sine enim istis non est
civitas. Alia est propter delectationem et bene vivere, sicut musica. Et
quaedam quae ordinantur ad superfluas delectationes, sicut musica quaedam. Et
quaedam quae nocuae sunt civitati, sicut taxillaria et aleativa. Tertia pars
civitatis est forensis, quae est circa venditiones et emptiones et
negotiationes et nummularios. Quarta pars civitatis est mercenaria: et
dicuntur mercenarii qui locant opera sua. Sic igitur sunt quatuor partes
civitatis quantum ad inferiorem gradum ipsius. |
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[89482] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 5 Deinde cum dicit quintum autem enumerat partes medias
civitatis. Et dicuntur mediae, quia medio modo se habent inter primum
principans, et populum qui tenet inferiorem gradum. Et dividitur in partes
quinque. In prima probat quod propugnativum sit pars civitatis. In secunda,
quod iudicativum, ibi, at vero et cetera. Et in tertia, quod consiliativum,
ibi, adhuc autem quod consiliatur et cetera. In quarta, quod divites, ibi,
septima et cetera. In quinta, quod directivum populi, ibi, octava et cetera.
Prima istarum dividitur in duas. In prima probat, quod propugnativum sit pars
civitatis. Secundo removet errorem quorumdam, ibi, quapropter et cetera. In
prima dicit, quod quinta pars civitatis computando quatuor primas partes, et
prima inter medias, est quod propugnativum est: quae pars non est minus
necessaria quam aliqua praedictarum, si non debeat civitas esse serva;
manifestum enim est, et inconveniens, et contra rationem civitatis ipsam esse
naturaliter servam. Et ratio huius est, quia civitas est per se sufficiens: sed
illud quod servum est, non est per se sufficiens; quia omnes operationes eius
ad alterum ordinantur. Illud autem cuius operationes ad alterum sunt, non est
per se sufficiens. Quare manifestum est, quod civitas non debet esse serva.
Sed si civitas non haberet pugnantes contra adversarios, subiugaretur aliis
et esset serva. Quare manifestum est, quod necessarium est in civitate esse
propugnativum. |
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[89483] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 3 n. 6 Deinde cum
dicit propter quod removet errorem Platonis: et dividitur in duas. In prima
ostendit, quod insufficienter dixit de partibus civitatis. Secundo tangit
quod dixit Plato de propugnativo, ibi, partem autem propugnantem et cetera.
In prima dicit: ita dictum est, quod quatuor sunt partes civitatis
necessariae circa gradum infimum civitatis, et est alia pars non minus
necessaria quae dicitur propugnativum: propter quod manifestum est, quod
quidam, sicut Plato, leviter, hoc est, sine inquisitione et non sufficienter
dixit de partibus civitatis. Dixit enim Socrates (et vocat Platonem Socratem,
quia Plato intitulavit politiam nomine Socratis magistri sui), quod quatuor
sunt partes valde necessariae, et sine quibus non potest esse civitas. Dixit
autem illas partes esse, agricolam curantem de alimento: et manifestum est,
quod ista est necessaria, quia sine alimento non potest esse civitas: aliam
dixit textorem et coriarium: sine istis enim non potest esse similiter
civitas: aliam dixit aedificatorem, civitas enim ex domibus est: ideo
oportet, quod sint aedificatores in civitate. Istas quatuor posuit
necessarias civitati. Iterum posuit alias, quas dixit non necessarias;
scilicet fabrum ferrarium; et dicitur ferrarius qui operatur ferro. Iterum
pastores, qui curam habent de animalibus. Iterum negotiatorem et nummularium.
Et istas dixit esse complementum primae civitatis. Vocabat autem primam
civitatem ut est ex primis partibus composita. Sic autem posuit, ac si
civitas esset gratia ipsius vivere absolute, et non propter bene vivere, ac
si civitas tantum primo et per se sit ex aequalibus, sicut sunt coriarii et
agricolae. Non autem est ita: non enim civitas est gratia ipsius vivere
absolute, sed gratia ipsius bene vivere: et propter hoc multae aliae partes
sunt necessariae in ipsa quas ille non posuit. Iterum civitas non tantum
indiget aequalibus, immo inaequalibus: et ideo dicendum est, quod erravit. |
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[89484] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 7 Deinde cum dicit partem autem tangit quod dixit de
propugnatione: et dicit, quod de propugnantibus similiter non bene dixit,
quod in principio cum civitas aedificaretur, non fuerunt necessarii; sed
postea cum civitas augmentatur et extenditur ad fines, vel ad terminos
alterius civitatis, ex quibus saepe causatur dissensio ad reprimendum
violentiam adversariorum. |
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[89485] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 8 Deinde cum dicit at vero ostendit, quod iudicativum sit
pars civitatis. Et dicit, quod iterum inter quatuor partes, vel quotquot
ponantur, necessarium est esse in civitate partem, quae determinet et
definiat accusationes et disceptationes quae sunt in ea, et faciat iustum: et
hoc probat, quia sicut anima se habet ad corpus, sic iudex se habet ad
civitatem. Nam sicut anima vel intellectus inquirit et consiliatur et iudicat
de inventis, sic iudex inquirit et consiliatur de conferentibus ad finem
politiae et iudicat. Sed anima necessaria pars est animalis et hominis magis
quam corpus: ergo similiter iudex est pars necessaria in civitate magis quam
propugnativum et magis quam illa quae ordinatur ad usum corporis. Probat
autem philosophus de istis, quod sint partes, magis quam de aliis, quia de
istis minus videbatur quod essent necessariae; et praecipue minus videretur
si civitas esset instituta, gratia ipsius vivere absolute. |
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[89486] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 9 Deinde cum dicit adhuc autem ostendit, quod
consiliativum sit pars civitatis. Et dicit quod consiliativum est pars
civitatis. Et ratio huius est, quia consiliari est opus politici: habet enim
politicus consiliari de conferentibus ad finem civitatis: quare manifestum
est, quod ad politicum pertinet consiliari. Sed quae pertinent ad politicum,
secundum quod huiusmodi, sunt de necessitate civitatis: quare consiliativum est
pars civitatis. Ista autem, scilicet consiliativum et iudicativum, utrum
separatim existant, ut alius sit ille qui iudicat, alius sit qui consiliatur,
alius qui in armis est, alius qui colit agros, sive non separatim existant,
sed unus et idem sit qui iudicat et consiliatur, nihil differt ad propositum:
hoc enim possibile est: videmus enim quod idem potest esse miles et agricola:
similiter idem potest esse iudicans et consilians. Si igitur miles et
agricola sint partes civitatis, manifestum, quod et ista et illa quae
ordinatur ad bella, pars erit ipsius. |
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[89487] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 10 Deinde cum dicit septima autem ostendit quod divites
sunt partes civitatis. Et dicit, quod septima pars civitatis computando omnes
praecedentes, est illa quae ministrat divitias, quam partem dicimus
opulentos. Cum enim civitas debeat esse per se sufficiens, oportet quod
habeat divitias, aliter non esset; et ideo illi sunt necessarii in civitate,
qui habent huiusmodi divitias. |
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[89488] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 11 Deinde cum dicit octava autem ostendit, quod directivum
populi sit pars civitatis. Et dicit, quod octava pars civitatis est illa quae
magistratus gerat, idest directiva sit populi. Ista autem est necessaria,
quia populus est sine ratione; et ideo indiget aliquo directivo, ne praeter
rationem moveatur. |
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[89489] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 12 Deinde cum dicit reliqua autem ostendit, quod suprema
pars civitatis est necessaria. Et dicit quod pars quae administrativa est in
civitate circa principatus, necessaria est in civitate, quia civitas non
potest esse sine principibus. Cuius probatio est, quia politia est ordo
principatuum et maxime primi: ergo manifestum est, quod necesse est aliquos
esse in civitate potentes principari, vel semper, vel aliquando, ita quod
aliquando unus principetur, aliquando alius. Similiter alia, de quibus dictum
est, scilicet de consiliatione et de illo qui determinat disceptationem inter
aliquos altercantes de iusto, oportet esse in civitate. Si igitur haec in
civitate fieri possunt bene et iuste, et iniuste et male: oportet autem hoc
fieri bene, hoc autem non potest esse sine virtute dirigente, manifestum quod
necesse est aliquos viros politicos principari in civitate secundum virtutem.
Sic igitur apparet, quod sunt plures partes civitatis differentes secundum
speciem et rationem: quare erunt plures politiae. Si autem aliquis dicat quod
superius dictum est, quod sunt sex, tres rectae, et tres transgressae, et non
plures; dicendum quod superius dixit, quod sunt sex genera politiae et non
plures: quaedam tamen ipsarum habent species sub se contentas, et sic hic
loquitur: unde vult probare quod sunt plures politiae secundum species. |
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[89490] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 3 n. 13 Deinde cum dicit alias quidem ostendit quae sunt
principales inter istas secundum intentionem aliorum. Et dividitur in duas,
secundum quod per duas rationes ostendit, quod iidem possunt esse
consiliantes et iudicantes, quae sunt principales. Secunda ibi, adhuc autem
et cetera. In prima dicit, quod cum sint multae partes civitatis; duae tamen
videntur esse principales, et maxime oppositae; scilicet divites et egeni.
Alias enim partes contingit multis eisdem existere simul: verbi gratia, iidem
possunt esse propugnantes et agricolae et artifices. Iterum iidem possunt
esse consiliantes et iudicantes. Iterum cum his possunt esse virtuosi. Sed
impossibile est unum et eumdem simul esse divitem et pauperem. Propter quod
manifestum est quod divites et egeni videntur esse maxime principales partes
civitatis, et maxime differentes. Propter quod duae maxime videntur partes
civitatis esse, in quibus divites vel pauperes principantur. |
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[89491] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 3 n. 14 Deinde
cum dicit adhuc autem ponit secundam rationem. Et dicit, quod iterum divites
et egeni videntur duae partes esse civitatis maxime contrariae, quia ut in
pluribus divites sunt pauci et pauperes multi. Quare manifestum est quod
politiae quae determinantur secundum excessus istarum partium erunt duae
politiae maxime contrariae et diversae. Ex quo manifestum est quod popularis
et paucorum sunt duae politiae diversae et distinctae, quamvis autem dives secundum
quod dives et pauper secundum quod huiusmodi, maxime differant, ne unus et
idem simul possit esse dives et pauper, tamen non maxime differunt secundum
rationem bonitatis et malitiae. Et ideo considerando secundum rationem boni
et mali non maxime differunt, sed sunt aliae quae plus differunt. Ulterius
concludit quod dictum est prius quod sunt plures politiae quam quae dictae
sunt et propter quam causam. |
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Lectio
4 |
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[89492] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 1 Postquam philosophus ostendit plures esse politias in
generali, ostendit in speciali esse plures, distinguendo quaedam genera
ipsarum, sicut popularem et paucorum. Et dividitur in duas. In prima
praemittit intentum suum. Secundo prosequitur, ibi, species enim et cetera.
In prima dicit, quod postquam dictum est quod sint plures species politiae in
generali, dicendum est quod plures sunt species popularis et paucorum; et hoc
manifestum erit ex eodem principio ex quo probatum fuit in generali quod sunt
plures species politiae. |
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[89493] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 2 Deinde cum dicit species enim prosequitur; et primo
ostendit quod sunt plures politiae populares et plures paucorum. Et primo in
generali. Secundo in speciali et divisim, ibi, democratia igitur. In prima
intendit istam rationem. Secundum distinctionem partium pertinentium ad
speciem, distinguitur species. Sed partes materiales populi pertinentes ad
rationem status popularis, et partes divitum pertinentes ad rationem potentiae
paucorum sunt plures: quare sunt plures species popularis et paucorum. Huius rationis declarat minorem. Et primo, quod
sunt plures parte populi. Secundo quod sunt plures partes divitum, ibi,
insignium autem et cetera. In prima dicit quod plures sunt partes populi,
differentes secundum speciem; et divitum similiter. Una quidem species vel
pars populi est agricultura: alia circa artes, sicut operatores; alia quae
versatur circa emptionem et venditionem; alia quae circa mare; et ista multas
habet sub se species. Quaedam enim est quae ordinatur ad bellicas
operationes: alia quae ad pecunias acquirendas; alia est nautica solum quae
merces vehit; alia ad piscandum. In diversis autem locis multi
sunt operantes secundum singula istorum, sicut in Tarento et Byzantio multi
sunt piscatores: Athenis sunt multi nautae. In Aegina vero et Chio sunt multi
negotiantes in mari. Et in Tenedo multi sunt transportantes per mare. Ulterius est alia
pars populi quae dicitur manualis, quae laborat manibus. Hoc autem est, quia
modicam habent substantiam tales, unde possunt vivere; et ideo non possunt
vacare speculationi vel actibus bellicis. Ulterius est alia species populi: scilicet si aliquis
homo natus sit ex duobus civibus liber, pars populi est. Iterum si sit aliqua
alia species multitudinis, pars populi est. |
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[89494] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 4 n. 3 Deinde cum
dicit insignium autem ostendit quod sunt plures partes divitum. Et dicit,
quod insignium plures sunt partes. Quidam enim sunt divites, quia divitias
habent. Alii nobiles, alii virtuosi et disciplinati; et quicumque alii
similes istis, secundum eumdem modum partes sunt insignium. |
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[89495] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 4 Deinde cum dicit democratia igitur prosequitur modos
popularis et paucorum in speciali et divisim. Et dividitur in duas: quoniam
in prima parte ponit modos popularis et paucorum. Secundo cum dicit, adhuc
autem etc. ponit modos status optimatum. Adhuc prima dividitur in duas.
Quoniam in prima ponit modos istarum politiarum. Secundo assignat rationem
istorum. Secunda ibi, non oportet autem et cetera. Adhuc prima in duas. In
prima enumerat modos popularis. In secunda modos paucorum, ibi, quare
siquidem et cetera. Prima in quinque, secundum quod enumerat quinque modos
popularis: quorum tamen primus et ultimus in unum incidunt, ut videbitur.
Secunda ibi, alia autem et cetera. Tertia ibi, altera species. Quarta ibi,
alia species. Quinta ibi, altera species et cetera. In prima dicit, quod
prima species popularis, quae maxime dicitur popularis, est in qua
principantur secundum omnimodam aequalitatem. Et hoc apparet; quia lex fuit
in tali politia, quod de honoribus non plus distribueretur divitibus quam
egenis vel virtuosis quam non virtuosis; sed aequaliter istis et illis.
Iterum dicebat lex, quod isti non magis deberent dominari quam illi nec e
converso, sed isti et illi indifferenter, quia sunt similes vel aequales. Et
ideo quia aequalitatem habent in libertate, aequaliter debent dominari et
recipere de honoribus, non plus unus quam alter. Si enim libertas maxime sit
in populari, ut dicunt plures, in ista autem sunt omnes aequales, manifestum
est, quod maxime erit politia et aequalitas secundum ipsam, si omnes
communicent in omnibus aequaliter. Et quod ista species sit popularis, probat
sic. In ista enim specie politiae dominatur populus sive multitudo; quia
omnes sunt aequales secundum libertatem et principatus distribuitur secundum
ipsam. Et ideo multitudo tota dominatur: sed ubi multitudo dominatur popularis
est: haec igitur est una species popularis. |
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[89496] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 5 Deinde cum dicit alia autem ponit secundam speciem. Et
dicit quod secunda species popularis est in qua assumitur aliquis ad
principatum propter aliquem terminum divitiarum parvum quidem. Et adiungit
parvum, ad hoc, ut plures possint regere. Si enim non assumerentur nisi qui
magnum possiderent censum, esset admodum paucorum, et sic non esset
popularis. |
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[89497] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 6 Deinde cum dicit altera species ponit tertiam speciem.
Et dicit, quod tertia species popularis est, in qua omnes habiles sunt ad
magistratus gerendos, dummodo non sint obnoxii ex aliqua causa; puta quia ex
aliquo crimine civilitatem amiserint, ut contingit capite diminutis, aut quia
servi sint vel aliquo alio modo civilitate careant. Et in isto principatu
principans principatur secundum legem. Cum enim quilibet assumatur et
quilibet ex se non potest esse sufficiens dirigere, oportet quod sit
dirigibilis et a lege dirigatur. Iterum non etiam possunt vacare; ideo
oportet quod secundum legem principentur. |
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[89498] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 7 Deinde cum dicit altera autem ponit quartam speciem. Et
dicit quod quarta species popularis est, in qua aliqui assumuntur ad
principatum, sive sint servi, sive liberi, dum tamen sint in civilitate. Et
quia non omnes tales possunt vacare ad principatum, oportet quod principentur
secundum legem, sicut prius. |
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[89499] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 8 Deinde cum dicit haec autem ponit quintam speciem: et
videtur eadem esse cum prima, nisi quod in ista repetit magis determinate
quod dixit in prima. Et dividitur in duas. In prima ponit speciem istam. In
secunda ostendit, quod non est vere politia nec status popularis, ibi,
rationabiliter autem et cetera. Adhuc prima in duas. In prima ponit speciem
istam. In secunda ostendit propter quam causam accidit, ibi, accidit autem et
cetera. In prima dicit quod quinta species quae videtur esse eadem cum prima,
est quando multitudo principatur non secundum legem, sed secundum decretum.
Et est intelligendum quod decretum intelligitur dupliciter. Uno modo dicitur
enunciatio quaedam universalis de particularibus operabilibus, sicut dicit
philosophus secundo rhetoricae suae. Alio modo dicitur
iudicium aliquod de aliquo operabili; et sic sumitur hic decretum. Et differt a lege; quia lex est de universali
et obligat ad futurum, decretum vero isto modo sumptum est de particulari
operabili et obligat ad praesens tantum. |
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[89500] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 4 n. 9 Deinde cum
dicit accidit autem declarat propter quam causam iste modus accidit. Et
dividitur in duas. In prima proponit quod accidit propter doctores populi et
suasores. Et assignat causam quare isti introducti sunt. In secunda assignat
causam popularis reipublicae praedictae ex dictis, ibi, sunt autem iis. Prima
in duas. In prima ostendit quare doctores sunt introducti. Secundo comparat
eos ad adulatores, ibi, demagogus. Dicit igitur quod accidit populum dominari
non secundum legem, sed secundum sententiam populi propter praepotentes. Et
hoc apparet; quia in his popularibus in quibus principatus est secundum legem,
non oportet quod sit ductor, sed sunt viri optimi in praeeminentia. Tunc enim
populus non ducitur secundum solam voluntatem alicuius, sed secundum legem.
Praepotens autem ducit populum secundum suam voluntatem, non secundum legem.
Sed ubi non est principatus secundum legem, ibi est ductor et suasor, quia
populus deficit a ratione. Et ideo indiget aliquo ductore; et cum non ducatur
secundum legem, oportet quod secundum rationem vel voluntatem alicuius. Talis
vero est praepotens et suasor; et cum totus populus compositus ex multis
dominatur, est sicut monarcha et princeps unus. Omnes enim principantur non
divisim, sed coniunctim. De quo dixit Homerus quod non est bonus principatus
ubi multitudo principatur. Sed incertum est, utrum intellexit Homerus quod quando
tota multitudo dominatur, sicut unus monarcha coniunctim, non sit per se
bonus principatus, vel quando populus dominatur, ita quod unusquisque
dominetur. Sed quando huiusmodi populus qui est sicut monarcha quidam vult
regere civitatem monarchice, et quia hoc non facit ad utilitatem omnium, sed
sui et contra voluntatem insignium, oportet quod dominative principetur,
idest principatu domini ad servum, propter quod accidit quod adulatores
acceptantur et honorantur a talibus, quia acceptantur et honorantur a
tyrannis. Cuius ratio est, quia adulator est qui dicit et operatur ea quae
opinatur placere, in nullo volens contristari. Unusquisque autem diligit suam
excellentiam et vult esse certus de ipsa: et ideo libenter audit ipsam et
illum qui testatur de ea. Sed adulator dicit excellentiam alterius
affirmando, ut sibi placeat, et ideo honoratur. Et quia in ista politia sunt
aliqui qui dicunt excellentiam populi, cum dicunt quod omnia debent referri
in populum, et quod unus non debet magis dominari quam alius, et quod sunt
omnes aequales, ideo in tali politia adulatores, sive ductores, honorantur
vel acceptantur. Populus etiam iste qui sic principatur, proportionabiliter
se habet tyrannis in monarchiis in quibus unus principatur. Et ideo eadem
consuetudo et idem mos in utroque: in utroque enim opprimuntur meliores: est
enim principatus eorum dominativus respectu meliorum, quia opprimunt ipsos,
et non intendunt bonum eorum per se. Iterum in principatu
istorum sunt decreta, sicut in tyrannide sunt praecepta ad opprimendum
meliores. |
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[89501] Petrus de Alvernia, In
Politic. continuatio, lib. 4 l. 4 n. 10 Deinde cum dicit et demagogus
comparat ductorem ad adulatorem; dicens quod ductor et adulator sunt idem, et
proportionantur. Uterque enim vult dicere vel facere quod placeat aliis. Sed
differunt, quia ductor dicit ea quae placent populo: sed adulator dicit ea
quae placent tyranno, quia tyrannus et populus habent magnam potestatem. Manifestum est, quod uterque habet magnam
potestatem: sed ductor apud populum, adulator apud tyrannum. |
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[89502] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 4 n. 11 Deinde cum dicit sunt autem declarat propter quid accidit talis
politia. Et dividitur in duas. Primo assignat causam propter quam sit
principatus in ista politia secundum decretum non secundum legem. Secundo
assignat causam quare totus populus dominatur, ibi, adhuc autem et cetera. In prima dicit quod ductores sunt causa quare
populus dominatur secundum sententiam suam, non secundum leges. Dicunt enim
ductores et praepotentes omnia debere referri in populum; et quod unus non
debet magis dominari quam alius, et quod omnes sunt aequales. Haec autem
placent populo; ideo dominatur secundum sententiam; et quia populus
principatur omnibus, contingit quod isti sunt magni et magnam potentiam
habent. Isti enim tenent opinionem populi: sunt enim tria
quae faciunt ad bene persuadendum secundum Aristotelem secundo rhetoricae:
scilicet prudentia, virtus et benevolentia. Et propter istud tertium doctores
de facili suadent populo; sunt enim eis benivoli. |
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[89503] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 12 Deinde cum dicit adhuc autem declarat quare totus
populus principatur. Et dicit quod isti ductores accusantes principatus, in
quibus unus vel pauci principantur, dicunt quod tota multitudo debet dominari
et iudicare quae fiunt per alios magistratus. Omnia enim debent referri ad
populum; et melius est totum principari quam partem. Populus autem gratanter
recipit hanc allegationem; omnes enim faciliter exaudiunt proponentes pro eis
ad quae inclinantur; sicut intemperatus pro actu intemperantiae. Propter quod
cum potestatem habeant principantur, destruentes alios principatus. |
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[89504] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 13 Deinde cum dicit rationabiliter autem declarat, quod
huiusmodi politia in qua principatur populus non secundum legem, sed secundum
sententiam, non est proprie politia, nec status popularis. Et primo declarat,
quod non est proprie politia. Secundo, quod proprie non est popularis, ibi,
quarum quidem et cetera. In prima dicit, quod rationabiliter videtur dicere
ille qui dicit, quod huiusmodi popularis non est proprie politia. Et ratio
huius est, quia ubi non principantur leges, non est politia, quia oportet in
politia legem principari in omnibus. Oportet enim principatum et politiam
iudicare de singularibus. Iudicant autem secundum leges, ubi leges provident;
ubi vero non, tunc magistratus supplent et decernunt. Et ideo ubi est
politia, leges principantur. Sed in tali populari statu non principantur
leges, sed sententia populi: ergo talis popularis status non est politia
proprie. Sed aliquis argueret contra illud quod dicit, quod ubi leges non
praevalent, non est respublica: quia monarchia regalis politia est, tamen non
est principatus secundum legem, sed secundum voluntatem et rationem
principantis. Ad hoc posset aliquis dicere breviter, quod quaedam est politia
monarchica in qua unus dominatur. Alia est politia poliarchica in qua plures
principantur. In politia poliarchica non corrupta, principatus est secundum
leges, et de tali loquitur hic Aristoteles; in alia non. Aliter dicendum est
et melius, quod in omni politia recta principans dominatur secundum leges,
quia in omni politia principatur aliquis secundum aliquam regulam, quam
dicimus legem. Sed in quibusdam illa regula est interior existens
in voluntate et ratione, in quibusdam est extra in scripto. In monarchia
regali, monarcha habet istam regulam quae est in voluntate et ratione eius;
in politia poliarchica est extra in scripto. Quod ergo dicebatur, quod ubi est politia ibi est
principatus secundum legem, verum est: vel intrinsecam, vel scriptam. Hic
autem intelligit de scripta; et ideo non multum differt a prima, sed eam
declarat. |
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[89505] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 14 Deinde cum dicit quare siquidem ostendit quod non est
proprie popularis. Et dicit quod popularis est politia quaedam: sed talis
popularis in qua sententiae principantur non leges, non est politia: quia
politia est secundum leges, quae sunt de universalibus: sed sententiae sunt
de particularibus non universalibus: nulla enim sententia est universalis
secundum quod hic intendimus de ipsa, ut dictum est prius; quare manifestum
est, quod talis popularis non est proprie popularis. Ulterius concludit quod
species popularis determinantur hoc modo. |
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[89506] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 15 Deinde cum dicit oligarchiae autem enumerat modos
paucorum: et dividitur in quatuor secundum quod ponit quatuor. Secunda ibi,
altera species et cetera. Tertia ibi, alia autem quando et cetera. Quarta
ibi, quarta species et cetera. In prima dicit, quod una species paucorum est,
in qua distribuuntur principatus secundum quamdam honorabilitatem, puta
divitiarum vel generis, ita quod egeni non attingant ad ipsos quamvis sint
plures. In paucorum autem ista licitum est principanti attingere ad eamdem
rempublicam, scilicet quantum ad consilium et deliberationes communes et
tractatus. |
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[89507] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 16 Deinde cum dicit alia autem ponit secundam speciem. Et
dicit quod alia est species paucorum in qua distribuuntur principatus
secundum minores census, et principantes possunt eligere alios consocios suos
si aliqui deficiant. Et si eligant illos qui deficiunt ex quibuscumque, dum
tamen virtuosi sint, optimatum est; si autem ex aliquibus ex divitibus vel
nobilibus, tantum paucorum. |
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[89508] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 17 Deinde cum dicit altera species ponit tertiam speciem.
Et dicit, quod tertia species est, quando principatus distribuitur secundum
honorabilitatem maiorem, ad haec divitiarum aut generis, et filius in
principatu succedit patri, et fit princeps pro patre. |
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[89509] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 4 n. 18 Deinde cum dicit quarta autem ponit quartam speciem. Et
dicit quod quarta species est quando aliqui principantur propter
honorabilitatem maximam, et filius succedit patri. Et in isto principatu non
principatur lex, sed princeps secundum voluntatem propriam: et sic se habet
ista inter paucos, sicut tyrannus inter monarchias. Sicut enim in tyrannide
tyrannus principatur primo et per se propter bonum suum, et bonos opprimit,
sic in isto principatu princeps principatur propter bonum suum. Et ideo,
sicut inter monarchias tyrannis est pessima, sic inter paucorum potentias
ista est pessima. Et sicut popularis ultima de qua dictum est, inter omnes
species popularis pessima est, assimilatur enim tyrannidi, sicut dictum est
prius; sic inter potentias paucorum ista est pessima: et talem paucorum
potentiam vocant paucorum potentiam, quia potentes valde principantur. In
fine concludit quod tot sunt species popularis et paucorum, ut dictum est. |
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Lectio
5 |
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[89510] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 5 n. 1 Postquam philosophus posuit modos popularis paucorum,
ponit incidens unum. Et dividitur in duas. In prima ponit incidens. In
secunda, ostendit propter quam causam illud contingit, ibi, accidit autem et
cetera. In prima dicit, quod istud non debet nos latere, quod accidit in
multis locis, quod aliqua politia non sit secundum leges popularis, sed
propter consuetudinem et modum ipsam contingit esse popularem: similiter e
contrario apud alios contingit, ut sit popularis respublica secundum leges,
sed per assuefactionem contingit cives vivere secundum rempublicam paucorum.
Sed illud non videtur esse verum; quia leges sunt de conferentibus ad finem
reipublicae: ergo si aliqui vivant secundum unam rempublicam, et regantur per
leges alterius reipublicae, simul et semel intendunt diversos fines, vel
eadem respublica intendit in diversos fines: sed hoc est impossibile: quare
non videtur esse possibile, quod aliqui vivant secundum unam rempublicam et
leges sint alterius reipublicae. Dicendum, quod non est possibile quod aliqui
simpliciter vivant secundum unam rempublicam et simpliciter leges in illa
sint secundum aliam, quia simul tenderent in diversos fines simpliciter, quod
non est possibile: sed possibile est, quod aliqui secundum quid vivant
secundum unam rempublicam, et secundum quid regantur legibus alterius
reipublicae; vel simpliciter quidem vivant secundum unam rempublicam,
regantur autem in aliquibus legibus alterius, vel e contrario. Et id est causa
dissensionis in aliquibus civitatibus, quod aliqui vivant secundum unam
rempublicam et leges sint secundum aliam; quia ille qui cognoscit leges et
amat eas, odit volentes vivere secundum eas leges; et hoc est causa
dissensionis. |
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[89511] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 5 n. 2 Deinde cum dicit accidit autem ostendit quando et
propter quam causam accidit aliquos vivere secundum unam rempublicam et leges
secundum aliam. Et dicit, quod hoc, quod dictum est, maxime contingit post
transmutationes rerumpublicarum. Cum enim una civitas transmutatur de
republica in aliam, non statim transmutatur. Sicut enim in medicinalibus
subitae transmutationes nocivae sunt, sic in rebuspublicis; et ideo cum
transmutatur de una republica in aliam, aliquid retinet de prima. Amant enim
cives ea quae sub prima republica continebantur: et ideo aliquid retinentes
de prima, transmutantur ad aliam, quasi paulatim aliquid accipientes de
posteriori, et secundum aliud dimittentes primam; ita quod accidit, quod leges
primae reipublicae remaneant secundum aliud, et vivant secundum rempublicam
ad quam transmutantur. |
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[89512] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 5 n. 3 Deinde cum dicit quod autem assignat rationem modorum
popularis et paucorum. Et primo assignat rationem modorum popularis. Secundo
paucorum, ibi, oligarchiae autem et cetera. Prima in quatuor, secundum quod
assignat rationem quatuor modorum popularis. Secunda ibi, altera autem
species et cetera. Tertia ibi, tertia autem species et cetera. Quarta ibi,
quarta et cetera. In prima dicit quod ex his quae dicta sunt, apparet quod
sunt tot modi popularis et paucorum: quia in populari, aut principantur
omnes, aut plures. Et si plures, aut isti, aut illi: contingit enim
considerare agricolas et alios artifices. Et si agricolae et illi qui habent
divitias mediocres, ita quod non sunt excellenter divites, nec nimis
pauperes, sed mediocriter se habent, principentur secundum leges, non
secundum voluntates eorum, est primum modus. Et ratio huius est, quia
agricolae habent vivere de agricultura circa quam oportet eos laborare; et
ideo non possunt vacare congregationibus civitatis: unde principantes talibus
scientes leges non faciunt congregationes, nisi pro magnis et valde
necessariis casibus; et quia multitudo non vult aliter subiici, et oportet
aliquos quandoque assumi ad principatum, ordinatur quod principentur secundum
leges. Alii etiam qui habent aliquam dignitatem divitiarum aut generis
moderatam secundum legem, possunt assumi ad principatum. Et ideo omnes qui
habent possessiones possunt assumi, ut melius possint vacare. Si enim non
possunt assumi omnes qui habent aliquam dignitatem possessionis, erit
paucorum in qua non omnes assumuntur, sed excellentes valde. Illi autem qui
non habent aliquas divitias non possunt assumi, quia tales debent assumi ad
principatum qui possunt vacare. Sed eum qui non habet aliquos proventus vel
aliquas possessiones impossibile est posse vacare: quare manifestum est, quod
in tali principatu non assumuntur omnes, sed qui mediocres habent divitias.
Et tunc concludit quod haec est una species popularis et propter praedictas
causas. |
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[89513] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 5 n. 4 Deinde cum dicit altera autem assignat rationem
secundae speciei; et dicit quod alia species popularis est, in qua aliqui
assumuntur ad principatum per electionem consequentem, ad quam licet omnes
attingere qui non sunt refutati secundum genus; puta viles valde; sed liberi
simpliciter ex utroque cive libero, si tamen possint non refutati propter
penuriam. Propter quod in illo principatu principantur secundum legem. Et
ratio est, quia tota multitudo non habet sufficientes divitias; et ideo
oportet committere principatum aliis: et quia subiici non vult omnino,
ordinat multitudo quod principentur secundum legem. |
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[89514] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 5 n. 5 Deinde cum
dicit tertia autem assignat rationem tertiae speciei. Et dicit quod tertia
species quando quicumque fuerint, dum tamen liberi fuerint, quocumque modo
assumantur ad principatum, non tamen principantur propter dignitatem aliquam
divitiarum, sicut in aliis, sed assumuntur propter libertatem. In isto autem
principatu ille qui dominatur principatur secundum legem. Et ratio huius est,
quia multitudo non habet divitias sufficientes; et ideo oportet quod
principatum committat omnibus, exceptis his de quibus non vult, aut subiici
omnino voluntati alicuius; et ideo ordinat quod principatus sit secundum
legem. |
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[89515] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 5 n. 6 Deinde cum dicit quarta autem assignat rationem quartae
speciei; et dicit, quod quarta species popularis quae ultimo secundum tempus
facta est in civitatibus, est, quando tota multitudo dominatur secundum
sententias non secundum legem. Et ratio huius est, quia civitates multo
maiores sunt, quam essent a principio; et proventus et divitiae multo
maiores. Et ideo quia multitudo magna est, multum habet et magnam potentiam.
Et ideo omnes de multitudine attingunt ad principatum, quia possunt vacare
etiam egeni qui non habent sufficientes divitias; nec propter defectum
divitiarum impeditur aliquis a principatu; quia si contingat egenum
principari accipit de communi aliquid. Maxime etiam ista multitudo potest
vacare, quia non impeditur propter curam de propriis; aliquas enim
substantias habent; sed divites impediuntur, ut frequenter non vadant ad
congregationes civitatis, nec participent iudicativo: divites enim volunt
honorari, in congregationibus vero non honorantur, aut non tantum quantum
credunt debere honorari; et ideo non curant ire: iterum multas habent
divitias; et ideo nihil curant habere de communi. Item virtuosi nolunt ire,
quia non honorantur vel non secundum quod deberent; et ideo relinquitur quod
sit multitudo pauperum et egenorum dominans et principans in tali republica
secundum sententias, non secundum leges. Et tunc concludit dicens, quod
species popularis, et tot, et tales sunt, et propter praedictas causas. |
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[89516] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 5 n. 7 Deinde cum dicit oligarchiae autem assignat rationem
modorum potentiae paucorum et dividitur in quatuor, secundum quod assignat
rationem quatuor modorum ipsius. Secunda ibi, quanto enim et cetera. Tertia
ibi, si autem invaluerit et cetera. Quarta ibi, quoniam autem iam et cetera.
In prima dicit quod quando sunt plures divites in civitate, non habentes
tamen divitias excellentes, sed mediocres, tunc est prima species
gubernationis paucorum. Huiusmodi enim dant potestatem principandi alicui
habenti vel possidenti substantias sive divitias. Quia enim plures sunt qui
potestatem habent, ideo eligunt alios; quia divites sunt, eligunt sibi
similes. Unusquisque enim libentius eligit sibi similem, quam dissimilem. Et
quoniam multi sunt in ista specie qui attingunt ad rempublicam et possunt
attingere ad principatum, principes dominantur in ea non secundum ipsorum
hominum voluntatem, sed secundum leges. Quanto enim magis distant a
monarchia, quia scilicet multi sunt potentes attingere ad principatum voluntates
habentes diversas non unam sicut monarchia, et quanto mediocriores
substantias habent, non tantas ut possint multum vacare negligentes propria
negotia, nec tam parvas, ut necessarie habeant vivere de communi, tantum plus
volunt non seipsos principari, aut quia non possunt omnino vitare, aut quia
timent gravari ab aliis; sed leges magis. |
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[89517] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 5 n. 8 Deinde cum
dicit si autem assignat rationem secundae speciei; et dicit, quod si sint
pauciores divites quam prius principes, sed tamen ditiores quam qui prius,
secunda species potentiae paucorum est; quia ditiores sunt ideo volunt
excedere alios et supergredi; et ideo potestatem habent eligendi ex multis
illos qui deficiunt in principatu. Et quia non sunt adhuc ita potentes quod
excedant multitudinem, permittunt quod principentur secundum legem. |
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[89518] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 5 n. 9 Deinde cum dicit si autem assignat rationem tertiae
speciei; et dicit, quod si adhuc fuerint pauciores divites quam prius et
habentes maiores divitias; tertia species est gubernationis paucorum. Et
videntur principes per se habere quasi ex haereditate principatus; et quia
isti potentes sunt valde, ordinant et statuunt quod filii succedant eis in
principatu. |
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[89519] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 5 n. 10 Deinde cum dicit quando autem assignat rationem quartae
speciei; et dicit, quod quoniam adhuc sunt pauciores divites quam prius, et
multo ditiores et potentiores in amicis, est quarta species potentiae
paucorum: et tunc est huiusmodi principatus quasi monarchicus; quia illi qui
principantur, principantur secundum suas voluntates, non secundum legem,
sicut fit in monarchia regali, et propter potentiam ipsorum filii succedunt.
Et ista quarta species potentiae paucorum proportionatur quartae speciei
popularis; quia sicut illa pessima est inter populares, sic ista pessima est
inter potentias paucorum, et tyrannidi assimilatur: principantes enim in ista
propter bonum proprium principaliter dominantur; sic autem est in tyrannide. |
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Lectio
6 |
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[89520] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 6 n. 1 Postquam philosophus determinavit de speciebus
popularis et paucorum, determinat species optimatum; et dividitur in duas. In
prima dicit, quod praeter istas respublicas, scilicet popularem et paucorum,
sunt aliae duae respublicae. In secunda tangit modos optimatum status, ibi,
aristocratiam quidem igitur et cetera. In prima dicit, quod praeter duas
praedictas politias, idest popularem et paucorum, sunt aliae duae, quarum
alteram omnes loquentes de rebuspublicis ponunt et est una species inter
quatuor respublicas quae dictae sunt prius ab aliis. Posuerunt enim antiqui
quatuor respublicas; scilicet monarchiam, paucorum, popularem et quartam
optimatum dicunt. Sed tamen his quinta subest quae communi nomine nominatur,
scilicet respublica. Et quia ista respublica communi nomine dicta raro
accidit, latet homines volentes distinguere species reipublicae; et ideo non
habet nomen proprium; et ideo utuntur tantum quatuor, sicut fecit Plato in
suis rebuspublicis. Non enim posuit nisi quatuor species subdividendo
monarchiam in regalem rectam et tyrannidem, cum republica communi nomine
dicta apparet quod sunt sex. |
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[89521] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 6 n. 2 Deinde cum dicit aristocratiam quidem ponit modos
optimatum. Et dividitur in quatuor, secundum quod ponit quatuor modos eius.
Secunda ibi, sed sane sunt et cetera. Tertia ibi, ubi vero et cetera. Quarta
ibi, et ubi ad et cetera. In prima dicit quod respublica illa de qua dictum
est prius cum determinabatur de regno, recte dicitur optimatum. Respublica
enim in qua optimi viri simpliciter principantur et non aliquis vir optimus
ex suppositione, sola dicitur optimatum. Item in sola ista republica, idem
est optimus vir et civis optimus simpliciter; in aliis autem non; sed optimus
civis in aliqua alia republica est optimus vir, in illa non simpliciter. |
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[89522] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 6 n. 3 Deinde
cum dicit sed sane ponit secundum modum; et dicit quod non solum ista
respublica est species optimatum, immo sunt aliquae respublicae, quae
differunt a paucorum potentiis, et ab ea quae respublica dicitur et in aliquo
conveniunt cum eis: quarum una est in qua eligunt principantes habendo
respectum ad divitias et ad virtutes, ita quod aliqui divites et virtuosi
assumuntur. Differt autem a paucorum et republica in hoc quod eliguntur in
ipsa virtuosi, et quia non solum habetur respectus ad divites. Paucorum autem
et respublica non faciunt causam communem, propter quam scilicet assumantur
ad principatum virtutis, idest a virtute; hoc est, non habent respectum ad
virtutem in eligendo secundum quod huiusmodi, quamvis sint aliqui approbati,
et qui videntur esse excellentes viri, quibus attribuunt principatus, non
quidem secundum quod huiusmodi, sed secundum quod divites vel apti ad
regendum. |
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[89523] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 6 n. 4 Deinde cum dicit ubi igitur ponit tertiam speciem; et
dicit, quod tertia species est in qua eligentes principes respiciunt ad
divites virtuosos et populum, sicut accidit in Carthagine, ubi respiciunt ad
ista tria: et talis respublica optimatum status dicitur, sed mixta ex statu
paucorum, populari et optimatum. |
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[89524] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 6 n. 5 Deinde cum dicit in quibus ponit quartam speciem; et
dicit quod quarta species status optimatum est in qua in eligendo principatu,
habetur respectus ad duo, scilicet ad virtutem et popularem, ut est
respublica Lacedaemoniorum; et propter hoc mixta est ex optimatum et populari
primo modo dicta. Et tunc recapitulat istos modos; et dicit, quod manifestum
est quod praeter primam speciem status optimatum quae est optima, sunt istae
duae ultimae de quibus iam dictum est, et tertia quae fuit secunda in ponendo
species; et quacumque istius speciei quae respublica dicitur, magis
inclinatur ad statum paucorum, inquantum fit respectus ad divites et non ad
pauperes. |
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Lectio
7 |
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[89525] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 1 Postquam philosophus distinxit respublicas et modos
popularis, paucorum et optimatum in universali, in particulari prosequitur de
ea quae communi nomine appellata est respublica, et de tyrannide. Et
dividitur in duas. In prima praemittit intentionem suam et ordinem procedendi
et causam ordinis. In secunda prosequitur intentum suum, ibi, nunc autem et
cetera. In prima dicit, quod postquam determinatum est de monarchia regali et
de modis eius, et de populari, paucorum et optimatum, et modis earum,
relinquitur considerandum nobis de illa quae communi nomine appellatur
respublica et tyrannis. Causa autem quare primo de aliis rebuspublicis prius
determinatum est quam de ea quae communi nomine nominata est, est quia
respublica, et quaedam species reipublicae optimatum prius assignatae, aliquo
modo transgressiones sunt primarum rerumpublicarum, aliquo modo non.
Simpliciter quidem non sunt transgressiones: secundum quid autem sunt; quia
omnes respublicae aliae ab optima et rectissima deficiunt ab ipsa. Et ideo
respublica quae communi nomine nominata est, et species quaedam optimatum,
transgressiones sunt; et continuatur aliis quae sunt transgressiones, sicut
prius dictum est. Illud autem quod est transgressio alicuius cognoscitur ex
illo: quare cognoscitur per alias rectas politias de quibus dictum est. Illud
autem quod cognoscitur per aliud, sequitur illud et posterius est eo, quo ad
nos. Quare, post determinationem de aliis politiis rectis, debuit determinare
de politia communi nomine nominata; cum et ipsa aliquo modo transgressio sit,
scilicet optimae et perfectissimae reipublicae. Ultimo vero de tyrannide: et
hoc rationabiliter, quia tyrannis inter omnes politias minime politia est; et
ideo prius debuit determinari de illis quae simpliciter vel magis politiae
sunt, quia consideratio philosophi in isto libro est determinare de politia.
Propter quam ergo causam prius determinatum est de aliis quam de politia, et
ultimo de tyrannide dicetur, dictum est. |
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[89526] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 2 Deinde cum dicit nunc autem prosequitur intentum suum;
et dividitur in duas. In prima determinat de politia. Secundo de tyrannide,
ibi, de tyrannide autem et cetera. Adhuc prima in duas. In prima ostendit,
quod est composita ex populari et paucorum; et quam habet differentiam ad
aliquas species status optimatum. In secunda ostendit, qualiter instituatur,
ibi, non est autem et cetera. Adhuc prima in duas. In prima probat quod est
composita ex populari et paucorum. Secundo, quia aliquam habet convenientiam
cum aliquibus speciebus status optimatum ponit differentiam inter politiam et
statum optimatum quantum ad illas species, ibi, videtur autem et cetera. Adhuc
primo proponit intentum suum. Secundo probat, ibi, consueverunt autem et
cetera. In prima dicit, quod nunc dicendum est de politia. Ratio autem et
natura eius manifesta erit visis rationibus status popularis et paucorum;
quia politia simpliciter, ut est dicere, mixta est ex paucorum statu et
populari; quia in politia actu et simpliciter non maneret ratio potentiae
paucorum et popularis, sed tantum virtute, sicut miscibilia manent in eo quod
componitur ex eis. Hoc autem habet rationem medii. Ratio autem medii cognoscitur ex
rationibus extremorum. Quare
manifestum est quod politia cognoscitur per rationes potentiae paucorum et
popularis. |
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[89527] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 3 Deinde cum dicit consueverunt autem probat quod sit
mixta ex illis. Probat autem hoc ex communi dicto quorumdam; et dicit, quod
quidam antiquorum politiam cum declinat ad popularem dicunt eam rempublicam:
cum autem ad paucorum, dicunt eam statum optimatum: et ratio huius est, quia
paucorum attenditur secundum dignitatem divitiarum: divitiis autem
assequuntur disciplina et nobilitas. Disciplina quidem, quia organa
necessaria ad disciplinam sunt divitiae; ideo pro tanto dicitur disciplina
assequi divitibus, quia habent ea quae sunt necessaria ad disciplinam:
nobilitas etiam assequitur, quia nobilitas est virtus, idest inclinatio ad
virtutem, et divitiae antiquae. Ergo manifestum est, quod nobilitas et
disciplina assequuntur divitibus. Adhuc, quia divites habent illa penes se,
propter quorum defectum aliqui faciunt iniuriam. Aliqui enim propter
penuriam, quandoque faciunt iniuriam; divites autem substantiam habent.
Habent igitur penes se illa propter quorum defectum aliqui faciunt iniuriam.
Propter quod dominantes in statu paucorum, viros divites et insignes vocant
per se bonos, quia in politia optimatum principatus et excellentia
attribuitur optimis viris et virtuosis; et faventes statui paucorum dicunt
statum paucorum esse ex viris per se bonis. Dicunt etiam quod cum politia
declinat ad paucorum potentiam eam esse optimatum: hoc autem non esset, nisi
aliquid haberet de potentia paucorum. Similiter dicunt alii, cum declinat ad
popularem, quod est politia popularis. Quare manifestum est quod politia
componitur ex statu populari et paucorum. |
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[89528] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 4 Deinde cum dicit videntur autem ponit differentiam
inter politiam et alias species optimatum status; et dividitur in duas. In prima praemittit
quaedam necessaria ad hoc declarandum. In secunda concludit differentiam,
ibi, quoniam autem et cetera. Prima
in duas. Primo praemittit illa. Secundo ostendit, quod politia conservatur in
multis civitatibus, ibi, in plurimis quidem et cetera. Prima in quatuor,
secundum quod praemittit quatuor. Secunda ibi, non est autem bona et cetera.
Tertia ibi, videtur autem et cetera. Quarta ibi, haec autem et cetera. In
prima dicit, quod non videtur esse possibile civitatem aliquam quae regitur
principatu optimatum, non bene disponi legibus, sed male gubernari secundum
eas. Similiter non est possibile aliquam bene disponi, et non esse bene
optimatum; quoniam civitas quae bene regitur secundum statum optimatum, bonum
finem habet simpliciter, quia finem virtutis; et bene disponit quae ad finem
et ad illud gratia cuius est. Bona autem ordinatio secundum
rationem eorum quae ad finem ad ipsum est bona legis ordinatio: civitas ergo
quae bene regitur secundum optimatum statum bene regitur legibus. Et eadem ratio est de conversa. |
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[89529] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 7 n. 5 Deinde cum
dicit non est autem praemittit secundum; quia aliquis posset dicere, quod
leges bene sunt dispositae et regitur civitas statu optimatum, sed tamen
nolunt obedire legibus; ideo philosophus dicit quod ista non est bona
dispositio et ordinatio legum quod leges bene ponantur, et quod non obediatur
legibus. Et hoc apparet. Leges enim sunt organa quaedam ad finem civitatis:
sicut igitur esset inconveniens, quod aliqua organa, sicut fistulae essent
bene posita vel facta, et tamen non bene ordinarentur ad finem, sic
inconveniens est, quod leges bene ponantur, et tamen non bene ordinentur ad
finem: hoc autem contingit, si non obediatur legibus. Ergo manifestum est
quod non est bona legis dispositio, quod lex bene ponatur, et quod non obediatur
ei. Et ideo duae videntur esse bonae dispositiones legum. Una, quod legibus
obediatur; alia ut ponantur leges rectae et iustae; quia sic legibus bene
contingit obedire, et ideo sic debent poni ut eis obediatur et possint
manere. Leges autem bene disponi ut eis obediatur, contingit dupliciter: aut
quia sunt optimae ex suppositione et secundum quod contingit in tali
civilitate; aut quia sunt optimae simpliciter et sine suppositione. Est enim
intelligendum quod leges rationem sumunt ex fine: et ideo si finis civitatis
est optimus simpliciter, sicut in regno et in statu optimatum, leges sunt
optimae simpliciter: si autem finis non est bonus simpliciter, sed ex
suppositione, sicut est in potentia paucorum, leges non sunt optimae
simpliciter, sed ex suppositione; quia optimae sunt in illa civitate. |
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[89530] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 6 Deinde cum dicit videtur autem ponit tertium. Et dicit
quod in statu optimatum fit distributio principatus secundum dignitatem
virtutis. Et ratio huius est, quia ratio, et terminus status optimatum, est
virtus: et ideo secundum dignitatem virtutis fit distributio principatus in
ea. In paucorum autem fit distributio principatus secundum dignitatem
divitiarum; quia ratio et terminus eius sunt divitiae: sed ratio et terminus
popularis est libertas; et ideo secundum dignitatem libertatis distribuitur
principatus in ea. |
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[89531] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 7 Deinde cum dicit haec autem ponit quartum. Et dicit,
quod quidquid videtur pluribus in quacumque politia vigorem habet, et existit
apud omnes in illa politia; sicut in paucorum illud quod videtur pluribus
principantibus in politia, hoc vigorem habet. Et ratio huius est: melius enim
iudicant plures quam pauci vel unus: item plures sunt potentiores quam pauci
vel unus: et ideo quod videtur pluribus melius videtur, propter potentiam
ipsorum observatur et habet vigorem. Propter quod illud quod videbitur maiori
parti eorum qui participant politia, erit principatus in ea. |
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[89532] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 8 Deinde cum dicit in plurimis ostendit, quod politia
observatur in pluribus civitatibus. Et dicit quod in pluribus civitatibus
respublica communi nomine vocata vocatur et observatur. Et ratio huius est,
quia plurimae civitates mixtae sunt ex pauperibus et divitibus. Haec autem
commixtio nihil aliud coniecturat nisi libertatem et divitias secundum quas
determinantur gubernatio paucorum et popularis. Apud autem plurimos divites
existentes boni et honesti videntur; et ideo principantur in tota regione, et
apud aliquos populus propter libertatem. Cum igitur politia sit mixta ex
populari et paucorum, manifestum est, quod plures civitates servant politiam.
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[89533] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 9 Deinde cum dicit quoniam autem concludit differentiam
inter politiam et optimatum potentiam quantum ad aliquas species. Et primo
facit hoc. Secundo recapitulat, ibi, quod quidem igitur. In prima dicit, quod
tria sunt, ad quae principaliter attendentes in politia altercantur de
principatus aequalitate: scilicet libertas, virtus, divitiae. Quidam enim
dicunt, quod principatus debet distribui secundum dignitatem libertatis; ut
qui aequales sunt in libertate, aequaliter participent principatu. Alii
dicunt, quod non debet fieri distributio principatus secundum dignitatem
libertatis, sed secundum dignitatem divitiarum; ut qui abundantes sunt in
divitiis. Alii dicunt, quod secundum nullum istorum debet fieri distributio
principatus, sed secundum dignitatem virtutis; ut qui aequaliter attingunt ad
virtutem, aequaliter attingant ad principatum: et sic altercantur aliqui
secundum cuius istorum aequalitatem debeat distribui aequaliter principatus.
Quartum autem de quo aliqui altercantur, quod vocatur nobilitas, annexum est
vel assequitur duobus, scilicet virtuti et divitiis. Nobilitas enim est
virtus generis, hoc est inclinatio ad virtutem descendens a parentibus in
filios, et in parentes ab aliis prioribus, et sic secundum quamdam
antiquitatem. Similiter nobilitas est divitiae antiquae: non quod divitiae
sint de ratione nobilitatis: possibile enim est quod in pauperibus sit
inclinatio ad virtutem orta ex parentibus, et secundum quamdam antiquitatem:
sed pro tanto dicitur nobilitas divitiae antiquae, quia sunt necessariae ad
virtutem. Cum igitur ita sit, manifestum est, quod politia mixta ex divitibus
et egenis, dicenda est politia communi nomine: sed illa, quae mixta est ex
tribus, scilicet divitibus et egenis, et virtuosis, optimatum status est una
de tribus optimatum potentiis aliis a prima, quae est vera respublica
optimatum non mixta. |
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[89534] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 7 n. 10 Deinde cum dicit quod quidem recapitulat; et dicit,
quod dictum est iam, quod praeter monarchiam regalem et paucorum potentiam et
popularem sunt aliae species politiae; et quales sunt et quae, quoniam
optimatum et politia. Iterum dictum est, qualiter species optimatum adinvicem
differunt, et qualiter politia differt ab optimatum statu; et manifestum est
ex dictis, quod non multum distant adinvicem politia et optimatum status, qui
respicit divites et pauperes virtuosos, quia solum in hoc quod respicit
virtuosos, alia non; et ita divites et pauperes sicut politia: propter quod manifestum
est, quod non multum distant. |
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Lectio
8 |
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[89535] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 8 n. 1 Postquam philosophus declaravit, quod politia communi
nomine nominata, est composita ex populari statu, et paucorum; et qualiter
differat ab optimatum statu quantum ad aliquam speciem, ostendit qualiter
instituatur: et habet duas partes. In prima praemittit intentum suum. In
secunda prosequitur, ibi, sunt autem termini et cetera. In prima dicit, quod
postquam declaratum est, quod politia est composita ex populari statu et
paucorum, consequenter dicendum est qualiter respublica communi nomine
nominata sit quaedam politia alia a statu populari et paucorum, cum tamen ex
illis componatur. Dicendum etiam est, qualiter instituatur. Visis autem
rationibus, quibus determinantur gubernatio paucorum et popularis, simul
apparebit ratio politiae. Et ideo sumenda est distinctio istarum duarum
politiarum; deinde qualiter ex istis duabus accipiendo ab utraque et aliquid
dimittendo, fit unum mixtum, vel totum aliquod continens aliquid utriusque. |
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[89536] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 8 n. 2 Deinde cum dicit sunt autem prosequitur: et dividitur
in duas. In primo ostendit qualiter ex illis instituatur politia. Secundo, ostendit
quis sit terminus et ratio bonae commixtionis, ibi, modus quidem igitur et
cetera. Circa primam partem intelligendum est, quod circa principatum tria
est considerare. Primum est personas principantes. Secundum est actus
principantium. Tertium est modus institutionis principantium: secundum hoc
ista pars dividitur in tres partes. In prima declarat terminum et rationem
mixtionis politiae ex ipsis quantum ad actus principantium. Secundo quantum
ad personas quae debent assumi ad principatum, ibi, alterum autem et cetera.
Tertio quantum ad institutionem ipsorum, ibi, tertium autem et cetera. In
prima dicit, quod termini sive rationes compositionis, sive mixtionis
politiae ex gubernatione paucorum et popularium, tres sunt: et una ratio est
quantum ad actum principantium qui est iudicare. Ut autem appareat haec ratio
mixtionis, aut sumenda sunt ea quae utraque ordinant, saltem secundum partem,
quamvis non secundum totum et simpliciter: verbi gratia, de iudicio lex fuit,
in paucorum statu, quod si divites non venirent ad iudicandum et
disceptandum, quod haberent damnum: puta quod punirentur in aliquo: et si
pauperes venirent nullam mercedem reportarent. Manifestum est autem quod ista
lex introducta fuit in favorem divitum et in odium egenorum: quia lex ista data
fuit, ut pauperes excluderentur a principatu: ex quo enim nullam mercedem
reportant secundum legem, non veniunt, et sic excludantur. Data etiam fuit ut
divites participarent principatu: quia ex quo damnum reportarent, si non
venirent, compelluntur venire. In contrarium autem in populari statu fuit
alia lex, quod egeni venientes ad disceptandum et iudicandum habeant
mercedem, divites vero nullum damnum. Et manifestum est, quod ista lex data
fuit in odium divitum et in favorem egenorum; quia per istam legem videntur
excludi divites, et solum pauperes participare principatu. Illud vero, quod
est commune istis duabus legibus, est medium, in quo consistit ratio
compositionis politiae. Si enim accipiatur ex paucorum potentia divites
reportare damnum, ex populari pauperes reportare mercedem, hoc est medium et
commune illis, et hoc est politicum. Quare manifestum est, quomodo politia
componitur ex istis. Et tunc concludit, quod unus modus mixtionis politiae ex
statu populari et paucorum est iste qui dictus est. |
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[89537] Petrus de Alvernia, In
Politic. continuatio, lib. 4 l. 8 n. 3 Deinde cum dicit alterum autem
determinat rationem mixtionis, quantum ad personas quae debent assumi ad
principatum. Et dicit quod alia est ratio mixtionis, scilicet quantum ad
personas quas faventes paucorum potentiae et populari dicunt debere vocari ad
congregationes, sive ad principatum: quia fuit lex in populari, quod nullus
assumeretur ad principatum secundum dignitatem divitiarum, vel
honorabilitatem: sed si deberent assumi secundum aliquam honorabilitatem,
quod assumerentur secundum parvam in paucorum. E contrario fuit lex, quod
assumerentur secundum honorabilitatem maximam. Manifestum est autem, quod
neutrum istorum est commune, sed sunt diversa et separata. Si vero accipiatur
medium, in hoc consistit ratio politiae, quod scilicet accipiatur princeps
secundum mediam honorabilitatem. Quare
manifestum est, quomodo politia miscenda est ex populari statu et paucorum,
quantum ad personas, quae debent assumi ad principatum. |
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[89538] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 4 l. 8 n. 4 Deinde cum dicit
tertium autem declarat rationem mixtionis politiae quantum ad institutionem
personarum quae debent assumi ad principatum. Et dicit, quod tertia ratio mixtionis est quantum ad
modum eligendi, sive instituendi personas principantes: diversus enim est
modus eligendi in statu populari et paucorum. In populari enim lex fuit, quod
per sortem acciperentur principantes, et non secundum honorabilitatem magnam
divitiarum. In paucorum vero fuit lex, quod acciperentur secundum leges et
secundum dignitates divitiarum. Accipere autem aliquid ab utraque politicum,
et optimatum statui convenit: malum enim est, quod omnes accipiantur per
sortem: et etiam malum est, quod omnes accipiantur secundum honorabilitatem
divitiarum; et ideo utrumque istorum dimittendum est. Sed accipiantur a
potentia paucorum, quod accipiendi sunt per electionem, et quod non secundum
aliquam honorabilitatem divitiarum, sed per sortem ex populari statu: et tunc
erit politicum. Quare manifestum est quomodo politia componitur ex populari
et paucorum quantum ad modum instituendi personas principantes. |
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[89539] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 8 n. 5 Deinde cum
dicit modus quidem declarat quis est terminus et ratio bonae mixtionis: et
dividitur in tres. In prima tangit quis est terminus bonae mixtionis: secundo
manifestat per exemplum, ibi, palam enim et cetera. Tertio declarat quid
oportet observari in politia bene mixta, ibi, oportet autem et cetera. In prima
dicit et quod ratio et terminus bonae mixtionis paucorum status et popularis,
in politia aliqualiter est quando contingit dicere, quod respublica quae
mixta est, ex statu paucorum et populari: et tunc bene mixta est respublica
ex illis quando in republica apparent illae duae. Hoc enim contingit quia
mixta est ex illis. In mixto enim manent miscibilia aliqualiter, et in medio
extrema. Medium enim comparatum ad utrumque extremorum apparet esse utrumque.
Tunc igitur bene mixta est respublica ex paucorum et multorum statu, quando
in republica apparet paucorum et multorum respublica. |
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[89540] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 8 n. 6 Deinde cum dicit palam enim declarat per exemplum. Et
dicit, quod in republica Lacedaemoniorum manifestum est, quod in republica
apparet popularis et paucorum, quia multi dicunt quod illa respublica est
popularis, quia habet multa de statu illo; verbi gratia, primo similiter se
habet circa nutritionem, sicut popularis. Pueri enim in Lacedaemonia divitum
et egenorum eodem modo et ex eisdem alimentis nutriuntur: similiter eodem
modo erudiuntur, et illo modo quo possunt erudiri pauperum filii. Similiter
in consequenti aetate cum facti sunt viri, eodem modo se habent sicut
divites; in alimentis enim et vestimentis non est diversitas inter pauperem
et divitem; talibus enim induuntur divites quibus pauperes possunt indui si
volunt. Iterum habebant duos magnos principatus populares: populus enim
eligebat principem in uno principatu. Eligebantur enim
senes a populo. Ad principatum autem quemdam attingebat populus, scilicet ad
principatum ephororum. Et dicitur
principatus iste eorum qui potestatem habent convocandi multitudinem et
exequendi per eam quae ad ipsum pertinent. Sic igitur apparet quod respublica
Lacedaemoniorum videbatur esse quibusdam popularis, aliis videbatur esse
paucorum, scilicet quod omnes principantes assumuntur per electionem et
nullus per sortem. Item pauci erant principantes quantum ad condemnationem
mortis, et relegationem, et similiter quantum ad alia talia. Sic igitur
apparet quod in republica communi nomine nominata debent apparere popularis
et paucorum status. |
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[89541] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 8 n. 7 Deinde cum dicit oportet autem ostendit quid oportet
observari in republica. Et dicit, quod in republica bene mixta ex populari et
paucorum statu oportet quod utrumque extremorum esse videatur et neutrum.
Oportet quidem quod utrumque videatur; quia in mixto manent aliquo modo
miscibilia. Quare si bene fuerit mixta respublica ex illis, oportet quod in
republica aliquo modo appareat paucorum status et popularis. Item oportet
quod neutrum videatur, scilicet secundum actum; nam in mixto non salvantur
miscibilia secundum actus proprios. Et ideo in republica non debet apparere
status paucorum simpliciter, et secundum actum suum simpliciter, nec
popularis. Item oportet hic observari quod respublica sit talis quod per
seipsam possit salvari, non per aliud extrinsecum, sed per se. Non ex eo quod
sint aliqui plures extrinseci qui velint salvationem eius, quia hoc potest
inesse tyrannidi vel alicui alii prave vel male ordinatae. Sed oportet quod
salvetur propter hoc quod nulla pars huius reipublicae velit aliam
rempublicam, sed tantum istam. Et
tunc recapitulat; et dicit, quod patet qualiter se habet respublica;
similiter qualiter se habent status optimatum mixti dictum est. |
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Lectio
9 |
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[89542] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 9 n. 1 Postquam
philosophus determinavit de republica qualiter mixta est ex statu paucorum et
multorum, et qualiter habet institui, determinat de tyrannide, et dividitur
in duas. In prima praemittit intentum suum. In secunda prosequitur, ibi, de
regno quidem et cetera. In prima dicit quod postquam determinatum est de
republica communi nomine nominata; dicendum est de tyrannide: non quod debeat
fieri sermo prolixus de ea, est enim respublica pessima; et ideo breviter
dicendum est de ipsa ut habeatur pars quaedam praesentis tractatus. Intentio
enim philosophi in isto libro est determinare de republica: sed tyrannis est
respublica quaedam; ideo dicendum est de ipsa. |
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[89543] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 9 n. 2 Deinde cum dicit de regno prosequitur; et quia tyrannis
est transgressio a regno, recolligit primo quaedam determinata de regno.
Secundo prosequitur de ipsa, ibi, tyrannidis autem et cetera. In prima dicit,
quod in praecedentibus dictum est de monarchia regali: ubi tum consideratum
est de ipsa monarchia, utrum civitatibus expediat unum principari, aut non
expediat. Et dato quod expediat, consideratum fuit qualem unum, quoniam
optimum; et unde assumendum est, quoniam ex optimis viris et qualiter. |
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[89544] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 9 n. 3 Deinde cum dicit tyrannidis autem prosequitur de
tyrannide. Et primo ponit duos modos eius quos posuit prius, capitulo de
regno. Secundo ponit modum unum qui proprie dicitur tyrannis, ibi, tertia
autem species et cetera. In prima dicit quod duae sunt species tyrannidis, de
quibus dictum est superius, cum de regno determinaretur; quae valde sunt
propinquae monarchiae regali, propter potentiam quam habent principantes
secundum illas supra subditos: et principantes secundum istas species
principantur secundum leges, quod pertinet ad monarchiam regalem. Est enim
una istarum specierum secundum quam in quibusdam civitatibus barbarorum
assumitur monarcha qui regit eos secundum leges et consuetudinem. Est autem
consuetudo eorum quod assumant sibi monarcham, vel per electionem, vel per
successionem, qui regat eos secundum leges. Secunda species est secundum quam
aliqui eligunt sibi principem ad fugandum inimicos, secundum quod apud
Graecos olim eligebantur quidam qui vocabantur aesymnetae. Isti enim
eligebant quosdam in principes ad fugandum adversarios. Istae autem duae
species habebant in se quaedam opposita et differentia; quia videlicet, cum
regerent huiusmodi reges secundum leges et volentibus imperarent, erant eorum
monarchiae regales: cum vero praetermissis legibus secundum quas regere
debebant plena potestate secundum arbitrium suum dominarentur, tyrannice
regnabant et monarchiae illae tyrannides erant. |
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[89545] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 9 n. 4 Deinde cum dicit tertia autem ponit modum qui proprie
dicitur tyrannis. Et dicit quod tertia species quae proprie et maxime videtur
esse tyrannis, videtur esse convertibilis cum monarchia regali primo et
principaliter dicta; non quod sit eadem illi; sed per oppositum; quia sicut
in regno principatur unus secundum voluntatem suam et ratione ordinata ad
utilitatem subditorum: sic in ista principatur unus secundum voluntatem suam.
Est autem huiusmodi tyrannis, nullis subiacens legibus, incorrigibilis
principatus similium et meliorum propter bonum suum, non propter bonum
subditorum. In ista autem definitione principatus est loco generis,
incorrigibilis loco differentiae. Et dicitur incorrigibilis, quia non est
natus corrigi. Illud enim dicitur corrigibile quod a dispositione prava ad
bonam potest mutari salvata natura eius: nunc autem iste principatus ita
pessimus est quod a dispositione sua prava ad bonam non potest mutari,
salvata eius natura, immo corrumperetur. Per similium et meliorum tangitur
materia principatus. Sunt enim in isto principatu aequales et liberi et
virtuosi. Causam finalem tangit cum dicit propter bonum proprium, non
subditorum. Ex quo sequitur, quod iste principatus non est voluntarius, quia
nullus liber voluntarie subiicitur tali principatui. Et ratio huius est, quia
nullus qui est bene dispositus secundum naturam et inclinatur ad virtutem,
vult subiici ei qui principatur non secundum virtutem, sed propter bonum
proprium; immo magis inclinatur ad principandum simpliciter quam
subiiciendum. Nunc autem liber bene dispositus est secundum naturam et
inclinatur ad virtutem. Ergo manifestum est quod non vult subiici ei qui non
principatur secundum virtutem, sed inclinatur magis ad principandum. Sed
tyrannis principatur non secundum virtutem: quare manifestum est quod
principatus iste involuntarius est. Dixit autem liberorum propter principatum
servilem. In illo enim principatu subditi subiiciuntur tyranno voluntarie,
quia inclinantur ad subiiciendum tali principatui; sicut in principatu
barbarorum. Ulterius concludit quod hae et tot sunt species tyrannidis, et
propter causas dictas. |
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Lectio
10 |
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[89546] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 1 Postquam philosophus determinavit de republica communi
nomine nominata: et de tyrannide, declarat quae sit optima respublica
pluribus civitatibus et pluribus hominibus simpliciter. Et dividitur in duas.
In prima dicit intentum suum. In secunda prosequitur, ibi, si enim bene et
cetera. In prima dicit, quod postquam determinatum est de republica et
tyrannide, dicendum est quae est optima respublica et quae est optima vita
pluribus civitatibus, et pluribus hominibus. Et non dicendum est nobis, quae
est optima vita simpliciter secundum veritatem in comparatione ad simplices
et idiotas, idest secundum quas simpliciter vivunt. Nec dicendum est quae est
optima vita in comparatione ad disciplinam, qualis est speculativa. Istae
enim indigent bona inclinatione naturali, et bono successu fortunae: ista
autem habere difficile est. Iterum non dicendum est de republica optima, quae
est secundum voluntatem et electionem simpliciter. Sed dicendum est de vita
optima quae possibilis est pluribus hominibus et civitatibus, et de
rebuspublicis ad quam possunt pertingere plurimae civitates. Status autem
optimatum de quibus dictum est prius, scilicet illae quae sunt simplices et
mixtae, quae magis accedunt ad ipsam, non sunt possibiles multis civitatibus:
sed magis cadunt extra optimum pluribus civitatibus. Quidam autem magis
appropinquant ei quam dicimus rempublicam. Et ideo de illis optimatibus et de
hac republica dicendum est, sicut de una republica; quia ex eisdem principiis
fit iudicium de ipsis. Et istae duae sunt optimae et possibiles pluribus
civitatibus et hominibus, de quibus nunc dicendum est. |
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[89547] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 10 n. 2 Deinde
cum dicit si enim prosequitur. Et primo ostendit quae sit optima vita et
respublica possibilis pluribus civitatibus. Secundo qualiter aliae
respublicae se habent ad vitam, ibi, aliarum autem politiarum et cetera.
Prima in tres. In prima ostendit quae sit optima vita hominis. Secundo, quod
ista eadem est ratio et terminus reipublicae possibilis pluribus civitatibus,
ibi, eosdem autem et cetera. In tertia, quae sit optima respublica possibilis
pluribus civitatibus, ibi, in omnibus itaque et cetera. In prima dicit, quod
sicut dictum est in libro Ethicorum, optima vita hominis est operatio
secundum virtutem non impedita. Non
enim consistit in actu primo: quia existens in actu primo in potentia est ad
secundum actum: ergo non est perfectus simpliciter. Sed felix perfectus est
simpliciter. Nec in habitu; quia in potentia est ad actum secundum. Quare
consistit in operatione ultima: quia illa non est amplius in potentia ad
aliam. Sed virtus est medietas quaedam. Est enim habitus electivus in
mediocritate existens determinata ratione, et ut sapiens determinabit. Quare
optima vita hominis est vita media: et loquimur de tali medietate, quae
possibilis est hominibus. |
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[89548] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 3 Deinde cum dicit eosdem autem declarat, quod idem est
terminus et eadem ratio civitatis et reipublicae, et virtutis vel malitiae.
Et dicit, quod eadem est ratio civitatis bonae et reipublicae bonae, et
civitatis malae et reipublicae malae. Et ratio est, quia respublica
comparatur ad civitatem sicut vita. Est enim respublica ordo civitatis. Ordo
autem vita est quaedam eius, cuius est. Ideo respublica vita est civitatis.
Et sicut cessante vita cessat illud cuius est, sic cessante republica cessat
civitas. Sicut ergo eadem est ratio vitae, et illius cuius est, et
perfectionis, et illa cuius est; sic eadem est ratio reipublicae bonae et
civitatis bonae. De mala republica et civitate mala non probat, quia apparet
ex eo quod dictum est de bona republica. |
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[89549] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 4 Deinde cum dicit in omnibus probat quae sit optima
respublica pluribus civitatibus. Et primo probat quae sit optima civitas.
Secundo, concludit quae sit optima respublica, ibi, palam ergo et cetera.
Adhuc prima in duas. Primo, ostendit quod civitas est optima, quae est ex
mediis. Secundo, quod talis civitas bene salvatur, ibi, et salvantur et
cetera. Adhuc prima in duas. Primo, ostendit qui sint optimi cives, quoniam
medii. Secundo, quae optima civitas, ibi, vult autem civitas et cetera. Ad haec primo
concludit ex praecedentibus, quod medii sunt optimi cives. Secundo probat per rationem,
ibi, facillima enim et cetera. In prima dicit: dictum est, quod eadem est
ratio bonae reipublicae et bonae civitatis. Sunt autem civitatis tres partes. Quidam enim sunt
opulenti valde, quidam egeni valde, alii sunt medii, qui nec nimis divites
nec nimis pauperes sunt, sed medio modo se habent. Cum igitur omnes
concedant, quod medium est optimum, quoniam vita secundum virtutem est optima,
virtus etiam est in medio; manifestum est, quod medii in civitate sunt
optimi, et possessio ipsorum media existens, optima est inter omnes. |
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[89550] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 5 Deinde cum dicit facillima enim probat hoc per
rationes. Et dividitur in quatuor, secundum quod probat per quatuor rationes.
Secunda, ibi, adhuc autem et cetera. Tertia, ibi, adhuc autem qui et cetera.
Quarta, ibi, qui autem et cetera. In prima intendit istam rationem. Illi sunt
optimi cives, qui facillime obediunt rationi: sed medii in civitate facillime
obediunt rationi, non autem extremi: ergo medii sunt optimi cives. Huius
rationis minorem ponit in litera, et declarat eam. Ponit autem minorem,
dicens, quod media pars civitatis facillima est ad obediendum rationi, non
extremus, et ille qui excellit aliis in pulchritudine, vel in fortitudine,
vel in nobilitate, vel in divitiis, non de facili obedit rationi. Iterum ille
qui nimis egenus est, aut valde debilis, vel multum vilis, non de facili obedit
rationi. Et ratio huius est, quia ille qui excedit, vel in pulchritudine, vel
in fortitudine, vel in nobilitate, vel divitiis alios contemnit, et fit
iniuriosus, et inclinatur etiam propter excessum alicuius istorum ad
inordinatas delectationes, et sunt nequam magis, quia ista eos faciunt
declinare ab eo quod est secundum rationem rectam. Egeni autem, valde debiles
vel viles, deficiunt a ratione et fiunt avari, et in parvis nequam valde.
Circa quod intelligendum est, quod astutia est inclinatio ad inveniendum
diversos modos et vias ad finem non rectum. Actus autem qui procedit ex hoc,
dicitur dolus vel fraus ad nocendum aliis. Et secundum quod est ad nocendum
aliis in rebus, fraus dicitur: secundum quod in persona vel fama, dolus. Isti
autem superegeni diversos modos et diversas vias inveniunt, quibus possint
habere divitias, vel potentiam, vel aliud tale, praeter rationem. Propter
quod manifestum est, quod sunt astuti et nequam in parvis valde. Sed
iniuriarum quaedam fiunt propter astutiam, vel propter contemptum, vel
contumeliam: quaedam autem propter iniuriam. Quare manifestum est, quod
extremi de difficili obediunt rationi. |
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[89551] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 6 Deinde cum dicit adhuc autem ponit secundam rationem,
et est. Illi sunt optimi in civitate, qui amant principes et magistratus
curant, ac bene consulunt bono reipublicae: sed medii amant principes, non
autem extremi. Illi enim, qui sunt excellenter divites, non amant ipsos, nec
consequenter bene consulunt: haec autem reipublicae damnosa sunt. Isti
pauperes etiam principes non amant, quia opprimi reputant se ab eis. Quare
manifestum est, quod extremi non sunt optimi cives. |
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[89552] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 7 Deinde cum dicit adhuc autem ponit tertiam rationem. Et
dicit, quod adhuc manifestum est, quod extremi in civitate non sunt optimi
cives, sed medii; quia illi qui excedunt alios in bonis fortunae, sicut in
divitiis, potentiis, et in amicis et in consimilibus, nec subiici volunt
aliis nec sciunt. Et hoc inest statim eis a pueritia. Nam a pueritia in
delitiis nutriti sunt. Et ideo doctoribus non sunt assueti subiici: propter
hoc non subiici eis volunt, quia non possunt inclinari ad oppositum eius ad
quod inclinantur ex assuetudine; sed statim ex nativitate inclinantur ad
oppositum eius quod est subiici. Et ideo etiam addiscere nolunt. Isti etiam
qui excellenter egeni sunt, intantum sunt humiles, quod nesciunt principari,
sed subiici etiam servili principatu; nam subiiciuntur principatu despotico
qui est domini ad servum. Si igitur civitas sit ex istis, erit ex servis et
dominis: sed ista inconvenientia sunt. Quare manifestum est, quod extremi non
sunt optimi cives: relinquitur igitur, quod medii. |
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[89553] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 10 n. 8 Deinde
cum dicit qui autem ponit quartam rationem. Et dicit, quod illi qui invident
aliis et contemnunt alios, nec magistratus gerere sciunt, non sunt optimi
cives. Sed egeni valde invident aliis, nec magistratus gerere sciunt. Divites
etiam valde contemnunt eos, quae sunt etiam contra rationem reipublicae;
medii non; quare extremi non sunt optimi cives, sed medii. Huiusmodi rationis
ponit minorem primo; dicens, quod illi qui sunt de numero egenorum invidentes
sunt. Illi autem qui sunt de numero excedentium in bonis fortunae,
contemnentes sunt alios, et hoc apparet. Divites enim et potentes videntes se
habere ea quae non habent alii, illos despiciunt et contemnunt. Egeni et
deficientes videntes quod non habent ea quae alii habent, invident illis, sed
medii non. Quia enim ad sufficientiam habent, non invident: non contemnunt
autem, quia non sunt valde excedentes. Invidere vero et contemnere sunt
contra rationem reipublicae: quod declarat. Quia amicitia necessaria est in
civitate. Nam communicatio amicitia quaedam est; quia inimici cum inimicis
participare nolunt nec etiam in via. Sed invidia et contemptus sunt contra
rationem amicitiae; quare sunt contra rationem reipublicae. Manifestum
igitur, quod extremi non sunt optimi cives, sed medii inter extremos. |
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[89554] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 9 Deinde cum dicit vult autem postquam philosophus
determinavit qui sunt optimi cives, quoniam medii; declarat quae est optima
civitas, quoniam illa quae est ex mediis. Et dicit, quod civitas debet et
vult esse ex aequalibus maxime. Sed tales sunt medii, sicut probatum est;
ergo civitas optima est quae est ex mediis. Et propter hoc manifestum est,
quod talis civitas optime gubernatur. Illam enim necessarium est optime
gubernari quae est constituta ex his, ex quibus civitas optima naturaliter
constituitur: talis autem est quae dicta est: ergo et cetera. |
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[89555] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 10 n. 10 Deinde
cum dicit et salvantur declarat quod talis civitas bene salvatur et sine
periculo vivunt tales. Et primo ostendit, quod bene salvatur. Secundo quod
vivunt sine periculo, ibi, propter hoc bene et cetera. In prima dicit, quod
isti medii ex quibus componitur civitas optima, maxime salvantur in civitate:
et hoc apparet, quia ipsi non concupiscunt aliena, sicut pauperes. Habent
enim ad sufficientiam; et ideo non desiderant aliena; propter quod non
insidiantur divitibus. Pauperes vero, quia deficientes sunt, desiderant aliena:
et ideo insidiantur divitibus. Medii vero non, quia non habent
superabundantiam divitiarum; ideo medii nec insidiantur aliis nec alii ipsis:
tales autem maxime conservantur: quare manifestum est quod civitas quae est
ex mediis maxime conservatur. |
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[89556] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 11 Deinde cum dicit propter hoc ostendit quod vivunt sine
periculo; et dicit, quod medii quia nullus insidiatur ipsis nec ipsi aliis
insidiantur, sine periculo vivunt. Et propter hoc Phocylides rationabiliter
desideravit medius esse in civitate, videns quod medii sunt in civitate
optimi: unde dixit: medius in civitate volo esse. |
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[89557] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 10 n. 12 Deinde
cum dicit palam ergo ostendit quod respublica quae est ex mediis est optima.
Et dividitur in duas. In prima infert ex dictis quod respublica media est
optima. Secundo probat hoc per signa et effectus, ibi, quod autem et cetera.
Adhuc prima in duas. In prima facit quod dictum est. In secunda infert
corollarium, ibi, propter quod. In prima dicit, quod quia civitas optima est
quae est ex mediis: manifestum quod respublica optima est ex mediis; et illae
civitates quae multos habent medios, habent rempublicam optimam. Et ratio
huius est, quia pars media civitatis valentior et melior est quam aliae duae
partes divisim; quia si una pars praeter rationem velit opprimere aliam
partem, sicut si divites pauperes velint opprimere, pars media adiungit se
pauperibus, et cum illis reprimit malitiam divitum. Si autem pauperes velint
insurgere contra divites praeter rationem, medii iungunt divitibus se, et
reprimunt pauperes. Et ideo medii prohibent fieri excessus in civitate. Talis
autem respublica optima est. |
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[89558] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 10 n. 13 Deinde
cum dicit propter quod infert unum corollarium. Et dicit, quod manifestum est
ex dictis, quod ex quo civitas est optima quae est ex mediis, quod maximum
bonum est quod in civitate gubernantes habeant substantiam mediam et possessiones
medias. Quia ubi sunt qui valde excedunt in divitiis, aut indigentes valde,
erit ibi aut status popularis aut paucorum intemperatus, in quo pauci divites
valde dominantur secundum voluntatem suam; aut erit tyrannis propter ambos
excessus, scilicet divitiarum et egestatis: ex populari enim statu nimis
superbo insurgit tyrannis. Similiter ex paucorum potentia: ex mediis autem
non. Multo autem minus oritur tyrannis ex his qui sunt propinqui mediis quam
ex statu populari. Causa autem istorum apparebit inferius cum determinabitur
de transmutatione reipublicae. |
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[89559] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 10 n. 14 Deinde
cum dicit quod autem probat per signa, quod respublica quae est ex mediis
optima est. Et dividitur in partes tres, secundum quod declarat per tria.
Secunda ibi, signum autem et cetera. Tertia ibi, manifestum autem et cetera.
In prima intendit istam rationem. Illa respublica est optima quae est sine
seditione magis et turbatione: sed talis est illa quae est ex mediis; ergo
respublica quae est ex mediis optima est. Huius rationis ponit conclusionem
et minorem cum sua probatione. Dicit igitur: quod respublica quae est ex
mediis sit optima, manifestum est. Ista enim sola et sine seditione et
turbatione est. Hoc autem probat dupliciter. Primo, quia ubi sunt plures
medii, non sunt seditiones nec turbationes. Et propter hoc magnae civitates
sunt magis sine seditionibus quam parvae: quia in magnis civitatibus sunt
multi medii: sed in parvis civitatibus statim omnes sunt divisi in divites et
pauperes; et ideo in illis saepe fiunt perturbationes et seditiones. Quare
manifestum est quod illa respublica quae est ex mediis, magis est sine
seditione et turbatione. Hoc idem probat secundo ex alio, quia status
populares sunt durabiliores quam paucorum, quia plures habent medios et magis
attingunt medii ad principatum quam in paucorum potentia. Ex quo manifestum
est quod illa respublica quae est ex mediis est magis sine seditione et
turbatione. Si autem accidet quod inter egenos et divites non fuerint plures
medii, aut non sufficientes, si multitudo invaluerit, multos excessus
facient; et ideo male se habet et cito peribit respublica. |
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[89560] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 15 Deinde cum dicit signum autem ponit secundum signum. Et
dicit: quod respublica quae est ex mediis sit optima, signum est quod optimi
legislatores fuerunt de mediis, sicut Solon. Iste enim Solon non fuit de
divitibus excellenter, nec de pauperibus. Et hoc significavit in quadam poesi
sua, quam non ponit philosophus: similiter Lycurgus non fuit de magnis: non
enim fuit rex. Similiter Charondas, nec de divitibus, nec de pauperibus
excellenter fuit, sed de mediis; similiter plures alii. Isti vero fuerunt
optimi legislatores et fuerunt de mediis: quare manifestum est quod medio
modo se habere disponit ad optimam rempublicam. Quod igitur optima respublica
sit ex mediis, signum est quod optimi legislatores fuerunt de mediis. |
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[89561] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 16 Deinde cum dicit manifestum autem ponit tertium signum.
Et ponit primo signum. Secundo rationem assignat cuiusdam quod in signo est
dictum, ibi, adhuc autem propter. In prima dicit, quod manifestum est ex his
quae dicentur iam, quod optima respublica est ex mediis: qui propter hoc sunt
plures respublicae aut populares aut paucorum: quia frequenter in civitatibus
medium paucorum est; statim enim sunt omnes vel divites vel egeni: et
quicumque excellunt alios, convertunt rempublicam secundum voluntatem suam ad
utilitatem suam; ita quod si divites superaverint pauperes, convertunt
rempublicam ad voluntatem suam et regunt eam, et tunc fit paucorum potentia.
Si autem pauperes excesserint, regunt rempublicam secundum voluntatem suam et
fit status popularis: quare manifestum est, quod aut erit popularis, aut
paucorum. Cum ergo ista accidant, quae non sunt recta, propter defectum
mediorum, signum est quod respublica quae est ex mediis, sit optima. |
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[89562] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 17 Deinde cum dicit adhuc autem propter assignat causam
quare sunt plures populares et paucorum; et dividitur in duas, secundum quod
probat hoc per duas rationes. Secunda ibi, adhuc autem et eorum et cetera. In
prima dicit quod seditiones et pugnae quae fiunt in civitate inter divites et
pauperes ad invicem, sunt causa quare sunt tot populares et paucorum. Illi
enim qui obtinent contra adversarios, non instituunt rempublicam communem nec
aequalem: sed instituunt rempublicam ad utilitatem suam et honorem et
praemium victoriae suae instituunt rempublicam in qua excedunt adversarios:
ita quod si pauperes obtineant faciunt popularem statum: si divites, paucorum
potentiam. |
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[89563] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 18 Deinde cum dicit adhuc autem eorum ponit secundam
rationem; et dicit quod aliqui praeeminentes in Graecia in potentia amicorum
vel in divitiis, vel in nobilitate, vel in aliquo alio, nutriti in aliqua
republica, cum vellent instituere rempublicam aliquam, non instituerunt
quamcumque; sed considerantes ad rempublicam in qua nutriti sunt,
instituerunt illam. Et quia nutriti erant in populari vel in paucorum,
instituerunt hanc vel illam, non considerantes bonum commune, sed bonum
proprium: et istae utiliores erant eis; ideo ista instituerunt. Et propterea
nunquam aut raro et apud paucos invenitur respublica media. Unus autem
optimus fuit vir, qui cum esset in principatu suasit civibus rempublicam hanc
mediam: sed illi noluerunt acceptare ipsam: similiter nec isti qui modo sunt
in civitatibus, volunt eam recipere, quia consuetudinem non habent per quam
inclinentur ad volendum aequalitatem; sed vel quaerunt principari, aut magis
volunt sustinere rempublicam quam habent non recte ordinatam, sicut paucorum
potentiam in qua dominantur, aut aliquam aliam. Et tunc concludit dicens,
quod quae sit optima respublica et propter quam causam, manifestum est ex
determinatis. |
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[89564] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 10 n. 19 Deinde cum dicit aliarum autem declarat qualiter aliae
respublicae se habent ad istam; et dicit, quod rerumpublicarum aliarum a
media posuimus plures species, sicut popularis et paucorum. Unaquaeque enim
istarum plures species habet, sicut apparuit prius: quae autem istarum sit
melior, et quae peior, visa ratione mediae reipublicae, non est difficile
videre. Cum enim respublica quae est ex mediis, sit optima; illa quae est
propinquior huic, melior est; et quae remotior, peior. Nam universaliter hoc
verum est, quod in unoquoque genere illud quod est propinquius primo,
perfectius est et melius in illo genere: quare illa respublica quae
propinquior est reipublicae optimae in pluribus melior est: sicut prima
species popularis melior est quam secunda, et secunda quam tertia, et tertia
quam quarta. Quarta vero pessima est inter illas: similiter de paucorum
potentia prima melior quam secunda, secunda quam tertia, et sic deinceps. Et
dico, quod illa quae est propinquior optimae, est melior simpliciter loquendo
sine suppositione: quia si loquamur de meliori et optima ex suppositione,
nihil prohibet aliquam, quae non est melior simpliciter, esse meliorem
aliquibus: sicut si in civitate aliqua cives sint aequales in libertate,
melius est eis regi populari, quam republica media. Sic igitur apparet qualiter
aliae se habent ad istam. |
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Lectio
11 |
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[89565] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 1 Postquam philosophus declaravit, quae et qualis
respublica est optima pluribus civitatibus, declarat quae et qualis, quibus
et qualibus expediat: et dividitur in duas. In prima praemittit
intentum suum. In secunda prosequitur, ibi, sumendum. In prima dicit, quod post illa quae determinata sunt,
dicendum est pertranseundo, quae respublica quibus et qualis qualibus
expediat. |
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[89566] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 2 Deinde cum dicit sumendum itaque prosequitur: et
dividitur in duas. Primo praemittit quaedam universalia quae valent ad
sequentia in isto capitulo. In
secunda ostendit, quod propositum fuit, ibi, quidem igitur. In prima dicit,
quod antequam determinetur de republica quae cui, et qualis quali competat,
accipiendum est primo, quod universaliter verum est in omnibus rebuspublicis:
scilicet, quod illa pars reipublicae melior est, et valentior quae vult
salvationem reipublicae quam illa quae non vult. Et ratio huius est, quia
bonum rei attenditur in ordine ad finem: sed partes reipublicae ordinantur in
finem reipublicae, finis autem reipublicae est salus et permanentia eius; et
ergo bonum partium reipublicae intenditur in ordine ad finem istum. Sed
unumquodque vult bonum proprium, et quanto magis vult, tanto melius est; ergo
illa pars reipublicae melior est, quae intendit istum finem, quam illa quae
non intendit. Secundum est, quod proponit, quod omnis civitas componitur ex
quali et quanto. Et exponit quid vocat quale et quantum. Quale quidem vocat
dignitatem, ad quam considerat volens instituere rempublicam vel volens
distribuere principatum; sicut sunt divitiae, disciplina, ingenuitas. Quantum
vocat multitudinem. Modo ita est quandoque, quod alteri parti civitatis inest
quale, ita quod excedit aliam in qualitate: alteri parti inest quantum, ita
quod excedit aliam in multitudine: sicut verbi gratia plures sunt in civitate
ignobiles quam nobiles, pauperes quam divites: tamen pars illa quae abundat
in quanto, non abundat in illo quantum deficit in quali. Ista autem
consideranda sunt in determinando, quae vel qualis, cui vel quali conveniat,
comparando ista ad invicem; puta defectum secundum unum ad superabundantiam
respectu alterius. |
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[89567] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 3 Deinde cum dicit ubi quidem ostendit, quae et qualis,
quibus et qualibus conveniat. Et primo quibus et qualibus popularis status.
Secundo quibus et qualibus paucorum potentia, ibi, ubi autem multitudo, et
cetera. Tertio quibus et qualibus respublica, ibi, oportet autem semper et
cetera. In prima dicit, quod quamlibet civitatem, ubi abundat multitudo
egenorum secundum dictam proportionem, scilicet, quod non excedat, puta in
virtute, quantum deficit in multitudine divitum vel egenorum, oportet regi
statu populari: ut si agricolae excedunt, tunc est popularis status
agricolarum. Et secundum quod diversus est populus, secundum hoc oportet
ipsum regi diversis speciebus popularis status: ut si multitudo agricolarum
excedat, oportet regi prima specie popularis status. Si autem multitudo
tenuiorum et mercenariorum, tunc oportet eam regi ultima specie popularis
status. Isti enim minus sunt persuasibiles ratione, et magis inclinantur ad
avaritiam; et ideo expedit eis magis regi illa specie popularis status, per
quam possunt satisfacere magis avaritiae suae. Haec autem est ultima species,
in qua principatur populus non secundum legem, sed secundum suam sententiam
et voluntatem. Ubi autem multitudo est intermedia, competit regi eam aliqua
specie intermedia: ut si excedat multitudo liberorum, secunda species debet
esse; si multitudo aliorum quorumcumque, tertia species. |
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[89568] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 4 Deinde cum dicit ubi autem ostendit quibus competit
paucorum status. Et dicit, quod ubi multitudo divitum, quae plus abundat in
quali, scilicet in divitiis et nobilitate, quam deficiat in quanto, idest in
multitudine, ibi oportet esse paucorum status. Et secundum diversitatem
huiusmodi multitudinis oportet diversificare species paucorum status; ita
quod ubi est multitudo divitum habentium possessiones mediocres, oportet regi
prima specie popularis status, in qua dominantur plures divites non nimis
excedentes in divitiis, sed habentes possessiones mediocres. Ubi autem est
minor multitudo, sed habent plures divitias, oportet regi secunda specie
paucorum status. Ubi autem sunt adhuc pauciores divites, ditiores quam primi,
expedit illos regi tertia specie. Ubi autem pauciores sunt, et magis divites,
oportet regi illam civitatem quarta specie; ita quod sicut se habent species
status popularis quantum ad multitudinem, sic species paucorum potentiae
quantum ad divitias: ita quod sicut, ubi sunt pauciores egeni (sicut ubi sunt
plures agricolae), oportet esse primam speciem status popularis; ubi adhuc
plures, secundam; ubi adhuc plures quam prius, tertiam; ubi tota multitudo,
quartam et pessimam; sic ex parte potentiae paucorum, ubi sunt plures divites
habentes mediocres divitias, prima species: ubi pauciores ditiores, ibi
secunda; sed ubi adhuc pauciores et ditiores, tertia: sed ubi sunt pauciores
quam prius, et valde divites, quarta species et pessima. |
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[89569] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 5 Deinde cum dicit oportet ostendit quibus competit
respublica: et dividitur in duas. In prima facit quod dictum est. In secunda
regreditur ad declarandum qualiter miscetur ex populari statu et paucorum,
ibi, adhuc autem et cetera. Prima in duas. In prima ostendit quibus competit
respublica. Secundo removet errorem quorumdam, ibi, pereant autem et cetera.
Adhuc prima in duas. In prima facit quod dictum est. Secundo, removet
obiectionem quae posset fieri, ibi, nihil enim timendum et cetera. In prima dicit, quod
legislator, si bene debeat ordinare rempublicam, debet assumere ad
rempublicam medios. Et hoc, quascumque leges ponat; sive convenientes
potentiae paucorum, sive populari statui; semper oportet coassumere medios;
quia sic debet ferre leges, et ordinare rempublicam, ut per leges possit
respublica salvari. Ubi vero multitudo huiusmodi mediorum abundat secundum
quale, aut secundum quantitatem, vel in uno comparatione ad aliud, convenit
esse rempublicam quae bene nata est regi rectis legibus: ex talibus enim
dicta est esse ipsa: igitur expedit coassumere medios. |
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[89570] Petrus de Alvernia, In
Politic. continuatio, lib. 4 l. 11 n. 6 Deinde cum dicit nihil enim
removet obiectionem quae posset fieri. Aliquis enim diceret, quod legislator
non debet assumere medios, quia pauperes et divites non consentirent, et sic
erit turbatio in civitatibus. Removet
hoc: et dicit, quod non est timendum quin divites consentiant pauperibus. Et
ratio huius est, quia nunquam volunt esse servi dominorum, nec divites nec
pauperes, et ideo quaerunt communem rempublicam magis. Hoc autem est
respublica et non alia. Si autem quaerunt rempublicam communem, non
invenirent aliam magis communem: quia pauperes nolunt quod divites dominentur
ne opprimantur ab illis, nec divites volunt quod pauperes timeant opprimi ab
eis, et ideo quaerunt fideliorem principantem. Sed ubique fidelissimus est et
communis magis medius et arbiter. Ex quo manifestum est, quod respublica
quanto magis mixta est, accedens ad aequalitatem et indifferentiam, tanto
magis mansiva est. |
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[89571] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 7 Deinde cum dicit peccant autem removet errorem
quorumdam. Aliqui enim fuerunt qui voluerunt facere respublicas optimatum,
qui plus attribuebant divitibus quam deberent, et quam pauperibus.
Philosophus dicit quod isti peccaverunt non solum in hoc quod plus
attribuebant divitiis quam deberent; sed in hoc quod pauperes non audiebantur
in his in quibus debebant audiri secundum rectam rationem, et minus
attribuebant eis quam oporteret, quoniam aliquando ex unius malo venit magnum
malum; et ideo quamvis hoc sit modicum malum, scilicet plus attribuere
divitibus quam pauperibus, tamen ex hoc sequitur excessus divitum; sed
excessus divitum magis corrumpit civitatem quam excessus pauperum. Et ratio
huius est, quia excessus qui plus facit distare bonum commune a communitate
magis corrumpit civitatem quam qui minus. Sed excessus divitum magis facit
distare a communitate, quia bonum commune trahit ad paucos, quia pauperes
sunt plures quam divites: quare manifestum est, quod excessus divitum magis
corrumpit civitatem quam excessus pauperum: quare hoc est malum et peccatum
in republica plus dare divitibus. |
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[89572] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 11 n. 8 Deinde
cum dicit adhuc autem postquam declaravit quae et qualis respublica quibus et
qualibus conveniat, regreditur ad declarandum qualiter respublica misceatur
ex paucorum et populari statu; et dividitur in duas. In prima ostendit ex
quibus est maxime. In secunda recapitulat, ibi, praeter quam quidem et
cetera. Prima in tres. Primo ostendit qualiter misceatur. Secundo ostendit ex
quibus est, quia ex habentibus arma, ibi, oportet autem et cetera. In tertia
assignat rationem propter quam antiqui vocaverunt rempublicam popularem
statum, ibi, crescentibus autem et cetera. Adhuc prima in duas. Quia enim
respublica miscetur ex paucorum et populari statu, primo tangit leges
popularis et paucorum, secundo infert ex dictis quomodo miscetur ex illis,
ibi, quare manifestum et cetera. Adhuc prima in duas. In prima tangit leges
paucorum status. Secundo popularis, ibi, in democratiis autem et cetera. In
prima tangit leges paucorum status, per quas intendunt sophistice excludere
multitudinem a republica; et primo tangit ea de quibus feruntur leges. Secundo
tangit leges ipsas, ibi, circa congregationem. In prima dicit, quod illa de
quibus dominantes paucorum statui ferunt leges fallaciter et dolose,
proponentes populo, quinque sunt numero: scilicet concio, magistratus,
iudicium, armatura, exercitatio. |
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[89573] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 11 n. 9 Deinde
cum dicit circa congregationem tangit leges circa ista: et primo tangit legem
circa concionem. Secundo circa magistratum, ibi, circa principatus. Tertio
circa iudicium, ibi, circa praetoria. Quarto circa arma et exercitia, ibi,
eodem modo. In prima dicit, quod circa concionem ordinaverunt faventes
paucorum statui, quod omnes venire liceret ad concionem: sed ulterius ordinaverunt
quod divites si non venirent, haberent damnum, pauperes vero non. Vel quod
divites multo magis damnum reportarent quam pauperes. Et manifestum est quod
per istam legem pauperes excludebantur: quia divites ex hoc quod damnum
magnum reportabant compellebantur venire: pauperes, quia nullum damnum
reportabant non curabant venire, et ita non participabant civitate libenter. |
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[89574] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 10 Deinde cum dicit circa principatus tangit legem circa
magistratum. Ordinaverunt enim quod omnes possent attingere magistratum, sed
ulterius statuerunt quod pauperibus liceret renunciare magistratui, divitibus
vero non: et manifestum est quod per istam legem excludebantur pauperes; quia
pauperes cum sint occupati circa alia, facile est quod cum liceat eis
renunciare, dimittant magistratum; divites vero semper remanebant, cum eis
non liceat renunciare. |
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[89575] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 11 Deinde cum dicit circa praetoria tangit legem circa
iudicium; et dicit, quod circa iudicium ordinaverunt, supposito quod omnes
possint attingere ad iudicia. Ulterius ordinaverunt divitibus damnum si non
iudicarent et discuterent. Pauperibus vero dederunt licentiam de non
discutiendo; vel si ordinaverunt damnum utrisque, tamen divitibus magnum
damnum, pauperibus modicum, sicut ordinatum fuit in legibus Charondae. In
aliquibus vero paucorum gubernationibus, licebat quidem omnibus discutere in
iudicio et interesse congregationi, praescriptis tamen prius. Si vero
contingeret quod scripti non interessent vel non discuterent, imponebantur
magna damna; ita ut propter fugere damna non appeterent scribi; et sic si non
scriberentur, nec interessent iudicio. |
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[89576] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 11 n. 12 Deinde
cum dicit eodem autem tangit legem circa arma et exercitia simul: et dicit,
quod eodem modo tulerunt legem de possessione armorum et circa exercitia
ipsorum: et ordinaverunt quod liceret egenis non habere arma; divitibus, si
non haberent, ordinaverunt magnum damnum. Similiter circa exercitium
ordinaverunt quod pauperes si se non exercitarent in armis, nullum damnum
haberent. Sed divitibus ordinaverunt magnum damnum. Sic autem ordinaverunt,
ut divites propter damnum haberent arma et usum armorum, et sic haberent soli
potestatem et tenerent principatum: pauperes vero, quia non timerent damnum,
non haberent arma et usum armorum, et per consequens non participarent
principatu. Et tunc concludit quod haec sunt sophismata de legislatione per
quae volunt faventes paucorum potentiae excludere multitudinem a civilitate. |
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[89577] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 13 Deinde cum dicit in democratiis ostendit qualiter
faventes populo sapienter adversantur istis; et dicit, quod faventes populo
in politia sua sapienter adversantur istis. Contra enim omnia ista
ordinaverunt quod pauperes, qui convenirent ad congregationem et discuterent,
haberent mercedem: divites vero si non venirent, nullum damnum reportarent. Et
per istam legem monstratur quod excludebantur divites. Pauperes enim
scientes, quod haberent mercedem, libenter veniebant. Divites autem scientes
quod nullum haberent damnum, si non irent, non curabant ire, maxime quia non
honorabantur: et sic tota potestas dimittebatur penes multitudinem. |
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[89578] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 14 Deinde cum dicit quare manifestum concludit qualiter
respublica sit miscenda ex paucorum et populari statu; et dicit, quod
manifestum est ex dictis qualiter respublica miscenda est ex illis: mixtum
enim debet aliqualiter habere miscibilia et aliqualiter non; et ideo si recte
fiat mixtio ex istis, oportet accipere ea quae pertinent utrisque secundum
partem et ordinari pauperibus mercedem si veniant, divitibus vero damnum si
non veniant: et isto modo omnes communicabunt civilitate; sed praedictis
modis altera solum, ut respublica tantum sit paucorum vel populo faventium. |
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[89579] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 15 Deinde cum dicit oportet autem ostendit ex quibus est
respublica. Et primo ostendit quod est ex utentibus armis maxime. Secundo
quod est ex illis qui usi fuerunt armis, ibi, est enim politia. Prima in
duas. In prima facit quod dictum est. Secundo assignat causam cuiusdam dicti,
ibi, volunt enim pauperes. In prima dicit quod respublica debet esse ex
habentibus arma et utentibus iam in actu ipsis. Et ratio huius est, quia
respublica debet esse ex mediis; et ideo debet esse ex illis in quibus sunt
plures medii: tales sunt utentes armis. Quanta autem debet esse multitudo
civitatis et census, non est determinatum nunc: oportet enim censum in
civitate determinare secundum regionem et secundum potentiam adversariorum.
Oportet enim tantam esse multitudinem quantam regio possit nutrire, et tantam
quod possit repellere adversarios. Sed advertendum quod qualitas et bona
dispositio secundum disciplinam vel mores multum addit ad bonitatem
reipublicae; et ideo faciendum est quod participantes politiae sint plures,
saltem secundum qualitatem, quamvis deficiant quantitate. |
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[89580] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 16 Deinde cum dicit volunt enim assignat causam cuiusdam
dicti; scilicet, quod oportet esse plures participantes reipublicae quam non
participantes; et dicit, quod pauperes in civitate existentes absque
principatu volunt vivere quiete et sine turbatione, dato quod nullus molestet
eos, et dato quod nihil auferatur ab eis de bonis suis: sed istud non est
facile, quia frequenter contingit, quod principantes non sint mites et
humani; et ideo difficile est quod non suscipiant pauperes molestiam. Iterum
illi qui utuntur armis, quando bellum debet fieri, volunt recipere alimentum
a pauperibus si sint aliqui pauperes: et si non recipiant, movent bellum
contra illos; et si accipiant, pauperes volunt insurgere. Ut igitur non
possint insurgere contra principantes, expedit esse plures habentes arma quam
non habentes. |
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[89581] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 17 Deinde cum dicit est enim ostendit quod respublica non
tantum est ex illis qui possident, sed ex illis qui possederunt arma et
habuerunt usum eorum. Et dicit, quod apud aliquos est respublica non solum ex
illis qui vadunt ad arma, et utuntur eis iam actu, sed ex eis qui fuerunt et
usi sunt. Et rationabiliter hoc est: quia illi sunt magis exercitati in
actibus virtutum et in armis. Rationabile autem est quod respublica sit ex
illis: quod declarat per quamdam rempublicam, dicens quod apud Malienses erat
respublica ex his qui fuerant in armis et usi fuerant. Verumtamen
principantem eligebant ex militibus, sive ex illis qui iam utebantur armis.
Primae etiam respublicae fuerunt magis ex praeliantibus et utentibus armis
praeter principatus regales. Principem autem eligebant de equestribus; et
respublica quae fuit a principio fuit ex equestribus, quia robur belli tunc
in equestribus habebatur. Peditatus autem est omnino inutilis nisi adsit ordo
et disciplina; sed qualis sit huiusmodi ordo et disciplina, non fuit cognitum
antiquis: et propterea totum robur et excellentia exercitus habebatur ex
equestribus. |
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[89582] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 18 Deinde cum dicit crescentibus autem assignat causam
cuiusdam dicti. Aliqui enim istam rempublicam vocaverunt popularem, alii
paucorum. Ideo causam huius assignat; et primo quare dixerunt eandem
popularem statum. Secundo quare paucorum, ibi, fuerat enim et cetera. In
prima dicit, quod crescentibus civitatibus contigit, quod erat magna
multitudo habentium arma qui dominabantur. Ubi autem multitudo dominatur,
status popularis est: propter quod quidam dixerunt illam quam vocamus
rempublicam, popularem. |
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[89583] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 19 Deinde cum dicit erant autem ostendit quare vocaverunt
eam paucorum statum; et dicit, quod antiquae respublicae rationabiliter erant
status paucorum et regalis. Antiquitus enim pauci erant homines inhabitantes
civitates; et ideo pauci erant medii: et quia pauci erant secundum multitudinem,
paucorum status erat: sed quia bene erant ordinati, bene sustinebant
principatum et subiiciebantur. |
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[89584] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 11 n. 20 Deinde cum dicit propter quam recapitulat dicta a
principio quarti; et dicit quod dictum est in praecedentibus propter quam
causam sunt plures respublicae, et propter quam causam sunt aliae respublicae
praeter sex respublicas acceptas secundum genus; ut sunt plures populares et
paucorum status et optimatum, et non una numero solum. Iterum dictum est
qualiter differunt adinvicem, et quae sit optima respublica, et propter quam
causam accidit, et quibus expediat. |
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Lectio
12 |
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[89585] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 1 Postquam philosophus determinavit quae respublica est
optima, et quae et qualis, quibus et qualibus conveniat, determinat de
quibusdam partibus reipublicae, scilicet de consiliativo et dominativo et
iudicativo. Et primo dat intentionem suam. Secundo prosequitur, ibi, dominans
est et cetera. In prima dicit, quod postquam determinatum est de unaquaque
republica et in communi et divisim, consequenter dicendum est de quibusdam ex
quibus pendet consideratio determinatorum. Et dicit rursus, quia in
tertio fecit mentionem de ipsis, et accipiendum est principium conveniens
illis, scilicet quod sunt tres partes rerumpublicarum de quibus studiosus
legislator debet considerare et conferre secundum rationem de illis. Illis
enim bene se habentibus, necessarium est rempublicam bene esse ordinatam et male;
et secundum differentiam istorum adinvicem necesse est respublicas differre,
quia per ista distribuitur respublica quae est ordo principantium. Istorum
autem una pars est, quae consiliatur de communibus civitatis. Alia est quae
versatur circa principatus: et hoc est quos oportet esse principes, et quorum
debent esse domini; et qualiter assumuntur, utrum per sortem vel per
electionem. Tertia pars est quae versatur circa iudicia. |
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[89586] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 2 Deinde cum dicit dominans autem prosequitur; et primo
de consiliativo. Secundo de principatu, ibi, de consiliante et cetera. Tertio
de iudicativo, ibi, reliquum autem et cetera. Prima in duas. Primo tangit de
quibus consiliantur in communi. Secundo prosequitur de ipso consiliativo,
ibi, necessarium autem et cetera. In
prima dicit, quod dominans in civitate consiliatur de bello, utrum bellandum
sit vel non; et de pace, utrum pax debeat fieri cum adversariis vel non.
Consiliatur etiam de propugnatione et de dissolutione, utrum simul vel
separatim debeat pugnare. Iterum consiliatur de legibus qualiter sint
ferendae. Consiliatur etiam de morte alicuius, utrum expediat aliquem qui
fuit contra civitatem, interfici vel relegari. Iterum de populatione qualiter
debeat fieri si indigeat civitas populari, et ex quibus. Iterum qualiter
principantes debent eligi et corrigi. |
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[89587] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 3 Deinde cum dicit necessarium autem prosequitur de ipso
consiliativo declarando eius consiliativum cui competat reipublicae. Et primo
ponit divisionem unam. Secundo ostendit quibus rebuspublicis competant membra
ipsius, ibi, omnes igitur et cetera. In prima dicit, quod necessarium est,
aut omnia iudicia dare omnibus civibus, ita quod omnes cives de omnibus
iudicent; aut quibusdam omnia, sicut principanti uni, aut pluribus si sint
plures principantes; aut alia aliis, ita quod quidam iudicent de quibusdam,
alii de aliis; aut de quibusdam omnes, aut quidam de quibusdam. |
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[89588] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 4 Deinde cum dicit omnes quidem ostendit primo quibus
competant membra. Secundo determinat quaedam convenientia quibusdam
rebuspublicis, ibi, expedit autem et cetera. Prima adhuc dividitur in duas. In
prima ostendit quibus rebuspublicis competant membra praedicta. Et dividitur
in tres. Primo enim ostendit quis modus competit populari statui. Secundo cum
dicit, quidam autem etc. quis paucorum statui. Tertio quis optimatum, cum
dicit, quando autem et cetera. Adhuc prima in duas. In prima tangit quis
modus competat populari statui. In secunda cum dicit, sunt autem modi etc.
subdividit ipsum declarando quis quibus modis eius conveniat. In prima dicit,
quod ad popularem statum pertinet, quod omnes iudicent et deliberent de
omnibus. Et ratio huius est, quia favens populo intendit aequalitatem: hoc
autem videtur esse aequalitas quod omnes attingant ad iudicium de omnibus:
quare iste modus pertinet ad popularem. |
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[89589] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 12 n. 5 Deinde
cum dicit sunt autem subdit modum istum; et dividitur in quatuor, secundum
quod ponit quatuor modos, declarans quibus modis populari statui competunt
illi modi. Secunda ibi, alius autem modus et cetera. Tertia ibi, alius autem
modus est ut. Quarta ibi, quartus autem modus et cetera. In prima dicit, quod
eius, quod est omnes iudicare de omnibus, plures sunt modi. Unus est, quod
omnes attingant ad iudicia omnia; sed quod non omnes simul conveniant, sed
secundum partem, sicut accidit in republica Milesii et in aliis. De quibusdam
enim rebuspublicis consiliantur principantes. Conveniunt autem omnes secundum
partem, ut secundum tribus et partes minimas, ita quod modo vadit una pars
cras alia, ita quod non sit aliqua pars quae non attingat ad civilitatem.
Iste autem modus competit primo modo populari statui secundum quem
principantur agricolae, habentes divitias mediocres, et secundum leges non
secundum voluntatem. Tales enim non semper possunt venire, quia habent vivere
de agricultura, circa quam oportet eos laborare. Et ideo necessarium est eos
venire secundum partem: aliquando tamen oportet omnes venire simul, ut quando
debet ferri lex aliqua: similiter quando debet tractari de his, quae
pertinent ad rempublicam etiam quando debent audire responsiones a
principibus. |
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[89590] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 6 Deinde cum dicit alius autem ponit secundum modum. Et
dicit, quod secundus modus est, quod omnes conveniant simul, et hoc in magnis
solum, sicut in electione principis vel principantium, et quando debet lex
aliqua dari, similiter quando debet tractari de bello vel de pace, similiter
quando debent fieri correctiones principantium. Alia vero dimittuntur
principantibus qui assumendi sunt vel per electionem vel per sortem. Et
competit secundo modo populari statui in quo multitudo non habet sufficientes
divitias; ideo oportet principatum committere aliquibus. |
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[89591] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 7 Deinde cum dicit alius autem ponit tertium modum; et
dicit, quod tertius modus est quando omnes conveniunt in magnis, sicut in
correctionibus principum, et tamen debet tractari de bello et de pugnatione.
Alia autem dimittuntur principibus qui eliguntur a quibuscumque qui sciunt
principari. Et differt iste modus a primo; quia in primo non eliguntur
principantes ex quibuscumque, sed in isto eliguntur. Iste autem modus
competit tertio modo populari statui, in quo assumuntur principes ex
quibuscumque. |
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[89592] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 8 Deinde cum dicit quartus autem ponit quartum modum; et
dicit, quod quartus modus est quando omnes de omnibus consiliantur et
iudicant, ita quod nihil omnino dimittitur principantibus, sed solum referre:
sic autem est in ultimo modo popularis status, in quo multitudo principatur.
Et ideo iste modus quartus competit quarto modo populari statui, qui, ut
dictum est superius, proportionabilis est quarto modo paucorum statui, qui
quidem est potentatus proportionabilis monarchiae tyrannicae. Sicut enim ista
monarchia tyrannica pessima est, et etiam haec paucorum potentia pessima
inter alias species eius, ita iste quartus modus popularis status pessimus
est inter omnes modos popularis status. Et ulterius concludit quod omnes isti
modi sunt de statu populari, quia conveniunt popularis status modis. |
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[89593] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 9 Deinde cum dicit quidam autem ostendit quis modus est
paucorum potentiae; et dividitur in duas. In prima ponit modum mixtum.
Secundo ponit modos pure paucorum dominantium, ibi, quando quidem et cetera.
In prima dicit, quod quando aliqui consiliantur de omnibus, est modus
paucorum. Et iste modus dividitur in plures: quando enim de omnibus
consiliantur aliqui divites non habentes divitias excellentes, sed mediocres,
et sunt plures secundum multitudinem plures habentes huiusmodi divitias et
principantur secundum legem, ita quod legem non possunt mutare, nec facere
quae prohibet, sed exequi ea quae praecipit, et possunt attingere ad
principatum, tunc est unus modus paucorum dominantium, sed civilis est
propter moderatas habere divitias. Tales enim medii sunt in civitate:
respublica autem ex mediis est: quare iste modus mixtus est ex paucorum statu
et republica. |
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[89594] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 10 Deinde cum dicit quando quidem tangit alios modos
paucorum status pure. Et dicit, quod quando non omnes divites consiliantur de
omnibus, sed quidam electi ditiores prioribus et principantur secundum legem,
paucorum potentiae est; et quando adhuc ditiores principantur omnibus, et
consiliantur, et pauciores, et habent potestatem eligendi illos qui deficiunt
in principatu, et filii eorum succedunt in principatu, sed adhuc principantur
secundum legem; vel quando principantur pauciores quam prius et ditiores, et
principantur non secundum legem, sed secundum suas sententias, ita quod
domini sunt legis, quia possunt ferre legem vel mutare, tunc est paucorum
potentia secundum diversos modos eius. |
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[89595] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 11 Deinde cum dicit quando autem ostendit, quis est modus
optimatum. Et circa hoc duo facit. Primo enim tangit, quis modus est
optimatum pure. Secundo cum dicit quod si de quibusdam electi etc., ostendit,
quis est mixtus ex paucorum et optimatum statu. In prima dicit, quod quando
omnes consiliantur de quibusdam magnis, sicut de pace, utrum debeat fieri cum
adversariis, et de bello, et de correctione, et alia permittuntur principantibus,
qui sunt accipiendi, vel per sortem, vel per electionem, modus est optimatum,
vel civilis: quia enim magna sunt, et periculosa, magnam inimicitiam habent. Maiorem vero
inimicitiam habet aliquis ad paucos, vel ad aliquos, quam ad totam
multitudinem, quia dividitur in plures, propter hoc minor est ad singulos. Et ideo in talibus omnes debent iudicare. In
aliis iudicare possunt principes, in quibus non sunt magna pericula. |
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[89596] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 12 Deinde cum dicit si autem ostendit, quis modus mixtus
est ex praecedenti, et civili; intendens dicere, quod si de quibusdam omnes
consilientur, sicut de magnis, de aliis autem principantes, qui assumuntur
per electionem: aut si contingat, quod de quibusdam eligantur aliqui
principantes per sortem, et hoc vel communiter ex quibuscumque, scilicet
indifferenter, vel assumantur ex aliquibus, prius inquisito et facto iudicio
vel scrutinio de illis ex quibus assumendi sunt per sortem, vel si assumantur
de omnibus per electionem, hoc pertinet ad optimatum, vel rempublicam: quod
enim per electionem, et ex quibusdam, optimatum est: quod autem per sortem,
magis civile est. Ulterius concludit, quasi recapitulando, quod consiliativum
de eis, quae ordinantur ad rempublicam, habet dividi, sicut dictum est, et
quaelibet respublica disponitur et regitur consiliativo secundum modum
dictum. |
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[89597] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 13 Deinde cum dicit expedit autem determinat quaedam
expedientia rebuspublicis quibusdam, scilicet populari, et paucorum statui.
Et primo tangit expedientia popularis status. Secundo paucorum, ibi, in
oligarchiis autem et cetera. Prima in tres, secundum quod ponit tria
expedientia. Secunda, ibi, expedit autem et cetera. Tertia, ibi, expedit
autem si excedant et cetera. In prima dicit, quod populari, quae maxime
apparet esse popularis, sicut est quarta species, in qua populus totus
dominatur non secundum legem, sed secundum sententiam, expedit et melius est
facere illud quod observatur in iudiciis, et in paucorum statu: scilicet quod
divitibus, si non conveniant ad iudicium et congregationem, ordinetur damnum
magnum: pauperibus, si venirent ad congregationem, merces. Et ratio huius
est, quia si venerint et divites et pauperes, melius deliberabunt et sanius
omnis populus, scilicet divitibus, et e converso. Quod enim non videbunt
divites, videbunt pauperes, et e converso. Et tunc quoniam communiter
deliberabunt, communiter exequentur. Propter quod expedit huic speciei
populari ordinare divitibus damnum, si non venerint ad congregationem:
pauperibus mercedem, si venerint. |
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[89598] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 14 Deinde cum dicit expedit autem ponit secundum
expediens, quod competit aliis ab ultimo modo populari. Et dicit quod expedit
populari statui, quod ad considerandum vel iudicandum eligantur aliqui de
omnibus, ut tot de divitibus, tot de pauperibus, tot de ista turba, tot de
alia; vel tot de isto vico, tot de alio; ita quod semper conservetur aequalitas;
ut quot assumentur de quibusdam, tot assumantur de aliis secundum aequalem
proportionem. Et ratio est, quia melius exequuntur deliberationes et magis
concordes erunt. |
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[89599] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 15 Deinde cum dicit expedit autem ponit tertium expediens:
et videtur esse cautela contra aliquid, quod posset dici contra primum
expediens. Dicebatur enim, quod merces erat danda pauperibus, si venirent ad
congregationem. Potest autem dici, quod non est hoc expediens; quia tunc
multi venient; et tunc, cum sint plures quam divites, deliberabunt secundum
quod placebit eis, et nolent illud observari, et sic erit dissensio. Contra
hoc ponit expediens; et dicit, quod si pauperes secundum multitudinem
excedant viros civiles, sicut medios et insignes, aut quoscumque alios, tunc
non est danda merces omnibus, nisi secundum proportionem ad multitudinem
divitum, aut multos oportet privare congregatione. |
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[89600] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 16 Deinde cum dicit in oligarchiis tangit cautelas
convenientes paucis. Et dividitur in tres, secundum quod tangit tria.
Secunda, ibi, adhuc eadem et cetera. Tertia, ibi, et oppositum autem eius
quod et cetera. In prima dicit, quod ad hoc, quod bene consilientur faventes
paucis, et consilium eorum sit firmum, oportet quod vocent aliquos faventes
populo, sive aliquos de populo, sicut illos qui praeeminent aliqualiter
populo, sicut est in quibusdam rebuspublicis, qui vocantur praemissi, vel
servatores legis; et tractare cum istis de illis, de quibus faventes paucis
consiliati fuerunt. Et ratio huius est, quia populus isto modo participabit
consiliativo; et quod deliberatum fuerit isto modo, multitudo non poterit
dissolvere, sed potius exequentur una cum paucorum potentia. |
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[89601] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 17 Deinde cum dicit adhuc eadem ponit secundam cautelam.
Et dicit, quod ad hoc, quod consilium paucorum sit firmum, oportet paucos
inquirere sententiam populi, vel opinionem quae est, et tunc sententiare
secundum sententiam eius, ita quod populus eamdem sententiam dicat, quam
pauci; aut si non, nihil sententient contrarium populo; vel quod principes
consilientur de his, quae ad rempublicam ordinantur; et tunc quod inventum
est per consilium, tradat omnibus consiliariis populi; sic enim sententia
paucorum firmior erit. |
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[89602] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 12 n. 18 Deinde cum dicit et oppositum ponit tertiam cautelam. Et dicit, quod ad
hoc quod consilium paucorum firmum sit, oportet eos facere oppositum eius
quod fit in republica, scilicet cum pauci per sententiam debeant absolvere
aliquem, quod convocent multitudinem et faciant eam dominam in dando
sententiam propter benevolentiam habendam. Cum autem condemnabunt aliquem ad mortem, vel
relegabunt, non dent potestatem multitudini, sed potestas solum dimittitur
principibus. Et ratio huius est, quia condemnatio alicuius ad mortem, vel
relegatio, fit, quia commisit contra principantes paucos; populus autem
contrarius est eis. Si igitur darent potestatem populo in condemnatione, vel
relegatione, contingeret quod populus absolveret, aut non tantum puniet,
quantum deberet: quod est inconveniens, et ideo non debent dare potestatem
populo supra mortem alicuius. Sed in rebuspublicis fit e contrario; quia
absolventes sunt pauci, scilicet principantes; condemnantes vero sunt non
principantes, sed plures, sicut populus. Et tunc concludit intentum suum,
quod de principante consiliativo in rebuspublicis determinatum sit hoc modo. |
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Lectio
13 |
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[89603] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 13 n. 1 Postquam
philosophus determinavit de consiliativo, et modis eius, et qui quibus
rebuspublicis expediunt, determinat de principatu. Et dividitur in duas. In
prima praemittit intentum suum. In secunda prosequitur, ibi, est autem neque
facile. In prima dicit, quod postquam determinatum est de consiliativo,
dicendum est de principatu. Divisio enim principatus conveniens est dictis de
consiliativo. Sunt autem multae partes et differentiae principatus secundum
quod sunt principatus, et quorum debent esse domini principantes. Item de
tempore per quantum tempus debent esse domini secundum unumquemque
principatum. Sunt enim quidam principatus durantes per sex menses, quidam qui
durant per annum, alii qui durant plus. Quidam autem sunt non perpetui, sed
multum durant: etiam quidam sunt, qui non sunt perpetui, nec multum durant,
sed contingit eumdem frequenter principari: aliquoties etiam contingit
principari non eumdem bis, sed solum semel. Iterum dicendum est de
institutione principatuum, ex quibus, et qui debent instituere, et qualiter.
De omnibus enim istis oportet diligenter videre quibus modis possunt fieri,
et postmodum videre, qui modi et quales, quibus et qualibus rebuspublicis
conveniant. |
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[89604] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 2 Deinde cum dicit est autem prosequitur. Et dividitur in
duas. In prima determinat de divisione principatuum, et de modo institutionis
ipsorum. Secundo recolligit determinata, remittens nos de consideratione
aliquorum ad sequentia, scilicet ad sextum librum, ibi, quod igitur sunt et
cetera. Prima in duas. In prima determinat distinctionem principatuum in
ordine ad respublicas. Secundo determinat de modo institutionis ipsarum, ibi,
circa institutiones et cetera. Prima in duas. In prima
determinat distinctionem principatus in generali. Secundo tangit
distinctionem principatus in ordine ad respublicas, ibi, sed haec differunt
et cetera. Prima in duas. Primo tangit modos principatus minus principales. Secundo tangit modos principaliter dictos, ibi,
maxime autem et cetera. In prima dicit, quod non est facile determinare, qui
debent esse principatus, et quot; quoniam respublica conveniens, multis
indiget principatibus, et praecipientibus: et quia plures oportet esse,
manifestum est, quod non omnes sunt assumendi, vel per electionem, vel per
sortem, sicut sacerdotes. Et dicuntur sacerdotes, qui curam habent de cultu
divino. Tales autem non debent assumi per sortem, sed per electionem:
principatus autem iste est alter a civilibus principatibus. Sunt etiam alii
principatus, qui distribuunt bona communia, quibus debent distribui: sunt
etiam praecones qui nunciant dicta communia, quae debent nunciari. Eliguntur etiam
alii, qui dicuntur legati, qui mittuntur ad extrinsecas civitates et
principatus. Sunt etiam alii principes civiles, qui curam habent de omnibus
civitatibus quantum ad aliquam operationem, sicut est dux exercitus
bellantium. Iste enim habet dirigere cives in exercitu. Alii sunt principes,
qui non habent curam de omnibus quantum ad aliquam operationem, sed curam
habent de aliqua parte civitatis, sicut sunt mulierum puerorumque curatores.
Alii sunt principatus oeconomici quos frequenter eligunt, scilicet
mensuratores frumenti, et ministeriales, qui habent ministeria diversa in
civitate. Cum autem in talibus aliqui abundant, ordinant servos ad huiusmodi
officia. |
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[89605] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 3 Deinde cum dicit maxime autem tangit modos principatus
principaliter dictos. Et est intelligendum, quod unumquodque naturalium
aliqua operatione determinatur, in quam cum potest, dicitur illud; cum autem
non potest, non dicitur, nisi aequivoce. Quare principatus est aliqua operatio
in quam cum poterit, maxime dicetur principatus: cum autem non poterit, non
dicetur, nisi aequivoce. Operationes autem principatus sunt consiliari de
aliquibus, iudicare, et praecipere: maxime autem operatio principatus est
praecipere, praecipere enim maxime pertinet ad principatum. Dicit igitur:
maxime, et simpliciter, ut est dicere, illi debent dici principatus, quibus
competunt isti actus, consiliari, iudicare et praecipere. Et ille principatus
maxime dicitur principatus, cui competit praecipere, quia iste est actus
praecipuus ipsius principatus. |
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[89606] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 4 Deinde cum dicit sed hae tangit distinctionem
principatus in ordine ad rempublicam. Et primo tangit quae circa principatus
faciunt difficultatem, et quae non. Secundo prosequitur de illis quae faciunt
difficultatem, ibi, in magnis et cetera. In prima dicit, quod utrum
principatus dicatur secundum unum modum vel plures, et secundum diversas
rationes, non multum facit ad propositum; quia iudicium non fit de
altercatione quae sit de nominibus, sed pertinet ad aliud negotium, scilicet
ad metaphysicum: consideratio enim de distinctione vocabulorum est negotium
intellectuale: sed qui principatus et quales sunt necessarii, et quare, et quot
in civitate si debeat esse civitas, et qui et quales non sunt necessarii,
tamen expediunt ad bonam rempublicam, hoc magis facit ad propositum, et magis
dubitabit aliquis de istis et circa omnem rempublicam et parvas civitates. |
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[89607] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 5 Deinde cum dicit in magnis prosequitur de illis quae
faciunt difficultatem: et dividitur in duas. In prima ostendit, in quibus
civitatibus expedit unum principatum in plures dividi, et in quibus non.
Secundo movet circa hoc dubitationes, ibi, contingit autem. Prima in duas. In
prima ostendit, quod in magnis civitatibus non expedit unum principatum in
plures dividi. In secunda, quod in parvis non expedit, ibi, in parvis autem
et cetera. In prima dicit, quod in magnis civitatibus congruit et expediens
est unum principatum ordinari ad unum opus et non ad plures. Sed contingit
esse multos principantes in talibus civitatibus: et ratio huius est duplex.
Prima est, quia in magnis civitatibus multi sunt cives digni principari; et
expediens est, quod quidam multo tempore dimittantur in principatu, alios
semel expedit principari: hoc autem non contingeret, si unus teneret multos
principatus. Quare in magnis civitatibus non expedit unum plures principatus
tenere. Alia ratio est, quia unum opus melius perficitur ab uno adhibente
curam circa illud, quam si circa multa intendens distraheretur: quare melius
est unum principatum committere uni, quam plures. |
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[89608] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 6 Deinde cum dicit in parvis ostendit, quod in parvis
civitatibus expedit unum plures principatus tenere: et dividitur in tres. In
prima facit quod dictum est. In secunda respondet obiectioni quae posset
fieri, ibi, indigent autem aliquando. In tertia ostendit ex quo potest
dignosci quos principatus congruat coniungere in unum, et quos non, ibi, si
igitur habemus. In prima dicit quod in parvis civitatibus oportet unum plures
principatus tenere. Et ratio huius est, quia in parvis civitatibus sunt pauci
cives; et ideo propter paucitatem ipsorum, non possunt esse plures
principantes: quare oportet unum principatus plures tenere. Et contingit in
talibus civitatibus, quod successive iterum principantur. |
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[89609] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 7 Deinde cum dicit indigent autem respondet obiectioni,
quae posset fieri: aliquis enim posset dicere: si in magnis civitatibus
oportet unum principantem unum principatum tenere, in parvis unum plures, non
erit idem principatus secundum rationem in magnis civitatibus et in parvis.
Iterum posset dici, quod non expedit in parvis civitatibus unum principatus
plures tenere, quia regimen unius impediret curam alterius; minus enim potest
esse intentus circa plures, quam circa unum. Ista duo removet; et dicit quod
parvae civitates aliquando indigent eisdem principantibus secundum speciem,
quibus indigent magnae. Sed in hoc est differentia: quod in magnis
civitatibus frequenter sunt iidem principatus et principantes propter multos
esse cives in civitate, in parvis autem non nisi in multo tempore. In parvis
enim propter paucos esse cives non possunt multi esse principantes: et
propter hoc oportet unum multo tempore principari, et tenere principatus
multos: non enim omnes principatus impediunt seinvicem, ita quod propter
curam unius impeditur alterius; sicut plura luminaria uni obelisco imposita,
non se impediunt: non secus ergo plures principatus uni iniuncti non
impediunt. Tales autem sunt principatus propinqui existentes natura, qui vel
ordinantur ad unum finem vel ad propinquos; sicut est principatus qui habet
curam honestatis puerorum et mulierum. |
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[89610] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 8 Deinde cum dicit si igitur declarat ex quo potest
dignosci quos principatus congruit demandare in unum, et quos non; dicens,
quod si sciamus quos principatus necessarium est esse in civitate, et quos
non est necessarium, et tamen expedit esse, de facili sciemus quos
principatus et quales expedit congregare in unum principatum, et quos et quales
non. |
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[89611] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 9 Deinde cum dicit congruit autem inquirit quos
principatus oportet uniri in unum, et quos oportet dividi in plures, per
comparationem ad loca, et homines et respublicas. Et primo movet dubitationes
circa hoc. Secundo solvit eas, ibi, aut existunt quidem. In prima dicit, quod
non debet civem latere qui principes possunt habere curam de diversis
secundum diversitatem locorum, et quorum et qualium oportet ubique esse unum
principem. Verbi gratia, contingit aliquam curam habere honestatis in foro,
et in alia parte civitatis, et extra. Modo est dubitatio, utrum curans
honestatem in foro sit praefectus fori, et alius sit princeps honestatis in
alia parte civitatis, ita quod secundum diversitatem locorum diversificentur
principes, quamvis principatus honestatis sit unius rationis: aut sit unus
princeps honestatis, et in foro, et in omni alio loco. Secunda quaestio est,
utrum principatus debeant distingui secundum rem, vel secundum hominem: idest
secundum illud ad quod per se inspicitur in dirigendo, vel secundum
multitudinem hominum, qui debent dirigi per illum; verbi gratia, utrum sit
idem principatus ornatus puerorum, et mulierum non. Tertia quaestio est,
utrum principatus distinguantur secundum distinctionem rerumpublicarum: sicut
verbi gratia: utrum in statu populari paucorum, et optimatum, et monarchia
regali sint idem principatus, vel alii genere vel specie non existentes ex
aequalibus nec ex similibus, vel sint diversi in diversis rebuspublicis, ut
in statu optimatum virtuosi, in statu populari liberi, in statu paucorum
divites. |
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[89612] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 10 Deinde cum dicit aut existunt solvit dubitationes
istas. Et primo solvit eas. Secundo addit ad solutionem quiddam, ibi, non
solum. Circa primum intelligendum est, quod principatus distinguitur, sicut
alia naturalia; scilicet et secundum formam, et secundum materiam. Forma vero
principatus virtus aliqua vel potentia est: est enim principatus potentia
quaedam, vel virtus: virtus autem attenditur in ordine ad finem: ergo
secundum distinctionem finis distinguuntur principatus. Finis autem
principatus duplex est: quidam scilicet est remotus, quidam vero propinquus:
remotus, sicut finis reipublicae ad quem ordinantur ultimo omnes principatus,
et maxime et immediate principalis. Principatus propinquus est sicut finis
ducatus exercitus victoria, iudicii iudicare de subortis. Distinguitur igitur
principatus primo secundum distinctionem finis remoti. Cum igitur fines
rerumpublicarum erunt diversi, principatus diversarum rerumpublicarum erunt
diversi: et sicut respublicae omnes attributionem habent ad unam primam, sic
principatus rerumpublicarum posteriorum ad principatum in republica prima et
simpliciter dicta, attributionem habent. Et per hoc solvitur tertia quaestio
cum quaerebatur, utrum principatus distingueretur secundum distinctionem
rerumpublicarum. Apparet enim quod sic, secundum distinctionem finis ultimi.
Finis autem propinquus civitatis diversus est in qualibet republica, sicut
ducatus exercitus victoria, iudicii iudicare. Secundum vero distinctionem
huius finis distinguitur principatus. Et hoc dupliciter. Uno modo secundum
distinctionem ipsius finis secundum se: et sic diversi sunt principatus
ducatus exercitus et iudicii. Alio modo distinguitur principatus per hoc quod
homines diversimode se habent ad finem illum: ita quod finis potest esse unus
secundum rem: sed quia homines aliter se habent ad illum finem, principatus
distinguitur: sicut est principatus ornatus mulierum, puerorum e virorum.
Quamvis enim finis istorum sit unus; tamen quia aliter se habet puer ad istum
finem quam mulier, et quam vir adultus; ideo alius est principatus ornatus
mulierum, alius puerorum et adultorum. Et per hoc solvitur secunda quaestio
cum quaerebatur, utrum distinctio principatus esset secundum homines vel rem:
quia et est secundum rem, ut quando distinguitur secundum distinctionem finis
propinqui secundum se: et secundum homines, quando homines diversimode se
habent ad finem principatus. Secundo vero distinguitur principatus secundum
materiam, ut secundum diversitatem locorum et hominum: possunt enim loca esse
ita distantia quod unus homo non posset regere; et tunc unus principatus
dividitur in plures. Iterum si sit magna multitudo civium quae non possit
dirigi per unum, oportet principatum unum secundum speciem distingui in
plures: si autem loca sint propinqua et pauci sint homines, tunc plures
principatus uniuntur in unum. Similiter contingit aliquando diversos
principatus secundum rem, maxime eos quorum est unus finis secundum rem,
diversos tamen secundum diversum modum se habendi ad ipsum, propter
paucitatem hominum et propinquitatem locorum, coniungi: sicut contingit
eumdem habere curam boni ornatus virorum et puerorum et mulierum: aliquando
contingit contrarium propter causas contrarias. Et per hoc solvitur prima
quaestio cum quaerebatur, utrum principatus distingueretur secundum
diversitatem locorum: quoniam aliquando sic, aliquando non. Et haec omnia
innuit philosophus breviter dicens, quod secundum diversitatem istorum,
scilicet locorum, hominum et rei et rerumpublicarum est diversitas
principatuum. Contingit enim aliquando, quod diversi principatus congregantur
in unum, aliquando unus dividitur in plures, quia contingit in aliquibus
civitatibus multos esse cives, et loca distantia, ita quod unus non posset
regere, et unus principatus dividitur in plures, sicut principatus boni
ornatus, et propter multitudinem civium et distantiam locorum distinguitur in
plures: in aliquibus vero contingit paucos esse cives et loca non esse
distantia, sed propinqua; et tunc plures principatus uniuntur in unum, quia
idem sufficiens est regere diversos principatus. |
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[89613] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 11 Deinde cum dicit non solum adiungit praedictis quaedam.
Et primo adiungit, quod sunt quidam principatus singulares quibusdam
rebuspublicis. Secundo adiungit de principatu puerorum, ibi, puerorum et
cetera. Adhuc prima in duas. In prima facit quod dictum est. In secunda
ostendit quod consilium in populari statu quoddam est, ibi, dissolvitur autem
et cetera. In prima dicit, quod non solum distinguitur vel unitur principatus
secundum loca, ut unus dividatur in duo, et duo in unum congregentur; sed
quidam sunt principatus singulares, qui reperiuntur in quibusdam
rebuspublicis et non in aliis, sicut principatus praeconsulentium est in
paucorum statu non in populari, sed consilium invenitur in populari statu,
quia oportet in populari statu esse aliquos qui consilientur de eis quae sunt
populi. Populus enim deficit a ratione, ut in pluribus. Universaliter in
civitate oportet esse aliquid consiliativum quod dirigat et curet ut populus
non vacet et insolescat: et si sint multi, populare est: si autem pauci, est
paucorum potentia. Non sunt autem in populari statu, sed in paucorum
praeconsules; quia praeconsules sunt pauci et divites; et ideo in paucorum
statu sunt. Ubi autem sunt ambo principatus, scilicet praeconsulum et
consiliantium, consules sunt supra consiliarios. Consiliarius autem est, ut
dictum est, status popularis; sed praeconsul est paucorum. |
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[89614] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 12 Deinde cum dicit dissolvitur autem declarat quod in
quadam potentia populari non est consilium; et dicit, quod principatus
consiliativus in quibusdam a popularibus statibus amovetur seu destruitur,
sicut in illis in quibus totus populus, cum convenit, tractat de omnibus: hoc
autem sit quando convenit totus populus et omnes tractant de omnibus; maxime
quando ordinatur damnum vocatis si non veniunt et merces si veniunt: cum enim
sic vocantur, conveniunt et de omnibus iudicant. |
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[89615] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 13 n. 13 Deinde cum dicit pueronomus autem adiungit de
principatu puerorum et mulierum, quod est optimatum potentiae vel civilis; et
dicit, quod principatus puerorum et mulierum, et si sit alius talis
principatus optimatum potentiae, est non popularis: quia popularis status non
prohibet mulieres pauperum exire ad negotiationes, sed praecipit: optimatum
autem status prohibet. Nec talis principatus est paucorum: quia mulieres
paucorum delitiose vivunt; et ideo nolunt sequi rationis motum. Et
consequenter recapitulat dicens, quod de his intantum determinatum sit. |
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Lectio 14 |
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[89616] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 1 Postquam philosophus de distinctione principatuum
determinavit, declarat de modo institutionis ipsorum; et dividitur in duas. In prima praemittit
intentionem suam. In secunda prosequitur, ibi, sunt autem. In prima dicit, quod postquam determinatum est
de distinctione principatuum, conandum est pertransire de modo institutionis
ipsorum: et hoc a principio. |
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[89617] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 2 Deinde cum dicit sunt autem prosequitur; et primo
declarat qualiter convenit principatus institui, ponendo quasdam divisiones.
Secundo ostendit qui modi cui reipublicae conveniunt, ibi, horum autem duae.
Prima in duas. In prima ponit distinctionem unam. Secundo subdividit membra,
ibi, uniuscuiusque autem. In prima dicit, quod tria sunt differentia secundum
rationem, quibus divisis et combinatis, possint omnes modi institutionis
principatuum accipi. Istorum autem trium unum est qui sunt instituentes
principatum. Secundum est ex quibus instituitur princeps. Tertium est modus
secundum quem instituitur. |
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[89618] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 3 Deinde cum dicit uniuscuiusque autem subdividit quodlibet
istorum. Et primo facit hoc. Secundo tangit diversas combinationes
dividentium, ut habeatur numerus modorum, ibi, rursus autem. In prima dicit,
quod istorum sunt tres differentiae vel tres divisiones, ita quod
uniuscuiusque sit una: aut enim instituentes sunt omnes cives aut quidam; et
haec est prima differentia. Secunda est quod aut instituunt ex omnibus, aut
ex aliquibus determinatis secundum aliquam dignitatem: vel secundum virtutem,
vel secundum aliquem alium modum; sicut accidit in civitate Megarae in qua
instituuntur principantes ex condescendentibus ad populum, hoc est ex illis
qui condescendebant populo in civitate et ex illis qui simul pugnabant cum
populo contra impugnantes et gravantes eos. Tertia differentia est, quod
instituentes aut instituunt sorte aut electione. |
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[89619] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 4 Deinde cum dicit rursum haec ponit combinationes
diversas, ut habeatur numerus modorum; et dicit iterum quod ista tria
combinari possunt adinvicem. Unde per alia dividendum. Et exponit quae sint
illa tria, dicens: dico autem, idest expono, quia aut omnes instituunt, aut
quidam; et aut ex omnibus, aut ex aliquibus, aut ex electione, aut ex sorte.
Et quodlibet istorum quatuor habet differentias quibus dividitur. Quia si
omnes instituunt, aut ex omnibus, aut ex quibusdam: si ex omnibus, aut sorte,
et sic est unum membrum; aut electione, et sic secundum; aut divisim, et sic
tertium; aut coniunctim, et sic quartum. Dico autem divisim: sicut si
secundum tribus instituantur et populos diversos et societates, ita quod modo
instituantur ex una tribu, deinde ex alia; et similiter discurrendo per omnes
partes civitatis. Coniunctim vero, ita quod semper ex omnibus simul sumptis
instituant. Aut alios quidem sic, alios autem alio modo: puta quosdam ex
omnibus coniunctis, quosdam autem ex omnibus divisis, et sic sunt sex membra.
Si autem quidam sunt instituentes, habemus alia sex membra: quia aut
instituunt ex omnibus, aut quibusdam: et si ex omnibus, aut sorte, aut
electione: et sic duo membra habemus: si ex quibusdam, aut ex quibusdam, vel
sorte, aut electione, et sunt alia duo: aut quosdam instituunt ex omnibus
sorte, quosdam autem alios electione; et sic habemus alia duo membra. Et sic
in universo habemus duodecim membra, ducendo membra primae divisionis in
membra aliarum duarum, praemittendo duas combinationes, hoc est non ducendo
membra tertiae in membra secundae. |
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[89620] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 5 Deinde cum dicit harum autem ostendit qui modi cui
reipublicae conveniunt; et dividitur in partes quinque. In prima ostendit qui
modi conveniunt populi statui. In secunda qui reipublicae, ibi, non omnes
autem et cetera. In tertia qui paucorum statui, ibi, et quosdam ex omnibus.
In quarta qui optimatum potentiae, ibi, sed hos quidem. In quinta adhuc quis
paucorum potentiae, ibi, quosdam autem ex quibusdam. In prima dicit, quod
istarum combinationum quae dictae sunt, duae pertinent ad popularem statum,
scilicet omnes principatus instituere ex omnibus sorte, vel etiam electione:
vel etiam si assumuntur omnes ex omnibus coniunctim vel divisim, vel per
sortem, vel per electionem: hoc enim maxime pertinet, ubi multitudo
dominatur: hoc autem est popularis status. [89621] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 6 Deinde cum dicit non omnes ostendit
qui modi sunt reipublicae; et dicit, quod non omnes instituere ex omnibus
simul vel quibusdam, sed omnes simul et divisim per tribus et officia ex
omnibus et divisim, et hoc vel per sortem, vel per electionem; aut secundum
istos modos aliquos ex omnibus vel quibusdam, ut aliquos per sortem ex
omnibus, alios per electionem, civile est, quia respublica est mixta ex
paucorum et populari statu: instituere autem ex quibusdam paucorum est, instituere
vero ex omnibus populare est; et ideo instituere ex omnibus vel quibusdam
civile est. Et exponit quod dixerat, utroque modo, dicens: dico autem, et
expono utroque modo, idest quosdam accipi ex omnibus divisim vel quibusdam
per sortem, vel per electionem. |
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[89622] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 7 Deinde cum dicit et quosdam ostendit qui modi sunt
paucorum potentiae. Et dicit quod quosdam instituere ex omnibus, vel per
sortem, vel per electionem, vel instituere aliquos ex omnibus secundum
utrumque modum, ut scilicet aliqui instituantur per electionem, aliqui per
sortem, paucorum potentiae est magis; nam paucorum potentiae est aliquos
paucos principari; et hoc est isto modo. |
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[89623] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 14 n. 8 Deinde
cum dicit sed hos quidem ostendit qui modi sunt civiles optimatum, idest
reipublicae mixtae cum optimatum statu. Et dicit quod aliquos instituere ex
omnibus, aliquos ex quibusdam, sed istos eligere per electionem, illos per
sortem, est reipublicae mixtae cum statu optimatum. |
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[89624] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 9 Deinde cum dicit quosdam autem ostendit adhuc qui modus
est paucorum potentiae. Et dicit, quod instituere quosdam ex quibusdam,
paucorum potentiae est, quia paucorum potentia est paucos principari et
eligere quosdam ex quibusdam per sortem facta electione, non eo modo quo fit
in aliis, quia hic ad paucos divites inspicitur, et institui quosdam ex
quibusdam secundum ambos modos eligendi, ut quidam instituuntur sorte, quidam
electione, est paucorum potentiae; sed instituere quosdam ex omnibus simul,
non est paucorum potentiae; sed instituere ex quibusdam, sicut virtuosis, per
electionem, optimatum est. |
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[89625] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 14 n. 10 Deinde cum dicit modi quidem recolligit determinata,
remittens de consideratione aliorum propositorum prius ad sequentia. Et dicit
quod modi eorum qui circa principatus, idest modi assumendi principatus tot
sunt, quot dicti sunt: et sic dividuntur principatus secundum distinctionem
rerumpublicarum. Qui autem quibus principantibus expediant et qualiter
oportet eos institui, posterius simul erit manifestum, cum erit manifestum de
potentiis ipsorum. Et exponit quid vocat potentiam principatus, dicens, quod
potentia principatus dicitur, ut quae est domina proventuum et regionis.
Istae enim duae potentiae specie differunt, sicut potentia ducatus exercitus,
et potentia quae est domina contractuum, qui circa forum sunt. |
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Lectio
15 |
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[89626] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 15 n. 1 Postquam philosophus determinavit de consiliativo et
principatu, determinat de iudicativo: et dividitur in duas. In prima praemittit intentum
suum. In secunda prosequitur, ibi, sunt autem et cetera. In prima dicit, quod postquam determinatum est
de consiliativo et principatu, dicendum est de tertio prius propositorum,
scilicet de iudicativo et iudicio: et accipiendi sunt modi iudicii et
iudicativi, secundum quod prius accepti sunt modi aliorum, scilicet
principatus et consiliativi. Circa iudicium autem tria sunt consideranda, in
quibus consistit diversitas iudicii: scilicet ex quibus sumendi sunt,
secundum est a quibus, tertium est qualiter assumendi sunt. Et exponit ex
quibus sunt assumendi, utrum ex omnibus, aut quibusdam: de quibus, quot
scilicet sunt species iudicii: qualiter autem, utrum institui debeant
electione vel sorte. Et primo videndum est quot sunt species iudiciorum. |
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[89627] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 15 n. 2 Deinde
cum dicit sunt autem prosequitur: et dividitur in duas. In prima tangit
species iudiciorum. In secunda ostendit quibus modis instituuntur, ibi,
necesse itaque et cetera. Prima in duas. In prima facit quod dictum est. In
secunda excludit quaedam a consideratione sua, ibi, sed de his quidem et
cetera. In prima dicit, quod species iudiciorum in universali octo sunt. Una
est correctiva secundum quam transgredientes legem puniuntur. Alia est
punitiva eius qui peccat contra aliquod communium, puta contra aliquam
personam publicam. Alia est, secundum quam puniuntur qui deliquerunt contra
totam rempublicam. Quarta est, quae est communis et principibus, et idiotis,
et quibuscumque; quae est damnorum et iniuriarum illatarum iudicativa, de
quibus est altercatio. Quinta species est, de contractibus parvis et magnis.
Alia vero est praeter haec iudicativa homicidiorum, de peregrinis, idest de
eis quae ad peregrinos pertinent. Illa vero species quae est iudicativa
homicidiorum, sive sint iidem iudices iudicantes et exequentes, sive sint
alii (vel sic), sive sint iidem iudices secundum unam rempublicam, sive sint
diversi secundum aliam et aliam rempublicam, species aliquas habet. Una est
quae est iudicativa homicidii facti ex praemeditatione et deliberatione, et
voluntarie ponendo insidias. Secunda est iudicativa homicidii perpetrati et
confessi, allegatur tamen quod iuste factum est; et super hoc est altercatio,
utrum iuste vel iniuste factum est. Quarta species est, quae est iudicativa
eorum quae feruntur, idest ponuntur in descensu homicidii, idest in reatu,
hoc est, quae est iudicativa eorum quibus imponuntur homicidia ab aliquibus,
sed hoc ipsis fugientibus, hoc est negantibus: talibus enim solet aliquando
indici duellum vel purgatio per iudicium ignis vel aquae, ut quod accusatus
accipiat ignitum ferrum manu nuda, et si uratur iudicetur reus, si non,
absolvatur; vel quod ligatis manibus et pedibus ponatur in aqua magna; et
siquidem evadat, absolvatur; si non, reputetur reus fuisse; sicut dicitur
Athenis, quod iudex compulit descendere in puteo quemdam ad purgandum forte
se super homicidio. Istud autem est irrationabile; quia hoc est committere se
fortunae et iudicio divino, et ideo raro fit nunc hominibus magis utentibus
ratione, minus autem in magnis civitatibus ubi plures sunt sapientes. Septima
species iudicii est, quae est iudicativa de disceptatione peregrinorum; et
ista est duplex. Quaedam quae est iudicativa controversiae quae est inter
peregrinos adinvicem. Alia est iudicativa de disceptatione quae est inter
peregrinos extraneos et cives. Adhuc praeter istas species iudicii est una
alia quae est octava: et est illa, quae est iudicativa de parvis
commutationibus, quae sunt circa minima, et quasi punctualia, ut de his, quae
sunt quinque drachmarum, et de his quae parum plus valent: de omnibus enim
talibus oportet fieri iudicium; nec debent reduci in multitudinem iudicum
propter parvitatem earum, sed in aliquem unum determinatum. |
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[89628] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 4 l. 15 n. 3 Deinde
cum dicit sed de iis excludit quaedam a consideratione sua. Et dicit quod de
istis, et de speciebus iudicativis homicidiorum, et de illis qui iudicant de
disceptatione peregrinorum dimittatur ad praesens; sed de speciebus iudicii
pertinentibus ad rempublicam dicendum est: quia si ista non bene fiunt,
accidunt seditiones rerumpublicarum: de talibus autem per quae possunt
contingere seditiones et transmutationes rerumpublicarum pertinet ad civem
determinare. |
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[89629] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 4 l. 15 n. 4 Deinde cum dicit necesse itaque tangit modos
instituendi iudicium: et dividitur in duas. In prima tangit modos instituendi
iudicium. In secunda ostendit qui modi cui reipublicae conveniunt, ibi, horum
autem. In prima dicit, quod necesse est omnes iudicare, aut quosdam: si
omnes, aut de omnibus, aut de quibusdam: si de omnibus, aut de omnibus per
electionem, aut de omnibus per sortem, aut de omnibus haec quidem sorte, alia
vero electione: si omnes iudicent de quibusdam, aut iudicabunt de quibusdam
sorte, aut electione, aut de quibusdam, haec quidem per sortem, alia per
electionem: et sic sunt quatuor modi si omnes iudicent: similiter erunt
quatuor modi subdividendo aliud membrum. Adhuc si quidam iudicant de omnibus,
aut iudicant sorte de omnibus, aut de omnibus per electionem, aut de omnibus
haec iudicant sorte, alia autem electione. Si autem iudicent de quibusdam,
aut sorte iudicant de quibusdam, aut electione; aut de quibusdam quidam
sorte, quidam electione: et sic sunt alii quatuor modi subdividendo aliud
membrum, scilicet ut quidam iudicant. Et hoc breviter innuit, cum dicit, vel
quaedam iudicia, scilicet omnibus, vel quibusdam ex sortitis et electis.
Ulterius concludit, quod isti modi consimiles sunt modis dictis prius de
institutione principatus. Iterum si ista fuerint combinata, erunt alii modi.
Ut si dicamus, quod iudicantes sunt, aut ex omnibus, aut ex quibusdam, et hoc
secundum alterum modum eligendi, scilicet sorte et electione, ut si dicamus,
quod iudicia aut sunt ex omnibus, aut quibusdam: et si ex omnibus, aut sorte,
aut electione; aut ex omnibus, hi quidem electione, alii vero sorte; et si ex
quibusdam, aut sorte, aut electione, aut ex quibusdam quidem sorte, ex
quibusdam vero electione. Et tunc concludit, quod tot contingit esse modos
iudiciorum. |
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[89630] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 4 l. 15 n. 5 Deinde cum dicit horum autem ostendit qui modi
reipublicae conveniunt. Et dicit, quod primi quatuor, scilicet omnes de omnibus
conveniunt statui populari. Secundi quatuor paucorum potentiae sunt; scilicet
quaecumque ex quibusdam de omnibus. Tertii quatuor optimatibus conveniunt et
rebuspublicis; scilicet quod iudicia partim sunt ex omnibus, partim ex
quibusdam. |
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Liber 5
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LIVRE 5
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Lectio
1 [89631] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 1 Postquam philosophus determinavit de
rebuspublicis ostendendo quid est et de differentiis earum et in universali
et in particulari, in isto quinto libro determinat de principiis salvantibus
et corrumpentibus rempublicam; et dividitur in partes duas. In prima dat
intentionem suam continuando dicta dicendis. In secunda prosequitur, cum
dicit, oportet autem et cetera. In prima dicit, quod post illa quae
determinata sunt prius, consequenter dicendum est ex quibus corrumpuntur
respublicae, et ex quot, et ex qualibus, et quae sint corruptiones et
correctiones cuiusque reipublicae, et ex qualibus et quibus rebuspublicis ad
quales sit transmutatio. Aliquando enim una respublica transmutatur in aliam;
et ideo videndum est a quali ad qualem contingit fieri transmutationem. Item
dicendum est de salvatione cuiusque reipublicae, qualiter scilicet salvatur
unaquaeque et in universali et in particulari. Item dicendum est per quae
maxime habet salvari quaelibet: de omnibus enim aliis quae proposuimus dicere
in principio, fere dictum est. Et dicit fere, quia superius fecit
mentionem de institutione principatus; sed non determinavit de ipsa ad
plenum, sed determinabit in sequenti libro, scilicet in sexto. |
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[89632] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 2 Deinde cum dicit oportet autem prosequitur; et
dividitur in duas. In prima prosequitur de salvatione et corruptione
rerumpublicarum secundum intentionem suam. In secunda circa hoc
reprobat opinionem Platonis in fine huius quinti cum dicit, in republica et
cetera. Prima in duas. In prima determinat causas corruptionis et salvationis,
rerumpublicarum proprie dictarum, scilicet in quibus plures principantur. In
secunda determinat causas corruptionis et salvationis monarchiarum, sicut
tyrannicae et regalis, ibi, restat autem et cetera. Prima in duas. In prima
determinat causas corruptionis rerumpublicarum in quibus principantur plures.
Secundo determinat de causis salvationis, ibi, de salvatione et cetera. Prima
in duas. Primo dat radicale principium corruptionis rerumpublicarum. Secundo
determinat causas et principia corruptionis proxima magis, ibi, sunt autem et
cetera. Prima in duas. In prima
declarat quae est radix corruptionis rerumpublicarum, et quomodo
transmutantur. In secunda resumit causam illam ut addat, ibi, ubique enim et
cetera. Prima in duas. In prima ostendit quod est radicale principium
corruptionis. In secunda ostendit quot modis transmutantur, ibi, propter quod
et cetera. Adhuc prima in duas. In prima praemittit quoddam. Secundo ex illo
concludit causam primam corruptionis rerumpublicarum, ibi, et propter hanc
causam et cetera. In prima dicit, quod ad videndum causam corruptionis
rerumpublicarum, oportet primo accipere quo principio, quod rerumpublicarum
quaedam sunt rectae, quaedam autem non; et quod omnes intendunt aliquod
iustum et aequale secundum proportionem. Et ratio huius est, quia omnes
intendunt salvationem. Respublica autem salvari non potest sine coniunctione,
nec coniunctio fieri potest nisi reddatur aequale; hoc autem iustum est, ergo
omnes intendunt iustum et aequale. Peccant tamen multi in determinando illud
iustum. |
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[89633] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 3 Quidam enim male determinant ipsum: populus enim putat
quod si sint aliqui aequales in quocumque, quod sint aequales simpliciter, et
quod aequaliter debent recipere; et quia omnes cives sunt liberi, et aequales
simpliciter dicit eos esse. Paucorum vero potentia putat, quod si sint
inaequales in aliquo quod sint inaequales simpliciter et inaequaliter debeant
recipere illos; scilicet qui sunt inaequales in divitiis, putant inaequales
esse simpliciter et inaequaliter debere recipere de bonis communibus. Sed non
oportet quod inaequales in divitiis sint inaequales simpliciter, nec aequales
in libertate sint aequales simpliciter; quia divitiae et libertas non sunt
bona hominis secundum quod homo. Manifestum igitur est quod omnes intendunt
aequale. Et dicit, quod ulterius accipiunt, quod si sint aequales aliqui,
quod debent recipere aequaliter de communibus bonis: et cum omnes sint liberi
aequaliter secundum populares status, debent omnes recipere de bonis
communibus aequaliter: quasi paralogizantes; aequales aequaliter debent
recipere de bonis communibus: sed liberi sunt aequales: ergo aequaliter
debent recipere. Sed manifestum est quod hic est defectus secundum quid et
simpliciter. Non enim sequitur: sunt aequales in aliquo, scilicet
libertate: ergo sunt simpliciter aequales. Paucorum vero potentia dicit, quod cum ipsi sint aliis
inaequales, quia excellentes eos, debent recipere plus et praeponendi sunt in
plus accipiendo. Quod enim plus est, inaequale est. Sic igitur manifestum
est, quod omnes istae respublicae aliquid iustum intendunt, sed vitiatae sunt
simpliciter. |
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[89634] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 4 Deinde cum dicit et propter concludit ex dictis primam
radicem et primum principium corruptionis reipublicae et seditionis. Et primo
facit hoc. Secundo adiungit aliud principium, ibi, sunt autem et cetera.
Prima in duas. In prima facit quod dictum est. In secunda ostendit qui sunt
in civitate qui iuste possunt movere dissensionem, et tamen non faciunt, ibi,
omnium autem et cetera. In prima dicit, quod cum unusquisque secundum unam
dignitatem debeat recipere de bonis communibus, quando non recipiunt secundum
quod existimant se dignos, faciunt seditionem in civitate et mutant
rempublicam: ex hoc enim quod non recipiunt secundum existimationem quam
habent de se, videtur eis, quod fiat eis iniustum, et quod contemnantur. Ista
autem causa sunt dissensionis. |
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[89635] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 5 Deinde cum dicit omnium autem ostendit qui iuste
possunt movere dissensionem in civitate, et tamen non movent. Et dicit, quod
inter omnes iustissime possunt movere seditionem in civitate, quamvis non
faciunt, virtuosi excellentes alios secundum virtutem. Et ratio huius est,
quia illi qui sunt simpliciter inaequales, si non recipiant secundum illam
inaequalitatem, iniustum fit simpliciter eis: sed virtuosi sunt simpliciter
inaequales respectu aliorum, ipsos excedentes secundum virtutem: ergo si non
recipiant secundum illam inaequalitatem, iniustum fit eis. Et cum excedant in
eo quod est bonum simpliciter, iustissime possunt movere dissensionem, sed
non faciunt propter duas causas. Prima est, quia frequenter contingit propter
dissensionem detrimentum boni communis. Sapiens autem ut plurimum plus
diligit bonum commune quam proprium; et ideo non facit dissensionem. Secunda
ratio est, quia ad hoc quod aliquis debeat movere seditionem in civitate,
oportet quod habeat iustam causam et potentiam: sed virtuosi ut frequenter
non habent potentiam, nec putant se habere iustam causam; ideo non movent. Sed
si ista concurrerent quod haberent causam iustam et potentiam, et non esset
detrimentum boni communis, moverent seditionem rationabiliter, et peccarent
si non moverent. |
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[89636] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 6 Deinde cum dicit sunt autem adiungit aliud principium
corruptionis reipublicae; et dicit, quod sunt alii qui excellentes alios in
nobilitate credunt excedere illos simpliciter; et ideo reputant se dignos
maioribus. Tales autem videntur esse illi qui habent divitias et virtutem a
progenitoribus; et ideo si non recipiant de bonis communibus secundum
existimationem quam habent de seipsis, movent dissensionem; et tunc contingit
quod principia et fontes seditionum per quae moventur civitates sunt ista; sed
istud principium reducitur ad primum. Est enim radix seditionis excellentia
in nobilitate per hoc quod tales non recipiunt secundum existimationem suam. |
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[89637] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 7 Deinde cum dicit propter quod declarat quot modis fit
transmutatio reipublicae; et dividitur in quatuor, secundum quod ponit
quatuor modos. Secunda ibi, quoniam autem et cetera. Tertia ibi, adhuc de eo
et cetera. Quarta ibi, adhuc ad partem et cetera. In prima dicit, quod propter
hoc quod contingit fieri seditionem in republica, contingit rempublicam
mutari. Primo quidem quando fit transmutatio a republica una ad aliam
diversam, ut quando ex republica instituta sit transmutatio ad aliam: ut ex
populari gubernatione administratio paucorum constituatur, aut e converso;
vel ex illis ad rempublicam et optimatum statum vel e contra. |
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[89638] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 1 n. 8 Deinde cum dicit quoniam
autem ponit secundum modum; et dicit, quod aliquando transmutatur respublica
in aliam rempublicam, sed manet eadem et eligunt eamdem habere institutionem
et ordinationem reipublicae, sed principantes mutant et volunt eamdem
rempublicam regere et observare per seipsos vel per amicos suos, sicut in
paucorum potentia et monarchia regali, manente eadem republica volunt eam
servari et regi per alios; et ideo mutant eos. Similiter etiam in monarchia, ipsa remanente, aliam constituunt
quandoque. |
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[89639] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 9 Deinde cum dicit adhuc de eo ponit tertium modum; et
dicit, quod iterum fit transmutatio reipublicae non quod respublica
transmutetur in aliam, nec etiam quantum ad principatus per se; sed fit quia
eadem respublica mutatur in eamdem magis intensam vel remissam: sicut
paucorum status transmutatur in paucorum statum magis intensum vel remissum,
vel popularis status in popularem statum magis vel minus intensum. Similiter etiam in
aliis rebuspublicis ut fiat transmutatio reipublicae eiusdem in eamdem
secundum intensionem et remissionem. |
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[89640] Petrus de Alvernia, In
Politic. continuatio, lib. 5 l. 1 n. 10 Deinde cum dicit adhuc ad ponit
quartum modum; et dicit, quod quarto fit transmutatio reipublicae secundum
partem, ut quando unus principatus destruitur et alius instituitur, sicut
dicitur factum fuisse in Lacedaemonia quod Lysander conatus fuit dissolvere
regnum. Et similiter alius nomine
Pausanias, qui rex fuit, conatus fuit destruere principatum ephororum
secundum quem populus habet potestatem convocandi multitudinem. Consimiliter
fuit in civitate quae dicitur Epidamnum fuit transmutata respublica secundum
partem. In illa enim civitate erat alius principatus: illi vero amoverunt eum
et fecerunt principatum senatorum. Videntes enim quod multi erant amatores illius
principatus, mutaverunt ipsum in senatores. Propter quod statuerunt etiam
apud Elienses quod principatus omnes eligerentur in communi. Unde necesse erat omnes
principatus qui potestatem habebant et dignitatem in republica concurrere
quando magistratus creabatur, et ibi eligere ut minor fraus fieret. Ille autem principatus qui fuit amotus paucorum
potentiae erat, et erat unus princeps in illa republica, non plures. |
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[89641] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 11 Deinde cum dicit ubique enim resumit causam seditionis,
ut addat. Et primo tangit causam seditionis. Secundo exponit quoddam dictum,
ibi, est enim duplex et cetera. In prima dicit quod ubique fit seditio
propter inaequalitatem: et non solum in aequalibus secundum aliquid est
aequale proportione: puta dives et pauper inaequales sunt secundum
substantiam, tamen contingit eis fieri aequales secundum proportionem:
similiter magis et minus virtuosos: sed etiam eis qui sunt inaequales
contingit fieri inaequales secundum proportionem: puta si quis sit dignior
aliis secundum virtutem, dignum est eum regem esse, sed non perpetuum, quia
forte non tantum excedit dignitas eius in virtute dignitatem aliorum, quantum
honor perpetuo regnandi excedit honorem aliorum; et ideo etiam inaequales
contingit fieri inaequales secundum proportionem. Universaliter igitur
existimantes se debere habere aequale et non habentes, seditiones movent in
republica. Et est intelligendum; quod immediatum principium ipsorum agibilium
est electio. Electio autem est habitus praeconsiliativus. Ad consilium autem
requiritur intellectus practicus: quare intellectus practicus est principium
agibilium. Principium autem intellectus practici est voluntas recti finis; et
ideo adhuc principium agibilium est appetitus recti finis. Voluntas vero
recti finis praesupponit intellectum speculativum; et ideo intellectus
speculativus causa est et principium agibilium. Et quantum ad hoc dixit prius
quod existimare principium est seditionis. Principium vero intellectus est
intelligibile, et hoc est inaequalitas. Secundum hoc dicit hic, quod
inaequalitas est causa seditionis. |
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[89642] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 12 Deinde cum dicit est enim exponit quod dixit, scilicet
aequale; et primo facit hoc. Secundo assignat diversitatem inter quaedam
dicta, ibi, confitentes autem et cetera. Circa primum intelligendum est, quod
proportio est habitudo duorum quantitatum adinvicem. Proportionalitas vero
est habitudo proportionum quae consistit in quatuor terminis, vel secundum
rem, vel secundum rationem: huiusmodi autem proportionis aequalis vel
similitudo attenditur, vel secundum aequalitatem quantitatis, vel secundum
aequalitatem dignitatis, vel similitudinis. Et hoc est quod dicit, quod
aequale dupliciter dicitur. Uno modo aequale dicitur numero. Alio modo
secundum dignitatem. Et exponit quod aequale numero dicitur aequale secundum
magnitudinem vel secundum multitudinem. Secundum dignitatem aequale dicitur
aequale secundum proportionem similitudinis. Et declarat per exempla aequale
secundum quantitatem; ut sicut se habent duo ad unum sic tria ad duo.
Excessus enim utrobique aequalis est. Aequalitas vero secundum dignitatem, ut
si dicamus, sicut quatuor ad duo, sic duo ad unum. Sicut enim duo sunt
medietas de quatuor, sic unum est medietas duorum. |
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[89643] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 13 Deinde cum dicit confitentes autem ponit diversitatem
inter quaedam dicta. Dixit enim quod omnes volunt aequale secundum
dignitatem: popularis status et paucorum. Dicit quod differenter. Et primo
facit hoc. Secundo infert corollarium, ibi, propter quod et cetera. In prima
dicit, quod omnes confitentur, quod iustum est secundum dignitatem: sed
differunt: quia popularis status fautores dicunt quod si sint aliqui aequales
secundum aliquid, puta secundum libertatem, quod simpliciter sunt aequales et
quod aequaliter debent recipere: paucorum status fautores etiam dicunt quod
si aliqui sunt inaequales secundum aliquid, puta secundum divitias, quod sunt
simpliciter inaequales et digniores, et secundum hoc inaequaliter recipere. |
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[89644] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 1 n. 14 Deinde
cum dicit propter quod infert corollarium. Et primo facit hoc. Secundo probat
quod status popularis et paucorum sunt male ordinati, ibi simpliciter autem
et cetera. In prima dicit, quod propter hoc quod fautores status popularis
volunt aequale, fautores vero paucorum inaequale; unde status popularis et
paucorum sunt duae respublicae maxime distinctae. Nobilitas enim,
idest inclinatio ad virtutem, et virtus in paucis reperiuntur, sed paupertas
in pluribus. Nobiles enim virtuosi vix alicubi centum inveniuntur. Pauperes
autem in pluribus locis: et ideo respublicae ut frequenter vel sunt paucorum
vel sunt populares. |
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[89645] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 1 n. 15 Deinde cum dicit
simpliciter autem ostendit quod ambae sunt malae ordinatae. Et primo facit
hoc. Secundo ostendit, quod status popularis sit securior, ibi, attamen
securior et cetera. In prima dicit, quod utraque respublica male ordinata
est: scilicet status popularis in quo attenditur aequalitas secundum
libertatem, et status paucorum in quo est aequalitas secundum divitias, ex eo
quod accidit quod nulla istarum mansiva est. Et ratio huius est. Impossibile
est enim, ex eo quod in principio corruptum et inordinatum est, in fine non
accidere malum: istae autem inordinatae sunt, quamvis igitur in principio
videatur modica inordinatio, tamen in fine magna, et malum apparet. Tale autem non potest esse mansivum; et ideo
utraque respublica non potest esse mansiva. Et quia utraque vitiata et
inordinata est, ad hoc quod sint magis mansivae, oportet quod utraque
quandoque utatur aequalitate secundum proportionem arithmeticam, in qua intenditur
aequalitas excessus, ut sicut tria ad duo, ita duo ad unum; et quandoque
aequalitate secundum proportionem geometricam in qua attenditur aequalitas
dignitatis, ut sicut se habent quatuor ad duo, sic duo ad unum. |
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[89646] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 16 Deinde cum dicit attamen securior ostendit quod status
popularis sit magis securus et minus seditiosus; et dividitur in duas,
secundum quod ostendit hoc per duas rationes. Secunda ibi, adhuc autem et
cetera. In prima dicit, quod quamvis status paucorum et multorum sint male
ordinati, tamen status popularis est securior et minus seditiosus quam
paucorum. Et ratio huius est, quia illa respublica magis est secura in qua
fiunt pauciores seditiones: sed in statu populari sunt pauciores quam in
statu paucorum. Quia in statu paucorum sunt duae seditiones: una divitum
inter se, alia pauperum ad divites. In statu populari vero una seditio est,
scilicet divitum ad pauperes. Pauperum autem inter se non est seditio quae
sit digna reputatione, quia inter se magis conveniunt quam cum divitibus. |
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[89647] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 1 n. 17 Deinde cum dicit adhuc autem ponit secundam rationem;
et dicit, quod iterum manifestum est quod status popularis est securior, quia
respublica quae est ex mediis propinquior est populari statui, quam paucorum
statui in quo pauci dominantur: sed respublica media securissima est inter
tales respublicas, quae declinant ab optima: sed illa quae propinquior est
securissimae securior est quam paucorum potentia. |
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Lectio
2 |
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[89648] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 1 Postquam philosophus posuit primam radicem et primum
principium corruptionis rerumpublicarum, et modos quibus transmutantur,
determinat causas universaliter huius corruptionis et transmutationis; et
dividitur in duas. In prima determinat causas corruptionis rerumpublicarum in
universali, non descendendo ad aliquam rempublicam. In secunda determinat
causas corruptionis secundum unamquamque rempublicam, ibi, secundum
unamquamque et cetera. Prima dividitur in tres. In prima determinat causas
transmutationis rerumpublicarum. Secundo declarat terminum huius
transmutationis, declarando quae respublica in quam transmutatur, ibi, sunt
enim et cetera. In tertia declarat qualiter maxime fiat huiusmodi
transmutatio, ibi, movetur quoque et cetera. Prima in duas. In prima
praemittit intentum suum. In secunda prosequitur, ibi, eius quidem et cetera.
In prima dicit: quoniam intentio nostra est considerare ex quibus fiunt
seditiones et transmutationes rerumpublicarum, accipienda sunt primo in
universali principia et causae transmutationis et corruptionis
rerumpublicarum sunt autem tres causae et tria principia fere, ut est dicere,
transmutationis ipsarum, de quibus considerare oportet succincte. Primo ergo oportet considerare qualiter homines
se habentes movent seditiones et transmutant respublicas. Secundo propter
quem finem hoc faciant. Tertio quae sint principia per quae disponuntur ad
movendum dissensiones et seditiones in republica. |
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[89649] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 2 Deinde cum dicit eius quidem prosequitur; et dividitur
in tres. In prima ostendit qualiter se habentes movent seditiones et
turbationes. Secundo propter quem finem hoc faciunt, ibi, de quibus autem et
cetera. Tertio quae sunt causae et principia, et quot, et per quae
disponuntur ad faciendum seditiones, ibi, causae autem et cetera. In prima
dicit, quod causa eius quod est homines aliqualiter se habere ad faciendum
seditionem et turbationem, est illa, de qua dictum est prius: quod aliqui
homines, ex hoc quod appetunt aequale, si non credant se habere aequale sed
minus, cum tamen sint aequales, vel existiment se aequales esse illis qui
plus receperunt, movent seditionem. Alii autem volunt habere inaequale et
plus, existimantes se inaequales aliis esse et excedere alios. Si autem
existiment se habere non plus, sed aequale vel minus, movent seditionem.
Qualiter igitur se habentes movent seditiones existimantes se minus habere
quam credant se debere habere. Sed contingit ista, scilicet plus et aequale,
appetere iuste et iniuste. Si enim dignus est habere aequale habens in se
bonum virtutis et simpliciter aequale aliis, iuste potest appetere. Si autem
non est dignus, iniuste appetit. Similiter potest aliquis appetere plus et
inaequale, iuste et iniuste. Iuste, siquidem excellat alios in his, quae sunt
bona simpliciter. Si autem non excellat, iniuste appetit: quia illi qui minus
recipiunt, ut sint aliis aequales in recipiendo seditiones faciunt; et illi
qui sunt aequales in accipiendo, ut plus accipiant, dissensiones faciunt. Hoc
autem est iniustum. Et tunc concludit dicens, quod qualiter se habentes
faciunt seditiones dictum est. Et est intelligendum, quod illa aequalitas
attenditur secundum dignitatem eius quod est bonum hominis secundum quod
homo. Bonum autem hominis duplex est. Quoddam enim est bonum hominis
intrinsecum: et istud dividitur, quia quoddam bonum secundum partem
inferiorem, sicut sanitas, robur. Aliud secundum partem superiorem, sicut
scientia, virtus, et huiusmodi. Et ista sunt bona simpliciter. Alia sunt bona
hominis exteriora, sicut divitiae et honor; ista vero sunt bona secundum
quid. Et ideo dignitas hominis simpliciter non debet attendi secundum
dignitatem istorum bonorum, sed secundum dignitatem bonorum simpliciter. Et
ideo, quia in paucorum statu attenditur aequalitas secundum ista bona
secundum quid, non consideratur iustum simpliciter, sed secundum quid; et
ideo propter ista non movetur iuste seditio, si non recipiat plus qui excedit
in istis. Sed ille qui non recipit aequale secundum dignitatem boni
simpliciter, si sit bonus, iuste potest movere. In populari vero statu
consideratur libertas; ut scilicet non serviat aliquis aliis secundum corpus,
vel in rebus. Ista autem non est bonum simpliciter, sed secundum quid; et
ideo quia in ista republica attenditur aequalitas secundum libertatem istam
per quam non consideratur iniustum simpliciter, sed secundum quid. Qualiter
igitur se habentes homines, idest qualiter dispositi movent seditiones,
dictum est. |
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[89650] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 3 Deinde cum dicit de quibus autem declarat propter quem
finem faciunt dissensionem. Et est intelligendum, quod quidam est finis
secundum veritatem, sicut est bonum animae. Alius finis est secundum
apparentiam, sicut est bonum corporis. Decet igitur hominem in operatione sua
intendere finem simpliciter vel secundum apparentiam. Et bonum corporis est
lucrum; bonum autem animae est honor. Dicit igitur, quod illa pro quibus, hoc
est propter quae faciunt dissensionem, sunt duo: scilicet lucrum: ut sub
lucro omnia bona secundum quid, sive corporis, contineantur. Aliud est honor,
ut sub honore omnia bona simpliciter, quae sunt bona animae, comprehendantur.
Faciunt similiter seditionem propter contraria istorum, ut propter damnum et
inhonorationem. Propter damnum, quia eiusdem rationis est appetere lucrum et
fugere damnum. Propter inhonorationem, quia eiusdem rationis est appetere honorem
et fugere suum oppositum. Sed quia amicus est velut alter, ideo adiungit quod
faciunt seditionem propter honorem proprium et damnum proprium vel amicorum
suorum. |
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[89651] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 4 Deinde cum dicit causae autem declarat, quae sunt
principia, per quae disponuntur ad faciendum dissensionem et seditionem: et
dividitur in duas. Primo declarat causas per quas disponuntur ad seditionem.
In secunda declarat qualiter inchoatae exinde de facili invalescunt, ibi,
fiunt quidem igitur et cetera. Prima in duas. Primo enumerat causas illas.
Secundo prosequitur, ibi, horum autem et cetera. In prima dicit, quod
principia et causae transmutationum rerumpublicarum per quas disponuntur ad
faciendam seditionem, et de dictis, idest propter dicta, scilicet lucrum et
honorem, sunt septem numero, uno modo: alio modo plures. Si enim enumerentur
causae, quae disponunt ad occultam dissensionem, cuiusmodi est seditio (est
enim seditio occulta dissensio), sic sunt septem numero. Si autem istae
enumerentur, et illae quae disponunt ad manifestam dissensionem, sic sunt
plures. Prima vero principia dispositiva ad seditionem sunt duo praedicta,
honor et lucrum; sed non sicut dictum est prius. Honor enim et lucrum possunt
considerari dupliciter. Uno modo secundum quod intenduntur ab aliquo, et sic
habent rationem finis: et sic dicebat prius, quod ea propter quae finaliter
faciunt seditionem, sunt honor et lucrum et opposita istorum. Alio modo
possunt considerari secundum quod aliquis videt ista in alio: et tunc, quia
videt lucrum et honorem, et unum habere iuste, alium non, tristatur: non quia
velint habere, sed quia iniuste de eis habet aliquis plus quam deberet. Sunt
igitur duo principia per quae movent seditionem; scilicet honor et lucrum.
Sunt alia etiam, scilicet iniuria, timor, excessus, contemptus, excellentia
praeter proportionem. Propter ista disponuntur ad manifestam dissensionem:
scilicet verecundiam, parvipensionem, pusillanimitatem, imparitatem, vel
negligentiam. Propter enim ista movent seditiones. |
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[89652] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 5 Deinde cum dicit horum autem prosequitur de istis,
declarans qualiter ista disponunt ad seditionem. Et primo prosequitur de
illis quae disponunt indifferenter ad occultam et manifestam dissensionem.
Secundo de illis quae disponunt ad manifestam principaliter, ibi,
transmutantur autem et cetera. Prima in duas. Primo declarat qualiter iniuria
et lucrum disponunt ad seditionem. Secundo declarat de aliis, ibi, palam
autem et honor et cetera. In prima dicit: quam potentiam habeant, et qualiter
sunt causa seditionis honor et lucrum, fere manifestum est. Contingit enim
principantes iniuriari civibus, et excellere eosdem honoribus vel lucro:
propter quod cives movent seditionem et contra principem, et contra
rempublicam. Contra principem, quia iniuriam fecit et excellit iniuste.
Contra rempublicam, quia per rempublicam potestatem habet. Et quod sic
dominativa moveant seditionem, manifestum est; quia cum princeps accipit bona
subditorum, voluntatem habet ad accipiendum. Alii habent contrarias
voluntates, ergo dissident voluntate: sed dissensio voluntatum radix est
seditionis. Propter iniuriam igitur et lucra movent seditiones. Et dicit
ulterius, quod principes possunt plus accipere quam oportet, vel de bonis
communibus, vel de bonis propriis subditorum; et utroque modo faciunt
iniuriam subditis. Et est intelligendum, quod lucrum et iniuria, quandoque
idem sunt subiecto et differunt ratione: nam illud idem quod est lucrum respectu
unius qui plus accepit, iniuria est respectu alterius, scilicet a quo
accepit. |
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[89653] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 6 Deinde cum dicit palam autem declarat de aliis: et
dividitur in quinque. Primo declarat de honore qualiter disponit ad
seditionem. Secundo de excessu, ibi, propter excessum autem et cetera. Tertio
de timore, ibi, propter timorem autem et cetera. Quarto de contemptu, ibi,
propter despectionem enim ad seditiones et cetera. Quinto de excrescentia
praeter proportionem, ibi, fiunt autem et propter excrescentiam et cetera. In
prima dicit quod manifestum est quam potentiam habeat, et qualiter est causa
seditionis honor. Cum enim aliqui non honorantur videntes alios honoratos,
faciunt seditiones; tunc enim dissident voluntates. Hoc autem est radix
seditionis. Potest autem honorari aliquis et iuste et iniuste, et appetere
honorem similiter iuste et iniuste. Si enim aliqui honorentur praeter
dignitatem vel inhonorentur, iniustum est: et si appetit honorem praeter
dignitatem, iniuste appetit: si autem hoc fiat secundum dignitatem, iustum
est. |
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[89654] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 7 Deinde cum dicit propter excessum declarat, qualiter
propter excessum faciunt seditionem. Et dicit, quod aliquando propter
excessum faciunt seditionem: quando enim aliquis maior est in potentia, sive
unus, sive plures potentiam habeant in civitate vel in republica, faciunt
seditionem. Ex talibus enim contingit quandoque fieri monarchiam: quod patet,
quia unusquisque inclinatur ad sui excellentiam. Cum ergo est aliquis talis,
qui excellit alios in potentia, vel in amicis vel divitiis, conatur
rempublicam mutare in monarchiam; aut si non fiat monarchia, fit quandoque
potentatus, in quo dominantur divites valde et potentes, non secundum legem,
sed secundum suas voluntates. Et propter hoc in quibusdam civitatibus
relegabant tales excellentes, sicut fiebat in Argis et Athenis. Et tamen
melius fuisset a principio ordinasse, quod nullus esset in civitate qui tantum
excederet, et usque ad quem terminum posset excedere, quam postquam
dimiserunt, relegare: sicut in medicinalibus, melius est a principio
praevidere, ne morbus aliquis excrescat, quam postquam excesserit vel
excreverit, ipsum expellere et curare. |
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[89655] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 8 Deinde cum dicit propter timorem declarat qualiter
propter timorem fit seditio in civitate. Et dicit, quod propter timorem
faciunt seditiones. Quando enim aliqui fecerunt iniurias timentes quod
puniantur et vindicta fiat de eis, movent seditionem, ut per seditionem motam
possint evadere, ut non puniantur. Similiter si aliqui sint passuri iniusta,
vel timeant se passuros propter aliquam causam, antequam patiantur volentes
praevenire, movent seditionem et turbant rempublicam, antequam sustineant
iniurias; sicut contigit fieri in Rhodo insula. Divites enim convenerunt
contra populum, timentes sententias, quae debebant dari contra eos, et
turbaverunt rempublicam. |
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[89656] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 9 Deinde cum dicit propter despectionem declarat,
qualiter propter contemptum disponuntur ad seditionem: et dicit, quod propter
contemptum faciunt seditionem et insurgunt. Manifestum est enim, quod
quilibet vult aliquid reputari: et ideo si contemnatur movet seditionem,
sicut fit in paucorum et populari potentia. Quia in paucorum, in qua plures
sunt, qui non participant principatu, illi qui sunt divites et tenent
principatum contemnunt alios qui non principantur, et ideo incitant alios ad
dissensiones; propter quod faciunt seditiones contra divites et permutant
rempublicam. Similiter est in populari statu, illi qui sunt ditiores
contemnunt minores qui sunt vel videntur esse sine ratione et ordine, sicut
indignos principatu, propter quod ipsi incitantur ad dissolvendum; sicut
accidit in Thebis post praelium quod habuerunt in Oenophytis, cum dominaretur
populus, excessit et male gubernabat, fecerunt divites seditionem et
mutaverunt popularem illum statum. Similiter in civitate Megarensium cum
exissent ad praelium, contigit, quod populus principabatur inordinate; et
ideo fecerunt divites seditionem. Similiter accidit in Syracusis antequam
tyrannizaret Gelo, et in Rhodo insula populus dominabatur antequam
insurgerent divites, et quia divites contemnebant eos, insurrexerunt et
fecerunt seditionem, et mutaverunt rempublicam. |
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[89657] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 10 Deinde cum dicit fiunt autem declarat qualiter propter
excrescentiam praeter proportionem faciunt seditionem; et dividitur in duas
partes. In prima facit quod dictum est. In secunda declarat, quod haec
excrescentia sit a fortuna quandoque, ibi, accidit autem aliquando et cetera.
In prima dicit, quod propter excrescentiam quae praeter proportionem fit,
fiunt quandoque seditiones et corruptiones rerumpublicarum, ut si divites
superexcrescant, vel virtuosi, vel pauperes, contingit fieri transmutationem
ipsarum. Et hoc apparet: quia sicut corpus componitur ex partibus pluribus,
sic civitas composita ex partibus. Nunc ita est, quod oportet corpus animalis
compositum augeri secundum proportionem, ut maneat recta proportio membrorum
et commensuratio. Si autem non augeantur partes proportionaliter, corrumpitur
animal. Si enim pes tantum augeatur quod sit quatuor cubitorum, et residuum
sit duorum palmorum, corrumpitur proportio debita. Si autem animal crescat
improportionabiliter et secundum quantitatem et secundum virtutem vel
qualitatem, transmutabitur in formam alterius animalis. Similiter accidit in
civitate: componitur enim ex partibus; et ideo si debeat salvari, oportet eam
componi ex partibus commensuratis adinvicem. Aliquando autem excedit
multitudo, sicut in populari statu et in republica; et tunc corrumpitur
paucorum status et fit popularis vel respublica. Aliquando est excrescentia
non secundum quantitatem, sed secundum qualitatem, sicut quando sunt aliqui
divites valde excellentes in potentia; et tunc corrumpitur popularis status
et fit paucorum. |
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[89658] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 11 Deinde cum dicit accidit autem declarat, quod haec
excrescentia fit aliquando a fortuna; et dicit, quod huiusmodi excrescentia
accidit quandoque a fortuna, sicut in Tarento. Cum enim illi exissent ad
praelium et multi nobiles et divites fuissent interfecti ab Iapygensibus,
facta est ex populari statu paucorum potentia, et sic a fortuna propter
intentionem excrevit populus et mutavit rempublicam. Idem etiam accidit
Argivis: cum enim fuissent interfecti illi qui erant in civitate Eudoma a
Cleomene Spartiata, compulsi sunt propter paucitatem inhabitantium in
civitatem recipere aliquos inquilinos ad rempublicam suam; qui postmodum
excreverunt et facta fuit respublica popularis. Similiter accidit Athenis,
cum divites fuissent infortunati et occubuissent multi in praelio, pauci
fuerunt divites, quia mortui fuerunt. Similiter accidit in
popularibus, sed minus quam in gubernatione paucorum. Cum enim sint plures egeni, contingit, quod plures
ditentur; et tunc augmentatis divitiis transmutant popularem statum in
paucorum gubernationem, et potentatus in quibus plures divites principantur
non secundum legem. |
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[89659] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 12 Deinde cum dicit transmutantur autem declarat quae sunt
causae transmutationis reipublicae sine seditione occulta. Et dividitur in
partes quatuor. In prima declarat qualiter propter verecundiam fit seditio et
transmutatio reipublicae. Secundo qualiter propter parvipensionem, ibi, et
propter parvipensionem et cetera. Tertio qualiter propter contemptum eius
quod est parvum, ibi, adhuc propter et cetera. Quarto, qualiter propter
dissensionem, ibi, seditionale autem et cetera. In prima dicit, quod
respublicae aliquando transmutantur sine seditione, hoc est sine occulta
dissensione; et hoc propter verecundiam, sicut accidit in Herea civitate.
Contigit enim in illa civitate quod aliqui qui commiserant aliqua turpia,
unde passi fuerant verecundiam, eligebantur ad principatum ab aliquibus. Alii
vero nolentes sustinere quod isti infames principarentur, seditionem fecerunt
et instituerunt quod principatus qui prius fiebant per sortem fierent per
electionem: et sic propter verecundiam, quam aliqui passi fuerant, fuit facta
seditio et transmutatio reipublicae. |
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[89660] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 13 Deinde cum dicit et propter. Ostendit quomodo propter
parvipensionem fit seditio et transmutatio reipublicae. Et dicit, quod
propter parvipensionem, quandoque fit mutatio reipublicae et seditio, ut
quando assumitur aliquis ad principatum principalem, qui non diligit ipsum,
sed parvipendit. Tunc enim accidit, quod iste qui parvipendit principatum
mutat rempublicam. Sicut in Horeo civitate contingit quod elegerunt Heracleodorum in
principem. Iste autem non
diligebat rempublicam eorum; et ideo mutavit statum paucorum qui erat in illa
civitate, et instituit rempublicam et popularem statum. |
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[89661] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 14 Deinde cum dicit adhuc propter declarat, quod propter
contemptum eius quod est penes pusillitatem mutatur respublica. Et exponit
quid vocat pusillitatem; et dicit, quod penes pusillitatem est quando aliqua
parva transgressio negligitur, similiter et alia. Contingit enim ex omnibus
istis fieri magnam transgressionem quae a principio non erat manifesta; et
propter talem magnam transgressionem quae ex multis parvis neglectis causata
est, contingit mutari rempublicam, sicut dicit accidisse apud Ambraciotas.
Apud eos enim una honorabilitas parum reputabatur, et multae parvae
negligebantur quasi parum vel nihil differrent, aut essent propinqua; et ideo
accidit tandem in illa civitate quod nulli principabantur secundum
honorabilitatem aliquam; et tunc paucorum status, in quo principabantur
insignes et honorabiles, mutatus est in statum popularem. |
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[89662] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 15 Deinde cum dicit seditionale autem declarat qualiter
propter dissimilitudinem mutatur respublica. Et dividitur in tres. In prima
ostendit qualiter propter dissimilitudinem disponuntur ad seditionem. Secundo
accidentaliter declarat qui movent seditiones in populari statu et paucorum
maxime ex dicta causa, ibi, seditionem autem movent et cetera. Tertio ponit
causam accidentalem magis seditionis, ibi, seditiones autem sustinent et
cetera. Prima in duas. In prima ponit qualiter disponuntur ad seditionem, per
similitudinem. Secundo manifestat per exempla, ibi, propter quod et cetera.
In prima dicit, quod alia causa seditionis est dissimilitudo: cum enim
inhabitaverint civitatem illi qui non habent eosdem mores nec consuetudines,
movent seditiones, nisi multo tempore conspiraverint vel vixerint simul.
Primo apparet; quia illi qui habent diversos mores inclinantur ad diversos
fines. Ex hoc autem sequitur divisio voluntatis: hoc autem est causa
dissensionis: quare manifestum est, quod dissimilitudo causa est seditionis.
Secundum apparet, quia si illi qui habent diversos mores simul vixerint,
contingit quod unus trahit alium et in fine habent eosdem mores et
inclinantur ad eumdem finem, et tunc non mutant rempublicam. Est igitur
manifestum quod donec simul vixerint multo tempore, movebunt seditiones illi
qui habent diversos mores. Sicut enim civitas non fit ex quibuscumque, sed ex
similibus, ita non fit in quocumque tempore, sed quando vixerint cives simul
et iam inclinantur ad eosdem mores. [89663] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 16 Deinde cum dicit propter quod
manifestat quod dictum est per septem exempla; et dicit, quod quia
dissimilitudo causa est seditionis, accidit, quod illae civitates quae
extraneos indifferenter receperunt, plures passae sunt seditiones et
divisiones; sicut accidit in quadam civitate quam vocant Sybarim. In illa
enim civitate habitabant Troezenii: isti vero receperunt Achaeos: cum autem
essent augmentati eiecerunt Troezenios, et ex hoc tunc fuit odium inter
Sybaritas qui eiecti fuerant et Thurios qui eos receperant: cum enim plus
exigerent eo quod regio esset sua, eiecti fuerunt a Sybaritis. Ponit secundum
exemplum; et dicit, quod similiter accidit Byzantiis. Cum enim isti
recepissent extraneos, isti insidiati sunt Byzantiis et depraedaverunt eos:
qui Byzantii, re cognita, eos praelio et armis expulerunt. Ponit tertium
exemplum; et dicit, quod similiter accidit in alia civitate quod Antissaei
profugos et extraneos ex Chio receperunt in sua civitate, et tandem facta
fuit seditio inter ipsos et eiecti sunt extranei. Tunc ponit quartum
exemplum; et dicit, quod Zanclaei receperunt Samios in civitate, et postmodum
facta seditione inter ipsos, ipsi expulsi fuerunt a civitate. Tunc ponit
quintum exemplum; et dicit, quod Apolloniatae civitatem inhabitantes iuxta
pontum, cum recepissent extraneos, passi sunt seditionem. Tunc ponit sextum
exemplum; et dicit, quod Syracusani cum expulissent tyrannos a civitate,
receperunt extraneos, et eos qui portant merces, et fecerunt eos cives,
seditio facta fuit eis et venerunt ad pugnam. Tunc ponit ultimum exemplum; et
dicit, quod Amphipolitae cum recepissent Chalcidensium colonos, seditione
facta inter eos plurimi Amphipolitarum mortui sunt, et expulsi ab aliis. Ex
omnibus istis non plus vult habere, nisi quod dissimilitudo causa est
seditionis et destructionis reipublicae. |
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[89664] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 17 Deinde cum dicit seditiones autem declarat, qui movent
seditiones in populari statu et paucorum ex dicta causa. Et dicit quod in
paucorum potentia facit seditiones populus. Populus enim credit se debere
recipere aequale, quia omnes sunt aequales in libertate. Divites autem totum
habent vel plus: et ideo populus existimans se iniusta sustinere, movet
seditiones. In statu autem populari seditiones movent divites, quia in statu
populari recipiunt aequale. Existimant autem plus se debere recipere, cum
sint excellentiores, et ideo movent seditiones contra populum. |
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[89665] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 2 n. 18 Deinde cum dicit seditiones autem tangit causam
seditionis accidentalem magis. Et dicit quod in aliquibus civitatibus fiunt
seditiones propter dispositionem loci. Contingit enim quod regio non est bene
disposita, ad hoc quod civitas sit una, sed magis et alia. Unitas autem
ordinis in finem facit civitatem unam; et ideo illud quod disponit ad hoc
requiritur ad unitatem civitatis. Facit autem ad hoc bona dispositio loci. Si
igitur locus non est bene dispositus, ad hoc quod sit civitas una, fit
seditio, sicut accidit Clazomeniis. Illi enim qui inhabitabant in Chytro,
quae est una pars civitatis, erant contra illos qui habitabant in insula,
scilicet in alia parte civitatis; et volebant facere diversas respublicas, et
civitatem principalem in sua parte. Similiter Colophonii, et Notii ad invicem
passi sunt seditiones propter malam dispositionem loci. Similiter Athenis non
sunt bene dispositi ad unam rempublicam; quia illi qui sunt in suburbio,
videlicet in Pyraeo extra muros civitatis populares sunt magis quam illi, qui
habitant in urbe, quae est locus magis munitus ubi sunt fortilitia. Sic
igitur manifestum est, quod diversitas facit ad divisionem et seditionem in
civitate. Sicut enim in bello parvus fossarum transitus, et quaecumque modica
apertura distrahit exercitum vel aciem, et ordinem eius interrumpit, ita
omnis diversitas et dissimilitudo in civitate facit seditiones. Sed
considerandum est, quod dissimilitudo quae maxime causat seditionem, est
dissimilitudo virtutis et malitiae, quia inclinant statim in diversos fines.
Post haec autem divitiae et paupertas; et sic ulterius alia dissimilitudo
secundum alia aliqua, quae potest attendi inter multa. Sed haec est
differentia, quod quaedam magis, quaedam minus faciunt seditiones. Sub ipso
vero membro continetur causa, quae iam dicta est. |
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Lectio
3 |
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[89666] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 1 Postquam philosophus declaravit qualiter se habentes
faciunt seditiones, et quae sunt disponentia, declarat qualiter seditiones
inchoatae a parvis invalescunt multum. Et dividitur in duas secundum quod
tangit duas causas huius. Secunda, ibi, totaliter autem et cetera. Prima in
duas. In prima tangit causam illam. In secunda dat remedium contra illam,
ibi, propter quod et cetera. In prima dicit, quod seditiones non fiunt de
parvis, sed de magnis; fiunt autem ex parvis, quia incipiunt ex parvis. Parvae
autem seditiones et dissensiones invalescunt citius, quando fiunt inter
dominos habentes potestatem in civitate, sicut accidit antiquitus in civitate
Syracusanorum. Contigit enim, quod respublica illorum fuit mutata propter
dissensionem duorum iuvenum, qui principantes dissiderunt propter amoris
causam. Accidit enim, cum unus esset extra civitatem, quod alter puerum quem
amabat sibi conciliavit. Cum autem alter venisset, indignatus est, et studuit
habere uxorem alterius. Cum autem ille istud sciret, mota est dissensio inter
illos, et coassociantes sibi cives, diviserunt omnes in duas partes. Sic
igitur manifestum est, quod parva dissensio multum invalescit, quando fit
inter divites habentes potestatem in civitate. |
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[89667] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 3 n. 2 Deinde
cum dicit propter quod tangit remedium contra hoc. Et dicit, quod propter hoc
quod parva dissensio inter dominos multum invalescit, oportet quod subditi
talia timeant multum, et quod dissensiones inter divites dissolvant et
trahant ad concordiam, quia dissensio quae accidit inter maiores et
principantes est peccatum in principio. Principium autem est dimidium totius;
quia principium continet se et principatum virtute; et ideo resistendum est
peccato in principio. Nam peccatum in principio proportionaliter se habet ad
ea peccata, quae fiunt in partibus principalibus animalium. Videmus autem
quod modica facta diversitate in parte principali in animali, scilicet in
corde, magna fit diversitas in aliis partibus. Similiter modica existente
diversitate in semine, fit magna diversitas in eo quod fit ex semine; quia ex
modica differentia calidi et frigidi causatur differentia maris et feminae.
Similiter facta modica transpositione in gubernaculo navis, tota navis
transmutatur. Quare sic erat in republica quod parvum peccatum in principio
et parva dissensio multum invalescit. |
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[89668] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 3 Deinde cum dicit totaliter autem tangit secundam
causam; et declarat, quod dissensiones insignium multum invalescunt. Et primo
proponit. Secundo manifestat per exempla, ibi, velut in Hestiaea et cetera.
In prima dicit, quod non solum dissensiones principantium multum et cito
invalescunt, immo universaliter dissensiones divitum; ex quo enim divites
sunt, potentiam habent. Et manifestum est, quod indignantur si non fiat eis
secundum quod existimant se excellere alios, et faciunt dissensiones et totam
civitatem ponunt in dissensione. |
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[89669] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 3 n. 4 Deinde cum
dicit velut in declarat per exempla. Et dividitur in quinque, secundum quod
declarat per quinque exempla. Secunda ibi, et in Delphis et cetera. Tertia
ibi, circa Mytilenem autem et cetera. Quarta ibi, et Phoceis et cetera.
Quinta ibi, fuit autem transmutata et cetera. In prima dicit; ita dictum est,
quod dissensiones divitum multum invalescunt: sicut accidit in Hestiaea
civitate. Contigit enim quod duo fratres dissiderent de paterna haereditate,
cum unus non haberet de divitiis et de thesauro, quem acquisivit pater,
coassumpsit sibi populares, alius divites. Et fuit divisa civitas in duas
partes, et facta fuit magna dissensio. |
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[89670] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 5 Deinde cum dicit et in Delphis ponit secundum exemplum:
et dicit: similiter accidit in Delphis, quod quidam habuit quamdam puellam in
cura sua, quae cura fuit principium omnium dissensionum, quae postmodum
contigerunt. Unus enim desponsavit illam, postmodum consuluit quemdam
sacerdotem augurem, utrum expediret ei accipere eam in uxorem: qui consuluit
quod non acciperet: tunc iste timens propter dictum auguris, scilicet
infortunium aliquod, cum veniret ad sponsam, non accepit, sed recessit. Amici
vero videntes hoc, sicut illi quibus facta fuerat iniuria, eo sacrificante,
sacrum aliquid clam iniecerunt. Deinde accusaverunt eum quod male sacra
tractasset: unde tamquam sacrilegum capite damnari fecerunt. |
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[89671] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 6 Deinde cum dicit circa Mytilenem ponit tertium
exemplum: et dicit, quod circa Mytilenem civitatem facta fuit dissensio inter
aliquos propter divisionem haereditatum, quae fuit principium multorum
malorum quae postmodum contigerunt. Et fuit principium belli quod fuit inter ipsos
et Athenienses, in quo praelio quidam dux, nomine Pachetes, accepit civitatem
ipsorum Atheniensium. Accidit enim, quod Timophanes opulentus vita functus,
reliquit duas filias superstites. Quidam autem Doxandrus eas dari concupivit
filiis suis in uxores: quod cum assequi non potuisset, persuasit
Atheniensibus, apud quos hospes publice erat, ut bellum susciperent contra
Mytilenas. |
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[89672] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 7 Deinde cum dicit et Phoceis ponit quartum exemplum: et
dicit, quod apud Phocenses quidam fuerunt exhaereditati, ex quo facta fuit
seditio inter Mnaseam patrem Mnesonis, et Euthycratem patrem Onomarchi. Haec
autem dissensio fuit principium belli Phocensibus, illius inquam belli, quod
sacrum appellaverunt. [89673] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 8 Deinde cum dicit fuit autem ponit
quintum exemplum: et dicit, quod in Epidamno civitate transmutata fuit
respublica propter dissensionem, quae fuit facta propter nuptias quasdam. Cum
enim quidam desponsasset quamdam, quidam fecerunt sibi iniuriam, et facta
fuit dissensio. Postmodum contingit, quod pater desponsati factus fuit unus
de principibus, et tunc accepit alios qui erant extra rempublicam et infensi
statui, et coniungens eos sibi, transmutavit rempublicam. |
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[89674] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 9 Deinde cum dicit transmutatur autem cum declaravit,
quod respublicae transmutentur, declarat in quid transmutantur. Et primo
proponit. Secundo manifestat, ibi, ut apud et cetera. In prima dicit, quod
respublicae transmutantur in paucorum statum et popularem ex eo quod aliquod
collegium vel aliqua pars civitatis famam vel augmentum maiorem in modum
consecuta est. Ob hanc enim causam contingit quod si regebat quod intendatur
magis et fortior fiat eius status, et sic mutatur a debiliori ad fortiorem.
Si vero non regebat, contingit, quod iusta fama et potentia regere incipiat,
et ab una republica ad aliam fit transmutatio. |
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[89675] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 3 n. 10 Deinde
cum dicit velut in Ariopago manifestat per exempla; et ponit sex, in quibus
declaratur qualiter respublica mutata est in rempublicam aliam, vel in eamdem
magis vel minus intensam; et dicit, quod bene dictum est quod sit mutatio
reipublicae in rempublicam, sicut accidit Athenis. Cum enim consilium
Atheniensium quod erat in Ariopago quae est pars excellentior civitatis
illius, tempore belli Persarum, famam consecutum fuisset, formam reipublicae
auxit et fuit facta respublica eorum fortior. |
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[89676] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 3 n. 11 Deinde
cum dicit et rursus ponit secundum exemplum; dicens quod multitudo navalis
Athenis cum fuisset causa cuiusdam victoriae circa Salaminam fortiter
pugnando, et fuisset causa salvationis principatus et ob eam victoriam
acquisivisset potentiam maris civitati, fecit statum populi magis fortem. |
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[89677] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 12 Deinde cum dicit et in Argo ponit tertium exemplum, in
quo declaratur quod respublica mutatur in rempublicam: et dicit, quod in Argo
contigit quod insignes et potentes cum eligerentur ad praelium contra
Lacedaemonios, commisso praelio apud Mantineam urbem, magnam famam consecuti
sunt, et ob hanc causam conati fuerunt destruere popularem statum et
convertere in paucorum potentiam, et sic respublica mutabatur in aliam
rempublicam. |
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[89678] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 3 n. 13 Deinde cum dicit et in Syracusis ponit quartum exemplum
in quo idem probatur; et dicit, quod in civitate Syracusanorum cum factum
fuisset praelium inter eos et Athenienses et obtinuissent, cuius victoriae
causa populus fuit, rempublicam mutavit in statum popularem. |
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[89679] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 14 Deinde cum dicit et in Chalcide ponit quintum exemplum;
et dicit, quod cum in Chalcide civitate populus una cum divitibus quemdam
tyrannum interfecisset, statim adhaesit reipublicae dimittens priorem
rempublicam. |
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[89680] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 15 Deinde cum dicit et in Ambracia ponit sextum exemplum;
et dicit, quod in Ambracia cum populus eiecisset Periandrum qui tyrannizabat
apud eos simul cum aliis divitibus qui contrarii erant ipsi in populo,
instituit rempublicam sibi convenientem, scilicet statum popularem, dimittens
priorem. |
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[89681] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 16 Deinde cum dicit et universaliter concludit unam
regulam universalem; dicens quod universaliter hoc debet esse manifestum et
non debet latere, quod quicumque propter potentiam aliquid praeclarum
fecerunt, sive sint idiotae, sive principes, sive sint tribus aliquae, sive
tota una pars, sive qualiscumque multitudo, movet seditionem. Aut enim qui
invident eis qui honorantur in civitate movent et faciunt seditionem; aut
illi qui excellunt et magnum aliquid fecerunt, propter potentiam, nolunt
manere cum aequalibus et eis conformari. Ex hoc enim quod magnum fecerunt,
inclinantur ad magna, quibus reputant se dignos. Ideo nolunt remanere
cum aequalibus. Unde si potentiam habeant, seditionem faciunt. |
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[89682] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 3 n. 17 Deinde cum dicit moventur autem declarat quando maxime
moventur respublicae; et dicit, quod tunc maxime transmutantur respublicae
quando duae partes quae videntur esse contrariae, sicut divites et populus,
aequantur in potentia vel fere, medii autem nulli sunt, aut valde pauci: quia
tunc quaelibet pars reputat se fortiorem alia et nititur repellere aliam. Et
si contingit unam partem superare aliam, instituit rempublicam quae sibi
videtur. Si autem una pars, quaecumque sit illa, excedat aliam in multo,
manifeste illa pars quae exceditur, nolens perire, subiicitur parti quae valentior
est, nec movet seditionem contra illam. Et propter hoc manifestum est, quod
illi qui excedunt alios in virtute, non movent seditionem, quia pauci sunt
respectu multitudinis. Et tunc concludit, quod universaliter principia et
causae seditionum rerumpublicarum secundum hunc modum fiunt. |
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[89683] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 3 n. 18 Deinde
cum dicit movent autem declarat, quomodo et qualiter dissidentes movent
respublicas; et dicit, quod quandoque movent respublicas et transmutant per
violentiam, quandoque per fallaciam et astutiam. Per violentiam
dupliciter. Uno modo in principio, scilicet inferendo violentiam quod
rempublicam quam instituunt teneant. Alio modo cogendo posterius non in
principio: quandoque enim in principio suadent per astutiam talem vel talem
rempublicam, et decipientes cives transmutant rempublicam illis nolentibus.
Et item in fine si nolunt resilire, faciunt eis violentiam et cogunt eos
tenere rempublicam iam institutam, sicut accidit in quadringentis qui deceperunt
populum dicentes ei quod rex daret pecuniam ad praeliandum contra
Lacedaemonios, et populus hoc audito noluit, et instituit rempublicam quam
isti instituerunt. Postmodum
videns quod mentiti fuerunt, volens contradicere illi, conati fuerunt tenere eamdem
et observare facientes violentiam populo. Aliquando autem contingit, quod in
principio suadent et recipiunt rempublicam, et postmodum quod eam observant
et suadent, illis persuasis principantur illis volentibus. Et tunc
recapitulat quod simpliciter, hoc est universaliter, secundum dicta contingit
fieri mutationes omnium rerumpublicarum. |
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Lectio
4 |
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[89684] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 1 Postquam philosophus declaravit causas et principia
seditionis et transmutationis rerumpublicarum in universali, in quibus plures
principantur, in parte ista incipit determinare in speciali causas et
principia seditionis et transmutationis ipsarum. Et dividitur in partes tres.
In prima determinat causas seditionis et transmutationis status popularis.
Secundo paucorum, ibi, oligarchiae autem et cetera. Tertio status optimatum,
ibi, in aristocratiis autem et cetera. Prima in duas. In prima proponit
intentum suum. In secunda prosequitur, ibi, democratiae quidem igitur et
cetera. In prima dicit, quod postquam determinatum est de causis et
principiis seditionis et transmutationis rerumpublicarum in universali,
considerandum est in speciali quae sunt accidentia secundum quae fit
transmutatio et seditio secundum unamquamque speciem reipublicae pertinentes,
et considerantes secundum unamquamque in speciali. |
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[89685] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 2 Deinde cum dicit democratiae quidem prosequitur; et
dividitur in duas. In prima tangit causam propter quam popularis status
transmutatur absolute. In secunda tangit causam vel modum transmutationis,
ibi, transmutantur ex prima et cetera. Prima in duas. In prima facit quod
dictum est. In secunda ostendit in quam rempublicam antiquitus magis fiebat
transmutatio, ibi, in antiquis autem et cetera. Prima in tres. In prima ponit
causam transmutationis popularis status. In secunda manifestat per exempla,
ibi, et hoc in multis et cetera. In tertia reddit causam cuiusdam, ibi, et in
Rhodo et cetera. In prima dicit, quod populares status maxime transmutantur
et patiuntur seditiones propter malitiam eorum qui duces sunt in populo. Isti
enim propter malitiam vel impotentiam coadunant divites. Hoc autem potest
fieri dupliciter. Uno modo calumniando eos. Est autem calumnia falsi criminis
impositio. Et quandoque dicitur alienae rei usurpatio propter falsi criminis
impositionem. Quando igitur isti duces imponunt falsa crimina divitibus,
divites coadunantur inter se; et quamvis divites essent separati et fortassis
inimici, propter tamen calumniam coadunantur, quia timor communis congregat
et adunat eos qui valde sunt separati. Et ratio huius est, quia timor est
tristitia vel turbatio propter phantasiam futuri mali; et ideo ille qui timet
inquirit vias per quas possit vitare malum opinatum futurum: si ergo aestimet
quod hoc faciet si coniungat se cum inimico, coniungit se cum illo. Est tamen
intelligendum quod si motus timoris minor fuerit quam motus inimicitiae, non
coniungetur cum inimico: si autem maior, coniungetur cum eo ad repellendum:
semper enim sequitur motum maiorem. Quare manifestum est quod divites
coniungunt seinvicem, et adunati et coniuncti insurgunt contra multitudinem
et opprimunt eam et transmutant rempublicam. Alio modo coadunant duces populi
divites, procurando quod multitudo gravetur a divitibus, ut multitudo gravata
ab ipsis inducta ducibus, insurgat contra divites; et tunc divites timentes
opprimi a multitudine coadunantur et insurgunt contra multitudinem et
transmutant rempublicam. |
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[89686] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 3 Deinde cum dicit et hoc in manifestat per exempla. Et
dividitur in quinque, secundum quod manifestat per quinque exempla. Secunda
ibi, et in Rhodo et cetera. Tertia ibi, dissolutus est autem et in Heraclea
et cetera. Quarta ibi, nec multo dissimiliter et cetera. Quinta ibi, evenit
autem idem et circa Cumam et cetera. In prima dicit, quod si aliquis
consideret, videbit in multis quod popularis status transmutatur propter
malitiam ducum populi: nam in civitate quae dicitur Cous popularis status
fuit transmutatus propter malitiam ipsorum: divites enim coadunati fuerunt et
insurrexerunt contra multitudinem, et transmutaverunt rempublicam. |
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[89687] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 4 Deinde cum dicit et in Rhodo ponit secundum exemplum.
Et dicit quod in Rhodo insula duces populi qui ordinati erant ad tractandum
de stipendiis exsolvendis, quibus debebantur, prohibuerant ne redderentur
huiusmodi stipendia militibus classis, cum eis deberentur: ipsi autem
coniuncti insimul propter metum iudicii, et iniurias praedictas, compulsi
sunt dissolvere popularem statum eorum. |
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[89688] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 5 Deinde cum dicit dissolutus est ponit tertium exemplum.
Et dicit quod in civitate quae dicitur Heraclea, status popularis fuit
corruptus post recessum ipsorum divitum propter ipsos duces populi, quia
divites propter iniurias illatas recesserunt a civitate, deinde coadunaverunt
se, et coadunati supervenientes, destruxerunt statum popularem et
instituerunt aliam rempublicam. |
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[89689] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 6 Deinde cum dicit consimiliter autem ponit quartum
exemplum. Et dicit quod in civitate Megareorum, popularis status fuit corruptus
propter malitiam ducum populi: quia duces volentes habere pecunias a
divitibus, per bonorum publicationem, eiecerunt multos divites, et hoc donec
fuerunt multi exules facti. Divites autem postmodum coadunati fuerunt, et
venientes contra civitatem impugnaverunt eam et devicerunt, et tunc
corrumpentes popularem, instituerunt paucorum statum. |
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[89690] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 7 Deinde cum dicit evenit autem ponit quintum exemplum.
Et dicit, quod istud idem accidit apud Cumas. Ab illa enim civitate fuit
expulsus quidam nomine Thrasymachus a ducibus populi; postmodum iste
insurrexit contra multitudinem, et devicit et mutavit rempublicam. |
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[89691] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 8 Deinde cum dicit fere autem assignat causam cuiusdam
dicti. Dixit enim quod duces populi movent multitudinem contra divites:
declarat propter quam causam hoc faciunt. Et dicit quod fere in omnibus aliis
apparebit, si aliquis consideret, quod transmutatur popularis status, hoc
modo, scilicet propter malitiam ducum populi: illi enim movent multitudinem
contra divites, vel ut dona habeant a divitibus propter iniustitiam, ut
scilicet divites propter iniuriam moveantur ad redimendum vexationem suam,
vel a multitudine odiente ipsos divites; et tunc contingit, quod divites
propter istam iniuriam coadunentur. Quandoque autem hoc faciunt, ut
possessiones sint aequales, ut per hoc de possessionibus divitum possint
aliquid habere, vel ut eorum redditus muneribus publicis subiiciantur.
Quandoque autem imponunt crimina divitibus, ut per hoc relegentur a civitate,
et a populo confiscentur possessiones ipsorum. Sicut enim dictum fuit
superius, isti duces populi adulatores sunt, et ideo faciunt ea quae placent
multitudini, propter quod multum lucrum afferunt. |
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[89692] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 9 Deinde cum dicit in antiquis declarat in quam
rempublicam magis antiquitus fiebat transmutatio popularis status, quam in
tyrannidem. Et primo proponit. Secundo probat cum dicit, causa autem et
cetera. In prima dicit, quod in antiquis temporibus quando dux populi erat
dux exercitus, popularis status transmutabatur in tyrannidem, ut frequentius;
quia fere plurimi antiquorum qui fuerant tyranni, ex ducibus populi facti
sunt. |
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[89693] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 4 n. 10 Deinde
cum dicit causa autem assignat tres rationes eius quod propositum est. Et
secundum hoc dividitur in tres. Secunda ibi, fiebant autem tyrannides et
cetera. Tertia ibi, adhuc autem et cetera. In prima dicit, quod causa quare
antiquitus transmutabantur in tyrannidem et modo non, est, quia antiquitus
duces populi assumebantur ex militantibus; isti enim erant magis diserti et
facundi quam alii, quia exercitati, et quia rhetoricam habebant. Homines
autem non erant communiter potentes loqui, quia nec communiter habebatur
rhetorica. Et ideo illum qui magis erat facundus et disertus, et exercitatus
in bello eligebant in principem. Ille autem solus principans postmodum tyrannizabat;
et sic mutabatur popularis status in tyrannidem. Sed modo non sic est; quia
rhetorica augmentata est, et multi noverunt eam, et ideo quicumque possunt
loqui et diserti sunt, fiunt duces populi; sed quia non exercitati sunt in
bellicis, non audent invadere principatum, ita ut aliquis solus principetur;
nisi accidat, quod sit aliquis disertus et facundus prae aliis et exercitatus
in bellicis. |
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[89694] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 11 Deinde cum dicit fiebant autem ponit secundam rationem.
Et dicit, quod antiquitus plures erant tyrannides quam modo. Et ratio erat,
quia magni principatus committebantur uni; ille autem trahebat dominium ad
se, et principabatur solus tyrannizans; sicut accidit in Mileto civitate,
quod cuidam fuit commissus principatus qui multorum et magnorum dominium
habebat, postmodum solus principans tyrannizavit. Quia igitur plures erant
antiquitus tyrannides quam modo, et respublica transmutabatur in illam, quae
et pluries accidebat, ideo et popularis status transmutabatur in tyrannidem. |
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[89695] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 12 Deinde cum dicit adhuc autem ponit tertiam rationem. Et
dicit, quod iterum manifestum est, quod antiquitus transmutabatur popularis
status in tyrannidem, quia civitates non erant multum magnae, immo populus
habitabat in agris occupatus circa agriculturam; et ideo parum curabat de
bono communi. Unde illos qui erant magis sagaces et meliores in populo,
quoniam bellicosi existebant, populus praeficiebat, et principabantur
tyrannice. Tyrannizabant autem, quia credebatur eis a vulgo; et causa huius
erat, quia persuadebant pauperibus contra divites. Efficax autem persuasio
erat inimicitia, quam praetendebant contra ipsos divites. Odio enim habere
inimicum alicuius, facit ipsum bene credibilem illi; sicut accidit Athenis,
quod quidam nomine Pisistratus fecit seditiones contra Pediacos. Et Megaris
Theagenes sic nominatus a genere, qui occidit iuxta quemdam fluvium pecora
divitum Megareorum, et cepit illos qui pascebant pecora illa, et ex hoc
benivolus fuit populo. Similiter Dionysius accusavit quemdam nomine
Daphnaeum, et similiter divites; et ex hoc reputatus est dignus principari
principatu tyrannico, factus credibilis populo et reputatus fidelis, tum quia
popularis erat, tum quia videbatur inimicitiam habere ad divites. |
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[89696] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 13 Deinde cum dicit transmutantur autem declarat, quomodo
ex una specie popularis status fiat transmutatio in aliam. Et primo tangit
modum. Secundo remedium, ibi, remedium autem et cetera. In prima dicit, quod
ex populari statu primo in quo principantur antiqui liberi, transmutatio fit
in popularem statum novum, in quo tota multitudo dominatur secundum
sententiam, non secundum leges, et non principatur aliquis secundum aliquam
honorabilitatem. Fit autem transmutatio isto modo. Cum enim populus in tali
republica potestatem habeat in electione, duces populi qui principari
intendunt, sua decreta proponunt, quod multitudo debeat principari, quia
melior est quam aliqui de multitudine; et ideo melius est principari totam
multitudinem, quam aliquos. Populus autem libenter audit istam allegationem;
et ideo instituit, quod tota multitudo principetur secundum legem; et dicitur
iste popularis status novus. [89697] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 4 n. 14 Deinde cum dicit remedium autem
tangit remedium contra istum modum transmutandi popularem statum; quia ista
species in quam fit talis transmutatio, pessima est. Et dicit quod remedium
ne fiat huiusmodi popularis status vel ut minus fiat, est sustinere et
procurare, quod una tribus eligat, ita quod una tribus modo eligat, deinde
alia, et sic deinceps, et non tota multitudo. Minor enim est una tribus quam
tota multitudo; et ideo melius est eligere tribus quam totam multitudinem.
Dicebat enim superius philosophus quod totam multitudinem eligere contingit
dupliciter. Uno modo divisim, ut modo una tribus, deinde alia, ita quod omnes
partes obtineant electionem divisim. Alio modo coniunctim: et quia primum
potest haberi, accipiendum est magis. Et concludit quod propter istas causas
fere fiunt omnes transmutationes status popularis. |
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Lectio
5 |
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[89698] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 1 Postquam determinavit philosophus causas seditionis et
transmutationis status popularis; in parte ista determinat causas
transmutationis et seditionis status paucorum in particulari. Et dividitur in
partes duas. In prima tangit modos, quibus transmutatur status paucorum. In
secunda recapitulat, ibi, oligarchiae quidem igitur et cetera. Prima in duas.
In prima ponit modos per se, quibus transmutatur status paucorum. In secunda
ponit unum modum accidentalem, ibi, fiunt autem et cetera. Prima in duas. In
prima proponit, quod duo sunt modi quibus transmutatur. In secunda
prosequitur, ibi, unum quidem si iniusta et cetera. In prima dicit quod
status paucorum transmutantur secundum duos modos qui sunt valde manifesti:
transmutantur enim propter dissensiones divitum inter se, et propter
dissensionem pauperum ad divites. |
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[89699] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 2 Deinde cum dicit unum quidem prosequitur: et primo
primum. Secundo secundum, ibi, habet autem et cetera. In prima dicit, quod
propter unum transmutatur status paucorum; scilicet si divites principantes
opprimant multitudinem iniusta faciendo. Cum enim gravatur multitudo,
insurgit contra divites et expellit eos, et sic corrumpit statum paucorum.
Quaecumque enim sit multitudo, si praesens et unanimis sit, sufficiens est ad
expulsionem divitum et corruptionem status paucorum: et maxime si populus
unum ex paucorum numero eligat et ducem faciat, sicut factum fuit in Naxo;
ubi Lygdamus assumptus fuit in praesidem ex paucorum statu qui postmodum
tyrannizavit super illos Naxios. |
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[89700] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 3 Deinde cum dicit habet autem prosequitur alium modum
qui est propter solutionem divitum inter se; et dividitur in septem secundum
quod sunt septem modi. Secunda ibi, transmutata autem fuit et cetera. Tertia,
ibi, moventur autem oligarchiae et cetera. Quarta, ibi, adhuc autem et
cetera. Quinta, ibi, dissolvuntur autem et cetera. Sexta, ibi, fiunt etiam et
cetera. Septima, ibi, multae autem et cetera. In prima dicit, quod
principatus paucorum potentiae patitur seditionem ab aliis divitibus.
Contingit enim quandoque quod illi divites qui non sunt in principatu
corrumpant rempublicam. Et hoc accidit quando illi quod principantur sunt
pauci; sicut accidit in Massalia, et in Istro, et in Heraclea et in quibusdam
aliis civitatibus. Contingit enim in illis quod illi divites qui non
principabantur exiverunt civitatem, vel propter iniuriam illatam eis vel
propter invidiam, et erant extra civitatem donec possent transmutare
antiquiores fratrum principantes et postmodum iuniores. Similiter enim pater
et filius non principabantur, sed pater tantum vel filius tantum; nec duo
fratres simul, sed unus tantum, videlicet antiquior: et maxime accidebat in
illis civitatibus, in quibus paucorum patritia illustrior erat; et sic
accidit in Istro, ubi propter dissensionem divitum ex praedictis causis
exortam mutatus est status paucorum in popularem; et similiter in Heraclea a
paucioribus ad sexcentos propter eamdem causam transmutatus est. |
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[89701] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 4 Deinde cum dicit transmutata autem ponit secundum
modum: et dicit, quod in Gnido civitate transmutata fuit paucorum potentia,
propter hoc, quod divites inter se fecerunt dissensionem. Cum enim pauci
essent principantes et plures divites, non principantes fecerunt seditionem.
Cum enim pater principaretur et filius non posset, movebat seditionem filius
contra patrem: iterum cum plures fratres non possint principari, sed senior,
minor movit seditionem adversus fratrem seniorem. Ipsis autem
dissentientibus, multitudo gravata propter eorum seditionem insurrexit contra
illos et obtinuit et assumpsit sibi in principem unum ex illis: cum enim
divites sint divisi, non possunt obtinere contra multitudinem; nam quod
divisum est propter seditionem debile est: omnis enim virtus divisa minor est
seipsa unita. Similiter et apud Erithrienses cum esset status paucorum
regiarum urbium antiquitus, quamvis principantes bene regerent illos qui
erant in republica, tamen quia pauci erant, populus indignatus insurrexit et
transmutavit rempublicam paucorum. |
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[89702] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 5 Deinde cum dicit moventur autem ponit tertium modum. Et
primo ponit ipsum. Secundo manifestat ipsum, ibi, est enim demagogia
dupliciter et cetera. In prima dicit, quod iterum transmutantur paucorum
status quasi ex seipsis a principio intrinseco, scilicet propter dissensionem
et contentionem ipsorum, qui et plus posse volunt. |
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[89703] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 6 Deinde cum dicit est enim distinguit duos modos, quibus
praepotentes mutant suum regimen, idest paucorum potentiam. In prima dicit,
quod hoc quod dictum est, quod scilicet potentes propter factiones mutent
gubernationem paucorum, duobus modis fit. Uno modo quando praedicti potentes
adiungunt sibi alios ex ipso numero paucorum, quia sic per huiusmodi
divisionem mutant rempublicam, sicut Charicles Athenis fecit, cum essent triginta
potentes, et Phrynicus cum essent quadringenti: sic enim eos dividens mutavit
eorum statum. Alio modo quando pauci praepotentes conciliant sibi plebem,
sicut contigit in Larissa civitate. In illa enim principabantur habentes
custodiam civium, quia eligebantur a populo et colendo plebem regebant ipsam.
Similiter in aliis gubernationibus paucorum in quibus ipsi potentes qui
possunt gerere magistratum non eligunt seipsos ad magistratus; sed
permittitur civibus electio vel plebi: ita tamen quod secundum magnos census
vel ex determinato alio genere fiat electio, ut Abydis: et similiter ipsi qui
rempublicam gubernant, non iudicant: sed hoc permittunt plebi eam colendo. Ut
igitur eorum suffragia promereri possent, cum et electio et iudicia ad plebem
spectent, nimium faventes populo rempublicam mutabant: videlicet ex paucorum
potentia in popularem, ut apud Heracleam contigit quae est in Ponto. |
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[89704] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 5 n. 7 Deinde cum dicit adhuc autem ponit quartum modum; et
dividitur in tres in prima ponit modum illum. In secunda ostendit quando
maxime corrumpitur paucorum status, ibi, fiunt etiam et cetera. Tertio quae
paucorum potentia non de facili corrumpitur, ibi, concors autem et cetera. In
prima dicit, quod paucorum status contingit corrumpi ex se, quando sunt
aliqui divites principantes et principatus reducitur ad pauciores, ita quod
pauciores principentur quam prius: tunc enim divites qui expelluntur a
principatu, videntes se contemni, volentes magis aequale et proportionale
quam quod aliis sint subiecti, convocant populum in auxilium, et tunc
transmutant rempublicam. |
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[89705] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 8 Deinde cum dicit fiunt autem ostendit quando maxime
corrumpitur status; et dicit, quod contingit statum paucorum transmutari
maxime, scilicet quando divites consumpserunt bona sua vivendo impudice et
inhoneste. Cum enim assueverunt vivere delitiose consumentes propria, non
habentes divitias, appetunt undecumque habere eas, ut possint continuare
delitias assuetas. Credunt autem se posse habere divitias, si turbent
rempublicam; et ideo quaerunt et procurant innovare rempublicam, et tunc
contingit quod isti praeferantur et principentur tyrannizantes: quia enim
consumpserunt bona sua vivendo voluptuose cum aliis, contingit quod habeant
amicos: amantur enim maxime liberales vivendo et expendendo. Et ideo
contingit cum turbant rempublicam quod habeant amicos fautores et
praeficiuntur: si autem non possint praefici in tyrannum, procurant et
disponunt quod alius sit princeps, ut per hoc acquirentes amicitiam illius
possint habere quid expendant: sicut accidit in civitate Syracusanorum.
Hipparinus enim cum consumpsisset bona sua et non posset praefici in
principem, procuravit quod Dionysius tyrannizaret. Et in civitate quae
dicitur Amphipolis quidam cui nomen erat Cleotinus, Chalcidenses advenas
induxit et movit seditionem contra divites: similiter in Aegina civitate cum
quidam movisset causam contra Charetem, cum consumpsisset bona sua, conatus
est transmutare rempublicam propter eamdem causam, ut scilicet posset habere
divitias ex quibus delitiose viveret. Conantur ergo isti transmutare
rempublicam, secundum hunc modum, ut mox possint: et si non possunt praefici
in tyrannos, nec procurare aliquem alium, furantur et rapiunt bona communia;
et ideo faciunt seditiones, vel isti, vel illi qui pugnant contra illos fures
et raptores: ex quo contingit mutare rempublicam; sicut accidit in Apollonia,
quae est in Ponto: ibi enim cum quidam consumpsisset bona sua et non posset
praefici in tyrannum, nec procurare quod alius esset, incepit rapere et
furari bona communia, et tunc mota fuit seditio in civitate. |
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[89706] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 9 Deinde cum dicit concors autem ostendit qui paucorum
status non de facili corrumpitur; et dicit, quod ille status paucorum non de
facili corrumpitur, in quo divites sunt concordes ex se et bene utuntur
omnibus quae sunt reipublicae unoquoque secundum gradum suum. Signum autem dicit
esse rempublicam quae erat in civitate quae dicebatur Pharsalum: illi enim
qui ibi dominabantur, pauci erant et multorum erant domini: unde bene utentes
seipsis, unicuique attribuebant quod proportionabile erat, quia tales
uniuntur in voluntate finis, et in voluntate eorum quae sunt ad finem, et
unum finem intendunt, et ea quae sunt ad illum finem. Rempublicam autem
talium non est facile corrumpere. Et dicit ex seipsa, quia ab
exteriori agente potest corrumpi. |
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[89707] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 10 Deinde cum dicit dissolvuntur autem ponit quintum
modum; et dividitur in duas. In prima ponit modum illum. In secunda declarat
quando fit transmutatio paucorum potentiae secundum hunc modum et alios
magis, ibi, fit autem transmutatio. In prima dicit, quod contingit aliquando
paucorum statum transmutari quando fit transmutatio a statu paucorum assueto
ad alium magis communem et paucorum. Hoc autem contingit quando sunt pauci
principantes et sint alii viri divites et insignes qui non participant
principatibus. Videntes enim quod non attingunt ad principatum; reputant se
contemptos; et ideo movent seditionem et reducunt illum paucorum statum ad
communionem magis in quo plures divites quam prius principantur; sicut
accidit in Elide civitate: respublica enim ipsorum regebatur per paucos.
Cuius ratio poterat esse, quia illi qui erant principaliores in reipublicae
regimine erant tantum nonaginta et principatus eorum perpetuus erat. Et
iterum aliquo decedente alii habebant potestatem alium eligendi. Unde
frequentius eligebant amicos et notos; sicut fiebat in republica
Lacedaemoniorum, de qua dictum est in secundo huius, propter quod alii
videntes se contemptos moverunt seditionem et mutaverunt rempublicam in magis
communem statum paucorum. |
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[89708] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 11 Deinde cum dicit fit autem declarat quando fit magis
transmutatio. Et primo declarat quod fit tempore belli. Secundo quod fit
tempore pacis, ibi, in pace autem. In prima dicit, quod transmutatur paucorum
status tempore belli et tempore pacis: et tempore belli propter hoc quod
divites diffidunt de multitudine. Multitudo enim invidet divitibus, et
reputat se contemni propter hoc quod non reputatur ab eis. Ipsi autem
contempti odiunt eos. Unde rationabiliter hoc praesentientes diffidunt de
eis: et tamen oportet quod ipsi militantes contra adversarios utantur
multitudine habente potentiam. Cogitant etiam quod quemcumque multitudo
elevaverit in principem sibi, dans potestatem eidem, ille principabitur:
sicut accidit in Corintho quod multitudo insurrexit et assumpsit sibi unum
tyrannum cui nomen erat Timophanes, et iste fuit princeps illorum. Si autem
plures assumpserit, isti magis erunt domini et facilius maiorem habentes
potestatem. Et quia divites timent ista, tradunt dominium reipublicae
multitudini, ne totum amittant; propter enim bellum oportet eos uti
multitudine: posset enim contingere quod adversarii praevalerent et quod
amitterent possessiones suas. |
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[89709] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 5 n. 12 Deinde
cum dicit in pace declarat qualiter corrumpitur tempore pacis; et dicit, quod
tempore pacis corrumpitur paucorum status propter diffidentiam divitum
adinvicem: quia enim divites diffidunt de se invicem, muniunt se ponendo
custodiam multam in munitionibus contra invicem; et tunc contingit quod
populus gravatus propter dissensionem ipsorum insurgit contra ipsos; et
contingit quod assumit unum et ille fit princeps et dominus divitum et
populi, sicut in Larissa civitate accidit in principatu Alevadensium: et
circa Abydum societatem in civitatibus, quarum una fuit eorum qui dicuntur
Iphiadi dicti a loco illo vel regione, dissentientibus divitibus, insurrexit
populus et fecit unum praesidem. |
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[89710] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 13 Deinde cum dicit fiunt autem ponit sextum modum. Et
dicit, quod fiunt seditiones et transmutationes paucorum potentiae propter
hoc quod illi qui principantur circumveniunt alios: cum enim populus videt se
deceptum a divitibus, indignatur et movetur contra ipsos faciens seditionem;
et contingit quod transmutet rempublicam illam. Similiter fit transmutatio
propter dissensiones quae fiunt propter nuptias vel iudicia: propter
dissensiones quidem quae in nuptiis fiunt, de quibus dictum est prius, quod
cum quidam desponsasset quamdam nolens eam accipere ductus consilio cuiusdam,
contingit quod seditio facta fuit. Similiter paucorum potentiam quae erat in
Eretria civitate. Diagoras princeps equestrium dissolvit propter iniuriam
sibi illatam circa nuptias. Similiter in civitate Heraclea facta fuit seditio
propter sententiam datam a iudice contra quemdam. Similiter Thebis fuit
seditio propter quoddam iudicium adulterii. Et quamvis isti iuste moverentur,
tamen movebantur seditionaliter per seditionem faciendo violentiam, sicut et
in Heraclea civitate quidam moti fuerunt contra quemdam cui nomen erat
evectio. Et quamvis iuste moverentur, tamen seditionaliter movebantur.
Similiter in Thebis civitate quidam moti fuerunt circa Archiam quemdam:
contendebant enim cum inimicis, et volebant inimici ipsorum quod ligaretur in
foro; et quamvis isti moverentur iuste, tamen movebantur seditionaliter. |
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[89711] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 14 Deinde cum dicit multae autem ponit septimum modum. Et
dicit, quod aliquando corrumpitur status paucorum, quia valde dominativus
est, et principantes domini: quia enim volunt uti subditis sicut servis,
contingit eos contristari et insurgunt contra eos et assumentes sibi unum ex
illis expellunt alios et corrumpunt paucorum potentiam, sicut corrupta fuit
paucorum potentia quae fuit in Gnido et illa quae erat in Chio, quia
principantes volebant uti eis sicut servis, propter quod insurrexerunt et
mutaverunt rempublicam. |
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[89712] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 15 Deinde cum dicit fiunt autem declarat qualiter
corrumpitur status paucorum per accidens. Et dicit, quod status paucorum et
respublica transmutantur quandoque ab eventu, et secundum accidens. Et hoc
contingit quando illi qui principantur principatu consiliativo vel
iudicativo, secundum aliquam honorabilitatem determinatam principantur; puta
cum determinatur quantitas divitiarum quam habentes licitum est attingere ad
principatum. Contingit enim aliquando ubi determinata est et statuta
honorabilitas secundum quam principantur et in statu paucorum pauci et in
republica medii, postmodum multos vel omnes venire ad illam honorabilitatem,
et hoc existente felicitate, vel propter pacem, vel propter aliam bonam
fortunam, ita ut omnes digni sint omnibus principatibus. Omnibus autem
principantibus fit status popularis; quare transmutatur status paucorum in
popularem ab eventu. Similiter est de republica. Haec autem transmutatio
quandoque fit paulatim et latenter, quandoque autem celeriter. |
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[89713] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 5 n. 16 Deinde cum dicit oligarchiae quidem recapitulat; et
dicit, quod propter istas causas quae dictae sunt, paucorum status
transmutantur et sustinent seditiones. Ulterius dicit, quod status popularis
transmutatur in statum paucorum, quandoque vero e contrario. Aliquando vero
non est transmutatio reipublicae in aliam rempublicam secundum genus, sed
secundum speciem aliam vel modum illius: velut quando status popularis in quo
dominatur aliquis secundum leges transmutatur in illum in quo dominatur tota
multitudo vel aliqui secundum sententias et voluntates, non secundum leges.
Similiter se habet de paucorum potentia. |
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Lectio
6 |
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[89714] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 1 Postquam philosophus determinavit causas seditionis et
transmutationis status popularis et paucorum, nunc determinat causas
seditionis et transmutationis optimatum et reipublicae distinctae contra
alias. Et dividitur in duas. In prima facit quod dictum est. In secunda
concludit quiddam commune omnibus, ibi, solvuntur et cetera. Adhuc prima in duas. In prima
assignat causas huiusmodi transmutationis. In secunda declarat propter quam causam quandoque
latent huiusmodi transmutationes, ibi, maxime autem latent et cetera. Prima
in duas: quia duo erant modi optimatum: unus simplex, alter mixtus. Primo
declarat causas et principia seditionis et transmutationis simplicis status
optimatum. Secundo mixti, et cum hoc reipublicae, ibi, solvitur autem maxime
et cetera. Prima in quinque, secundum quod ponit quinque modos quibus fit
seditio et transmutatio simplicis status optimatum. Secunda ibi, aut
quandoque aliqui et cetera. Tertia ibi, aut quandoque virilis et cetera.
Quarta ibi, adhuc autem quandoque. Quinta ibi, adhuc si quis magnus et
cetera. In prima dicit, quod in statu optimatum fiunt seditiones, quandoque
quia pauci sunt honorati et principantes principatu: quod quidem movebat
seditionem, ut dictum est, in statu paucorum, quia status optimatum
aliqualiter est status paucorum. Est autem status paucorum, quia in utraque
pauci principantur: non tamen propter eamdem dignitatem pauci sunt
principantes in utraque. Quia in paucorum statu propter hoc pauci sunt
principantes: quia principantur propter divitias, pauci autem sunt divites.
In statu optimatum autem principantur propter virtutem: pauci autem virtuosi
sunt; ideo utrobique pauci sunt principantes. Contingit autem maxime
huiusmodi fieri seditiones quando sunt multi astuti et quasi similes
virtuosis: quia enim astuti sunt, possunt invenire diversas vias ad malum
finem, propter quod sciunt et possunt movere seditiones; sicut accidit in
Lacedaemonia. Quidam enim dicti Partheniae, idest honesti, similes existentes
virtuosis propter apparentiam temperantiae, quia non participabant
principatu, procuraverunt seditionem: quod alii advertentes, eos
comprehendentes relegaverunt a civitate, mittentes eos in coloniam Tarentum,
et ibi inhabitarunt. |
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[89715] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 2 Deinde cum dicit aut quando ponit secundum modum;
dicens, quod aliquando contingit fieri seditionem, quando aliqui magni et non
minus virtuosi quam principantes inhonorantur a principantibus aliis inhonorationibus
non decentibus eos. Indignati enim movent seditionem: sicut Lysander cum
esset magnus et non minor quam alii principantes, cum inhonoraretur a
regnantibus, movit seditionem. |
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[89716] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 3 Deinde cum dicit adhuc quando ponit tertium modum. Et
dicit, quod iterum fit seditio in statu optimatum et transmutatio quando est
aliquis virilis et prudens, qui secundum suam aestimationem non participat
principatu. Talis enim reputans se contemptum, movet seditionem; sicut
Cynadon, qui cum esset subditus Agesilao, virilis existens, ordinavit quod
insurrectio fieret contra Spartiatas, et hoc modo eos opprimere tentavit. |
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[89717] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 4 Deinde cum dicit adhuc quando ponit quartum modum;
dicens, quod aliquando fit seditio in statu optimatum quando aliqui sunt
valde pauperes, alii valde divites. Tunc enim contingit quod pauperes
invidentes divitibus movent seditionem contra illos; et hoc maxime fit
tempore belli; propter quod contingit fieri ut frequentius seditionem; sicut
accidit in Lacedaemonia sub bello contra Messenienses. Pauperes enim
tribulati, propter paupertatem ex bello contingentem moverunt seditionem
contra divites, et voluerunt regionem facere aequalem. Hoc autem dicit esse
manifestum ex dicto Tyrtaei poetae, qui hoc dixit in poesi dicta bona
divisio. |
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[89718] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 5 Deinde cum dicit adhuc si quis ponit quintum modum. Et
dicit quod si sit aliquis magnus, vel secundum genus, vel secundum divitias,
vel virtutem, et possit, et adhuc aptus sit fieri maior, et non habeat
monarchiam, movet seditionem. Cum enim iste sit magnus et potens et reputet
se maiorem aliis, si non principetur, reputat se contemptum, et tunc movet
seditionem, sicut accidit in Lacedaemonia. Pausanias enim qui fuerat dux
belli adversus Medos, et Hanno apud Carthaginenses cum essent magni, et non
principarentur, moverunt seditionem. |
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[89719] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 6 Deinde cum dicit solvuntur autem determinat causas et
principia seditionis et transmutationis optimatum, reipublicae mixtae et cum
hoc reipublicae. Et dividitur in duas, secundum quod assignat duos modos.
Secunda ibi, adhuc autem et cetera. Prima in duas. In prima tangit modum
illum. In secunda ostendit in quam rempublicam maxime fit huiusmodi
transmutatio, ibi, totaliter autem et cetera. Adhuc prima in duas. In prima
tangit causam secundum quam habet fieri seditio secundum istum modum. Secundo
manifestat illam, ibi, principium enim et cetera. In prima dicit, quod
corrumpuntur respublica et etiam optimatum status propter transgressionem
iustitiae, quae est in republica. Et ratio huius est, quia respublica
salvatur propter mutuam communicationem, secundum aliquam proportionem.
Huiusmodi autem communicatio secundum proportionem iustitia est: quare
respublica salvatur iustitia existente. Si ergo fiat transgressio,
corrumpitur. |
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[89720] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 6 n. 7 Deinde
cum dicit principium enim manifestat causam istam. Et dicit, quod causa et
principium quare fit transgressio iusti in optimatum statum, et in
rempublicam, est quia non bene mixtae sunt ex illis, ex quibus natae sunt
misceri; puta respublica non est bene mixta ex potentia paucorum et populari
ex quibus componitur. Optimatum vero non est bene mixta ex praedictis,
scilicet paucorum statu et populari, et cum hoc ex virtute. Maxime autem
declinant a iusto quando non bene mixtae et proportionatae sunt quantum ad
duo istorum. Dico autem ista duo, paucorum et popularem: respublicae enim
sunt maxime ex istis duabus mixtae, similiter et multae optimatum. In hoc
enim differunt respublicae ab optimatum statu, quia respublicae sunt mixtae
tantum ex duobus praedictis, optimatum status autem ex eisdem, et ex virtute,
quamvis quaedam magis ex illis duobus. Et propter hoc, quod respublica et
optimatum gubernationes sunt mixtae ex istis, et magis inclinantur ad unum
quam ad aliud, manifestum quod quaedam sunt mansivae magis quaedam minus.
Illae enim quae melius mixtae sunt, magis continuari possunt quam quae minus.
Sicut enim in naturalibus mixtum ex aliquibus, quanto melius mixtum est,
tanto plus conservatur in esse, et quanto peius mixtum est, et magis
inclinatur ad alterum miscibilium, tanto minus, sic est in rebuspublicis.
Illae enim quae bene mixtae sunt, mansivae sunt magis, et quae male, minus.
Illas autem respublicas quae declinant ad statum paucorum, vocant aliqui
optimatum statum, quia in utraque fit distributio principatus secundum
excellentiam et dignitatem aliquam virtutis et nobilitatis, et quia in
utrisque pauci principantur. Et ideo illae, quae inclinant ad statum
paucorum, dicuntur status optimatum, illae respublicae quae declinant ad
multitudinem, respublicae communi nomine dicuntur. Ex quo manifestum est,
quod respublica communi nomine nominata securior est quam status paucorum, et
quam status optimatum. Et assignat duplicem rationem, una est, quia in
republica multitudo dominatur, sed in statu paucorum et optimatum, pauci:
plus autem potest multitudo quam pauci, et fortior est: et ideo magis possunt
conservari quam aliae. Alia ratio est, quia in republica magis fit
distributio bonorum et principatuum secundum aequalitatem quam in aliis. In
aliis enim fit distributio secundum excellentiam quamdam. Homines autem
communiter plus appetunt aequale; et ideo amant plus homines communiter
rempublicam quam alias: ex quo sequitur, quod plus conservatur, et securior
est quam aliae. Si autem aliqui abundent, vel in divitiis, vel in aliis, si
respublica ad excessum inclinet, sicut status paucorum ad excessum
divitiarum, et status optimatum aliqui ad excessum generositatis, tunc
sequentes motum istius excessus faciliter iniuriabuntur, volentes superare
alios; et tunc fit transgressio iusti; quod erat probandum. |
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[89721] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 8 Deinde cum dicit totaliter autem ostendit, in quas
respublicas fit transmutatio earumdem magis. Et dividitur in duas. In prima
facit quod dictum est. In secunda manifestat dictum per exemplum, ibi,
accidit autem et cetera. In prima dicit, quod respublica totaliter aliquando
transmutatur in illam ad quam declinat magis, utrisque augentibus quod suum
est; hoc est, impetu volentium transmutare rempublicam augente inclinationem
reipublicae et inclinatione reipublicae augente impetum volentium
transmutare. Sicut respublica declinat ad statum popularem, et quandoque in
illum transmutatur. Similiter status optimatum ad paucorum statum declinat,
et in illum transmutatur. Si enim in statu optimatum mixto divites excedant,
et fiat distributio secundum excellentiam divitiarum, fit status paucorum.
Quandoque vero transmutatur in contrarium; sicut status optimatum ad
popularem, et respublica ad statum paucorum. Cum enim status optimatum
declinet ad statum paucorum, si divites excedant, tunc pauperes videntes se
gravatos, et iniusta sustinentes, insurgunt contra eosdem, et transmutant
statum optimatum in popularem trahentes ad se. Similiter respublica
transmutatur in statum paucorum, quandoque vero in statum popularem. Sola
enim illa bene mansiva est, in qua observatur aequale secundum dignitatem, et
traditur unicuique quod suum est. Si igitur in republica communi nomine
dicta, plus attribuatur pauperibus quam divitibus, et divitibus non
attribuatur secundum suam dignitatem, insurgunt divites contra rempublicam,
et transmutant eam in statum paucorum. |
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[89722] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 6 n. 9 Deinde cum dicit accidit autem manifestat quoddam
dictum per exemplum, quod scilicet respublica transeat ad rempublicam ad quam
declinat. Et dicit, quod illud quod dictum est accidit in Thuriis civitate.
In illa enim fiebat distributio principatus secundum quamdam honorabilitatem
generis vel divitiarum magnam, ita quod pauci attingebant ad ipsum, et
postmodum contigit quod mutata fuit, et plures erant principantes, et quod
non fiebat distributio principatus secundum tantum honorabilitatem, et
secundum minorem. Cum insignes et divites principarentur, respublica erat
magis paucorum, et ideo poterat facere excessum. Postmodum cum populus esset
exercitatus in bello, factus fuit potentior et valentior, et insurrexit
contra illos insignes et principantes, et maiores habens divitias, et
compellens eos dimittere regionem, mutavit rempublicam in statum popularem. |
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[89723] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 10 Deinde cum dicit adhuc quia ponit secundum modum
seditionis et transmutationis status optimatum. Et primo ponit illum modum.
Secundo manifestat per quoddam exemplum, ibi, propter quod et Locrorum et
cetera. In prima dicit, quod iterum fit seditio et transmutatio in statu
optimatum, quia omnis status optimatum mixtus, magis est status paucorum; et
ideo divites plus habent de bonis communibus quam pauperes. Causa autem quare
in statu optimatum plus attribuatur divitibus, est, quia in statu optimatum
distributio bonorum, secundum dignitatem virtutis fit; ita quod qui plus
participant virtute plus recipiunt de bonis communibus. Sed divites plus
attingunt ad virtutem, vel videntur attingere, quam pauperes. Habent enim
illud per cuius defectum egeni iniuriantur, scilicet divitias. Et ideo in
statu optimatum plus recipiunt divites quam pauperes. Sicut accidit in Lacedaemonia.
In illa enim civitate pauci fuerunt divites et habentes substantias et
attingentes ad principatum. In republica etiam illa licet facere insignibus
quicquid volunt, et curare de quocumque voluerunt. Ex hoc enim quod egeni vident divites plus recipere de
bonis communibus quam ipsi recipiunt, invident, et contristantur, et
insurgunt contra eos; et contingit quod mutent rempublicam, et sic status
optimatum mixtus mutatur in statum popularem. |
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[89724] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 6 n. 11 Deinde
cum dicit propter quod manifestat per quoddam exemplum. Et dicit quod propter
hoc contigit quod civitas Locrorum destructa fuit. In civitate enim ipsorum
divites plus recipiebant quam pauperes, et ex hoc mota fuit seditio in
civitate, et insurrexit multitudo contra divites, et assumens sibi in
principem Dionysium transmutavit statum optimatum. Postmodum ille
tyrannizavit, ex quo civitas illa destructa fuit. Hoc autem non contingeret
in statu populari et optimatum bene mixto. Quare manifestum est quod status
optimatum mixtus ex hoc corrumpitur quod divites plus recipiunt quam
pauperes. |
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[89725] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 12 Deinde cum dicit maxime autem declarat propter quam
causam latent transmutationes status optimatum et reipublicae. Et primo ponit
rationes. Secundo manifestat per exemplum, ibi, accidit autem hoc. In prima
dicit, quod transmutationes status optimatum, vel ipsi status optimatum cum
transmutantur maxime latent, quia paulatim et secundum modica corrumpitur;
quod fuit dictum prius, ubi dictum fuit de causa transmutationis cuiuslibet
reipublicae universaliter. Transgressio enim eius quod est modicum causa est
transmutationis; quia quando fit transgressio secundum modicum ad eo quod
exigitur ad rempublicam, quia modicum est, non curatur. Item cum transgressio
secundum aliud modicum fit, negligitur. Sic autem procedendo paulatim
permittitur maiores motus negligendo quousque moveant totam rempublicam. Sicut enim videmus
in actibus moralibus quod unus actus inclinat ad consimilem actum, et
exercitium inducit inclinationem ad consimiles actus, sic est in
rebuspublicis quod quando praetermittitur illud quod est necessarium ad
rempublicam, iste defectus inclinat ad consimilem actum. Et sic tamdem per
processum continuum inducitur tanta inclinatio ad contrarium reipublicae,
quod corrumpitur. Quia igitur
secundum modica fit ista corruptio et paulatim, non apparet. |
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[89726] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 13 Deinde cum dicit accidit autem manifestat quod dictum
est per exemplum. Et dicit, quod respublica Thuriorum per hunc modum
destructa fuit, paulatim scilicet et secundum modica. Nam cum ibi esset lex
quod nullus posset tenere praeturam nisi per quinque annos, contigit quod
quidam facti fuerunt bellicosi et fortes et benivoli multitudini deputatae ad
custodiam: contemnentes autem utilitates civitatis et credentes quod possent
cum multitudine obtinere quod volebant, conati sunt destruere istam legem et
suaserunt multitudini quod iidem possent tenere ducatum exercitus per totam
vitam. Consiliarii autem principantes habentes potestatem super institutione
legum et destructione cum moverentur ad contradicendum, finaliter tamen
persuasi sunt istud concedere, et consideraverunt quod circa alias partes
reipublicae de cetero nihil immutarent. Postmodum conati isti fuerunt
destruere aliam legem, et persuaserunt multitudini cui erant benevoli. Cum
autem principantes vellent resistere, non potuerunt, immo totus ordo reipublicae
paulatim et secundum modica corruptus est et transmutatus in potentatum
paucorum et dominium eorum qui conati fuerunt insolescere a republica
inexistente prius et destruere ipsam. |
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[89727] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 6 n. 14 Deinde cum dicit omnes autem concludit quiddam
universale quantum ad omnes respublicas. Et dicit, quod omnes respublicae
corrumpuntur vel ex seipsis propter dissensionem civium, vel ab aliqua causa
extrinseca. Quando enim est respublica contraria extra vel prope civitatem
vel longe, quae potentiam habet supra civitatem illam, corrumpit istam
propter contrarietatem. Unum enim contrarium natum est dissolvere aliud.
Sicut accidit apud Athenienses et Lacedaemonios. Cum enim Athenienses
haberent rempublicam popularem, ubique destruebant statum paucorum, et
mutabant in statum popularem. Et Lacedaemonii cum statum paucorum haberent,
ubique corrumpebant statum popularem, et mutabant in statum paucorum. Et tunc
recapitulat dicens, quod unde fiunt transmutationes et corruptiones
rerumpublicarum fere dictum est. |
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Lectio
7 |
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[89728] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 1 Postquam philosophus declaravit causas et principia
corruptionis et transmutationis rerumpublicarum et in universali, et in
particulari, determinat in universali et in particulari causas et elementa
per quae salvantur. Et primo dat intentum suum. Secundo prosequitur, ibi,
primo quidem igitur et cetera. Est autem intelligendum, quod in dando
elementa, per quae salvantur respublicae, non procedit sicut processit
superius in dando causas destructionis earum: quia superius primo dedit
causas corruptionis et transmutationis rerumpublicarum in universali, secundo
in particulari secundum unamquamque rempublicam divisim. Sed hic sic non
facit: sed simul dat elementa per quae salvatur unaquaeque respublica in
generali et in particulari. Dans igitur intentionem suam dicit, quod postquam
determinatum est de causis et principiis transmutationis uniuscuiusque
reipublicae in universali et particulari, consequenter determinandum est de
salvatione uniuscuiusque reipublicae, determinando quae sunt elementa, et in
universali et in particulari, per quae salvantur. |
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[89729] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 2 Deinde cum dicit primo quidem prosequitur. Et dividitur
in duas. In prima ostendit unde possunt accipi elementa per quae salvantur
respublicae. Secundo accipit ipsa, ibi, in bene autem temperatis et cetera.
In prima dicit, quod primo istud manifestum est, quod si habemus, quae sunt
causae et principia per quae corrumpuntur respublicae, habemus quae sunt
causae et principia per quae salvantur. Et ratio huius est, quia contrariorum
contraria sunt principia. Sed corruptio et salvatio sunt contraria; ergo
habent contraria principia. Si ergo habemus quae sunt principia
transmutationis et corruptionis rerumpublicarum habemus quae sunt principia
salvationis, quoniam contraria. |
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[89730] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 3 Deinde cum dicit in bene autem accipit huiusmodi
principia. Et est intelligendum, quod respublica potest corrumpi vel destrui
corruptione propinqua, vel remota. Et secundum hoc dividitur in duas. In
prima dat elementa quae praeservant rempublicam a corruptione remota magis. Secundo
dat elementa quae praeservant eam a corruptione propinqua magis, ibi,
salvantur autem et cetera. Circa primam intelligendum, quod respublica potest
corrumpi corruptione remota tripliciter. Primo propter negligentiam eius quod
parvum est. Secundo propter persuasionem adulatorum. Tertio
propter malum modum ordinis reipublicae. Et secundum hoc dividitur pars ista
in tres. In prima dat elementa per quae salvatur a corruptione quae est per
negligentiam eius quod est parvum. Secundo illa per quae salvatur a
corruptione quae est per adulationem. Tertio illa per quae salvatur ab ea
quae est propter malum ordinem. Et
incipit secunda ibi, deinde non credere et cetera. Tertia ibi, adhuc autem
videre et cetera. In prima dicit, quod in omnibus rebuspublicis bene mixtis
hoc oportet observari, quod non fiat transgressio in aliquo; et maxime quod
non fiat secundum hoc quod est modicum. Aliquando enim contingit, quod
subintrat talis seditio, quae fit secundum modica, et latet propter eius
paucitatem, vel non curatur. Et si negliguntur huiusmodi praevaricationes,
facient unam magnam praevaricationem, quae corrumpet rempublicam. Sicut enim
parvae expensae frequenter factae corrumpunt totam substantiam alicuius, sic
parvae et modicae praevaricationes frequenter factae corrumpunt totam
rempublicam. Huiusmodi autem corruptio latet saepe, quia non fit simul et
secundum magna, sed fit paulatim et secundum modica. Mens enim quandoque
paralogizatur, huiusmodi enim parvae praevaricationes paralogizantur ipsam,
sicut quaedam oratio sophistica. Arguit enim sic penes seipsum. Si unaquaque
praevaricatio parva est, et omnes parvae sunt: sed istud verum est uno modo,
alio modo non est verum: quia totum et omnia simul sumpta, non sunt parva,
sed divisim sumpta parva sunt. Dicendum est igitur, quod ly omnes potest
teneri collective vel divisive: si divisive, vera est: omnes enim
praevaricationes divisim sumptae parvae sunt: si collective, falsum est;
omnes enim coniunctae non sunt parvum quid, sed magnum. Et tunc concludit
quod unum elementum est, ut caveatur ne fiat aliqua transgressio vel
praevaricatio. |
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[89731] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 4 Deinde cum dicit deinde non ponit documentum quod
praeservat a corruptione quae fit per persuasionem adulatorum. Adulatores
enim suadent multitudini quae placent illi; et non suadent propter bonum
multitudinis, sed propter bonum suum. Unde contingit quod talia quandoque
suadent ex quibus corrumpitur respublica; et ideo dicit philosophus, quod
deinde cavendum est ne aliquis credat adulatoribus qui coniungunt se
multitudini gratia sophismatis, hoc est ut decipiant. Quod autem istis non
sit credendum, apparet, nam ex operibus possunt argui. Secundum autem quod
dicit philosophus decimo Ethicorum, de his quae sunt in passionibus et
actionibus sermones minus sunt credibiles operibus. Et ideo si suadeant
aliquid et faciunt contrarium, magis credendum est operibus ipsorum quam
persuasionibus. Quae autem et qualia sunt per quae apparenter adulatores
decipiunt, dictum est prius. |
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[89732] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 5 Deinde cum dicit adhuc autem ponit tertium elementum
quod praeservat a corruptione quae est propter inordinationem vel in seipsis,
vel in aliis. Et primo proponit quoddam manifestum contingens in multis.
Secundo ex illo concludit elementum suum, ibi, propter quod si plures et
cetera. In prima dicit, quod iterum manifestum est et potest videri quod
quaedam respublicae mansivae sunt, non quia sint recte ordinatae, sicut
status optimatum simplex; sed quia principantes bene utuntur, et his quae
sunt in republica, et his quae sunt extra. His autem quae sunt sub republica,
non faciendo iniustitiam contra illos qui sunt extra rempublicam et in
vocando ad rempublicam eos qui sunt principaliores et meliores in
multitudine, et non faciendo iniuriam quae est per dehonorationem his qui
sunt ambitiosi honoris; vocando etiam populares ad officia et actus, in
quibus possint lucrari; et in bene se habendo adinvicem et populariter, ita
quod principantes aequaliter inter se recipiunt. Sicut enim populares
quaerunt quod aequale et iustum est in republica illa, sic non solum iustum,
sed expediens est, principantes in statu paucorum aequaliter recipere; et
quando ista contingunt, dato quod respublica non sit recte ordinata, mansiva
est multum. |
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[89733] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 6 Deinde cum dicit propter quod concludit elementum suum.
Et dicit, quod propter hoc, quod similes debent aequaliter recipere, si
plures sint similes et aequales in republica, plura sunt introducenda, quae
in statu populari statuta sunt et ordinata. Verbi gratia, lege statutum est
in statu populari, quod principatus sint breves, puta sex mensium, vel
alicuius parvi temporis, et non amplioris: et istud accipiendum est, si sint
plures similes in republica. Et rationem eius duplicem assignat. Prima est,
quod ubi sunt similes, oportet aequaliter recipere; ergo ut omnes possint
attingere ad principatum, oportet accipere legem illam: sic enim omnes poterunt
attingere ad principatum; quia ex quo non durabit principatus nisi per sex
menses, multi poterunt succedere in eo. Hoc autem quod similes aequaliter
recipiunt, populare est; et ideo in republica in qua sunt plures similes,
aliqua popularia ordinanda sunt: propter quod in talibus, in quibus sunt
multi similes, fiunt duces populi, sicut dictum est prius. Alia ratio est,
quia si statuatur quod principatus non duret nisi per sex menses, tunc status
paucorum et optimatum minus incident in potentiam, idest in aliam speciem
status paucorum, in quo valde pauci principantur, divites valde, et non
secundum legem. Et ratio est, quia non est facile aliquem consimiliter
malignari in pauco tempore et in multo, quoniam in statu paucorum et populi,
propter hoc fiunt tyrannides. Quia aut in utraque assumuntur illi qui
excellunt alios tyrannizantes; sicut in statu populari, duces populi; in
statu paucorum, potentes valde: aut quia illi, qui habent principatus
excellentes, multo tempore principantur. |
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[89734] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 7 Deinde cum dicit salvantur autem ponit principia per
quae salvantur respublicae a corruptione propinqua. Et primo ponit unum
commune. Secundo ponit plura specialia, ibi, adhuc insignium contentiones et
cetera. In prima dicit, quod non solum salvantur respublicae quia sunt
remotae a principiis corrumpentibus ipsas; sed etiam quandoque salvantur,
quia sunt prope; et hoc, quia qui timent de transmutatione reipublicae tenent
eam quantum possunt. Et ideo principantes qui curam habent de republica
oportet ordinare et praeparare timores, ut possint conservare rempublicam et
nihil corrumpatur eorum quae ad rempublicam ordinantur: sicut debent ordinare
propter conservationem reipublicae ut civitas custodiatur de nocte, et
praefingere quod illud quod longe est, sit prope, ut quod inimici sint prope;
et debet praecipere quod sint parati ad arma; quia cives et etiam populares
videntes talia timebunt, et observabunt melius rempublicam. |
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[89735] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 8 Deinde cum dicit adhuc insignium ponit documenta
specialia. Et est intelligendum quod respublica corrumpitur aliquando propter
honores, vel inhonorationes, aliquando propter insolentias civium, aliquando
propter lucrum vel damnum, aliquando propter impotentiam, aliquando
corrumpitur propter ineruditionem et inassuefactionem. Et secundum hoc ista
pars dividitur in quinque. In prima ponit documenta quae praeservant a
corruptione quae fit propter honores vel inhonorationes. In secunda ponit
documentum quod praeservat a corruptione quae fit propter insolentias civium,
ibi, quoniam autem et propter proprias. In tertia ponit documentum per quod
praeservatur respublica a corruptione quae fit propter damnum et lucrum, ibi,
maximum autem. In quarta ponit documentum quod praeservat a corruptione quae
est propter impotentia, ibi, et quod saepe dictum est. Quinto ponit
documentum quod praeservat a corruptione quae accidit propter ineruditionem
et inassuefactionem, ibi, et maxime quidem tentare. Prima in tres: quia
respublica potest tripliciter corrumpi propter honores et inhonorationes.
Primo propter contentionem eorum qui sunt honorabiles in civitate. Secundo propter
distributionem honorum. Tertio propter intentum honoris praeter proportionem.
Et secundum hoc dividitur in tres. In prima ponit documentum quod praeservat
a corruptione quae fit propter contentionem eorum qui sunt honorabiles in
civitate. Secundo ponit documentum quod praeservat a corruptione quae fit
propter distributionem honorum, ibi, ad eam autem. Tertio ponit documentum
quod praeservat a corruptione quae fit propter incrementum honoris praeter
proportionem, ibi, commune. In
prima dicit quod cum respublica aliquando corrumpatur propter contentionem
insignium, et eorum qui sunt honorabiles, cavendum est per leges et per alia
statuta ne accidant tales contentiones; et si acciderint, curandum est
qualiter possint sedari. Similiter cavendum est, quod illi qui non sunt in
contentione, non ponantur in ipsa. Ista enim est principium multorum magnorum
malorum. Ad civem autem pertinet cognoscere malum in principio, non ad
quemcumque alium: et ideo in principio cives debent obviare huic contentioni:
quia secundum quod dictum est superius, contentiones divitum valde de facili
invalescunt. |
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[89736] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 9 Deinde cum dicit ad eam autem ponit secundum documentum
quod praeservat a corruptione quae fit propter distributionem honorum: et
dividitur in duas. In prima ponit elementum. In secunda tangit inconveniens
quod accidit propter defectum huius, ex quo apparet ratio dicti, ibi, in
oligarchiis enim. In prima intelligendum, quod respublica omnis in principio
instituta fuit in aliquo ordine, ut quod principatus duret per annum vel biennium,
et quod habentes tantas divitias, vel tantum honorati, attingant ad
principatum, vel aliud huiusmodi. Contingit autem recedere ab isto ordine vel
secundum excessum, vel secundum defectum: remanente tamen illa republica.
Dicit igitur quod, cum in republica aliquando fiat transmutatio propter
honorabilitatem, sicut in statu paucorum et republica secundum intentionem et
remissionem, et hoc manente eadem republica, expedit considerare ordinem, qui
nunc est in civitate, conferendo ad statum in quo respublica fuit instituta a
principio: puta si in aliqua fuit institutum in principio, quod principatus
duraret per annum, considerare ad istud tempus; in maioribus autem ad
triennium vel ad quinque annos. Et tunc considerandum est, si excessus ab
illo quod fuit a principio institutus sit multiplex, et si defectus sit
submultiplex. Et si quidem recessus sit multiplex, remittendus est: et si sit
defectus, intendendus est secundum proportionem debitam secundum primam
institutionem, lege posita quod liceat intendere et remittere honorabilitates
quando videbitur faciendum. |
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[89737] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 10 Deinde cum dicit in oligarchiis ostendit inconveniens
quod accidit propter defectum huiusmodi. Et dicit quod ubi ita fiat sicut
dictum est in statu paucorum et respublica, continget rempublicam transmutari
in paucorum potentiam; et paucorum potentiam magis remissam in speciem illam
quae dicitur potentatus, in qua principantur valde divites et secundum
sententias proprias, non secundum legem quae pessima est: et hoc, si fiat
excessus secundum superabundantiam; si autem fiat remissio, ex republica fiet
status popularis; ex paucorum vero, respublica vel popularis status. |
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[89738] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 11 Deinde cum dicit commune autem ponit elementum quod
praeservat a corruptione quae est propter incrementum honoris praeter
proportionem: et dividitur in duas. In prima ponit documentum. In secunda
adiungit aliud secundum documentum, quod praeservat a corruptione quae est
propter excessum potentiae, ibi, et maxime quidem. In prima dicit quod istud
est commune in statu populari et paucorum, et universaliter in omni republica
ad salvationem, quod non permittatur aliquis crescere secundum aliquam dignitatem
praeter proportionem vel dignitatem; sed dandi sunt parvi honores secundum
multum temporis magis, quam magni valde et secundum breve tempus. Et ratio
huius est: quia civitates propter huiusmodi excellentias praeter
proportionem, corrumpuntur. Iterum non omnes possunt ferre bonam fortunam:
hoc enim est virtuosi: sicut enim dicit philosophus in quarto Ethicorum, sine
virtute non est facile ferre moderate bonas fortunas. Et ideo si dentur
alicui non virtuoso honores praeter proportionem ad alios, et ad dignitatem
ipsius, gravabit eos, et destruet civitatem. Si autem non fiat ita semper,
sed dentur alicui a casu, vel propter aliquam causam tales honores, et simul
non simul auferendi sunt omnes: sed paulatim, et secundum modica: paulatim
enim adimentes nihil videbitur sibi adimere; modica enim parum reputantur. |
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[89739] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 12 Deinde cum dicit et maxime ponit documentum, quod
praeservat a corruptione, quae est propter excessum potentiae, propter similitudinem
ad praecedens. Et dicit, quod maxime ordinandum est a legibus, vel alio
quocumque convenienti, quod nullus fiat multum excellens praeter proportionem
in potentia, nec amicorum, nec pecuniarum: tales enim potentiae de facili,
sicut dictum est in tertio huius, possent corrumpere civitatem: si autem non
sic ordinetur semper, sed contingat aliquem vel aliquos excedere alios in
potentia, tunc ordinandum est, quod habeat mansionem divisam a civitate, quia
tunc minus poterit gravare civitatem. |
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[89740] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 13 Deinde cum dicit quoniam autem tangit documentum, quod
praeservat a corruptione, quae fit propter insolentias civitatis. Et quia
exultatio et elatio propinquae sunt insolentiae, quae est ab elatione,
adiungit elementum contra exultationem et elationem, ibi, et quod iucundum.
In prima intelligendum est, quod vita uno modo dicitur anima, quae est
principium operationis, secundum quod dicimus, anima et vita sunt idem: alio
modo dicitur vita operatio, cuius anima est per se principium. Tertio modo
dicitur conversatio in qua aliquis assuetus est, et quae delectat ipsum: et
sic accipit hic philosophus vitam: et dicit, cum cives insolescant et
declinent a republica propter proprias vitas, oportet ordinare quemdam
principatum, qui consideret quis insolenter vivit in civitate, et nocivus est
ad rempublicam; sicut sunt illi, qui multum expendunt in civitate et nescitur
unde habeant: ut puta in statu populari, qui nocui sint: similiter etiam in
statu paucorum, et sic de aliis rebuspublicis. Si enim tales dimittantur,
erit detrimentum civitatis. Cum enim nimis expendant cum substantia eorum
finita sit, oportebit eos iniuriari et accipere ab aliis. |
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[89741] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 14 Deinde cum dicit et quod adiungit aliud documentum
contra exultationem et elationem. Et dicit, quod cum per exultationem et
elationem accidant dissensiones in civitate, et insolentiae, diligenti
remedio providendum divisim, et sigillatim observandum est. Si enim
dimittantur qualitercumque se habere, ut voluerint, in huiusmodi ludis et
exultationibus, fient ad reipublicae bonum cives insolentes, et bona sua
expendent secundum quod non oportet. Unde accidet, quod oportebit accipere
undecumque: et propter hoc cavendum est qualiter fiant. Est autem remedium ad
hoc, quod semper in huiusmodi actionibus et elationibus accipiantur partes
oppositae, et virtuosi ponantur cum multitudine, ut per virtutem multitudinis
excessus reprimatur. Similiter ponendi sunt pauperes cum divitibus, ut
excessus eorum adinvicem reprimatur. Et si multitudo misceatur cum divitibus,
adiungendi sunt medii. Et si una pars vellet excedere, alia pars cum mediis
reprimet eam: per hoc enim destruuntur seditiones, quae fiunt propter
inaequalitatem: quia si divites velint excedere, egeni turbantur
contristantes, et seditionem procurant; per medios autem istud saepe sedatur.
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[89742] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 7 n. 15 Deinde cum dicit maximum autem tangit elementum quod
praeservat a corruptione quae est propter damnum et lucrum; et dividitur in
duas partes. In prima ponit elementa specialia praeservantia a corruptione,
quae est propter damnum et lucrum. In secunda ponit documentum magis
generale, ibi, simpliciter autem quaecumque in legibus et cetera. Prima in
duas. In prima facit quod dictum est. In secunda ostendit quod exiguntur ad
perfectionem principatus ratione cuiusdam dicti, ibi, tria autem quaedam
oportet. Prima in duas. In prima ponit elementum generale quantum ad omnes
respublicas. In secunda ponit elementa particularia quantum ad quasdam
determinate, ibi, oportet autem in democratiis. Prima in duas. In prima ponit
documentum. In secunda manifestat, ibi, hoc autem maxime in oligarchiis et
cetera. In prima dicit, quod documentum maximum in omni republica ad
salvandum ipsam est ordinare et videre, ne principatus sit lucrativus: quod
potest exponi dupliciter. Uno modo, quod principatus non vendatur; quia si
venderetur, tunc qui plus haberet in pecuniis, plus haberet de principatu,
quod est inconveniens. Alio modo potest sic exponi, quod principatus non sit
lucrativus, hoc est quod principans ex principatu non lucretur. |
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[89743] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 7 n. 16 Deinde cum dicit hoc autem manifestat ex utilitate quae
sequitur in paucorum et populari statu. Et ideo primo ostendit quod huiusmodi
documentum sit utile. Secundo qualiter potest fieri quod principatus non sit
lucrativus, ibi, et ubi non furentur. Prima in duas. Primo manifestat ex
utilitate quae sequitur in paucorum statu. Secundo ex utilitate quae sequitur
in populari et optimatum statu, ibi, singulariter autem est. In prima dicit,
quod istud documentum maxime expedit in paucorum statu; quia si divites principantur,
et nihil lucrentur propter principatum, tunc populares si excludantur a
principatu, non indignabuntur nec tristabuntur, immo gaudebunt si
permittantur vacare circa propria negotia. Si autem credant quod ex
principatu lucrentur aliqua furantes bona, tristabuntur propter duo. Primo,
quia non participabunt principatu, et tunc reputabunt se inhonoratos.
Secundo, quia non habebunt lucrum sicut alii, et tunc movebunt seditiones
contra divites. Quare manifestum est, quod expedit multum in paucorum statu ordinare
principantes ex principatu nihil lucrari. |
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[89744] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 17 Deinde cum dicit singulariter autem manifestat ex
utilitate quae sequitur in optimatum et populari statu: et dividitur in duas
secundum duas utilitates quas ponit. Secunda ibi, quare accidit et cetera. In
prima dicit, quod si istud statuatur, scilicet quod principantes nihil
lucrentur ex principatu, contingit eamdem rempublicam simul esse optimatum et
popularem: si enim hoc statutum fuerit, et insignes et divites et populares
habebunt ea quae volunt habere: hoc autem pertinet ad popularem statum,
scilicet quod omnibus liceat principari. Quod autem insignes principentur,
pertinet ad optimatum statum. Ista autem contingent si nihil lucrentur ex
principatu: quia pauperibus licebit principari: sed nolunt eo quod non est
lucrum: sed magis volunt vacare circa propria negotia. Sed divites poterunt
principari, quia non indigent bonis communibus, nec propter curam propriam
poterunt impediri. Quare manifestum est, quod utrique habebunt quae volunt:
his autem sic se habentibus, bene simul salvantur popularis et optimatum
status. Quare manifestum est, quod expedit ordinare, quod principantes nihil
lucrentur ex principatu. |
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[89745] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 7 n. 18 Deinde
cum dicit quare accidet ponit secundam utilitatem. Et dicit, quod si ita
ordinetur quod nihil lucrentur divites ex principatu, accidet, quod egeni
erunt divites, quia poterunt curare de propriis. Insignes autem non
subiicientur deterioribus. Hoc autem maxime appetunt isti, scilicet non
subiici, illi vero divites fieri: quare erit pax et concordia in civitate:
haec autem sunt causa salutis civitatis: quare manifestum est, quod expedit
sic ordinari, quod nihil lucrentur ex ipso principatu. |
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[89746] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 19 Deinde cum dicit et ubi non declarat qualiter contingit
fieri principatus non lucrativos, per duo documenta. Et dicit quod ne
principantes furentur bona communia, ordinandum est, quod communis pecunia
tradatur in praesentia omnium civium, et quod habeantur rescripta, sive
literae super his quae reponentur apud societates, vel contubernia, vel
aliquas tribus: sic enim non poterunt furari de bonis communibus. Secundum
documentum est, quod loco lucri ordinentur honores qui fiant eis, et
reverentiae: puta si veniat ad civitatem, quod recipiatur cum magna
reverentia et solemnitate: et alia huiusmodi: sic enim minus appetent bona
communia. |
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[89747] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 7 n. 20 Deinde
cum dicit oportet autem ponit elementa particularia, per quae salvantur
popularis et paucorum status a corruptione quae est a divitibus et propter
damnum. Et primo ponit illa documenta. Secundo declarat quod expedit
utrisque, scilicet populari et paucorum statui, ibi, expedit autem. Prima in duas. Primo
ponit documentum quantum ad popularem statum. Secundo quantum ad paucorum,
ibi, in oligarchia autem. In prima
dicit, quod ut salvetur popularis status, oportet non solum quod possessiones
non sint aequales, sed plus habeant divites quam pauperes: immo etiam de
fructibus oportet quod non sint aequales, sed quod plus participent divites;
quia aliter divites movebunt seditionem, et contingere poterit quod
corrumpetur respublica: quod patet in quibusdam rebuspublicis. Sed istud
magis est ordinandum quod nullus faciat expensas et oblationes sumptuosas et
non utiles, puta choreas et ludos, et aliae tales expensae debent prohiberi
in civitate et consimiles, quia non sunt utiles, immo sunt nocivae. |
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[89748] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 21 Deinde cum dicit in oligarchia ponit documentum quantum
ad paucorum statum: et ostendit quid oportet facere ne pauperes moveantur
contra divites. Et dicit, quod in paucorum statu oportet principantes habere
multam curam de pauperibus, et est expediens ut dentur eis principatus, ex
quibus possint aliqua habere. Et si aliquis dives iniuriatus fuerit alicui
pauperi, magis puniatur quam si alicui diviti: sic enim non facient pauperes
seditiones contra divites. Iterum oportet ordinare, quod haereditates
perpetuo distribuantur, et secundum genus, non secundum dominationem, et ad
tempus. Et oportet ordinare, quod unus non habeat plures haereditates quam
unam. Et ratio huius est, quia sic possessiones erunt magis aequales (quod
appetunt populares) et plures pauperes poterunt ad abundantiam necessariorum
pertingere; et si sic fiat, salvabitur magis paucorum status. |
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[89749] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 22 Deinde cum dicit expedit autem ostendit quid expedit
communiter in utraque republica: et dicit, quod hoc expedit in populari et
paucorum statu, quod si bona aliquorum per sententiam alicuius magistratus in
communi distribui debent, distribuantur illa plus illis qui non attingunt ad
rempublicam; in populari statu quidem divitibus, in paucorum vero statu
pauperibus. Verumtamen si magistratus sint in quibus sit plurimum
auctoritatis, non debent distribui illis qui non attingunt ad principatum in
populari statu, scilicet divitibus; sed debent attribui divitibus in
paucorum, multitudini in populari. Sed in omnibus aliis
istud habet veritatem, quod quae veniunt ad commune, debent distribui his qui
attingunt ad rempublicam: sic enim optime salvabitur utraque respublica. |
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[89750] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 7 n. 23 Deinde cum dicit
tria autem declarat quae requiruntur ad perfectionem principantis in
principali principatu. Et primo
facit hoc. Secundo movet quasdam dubitationes, ibi, habet autem dubitationem.
In prima dicit, quod debentem perfecte principari principali principatu, tria
oportet habere. Primum est amor principatus: oportet enim, si perfecte debeat
principari, quod diligat principatum. Et ratio huius est, quia perfecte
principans debet habere prudentiam; quia prudentia est recta ratio agibilium.
Princeps autem cum habet regere alios, oportet quod habeat rectam rationem de
agibilibus. Quare oportet quod habeat prudentiam perfectam. Sed prudentiam
non potest habere, nisi habeat appetitum rectum ad finem; hoc autem non
potest esse, nisi diligat finem, et ea quae sunt ad finem, secundum quod
huiusmodi principatus principium est eorum quae ordinantur ad finem
reipublicae. Quare manifestum est, quod bene principantem oportet habere
amorem ad principatum et rempublicam. Secundo oportet, quod habeat potentiam
respectu operum principantis, quae maxima sunt. Et hoc patet: princeps enim
habet dirigere in finem reipublicae subditos. Inter autem subditos, quidam
aut bene persuasibiles ratione; et quantum ad tales non est opus coactione:
alii autem sunt, quibus non de facili suadetur a ratione, sed sunt
inobedientes et insolentes; et pro talibus indiget potentia coactiva:
coercere autem et punire non potest, nisi habeat potentiam: quare manifestum
est, quod oportet quod habeat potentiam. Tertio oportet quod habeat virtutem:
et hoc apparet ex dictis: oportet enim principantem habere prudentiam: hoc
autem non est, nisi habeat appetitum rectum. Sed rectitudo appetitus
est per virtutem moralem. Quare oportet, quod habeat virtutem et iustitiam
secundum quamlibet rempublicam. In qualibet enim republica intenditur aequale
secundum aliquam dignitatem propriam ei: et ideo in unaquaque republica
oportet esse iustitiam secundum illam rempublicam. Et dico secundum illam rempublicam: quia non est eadem
iustitia secundum unamquamque. Et hoc apparet: ratio enim habitus ex obiecto
sumitur: obiectum vero iustitiae iustum est: ergo ratio iustitiae sumitur ex
ratione iusti. Sed iustum non est idem secundum unamquamque politiam, sed
sunt diversae differentiae eius: ergo iustitia non erit eadem secundum
unamquamque rempublicam, sed erunt diversae differentiae illius. |
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[89751] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 24 Deinde cum dicit habet autem movet dubitationes; et
dividitur in duas, secundum quod movet duas. Secunda ibi, dubitabit autem
utique et cetera. Prima in duas. In prima movet dubitationem. In secunda
solvit, ibi, videtur autem oportere et cetera. In prima dicit, quod
dubitationem habet, si unus et idem non habeat ista omnia; sed unus habeat
unum tantum, alius aliud; cui attribuetur principatus ? Verbi gratia si sit
unus qui habeat potentiam militarem, sed sit sine virtute, nequam et
reipublicae inimicus; alius autem qui sit virtuosus, et diligat rempublicam:
impotens autem, cui attribuetur principatus ? Utrum ei qui habet potentiam
militarem, sed est sine virtute et nequitiosus, et non diligat principatum;
aut ei qui virtutem habet et diligit principatum, sed non est militaris ? |
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[89752] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 25 Deinde cum dicit videtur autem solvit istam
dubitationem; et dicit, quod in electione principis oportet considerare ad
duo: scilicet ad illud quo plus possunt cives attingere ad finem principatus,
et ad illud quo minus. Et ratio huius est, quia principatus rationem sumit ex
fine; et ea quae sunt ad finem rationem sumunt ex fine. Et ideo ille est
assumendus in principem, qui habet illud secundum quod possunt magis
pertingere ad finem reipublicae. Et propter hoc in militia sive ducatu
exercitus magis considerandum est ad experientiam quam ad virtutem. Quia per
experientiam in armis, possunt magis pertingere ad finem reipublicae quam per
virtutem. Virtuosi autem minus experti sunt, ut frequenter, in talibus, sunt
tamen meliores multum. Et ideo ad talem principatum magis debet eligi ille
qui habet experientiam cum sola prudentia imperfecta, quam ille qui habet
virtutem perfectam et non habet experientiam. Sed in custodia sive in
regimine civitatis et in administratione aerarii, debet eligi ille qui habet
virtutem; quia in tali principatu requiritur magis virtus quam experientia
quam multi habent. Scientia autem
est communis omnibus: oportet enim quod habeant scientiam principes et in
ducatu exercitus, et in regimine civitatis: aliter enim non possunt dirigere
in finem intentum ea quae sunt ad finem. |
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[89753] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 26 Deinde cum dicit dubitabit autem movet secundam
dubitationem. Et primo movet eam. Secundo solvit, ibi, aut quia et cetera. In
prima dicit, quod dubitabit aliquis, siquis diligat rempublicam et potentiam
habeat, ad quid necessaria est virtus ? Non enim videtur quod sit necessaria;
quia per alia duo, scilicet potentiam et amorem, videtur quod possint fieri
ea quaecumque expediunt ad principatum. |
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[89754] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 27 Deinde cum dicit aut quia solvit dubitationem; et
dicit, quod cum potentia et amore ad principatum requiritur virtus si debeat
bene et perfecte regi: quia habentes potentiam civilem et amorem reipublicae,
contingit esse sicut incontinentes, hoc est sic esse dispositos ad
rempublicam, sicut incontinens est ad seipsum; ergo sicut erat de
incontinente, sic est de istis. Nunc autem sic est quod incontinens; quamvis
habeat rectum iudicium et scientiam de agibilibus et amorem sui, nihilominus
tamen prosequitur concupiscentias et motus passionum. Et sic non proficit ei
scientia quam habet de agibilibus. Sic igitur erit de istis, quod quamvis
diligant principatum et habeant potentiam, quia tamen non habent virtutem,
per quam regulent suas operationes, deficient et male se habebunt in
principatu. |
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[89755] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 7 n. 28 Deinde
cum dicit simpliciter autem dat unum documentum generale. Et dicit, quod
simpliciter illa de quibus sunt leges quae conferunt ad rempublicam salvant
rempublicam. Leges enim sunt de conferentibus ad rempublicam: talia vero
salvant eam; et ideo de quibuscumque sunt leges salvant rempublicam. |
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[89756] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 29 Deinde cum dicit et quod postquam philosophus posuit
elementum per quod salvatur respublica a corruptione quae est propter lucrum,
nunc ponit elementum per quod salvatur a corruptione quae est propter
impotentiam. Et primo ponit elementum. Secundo adiungit aliud circa hoc
propter convenientiam, ibi, praeter haec et cetera. In prima dicit, quod
maximum et efficacissimum documentum ad salvandum rempublicam est procurare,
ut pars illa quae diligit et vult salvationem reipublicae sit valentior et
potentior quam alia quae non vult nec diligit: sic enim vel quam maxime
durabit respublica. |
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[89757] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 30 Deinde cum dicit praeter autem adiungit circa hoc aliud
documentum contra excessum a medio. Circa quod duo facit. Primo ponit
elementum. Secundo ex hoc concludit aliud quod speciale est in populari
statu, ibi, peccant autem et cetera. Prima in tres. In prima ponit
documentum. Secundo assignat rationem, cum dicit, multa enim et cetera.
Tertio cum dicit, propter hoc etc. concludit elementum declaratum. In prima
dicit, quod praeter omnia elementa quae dicta sunt, oportet non latere,
scilicet quid est medium et proportionale, per quod salvatur respublica, ut
conservetur et non fiat transgressio ab eo: excessus enim ab huiusmodi medio
causa est transgressionis factae in pluribus. |
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[89758] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 31 Deinde cum dicit multa enim assignat rationem
documenti; et dicit, quod bene oportet salvare medium, quia videmus quod
multa quae apparent esse popularia, corrumpunt popularem statum propter hoc
quod recedunt a medio. Similiter multa sunt quae corrumpunt paucorum statum,
quae videntur esse paucorum. Qui autem credunt esse virtutis opus intendere
quantumcumque ea quae videntur salvare unamquamque rempublicam, puta
credentes opus virtutis popularis esse quantumcumque intendere popularia, et
paucorum statui intendere facientia ad statum paucorum omnia quantumcumque,
declinant a medio secundum excessum et corrumpunt volentes salvare. Sicut
enim est in partibus corporis, sic est in republica. Sic autem est in
partibus corporis, quod est aliqua determinata commensuratio partium secundum
quam partes pulcherrime se habent. Sicut naris; quae si parum transgressa est
ad simum vel aquilinum, adhuc pulchra est et gratiosa in aspectu; si tamen
plus declinet ad excessum vel defectum, primo contingit declinare a media
ratione in qua manet forma naris. Finaliter autem tantum contingit declinare,
quod non contingit remanere formam naris propter excellentiam vel defectum.
Eodem modo se habet in aliis partibus corporis. Similiter se habet circa alias
respublicas: contingit enim popularem et paucorum statum esse in ordine
optimo secundum illas respublicas: si autem aliquis declinet, vel secundum
intensionem, vel secundum remissionem, faciet rempublicam peiorem. Tantum autem poterit
intendere vel remittere quod corrumpet ipsam omnino. Et sic manifestum est
quod ad salvationem reipublicae oportet considerare quid est medium in quo
salvatur respublica. |
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[89759] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 32 Deinde cum dicit propter hoc concludit elementum iam
declaratum; et dicit: propter hoc, quod quaedam popularia corrumpunt statum
popularem, et quaedam ad statum paucorum pertinentia corrumpunt paucorum
statum, oportet legislatorem et civem non ignorare quae et qualia pertinentia
ad statum paucorum, evertant statum paucorum et popularia popularem. Nulla
enim istarum potest esse sine divitibus et sine pauperibus. Sunt enim de
integritate reipublicae multitudo et divitiae: propter quod si aliquis
voluerit adaequare substantias omnino, et ita omnes aequaliter esse divites,
non remanebit eadem respublica, sed corrumpetur. Et sic manifestum est, quod
illi qui procedunt excedendo legibus ad hoc ducentibus, transmutant et
corrumpunt rempublicam. |
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[89760] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 7 n. 33 Deinde
cum dicit peccant autem ponit elementum speciale ad salvandum popularem et
paucorum statum; et dicit, quod adhuc manifestum est quod in paucorum et
populari statu est error. In populari quidem peccant ductores populi in statu
populari, scilicet in quo tota multitudo velut monarchia quadam dominatur,
non secundum legem: ductores enim pugnantes contra divites dividunt civitatem
in duo: adulantes enim multitudini movent eam contra divites: hoc autem non
est faciendum si debeat popularis status salvari: sed multitudo pro divitibus
debet videri facere quod volunt. Sic enim salvari poterunt. In paucorum statu
similiter peccat paucorum potentia opprimens multitudinem; ex quo contingit
corruptio paucorum status. Et ideo si debeat salvari, oportet paucorum
potentiam videri facere pro populo: et facere iuramenta contraria eis quae
faciunt: consueverunt enim paucorum status potentiae cum instituuntur in
principatibus iurando dicere: iuro quod populum odio habebo, et consilio
annitar, ut male habeat. Similiter in populari statu, iurat populus: malignus
ero divitibus et consulam quae illi mala esse sciam. Hoc autem non est
faciendum. Sed oportet opinari contrarium esse faciendum, et insinuare in
iuramento quod potentes paucorum non facient iniustum populo. Et populus
debet iurare quod non iniuste aget contra divites. |
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[89761] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 7 n. 34 Deinde cum dicit maximum autem ponit elementum quod
universaliter salvat rempublicam a corruptione quae est propter ineruditionem
et inassuefactionem. Et primo facit hoc. Secundo reprobat quoddam observatum
in populari statu, ibi, in democratiis autem et cetera. In prima dicit, quod
inter omnia elementa maximum et efficacissimum ad salvandam rempublicam quod
modo omnes eligunt, est, scilicet erudiri in legibus et in eis quae
ordinantur ad rempublicam, et assuefieri in illis. Ratio autem quare oportet
assuefieri in illis, est, quia illa in quibus homines sunt assueti
delectabilia sunt eis, et magis placent et magis diliguntur. Quae autem magis
diliguntur, magis salvantur. Si igitur assueti fuerint homines in his quae
sunt reipublicae, plus diligent et delectabuntur in illis, et sic
conservabunt eam. Si autem non assueti et eruditi fuerint in republica et in
legibus significantibus ordinem reipublicae, puta si degentes in paucorum
statu non fuerint assueti et eruditi legibus paucorum, et populares legibus
status popularis, nulla utilitas erit eis ex legibus bonis et gloriosis
existentibus. Sic enim continget esse in tali civitate, in qua sunt leges
optimae, et tamen cives non sunt assuefacti in illis, sicut est in
incontinente. Sic autem est in incontinente, quod quamvis habeat rectum
iudicium rationis aliquo modo; quia tamen sequitur impetum passionum, non proficit
sibi rectitudo rationis. Similiter in proposito, quamvis civitas habeat bonas
leges, si tamen non sunt cives assueti et eruditi in illis, non proficient in
eis, quia non operabuntur secundum illas. Sunt autem erudiendi et assuefacere
debent non in illis ad quae si possunt pertingere delectabuntur tam pauci
potentes quam populares; sed in illis in quibus eruditi poterunt observare
rempublicam; ut populares illis per quae poterunt vivere populares et servare
popularem statum. Paucorum potentes in illis per quae poterunt observare
paucorum statum, et vivere secundum illum. Nunc autem in civitatibus accidit
contrarium: quia in paucorum statu, filii divitum nutriti sunt in deliciis,
et inclinantur ad eas, et in illis delectantur; pauperes autem assueti sunt
in laboriosis. Propter quod manifestum est quod filii divitum et pauperum
volunt et possunt et magis vivere insolenter quantum ad rempublicam. Propter
quod manifestum est quod in talibus non sunt erudiendi. |
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[89762] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 7 n. 35 Deinde cum dicit in democratiis removet errorem
specialiter accidentem in populari statu. Et dividitur in duas. In prima
proponit ipsum et tangit rationem eius. In secunda removet, ibi, hoc autem
parvum et cetera. In prima dicit, quod in populari statu observatur aliquod
quod videtur populare: scilicet quod contrarium est ei quod confert ad
rempublicam, quod unusquisque vivat secundum quod voluerit. Et ratio huius
est, quia male definiunt liberum. Sunt enim duo secundum quae definitus est
popularis status: scilicet potestas et libertas; ut scilicet multitudo
dominetur, et secundum libertatem. Illud enim iustum dicitur quod est
aequale. Aequale autem videtur illud in statu populari esse quod videtur
multitudini. Liberum autem dicunt quod aliquis faciat quicquid voluerit.
Propter quod in populari statu quilibet vivit secundum quod vult, et secundum
quod possibile est ei, et secundum quod plus abundat, ut dixit Euripides. |
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[89763] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 7 n. 36 Deinde cum dicit hoc autem removet istum errorem; et
dicit, quod non est opinandum servitutem esse vivere secundum rempublicam;
immo libertatem et salutem. Et ratio huius est, quia secundum quod vult
philosophus, liberum est quod est causa sui vel in genere causae agentis vel
finalis. Unumquodque autem maxime dicitur illud quod est principale in eo. In
homine vero principale est intellectus. Et ideo homo est maxime intellectus
vel operatur secundum intellectum; ergo homo maxime dicitur liber cum
operatur secundum intellectum et rationem, et ad bonum sui secundum
intellectum et rationem. Cum autem vivit secundum rempublicam operatur
secundum rationem; ergo vivere secundum rempublicam non est esse in
servitute, sed libertate magis. Et tunc recapitulat; et dicit, quod principia
ex quibus corrumpuntur et transmutantur respublicae et principia ex quibus
salvantur et mansivae sunt, tot sunt quot dicta sunt simpliciter, ut est
dicere: quod dicit propter principia salvantia et corrumpentia monarchias de quibus
dicetur iam. |
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Lectio
8 |
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[89764] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 8 n. 1 Postquam
philosophus determinavit causas et principia corruptionis et salvationis
rerumpublicarum in quibus plures dominantur, determinat causas et principia
corruptionis et salvationis, in quibus unus dominatur, sicut sunt monarchiae.
Et dividitur in duas. In prima determinat quae sunt causae et principia
corruptionis et salvationis rerumpublicarum monarchiarum. In secunda ostendit
quae illarum est minoris durationis, ibi, atqui omnium et cetera. Prima in
duas. In prima praemittit intentum suum. In secunda prosequitur, ibi, existit
autem generatio et cetera. In prima dicit, quod postquam determinatum est
quae sunt principia salvationis et corruptionis rerumpublicarum in quibus
plures dominantur, restat consequenter considerandum de monarchia, quae
scilicet sunt causae et principia ex quibus corrumpitur, et quae sunt
principia et causae ex quibus nata est salvari. Illa autem quae accidunt
circa monarchiam regalem et tyrannidem, sunt similia eis quae dicta sunt de
aliis rebuspublicis. Nam regnum congruit statui optimatum. Sicut enim assumitur
princeps secundum virtutem in statu optimatum, sic in regno. Tyrannis autem componitur ex statu paucorum
ultimo, qui est pessimus inter omnes paucorum status, et populari statu
ultimo, qui similiter pessimus est inter omnes populares status: propter quod
tyrannis ipsa multum nociva est subditis, cum sit composita ex duobus malis,
et habeat peccata et transgressiones utriusque illarum. [89765] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 2 Deinde cum dicit existit autem
prosequitur; et dividitur in duas. In prima praemittit quiddam de istis
monarchiis, quarum quaedam dicta sunt prius. In secunda prosequitur de causis
corruptionis et salvationis ipsarum cum dicit, sicut igitur et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ostendit ex quibus componitur utraque monarchia.
Secundo declarat quoddam dictum de tyrannide, ibi, quod autem tyrannis et
cetera. Prima in duas. In prima facit quod dictum est. In secunda ostendit
quid intenditur in utraque, cum dicit: tyrannis autem et cetera. Adhuc prima
in duas. In prima declarat ex quibus componitur utraque monarchia, ut
appareat ex quibus corrumpitur et salvatur. In secunda declarat quoddam
dictum, ibi, sicut autem diximus et cetera. Adhuc prima in duas. In prima
ostendit ex quibus componitur regnum. In secunda ex quibus tyrannis, ibi,
tyrannis vero et cetera. In prima dicit quod utraque monarchia ex contrariis
generatur. Regnum enim factum est propter auxilium bonorum contra
multitudinem, ne multitudo gravaret ipsos studiosos; et assumitur rex ex
virtuosis excedens secundum virtutem vel in opere virtutis; vel assumitur
secundum nobilitatem generis ne isti graventur a multitudine. [89766] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 3 Deinde cum dicit tyrannus autem
ostendit ex quibus generatur tyrannis. Et primo ex quibus nunc generatur.
Secundo ex quibus generabatur, ibi, quae autem ante et cetera. Dicit igitur
quod tyrannus assumptus est a populo, et ex populo et multitudine contra
divites et insignes, ne populus molestetur a divitibus: hoc autem manifestum
est ex his quae contigerunt. Plures enim tyranni, ut est dicere, facti sunt
ex his qui erant ductores populi, quibus multum credebat populus eo quod
libenter imponebant crimina divitibus calumniantes eosdem: huiusmodi autem
tyrannides augmentatis civitatibus factae fuerunt. [89767] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 4 Deinde cum dicit quae autem ostendit
ex quibus generabatur prius. Et primo facit hoc. Secundo facilem modum
generationis ipsius ex praedictis tangit, ibi, omnibus enim inerat modis et
cetera. In prima dicit, quod antiquitus tyrannides quae factae fuerunt ante
istas, quaedam factae fuerunt ex regibus qui leges et consuetudines paternas
in quibus nutriti fuerant transgrediebantur; et qui magis volebant principari
principatu dominativo, qui est domini ad servum, volentes uti subditis
tamquam servis. Contigit enim quod aliquis secundum hunc modum existens
incepit tyrannizare et opprimere subditos, et sic ex rege factus fuit
tyrannus. Aliquando autem fuit facta tyrannis ex eis qui electi fuerant ad
principatus excellentiores et potentiores. Antiquitus enim populus instituit
multos principantes et perspectores populi sive rectores. Et istis autem
contingebat aliquos magis perversos trahere ad se dominium civitatis et
tyrannizare. Aliquando etiam facta fuit tyrannis ex paucorum potentia, viris
eligentibus unum potentem ad principatus maximos, qui postmodum tyrannizabat.
Omnibus istis modis fiebat antiquitus tyrannis. [89768] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 5 Deinde cum dicit omnibus enim tangit
facilem modum generationis ipsius tyrannidis. Et dicit, quod huiusmodi
tyrannides de facili poterant fieri ex praedictis, quia potentiam habebant.
Quidam enim principabantur principatu regali. Et manifestum est quod tales
potentiam habebant, propter quod de facili poterant fieri tyranni. Alii autem
principabantur principatu qui est secundum aliquam honorabilitatem. Tales
etiam potentiam habebant; ideo de facili poterant tyrannizare. Et
exemplificat. Quidam enim qui dicebatur Phidon apud Argum fuit tyrannus, et
quidam alii similiter principantes ex principatu regali. Illi autem qui
tyrannizaverunt circa Ioniam et Phalaris assumpti fuerunt ex statu paucorum
principatibus honorabilibus. Sed Panaetius qui tyrannizavit in Leontinis et
Cypselus qui in Corintho et Pisistratus qui Athenis et Dionysius qui
Syracusis et alii qui eodem modo fuerunt tyranni, fuerunt prius duces ex
favore populorum. Isti enim potentiam habebant. Quare manifestum est, quod
facile fuit istos esse tyrannos propter potentiam quam habebant. [89769] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 6 Deinde cum dicit sicut diximus
probat quoddam dictum. Dixerat enim quod regnum est institutum secundum
statum optimatum: hoc probatur. Et primo facit hoc. Secundo ostendit quod est
officium regis, ibi, vult enim rex et cetera. In prima dicit, quod sicut
dictum est prius, regnum est institutum secundum statum optimatum. Et hoc
apparet, quia institutum est secundum dignitatem vel virtutis, vel generis,
vel propter beneficium impensum regioni, vel propter ista simul et potentiam.
Et hoc apparet, quia omnes antiqui reges, ut ita dicatur, cum fecissent
aliquod beneficium civitati vel genti regionis, vel qui potentes fuerant
beneficiare, istum honorem receperunt quod assumpti fuerunt in regem: quidam
enim, sicut Codrus qui praeliatus fuit contra adversarios civitatis et
prohibuit ne servi essent illis, factus fuit rex. Alii autem quia
liberaverunt a servitute; sicut Cyrus factus fuit rex Persarum, quia
liberavit a servitute regis Chaldaeorum. Alii quia civitatem constituerunt;
alii quia acquisierunt regionem, sicut reges Lacedaemoniorum, et Macedonum,
et Molossorum. [89770] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 7 Deinde cum dicit vult enim ostendit
quod est officium regis. Et dicit, quod officium regis est esse custodem
iustitiae. Et vult custos esse iusti. Et ideo recurrere ad
regem est recurrere ad iustum animatum. Et hoc apparet, quia rex intendit bonum commune
custodire et servare. Haec autem non potest nisi sit custos iusti. Et ideo
officium suum est, ut sit custos iusti; ita quod habentes possessiones et
divitias nullam iniustitiam patiantur a non habentibus, nec populus sustineat
aliquam iniuriam a divitibus. [89771] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 8 Deinde cum dicit tyrannus autem
ostendit quis est finis in utraque monarchia: ex quo apparet una differentia
inter ipsas. Et primo ostendit quid utraque intendit. Secundo manifestat per
effectus, ibi, propter quod supergressionum et cetera. In prima dicit, quod
tyrannus non intendit bonum commune, sed intendit proprium. Et ratio huius
est, quia tyrannus intendit delectationem secundum sensum; et ideo appetit
illud per quod existimat se habere eam: hoc autem est superexcessus
pecuniarum: propter quod intendit pecunias acquirere, credit enim per
pecunias habere omnia: rex autem intendit bonum commune. Illum enim dicimus
regem qui principatur propter bonum multitudinis. Talem autem oportet esse
virtuosum, et ita nolle iniuriari subditis. Oportet ipsum esse divitem, ne
aliquid iniuste accipere a subditis compellatur. [89772] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 9 Deinde cum dicit propter quod
manifestat quod dictum est, per effectus. Et dicit, quod propter hoc quod
tyrannus appetit delectationes propter quas appetit pecunias, manifestum est
quod excessus insuper accipiendo pecunias, tyrannici sunt. Intendunt enim
tyranni bonum proprium non commune. Sed supergressiones honorum regales sunt
magis. Et ratio huius est, quia rex debet esse excellens secundum virtutem,
excellentiae vero virtutis debetur excellentia honoris. Et ideo ad regem
pertinet habere excellentes honores; et magis supergressionem honorum quam
pecuniarum. E contrario autem est in tyranno. Et propter hoc idem etiam
custodia regalis est civilis, sed tyrannica est per extraneos. Et ratio huius
est, quia rex dominatur subditis illis volentibus. Et ideo confidit de ipsis,
propter quod custoditur ab eis; tyrannus autem cum opprimat eos, dominatur
eis illis nolentibus; et ideo non confidit in eis, propter quod custoditur ab
extraneis. Posset etiam aliter introduci illa pars tyrannus autem ut diceret
quod intendit assignare differentias inter regnum et tyrannidem; et dividitur
in tres propter tres differentias quas ponit. [89773] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 10 Deinde cum dicit quod autem
manifestat quoddam dictum de tyrannide. Prius enim dictum fuit quod
componitur ex duobus malis: hoc declarat. Et primo declarat quae mala habet
ex statu paucorum. Secundo quae mala habet ex statu populari, ibi, ex
democratia autem et cetera. In prima dicit, quod manifestum est quod tyrannis
accipit mala quae sunt in statu paucorum et multitudinis. Ex statu paucorum
mala haec habet: quia sicut finis status paucorum sunt divitiae, sic etiam in
tyrannide. Sicut enim dominans in statu paucorum finaliter intendit divitias,
sic tyrannus. Item tyrannus est sicut solus sine amicis, sicut dominans in
statu paucorum. Isti enim, quia opprimunt multitudinem odio habentur; et ideo
sunt soli sine amicis; sic tyrannus solus est, quia non habet amicos. Item
sicut oportet dominantes in paucis habere custodiam, quia multos inimicos
habent, et sunt sine amicis, sic oportet tyrannum custodiam habere: et quia
hoc non potest sine divitiis: ideo intendit divitias. Item oportet ipsum non
credere multitudini sicut potentatus paucorum: cum enim odio habeatur a
multitudine, non confidit in ipsa; et ideo non credit eidem; et propter hoc
prohibet multitudinem non habere arma, sicut potentes paucorum, ne possit
insurgere contra ipsum. Item habet turbam suspectam; et ideo expellit eos a
munitionibus et ponit extraneos in eisdem. Item compellit eos morari in domo
et non habere societatem adinvicem, ne possint machinari aliquid contra
ipsum. Ista igitur omnia mala communia sunt potentiae paucorum et tyrannidis. [89774] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 8 n. 11 Consequenter cum dicit ex
democratia ostendit quae mala habet ex populari statu; et dicit, quod ex
populari statu habet ista mala: scilicet impugnare divites et insignes
interficere: et hoc manifeste et occulte: utroque enim modo tyrannus
persequitur insignes. Et habet ex statu populari pugnare et relegare eos
tamquam illos qui machinantur et insidias praeparant contra principatum. A
divitibus enim et insignibus fiunt machinationes et procurantur dissensiones,
quandoque a quibusdam, quia volunt principari; a quibusdam vero, quia
procurant forte aliquos principari, non volentes sibi obtinere principatum.
Unde tyranni, multum quandoque eos persequuntur. Unde Periander dedit
consilium Thrasybulo tyranno qualiter principatus suus duraret: habuit enim
consilio ab eodem, sicut dictum fuit in tertio huius, opportunum esse
excedentes spicas evellere: per quod innuebatur quod divites et insignes
oportet interimere. |
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Lectio
9 |
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[89775] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 1 Postquam philosophus praemisit quaedam de monarchia;
prosequitur de causis et principiis corrumpentibus et salvantibus ipsas. Et
primo de corrumpentibus. Secundo de salvantibus, ibi, salvantur autem et
cetera. Prima in duas. In prima determinat de principiis corrumpentibus ipsas
in universali. Secundo determinat de principiis corrumpentibus in speciali,
ibi, corrumpuntur autem et cetera. Prima in duas. In prima proponit principia
corruptionis in universali. Secundo prosequitur in speciali magis, ibi,
insurrectionum autem et cetera. In prima dicit, quod sicut dictum est prius,
principia fere transmutationis et corruptionis rerumpublicarum eadem sunt cum
principiis transmutationis et corruptionis monarchiarum: nam regnum est
secundum statum optimatum; et ideo quae sunt principia corruptionis status
optimatum, sunt principia corruptionis monarchiae regalis. Tyrannis enim est
secundum statum paucorum et popularem ultimum; et ideo quae corrumpunt illos,
corrumpunt tyrannidem. Principia autem corrumpentia monarchias sunt tria:
contumelia, metus et contemptus. Propter enim contumeliam et timorem et
contemptum insurgunt subditi contra monarchias. Sunt autem aliquando
contumeliae propter iniuriam, quae scilicet est in persona; aliquando vero
sunt per subtractionem bonorum propriorum. Item monarchiarum et
rerumpublicarum praedictarum prius sunt iidem fines. Sicut enim intenduntur
divitiarum multitudo et magnitudo in illis, sic intenditur magnitudo
divitiarum in tyrannide et magnitudo honoris in regno. Ista autem omnes
appetunt; et ideo aliquando fit iniuria propter corruptionem. [89776] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 2 Deinde cum dicit insurrectionum
autem prosequitur de istis causis et principiis corruptionis monarchiarum. Et
primo prosequitur de illis quae sunt principia corruptionis per se. Secundo
adiungit unum principium per accidens, ibi, eorum autem et cetera. Prima in
duas. In prima determinat causas insurrectionis. In secunda ostendit qui
maxime insurgunt propter tales causas, ibi, maxime autem et cetera. Prima in
tres. In prima declarat qualiter aliquando fiunt insurrectiones contra
monarchas propter iniustitiam. Secundo qualiter propter timorem, ibi,
similiter autem et cetera. Tertio qualiter propter contemptum, ibi, hoc autem
propter. Prima in duas. Primo enim declarat quod aliquando fit insurrectio
contra monarchiam propter iniuriam quae est contumelia. Secundo quod propter
afflictionem corporis, ibi, multi autem propter. Prima in duas. In prima
proponens distinctionem insurrectionis, assignat rationem, quare contumelia
affecti insurgunt in corpus. In secunda declarat per exempla, ibi, velut
Pisistratidarum. In prima dicit, quod aliquando insurrectiones fiunt in
monarchiis in corpus principantium, aliquando contra principatum: et quae
fiunt propter contumeliam fiunt contra corpus. Et hoc patet: quia cum sint multae partes contumeliae,
quaelibet est inductiva irae, ut apparet secundo rhetoricae. Irati autem fere
moventur propter punitionem personalem magis quam propter depositionem a
principatu; et ideo manifestum est, quod insurrectiones quae fiunt per
contumeliam, sunt in corpus, non contra principatum. [89777] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 3 Deinde cum dicit velut
Pisistratidarum manifestat per exempla. Et primo de contumelia in personam
coniunctam qualiter sit causa insurrectionis in corpus monarchae. Secundo de
contumelia in personam propriam, ibi, multae autem. Primum declarat per
quinque exempla, et secundum hoc habet quinque partes. Secunda ibi, insidiati
autem sunt Periandro. Tertia ibi, quae autem Philippi. Quarta ibi, et quae
Amyntae. Quinta ibi, et quae eunuchi et cetera. In prima dicit: ita dictum
est, quod fit insurrectio contra personam coniunctam monarchiae: sicut fuit
insurrectio contra filios Pisistrati: nam cum contumeliam intulissent sorori
Armodii, et ulterius ipsum Armodium compellassent, Armodius propter sororis
contumeliam et Aristogiton propter Armodium contra illos insurrexerunt. Et sic patet quod
facta fuit insurrectio propter contumeliam in personam coniunctam. [89778] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 9 n. 4 Deinde
cum dicit insidiati sunt ponit secundum exemplum; et dicit, quod quidam qui
habitabant in Ambracia insidiati sunt cuidam qui dicebatur Periander: quia
iste Periander cum quadam vice biberet cum filiis illorum, dixit illis
pueris, si erant praegnantes ex ipso: ipse enim forte abutebatur eis; et ideo
innuebat quod illis pueris fuisset abusus; et ideo quaerebat si ex ipso erant
praegnantes: tunc alii moti propter contumeliam puerorum insurrexerunt contra
Periandrum. [89779] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 5 Deinde cum dicit quae autem ponit
tertium exemplum; et dicit, quod insurrectio quae fuit contra Philippum regem
Macedoniae, facta a quodam qui dicebatur Pausanias, facta fuit, quia
Philippus permisit Pausaniam contumeliam pati a quodam Attalo qui erat
coniunctus eidem Philippo vel consanguinitate vel officio. Fuit autem iste
Philippus rex Macedoniae, pater Alexandri magni. [89780] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 6 Deinde cum dicit et quae Amyntae
ponit quartum exemplum; et dicit, quod Amyntas occisus est a Darda, quia
iactaret se in illius aetatem et statum eius irrideret quod erat passus. [89781] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 7 Deinde cum dicit et quae eunuchi
ponit quintum exemplum; et dicit, quod Evagoras Cyprius insurrexit contra
eunuchum regem, quia eius filiam in concubinam elegerat, et interfecit illum.
Sic igitur apparet ex istis, quod contumelia facta in personam coniunctam
causa est insurrectionis contra personam monarchae. [89782] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 8 Deinde cum dicit multae autem
declarat quod contumelia facta in personam propriam causa est insurrectionis
contra personam monarchae. Et primo proponit. Secundo probat per exempla,
ibi, velut et quae Crataei et cetera. Adhuc secunda dividitur in quatuor,
secundum quod declarat per quatuor exempla. Secunda ibi, cum insurrexit autem
et cetera. Tertia ibi, Pharon autem. Quarta ibi, adamas autem. In prima
dicit, quod multae insurrectiones factae sunt contra monarchas, quia
faciebant contra contumeliam vel verecundiam in personam alicuius. [89783] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 9 Deinde cum dicit velut et quae
declarat; et dicit: ita dictum est, propter contumeliam factam in personam
propriam fiunt insurrectiones; sicut fuit facta insurrectio Crataei contra
Archelaum. Iste enim Archelaus graviter se habebat ad Crataeum colloquendo et
conversando. Causa enim quam praetendebat, etsi ut sufficiens proponebatur,
minor tamen fuit et occasionalis magis: scilicet quia Archelaus cum
promisisset Crataeo dare unam de filiabus suis, nullam voluit dare, sed
filiam primogenitam post bellum quod habuit contra Syriam et Arabiam, dedit
cuidam regi qui dicebatur Elibeas, filiam minorem dedit filio Amyntae:
credens quod cum ille esset filius Cleopatrae, non esset adversaturus. Ista
enim causa insurrectionis praetendebatur: sed causa principalis et principium
inimicitiae et separationis ab eo fuit, quia volebat eum ad concubitum
inducere. [89784]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 9 n. 10 Deinde cum dicit cum insurrexit ponit secundum
exemplum; et dicit quod Hellanocrates Larissaeus insurrexit contra eumdem
Archelaum propter causam eamdem. Cum enim sicut promiserat, eum non deduceret
et abuteretur aetate ipsius, credidit quod hoc faceret propter contumeliam et
non propter amicitiam; et ideo insurrexit contra eumdem. [89785] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 11 Deinde cum dicit Pharon autem ponit
tertium exemplum; et dicit, quod Pharon et Heraclides insurrexerunt contra
Aenii Cotyn et inferentes supplicium patri interfecerunt eum. Et hoc fuit
propter contumeliam eis factam a filio illius. [89786] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 12 Deinde cum dicit adamas autem ponit
quartum exemplum; et dicit, quod adamas recessit a Cotyo monarcha, quia cum
esset puer ille Cotys castravit eum, et tunc adamas propter iniuriam, quam
passus fuerat, insurrexit contra illum. [89787] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 13 Deinde cum dicit multi autem
ostendit quod quandoque fit insurrectio propter afflictionem in corpore; et
dividitur in partes duas. In prima proponit. In secunda manifestat cum dicit,
ut Megacles et cetera. In prima dicit, quod multi qui afflicti fuerant in
corporibus sustinentes percussiones vel vulnera insurgentes contra ipsum
monarcham destruxerunt sive interfecerunt. Alii passi iniuriam propter talem
afflictionem, invaserunt principatum et potentatum. [89788] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 14 Deinde cum dicit velut Megacles
manifestat quod dixit; et dividitur in tres; secundum quod manifestat per
tria exempla. Secunda ibi, et posterius et cetera. Tertia ibi, et
insurrectionis Archelai et cetera. In prima dicit, ita dictum est quod fiunt
insurrectiones propter afflictionem. Sicut enim in Mytilene insula Megacles
insurrexit contra quosdam convicinos suos et circumstantes, propter hoc quod
manus iniecerunt in eum, clavis pulsantes et verberantes eumdem, propter quod
cum amicis suis interfecit eos. [89789] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 15 Deinde cum dicit et posterius ponit
secundum exemplum; et dicit, quod postmodum cum Smerdes a Penthilo fuisset
verberatus et caesus ab uxore eius evasisset, insurrexit contra illum et
interfecit eum. [89790] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 16 Deinde cum dicit et insurrectionis
ponit tertium exemplum; et dicit, quod Decamnichus fuit dux et causa
principalis insurrectionis, quae fuit facta contra Archelaum, et fuit primus
exacerbans et commovens illos qui insurrexerunt in ipsum. Causa autem irae
quare alii insurrexerunt et ipse insurrexit, fuit, quia Archelaus tradidit
eum flagellandum Euripidi poetae, qui contra ipsum iratus infremuit, quia
Decamnichus dixit quod os habebat foetidum: propter hoc motus Euripides
flagellavit Decamnichum; quod fuit causa irae. Propter quod insurrexit ipse
contra Archelaum. Sic igitur multi insurrexerunt propter tales causas; et
quidam ipsorum interfecti sunt, alii graves insidias et turbationes passi
sunt. [89791] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 17 Deinde cum dicit similiter autem
declarat quod aliquando fit insurrectio propter timorem; et dicit, quod sicut
fit insurrectio propter iniuriam, sic aliquando fit propter timorem. Timor
enim est una de numero causarum insurrectionis, sicut iniuria contra
monarchas: sicut Artabanes voluit repellere Xerxen a principatu monarchico,
quia timebat ipsum propter crimen quod commiserat contra Darium, quia
suspenderat quemdam notum eius, quamvis Xerses non praecepisset, sed credebat
quod indulgeret eidem non memorans factum post comestionem, sed cum
recoluisset et voluisset punire ipsum, timens punitionem insurrexit contra
eum. [89792] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 18 Deinde cum dicit hoc autem
declarat, quod aliquando fit insurrectio propter contemptum. Et primo facit
hoc in universali. Secundo ostendit quod amici etiam quandoque propter
contemptum insurgunt, ibi, amicorum autem quidam et cetera. Dicit igitur
primo, quod fiunt insurrectiones aliquando propter contemptum, sicut quidam
videns Sardanapalum deditum voluptatibus et comessationibus, semper ludentem
cum mulieribus in palatio, nunquam exeuntem ad praelia, nec exercentem se in
venationibus (si verum est hoc de ipso, sicut dicunt fabulantes; si autem non
est verum de illo, tamen de aliquo alio poterit esse hoc verum), insurrexit
contra illum. Similiter Dion insurrexit contra Dionysium qui posterius
tyrannizavit, quia despexit eum videns ipsum semper ebrium et voluptuosum, et
videns quod cives ipsum contemnebant. [89793] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 19 Deinde cum dicit et amicorum
declarat quod amici propter despectum aliquando insurgunt contra amicos, quia
contemnunt eos: quia enim confidunt de ipsis et familiares sunt eis,
contemnunt eos quandoque credentes quod obliviscantur iniuriae illatae
propter amicitiam. Nimia enim familiaritas parit contemptum. Et quia credunt
posse obtinere principatum, et quia contemnunt, insurgunt contemnentes
periculum: unde de facili invadunt: tum quia sperant obtinere: tum quia
potentiam habent, non timentes periculum, tum quia contemnunt: sicut duces
exercitus aliquando monarchas invadunt propter causam istam: sicut Cyrus
contemnes modum vivendi Astyagis turpem et inhonestum et potentiam quae
inutilis erat ad praelia, videns ipsum delitiose vivere et praeter rationem,
insurrexit contra ipsum. Similiter autem et Seuthes dux exercitus de Thracia
provincia recessit ab Amadoco propter eamdem causam, et insurrexit contra
ipsum. Sunt etiam alii qui propter plura istorum insurgunt: et quia
contemnunt et propter lucrum: sicut Ariobarzanem Mithridates. [89794] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 9 n. 20 Deinde cum dicit maxime autem
declarat qui maxime insurgunt propter tales causas: et dicit, quod maxime qui
naturaliter audaces sunt, sicut illi in quibus est abundantia caloris et
spiritus et potentiam habent et facti sunt duces exercitus a monarchis.
Inclinatio enim ad opera virilia, sive ad audaciam et potentiam, reddunt
hominem audacem in actu; et propter ista duo quasi existimantes se
praevalere, insurgunt. |
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Lectio 10 |
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[89795] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 1 Postquam philosophus posuit principia per se
corruptionis monarchiarum, consequenter adiungit unum principium eius per
accidens. Et primo ponit causam istam sive principium. Secundo ostendit quod
pauci insurgunt propter illam, ibi, sed tamen paucissimi. In prima dicit,
quod aliqui uno modo insurgunt propter appetitum honoris. Alio modo insurgunt
quandoque quam sint modi prius dicti secundum quos aliqui insurgunt. Sunt
enim aliqui qui propter amorem honoris qualibuscumque insurgunt facientes
seditionem, non sicut alii qui invadunt eos ut obtineant divitias et honores
magnos, quos vident eos habere: conveniunt tamen in hoc hi et illi quod
exponunt se periculo et eligunt periclitari: sed propter aliam et aliam
causam. Quidam scilicet propter hoc ut obtineant divitias aut principatum aut
utrumque; alii autem ut faciant aliquam actionem singularem et notabilem,
propter quam nominati sint apud alios, non curantes nec principatum nec
divitias. [89796] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 2 Deinde cum dicit sed tamen ostendit
quod paucissimi insurgunt propter talem causam: et dicit, quod quamvis aliqui
insurgant contra monarchiam propter appetitum huiusmodi honoris, paucissimi
tamen sunt; quoniam talis qui impetum facit contra monarchiam, si debeat
praevalere, oportet quod non timeat mortem: et sic existimet sicut
existimabat Dion cum insurrexit contra Dionysium: sed hoc non est facile
multis. Ille enim Dion cum paucis militibus invasit et insurrexit contra
Dionysium: et dicebat, quod quomodocumque posset procedere contra illum, hoc
sufficiebat sibi, si tantum faceret quod terram invaderet et Dionysium: et si
postmodum mors sibi accideret, bene erat sibi; non curans nec timens de ipsa.
Sed istud difficile est: et pauci sunt sic negligentes vitam propriam et
contemnentes mortem. Propter quod manifestum est, quod pauci sunt qui
invadant monarchiam propter appetitum huiusmodi honoris. [89797] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 3 Deinde cum dicit corrumpitur autem
determinat causas et principia corruptionis monarchiarum in speciali. Et
primo tyrannidis. Secundo regni, ibi, regnum autem et cetera. Prima in duas.
In prima tangit modos quibus corrumpitur. In secunda tangit causas propter
quas maxime corrumpitur, ibi, duabus autem et cetera. Prima in duas, secundum
quod tangit duos modos corruptionis tyrannidis. Primus modus est a causa
extrinseca, secundus ab intrinseca. Secundus ibi, aliquando autem ex seipsa
et cetera. In prima dicit, quod tyrannis uno modo corrumpitur, sicut
quaelibet alia respublica a causa extrinseca, ut si fuerit aliqua respublica
potentior contraria propinqua illi; tunc enim illa valentior, quia contraria
est isti, ipsam corrumpet. Non enim potest dici, quod per consilium poterit
praecavere ne corrumpatur: quia ad bene consiliandum requiritur appetitus
recti finis. Consiliari enim est de his quae sunt ad finem; et recte
consiliari de his quae sunt ad rectum finem. Sed tyrannus non habet rectum
finem, nec appetitum rectum: immo electio sive appetitus ipsius est
contrarius recto fini; et ideo non poterit resistere alteri reipublicae
propter consilium, cum alia sit potentior. Omnes enim volentes aliquid agere,
si habeant potentiam, agunt quae volunt; et ideo alia respublica contraria et
valentior corrumpet istam. Tyrannidi autem contrariatur popularis status,
sicut dixit Hesiodus, per accidens, sicut figulus contrarius est figulo. Non
enim est figulus per se contrarius figulo; immo est sibi similis; sed per
accidens, inquantum unus impedit bonum alterius, scilicet lucrum: sic
popularis status contrarius est tyrannidi, non per se, sed inquantum una
impedit aliam: ultima enim species eius pessima est, quae est quaedam
tyrannis, sicut patet ex quarto huius. Sed regnum et optimatum status per se
contrarii sunt; intendunt enim diversos fines, quia unus corrumpit alium.
Propter quod contingit quod Lacedaemonii multas tyrannides corruperunt, quia
potentiores erant; similiter Syracusani quamdiu habuerunt bonam rempublicam,
habebant enim optimatum. [89798] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 4 Deinde cum dicit aliquando autem
tangit secundum modum corruptionis; et dicit, quod aliquando corrumpitur
tyrannis non a causa extrinseca, sed intrinseca; contingit enim quod tyrannus
habeat quandoque aliquos familiares qui attingunt aliquo modo ad principatum
et participant honoribus. Quando igitur tales faciunt seditionem, contingit
quod corrumpitur tyrannis; sicut contigit circa tyrannidem Gelonis prius,
posterius autem circa eam quae Dionysii. Familiares enim Gelonis
insurrexerunt contra ipsum et expulerunt eum. Similiter et quidam contra
Dionysium. Seditio autem quae fuit facta contra Gelonem fuit facta a
Thrasybulo qui frater fuit Hieronis, qui filium Gelonis abducens ab eo quod
est secundum rationem, traducebat per illecebras et voluptates, ut sic
contemptibilis fieret populo quod repelleretur a principatu, et ipse
Thrasybulus principaretur. Cum igitur congregasset familiares et amicos,
cavens ne dissolveretur tyrannis, sed ipse tyrannizaret, considerantes tempus
conveniens, ipsum Gelonem et omnes amicos ipsius expulerunt, et remansit
Thrasybulus solus. Contra Dionysium insurrexit Dion, qui curam habebat de
republica: erat enim familiaris eidem; et assumens sibi populum in auxilium
insurrexit contra ipsum et expulit eum et interfectus est. [89799] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 5 Deinde cum dicit duabus autem
tangit causas propter quas maxime corrumpitur. Et primo tangit causas istas
secundum se et absolute. Secundo concludit causas corruptionis eiusdem in comparatione
ad respublicas intentas, scilicet paucorum et popularis status, ibi, ut autem
in summa et cetera. In prima tangit illas causas. In secunda tangit quamdam
aliam quae reducitur ad unam illarum, ibi, partem autem quamdam et cetera. In
prima dicit, quod cum sint duae causae propter quas aliqui maxime insurgunt
contra tyrannum, scilicet odium et contemptus, odium debetur tyranno magis
per se. Et ratio huius est, quia principatur melioribus se, et praeter
utilitatem ipsorum; et cum hoc intendit bonum proprium solum, odio habetur ab
illis; talis est tyrannus. Principatur enim tyrannus melioribus se, quia
virtuosis; et non intendit nisi bonum proprium; et ideo tyranno debetur
odium. De contemptu autem adiungit, quod propter contemptum multoties
corrumpitur tyrannis. Et huius signum est, quia illi qui acquisierunt
principatum per virtutem et industriam propriam, magis conservaverunt
principatum, quia tales qui acquisierunt bellicosi fuerunt; tales autem non
sunt contemptibiles. Sed illi qui receperunt tyrannidem ab alio, statim
amiserunt, et propter principatum mortui sunt: quia enim vivebant
delectabiliter vacantes comessationibus et venereis, contemptibiles erant: et
quia vacabant delitiis, dabant multas opportunitates et occasiones insurgendi
aliis: tum quia oportet quod ponant se quandoque in potestate mulierum, tum
quia inebriati sunt saepe, et per consequens, impotentes facti. [89800] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 6 Deinde cum dicit partem autem
tangit aliam causam quam reducit ad odium; et est illa causa ira; et habet
duas partes. In prima reducit iram ad odium. In secunda assignat duas
differentias inter iram et odium, ibi, saepe autem et cetera. Dicit igitur
primo, quod ira pars est odii; hoc est corruptio quae fit propter iram,
aliquo modo fit propter odium, ut non oporteat ipsam ponere causam
distinctam. Est enim ira appetitus recontristationis; et ideo manifestum est
quod iratus vult malum alii: hoc autem pertinet ad odium. Unde ira aliquo
modo est causa earumdem actionum quarum est causa odium. [89801] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 7 Deinde cum dicit saepe autem
assignat duas differentias inter iram et odium; et dicit, quod frequenter ira
est magis operosa, hoc est plus operatur, quam odium. Irati enim cum maiori
impetu et robustius insurgunt quam habentes odium. Et ratio huius est, quia
passio irae est sine ratiocinatione. Iratus enim, et si audiat aliqualiter
rationem, imperfecte tamen audit. Bene enim audit iratus quod vindicta est
accipienda, sed qualiter accipienda non audit. Unde similis est famulo qui
imperfecte audit mandatum domini, propter quod contingit quod male exequatur
quandoque. Similiter est de irato. Imperfecte enim audit rationem; et ideo
male exequitur vindictam. Unde furiosus videtur propter iniuriam; et quamvis
ira sit magis operosa, tamen odium magis nocet. Secunda differentia est, quod
ira est cum tristitia; et ideo non de facili iratus potest ratiocinari:
propter enim motum passionis non potest: sed odium est sine tristitia; et
ideo est cum ratiocinatione. [89802] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 8 Deinde cum dicit ut autem concludit
causas corruptionis tyrannidis in comparatione ad respublicas intentas,
scilicet paucorum et popularis status. Et dicit, quod ut in summa dicamus,
quot diximus principia et causas corruptionis paucorum status intemperatae,
quae est ultima species ipsius, et popularis status ultimae, tot sunt causae
et principia tyrannidis: quia istae respublicae, scilicet paucorum ultima et
popularis sunt tyrannides quaedam, differentes tantum secundum hoc quod in
his tyrannizant plures, in illa autem unus. [89803] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 9 Deinde cum dicit regnum autem
determinat causas et principia corruptionis regni. Et primo regni absolute et
secundum se. Secundo regni quod procedit secundum genus, ibi, regnum autem et
cetera. Prima in duas. In prima tangit ex quibus minime corrumpitur regnum.
In secunda ostendit quibus modis corrumpitur, ibi, corrumpitur et cetera. In
prima dicit, quod regnum ab extrinsecis non corrumpitur. Et ratio huius est,
quia rex principatur bonis et secundum virtutem, subditis volentibus. Talis
autem respublica non corrumpitur ab extrinsecis. Et propter hoc regnum multo
tempore durat. Ex se autem multis modis corrumpitur. [89804] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 10 Deinde cum dicit corrumpitur autem
ostendit quibus modis corrumpatur ex se. Et primo facit hoc. Secundo ostendit
quare nunc non fiunt multa regna, ibi, non fiunt et cetera. In prima dicit,
quod regnum ab extrinseco duobus modis corrumpitur. Uno modo quando illi qui
attingunt ad principatum et sunt principes regni, faciunt seditionem.
Contingit enim, talibus facientibus seditionem, quod propter potentiam quam
habent expellant regem a principatu et mutent monarchiam in aliam
rempublicam. Alio modo corrumpitur quando rex vult principari tyrannice,
sicut quando vult esse dominus plurium quam debeat esse, ipsis nolentibus et
praeter legem. Tunc enim contingit, quod subditi insurgunt contra eumdem et
ipsum expellant et mutent rempublicam in aliam. [89805] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 11 Deinde cum dicit non fiunt
ostendit quare non fiunt modo plura regna. Et dicit, quod modo non fiunt
plura regna, et si fiant sunt magis monarchiae tyrannicae quam regna. Et
huius assignat duplicem rationem. Prima est, quod regnum debet esse
principatus voluntarius; principatur enim subditis nolentibus qui principatur
in principatu regio, et regem oportet esse dominum maiorum in civitate vel
regno. Difficile est autem unum invenire qui volentibus pluribus principetur,
et qui sit dignus dominus esse maiorum. Et ideo non sunt plura regna. Secunda
ratio est, quia quae est proportio dignitatis et honoris regis ad dignitatem
et honorem subditorum, eadem debet esse proportio virtutis principantis ad
virtutem subditorum. Nunc autem dignitas et honor regalis multum excellit
dignitatem subditorum. Igitur virtus regis debet excedere virtutem omnium vel
plurium: talem autem invenire non est possibile, vel nimis est difficile. Et
ideo si aliquis assumatur in regem, non principabitur volentibus subditis;
ergo non multo tempore principabitur. Si autem aliquis per fraudem vel
violenter principetur, non est rex, sed tyrannus, quia non principatur
subditis volentibus. [89806] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 10 n. 12 Deinde cum dicit in iis autem
assignat causam corruptionis regnorum secundum genus; et dicit, quod regnorum
secundum genus causae et principia corruptionis sunt eadem cum his quae dicta
sunt superius, et quae iam dicentur. Prima est, quia multi de facili fiunt
contemptibiles. Contingit enim quod post patrem sequitur filius, qui omnibus
contemptibilis est propter inhonestatem vitae. Ex hoc autem insurgunt subditi
et expellunt eum et mutant rempublicam. Secunda causa est, quia non habet rex
tantam potentiam, quanta est potentia tyrannica sufficiens ad puniendum
malos; sed contingit ipsum regem pati iniuriam. Ubi autem ista contingunt, de
facili corrumpitur regnum, quia subditis nolentibus ipsum principari statim
non est rex, sed tyrannus. Tyrannus enim dominus est subditorum nolentium
ipsum esse dominum. Et nunc recapitulat; et dicit, quod monarchiae propter
istas causas et alias similes corrumpuntur. |
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Lectio
11 |
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[89807] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 1 Postquam philosophus determinavit de principiis
corrumpentibus monarchias, determinat de principiis salvantibus ipsas. Et
primo in generali. Secundo in speciali, ibi, ut autem secundum unumquodque et
cetera. In prima dicit, quod monarchiae, ut simpliciter est dicere, salvantur
ex contrariis quibus corrumpuntur. Contrariorum enim extranea sunt principia.
Corruptio et salvatio reipublicae sunt contraria; ergo ex contrariis
principiis fiunt. [89808] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 2 Deinde cum dicit ut autem
determinat in speciali de principiis salvantibus ipsas. Et primo de
salvantibus monarchiam regalem. Secundo de salvantibus tyrannidem, ibi,
tyrannides autem et cetera. In prima intelligendum quod regnum est optima
respublica et optime ordinata. Et ideo ex ratione sua maxime salvabilis est.
Propter quod philosophus non tangit nisi unum modum salvandi regnum. Et primo
tangit ipsum. Secundo manifestat, ibi, propter hoc enim et cetera. Dicit
igitur quod regnum salvatur per hoc, quod principatus trahitur ad
mediocritatem secundum unumquodque quod pertinet ad ipsum: ut si aliquid
pertineat ad regem qui dominus est omnium, et in omnibus principatur, in quo
videantur gravari subditi quod multum illis displiceat, illud temperare, aut
illis remittere. Quanto enim pauciorum erit dominus, tanto durabilior erit
principatus; quia quanto erit pauciorum dominus, tanto minus dominative
principabitur, et sic de paucioribus iudicabit et plures attingent ad
principatum, et habebunt quod competit eis secundum dignitatem, et tunc
videbitur esse aequalis subditis. Sic autem rege se habente, minus ei subditi
invidebunt, et sic se habentibus, principabitur subditis volentibus; hoc
autem facit principatum durabiliorem. [89809] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 3 Deinde cum dicit propter haec
manifestat quod dictum est per exemplum. Et dicit, quod propter istam causam
circa Molossos regnum multum duravit. Similiter autem et regnum
Lacedaemoniorum: a principio enim diviserunt principatum in duas partes, et
sic moderaverunt eum: similiter Theopompus qui posterius ibi regnavit,
consequenter moderavit principatum. Cum enim esset dominus omnium, instituit
principatum ephororum, tradens ipsum aliis quasi auferens a sua potestate. Ex
quo fecit regnum suum aliquo modo maius et durabilius multo. Propter quod
respondisse dicitur uxori suae, cum argueret eum dicens, si non
verecundabatur quod regnum minus traderet filiis suis quam recepisset a
progenitoribus, dixit, quod hoc non debebat dicere; quia quamvis non traderet
eis aequalem secundum potestatem, tradebat tamen diutius, quod videtur esse
melius. [89810] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 4 Deinde cum dicit tyrannides autem
determinat de principiis salvantibus tyrannidem. Tyrannis enim, quia de
ratione sua inordinata est, de facili est corruptibilis. Et ideo dat elementa
plura quibus salvari potest. Salvatur autem duobus modis. Uno modo intendendo
ipsam. Secundo remittendo. Et secundum hoc dividitur in duas. In prima
prosequitur modum secundum quem salvatur per intensionem. Secundo modum, qui
est per remissionem, ibi, alter autem et cetera. Prima in duas. In prima
ponit unum modum secundum quem salvatur intendendo absolute. Secundo in
comparatione ad regnum, ibi, regnum quidem et cetera. Prima in tres, quia
tyrannis tripliciter intenditur. Uno modo faciendo subditos ignorantes.
Secundo incognitos. Tertio pauperes. Et ideo dividitur in tres. In prima ponit modos secundum
quos fiunt ignorantes. Secundo, modos per quos fiunt incogniti, ibi, et omnia
facere et cetera. Tertio, modos
quibus fiunt pauperes, ibi, et pauperes facere et cetera. In prima dicit,
quod tyrannis duobus modis valde contrariis salvatur. Quorum unus est
secundum intensionem, alius secundum remissionem. Et alter istorum dictus est
prius, secundum quem tyranni dispensant, ut communiter, sive regunt
principatum tyrannicum. Periander autem, ut dicitur, multa talia instituit ex
quibus intenditur tyrannis, et multa talia possunt accipi a Persis. Fuerunt
autem et aliqua data antiquitus ad salvationem tyrannidis. Quorum unum fuit
excellentes in potentia vel divitiis interimere, quia tales per potentiam
quam habent possunt insurgere contra tyrannum. Iterum interficere sapientes:
tales enim per sapientiam suam possunt invenire vias ad expellendum
tyrannidem; iterum ad salvationem tyrannidis expedit non permittere
communicationes, nec sodalitatem sive societatem, ne inter se uniantur per
amicitiam. Ex hoc enim facilius possent insurgere contra tyrannum. Iterum non
permittere disciplinam, et quaecumque possunt inducere sapientiam; sed omnia
vitare, quia tales possunt invenire vias diversas ad insurgendum contra
ipsum, et expellendum eum: propter quod cavenda sunt omnia illa ex quibus
fiunt sapientes, vel sapientia activa, vel speculativa, vel etiam illa ex
quibus fit persuasio, et ipsi persuasivi. Et ideo nec scholas nec alias
collectiones, per quas contingit vacare circa sapientiam permittendum est;
sapientes enim ad magna inclinantur; et ideo magnanimi sunt, et tales de
facili insurgunt. [89811] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 5 Deinde cum dicit et omnia tangit
modos, quibus fiunt incogniti. Et dividitur in quinque, secundum quod tangit
quinque. Secunda, ibi, et praefectos et cetera. Tertia, ibi, et deprehendere
et cetera. Quarta, ibi, et ne lateant et cetera. Quinta, ibi, et criminari
invicem et cetera. In prima dicit, quod ad salvandum tyrannidem oportet
ordinare et facere ex quibus subditi maxime inter se adinvicem erunt ignoti,
quia notitia facit quod magis credunt sibi adinvicem. Ex hoc autem quod
credunt sibi adinvicem, facilius uniuntur et potentius insurgunt. Et ideo
ordinanda sunt talia per quae maxime sint ignoti. [89812] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 6 Deinde cum dicit et praefectos
ponit secundum modum. Et dicit, quod secundo ad salvationem tyrannidis
expedit facere quod praepositi et servientes sint manifesti in locis in
quibus debent subditi congregari, et circa ianuas civitatis vel subditorum,
ut videant et sentiant quod dicunt vel agunt subditi. Sic enim magis erit
manifestum quid faciunt, et minus poterunt machinari contra tyrannum minus
invicem credentes. [89813] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 7 Deinde cum dicit et deprehendere
ponit tertium modum. Et dicit, quod oportet ad salvationem tyrannidis
ordinare quod si subditi aliqua malefaciant, aut in aliquo insolescant et
devient ab eo quod est ordinatum a tyranno, etiam modicum, deprehendere eos a
servientibus ordinatis ad hoc, similiter ordinare alia quaecumque et barbara
et Persica sunt tyrannica. Omnia enim talia possunt idem, scilicet salvare tyrannidem.
Ex hoc enim quod subditi erunt occupati in aliquibus, timentes magis, minus
poterunt insurgere. [89814] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 8 Deinde cum dicit et tentare ponit
quartum modum. Et dicit quod tentandum est ut non lateant quaecumque dicunt
et faciunt subditi; sed diligenter attendere quaecumque, et sic facere sicut
fecerunt circa Syracusanos tyranni. Ordinaverunt enim quosdam qui dicebantur
deductores quos misit hieron, qui audirent quae dicerent et facerent subditi:
sic similiter ordinandi sunt aliqui qui ubi fuerit aliqua congregatio audiant
quae dicuntur ibi et fiunt. Sic enim illi qui congregabuntur propter timorem
minus confident de seipsis, et per consequens nihil machinabuntur, aut si
confidant de se, minus poterunt latere, et ulterius poterit magis caveri. [89815] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 9 Deinde cum dicit et criminari ponit
quintum modum. Et dicit, quod ad salvandam tyrannidem oportet quod tyrannus
procuret, quod subditi imponant sibi invicem crimina et turbent seipsos, ut
amicus amicum, et populus contra divites, et divites inter se dissentiant:
sic enim minus poterunt insurgere propter eorum divisionem. Omnis enim virtus
divisa minor est. [89816] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 10 Deinde cum dicit et pauperes ponit
modos quibus fiunt pauperes. Et dividitur in quatuor, secundum quod ponit
quatuor modos. Secunda ibi, et occupati et cetera. Tertia ibi, omnia enim
haec et cetera. Quarta ibi, adhuc autem et cetera. In prima dicit quod ad
salvationem tyrannidis, oportet facere subditos pauperes; sic enim minus
poterunt insurgere contra tyrannum. Facere autem pauperes subditos, etsi
contingit multipliciter, contingit tamen ad praesens quadrupliciter. Primo
non dando expensas custodibus civitatis de bonis communibus, sed eos
compellere ad solvendum ex toto. [89817] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 11 Deinde cum dicit et occupati ponit
secundum modum. Et dicit, quod ordinandum est, quod subditi sint occupati
circa opera quotidiana, ut sic occupati non possint machinari, vel non sint
vacantes ad machinandum aliquid contra tyrannum. Sicut habemus exemplum de
tyrannidibus quae fuerunt circa Aegyptum, ubi subditi compellebantur occupari
circa opera quotidiana. Sicut apparet de filiis Israel, quos occupabant circa
lutum et lateres. Similiter donaria Cypsellidarum, similiter aedificatio
Olympii quae fuit facta a Pisistratide, similiter opera eorum quae erant de
Samo insula quae erant magnifica. Omnia enim ista possunt idem facere;
scilicet, quod subditi non possunt vacare ad machinandum aliquid contra
tyrannum. Ex quo enim sunt occupati circa opera talia, non possunt tractare
qualiter expellant tyrannum. Item possunt facere penuriam et paupertatem
subditorum: ex quo enim compelluntur apponere ad aedificia facienda, et
occupari circa talia, oportet depauperari. [89818] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 12 Deinde cum dicit omnia enim ponit
tertium modum. Et dicit, quod procuranda sunt vectigalia, hoc est exactiones
multae et magnae: sic enim cito poterunt depauperari subditi, sicut factum
fuit in Syracusis. Ibi enim Dionysius qui principabatur, tantas procuravit
exactiones, quod omnes divitiae subditorum venerunt ad ipsum in quinque
annis. [89819] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 13 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
quartum modum. Et dicit, quod ad salvationem tyrannidis tyrannus debet
procurare bella inter subditos, vel etiam ad extraneos, ita quod non possint
vacare ad aliquid tractandum contra tyrannum, et magis timentes. Sic etiam
erunt indigentes praeside, et tunc plura poterit exigere ab eisdem. [89820] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 14 Deinde cum dicit regnum quidem
ponit alium modum per quem salvatur in comparatione ad alias respublicas et
ad alia quaedam. Et dividitur in quatuor. In prima ponit modum per quem
salvatur in comparatione ad regnum. In secunda ponit modum per quem salvatur
in comparatione ad popularem statum, ibi, et adhuc quae fiunt et cetera. In
tertia ponit alium modum in comparatione ad liberum et venerabilem, ibi, et
nullo gaudere et cetera. In quarto ponit alium modum in comparatione ad cives
et extraneos, ibi, et condiuturnari et cetera. In prima dicit, quod regnum
salvatur per amicos. Subditi enim diligunt regem et volunt eum principari;
hoc autem salvat regnum. Et ideo salvatur regnum per amicos: tyrannus autem
ad salvandum tyrannidem, non debet confidere in amicis. Et ratio huius est, quia amici potentes sunt: ex hoc
enim, quod amici sunt aliqui principis, potentes sunt. Item inclinantur et
volunt principari omnibus. Et ideo non debet confidere in eis si debeat
salvare tyrannidem. [89821] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 11 n. 15 Deinde cum dicit et adhuc ponit alium modum in
comparatione ad statum popularem. Et primo ponit ipsum. Secundo assignat
rationem cuiusdam dicti, ibi, etenim demus vult et cetera. In prima dicit,
quod ad salvandum tyrannidem, tyrannus debet ordinare ea quae sunt circa
popularem statum ultimum qui pessimus est omnium. Omnia enim illa tyrannica
sunt, ut mulierum potentiae coram populo coram quo permissum est ei proponere
contra viros quae voluerint. Et manumissio servorum contra cives. Mulieres
enim quasi sunt medietas civitatis. Ipsae autem et servi non machinantur
aliquid contra tyrannum. Nam gaudent servi de manumissione, mulieres vero
super libertate praedicta. Oportet enim eos esse benivolos et tyrannidibus et
popularibus. Et propter hoc non insurgunt de facili. [89822] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 16 Deinde cum dicit etenim demus
reddit causam cuiusdam dicti. Dixerat enim quod in tyrannide ordinanda sunt
illa quae fiunt in populari statu ultimo. Huius reddit causam. Et dicit quod
propter hoc debet tyrannus ordinare quae sunt in populari statu ultimo, quia
popularis status ultimus est sicut monarchia, totus populus dominatur sicut
unus monarcha. Unde adulatores inveniuntur et in populari statu ultimo, et
apud tyrannos, et honorantur ab eis. In populari statu quidem, populares
ductores populi. Ductor enim, adulator in populari statu est, quia dicit quae
placent populo. Apud tyrannos autem honorantur, quia humiliter loquuntur. Hoc
autem pertinet ad adulatores: humiliter enim loquendo et deiiciendo se
credunt placere. Propter hoc etiam tyrannus est amicus malorum, quia recipit
adulatores, et congaudet iisdem: tales autem secundum se mali sunt. Sed
nullus qui habet sensum liberum, hoc est qui inclinationem habet ad virtutem,
hoc faciet: sed diligit virtuosos, et eos qui non adulantur, qui secundum se
boni existentes opportunitatem quamdam habent ad reprimendum malignitatem
adulatoris, qui secundum quod huiusmodi malignus est; quoniam, sicut in
proverbio dicitur, clavus clavo retunditur. Diligunt igitur bonos odientes
adulatores, ut per eos reprimant malitiam adulatorum. [89823] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 17 Deinde cum dicit et nullo ponit
alium modum in comparatione ad liberum et venerabilem. Et dicit, quod
tyrannus non debet congaudere libero et venerabili sive virtuoso, quia
tyrannus vult esse solus dominus. Venerabilis enim et liber contrarii sunt
illi, nec possunt sustinere excellentiam quam habet praeter rationem, nec tyrannidem
quam exercet principando dominative. Propter quod odiunt tyranni liberos et
venerabiles tamquam dissolventes eorum principatum. [89824] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 18 Deinde cum dicit et condiuturnari
ponit alium modum in comparatione ad cives et extraneos. Et dicit, quod
tyrannus magis debet convivere et assuescere diuturnis comessationibus cum
extraneis quam cum civibus, tamquam cives sint adversarii, extranei vero non.
Ista igitur et similia sunt tyrannica, et salvant principatum. Nec aliquid
malignitatis deficit in talibus; sed omnem malignitatem et iniquitatem
continent, sicut mala secundum se ipsa, bona tamen ad salvationem tyrannidis.
In quo innuit, quod non sunt facienda simpliciter homini, sed ei qui voluerit
salvare tyrannidem quae secundum se mala est. [89825] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 19 Deinde cum dicit sunt autem
reducit istos modos omnes ad tres. Et primo facit hoc. Secundo recolligit
illos, ibi, ad quos et cetera. In prima dicit, quod omnia ista sub tribus
speciebus, ut est dicere, comprehenduntur: quia tyrannus tria considerat ad
salvandum principatum suum. Primum est ut subditi sint ignorantes, et pauca
scientes. Cuius ratio est, quia nullus pusillanimis insidiatur alicui. Et
ideo ne subditi insidientur ei, considerat qualiter subditi sint ignorantes.
Ignorantia enim pusillanimes facit. Magnanimum enim oportet habere scientiam
magnorum et arduorum: est enim virtus qua aliquis inclinatur ad magna et
ardua simpliciter decentia ipsum. Secundum est, quod ignoti sint sibi invicem
subditi. Et ratio huius est, quia tyrannis non prius dissolvitur quam credant
sibi invicem. Et propter hoc tyrannus contrarius est virtuosis, quia nocivi
sunt ad principatum tyrannicum, non solum quia nolunt subiici tyranno
dominative, sed quia sunt sibiipsis fideles, et aliis concivibus, nec
manifestant ea quae volunt facere vel ipsi vel alii concives eorum contra
tyrannos. Tertium est, quod reddat eos impotentes faciendo eos pauperes. Et
ratio huius est, quia nullus manum mittit ad illa quae credit esse
impossibilia; et ideo manifestum est, quod non dissolvetur tyrannis si
subditi non habeant potentiam. [89826] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 11 n. 20 Deinde cum dicit ad quos
recolligit modos istos. Et dicit quod isti sunt tres modi ad quos reducuntur
omnia quae placent, et volunt tyranni. Si enim aliquis consideret, reducet
omnia tyrannica ad istas tres hypotheses. Quarum una est, ut non credant sibi
invicem; alia ut sint impotentes; alia ut parum sciant subditi. Unus igitur
modus per quem salvatur tyrannis est iste, qui est intendendo tyrannidem. |
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Lectio
12 |
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[89827] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 12 n. 1 Postquam
philosophus posuit unum modum salvationis tyrannidis qui est per intensionem,
ponit alium modum, qui est per remissionem. Et primo in generali
ostendit quomodo per huiusmodi remissionem salvatur. Secundo in particulari,
ibi, primum enim et cetera. In prima dicit, quod alius est modus salvandi
tyrannidem contrarius modis dictis prius; nam modi dicti prius salvant
tyrannidem intendendo ipsam, iste autem modus per remissionem. Istum autem
modum contingit accipere per similitudinem ad corruptionem regnorum: quia
sicut uno modo regnum corrumpitur per hoc quod accedit ad tyrannidem
declinando a rectitudine rationis, sic salvatur tyrannis per hoc quod accedit
ad regnum, et ad illud quod est secundum rationem. Ex se enim regnum salvabile est; et ideo expedit ad
salvandum tyrannidem remittere ipsam, et accedere ad regnum servando, et
retinendo principatum unius; scilicet ut ipse solus principetur non quidem
ipsis volentibus sed nolentibus, sicut plures faciunt, et non praetendat
velle principari ipsis volentibus. Nam hoc praetendere, est praetendere quod
ipse velit tyrannizare. Et istud, quod scilicet solus sit princeps et
tyrannus, accipiendum est sicut suppositio aliorum. Haec quidem facienda sunt
secundum veritatem ad salvandum tyrannidem; alia autem simulanda ut videantur
saltem regalia quamvis non sint. [89828] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 2 Deinde cum dicit primo quidem
ostendit in particulari qualiter salvatur per remissionem. Et primo facit
hoc. Secundo recolligit quaedam dicta, excusando se ab ulteriori consideratione,
ibi, superfluum et cetera. Prima in duas. In prima ostendit qualiter tyrannis
salvatur per remissionem, cum civitas non est divisa. In secunda cum est
divisa, ibi, quoniam autem et cetera. Prima in quatuor. In prima declarat
qualiter salvatur per remissionem et cetera. Primo quo ad pecunias. Secundo
qualiter quo ad conversationes, ibi, et oportet autem et cetera. Tertio
qualiter quo ad honores, ibi, verumtamen et cetera. Quarto qualiter quo ad
demissionem a principatu, ibi, si vero et cetera. Circa pecunias est
considerare tria: scilicet consumptionem, ratiocinationem, receptionem: et
secundum hoc dividitur in tres. In prima declarat quid observandum est quo ad
expensas rationabiles. Secundo quo ad ratiocinationem, cum dicit, rationem et
cetera. Tertio ostendit quid circa receptionem, ibi, deinde redditur. In
prima dicit, quod ad salvandum rempublicam tyrannicam, oportet, quod tyrannus
sic se habeat ut videatur habere curam de communi, et quod non expendat ea
quae accipit a subditis gratis et in superfluis, ut in talibus quae
contristant subditos, ut quando accipiunt a subditis laborantibus et
operantibus assidue, et postmodum abundant de meretricibus et extraneis, et
quos habent sibi saepe familiares, artificibus et histrionibus: quando enim
sic facit tyrannus, odio habetur a subditis, et facilius insurgunt contra
ipsum: et ideo cavendum est, quod non expendat bona, quae accipit a subditis,
in illis quae molestant ipsos. [89829] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 3 Deinde cum dicit rationemque reddat
ostendit quid observandum est quantum ad ratiocinationem. Et primo facit hoc.
Secundo removet dubium, ibi, nec erit ei, et cetera. In prima dicit, quod ad
hoc quod salvet tyrannidem et videatur habere curam de communi bono, oportet
ipsum reddere rationem de acceptis et expensis factis; quod fecerunt quidam
tyranni; unde diuturniorem fecerunt principatum suum. Et ratio huius est,
quia ille qui sic dispensabit et reget rempublicam videbitur esse oeconomus
quidam, idest dispensator: videbitur enim laborare propter bonum commune et
non videbitur tyrannus. [89830] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 4 Deinde cum dicit non oportet
removet dubium, sive respondet obiectioni. Diceret enim aliquis quod si
tyrannus reddat rationem de expensis, deficiet ei pecunia. Removet hoc; et
dicit, quod non oportet tyrannum timere, ne pecuniae et divitiae deficiant;
omnia enim quae sunt in civitate, ad usus et utilitates communes, sunt eius,
cum sit dominus civitatis. Cuius ratio est, quia bona exteriora sunt propter
bona animae et corporis, et bona corporis propter bona animae, et ista omnia
sunt propter bonum commune civitatis: et ideo illius sunt quodammodo bona
subditorum, cuius est ordinare omne in finem civitatis: sed eius qui dominus
est civitatis est ordinare bona exteriora in finem civitatis; propter quod
eius sunt omnia. Et ideo non est timendum tyranno, quod deficiat sibi
pecunia; quia poterit accipere a subditis, secundum tamen quod ordinari habet
in finem civitatis; sed illi timendum est magis qui accipit a domibus
subditorum praeter rationem. Ex hoc enim odio habetur a subditis; et ideo
timere debet, quod insurgant contra ipsum. Unde magis expedit ipsis, scilicet
dimittere divitias in domibus subditorum, et uti eis ad bonum commune cum
necesse fuerit, quam omnino amittere eas congregatas in domo propria, quod
fiet si insurgant in eum. Cum enim apud cives fuerit pecunia, et non
extorserit eam tyrannus, minus insilient contra ipsum tunc: tyranni etiam
quia accipiunt a subditis et servant penes se, magis timentur ab illis qui
egrediuntur cum eis, et commilitant eis quasi propinqui eis quam civibus,
quia primi comperegrinantur ei extra civitatem, cives autem magis resident in
ea; et ideo magis possunt insurgere et diripere thesaurum. [89831] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 5 Consequenter cum dicit deinde
introitus tangit quid observandum est circa receptionem pecuniarum. Et dicit,
quod tyrannus debet redditus et oblationes gratis factas fideliter colligere
ut dispenset illa; et si aliquando opportunum fuerit, expendere illa in
praelia: et universaliter debet se exhibere tamquam custodem et camerarium
civitatis et bonorum communium, non sicut propriorum: sic enim minus odio
habebitur, et erunt magis contenti. [89832] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 6 Deinde cum dicit et videri ostendit
qualiter tyrannis salvatur in comparatione. Et primo in
comparatione ad cives. Secundo cum dicit, contrarium faciendum, in
comparatione ad totam civitatem et divina. Adhuc circa primum duo facit.
Primo ostendit qualiter salvatur per comparationem bene se habens quantum ad
actus exteriores. Secundo cum dicit, et circa voluptates qualiter quantum ad
delectationes. Circa primum adhuc duo facit. Primo facit quod dictum est
quantum ad personam propriam. Secundo cum dicit, eodemque modo quantum ad
coniunctam. Adhuc primo ostendit quid observandum est ad tyrannidis
salvationem quantum ad gestus exteriores. Secundo cum dicit, insuper non,
quantum ad actus exteriores in quibus est iustitia vel iniustitia. In prima
parte duo tangit. Primum est quod expedit tyranno ad salvandum tyrannidem
quod non appareat subditis saevus, sive crudelis: et ratio huius est, quia ex
hoc quod apparet subditis saevus, reddit se odiosum eis, ex hoc autem
facilius insurgunt in eum: sed debet se reddere reverendum propter
excellentiam alicuius boni excellentis; reverentia enim debetur bono
excellenti: et si non habeat illud bonum excellens, debet simulare se habere
illud. Secundum est quod tangit,
et sequitur ex primo, quod debet se reddere talem quod si subditi obvient ei,
quod non timeant cum timore servili, sed magis revereantur. Non timeant
quidem: quia si timerent eum haberent eum odio: revereantur autem: est enim
reverentia tristitia propter apparentem ingloriationem: ex hoc enim quod
aliquis obviat alicui et ille habet bonum in quo deficit, reveretur, quia non
habet illud, aut non illo modo. Et ideo tyrannus debet se reddere talem quod
videatur subditis ipsos excellere in aliquo bono excellenti, in quo ipsi
deficiunt, ex quo revereatur. Tamen talem se sic reddere, non est facile,
quin sequitur contemptus si quidem non reddit se timendum. De facili enim
contemnitur qui non timetur; et ideo si velit non terribilis videri, et cum
hoc non contemni, debet laborare ad virtutes, et opera ipsa quae reddunt
hominem non contemptibilem propter excellentiam suam: et si non potest habere
omnes virtutes et actus earum, saltem laboret ad virtutem civilem quae
videtur praecipua; et si non habeat eam secundum veritatem, faciat quod
opinentur ipsum habere eam: quamvis enim hoc non sit in se bonum, ad hoc
tamen bonum est, ut non sit facile contemptibilis. [89833] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 7 Deinde cum dicit adhuc autem
ostendit quid observandum est quantum ad actus exteriores in quibus est
iustitia et iniustitia; et dicit, quod tyrannus sic se debet habere quod non
videatur alicui inferre iniuriam, nec iuveni, nec iuvenculae; et quod non
solum ipse in persona propria, sed quod nullus qui est circa ipsum,
iniurietur aliis. [89834] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 8 Deinde cum dicit similiter autem
ostendit quid observandum est quantum ad personam coniunctam; et dicit, quod
tyrannus sic debet facere quod uxor sua sit familiaris uxoribus subditorum,
quia propter iniuriam illatam uxoribus multae tyrannides destructae sunt; et
ideo debet procurare, quod uxor sua sit amica familiaris uxoribus subditorum:
sic enim habebit quasi medietatem civitatis, quia mulieres cum pueris fere
sunt medietas eius, sicut dixit in secundo. [89835] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 9 Deinde cum dicit et circa ostendit
quid observandum est ei quantum ad delectationes corporales; et dicit, quod
circa delectationes corporales debet contrarium facere quam faciant nunc
quidam tyranni. Sunt enim quidam qui non solum volunt prosequi huiusmodi
delectationes etiam multis diebus, sed volunt videri ab aliis prosequi
easdem, tamquam sint beati et felices propter ipsas et reputentur ab aliis
tales, et ex hoc habeantur in admiratione apud eos: sed debet magis, aut
moderatus esse circa eas, aut si non sic, tamen debet se talem exhibere quod
videatur fugere eas; quia ille qui sobrius est in persequendo huiusmodi, non
de facili invaditur nec contemnitur; sed ille qui est ebriosus invasibilis
est de facili, et de facili contemnitur. Ille etiam qui vigilat circa actus
virtutum non de facili invaditur, nec contemptibilis est; sed ille qui
dormit, hoc est qui non operatur secundum virtutem, de facili invaditur et
contemnitur. Qui enim operatur secundum virtutem, reputatur aliquid magnum
propter virtutem quam omnes reputant et boni et mali, quamvis secundum maius
et minus. Qui autem reputatur magnus, is non invaditur de facili nec
contemnitur: nullus enim contemnit quem reputat: qui autem inordinate
operatur, e contrario se habet. [89836] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 10 Deinde cum dicit contrariumque
faciendum ostendit quid observandum est in comparatione ad totam civitatem et
divina. Et primo quid in comparatione ad totam civitatem.
Secundo cum dicit, videri etiam oportet etc. quid in comparatione ad divina. In prima dicit, quod ad salvandum tyrannidem
faciendum est contrarium eis quae dicta sunt prius: scilicet quod tyrannus
debet praeparare et ornare civitatem, scilicet faciendo turres et muros, et
aedes, et habitacula, et alia huiusmodi communia, et ordinando cives tamquam
sit procurator civitatis, et non tyrannus; sic enim benivolus apparebit et
non tyrannus. [89837] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 11 Deinde cum dicit adhuc autem
ostendit quid observandum est in ordine ad Deum; et dicit, quod ad
salvationem tyrannidis tyrannus in his quae ad religionem et cultum divinum
pertinent studiose et reverenter se debet habere; et tanto magis differenter
ab aliis quanto magis excellit. Cuius ratio est, quia si subditi existiment
principantem religiosum et deicolam esse, non timebunt male pati ab ipso. A
divino enim nullus expectat malum per se; et minus inclinabuntur insidiantes,
opinantes ipsum Deum esse sibi propitium et propugnatorem pro eo contra
machinantes in eum. [89838] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 12 Deinde cum dicit oportet autem
ostendit quid observandum est quantum ad distributionem honoris; et dividitur
in quatuor, secundum quod quatuor tangit. Secunda ibi, et tales quidem.
Tertia ibi, communis autem. Quarta ibi, si aliquid. In prima dicit, quod
oportet tyrannum esse sapientem, ut sciat considerare finem et dignitatem
hominis; vel saltem, ut videatur esse probus et sine improbitate: et oportet
quod bonos et virtuosos cives quantum ad actus aliquarum virtutum honoret, et
sic ut putent se magis honorari ab eo quam a concivibus propriis; quia sic
maxime erit benivolus subditis. [89839] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 13 Deinde cum dicit et tales tangit
secundum; et dicit, quod ad benivolentiam maiorem honores debent distribui
per ipsum, sed supplicia debent infligi per alios principes et iudicia. [89840] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 14 Deinde cum dicit communis autem
tangit tertium, dicens, quod ad custodiam communem omnis monarchiae multum
expediens est nullum virum facere magnum valde aut in potentia aut divitiis.
Magnus enim existens in potentia aut in divitiis facilius insurget. Si autem
oportet facere, magis expedit facere plures. Vix enim erunt unanimes, et unus
iuvabit contra alterum. [89841] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 15 Deinde cum dicit si aliquid tangit
quartum; et dicit, quod si oportet facere aliquem magnum secundum potentiam,
non debet facere illum qui audax est secundum morem et inclinatur ad
audaciam; quia talis est maxime invasivus secundum omnes actiones; et ideo
quia inclinatur ad magna, cum haberet potentiam, de facili insurgeret. [89842] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 16 Deinde cum dicit et si a potentatu
ostendit quid observandum est in dimissione a principatu vel honore; et
dicit, quod si oporteat aliquem dimittere a potentatu, gradatim debet deponi,
ut non primo auferatur ei potestas tota, sed pars aliqua, deinde alia, usque
quo totam amiserit; quia minus contristabit illum, et per consequens minus
insurget et poterit minus insurgere auferens secundum parvum; quia quod
parvum est, reputatur ut nihil. Si autem totum simul vellet auferre, multum
contristaretur et posset insurgere. [89843] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 17 Deinde cum dicit adhuc autem
ostendit quid maxime observandum quantum ad iniurias. Et primo quod omnes
iniuriae sunt cavendae. Secundo cum dicit, invadentium autem quorum sunt
maxime cavendae. In prima dicit, quod tyrannus volens salvare tyrannidem,
omnem iniuriam debet prohibere et nullam facere. Praecipue autem duas debet
vitare ne faciat eas. Prima est flagellatio corporis; et alia est iniuria
quae est secundum aetatem, scilicet inhonoratio. Flagellationem quidem
corporis, quia ista servilis est; cives autem liberi volunt esse; et ideo si
iniuriaretur eis flagellando, possent insurgere. Iniuriam quae est secundum
aetatem non debet facere, sed exhibere maximam reverentiam senibus secundum
virtutem et amatoribus honorum, quia unusquisque graviter fert iniuriam circa
illud quod multum diligit: quia amatores pecuniarum graviter ferunt quod
pecunia ipsorum diminuatur; et amatores honoris graviter ferunt si
inhonorentur vel si non reddantur eis honores debiti; et virtuosi eodem modo.
Propter quod similiter oportet quod ipse honoret virtuosos et amatores
honoris; aut si inferat eis supplicia et inhonorationem, oportet quod
videatur hoc facere propter bonum pacis et non propter parvipensionem; et
correptiones per verba vel increpationes quae solent fieri ad aliquos facere
ad virtuosos et senes secundum aetatem, non propter ostensionem potestatis,
sed propter amorem, ut videatur eos diligere: et si alicui fierent aliquae
inhonorationes huiusmodi, debet postmodum ei exhibere maiores honores ad mitigationem
ipsorum. [89844] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 18 Deinde cum dicit invadentium autem
ostendit quorum iniuriae sunt maxime cavendae; et dicit quod iniuriae
illorum, qui inclinantur ad invadendum personam principis, maxime sunt
cavendae: nam isti sunt maxime terribiles, et contra ipsos oportet exhibere
maiorem custodiam, qui non curant de vita sua si possint principem
interficere. Et ideo maxime erunt cavendi ne iniuria fiat eis, vel illis
quorum curam gerunt. Si enim fiat eis aliqua exacerbatio, non parcunt
invadentes per furorem. Sicut enim dixit Heraclitus, difficile est pugnare
contra furiosum, quia talis pro pretio parvo ponit animam, sive vitam. [89845] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 19 Deinde cum dicit quoniam autem
ostendit quid faciendum est si civitas fuerit divisa. Et dicit, quod cum
civitas constituta sit ex duobus, scilicet ex pauperibus et divitibus,
oportet istos et illos salvari propter principatum: ita quod tyrannus nec
istis nec illis iniuriam faciat. Et debet cavere ne invicem iniurientur.
Meliores autem debet assumere ad principatum. Si enim ita fieret, non oportet
tyrannum manumittere servos, nec auferre arma a subditis. Si enim una pars
velit insurgere contra ipsum, alia pars cum principe sufficiens erit ad
repellendum ipsam si fuerint divisi. [89846] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 20 Deinde cum dicit superfluum autem
recolligit quaedam dicta excusans se ab ulteriori consideratione. Et primo facit
hoc. Secundo cum dicit, praeterea egregios viros per familiaritatem sibi etc.
adiungit quaedam. In prima dicit quod discurrere per singula quae faciunt ad
salvationem tyrannidis, superfluum est, sed aliquis per rationem poterit
discurrere. Est enim manifestum, quod oportet, principatum non esse
tyrannicum, sed tamquam patrem familiae. Et quod videatur regalis subditis,
et non gratia sui ipsius principari civitati, et potius ostendere se
procuratorem et tenere statum mediocrium non excellentium. [89847] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 21 Deinde cum dicit adhuc autem
insignes adiungit quaedam. Et primo adiungit unum quantum ad insignes.
Secundo cum dicit adhuc autem ipsum, quantum ad ipsum tyrannum. In prima
dicit quod debet tyrannus esse affabilis insignibus et magnis viris in
civitate, multitudinem autem debet retinere in obsequio per gratiam: sic enim
principatus non solum erit pulchrior et magis amabilis, scilicet, si
melioribus principetur et non humilibus, nec odio habebitur princeps, nec
perseverabit in timore; immo principatus erit durabilior. [89848] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 22 Deinde cum dicit adhuc autem ipsum
adiungit aliud quantum ad tyrannum. Et dicit quod tyrannus ad salvationem tyrannidis
seipsum debet disponere bene principari secundum mores et secundum virtutem,
et magis debet seipsum facere semibonum quam malignum, et semimalignum quam
malignum, etsi non secundum virtutem, tamen secundum apparentiam. Quanto enim
erit minus malus vel secundum virtutem vel secundum apparentiam, tanto minus
odient ipsum. [89849] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 23 Deinde cum dicit equidem omnibus
declarat quae istarum rerumpublicarum sunt brevis durationis per se, et quae
non. Et primo proponit. Secundo probat, ibi, plurimo enim tempore. In prima
dicit, quod inter respublicas minoris per se durationis sunt paucorum status
secundum ultimam speciem, et tyrannis. Et ratio huius est, quia plus recedunt
a regno quod per se diuturnius est, et sunt praeter voluntates subditorum.
Tales autem respublicae minoris temporis sunt quam aliae. [89850] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 24 Deinde cum dicit plurimo enim
probat. Et primo ostendit quod quaedam istarum sunt durationis longae propter
dictas causas. Secundo ostendit propositum, scilicet quod quaedam sunt brevis
durationis, ibi, reliquarum autem. Prima in tres, secundum quod inducit in
tribus quae fuerunt longae durationis propter dictas causas. Secunda, ibi,
secunda autem et cetera. Tertia ibi, tertia autem et cetera. In prima dicit,
quod tyrannis quae fuit circa Sicyonem civitatem multo tempore duravit, ubi
tyrannizavit Orthagoras et filii eius. Duravit enim centum annis. Et ratio
huius fuit, quia moderate se habuerunt ad subditos, et secundum aliquas leges
disponebant tyrannidem, et serviebant subditis. Clisthenes enim qui fuit
filius Orthagorae, quia fuit bellicosus, non fuit contemptibilis et ducebat
populum cum favore in multis. Et ideo quia iste moderate utebatur subditis,
diu tyrannizavit; et in tantum moderavit tyrannidem utens legibus quibusdam
et ordinatione sapientum, quod quandoque de propriis factis subibat iudicium
seniorum sicut et alii, et sustinebat sententias; et ideo dicunt adhuc in civitate
illa, quomodo Clisthenes coronavit iudicem qui victoriae eius contradixit
quia cum requireretur in iudicio de victoria, respondit sicut quicumque alius
de subditis non velut tyrannus. Dixerunt autem quidam statuam, quae est in
foro, esse imaginem istius iudicis, qui iudicavit, quem coronandum iudicavit.
Dicitur etiam quod Pisistratus, cum tyrannizaret, cum vocaretur ad Ariopagum,
ubi reddebantur sententiae, sententiam sustinuit, et ideo tyrannizavit longo
tempore. [89851] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 25 Deinde cum dicit secunda autem
tangit secundam. Et dicit quod secunda tyrannis quae multum duravit, fuit
circa Corinthum quae fuit Cypsellidarum sic dictorum a genere. Ista enim
duravit septuagintatribus annis, et sex mensibus, quia Cypsellus tyrannizavit
triginta annis, Periander quadraginta quatuor, imperfectis tamen. Psammetius
qui dicitur Gordii filius, tribus annis similiter imperfectis. Et est
intelligendum quod sex menses pro uno anno accipiebat. Causae autem, quare
tantum duravit, eaedem sunt cum praedictis. Cypsellus enim ductor populi
erat, et in principio non fecit custodiam armorum. Periander autem fuit
tyrannus, sed fuit valde bellicosus; et ideo non fuit contemptibilis. [89852] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 5 l. 12 n. 26 Deinde cum dicit tertia autem tangit tertiam.
Et dicit quod tertia tyrannis quae multum duravit, fuit Pisistratidarum
Athenis. Ista autem non fuit continua, quia Pisistratus bis tyrannizavit
ibidem. Ex triginta tribus enim annis ipse septem et decem primo
tyrannizavit. Filii vero eius consequenter tyrannizaverunt decem et octo; et
sic sunt in universo quinque et triginta anni, quibus duravit illa tyrannis. [89853] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 12 n. 27 Deinde cum dicit reliquarum autem
ostendit propositum principale; scilicet quae respublicae tyrannicae fuerunt
minoris durationis. Et dicit, quod illa tyrannis qua hieron et Gelon
tyrannizaverunt in Syracusis non fuit multum diuturna; non enim duraverunt
nisi in octodecim annis; quia Gelon septem annis tyrannizavit, in octavo
mortuus est. Hieron vero decem annis solum. Thrasybulus nono mense mortuus
est. Multae etiam aliae tyrannides pauci temporis fuerunt, quia tyrannis
contra naturam est; quae autem contra naturam sunt, per se brevis durationis
sunt. Et tunc recapitulat; et dicit quod quae sint principia et causae quibus
corrumpantur respublicae et monarchiae, et iterum quae sint principia ex
quibus salventur, fere dictum est. |
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Lectio
13 |
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[89854] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 1 Postquam philosophus determinavit de salvatione et
corruptione rerumpublicarum secundum intentionem propriam, hic intendit
reprobare opinionem Platonis de corruptione earumdem. Et circa hoc primo
praemittens intentionem suam, innuit opinionem eius. Secundo cum dicit
tamquam natura approbat eam in quodam bene dicto. Tertio cum dicit, sed haec quidem etc. improbat in male
dictis. Circa primum est intelligendum, quod opinio Platonis de corruptione
rerumpublicarum non est bene cognita a nobis. Tum quia non venit ad nos per
libros eiusdem nec expositorum eius. Tum quia dicta Aristotelis hic de ea
obscura sunt valde propter brevitatem ipsorum. Unde magis videtur eam
supponere quasi manifestam tempore suo quam expresse ponere; exceptis
quibusdam paucis. Sed ex suppositionibus quibusdam Platonis in aliis, et ex
illis brevibus, quae hic ponit Aristoteles et obscuris, et ex ipsa
reprobatione poterit aliqualiter videri opinio praedicta ipsius. Posuit autem
Plato, sicut ex aliis apparet, quod ipsum unum sit substantia eorum quae
dicuntur; non distinguens inter unum quod est principium numeri, et unum quod
est substantiale. Et quia replicatione unius quod est principium numeri
causatur numerus, concessit quod ex replicatione unius substantialis causetur
numerus. Ex replicatione autem substantiae non generatur nisi substantia; et
ideo concessit substantiam eorum quae ex pluribus sunt, esse numerum quemdam,
et formas eorum substantiales esse numeros quosdam; sicut formam hominis,
leonis, caeli et etiam animae. In numeris autem primo invenitur proportio
quae est certa habitudo unius quantitatis ad aliam. Proportionum autem
numeralium quaedam sunt temperatae magis, in quibus extrema magis accedunt ad
naturam unius; quaedam autem intemperatae magis, sicut sesquialtera magis
temperata est quam sesquisexta vel sesquiseptima, vel dupla, vel tripla; et
ideo substantias entium compositorum posuit consistere in quadam proportione
numerali principiorum ex quibus sunt; sed quorumdam in temperata magis,
quorumdam autem in intemperata, quorumdam autem in mediis. Et quia respublica
ex pluribus componitur, sicut ex materia, est enim ordo inhabitantium
civitatem ad per se sufficientiam vitae; ideo posuit rationem eius consistere
in proportione aliqua: cuiusdam quidem in ea quae maxime temperata est, quam
dixit esse optimam et maxime unam ut apparuit ex secundo huius: alterius
autem in intemperata valde, quam dixit esse pessimam: mediarum autem in
mediis: quarum quae magis accedunt ad temperatam primam meliores sunt; quae
autem ad intemperatam, peiores. [89855] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 2 Secundo aliud principium posuit,
quod in entibus compositis ex pluribus, illud quod magis unum est, minus ex
se est corruptibile; tum quia magis accedit ad secundum se unum separatum,
quod est ex seipso, est incorruptibile; tum quia etiam quod magis est unum,
magis est ens in actu secundum quod huiusmodi, quia unum est ens
convertuntur; et quod magis est ens in actu, minus est ens in potentia ex se;
et quod minus est in potentia ex se, minus est corruptibile: propter quod
rempublicam primam et optimam quae maxime una est, posuit minime
corruptibilem ex seipsa. [89856] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 3 Tertio posuit quod omnia quae fiunt
hic secundum naturam reducuntur in superioribus in aliquam figuram caelestem;
ita quod cum incipit sensibilis generatio figurae in caelo per motum
stellarum, incipit transmutatio ad substantiam generandam hic; et cum
generata est figura praedicta, generatum est ens naturale ab illa; et cum
incipit recessus stellarum a praedicta figura, similiter incipit hic
declinatio sequentis figuram illam dispositione naturali. Et cum corrupta est
figura, corruptum est et illud; ita ut profectus et defectus rei naturalis
mensuratur secundum quantitatem accessus stellarum ad figuram determinatam et
recessus ab eadem. Et quantitas istius motus caelestis in ordine ad rem
naturalem dicitur periodus eius naturalis. Et quia tempus accessus et
recessus stellarum secundum naturam sunt aequalia, quia uniformiter moventur;
ideo tempus profectus seu generationis rei est aequale tempori defectus seu
corruptionis eiusdem, quamvis multoties in maiori accidit corrumpi quam
generari, vel e contrario, propter inaequalitatem materiae, sicut Aristoteles
dicit secundo de generatione. Corruptio autem rei quae accidit secundum
declinationem a praedicta figura caelesti dicitur corruptio secundum tempus a
philosopho. Quia igitur respublica est aliquid causatum, hic dixit eam
causari ab aliqua figura caelesti, et corrumpi per recessum ab ea in quodam
periodo temporis determinato. Et sic posuit optimam
rempublicam corrumpi in eam quae Lacedaemoniorum, quae fuit quaedam species
status optimatum, non in aliam. De
tyrannide autem non dixit si corrumpitur, an non; nec si corrumpitur, quomodo
corrumpatur: nec potuit rationabiliter dicere. Posuit etiam quod in statu
paucorum fiebat transmutatio ex optimatum statu seu populari vel aliis
huiusmodi, quia principantes erant amatores pecuniarum. Et pecuniosi facti
principantur aliis propter pecuniam, cogentes eos servire ad utilitatem
propriam. [89857] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 4 Haec igitur, ut videtur, est opinio
Platonis in summa, quam recitat et reprobat philosophus dicens, quod de
transmutationibus rerumpublicarum dictum est a Socrate, idest a Platone
introducente Socratem loquentem in republica sua, non tamen secundum rationem
et bene. Dixit enim quod cum multae respublicae essent et altera earum esset
optima, illius optimae et primae simpliciter secundum naturam non esse
transmutationem proprie, idest ex se minime esse corruptibilem, quia prima et
optima respublica maxime est una secundum ipsum; illud autem quod maxime unum
est, minime ex se est corruptibile, sicut dictum est prius. Dixit tamen
corruptionem eius esse per accidens et ab alio: cuius causam dicit esse, quia
nihil eorum quae sunt hic composita ex pluribus ex se natum est manere
continue, sed necesse est transmutari in aliqua periodo determinata, hoc est
in aliqua quantitate motus caelestis mensurantis durationem ipsius, sicut
dictum est prius. Principium esse et permanentiae illarum rerumpublicarum
quarum fundus, idest substantia super quam fundantur omnia accidentia, est
epitritus, idest numerus continens proportionem sesquitertiam quae invenitur
primo inter quatuor et tria quae aggregata faciunt septem, coniunctus
quinario qui continent proportionem sesquialteram quae reperitur inter tria
et duo; ex quibus aggregatum, puta ex septem et quinque, scilicet duodecim,
continet duas praedictas harmonias, sesquialteram et sesquitertiam, dixit
esse causam per se quia numerus huiusmodi diagrammatis, idest figurationis,
solidus est. Constat enim ex ductu unius sesquialteris in alterum, puta tria
in quatuor. Entia autem illa quorum substantia est numerus aliquis solidus,
sunt maioris durationis. Et non vult aliud dicere, ut videtur, nisi quod
respublica illa cuius substantia est duodenarius numerus continens
proportionem sesquialteram et sesquitertiam quae magis ad unitatem videntur
accedere, solidus existens, est maioris durationis, quia numerus iste solidus
est. [89858] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 5 Deinde cum dicit tamquam natura
approbat ipsam in quodam bene dicto; dicens, quod Plato dixit quasdam
respublicas esse maioris durationis propter causam praedictam; ac si natura
producens eas in esse produceret quasdam pravas et quasdam meliores secundum
disciplinam, hoc ipsum dicens forte non male. Contingit enim esse aliquos
gubernantes quos ex nativitate et figura caelesti in hora nativitatis
impossibile, hoc est difficile, est fieri studiosos et bonos. Sunt enim
aliqui ex dispositione naturali quam acquirunt ex figura caelesti in
principio inclinantur ad turpia, et ea quae praeter rationem sunt. Alii autem
qui ex dispositione naturali inclinantur ad honesta, et ea quae secundum
rationem. Talem enim inclinationem ad honesta vel turpia
causari ex figura caelesti necesse est dicere, quamvis necessitatem non
imponat in his quae operantur secundum intellectum. [89859] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 13 n. 6 Deinde cum
dicit sed haec reprobat eam in male dictis. Et primo quantum ad ea quae dixit de corruptione
optimae reipublicae. Secundo quantum ad ea quae de corruptione quarumdam
aliarum, cum dicit, adhuc autem tyrannidis et cetera. Circa primum primo
reprobat eam quantum ad hoc, quod dixit ipsius non esse transmutationem
proprie. Secundo cum dicit, adhuc autem etc. quantum ad terminum
transmutationis. In prima parte dicit, quod non bene dixit non eius esse
transmutationem proprie, sed per transmutationem figurae caelestis in periodo
determinata. Haec enim transmutatio causata est a motu caeli quae est omnium
eorum quae fiunt natura et per tempus saltem secundum accidens, inquantum
tempus est mensura motus, qui facit distare quod est, ut dicitur quarto
physicorum. Propter quod dicit omnia quae fiunt hic naturaliter transmutari;
et illa quae simul incoeperunt transmutari, et illa quae non, simul corrumpi.
Sicut si aliqua facta fuerunt in die praecedente tropicum, hoc est
conversionem solis a signis meridionalibus ad Septentrionalia vel e
contrario, simul terminantur et finiuntur, magis est propria optimae
reipublicae quam aliarum. Istud enim quod simpliciter generatur, simpliciter
corrumpitur et quod secundum quid generatur, secundum quid corrumpitur, sicut
apparet ex primo de generatione. Unde substantiae, cuius est generatio
simpliciter, est corruptio simpliciter. Et accidentis, cuius est generatio
secundum quid. Reipublicae autem optimae primae est simpliciter generatio:
quia cum generatio sit una in esse, eius magis erit generatio quae magis est
ens, in generabilibus dico. Optima autem et prima in genere rerumpublicarum
maxime est ens. Ergo ipsius erit corruptio et magis quam aliarum. Sed istud
quod concludit ratio ista, stat cum dicto Platonis, qui dixit, quod
respublica optima et prima ex se, minime est corruptibilis: quia maxime una
et actu incorruptibilis est, et corrumpitur ab alio; et illa corruptio eius
est corruptio simpliciter, quia entis simpliciter, quod concludit ratio
Aristotelis. Et ideo secundum rem non reprobat ipsum, sed ad illos qui
intelligerent, Platonem dixisse reipublicae primae non esse corruptionem,
simpliciter decipi per aequivocationem huius termini. Proprie: quod uno modo
significat illud quod simpliciter est, alio autem modo illud quod est ex se,
in qua significatione hic utebatur ipse. [89860] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 7 Deinde cum dicit adhuc autem
propter reprobat eam quantum ad terminum transmutationis; dicens, quod adhuc
quaerendum est a Platone, propter quam causam ex optima republica fit
transmutatio secundum eum in eam quae Lacedaemoniorum, quae fuit quaedam
species status optimatum, sicut apparuit ex quarto, propinqua optimae. Nos enim videmus ad
sensum quod saepius transmutatio fit in contrariam rempublicam quam in
propinquam, sicut a regno in tyrannidem. Eadem autem ratio est de
transmutationibus aliarum consequentium secundum ipsum. Dixit enim quod ex
republica Lacedaemoniorum fit transmutatio in paucorum potentiam, sicut in
propinquiorem ei, et ex dicta in popularem, ex qua in tyrannidem, sicut in
pessimam et ultimam; et tamen nos videmus e contrario fieri saepius
transmutationem ex statu populari in paucorum quam in tyrannidem. Et est intelligendum, quod si Plato intellexit
optimam rempublicam corrumpi in eam quae propinqua est ei natura, et
similiter consequentes in propinquiores eis solum, falsum intellexit, et
procedit dictum Aristotelis contra eum. Si autem non intellexit solum, sed
quod facilius, verum dixit, nec Aristoteles hoc improbat, immo dicit in
secundo de generatione, quod in habentibus symbolum facilius est transitus. [89861] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 8 Deinde cum dicit adhuc autem
tyrannidis reprobat quantum ad alias. Et primo, quia non dixit nec potuit
bene dicere de corruptione tyrannidis. Secundo cum dicit, inconveniens autem,
quia non dixit de transmutatione paucorum potentiae in alias vel aliarum in
ipsum. In prima parte dicit quod adhuc Socrates seu Plato non determinavit si
tyrannidis est aliqua transmutatio vel non est. Et si est, propter quam
causam et in quam rempublicam est. Et causa huius est, quia non facile posset
illud dicere secundum rationem, quia non est determinatum, nec determinatur
ab eo bene, suppositis dictis ipsius; quoniam secundum ipsum si corrumpatur
tyrannis, oportet eam corrumpi naturaliter in primam et optimam. Quia sic
erit circulus quidam in corruptionibus ipsarum; puta si optima corrumpatur in
statum optimatum; et haec in rempublicam quae in statu paucorum; et ista in
statum popularem, quae in tyrannidem, et tyrannis in optimam per consequens.
Sed nos videmus quod non sic transmutatur tyrannis in optimam semper, sed
transmutatur quandoque tyrannis in tyrannidem, sicut illa quae est apud
Sicyonios ex Myronis in eam quae est Clisthenis. Transmutatur etiam quandoque
in paucorum potentiam, sicut in Chalcide tyrannis quae Antileontis transmutata
fuit in eam. Item in statum popularem, sicut illa quae fuit Gelonis in
Syracusis. Et in optimatum, sicut illa quae fuit Charilai apud Lacedaemonios.
Et e contrario ex paucorum potentia transmutatio facta in tyrannidem, sicut
in Sicilia plurimae antiquae paucorum gubernationes transmutatae sunt, sicut
in Leontinis in tyrannidem Panaetii. Et in civitate quae dicitur Gela in
illam quae Cleandri. Et in Rhegio, quae est civitas Calabriae, in eam quae
Anaxilai. Similiter autem se habet in aliis civitatibus multis. [89862] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 9 Deinde cum dicit inconveniens autem
reprobat opinionem eius quantum ad hoc quod dixit de transmutatione paucorum
potentiae, in paucorum potentiam. Et primo reprobat causam ipsam transmutationis
quam posuit. Secundo cum dicit, in multisque oligarchiis etc. propter
insufficientiam. Causam autem improbat per tres rationes: quarum secundam
ponit cum dicit, in multisque. Tertiam cum dicit, inconveniens enim est
dicere et cetera. In prima parte dicit, quod inconveniens est credere et
dicere, quod transmutatio fiat in paucorum potentiam ex aliis, puta ex statu
populari, vel optimatum, vel huiusmodi, quia principantes sunt amatores
pecuniarum, et ideo acquirentes undecumque et qualitercumque pecuniosi fiunt,
pecuniosi autem facti, aestimantes quasi se habere omnia, et praecellere
omnes, faciunt se dominos per potentiam pecuniarum: et non magis propter hoc,
quia excedentes in substantiis, puta divites, existimant non iustum esse,
seipsos, et pauperes qui nihil possident habere aequale de honoribus et bonis
communibus; sed ipsos debere plus habere secundum praeeminentiam divitiarum
propriarum ad eas quae pauperum. Et est intelligendum quod causa quam
assignat Aristoteles huius transmutationis, puta non aestimare eos et
pauperes non habere aequale, est causa proxima ipsius. Causa autem quam
assignavit Socrates, est magis causa remota et prima. Ex abundantia enim
divitiarum concipiunt aestimationem praedictam, ad quam sequitur voluntas
transmutationis reipublicae. [89863] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 13 n. 10 Deinde cum
dicit in multisque ponit secundam rationem; dicens, quod adhuc multae sunt
potentiae paucorum, in quibus non licet superexcedentem acquirere pecuniam,
sed sunt leges aliquae prohibentes excedere quantitatem determinatam, et
tamen transmutatio ad eas fuit facta; ergo non per acquisitionem pecuniae: et
hoc est intelligendum cum transmutatur unus paucorum status in alium. Item in
Carthagine regnantes in populari statu, efficiuntur multi pecuniosi, et tamen
non transmutantur in paucorum statum, sed in aliam rempublicam magis; ergo
abundantia pecuniae non fuit proxima causa et per se transmutationis in
paucorum statum. [89864]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 5 l. 13 n. 11 Deinde cum dicit inconveniens enim ponit
tertiam rationem; dicens, quod irrationabile est civitatem quae regitur
secundum paucorum potentiam habere duas civitates, hoc est duas
communicationes civium, unam videlicet divitum, et aliam pauperum quae
sibiinvicem contrariantur; non enim est ratio, quare hoc magis inveniatur in
ista quam in Lacedaemonia, quae fuit optimatum potentia quaedam, vel in
quacumque alia republica, ubi non omnes habent aequales possessiones seu
divitias, vel ubi omnes non sunt aequaliter boni viri; et ideo si in una non
est principium corruptionis, nec in aliis. Videmus autem, quod nullo facto
pauperiore, quam prius esset, ex paucorum statu fit transmutatio in statum
popularem, si pauperes sint plures et potentiores. Et e contrario nullo facto
ditiori fit transmutatio ex populari republica in paucorum, si opulenti sint
potentiores quam multitudo egenorum, et adhibeant curam ad transmutandum
rempublicam, alii autem negligant. Quare proxima causa transmutationis in
paucorum statum ex populari, non est ob hoc ipsum, quod principantes sint
facti magis pecuniosi. [89865] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 12 Deinde cum dicit multisque
existentibus reprobat ipsum propter insufficientiam causae. Et primo ex hoc,
quod cum sint multae causae praedictae transmutationis, unam tantum
assignavit. Secundo cum dicit, pluribus autem etc. quia cum plures sint
paucorum status et populares, tantum assignavit unam causam omnium. In prima
parte dicit, quod adhuc cum multae existant causae et principia
transmutationis popularis status in paucorum potentiam, et e contrario, non
dixit nisi unam tantum; quia videlicet usurarii, hoc est divites praeter
rationem secundum prodigalitatem expendentes propria, efficiuntur pauperes,
et deinde volentes ditari, corrumpunt rempublicam. Hoc autem dicit ac si
omnes vel plures essent aequaliter divites a principio. Hoc autem falsum est;
sed magis videtur esse causa una, quod quando aliqui magni et praesidentes in
civitate perdunt substantias, et volunt eas innovare, trahunt ad se
rempublicam transmutantes, ut ex hoc ditentur. Et tunc fit transmutatio non
magis in popularem rempublicam quam in quamcumque aliam. Quando autem aliqui
communium et popularium ditantur, nihil fit durum per quod respublica
transmutetur, ut frequentius, quia non sunt ita magnanimi. Adhuc autem, et si
reputent se dignos honoribus, et non participent ipsis, et si iniustum
reputent se pati in rebus, vel iniurias in personis, seditiones movent in
civitate, et transmutant rempublicam, sicut dictum est prius. Item quamvis
non consumpserint substantiam, seu divitias, aliquando transmutant ipsam
propter hoc, quod reputant sibi licere facere quodcumque voluerint. Cuius
causam dixit Plato esse eam, quae libera est, hoc est ipsam libertatem.
Insufficienter enim assignavit causam transmutationis praedictarum
rerumpublicarum. [89866] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 5 l. 13 n. 13 Deinde cum dicit pluribus autem
reprobat ex eo, quod cum sint multae, assignavit causam sicut unius tantum,
dicens, quod insufficienter dixit Socrates, quia pluribus existentibus
speciebus status popularis et paucorum, sicut dictum est prius in quarto,
assignavit causas earum tamquam utraque earum esset una secundum speciem, et
species earum adinvicem non differrent: hoc autem falsum est. Hae enim
diversae sunt et species diversas habent, quare et causas diversas.
Diversorum enim oportet esse diversas causas proprias aliquo modo. Et in hoc
terminatur intentio Aristotelis in hoc quinto. |
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Liber 6
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LIVRE 6
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Lectio
1 |
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[89867] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 1 n. 1 Postquam philosophus determinavit de principiis et
causis corrumpentibus et salvantibus respublicas et in universali et in
particulari, intendit nunc ostendere ex quibus et quomodo sunt instituendae.
Et primo declarat ex quibus et quomodo instituendae sunt respublicae
transgressae. Et in secunda parte ex quibus et quomodo respublica optima et
recta in principio septimi, ibi, de politia optima. Respublicae autem
transgressae erant tres. Paucorum, popularis et tyrannis: inter quas tyrannis
pessima est, nec alicui expedit simpliciter, quia nihil malignitatis ei
deficit, sicut dicebatur in quinto. Et ideo de ipsa non determinat ex quibus
et quomodo sit instituenda. Unde tantum in isto sexto
intendit determinare, qualiter aliae duae sint instituendae. Et dividitur in
duas; quoniam in prima parte praemittit intentionem suam, et ordinem
considerandi. In secunda cum dicit, hypothesis quidem igitur, prosequitur.
Circa primum duo facit: quoniam primo dat intentionem suam. Secundo dat
ordinem considerandi cum dicit, et primo de democratia. Circa primum duo
facit. Primo enim continuans se
quaedam dicta recolligendo, dat intentionem suam in universali. Secundo cum
dicit, qualis quidem igitur democratia, in particulari. Circa primum duo
facit. Primo recolligit quaedam determinata prius. Secundo cum dicit, quoniam
autem fuerunt, tangit quae restant consideranda in universali. In prima
dicit: in praecedentibus, puta in fine quinti huius, determinatum est, quae
et quot species differentiae sunt eius quod consiliatur in republica, et
etiam eius quod dominatur simpliciter, et etiam ipsorum principantium
universaliter, et etiam iudiciorum, quae reddunt sententias disceptantibus.
Iterum etiam dictum est, quae istarum cui reipublicae conveniunt
principaliter, quia non omnia omnibus competunt. Iterum etiam dictum est ex
quibus et qualibus causis et principiis, et quomodo se habentibus contingit
salvari et corrumpi respublicas et in universali et in particulari. [89868] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 1 n. 2 Deinde cum dicit quoniam autem
tangit in universali quaedam quae restant consideranda; et dividitur in duas.
In prima tangit illa. In secunda reddit causam cuiusdam dicti, cum dicit,
haec enim combinata. In prima dicit, quod quia plures sunt species
reipublicae sicut dictum est prius, puta popularis, et paucorum, et sic de
aliis: adhuc etiam plures sunt species popularis, et plures etiam aliarum rerumpublicarum
de quibus aliqua considerata sunt prius, si aliquid remanserit de illis non
consideratum et non declaratum, et quod minus expediens est cognoscere,
considerandum est nunc de illo, puta de institutione secundum unamquamque
speciem. Item considerandus est modus, qui congruit unicuique illarum, et
confert ad consequutionem finis uniuscuiusque; adhuc autem et commixtiones
modorum rerumpublicarum. [89869] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 1 n. 3 Deinde cum dicit haec enim reddit
causam cuiusdam dicti immediate. Ad cuius intellectum sciendum, quod sunt
quaedam partes materiales in habentibus materiam, quae non pertinent ad
speciem; sicut aurum vel cuprum non pertinent ad speciem circuli. Alia autem sunt quae
pertinent ad ipsam, sicut carnes et ossa ad speciem animalis vel hominis. Et
quia tales partes ad speciem pertinent, ideo secundum diversitatem istarum
accidit diversificari speciem. In republica sunt quaedam partes sic non
pertinentes ad rempublicam, sicut iste homo vel ille, vel hoc officium vel
illud: quaedam autem secundum speciem, sicut principans et consiliativum et
iudicium, et sic de aliis; et ideo secundum distinctionem istorum
diversificantur species reipublicae. Contingit
autem commixtiones vel combinationes istarum fieri, puta quod accipiatur
consiliativum unius et iudicium alterius, et sic de aliis; et secundum hoc
contingit diversimode misceri respublicas. Et hoc est, quod ipse dicit, quod
considerandae sunt combinationes partium pertinentium ad speciem diversarum
rerumpublicarum. Istae enim partes diversimode combinatae faciunt
diversitatem rerumpublicarum, ita quod istae quae sunt optimatum secundum
aliquid videntur esse paucorum secundum aliquid quidem; et illae quae sunt
respublicae secundum aliquid, videantur populares secundum aliud. Dico autem
exponendo praedictas combinationes quae restant considerandae, et ab aliis
sunt omissae; ut si in aliqua republica vel in aliqua civitate consilium et
ea quae pertinent ad electionem principum accipiantur ex paucorum statu, id
autem quod pertinet ad iudicia ex optimatum statu, aut ea quae sunt circa
iudicia aut etiam circa consilium ex paucorum statu, ea vero quae ad
electionem pertinent ex optimatum, aut secundum aliquem alium modum talem quo
nunc accipiuntur omnia quae conveniunt uni reipublicae non ex propriis eius,
sed ex his quae conveniunt aliis vel aliis. Secundum enim diversitatem
istorum contingit diversimode misceri respublicas. [89870] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 1 n. 4 Deinde cum dicit qualis quidem in
speciali magis dat intentionem. Et primo recolligit iterum quaedam
determinata prius. Secundo cum dicit, attamen oportet, declarat quae restant
determinanda nunc in speciali. Primo igitur dicit, quod in praecedentibus,
puta in quarto, dictum est qualis species status popularis, quali multitudini
conveniat; et qualis species paucorum, quali multitudini insignium conveniat;
et similiter de reliquis rebuspublicis dictum est quae cui vel qualibus
conveniat; non enim quaelibet cuilibet expedit, sicut nec quodlibet genus
fistulae cuilibet fistulatori, sed determinatum determinato. [89871] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 1 n. 5 Deinde cum dicit attamen oportet
tangit quae sunt consideranda nunc; dicens, quod quamvis ista considerata
sint, tamen oportet manifestari non solum qualis respublica cui multitudini
conveniat, sed etiam qualiter et ex quibus et quomodo unaquaeque illarum sit
instituenda; et ideo de hac pertractandum est nunc breviter. [89872] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 1 n. 6 Consequenter cum dicit et primo dat
ordinem considerandi; et dividitur in duo. Quoniam primo tangit quod de
populari statu primo est considerandum. Secundo cum dicit, sumendum autem,
ostendit quo ordine sit considerandum de ea. In prima dicit, quod primo
considerandum est ex quibus et quomodo instituendus sit popularis status.
Simul enim quantum ad unitatem tractatus consequenter manifestum erit de
republica quae opponitur illi, quam vocant paucorum potentiam. Post haec
autem in sequenti tractatu dicemus de optima. [89873] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 1 n. 7 Deinde cum dicit sumendum autem
tangit ordinem considerandi de populari statu; quod facit primo. Secundo cum
dicit, ex his enim, assignat rationem ordinis. In prima dicit, quod est
considerandum ex quibus et qualibus instituenda sunt illa quae sunt sicut
principia et hypotheses, et omnia quae assequuntur sicut proprietates vel
accidentia ipsi; deinde determinandum est, ex quibus et qualibus instituatur. [89874] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 1 n. 8 Deinde cum dicit ex his enim
assignat rationem propositi ordinis; et dividitur in duas, secundum quod duas
rationes assignat, et incipit secunda ibi, opportunum autem. In prima dicit,
quod bene dictum est, quod prius considerandum est proprietates et accidentia
popularis status, quoniam ex diversa compositione istorum contingit fieri
plures modos popularis reipublicae differenter a seinvicem, et etiam species
plures: propter enim duas causas contingit esse plures species ipsius. Quarum
una dicta est prius, scilicet diversitas multitudinis: respublicae enim
diversificantur secundum diversitatem eius quod principatur in eis, multitudo
autem in populari republica principatur; et ideo secundum diversitatem
multitudinis contingit eam diversificari. Est enim quaedam multitudo
agricolarum, alia autem opificum, et tertia ministrorum quae mercedem accipit
pro labore; in quibus si agricolarum multitudo accipitur cum secunda, puta
cum opificibus seorsum; et iterum tertia multitudo, puta ministrorum cum
duabus aliis seorsum, facient populares status differentes, non tantum
secundum melius et deterius, sed etiam secundum speciem; quoniam ista
combinatio et illa diversum ordinem multitudinis ad finem faciunt, et
diversitas multitudinis in ordine ad finem diversitatem inducit secundum
speciem popularis reipublicae. Alia autem causa est, de qua diximus nunc,
quoniam in popularibus potentiis sunt quaedam hypotheses et accidentia
propria diversa, quae diversimode composita diversas respublicas populares
inducunt; puta si in aliqua accipiantur plura, in alia autem pauciora, in
alia autem omnia; ista enim diversificant eas, sicut apparebit consequenter. [89875] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 6 l. 1 n. 9 Deinde cum dicit opportunum autem assignat
secundam rationem; dicens, quod expediens est considerare principia et
proprietates popularis status ad instituendam unamquamque speciem ipsius ad
votum, et ad hoc ut aliquid dirigatur in ea: cognoscere enim principia et
proprietates alicuius operabilis principium est ad operandum illud et
dirigendum in eo. Illi autem qui respublicas quaerunt instituere volentes
congregare omnia convenientia reipublicae ad instituendum unamquamque,
peccant, sicut dictum est in quinto huius, ubi dictum est quae sunt salvantia
et corrumpentia respublicas. Quaedam enim respublicae congregant omnia
convenientia ad suppositiones, quaedam autem vel plura, quaedam pauciora,
sicut iam dictum est prius. Nunc autem consequenter dicamus exigentias vel
proprietates convenientes et consuetudines, et ea quae appetunt sicut fines
vel ea quae sunt ad fines popularis status. |
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Lectio
2 |
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[89876] Petrus de Alvernia, In
Politic. continuatio, lib. 6 l. 2 n. 1 Postquam philosophus praemisit
intentionem suam, prosequitur intentum. Et circa hoc duo facit. Quoniam primo ostendit ex
quibus et quomodo instituantur popularis status et paucorum. In secunda cum
dicit, consequens autem est etc. determinat de principatibus pertinentibus ad
huiusmodi respublicas. Circa primum duo facit. Primo ostendit ex quibus et
quomodo instituatur status popularis. Secundo cum dicit, fere autem etc. ex
quibus paucorum status sibi oppositus. Circa primum duo facit. Primo
praemittit suppositiones et conditiones populares status. Secundo cum dicit,
democratiis autem etc. determinat ex quibus et quomodo est instituenda. Circa
primum, primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit, quod maxime videtur
etc. movet dubitationem. Circa primum duo facit. Quoniam in prima praemittit
quasdam suppositiones status popularis. Secundo cum dicit, talibus autem
praesuppositis etc. concludit multas conditiones ipsius. Circa primum duo
facit. Quoniam primo praemittit unam suppositionem primam et principalem.
Secundo cum dicit, libertatis autem etc., subdividit eam in duas. In prima
igitur dicit, quod una et principalis suppositio status popularis est
libertas: quod probat ex communi dicto aliorum; quia sicut omnes consueverunt
dicere, ac si solum in ista republica cives participarent libertate. Dicunt
enim quod omnes in statu populari intendunt libertatem aliqualiter. Si igitur
dictum commune veritatem habet, oportet libertatem esse suppositionem in
ipsa. Et est intelligendum quod libertas dicitur qua aliquid potest ex propria
voluntate movere se et ad finem sibi positum: quod apparet, quia liber est,
secundum philosophum, qui est suiipsius causa, vel in ratione moventis,
inquantum ex propria voluntate movetur et ex propria ratione, vel etiam
inquantum movetur vel agit gratia finis proprii non ad finem alterius.
Accipitur etiam libertas pro ipsa operatione vel actu quo aliquis dicitur a
se moveri vel agi ad finem proprium. Hoc autem, sive illo, sive hoc modo
sumatur, aliqui habent ex naturali dispositione; et tales sunt liberi natura,
sicut dicebatur in primo huius. Aliqui autem habent hoc ex ordine reipublicae
quod non aguntur ab alio, quam a se, nec ad finem alterius, sed ex se et ad
finem reipublicae. Et sic appropriant sibi popularis status fautores
libertatem. [89877] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 2 Consequenter cum dicit libertatis
autem subdividit; et ponit quosdam effectus ipsius. Et dividitur in duas,
secundum duos effectus quos ponit, vel secundum duo membra in quae dividit.
Secunda ibi, unum quidem igitur et cetera. In prima dicit, quod una pars
libertatis vel unus effectus in populari statu est nullum simpliciter subiici
vel principari, sed omnes secundum partem; ita quod quilibet secundum aliquod
tempus subiiciatur, secundum aliud principetur, aut principetur uno
principatu particulari et subiiciatur alii. Ratio autem huius est quoniam
iustum populare est omnes habere de honoribus vel bonis communibus secundum
aequalitatem quantitatis, non secundum dignitatem personae vel aequalitatem proportionis;
sed tantum pauper quantum dives, tantum idiota quantum studiosus. Cum autem
cuiuslibet iusti oporteat esse aliquem institutorem et conservatorem, et hoc
sit illud quod principale est in multitudine civili, cum multitudo popularis
sit principalis in populari statu, necesse est in ea multitudinem esse
dominam huius iusti popularis. Ut quia finis in multitudine civili est illud,
quod intendit principans, et iustum quod considerat in ordine ad finem,
manifestum est quod necesse est illud esse finem in populari statu, et
iustum, quod videtur multitudini. Dictum autem est prius, omnes debere habere
aequale secundum quantitatem: et quia multitudo est domina iusti et
simpliciter principatur in ea, et ipsa est maior egenorum quam divitum,
accidit egenos magis principari in tali republica quam divites, quia dominans
est quod videtur pluribus. Egeni autem sunt plures quam divites: quia igitur
necesse est aliquos principari, non possunt autem omnes simul principari,
necesse est omnes in parte principari et subiici. Unus igitur effectus vel
signum libertatis est quod dictum est, quem omnes in populari statu ponunt,
sicut terminum et finem in ea. [89878] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 3 Deinde cum dicit unum quidem ponit
secundum effectum vel signum. Et primo ponit ipsum. Secundo cum dicit, hinc
autem venit et cetera. Infert primum ex isto. In prima dicit, quod aliud
signum vel effectus libertatis est vivere secundum voluntatem, ita quod
unusquisque operetur secundum motum propriae voluntatis non coactus ab
aliquo, nec determinatus ad aliud determinate operandum. Hoc enim est
secundum, quod dicunt, opus libertatis: quod apparet quia opus servitutis est
vivere, vel operari, non secundum voluntatem propriam sed secundum alterius
libitum vel votum, non ad finem proprium, sed ad finem alterius: ergo per
oppositum opus libertatis est operari secundum voluntatem, et ad finem
proprium. Iste igitur est secundus terminus, quem ponunt populares in sua
republica. [89879] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 4 Deinde cum dicit hinc autem infert
primum ex secundo; dicens, quod ex isto effectu, qui est operari ut vult
aliquis, sequitur primus effectus, scilicet non velle subiici, aut
simpliciter sub nullo esse, si possibile esset. Sed quia hoc non est
possibile, subiici scilicet, et principari omnes simpliciter, expedit subiici
et principari secundum partem, et subiici et principari facit ad libertatem,
quae attenditur in hoc, vel quantum ad hoc, quod omnes sunt aequales. [89880] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 5 Deinde cum dicit talibus autem
concludit ex praedictis multas proprietates popularis status. Et dividitur in
duas. In prima ponit eas. In secunda recolligit cum dicit, communia quidem et
cetera. Circa primum tria facit. Quoniam primo ponit conditiones, vel
proprietates, quae attenduntur circa assumptionem principatus, et eorum qui
principantur, et ex quibus et quando. Secundo cum dicit, deinde praemiare
etc. illas quae attenduntur quantum ad remunerationem principantium. Tertio
cum dicit, praeterea etc., quae attenduntur quantum ad conditiones eorum qui
sunt in hac republica. Circa primum facit duo. Quoniam primo tangit
conditiones pertinentes ad assumptionem principatus, scilicet tempus et potestatem.
Secundo cum dicit, principatuum autem etc., tangit qui debet esse maximum
principatus in hac republica. Circa primum primo tangit eas
quae pertinent ad assumptionem principatus. Secundo cum dicit, non bis eumdem
etc. eas quae pertinent ad durationem principatus. Tertio cum dicit,
congregationem esse dominam etc., eam quae pertinet ad potentiam eius. Circa
primum tangit quatuor conditiones. Dicens primo, quod praedictis suppositis
in populari statu, et multitudine principante in eodem, necesse est has
conditiones, quae sequuntur, observari in ea. Primo quidem, omnes principatus
tam maiores quam minores eligere, idest accipere ex omnibus indifferenter,
non considerando ad dignitatem aliquam: sic enim omnes magis habebunt quoddam
aequale quod est iustum in eo. Secundo
omnes principari super unumquemque, hoc est omnes coniunctim, super
unumquemque divisim; et iterum unumquemque divisim, cum acceptus fuerit in
alio et alio principatu, divisim super omnes. Sic enim omnes principabuntur
et subiicientur secundum partem; id autem est effectus libertatis primus.
Tertio principatus eligi per sortem, vel universaliter omnes, vel saltem
illos, in quibus non indigetur multa sapientia et prudentia, puta ducatum
exercitus, vel consilium. Tales enim non expedit eligi sorte. Contingeret
enim ad tales principatus assumi idiotam quemcumque, quod esset periculosum
reipublicae. Quarto principatus assumi, non ab aliqua excellentia vel
dignitate virtutis vel divitiarum, aut saltem a minima: quod dicit propter
primam speciem popularis status, in qua assumuntur ad principatum ab aliqua
dignitate divitiarum, vel virtutis, sicut apparuit in quarto: sic enim magis
aequales erunt, et minus subiicientur. [89881] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 6 Deinde cum dicit non bis ponit
conditiones duas pertinentes ad rationem principatus; dicens primo, quod in
republica hac expediens est, eumdem bis non principari in aliquo principatu,
vel raro et paucis principari; sic enim plures poterunt attingere ad
principatum, praeterquam in ducatu exercitus, in quo periculosa est mutatio
frequens, propter experientiam longam, quae exigitur in illo. Secundo expedit
statuere in eadem, et brevis durationis esse principatus, vel simpliciter
omnes, vel illos saltem, qui habent iudicare de omnibus casibus, quantum ad
omnes cives, vel saltem de pluribus, vel de maximis et principalissimis,
sicut de correctione principatuum aliorum, et de ordine reipublicae et
commutationibus regulandis secundum legem iustitiae. Expedit autem principatus
esse brevis temporis, si possibile sit, ut plures attingere possint ad eos,
et principari secundum partem. Maxime autem hoc expedit in magnis, ne nimis
ditati insurgant contra multitudinem tyrannizantes. [89882] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 6 l. 2 n. 7 Deinde cum dicit congregationem esse tangit
conditionem pertinentem ad potentiam. Dicens quod expediens est in huiusmodi
republica congregationem multitudinis esse dominam simpliciter omnium in hac
republica. Principatus autem expedit habere nullius dominium si possibile
sit, aut saltem paucorum, et nullo modo maximorum. Sic enim magis salvabitur
aequalitas multitudinis: si enim principatus dominarentur simpliciter, aut in
magnis, excederent alios praeter proportionem et aequalitatem, quae in ipsa
intenditur. [89883] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 8 Deinde cum dicit principatuum autem
manifestat quis principatus magis necessarius est in ipsa. Dicens quod
principatus maxime necessarius in populari statu est illud quod vocatur
consilium, quod habet potestatem deliberandi de magnis et arduis. Cuius ratio
est, quia multitudo popularis, quae in ipsa dominatur, ut in pluribus,
imprudens est et sine virtute; et ideo sequitur impetum voluntatis in
operationibus suis: quare si debeat recte agere, oportet habere dirigens et
regulans: hoc autem est consilium: et ideo consilium maxime necessarium est
in statu populari, praeterquam in illa, in qua laborantes in communibus,
praemium accipiunt magnum. Haec enim multitudo removet potentiam huius
principatus, et reducit ad se omnia iudicia et deliberationes propter
pretium, sicut dictum fuit in praecedentibus in quarto huius. [89884] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 9 Deinde cum dicit deinde praemiare ponit
conditionem quae pertinet ad retributionem: dicens quod post ea quae dicta
sunt, expediens est remunerari omnes venientes ad congregationes, ut
libentius veniant, et ad iudicia ut plures iudicent, et firmior sit
sententia, et principatus, ut fidelius et magis laborent: et hoc dicunt si
possibile est civitati. Si autem non est possibile omnes remunerari, saltem
oportet praemiare principatus et iudicia, et consilia, et congregationes
maximas et praecipuas et principatus cum quibus necesse est alios plures
civitatis convivere. Tales enim principatus nullus acciperet propter
magnitudinem expensarum, nisi bene praemiaretur, sicut est dux exercitus. [89885] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 10 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
proprietatem, quae pertinet ad conditionem gubernantium. Et primo facit hoc.
Secundo cum dicit, in principatibus autem etc. resumit quamdam conditionem
dictam prius de principatu, ut aliquid addat. In prima dicit: quoniam status
paucorum, et popularis sunt respublicae adinvicem contrariae quodammodo, et
contrariorum sunt contrariae proprietates, oportet eas proprietates habere
contrarias. Cum igitur in paucorum statu gubernantes determinentur per
nobilitatem generis, et per divitias et per virtutem, necesse est, quod
gubernantes in populari statu determinentur per contraria; puta per
ignobilitatem generis, paupertatem et ignorantiam, seu per sordidum
opificium, ita quod sicut in paucorum statu sunt principantes nobiles et
divites et virtuosi, sic in statu populari viles et pauperes et inordinati. [89886] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 11 Deinde cum dicit in principatibus
resumit quamdam proprietatem dictam prius de principatu, et adiungit alias;
dicens primo, quod expedit in populari statu nullum esse principatum
durationis perpetuae. Si enim esset aliquis perpetuus, pauciores possent
attingere ad ipsum, et habere aequale et populare, et iterum possent ditari
improportionabiliter, et per divitias et potentiam tyrannizare. Adiungit autem,
quod si aliquis principatus deviet vel declinet ab eo quod ordinatum est in
antiqua lege ipsorum, amoveatur ab eo potentia vel principatus secundum legis
ordinationem: iterum si fuerint aliqui principatus eligibiles, expedit mutare
modum assumptionis eorum, et facere quod accipiantur sorte: sic enim magis
assumentur ex quibuscumque. Sed hoc est intelligendum de illis principatibus
in quibus non indigetur prudentia magna et experientia, sicut est consilium
et ducatus exercitus; tales enim oportet eligere considerando ad dignitates
praedictas, sicut prius dixit philosophus. [89887] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 2 n. 12 Deinde cum dicit communia quidem
recolligit dicta addendo causam; dicens quod ea quae dicta sunt, sunt quaedam
communes proprietates popularis status. Omnes autem huiusmodi proprietates
quae videntur esse popularis status, et ordinatio populi in ipso, sequuntur
ex definitione iusti popularis prius posita, quae est omnes habere aequale
secundum quantitatem, non secundum dignitatem aliquam, aequale enim secundum
quantitatem est non magis principari divites, quam pauperes, nec virtuosos,
quam idiotas, nec aliquos solitarios esse dominos, sed omnes aequaliter
secundum numerum; si enim hoc modo se habeant, existimabunt se habere
secundum aequalitatem et etiam libertatem. |
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Lectio
3 |
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[89888] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 3 n. 1 Postquam philosophus praemisit suppositiones et
conditiones popularis status, in parte ista movet quamdam dubitationem. Et
circa hoc tria facit. Primo enim movet eam. Secundo, circa eius dissolutionem
tangit opinionem quorumdam, et reprobat, ibi, aiunt enim demotici et cetera.
In tertia cum dicit, quae igitur utique, solvit eam secundum intentionem
suam. In prima igitur movet dubitationem, quae oritur ex praecedentibus.
Dixerat enim, quod si omnes aequaliter principentur, non magis dives quam
pauper in populari statu habebunt secundum aequalitatem et libertatem. Dicit
igitur, quod illud quod dubitationem habet ex praecedentibus est hoc, quomodo
scilicet, cum in qualibet civitate vel republica, etiam populari statu, sint
divites et pauperes, habebunt tam hi quam illi illud quod est aequale et
iustum: utrum scilicet in distribuendis honoribus tantum oporteat distribuere
vel dare mille pauperibus, quantum quingentis divitibus; et ipsos mille
tantam habere potestatem in tractatibus communibus, quantam habent quingenti
divites. Aut non secundum hunc modum, sed accipiendo mille pauperes ex una
parte et quingentos ex alia, dividendo secundum modum praedictum, ulterius ex
quingentis divitibus accipere aliquos paucos per electionem, deinde ex mille
pauperibus aliquos similiter paucos qui in eadem proportione se habeant ad
ipsos mille de quibus eliguntur, sicut illi pauci qui accipiuntur ex istis
quingentis ad illos quingentos; et isti simul congregati sunt domini in
dividendo bona communia, in iudicando et eligendo. Est igitur dubitatio,
utrum aliquod istorum iustum et aequale in republica populari, aut nulla
istorum: sed magis omnia attribuere maiori multitudini, ita quod multitudo
maior sit omnium domina. [89889] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 3 n. 2 Deinde cum dicit aiunt enim tangit
quorumdam opinionem primo. Secundo cum dicit, habent autem ambo etc.,
reprobat utramque. In prima dicit, quod de ista dubitatione aliter videtur
popularibus aliter dominantibus in paucis. Populares enim dicunt illud esse
iustum et aequale simpliciter quod videtur pluribus: multitudo enim
principatur in tali republica; et ideo iustum attenditur per comparationem ad
ipsam, sicut dicebatur prius; in paucorum potentia autem illud dicunt esse
iustum simpliciter quod videtur habentibus ampliores divitias. Dicunt enim
debere omnia determinari secundum habitudinem ad divitias quae sunt principale
in ea. [89890] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 3 n. 3 Deinde cum dicit habent autem
reprobat utramque. Et primo secundum. Secundo cum dicit, si autem quodcumque
etc. primum. In prima dicit, quod utraque istorum quae dicta sunt
inaequalitatem quamdam habent in re et iniustitiam in comparatione ad finem. Si enim illud est iustum fieri in civitate quod
videtur divitibus paucis existentibus, tunc sequitur rempublicam converti in
tyrannidem. Cuius ratio est, quoniam si illud quod est iustum videtur
ditioribus, et oportet omnia secundum quantitatem divitiarum determinari,
tunc si unus habeat ampliorem substantiam quam alii, iustum erit quod videtur
huic soli, et omnia oportet determinari secundum voluntatem eius, et per
consequens ipsum solum principari secundum voluntatem eius. Hoc autem est
tyrannis: si igitur omnia oporteat determinari secundum iudicium divitum,
respublica convertetur in tyrannidem. [89891] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 3 n. 4 Deinde cum dicit si autem improbat
primum: dicens, quod si illud esset iustum quod videtur pluribus, et oportet
sequi iudicium plurium; cum plures habeant potentiam maiorem, et etiam
sequantur impetum voluntatis in iudicando, convertentur ad opera iniustitiae
diripientes ea quae sunt divitum paucorum existentium, sicut dictum est in
quarto prius. [89892] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 3 n. 5 Deinde cum dicit quae igitur
dissolvit eam secundum intentionem suam primo. Secundo cum dicit, sed de
aequali etc., removet obiectionem quae posset fieri. In prima dicit resumendo
dubitationem et dando intentum in determinando eam, dicens quod ex
definitione vel determinatione iusti sive aequalis quam ponunt utrique
accipiendum est quae sit aequalitas sive iustitia quam intendunt, secundum
quam oportet distribuere singula. Conveniunt enim in hoc utrique, quod iustum
est esse illud dominans et principans in republica quod videtur pluribus
partibus reipublicae. Hoc enim supponatur, non tamen simpliciter, sed cum determinatione
quadam. Duae enim sunt partes ex quibus civitas de necessitate componitur;
scilicet divites et pauperes. Quod igitur videbitur istis et illis simul
consentientibus ut pluribus, non dico totius multitudinis, sed pluribus de
divitibus et pluribus de pauperibus, hoc sit principans et fiat in tota
republica. Si autem contingat, quod contrarientur adinvicem, ita quod non
omnibus divitibus idem videatur, sed quibusdam unum, quibusdam aliud,
similiter non omnibus pauperibus, sed quibusdam unum quibusdam aliud: verbi
gratia, si ponamus quod sint decem divites et viginti pauperes, unum autem
videatur faciendum sex divitibus, et quinque pauperibus adiunctis eis,
oppositum autem videatur quindecim pauperibus et quatuor divitibus, tunc
iustum determinandum erit non secundum praedictum modum, sed secundum aliquam
excellentiam aliam, vel virtutis, vel desiderii ad bonum commune. Et tunc
illud quod videbitur parti, quae excellit secundum illud, collatione facta,
iustum erit. Si autem aequales inveniantur, puta in virtute, tunc remanet
dubitatio eadem si debentes iudicare in iudicio sint divisi in duas partes,
ita quod non inveniatur excellentia, quorum sententiae standum erit ? Et tunc
in utroque istorum aut determinandum est sorte cui illorum sit, aut aliquo alio
accidente simili sorti. [89893] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 3 n. 6 Deinde cum dicit sed de aequali
removet obiectionem quae posset fieri. Diceret enim aliquis quod electio
principatus et distributio honorum communium maxime sunt in civitate: maxima
autem committere sorti et viae per quam contingit accipi deteriorem,
inconveniens est: ergo inconveniens videtur quod dictum est, quod ubi non
invenitur praeeminentia sit sortiendum. Hoc intendens removere, dicit, quod
cum difficillimum sit invenire aequalitatem quid sit iustum et aequale in
casibus praedictis; et determinare secundum rationem rectam, tamen melius est
per sortem dirimere controversias, quam permittere quod soli divites
principentur: semper enim de duobus malis minus malum praeeligendum est:
malum est autem sorti committere et solos divites principari: minus autem
malum est sorti committere, quam divites principari: quia pauperes, quos
quandoque contingit per sortem principari, magis volunt communiter iustitiam
et aequalitatem quam divites. Divites enim ex ipsa abundantia divitiarum
inclinantur ad contumeliam et elationem, et ad alia iniuriosa; et ideo nihil
curant de iustitia: propter quod si oporteat alterum ipsorum eligi, magis est
eligendum committere sorti, quam permittere divites solos principari in statu
populari. |
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Lectio
4 |
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[89894] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 1 Postquam philosophus praemisit hypotheses et
proprietates status popularis; intendit hic determinare ex quibus et quomodo
species ipsius instituantur. Et dividitur in duas; quoniam in prima parte
ostendit ex quibus et quomodo instituitur optima respublica popularis. In
secunda cum dicit, quomodo ergo etc., ex quibus et quomodo aliae. Prima in
duas. Quoniam primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit, ubi autem et
accidit etc., ostendit ubi facile est eam instituere. Prima dividitur in
partes tres. Quoniam in prima parte dicit ex quibus est optima respublica
popularis. In secunda cum dicit, ad instituendum autem etc., declarat quibus
legibus firmanda et instituenda. In tertia cum dicit, post agricolarum autem
etc., declarat qualiter aliae multitudines populares se habent ad illam, ex
qua instituitur optima respublica popularis. In prima duo facit. Quoniam in
prima parte declarat ex quibus est optima respublica popularis. In secunda
cum dicit, propter quidem enim etc., probat quoddam suppositum. In prima
primo facit quod dictum est. In secunda cum dicit, quare et facere etc.,
concludit corollarium. In prima dicit, cum sint quatuor species status
popularis, optima est quae est prima secundum ordinem inter illas, sicut
dictum est prius. Optima enim respublica simpliciter regnum est in qua unus
principatur; deinde status optimatum in quo pauci virtuosi. Deinde autem respublica
in qua adhuc plures bellicosi. Deinde autem haec species popularis status in
qua plures agriculturam colentes principantur. Deinde autem aliae species
ipsius plus et plus deficientes ab ea, sicut dictum est in quarto huius. Ista
autem est antiquissima omnium statuum popularium, et antiquior multitudo et
magis naturalis est agricultiva. Dixit autem ipsam primam esse, quia est ex
prima multitudine et optimo populo, cuiusmodi est terrae cultivus, siquis
supponat distinctionem multitudinis popularis in terrae cultivam et non
terrae cultivam. Et consistit virtus rationis suae in hoc. Optima et prima
respublica popularis est ex optima et prima multitudine populari: optima
autem et prima multitudo est terrae cultiva; ergo prima et optima est
respublica popularis ex multitudine agricultivae. [89895] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 2 Deinde cum dicit quare et facere
concludit corollarium; dicens, quod quia optimus populus est agricultivus;
ideo de facili contingit fieri optimam rempublicam popularem, ubi est talis
populi multitudo: ex optima enim materia bene disposita contingit fieri
optimum compositum, et in his quae fiunt natura, et in his quae fiunt arte. [89896] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 3 Deinde cum dicit propter quidem
probat quod supposuit; scilicet quod multitudo agricultiva sit optimus
populus. Et primo facit hoc. Secundo cum dicit, quod quidem igitur etc.,
concludit conclusionem principaliter intentam. Primum probat ex tribus: et
secundum hoc potest dividi in tres partes. Primum enim probat quod
agricultiva multitudo est optima, quia non est machinativa. Secundo cum
dicit, propterea autem et cetera. Quia non est concupiscitiva. Tertio cum
dicit, adhuc autem quod domini sunt etc. quia non est ambitiosa. In prima
parte dicit, quod multitudo agricultiva, quia non habet divitias multas, non
multum potest vacare ab operationibus exterioribus; sed necesse est intendere
ad culturam terrae ex qua sustentatur, et ad alia necessaria; et quia non
potest vacare ab exterioribus, non appetit facere congregationes; et ideo
minus machinari potest. Solent enim in congregationibus propter mutuam
collocutionem et adinvicem confidentiam machinari inveniendo vias et modos
insurgendi contra divites aut principantes. Et quia minus machinativa est,
melior est ad politizandum. Secundo cum dicit, cum enim laborandum sit illis
circa necessaria etc. probat quod est optima, quia non est concupiscitiva;
dicens quod huiusmodi multitudo, propter hoc quod non habet necessaria ad bene
vivendum, necesse habet intendere circa exteriora opera exterius in regione;
et quia operationibus exterioribus intendunt, minus concupiscunt aliena.
Habitantes enim exterius in regione, intendentes propriis operibus, non
percipiunt divitias et bona principantium; et quia non advertunt, minus
concupiscunt. Imo magis delectabile est eis intendere negotiationi circa
propria, quam intromittere se de republica aut principatu, etiam ubi tunc non
contingit multum lucrari in principatu vel republica; multitudo enim
popularis magis intendit et appetit lucrum proprium quam honorem. Hoc enim
est eis magis necessarium. Et signum eius quod dictum est, est quoniam multi
tales antiquitus tyrannides crudeles sustinuerunt et status paucorum
potentatus, et adhuc etiam multi sustinent, cum non prohibentur ab operibus
propriis, nec multum aufertur de substantia eorum: sic enim intendentes
propriis operibus, quidam eorum faciliter fiunt divites, alii vero non
egentes: et quia sic aliena non concupiscunt, meliores sunt ad gubernandum,
quia minus insurgunt et minus rapiunt aut furantur: hoc enim erat una causa
corruptionis rerumpublicarum determinata in quinto huius. [89897] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 4 Deinde cum dicit adhuc autem probat
idem propter hoc, quod non est ambitiosa. Et primo facit hoc. Secundo
concludit corollarium cum dicit, quapropter utile est. In prima parte dicit,
quod si huiusmodi multitudo habeat aliquem appetitum honoris, quod necesse
est, quia homines naturaliter honorem appetunt, ut apparet secundo
rhetoricae, appetitui eorum satis fit per hoc quod in quibusdam rebuspublicis
popularibus dominium habet in eligendo et corrigendo principatus, quod est
maximum. In aliis autem popularibus statibus, quamvis non attingant ad electionem
principatuum, cum principatus per partes eligibiles sunt ex omnibus
indifferenter, sicut in Mantinea, ubi hoc servabatur, in aliis autem
potestatem habet huiusmodi multitudo super consilium reipublicae quod ordinat
de omnibus, et hoc ipsum quod dominium habet super ipsum consilium multis est
sufficiens ad supplendum appetitum praedictum. Et est opinandum, quod ista
quae dicta sunt, scilicet multitudinem habere potestatem in eligendo et
corrigendo principatus, et ipsos attingere ad aliquos principatus minores: et
habere dominium super consilium, est sicut quidam ornatus et bona dispositio
status popularis, sicut fuit in civitate Mantinea praedicta. [89898] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 5 Deinde cum dicit propter quod concludit
ad manifestationem eius quod dictum est, quoddam corollarium primo. Secundo
cum dicit, necesse autem politizantes etc. assignat rationem eius. Primo ergo
dicit, quod quia ea quae dicta sunt, sunt ornatus quidam status popularis, et
bona dispositio, dispositio expediens est in praedicta specie status
popularis, et consuevit observari in ea, agricultivam multitudinem habere
potestatem super electione principatus et correctione, et iudicare cum
erraverint, et principatus maiores eligi ab ea ex eis, qui habent
honorabilitates maiores, vel virtutum vel divitiarum, vel ex maioribus
secundum nobilitatem; aut non eligi per eos qui habent tales honorabilitates
magnas, sed eos qui possunt intendere, non coacti propter indigentiam circa
necessaria vacare. [89899] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 6 Deinde cum dicit necesse autem
assignat rationem huius dicti primo. Secundo cum dicit, itaque necesse est
infert corollarium ex ipsa. In prima parte dicit, quod si hoc observetur,
quod dictum est, necesse erit in tali republica optime gubernare; ex hoc enim
multae utilitates contingent in republica. Primo quidem ex parte principis;
sic enim magistratus per meliores regentur, cum assumuntur ab aliqua
honorabilitate: iterum ex parte populi contingit populum consistere, et non
insurgere, nec etiam invidere excellentibus viris et insignibus sufficiet
haec ordinatio. Si enim principatus assumantur ab honorabilibus, non
subiicientur deterioribus ipsis, si quidem eos non contingat principari;
iterum principantes magis iuste principabuntur, considerantes quod sunt alii
in republica qui possunt corrigere eorum delicta si iniuste egerint. Hoc enim
expediens est in tali statu populari corrigere et suspendere delictum
principantium, ita quod non liceat eis facere quodcumque videbitur ipsis.
Habens enim potestatem agendi quodcumque videtur ei, non habet potentiam
observandi secundum rationem excessus qui sunt in unoquoque hominum. [89900] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 7 Deinde cum dicit quare necessarium
ex istis concludit corollarium; dicens quod ex his, quae dicta sunt, si
observentur, necessarium est accidere in republica maxime perfectum, scilicet
bonos et iustos principari, et non delinquere, timentes punitionem et
correctionem; et multitudinem nihil minus habere quam debet, est enim domina
maiorum. [89901] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 8 Deinde cum dicit quod quidem
concludit conclusionem principaliter intentam; dicens quod manifestum est ex
dictis, quod haec species status popularis quae dicta est, optima est; et
propter quam causam; quoniam propter hoc, quod populus ex quo constituitur,
optimus est. [89902] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 9 Deinde cum dicit ad instituendum
declarat quibus legibus utendum est ad consistentiam ipsius; et dividitur in
partes quatuor, secundum quatuor leges, quas dicit expedire ad consistentiam
ipsius. Secunda ibi, erat et quem dicunt antiquitus et cetera. Tertia cum
dicit, est autem et cetera. Quarta ibi, hunc autem oportet et cetera. In
prima dicit, quod ad instituendum populum agricultivum in populari statu
praedicto, sunt utiles quaedam leges apud antiquos quosdam positae. Prima
quidem est, non licere possidere aliquem in civitate quantamcumque
quantitatem terrae, sed secundum mensuram determinatam: nam si liceret
possidere quantumcumque possent acquirere, et ditarentur nimis, et non
remaneret populus agricola. Aut si permittatur habere quantumcumque mensuram
terrae, non tamen in loco propinquo municipio civitatis, sed in remoto magis;
hoc enim modo necesse haberet magis habitare in loco remoto a civitate quam
in ipsa, et minus posset machinari et nocere. [89903] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 10 Deinde cum dicit erat autem ponit
secundam legem. Et dicit, quod antiquitus statutum fuit in multis
civitatibus, et lege ordinatum, quod aliquid quod ad propositum expedit,
scilicet, non licere vendere vel alienare primas sortes quas acceperunt a
progenitoribus, sicut filiis Israel non licebat secundum legem alienare
simpliciter haereditates, sed tantum obligare ad tempus; sic enim per
alienationem possessionum aliqui non efficiebantur pauperes nec alii per
acquisitionem ditiores praeter proportionem. [89904] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 11 Deinde cum dicit est autem ponit
tertiam; dicens, quod est quaedam alia lex quam dicunt fuisse Oxyli
legislatoris, quae eamdem potentiam habet cum praecedenti; scilicet non
mutuare aliquid super portionem terrae quam aliquis habet, nec etiam ipsam
posse obligare: et est eadem ratio istius legis et praecedentis, nisi quod
ista magis restringit quam illa. Illa enim prohibet alienationem terrae
simpliciter in qua transfertur dominium, ista autem obligationem retento
dominio etiam. [89905] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 12 Deinde cum dicit nunc autem ponit
quartam; dicens, quod adhuc oportet populum agricolam dirigere secundum legem
et statuta Aphytalorum, idest illius gentis; ipsa enim utilis est ad hoc;
illi enim quamvis multi existerent, et haberent paucam terram, omnes erant
agricultores: illi enim si haberent terras vel possessiones ultra
determinatam mensuram in lege, dabant ad pretium vel ad censum pauperibus vel
minus habentibus, non totam, sed dividentes eas secundum aliquas partes; et
retinebant sibi quantum determinatum erat a lege, residuum tradentes secundum
dictum modum, ut sic etiam pauperes per terram acceptam ad censum aliqualiter
venirent ad aliquem excessum divitiarum. [89906] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 13 Deinde cum dicit post agricolarum
declarat qualiter multitudines populares aliae se habent ad istam; et
dividitur in duas. In prima declarat, quod multitudo pastoralis melior est
post istam. In secunda cum dicit, aliae autem omnes etc. declarat quod omnes
aliae deteriores sunt ipsa. In prima parte dicit quod optima multitudo
popularis post agricultivam est illa, quae est ex pastoribus viventibus ex
pecoribus. In multis enim consimiliter se habet ad agricultivam; sicut enim
illa necesse habet immorari extra civitatem circa agricultivam, sic ista
circa custodiam et procurationem animalium. Item ista multitudo est magis
exercitata in actionibus bellicis secundum habitus; sunt enim exercitati in
custodiendo a lupis et latronibus. Item corpora habent bene disposita, et
sunt fortes secundum corpus, assuefacti frigoribus, et exercitati circa
venationes: tales autem bene dispositi sunt ad actus bellicos: unde Vegetius,
in libro de re militari, dicit meliores milites eligendos esse ex venatoribus
et carnificibus et fabris malleatoribus. [89907] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 14 Deinde cum dicit aliae autem
declarat quod aliae multitudines deteriores sunt multo. Ista autem dividitur
in duas, secundum quod hoc probat per duas rationes. Quarum secundam ponit
cum dicit, adhuc autem. In prima dicit quod omnes aliae multitudines
popularis status, puta mercenariorum in suis operationibus, et forensis quae
negotiatur circa forum venalium et vilium personarum, quae locat opera sua
mercede, sunt multo deteriores his quae dictae sunt; parum enim participant
de vita, quae est secundum rationem; et nullae operationes eorum secundum
quod huiusmodi, sunt exercitantes ad virtutem. Contrarium autem
invenitur in praedictis multitudinibus; quare istae sunt multo deteriores
illis. [89908] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 6 l. 4 n. 15 Deinde cum
dicit adhuc autem ponit secundam rationem; dicens, quod praeter illud quod
dictum est, multitudo forensis et mercenaria, quae circa municipium civitatis
moratur, ut in pluribus volunt facere congregationes, in quibus colligationes
et conspirationes faciunt contra principem, et etiam perverse sententiant,
propter hoc quod ab ipsis congregationibus lucrum recipiunt. Ista autem sunt
corruptiva reipublicae; et ideo peiores sunt ad gubernandum. Terrae cultores
autem qui habitacula habent dispersa per regiones iuxta terras quas excolunt,
non conveniunt libenter ad huiusmodi congregationes, quia per hoc
retardarentur ab operibus necessariis, nec indigent similiter hac
congregatione, propter hoc quod magis habent ad vitam necessaria curare. [89909] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 6 l. 4 n. 16 Deinde cum
dicit ubi autem concludit ex praecedentibus, ubi contingit fieri bonam
rempublicam popularem. Et primo
facit hoc. Secundo concludit documentum cum dicit, quare oportet. Dicit
igitur primo, quod si in aliquo loco regio sic sit disposita, aut terra
cultiva multum remota sit a municipio civitatis, facile est in illa civitate
bonum statum popularem facere et instituere. Cuius ratio est, quia multitudo
agricolarum cogitat aedificare in locis magis remotis a civitate et habitare
in illis propter quod raro venient ad congregationes; et ideo contra
principantes non machinabuntur, et ipsi principantes in pace principabuntur. [89910] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 4 n. 17 Deinde cum dicit quare oportet
concludit documentum, quasi ad remotionem obiectionis quae posset fieri.
Diceret enim aliquis quod quamvis agricolae non multum curent venire ad
congregationes propter causam praedictam, forensis tamen multitudo et
mercenaria volent frequenter facere congregationes; et incidet inconveniens
contra praedicta. Quasi ad huius remotionem dicit quod si turba forensis et
mercenaria saepe velit congregari, expedit ordinari per legem vel tenere per
consuetudinem non facere congregationes aliquas in quibus habeant potestatem
de magnis, non vocatis illis, qui habitant extra civitatem in regione: ex hoc
enim sequuntur duo commoda. Primum, quod pauciores erunt congregationes: illi
enim non saepe convenire possunt propter remotionem et necessaria. Secundo,
quia isti minus malitiosi sunt et meliores, ut frequentius reprimunt
aliqualiter malitiam et astutiam forensis multitudinis. |
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Lectio
5 |
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[89911] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 1 Postquam philosophus declaravit ex quibus et quomodo
instituenda est optima respublica popularis, declarat ex quibus et quomodo
sunt instituendae aliae species ipsius deteriores vel inordinatiores; et
circa hoc duo facit. Primo enim breviter tangit ex quibus et quomodo
instituantur praedictae species. In secunda cum dicit, ultimam autem etc.
insistit circa ultimam et inordinatissimam. In prima parte dicit, quod ex
praedictis manifestum est, quomodo instituenda sit optima respublica
popularis, quantum ad bonam ordinationem, et primam secundum naturam. Ex quo
potest esse manifestum quomodo aliae species ipsius sint instituendae. Si
enim optima respublica popularis ex multitudine optima instituenda est, et
secundum ordinationem optimam sibi convenientem, cum aliae deficiant ab ipsa,
quaedam minus et quaedam plus, manifestum est quod oportet transgrediendo et
a bona multitudine deteriorem accipiendo multitudinem et a recta ordinatione
permittendo maiorem inordinationem secundum plus et minus, ita quod minus
inordinata respublica popularis post primam sit ex multitudine minus
inordinata et magis inordinata ex magis inordinata; et maxime inordinata,
puta ultima, ex maxime inordinata: sic enim differunt species status
popularis secundum quod apparuit in quarto huius. [89912] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 2 Deinde cum dicit ultimam autem
insistit circa ultimam. Et primo tangit quod non est bene mansiva de se.
Secundo cum dicit, ad firmandum autem etc. declarat ex quibus maxime
contingit eam firmare. In prima dicit, quod ultima species popularis status
non potest bene sustineri a tota civitate, puta a divitibus et pauperibus
nobilibus et ignobilibus, nisi sit bene ordinata legibus et consuetudinibus
convenientibus ei. Et ratio huius est, quia in hac republica populari tota
multitudo, quaecumque sit, in civitate principatur, sicut aliquis unus, et
secundum quod ei videtur. Nunc autem huiusmodi multitudo quantum ad maiorem
sui partem imprudens est et inordinata et in operibus suis sequitur impetum
magis quam rationem: propter quod opprimunt maiores et corrumpunt iudicia, ex
quo contingit corruptio reipublicae. Quae autem sunt quae possunt corrumpere
hanc rempublicam et etiam alias respublicas in universali et in particulari
dicta sunt prius pro maiori parte fere. Dicit autem fere, quia possunt
esse aliqua, quae prius non tangebantur. [89913] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 3 Deinde cum dicit ad firmandum
ostendit per quae contingit firmare huiusmodi rempublicam. Et dividitur in
partes duas. Quoniam primo docet per quae contingit eam firmare intendendo
ipsam. Secundo cum dicit, est autem opus, per quae contingit eam firmari
remittendo. Circa primum ponit quatuor observanda per quae contingit eam
firmare intendendo. Et secundum ponit cum dicit, adhuc autem et talia.
Tertium cum dicit, adhuc autem tyrannica. Quartum cum dicit, et vivere ut quis
vult et cetera. Circa primum ponit primo documentum illud. Secundo cum dicit,
consueverunt quidem igitur etc. docet ipsum moderari. In prima dicit, quod
principes in hac republica populari ad faciendum eam firmiorem et ad
faciendum multitudinem popularem valde potentem, consueverunt adiungere
plurimos extraneos, et aliquando aliquos qui non sunt legitimi cives, sed
spurii qui sunt ex alterutro cive patre vel matre: hoc enim conveniens est
huic reipublicae: pluribus enim adiunctis reipublicae fortior est multitudo,
fortior autem existens magis potest reprimere excessus divitum et volentium
tyrannizare. [89914] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 4 Deinde cum dicit consueverunt quidem
declarat qualiter moderandum est istud documentum, quia non quocumque modo
observatum expedit: dicens, quod ductores populi consueverunt facere sicut
dictum est: hoc tamen aliqualiter expedit, aliqualiter autem non; quamdiu
enim potestas divitum et nobilium et mediorum inter divites et pauperes
excedit potestatem ipsius multitudinis, expedit adiungere extraneos usquequo
potentia multitudinis excedat; sed ultra hoc notabiliter adiungere
quamplurimos, non simpliciter expedit, propter duo. Primo, quia si numerus
advenarum excedat multum, accidit rempublicam magis inordinatam esse, quia
extranei adiuncti, aut imprudentes sunt et sine virtute, ut in pluribus, aut
non assuefacti in ordine reipublicae; et ideo ipsis habitis additur quidem ad
potentiam et ad indiscretionem. Excessus autem potentiae sine discretione
rempublicam corrumpit. Secundo, quia cum multi extranei adiunguntur,
turbantur nobiles, et insignes, et magis graviter sustinent rempublicam,
propter hoc quod deteriores ipsis assumuntur ad dominium reipublicae. Et haec
fuit causa seditionis factae in republica Cyrenensium, scilicet notabilis
multitudo assumptorum ad rempublicam: si enim pauci adiuncti fuissent, non
essent ita notabiles, nec ita curarent. Parvum enim malum negligitur, quia
illud quod est parvum reputatur quasi nihil, quia proprium inest ei, aut quia
omnino non cognoscitur; magnum autem magis est manifestum, propter quod magis
curatur. [89915] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 5 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
secundum documentum; dicens, quod praeter haec instituta vel statuta, quae
Clisthenes instituit Atheniensibus ad agendum vel fortificandum statum
popularem ipsorum, sunt convenientia ad firmandum praedictam rempublicam
similiter et illa quae instituerunt popularis reipublicae conditores circa
Cyrenem. Unum quidem eorum est, quod aliquae tribus de novo faciendae sunt in
civitate per aliquorum eiusdem generis receptionem, et inexistentes
augmentandae sunt per coniugia. Secundum vero, quod fraternitates et
societates circa aliqua particularia et propria plures existentes reducendae
sunt in paucas et communes magis, ita ut sint pauciores secundum numerum
societates, plurium autem hominum: et sic omnia sunt excogitanda, ut omnes
adinvicem in civitate sint permixti vel secundum tribus, quod fit per
coniugia, vel per sodalitates, quod fit, vel per conversationes, vel
congregationes communes: sic enim magis adinvicem erunt uniti per
dilectionem, et per consequens fortiores, quia omnis virtus coniuncta fortior
est seipsa divisa. Tamen hoc faciendo observandum est quod eaedem leges et
consuetudines observentur nunc et prius. Si enim mutatis tribubus et
sodalitatibus mutarentur leges et consuetudines, necesse esset rempublicam
mutari, quia leges et consuetudines in republica instituendae sunt secundum
ordinem ad rempublicam, sicut dicebatur prius in tertio libro. [89916] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 6 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
tertium; dicens, quod cum his statuta tyrannorum videntur esse utilia ad
statum popularem huiusmodi; quia iste status est sicut quaedam tyrannis,
sicut licentia servorum, hoc est principatus super servos, similiter
principatus super mulieres et super pueros, coram quibus competat actio,
servis contra dominos et mulieribus contra viros et pueris contra parentes:
ista enim instituunt tyranni, ut per hoc magis habeant benevolentiam
puerorum, mulierum et servorum quae sunt magna pars civitatis; et per eamdem
rationem hoc expediens est in praedicta populari republica. Sed
intelligendum, quod hoc utile est usque ad aliquid, non autem quantum ad
omnia: instituere enim principatus praedictos coram quibus competat actio
mulieribus, servis et pueris, quantum ad omnia quae possent proponere contra
viros, dominos et parentes inconveniens est, et dividere civitatem. Tamen instituere
aliquos principatus coram quibus competat actio contra praedictos, tamen
quantum ad pauca et magna, non est inconveniens in ista republica, quamvis
simpliciter inconveniens sit et malum. [89917] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 7 Deinde cum dicit et vivere ponit
quartum; dicens, quod adhuc ad firmandum statum popularem talem utile est,
quod principantes ea dissimulent vivere subditorum, ut volunt, non puniendo
malas actiones omnes voluntarias: hoc enim multum auxiliatur tali
reipublicae: quia multis delectabilius est inordinate vivere quam temperate
et secundum virtutem. Homines enim ut in pluribus a ratione recta
deficiunt. Ad defectionem autem rationis sequitur vivere praeter rationem et
ordinem. Pauci autem sequuntur rationem rectam; et ideo pauci temperate
assuescunt vivere, multi autem inordinate; et ideo delectabilius est pluribus
inordinate vivere, quia magis assuescunt; et ideo magis diligunt rempublicam
in qua permittuntur in delectationibus vivere. Et est notandum quod non dicit philosophus quod
praecipiendum sit in ista republica, quantumcumque sit male ordinata, vivere
ut quis voluerit, nec etiam permittendum cum scitum fuerit; sed dissimulandum
quod minus est. In nulla enim societate hominum si debet manere, praecipiendum
est hoc, nec permittendum usquequaque et passim, sed dissimulandum quandoque
propter qualitatem personae vel alicuius alterius circumstantiarum; et ideo
rationabiliter dixit Commentator super sexto Ethicorum, illum non esse verum
legislatorem, sed corruptorem magis, qui tales delectationes sequendas lege
statuit vel permisit passim, sicut fecit Machometus: propter quod in brevi
tempore adhaeserunt legi ipsius multi, quia delectabilius fuit eis vivere
inordinate quam secundum ordinem. [89918] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 8 Deinde cum dicit est autem docet ex
quibus firmanda est per remissionem magis; et circa hoc primo tangit
praeeminentiam huius viae ad praecedentem. Secundo cum dicit, qui autem
demagogi ponit documenta. In prima dicit, quod ad legislatorem, et ad eos qui
volunt permanere rempublicam istam talem qualem, pertinet non multum laborare
instituendo magnum opus, neque solum, idest multum intendendo eam, sed magis
pertinet ad eos laborare, ut salvetur plurimo tempore: non enim difficile est
rempublicam qualitercumque ordinatam permanere pauco tempore, uno vel paucis
diebus; sed difficillimum est ipsam manere multo tempore; et ideo oportet
reducere ad memoriam, quae sunt salvantia et corrumpentia respublicas, de
quibus consideratum est in quinto, et per ea tentare quomodo salvetur
respublica, fugientes ea quae corrumpunt ipsam, et instruentes leges, et
consuetudines non scriptas, in quibus comprehenduntur illa, quae salvent
eamdem. Et non debet aliquis credere, quod illud statutum sit magis populare,
vel paucorum potentiae, quod magis facit civitatem populariter vivere, vel
secundum statum paucorum; sed illa quae faciunt eam permanere plurimo
tempore; sicut philosophus scripsit prius in quinto; ubi dixit: multa eorum,
quae videntur popularia, solvunt populares status, et paucorum. Si igitur
illa expeditiora sunt per quae magis contingit salvari statum popularem;
talia autem sunt remittentia vel quae attenduntur secundum remissionem. [89919] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 9 Deinde cum dicit qui autem ponit
documenta, quae attenduntur penes remissionem ipsius. Et circa hoc primo
ponit documentum sumptum ex distributione communium acceptorum ex
condemnatione. Secundo cum dicit, adhuc autem eas, ponit documentum aliud
sumptum ex his quae sunt attendenda circa publicas vindictas. Tertio cum
dicit, quoniam autem ultimae etc. ponit alia, quae accipiuntur ex his, quae
circa congregationes et iudicia sunt servanda. In prima dicit, quod illi qui
sunt ductores populi qui intenduntur habere gratiam ipsius, multa instituunt
in statu populari, faciendo in iudiciis ad utilitatem pauperum apparentem, et
damnum divitum: puta quod illa quae obveniunt ex condemnatione aliquorum
distribuantur multitudini pauperum: propter quod contingit multitudinem male
quandoque sententiare propter dilectionem pecuniae; et ideo oportet illum,
qui habet cordi salvationem popularis status, obviando contrarium intendere,
et ordinare lege vel statuto, quod nihil eorum quae confiscantur ex bonis
condemnatorum, distribuatur multitudini, sed dedicetur Deo, et fiat sacrum.
Ex hoc enim continget, quod iniusta volentes agere, non minus dubitabunt,
quam si deberent distribui multitudini: aequalia enim amittent modo utroque:
et iterum multitudo minus corrumpet iudicia et sententias circa ea quae
iudicatura est, non sperans inde lucrum aliquod accipere. [89920] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 10 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
documentum, quod sumitur ex his quae observanda sunt circa publicas
vindictas. Circa quod est intelligendum, quod cum poenae quantitas debeat
respondere quantitati delicti secundum legem iustitiae, delictorum autem
quaedam sunt occulta, quaedam autem manifesta et publica, oportet poenam
aliquando esse occultam, aliquando autem manifestam; occultorum scilicet
occultam, et publicorum publicam. Homines autem naturaliter magis verentur
publicam. Contingit autem quandoque, quod in statu populari multitudo pro
minori et occulto delicto inducit publicam poenam, ex quo contingit
inimicitias fieri inter cives, et quod prohibet philosophus in hoc documento,
dicens quod expedit ad salvationem reipublicae vindictas cavere, puta
fustigationem et eiectionem a republica; vel ad minus valde paucas facere,
prohibendo eos qui tales faciunt vel scribunt timore magni damni: tales enim
vindictas publicas magis assueverunt populares indicere contra insignes quam
contra populares: propter quod periculosiores sunt. Unde dicit philosophus
quia sunt principia magnae dissensionis: quia secundum philosophum in quinto
huius, totaliter insignium dissensiones consumere faciunt et totam civitatem:
et prius, dixerat de dissensione dominorum loquens, quod oportet subditos
vereri, et dissolvere praesidia, et potentum dissensiones; expedit enim in
republica cives omnes, si possibile est, benivolos esse; si autem non est
possibile, ad minus cavere quod nunquam sint adversarii illis qui debent
dominari subditis. Facere autem tales publicas vindictas multas principium
est malivolentiae, et ideo vitandae sunt. [89921] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 11 Deinde cum dicit quoniam autem
ponit documenta sumpta ex his quae accidunt circa congregationes et iudicia.
Et circa hoc primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit, tali autem
quodam modo etc. inducit exempla ad manifestationem quorumdam dictorum. Circa
primum declarat primo qualiter se habendum est quantum ad congregationem et
iudicia, ubi non existunt redditus. Secundo cum dicit, ubi autem sunt redditus,
non facere et cetera. Qualiter se habendum est ubi existunt. In prima parte
ipse dicit, quod ultima species popularis status, de qua nunc est sermo, est
multorum hominum, quoniam ipsi omnes communicant, et difficile est omnes
congregari sine mercede: multos enim et pauperes congregari sine mercede
difficile est: mercedem autem dare omnibus, ubi redditus non sunt, non potest
esse sine praeiudicio divitum. Necesse est enim mercedem tribuere ex his quae
inferuntur ab illis, vel quae accipiuntur ab eis depauperando eos, et ex hoc
fiunt mala iudicia malorum: propter quae destructae sunt multae respublicae
populares: unde oportet in populari statu, in quo non sunt redditus communes,
quam paucissimas, et tantum necessarias facere congregationes, et iudicia fieri
quidem ex multis, sed paucis diebus. Et istud quidem expedit propter duo: si
enim fiunt paucae congregationes, pauciora expendentur in ipsis, et divites
non timebunt paucas expensas, quamvis ipsi non accipiant, sed pauperes
tantum. Secundo quia multo melius si conveniant multi et insignes et
pauperes, iudicabunt secundum legem iustitiae. Plures autem poterunt
convenire si paucae fiant congregationes et pauca iudicia: divites enim ubi
non lucrentur, nec honorem reportant, nolunt dimittere propria multis diebus
vel saepe; pauco autem tempore magis sustinent. [89922] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 12 Deinde cum dicit ubi autem declarat
quomodo se habendum est, ubi redditus existunt. Et primo quid cavendum est.
Secundo cum dicit, sed oportet eum, quid sit observandum. In prima dicit,
quod in statu populari, ubi redditus sunt, cavendum est ne fiat illud quod
ductores populi vel procuratores in ea consueverunt facere. Illa enim quae
obveniunt diversis temporibus, cum obvenerint, distribuunt multitudini per
partes; et ipsi sic accipientes de facili consumunt, et statim indigent: hoc
enim tale auxilium est istis, sicut lagena perforata pauperibus: quidquid
enim paulatim immittitur ex una parte, effunditur ex alia, nec unquam hoc
modo contingit eam repleri. [89923] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 13 Deinde cum dicit sed oportet tangit
quid est observandum magis. Et primo facit hoc. Secundo tangit vias per quas
contingit devenire ad illud, cum dicit, artificiandum igitur et cetera. In
prima dicit, quod ita dictum est, quod non oportet facere sicut ductores
populi faciunt; sed oportet, cum quis habet curam popularis status, providere
qualiter multitudo popularis pauperum abundet, vel non egeat: egestas enim
ipsius facit eam esse pravam: difficile est enim indigentem existentem
operari bene, sicut dicitur primo Ethicorum; et ideo laborandum est multum,
qualiter sint abundantes continue. [89924] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 14 Deinde cum dicit artificiandum
igitur tangit vias aliquas per quas contingit eos fieri divites. Et dividitur
secundum tres vias quas tangit: et incipit secunda pars, ibi, maxime autem et
cetera. Tertia ibi, et si non omnibus et cetera. In prima dicit, quod expediens
est ad vitandum indigentiam in statu populari, congregare in aliqua
quantitate notabili ea quae obveniunt ex redditibus communibus; et tunc simul
pauperibus distribuere secundum aliquas magnas partes simul, ut unusquisque
de multitudine, si potest fieri, tantum accipiat simul, quod possit sibi
acquirere fundiculum aliquem, hoc est parvam mensuram terrae ex qua ulterius
lucrari possit: hoc enim expedit divitibus, quia non gravantur per hoc; et
etiam pauperibus magis quam si secundum parvas partes et saepe reciperent:
quod nunc observant ductores populi secundum quod dictum est prius. [89925] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 15 Deinde cum dicit maxime autem ponit
secundam; dicens quod si hoc non potest fieri commode, saltem dandae sunt eis
occasiones inducentes eos ad negotiationes et agriculturam, ut sic ex utroque
ditentur. [89926] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 16 Deinde cum dicit et si non ponit
tertiam; dicens, quod si non est possibile singulis divitibus aliquid inferre
ad distribuendum pauperibus, saltem expedit ipsos immittere aliquam
quantitatem pecuniae, vel secundum tribus vel secundum fraternitates, vel
secundum aliquam aliam talem collectionem, ad distribuendum pauperibus in
congregationibus necessariis. Et ut liberius haec faciant, tollendae sunt
expensae supervacuae, quas solent facere divites; puta expensae conviviorum,
et oblationum vanarum. [89927] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 17 Deinde cum dicit tali autem manifestat
per exemplum praedicta. Et primo per exemplum Carthaginensium. Secundo cum
dicit, bene autem habet et cetera. Per exemplum Tarentinorum. In prima parte
dicit, quod Carthaginenses bene politizantes acquisiverunt amicitiam populi
secundum modum praedictum: semper enim insignes et divites accipiebant
aliquos de pauperibus destinantes eos ad negotia domuum suarum procuranda, et
mercedem dantes faciebant eos divites. Iterum insignes magis gratiosi, et
magis secundum intellectum agentes, assumebant pauperes, dantes eis
occasiones aliquas, per quas provocabantur ad operationes, ex quibus
ditabantur. [89928] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 5 n. 18 Deinde cum dicit bene habet ponit
secundum exemplum; dicens, quod adhuc expedit ad salvandum statum popularem
imitari Tarentinos. Principantes enim inter eos divites existentes iumenta et
fructum possessionum suarum faciebant communem multitudini dominium
retinentes per actum liberalitatis; et secundum hoc fecerunt multitudinem
pauperum benivolam sibi. Iterum omnes principatus duplices instituebant;
alteros assignatos per electiones, alteros autem per sortem. Per sortem
quidem aliquos, ut pauperes participarent; per electionem autem ut meliores
possent accipere qui melius regerent rempublicam. Continget autem hoc facere
et de diversis principatibus unum accipere sorte, reliquum electione; et
etiam in eodem, unum principatum sic, alium autem illo modo. Et tunc
recapitulat dicens, quod quomodo oportet instituere statum popularem, et ex
quibus et qualiter firmare maxime infirmum circa illas, dictum est. |
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Lectio
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[89929] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 1 Postquam philosophus ostendit ex quibus et quomodo
instituenda est respublica popularis, nunc ostendit ex quibus et quomodo
instituenda est respublica paucorum. Et primo circa hoc dans intentionem,
dicit, quod ostenso ex quibus et quomodo instituenda est respublica
popularis, manifestum est fere quomodo instituendae sunt respublicae
paucorum. Fere autem dicit propter aliqua quae sunt propria
reipublicae paucorum. Cum enim species status paucorum quodammodo
contrarietur speciebus status popularis; et contraria ex contrariis
instituuntur et contrario modo, oportet unamquamque speciem status paucorum
ex his institui quae contrariantur illis ex quibus componitur contraria
respublica popularis et modo contrario illi. [89930] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 6 l. 6 n. 2 Deinde cum dicit reputantem
bene prosequitur. Et primo
declarat ex quibus et quomodo optima respublica paucorum est instituenda.
Deinde cum dicit, similiter autem etc., ex quibus et quomodo species
consequentes. In prima parte dicit, quod species status paucorum quae
reputatur maxime temperata, instituenda est modo consequenter, haec autem
species status paucorum est propinqua ei quae vocatur respublica nomine
communi, in qua principantur habentes arma et dignitatem aliquam divitiarum,
sicut dictum est in quarto etiam et in qua honorabilitates quae attenduntur
penes divitias distinguuntur in maiores et minores: sunt enim quidam habentes
maiores divitias, quidam minores. Similiter principatuum sunt quidam magis
necessarii et minores, quidam autem principaliores et maiores; et minores
autem habentes divitias inter ipsos participant principatibus magis
necessariis et maiores principalioribus; et licitum est in ipsa omnes
habentes aliquam dignitatem divitiarum attingere ad rempublicam. Ad
instituendum igitur istam oportet inducere tantam multitudinem habentium
honorabilitatem divitiarum determinatam, ut cum ipsa sint potentiores his qui
non participant republica; et universaliter oportet istam multitudinem assumi
ex meliori populo; melior enim status paucorum ex meliori populo habente
divitias instituitur, sicut in omnibus aliis ex melioribus fit melius. [89931] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 3 Deinde cum dicit similiter autem
declarat et qualiter et quomodo instituuntur aliae. Et primo tangit modum
instituendi omnes in universali. Secundo cum dicit, oppositae ultimae etc.
insistit circa ultimam et pessime ordinatam. In prima parte est intelligendum
quod species status paucorum quatuor consequenter se habent secundum ordinem.
Prima enim est ex ampliori multitudine et minori honorabilitate divitiarum et
magis secundum rationem et legem ordinatam, sequens autem ex pauciori
multitudine et maiori abundantia divitiarum et minus utens legibus. Tertia
autem adhuc ex minori et ampliori multitudine divitiarum. Ultima autem et
pessima ex quam paucissima multitudine et maxima honorabilitate; et ideo non
recta legibus, sed voluntate principantium; ideo consequens semper attenditur
respectu antecedentis. Dicit igitur quod similiter speciem reipublicae
paucorum consequentem post primam et consequentem post illam usque ad ultimam
oportet sustinere per intensionem eius quod observatur in institutione
praecedentis: ut verbi gratia si prima ex multitudine magna et parva
honorabilitate divitiarum instituitur, sequens ex minori multitudine et
maiori honorabilitate; et sic usque ad ultimam inclusive, quae instituitur ex
quam paucissima multitudine paucorum et maxima honorabilitate divitiarum. [89932] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 4 Deinde cum dicit oppositae ultimae
insistit circa ultimam et pessimam. Et circa hoc primo ostendit quod indiget
multa cautela. Secundo cum dicit, democratias quidem igitur etc., ostendit
quomodo contingit ipsam firmari melius. Circa primum primo proponit. Secundo
cum dicit, sicut enim corpora etc. probat. In prima parte dicit, quod illa
species status paucorum opponitur ultimae speciei status popularis, quae
maxime est potestativa et etiam tyrannica; quia in ipsa, totus populus, tota
multitudo velut unus tyrannus principatur; tanto indiget ampliori cautela
quanto ipsa est pessima omnium. [89933] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 5 Consequenter cum dicit sicut enim
declarat hoc per simile, et in his quae fiunt arte, et in his quae fiunt
natura, quae sunt nobis magis nota: dicens, quod sicut corpora animalium quae
bene disposita sunt ad sanitatem propter bonam adinvicem primorum
compositionem vel proportionem et naves quae bene compaginatae sunt in ordine
ad navigationem possunt sustinere plures errores, ut puta ictus vel passiones
ab extrinsecis, ita ut non de facili corrumpantur propter illa; illa autem
corpora animalium quae male disposita sunt propter malam dispositionem
humorum, et naves non bene compaginatae, sed quasi resolutae habentes pravos
nautas, non possunt etiam sustinere modicos errores: immo corpora animalium
talium a modicis passionibus corrumpuntur, naves vero huiusmodi ad modicum
impulsum venti, vel undae, vel ictum rupis franguntur, ita est et de
rebuspublicis. Illae quae optime ordinatae sunt secundum rationem multos
impulsus et magnos sustinere possunt. Male autem ordinatae a modicis
corrumpuntur; et ideo maiori indigent cautela. Civitatem enim oportet
intelligere compositam ex pluribus adinvicem ordinatis, sicut animal ex
pluribus membris et navem ex pluribus lignis. [89934] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 6 Deinde cum dicit democratias quidem
docet ex quibus contingit eam firmari melius. Et primo in generali. Secundo
cum dicit, quoniam autem etc., in speciali. In prima parte dicit, quod
respublicae populares tyrannice et pessime ordinatae salvantur propter
multitudinem hominum gubernantium in eis; talis enim multitudo potentiam
quamdam habet; propter enim multitudinem istam opponitur iusto secundum
dignitatem, ita ut per potentiam eius suppeditetur huiusmodi iustum secundum
rationem in ipsa. Status autem paucorum ei oppositi qui potentatus dicuntur
et sunt tyrannicae, non salvantur per potentiam multitudinis, quia talem non
habent; et ideo oportet quod e contrario salventur propter bonam ordinationem
secundum rationem et iusti salvationem. [89935] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 7 Deinde cum dicit quoniam autem docet
in speciali ex quibus firmatur. Et primo declarat ex quibus contingit fieri
fortem paucorum statum et minus fortem. Secundo cum dicit, appositionem autem
fieri etc. ponit elementa ad firmandum ipsam. Adhuc circa primum duo facit.
Quoniam primo declarat ex quibus contingit constituere magis fortem statum
paucorum et consequentem. Secundo cum dicit, nuda autem potentia etc. ponit
ex quibus minus fortem et magis inordinatam. In prima parte ad declarandum
intentum praemittit distinctionem multitudinis in civitate; et dicit, quod
quamvis sint plures partes multitudinis, sicut tactum est prius, maxime
inveniuntur quatuor ad quas aliae reducuntur; puta agricultiva ad quam
reducit pascualis: navalis, et illa quae circa forum negotiatur, et
mercenaria ad quam reducuntur viles artifices. Iterum quatuor sunt modi
hominum qui bene dispositi sunt ad bellum; puta equites qui pugnant; et
nautae qui in navibus pugnant; et expediti leves armaturas habentes. Ubi
igitur accidit esse regionem in qua sunt multi bellantes in equis secundum
artem, contingit fortem statum paucorum facere, maxime si fuerint unanimes
inter se. Cuius ratio est, quia statui paucorum insidiatur potentia
multitudinis; ab ipsa autem potest salvari per potentiam equestrem quae
praevalet in armis. Et iterum nutriturae equorum sunt factivae divitiarum; et
ideo pertinent ad eos qui habent substantias magnas: cuius modi sunt in statu
paucorum. Ubi autem est multitudo utentium armis ad pedes et ad defensionem
et ad impugnationem, contingit facere fortem statum paucorum post primam quae
dicta est: habere enim multitudinem talium armorum et usum eorum magis
pertinet ad divites quam ad egenos, quia divites dominantur in statu
paucorum. [89936] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 8 Deinde cum dicit nuda autem declarat
quae est multitudo ea qua non contingit fieri fortem statum paucorum. Et
primo facit hoc. Secundo tangit remedia per quae contingit illam melius
ordinari ad fortem statum paucorum cum dicit, oportet autem et cetera. In
prima dicit, quod potentia multitudinis, quae non utitur armis, sed ordinatur
ad leves operationes, puta ad cursum, ad ascensum murorum; et navalis, quae
in aqua pugnat, omnino sunt populares non paucorum: tales autem propter
defectum virtutis et rationis sequuntur impetum; et ideo ubi est multa
multitudo talium, si dissensionem habeant ad superiores, pugnant,
contendentes deterius contra eosdem; et ideo non bene ordinabiles sunt ad
statum paucorum. Secundo cum dicit, oportet autem etc., tangit remedia. Primo
unum. Secundo cum dicit, oportet autem etc., aliud. In prima dicit, quod
contra inordinationem et malitiam praedictae multitudinis oportet duces
exercitus adducere remedium, videlicet adiungendo ad equestrem multitudinem,
et etiam ad pedestrem, utentem tamen armis, tantum de multitudine expeditorum
quantum eis congruit, et non plus; ut videlicet ad tantam multitudinem
equestrium apponatur tanta multitudo expeditorum quanta est eis necessaria ad
finem, sic tamen quod non praevaleat in potentia, et non sit maior. Similiter
autem et ad armativam. Ratio autem quare expedit talem multitudinem ordinari
bene in exercitu, est, quia nos videmus, quod popularis multitudo quando
dissentit a divitibus praevalet contra eos propter virtutem expeditorum, quia
expediti faciles existentes, faciliter insurgunt contra equestres, et etiam
contra pedestres armatos, quia ipsi divites sunt et oppressivi suipsius; et ideo
expedit paucorum potentiae divitibus retinere sibiipsis hanc potentiam
expeditorum contra populares, et eos constituere et ordinare sic, ut per
benivolentiam et bonam ordinationem cum eisdem expeditis praevaleant contra
eos. [89937] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 9 Deinde cum dicit oportet autem ponit
secundum remedium, quod etiam est ad declarationem dicti; dicens quod adhuc
expedit paucorum statui ad bonam ordinationem expeditorum distinguere
secundum aetates, videlicet in iuniores et seniores ipsorum, et iuniores
filios ipsorum exercere ad cursum, saltum, ascensum; ulterius autem magis
provectos et fortiores constituere athletas ad opera facienda, puta vel ad
onera portanda, vel ad duellum, vel ad aliquod aliud tale. Et ex hoc
sequuntur duo. Primo quod benivolentiam expeditorum habebunt, quasi habentes
curam et sollicitudinem de bona ordinatione ipsorum: aliud autem, quia ipsi
iuvenes magis exercitati erunt in eis, quae expediunt statui paucorum. [89938] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 10 Deinde cum dicit appositionem autem
ponit elementa ad salvandum potentatum paucorum. Et primo ponit huiusmodi
elementa. Secundo cum dicit, sed hoc etc. tangit dicta non observari nunc in
paucorum statibus. In prima ponit unum elementum. Secundo cum dicit, adhuc
autem etc. ponit secundum. Tertio cum dicit, congruit autem sacrificia etc.
ponit aliud. In prima dicit, quod ad salvandum potentatum paucorum expedit
aliquos de popularibus apponi reipublicae, utputa de his qui aliquam
honorabilitatem habent divitiarum, vel sicut fiebat Thebis, puta, quod nullus
accipiebatur ad rempublicam ipsorum qui non abstinuisset a foro venalium per
decennium, sicut dicebatur prius in quarto, vel sicut observabant in Massilia
quadam alia civitate, qui distinguebant inter dignitatem eorum qui
attingebant ad rempublicam, et eorum qui non participabant; et si inveniebant
aliquos non participantes digniores vel aeque dignos quibusdam qui
participabant, assumebant ipsos, vel aliquos ex eis: per talem enim
appositionem popularium ipsi reipublicae magis diligunt ipsam, et ideo magis
nituntur eam salvare. Hoc tamen est observandum, sicut dicebatur prius, quod
non assumatur magna multitudo talium; possunt enim inordinationem facere
paucorum potentiam; sed tanta, ut cum ipsa valentiores sint reliqua
multitudine regionis. [89939] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 11 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
secundum elementum; dicens, quod expediens est eos qui assumuntur ad praecipuos
et honorabiliores principatus in tali republica facere oblationes donariorum
magnorum vel Deo, vel communitati. Ex hoc enim sequuntur duae utilitates: una
quod populares non affectabunt principatus propter magnitudinem donariorum,
et ideo magis quieti erunt: alia quia multum compatientur principantibus
videntes eos multa expendere in eis: pauperes enim divitias maximum bonum
reputant, ex quo sequitur maior quietatio ipsorum. [89940] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 12 Deinde cum dicit congruit autem
ponit tertium; dicens, quod adhuc expedit assumendos ad principatum
sacrificia magnifica facere, et magnitudinem expensarum, et facere aliquod
convivium magnum toti civitati, ut sic populus participans convivio, et
videns civitatem bene dispositam et ornatam, et secundum aedificia communia
et propria, et etiam multa seorsum posita, et dedicata ad honorem Dei,
gaudeat, et per consequens velit manere rempublicam; et iterum magnitudo
expensarum expediens est insignibus sicut memoriale, et ad diffusionem famae:
sicut enim dicit Aristoteles in quarto Ethicorum, amantur maxime liberales
omnium aliorum qui aliis praestant virtutibus; utiles enim sunt et prosunt
dando; propter quod magis diffunditur fama hominis per actum dationis liberalis. [89941] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 6 n. 13 Consequenter cum dicit sed hoc nunc
tangit contrarium esse in consuetudine modernorum; dicens, quod ea quae dicta
sunt non observant moderni, qui regunt in paucorum republica vel insignes;
non enim quaerunt bonam famam magis, aut etiam honores, sed magis extorsiones
pecuniarum calumniose, seu qualitercumque: propter hoc modernae respublicae
paucorum sunt pravae respublicae populares, in quibus quaeritur magis
extorsio pecuniae, quam honor. Et tunc recapitulat dicens, quod ex quibus et
quomodo contingit bene firmare status populares et paucorum male ordinatos
intantum est determinatum. |
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Lectio
7 |
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[89942] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 1 Postquam philosophus declaravit ex quibus et qualiter
instituantur respublicae minus rectae, determinat nunc de principatibus
earumdem, supplendo quod in fine quarti omiserat. Et circa hoc primo dat
intentionem et rationem eius. Secundo cum dicit, primo quidem etc. prosequitur.
Circa primum primo dat intentionem suam; dicens, quod post ea quae dicta
sunt, oportet determinare ea quae pertinent ad principatus: puta quot sunt
principatus necessarii in huiusmodi rebuspublicis, et qui secundum speciem,
et quorum sint domini, sicut dicebatur prius in fine quarti. [89943] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 2 Deinde cum dicit sine necessariis
dat necessitatem huius considerationis; et dividitur in duo. Primo enim
assignat rationem unam. Secundo cum dicit, adhuc autem etc. aliam. In prima
parte intendit rationem hanc. De illis sine quibus, aut impossibile est esse
civitatem, aut bene habitari, et consequenter, oportet determinare vel
considerare rempublicam: sed sine principibus, aut non est possibile civitatem,
aut non bene habitari: ergo et cetera. Maiorem supponit sicut manifestam,
minorem subiungens, dicens quod sine principatibus necessariis, puta sine
principatu principali, et ducatu exercitus, et etiam iudicio, et aliis
huiusmodi, non potest esse civitas: sine principatibus autem qui curant de
bono ornatu civium quantum ad exteriora vel accidentia magis, non potest bene
habitari. [89944] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 3 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
secundam rationem; dicens, quod praeterea in civitatibus parvis necesse est
pauciores principatus, et plures in unum coniungi; tum quia pauciores
sufficiunt, tum quia non plures inveniuntur esse sufficientes. In magnis
autem civitatibus, oportet plures esse, et unum dividi in plures propter
oppositas causas, sicut dictum fuit in quarto huius. Oportet igitur civem non
ignorare quales principatus convenit coniungere in unum, et quales dividere
in plures: hoc autem non contingit nisi sciatur qui et quot sunt, et quorum
domini, et quam habitudinem habent adinvicem, et qui propinquiores et qui
remotiores secundum naturam: ergo necesse est ista praeconsiderare. [89945] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 4 Deinde cum dicit primo quidem
prosequitur: et est intelligendum, quod simul determinat qui et quorum et
quot. Et dividitur in partes duas. Quia primo facit quod dictum est. In
secunda cum dicit, horum autem etc., ad quam rempublicam pertineant quidam
illorum magis. Adhuc circa primum primo declarat de necessariis magis.
Secundo cum dicit, adhuc autem soliciti etc., de his quae ad bonum ornatum.
Adhuc primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit, necessariae quidem
igitur etc. recolligit. Circa primum adhuc primo determinat de principantibus
rebuspublicis. Secundo cum dicit, alia autem specie etc. de his qui curant de
divinis. Circa primum adhuc primo determinat de principantibus minoribus
particularibus. Secundo cum dicit, praeter omnes autem hos etc. de
universali et summo. Adhuc prima in duas. Primo facit quod dictum est.
Secundo cum dicit, quoniam autem etc. de eo, qui habet curam super
correctione et emendatione ipsorum. Circa primum adhuc primo determinat de
principantibus, qui habent curam super rebus exterioribus. Secundo de his qui
habent curam de personis civium, cum dicit, post hunc autem et cetera. Circa
primum duo facit. Quoniam primo determinat de his qui habent curam super
rebus exterioribus. Deinde cum dicit altera autem cura, etc. de eo, qui habet
curam de rescriptis super praedictis et accessoriis. Prima dividitur in tres.
Primo determinat de eo qui habet curam de his quae circa forum. Secundo cum
dicit, alia autem necessaria etc. de his quae circa aedificia et immobilia.
Tertio cum dicit, alius autem principatus etc. de eo qui habet curam super
redditibus communibus. In prima parte dicit, quod primo oportet esse quemdam
principatum circa forum eorum quae sunt necessaria civitati, qui aspiciat,
quod contractus talium iuste et legitime fiant, et etiam aedificia circa
forum bene ordinata sint; puta in quibus fiunt huiusmodi contractus. Cuius
ratio est, quia in omnibus civitatibus fere necesse est aliqua recipere per
emptionem, et aliqua emittere per venditionem, et quantum ad totam civitatem
et respectu aliorum, et quantum ad cives inter se. Fere autem dicit,
quia contingit esse aliquam civitatem per se sufficientem, in qua hoc non est
necessarium. Et hoc est convenientissimum ad per se sufficientiam: est enim
civitas communitas perfecta omnis per se sufficientiae terminum habens, ut
dicebatur in primo, propter quam convenerunt in unam civitatem. Quia enim una
domus non est sibi sufficiens, ideo coniungitur alii in vico: et quia unus
vicus nec pauci sufficiunt sibi omnino, ideo plures coniunguntur in civitate
una quae per se sufficiens est: per se autem sufficiens non potest esse, nisi
per commutationes mutuas, quae fiunt per emptionem et venditionem, vel inter
se, vel ad alios legitime factas: hoc autem non essent nisi esset aliquis
dirigens, et reducens inaequale ad aequalitatem per sapientiam et publicam
potestatem: hoc autem est principatus: est igitur necessarius principatus
quidam circa contractus. [89946] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 5 Deinde cum dicit altera autem
determinat de principatibus, qui curant de aedificiis publicis et propriis.
Et primo de his qui curant de his quae in civitate. Secundo cum dicit, alia
autem etc. de his quae extra. In prima parte dicit, quod alius est
principatus consequenter se habens ad istum, et propinquus eidem, qui habet
curam de aedificiis communibus et propriis, et stratis, et aquae ductibus, et
aliis huiusmodi qualiter fiant ut expedit, et bene disposita sint, secundum
quod expedit civitati, et qualiter ruinosa aedificia reparentur et qualiter
confinia aedificiorum sic determinentur, ut sint sine querela, et de aliis
huiusmodi quae sunt similia huic curae. Quidam autem vocant hunc principatum
aedilitatem. Praedictus autem principatus plures partes habet secundum modum;
quarum aliae et aliae ad alia et alia ordinantur in civitatibus magnis; puta
factores murorum et curatores fontium et custodes portus et fortalitiorum
civitatis. [89947] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 6 Deinde cum dicit alia autem
determinat de his quae in regione; dicens, quod alius principatus est
necessarius consimilis praedicto: de illis enim eisdem de quibus curat
praedictus est iste extra civitatem in regione; puta ille qui curat de
castris et aedificiis et aquaeductibus et confinibus agrorum et aliorum quae
sunt extra civitatem. Appellant autem quidam istos definitores, alii custodes
agrorum. Isti igitur sunt tres principatus necessarii. [89948] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 7 Deinde cum dicit alius autem (...)
redditus determinat de eo qui habet curam circa redditus communes; dicens,
quod alius est principatus qui habet curam circa communes redditus: ad quem
tria pertinent: scilicet recipere ipsos a differentibus et custodire receptos
et distribuere quod necessarium est in unaquaque dispensatione secundum
ordinationem civitatis vel superiorum: et vocantur a quibusdam receptores, a
recipiendo; a quibusdam autem quaestores. [89949] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 8 Deinde cum dicit alius autem (...)
rescribi determinat de eo, coram quo fiunt rescripta de contractibus et
iudiciis; dicens, quod alius est principatus ad quem referuntur omnia
rescripta contractus et iudicia, ut habeant auctoritatem, scilicet per signi
eius appositionem; apud quos etiam oportet manere registrum cum rescripto
contractuum et sententiarum, et etiam eorum qui inducuntur in civitate. Iste
vero principatus in civitatibus maioribus distinguitur in plures, sed unum
oportet esse principalem omnium, sicut nunc videmus in curiis magnatum
aliquem cancellarium principalem et alios plures esse sub eo, puta notarios
et registrarios et huiusmodi; et vocantur a quibusdam praefecti vel
memoriales, quia apud eos debet remanere memoria magnorum quae fiunt in
civitate. Ab aliis autem aliis nominibus propinquis. [89950] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 9 Deinde cum dicit post hunc
determinat de eo qui principatur super ipsa substantia civium. Et primo de eo
qui habet curam super actionibus condemnandorum et proscribendorum. Secundo
cum dicit, post hoc autem etc. de eo qui habet curam super custodia civium.
Circa primum, primo ostendit quod principatus talis gravis et necessarius
est. Secundo cum dicit, contingitque, tangit quoddam accidens circa ipsum.
Circa primum primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit, praeterea melius
est etc. tangit quaedam expedientia ad movendum gravitatem ipsius. Circa
primum primo proponit. Secundo cum dicit, gravis quidem igitur etc. probat.
In prima dicit, quod post praecedentem principatum qui maxime necessarius est,
sicut primum principium in unoquoque genere, et est maxime difficilis inter
omnes, puta ille qui curat de exactionibus condemnandorum ad mortem, et
relegandorum secundum accusationes inscriptas, et circa custodiam corporum
ipsorum antequam condemnentur aut proscribantur. [89951] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 10 Deinde cum dicit gravis quidem
probat vel assignat rationem istorum. Et primo gravitatis ipsius. Secundo cum
dicit, necessarius autem etc. assignat rationem necessitatis. In prima dicit,
quod principatus praedictus gravis est valde propter multas inimicitias
multorum: amici enim condemnandorum et proscribendorum habent ad ipsum odium
ut in pluribus, siquidem ille vel illi qui diligunt aliquos sunt inimici
inimicorum illorum: et tanta est inimicitia ad ipsum, quod ubi non contingit
multum lucrari, pauci aut nulli sustinerent praeesse in isto principatu; et
si sint aliqui qui sustinent, nolunt procedere in ipso secundum rigorem,
timentes inimicitias vel offensionem: timor enim et amor saepe solent
pervertere iudicium principantis. [89952] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 11 Deinde cum dicit necessarius autem
probat vel assignat causam necessitatis; dicens, quod necessarius quidem est
huiusmodi principatus, quia nihil proficuum est recte secundum iustitiam
sententiare de actionibus, et sententias rectas non deducere ad finem per
executionem. In operabilibus enim iudicium rectum est propter operationem
sicut propter finem: agere autem aliquid eorum quae sunt ad finem per se et
non deducere ad finem vel attingere, non est proficuum, propter quod si
impossibile est communicationem civium invicem salvari non factis sententiis
rectis de controversiis suborientibus inter ipsos, impossibile est eamdem communicationem
civium adinvicem salvari, nisi sententiae latae recte executioni demandentur.
Si igitur necessarium est in civitate communicationem salvari necessitate
quae est in ordine ad finem, necessarium est eadem necessitate iustas
sententias demandare executioni: hoc autem principaliter fit per huiusmodi
principatum: quare huiusmodi principatus necessarius est si debeat salvari
communicatio. [89953] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 12 Deinde cum dicit propter quod
tangit quaedam expedientia circa ipsum; et dividitur in partes duas. Primo
tangit quaedam documenta et rationem assignat. Secundo cum dicit, in multis
autem locis etc. adiungit aliud. Circa primum primo tangit documenta. Secundo
cum dicit, quanto enim etc. assignat rationem. In prima dicit, quod quia
huiusmodi principatus est necessarius et gravis et expedit istum principatum
non esse unum tantum, sed distingui in plures, et alios ex aliis iudiciis
accipere, ut puta quod alius sit qui audiat accusationem, alius qui inquirat,
alius autem qui sententiet: et similiter eos qui circa rescripta intendunt,
oportet tentare dividere, puta ut unus scribat accusationem, alius
inquisitionem, alius sententiam. Iterum expedit quosdam de istis agere aliqua
et quosdam alia, puta eos qui magis fuerunt in principatu iudicare minus
periculosa, novos autem nova, et veteres magis periculosa, et iterum
negotiorum instantium si aliter condemnaverit alterum exequi; verbi gratia,
eos quos principantes intra civitatem condemnaverint principantes extra
civitatem magis puniant exequendo, et e contrario. [89954] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 13 Deinde cum dicit quanto enim
assignat rationem; dicens, quod ista observanda sunt, quoniam quanto minor
erit inimicitia huiusmodi principantibus, tanto sententiae et executiones
magis de fine accipient. Eosdem autem esse condemnantes et exequentes
inimicitiam habet propter duo: tum quia condemnat, tum quia exequitur; eos
autem omnia tractare quae pertinent ad dictum principatum inimicitiam habet
quantum ad omnia. Si autem dividantur, ita quod alter sit condemnans et alter
sit exequens; et diversa diversis attribuantur, dividetur inimicitia: quare
minor erit ad singulos; et sententiae et executiones magis finem accipient;
quod est expedientius. [89955] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 14 Deinde cum dicit in multis adiungit
aliud; dicens, quod in multis civitatibus divisi sunt, ille qui custodit
illos qui condemnandi sunt et ille qui exequitur sententiam, sicut Athenis
illi qui vocabantur undecim viri; et ideo expedientius est et illos separare
et alia sophismata et adumbrationes circa hoc facere per quae contingat
minorem esse inimicitiam, et per consequens minus gravem principatum;
necessarius enim est non minor praedicto. [89956] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 15 Deinde cum dicit accidit autem
tangit accidens inducens impedimentum circa ipsum. Et primo facit hoc.
Secundo cum dicit, propter quod etc. tangit remedia. In prima dicit, quod
propter difficultatem quae est in isto principatu, viri boni fugiunt
huiusmodi principatum, malos autem non est securum apponere in ipso, mali
enim magis indigent regula et custodia aliorum quam possint alios regere vel
etiam custodire: regulans enim alium in se oportet esse regulatum prius. [89957] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 16 Deinde cum dicit propter quod
tangit remedia; dicens, quod quia boni fugiunt principatum istum propter
causam praedictam, expediens est non esse tantum unum principantem in
huiusmodi negotio, nec etiam continue eosdem principari, sed modo hos modo
alios; quia etiam nos videmus quod ubi est aliquis ordo iuniorum, vel ubi est
ordo custodiarum civium et principatuum, oportet istorum curam facere particulariter,
nunc quidem hos, nunc autem illos. Isti autem principatus qui dicti sunt,
ponendi sunt necessarii et primi respectu praedictorum prius. [89958] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 17 Deinde cum dicit post hos inquirit vel
prosequitur de eo qui habet curam super custodiam civium. Et circa hoc primo
dat necessitatem ipsius. Secundo cum dicit, hic quidem igitur etc. tangit
eius divisionem. In prima ipse dicit, quod post praedictos principatus
necesse est ponere alios non minus necessarios si debeat salvari commutatio
civilis, ordinatos tamen in excellentiori gradu dignitatis, quoniam indigent
ad executionem principatus prudentia multa, quae habetur per experientiam
longi temporis, et multa fide, idest multa fidelitate. Isti autem sunt qui
custodiunt civitatem, et ordinantur ad opportunitates bellicas contra
inimicos civitatis. Expedit enim, si debeat salvari, esse curatores ipsius,
et in tempore pacis, et in tempore belli. Tales etiam sunt illi ad quos
pertinet custodire portas et muros; similiter illi qui habent curam
exquirendi insidias, et de ordinatione civium adinvicem pacifica. Tales autem
ad recte operandum indigent prudentia multa et fidelitate, quia indiscretio
et infidelitas ipsorum de facili induceret corruptionem civitatis. [89959] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 18 Deinde cum dicit hic quidem tangit
divisionem ipsius; dicens, quod ista cura in quibusdam civitatibus continet
principatus plures, sicut in magnis et magis ordinatis ad bellum. In aliis
autem pauciores, sicut in parvis civitatibus contingit aliquem unum de
civibus praefici in tota cura, vel aliquos paucos. Et aliqui vocant istos
principatus, ducatus exercitus, alii principes belli. Iterum si in civitate
inveniantur equites multi, aut pedites, sicut expositum est prius, aut
sagittarii, qui ordinantur ad pugnam sagittando, vel nautici, qui pugnant in
navibus, aut aliqui alii tales, super unumquodque istorum in maioribus
civitatibus ordinantur aliqui principantes, ex hoc nominationem habentes;
sicut praefecti navales, et equitum, et legionum. Et adhuc magis particulatim
sub unoquoque istorum sunt multi principatus particulares, puta in nauticis
praefectis triremium, similiter et ille qui habet curam super dispositione
insidiarum, et illi qui dicuntur praefecti cohortium et tribuni militum, et
quicumque alii tales diversitatem talem habent. Omnia tamen ista habent unam
speciem curae communem, quae dicitur cura belli; et per consequens unum
principatum supremum ad quem omnes alii ordinantur. Hoc ergo modo se habent
circa principatum. [89960] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 19 Deinde cum dicit quoniam autem
prosequitur de eo, cuius est corrigere alios quosdam principatus, dicens:
quoniam quidem principantes in civitate, quamvis non omnes, habent tractare
bona communia, scilicet colligendo et dispensando; difficile autem est
huiusmodi bona tractare sine aliqua inquisitione vel appropriatione, eo quod
omnes habent appetitum huiusmodi bonorum, si non sint studiosi et fidelissimi
viri, necessarium est esse aliquem principatum super istos, cuius sit sumere
rationem super receptis et expensis, et corrigere ubi invenerit delinquentes.
Aliter enim contingeret distractio in bonis communibus civitatis et
iniustitia. Expedit autem, quod ille principatus super nullo alio habeat
curam, ut diligentius possit curare de praedictis. Vocantur autem isti
principatus a quibusdam correctores, eo quod corrigere habent delinquentes; a
quibusdam vero rationales, eo quod debent audire rationes; a quibusdam
scrutatores, eo quod habent exquirere diligenter; ab aliis procuratores. [89961] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 20 Deinde cum dicit praeter omnes
determinat de maximo principatu; dicens, quod praeter praedictos principatus
est alius necessarius, ille scilicet qui habet dominium super omnibus, et ad
quem omnes alii ordinantur, a quo accipientes rationem operandi diriguntur in
eis quae subsunt curae ipsorum, et ad quem finaliter reducuntur omnes
operationes civitatis. Oportet autem id quod cogit summam habere in
republica auctoritatem. Appellant
autem quibusdam in locis praeconsultores, ex eo quia ante deliberant: ubi
vero multitudo est, consilium dicitur. [89962] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 21 Deinde cum dicit alia autem
determinat de principatu qui dirigit in his quae ad Deum pertinent. Et circa
hoc duo facit. Primo enim praemittit opportunitatem ipsorum. Secundo cum
dicit, accidit autem etc. ponit distinctionem istius principatus vel unionem
in diversis civitatibus. In prima dicit, quod alia est species principatus
necessaria in civitate; puta eorum quae ad divina pertinent, cuius sunt
sacerdotes sacra tractantes, et eorum qui curant de aedificiis sacrarum
domuum, qualiter salvae maneant, et si aliqua decidant erigantur; et etiam
aliorum quorumcumque, quae ad cultum divinum ordinantur. [89963] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 22 Deinde cum dicit accidit autem
ponit divisionem et unionem eius in rebuspublicis diversis, dicens, quod iste
principatus alicubi est unus tantum curans de omnibus quae pertinent ad
praedictum cultum, sicut in civitatibus parvis; alicubi autem sunt multi et
separati principatus, puta sacrificia offerentes et custodes templorum et aerarii
sacrarum pecuniarum Deo dedicatarum, consequenter autem ille qui ordinatur ad
dispensandas immolationes communes quas non assignavit lex ipsis
sacerdotibus, sed recipiunt ipsas a mensa communi. Erant enim apud gentiles
quaedam quae immolabantur, quae sacerdotes accipiebant de propriis; quaedam
autem quae ministrabantur eis a communi; et isti a quibusdam vocabantur
reges, a quibusdam vero pontifices maximi. [89964] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 23 Deinde cum dicit necessariae quidem
recolligit praedictos principatus dicens quod principatus necessarii, ut
contingit dicere in summa sunt de his et circa hoc: puta principatus circa
rem divinam, et principatus circa bellica, et ille qui curam habet super
acceptione reddituum et dispensatione eorum, et ille qui habet dominium circa
forum quantum ad commutationes, et ille qui circa municipium civitatis, et
exterius circa portum et regionem subiectam civitati; iterum ille qui circa
iudicia et circa Scripturas commutationum et circa executiones sententiarum,
et ille qui habet curam super custodia civitatis et regionis, et ille qui
habet audire compositum et corrigere delinquentes, et finaliter circa
consilia. In civitatibus autem, quae magis vacant ab exterioribus bellis, et
intendunt speculationi, et magis delectantur circa talia, sunt alii proprii
principatus, de quibus nunc dictum non est, nec de republica talium
civitatum, sed tantum dictum est de principatibus pertinentibus ad statum
paucorum et popularem, de quibus erat prius determinatum; quamvis quaedam
istorum pertineant etiam ad praedictas civitates. [89965] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 24 Deinde cum dicit adhuc autem
determinat de principatibus non necessariis magis; dicens, quod adhuc praeter
principatus praedictos et necessarios sunt alii principatus curantes de bono
ornatu civitatis et civium, de mulierum disciplina et de custodia legum, ita
quod nullus transgrediatur, et de lege puerorum puta disciplina et cura
ipsorum, de gymnasiorum gubernatione, iterum de ludis gymnasticis, in quibus
homines exercebant se nudi, et de musicis, et aliis huiusmodi spectaculis. [89966] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 25 Deinde cum dicit horum autem
declarat ad quas respublicas pertineat quidam horum principatuum. Et primo
declarat hoc, de quibus minus principalibus. Secundo cum dicit, tribus autem
existentibus etc. de principalibus. In prima dicit, quod quidam istorum
principatuum non competunt statui populari, puta principatus mulierum,
puerorum lex vel principatus. Et ratio huius est, quia in populari statu est
multitudo egenorum, egeni autem necesse habent uti mulieribus et pueris
tamquam quibusdam consequentibus de necessitate, ad operationes necessarias
et serviles propter carentiam servorum; hi enim quia servos non habent,
utuntur mulieribus et pueris sicut servis. [89967] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 6 l. 7 n. 26 Deinde cum dicit tribus autem
declarat hoc idem de quibusdam principatibus; dicens, quod, cum sint tres
principatus secundum quos eligunt alios principales principatus, scilicet
conservatores legum, praeconsultores et consilium; legum conservatores
pertinent ad statum optimatum, quia legum conservatores prudentia indigent,
et virtute, quae sunt principalia in statu optimatum. Praeconsultores
autem pertinent ad paucorum statum. Consilium vero ad popularem. Sic igitur in typo et figuraliter dictum est
fere de omnibus magistratibus. |
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Liber 7
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LIVRE 7
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Lectio
1 |
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[89968] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 1 Postquam Aristoteles declaravit ex quibus et qualibus
et quomodo instituenda est respublica minus recte ordinata, intendit nunc
declarare quomodo et ex quibus instituenda est simpliciter optima, sive sit
respublica communi nomine nominata, sive respublica optimatum, sive regnum.
Et circa hoc praemittit quaedam pertinentia ad declarationem intenti sui. Cum
dicit, de republica autem ipsa etc. ostendit ex quibus et qualibus est
instituenda. Ad instituendum autem rempublicam optimam oportet praecognoscere
quaedam ex parte formae ipsius reipublicae quae sumitur ex ratione ipsius
finis. Quaedam autem ex parte materiae quae sunt cives ipsi, et locus, et
habitatio. Et secundum hoc circa primum duo facit. Quoniam primo inquirit de
fine ipsius reipublicae. Secundo cum dicit, de reliquis dicendum etc.
inquirit de materia. Circa primum, adhuc primo praemittit intentionem suam.
Et secundo cum dicit, putantes etc. prosequitur. Circa primum dat intentionem
suam respectu duorum; dicens primo, quod qui vult facere inquisitionem certam
et convenientem materiae subiectae de republica optima simpliciter non ex
suppositione, necesse habet prius considerationem facere, quae vita sit
eligibilissima simpliciter, idest quae sit actio optima simpliciter. Dicitur
enim vita uno modo de hoc quod est principium motus ex se. Sicut dicitur quod
anima et vita sunt idem. Consequenter autem dicitur de operatione procedente
ab huiusmodi principio intrinseco; sicut dicimus, quod sentire et intelligere
sunt vitae quaedam: et secundum hoc eligibilissimum hominis est vita optima
vel actio eius secundum excellentiorem animae potentiam. Et rationem
huiusmodi assignat: quoniam si non fuerit manifestum quae sit optima operatio
hominis simpliciter, non erit manifestum quae sit optima respublica
simpliciter; quoniam optime versantes in republica necessarium est attingere
ad optimam vitam, seu actionem hominis, aut simpliciter, aut secundum
exigentiam dispositionum inexistentium, secundum quarum diversitatem
necessarium est actionem seu finem diversificari, sicut actionem artificis
optimam necesse est diversificari propter diversitatem materiae ex qua
operatur. Dico autem quod optime versantes in republica
oportet attingere ad optimam operationem, nisi fuerit aliquid quod accidet
praeter rationem; puta vel defectus naturae vel alicuius exteriorum quae
necessario exiguntur ad optimam actionem. [89969] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 1 n. 2 Igitur
volentem considerare de optima republica oportet primo praeaccipi, sicut
manifestum est, quae sit vita optima vel etiam actio eligibilissima omnibus
hominibus, ut est dicere: quod adiungit propter hoc, quod quidam sunt male
nati vel in malis consuetudinibus nutriti, qui vix aut nunquam possunt
attingere ad optimam vitam, seu actionem hominis. Consistit autem virtus
rationis eius in hoc, quia ad cognitionem cuiuscumque oportet praecognoscere
ea, ex quibus per se sumitur ratio. Per hanc enim cognoscitur unumquodque.
Ratio autem optimae reipublicae sumitur ex optimo fine hominis, sicut
universaliter ratio operabilium ex ratione finis. Finis autem optimae reipublicae est optimus finis
hominis, quia respublica non est aliud quam ordo civitatis, sicut dicitur
tertio huius. Ratio autem ordinis sumitur ex fine; et ideo ad cognitionem
optimae reipublicae oportet praecognoscere quis sit optimus finis hominis seu
actio. Deinde dat intentionem suam respectu alterius; dicens, quod post hoc
erit considerandum utrum eadem sit optima vita vel actio uniuscuiusque
seorsum viventis civis et totius civitatis, an alia et alia huiusmodi et
illius. [89970] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 3 Deinde cum dicit putantes igitur
prosequitur; et primo inquirit quae sit optima vita hominis vel optimus
finis. Secundo cum dicit, unum autem etc.; utrum eadem unius et totius
civitatis, optima autem vita seu actio est felicitas. Primo igitur inquirit
quae sit felicitas hominis. Secundo quae ipsius civitatis, cum dicit, habitum
autem est et cetera. Circa primum primo praemittit suppositionem praedictam.
Secundo cum dicit, nemo enim dicere etc. manifestat eam quantum ad alteram
partem. Circa primum intelligendum est, quod bonum hominis est esse perfectum
ipsius hominis, quia bonitas perfectio quaedam est. Homo autem compositus est
ex corpore, sicut ex materia, et ex anima, sicut ex forma; et ideo quoddam
est esse eius perfectum quo ad corpus, quoddam autem secundum animam. Et
adhuc quia ad perfectionem animae et corporis indiget quibusdam exterioribus,
sicut organis, puta nutrimento et aliis et huiusmodi, est aliud esse
perfectum hominis quantum ad ista bona exterius. Et ideo est triplex bonum
hominis: scilicet bonum secundum animam et secundum corpus, et exteriora
bona. Felicitas autem cum sit bonum perfectissimum ipsius hominis, aggregat
omnia ista. Et hoc est quod dicit, quod nos putamus multa sufficienter
dixisse de ultimo fine hominis, in his quae sunt dicta in extrinsecis
sermonibus, hoc est in libro Ethicorum qui est extrinsecus ab his quae
considerantur in hoc libro per se: et nunc utamur eis ad propositum. Et ut ad
unam divisionem reducamus, nulli dubium est, quin bonis hominis distinctis in
tres partes, videlicet in ea quae exterius, puta divitias et amicos, et in ea
quae secundum corpus, puta sanitatem et vivacitatem sensuum et huiusmodi, et
in ea quae secundum animam, quia omnia ista necesse sit inesse beatis.
Beatitudo enim est perfectissimum bonum hominis. Si ergo omnia ista sunt bona
hominis, necesse est omnia ista in eo existere. Si enim aliquod istorum
deficeret, ex illa parte contingeret imperfectio. Ex hoc est quod Boetius
dicit tertio de consolatione, quod felicitas est status aggregatione omnium
bonorum perfectus. [89971] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 4 Deinde cum dicit nullus enim probat
quantum ad alteram partem, scilicet quantum ad ea quae sunt secundum animam,
ex quodam quod omnes concedunt; dicens, quod hoc manifestum est de bonis
secundum animam, quia nullus bene dispositus diceret illum simpliciter esse
felicem qui non attingeret ad aliquam partem virtutis, puta fortitudinis, vel
temperantiae, vel iustitiae, vel prudentiae, quae sunt quatuor virtutes
principales. Nullus enim diceret illum felicem esse, qui non aggrederetur
aliqua terribilia vel formidaret muscas volantes et paveret ad sonum folii
vel ad apparitionem umbrae: nec etiam illum qui in usu ciborum vel venereorum
non abstinet ab aliquo extremorum, sed appeteret comedere vel bibere
quodcumque vel quomodocumque, et uteretur venereis quomodocumque vel
quantumcumque. Similiter autem nec illum qui nullam habens aequitatem
iustitiae, sed gratia quadrantis (quae est quarta pars denarii) habendi
quomodocumque vellet perimere amicos dilectissimos. Similiter autem se habet
in his quae circa prudentiam. Nullus enim diceret illum esse beatum, qui sit
imprudens et sine discretione et mendax est, sicut puer aliquis sensum non
habens, nec usum rationis. Hoc autem non esset nisi ad beatitudinem
pertinerent operationes virtutis. [89972] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 5 Deinde cum dicit sed haec inquirit,
hoc supposito, in quo istorum principaliter consistat felicitas. Et primo
tangit errorem quorumdam. Secundo cum dicit, at enim nos etc. reprobat: ex
quo apparet intentum suum. In prima parte dicit, quod omnia praedicta bona
pertinere ad felicitatem concedunt ut omnes: quod dicit propter aliquos
sylvestres, qui etiam nihil sciunt de felicitate. Differenter tamen dicunt
ista pertinere ad ipsam secundum quantitatem et excessum virtutis vel
aliorum. Quidam enim dicunt sufficere ad felicitatem perfectam quantumcumque
virtutis etiam modicum, divitiarum autem et pecuniarum quae sunt divitiae
accidentales, et potentiae, et gloriae, et famae et omnium talium, dicunt
pertinere ad excessum infinitum; et ideo ipsam dicunt consistere
principaliter in bonis exterioribus. Sed quidam in
divitiis, quidam in gloria, quidam etiam in bonis corporis, puta in voluptate
vel in aliquo huiusmodi principaliter, per posterius autem in virtute,
scilicet secundum quod ordinantur ad illa. [89973] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 1 n. 6 Deinde cum
dicit nos autem reprobat opinionem istam, ostendens contrarium, scilicet
ipsam principaliter consistere in virtute. Et circa hoc primo ponit rationes hoc ostendentes.
Secundo cum dicit, quod igitur felicitatis etc., inducit conclusionem,
subiungendo quasdam persuasiones. Circa primum ponit quatuor rationes.
Secunda ibi, quin etiam et cetera. Tertia ibi, omninoque patet et
cetera. Quarta ibi, insuper animi gratia et cetera. Circa primum dicit, quod
nos reprobantes dictum istorum dicemus quod est facile facere fidem ex ipsis
operationibus nobis magis manifestis de his quod felicitas, sive consistat in
operatione virtutis, sive in delectatione, sive in utroque, magis existit et
principalius in moribus, idest in consuetudinalibus operationibus ordinatis
secundum rationem et in excellentia operationis perfectae intellectualis, cum
mediocri possessione bonorum exteriorum, quam in abundantia praeter
opportunum huiusmodi bonorum exteriorum et deficientia virtutis vel
intellectualis operationis. In illo enim bono principalius felicitas
consistit quo acquiruntur et conservantur et bene ordinantur alia, quam in
illis quae acquiruntur, conservantur et diriguntur per alia. Illud enim quo
aliquid dirigitur et mensuratur, principalius videtur. Sed nos videmus ad
sensum quod bona exteriora et quaedam corporis acquiruntur, conservantur et
dispensantur secundum rationem rectam per operationem virtutis et
intellectus, et non e contrario. Unde dicitur in quarto Ethicorum, quod sine
virtute non est facile bene sustinere bonas fortunas. Divitiarum enim
abundantia secundum se inclinat ad id quod praeter rationem est. Unde secundo
rhetoricae dicitur, quod divites contumeliosi et elati, et iactatores sunt patientes
aliquid a possessione divitiarum. Ergo principalius consistit felicitas in
excellentia virtutis et operatione intellectus quam bonorum exteriorum. [89974] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 7 Deinde cum dicit quinimmo et secundum
ponit secundam rationem: dicens, quod insuper facile potest videri volentibus
considerare secundum rationem quod felicitas consistit per se et principalius
in actione aliqua secundum virtutem. In illo enim bono per se et principalius
consistit felicitas cuius appetitus nullum terminum habet, quam in eo quod
habet appetitum determinatum. Sicut enim dicitur in primo huius, finis
medicinalis est ad sanare in infinitum, et cuiuslibet artium finis est in
infinitum: quam maxime enim illum volunt facere. Eorum autem quae ad finem,
non infinitum. Sed appetitus bonorum exteriorum terminum habent, appetitus
autem eorum quae circa animam non habent: ergo principalius consistit in
bonis animae quam in exterioribus. Minorem istius
rationis probat sic; dicens, quod bona exteriora terminum quemdam habent in
ordine ad appetitum: quaeruntur enim sicut organum quoddam necessarium ad
operationem. Omne autem quod
rationem organi et utilis habet, si excedat ab eo quod est secundum rationem,
necessarium est esse nocivum aut nihil proficere; sicut de fistula apparet,
quoniam si sint maiores aut plures quam possint moveri a fistulante, nocent,
aut non proficiunt: ergo de necessitate terminum quemdam habent usque ad quem
quaeruntur, et non ulterius. Bona autem secundum animam quanto magis
excedunt, tanto utiliora sunt, si oportet ista non solum bona dicere, sed
etiam utilia. Quod adiungit, quia secundum veritatem in bonis secundum animam
est aliquid quod habet rationem boni et non utilis, puta ultimus finis qui
non est propter aliud; utile autem dicimus quod ordinatur in finem alium. Hoc
autem non esset nisi appetitus bonorum secundum animam infinitus esset, et
quaererentur sine termino. Sic igitur patet, quod bona exteriora terminum
quemdam habent. Illa autem quae sunt secundum animam nullum in ordine ad
appetitum. Et haec fuit minor propositio. [89975] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 8 Deinde cum dicit totaliterque palam
ponit tertiam rationem; dicens, quod universaliter manifestum est, quod
optimam dispositionem cuiuslibet ad invicem respectu alterius dicimus attendi
secundum excessum, quem habet dispositio respectu dispositionis alterius,
quam sortitur per distantiam illarum rerum, quarum dicimus esse illam
dispositionem et aliam. Et per hoc totum nihil aliud intendit, ut videtur,
nisi quod illa dispositio in unoquoque est optima, quae consequitur naturam
optimam. Si igitur anima melior et excellentior est quam possessiones
exteriores, et quam ipsum corpus, et simpliciter secundum rem, et quo ad nos;
necesse est dispositionem animae ad dispositionem corporis et possessionis
exterioris proportionabiliter se habere: et ideo sicut anima est optima pars
hominis, necesse est dispositionem eius secundum se esse optimam. Quare si
optima dispositio hominis est felicitas ipsius, necesse est felicitatem
ipsius consistere in aliquo bono animae. [89976] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 9 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
quartam rationem, dicens. Felicitas consistit principaliter in illo bono,
cuius gratia quaeruntur alia, et non e contrario. Hoc enim dicimus finem
ultimum, sicut dicitur primo Ethicorum. Sed bona corporis et exteriora
eliguntur gratia ipsius animae, et tantum quaeruntur inquantum sunt utilia ad
actionem et opus. Et hoc videmus omnes et bene prudentes eligere, et non e
contrario animam et bona ipsius quaerere gratia istorum. In bonis igitur
animae principalius consistit felicitas. [89977] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 10 Deinde cum dicit quod quidem
inducit conclusionem principaliter intentam cum quibusdam persuasionibus,
dicens, quod sic igitur propter praedictas rationes tantum unicuique adiacere
felicitatis practicae quantum virtus moralis, et prudentiae, et virtutis
intellectualis, et actionum quae sunt secundum has virtutes, sit nobis
concessum et manifestum invocantibus Deum in testem qui beatus est
simpliciter. Attingit enim ad optimum suum non propter aliquod extrinsecum
sibi, sed propter seipsum: quoniam si felicitaretur propter aliquod extrinsecum,
cum felicitas sit finis, haberet aliquem finem divisum a seipso, et esset
aliquid melius ipso. Finis enim melior est eis quae sunt ad finem, quod est
nefas dicere. Et ideo felix est propter ipsam naturam suam, ita quod
felicitas eius sit ipsa natura eius differens ratione tantum. Si enim non
esset ipsa natura eius, sed aliquid additum ei, sequeretur in eo esse
compositionem, et quod esset aliquid prius eo, quod esset principium
compositionis, et aliquid melius eo, sicut dictum est: quae valde absurda
sunt, et ideo felix est secundum naturam suam et non per aliquod extrinsecum.
Et propter hoc, scilicet quia felicitas non consistit in exterioribus bonis,
sed in his quae sunt secundum animam, dicimus bonam fortunam esse diversam a
felicitate. Bonorum enim qui sunt extra animam fortuna et casus sunt causa,
unde et dicuntur bona fortunae. Virtuosus autem, puta iustus aut temperatus
nullus est nec a fortuna, nec propter fortunam, sed propter consuetudinem et
rationem rectam. Et ideo huiusmodi bona animae altera sunt a bonis fortunae. [89978] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 11 Deinde cum dicit habitum autem
ostendit, quae sit felicitas, seu vita optima civitatis. Et primo facit hoc.
Secundo cum dicit, sed haec quidem tantum etc. excusat se a certiori
consideratione de istis. In prima parte dicit, quod consequenter opportunum
est ostendere, et per virtutem rationum earumdem, de felicitate civitatis,
quae est. Illam enim civitatem dicimus esse felicem, et etiam optimam, quae
optima operatur. Felicitas enim supponatur esse optima operatio ex primo
Ethicorum. Impossibile autem est optime operari illos, qui non
optima operantur: bonum enim in operatione sequitur bonitatem obiecti, sive
operati. Sed nullum bonum opus
est, neque unius viri secundum seipsum, neque civitatis, sine virtute morali,
et prudentia intellectuali: ergo impossibile est civitatem esse felicem et
optimam simpliciter sine virtute morali et intellectuali. Consistit igitur
felicitas in aliquo pertinente ad virtutem. Sed quia aliquis posset dicere,
quod fortitudo et iustitia et aliae virtutes morales non sunt unius naturae,
et ideo non oportet quod si felicitas unius hominis consistat in actionibus
istarum, quod propter hoc felicitas civitatis consistat in actionibus earumdem,
quasi hoc volens removere, dicit quod fortitudo civitatis et iustitia, et
prudentia, et aliae virtutes eamdem habent potentiam in ordine ad operationem
et formam quantum ad naturam ipsam in se cum fortitudine, et iustitia, et
prudentia, et aliis virtutibus, quibus informatur unusquisque homo secundum
seipsum, et dicitur iustus, prudens, temperatus. Et est intelligendum, quod
virtus totius civitatis et virtus uniuscuiusque est eiusdem naturae in se, et
in ordine ad operationem; non differens nisi sicut totum a parte et amplius a
minori. Virtus enim moralis civitatis aggregatur ex virtutibus partialibus
civium: et ideo sicut unius naturae est risibilitas in uno homine, et in
centum, ita eadem est virtus in uno, et in tota civitate. [89979] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 1 n. 12 Deinde cum dicit sed haec excusat
se a certiori consideratione de istis; dicens, quod de felicitate unius
hominis et totius civitatis tantum dictum sit ratione per modum prooemii,
respectu sequentium. Non enim declaratione dictorum de ipsa possibile est
intelligentem effugere omnem rationem: sunt enim quaedam manifesta ex se, ex
quibus declarantur praedicta. Nec etiam possibile est pertransire omnes
rationes, quae possent adduci, propter multitudinem earum et brevitatem
tractatus. Omnia enim ista dicere alterius studii est opus. Istae enim
pertractatae sunt in primo et in decimo Ethicorum de felicitate, quae est
secundum unum. Nunc vero supponatur ad propositam intentionem, quod vita
optima et felicitas, et uniuscuiusque secundum seipsum, et totius civitatis,
est perfectio quae est cum virtute, non secundum quod habitus quidam est, sic
enim in potentia est ad ulteriorem perfectionem; sed secundum quod redundat
in opus, intantum unumquemque vel civitatem contingat participare actionibus
virtutis, dimittentes in praesenti consideratione alia quae considerari
possunt, considerantes ipsa posterius, si aliquis non credat rationibus
praedictis. |
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Lectio
2 |
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[89980] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 1 Postquam philosophus ostendit, quae sit optima vita
unius, et quae optima civitatis, vult inquirere nunc, utrum eadem sit unius
secundum seipsum et totius civitatis. Et primo facit hoc. Secundo cum dicit,
sed haec iam duo etc. movet quasdam dubitationes. Et circa primum praemittit
intentionem suam. Secundo cum dicit, manifestum autem etc., prosequitur. In
prima dicit, quod post praedicta relinquitur considerandum, utrum felicitas
uniuscuiusque hominis secundum se, et civitatis communiter, sit eadem
secundum rationem, vel altera. Hoc enim fuit secundum propositorum prius. [89981] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 2 Deinde cum dicit manifestum autem
declarat ipsam esse eamdem quasi ex communi opinione omnium; dicens, quod
manifeste apparet felicitatem unius hominis et civitatis esse eamdem et unius
rationis, quoniam omnes loquentes de felicitate, hoc videntur dicere.
Quicumque enim ponunt felicitatem hominis in divitiis consistere, isti etiam
dicunt civitatem beatam esse si fuerit abundans divitiis. Qui autem vitam
tyrannicam qua aliquis vivit principans tyrannice aliis, dicunt esse
excellentissimam, isti civitatem felicissimam esse dicunt, quae plurimis
civitatibus et regionibus principatur tyrannice. Si etiam aliquis dicit
aliquem unum felicem esse propter operationem virtutis, ille dicet civitatem
esse optimam quae magis studiosa et magis participat actionibus virtutis, et
sic de aliis. Per quodcumque enim dicit aliquis aliquem felicitari, per illud
idem dicit et totam civitatem. Omnes igitur confitentur unam esse felicitatem
uniuscuiusque hominis seorsum et civitatis. Et hoc rationabiliter contingit:
quoniam quorum est una natura, eorum est unus ultimus finis. Unus autem homo
et omnes cives civitatis sunt unius speciei: ergo unius et omnium civium est
unus ultimus finis. [89982] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 3 Deinde cum dicit sed iam movet duas
dubitationes ad declarationem dictorum. Et primo movet eas.
Secundo cum dicit, quod igitur necessarium sit etc. prosequitur eas. Et circa primum primo facit quod dictum est.
Secundo cum dicit, quoniam autem et politici etc. manifestat modum
considerandi de eis. In prima dicit, quod circa praedicta incidunt duae
dubitationes, quae sunt dignae consideratione, ad evidentiam dictorum et
dicendorum consequenter. Quarum una est: cum sint duae vitae hominis magis
principales, scilicet practica et speculativa, quae istarum sit eligibilior:
utrum illa quae consistit in communicatione civili in simul vivendo civiliter,
scilicet activa, vel illa quae peregrina est et absoluta ab huiusmodi
communicatione civili, scilicet contemplativa. Vocat autem vitam
contemplativam absolutam et peregrinam, quia principaliter consistit in
applicatione hominis secundum intellectum ad primum obiectum eius et optimum,
quae non potest esse sine sedatione motuum et perturbationum sine quibus non
est vita civilis: et ideo oportet ipsam esse absolutam a communicatione
civili; et per consequens peregrinam. Peregrinum enim dicitur quod longe ab
habitudine consueta est. Magis autem consueta vita communiter est vita
civilis. Et propter hoc dicit Eustratius supra primum Ethicorum, quod
speculativus separatus est a corpore et sensibilibus secundum electionem,
quamvis non secundum rem. Secunda dubitatio est, quae sit optima respublica
simpliciter, et quae optima ordinatio civitatis, supposito quod sit magis
eligibilis vita civilis vel omnibus hominibus, vel si non omnibus, tamen
pluribus, etsi omnes homines non eligant vivere civiliter. Sunt enim quidam
qui aut non possunt communicare civiliter propter defectum naturae vel
consuetudinis, sicut bestiales homines, aut quia reputant se per se
sufficientes, non eligunt vitam civilem, sicut homines divini, sicut dicitur
in primo huius; plures tamen eligunt ipsam. [89983] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 4 Deinde cum dicit quoniam autem dat
modum considerandi de istis dubitationibus; dicens, quoniam considerare de
hoc quod est eligibile omnibus, aut etiam plurimis, est opus intellectus
civilis et pertinet ad speculationem eius; non autem considerare illud quod
est eligibile huic vel illi; quoniam considerat bonum commune per se, bonum
autem huius vel illius non nisi in ordine ad bonum commune. Ideo nos
intendimus hunc modum speculationis circa praedictas dubitationes
considerando eas secundum quod referuntur ad totam civitatem et non secundum
quod referuntur ad hunc vel ad illum civem. Hoc enim modo considerare de
ipsis est accessorium. Primo autem modo principalis intentionis est: ita quod
intendit philosophus, ut videtur quantum ad primam dubitationem, utrum vita
speculativa totius civitatis non minus sit eligibilior quam respublica. Et
quantum ad secundam, quae sit optima dispositio civitatis non huius vel
illius. [89984] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 5 Deinde cum dicit quod quidem
prosequitur istas dubitationes. Et primo praemittit quamdam suppositionem;
dicens, quod ex se manifestum est quod illa respublica et ille ordo civitatis
optimus est secundum quem quilibet vel plurimi operantur optime et vivunt
feliciter. Optima enim operatio et felicitas finis sunt optimae reipublicae;
et ideo ex hoc habet rationem civitatis. [89985] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 6 Deinde cum dicit dubitatur autem
prosequitur. Et primo prosequitur eas ratiocinando. Secundo cum
dicit, ad eos autem etc., determinando. Prima adhuc in duas: quoniam primo
arguit ad primam. Secundo cum
dicit, ii quidem igitur etc. arguit ad secundam. Prima adhuc dividitur in
partes duas. Primo enim adhuc resumit dubitationem. Secundo cum dicit, putant
autem ii quidem etc. arguit ad ipsam. In prima parte dicit, quod ab illis qui
dicunt optimam vitam hominis esse in optima operatione virtutis, dubitatur,
utrum vita civilis quae consistit in communicatione civili et activa quae
consistit in directione vel ordine operationum quae sunt ad alterum, sit
eligibilior, vel illa quae est absoluta a turbatione civili et actionibus
exterioribus magis, quam dicimus contemplativam, quam solam intendimus
philosophos intendere. Has enim duas vitas homines excellentes qui
honoratissimi sunt propter virtutem et qui nunc sunt et qui nos processerunt,
videntur fere praeeligere, sicut praecellentes. Fere autem apponit,
quia sunt quidam homines bestiales rectum usum rationis non habentes, qui
vitam pecudum eligunt, puta voluptuosam, non aliquam praedictarum duarum.
Dico autem duas vitas, scilicet civilem et philosophicam, sive
contemplativam. Nec refert parum scire quae istarum eligibilior sit, et
quomodo veritas se habeat. Necesse enim est sapientem et optimum virum, et
civitatem optimam ad meliorem ipsarum dirigere intentionem suam: non potest
autem ad meliorem intentionem dirigere, nisi sciatur quae sit melior; et ideo
necesse est sapientem cognoscere, quomodo se habeat veritas circa praedictam
dubitationem. [89986] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 7 Deinde cum dicit putant autem
arguit. Et primo quod absoluta sit melior. Secundo cum dicit, iis autem ex
contrario etc. quod civilis. In prima parte arguit dupliciter quod
contemplativa sit melior; dicens, quod quidam opinantur quod principari
dominative hoc est principatu domini ad servum, et alios civiles actus
exercere, non potest esse sine iniustitia magna. Optima autem vita huiusmodi
iniustitiam, quae magis accidit in civili communicatione, non habet, quia
optima vita nihil praeter rationem habet: igitur optima vita non est civilis,
sed absoluta magis. Secundo hoc idem arguit. Illa vita quae praestat
impedimentum delectationi quae circa ipsum, non est optima: optimam enim
vitam oportet habere maximam delectationem: sed vita civilis impedimentum
praestat huic delectationi; non est igitur optima, sed magis absoluta. [89987] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 8 Deinde cum dicit iis autem ponit
rationem in oppositum; dicens, quod alii e contrario opinantur dicentes, quod
ad virum optimum pertinet sola vita activa civilis. Illa enim vita pertinet
ad optimum virum in qua sunt plures actiones et excellentiores virtutes: nunc
autem plures actiones secundum unamquamque virtutem non sunt ducentibus vitam
solitariam quam his qui ducunt civilem et tractantes communia. Isti enim
exercent opera fortitudinis et liberalitatis quae non multum pertinent ducentibus
vitam solitariam, sed magis e contrario; ergo civilis vita magis pertinet ad
optimum virum: erit igitur optima. Hi quidem igitur habent hanc opinionem. [89988] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 9 Deinde cum dicit ii autem videtur
arguere ad secundam dubitationem. Fuerunt enim quidam qui dixerunt optimam
civitatem et optimam dispositionem civitatis esse vitam dominativam et
tyrannicam, qua quis principatur pluribus tyrannice. De hoc igitur intendit
inquirere hic. Et primo arguit quod talis dispositio reipublicae sit optima.
Secundo cum dicit, quamvis videbitur utique etc. arguit in oppositum. Tertio
cum dicit, palam igitur etc., ex rationibus concludit veritatem. Prima pars
dividitur in tres partes. Primo enim adducit rationem sumptam ex termino
legis et reipublicae. Secundo cum dicit, adhuc autem in gentibus et cetera.
Ex honoratione dominantium. Tertio cum dicit, in aliquibus enim et leges etc.
ponit rationem sumptam ex provocatione quae per leges est. In prima parte
dicit, quod quidam fuerunt qui dixerunt ordinem reipublicae tyrannicum et
dominativum quo aliquis principatur principatu dominativo, solum felicem esse
et maxime homini eligibilem. Quorum una ratio videtur, quoniam ille videtur
optimus modus reipublicae et optimus finis, ad quod ordinantur leges et
respublica; lex enim et respublica rationem sumunt ex fine. Nunc autem
videmus quod apud quosdam leges et respublica ad hoc ordinantur finaliter
quatenus pluribus principentur dominative: propter quod quamvis legalia pluribus
sint diversa, (ut est dicere) et non ordinata ad unum finem, sed quaedam ad
unum, quaedam ad alium, si tamen alicubi ordinantur ad unum, videmus quod
omnes intendunt finaliter hoc, ut principentur vicinis pluribus: sicut
apparet in legibus Lacedaemoniorum et Cretensium; tota enim disciplina
iuventutis et legum multitudo ad hoc coordinata sunt fere, ut plures eis
subiiciantur, et ipsi pluribus principentur tyrannice ad utilitatem ipsorum,
non subditorum; ergo talis modus reipublicae est optimus. [89989] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 10 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
secundam rationem, quae videtur esse. Ille modus reipublicae optimus videtur
propter quem homines maxime honorantur. Excellentiae enim boni debetur honor.
Sed nos videmus quod in omnibus gentibus quae possunt alios supergredi
principando talis potentia supergrediendi vel dominandi honorata est, sicut
apud Scythas et apud Persas et Thraces et Gallos; ergo talis modus
reipublicae optimus est. [89990] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 11 Deinde cum dicit in aliquibus enim
ponit tertiam rationem cuius virtus est. Ille modus reipublicae optimus est
ad quem leges maxime intendunt provocare; legis enim latoris est cives quales
quosdam facere, quoniam boni operatores provocando per remunerationem bene
operantur: sed ad talem modum reipublicae plures leges provocant; ergo talis
modus reipublicae optimus est. Minorem propositionem ipse declarat quasi in
quatuor legibus observatis apud diversos: dicens primo quod apud aliquos sunt
aliquae leges provocantes ad virtutem, qua aliquis potest supergredi
pluribus: sicut dicitur quamdam legem fuisse apud Carthaginenses tot ornatus
ex annulis accipere quot militiis militaverit vincens adversarium. Fuit etiam lex in
Macedonia, militem qui nullum inimicum occidisset circumcingi capistro in
vituperium. Item apud Scythas non licebat secundum legem et consuetudinem in
quodam festo pateram circumlatam exhibere ei qui non interfecisset aliquem
inimicorum in vituperium; ei autem qui interfecerat licebat ad laudem et ad
honorem ipsius. Inter Iberos quoque, quae sunt gentes bellicosae multum, tot
obeliscos numero apponunt circa sepulcrum alicuius militis, quot interfecerit
inimicos: et alia talia multa apud alios diversos, quorum quaedam ordinata
sunt legibus alia sola consuetudine observantur. [89991]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 2 n. 12 Deinde cum dicit quamvis videbitur ponit
rationes tres in contrarium: quarum secundam cum dicit, inconveniens autem et
cetera. Et tertiam cum dicit, aut non erit utique et cetera. In prima parte
dicit ita. Quidam dixerunt quod modus reipublicae tyrannicus est optimus,
quamvis videatur valde inconveniens et praeter rationem esse, si aliqui
voluerunt considerare hoc esse opus ad civem pertinens, posse considerare
qualiter principetur principatu dominativo quocumque, sive volentibus sive
nolentibus: hoc enim non videtur. Illud enim quod illegale est, vel
illegitimum, non est civile, aut lege ordinabile: leges enim ordinantur de
legitimis et legalibus. Principari autem vicinis non solum iuste, sed etiam
iniuste, manifestum est quod legale non est nec legitimum; et principari
contingit non solum iuste, sed etiam non iuste; ergo principari quocumque
modo non est civile, aut ordinabile secundum legem. Et iterum, sicut est
in aliis artibus operativis, ita in republica et legislativa. In aliis autem
sic est; puta in medicina opus medicorum est non suadere aegroto ut sanetur,
sed ipsum sanare. Similiter in gubernativa, opus est gubernantis non curare nautas ab
infirmitate, sed dirigere ad gubernandum navem. Ergo similiter in republica
et legislativa opus erit civilia et legalia ordinare, non illegalia; et
principari eis, qui nati sunt et debent subiici. Adiungit autem increpationem contra contrarium
opinantes; dicens, quod quamvis ita sit, sicut conclusum est prius secundum
veritatem, tamen plures videntur opinari modum reipublicae dominativum
optimum esse, non verecundantes ordinare sicut iustum et expediens, quod sibi
ipsis non credunt iustum esse et expediens ad finem; ipsi enim volunt
sibiipsis iuste principari et fieri quae sunt expedienda; quod autem aliis
principentur iniuste, non curant: et hoc valde verecundum est. Siquidem
verecundia est de turpi. Turpe autem est homini praeter rationem rectam
agere. Recta autem ratio dicit non facere alii quod sibi non vult fieri. [89992] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 13 Deinde cum dicit inconveniens autem
ponit secundam rationem, et est. Inconveniens est et irrationabile illis
principari dominative, qui non sunt nati subiici dominativa subiectione. Hoc
enim contra naturam videtur, et per consequens violentum, et violentum
praeter rationem est. Quidam autem sunt, qui non sunt nati subiici tali
subiectione. Inconveniens enim est si sint aliqui nati subiici tali
subiectione, et alii non nati nec dispositi ad hoc; sicut inconveniens est
aliquem non esse servum et aliquem liberum naturaliter, sed omnes servos:
ergo irrationabile est principari omnibus dominative. Quare si veritas hoc
modo se habet, non oportet secundum rationem tentare velle dominari omnibus,
sed illis qui nati sunt; sicut nec optimum est homines venari ad mensam vel
sacrificium quodcumque animal, sed illud quod ad hoc conveniens est, puta esibile
et mundum: unde venabile animal dicimus quodcumque sylvestre fuerit aptum ad
generandum nutrimentum. [89993] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 14 Deinde cum dicit aut non ponit
tertiam rationem; dicens, quod adhuc possibile est esse aliquam civitatem
secundum seipsam, ab aliis separatam, unam bene gubernantem, et felicem
existentem; puta si contingat aliquam esse talem civitatem remotam secundum
situm ab aliis, quae regatur legibus rectis ordinabilibus in finem rectum, et
tamen ordo reipublicae illius, et leges hanc signantes, non ordinantur ad
bellum, neque ad subiiciendum vicinos, neque ad dominandum adversantibus
qualitercumque. Supponatur enim, quod non sint aliqui propinqui, quibus
possint et velint dominari, sed habet bonum suum in seipsa. Hoc autem non
esset si optimus modus reipublicae esset principari aliis qualitercumque,
iuste vel iniuste. Non est igitur optimus ordo reipublicae dominative
principari vicinis. [89994] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 15 Deinde cum dicit palam ergo ex
rationibus praedictis concludit veritatem. Ad cuius evidentiam est
intelligendum quod actiones bellicae in civilibus per se ordinantur ad duo;
scilicet ad repellendum insurgentes et iniuriantes, ne serviant iniuste, et
ad compellendum servire illos qui nati sunt et debent servire; et cum
ordinantur ad alterum istorum duorum, bonae sunt et eligibiles secundum
rationem rectam. Per accidens autem contingit, quod ordinentur ad repellendum
eos, quibus nati sunt servire, vel ad impugnandum non natos servire, et sic
nec bonae nec secundum rationem eligibiles. Et ideo actiones bellicae et
praeparatio curae earum absolute, nec bonae nec eligibiles sunt, sed tantum
secundum primum modum; et adhuc tunc non sunt quaerendae sicut ultimus finis,
vel sicut illud quod ordinatur in finem, scilicet in pacem et tranquillitatem
civitatis. Et hoc est quod intendit concludere primo; dicens, quod manifestum
est ex rationibus praedictis, quod omnes curae et praeparationes eorum quae
ad bellum, ad repellendum violentias, vel ad impugnandum alios secundum
rationem rectam, bonae quidem sunt et eligibiles, sicut dictum est prius; non
tamen in hoc consistit optimum reipublicae vel civitatis. Non enim gratia
huius quaeruntur alia, et ipsum non propter aliud; sed ipsum gratia alterius
finis. Nullus enim eligit bellare eius quod est bellare gratia, neque
praeparare bellum. Videtur enim quis occisor violentus esse, si amicos
oppugnatores faceret, ut pugnae et occisiones fierent, sicut dicitur in decimo
Ethicorum. Et ideo ad legislatorem, cuius est bonum civitatis procurare,
pertinet considerare ipsam civitatem, et quantum ad fortitudinem, quae est ex
situ, et quantum ad ordinationem reipublicae, et etiam modum hominum, quem
habent ex naturali inclinatione, et aliam communicationem eorum adinvicem, et
alios, scilicet ad quam vitam ordinabiles sunt ex natura, omnibus istis
pensatis, sive sit optima simpliciter, sive optima his: et tunc ordinare
leges et statuta, per quae poterunt attingere ad hanc optimam vitam, et
felicitatem convenientem sibi. Differentiam tamen quamdam oportet esse
huiusmodi statutorum legalium. Primo quidem secundum diversitatem finium et
vitae: ad alium et ad alium enim finem, alias et alias oportet ordinare
leges. Secundo, quia quaedam sunt de his quae immediate
ordinantur in finem, quaedam autem de his quae ordinantur ad aliud eorum quam
ad finem, quaedam autem ad removendum prohibentia. Iterum ad legislatorem pertinet considerare si aliqui
sint vicini civitatis, quales sunt eorum dispositiones, si fortes vel
effeminati, si liberi naturaliter vel servi; et tunc conferendo conditiones
civium et civitatis aliorum ad conditionem civitatis propriae, considerare
qualiter se habendum ad illos, et qualiter utendum ad quoscumque ex
contingentibus; puta si sint servi natura, et effeminati, debellandum eos,
siquidem cives sint contrariae dispositionis. Si autem viriles et liberi
secundum naturam, civibus e contrario se habentibus, aut serviendum eis sicut
natura inclinat, aut pacem habendum. Sed de istis erit conveniens
considerationem in sequentibus facere, ad quem finem oportet tendere
rempublicam optimam, et qualiter ordinanda sunt ea quae ad finem talem. [89995] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 16 Deinde cum dicit ad eos intendit
solvere praedictas dubitationes. Sed est intelligendum, quod dissolutio
secundae pendet ex dissolutione primae. Si enim declaratum fuerit quae sit
eligibilissima vita simpliciter, statim ostensum erit, quae sit optima
respublica et optimus ordo eius. Illam enim rempublicam et illum ordinem eius
oportet esse optimum secundum se, quae unitur optimae, et in quibus
intenditur optima vita. Et ideo tantum solvit principaliter primam. Sed quia
circa primam dubitationem fuerunt opiniones subcontrariae, primo declarat,
quod utraque illarum quantum ad aliquid recte, et quantum ad aliquid non
recte dicit. Secundo cum dicit, quod si haec etc. dissolvit eamdem. Circa
primum primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit, quinimmo respondebit
etc. removet obviationem, quae posset fieri. Et circa primum primo proponit.
Secundo cum dicit, utrique eorum etc. manifestat. In prima parte dicit, quod
ad illos qui opinantur vitam, quae consistit cum virtute, esse optimam et
eligibilissimam, differunt tamen in usu cuius virtutis existat, dicendum ad
utrosque, quoniam utrique in aliquo dicunt recte, in aliquo autem non recte.
Quidam enim ipsorum reprobantes civiles principatus tamquam praeter rationem
existentes, putant vitam liberi, hoc est absolutam et contemplativam, alteram
esse, vel diversam omnino a civili, et esse optimam et eligibilissimam inter
omnes. Alii autem e contrario, vitam civilem optimam dicunt esse, rationem
adducentes, quoniam vita contemplativa in vacatione, et in vacando videtur
consistere. Nunc autem impossibile est eum, qui nihil agit, bene agere. Bona
autem actio et felicitas sunt idem: hoc enim dicimus felicitatem: ergo
impossibile est ducentem vitam contemplativam, habere felicitatem
simpliciter. Civilis autem vita multas actiones bonas et pulchras habet; ergo
videtur, quod ista vita sit eligibilior alia. [89996] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 17 Deinde cum dicit quia haec
manifestat in quo dicentes vitam contemplativam optimam, bene et male
dixerunt: ex quo apparet in quo alia opinio male dixit quodammodo per
oppositum. Et primo in quo bene. Secundo cum dicit, putare vero omnium etc.
in quo male. Ad evidentiam primi, et quorumdam posterius dicendorum,
intelligendum est, quod sicut philosophus dicit in primo metaphysicae, liber
est qui est suiipsius causa. Quod non potest intelligi sic, quod aliquis sit
causa suiipsius primo: nihil enim est causa sui: sed est intelligendum, quod
liber sit ille, qui secundum aliquid proprium sibi est causa sibi operandi.
Et tunc veritatem habet, quod liber est suiipsius causa in duplici genere
causae: et in ratione agentis, et ratione finis. In ratione agentis,
inquantum per aliquod principium quod est principale in eo operatur. In
ratione autem finis, inquantum operatur ad finem sibi debitum secundum
principium illud. Et quia homo maxime in esse constituitur per intellectum,
est enim intellectus, vel maxime secundum intellectum secundum Aristotelem in
decimo Ethicorum, et ideo homo liber dicitur, qui per virtutem intellectualem
existentem in eo operatur non accipiens ab alio rationem operandi, nec
impedimentum habens ex parte materiae; et qui operatur ad finem qui debetur
ei secundum naturam praedictam. Et quanto magis natus est operari secundum
illud quod perfectius est in intellectu in eo, et ad finem excellentiorem
secundum idipsum, tanto liberior est. Et ideo qui simpliciter operatur
secundum virtutem intellectualem, et ad finem secundum intellectum,
perfectissime liber est. E contrario autem, homo servus dicitur, qui non est
natus operari secundum virtutem intellectus proprii, sed virtutem et rationem
operandi accipiens ab alio, obediens, operatur. Et quia finis correspondet agenti, servus etiam est qui
operatur principaliter ad finem alterius; et ideo sicut liber homo est qui
est suiipsius causa, et in ratione finis et agentis; ita servus qui neutro
istorum modorum principatur sibi, et hoc propter imperfectionem intellectus
in eo secundum se, vel ex dispositione materiae. Et ita vita liberi dicitur
vita secundum rationem propriam, servi autem secundum rationem alienam.
Dicitur igitur, quod opinantes vitam contemplativam esse optimam,
rationabiliter dicunt in hoc, quod dicunt, quod vita liberi est operatio
secundum rationem propriam, melior est quam vita dominativa, hoc est
servilis. Semper enim in unoquoque genere illud quod est per se, melius est
eo quod est per accidens. Istud enim simpliciter verum est, quoniam servus
secundum quod servus, deficiens est. Bonum autem honorabile est bonum
excellens. Iussio enim passive, quae est de his quae sunt necessaria ad
vitam, quae fit ei a domino, non est aliquid secundum se honestum, quia
honestum est quod secundum se quaeritur, ut in secundo rhetoricae dicitur;
iussionem autem passivam nullus bene dispositus eligeret. [89997] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 18 Deinde cum dicit putare vero
declarat in quo male: et dividitur in duas, secundum quod declarat in duobus,
in quo male dixerunt. Secunda ibi, magis autem laudare et cetera. In prima
parte ipse dicit, quod ulterius in hoc, quod acceperunt omnem principatum
universaliter esse dominativum, idest principatum domini ad servum, non recte
dixerunt. Est enim quidam principatus liberorum, et quidam servorum; et
differunt isti principatus adinvicem, non minus quam naturaliter liberum et
naturaliter servum. Oportet enim principatus differre adinvicem secundum
differentiam subditorum. Principatus enim ad subditum dicitur. Natura autem liberum et natura servum differunt
secundum rationem; et de hoc dictum est sufficienter in primo tractatu libri
istius; ergo principatus liberorum et servorum secundum rationem differunt.
Non igitur omnis principatus est dominium vel servitus. [89998] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 19 Deinde cum dicit magis autem
declarat in quo male dixerunt secundo; dicens quod ulterius in eo quod
dixerunt laudabiliorem vitam illam quae est sine actione quam illam quae est
cum actione, non recte dixerunt. Felicitas enim actio quaedam est, et
felicitas optima est optima vita. Ergo optima vita est actio, non privatio
actionis. Adhuc operationes quae sunt secundum habitum iustitiae et
temperantiae finem habent multorum bonorum et bene ordinatorum, ita quod
actio aliqua iustitiae finis est eorum quae secundum iustitiam proximius, et
actio aliqua secundum temperantiam finis est propinquus eorum quae secundum
temperantiam: et similiter se habet de his quae sunt secundum alios habitus
virtutum. Ulterius tamen istae actiones ad alium finem ulteriorem ordinantur
quae est actio quaedam; et ideo tam finis proximus agibilium quam finis
remotus actio quaedam est. Finis autem actionis vita est optima. Ergo optima
vita est actio et non privatio actionis. [89999] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 20 Deinde cum dicit et quidem tangit
obviationem, quam primo ponit. Secundo cum dicit, hoc isti forsan etc.
removet eam. In prima parte dicit, quod forte aliquis poterit opinari per ea
quae determinata sunt de optima vita, scilicet quod ipsa est actio, quod
optimum sit esse dominium omnium qualitercumque. Optimum enim est attingere
ad optimam vitam: optima autem vita videtur esse secundum praedicta, secundum
quam principatur omnibus. Optima enim vita est optima actio, dominans autem
omnium dominus est plurimarum actionum et pulcherrimarum; et ideo optimum
videtur principari omnibus. Propter quod, si verum est optimum virum potentem
aliis principari, non expedit parcere cuicumque quantumcumque proximo, quin
principetur eidem, sicut patet: neque patrem reputare filios, neque filios
patrem, neque universaliter amicus amicum ut non principetur eisdem, nec
curare quantumcumque sint coniuncti, vel boni, vel qualiter aliter se
habentes. Universaliter enim id quod est optimum eligibilissimum est: optime
autem agere optimum videtur esse; ergo est eligibilissimum. Si igitur
principari qualitercumque et quibuscumque est optime agere, est
eligibilissimum. [90000] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 21 Deinde cum dicit hoc quidem removet
obviationem; quod primo facit. Secundo cum dicit, propter quod et si aliquis,
removet obiectionem quamdam. Primo igitur removet obviationem praedictam,
declarans non esse optimum principari omnibus qualitercumque; dicens, quod
hoc quod dictum est, vere dictum est, forsitan, si quidem ita esset quod principantibus
privando alios iure suo et inclinatione naturali et inferendo violentiam
inesset illud quod est eligibilissimum homini. Sed hoc forte est impossibile:
quod adiungit, quia magni opinabantur contrarium; ipsi tamen hoc supponunt,
sicut secundum se manifestum. Sed hoc est impossibile; quoniam actiones
principantis non contingit esse optimas, nisi idem principans tantum differat
ab eis quibus principatur in dispositione naturali et acquisita quantum
distat vir a muliere, aut pater a filiis, aut dominus a servis: actiones enim
diversificantur secundum diversitatem agentium, ut agentia sunt. Si igitur
aliquis transgrediatur volens dominari aliquibus non habens hanc differentiam
ad illos quam vir habet ad mulierem vel pater ad natum vel dominus ad servum,
non optime operabitur principando, nec etiam poterit tantum recte agere in
posterioribus quantum transgressus est in principio volens principari non
dispositus ad hoc: parvus enim error in principio magnus est in principiatis.
Et iterum eos qui sunt similes et aequales, et secundum naturam et secundum
virtutem, bonum est et iustum omnes principari non simpliciter, sed secundum
partem; puta unum in uno tempore, alium in alio; vel unum in uno principatu
alium in alio. Iustum enim est similes et aequales, simile et aequale habere;
non aequales autem, neque secundum virtutem, neque secundum naturam, habere
aequale, vel e contrario aequales habere inaequale et non similes habere
simile, hoc est praeter naturam: similes enim et aequales ad aequalia et
similia inclinantur secundum naturam; sed nullum eorum quae sunt praeter
naturam bonum est, quoniam quod est praeter naturam est violentum et nullum
violentum est bonum; ergo aliquem principari quibuscumque et qualitercumque
non est bonum. [90001] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 22 Deinde cum dicit propter quod
removet obiectionem quae posset fieri. Crederet enim aliquis propter
praedicta, quod non expediret aliquem unum principari omnibus aliquo modo,
sed esset praeter naturam, quod est contra regni rationem quod est optima
respublica. Hoc intendens removere, dicit, quasi concludendo ex dictis, quod
propter hoc, quia similes et aequales iustum est habere simile et aequale in
principando secundum partem, si aliquis inveniatur in civitate qui fuerit
melior aliis etiam bonis existentibus secundum virtutem et secundum potentiam
activam in regendo per quam possit coercere malos, huic bonum est subiici;
quia naturale est quod deficiens supponatur perfecto in unoquoque genere, et
etiam iustum est obedire sibi uni soli principanti. Iustum est enim
unumquemque secundum dignitatem propriae virtutis habere: talis autem ponitur
esse melior aliis secundum virtutem et secundum potentiam. Expedit autem
debentem bene principari habere non solum virtutem per quam inclinetur in
bonum et sciat dirigere actiones subditorum, sed etiam oportet ipsum habere
potentiam per quam possit sic agere coercendo declinantes a rectitudine
rationis. [90002]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 2 n. 23 Deinde cum dicit sed si haec dissolvit primam
dubitationem ex cuius dissolutione apparet dissolutio alterius. Et primo
dissolvit eam. Secundo cum dicit, at vero neque sine actione etc. respondet
rationi adductae in oppositum. Circa primum est intelligendum quod felicitas
est operatio hominis secundum intellectum. In intellectu autem est
considerare speculativum, cuius finis est cognitio veritatis, et practicum
cuius finis est operatio. Et secundum hoc duplex felicitas assignatur
hominis. Una speculativa quae est operatio hominis secundum virtutem
perfectam contemplativam quae est sapientia. Alia autem practica quae est
perfectio hominis secundum perfectam virtutem hominis practicam quae est
prudentia. Est autem quaedam operatio secundum prudentiam et speculatio secundum
sapientiam hominis secundum seipsum solum. Et est quaedam operatio prudentiae
et speculatio totius civitatis; et ideo est quaedam felicitas practica et
speculativa quaedam hominis secundum seipsum, et est quaedam felicitas
practica totius civitatis et quaedam contemplativa totius civitatis. [90003] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 24 Felicitas autem speculativa
secundum unum hominem melior est practica quae est secundum unum hominem,
sicut evidenter docet Aristoteles in decimo Ethicorum; quoniam illa perfectio
intellectus eligibilior est quae est respectu obiecti magis intelligibilis,
quia ratio perfectionis sumitur ex obiecto; talis autem est speculativa.
Felicitas enim est perfectio intellectus respectu primi et maxime intelligibilis.
Felicitas autem practica est perfectio intellectus respectu agibilis ab
homine, quod multo deficit a ratione intelligibilis primi; ergo felicitas
contemplativa unius eligibilior est quam felicitas practica; et iterum magis
est continua et sufficiens et delectabilis haec quam illa. Et eadem ratione
contemplativa totius civitatis eligibilior est quam politica seu civilis, et
contemplativa totius civitatis simpliciter eligibilior est contemplativa quae
est secundum unum; similiter civilis practica quae est secundum unum. Et hoc
est quod intendebat dicere Aristoteles primo Ethicorum: si idem est uni et
civitati, maiusque et perfectius quod civitati videtur et suscipere et
salvare. Amabile enim et uni; melius vero et divinius genti et civitati. Et ratio
huius potest esse, quia contemplativa et civilis civitatis comparantur ad
contemplativam secundum unum, sicut totum ad partem: totum autem rationem
magis perfecti et maioris boni habet quam pars; et ideo ista quam illa. [90004] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 25 Hoc supposito dicit Aristoteles,
quod si ea quae dicta sunt prius bene dicta sunt, et felicitas est optima
operatio hominis secundum virtutem perfectam, vita autem perfecta est
operatio optima et perfecta, necesse est optimam vitam et totius civitatis et
secundum unumquemque, esse activam et in operatione consistere. Sed optima
vita activa non existit in directione operationum quae sunt ad alium in
principando et communicando qualitercumque secundum quod quidam credunt. Nec
etiam illae solae meditationes intellectus activae sunt quae sunt de
operabilibus vel gratia operabilium contingentium; sed multo magis illae
considerationes et meditationes optimae sunt quae secundum se perfectae sunt
et secundum se quaeruntur non propter aliquid aliud. Et ratio huius est,
quoniam optimus finis hominis et civitatis est bona actio. Non possunt autem
duae vel plures actiones differentes specie optimae esse. Quare optimus finis
hominis est aliqua actio hominis, et illa secundum quam maxime agere dicitur.
Maxime autem agere dicitur secundum intellectum speculativum: maxime enim
dicimus agere illos qui secundum quod huiusmodi dominium habent extrinsecarum
actionum omnium; tales enim sunt sicut architectonici. Speculativi autem
maxime dominium habent operationum extrinsecarum, sicut rationem imponentes,
et sicut architectores. Intellectus enim practicus qui dirigit in
operationibus exterioribus supponit, sicut principium, rectum appetitum
finis. Et rectus appetitus finis non est sine rectitudine voluntatis.
Rectitudo vero voluntatis supponit rectitudinem intellectus bonum vel finem
ostendentis. Si quidem voluntas nihil vult quod non sit intellectum prius,
sicut dicitur primo rhetoricae. Iste autem intellectus est intellectus non
practicus, sed speculativus, si practicus per se dependet a voluntate, iste
autem non: quare prima regula agendi universaliter est intellectus
speculativus; secundum ipsum agere dicimus; quare optima actio hominis est
speculatio, et per consequens ultimus finis eius. Non igitur meditatio de
agibilibus est optima operatio hominis, sed consideratio vel speculatio
speculativa; et maxime illa quae est de primis, aut de primo simpliciter. [90005] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 2 n. 26 Deinde cum dicit at vero
respondet ad rationem in oppositum: quod primo facit. Secundo cum dicit, quod quidem igitur etc. inducit
conclusionem principaliter intentam. Fuit autem ratio quod optima vita
hominis est vita activa; sed contemplativa vita sive absoluta sine actione
est; igitur et cetera. Ad quam respondet concedendo maiorem per
interemptionem minoris; dicens quod civitates secundum se locatae non
principantes exterioribus civibus et ita vivere eligentes inter se invicem
communicantibus, et etiam speculantes, non sunt sine actione omnino, sed
habent multas et pulchras actiones: quamvis enim non habeant actiones ad
extrinsecos in principando vel subiiciendo aliis, inter se tamen habent unam
partem respectu alterius, quoniam multas habent communicationes partes civitatis
adinvicem: similiter hoc se habet et circa unumquemque hominem secundum
seipsum: quamvis enim non habeat actiones ad alterum, nihilominus tamen
contingit ipsum habere actiones perfectas in speculando secundum seipsum.
Talem enim vacationem quae est in operationibus speculativis, Deus qui est
maxime perfectus habet optime; et totum etiam universum operationes habet: et
tamen Deus non habet operationem extrinsecam quae sit alia ab operatione sua,
nec etiam mundus habet operationes in aliquid extrinsecum praeter illas quae
sunt partium adinvicem. Non igitur est verum quod homo sive civitas ducens
vitam speculativam sit sine actione. [90006] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 2 n. 27 Deinde cum dicit quod quidem
inducit conclusionem principaliter intentam prius; dicens, quod ex his quae
dicta sunt est manifestum quod optimam vitam uniuscuiusque hominis secundum
seipsum et totius civitatis necesse est esse unam et eamdem secundum
rationem, quia speculationem; differunt tamen differentia partis ad totum. |
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Lectio
3 |
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[90007] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 1 Postquam philosophus inquisivit de his quae supponenda
sunt ad futuram optimam rempublicam ex parte finis, inquirit nunc de his quae
supponenda sunt ex parte finis ipsius. Et circa hoc
primo praemittit intentionem suam, et ordinem considerandi. Secundo cum
dicit, putant plerique etc., prosequitur. Circa primo dat intentionem suam.
Secundo cum dicit, neque enim fieri etc. probat quod oportet aliqua supponi
considerantem de republica optima ex parte materiae. Tertio cum dicit, est
autem civilis etc. tangit quae sunt illa. In prima parte dicit, quoniam ea
quae dicta sunt prius de fine optimae reipublicae introducta sunt sicut
quoddam prooemium ad evidentiam dicendorum, et de rebuspublicis minus bene
ordinatis, puta de statu paucorum et multitudinis, determinatum est in
praecedenti libro ex quibus et quomodo sunt instituendae, relinquitur nobis
considerandum nunc quales suppositiones ex parte materiae reipublicae oportet
supponere ad optimam ordinationem futuram secundum votum ipsius reipublicae;
puta ex parte civium, et regionis, et quae sunt sicut materia ipsius. [90008] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 2 Deinde cum dicit non enim probat,
quod oportet aliqua supponi, per duas rationes, quarum secundam ponit cum
dicit, ut enim et cetera. In prima parte intendit rationem hanc. Ad optimam
rempublicam futuram oportet supponere omnia illa, sine quibus non potest
institui vel esse, sicut ex se est manifestum. Sed non est possibile esse
optimam rempublicam sine abundantia multorum moderata, tamen oportet multa
supponi si debeat institui optima respublica quasi optantibus illa, quamvis
non obtinentibus; non tamen impossibilia haberi. Dico autem multa oportet
supponi quantum ad multitudinem civium et regionis. [90009] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 3 Deinde cum dicit sicut enim ponit
secundam rationem et est. Sicut est de aliis conditoribus, hoc est
artificibus, ita est de civili. De aliis autem artificibus, puta textore, et
naviculario, et quocumque alio tali, sic videmus, quod si debeant recte
operari secundum artem, oportet praeexistere materiam convenientem
existentem, et organa convenientia, sicut textori fila, naviculario ligna, et
serram bene dispositam. Videmus etiam, quod quanto huiusmodi organa et
materia melius disposita sunt, tanto operatio quae secundum artem est melior
et convenientior est; ergo similiter civili viro et legislatori ad
ordinationem civium et civitatis convenientem, oportet praeexistere materiam
et organa idonea. [90010] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 4 Deinde cum dicit est autem tangit
quae sunt illa quae sunt supponenda; dicens quod ad successum civilem pertinet
primo et praeexigitur multitudo hominum, sicut materia; scilicet, qui et
quot, et quales secundum dispositionem naturalem debeant esse vel oporteat
eos existere. Et secundo ad ipsum pertinet regio; scilicet, quantam oporteat
esse secundum quantitatem, et qualem secundum dispositionem ad bonam
ordinationem futuram. [90011] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 5 Deinde cum dicit putant quidem
prosequitur. Et dividitur in partes duas. Quia primo inquirit de his quae
supponenda sunt ex parte materiae remotae reipublicae, scilicet civium et
regionis. Secundo cum dicit, cum vero inquirit de illis quae supponenda sunt
ex parte materiae propinquae, quae sunt consiliativum, bellicum, agricolae,
loca munita et aedificia. Circa primum adhuc primo inquirit de magnitudine et
multitudine civium regionis. Secundo cum dicit, nunc quales autem etc. de
dispositione naturali ipsorum. Circa primum adhuc primo inquirit de
magnitudine civitatis quantum ad multitudinem civium. Secundo cum dicit, de
regione autem etc. de ea quae regionis. Circa primum inquirendo primo ponit
opinionem quorumdam de magnitudine civitatis, et reprobat eam. Secundo cum
dicit, cum et bonum etc. determinat de ea secundum intentionem suam. Circa
primum ponit opinionem aliorum. Secundo cum dicit, sed oportet etc. arguit in
contrarium. Circa primam partem dicit quod multi antiquorum opinati sunt
civitatem illam felicem esse quae magna est. Quamvis hoc veritatem habeat,
scilicet civitatem felicem magnam esse, ipsi tamen non bene determinant
cuiusmodi civitas magna, et cuiusmodi parva sit; nec bene accipiunt
magnitudinem ipsius. Opinantur enim magnitudinem civitatis debere attendi
simpliciter secundum multitudinem civium sine aliqua determinatione; sicut si
magnum exercitum diceremus simpliciter qui est ex pluribus bellatoribus. [90012] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 6 Deinde cum dicit oportet autem ponit
rationes in contrarium; per quas probatur quod magnitudo civitatis non
consistit in multitudine civium absolute, sed cum determinatione aliqua: et
sunt tres. Quarum secundam ponit cum dicit, non solum, sed et si et cetera.
Tertiam non solum, sed et hoc et cetera. Circa primum est intelligendum, quod
omnis res est propter suam operationem per se. Haec enim est ultima eius
perfectio. Omnes autem dispositiones rei, puta quantitas, qualitas sunt
propter ipsam rem; et ideo tam res quam dispositiones eius sunt propter
operationem. Et quia ratio eorum quae sunt propter aliquid sumitur ex eo
propter quod sunt, necesse est rationem rei et omnium dispositionum eius sumi
ex ratione operationis. Secundum rationem autem operationis est ratio
potentiae, quae est principium immediatum ipsius. Hoc igitur supposito, dicit
quod in determinando magnitudinem civitatis, non oportet respicere ad
multitudinem civium secundum quod huiusmodi, sed magis ad potentiam ipsius,
per quam potest in operationem suam. Civitatis
enim est aliqua propria operatio; puta illa quae est secundum virtutem
principalem. Si igitur ratio magnitudinis sumatur ex ipsa operatione quae est
sicut finis, illam civitatem oportet dicere magnam simpliciter, quae potest
in operationem sibi debitam perfecte; sicut Hippocratem non dicimus esse
maiorem hominem aliquo excedente ipsum secundum magnitudinem corporis, sed dicimus
eum maiorem medicum illo, quoniam excedit ipsum in arte medicinae, quamvis
excedatur ab illo magnitudine corporis. [90013] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 7 Deinde cum dicit non solum, sed et
si ponit secundam rationem. Et quia in eo quod componitur ex pluribus
partibus, necesse est magnitudinem includere multitudinem quamdam partium;
dicit, quod non solum oportet magnitudinem civitatis attendi secundum
rationem operationis; sed si oportet considerare ad multitudinem civium ex
quibus componitur, non tamen ad quorumcumque multitudinem vel quamcumque
contingentem; quoniam in civitatibus est quaedam multitudo servorum et
quaedam advenarum et extraneorum confluentium ad ipsam: tales autem non sunt
per se pars civitatis, sicut consequenter ostendet; et ideo magnitudo
civitatis non est accipienda secundum multitudinem istorum. Sed quoniam
magnitudo rei attenditur secundum multitudinem partium, ex quibus componitur
secundum aliquem modum, magnitudo civitatis debet attendi secundum multitudinem
partium per se, cuiusmodi sunt liberi, et bellici, et consiliantes. Excessus
enim multitudinis istorum signum est magnitudinis civitatis. Illam autem
impossibile est magnam esse simpliciter, ex qua possunt egredi multi numero
mercenarii aut servi, viri autem bellici pauci, aut consiliantes pauci; isti
enim sunt per se pars, illi autem non. Non enim dicimus, idem esse civitatem
magnam et multorum hominum; quia magnitudo civitatis attenditur secundum
multitudinem partium per se ipsius, et non omnes homines inhabitantes eam
sunt per se partes eius. [90014] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 8 Deinde cum dicit non solum, sed et
hoc ponit tertiam rationem; dicens, quod non solum ex dictis manifestum est
quod magnitudo civitatis non attendatur secundum multitudinem hominum
quantamcumque; sed etiam ex operibus accidentibus potest hoc videri. Videmus
enim, quod difficile est, vel etiam impossibile, civitatem, quae est multorum
hominum, valde bene legibus et consuetudinibus bene regi: difficile quidem si
sint multi prudentes, impossibile autem si pauci. In republica autem omnes
vel plures idiotae sunt. Nulla etiam illarum civitatum quae bene gubernatur
remittitur ad recipiendum quantamcumque multitudinem. Et iterum per rationem
potest hoc idem apparere. Lex enim secundum quam regitur civitas, ordo quidam
est; et bona legislatio, bona quaedam ordinatio; et ideo quod non est facile
aut non possibile ordinari, non est facile aut non possibile bene legibus
regi. Nunc autem excellens multitudo hominum non potest participare ordinem.
Excedentem enim multitudinem ordinare est opus divinae virtutis, quae totum
hoc universum continet et ordinat; ergo difficile, aut non possibile est
multitudinem excedentem hominum bene legibus regi. Sed haec est operatio
civitatis regi legibus rectis: ergo civitas non debet esse quantaecumque
multitudinis excedentis hominum. [90015] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 9 Deinde cum dicit quoniam quod
inquirit de magnitudine civitatis. Et primo declarat, quod magnitudo
civitatis consistit in quadam multitudine determinata. In secunda cum dicit,
propter quod etc. concludit quae sunt illa. Prima in duas: quia primo
concludit hoc ex praecedentibus. Secundo cum dicit, sed est magnitudinis civitatis
quaedam etc. probat hoc per simile in naturalibus. In prima parte dicit, quod
in omnibus habentibus per se magnitudinem et multitudinem, bonitas consistit
aliqualiter in multitudine partium ad seinvicem ordinatarum, et ad finem; et
in magnitudine aggregata ex multitudine, quam consequitur virtus, per quam
potest in finem; et hoc secundum aliquam rationem. Civitas autem habet per se
multitudinem quamdam et magnitudinem: ergo civitatem illam dicemus optimam,
quae habet magnitudinem et multitudinem secundum dictum terminum, qui
anteceditur secundum tria, quae apparent ex tribus rationibus praecedentibus:
scilicet secundum ordinem ad finem et operationem, quod accipiebatur in
prima, et secundum partes principales, quod accipiebatur in secunda, et
secundum quod bene regibilis legibus rectis, quod in tertia: ita quod
secundum illam civitatem dicimus magnam simpliciter, quae habet multitudinem
tantam partium per se, quod bene potest legibus regi, et attingere ad
operationem per se ipsius. [90016] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 10 Deinde cum dicit sed est
magnitudinis probat idem per simile in naturalibus. Et primo proponit
similitudinem. Secundo cum dicit, similiter autem et civitas etc. applicat
eam ad propositum. In prima parte dicit, quod magnitudinis civitatis est
aliqua determinata mensura et ad maius et etiam ad minus, quam non contingit
transgredi secundum rationem, sicut magnitudinis rerum naturalium. Naturalium
enim, puta animalium et plantarum, est terminus quidam determinatus ad plus,
et etiam ad minus, quem non est transgredi secundum naturam. Omnia enim
naturalia habent formas determinatas per se, ad quas consequuntur quantitates
et passiones determinatae. Et hoc est quod Aristoteles dicit secundo de
anima: omnium natura constantium positus est terminus et ratio magnitudinis
et augmenti. Et hoc quidem contingit videre ad sensum: quoniam unumquodque
istorum si deficiat a magnitudine sibi determinata ad minus, vel si excedat
magnitudinem determinatam ad maius, non habet propriam virtutem per quam
determinatur. Sed aliquando quidem deficit a natura speciei propriae, puta
cum multum deficit aut excedit; aliquando autem etsi attingat ad naturam
speciei, prave tamen attingit quantum ad dispositiones, puta cum parum
deficit aut excedit, sicut navis. Si fuerit unius palmi speciem navis non
habebit omnino; similiter nec si sit duorum stadiorum. Si autem habeat
aliquam magnitudinem parum deficientem, aut parum excedentem magnitudinem
sibi naturalem, male se habebit ad operationem eius quae est navigatio, aut
propter parvitatem, aut propter excessum. [90017] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 11 Deinde cum dicit similiter autem
applicat simile ad propositum dicens quod similiter civitas cum sit a natura
inclinante et ratione perficiente quae imitatur eam, habet magnitudinem
determinatam ad minus et etiam ad maius. Illa enim quae componitur ex paucis
civibus non est per se sufficiens, sicut nec vicus. Civitas autem est
communitas per se sufficiens, sicut dictum est prius; ergo illa quae est ex
paucis civibus valde, rationem civitatis non habet. Illa autem quae est ex
multitudine superabundanti, per se sufficiens est sibi in necessariis ad
vitam, sicut regio aliqua, sed non sicut civitas. Civitatem enim oportet habere
ordinem quemdam civilem. Multitudinem autem superabundantem habere ordinem
civilem aut difficile est valde aut impossibile; et ideo illa quae ex
multitudine superabundanti est, proprie rationem civitatis non habet. Sic
ergo illa quae deficit a multitudine determinata, et illa quae excedit,
proprie civitates non sunt. Nullus enim dux exercitus potest principari
multitudini excellenti ad maius, sed determinatae, nec aliquis est praeco qui
non habet aliquam magnitudinem vocis, sicut fuit quidam nomine Stentor. [90018] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 12 Deinde cum dicit propter quod
concludit quis est terminus magnitudinis civitatis. Et primo quis est
terminus eius ad minus. Secundo cum dicit, contingit autem etc. quis est ad
maius. In prima parte dicit, quod propter hoc, quia civitatem oportet esse
per se sufficientem, et per se sufficiens non est ex paucis existens, primam
civitatem secundum viam generationis qua minor rationem civitatis non habet,
necessarium est esse illam quae ex tanta multitudine componitur quae est per
se sibi sufficiens ad bene vivendum secundum communicationem civilem propter
diversitatem officiorum et artificiorum, qua minor non esset per se
sufficiens. [90019] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 13 Deinde cum dicit contingit autem
declarat quis est terminus eius ad maius. Et circa hoc primo proponit.
Secundo cum dicit, sunt enim etc. probat. Tertio cum dicit, patet igitur etc.
concludit intentum recapitulando. In prima parte dicit, quod contingit
civitatem quae excedit eam quae dicta est secundum multitudinem, esse maiorem
civitatem; sed non contingit excessum esse in infinitum ita ut quae magis
excedit magis sit civitas. Quis autem sit terminus talis excessus ultra quem
non est civitas, facile est considerare ex operationibus. [90020] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 14 Deinde cum dicit sunt enim
manifestat hoc ex duobus. Secundo ibi, adhuc autem et cetera. In prima parte
est intelligendum, quod sicut dicitur in primo huius, omnia quaecumque
secundum naturam et artem sunt, definita sunt virtute quadam et operatione,
in quam cum possunt dicuntur, cum autem non possunt non dicuntur nisi
aequivoce. Civitas vero est aliquid eorum quae secundum aliquid est a natura
et secundum aliquid ab arte; et ideo operationem determinatam habet, in quam
cum potest dicitur civitas, cum autem non potest, non dicitur. Operatio autem
principalis civitatis attenditur secundum partem principaliorem in ea, quae
est ipse principans. Operatio autem principalis principantis est dirigere
subditos secundum rationem praecipiendo et distribuendo bona communia et
iudicando recte; ad quae praeexigitur cognitio civium. Dicit igitur quod
civitatis sunt aliquae operationes: quaedam quas exercet per principantes,
quaedam autem quas per subditos. Operatio autem principantis est iudicare et
praecipere recte, et distribuere recte principatus: quia istae competunt sibi
per virtutem quae est prudentia, quae est propria ei. Ad hoc autem quod recte
iudicet de iustis et quod recte distribuat principatus et bona communia ipsis
civibus, necessarium est ipsum cognoscere cives quales quidem sunt secundum
virtutem et quam differentiam habent invicem secundum virtutem, ut secundum
exigentiam dignitatis virtutis distribuat principatus et iudicet et
differenter secundum differentiam dignitatis eorum, aut sic ubi non sit
secundum hunc modum, oporteat distributionem bonorum communium et iudicia
prave se habere. Circa enim ista operari non secundum rationem rectam, sed secundum
proprium impetum, periculosum est et iniustum: et tamen hoc necesse est
accidere in civitate quae est superabundantis multitudinis. Non enim omnes
cives a principante bene possunt cognosci. Tantam igitur oportet esse
multitudinem civium ad plus in civitate, quae recte debet operari, quanta
potest a principante cognosci. [90021] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 15 Deinde cum dicit adhuc autem probat
idem ex secundo sic. In civitate superabundantis multitudinis contingit esse
multos extraneos et advenas et alios non diligentes rempublicam. Extraneis
autem et advenis et non diligentibus rempublicam facile est rempublicam
transmutare propter multitudinem ipsorum. Non enim difficile est latere eorum
machinationem propter excessum multitudinis. Magis enim latent male operantes
in maiori multitudine quam minori. Hoc autem est malum civitati et contra
naturam eius: ergo malum et contra naturam civitatis est ipsam esse
superabundantis multitudinis. [90022] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 3 n. 16 Deinde cum dicit palam igitur
inducit conclusionem intentam, dicens: manifestum est igitur ex his quae
dicta sunt, quod optimus terminus civitatis est excessus multitudinis
maximus, qui est sufficiens ad per se sufficientiam vitae, et est facile
auxiliabilis et ordinabilis secundum rationem rectam; ita quod terminus
civitatis ad minus accipitur a ratione per se sufficiente, ad maius autem a
ratione bonae ordinationis. Sic igitur determinatum sit de magnitudine
civitatis. |
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Lectio
4 |
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[90023] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 1 Postquam philosophus inquisivit de his quae supponenda
sunt ex parte magnitudinis civitatis civilis, inquirit nunc de his quae
supponenda sunt ex parte regionis adiacentis. Et circa hoc primo facit quod
dictum est. Secundo cum dicit, de regione quidem igitur etc. recapitulat
determinata. Regio autem quaeritur secundum quod utilis est ad bene vivendum
civiliter. Ad hoc autem oportet ipsam esse quantam et qualem et bene positam.
Et secundum hoc dividitur pars ista in partes duas. Quia primo declarat
qualem et quantam oporteat eam esse. Secundo determinat de situ ipsius, cum
dicit, speciem autem et cetera. Circa primum primo ostendit qualem oporteat
eam esse. Secundo cum dicit, multitudine autem et magnitudine etc. quantum
secundum quantitatem. In prima parte intelligendum est, quod cum regio omnis
quaeratur propter cives vel usum ipsorum, oportet ipsam esse proportionatam
civibus, et dispositionem ipsius quaerere secundum quod competit usui
ipsorum. Et ideo dicit, quod illa quae ad regionem pertinent proportionaliter
se habent his quae dicta sunt de magnitudine civitatis quo ad cives. Qualem
enim oporteat ipsam esse, manifestum est per se sufficientem usui
inhabitantium. Quilibet enim regionem talem laudat quae sufficiens
est ad omnia illa quae sunt necessaria ad bene vivere. Talem autem oportet fertilem esse et ferre omnia ex
quibus sustentatur natura humana quo ad potum et cibum et quo ad
prohibitionem intemperantiae incontinentis. Hoc enim dicimus per se
sufficiens quod omnia habet et nullo indiget. Regionem igitur
talem oportet esse secundum qualitatem quod possit omnia ferre quae sunt
necessaria ad per se sufficientiam vitae. Hoc autem potest facere si fuerit
temperata secundum qualitates primas, calidum, frigidum, humidum, siccum;
quod convenit ei per convenientem habitudinem ad figuram caelestem et loci
dispositionem. [90024] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 4 n. 2 Deinde
cum dicit multitudine autem declarat quantam oportet eam esse. Et quia non
quaeritur regio, ut dictum est, nisi secundum quod ordinatur ad vitam
humanam, dicit, quod oportet esse tantam secundum magnitudinem totius et
secundum multitudinem consideratam secundum diversitatem terrae sativae et
non sativae, consitae et pascualis et huiusmodi, ita quod homines in ea
possint vivere secundum quod competit homini, hoc autem est secundum
virtutem; et ideo tantam oportet esse ipsam, quod habitantes in ea possint
vivere secundum virtutem quae est directiva eorum ex quibus sustentatur
natura, quae est temperantia et liberalitas. Temperantia quidem, secundum
quod ex ipsa sustentatur natura absolute; liberalitas in comparationem ad
alterum. Tantam igitur oportet esse eam, quod habitantes possint vivere
temperate non declinantes ad delitias, et liberaliter non retracti per
tenacitatem. Utrum autem iste terminus magnitudinis civitatis bene assignatus
sit vel non, posterius considerabimus diligentius, quando considerabimus de
possessione et abundantia substantiae. Quantam enim oporteat eam esse et
quomodo ordinare ad usum, sunt multae dubitationes et contrariae, propter
inclinationes naturales ad utrumque excessum, horum quidem ad delitias et
intemperantiam, horum autem ad parcitatem. Solent enim frequenter homines in
agibilibus, forte autem et in speculabilibus, formare sibi opiniones secundum
inclinationes: ut qui inclinantur ad delitias opinantur in ipsis summum bonum
esse, et divitias debere quaeri secundum quod faciunt ad delitiandum; et
similiter in aliis, ut frequenter. Hoc autem eis accidit propter infirmitatem
intellectus eorum non potentis supergredi sensum, nec discutere veritatem
propter naturae inclinationem. [90025] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 3 Deinde cum dicit speciem autem
determinat de situ regionis: et primo in se. Secundo cum dicit, civitatis
autem potentiam etc. in comparatione ad mare et aridam. In prima parte dicit,
quod facile est considerare secundum rationem qualem oportet esse speciem,
idest dispositionem vel situm regionis; et conveniens est persuaderi ad hoc
ab his quae observant vel dicunt hi qui experti sunt circa ducatum exercitus.
Dux enim exercitus circa dispositionem regionis negotiatur et expertus est.
Dicendum est igitur secundum quod ab ipsis persuasi sumus, quod oportet ipsam
esse difficile adibilem ab impugnantibus et facile exibilem ab
inhabitantibus. Si enim esset facilis aditus adversariis, faciliter
destrueretur ab eis: similiter et si esset difficilis exitus ipsis, non de
facili possent repellere adversantes. Fit autem hoc per
habitudinem locorum convenientem in habitudinem ad montes vel fluvios, vel
loca praerupta. Adhuc oportet
multitudinem hominum in civitate esse bene conspicacem, ita quod quaelibet
pars si indigeat, possit de facili auxiliari a qualibet, vel iuvare. Est
autem intelligendum, quod sicut animal est aliquid unum compositum ex
partibus diversis unitis in toto, ita quod operatio cuiuslibet ad bonum
cuiuslibet ordinatur, sicut operatio oculi ad bonum pedis et illa quae pedis
ad bonum oculi, et sic de aliis; ita et civitas est communitas ex pluribus
composita, quorum operationes ad bonum singulorum ordinabiles sunt, saltem
secundum quod sunt partes civitatis: ita et similiter regionem oportet esse
aliquod unum compositum ex pluribus partibus sic dispositis quod quaelibet
ordinabilis sit ad bonum cuiuslibet; et ideo oportet ipsam esse sic
dispositam secundum situm, quod quaelibet pars possit auxiliari a qualibet
quantum ad defensionem ab adversariis vel quantum ad necessaria vitae, vel
aliquid aliud huiusmodi. [90026] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 4 Deinde cum dicit civitatis autem
determinat de situ civitatis in comparatione ad mare et aridam. Et primo
facit hoc. Secundo cum dicit, de nautica autem, inquirit de potentia et turba
navali. Utrum expediat civitati vel non. Circa primum primo declarat quomodo
oportet civitatem esse sitam ad aridam et mare. Secundo cum dicit, de
communicatione autem movet dubitationem. In prima parte dicit, quod si
oportet positionem civitatis ad votum habere, oportet quod bene situetur in
ordine ad aridam et ad mare, ita ut aliqualiter utrique communicet, si
possibile est. Et huius una ratio est, quae dicta est prius: quoniam oportet
civitatem bene et facile auxiliabilem esse contra impugnantes: hoc autem
magis inerit si sit communis duorum, scilicet maris et aridae, habens
auxilium ab utroque. Alia autem est, quia oportet civitatem sustentari ex
fructibus regionis propriae vel alterius: quod non potest fieri nisi deferantur
ad ipsam; facilius autem deferuntur, si fuerit communis maris et aridae.
Iterum materia lignorum, et si aliquid aliud tale sit, quod inveniatur in
regione necessarium civitati, expedit quod possit de facili deferri ad ipsam:
hoc autem fit si fuerit communis maris et aridae; et ideo expedit eam esse
communem utriusque istorum. [90027] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 5 Deinde cum dicit de communicatione
movet dubitationem de propinquitate ad mare. Et proponit primo circa hoc
dubitationem antiquorum. Secundo cum dicit, advenire enim aliquos etc.
prosequitur ipsam. In prima parte dicit, quod de propinquitate et
communicatione civitatis ad mare, utrum expediat civitatibus bene
gubernantibus et rectis bene legibus, multi dubitant multas adducentes
rationes ad utramque partem. [90028] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 6 Deinde cum dicit advenire enim
prosequitur eam; et primo tangit nocumenta quae accidunt ex ipsa. Secundo cum
dicit, quod quidem igitur etc. utilitates maiores consequentes. Tertio cum
dicit, sibi enim etc. docet vitare nocumenta ex propinquitate possibilia
contingere. In prima parte tangit duo propter quae videretur quod non
expediret civitatem esse propinquam mari: necesse enim convenire multos
institutos vel instructos in aliis legibus et exercitatos in aliis
consuetudinibus, sicut videmus nunc de omnibus civitatibus et villis
propinquis mari. Nutriti autem in aliis legibus et exercitati in aliis
consuetudinibus, distrahunt cives ab observantia propriarum legum et ab his
ad quae sunt assueti, propter communicationem et convictum: ex convictu enim
formantur mores: hoc autem inconveniens est civitati et corruptivum
reipublicae; ergo non expedit eam esse propinquam mari. Secundum est quoniam
in civitate propinqua mari necessarium est aggregari multitudinem nocivam
reipublicae; propter opportunitatem enim maris emittentes in quibus
superabundant et suscipientes in quibus deficiunt necesse est subintrare
multitudinem negotiatorum seu mercatorum: talis autem multitudo contrariatur
ad bene gubernare, quia lex ipsorum facit divitias magis esse pretiosas
virtute, quare contrariatur rectae reipublicae; et ideo non videtur expedire
civitatem esse propinquam mari. [90029] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 7 Deinde cum dicit quod quidem arguit
in oppositum, tangens utilitates provenientes ex propinquitate. Et primo
proponit eas. Secundo cum dicit, etenim ad facilius, manifestat eas. In prima
parte dicit, quod non immanifestum est quod multo melius est regionem esse
propinquam mari usque ad aliquid, et propter maiorem abundantiam
necessariorum ad vitam et ad securitatem maiorem ipsius, si possent praedicta
inconvenientia vel nocumenta vitari. [90030] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 8 Deinde cum dicit etenim ad facilius
manifestat; et primo primum, dicens: civitatem si non debeat servire, oportet
sic esse dispositam, quod faciliter et sine damno possit sustinere impetus
debellantium. Ad faciliter autem ferre ipsos et cum minori damno facit quod
possint se iuvare contra eos per mare et per terram: etenim si non possunt
laedere eos qui sic debellant, tamen secundum alteram magis poterunt si
communicentur ambobus: ab arida enim iuvabunt se in mari et a mari in arida
contra eos. Expediens est igitur eam communicare mari. [90031] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 9 Deinde cum dicit sibi autem docet
vitare nocumenta quae videntur sequi ex dicta communicatione. Duo autem illa
quae tangebantur, ad unum videbantur reduci. Quod enim aliqui nutriti in
aliis legibus, aut multitudo negotiatorum advenientium per mare noceant
civitati, hoc est inquantum distrahunt cives ab ordine civili; et ideo simul
docet utrumque vitare. Et circa hoc duo facit: quoniam primo inquirit usque
ad quantum quaerenda est in civitate negotiatio. Secundo cum dicit, quoniam
autem et nunc docet vitare praedicta nocumenta. Circa primum est
intelligendum quod negotiatio in civitate quaeritur propter commutationem
necessariorum ad bene vivendum: huiusmodi autem commutatio quaeritur propter
per se sufficientiam vitae; et ideo negotiatio in civitate usque ad hoc
quaerenda est per se quod facit ad per se sufficientiam ipsius, et non
amplius, sicut ea quae sunt ad finem quaeruntur secundum quod competunt fini:
et propter hoc non est quaerenda propter alios principaliter. Dicit igitur,
quod civitatem quae non sibi sufficit in omnibus ad bene vivendum expedit
esse negotiativam sibi, hoc est secundum quod facit ad per se sufficientiam
ipsius; sed non aliis, idest non ad per se sufficientiam aliarum civitatum
vel regionum principaliter. Illi autem qui exhibent se negotiativos ad omnes
quasi facientes forum omnium in propria civitate, faciunt hoc gratia
acquisitionis divitiarum, nimis reputantes divitias pretiosas: quod est
nocivum reipublicae rectae. Civitatem igitur illam quam non oportet
participare acquisitionem superfluarum divitiarum, non oportet recipere
superexcedentem multitudinem negotiatorum, sed tantam quantum facit ad per se
sufficientiam vitae. [90032] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 10 Deinde cum dicit quoniam autem
docet vitare nocumenta praedicta; dicens, quod sic faciendum est in civitate
bene ordinanda circa communicationem ad mare, sicut videmus fieri et existere
in regionibus et civitatibus bene ordinatis et propinquis ei. Sic autem
videmus quod in talibus et regionibus et civitatibus municipium civitatis
distantiam quamdam habet a mari, ita ut suburbia et portus in quibus
recipiuntur negotiatores sint disposita apte inter civitatem et mare, ita ut
ipsa civitas non occupetur a mari, nec sit valde longe ab eo, sed sint muri
et aliae munitiones, puta turres vel castra interiacentia civitati et
suburbio. Consimiliter faciendum est in civitate fienda ad votum, si
possibile sit. Manifestum est enim, quod si ita se habeat et mare fuerit sic
propinquum civitati, ut dictum est, quod si aliquod bonum possit contingere
propter communicationem ad mare inerit civitati sic dispositae: si autem ad
nocumentum possibile sit evenire, id cavendum est per leges diversas
determinantes quos oportet recipere ad municipium et quos non oportet, et
usque ad quod et quibus oportet coniungi per mercimonia, et quibus non, et
quomodo. Sic igitur apparet quod civitatem esse coniunctam mari omnino non
expedit, tum propter dicta nocumenta quae Aristoteles agit, tum quia magis
aegrotativa esset, et propter alia multa: nec etiam expedit eam esse nimis
remotam; multas enim ab eo recipit utilitates, sicut ipse tangit: et sic medio
modo expedit eam poni ad mare, ut utilitates quae a mari sunt inde recipiat
de facili et incommoditates possit vitare. [90033] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 11 Deinde cum dicit de nautica autem
inquirit de potentia et turba navali, quomodo civitas se habet ad eas; et
circa hoc duo facit. Primo enim manifestat quod potentia navalis usque ad
aliquem terminum expedit civitati. Secundo cum dicit, multitudinem autem etc.
ostendit quod turba navalis non debet esse pars civitatis, quamvis necessaria
sit. Circa primum primo ostendit, quod potentia navalis expedit civitati.
Secundo cum dicit, de multitudine autem iam et magnitudine etc. declarat
usque ad quem terminum. In prima parte dicit, quod de potentia navali quae
ordinatur ad bellum per mare, manifestum est quod optimum est ipsam inesse
civitati bene ordinatae usque ad aliquem terminum multitudinis: quoniam
expedit civitatem non solum sibiipsi vivere, sed etiam ad alios, puta
vicinos, debellando eos si iustum sit eis servire, aut prohibendo insultus
eorum si vellent debellare iniuste. Quapropter oportet quod sint terribiles
eis et possint sibi auxiliari multipliciter contra eos. Hoc autem erit si
habeant potentiam, sicut per terram pedestrem, ita per mare navalem. Expedit
igitur civitati potentiam habere nauticam. [90034] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 4 n. 12 Deinde cum
dicit de multitudine declarat usque ad quid; dicens quod de multitudine et
magnitudine potentiae navalis usque ad quem terminum expediat civitati,
considerandum est inspiciendo ad vitam, idest ad finem per se intentum in
civitate. Illud enim quod
ordinatur ad finem intentum, quaerendum est, inquantum utile est ad ipsum et
non amplius. Si igitur finis alicuius civitatis sit vita ducalis et civilis,
hoc est finis ad quem ordinatur ducatus exercitus, scilicet subiugare alios
et civiliter regere illos, tunc potentia navalis debet esse commensurata, ita
ut tanta sit, ut per ipsam et pedestrem potentiam possint debentes sibi
servire debellare, et insurgentes in eos repellere: non maior neque minor
secundum quod possibile est. [90035] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 13 Deinde cum dicit multitudinem autem
declarat, quod turba nautica non debet esse pars civitatis. Quod primo facit.
Secundo cum dicit, multitudine autem existente etc. declarat quod est
necessaria ei. In prima parte dicit, quod multitudinem hominum quae est circa
turbam navalem non expedit inesse civitatibus sicut partem, neque ipsos
nauticos oportet esse partem civitatis: superexcessivos enim in iniuriis et
qui volunt esse liberi omnino a subiectione quacumque, et qui sunt pedestres
ad virtutem deficientes ab ipsa, non debent esse pars civitatis; quoniam
illos, qui sunt pars civitatis, oportet esse non iniuriosos, et subiici in
parte, et ordinabiles ad virtutem. Nautica autem turba quae dominatur
navigio, et obtinet ipsum, huiusmodi est, quia iniuriosa est, et subiici non
vult et deficit a virtute, sicut frequenter, et in pluribus; ergo non expedit
eam esse partem civitatis. [90036] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 14 Deinde cum dicit multitudinem autem
declarat, quod multitudo navalis necessaria est civitati; dicens quod cum in
civitate sit multitudo servorum et tenuiorum hominum, necessarium est in ipsa
existere multitudinem agricolarum et colentium terram regionis et
multitudinem nautarum. Et hoc quidem apparet per inductionem. Sic enim
videmus in pluribus civitatibus bene ordinatis, et specialiter in civitate
Heracleotarum. Quamvis enim civitas eorum sit contractior, idest minor
secundum multitudinem multis aliis, multas possunt de viris nauticis
ordinatis ad bellum implere triremes, idest naves trium ordinum remorum. [90037] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 4 n. 15 Deinde cum dicit de regione
recapitulat determinata, dicens, quod iam in praecedentibus dictum est de
regione, quantam et qualem oportet eam esse; et de portu et civitate qualiter
se debeat habere ad mare, et de potentia nautica quod necessaria est civitati
et usque ad quid. Prius autem dictum fuit de multitudine civili, quantam
oportet eam esse, et usque ad quem terminum expediat civitati bene ordinatae.
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Lectio
5 |
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[90038] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 1 Postquam philosophus de civili multitudine
determinavit, transit nunc ad inquirendum quales secundum naturam oporteat
esse gubernantes recte. Et circa hoc primo praemittit intentionem suam cum
ordine considerandi. Secundo cum dicit, quae quidem enim in frigidis etc. prosequitur.
Tertio cum dicit, de politizantibus quidem etc. recapitulat dicta. In prima
parte ipse dicit, quod determinato de his quae supponenda sunt ex parte
magnitudinis civitatis in generali, restat consequenter dicere quales
secundum naturalem dispositionem oporteat esse futuros bene gubernantes; quod
secundo proponebatur prius inquirendum. Fere autem fiet hoc manifestum, si
aliquis voluerit considerare inspiciendo ad civitates Graecorum quas dicimus
bene gubernare, et etiam ad totum orbem terrae, secundum quod est occupatus
gentibus et civitatibus, considerando dispositiones naturales earum; ex istis
enim aliqualiter poterit concludi intentum. [90039] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 2 Deinde cum dicit quae quidem
prosequitur. Et circa primum praemittit diversas dispositiones regionum ad
gubernandum. Secundo cum dicit, pater igitur etc., ex hoc infert intentum. Et
circa primum adhuc primo tangit, qui sunt inepti ad gubernandum naturaliter.
Secundo cum dicit, at Graecorum genus qui sunt apti magis. Circa primum est
intelligendum, quod quamvis intellectus per se non communicet corpori in
operatione sua, communicat tamen corpori communicanti, secundum Commentatorem
libro de anima. Quicquid enim intelligit, in phantasmatibus sensibilibus
intelligit; quia cum speculatur, necesse est simul phantasma aliquod
speculari. Phantasmata autem in actu sensibilia sunt in actu, sicut dicitur
tertio de anima. Sensibile vero in actu, et sensus in actu, sunt unum in
actu; et ideo secundum diversam dispositionem sensus in actu diversimode
disponitur intellectus ad intelligendum. Sensus autem in actu diversimode
disponitur secundum diversitatem organi et spiritus, specialiter in
subtilitate et grossitie in quo primo videntur sigillari, formae sensibilium.
Et ideo secundum diversitatem spiritus in grossitie et subtilitate, et aliis
huiusmodi, diversimode disponitur intellectus ad intelligendum; ita ut qui
habent spiritus subtiles et claros bene repraesentativos formarum
sensibilium, bene nati sunt intelligere; qui autem grossos et turbidos,
prave. Multitudo etiam spiritus naturalis et sanguinis, et per consequens
caliditatis, facit homines robustos. Robur enim facit spiritus, secundum
philosophum libro de somno: et multitudo calidi animosos et excessivos, quia
calidum maxime activum est inter qualitates. Habitantes autem in regionibus
calidis, caliditate regionis poros aperiente, exhalat humidum, trahens secum
calidum intrinsecum; et ideo sunt pauci sanguinis et caliditatis. Spiritus
autem, et si paucos habeant, claros tamen et mundos habent, et ideo bene
intellectivi sunt. Habitantes autem in frigidis, frigiditate extrinseca poros
concludente, fortificatur calidum interius, et sunt fortis digestionis, et
plurimo indigent cibo. Spiritus autem multos habent propter multitudinem
calidi, grossos tamen propter grossitiem et multitudinem alimenti, et propter
minorem exhalationem. Et ideo propter abundantiam caliditatis et sanguinis
animosi sunt, propter grossitiem autem spirituum et turbulentiam minus intellectivi.
Qui autem habitant in temperatis regionibus, medio modo se habent inter
istos, mediocriter dispositi ad animositatem et ad operationem intellectus.
Hoc supposito, dicit quod habitantes in regionibus frigidis, et circa Europam
quae est regio protensa ad Aquilonem in parte remota a via solis, sunt
naturaliter animosi propter abundantiam sanguinis et caliditatis, propter
causam dictam; in intellectu autem (speculativo scilicet) et arte, hoc est
intellectu factivo, inveniuntur deficientes magis, et ideo quia animosi sunt,
et potentes, libere vivunt in regionibus propriis potentes, et audentes
repellere insultus insurgentium; nesciunt autem bene gubernare, nec
principare vicinis propter defectus intellectus et prudentiae quae
requiruntur ad bene gubernandum et principandum recte. Habitantes autem in
regionibus calidis, et circa Asiam, quae est regio protensa ad meridiem prope
viam solis, bene intellectivi sunt, et artificiosi multum secundum animam,
propter subtilitatem et munditiam spirituum in eis causa praedicta; tamen
timidi et sine animositate sunt propter defectum sanguinis et caliditatis
naturalis; et ideo subiecti sunt, et serviunt aliis, non audentes, nec
potentes repellere debellantes, nisi forte quandoque per fraudem et dolum
excogitare per intellectum quem habent subtilem. [90040] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 3 Deinde cum dicit genus autem
declarat qui sunt magis apti; dicens quod illi, qui medium locum tenent inter
praedictas regiones Europam et Asiam, sicut genus Graecorum, sicut medium
tenent secundum locum, ita et secundum dispositiones. Non enim tantum est
frigidum apud eos, sicut in Septentrione, nec tantum calidum sicut apud eos
qui circa Asiam; et ideo temperati existentes secundum calidum et frigidum
ambobus participant; sunt enim intellectivi, minus tamen quam qui circa
Asiam, et etiam animosi minus quam qui circa Europam; et ideo permanent
liberi in regione sua, potentes et audentes aliqualiter repellere
debellantes: bene etiam nati sunt gubernare inter se, et principari aliis
secundum aliquam unam rempublicam propter vigorem intellectus et rationis in
eis. In ipsa etiam regione Graeciae invenitur differentia gentis alicuius ad
alias in eadem regione, quae totius Graecorum ad duas praedictas; ita quod in
aliqua eius parte habitantes habent naturam quasi unius membri, vel
dispositionis unius; puta quia accedunt ad Septentrionem magis inter Graecos,
magis animosi sunt inter ipsos naturaliter. Habitantes autem in alia parte,
alterius dispositionis sunt; sicut habitantes in parte propinquiori Asiae,
magis intellectivi sunt inter eos. Alii autem sunt bene mixti sive
proportionati ad utrasque potentias istas, scilicet intellectivam et
animativam; sicut illi qui magis accedunt ad medium per aeque distantia. [90041] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 4 Sed contra ista argueret aliquis
rationabiliter: quod cum ea quae sunt naturalia, semper vel in pluribus eodem
modo se habeant, sed Graeci sunt nati principari aliis, non autem illi qui
circa Asiam vel Europam, sequeretur, quod Graeci semper vel in maiori parte
principarentur aliis, et alii non ipsis, cuius contrarium apparet ex
historiis antiquorum (Chaldaei enim et Persae qui sunt circa Asiam, multo
tempore dominati sunt ipsis, et vicinis eorum, monarchiam tenentes: similiter
Romani qui circa Europam sunt, plurimo tempore dominati sunt Graecis, quam e
contrario: diuturnior enim fuit monarchia Romanorum quam Graecorum): ergo
videtur quod ipsi non sint nati principari aliis, sed magis e contrario. [90042] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 5 Ad hoc est intelligendum, quod
dispositiones naturales rerum naturalium, quae sunt hic, reducuntur in
dispositionem caelestem, sicut dicit philosophus in primo Meteororum dicens:
est autem ex necessitate continuus iste mundus superioribus lationibus, ut
omnis sui virtus gubernetur inde. Unde motus principium omnibus illam causam
putandum esse. Et hoc satis ostendit octavo physicorum. Dispositio autem
caelestis per comparationem ad ea quae sunt hic, duplex est: una communis
quae attenditur secundum propinquitatem vel remotionem a via solis, qui
maxime movet ista inferiora. Et secundum hoc quidam hic existentes sunt
calidi, quidam frigidi, quidam temperati, et inclinantur ad ea ad quae ista disponunt.
Et quantum esset de inclinatione naturali Graecorum in tali dispositione
magis temperati essent natura, et magis attingerent ad utrumque dictorum
prius, scilicet animositatem et intellectum proportionaliter, et magis nati
essent gubernare et principari aliis, et Septentrionales magis animosi
deficientes intellectu; qui autem circa Asiam, e contrario. Alia autem est
dispositio caelestis in ordine ad ea, quae attenditur secundum figuram
stellarum erraticarum ad seinvicem et ad fixas, et in ordine ad ea quae sunt
hic: et ista dispositio vel ista figura continue alia et alia est aliquo
modo, quamvis non sensibiliter hoc appareat, et respectu alterius et alterius
loci alia et alia; ita quod si respectu huius regionis sit nunc talis figura
caelestis, consequenter in alio tempore erit alia; et si respectu huius
regionis sit talis, respectu alterius erit alia. Si igitur aliqua dispositio
insit alicui civitati vel regioni ex tali figura caelesti, durante figura
inerit dispositio illa naturaliter. Et secundum hunc modum potest dici, quod
Graeci ex figura caelesti tali aliquando nati fuerunt bene gubernare, et
principari aliis; aliquando autem alia; puta Chaldaei vel Romani: et si ista
figura non permanet nunc, nunc non sunt nati ad eadem, sed ad alia, secundum exigentiam
figurae nunc existentis. [90043] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 6 Ulterius etiam intelligendum est,
quod dispositio civitatis vel regionis naturalis non tantum consideratur ex
figura caelesti absolute, sed etiam ex dispositione partium regionis vel
civitatis secundum habitudinem quam habet ad montes vel mare, vel loca,
paludosa vel munda. Virtus enim figurae caelestis non recipitur in contento,
nisi mediante continente proximo. Et secundum hoc potest contingere quod quamvis
aliqua civitas vel regio sit frigida naturaliter et inclinetur ad ea quae
disponit frigidum, quantum est ex dispositione figurae caelestis communis,
tamen secundum dispositionem regionis per comparationem ad montes vel mare,
contingit eam esse calidam excellenter, aut etiam temperatam, vel e
contrario. Ex quo contingit quod quamvis existentes in aliqua regione non
inclinentur ad gubernandum bene ex figura caelesti communi, tamen ex speciali
dispositione ipsius hoc potest ei contingere. [90044] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 7 Tertio est intelligendum, quod
virtus caelestis cum sit materialis et corporea, intellectus autem
immaterialis et separatus, non agit per se ipsum, sed tantum per accidens
inquantum dependet ex sensu; et ideo intellectus et voluntas non
necessitantur in operationibus suis a virtute caelesti per se. Unde potest
contingere quod quamvis aliqui ex virtute caelesti vel naturali dispositione
non inclinentur ad gubernandum, nec ad operationes intellectus vel virtutis,
si tamen per electionem intendant studio sapientiae et exercitio virtutum,
continget eos esse intellectivos et bene gubernantes: et e contrario si bene
nati ad ista dent se otio et exercitio in malis operationibus, efficientur
insipientes et male gubernantes, et servi aliorum fient. Et hoc forte fuit
una causa destructionis regni Romanorum et Graecorum; tenentes enim
monarchiam viventes in tranquillitate dederunt se otio et voluptatibus
carnalibus et avaritiae, nolentes vacare sapientiae; et ideo facti minus
intelligentes et minus exercitati in actionibus civilibus et bellicis, non
paruerunt subiecti ipsis nescientibus et impotentibus obviare. Per praedicta
apparet solutio ad obiectum. [90045] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 8 Deinde cum dicit manifestum igitur
infert ex praecedentibus quales nati sunt bene gubernare et principari. Et
primo facit hoc. Secundo cum dicit, nam quod de etc. manifestat hoc ex dicto
quorumdam. In prima parte dicit, quod quia Graeci bene gubernant, et
principantur aliis naturaliter, quia animosi sunt, et bene intellectivi,
Asiani autem servi sunt aliorum, quia inanimosi sunt, quamvis vigeant
intellectu; Septentrionales autem aliis non principantur, quia deficiunt
intellectu, quamvis sint animosi; manifestum est, quod oportet eos esse de
numero legislatorum qui debent esse boni ductores ad virtutem, et bene
gubernare inter se, et principari aliis; esse animosos, ut possint malos
compescere, et debellantes impugnare; et bene intellectivos, ut sciant se
dirigere et alios in operationibus. [90046] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 9 Deinde cum dicit quod quidem probat
hoc ex dicto quorumdam. Et circa hoc primo ex parte illius dicti ostendit
intentum. Secundo cum dicit, non bene autem habet etc. reprobat alteram
partem eiusdem dicti. In prima parte dicit, quod illud quod quidam dicunt,
ostendit quod oportet bene gubernantes esse animosos. Dicunt enim quod
oportet custodes aliorum et principantes esse amativos notorum, ad ignotos
autem sylvestres, et duros magis. Signum autem primi est, quia animus hominis
magis attollitur colloquendo et bene faciendo, reputans se debere magis
reputari ab eis respectu notorum et consuetorum quam respectu ignotorum,
putans se parvipendi. Noti enim et consueti magis reputantur amici, ignotus
autem quasi non amicus; et ideo disponitur homo ad notum et consuetum sicut
ad seipsum, ad ignotos autem sicut ad inimicum; et propter hoc sicut quilibet
reputat seipsum, et magni pendit, ita vult reputari et magnipendi ab amico et
noto; ab inimico autem et ignoto, putat non reputari et parvipendi. Non autem
quod custodes oportet esse amativos, quia animus, idest voluntas est quae
facit homines amativos invicem; haec enim potentia principium est
dilectionis. Propter quod Archilocus querelans de amicis disputat ad animum,
quasi ad amicum, dicens, quod homines non sustinent vulnerationes a lanceis
ab amicis, sed bona magis. Amare enim est velle alicui bonum propter ipsum.
Velle autem est actus voluntatis, ergo et diligere. Inclinatio autem ad
principandum et ad actus libertatis est ab ista potentia omnibus qui ad hoc
inclinantur: principativum enim et invincibilem, et liberum dicimus animum,
quia principari primo et per se est agere, immediatum autem principium agendi
in nobis est animus sive voluntas; et ideo animus est principativum quid.
Libertas autem est, quae in natura intellectiva per virtutem eius quod
principale est in ea et intrinsecum agit in finem proprium secundum illum
idem. Agere autem in natura intellectuali ad finem proximo
competit animo et voluntati, secundum Aristotelem nono metaphysicorum. Et ideo libertas est virtus quaedam voluntatis
in ordine ad intellectum praecedentem, et finem sequentem. Si igitur animus
est secundum quem principamur et liberi sumus, et animus est quo amamus, quod
competit principantibus et custodibus, ut iam dictum est, convenienter dictum
est quod principantes oporteret esse animosos. [90047] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 5 n. 10 Deinde cum dicit non bene
reprobat alteram partem dicti aliorum; dicens, quod non convenienter dicunt
in eo, quod aiunt, quod principantes vel superiores in civitate oportet esse
infestos et diros ad ignotos: non enim expedit ad aliquem hominem bonum esse
tales, quia facto et verbo expedit magis se reddere amabiles. Viri etiam
magnanimi, qui sunt digni principari, non sunt severi seu diri ad aliquos,
nisi contra iniustos; quia non expedit eos esse diros, nisi eis qui
contrariantur eis secundum quod huiusmodi. Ipsi autem secundum quod
huiusmodi, virtuosi sunt, vel debent esse; magnanimitas enim est ornatus
virtutum, ut dicitur quarto Ethicorum. Virtuti autem contrariatur malitia,
seu iniustitia, secundum quod iniustitia se extendit ad omnem malitiam. Magis
autem duri sunt ad notos, seu amicos, si fuerint mali, sive putent se iniuste
pati ab eis: et hoc rationabiliter faciunt: si enim ab amicis iniuste
patiuntur, nocumentum reportant ab eo a quo credebant se iuvari debere; et
ipso privantur, propter quod indignantur magis; amicus enim est velut alter
ipse, ut dictum est. Et ideo sicut aliquis ad seipsum disponitur, ita ad
amicum. A seipso autem expectat unusquisque bonum, et non nocumentum, propter
quod et ab amico: unde si putet reportare nocumentum, indignatur. Et quanto
magis amicus, tanto magis creditur teneri ad beneficentiam. Et ideo dicitur
proverbialiter, quod fratrum inimicitia crudelis est valde; et quod illi, qui
valde diligunt se invicem, fiunt valde inimici ex casu, sicut eadem fiunt
calidissima et frigidissima, sicut dicit Aristoteles, quarto Meteororum.
Dicimus enim de magno amico magnum inimicum fieri. Sic igitur non expedit
magnanimum vel principantem esse agrestem ad aliquem, nisi ad iniustum; et
magis si fuerit amicus prius. [90048] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 5 n. 11 Deinde cum dicit de politizantibus recapitulat,
dicens, quod de viventibus in civitate determinatum est quot oportet esse
secundum multitudinem in civitate ordinata, et quales secundum naturalem
dispositionem. Iterum de regione dictum est, quantam et qualem oportet eam
esse ad bene habitandum in civitate, per rationes verisimiles, et
concordantes sensui. Non enim eamdem certitudinem oportet quaerere eorum,
quae sunt manifesta ratione sola non conveniente usquequaque sensui, et eorum
quae conveniunt cum sensu. |
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Lectio
6 |
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[90049] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 6 n. 1 Postquam philosophus inquisivit de his quae supponenda
sunt ad rempublicam rectam ex parte materiae remotae, inquirit nunc de his quae
supponenda sunt ex parte materiae propinquae. Civitatis autem materia
propinqua est duplex. Una proprie sicut liberi principantes, et subiecti, qui
attingunt ad civitatem. Alia autem domus, et aedificia civitatis et regionis,
quae magis se habent in ratione organi. Dividitur igitur pars ista in duas:
quia primo inquirit, quae sunt partes civitatis proprie dictae. Secundo de
aedificiis, et domibus, et dispositione civitatis et regionis, cum dicit,
civitatem autem et cetera. Adhuc in prima parte ostendit primo,
quae sunt necessaria ad consistentiam civitatis. Secundo cum dicit, determinatis autem etc. inquirit
quae eorum sunt partes civitatis. Circa primum adhuc ostendit, quod non omnia
quae requiruntur ad consistentiam civitatis, sunt partes ipsius. Secundo cum
dicit, quoniam autem etc., declarat quae exiguntur ad consistentiam eius.
Primum ostendit duabus rationibus. Secundum ponit ibi, unum enim aliquid et
cetera. In prima parte dicit: sicut est in his quae fiunt et constant
secundum naturam, ita in civitate, quae est a natura inclinante, et ratione
perficiente. In his autem quae fiunt et constant natura, non
omnia quae requiruntur ad consistentiam ipsorum sunt partes illorum: sed
quaedam sunt sicut materia, quaedam autem ad ornatum, et quaedam ad alia; sicut
in animali alimentum et humores non sunt partes in actu, sed sicut materia;
pili autem ad ornatum sunt, seu ad protectionem, sudores autem sicut
decidentia a natura. Ergo
manifestum est, quod neque civitatis, neque communicationis alterius
cuiuscumque, ex pluribus ex quibus fit aliquod unum ratione, omnia dicenda
sunt partes, sine quibus non existunt. [90050] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 6 n. 2 Deinde cum dicit unum enim ponit
secundam rationem ad idem, quae est haec. Omnium partium per se alicuius
totius est aliquid unum commune, per quod determinantur et sunt, et haec est
forma totius. Et ad hoc attingunt omnes sive aequaliter sive inaequaliter per
transmutationem factam ad illud ex aliqua materia; sive illa sit alimentum, sicut
in animalibus et plantis, sive multitudo hominum in regione, sive in
civitate, vel aliquid aliud, sicut in quibuscumque aliis. Quando vero aliqua
plura sic se habent, quod unum est gratia alterius ut finis, alterum autem
est sicut finis ipsorum, non est aliquod unum commune secundum rationem, sed
ad alterum istorum pertinet attingere aliquod principaliter, ad alterum autem
attingere accipiendo virtutem ab alio: sicut se habet organum ad opus factum,
et ad agens principale, quibus non est aliquid commune secundum rationem,
sicut domui et aedificatori nihil est commune secundum quod huiusmodi, sed
ars aedificatoria et organa aedificandi sunt propter ipsam domum. Igitur
quorum unum est gratia alterius secundum quod huiusmodi, non sunt partes
alicuius unius. Possessio vero in civitate est gratia possidentis. Quamvis
igitur sit necessaria civitati, non erit aliqua pars civitatis, cuius partes
sunt possidentes per se. Sed multa sunt animata, quae sunt possessio
alterius, sicut iumentum, et servus, qui est organum animatum alterius
possessio existens, sine quibus tamen non est civitas: ergo multa sunt in
civitate, quae non sunt partes ipsius. Civitas enim est communitas quaedam ex
pluribus similibus secundum naturam composita gratia per se sufficientis et
optimae vitae. [90051] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 6 n. 3 Deinde cum dicit quoniam autem
intendit declarare quae sunt necessaria ad consistentiam civitatis. Et circa
hoc primo tangit ex quibus sumitur diversitas rerumpublicarum et civitatum. Secundo cum dicit,
considerandum etc. ex quibus sumitur numerus eorum quae sunt necessaria ad
civitatem. Tertio cum dicit, ex
iis enim etc. sumit eorum numerum. In prima parte est intelligendum, quod
ratio eorum quae sunt ad finem ex fine sumitur: et ideo diversitas eorum
primo est ex diversitate finis, deinde ex diverso modo se habendi ad ipsum.
Finis autem civitatis felicitas est; et ideo dicit: quoniam felicitas est
optimum, quod intenditur, sicut finis in civitate; felicitas autem est
operatio secundum virtutem perfectam, et exercitium illius perfectum; et
contingit aliquos in civitate habentes attingere ad huiusmodi operationem
perfectam, alios autem contingit attingere modicum, alios autem nihil, sed ad
contrarium magis: manifestum est quod haec est causa quare sint diversae
species et differentiae rerumpublicarum: diversitas enim rerumpublicarum est
ex diversitate finis, vel ex diverso modo se habendi ad finem. Ex hoc enim
quod diversos fines eligunt vel eumdem, alio et alio modo, et per alia et alia
venantur, diversas vitas faciunt, et per consequens diversas respublicas.
Diversi enim modi vivendi diversae respublicae sunt. Diversae igitur
respublicae sunt ex diversitate finium, vel ex diverso modo se habendi ad
finem. [90052] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 6 n. 4 Deinde cum dicit considerandum autem
declarat ex quibus sumitur numerus eorum, quae sunt necessaria ad civitatem.
Et praemittens intentionem suam, dicit, quod post haec considerandum est
nobis quae et quot sunt illa quae sunt necessaria ad consistentiam civitatis.
Inter ista enim invenientur illa quae per se sunt partes illius. Et
quia unumquodque eorum quae sunt natura vel arte, determinatur aliqua propria
operatione, sicut dicitur primo huius, sumendae sunt operationes eorum quae
sunt in civitate. Et diversitate enim istarum, manifesta erit
multitudo necessariorum ad eam. [90053] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 6 n. 5 Deinde cum
dicit ex iis enim primo assumit operationes necessarias civitati. Secundo cum
dicit, necesse igitur etc. concludit multitudinem eorum quae requiruntur ad
consistentiam eius. Circa primum
primo assumit operationes dictas. Secundo cum dicit, opera quidem igitur etc.
probat eas esse necessarias. In prima parte dicit, quod civitati cuicumque,
si debeat esse civitas, oportet praeexistere praeparationem alimenti,
siquidem debeant vivere et nutriri. Deinde autem operationes artium, puta
fabricationem et carpentationem et huiusmodi; multis enim indigent organis
existentes in civitate quae praeparantur per huiusmodi opera. Deinde tertio
oportet in ipsis esse arma: communicantibus enim communicatione civili sunt
necessaria propter duo: primo quidem ad seipsos ad puniendum insolentes et
transgredientes leges vel principatus gratia inobedientium constitui
mandatum. Secundo ad repellendum extrinsecus volentes inferre molestiam
iniuste. Deinde oportet eos habere pecuniarum abundantiam aliquam similiter
propter duo. Primo propter opportunitates ad commutationes inter se
faciendas. Secundo ad expeditiones bellorum si emergant. Deinde autem quinto
expedit inesse civitati quod principium est inter dictam curam et cultum
divinum, quod appellatur sacerdotium. Sexto oportet inesse rectam
deliberationem de conferentibus et nocivis, et iudicium iustum de his quae
veniunt in disceptatione. [90054] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 6 n. 6 Deinde cum dicit opera quidem probat
huiusmodi opera esse necessaria una ratione communi; dicens quod huiusmodi
operationes sunt necessariae civitati omni, ut ita dicatur: quod adiunctum
est propter aliquas civitates quae propter dispositionem regionis non
similiter indigent omnibus praedictis, aut non indigent similiter, ut forte
abundantia pecuniarum propter abundantiam divitiarum naturalium. Et ratio
huius quod dictum est, est quoniam civitas communitas quaedam multitudinis
civium est, non quaecumque, sed per se sufficiens ad bene vivere, ut est
dictum. Si vero aliquod praedictorum operum contingat deficere in aliqua
multitudine, ut puta praeparationem alimenti vel artificiatorum, aut etiam
arma, non erit per se sufficiens ad bene vivere, ut ex se manifestum est;
ergo non erit civitas. Si ergo debeat esse civitas, necesse est omnia
huiusmodi opera inesse ipsi. [90055] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 6 n. 7 Deinde cum dicit necesse igitur
concludit numerum eorum quae sunt necessaria in civitate; dicens, quod si
huiusmodi operationes sunt necessariae, et ipsae non possunt esse sine
quibusdam aliis, puta praeparatio alimenti sine agricolis, opera artium sine
artificibus, opera armorum sine pugnantibus, divitiae sine opulentis, nec
cultus divinus sine sacerdote, nec iudicium sine iudice, manifestum est quod
ad consistentiam civitatis, necessarii sunt agricolae, artifices, bellici,
divites, sacerdotes et iudices. |
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Lectio
7 |
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[90056] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 1 Postquam philosophus ostendit quae sunt necessaria ad
consistentiam civitatis, declarat quae istorum sunt partes ipsius, et quae
non: et gratia huiusmodi inquirit quae istorum contingit attribuere uni et
quae non, et quomodo. Et circa hoc primo facit quod dictum est. Secundo cum
dicit, de distributione autem etc., quia dixerat agricolas non debere esse
partes civitatis optimae, determinat de divisione regionis, et quos oportet
esse agricolas. Circa primum primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit,
quod quidem igitur etc. recapitulat. Circa primum adhuc facit, quod dictum
est. Secundo cum dicit, videtur autem etc., declarat illud non esse novum,
sed ab antiquis inventum prius. Circa primum dans intentionem suam ponit
dubitationem, utrum omnia praedicta vel quaedam possunt eidem convenire.
Secundo solvit cum dicit, non in omni autem. Primo igitur dicit, quod post
declarationem dictorum, relinquitur considerandum, utrum omnia praedicta sex
sint communicanda omnibus in civitate, ita quod idem sit agricola, artifex et
miles, et sic de aliis. Hoc enim bene possibile est, scilicet eosdem esse
agricolas et consiliarios, et sic de aliis. Aut unumquodque istorum
attribuendum est uni conditioni hominum, puta quod quidam sint agricolae,
alii autem et diversi milites, et sic de aliis ? An magis quaedam istorum
sint attribuenda eisdem, quaedam autem omnino diversis ? Hoc enim
dubitationem habet, cuius determinatio valet ad declarandum intentum
principale. [90057] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 2 Deinde cum dicit non in omni
dissolvit dubitationem; et primo ponit solutionem in generali. Secundo cum
dicit, quoniam autem existimus etc. manifestat eam in speciali. Primo ergo in
generali solvit eam, dicens, quod in civitate bene ordinata non expedit omnia
praedicta communicare omnibus, sed nec singula singulis; sed quaedam ipsorum
oportet esse propria quorumdam tantum et non aliorum, quaedam autem communia
pluribus necessario. Sed hoc non habet veritatem in omni republica, sed
in bene ordinata tantum. Sicut
enim prius dicebatur in tertio huius, contingit omnia praedicta communicare
omnibus existentibus in civitate, et non omnia omnibus, sed quaedam
quibusdam; et hoc diversimode: et secundum hoc diversificari respublicas in
statu populari. Igitur quae male ordinata respublica est, omnibus omnia
praedicta necesse est communicare, quia scilicet in ea tota multitudo
dominatur. In statu autem paucorum e contrario quaedam quibusdam, ut arma
sacerdotium, consilium et iudicium eisdem forte, ut divitibus, quia
dominantur, agricultura autem quibusdam aliis, et artificium aliis omnino
diversis. [90058] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 7 n. 3 Deinde cum dicit quoniam autem existimus
manifestat solutionem in speciali. Et primo facit hoc. Secundo cum dicit,
sine quibus quidem etc. recolligit eam. Circa primum primo declarat quae
dictorum non possunt eisdem attribui. Secundo cum dicit, quoniam autem quod
bellicum etc. declarat quae contingit eisdem attribui. Ex quo apparet quae
per se sunt partes civitatis. Circa primum considerandum est, quod ratio
partis per se consideranda est ex ratione totius, et ratio totius in his quae
ordinantur ad finem, sumitur ex fine. Et ideo ratio partium per se civitatis
quaerenda est ex ratione reipublicae. Et ratio reipublicae ex ratione
felicitatis quae est finis eius. Felicitatem autem impossibile est existere
sine virtute, quae est principium eius. Et propter hoc ratio partium
civitatis optimae per virtutem determinatur. Hoc supposito dicit, quoniam
intendimus facere considerationem de republica optima simpliciter, non ex
suppositione, secundum quam dicimus partes per se civitatis attingere ad
felicitatem simpliciter quae est finis eius; felicitas autem non potest
existere sine virtute, sicut dictum est prius, est enim operatio hominis
secundum virtutem perfectam: manifestum est quod mercenariorum vitam
ducentes, vel etiam forensem, seu mercativam, non oportet dicere esse cives
vel partes per se civitatis optime se gubernantis, habentis viros simpliciter
bonos non ex suppositione. Cuius ratio est, quia cives in civitate optima
oportet operari ad felicitatem, et habere illud quod est principium ipsius.
Hoc autem est virtus civilis; ergo oportet cives in huiusmodi civitate
virtuosos esse. Mercenariam autem vitam ducentes aut forensem virtuosi non
sunt et huiusmodi. Vita enim eorum vilis existens ad eam non dirigitur, nec
ordinatur; immo magis est non conveniens vel subcontraria ei; ergo tales non
sunt cives, neque pars civitatis optimae. Nec etiam agricolae seu terram
colentes; quoniam civibus necessaria est vacatio ab operationibus necessariis
et vilibus, et intendere contemplationi quandoque et operationibus
liberalibus ad generationem virtutis et ad actiones communes, per quas
determinantur: huiusmodi autem vacatio non potest inesse agricolis, cum sint
dediti agriculturae et laboribus extrinsecis; ergo non sunt cives vel pars
civitatis. [90059] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 4 Deinde cum dicit quoniam autem quod
bellicum inquirit quae praedictorum possunt inesse eidem. Et primo declarat
quod bellicum et consiliativum debent eidem attribui aliquo modo. In secunda
cum dicit, reliquum autem etc. declarat quod ista eadem et sacerdotium eidem
aliquo modo, et alteri alio aliquo modo attribuenda sunt. Circa primum primo
movet dubitationem. Secundo cum dicit, manifestum utique etc. dissolvit eam.
Circa primum est intelligendum quod aliquis bene consiliativus est per
habitum prudentiae per quem ex fine bene ratiocinatur et inquirit de his quae
sunt ad finem. Sicut autem aliquis se habet ad prudentiam perfectam, ita et
ad alias virtutes morales, quia simul sunt et non sunt; et ideo consiliativum
determinatur virtute. Bellicum etiam oportet habere virtutem per quam sit
aggressivus terribilium; et per consequens prudentiam aliquam ad hoc
necessariam et alias aliqualiter virtutes: unde et dicebat prius philosophus
in secundo huius, quod militaris vita multas habet partes virtutis; et ideo
bellici et consiliativi simpliciter determinantur virtute. Et quia illi qui
determinantur virtute, sunt partes civitatis optimae; ideo tales sunt partes
ipsius per se; et ideo hoc supposito dicit, quod illi qui ordinantur ad
bellum in civitate optima et ad consiliandum de conferentibus et ad
iudicandum iuste inter disceptantes, necessarii sunt in eadem. Et maxime ubi
videntur esse partes ipsius propter rationem praedictam, inquirendum est
dubitando utrum iidem sint ordinandi ad bellum et ad consilium, an alii ad
hoc, alii autem et diversi ad illud. [90060] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 5 Deinde cum dicit manifestum utique
dissolvit; et primo manifestat quod ista duo aliquo modo eidem, aliquo modo
alii sunt attribuenda. Secundo cum dicit, at vero et possessiones etc.
ostendit quod istorum esse debent possessiones. Et in parte ista dicit, quod
manifestum erit ex dicendis quod et bellicum et consiliativum sunt attribuenda
eidem uno modo, alio modo alteri. Dicitur enim ad praesens idem et diversum
dupliciter. Idem scilicet secundum suppositum et secundum formam, sicut
Socrates idem ex supposito, ipse autem et Plato diversi. Socrates autem et
Plato albi, sunt idem in forma. Socrates autem albus prius et niger posterius
est alter a seipso; sicut Porphyrius dicit, quod Socrates senex differt a se
puero differentia accidentali. Intendit igitur quod bellicum et consiliativum
eidem secundum suppositum sunt attribuenda, differenti tamen secundum prius
et posterius et secundum fortius et minus forte, magis provectum et minus.
Secundum enim quod alteri aetati oportet attribuere bellicum, puta iuventuti,
et alteri consiliativum, puta aetati magis provectae, et secundum quod
consiliativum indiget prudentia quae magis viget in aetate provecta, et
bellicum robore corporali, quod magis in iuventute, oportet ea alteri
attribui; bellicum quidem iuvenibus, consiliativum autem provectis. Secundum
vero quod impossibile esse eos qui possunt violentiam inferre et deiicere
principantes facere semper subiectos, oportet utrumque eidem attribui. Viri
autem bellici qui sunt armorum domini, potentiam habent faciendi manere
rempublicam et non manere propter armorum violentiam; et ideo relinquitur
utrumque istorum dari debere eisdem in republica recta, sed non secundum idem
tempus; sed unicuique dare illud tempore in quo magis aptum est ad illud. Sed
in iuvenibus viget virtus corporalis magis quam prudentia vel virtus quae
maxime necessaria est in bellicis; et ideo bellicum attribuendum est ipsis in
tempore iuventutis. Prudentia autem et virtus magis vigent in provectis quae
magis sunt necessariae ad consilium et iudicium; et ideo consiliativum et
iudicativum attribuenda sunt eis quando sunt provectae aetatis. Sic igitur
ambo oportet attribui eisdem, in alia tamen et alia aetate: et hoc iustum
videtur. Iustum enim est unumquemque habere secundum dignitatem. Dividere
autem sic secundum dignitatem videtur. Dignum est enim unumquodque ordinari
ad illud ad quod magis natum est, ac quanto magis natum aptum est; sic enim
facit natura. Iustum est igitur ista distribui secundum praedictum modum. [90061] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 6 Deinde cum dicit at vero declarat
quod istorum debent esse possessiones in eadem, dicens quod adhuc expedit in
civitate optima possessiones esse circa hos, ita quod ipsi sint earum domini,
aut maxime, quia necessarium est cives in ipsa abundantes esse. Siquidem
civitas optima ordinatur per se ad sufficientiam secundum dispositionem suam.
Isti autem qui dicti sunt cives sunt simpliciter. Artifices autem et
quicumque alii qui non sunt factivi operationum virtutis, non participant
civilitate per se. Et huiusmodi declaratio est ex suppositione; quoniam
nullus potest felicitari nisi cum virtute quae est principium felicitatis.
Civitatem autem optimam dicimus esse felicem simpliciter, non quantum ad
aliquam partem et quantum ad aliquam non, sed quantum ad omnes cives, ut est
dicere. Omnes igitur cives oportet esse virtuosos; qui ergo non sunt
virtuosi, secundum quod huiusmodi, non sunt cives. Si igitur cives oportet
esse abundantes, ut praedictum est, et hoc non oportet esse nisi sint domini
possessionum, aut maxime necesse est eos esse dominos possessionis; et hoc si
supponamus quod expedit in tali civitate agricolas esse servos, et hos aut
barbaros aliunde venientes aut ministros. [90062] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 7 Deinde cum dicit reliquum autem
declarat quod sacerdotium aliqualiter est attribuendum eisdem et aliqualiter
diversis cum praedictis; et quibus non est attribuendum dicens; quod ex his
quae dicta sunt necessaria civitati, enumeratis prius, relinquitur genus
sacerdotum, cuius ordo ad alios satis est manifestus. Non enim expedit in
republica bene ordinata artificem seu agricolam vel forensem sacerdotem
constituere. Sacerdos enim ordinatur ad cultum divinum celebrandum et honorem
Deo exhibendum pro subditis. Nunc
autem conveniens est cultum exhiberi Deo et honorem a principalioribus
civibus. Omnia enim excellentiora exhibenda sunt Deo propter eius
excellentiam, a quo est omne bonum, et quicquid est. Si igitur agricolae et
artifices vel forenses cives non sunt, ut probatum est prius, non expedit eos
esse cives in civitate bene ordinata. Sed quoniam cives distincti sunt in
duo, sicut dictum est prius, videlicet in ordinatos ad arma et consiliarios,
quos aliquando contingit abdicatos esse propter intolerantiam laboris et
emeritos propter exercitium praeteritum in bellicis et iudiciis, et oportet
eos habere requiem maxime in speculativis, cum motus passionum sensibilium
sint omnino in eis sedati, ut in pluribus; eos autem qui intendunt honori et
cultui divino oporteat habere requiem et vacationem contemplationis, expedit
eos promoveri ad honorem sacerdotii, et assignari ad sanctificationem hanc
eos, qui abdicati sunt propter labores in praeterito passos, et emeriti
propter honesta exercitia in bellicis et consiliis. Est autem intelligendum,
quod sicut natura illud quod est perfectius et in tempore in quo perfectius
est ad perfectiorem ordinat operationem, seu finem, sic et ratio vel ars quae
imitatur naturam. Homines autem post tempus eruditionis et exercitii in
disciplinabilibus imperfectiorem prudentiam habent propter motum fortiorem passionum
in eis. Robur autem corporale et magnanimitatem habent maiorem propter
iuventutem: hoc autem magis competit in bellicis; et ideo rationabiliter
tales in aetate illa ad bellica docet ordinare philosophus. Deinde autem
procedente aetate represso calido et aliqualiter remissis motibus passionum,
remittitur robur et magnanimitas secundum aliquid: ratio autem et prudentia
magis vigent. Sedendo enim et quiescendo fit anima sciens et prudens. Istud
autem convenit deliberationi et iudiciis; et ideo secundum rationem tales
ordinandi sunt ad consilia et iudicia. Ulterius autem magis procedente aetate
remisso calido propter tempus et fere mortificatis passionibus, ut est
dicere, aut regulatis propter longum exercitium, fere deficit robur corporale
et maxime viget intellectus. Illud autem maxime requiritur
in his quae ordinantur ad cultum divinum. Oportet enim eos vacare ab
exterioribus actionibus et maxime intendere speculationi divinorum; et ideo
in aetate tali convenienter assignandi sunt cives ad cultum divinum; ita ut
primo exercitentur in bellicis, deinde in agibilibus, ultimo autem vitam
finiant in speculatione divinorum, in quo ponitur ultimus finis hominis. [90063] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 7 n. 8 Deinde cum
dicit sine quibus recolligit determinata; dicens, quod sic igitur
determinatum est quae sunt illa quae sunt necessaria ad consistentiam
civitatis, et quot illorum sunt partes ipsius. Agricolae enim et artifices et
mercenarii, qui pro mercede commutant opera, necessarii sunt in civitate, sed
nequaquam sunt partes ipsius per se. Bellici autem et consiliativi
et sacerdotes sunt partes civitatis, et sunt distincti a praecedentibus
secundum omne tempus, a se autem invicem secundum partem temporis; ita ut
idem prius ordinetur ad bellum, deinde ad consilium et ultimo ad sacerdotium. [90064]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 7 n. 9 Deinde cum dicit videtur autem declarat ista
fuisse ab antiquis inventa. Et primo narrando. Secundo cum dicit, quod autem
omnia etc. per signum. Circa primum primo declarat distinctionem bellicorum
et consiliariorum ab aliis, et institutionem conviviorum civilium fuisse
antiquas. Secundo cum dicit, fere quidem igitur etc. concludit idem de aliis.
Circa primum primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit, conviviorum
quidem igitur declarat quod istorum fuerit primo. Circa primum primo declarat
distinctionem praedictorum institutam esse ab antiquo. Secundo cum dicit,
quae autem circa etc. distinctionem conviviorum. Circa primum dicit, quod
volentibus philosophice considerare de republica, apparet hoc non nunc primo
neque recenter esse notum quod oportet in civitate genus bellicorum et
consiliariorum esse distinctum ab agricolis et artificibus et mercenariis
secundum quod huiusmodi. In Aegypto enim, ubi primo concessum est studere,
secundum quod dicitur primo metaphysicorum, primo observaverunt leges
statuentes. Deinde autem posterius in Creta quae est insula in Graecia. Dicunt enim quod
Sesostris legislator Aegyptiorum hoc primus ordinavit per legem de quo sit
memoria. Circa Cretam autem Minos
legislator ipsorum. [90065] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 10 Deinde cum dicit quae autem
declarat institutionem conviviorum ordinatam esse ab antiquis; dicens, quod
institutio conviviorum civilium quibus participant omnes cives determinatis
festis vel temporibus, videtur esse facta ab aliis multis, Cretensibus
scilicet et Italicis. Sed illa quae ordinata fuerunt in Creta, ordinata
fuerunt maxime circa tempus regiminis Minois regis. Illa autem quae in
Italia, multo fuerunt antiquiora praedictis. Dicunt enim cosmographi illius
regionis quemdam regem fuisse Italum nomine in illa quae tunc dicebatur
Oenotria a quo accipientes nomen, dicti prius Oenotri, vocati sunt Itali, et hanc
partem Europae quae sita est inter sinum maris Scylleticum, ita dictum a
Scylla periculo maris in quo saepe periclitantur naves propter collisionem ad
rupes praeruptas, et sinum Lameticum quod videtur esse, quod dividit
praedictam Italiam ex parte opposita, quae videntur adinvicem parum differre
circa locum in quo concurrunt, videlicet per intermedium diei, dicunt
assumpsisse nomen Italiae ab eodem. Hic igitur Italus dicitur collegisse
pastores illius regionis, primo in unum ordinem civilem, et constituisse
quosdam eorum agricolas, alios autem forte artifices et alios bellicos, et
leges ordinasse determinantes regulam vivendi eisdem, et instituisse convivia
communia omnibus primo. Propter quod et nunc ibidem observant convivia et
leges quasdam ordinatas ab illo, quod intelligendum est pro tempore
philosophi. Apud Tyrrheniam autem quae est alia pars Italiae, habitabant
prius opici dicti et tunc Ausonii pro tempore suo. Apud Iapygiam autem et
Ionium quae est alia pars Italiae vocata prius Syrtes habitabant dicti
Chaones qui fuerunt quondam de genere Oenotriorum qui dicuntur fuisse Graeci
quidem. Unde et quaedam pars Italiae quondam magna Graecia dicebatur. Sed est
intelligendum, quod propter mutationem inhabitantium regionem praedictam, vel
propter bellum, vel occupationem vel epidemiam plura praedictorum nominum
partium regionis praedictae mutata sunt, aut etiam oblita, et alia imposita;
et ideo nescimus bene communiter quas partes regionis illius quaedam
praedictorum nominum significent. [90066] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 11 Deinde cum dicit conviviorum quidem
declarat, quod istorum a quo primo fuit inventum; dicens, quod institutio
conviviorum communium legitur primo facta fuisse in Italia a praedicto Italo:
distinctio autem civilis multitudinis secundum modum praedictum in Aegypto. Institutio enim quae
fuit facta sub regimine Minois apud Cretam multo posterior fuit facta quam in
Aegypto, quam dicitur fecisse legislator eorum Sesostris. [90067]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 7 n. 12 Deinde cum dicit fere quidem concludit idem de
aliis civilibus; dicens, quod oportet credere praedicta et alia fere civilia
inventa et observata prius multo tempore, aut magis infinities. Si enim
supponamus, quod omnia quae fiunt hic reducantur ad motum et figuram
caelestem de necessitate, et motus caeli est aeternus secundum opinionem
philosophi, oportebit ista inferiora circulari infinities, ut videtur
secundum ordinationem. Civilium quaedam sunt necessaria ad vivendum absolute,
sicut agricultura, quaedam autem ad bene vivendum. Illa igitur quae sunt
necessaria, primo invenerunt ipsa necessitate coacti; quae vero ordinantur ad
bene vivendum istis existentibus inventa fuerunt et rationabiliter acceperunt
incrementum. Similiter et circa respublicas totas: illa enim quae est
necessaria ad vivendum absolute, rationabiliter inventa esse creditur prius;
quae autem ordinatur ad bene vivendum, et optima est, posterius, procedendo
ab imperfecto ad perfectum secundum modum naturae. [90068]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 7 n. 13 Deinde cum dicit quod autem manifestat dicta
per signum; dicens, quod signum quod omnia civilia antiqua sint, et inventa
prius, sunt ea, quae fuerunt in Aegypto, et sunt adhuc observata: isti enim
sunt antiquissimi philosophantes, et ordines civiles instituentes, leges et
ordinem civilem invenientes et observantes, sicut etiam Plato dicit in primo
Timaei: et ideo eis quae dicta sunt prius, et ab eis observata, utendum est
gubernantibus bene civitates. Si autem aliqua omissa sunt ab eis, vel etiam a
nobis, tentandum est ea invenire. [90069] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 7 n. 14 Deinde cum dicit quod quidem
recapitulat quaedam determinata; dicens, quod sic igitur determinatum est
prius, quod regionem et possessionem principaliter oportet esse bellicorum,
et aliorum participantium republica, puta consiliariorum et sacerdotum; et
quod agricolas et mercenarios et artifices non expedit esse cives in optima
civitate. Prius autem dictum fuit quantam secundum quantitatem, et qualem
secundum dispositionem, oportet esse regionem optimam. |
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Lectio
8 |
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[90070] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 8 n. 1 Postquam declaravit philosophus quae sunt partes civitatis
per se, et quae non, et quod agricolas non expedit esse partes ipsius, quorum
est excolere regionem, transit nunc ad determinandum divisionem regionis, et
quos et quales oportet esse cultores ipsius. Et circa hoc primo determinat de
divisione regionis quomodo facienda est. Secundo cum dicit, terram autem etc.
quos et quales oportet esse cultores ipsius. Circa primum praemittit quasdam
suppositiones cum intentione sua. Secundo cum dicit, necessarium igitur etc.
ex dictis concludit regionis divisionem. Tertio cum dicit, ut duabus sortibus
etc. rationem assignat. Circa primum primo praemittens intentionem suam,
primo praemittit quasdam suppositiones ex parte possessionum. Secundo cum
dicit, de conviviis autem etc. ex parte conviviorum. Tertio cum dicit, adhuc
autem etc. quamdam ex parte expensarum in cultu divino factarum. Primo igitur
dicit, quod post praedicta dicendum est de regione, qualiter distribuenda
est, et de cultoribus eius quos secundum scientiam, et quales secundum
conditionem oporteat eos esse; supponentes primo, quod non expedit in
civitate bene ordinata possessiones esse communes, sicut Plato et sequaces
eius dixerunt, sicut ostensum fuit in secundo. Magis enim negligeretur cura
ipsarum necessaria. De communibus enim minus curant homines quam de propriis,
quia magis propria diligunt. Sed expedit eas appropriatas esse singulis
quantum ad proprietatem et curam, facere autem eas communes aliis quantum ad
usum per actum liberalitatis et amicabiliter. Secundo supponendum est, quod
non expedit in eadem civitate aliquem civem indigere alimento, et eis quae
sunt necessaria ad vitam; quia civitas optima est per se sufficiens, et civis
per civitatem determinatur. [90071] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 8 n. 2 Deinde cum dicit de conviviis
praemittit tres suppositiones ex parte conviviorum communium: quarum prima
est quod de conviviis communibus, simul videtur cum praecedentibus opportunum
esse ea fieri in civitate optima. Causa vero propter quam opportunum est et
nobis videtur, in sequentibus huius libri dicetur: disponunt enim ad
familiaritatem civium et amicitiam ipsorum. Secundo de eisdem supponendum
est, quod oportet omnes cives tam divites quam pauperes communicare ipsis;
aliter enim non essent communia toti civitati per quam determinatur civis.
Tertio accipiendum est, quod cum sint egeni vel minus divites, paucas
habentes possessiones, non est facile eos sine gravamine magno afferre ad
convivia communia quod proportionale est, et sustentare familiam propriam de
modica substantia sua; modica enim possessio, ad duo minus est sufficiens. [90072] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 8 n. 3 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
unam suppositionem quantum ad expensas divinorum; dicens quod adhuc
accipiendum est, quod expensae quae fiunt in cultu divino, puta in
sacrificiis ad hoc ordinatis, communes sunt toti civitati, siquidem
praedictus cultus communis est. [90073] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 8 n. 4 Deinde cum dicit necessarium igitur
infert divisionem regionis ex dictis suppositionibus; dicens, si verae sunt
praedictae suppositiones, expedit in civitate optima possessionem regionis
esse divisam, et alteram partem eius esse communem ad communes eius expensas
faciendas, et alteram propriam unicuique ad familiares opportunitates: et
quaelibet istarum partium dividitur in duas, ita ut una pars possessionis
communis ordinetur ad oblationes, vel cultum divinum; altera autem ad
expensas communes in conviviis communibus faciendas. Altera autem pars eius,
quae propria est singulis, ordinetur ad necessitates proprias unicuique; alia
vero ad negotia communia civitatis, puta ad munitionem, custodiam et ornatum. [90074] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 8 n. 5 Deinde cum dicit ut duabus assignat
distinctionis praedictae rationes duas, quarum secundam ponit cum dicit,
quamobrem et cetera. In prima parte dicit, quod sic convenienter divisa est
regio in duas sortes, et quaelibet illarum distincta in duas et hoc
rationabiliter; quia sic ea divisa per diversas sortes, omnes in civitate
participabunt utraque divisione; quia omnes participabunt possessione
communi, saltem in quantum participant conviviis communibus. Propria autem
manifestum est, quod participant omnes. Hoc autem aequale et iustum videtur,
et per consequens rationabile. Rationabiliter igitur dividitur secundum
praedictum modum. [90075] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 8 n. 6 Deinde cum dicit propter quod tangit
secundam rationem, et est. Expedit possessiones regionis dividi secundum quod
magis conveniens est civibus in ordine ad vicinos conterminales eisdem, et
potentes adversari: sed eam dividi secundum modum praedictum magis conveniens
est ipsis in respectu ad vicinos municipii civitatis volentes adversari.
Cuius signum est, quia ubi non observant istum modum, sed ubi omnes
possessiones sunt communes, parvipendunt inimicitiam vicinorum, non curantes
si occupent partem possessionis civitatis, minus enim dolent de amissione
communium; ubi autem omnes possessiones sunt propriae vel fere nimis curant
de inimicitia vicinorum, et praeter illud quod bonum est; verentur enim
amittere possessiones proprias, eas magis diligentes, quam communes. Et ideo
in quibusdam civitatibus solet esse lex, vicinos conterminales non participare
honore vel consilio eorum in ordine ad bellum, vel quodcumque aliud magnum;
quasi non possent bene consiliari propter affectionem aliquam propriam
inimicitiae, vel amoris. Expediens est igitur regionem dividi secundum
praedictum modum, propter praedictas rationes. [90076] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 8 n. 7 Deinde cum dicit terram autem
declarat quos et quales oportet esse cultores regionis; dicens, quod in
civitate optima terrae cultores si possint haberi ad votum, oportet esse
servos robustos corpore, ut bene elaborare ipsam possint; deficientes
intellectu, ne sint inventivi fraudum contra dominos. Sed circa hos oportet
duo observare. Primo, quod non sint eiusdem tribus; sic enim uniti adinvicem
magis possunt esse fortes quam cives. Secundo quod nec animosi: si enim
essent, magis auderent insurgere. Expedit igitur eos esse robustos corpore,
deficientes intellectu, pusillanimes, et non eiusdem tribus: sic enim magis
utiles erunt ad terrae elaborationem et nihil insolescent contra dominos
machinantes. Deinde autem expedit, si isti non possunt haberi, terrae
cultores esse barbaros in alia regione natos servire et ministros natura;
tales enim sunt similes praedictis secundum dispositionem naturalem. Sed
colentes terras proprias uniuscuiusque civis oportet esse proprios illorum,
quorum sunt terrae; eos autem qui terram communem, expedit esse servos
communitatis. Quomodo autem dominus se debeat habere ad servos in
utendo ipsis, et melius est ad inducendum eos ad bene operandum proponi eis
libertatem in praemium si bene operentur, cum autem verbere vel afflictione
affici debeant, in sequentibus huius tractatus dicetur. |
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Lectio
9 |
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[90077] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 1 Postquam philosophus declaravit ea quae supponenda sunt
ex parte multitudinis civilis ad rectam rempublicam, vult nunc declarare quae
supponenda sunt ex parte situs civitatis et aedificiorum eius et regionis in
speciali magis. Et primo ostendit quae supponenda sunt ex parte situs
civitatis in speciali. Secundo cum dicit, de locis autem etc. quae ex parte
munitionum et aedificiorum. Circa primum recolligit quaedam dicta prius de
situ civitatis. Secundo cum dicit, ipsius autem ad seipsam etc. declarat quae
ulterius supponenda sunt circa situm eius in speciali. Primo igitur dicit,
quod prius determinatum est a nobis quod si civitas optima debeat situari ad
votum, oportet quod communicet mari et terrae secundum quod contingit melius,
ut ex utroque possit iuvari et in necessariis ad vitam et contra vicinos
debellantes. [90078] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 2 Deinde cum dicit ipsius autem
declarat quae attendenda sunt de positione civitatis in ordine ad sanitatem
et ad bellica. Et primo facit hoc. Secundo cum dicit, quoniam autem oportet
etc. de quibus istorum magis sollicitandum est propter sanitatem. Circa primum tangit
quatuor ad quae oportet respicere in bona positione ipsius: quorum duo primi
per se ordinantur ad sanitatem, tertium ad bellicas opportunitates. Quartum
vero ad hoc et ad necessitatem vitae. Dicit igitur, quod si oportet civitatem
ipsam situari ad votum, oportet respicere ad quatuor principaliter. Primo
quidem quod declinationem habeat et sit propatula, si fieri potest, ad
orientem et ad ventos flantes ab ortu qui sunt saniores aliis; tamquam hoc
sit opportunum ad bonam dispositionem civium, scilicet sanitatem. Sunt venti
Orientales saniores, quoniam plurima materia ipsorum plus moratur sub via
solis; et ideo calidiores sunt secundum philosophum secundo Meteororum. Propter caliditatem autem suam
nubes resolvuntur et aerem subtiliant et mundificant; quae faciunt ad bonam
dispositionem et sanitatem. Siquidem aer paludosus et nubilosus et grossus
est aegrotativus: e contrario vero ventus Occidentalis frigidus est et parum
moratur sub via solis, nec est fortis flatus, ut frequentius; et ideo propter
frigiditatem vapores congregat et aerem ingrossat et propter parvitatem
flatus non potest nubes propellere; ista autem non conveniunt ad bonam dispositionem
corporum; et ideo loca propatula ad occidentem non sunt salubria bene ut
frequentius. Secundo expedit civitatem declinare ad Boream et ad ventos
boreales, sic enim recentior erit et magis remota a putrefactione, quia venti
illi recentiores sunt et saniores. Cuius
ratio est, quia ventus Septentrionalis frigidissimus est, et fortissimi
flatus et ratione fortitudinis flatus et nubes et vapores grossos propellit
ab aere mundificando ipsum; ratione vero frigiditatis congregat calidum
intrinsecum claudendo poros exterius; et propter primum prohibet
putrefactionem, propter secundum confortat digestionem, et ista bene
competunt sanitati. E contrario ventus Australis calidus est et tortuosi
flatus et virtute caliditatis elevat vapores et poros aperit et virtute
flatus tortuosi nubes congregat; et ideo ingrossat aerem et ad putrefactionem
disponit et debilitat digestionem; quae sunt principia aegritudinis; et ideo
ventus Australis non est bene salubris. Tertio autem oportet civitatem
situari, ut bene se habeat ad actiones civiles et ad opportunitates bellicas,
propter quas oportet eam sic disponi, ut sit boni exitus civibus et facilis,
difficilis autem et mali aditus debellantibus; et per consequens difficile
comprehensibilis; quod fit vel per naturalem dispositionem, vel montium, vel
rupium, vel aquarum, vel per artificialem, puta turrium vel munitionum.
Quarto expedit eam sic poni quod habeat multitudinem aquarum fontalium vel
fluvialium convenientium sanitati et munitioni si possibile est. Si autem hoc
non est possibile, oportet invenire et praeparare susceptacula aquarum
fluvialium et defossarum, puta cisternas et puteos potentes continere copiam
multam ipsarum, ita ut non contingat eos deficere propter multitudinem, etiam
si ab adversariis prohiberentur aquae exteriores. [90079] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 3 Deinde cum dicit quoniam autem
declarat de quibus praedictorum magis solicitandum est ad sanitatem; quod
primo facit. Secundo cum dicit, propter quod etc. ponit quoddam documentum.
Primo dicit, quoniam conditorem civitatis oportet esse solicitum multum de
sanitate inhabitantium civitatem. Primo enim et principaliter oportet esse
solicitum de bona dispositione animae. Secundo de bona dispositione corporis
in ordine ad animam. Bona autem dispositio corporis, seu sanitas primo
videtur causari ex dispositione civitatis ad talem vel talem situm, puta ad
orientem vel Boream, propter bonam dispositionem aeris. Secundo vero causatur
ex usu aquarum bene dispositarum, puta dulcium et levium; et ideo de istis et
de aere debet curare principaliter non accessorie. Illa enim multum conferunt
ad sanitatem et bonam dispositionem, quibus ut plurimum et frequentissime
utuntur homines ad vitam corporis sustentandam. Hae sunt naturae aquarum et aeris.
Aqua enim utuntur secundum se ad potum et ad cibum saltem secundum quod mixta
est. Aere autem ad respirationem; ergo multum conferunt ad sanitatem. Oportet
igitur conditorem civitatis multum sollicitari de bona dispositione aquarum
et aeris; forte autem magis de dispositione aeris. Siquidem aer inspiratus
cum minori alteratione pervenit ad principium vitae, scilicet ad cor. [90080] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 4 Deinde cum dicit propter quod ponit
quoddam documentum circa naturam aquarum in civitate; dicens, quod propter
hoc, quia aquae multum conferunt ad sanitatem, si non fuerint omnes aquae in
civitate similes, nec copiosae, distinguuntur seorsum accipiendo eas de
numero ipsarum quae ad alimentum sunt convenientes, et seorsum alias quae ad
alias opportunitates in civitatibus sapienter ordinatis; ut convenientibus ad
alimentum, si copiosae non fuerint, non utantur ad alia, nec non
convenientibus utantur ad alimentum. [90081]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 9 n. 5 Deinde cum dicit de locis autem inquirit de his
quae supponenda sunt ex parte munitionum et aedificiorum. Et circa hoc primo
facit quod dictum est. Secundo cum dicit, sed immorari etc. excusat se ab
ulteriori consideratione talium. Circa primum primo declarat quae supponenda
sunt circa munitiones et aedificia in ipsa civitate. Secundo cum dicit,
etenim in principantibus etc. quae in regione exterius. Circa primum primo
inquirit de munitionibus et aedificiis communibus civitatis. Secundo cum dicit,
at vero neque etc. de his quae ordinantur ad principalia opera civitatis.
Circa primum primo tangit, quod non eodem modo se habet de munitionibus et in
omnibus rebuspublicis. Secundo cum dicit, privatorum autem etc. inquirit de
ipsis et de aedificiis in civitate optima. In prima parte dicit, quod illud
quod est expediens et melius circa loca munita, non eodem modo se habet in
omnibus rebuspublicis; sed in statu paucorum et monarchia expedit esse arcem,
idest partem superiorem civitatis fortissimam esse in qua dominantes in
paucorum statu et monarchae morantes possint defendere se, si opus sit, ab
impetu multitudinis insurgentis si contingat. In statu autem populari expedit
aequalitas aedificiorum, ut nullus propter fortitudinem munitionis alios
expugnans, tyrannizet vel dominetur solus. In statu autem optimatum, in quo
principantur plures virtuosi intendentes bonum commune, neutrum istorum
expedit, seu magis multitudo locorum fortium per quos possit tueri civitas
communiter. [90082] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 6 Deinde cum dicit dispositio autem
declarat qualem oporteat esse dispositionem habitationum propriarum et
munitionum. Et primo inquirit de dispositione habitationum familiarium
propriarum. Secundo ibi, et totam quidem etc. de communibus, puta de muris et
munitionibus. Circa primum est intelligendum quod antiqui habitationes
familiares fortiores faciebant propter adversarios, et rudiores, quia non ita
erant experti; posteriores autem magis delectabiles et utiliores ad quaedam
et subtiles magis propter maiorem experientiam. Dicit igitur quod dispositio
habitaculorum familiarium et hippodamium, idest domicilium equorum, idest ad
equos nutriendos, si fuerit bene penetrabilis, hoc est propatula et bene
eventabilis secundum modum aedificandi posteriorum, est magis delectabilis ad
inhabitandum et utilior ad aliquas actiones, puta ad nutritionem animalium;
sed dispositio eorum secundum antiquum utilior est propter securitatem ab
insurgentibus propter fortitudinem et minus delectabilis propter ruditatem
ipsius: erat enim difficilis introitus impugnantibus et difficile
penetrabilis eis. Et ideo si debeant disponi ad votum familiaria habitacula,
oportet quod habeant ista duo; ut scilicet sint fortia contra bellantes et
difficilis aditus eis secundum dispositionem antiquorum, et delectabilia et
utilia ad actiones familiares secundum dispositionem posteriorum. Si enim
aliquis ita praeparaverit, continget habitationem eius esse similem
habitationi agricolarum, quos vocant quidam custodes vinearum, quibus in
vineis et in campis solitarie immorantur: quorum habitacula sic sunt
disposita, ut dictum est prius, ut bene se habeant ad actiones familiares et
contra volentes nocere. [90083] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 7 Deinde cum dicit et totam quidem
inquirit de dispositione munitionum totius civitatis. Et primo in generali.
Secundo cum dicit, de muris autem etc. specialiter de muris. In prima parte
dicit, quod similiter, sicut dictum est de familiaribus habitationibus quod
expedit eas esse dispositas dicto modo, ita dicendum est rationabiliter quod
expedit totam civitatem esse dispositam quantum ad munitiones, ut non sit
facile penetrabilis adversariis, scilicet turribus et fossis et aliis
huiusmodi dispositis secundum partes et loca quibus magis competunt. Si enim
sic se habeant, melius se habebit ad securitatem propter ipsas munitiones et
ad ornatum; et per consequens ad delectationem propter debitum ordinem et
situm. [90084] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 9 n. 8 Deinde cum dicit de muris autem inquirit de
muris. Fuit autem opinio quorumdam quod muri non sunt necessarii civitati
optimae quae habet optimos viros: tum quia propter confidentiam murorum forte
redderentur negligentes in actionibus bellicis: tum quia ubi est maior
fortitudo et melior, non competit multum minor: fortitudo autem virorum
optimorum maior est et melior ad defensionem civitatis quam ea quae murorum;
ergo videtur fortitudo murorum non competere eidem. Primo igitur proponit
opinionem istam simpliciter non esse tenendam, movens rationem ad hoc.
Secundo cum dicit, est autem ad consimiles etc. declarat quibus non competunt
multum, et quibus sunt necessarii. Tertio cum dicit, si ergo per hunc modum
etc. concludit ex dictis esse multum curandum de eis, et propter quas causas.
Circa primum dicit, quod dicentes de muris non oportere eos circumponere
civitati bene ordinatae ad virtutem, et habenti viros virtuosos, valde
antiquam habent aestimationem, et simpliciter et praeter rationem; maxime cum
videant illas, quae hoc modo decorantur sine muris in sola multitudine
confidentes, ex ipso opere redargutas, et ductas ad inconveniens: multae enim
fuerunt civitates habentes viros fortes et bonos, quae propter defectum
munitionis et murorum succubuerunt, et captae sunt. [90085] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 9 Deinde cum dicit est autem declarat,
respectu quorum non multum competunt, et respectu quorum sunt necessarii. Et
primo, facit primum. Secundo cum dicit, quoniam autem et accidit etc.
secundum. In prima parte dicit, quod civitati habenti bonos viros, non multum
competit salvari per munitionem murorum, a consimilibus secundum virtutem, et
non multum differentibus secundum multitudinem: in loco enim proprio in quo
potentiores videntur cives virtuosi, videntur se posse defendere a
consimilibus virtute, vel parum excedentibus; et ideo non sunt eis necessarii
muri ad hoc; quia non est faciendum per plura, quod bene potest fieri per
unum: et iterum opprobriosum est, quod aliquis qui potest expugnare per
propriam virtutem, nitatur expugnare per propriam et alienam. [90086] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 10 Deinde cum dicit quoniam autem
ostendit, quod respectu superexcellentis multitudinis et virtutis sunt
necessarii. Et ad hoc adducit rationes tres: quarum secundam ponit cum dicit,
simile enim velle muros et cetera. Tertiam cum dicit, at vero neque et
cetera. In prima parte dicit: quoniam virtutem insurgentium contra civitatem
contingit esse maiorem multo quam sit virtus eorum qui inhabitant civitatem,
et paucorum, et illi qui sunt maioris virtutis multo, ut frequentius
debellent eos qui minoris, munitio murorum bellicosissima, idest apta ad
bellandum, necessaria est civitati, quae minoris virtutis est, ut pluribus
modis possit resistere impugnantibus, et propter alia multa, et ad evitandum
et ad repellendum ictus sagittarum, et machinarum diversarum, quae inventae
sunt ad certitudinem insultus. Dicit autem munitionem murorum esse necessariam
non simpliciter, sed ex suppositione finis, si debeat civitas salvari, nec
pati nocumentum aut iniuriam sustinere, aut fieri servam. [90087] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 11 Deinde cum dicit simile enim ponit
secundam rationem; dicens, quod simile idem videtur dicere muros non
circumponendos esse civitatibus, et circum tollere, hoc est de circuitu
tollere montana loca, idest fortia loca prohibentia adversarios, et regionem
facere facile penetrabilem ab ipsis: similiter dicere muros non circumponere
habitationibus propriis, ac si timeretur, quod non essent futuri habitatores
viriles, simile est facere eam penetrabilem furibus et raptoribus: nunc autem
inconveniens est civitatem aut propriam inhabitationem facile penetrabilem
facere adversantibus; ergo inconveniens est muros non apponere utrique. [90088] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 12 Deinde cum dicit at vero ponit
tertiam rationem; dicens, quod adhuc oportet intelligere, quod si
circumponantur muri civitati habenti viros virtuosos, possunt repellere
insultum adversantium, et per muros, et per virtutes ipsorum, et uti contra
eos, et tamquam habentes murum, et tamquam non habentes: qui autem muros non
habent non possunt nisi altero tantum: nunc autem melius est pluribus modis
vicissim resistere adversario, quam uno tantum. [90089] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 13 Deinde cum dicit sed utique
concludit curandum esse de muris, et propter quas causas; dicens quod si ea
quae dicta sunt se habent ut dictum est, manifestum est, quod non solum
circumponendi sunt muri civitati, sed etiam multum curandum est de eis, ut
bene sint dispositi ad ornatum et decorem civitatis, sed etiam ad repellendas
opportunitates bellicas adversariorum, et quae nunc inventae sunt et quas
contingit inveniri, et ad eos impugnandum. Sicut enim invadentes curant
diligenter quibus modis possunt supergredi invasos, utentes instrumentis
inventis, et tentantes invenire alia, sic cura debet esse invasis quomodo
possint se custodire, utendo eis quae inventa sunt, et quaerendo non inventa
per viam physicam. Si enim invadentes scirent invadendos bene munitos esse et
potentes resistere, non multum conarentur eos invadere a principio. Nullus
enim conatur ad illud quod credit esse impossibile, vel simpliciter, vel
sibi. [90090] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 14 Deinde cum dicit quoniam autem
determinat de dispositione habitationum, quae ordinantur ad actus
principales. Et primo dispositionem earum quae ordinantur ad quosdam actus
communes omnibus. Secundo cum dicit, quoniam autem civitatis etc. earum quae
ordinantur ad actus speciales quorumdam. Circa primum primo manifestat
dispositionem eorum quae ordinantur ad cultum divinum, et convivia. Secundo
cum dicit, venalium autem etc. eorum quae ordinantur ad commutationem. Circa
primum primo dat intentionem suam. Secundo cum dicit, et eumdem etc.
prosequitur. In prima parte dicit: quoniam in civitate perfecta necessarii
sunt muri, ut dictum est prius, et necessarium est eos esse distinctos per
observatoria, et turres positas in locis opportunis ad defensionem et
ornatum, adhuc autem expedit communitatem civilem convivia communia facere,
et expedit eam esse distinctam in eis, secundum quod quidam in ipsa
inveniuntur excellentiores, quidam autem minus excellentes: habitationes
dispositas ad huiusmodi convivia disponet aliquis rationabiliter, secundum
quod dicetur. [90091] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 15 Deinde cum dicit et eumdem
prosequitur. Et circa hoc primo declarat quales debent esse secundum se
habitationes huiusmodi. Secundo cum dicit, erit autem etc. in comparatione ad
cives. Circa primum primo declarat quales oportet eas esse interius. Secundo
cum dicit, decet autem etc. quales exterius. Circa primum est considerandum,
quod omnia quae hic sunt, et nos et operationes nostrae, ex bonitate et
munificentia divina causantur; et ideo tenemur et ad reverentiam et honorem,
cum aliter retribuere non possumus; reverentia autem et honor per cultum
exhibentur, quem oportet fieri in aliquo loco determinato ad hoc; et ideo in
civitate unita ex similibus oportet esse aliquem unum locum convenientem ad
hoc ordinatum. Et quia antiquitus gentiles convivia communia faciebant temporibus
ordinatis ad cultum divinum, et ob reverentiam divinorum, ideo habitationes
ad convivia erant eadem cum his quae ordinabantur ad cultum divinum. Dicit
igitur philosophus, quod habitationes illas quae ordinantur ad cultum
divinorum, et ad convivia principalissima ab antiquis ordinata temporibus
praedicti cultus, expedit habere locum convenientem, et excellentem, ita ut
dispositio eius ostendat praeeminentiam eius cui exhibetur cultus et
reverentiam colentium ad ipsum; et unum et eumdem principalem in tota
civitate; ne si plures essent, esset occasio divisionis civitatis: nisi in
aliquibus partibus civitatis, lex quae ordinat de cultu divino determinavit
esse aliquam talem habitationem seorsum, vel aliquas, dependentes tamen ad
primam et principalem, in quibus cultus exhibeatur alicui oraculo, vel
Apollinis, vel uniuscuiusque alterius responsivi secundum opinionem
gentilium, qui stellas opinabantur quosdam deos. Locus autem iste conveniens
erit, si bene fuerit dispositus quantum ad duo. Primo quidem quod habeat
positionem bene se habentem ad apparentiam virtutis. Secundo, quod eminentior sit respectu partium
civitatis. Ex ipsa enim eminentia situs ostenditur praeeminentia eius qui
colitur, et ex apparentia virtutis dispositio colentium. [90092] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 16 Deinde cum dicit decet autem
declarat quales decet esse istas habitationes exterius; dicens, quod
expediens est sub loco huiusmodi habitationum, et ad meliorem eventationem,
et ad deductionem, esse quemdam forum praeparatum inter ipsas, et reliquas
habitationes, quod quidam dicunt debere esse liberum, vel ab immunditiis et
turpibus, vel quia ibi existentes et confugientes aliquam libertatem habeant,
vel utrumque; huiusmodi autem locum oportet esse segregatum ab omnibus
venalibus, quia locus iste, locus vacationis est; et ideo oportet ipsum esse
sequestratum a tumultu. Venalia autem non tractantur sine tumultu. Et iterum
locus hic ordinatus est ad virtutum exercitia. Negotiatio vero quae est circa
venalia, remota est ab hoc. Et iterum expediens est mercenarios et agricolas,
et alios tales viles quorum operationes per se non ordinantur ad virtutes,
non accedere ad locum hunc, nisi vocentur ab aliquo principum propter aliquam
necessitatem, si locus iste totaliter ordinatus est ad exercitia virtutum. [90093] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 17 Deinde cum dicit erit autem
declarat quales oportet eas esse in comparatione ad cives; dicens quod locus
praedictus bene gratiosus erit, et conveniens cultui divino, si distinctus
fuerit secundum gradus diversos, ita ut aliqua pars ordinetur ad gymnasia
seniorum exercenda, alia autem ad divinorum actus secundum ordinem; et sit
praeeminentia illius ad istum in dispositione et ornatu secundum praeeminentiam
seniorum ad iuvenes. Rationabile enim est locum habitationis et ornatum eius
distinctum esse secundum distinctionem aetatum, ita ut ipsa distinctio loci
distinctionem residentium ostendat; et expedit etiam, quod tempore praedicti
cultus, inter iuniores, sint aliqui principantes, et matronae apud principes
resideant; sic enim minus praeter rationem agent iuvenes ex fervore
iuventutis, et mulieres ex mutabilitate earum. In praesentia enim seniorum
causatur verecundia vera, quae est timor de turpi, et timor liberalis, qui
est turbatio ex phantasia futuri mali, quae solent retrahere magis mulieres
et iuvenes ab operatione turpi. Differentia est inter timorem liberum et
servilem: quia liber est quo aliquis timet amittere bonum honestum, et
secundum rationem; servilis autem est quo aliquis timet amittere bonum
secundum corpus, vel pati malum secundum ipsum. Corpus enim servus est
quodammodo respectu animae. [90094] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 18 Deinde cum dicit venalium autem
declarat dispositionem habitationum, quae ordinantur ad commutationem dicens,
quod forum rerum venalium oportet esse aliud, et remotum a loco praedicto;
quia locus venalium locus tumultuosus est, et locus praedictus ad vacationem
ordinatus quietem exigit: et expedit quod habeat seorsum locum congregativum
bonorum, quae a mari immittuntur, et seorsum aliorum, quae ab ipsa regione;
et ulterius in speciali secundum diversitatem generum rerum venalium; ita
quod alia pars ordinetur ad pannos, alia ad calceamenta, alia ad alia; sic
enim facilius expedientur commutationes, si sciverit unusquisque locum
determinatum ad unumquodque commutabilium. [90095] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 19 Deinde cum dicit quoniam autem
declarat dispositionem habitationum eorum qui sunt principaliores in
civitate; dicens: quoniam autem multitudo partium civitatis distinguitur in
sacerdotes qui ordinantur ad cultum divinum, et principes qui curant de
ordine civili, opportunum est habitationem sacerdotum, et locum ad convivia
ipsorum situari iuxta sacras aedes ordinatas ad cultum divinum, ut locus
habitationis ipsorum non sit remotus a loco cultus ad quem ordinatur; et quia
expedit eos habere locum quietum propter contemplationem in qua maxime debent
vivere inter alios. Principes autem qui ordinantur ad directionem
contractuum, et ad sententiandum super disceptationibus super eisdem, et ad
Scripturas sententiarum et vocationum civium, et ad alias huiusmodi
dispensationes tales, et qui ordinantur ad regulandum agros vel agrestes, et
qui ad regulandum corpus civitatis, etc., expedit habere habitationes circa
forum commune, et in loco ubi communiter concurrunt plures, qualis est locus
qui est circa forum rerum venalium; quia hic locus ordinatur ad necessarias commutationes
quibus plures indigent. Locus autem ad cultum ordinatus qui est in superiori
parte, indiget vacatione. [90096] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 20 Deinde cum dicit etenim in declarat
dispositionem habitationum exterius in regione, dicens quod similiter in
regione exterius, oportet aedes et habitacula disposita et distributa esse
secundum ordinationem proportionalem ei quae est in civitate. Sunt enim in
ipsa principes et magistratus quos oportet habere habitacula convenientia
principatui ipsorum, et ad ornatum, et ad fortitudinem. Iterum oportet esse
in regione aedes communes in diversis partibus regionis, ut opportunum est ad
custodiendum redditus et bona communia exterius collecta. Et iterum expedit
in regione exterius esse sacras aedes, seu templa particularia, in diversis
partibus, secundum quod opportunum est, distributa. Aliqua quidem ad cultum
deorum, alia vero ad cultum heroum: quod dicit secundum consuetudinem
gentilium, qui cultum divinum exhibebant animabus virorum, qui excellentes
fuerunt in virtute heroica. [90097] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 9 n. 21 Deinde cum dicit sed immorari
excusat se a diligentiori consideratione de his; dicens, quod de istis tanta
sunt dicta et restant dicenda plura. Sed immorari diutius in diligenter
inquirendo et determinando de ipsis, non utile propter facilitatem. Non enim
multum difficile est considerare quare oporteat illa ordinare secundum
rationem; sed facere ipsa magis difficile est propter raritatem eorum quae ad
hoc sunt necessaria. Determinare enim talia et considerare secundum
intellectum, est facere opus voti, seu voluntatis. Ipsa autem fieri vel esse,
pendet ex fortuna magis, quam a bona dispositione civium: et abundantia
bonorum exteriorum quae sunt necessaria ad praedicta, aliqualiter dependet ex
ea. Et ideo illa quae ulterius possent considerari de ipsis, praetermittuntur
ad praesens. |
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Lectio
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[90098] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 1 Postquam inquisivit philosophus de his quae supponenda
sunt ad instituendam optimam rempublicam ex parte finis et materiae civitatis
ipsius, transit nunc ad declarandum ex quibus et qualibus instituenda est
optima civitas. Et circa hoc primo praemittit intentionem suam, dicens,
declarato quae supponenda sunt ad futuram optimam rempublicam, nunc
determinandum est nobis de ipsa republica, scilicet ex quibus et qualibus
instituenda est civitas quae debet felicitari et bene gubernari simpliciter.
Secundo cum dicit, quoniam autem etc. prosequitur. Et circa hoc primo
ostendit, quod illos ex quibus constituitur optima civitas, oportet esse
studiosos. Secundo cum dicit, at vero boni etc. declarat per quot, et quomodo
efficiuntur tales: quia non sufficit in agibilibus scire qualem oportet esse
unumquemque, quoniam bonum et studiosum, sed qualiter contingit fieri talem.
Circa primum adhuc primo ostendit, qualem oportet esse civitatem optimam,
quoniam studiosam. Secundo cum dicit, at vero studiosa etc. ex hoc concludit,
quales oportet esse cives ex quibus componitur, quoniam studiosos. Civis enim
definitur per civitatem. Et quoniam civitas optima determinatur per finem
optimum, primo praemittit quaedam de ipsis. Secundo cum dicit, quoniam autem
etc. ex ipsis ostendit quae sunt necessaria ad civitatem optimam, et qualem
oportet eam esse. Circa primum primo tangit ea quae requiruntur ad hoc
quod homo sit optimus. Secundo cum
dicit, quod quidem igitur etc. quod non omnes homines eodem modo se habent ad
illud optimum. Circa primum est intelligendum, quod sicut in universo
invenitur duplex bonum, scilicet separatum, et bonum ordinis, et bonum
separatum maius est quam bonum ordinis, quod determinatur per ipsum secundum
Aristotelem duodecimo metaphysicorum; bonum autem perfectum ex istis bonis aggregatur:
sic in homine qui dicitur minus universum, duplex invenitur bonum quodammodo,
scilicet quod est finis, et quod ordinis: et bonum ordinis eorum quae ad
finem, per finem determinatur; et perfectum bonum hominis ex istis duobus
bonis aggregatum est. Hoc igitur supponens, dicit: quoniam duo sunt per quae
contingit omnes homines esse bonos, et sunt boni et qui boni sunt: quorum
unus est finis operationum rectus, et intentio ipsius recta; aliud autem est
inventio actionum et organorum ordinatorum ad ipsum finem. Optimum enim
uniuscuiusque consistit in optimo fine eius, et in ordinatione aliorum ad
ipsum. Accidit autem aliquando ista dissonare et consonare ad seinvicem.
Dissonare quidem: quia aliquando finis bonus ponitur, et intentio recta ad
ipsum subest. Peccatum autem est in actione eorum quae sunt ad finem, vel in
ordine. Aliquando autem e
contrario illa quae ordinantur ad finem subsunt omnia et recte ordinata, sed
finis positus et intentus malus est. Consonare quidem, quia aliquando
contingit quod peccatur in utroque; et in fine, et in his quae ad ipsum;
sicut circa medicinam accidit aliquando, quod medicus non recte iudicat quale
contingit fieri corpus quod convalescit, et ad quem terminum sanitatis
contingit ipsum deduci. Nec etiam bene accipit illa vel ordinat quae
deducunt ad suppositum terminum sanitatis. Aliquando autem utrumque recte accipit, rectum ponens
et intendens finem, et ea quae sunt ad ipsum recte ordinans. Homines vero in
omnibus artibus et scientiis, et universaliter virtutibus finaliter intendunt
optimum in illis: et ideo oportet, si debeant fieri in illis optimi,
attingere ad ambo: puta ad finem rectum et ad ordinationem actionum et
organorum quae ad finem. Apparet igitur, quod in qualibet arte et scientia
speculativa vel practica, homo est optimus per finem optimum, et ea quae ad
ipsum. [90099] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 2 Deinde cum dicit quod quidem
declarat quod non omnes homines eodem modo se habent ad suum optimum seu
felicitatem; dicens quod manifestum est ex se, quod omnes homines naturaliter
appetunt bene vivere. Omnia enim naturaliter appetunt suam perfectionem. Sed
non omnibus hominibus inest aequaliter habilitas ad adipiscendum hoc; sed
quidam sunt dispositi bene ad acquirendum eam, quidam autem indispositi, aut
propter materiam, aut propter naturalem complexionem per quam inclinantur ad
operationes inordinatas, aut propter formam, quia aliquod bonorum fortunae
quae sunt necessaria, deficit eis. Indiget enim debens felicitari et bene
vivere, inclinatione naturali ad hoc, et successu aliquo in exterioribus
bonis. Si quidem privatum omnibus bonis fortunae impossibile est bene
operari. Sed illi qui melius dispositi sunt ex natura ad hoc, minori indigent
successu; qui autem minus, ampliori. Aliqui etiam ita depravati sunt per
consuetudinem, vel aliquid aliud, quod quamvis inclinentur ex natura ad
felicitatem et bene vivere, non tamen recta via vel modo quaerunt eam: et
ita, quod aliquis non felicitetur, potest contingere, aut quia non recte
ponit felicitatem, aut quia non recte quaerit quae ad ipsam, aut propter
utrumque. [90100] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 3 Deinde cum dicit quoniam autem
declarat qualem oportet esse optimam civitatem. Et primo ostendit, quod ad
hoc primo necessarium est praeintelligere quid est ipsa felicitas, quasi
praemittens intentum. Secundo cum dicit, dicimus autem etc. declarat illud.
In prima parte dicit: quoniam propositum intentionis nostrae est considerare
de optima republica qualis sit, optima autem respublica est secundum quam
civitas optime gubernat et vivit, civitas autem optime gubernat et vivit quae
attingit ad felicitatem optimam. Et ideo oportet nos praeconsiderare illud,
per quod determinatur. Civitatem autem seu rempublicam optimam, per
felicitatem determinamus, ut dictum est. [90101] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 4 Deinde cum dicit dicimus autem
declarat intentum. Et primo praemittit definitionem felicitatis, et eam
explanat. Secundo cum dicit, utetur quidem utique etc. ostendit qualem
oportet esse civitatem optimam. Circa primum, primo praemittit definitionem
felicitatis in aliis positam; dicens, quod ad manifestationem intenti
diximus, et determinavimus in libro Ethicorum, si quidem ea quae determinata
sunt, bene utilia sunt ad propositum, felicitatem esse operationem et usum
virtutis perfectum simpliciter, et non ex suppositione. Felicitatis quidem
est operatio, quia habitus in potentia est et imperfectus; felicitatem autem
perfectum bonum dicimus. Virtutis autem, quia virtus est quae habentem
perficit, et operationem eius bonam reddit: felicitas autem bonum hominis est
perfectum: ergo secundum virtutem eius. Usus autem perfectus est, quia una
operatio sola non facit hominem felicem, sed multae et continuae. Continuati
autem alicuius actus usus perfectus est illius actus, secundum quod usus est
idem quod exercitium. Unde ista definitio eadem est secundum rem, ei quae
ponitur primo Ethicorum, qua dicitur, quod est operatio hominis secundum
virtutem perfectam, et in vita perfecta; ita ut quod ponitur hic usus
perfectus, sit idem ei quod ibi ponitur, in vita perfecta. [90102] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 5 Deinde cum dicit dico autem
explanat ultimam particulam, scilicet, non ex suppositione. Ad cuius
evidentiam est intelligendum, quod finis secundum se rationem boni habet.
Eorum autem quae ordinantur ad ipsum, quaedam sunt quae rationem boni de se
habent aliquam, et aliquam ex ordine ad finem, sicut medicina dulcis. Alia vero
quae secundum quod huiusmodi rationem boni et eligibilis non habent, sed
tantum ex ordine ad finem; sicut medicina amara; secundum se enim eligibilis
non est, sed propter sanitatem tantum. Et prima bona dicuntur simpliciter
bona. Secunda autem bona dicuntur ex hoc solum necessaria. Dicit igitur, quod
operationem bonam ex suppositione dico quae necessaria quidem est ad finem,
sed secundum se rationem boni non habet. Simpliciter autem bonam dico, quae
secundum se rationem boni habet, non tantum ex fine, sicut in actionibus
iustitiae. Sententiae enim condemnandorum et supplicia et punitiones eorum
procedunt a virtute iustitiae, et necessariae quidem sunt in civitate, quia
aliter non salvaretur civitas nec communicatio, et rationem boni habent, quia
necessariae. Secundum se autem eligibiles non sunt absolute. Eligibilius enim
esset, si contingeret quod homines vel civitates talibus non indigerent. Sed
actiones quae sunt circa honores et circa abundantiam exteriorum, sunt
simpliciter eligibiles secundum se. Rationem autem quare primae sunt
eligibiles, et non istae, tangit dicens quod electio sententiarum et
suppliciorum et aliorum huiusmodi in civitate, est electio alicuius, quod
malum est, secundum quod huiusmodi, sed in ordine ad finem. Electio autem
eorum quae circa honores et circa divitias et actiones eorum, e contrario,
est electio cuiusdam boni secundum se, quia sunt dispositiones quaedam ad
bonum et generationes eius. Honor enim disponit et factivus est boni secundum
animam, inquantum aliquis propter honorem operatur magna et honorabilia.
Divitiae autem naturales sunt factivae boni secundum corpus principaliter. [90103] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 6 Deinde cum dicit utetur autem
declarat ex dictis qualem oportet esse civitatem optimam. Et circa hoc, primo
ipse declarat qualiter ipse studiosus utitur bonis praedictis utrisque.
Secundo cum dicit, palam autem etc. declarat quod usus istorum qui est
secundum virtutem studiosus est. Tertio cum dicit, necessarium igitur etc. ex
dictis concludit qualem oportet esse civitatem optimam. In prima parte dicit
quod vir studiosus qui virtutem perfectam et appetitum ordinatum habet, bene
utitur his quae secundum se rationem boni non habent, sunt tamen ordinabilia
in finem: puta paupertate et aegritudine, defectu amicorum et huiusmodi,
secundum illud quod beatum est et perfectius est in usu contrariorum, puta
divitiarum, et sanitatis, et amicorum. Meliorem enim operationem facit ex
suppositione istorum, quia, secundum quod determinatum est a nobis in
sermonibus moralibus ad Eudemum, bonus et studiosus est, cui simpliciter bona
sunt bona propter ipsam virtutem. Cui autem simpliciter optima non sunt
optima, non est bonus vel studiosus; quemadmodum neque esse sanus videtur,
cui sana simpliciter non sunt sana. Sed sanitas et divitiae secundum se,
rationem boni habent: ergo bene utetur eis studiosus propter virtutem.
Studiosus etiam secundum rectam rationem utitur omnibus datis, quia per
rationem operatur. Ratio autem recta dicit, quod utatur unoquoque secundum
quod contingit melius ad finem. Si igitur paupertas et aegritudo, et eorum
contraria ordinabilia sunt in felicitatem, utetur studiosus istis pro
paupertate et divitiis meliori modo, quo contingit ad ipsam. Similiter et
eorum oppositis. Sed paupertate aut aegritudine suppositis, minus perfectas
faciet operationes, cum secundum se non sint bona. Divitiis autem et sanitate
suppositis, perfectiores, quia secundum se rationem boni habent: sicut bonus
coriarius ex corio dato meliores calceos quos contingit, facit; sed ex
meliori meliores, ex peiori autem peiores. [90104] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 7 Est autem intelligendum, ad
evidentiam dictorum et dicendorum iam, quod felicitas per se non existit in
bonis exterioribus, puta in divitiis, nec etiam in usu earum: in ipsis quidem
non existit per se, quia felicitatem nullus quaerit propter aliquid aliud,
divitias autem quaerunt propter aliud: vel propter necessitatem vitae, vel
propter operationem virtutis: ergo in ipsis non existit per se. In usu autem eius
per se non consistit: quoniam optimus usus divitiarum qui est in consumendo
eas, ut dicit Aristoteles primo rhetoricae, videtur ordinari per se immediate
ad bonum corporis, puta ad sustentationem naturae, vel saltem ad aliud
ordinatur: felicitatem autem non dicimus ad aliud ordinari. Et adhuc
felicitas operatio virtutis perfectissimae est. Bonus autem usus divitiarum
non est operatio perfectissimae virtutis; quia liberalitas seu magnificentia,
quarum est operatio, non sunt perfectissimae virtutes, sed prudentia aut
sapientia magis: ergo in usu ipsarum non consistit per se felicitas: oportet
tamen ipsas praeexistere ipsi felicitati. [90105] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 10 n. 8 Felicitas
enim consistit in optima operatione intellectuali per se. Ad operationem
autem optimam quamcumque, seu speculativam seu practicam, oportet
praesupponere consistentiam subiecti, et bonam dispositionem. Consistentia
autem, et bona dispositio, non sunt sine suppositione eorum quae sunt
necessaria ad vitam et bonam dispositionem, quae sunt divitiae seu bona
exteriora: ergo divitias necesse est praeexistere felicitati tam speculativae
quam practicae, quamvis alia ratione speciali sint praenecessariae practicae
seu civili. Quod autem est praenecessarium ad aliquid, videtur ordinari ad
ipsum sicut ad finem, et sicut instrumentum ad operationem. Et ideo divitiae
ordinantur ad felicitatem sicut ad finem, et sicut organum ad operationem. Ea
autem quae ordinantur ad finem, vel se habent ad aliud sicut organum ad
operationem, oportet esse commensurata, seu proportionata, fini seu actioni,
et non excedere vel deficere a media ratione. Divitias igitur quas necesse
est praeexistere felicitati, oportet esse commensuratas ei, ita ut nec
maiores nec minores quaerantur quam sint necesse ad ipsam: maiores tamen
exiguntur ad practicam seu civilem quam ad speculativam. Ad speculativam enim
sufficiunt secundum quod utiles sunt ad sustentationem vitae, et bonam
dispositionem corporis. Ad practicam autem, seu civilem, exiguntur ad hoc, et
ad expeditionem operationum practicarum, seu civilium; et quanto perfectior
est, tanto maiores. Et si a
praedicta commensuratione superexcedant, aut totaliter tollunt felicitatem,
aut saltem diminuunt ipsam. Sicut tanta potest esse magnitudo fistulae, quod
peior erit fistulatio; et adhuc tanta, quod penitus non erit. Similiter si
deficiant a mensura secundum quam sunt necessariae divitiae ad perfectam
felicitatem, secundum aliquid, parum diminuent ipsam. Si autem secundum
multum, totaliter tollent. Sicut si minor sit fistula quam quae nata est
moveri a fistulatore, parum debilior erit fistulatio; si autem multum, omnino
non erit. Sic igitur felicitas per se non existit in divitiis, nec in usu
earum per se. [90106] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 9 Verumtamen ipsae et usus earum qui
non est sine ipsis, sunt praenecessaria ad ipsam secundum quamdam mensuram et
proportionem; a qua si deficiant secundum minus et parum, minus perfecta erit
felicitas. Et hoc intendebat Aristoteles quando dixit quod studiosus utetur
paupertate et aegritudine bene ut contingit, quod autem beatum in contrariis
est. Si autem multum, non erit omnino. Eodem autem modo se habet et si
excedat secundum maius a praedicta mensura. Utrum autem
necessarium sit eas praeexistere per se vel per alterum, vel sicut proprias,
vel sicut communes, non refert ad propositum; dum tamen praeexistant secundum
hoc, quod commensuratae sunt. Ille tamen modus praeexistendi vel praehabendi eas
eligibilior videtur, quo habentur secundum hoc, quod necessariae et
commensuratae sunt ipsi fini, et quo minus impediuntur homines a rectitudine
operationis, sive per affectum sive per sollicitudinem inordinatam circa eas. [90107] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 10 n. 10 Deinde cum
dicit palam autem declarat, quod usus praedictos oportet esse studiosos;
dicens, quod manifestum est quod necesse est usus praedictorum bonorum,
scilicet divitiarum et sanitatis, et huiusmodi, studiosos esse et bonos, quia
usus qui sunt secundum virtutem studiosi sunt et boni: sed usus praedictorum
bonorum a studioso per se a virtute sunt: studiosus enim, secundum quod
huiusmodi, virtuosus est; ergo oportet usus praedictos studiosos esse. Propter quod credunt bona extrinseca, quorum
usus studiosus est, et a virtute esse. Similiter causas felicitatis quae est
operatio secundum ipsam: existimantes, sicut si aliquis existimaret quod lyra
esset causa bene citharizandi magis quam ars. Hoc autem inconveniens est. Ars
enim principalis causa citharizandi est ut unde principium et ratio motus:
lyra autem sicut materia vel organum motum ab arte. Similiter virtus seu
ratio principium est felicitatis, sicut unde motus vel ratio; bona autem
exteriora sicut materia vel organum motum ab illis. [90108] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 11 Deinde cum dicit necessarium
igitur concludit qualem oporteat esse civitatem optimam, dicens. Si civitatem
optimam oportet felicitari, felicitas autem est operatio vel usus perfectus
secundum virtutem, usus autem perfectus secundum virtutem, est usus bonorum
operum a studioso, necessarium est ipsam civitatem quam secundum votum
quaerimus optimam, habere abundantiam bonorum exteriorum quorum usus
necessarius est, et ipsam esse studiosam: usum oportet esse studiosum. Quorum
primum necesse est praeexistere, cuius fortuna est domina. Dicimus enim ipsam
esse dominam huiusmodi bonorum. Secundum autem oportet legislatorem procurare
per disciplinam et consuetudinem, scilicet ipsam esse studiosam. Studiositas
enim civitatis non est opus fortunae, quia secundum rationem est, et fortuna
est causa praeter rationem. Sed est operatio scientiae dirigentis, et
electionis inclinantis. [90109] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 10 n. 12 Deinde cum dicit at vero declarat ex dictis
quales oportet esse cives, quoniam studiosos; dicens, quod civitas studiosa
non est, nisi quia cives participantes reipublicae studiosi sunt. Civitas
enim non est aliud quam communitas quaedam civium secundum aliquam rationem.
Si ergo civitatem optimam oportet studiosam esse, ut probatum est, oportet
omnes cives in ea studiosos esse. Nos enim supponimus nunc quod in optima
civitate omnes cives participant republica. Et ideo ulterius considerandum
est nobis, qualiter civis fiat studiosus. Quamvis autem bonum et eligibile
sit unumquemque divisim studiosum esse, melius tamen et eligibilius est si
contingat omnes collectim esse studiosos. Quia illud quod est posterius
secundum viam generationis, perfectius et melius est in bonis et eligibilius,
eo quod prius est, si actus bonus melior est potentia ad ipsum. Sed omnes
collectim esse studiosos assequitur secundum viam generationis, eo quod est
unumquemque divisim studiosum esse, utroque existente eligibili et bono. Ergo
melius est et eligibilius. [90110] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 13 Deinde cum dicit at vero declarat
per quot, et quomodo efficiantur boni et studiosi. Et circa hoc declarat
primo per quot et quae efficiuntur tales. Secundo cum dicit, quod quidem
itaque etc. quales oportet esse eos secundum hoc. Circa primum, primo
proponit per quot et quae efficiuntur studiosi. Secundo cum dicit, etenim
nasci oportet etc. declarat. In prima parte dicit, quod viri fiunt boni
secundum virtutem, et studiosi secundum rationem, per tria. Ista autem tria
sunt naturalis dispositio ad virtutem, et illud quod est secundum rationem,
et consuetudo in operatione, et etiam ratio dirigens. [90111] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 10 n. 14 Deinde cum dicit et enim declarat. Et primo
quod natura faciat ad hoc. Secundo cum dicit, quaedam autem etc. quod
consuetudo. Tertio cum dicit, alia quidem igitur etc. quod ratio. In prima
parte dicit, quod debentem fieri bonum et studiosum oportet esse dispositum a
natura primo. Omnibus enim, quae fiunt natura vel arte, oportet supponi
materiam et bonam aptitudinem eius, si quod recipitur in alio recipitur per
modum recipientis: et ideo debentem esse bonum et studiosum oportet esse bene
natum ad hoc: puta, quod si homo habens intellectum et rationem, sed non
aliquod brutum irrationale. Et ulterius sic existens homo sit bene dispositus
secundum corpus, et per consequens secundum animam. Bene dispositi secundum
corpus, bene dispositi sunt secundum animam ut in pluribus. Si enim anima
secundum se unius rationis sit secundum speciem in omnibus hominibus, et non
suscipiat intensionem et remissionem, cum sit forma substantialis, diversitas
operationum ipsius et proprietatum, erit propter diversitatem corporum et
materiae, vel alicuius extrinseci alterius. [90112] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 15 Deinde cum dicit quaedam autem
declarat, quod consuetudo ad hoc faciat; dicens, quod quosdam homines non est
utilitas nasci, hoc est ex nativitate non sunt dispositi ad bonum, nec ad
opus intellectus, per consuetudinem autem transmutantur: sunt enim quidam qui
per naturam indifferenter se habent ad virtutem et ad contrarium, per
consuetudinem autem in operatione respectu alterius determinantur ad alterum,
puta vel ad melius vel ad deterius. Sed illi qui bene dispositi sunt ad
virtutem, puta consuetudine, indigent operatione ad hoc ut fiant boni; qui
autem ad contraria inclinantur ex natura, non possunt fieri boni, aut cum
difficultate et multa consuetudine. [90113] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 16 Deinde cum dicit alia quidem
declarat quod ratio: dicens quod alia animalia ab homine, sola naturali
inclinatione, hoc est memoriis et imaginationibus agunt actiones suas;
quaedam autem parva secundum quantitatem agunt aliquas actiones per
consuetudinem, sic illa quae bonam aestimativam habent, ut canis, equus, et
similia. Homo vero actiones suas dirigit ratione; solus enim inter animalia
rationem habet, per quam determinatur. Quare hoc oportet consonare inter se,
scilicet naturam, consuetudinem, et rationem: semper enim posterius
praesupponit prius. Multa enim sunt quae agunt homines praeter naturam et
consuetudinem propter rationem, si suadeatur ab illa contrarium esse melius;
sicut in continente apparet, quod quamvis inclinetur ad prosequutionem
passionis, sequitur tamen rationem persuadentem contrarium. [90114]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 10 n. 17 Deinde cum dicit quod quidem declarat quales
oportet eos esse. Et primo continuat dicta ad dicenda. Secundo cum dicit, cum
vero etc. prosequitur. In prima parte dicit, quod prius determinatum est
quales oportet esse secundum naturam futuros studiosos et bonos, ubi dictum est
quales oportet esse bene gubernantes. Nunc autem considerandum est nobis
quales oportet esse secundum disciplinam, ad quam reducuntur consuetudo et
ratio: addiscunt enim aliqua per assuefactionem, aliqua autem audientes
ratiocinantem alium. [90115] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 18 Deinde cum dicit quoniam autem
prosequitur. Volens autem ostendere quales oportet esse cives secundum
disciplinam, quoniam in civitate in qua sunt quidam principantes et quidam
subiecti, primo inquirit, utrum eamdem oporteat esse disciplinam
principantium et subiectorum in optima civitate. Secundo cum dicit, quoniam
autem civis etc. prosequitur principale intentum. Et circa hoc primo
praemittit intentionem suam, et modum considerandi. Secundo cum dicit,
siquidem igitur etc. prosequitur. In prima parte dicit, quod omnis civitas
composita est ex principantibus et subiectis. In omnibus enim quae ex
pluribus constituta sunt, sive natura, sive arte, ex quibus est unum aliquod
commune, sive ex coniunctis sive ex divisis, videtur esse principans aliquid,
et aliquid subiectum: sicut ostensum est in primo huius. Considerandum est a
nobis iam utrum expedit in civitate optima aliquos et diversos esse
principantes et subiectos per vitam, aut eosdem secundum suppositum,
differentes secundum aliquam dispositionem: quia manifestum est quod
consequenter se habebit huic divisioni de disciplina ipsorum de qua
intendimus nunc. Si enim omnino sint diversi principantes et subiecti, et
disciplinam oportebit esse aliam; si autem iidem, eamdem proportionaliter.
Cuius ratio est, quia illud per quod determinantur principans et subiectum
est disciplina recta in ordine ad operationem, diversitas autem vel unitas
determinantium. Si igitur principantes et subiecti diversi sunt omnino, et
disciplina ipsorum diversa erit; et si iidem, et eadem proportionaliter. [90116] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 19 Deinde cum dicit siquidem igitur
prosequitur. Et primo inquirit, utrum expedit eosdem esse principantes et
subiectos, aut non. Secundo cum dicit, quare et disciplinam etc. ex hoc
concludit proportionale de disciplina. Circa primum primo ostendit, ubi
expedit eosdem principari semper et alios subiici. Secundo cum dicit, quoniam
autem hoc non facile etc. declarat quod communiter melius et magis
necessarium est eosdem esse principantes et subiectos in alio tempore. Circa
primum intelligendum est prius quod participans se habet ad subiectum sicut
agens ad passum et movens ad motum: principantis enim est movere et dirigere
subiectum, subiecti vero moveri et dirigi secundum quod huiusmodi. Movens
autem et agens secundum quod tale excellentius est passo et moto secundum
quod huiusmodi; quia illud est in actu, hoc autem in potentia; et ideo
principans in eo quod principans, oportet esse excellens: excellentia autem
moventis respectu moti attenditur in ordine ad operationem quantum ad formam
eius principaliter, deinde autem quantum ad dispositiones materiae substantis
ipsi formae, tertio quantum ad exteriora coadiuvantia ad ipsam. Et ideo
oportet quod excellentia principantis respectu subiecti in ordine ad finem
attendatur principaliter ad formam, secundum quam agit ut huiusmodi, deinde
autem quantum ad dispositiones materiae, et ultimo quantum ad exteriora.
Forma autem secundum quam operatur principans in optima republica est
disciplina recta secundum rationem rectam, puta prudentia et virtus civilis.
Dispositiones autem materiae sunt bonae dispositiones ipsius ad istas, sicut
inclinatio naturalis et bona dispositio corporis; coadiuvantia autem exterius
sunt potentia et divitiae. Et ideo expedit principantem in optima republica,
si possibile est, excedere subiectum et quantum ad prudentiam et virtutem
quae sunt bona animae, et quantum ad bona corporis et quantum ad exteriora.
Unde dixit philosophus octavo Ethicorum: non est rex qui non est per se
sufficiens et omnibus superexcellens. Et ideo si inveniatur aliquis unus in
civitate vel regno qui omnibus istis superexcellat alios, iustum est ipsum
principari solum quamdiu est talis: si autem secundum successionem inveniatur
tale in aliquo genere, expedit secundum genus principari sicut prius, ut in
tertio dictum est. Si autem inveniantur plures qui sic excedant reliquam
multitudinem, expedit eos principari per vitam. Et hoc est quod ipse dicit:
si fuerint aliqui in civitate qui tantum differant ab aliis, quantum credimus
deos, idest divinos homines, et heroes, idest attingentes ad virtutem
heroicam, quae est perfectissima virtutum sive intellectualium, seu moralium,
differre ab aliis hominibus communiter, (ita ut primo secundum vitam
generationis multam habeant excellentiam secundum corpus, idest secundum
dispositiones materiales, puta secundum magnitudinem et pulchritudinem et
inclinationem ad virtutem, deinde autem et secundum perfectiones animae, ita
ut excellentia istorum respectu illorum sit manifesta sine dubitatione);
manifestum est quod melius est semper eosdem in tota vita, hos quidem esse
principantes, scilicet excellentiores, hos autem esse subiectos, scilicet
deficientes. Excellentius enim et perfectius, quamdiu est huiusmodi, natum
est principari ei quod deficit secundum naturam respectu illius. [90117] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 20 Deinde cum dicit quoniam autem
declarat quod melius et magis necessarium est communiter eos principari et
subiici secundum aliud et aliud tempus. Et primo declarat, quod melius est
eosdem esse principantes et subiectos secundum aliud et aliud tempus. Secundo
cum dicit, at vero quod etc. quod necesse est eosdem secundum aliquid esse
alteros. Tertio cum dicit, qualiter igitur etc. qualiter expedit eosdem esse
et alteros. Circa primum intelligendum est, quod aliquos esse sicut
excellentes totam multitudinem, ut praedictum est, est rarum valde propter
summam perfectionem ipsorum: rarum autem difficile est invenire; et ideo
dicit: quoniam non est facile nunc in civitatibus accipere vel invenire
aliquos excellentes in tantam reliquam multitudinem, nec inveniuntur reges
tantum differentes a subditis, quantum heroes ab hominibus sicut scylax dixit
esse inter Indos; manifestum est quod melius et magis necessarium est eosdem
quandoque principari, quandoque autem subiici secundum partem, propter multas
rationes. Illi enim qui sunt similes secundum naturam et virtutem, habent
idem iustum et aequale, et aequaliter debent recipere de communibus.
Principari autem honor communis est: et ideo illi qui sunt similes secundum
praedictum modum, aequaliter debent principari. Sed non possunt secundum idem
tempus omnes; ergo secundum aliud et aliud. Iterum respublica fundata super
iniustum subditorum non est bene mansiva, quia cum subditis gravatis per
iniustitiam sunt omnes mali et insolentes in regione, qui volentes de facili
possunt corrumpere rempublicam: sed respublica in qua iidem semper
principantur similibus existentibus super iniustum fundatur et inaequale;
ergo bene mansiva non est. Sed quia aliquis diceret quod potentia subditorum
et insolentium reprimi potest per potentiam principantium, quasi removens
hoc, dicit: subditi et insolentes in regione multi sunt, et magnam potentiam
habent valde. Tot autem invenire secundum multitudinem in republica
principantes qui sint potentiores omnibus istis, est aliquid de numero
impossibilium; ergo illorum potentia per istos reprimi non potest. [90118] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 21 Deinde cum dicit at vero declarat,
quod oportet eosdem esse aliqualiter alteros, dicens: at enim manifestum est
consideranti secundum rationem et indubitanter, quod principantes et subiectos
oportet habere aliquam diversitatem, quia principans ad subditum se habet
sicut movens et ens in actu ad motum et ens in potentia; ista autem secundum
se differentiam aliquam habent; ergo principantem et subditum oportet
aliqualiter differre. Et ideo oportet legislatorem et civem considerare
qualiter oportet illos esse eosdem et alteros, et qualiter sic se habentes
participabunt principatui et subiectioni. [90119] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 22 Deinde cum dicit qualiter igitur
declarat, qualiter oportet eos esse eosdem et alteros; dicens quod prius ubi
determinatum est de partibus civitatis per se, dictum est de hoc. Natura enim
faciens in eodem genere hominum aliud Iunius, aliud senius procedendo de
imperfecto ad perfectum, dedit nobis modum per quem possimus eligere, quando
idem magis debet principari quam subiici. Manifestum est enim, quod idem
secundum quod Iunius est, magis expedit subiici. Iunius enim secundum quod
huiusmodi imperfectius est, secundum quod huiusmodi, et robustius ad
operandum opera ministerialia; hanc autem ad subditum pertinent. Senius autem
perfectius est, quia posterius secundum generationem, et secundum virtutem et
secundum intellectum. Non enim pueri iudicant sensibus ut presbyteri, ut dicitur
septimo physicorum, c. 2. Per haec autem determinatur principans, ut dictum
est prius. Sed quia aliquis diceret, quod iuvenes indignantur, si secundum
aetatem illam sint subditi, hoc removet dicens quod nullus iuvenis bene
ordinatus indignabitur, si subiiciatur in aetate iuventutis, nec putat se
valentiorem esse senioribus et progenitoribus suis, siquidem eos reveretur.
Non credens autem valentior esse, non indignabitur si subiiciatur. Et aliter,
quia futurus suscipere honorem principatus ex ordine reipublicae cum fuerit
perfectus. In aetate senili vero habet rationem per quam debeat indignari, si
nunc non principetur. Sic igitur dicendum est, quod expedit eosdem principari
et subiici uno modo, puta secundum appositum, altero autem secundum alium
modum, puta secundum Iunius et senius. [90120] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 23 Deinde cum dicit quare et
disciplinam concludit proportionaliter se habere de disciplina primo. Secundo
cum dicit, est autem principatus etc. distinguit principatum, ut appareat in
quo praedicta veritatem habeant, et in quo non. Primo igitur concludit, quod
si in civitate bene ordinata oportet eosdem esse principantes et subiectos
secundum unum modum, alios secundum alium, necesse est disciplinam ipsorum uno
modo esse unam, alio autem modo alteram; quia principans et subiectum in
optima civitate determinantur per disciplinam, puta per prudentiam et
virtutem, per quas hic recte obedit, ille recte praecedit; et ideo sicut
principantes et subiecti sunt iidem vel alteri, ita et disciplinam oportet
esse eadem vel alteram. Dicunt enim quod illum qui debet principari oportet
prius subditum fuisse, et subditum addiscere quae oportet principantem
facere: non enim bene principatur qui non quandoque sub principe fuit, ut
dicitur in tertio huius. [90121] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 24 Deinde cum dicit est autem
distinguit principatum, ut appareat in quo veritatem habet quod dictum est.
Quod primo facit. Secundo cum dicit, differunt autem quidem etc. declarat
unde assumenda est differentia subditi in utroque principatu. In prima parte
dicit, quod duplex est principatus, sicut dictum est in primis sermonibus,
idest in tertio libro. Unus quidem qui principaliter est ad bonum
principantis, propter autem bonum subditi secundum accidens. Alius autem est
qui principaliter est propter aliquod bonum subditorum, vel alicuius communis
principanti et subiecto ex consequenti propter utilitatem principantis. Et
primus istorum dicitur principatus dominativus, qui est domini ad servos. In
principatu igitur dominativo non expedit eumdem esse principantem et
subiectum secundum aliquod tempus, sed eosdem esse principantes semper, puta
servos secundum naturam; non enim sunt similes secundum naturam. In principatu
autem politico expedit quod dictum est quantum ad principari et subiici, et
quantum ad disciplinam; sunt enim isti similes secundum naturam, quia liberi. [90122] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 10 n. 25 Deinde cum dicit differunt autem
declarat, ex quo sumenda est differentia per se utrorumque principantium. Et
est intelligendum, quod operum ministerialium quaedam sunt honesta magis,
quaedam autem inhonesta et servilia. Honesta opera
ministerialia indifferenter conveniunt subditis in utroque principatu, sed ad
alium et alium finem. Dicit igitur quod quaedam praecepta, puta honesta,
communiter servis et liberis quantum ad operationem non differunt: eodem enim
modo ea exequuntur, et liberi subditi et servi: sed magis differunt in ordine
ad finem: quia servus operatur gratia domini, liber autem gratia sui vel boni
communis. Et hoc accidit propter hoc, quia honestum est iuxta liberos subditos,
multa eorum quae videntur ministerialia opera exercere, sicut dictum est, et
actiones non sic differunt honesto et inhonesto secundum se acceptae sicut in
ordine ad finem, gratia cuius sunt et dicuntur magis honestae et inhonestae
quam secundum se, et ut naturales sunt. |
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Lectio
11 |
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[90123] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 1 Postquam philosophus ostendit, quod in republica recta
principantis et subiecti est eadem disciplina uno modo, et altero alia,
transit nunc ad declarandum qualiter et per quas adinventiones efficiantur
cives bene disciplinati seu studiosi. Et circa hoc primo dat intentionem suam
et ordinem considerandi. Secundo cum dicit, divisae sunt autem etc.
prosequitur. In prima parte dicit: quoniam intendimus principaliter
considerare qualiter, et per quae civis efficiatur disciplinatus et
studiosus, eadem autem est disciplina seu virtus civis optimi in optima
republica per quam ordinatur in felicitatem perfectissimam, quae est finis,
et illa etiam principantis in ipsa, similiter autem optimi viri, etsi eumdem
oportet prius subditum esse cum est iuvenis et imperfectus, posterius autem
principantem cum est perfectus: magis considerandum est civitatem gubernanti,
seu legislatori, qualiter et per quas adinventiones fiunt optimi viri et bene
disciplinati. Et quia ratio istorum sumitur ex fine ultimo vitae humanae,
considerandum est quis est ille finis. Hoc enim ostenso, apparebit qualiter
et per quas adinventiones cives fiant bene disciplinati et studiosi. [90124] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 2 Deinde cum dicit divisae sunt prosequitur.
Et primo declarat quis est finis ultimus vitae humanae. Secundo cum dicit,
quoniam autem idem finis etc. declarat, quod virum et civitatem felices
oportet habere omnes virtutes. Tertio cum dicit, qualiter autem et per quae
etc. declarat per quae et qualiter erunt bene disciplinati, seu virtuosi. Quid autem sit felicitas
declarat per divisionem partium animae primo. Secundo cum dicit, divisa est autem vita tota etc.
declarat vitam humanam et agibilia ab homine proportionaliter dividi et se
habere partibus animae praedictis. Circa primum, primo
ostendit felicitatem consistere in eo quod pertinet ad partem animae
rationalem per essentiam. Secundo cum dicit, melius autem etc. declarat eam
consistere in operatione partis animae rationalis speculativae. Circa primum
est intelligendum quod ultimus finis vitae humanae non consistit
principaliter in aliquo eorum quae per se pertinent ad corpus (corpus enim et
perfectiones ipsius sunt propter animam); sed magis in aliquo eorum quae ad
animam pertinent, quae est excellentior pars hominis. In anima autem est considerare partem rationalem
quocumque modo, et irrationalem omnino. In actu autem partis animae
irrationalis omnino non potest consistere ultimum finis vitae humanae;
quoniam necesse est ipsum consistere in aliquo quod est proprium hominis, in
quo distinguitur ab aliis, quia ultimus finis hominis est proprius ei: pars
autem animae irrationalis omnino communis est sibi et aliis: ergo non
consisteret in aliqua perfectione pertinente ad partem illam, sed magis in
aliqua pertinente ad partem animae rationalem aliquo modo. Sed cum haec pars
animae divisa sit in plures, vult declarare philosophus in perfectione cuius
illarum consistat, dicens: partes animae rationem habentis sunt duae
distinctae adinvicem: quarum altera est quae est rationalis per essentiam
accipiens rationem in ratione, quod quid est, alia autem est quae secundum se
non est rationalis, nec accipit rationem in ratione dicente quid est, sed
rationalis est secundum quamdam participationem, quia nata est obedire
rationi, vel ordinari vel deduci ab ea. [90125] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 3 Cuiuslibet autem istarum partium
animae rationalis sunt aliquae virtutes morales; puta temperantia, iustitia
in irrationali. In rationali autem per essentiam sunt rationes, puta
prudentia, sapientia. Et
manifestum est ex dictis, quod in actu alicuius harum consistit ultimus finis
hominis: sed in qua et cuius actu manifestum est qualiter est dicendum eis,
qui dividunt partes animae rationalis secundum quod nos divisimus eas. In
unoquoque enim genere illud quod deterius est et minus bonum, est gratia
melioris: et hoc apparet per se, et in his quae fiunt a natura, et in his
quae fiunt arte. In natura enim materia est gratia formae, et elementa prima
simplicia propter mixta, in quibus imperfecta sunt gratia perfectorum, puta
in genere animalium. Similiter et in his quae sunt secundum artem se habet:
ligna enim et lapides sic disponuntur gratia formae domus, domus autem est
gratia habitationis. Ratio autem dicti est, quoniam id quod deterius est in
unoquoque genere, rationem imperfecti et entis in potentia habet: melius
autem in eodem rationem perfecti et entis secundum actum. Imperfectum autem et
ens in potentia se habent ad perfectum et ens in actu, sicut potentia ad
actum in eodem genere. Potentia autem est gratia actus in eodem genere: ergo
ens in potentia et ens imperfectum, est gratia entis in actu et perfecti, et
ulterius deterius gratia melioris in eodem genere. Sed rationale per essentiam
melius est in partibus animae rationali participatione: quia illud quod per
essentiam est tale, melius et perfectius est eo quod per aliud est tale: ergo
rationale participatione erit gratia rationalis per essentiam, et per
consequens perfectio eius gratia perfectionis istius. Si igitur illud cuius gratia aliud est, rationem finis
habet respectu illius, pars animae rationalis per essentiam, et aliqua
perfectio eius erit finis partis rationalis per participationem et
perfectionem eius. [90126] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 4 Deinde cum dicit melius autem
declarat, quod ultimus finis vitae humanae consistit in operatione partis
animae speculativae; dicens quod pars animae rationalis per essentiam divisa
est in duas partes, sicut communiter solemus dividere: quarum altera est
practica, quae ratiocinatur de agibilibus possibilibus aliter se habere:
altera autem speculativa, quae negotiatur principaliter circa naturam entium,
et impossibilium aliter se habere secundum quod huiusmodi. Et quia
operationes consimiliter dividuntur principiis, et se habent adinvicem
proportionaliter sicut illa; necesse est operationes huiusmodi partium
divisas esse, et alteram esse operationem practicam, alteram autem
speculativam, et ista se habere adinvicem proportionaliter, sicut practicum
ad speculativum se habet. Et per consequens operationes melioris partis
secundum naturam oportet esse meliores secundum se et eligibiliores illis,
qui possunt sortiri illis, aut omnibus operationibus aut saltem duabus si non
fuerint nisi duae. Operatio enim sequitur naturam per se, et ideo
perfectioris est perfectior, et unicuique illud est magis eligibile, quo
potest attingere ad summum et perfectissimum; hoc autem est operatio
perfectioris secundum naturam. Ex quibus accipienda est ista propositio: quod
melioris partis animae et excellentioris melior est operatio, et magis
eligibilis simpliciter, et per consequens magis rationem finis habens. Sed
pars animae speculativa melior et perfectior est natura quam practica. Quod
quidem apparet ex ratione obiecti. Illa enim pars animae intellectualis
perfectior et melior est in genere intellectus cuius obiectum magis habet
rationem intelligibilis: quia natura potentiae consideratur ex ratione
obiecti, et magis intelligibile secundum naturam perfectius est in genere
intelligibilium. Sed obiectum intellectus speculativi magis habet rationem
intelligibilis, quam obiectum intellectus practici. Huius enim obiectum est
bonum agibile, et possibile aliter se habere; quae minus rationem intelligibilis
propter rationem motus et possibilitatis adiunctorum habent. Obiectum autem
intellectus speculativi est natura entium intransmutabilium, aut non secundum
quod transmutabilia, quae magis rationem intelligibilis habent, sicut remota
magis a motu et materia: ergo pars animae speculativa excellentior et
nobilior erit practica. Sequitur igitur, quod operatio ipsius perfectior et
eligibilior erit, et magis habens rationem finis. Istius principalis
rationis, maiorem solum ponit philosophus cum declaratione eius. [90127] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 5 Deinde cum dicit divisa est
declarat primo totam vitam humanam et agibilia ab homine consimiliter dividi
partibus animae et actionibus, et dividentia proportionaliter se habere
illis. Secundo cum dicit, ad omnia quidem igitur etc. ex dictis concludit
quaedam corollaria. Tertio cum dicit, qui autem nunc etc. reprobat opinionem
quorumdam contrariam dictis. Primo igitur dicit: quoniam actus et obiecta
proportionaliter dividuntur ipsis potentiis, et se habent adinvicem
dividentia, sicut et ipsae potentiae ad se, tota vita humana, idest
conversatio secundum rationem, quae est actus animae rationem habentis,
divisa est proportionaliter partibus animae dictae in negotium, idest in exercitium
virtutum moralium principaliter, quae sunt ad alterum, et in otium, idest in
exercitium virtutum contemplativarum, quod magis in otio fit, et in
exercitium belli et pacis: et agibilia ab homine divisa sunt in bona
necessaria et utilia ad finem, et in bona secundum seipsa, circa quae oportet
se habere electionem sicut circa partes animae; ut sicut pars animae
rationalis per participationem est gratia rationalis per essentiam, et
huiusmodi gratia speculativae, ita hic bellum quaerendum propter pacem, et
exercitium virtutum practicarum propter otium in contemplatione, ut
consequenter magis dicet, et bona necessaria et utilia in finem propter illa
quae sunt secundum se bona. [90128] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 6 Deinde cum dicit ad omnia concludit
corollaria duo. Secundum ibi, quare ad has et cetera. In prima dicit: quia
civilis gubernatoris et legislatoris est per leges et consuetudines facere
bonos cives civitatis, gubernatorem expedit aspiciendo ad omnia praedicta leges
ordinare; puta aspiciendo partes animae, debet quidem ferre leges, per quas
bene disponantur ad virtutes et actiones, et per quas actiones ipsarum
dirigantur secundum rationem; et magis debet esse sollicitus ad ordinandum
meliora, et quae rationem finis habent; puta circa partem animae
principaliorem, et actiones eius: sic enim videmus naturam magis sollicitam
esse circa nobiliora. Eodem modo expedit ipsum ferre circa vitas, idest
conversationes, et circa divisiones agibilium, puta circa utilia et secundum
se bona ad dirigendum in eis. Expedit enim civitatibus habere potentiam
operandi operationes virtutum practicarum, et debellare quandoque, quod fit
in non vacando; et ulterius in otio et in tranquillitate vivere, et magis
quanto hoc est melius quod fit in vacatione: et oportet eos utilia in finem
posse agere, magis autem ea quae sunt secundum se bona. Ad omnia autem ista
indigent aut habitibus quibusdam aut consuetudine inclinantibus, aut legibus
et ratione dirigentibus. [90129] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 7 Deinde cum dicit quare ad has
concludit secundum corollarium, intendens quod quia ex similibus
operationibus similes habitus fiunt et operationes per leges diriguntur, nec
parum differt sic vel sic a iuvene assuefieri; sed multum expediens est in
civitate ordinata, pueros adhuc existentes ad intentionem legum erudiri et
assuefieri, obedire eis et operari secundum eas; similiter eos qui sunt
alterius aetatis indigentis eruditione et assuefactione. Consueta enim sunt delectabiliora.
Delectabiliora autem libentius et facilius operantur. [90130] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 8 Deinde cum dicit qui autem reprobat
opinionem contrariam quibusdam praedictorum. Et primo tangit opinionem ipsam
et reprobat eam. Secundo cum dicit, quod autem oportet etc. manifestat
quoddam acceptum prius. Circa primum primo tangit opinionem erroneam. Secundo
cum dicit, quae est secundum rationem etc. reprobat eam. Tertio cum dicit,
neque itaque etc. concludit contrarium ipsius, quod est principale intentum.
In prima parte dicit, quod quidam Graecorum qui optime dicuntur a quibusdam
gubernare et legislatores instituentes respublicas ipsorum contra praedicta
peccaverunt in duobus. Primo quidem, quia ordinem civilem non ordinaverunt ad
finem optimum hominis. Secundo quia leges quae significant ordinem civilem et
eruditionem non instituerunt ad operationes virtutum optimarum, sed magis
declinaverunt ad ea quae videntur utilia, per quae possent ditari et
supergredi dominando aliis. Similiter autem et quidam philosophantes qui de
republica scripserunt posterius, enunciaverunt eamdem opinionem, puta Plato
et alii quidam qui laudantes rempublicam Lacedaemoniorum, laudaverunt
intentionem legislatoris, quia omnia statuta ordinavit ad principandum
vicinis, et ad bellum per quod subiicerentur. [90131] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 9 Deinde cum dicit quae et secundum
reprobat eam; et primo ex ipsis operationibus manifestat ipsam redargutam.
Secundo cum dicit, non recte autem etc. per rationes. Ex operibus autem docet
eam redargutam dupliciter. Secundum facit, ibi, quamvis palam et cetera. In
prima parte dicit quod respublica et leges et statuta praedictorum facile
possunt redargui per rationem et factis contingentibus redarguta sunt. Si
enim ordo civilis ipsorum et leges et eruditiones essent optimae, tunc ex
virtute illorum principarentur aliis: nunc autem hoc non videmus. Sicut enim
plures homines appetunt principari pluribus, quia principantes fortunatos
videntur habere successus, sic Thybron et quilibet alius scribens de
republica Lacedaemoniorum laudaverunt legislatorem eorum, quia multis
principabantur, non quidem propter ordinem civilem per se, sed quia
exercitati erant ad pericula bellorum, quamvis etiam manifestum sit quod nunc
pluribus non principantur, nec etiam sunt felices remanente eadem republica. Legis igitur lator
in ordinando praedictam rempublicam bonus non fuit. [90132] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 11 n. 10 Deinde cum
dicit quamvis palam ponit secundum; dicens, quod adhuc dignum est derisione,
si Lacedaemonii praedicti perseverantes in eisdem legibus, quibus prius,
nullo prohibente eos vivere secundum eas, non vivunt bene secundum rationem. Irrationabile enim est, si leges eorum et
respublica rectae sunt quod viventes secundum eas non vivant recte. Palam
autem est, quod ipsi tenentes easdem leges, non ducant optimam vitam: leges
igitur et ordinatio reipublicae ipsorum rectae non sunt. [90133] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 11 Deinde cum dicit non recte docet
eam esse redarguibilem per rationem; et principaliter quantum ad principatum.
Et circa hoc primo ponit rationem unam. Secundo cum dicit, praeterea etc.
aliam. In prima parte dicit, quod legislator Lacedaemoniorum et aliorum
praedictorum non rectam existimationem habent de principatu supremo in
republica quem maxime videtur honorare et iudicant honorandum, sicut optimum:
principatus enim ipsorum est principatus dominativus quo principantur etiam
indigni servire. Tali enim principatu est alius principatus civilis liberorum
excellentior et magis secundum virtutem; quare magis laudandus erit. [90134] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 12 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
secundam rationem; dicens, quod non est rationabile credere civitatem esse
felicem, et legislatorem ipsius laudare, quia potest principari super vicinos
qualitercumque: principari enim ipsis quomodocumque optimum non est, sed
magnum nocumentum affert civitati. Si enim hoc optimum esset, si in civitate
aliquis inveniretur praepotens aliis expediret ipsum propriae civitati
principari solum et tentare qualiter posset eam totam subiicere sibi: de quo
sicut de inconvenientia Lacedaemones increpaverunt Pausaniam regem ipsorum
qui honorem regalem habens apud eos et divitias et possessiones multas,
voluit propriae civitati ipsorum principari solus. Praedictus igitur modus
principandi optimus non est. [90135] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 13 Deinde cum dicit neque itaque
concludit contrarium; dicens, quod ex praedictis rationibus manifestum est
quod nulla legum praedictarum et rationum quae ad praedictum modum gubernandi
ordinatur civilis est, hoc est ordinata optime, neque proficua civitatibus;
neque etiam vera est in se; quia non ordinata ad optimum finem, ut
praetendunt. Eadem enim optima et privatim et publice inducere oportet in
animos hominum legislatorem; et studium civium quod habent et ad cives et
etiam ad adversarios non ordinari ad hoc ut subiiciant servituti eos qui non
sunt naturaliter servi. Talis enim principatus cum sit contra inclinationem
naturalem, non potest esse continuus, nec amicabilis. Sed debent intendere
primo, quod ipsi non efficiantur servi aliorum indigni existentes. Secundo,
si appetant principatum, appetant ipsum propter utilitatem subditorum non
propriam; nec propter hoc ut principentur eis dominative. Haec enim est
differentia inter dominativum et civilem, quia principans principatu
dominativo principatur per se non propter utilitatem subditi; e contrario est
de civili, sicut dictum est in tertio huius. Tertio autem debent intendere
qualiter principabuntur eis qui nati sunt eis servire: hoc enim est iustum,
et ad tales contingit movere iustum bellum si fuerint rebelles. [90136] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 14 Deinde cum dicit quod autem
declarat quoddam suppositum per signum; dicens, quod ea quae apparent ad
sensum testificantur rationi; quia magis oportet legislatorem intendere ad
pacem quam ad bellum, et magis studere gratia huius quam illius, sicut
suppositum est prius. Videmus enim quod plurimae civitates quamdiu sunt in
exercitio belli contra adversarios salvantur. Cum autem obtinuerint contra
eos et vivunt in pace, corrumpitur respublica eorum. Bellantes enim multas
virtutes habent, sicut dictum est prius, puta temperantiae, fortitudinis,
liberalitatis et religionis, propter quas sibiinvicem minus sunt iniuriosi.
Pacem autem habentes occasionem exercitandi in actibus huiusmodi virtutum non
habent, dant autem se voluptatibus congregantes divitias per quas aestimant
se posse voluptuose vivere: propter quod efficiuntur sibiinvicem iniuriosi et
seditionem inducunt. Delicatam enim et quietam vitam ducentes, quasi rubiginem
pravorum habituum et consuetudinum contrahunt: exercentes autem se in
bellicis clarificantur per actus virtutum, sicut ferrum, quia tum facili
rubiginem contrahit, elaboratum autem quamvis usus consumat, clarificat tamen
et emendat, sicut Seneca dicit. Causa autem huius fuit legislator ipsorum qui
non ordinavit eis honestas occupationes quibus vacarent cum cessarent a
bellis, puta exercitium studii in philosophia et partibus eius; hoc enim
multas et admirabiles delectationes habet puritate et firmitate, sicut dicit
philosophus decimo Ethicorum. [90137] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 15 Deinde cum dicit quoniam autem
declarat quod civitatem et unumquemque existentes simpliciter felices oportet
habere omnem virtutem. Et primo hoc declarat. Secundo cum dicit, quod quidem
igitur etc. concludit hoc declaratum, adiungens quamdam persuasionem. Circa
primum primo ostendit quod debentem felicitari simpliciter oportet praehabere
omnes virtutes quae exiguntur ad vacationem. Secundo cum dicit, finis est
enim etc. ostendit quod oportet praehabere omnes virtutes et ad vacationem et
quae non ad vacationem ordinantur. Circa primum est intelligendum quod si
finis est, necesse est praeexistere ea quae ad finem sunt per se; sicut si
fistulatio est, necesse est praeexistere fistulas. Ultimus autem finis
uniuscuiusque hominis est contemplatio aliqua alicuius intelligibilis; et
idem est finis totius civitatis optime ordinatae, sicut ostensum est in
principio istius septimi. Ad hanc autem ordinatur primo habitus intellectus
perfectissimus cuius est actus speculatio intelligibilis primi. Deinde
habitus imperfecti ipsius per quos dirigitur in speculando entia quorum
cognitio via est in cognitionem intelligibilis primi. Tertio habitus partis
animae appetitivae per quos regulatur appetitus ne praeter rationem
divertatur homo ab intelligibilibus primis, detentus circa passiones et motus
irrationales. Deinde autem virtutes per quas acquirit bona
exteriora, secundum quod necessaria sunt ad finem, et repellit motus
impedientium ab ipso. Ergo necesse
est, si finis uniuscuiusque hominis vel civitatis existat, praeexistere
huiusmodi virtutes omnes. Et ideo dicit, quoniam idem finis videtur esse et
communiter omnium hominum secundum quod homines sunt simpliciter et uniuscuiusque
singulariter accepti secundum quod homo, et idem ultimus terminus actionum
optimi viri et optimae reipublicae, sicut ostensum est prius in isto septimo;
huiusmodi autem est speculatio perfecta intelligibilium primorum quae in
vacatione ab exterioribus existit, maxime autem ad hunc ordinantur omnes
virtutes quae sunt ad quietem hominis ab exterioribus: manifestum est quod si
homo secundum seipsum vel tota civitas felicitetur, necessarium est
praeexistere omnes virtutes quae sunt ad vacationem seu quietem. [90138] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 11 n. 16 Deinde cum dicit finis enim
declarat quod necessarium est praehabere omnes quae ad vacationem et quae ad
non vacationem. Et primo facit hoc. Secundo cum dicit, quid autem non habent
etc. tangit quod virtutes ordinantur ad vacationem et non vacationem et quae
ad utrumque. Circa primum intendit, quod sicut dictum est, omnes
virtutes quae ordinantur ad vacationem praeexiguntur ad felicitatem
uniuscuiusque civitatis: sed ad vacationem contemplationis ordinantur omnes
virtutes et quae ad vacationem et quae ad non vacationem sunt; ergo omnes
praeexiguntur ad felicitatem. Minorem
huius declarat dicens, quod sicut supra dictum est saepe, finis belli est
pax: nullus enim bellatur belli gratia, sed pacis magis, sicut dicitur decimo
Ethicorum. Et finis operum quae non in vacatione sunt, sunt ea
quae in vacatione; quia ea quorum opus in vacatione et non vacatione, utilia
sunt ad vacationem et delectationem quae in ea, aut quia in earum operatione
consistit finis, aut quia disponunt ad ipsum, aut removent prohibentia. Si
enim aliquis debeat vacare, multa oportet praeexistere. Necessarium est
igitur civitatem et unumquemque debentem felicitari, habere temperantiam et
iustitiam et sapientiam et ceteras huiusmodi virtutes quae ad vacationem
sunt, et fortitudinem, et perseverantiam; et quae ad non vacationem. Dico
autem civitatem debentem felicitari, oportere praehabere virtutes quae ad
vacationem quantum ad partes principales eius, quae sunt liberi, non quantum
ad servos. Ad servos enim non pertinet vacatio, sicut proverbium dicit. [90139] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 11 n. 17 Deinde cum
dicit qui autem tangit quae sunt virtutes quae per se ordinantur ad
vacationem vel ad utrumque; intendens quod illis virtutibus opus est ad non
vacationem et bellum quibus prohibentur ne sint servi aliorum: sed illi qui
non sunt dispositi aggredi pericula maxima quae in bello, nec sunt
perseverativi in eis, servi sunt eorum qui invadunt eos, qui prohibentur per
fortitudinem et perseverantiam. Fortitudinis igitur et perseverantiae
virtutibus opus est ad non vacationem. Philosophia autem necessaria est ad
vacationem contemplationis, contemplatio enim est opus eius. Ad utrumque
autem necessariae sunt, temperantia per quam reprimuntur motus
concupiscentiarum, et iustitia per quam diriguntur operationes hominis ad
alterum: magis tamen vacantibus et ducentibus pacem quam non vacantibus:
propter exercitium belli et periculum quod in eo est, disponuntur ad opera
temperantiae, quia secundum poetam, otia si tollas, periere cupidinis arcus:
sed ad opera aliarum virtutum multarum. Militaris enim vita multas partes
habet virtutis, sicut dicebatur in secundo huius: e contrario, fruitio
bonorum fortunae in tranquillitate disponit ad iniurias; possessio enim
divitiarum contumeliosos et elatos facit: credentes enim omnia habere per
ipsas, credunt omnia bona possidere in possidendo eas, sicut dicitur secundo
rhetoricae; et ideo efferuntur per elationem et contemnunt alios. Propter
quod eis qui volunt feliciter agere et frui omnibus quae ad beatitudinem
pertinent necessaria est temperantia et iustitia multa: sicut si qui sunt in
insulis beatorum, sicut poetae dicunt, dicentes insulas quasdam esse in
quibus animae bene operantium dum vivunt feliciter perseverant post mortem.
Talibus autem maxime necessaria est philosophia, in cuius actu consistit
ultimus finis, et temperantia per quam sedantur concupiscentiae et iustitia
per quam regulantur operationes ad alterum; et tanto magis quanto magis
perseverant in abundantia honorum talium. [90140] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 11 n. 18 Deinde
cum dicit quod quidem recolligit dicta, adiungendo quamdam persuasionem;
dicens, quod ex his quae dicta sunt, manifestum est quod civitatem quae
futura est felix et virtuosa simpliciter omnes virtutes oportet habere et
quae ad vacationem et quae ad non vacationem sunt. Si enim turpe est hominem
qui determinatur ratione non posse uti secundum rationem bonis interioribus
et exterioribus, adhuc magis turpe est non posse uti eisdem secundum ipsa cum
vacat a bellicis operationibus, cum tunc magis intendere possit et pauciora
habens impedimenta, sed non vacando ab exterioribus et bellando videri facere
opera bonorum, vacando autem et pacem ducendo ducere vitam servilem et
praeter rationem. Et ideo non oportet civitatem debentem felicitari tantum
intendere et studere virtuti, hoc est fortitudini quae ordinatur ad bellum,
sicut fecerunt Lacedaemonii: non enim differenter se habuerunt ad alios in
hoc quod non crederent eadem esse maxima bona hominis quae alii, scilicet
opera virtutum; sed magis in hoc quod opinabantur hoc fieri per unam
virtutem, alii autem per aliam: ipsi enim opinabantur optimum bonum hominis
consistere in actu fortitudinis bellicae, alii autem in actu sapientiae
magis. Manifestum est igitur ex his quae dicta sunt, quoniam contingit esse
quaedam bona maiora hominis quam quae secundum bellum sunt, et esse ista
magis contingit in fruitione et actu quam in habitu, et istorum illa magis
quae propter seipsa quaeruntur quam quae propter alia. |
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Lectio
12 |
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[90141] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 1 Postquam philosophus ostendit quis sit ultimus finis
optimae vitae humanae, transit ad declarandum qualiter et per quas
adinventiones fiunt optimi viri in ordine ad ipsam. Et circa hoc primo
praemittit intentionem suam et ordinem considerandi. Secundo cum dicit,
manifestum utique etc. prosequitur. In prima parte dicit, quod declarato quis
sit ultimus terminus optimae vitae humanae, consequenter considerandum est
per quae et qualiter fient boni et studiosi in ordine ad ipsum. Distinximus
autem prius tria quae necessaria sunt ad hoc, scilicet natura, consuetudo et
ratio, secundum quales oportet esse futuros studiosos et bene gubernantes
secundum naturam quoniam intellectivos et animosos, sicut dictum est prius;
et ideo relinquitur nunc considerandum quales oportet esse secundum
consuetudinem et disciplinam. Prius tamen considerandum est, utrum prius
instruendi sunt secundum rationem vel intellectum, aut secundum consuetudinem
seu appetitum; et utrum prius disponi secundum animam, aut secundum corpus:
oportet enim ista consonare adinvicem consonantia debita, ita quod illud quod
natum est prius disponi secundum naturam disponatur prius, et quod posterius,
posterius. Contingit enim multoties peccare rationem ab eo quod est optimum
et duci per similia et apparentia quaedam, ad ea quae praeter naturam sunt,
ita ut prius nitatur disponere quod posterius natum est perfici. Sed cum
ratio posterior sit natura et imitetur eam, optimum est in his quae rationis
sunt sequi dispositionem naturae, ita ut prius consideret et disponat quae
prius nata sunt considerari et disponi secundum naturam. [90142] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 2 Deinde cum dicit manifestum utique
prosequitur. Et primo declarat quod futuri studiosi et boni prius disponendi
sunt secundum corpus quam secundum animam, et secundum appetitum quam
secundum intellectum. Secundo cum dicit, siquidem igitur etc. qualiter
disponendi sunt secundum ista. Circa primum primo ostendit quod generationem
hominis et consuetudinem oportet ordinari ad rationem et intellectum. Secundo
cum dicit, deinde ut corpus et anima etc., ostendit quod appetitus
irrationalis prior est quam intellectus in actu perfecto. Tertio cum dicit,
propter quod etc., concludit ex istis quod prius oportet curare de
dispositione corporis quam animae, et appetitus irrationalis quam
intellectus. Primo igitur dicit: in omnibus in quibus est aliquis finis ea
quae sunt ad finem oportet ordinare in ipsum et disponere secundum quod ipsi
congruunt. Manifestum est autem, quod sicut in aliis qui sunt secundum
naturam et secundum artem generatio incipit ab aliquo principio primo
imperfecto et terminatur in aliquid perfectum et finem; huiusmodi autem finis
(hoc est terminus) est alicuius moti ab aliquo principio imperfecto; ita et
in homine generatio incipit ab aliquo imperfecto et tendit in aliquid
perfectum et finem. Huiusmodi autem terminus et finis naturalis hominis est
ratio et intellectus in actu non in potentia: quare generationem ipsius
hominis et studium circa consuetudines et dispositiones ipsius, oportet
ordinari ad rationem, et ipsa disponi secundum quod ipsi congruunt. [90143] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 3 Deinde cum dicit deinde sicut
ostendit quod appetitus irrationalis generatione praecedit intellectum in
actu; dicens, quod postea sicut corpus et anima sunt duo differentia
adinvicem, quia corpus rationem materiae et subiecti habet, anima autem
rationem actus, ita animam hominis videmus duas partes habere: quarum altera
rationem moti et subiecti habet, reliqua autem rationem principalis moventis:
videlicet appetitus irrationalis qui natus est regulari a ratione, et
rationalis pars per essentiam quae rationem moventis habet. Et istorum duorum
sunt duo habitus differentes secundum numerum. Primi quidem virtus moralis,
secundi autem intellectualis: et alterum istorum appetitus est, alterum autem
intellectus seu ratio. Sicut igitur corpus secundum viam generationis
praecedit animam, ita appetitus irrationalis intellectum et rationem in actu:
et hoc apparet ex hoc quod animus, idest virtus irascibilis et voluptas et
concupiscentia insunt pueris statim ex nativitate. Intellectus autem et ratio
in actu, non insunt nisi procedente tempore. Si aliquis argueret contra hoc
quod dictum est, quoniam appetitus irrationalis in homine est qui non est
regulatus ratione secundum se, regulatus tamen a rationali per essentiam, sed
rationale secundum se prius videtur esse quam regulatum a ratione, tum quia
movens est prius moto, tum quia simplex prius composito, sicut albedo quam
album: et est dicendum ad hoc, quod prius dicitur aliquid alio, hoc quidem
secundum substantiam et perfectionem, et sic intellectus praecedit appetitum,
sicut movens motum et forma materiam; hoc autem secundum viam generationis,
sicut materia prior est forma. Et tunc appetitus potest considerari secundum
quod natus est regulari a ratione, et sic prior est generatione intellectu
seu ratione determinante ipsum: aut secundum quod regulatur in actu, et sic
posterior est sicut compositum simplici. Et per hoc apparet solutio ad
rationem. [90144] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 12 n. 4 Deinde cum dicit propter quod concludit ex
dictis quod prius oportet disponi corpus quam animam, et appetitum quam
intellectum: dicens, quod propter hoc, quia prius oportet quaerere et
disponere ea quae sunt ad finem quam ipsum finem, et corpus ordinatur ad
intellectum et rationem sicut in finem, ut probatum est prius, et appetitus
similiter sicut materia ad formam; manifestum est quod prius oportet facere
curam corporis quam animae. Deinde eam quae appetitus propter ipsum intellectum,
et gratia ipsius: et gratia istius eiusdem curare omnia illa quae sunt ipsius
animae. Omnes enim partes animae et habitus ordinantur ad perfectionem, quae
secundum intellectum est. [90145] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 5 Deinde cum dicit siquidem igitur
declarat qualiter et per quae disponendi sunt ad virtutem. Et primo qualiter
secundum corpus et appetitum. Secundo cum dicit, quod quidem etc., in
principio octavi, qualiter secundum intellectum et rationem. Circa primum
primo praemittit intentionem suam et ordinem considerandi. Secundo cum dicit,
oportet quidem igitur etc. prosequitur. In prima parte dicit: quoniam
legislatorem optimum primo oportet intendere qualiter et per quae cives
optime disponantur secundum corpus, dispositio autem optima civium primo
dependet ex bona dispositione generantium in actu generationis, qui fit per
coniunctionem maris et feminae per copulam nuptialem: ergo consideranda sunt
ei ea quae sunt circa huiusmodi copulam seu coniugium: videlicet qua aetate,
et quo tempore, et qualibus existentibus copulandis iucunda est huiusmodi
coniunctio nuptialis. [90146] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 6 Deinde cum dicit oportet autem
prosequitur. Et quoniam bona dispositio civium, sicut dictum est, primo
pendet ex dispositione generantium; deinde ex dispositione matris, tempore
gestationis; tertio autem ex convenienti alimento et consuetudine post
nativitatem: primo declarat qualiter disponendi sunt generantes ad bonam
dispositionem prolis futuram. Secundo cum dicit, oportet autem et praegnantes
etc. qualiter praegnantes. Tertio cum dicit, de reservatione autem etc.
qualiter curandi seu disponendi sunt pueri post nativitatem. Circa primum
primo ostendit quando facienda est copula nuptialis. Secundo cum dicit,
qualibus autem quibusdam etc. quales oportet esse copulandos secundum
habitudinem corporis. Circa primum primo ostendit qua existente aetate
utriusque oportet eam fieri. Secundo cum dicit, de eo quidem igitur etc.
quali existente temperatura seu dispositione continentis. Circa primum primo
ostendit, quod oportet eam fieri tempore et aetate determinatis. Secundo cum
dicit, quoniam enim determinatus est etc. declarat quae sunt tempus et aetas
determinata in quibus oportet fieri. Primum ipse primo declarat per rationem
sumptam ex cautela dissensionum et diversitate copulandorum. Secundo cum dicit,
deinde ad puerorum successionem etc. per rationem sumptam ex eis quae
accidunt secundum successionem puerorum ad patres. Tertio cum dicit, adhuc autem etc. ex ea quae sumitur
ex bona dispositione prolis vel puerorum futura. In prima parte dicit, quod
oportet legislatorem intendentem bonam dispositionem puerorum futuram
ordinare leges et statuta circa communicationem nuptialem civium, considerando
ad dispositionem ipsorum tempore quo copulantur, ut scilicet sint perfecta in
se, et bene se habentia ad generationem; et considerando ad tempus vitae
utriusque, et maris et feminae; quantum scilicet uterque secundum naturam
vivere potest, ita ut conveniant ad actum generationis primo in aetate qua
hic perfecte potest generare, et illa concipere, supposita bona dispositione
ipsorum in se, et in ordine ad finem temporis vitae eorum, ut simul vel fere
hic possit generare, et illa concipere; et non dissonent potentiae, ita ut
iste possit generare, et illa non concipere, aut e contrario ista possit
concipere, ille vero non generare, propter dispositionem iuventutis, vel
senectutis: ista enim inducunt dissensionem et diversitatem inter ipsos. Si
enim copulentur tempore quo unus possit generare, alter non, propter aetatem
adinvicem dissentiunt, et ideo copulam alteram petunt, quod est inconveniens.
Ut igitur vitetur dissensio, et diversitas inter eos, copulandi sunt in
aetate conveniente utrique in ordine ad tempus durationis ipsorum. [90147] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 7 Deinde cum dicit deinde ad puerorum
ponit secundam rationem; dicens, quod secundo copulandi sunt in aetate
convenienti considerando successionem puerorum ad patres. Sicut enim parentes
secundum legem naturae tenentur filiis ad nutrimentum et disciplinam usque ad
perfectum, ita necessitate quadam parentibus impotentibus factis, tenentur
filii subvenire in necessitatibus. Auxilium autem quod potest accidere senioribus
parentibus a pueris genitis in senectute eorum, sine profectu est propter
impotentiam puerorum. Similiter auxilium quod potest accidere pueris in
senectute genitis a parentibus senioribus existentibus, debile est propter
impotentiam eorum ex senectute: et ideo non expedit copulam nuptialem fieri
senibus existentibus, neque etiam valde prope principium nativitatis, hoc est
nimis iuvenibus existentibus: multum enim displicet quandoque iuvenes
existentes pueros habere quasi coaetaneos, et minus male verentur filii
parentes iuvenes, et verecundantur minus male in eorum conspectu, quasi
coaevi, et nutriti cum eis propter consuetudinem, et magis conqueruntur in
invicem circa ea quae ad mutuam dispensationem pertinent, cum sint simul
aeque potentes, vel impotentes aeque; et ita cum filius requirit a patre
iuvari necessitatibus, potest respondere ipsum aequaliter posse sibi et e
contrario. [90148] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 8 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
tertiam rationem, dicens quod adhuc idem potest ostendi per rationem sumptam
ex his quae diximus prius, unde incoepimus sermonem de hoc. Oportet enim
copulam nuptialem tali aetate et tali tempore fieri, quibus corpora puerorum
nascentium contingat disponi melius ad virtutem, et secundum intentionem
legislatoris. Hoc autem magis contingit fieri si fiat tempore et aetate
determinatis, ut consequenter apparebit: ergo expedit eam fieri tempore
determinato. Sic igitur omnia quae sunt circa curam nuptialem
unam communem curam habent fere, ut scilicet fiat tempore determinato. Fere autem dicit forte, quia non idem tempus
determinatum convenit omnibus propter diversitatem materiae. [90149] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 9 Deinde cum dicit quoniam enim intendit
declarare, qua aetate expedit eam fieri ex termino generationis in utroque,
et ex inconvenientibus quae accidunt si fiat nimis cito. Et secundum hoc
primo praemittit quaedam necessaria ad declarationem intenti. Secundo cum dicit, propter quod has quidem etc.
ex illis concludit intentum suum. Circa primum primo tangit quid sit terminus
generationis in utroque, secundum quem oportet considerare. Secundo cum
dicit, est autem iuvenum, vel iuniorum etc. ostendit quod coitus iuvenum non
est conveniens ad generationem. In prima parte dicit: ultimus terminus
generationis hominibus determinatus est, sicut et aliis. In omnibus enim quae
contingit esse et non esse, est tempus determinatum quo contingit esse, et
per consequens agere, sicut dicit primo caeli et mundi, et iste terminus
masculis, ut in pluribus, est septuaginta anni: quia tunc sensibiliter
debilitatum est calidum naturale, quamvis in aliquibus sit longior, in
aliquibus brevior propter dispositionem materiae aliam et aliam; femellis
autem quinquaginta, ut in pluribus. Brevior autem est periodus generationis
mulieris quam viri, quia mulieres naturaliter sunt minoris virtutis et
caliditatis quam viri. Et quia expedit propter dissensionem vitandam in
coniugandis simul terminare potentiam generationis in utroque, opportunum est
in determinando principium ipsius condescendere commensurando ad tempora
haec. [90150] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 10 Deinde cum dicit est autem
ostendit, quod coitus iuniorum est pravus. Et dividitur in quatuor partes,
secundum quatuor rationes quas adducit ad hoc. Secundam ponit cum dicit,
adhuc autem in partibus et cetera. Tertiam cum dicit, adhuc autem et ad
temperantiam et cetera. Quartam cum dicit, et masculorum corpora et cetera.
Primo igitur ponit primam, quae sumitur ex ordine ad generationem; dicens,
quod coitus iuniorum, sive masculi sive femellae, pravus est ad generationem
puerorum. Et hoc quidem apparet ad sensum: quia in omnibus animalibus partus
iuniorum sunt imbecilles et imperfecti, quia imperfectio partus est ex
imperfectione principiorum generantium, sicut universaliter imperfectio
effectus est ex imperfectione causarum, et feminae crebrius quam mares, et
parva corpora gignuntur. Cum enim principium generativum in semine non potest
digerere menstruum mulieris propter indigentiam caliditatis, ut deducat ad
similitudinem suam secundum omnes dispositiones, sed magis vincatur propter
superabundantiam frigidi et humidi, de necessitate transmutat in contrarium,
et in femellam. Talis autem dispositionis sunt semina iuniorum. Et iterum
generati ab eis parvi sunt secundum formam, idest secundum figuram: extensio
enim secundum figuram causatur a magnitudine calidi, cuius est movere sursum:
quod est imperfectum in iunioribus, ut dictum est. Quare si sic accidit in
omnibus animalibus, necesse est ita accidere in hominibus, in quibus
argumentum speciale apparet ad hoc: quoniam in quibuscumque civitatibus seu
regionibus permittuntur iuvenes et iuvenculae coniugari, et permisceri ad
generationem, generantur parvi et imperfecti secundum corpus, et per
consequens minus utiles ad opera bellica. [90151] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 11 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
secundam, quae sumitur ex accidenti parturientibus; dicens, quod ad hoc
mulieres concipientes in aetate imperfecta in partu maiorem sustinent
dolorem, et plurimae moriuntur, tum propter membri ad hoc ordinati
arctitudinem, tum propter virtutis debilitatem: quanto enim virtus minor est
ad resistendum, tanto dolor maior, sicut videmus onera eadem graviora
apparere debilibus. In iunioribus autem supponimus virtutem minorem esse, et
ideo maiorem dolorem accidere, qui tantus potest esse, quod mortem inducit.
Et propter hoc dixerunt antiqui apud Graecos factum esse oraculum Troezeniis,
ut dolor eius adiutorio mitigaretur et foetus ad ortum produceretur, cum
multae in iuventute mulieres morerentur, et fructus non veniret ad
productionem propter imperfectionem. [90152] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 12 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
tertiam, quae sumitur in ordine ad virtutem; dicens, quod adhuc coitus est
minus expediens iunioribus ad temperantiam, et magis expedit senioribus
existentibus: iuvenculae enim quae magis assuetae sunt coire in iuventute
intemperantiores sunt. Illa enim ad quae assueti sumus, magis sunt
delectabilia; et ad ea quae sunt magis delectabilia, magis inclinamur. [90153] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 13 Deinde cum dicit et masculorum ponit
quartam rationem; dicens, quod adhuc corpora masculorum coeuntium in
imperfecta aetate dum corpus est in augmento, laeduntur, et defectum
patiuntur a quantitate eis determinata et in complexione: alimentum enim
digestum principium est nutritionis et augmentationis et generationis.
Tempore enim augmenti totum quod convertitur de alimento adveniente, vel
fere, necessarium est ad nutritionem et augmentum, et parum vel nihil est de
superfluo, quod ordinatur ad generationem; et ideo si multum coeant, necessarium
est, quod illud quod deberet transire in augmentum et nutritionem convertatur
in semen; quare detrimentum patientur in augmento et nutritione. Est enim
quoddam tempus determinatum, in quo animalia nata sunt augmentari, quod non
multum exceditur a tempore deputato ad generationem: statim enim deficiente
augmento, et perfectis corporibus, cum plus convertitur de alimento quam sit
necessarium ad nutritionem, convenientius ordinatur ad generationem. Coitus
etiam non perfectis corporibus detrimentum inducit quantum ad complexionem
propter exsiccationem, et infrigidationem; simul enim consumitur calidum et
humidum. Unde philosophus dicit in libro de causis, longitudinis et
brevitatis vitae quod coitiva et multispermia cito senescunt, quia sperma
superfluum existens amplius desiccat emissum; et ideo mulus longioris vitae
est quam ea ex quibus generatur, quia minus spermatizat; et passeres masculi
brevioris, quia magis coitivi sunt. [90154] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 14 Deinde cum dicit propter quod
concludit ex dictis quando et qua aetate opportunum est fieri copulam
nuptialem; dicens, quod propter hoc quod finis generationis in viris, ut in
pluribus est septuagesimus annus vel circa, mulieribus autem quinquagesimus
vel circa ut in pluribus, et expedit coniugatos simul deficere a potentia
generandi, ut probatum est prius, et coitus iuniorum in imperfectis
corporibus parvus est; corpora autem mulierum, ut in pluribus perficiuntur in
decem et octo annis vel circa, virorum autem in triginta sex, aut parum plus
aut minus; expediens est magis eos coniugari muliere existente decem et octo
annorum vel circa, viro autem triginta sex aut parum plus vel minus. Sic enim
coniungentur corporibus perfectis; et per consequens virtutibus, quibus existentibus
erit coniugatio ipsorum in tempore convenienti ad perfectionem generationis
puerorum. Virtutibus etiam perfectis perfectior erit actio et etiam ipsum
generatum; et iterum successio puerorum ad patres opportunius fiet si statim
cum copulati sunt mulieres decemocto, viri triginta sex annorum existentibus,
statim generent: succedent enim filii parentibus in principio status corpore
perfecto, scilicet circa trigesimum annum matre agente quinquagesimum, patre
septuagesimum vel circa, impotentes fere existent quasi resoluta aetate,
impotentia tamen eorum supplebitur per filiorum potentiam perfectorum
existentium. Quando igitur oportet fieri coniugium considerato bono
coniugatorum et generandorum, dictum est. [90155] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 12 n. 15 Est autem intelligendum quod quamvis viri et
mulieres sint eiusdem speciei, non tamen eadem periodus est vitae utriusque
ipsorum: quia tempus durationis ipsorum non sequitur eos ratione speciei
communis utrique, sed sequitur virtutem complexionis: virtus autem
complexionis multo fortior est in viro quam in muliere propter abundantiam
calidi et meliorem proportionem eius ad alias qualitates; et ideo viri
longioris vitae sunt secundum naturam mulieribus. Et quia illud quod perfectius
est pluri tempore indiget ad sui perfectionem quanto plura exiguntur ad eius
perfectionem, viri autem perfectiores sunt mulieribus; ideo pluri tempore
indigent ad sui perfectionem quam mulieres, ut in pluribus: quamvis propter
indispositionem materiae possit accidere e contrario. Philosophus autem
determinavit tempus perfectionis mulierum decem octo annos vel circa, virorum
autem triginta septem vel circa; quia sic apparebat ei forte, ut in pluribus,
aut quia secundum proportionem horum numerorum adinvicem excedit virtus
complexionis viri virtutem complexionis mulieris secundum naturam. Si autem
obiiciatur prius debere fieri coniugationem nuptialem quam determinat
philosophus; primo, quia generatio fit ex superfluo alimenti, quando igitur
primo incipit esse superfluum alimenti, et masculi incipiunt spermatizare
videtur quod deberet fieri talis copulatio, hoc autem contingit multo tempore
prius quam determinet philosophus, puta tempore pubescentiae; ergo prius
videtur debere fieri. Et praeterea hoc iura determinant quae videntur
considerare bonum commune, matrimonia scilicet posse fieri muliere existente
duodecim annorum, viro existente quatuordecim vel circa. [90156] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 16 Ad hoc est intelligendum, secundum
intentionem philosophi, quod si consideremus bonam dispositionem generantium
et bonam habitudinem generandorum futuram, et per consequens utilitatem
communem civitatis seu regionis per se, melius est coniunctionem istam fieri
perfectis corporibus utriusque quod est tempore determinato a philosopho vel
circa, ut in pluribus: perfectis enim corporibus perfectae erunt virtutes,
nec detrimentum aliquod patientur in augmento, aut complexione secundum quod
huiusmodi, nisi propter superfluitatem, aut aliquid huiusmodi. Et pueri
melius erunt dispositi quantum ad corpus, quia a magis et melius dispositis
generabuntur, et per consequens secundum animam, quia bona dispositio
corporis disponit ad bonam dispositionem animae; et sic magis apti erunt ad
virtutes et actus civiles. Propter accidens tamen aliquod expedit tardius vel
citius fieri in aliquibus, puta si tardius vel citius perficiantur corpora,
aut si timeatur fornicatio cum alienis, aut aliquid huiusmodi. Quamvis autem
prius in aliquibus inveniatur superfluum alimenti et emissio seminis, non
tamen sequitur quod tunc melius et aptius sit ad generationem, sicut
accipiebat ratio in oppositum. Non enim oportet in his quae procedunt de
imperfecto ad perfectum quod quando aliquid potest aliquid primo quod tunc perfecte
possit; sicut quando aliquis potest citharizare qualitercumque non sequitur
quod optime possit, sed magis e contrario: quae enim sunt priora secundum
viam generationis, imperfectiora sunt; quae autem posteriora perfectiora,
sicut vir puero, ut dicitur nono metaphysicorum. Iura autem non determinant
optimum esse fieri matrimonium tempore pubescentiae, scilicet muliere
existente duodecim annorum vel circa, viro quatuordecim vel circa, sed tunc
concedunt posse fieri primo, quia tunc primo potest valere consensus propter
usum rationis, tunc primo vel circa inexistentis, et quia tunc primo incipit
aliquod superfluum alimenti fieri, ut in pluribus, quamvis imperfectum. [90157] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 17 Deinde cum dicit de eo quidem
declarat qua temperie vel dispositione aeris expedientius sit fieri hanc
coniunctionem. Circa quod intelligendum est quod bona dispositio generati
sequitur bonam dispositionem principiorum generantium in actu. Dispositio
autem generantium sequitur aliquam dispositionem continentis; unde et locus
dicitur principium generationis, sicut et patet a Porphyrio: dispositio autem
continentis mutatur secundum dispositionem temporum et ventorum et horum
huiusmodi; et ideo est expediens intendentem bonam dispositionem generatorum
considerare bonam dispositionem continentis et temporis et ventorum. Et ideo
dicit, quod ad huiusmodi copulam vel coniunctionem faciendam oportet uti
temporibus, et his quae circa temperiem, hoc est dispositionem aeris secundum
tempus, quibus utuntur multi bene et rationabiliter, dicentes hanc debere
magis fieri tempore hiemis: tunc enim frigiditate continentis clausis poris
fortificatur calidum interius, et congregatur virtus et fortior est. In
aestate autem poris apertis exhalat calidum interius; fortiore autem
existente virtute et calido melius est commisceri ad generationem. Expedit
autem considerare ad generationem puerorum ea quae dicuntur a philosophis
naturalibus et a medicis. Medici enim sufficienter dicunt
dispositionem temporum in ordine ad corpora respectu operationum diversarum. Naturales autem eas quae ventorum; dicentes,
boreales et Orientales meliores Australibus et Occidentalibus ad bonam
dispositionem corporum, sicut dictum et expositum fuit prius, ubi determinatum
fuit de optimo situ civitatis. [90158] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 18 Deinde cum dicit qualibus autem
declarat quales oportet esse copulandos ad generationem secundum habitudinem
corporis. Et circa hoc primo declarat quales oportet esse quoad quantitatem.
Secundo cum dicit, oportet quidem igitur habere habitum labores in
comparatione ad exercitium. In prima parte dicit, quod qualiter existentibus
corporibus eorum qui copulantur secundum habitudinem quantitatis maxime utilia
erunt ad bonam dispositionem eorum qui generantur, dicendum est in his quae
pertinent ad disciplinam civium; figuraliter autem et in summa sufficit
dicere nunc. Manifestum est enim quod habitudo corporis athletarum, qui sunt
valde magni corpore, non est perfecte bona dispositio corporis, tum propter
ponderositatem, tum quia virtus spiritus et calidi evanescit in tanta
protensione membrorum. Nec etiam ad sanitatem, propter easdem rationes; et
per consequens nec ad rationem intellectus et rationis quae sequuntur
dispositionem corporis, ut in pluribus. Et quia bona civilis communicatio
indiget bona dispositione quantum ad corpus et quantum ad animam, non est
optima ad eam. Similiter habitudo imperfectorum secundum quantitatem et
morbidorum qui indigent maiori cura, non est optima propter imperfectionem et
improportionem; sed media habitudo magis. In omnibus enim et quae sunt
secundum naturam et quae secundum rationem, media sunt eligibilia magis; et
ideo habitudo media secundum quantitatem in generantibus eligibilior est. [90159] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 19 Deinde cum dicit oportet autem
declarat quales oportet esse per comparationem ad exercitia; dicens, quod
expedit ad bonam dispositionem generandorum futuram habere bonam habitudinem
corporis, et exercitatos esse per aliquos labores ad exercitandum virtutem et
caliditatem quae per motum excitantur: non tamen per violentos, ne per
laboris violentiam spiritus exhaletur et debilitetur. Et ideo oportet
exercitari vel laborare non aliquo uno solum, sicut athletae laborant ad
superandum, sed multis pertinentibus ad cives et liberos. Expediens enim est
exercitari futurum bonum civem in multis operationibus liberorum, ut
consequenter facilius et magis cum delectatione illas operentur. Oportet
autem et viros et mulieres exercitari, sed unumquemque in operationibus
decentibus eum. [90160] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 20 Deinde cum dicit oportet autem
declarat quod curandum est de mulieribus praegnantibus ad bonam puerorum
dispositionem; dicens, quod oportet legislatorem curam habere de bona
dispositione corporum mulierum praegnantium: pueri enim generati nutrimentum
videntur assumere a muliere habente in utero, per venas et poros a natura ad
hoc ordinatos, sicut terrae nascentia per radices assumunt a terra.
Nutrimentum autem assumptum a muliere consimiliter disponitur complexioni
mulieris, et puer de necessitate disponitur secundum dispositionem nutrimenti
ex quo nutritur, et maxime in principio; et ideo oportet puerum disponi
secundum dispositionem mulieris gestantis. Igitur expediens est ad bonam
dispositionem prolis futuram curare de bona dispositione mulieris:
specialiter autem expedit curare ne sint torpentes multum per desidiam quae
frequenter accidit mulieribus praegnantibus propter defectum calidi et
superabundantiam humidi grossi indigesti. Si enim praegnans torpeat nimis per
desidiam, oportebit calidum et spiritus in puero torpere. Deinde expedit
cavere ne utantur cibo nimis subtili, tum quia facilis digestionis existens
facit repletionem quamdam inanem magis quam veram; tum quia statim propter
facilem digestionem eius assumitur in membris fortioris virtutis secundum
totum vel fere, ita quod parum aut nihil erit superfluum quod transeat in
nutrimentum foetus. Facile autem erit cavere desidiam legislatori, si
praecipiat praegnantibus quae sortitae sunt honorem generationis et fugerunt
opprobrium sterilitatis secundum antiquos, facere aliquam peregrinationem
quotidie vel bis vel ter in septimana vel aliquid huiusmodi ad aliquod
oraculum propter deorum reverentiam; ut quos habuerunt propitios in conceptu,
benivolos habeant ubi magis necesse est, scilicet in partu. Et loquitur
secundum opinionem gentilium antiquorum qui opinabantur multitudinem deorum esse,
et illos vel corpora super caelestia vel virtutes aliquas in corporibus.
Quamvis autem ad bonam dispositionem puerorum futuram ad rempublicam oporteat
mulieres labores aliquos exercere, ut sint sine pigritia, tamen natos iam et
incipientes disciplinari ad bonum intellectus quod est speculatio, non
oportet multum laborare, sed pigrius disponi corpore, ne per laboris
continuitatem distrahuntur a disciplina et per motum spiritus nimis
accendantur, ut sint nimis mobiles, quod non competit speculationi. Oportet
enim formas sensibilium in quibus speculatur intellectus fixionem habere in
subiecto primo eorum, quod est spiritus. [90161] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 21 Deinde cum dicit de reservatione
declarat qualiter pueri postquam sunt nati sint disponendi, et quia non
expedit de omnibus curare, aut non aequaliter, aut propter imperfectionem,
aut propter multitudinem. Et primo tangit qualiter se habendum est ad
orbatos, et ubi excedunt secundum multitudinem. Secundo cum dicit, satis
autem pueris qualiter perfecti multitudinem convenientem non excedentes
disponendi sunt. Circa primum, primo declarat qualiter se habendum est ad
orbatos. Secundo cum dicit, oportet enim determinatam etc. qualiter se
habendum est, ubi excedunt multitudinem determinatam. In prima parte dicit,
quod si contingat aliquem vel aliquos esse orbatos sensu aliquo vel sensibus,
vel membro aut membris, quibus minus sint utiles ad operationes intellectus
et rempublicam, de reservatione ipsorum et alimento administrando feratur lex
a legislatore nullum talem nutriri: quod intelligendum cum tanta cura et
diligentia, cum quanta nutriendi sunt perfecti nati. Illud enim quod
ordinatum est ad aliquem finem, quanto magis natum est attingere ad ipsum,
tanto magis disponendum est ad ipsum; et quanto minus, tanto minus curandum.
Sic enim videmus naturam magis sollicitam esse de perfectioribus. Pueri autem
nati perfecti membris et sensibus perfectius nati sunt attingere ad finem
humanum; ergo magis disponendi sunt. Orbati autem aut sensu aut membro, nati
sunt attingere aliqualiter, ex quo animam et intellectum habent, sed non
aeque perfecte; et ideo curandum est de eis, sed non aequaliter ut de
perfectis. Et universaliter inquantum unusquisque natus est attingere ad
finem, in tantum disponendum est, cum sit propter ipsum. Loquimur autem hic
de fine humano secundum vitam praesentem, quia sic loquitur de ipso
philosophus. [90162] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 22 Deinde cum dicit oportet enim
declarat quid faciendum est si excedant secundum multitudinem. Est enim
intelligendum quod, cum civitas sit communitas per se sufficiens ad vitam,
oportet cives per se sufficientes esse, et non pauperes; et ideo cavenda sunt
ita in civitate quae inopiam inducunt, hoc autem est multitudo filiorum
debentium succedere in haereditate: magna enim et multa haereditas parentum
cum dividetur in multitudinem filiorum, valde tenuis erit secundum
unumquemque, maxime in tertiam vel quartam generationem, sicut ad sensum
videmus. Non enim placuit philosopho lex seu consuetudo de successione
primogeniti secundum totum: tum quia cum primogeniti sint singuli,
posteriores autem multi ut frequenter, sequeretur plures liberorum esse
pauperes quam divites: tum quia habentes possessiones sunt partes civitatis,
non habentes autem, non. Civium enim oportet esse possessiones, ut dictum est
prius. Quare si posteriores geniti non succederent in aliquo parentibus,
plures liberorum non contingeret esse cives, sed expelli a civitate: tum quia
posterius nati, sicut et primi, possunt esse bene nati ad magna: non habentes
autem unde operentur ad quae nati sunt, compelluntur accipere undecumque,
insidiantes civibus et aliis per furtum, per rapinam et homicidia, et
coniungunt se adversariis, quae omnia sunt inconvenientia. Supposito igitur
quod omnes succedere debeant in haereditate qualitercumque, primo proponit ad
vitandam superfluam multitudinem filiorum legem seu consuetudinem quarumdam
gentium. Secundo cum dicit, quoniam autem principium quoddam, ponit
documentum ad hoc secundum intentionem suam magis. In prima parte dicit, quod
ad vitandam multitudinem puerorum superfluam, ordo idest lex vel consuetudo
gentium quarumdam prohibet nullum genitorum ultra multitudinem determinatam
debere reservari: oportet enim, si debeat civitas esse dives, determinatam
esse multitudinem ipsorum: aliter enim depauperaretur si dimitteretur
quilibet generare quantumcumque. Sed quia datum est pueros non reservari ad
vitam, declarat, si necesse sit istud fieri, qualiter cum minori culpa fiet:
dicens, quod si aliquibus coniugatis fiant plures quam sit determinatum a
lege, et necesse est eos exterminari, magis procurandum est fieri abortum
antequam sensus et vita insint quam cum infuerint: procurans enim abortum
postquam infuerint, homicida a lege reputatur; et magis peccant; semen enim
et non semen determinatur per sensum et motum. Sic igitur Aristoteles non
dicit secundum intentionem suam, quod debeant exterminari aliqui nati; sed
secundum legem gentium; nec quod procurandus sit abortus absolute, sed si
interficiendi sunt ab aliquibus, magis faciendum est hoc ante sensum et
vitam, non sicut bonum secundum se, sed sicut minus malum. [90163] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 23 Deinde cum dicit quoniam autem
ponit documentum ad hoc secundum intentionem suam, sumptum ex determinatione
temporis deputati ad generationem; circa quod tria facit. Primo declarat
qualiter determinandum est tempus deputatum ad generationem, ad vitandum
superfluitatem puerorum. Secundo cum dicit, ac de cetero ex hoc concludit
commixtionem ultra tempus illud non debere fieri propter generationem. Tertio
cum dicit, de ea autem quae ad aliam declarat quod huiusmodi commixtio non
est facienda cum alieno vel aliena. In prima parte dicit: quoniam principium
aetatis ad generationem deputatae determinatum est viro et mulieri, huic
quidem trigesimusseptimus illi vero vigesimusoctavus annus vel circa,
similiter autem et finis, viro scilicet septuagesimus mulieri quinquagesimus
secundum naturam communem, oportet tempus intermedium quo possunt generare
magis determinari et breviari ad superfluam multitudinem vitandam. Manifestum
est enim quod foetus seniorum etiam circa septuagesimum annum in viro, vel
quinquagesimum in muliere imperfecti sunt et corporibus et intellectibus
propter debilitatem virtutis generantium, quae quanto magis distat a statu,
minor est, sicut et foetus iuniorum etiam circa tempus determinatum a natura.
Foetus vero decrepitorum ultra tempus deputatum a natura omnino debiles sunt
corpore, propter debilitatem virtutis in eis, et propter hoc, quia calidum
remissum est in eis, et passiones sedatae sunt naturaliter, et multa experti
sunt propter tempus. Sunt etiam in statu secundum intellectum; anima enim
sedendo et quiescendo fit sciens et prudens, sicut dicitur septimo
physicorum: haec autem vera sunt ut in pluribus. Ideo aetatem hanc deputatam
ad generationem manifestum est, quam quidam poetarum determinaverunt
hebdomadibus quibusdam annorum, videlicet septenario numero. Itaque qui
quatuor aut quinque annis hanc aetatem excesserint, relinquere debent
procreandi studium, usque ad quinquagesimum annum, vel ad aetatem excedentem
tempus hoc quatuor vel quinque annis in viris; ut sic viri deserviant
manifeste generationi a trigesimoseptimo anno usque ad quinquagesimumquintum
annum ad plus, et mulieres proportionaliter a decimoctavo usque ad
trigesimumseptimum annum; tunc enim uterque ipsorum maxime est in statu
perfecto secundum naturam, et virtutes magis perfectae sunt; propter quod pueri,
et melius dispositi generabuntur et pauciores. [90164] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 24 Deinde cum dicit quod autem
concludit ultra tempus hoc non debere fieri commixtionem propter
generationem; dicens quod in reliquo tempore non debent coniugati commisceri
adinvicem manifeste propter generationem; sed si commisceantur, permittatur
hoc gratia sanitatis, aut alicuius alterius. Contingit enim aliquando quod in
vasis seminariis est multitudo seminis, aut naturalis quae propter
multitudinem gravat naturam, aut innaturalis ibi vel in aliis partibus
corporis, quas contingit evacuari per coitum, et per consequens alleviare
naturam, et melius disponi ad sanitatem. [90165] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 25 Deinde cum dicit de ea autem
declarat, quod mixtio talis non debet fieri ad alium vel ad aliam personam.
Propter quod est intelligendum quod mixtio maris et feminae naturaliter in
homine est ad generationem prolis et nutritionem et eruditionem: ad hoc autem
neuter istorum sufficit per se; et ideo oportet quod uniantur ad hoc per
consensum mutuum, non per aliquod parvum tempus, sed usque ad perfectionem
prolis secundum corpus et secundum animam; quod erit si incipiant generare in
tempore determinato a philosopho circa finem vitae eorum. Puer enim si fuerit masculus,
non perficitur usque ad trigesimum septimum annum vel circa, et si isti
trigintaseptem adiungantur trigintaseptem annis patris generantis antequam
generaret, erunt septuagintaquatuor, quando impotens erit naturaliter ad
generandum et circa finem vitae. Et
ideo communicatio maris et feminae per totam vitam ad perfectionem prolis est
a natura inclinante; et omnis commixtio quae fit praeter huiusmodi
communicationem, innaturalis est. Et ideo dicit quod de commixtione viri cum
aliena muliere, vel mulieris cum alieno viro, sit lex et teneatur ut bonum
non permittere, nec etiam velle videre tangentem alienum aliquo modo. Si enim
permittatur aliquis accedere ad aliquam quae sua non est per fornicationem,
cum post mixtionem non maneant mixti per consensum ad educationem prolis,
sequitur malum et imperfectio eius maxime; nullo ergo modo permittatur fieri
commixtio cum alio vel alia ubi et est et appellatur coniugium. Tunc enim et
sequitur malum prolis et incertitudo et iniustitia. Minime vero permittendum
est circa tempus procreationis filiorum; tunc enim maxime accideret error per
incertitudinem. Et si aliquis appareat tale aliquid faciens, puniatur
punitione commensurata peccato, ut secundum mensuram peccati sit plagarum
modus, ut alibi dicitur. Ita quod prohibet philosophus hic primo sicut malum
per se commixtionem cum aliena, quamvis sit libera; magis autem commixtionem
cum ea quae est alterius propter iniustitiam; maxime autem cum ea quae est
alterius tempore deputato ad generationem. [90166]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 7 l. 12 n. 26 Deinde cum dicit natis autem declarat qualiter
curandi sunt pueri perfecti et reservandi post nativitatem. Et primo,
qualiter in prima aetate quae dicitur secundum philosophum usque ad tertium
annum. Secundo cum dicit, habitam autem huic qualiter in secunda quae
extenditur usque ad quinque annos inclusive. Tertio cum dicit, transactis
autem quinque annis qualiter in tertia quae extenditur usque in finem
septimi. Circa primum primo declarat qualiter curandi sunt et disponendi sunt
quantum ad nutrimentum conveniens. Secundo cum dicit, adhuc autem et motus
quantum ad exercitia et consuetudinem. In prima parte dicit. Cum pueri nati
sunt ex matribus, manifestum est quod alimentum magnam facit differentiam ad
potentiam corporum et dispositionem secundum differentiam qualitatis suae:
quale enim est secundum virtutem, tale facit et corpus. Virtus enim alimenti
quod convertitur in illud quod alitur, remanet in eo: sicut saporem pabuli
videmus apparere in lacte, et vim vini in aceto, et virtutem lactucae in
sanguine generato ex ea. Sicut enim virtutes miscibilium manent in mixto,
quamvis formae corrumpantur, ita et virtus ex quo generatur aliud aliqualiter
in eo quod generatur: patiuntur enim agentia naturalia a contrariis.
Manifestum est autem, et considerando in aliis animalibus, et etiam in
gentibus diversis quibus cura est in pueris inducere habitum et dispositionem
ad bellum, quod lactis natura abundans est alimentum conveniens et familiare
corporibus humanis, et enim alia plura animalia fetus post partum ad tempus
ex lacte nutriunt, et similiter gentes bene volentes disponere pueros;
quoniam, sicut Aristoteles dicit secundo de generatione, ex eisdem sumus et nutrimur.
Nutrimentum enim convertitur in substantiam rei alitae; et eiusdem
substantiae et formae oportet esse materiam unam. Et ideo quanto alimentum
aliquod similius est ei ex quo generatur aliud, tanto convenientius est ad
nutriendum ipsum. Lac autem valde simile est secundum complexionem menstruo
ex quo generatur puer: superfluum enim alimenti derivatum a natura ad
matricem menstruum est, derivatum autem ad mamillas et dealbatum ibi, est
lac. Et ideo convenientissimum alimentum pueris post partum est lactis
natura, et magis mulieris quam bestiae, et adhuc maxime matris propriae quam
alienae; unde illi qui nutriuntur ex lacte matris propriae, melius debent
esse dispositi secundum naturam. Propter quod Avicenna dicit, quod extremum
mamillae matris propriae ponere in ore infantis, valde confert ad removendum
omne nocumentum. Lac tamen matris propriae statim post partum non est
conveniens puero, donec complexio distemperata per parum temperetur. Expedit
autem pueris non conferre vinum in nutrimentum propter aegritudines
accidentes ex ipso: vinum enim multum vaporativum est propter caliditatem et
humiditatem, et pueris multum ascendit nutrimentum ad partes superiores; et
ideo pueris habentibus vinum multus fit descensus evaporationis a capite.
Unde contingit quandoque coarctatio pori et respirationis quod est epilepsia,
et aliae infirmitates ex hac materia generare; similiter et accensio colerae
rubeae, et quae accidunt ex ea. Nec differt dare vinum pueris et nutricibus,
secundum Aristotelem: sed si oportet bibere, oportet quod sit modicum et
aquaticum valde. [90167] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 27 Deinde cum dicit adhuc autem
declarat qualiter curandi sunt quantum ad exercitia et consuetudines. Et
primo declarat in quibus assuescendi sunt. Secundo cum dicit, circa primam
quidem etc. quod secundum ordinem determinatum. Circa primum ostendit quod
assuefaciendi sunt ad motum. Secundo cum dicit, expedit autem etc. quod ad
frigora. In prima parte dicit quod adhuc pueros statim post nativitatem
expedit assuesci ad motus tantillos quoscumque et parvos, puta manuum et
pedum et aliarum partium. Motu enim ipsarum partium exercitatur et acuitur
calor naturalis in eis, qui consumens humidum superfluum in eis exsiccat
corpus et fortius facit. Et Avicenna adiungit quod cum motu procuranda est
consonantia musicae et vox cantilenae ad delectandum in consonantiis musicis
propter causam dicendam posterius. Ad hoc autem, quod membra puerorum propter
fluxibilitatem humidi abundantis non effluant a figura debita, consueverunt
quaedam gentes uti quibusdam instrumentis mechanicis, quibus cum alligantur
membra puerorum faciliter et subtiliter fiunt impervertibilia; sicut cunabulo
utuntur ad directionem totius corporis et pileo rotundo ad debite figurandum caput.
Oportet enim in ista aetate nutricem suaviter membra tangere, et quod
dilatandum est dilatare, et quod subtiliandum est subtiliare, et unumquodque
convenienti figura figurare, et manus et brachia ad genua ducere, et crura et
tibias fascia ligare, et caput pileo rotundo astringere; tunc enim puer est
bene susceptibilis et ducibilis, sicut cera mollis. [90168] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 28 Deinde cum dicit expedit autem
declarat, quod assuescendi sunt ad frigora, dicens, quod expedit ad bonam
dispositionem puerorum in hac aetate ad frigora moderata assuescere parvos
existentes, hoc enim proficit ad sanitatem corporis et ad bellicas actiones
futuras: cum enim assueti sunt a iuventute ad tolerantiam frigoris non
gravantur in superveniente aetate a frigore in bellicis, ubi necesse est
quandoque, nec patiuntur aegritudines quae ab ipso sunt. Iterum propter
consuetudinem ad frigus fortificatur calidum et fortiora redduntur corpora;
et ideo consuetudo est apud multos barbarorum quibusdam abluere pueros in
aqua frigida statim natos. Aliis autem parvo involucro induere eos, sicut
contingit gallis morantibus circa plagam Occidentalem: universaliter enim
omnia quaecumque possibile esse assuescere ad bonum habitum futurum melius
est assuescere et statim a principio, quando sunt magis ducibiles: non parum
enim differt, sic vel sic a puero assuesci, sed multum, magis autem omne tunc
assuescit, sicut dicitur primo Ethicorum. [90169] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 29 Deinde cum dicit circa primam
declarat secundum gradum; dicens, quod ad exercitium in tolerando frigora
expedit assuescere statim secundum gradum, tum ut primo assuefiant ad
toleranda magis temperata frigida, deinde excedentia magis et magis secundum
quod magis fortificatur virtus vel complexio: et hoc propter calidum
fortificandum et alias utilitates, cavendo autem ne gravetur natura propter
excessum frigidi cui exponitur. Similiter autem se habet de assuefactione in
aliis convenientibus: natura enim puerorum propter teneritudinem et mollitiem
nata est assuesci ad quaecumque non dura nec gravantia naturam ipsorum. Circa
primam igitur aetatem optimum est talem curam et similem habere circa eos. [90170] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 30 Deinde cum dicit habitam autem
declarat quomodo curandi sunt in habita aetate quae incipit in tertio anno.
Et circa hoc primo declarat quibus sunt assuefaciendi. Secundo cum dicit,
cohibitione vero puerorum etc. a quibus prohibendi sunt. Circa primum primo
declarat quod assuefaciendi sunt in aetate hac quibusdam moribus. Secundo cum
dicit, et de sermonibus autem etc. quod in his quae pertinent ad auditum. In
prima parte dicit, quod in aetate consequente quae incipit a tertio anno et
protenditur usque ad finem quinti, in qua non sunt nati ad eruditionem seu
disciplinam propter tenuitatem complexionis et virtutum imperfectionem nec ad
magnos labores, ut propter violentiam non impediantur crescere, oportet eos
exercere in aliquo modico motu, ut exercitata caliditate resolvente humidum
superfluum diffugiat inertia corporum. Huiusmodi autem exercitium in motu oportet fieri per actiones alias
et per ludos. Ludos autem oportet esse non declinantes ad servilitatem, sed
liberales magis; nec etiam superlaboriosos vel violentos, ut non graventur
virtutes propter excessum; neque nimis molles et remissos, ne comprehendantur
a desidia. [90171] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 31 Deinde cum dicit et de sermonibus
declarat quod expedit eos in aetate hac exerceri in his quae ad auditum
pertinent; dicens, quod expedit eos in aetate hac exerceri in audiendo
aliquos parvos sermones et fabulas aliquas, propter hoc, ut exerceantur in
locutione et rationibus nominum; et de hoc debent habere curam principes
eorum publice illis praefecti. Sed hoc observandum est in hac aetate, quod
omnia in quibus assuefiunt, et motus et operationes et ludi, sermones et
fabulae quos audiunt et etiam ea quae vident sint imagines quaedam eorum in
quibus posterius serio conversari debent, et quasi via ad illa in quibus
consequenter studere debent seu intendere: ad illa enim quae assuescunt in
primis magis posterius inclinant, quia assueta sunt magis delectabilia. [90172] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 12 n. 32 Deinde cum dicit cohibitiones autem declarat
quibus prohibendi sunt. Et primo tangit quod cohibitio a fletu prodest eis.
Secundo cum dicit, considerandum autem etc. a quorum conversatione auditu et
visione cavendi sunt. Primo igitur dicit, quod quidam civitatis gubernatores
non inconvenienter detestantur in ordinatione et republica suis cohibitiones
puerorum a ploratibus; hoc enim expediens est et conferens ad augmentum
virtutis et nutrimentum, fit enim per hoc quaedam exercitatio corporis ad
ista: cum enim cohibentur a ploratu, fit retentio spiritus interius, in
ploratu autem diffusio exterius. Retentio autem spiritus interius robur
facit; propter enim congregationem ipsius interius fortificantur, virtus enim
unita fortior est seipsa dispersa, fortitudo autem spiritus ad incrementum et
ad alia multa valet. [90173] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 33 Deinde cum dicit considerandum
autem declarat primo a quorum conversatione auditu et visu cavendi sunt.
Secundo cum dicit, iam demissione ab ebrietate etc. tangit per quid faciliter
hoc potest fieri, excusando se ab ulteriori inquisitione de talibus. Tertio
cum dicit, forte autem non male etc. reprobat circa hoc opinionem contrariam.
Circa primum primo ostendit quod cavendi sunt a conversatione cum servis.
Secundo cum dicit, totaliter quidem igitur turpiloquium etc. quod a turpium
auditione. Tertio cum dicit, quoniam autem dicere etc. quod ab inhonestorum
visione. Circa primum dicit: puerorum rectores quorum est regulare pueros,
considerare debent educationem puerorum quomodo bene regulentur: ipsi enim in
omnibus debent esse eorum regula, sicut in eodem ratio est regula virium
inferiorum: unde sicut in eodem tota deordinatio virium inferiorum rationali
parti animae imputatur, sic tota deordinatio puerorum quam accipiunt in prima
aetate imputanda est magistris. Debent autem curare et quantum ad alia et
quantum ad hoc ut quanto minus poterint, cum servis conversentur; in hac enim
aetate usque ad septimum annum necesse habent conversari in domo et alimentum
accipere in ea, in qua servi negotiantur. Conversantes enim cum servis
accipiunt quamdam inclinationem ad actiones serviles ex eis quae audiunt et
vident servos dicentes et operantes, etiam cum sint parvi et bene informabiles
ad quamcumque. In eis enim in quibus assuescunt maxime in prima
aetate delectantur; delectati autem faciliter inclinantur ad ipsa. [90174] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 7 l. 12 n. 34 Deinde
cum dicit totaliter quidem ex hoc infert quod cavendi sunt a turpium auditu;
dicens, quod oportet bonum legislatorem turpiloquia, puta de venereis et de
aliis quae sunt praeter rationem et honestatem omnino exterminare ex
civitate, sicut quodcumque aliud turpe: hoc enim quod aliquis de facili dicit
aliquid turpe, consequitur ipsum prope facere. Saepe enim dicendo aliquod
turpe agibile saepius meditatur de eodem, et ex frequenti meditatione de ipso
sequitur inclinatio maior in ipsum faciendum. Et quamvis universaliter sit
prohibendum a civitate, maxime tamen prohibendum est iuvenibus et ad
praesentiam ipsorum, ita ut nec loquantur ipsi nec audiant ab aliis aliquid
tale. Omnia enim quae audiunt vel vident vel operantur in prima aetate,
admirantur tamquam nova eis, propter quod et ea melius memorantur et magis
delectantur, miranda enim sunt delectabilia, ad ea autem in quibus
delectantur facilius inclinantur. Si autem aliquis transgrediatur dicens aut
faciens aliquid contra huiusmodi prohibitum, si fuerit liber non adeptus
aliquam dignitatem, puniatur, privando ipsum de mensa in conviviis communibus
et aliquibus dehonestationibus et verberibus decentibus transgressionem: si
autem fuerit senior aetate praecedentibus et adeptus aliquam dignitatem,
puniatur inhonorationibus servilibus non decentibus statum eius propter
utilitatem, cum operatus sit non decentia ipsum. Praelatus enim si peccat
manifeste amplius puniendus est quam privata persona, et quia transgreditur
in peccando, et quia praebet subditis occasionem peccandi credentibus bonum
esse et sibi licere quaecumque viderunt ipsum facientem aut dicentem. [90175] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 35 Deinde cum dicit quoniam autem
declarat quod cavendi sunt a visione inhonestorum; dicens, quoniam facere aut
dicere aliquid turpe dicimus debere exterminari a civitate, manifestum est
quod videre picturas aut sermones inhonesta repraesentantes cavendum est in
civitate, et maxime a iuvenibus: ex visione enim talium fit imaginatio et
memoria ipsorum et maxime iuvenibus existentibus propter admirationem; ad
imaginationem autem fortem eorum contingit disponi appetitum et virtutes
motivas ab ipsa: phantasia enim et intelligentia habent rerum virtutes, sicut
dicit Aristoteles in libro de motione animalium; et ideo principes cavere
debent, ne sculptura quae fit per incisionem, neque pictura quae fit per
appositionem quae sint repraesentativae istorum, fiant in loco privato, nec
publico, nisi forte in oraculis aliquorum deorum, quibus lex attribuit
aliquas lascivias, sicut Veneri lasciviam circa venerea: et loquitur secundum
opinionem gentilium antiquorum. Ad cultum autem illorum, ubi tales lasciviae
fiunt aut sunt imagines earum repraesentativae lex permittit parentes magis
provectos existentes pro se et pueris deos huiusmodi honorare. Iuvenes autem
non esse inspectores istorum, neque iamborum, neque tragoediarum aut
comoediarum in quibus repraesentantur gesta et mores rusticorum seu ruralium,
usque ad aetatem in qua debent communicare mensa communi, in conviviis
publicis puta quando in eis incipit vigere ratio. [90176] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 36 Deinde cum dicit iam de missione
declarat per quae possunt faciliter prohiberi, excusando se ab ulteriori
consideratione de istis; dicens, quod ab inhonestorum auditu et visione, et
ab ebrietate, et universaliter a turpium operatione prohibebuntur, et
impassibiles erunt, si occupentur in aliqua disciplina et assuefaciant
delectari in ea: occupati enim cum delectatione in ipsa, ad alia non
attendunt. Sed de talibus nunc pertranseundo dictum est: posterius autem
insistendo determinabitur magis, si oportet puerorum esse aliquam disciplinam
vel non, dubitando; et si oportet, qualiter est et qualiter instruendi sunt:
nunc autem de hoc recordationem fecimus secundum quod necessarium erat. [90177] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 37 Deinde cum dicit forte autem
inquirit quoddam signum, quo ostenduntur ea quae in principio audimus et
cognoscimus fieri nobis delectabilia, et quod eis favemus, et consequenter in
eis persistimus, tamquam in re nobis grata et delectabili. Dicit enim quod
Theodorus tragoediarum actor non male in hoc censebat, quod cum erat acturus
aliquid, nolebat quod aliquis prius aliquid repraesentaret quam ipse,
qualiscumque hystrio esset; et hoc ideo, quia auditores magis favent his quos
primo audierint; ex quo patet quod amamus ea quae primo cognoscimus, et
quibus primo assuescimus. Manifestum enim est quod idem accidit, quantum ad
assuefactionem hominum in locutionibus et rerum operationibus. In utrisque
enim consuetudo inclinat ad similia. Omnia enim quae primo operamur, seu
videndo seu audiendo seu alitercumque, puta in prima aetate, magis diligimus,
quia magis delectamur in eis, admirantes ea sicut nova: ea autem quae magis
diligimus, magis possumus operari. Quare si expedit in prima aetate pueros
audire comoedias, aut tragoedias, magis inclinabuntur ad ea quae
repraesentantur per eas in aetate futura: quod est inconveniens: et ideo
oportet a iuvenibus omnia turpia, etiam inhonesta in prima aetate facere
extranea, vel per assuefactionem in contrariis, vel per afflictionem poenae
operantibus. Inter ista autem magis illa quae maioris sunt adhaesionis, et
facilioris, puta inhonestatem quae circa venerea, et circa potum et cibum;
concupiscentia enim talium, quasi innata est nobis statim ex iuventute,
secundum philosophum secundo Ethicorum. [90178] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 38 Deinde cum dicit transactis autem
declarat qualiter instruendi sunt in habita aetate, puta a fine quinti anni
usque ad finem septimi: breviter se expedit, dicendo quod transactis quinque
annis, duobus sequentibus usque ad finem septimi oportet iuvenes esse
inspectores disciplinarum, in quibus erudiendi sunt; ut si sunt erudiendi in
equestri, oportet fieri inspectores equestrium; si in musica, musicalium; ut
per auditum et inspectionem talium assueti, magis inclinentur ad ea. [90179] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 7 l. 12 n. 39 Deinde cum dicit duae autem volens
se continuare ad sequentia, distinguit tempus sequens conveniens disciplinae;
dicens, quod duae sunt aetates, secundum quas necessarium est dividi
disciplinam convenientem unicuique illarum; puta illam quae est a fine
septimi anni usque ad pubescentiam, idest usque ad finem decimiquarti et
illam quae est a pubescentia usque ad duodecimum annum. Qui autem omnes
aetates distinguunt per septennia, dicentes primam aetatem continere primum
septennium, et secundam secundum, et tertiam tertium, quantum ad omnes aetates,
non bene dicunt: oportet enim, quod divisio aetatis consequenter accipiatur
divisioni naturalis dispositionis hominis, ut mensuratur tempore; et ideo
secundum diversitatem status conversationis et dispositionis naturalium, ut
mensurantur tempore, oportet aetates diversificari. Sed iste status aliquando
diversificatur in minori tempore quam in septennio, quandoque in ampliori.
Alius enim est status conversationis naturalis hominis in tribus primis
annis, alius in duobus sequentibus et alius in duobus similiter sequentibus;
et ideo secundum hoc tres aetates ante septem annos perfectos distinguuntur.
Deinde alius status conversationis et modi vivendi est in sequenti septennio
a praecedentibus, et alius in sequenti; et ideo istae duae aetates septenniis
distinguuntur. Status autem vel modus vivendi conversationis sequens longior
est, et protenditur usque ad trigesimumseptimum vel circa; et ita non
mensuratur uno septennio, sed pluribus; et sic de aliis. Et ideo non
dividuntur aetates universaliter septenniis; sed oportet assequi distinctioni
naturali. Omnis autem ars et disciplina in actu nata est supplere defectum
naturae, et inquantum perficit aptitudinem naturae ad ipsam, per hoc quod
sciens in aptitudine fit sciens in actu, vel per hoc quod formam inducit in
materia extrinseca apta nata; et ideo erudiendi sunt ad unamquamque
disciplinam, ad quam apti sunt. Est igitur considerandum primo, utrum sit
facienda aliqua cura circa disciplinam propriam puerorum; et dato quod sic,
secundo utrum oporteat ipsam esse communem vel propriam, sicut nunc faciunt
in multis civitatibus. Et dato quod magis expediat esse communem, tertio est
considerandum qualem oportet esse huiusmodi disciplinam. Et de istis
considerabit in sequenti libro, statim incipiens octavum librum a determinatione
primi istorum. Et in hoc terminat philosophus intentionem suam in isto
septimo. |
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Liber 8
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LIVRE 8
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Lectio
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[90180] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 1 Postquam philosophus declaravit qualiter et quibus iuvenes
sint disponendi et instituendi quantum ad corpus, et usque ad finem tertiae
aetatis, quae secundum ipsum terminatur in fine septimi anni, nunc intendit
declarare qualiter instruendi et disponendi sunt secundum intellectum in
duabus sequentibus aetatibus, quae terminantur in fine vigesimiprimi anni: et
secundum ordinem praemissum prius dividitur liber iste in partes tres.
Quoniam primo ostendit, quod puerorum oportet facere curam circa disciplinam
in civitate optima. Secundo cum dicit, quoniam autem, declarat, quod
communem. Tertio cum dicit, quae autem sit, declarat, quae sit illa, et
qualiter erudiendi sint in ipsa. Circa primum praemittit primo conclusionem
suam, dicens, quod nullus habens rectum usum rationis dubitat quin
legislatori curanti de bono communi civitatis, maxime negotiandum sit circa
disciplinam et bonam dispositionem iuvenum. Deinde cum dicit, nam mos, probat
hoc per unam rationem. Secundo cum dicit, adhuc autem, per aliam. In prima
parte ipsa intendit rationem hanc. De illo oportet negotiari legislatorem, et
curam habere, quod non factum in civitatibus laedit et corrumpit respublicas:
maxime enim debet intendere bonum et salvationem reipublicae. Sed non curare
de bona dispositione puerorum, et dimittere eos assuesci in quibus volunt, laedit
et corrumpit rempublicam. Cuius declaratio est, quia expedit civitatem
gubernanti assuescere, et disponere futuros cives ad unamquamque rempublicam
secundum modum convenientem ei, sicut materiam ad formam. Consuetudo enim
uniuscuiusque reipublicae et dispositio conveniens principium est instituendi
rempublicam et conservandi ipsam institutam, sicut bona praeparatio materiae
ad formam principium est educendi formam illam in esse et conservandi illam
eductam; sicut videmus, quod consuetudo popularis principium est instituendi
et salvandi popularem statum, et consuetudo paucorum potentiae statum
paucorum, et similiter in aliis. Et semper consuetudo melior principium
institutionis est et salvationis sive conservationis melioris reipublicae,
sicut excellentior dispositio materiae est principium generationis
excellentioris formae. Ex quo manifestum est, quod bona dispositio et
consuetudo iuvenum ad rempublicam instituit et salvat ipsam: quare per
oppositum indispositio ipsorum et negligentia circa hoc destruit et corrumpit
eamdem. Quare de bona dispositione seu disciplina puerorum oportet
legislatorem curare. [90181] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 2 Deinde cum dicit adhuc autem ponit
secundam rationem; dicens, quod adhuc sicut est in aliis potentiis et artibus
operativis respectu operationum, sic est in virtutibus politicis, et scientia
politica respectu actionum politicarum. Sed ita se habet in aliis potentiis
et artibus quod omnibus oportet praeexistere aliquam bonam dispositionem materiae,
aut aliquam eruditionem, aut assuefactionem. Hoc etiam videmus in
speculativis: quoniam omnis ars et omnis doctrina ratiocinativa fit ex
praeexistenti cognitione: et in operativis similiter, sicut in fistulativa:
debens enim recte fistulare prius assuescit in quibusdam praeludiis et
rudimentis: similiter autem et in aliis se habet: oportet enim materiam bene
disponi ad actionem, quia actus activorum fiunt in patiente bene disposito.
Quare in virtutibus et scientia politica oportet ad actionem rectam futuram
praeerudiri et assuefieri et disponi in quibusdam: et de hoc debet curare
legislator, cuius est intendere bonum, et salvationem reipublicae. [90182] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 3 Deinde cum dicit quoniam autem volens
probare quod oportet de pueris curam communem habere, probat prius, quod
omnium in civitate una oportet esse disciplinam unam, intendens rationem
hanc. Quorumcumque est unus finis per se, eorum est disciplina una de eis
quae ad finem ordinantur, quia ratio eorum quae sunt ad finem ex fine
sumitur: et quorum est ratio una, et disciplina una, secundum quod huiusmodi.
Omnium autem viventium in civitate secundum rempublicam unam, est unus finis,
puta finis reipublicae. Quare manifestum est, quod omnium oportet esse unam
et eamdem disciplinam de necessitate. [90183] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 4 Deinde cum dicit et huius curam
probat, quod oportet de his fieri curam communem quantum ad disciplinam. Et
primo per rationes. Secundo cum dicit, laudabit utique per exemplum. Circa
primum ponit rationes duas: quarum primam tangens, dicit, quod de disciplina
puerorum oportet legislatorem facere curam unam et non divisim, sicut nunc in
quibusdam civitatibus unusquisque curat de propriis pueris secundum quod
videtur sibi, seorsum instruens disciplina propria quaecumque videtur sibi
utilis, alius et alius, in alia et alia. Et huius ratio est, quoniam eorum
quorum est disciplina una et communis, expedit facere curam communem et
studium, ut cura sit proportionalis disciplinae. Sed omnium in civitate una
est disciplina una, et una et eadem ratio, ut probatum est prius. Ergo de
omnibus est facienda cura communis et eadem quantum ad illa. [90184] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 5 Deinde cum dicit simul autem ponit
secundam rationem, et est. Cura de parte et dispositio debent esse secundum
habitudinem ad totum: tum quia pars est propter ipsum totum, tum quia
rationem et esse habet ab ipso. Nunc autem simul cum his quae dicta sunt
oportet intelligere unumquemque civem non esse suiipsius solum, neque gratia
sui, sed omnes civitatis et gratia eius; ergo cura uniuscuiusque civium et
dispositio facienda est secundum habitudinem ad totam civitatem et bonum
ipsius. Secundum igitur eumdem modum curandi sunt et disponendi iuvenes
secundum quod tota civitas curatur et disponitur ad bonum commune. Sed de
istis facienda est cura communis; ergo et de iuvenibus. [90185] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 6 Deinde cum dicit laudabit autem
manifestat idem per exemplum; dicens, quod rationabiliter poterit aliquis
laudare Lacedaemonios, qui reputantur bene gubernare in hoc, maximam enim
curam et studium impendunt circa disciplinam puerorum, et hoc non privatim,
sed communiter, bene existimantes quod bona dispositio puerorum communis
induceret bonam rempublicam consequenter. Quod igitur oportet legislatorem
curare et ferre leges de disciplina iuvenum, et quod hanc curam et
disciplinam de ea oportet esse communem, manifestum est ex dictis. [90186] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 7 Deinde cum dicit quae autem declarat
quae sit illa disciplina, et qualiter sunt erudiendi in ea. Et circa hoc
primo praemittit intentum et necessitatem considerationis de ipso. Secundo
cum dicit, quod quidem igitur, prosequitur. In prima parte dicit, quod
civitatis gubernatorem oportet non latere quae sit huiusmodi disciplina
puerorum communis, et qualiter et usque quo oporteat pueros erudiri in ipsa.
Cuius ratio est, quoniam multi dubitant de ipsa, sicut apparet ex operibus et
diversis opinionibus de ea: non enim omnes opinantur pueros debere erudiri in
eisdem disciplinis, neque in ordine ad virtutem, neque in ordine ad idem
optimum: sed quidam in una, puta in iudicativa seu rhetorica, quidam in alia,
puta medicativa, vel exercitativa, vel huiusmodi. Nec etiam manifestum est
omnibus, utrum magis oportet eos erudiri seu assuefieri in his quae pertinent
ad intellectum, puta in virtutibus intellectualibus, vel in his quae
pertinent ad morem animae, hoc est in virtutibus moralibus quae sunt in parte
appetitiva ipsius. Iterum consideratio de disciplina, quae ordinatur ad vitam
activam, plena est turbatione: quae scilicet sit optima, cui magis
intendendum sit: diversi enim diversa ponunt, secundum quod diversos fines in
agibilibus sibi constituunt. Adhuc non est manifestum utrum magis studendum
sit circa operationes vitae activae, aut circa ea quae tendunt ad virtutem
quae est principium illius, an circa superflua, puta circa delectationes
sensibiles non necessarias: diversi enim circa hoc diversa opinantur, et
quilibet istorum habet proprios iudices. Iterum de virtutibus quae sit
principalis nihil concorditer dicunt: non enim omnes honorant eamdem, sicut
principaliorem, sed alii aliam et alii aliam. Quia igitur de his diversi
diversimode existimant, et secundum diversitatem existimationis sequitur
diversitas studii, rationabiliter diversificantur circa studium istorum:
quaelibet enim studet et intendit circa id quod sibi melius et possibilius
existimat. Quare rationabiliter considerandum est quae sit disciplina omnis,
circa quam sit studendum, sicut circa optimum pueris. [90187] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 8 Deinde cum dicit quod quidem
prosequitur. Et primo declarat in universali in quibus erudiendi sunt,
quoniam in utilibus et liberalibus. Secundo cum dicit, sunt autem quatuor,
magis determinate declarat quae sint illa. Circa primum primo ostendit quod
in utilibus et liberalibus sunt erudiendi. Secundo cum dicit, sunt etiam
quaedam, declarat usque ad quid et cuius gratia. Et circa primum est
intelligendum quod homo liber est, qui est suipsius causa et in ratione
causae moventis et in ratione finis, sicut dictum est prius. In ratione
quidem moventis, quando ab illo per quod est homo et quod est principale in
eo, puta ab intellectu, movetur praeiudicando et ordinando modum et rationem
agendi. In ratione autem finis cum movetur ad bonum et finem ipsius secundum
illud idem quod principale est in eo secundum intellectum; et tanto magis
liber est secundum naturam, quanto magis natus est moveri ab eo quod
principalissimum est in eo et ad finem et bonum eius secundum illud idem.
Homo autem servus dicitur qui non est natus moveri propter indispositionem materiae
ab intellectu proprio per quem determinatur, sed ab intellectu et ratione
alterius; nec etiam operatur sui gratia, sed gratia illius alterius. Et
quanto minus natus est moveri a se et magis ab alio et ad finem alterius,
tanto magis servus est. Ad hoc autem quod moveatur ab alio et agat ad finem
alterius, requiritur robur corporale. Et
hoc rationabiliter accidit; quia ubi deficit virtus intellectus et formae,
excedit virtus corporis et materiae. Et propter hoc dixit Aristoteles in
primo huius, quod vigentes intellectu, etsi deficiant corpore sunt
naturaliter aliorum domini: robusti autem corpore, deficientes intellectu,
sunt naturaliter servi. [90188] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 9 Et secundum hoc scientia libera vel
liberalis dicta est ab antiquis secundum quam homo per se disponitur secundum
intellectum ad finem proprium. Illa autem secundum quam disponitur in ordine
ad bonum corporis per se et ad bona exteriora, servilis, quia ordinatur ad
bonum eius secundum hoc quod debet servire in homine, ut mechanica, quia
moechari facit quodammodo intellectum circa ea quae non sunt propria sibi
secundum quod huiusmodi. Et inter liberas illa libera est maxime quae
immediate disponit intellectum ad finem optimum; puta illa in cuius operatione
consistit felicitas: illa autem quae mediate disponit intellectum ad ipsum,
minus; sicut scientiae posteriores in quibus scire contingit ordinare ad
scire in superiori, quamvis contingat ipsum quaerere propter seipsum. Et illa
minime liberalis est inter speculativas, in qua minime quaeritur scire
propter se, et quae per plura media ordinatur ad bonum hominis ultimum.
Similiter inter servas illa magis serva est in qua magis deprimitur
intellectus seu ratio circa utiliora et magis extranea ab homine secundum
quod homo; sicut illa quae ordinatur ad bona exteriora magis quam illa quae
ordinatur ad bonum corporis. Quamvis autem liberali maxime non contingat uti
male quantum ad usum per se ipsius, posterioribus tamen etiam minus
liberalibus quantum etiam ad usum earum per se contingit. Sicut circa finem
ultimum hominis simpliciter non contingit male se habere; his autem quae sunt
ad ipsum, contingit quandoque male uti. Et hoc contingit quando per
considerationem vel exercitium in eis retrahitur aliquis, vel a fine, vel ab
his quae propinquiora sunt fini; sicut contingit per considerationem in
aliqua scientia posteriori respectu alicuius minus scibilis retrahitur
aliquis a consideratione in prima respectu maxime scibilis. [90189] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 10 Hoc igitur viso supponens
Aristoteles quod expedit pueros erudiri in disciplinis utilibus ad finem,
sicut manifestum, probat quod non in omnibus utilibus, sed in liberalibus;
dicens, quod manifestum est ex se, quod expedit pueros in civitate bene
ordinata erudiri in disciplinis utilibus ad finem reipublicae: illa enim quae
ordinantur ad finem aliquem expedit praeparari et disponi ad ipsum. Pueri
autem ordinandi sunt ad finem reipublicae; et disciplina et eruditio sunt quaedam
praeparationes ipsorum ad ipsum. Quod autem non expediat eos erudiri in
omnibus utilibus universaliter, sed tantum in utilibus et liberalibus,
manifestum est distinctis disciplinis per liberales quae per se disponunt
intellectum ad finem, et illiberales quae per se ordinantur ad bonum
corporis, sicut dictum est. Sed talibus expedit eos participare quaecumque de
numero utilium ad finem per se faciunt participantem mercenarium. Mercenariam
autem operationem et artem et doctrinam oportet intelligere eas quaecumque
corpora liberorum aut animam, aut etiam intellectum male et inutiliter
disponunt ad usus et actiones virtutum moralium et intellectualium, vel etiam
ad usum perfectissimae virtutis quae est felicitas propter quod et huiusmodi
artes quaecumque disponunt corpus deterius ad huiusmodi artes, et in quarum
operationibus absorbetur intellectus, utiles dicimus, sicut artes forenses
vel artes etiam in quibus corpus maculatur, quoniam per usum earum faciunt
mentem non vacantem circa ea quae sunt bona eius per se et deprimunt eam ad
ea in quibus perfectio ipsius secundum se non invenitur. [90190] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 11 Deinde cum dicit est autem declarat
usque ad quid et cuius gratia oportet erudiri in liberalibus et assuefieri;
et dicit quod quamvis eruditio et usus primae et principalis virtutis
quaerenda fuit quantacumque et sine termino, tamen participare scientiis
liberalibus aliquibus, puta quarum usus ordinatur ad usum excellentiorem,
usque ad aliquem terminum non liberale est. Continue autem et assidue
exercere se in eis usque ad quantamcumque perfectionem valde nocivum est,
propter dicta nocumenta; quia scilicet accensio et consideratio continua in
eis retrahit aut simpliciter aut in parte ab usu optimae virtutis. Et iterum
manifestum est, quod scientiae istae et usus earum ordinantur in finem
ulteriorem. Quamvis autem appetitus finis infinitus sit, appetitus tamen
eorum quae ad finem ordinantur non est infinitus, sed determinatus a fine. Et
ideo usque ad aliquid erudiri et considerare in eis liberale est, scilicet
inquantum utiles sunt ad finem, et non amplius. Sed multa differentia est ad
quem finem aliquis addiscit aut exercetur in eis. Si enim propter actum
virtutis excellentioris suiipsius, non est pravum nec illiberale; aut si
etiam propter bonum virtutis aliquorum amicorum, quia amicus est velut alter
ipse. Si autem aliquis addiscat eas et operetur in eis saepe propter alios,
ut inde reportet commodum et utilitatem secundum bona exteriora, sicut multi
iuristarum et medicorum faciunt, mercenarium et servile erit. Dictum enim est
prius disciplinam servilem esse quae ordinatur ad corpus et ad bona exteriora
cum depressione intellectus. Dicit autem qui hoc agit saepe propter alios,
quia quandoque bonum est uti talibus scientiis ad alios, aliquando propter
bonum aliorum tantum sine utilitate propria, ut quando necessitatem habentes
a se vel ab aliis non possunt iuvari opportune, aliquando etiam propter
utilitatem propriam ut reportent lucrum rationabile, secundum tamen quod
utile est ad finem et bonum secundum intellectum non deprimendo intellectum
ipsum in usu ipso. Praemissae igitur disciplinae seu eruditiones ad utrumque
se habent, quia contingit eis bene uti ad finem et male, quemadmodum dictum
est. [90191] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 12 Consequenter cum dicit sunt autem
declarat determinate quae sunt scientiae convenientes pueris. Et primo
praenumerat eas. Secundo cum dicit, de musica vero, declarat cuius gratia et
qualiter sunt in eis erudiendi. In prima parte dicit, quod quatuor sunt
disciplinae fere quas consueverunt iuvenes addiscere in civitatibus quae bene
gubernantur: scilicet disciplinam literarum, puta grammaticam seu rationalem
universaliter, et luctativam et musicam et artem figurandi quae communis est
pictoriae et sculptoriae, sicut valde utiles ad operationes vitae humanae, et
valde bonae secundum seipsas, inquantum in eis aliqualiter perficitur
intellectus. Gymnastica utilis est tamquam conferens ad fortitudinem et robur
iuvenum. [90192] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 13 Deinde cum dicit de musica declarat
cuius gratia et qualiter erudiendi sunt in eis. Et primo facit hoc. Secundo
cum dicit, de musica autem regreditur ad inquirendum de musica, ut magis
appareat veritas de ea. Circa primum primo ostendit quare et cuius gratia
erudiendi sunt pueri in musica. Secundo cum dicit, adhuc autem, cuius gratia
in disciplina literarum. Tertio cum dicit, ac etiam de utilibus, cuius gratia
in figurativa. Quarto cum dicit, similiter vero, cuius gratia et usque ad
quid et qualiter in gymnastica. Circa primum primo facit quod dictum est.
Secundo cum dicit, quod igitur recolligit dicta. Circa primum adhuc
primo ostendit, quod sunt quaedam scientiae quas expedit addiscere propter
deductionem in vacatione. Secundo cum dicit, quapropter musicam, etc. ex his
concludit musicam addiscendam esse propter delectationem in vacatione, non
propter utilitatem. Circa primum adhuc primo tangit, quod non vacatio est
propter vacationem. Secundo cum
dicit, itaque manifestum, etc. ex dictis concludit propositum suum. Adhuc in
prima parte ostendit, quod non vacatio est propter vacationem habentem
delectationem secundum seipsam. Secundo cum dicit, si enim utroque etc. quod
vacatio quae est in quiete rationem finis habet secundum se, et quaerenda est
non propter aliud. Tertio cum dicit, otium autem, etc. ostendit quod vacatio
in his quae ad intellectum pertinent habet delectationem secundum seipsam, et
rationem finis. In prima parte dicit, quod de disciplina musicae cuius gratia
iuvenes erudiendi sunt in ea, dubitabit aliquis propter diversitatem quae
accidit circa eam. Quidam enim participant ea propter delectationem, quae est
circa sensum. Sonus enim musicus proportionaliter movet auditum, cuius
apprehensionem sequitur delectatio sensibilis, sic participant eam rurales.
Alii autem instituerunt eam ut disciplinam quamdam, videlicet propter
cognitionem proportionum, et ipsarum harmoniarum speculationem; propter hoc
quod natura humana secundum intellectum appetit, sicut saepe dictum est, non
solum non vacare, idest agere operationes extrinsecas recte, sed etiam posse
bene vacare, idest vacando ab operationibus exterioribus intendere circa
speculationem. Speculatio enim primi intelligibilis rationem primi
principii habet in operationibus. Est enim ultimus finis hominis, sicut
dictum est prius. Quamvis enim ambo sint eligibilia, scilicet non vacare,
idest intendere exterioribus operationibus, et vacare, idest intendere
interioribus, vacatio tamen magis habet rationem eligibilis et boni quam non
vacare. Inquirenda est ergo
vacatio aliqua sicut finis omnium aliorum, quae oportet facere gratia ipsius,
sicut bellum propter pacem. Et hoc satis ostensum est prius, et decimo
Ethicorum. [90193] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 14 Deinde cum dicit si enim quia forte
aliquis crederet, quod cum in ludo sit delectatio quaedam delectabilis, quod
ipsa haberet rationem finis, cuius gratia alia quaerenda essent. Et ideo
ostendit contrarium huiusmodi; dicens, quod quamvis non vacare eligendum sit
propter vacationem, non tamen propter eam quam exercemus ludentes. Si enim
ita esset, tunc ludus et exercitium in ipso esset finis vitae nostrae. Quia
igitur hoc est impossibile, ludus enim laboriosus est, et cum tristitia et
nocumento saepe, manifestum est, quod inconveniens est non vacationis finem
esse ludum; et manifestum est magis intendendum ludis in non vacationibus, ut
magis possint operari; quia laborans in operando indiget requie propter
restitutionem et salvationem virtutum. Cuiuscumque enim est aliquod tempus
determinatum ad operationem agere, si excesserit illud necesse est
languescere, sicut philosophus dicit in libro de somno: propter hoc indiget
remissione illius. Ludus autem propter requiem est, vel est requies quaedam.
Sed operari operationes exteriores accidit cum labore et fatigatione, tum
propter motum membrorum praeter naturam, tum propter consumptionem spirituum.
Et ideo oportet ludos introducere observantes tempus et locum opportunum, et
alias circumstantias ad usum ipsorum, tamquam ad requiem adducant, et
quaerantur quasi gratia pharmaciae, idest medicinae. Ut sicut medicina
amara existens ad sanitatem deducit, ita etiam ludus, etsi sit cum tristitia
et labore, ad restitutionem virtutum. Remissio enim motus laboriosi animae
propter delectationem consequentem requies quaedam est virtutum animae. Sic
igitur vacatio, quae in ludo, rationem finis non habet, sed magis quaeritur
propter requiem a fatigatione quae in operatione est. Huiusmodi autem requies
propter ipsam operationem quaeritur. [90194] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 1 n. 15 Deinde cum
dicit vacare autem ostendit, quod in vacatione in operationibus circa
speculabilia est felicitas et delectatio secundum se; dicens quod operatio
circa speculabilia habet secundum seipsum delectationem et felicitatem et
vitam beatam, sicut ostensum est prius. Beate autem vivere non existit in non
vacatione, sed in vacatione magis. Non vacans enim, idest exercens operationes
exteriores, operatur gratia alicuius finis non existentis in illa operatione,
sed in aliqua ulteriori. Sicut bellum exercens operatur propter pacem, et
currens in stadio currit propter bravium. Felicitas autem perfecta rationem
finis ultimi habet, quae non est cum tristitia, sed cum delectatione
excellentissima. Operationem enim excellentissimam sequitur excellentissima
delectatio. Siquidem operationem per se sequitur delectatio. Sed hanc
felicitatem et operationem non eamdem ponunt omnes, sed diversi diversam,
secundum diversitatem aestimationum et habituum. Unusquisque enim operationem
secundum habitum quem existimat perfectissimum ponit felicitatem esse, et
delectationem propriam ei. Secundum
veritatem autem operatio, quae est secundum excellentissimum habitum,
felicitas est; et delectatio, consequens ipsam excellentissima. Habitus autem
ille optimus est, qui est secundum virtutem perfectissimam, et respectu
perfectissimi obiecti. Per ista enim duo determinatur, puta per potentiam et
obiectum. [90195] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 16 Deinde cum dicit itaque manifestum
concludit ex dictis, quod sunt aliquae disciplinae quaerendae propter
delectationem quae in vacatione est; dicens, quia in vacatione consistit
felicitas, quae rationem finis habet, et delectationem maximam, ut dictum
est. Ea autem quae sunt ad finem, quaerenda sunt propter ipsum, et
delectationem quae in ipso est; et si sunt quaedam disciplinae vel
eruditiones ordinatae ad felicitatem per se, manifestum est, quod oportet ad
vacationem quae in contemplatione, et delectatione, quae in ipsa est,
addiscere disciplinas quasdam, et erudiri in eis, et istas esse gratia
suiipsius, tamquam bonas secundum seipsas, quamvis valeant ad felicitatem. Eas autem quae
ordinantur ad non vacationem, seu ad operationes exteriores, vel opera
exteriora, esse necessarias, quamvis non simpliciter bonas secundum seipsas;
sicut extrinseca bona ad quae ordinantur sunt necessaria ad vitam, sicut
organa quaedam seu materia, et non simpliciter bona secundum seipsa. [90196] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 1 n. 17 Deinde cum
dicit quapropter musicam ex dictis declarat, quod musica addiscenda est
propter eruditionem et delectationem, non sicut necessaria. Et primo declarat
hoc per rationem. Secundo cum dicit, quapropter Homerus etc. per dicta
Homeri. In prima parte ipse dicit,
quod propter praedicta antiqui musicam dixerunt esse quaerendam propter
eruditionem et delectationem, quae in vacatione, et non propter aliquam utilitatem
extrinsecam. Necesse est enim musicam quaerere, aut propter necessitatem
extrinsecorum bonorum, aut propter delectationem quae est in vacatione, et
non propter aliquam utilitatem extrinsecam. Omnis enim scientia aut propter
hoc aut illud quaeritur. Speculativa quidem propter delectationem quae in
vacatione, practica autem propter opus. Sed ipsa non est quaerenda propter
necessarium vel utile aliquod extrinsecum. Non enim secundum se est utilis ad
acquisitionem pecuniarum, seu oeconomiam, sicut scientia literarum utilis est
ad istas, et ad doctrinam aliarum, et ad actiones politicas multas: nec etiam
utilis est sicut videtur figurativa esse utilis ad recte iudicandum artificum
opera, ut non decipiantur. Nec etiam est utilis ad sanitatem et robur per se,
sicut luctativa. Neutrum enim istorum facit musica per se, quamvis quandoque
faciat per accidens; ergo relinquitur debere ipsam addiscere propter scire,
et deductionem, quae in vacatione est, ad quod antiqui sapientes ordinaverunt
ipsam. Delectationem enim quam credunt esse liberorum, et in qua eos exerceri
dicunt fieri per musicam, ad hoc eam ordinantes. [90197] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 18 Deinde cum dicit quapropter Homerus
declarat hoc per dicta Homeri tria, quae imperfecte ponit. Dicit igitur, quod
propter praedicta, Homerus in quodam metro ita inquit de ipsa, quasi
adversando quibusdam dicentibus ipsam esse necessariam, dicens ita non esse.
Sed contingit delectari in eam per se, sicut vocari ad epulas delectabile est
per se multis. Et iterum in alio metro dicens alteros quosdam esse, qui
dicunt cantativam naturam, hoc est musicam, esse valde delectabilem, sicut
delectantem omnes. Et in aliis introduxit Ulyxem dicentem hanc esse optimam
hominum delectationem, ipsis gaudentibus in epulando, si audiant cantilenas
musicas a citharoedo, ipsi dico residentes. In primo autem dicto
dicit habere omnem delectationem absolute. In secundo delectationem
naturalem. In tertio optimam. [90198] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 8 l. 1 n. 19 Deinde cum dicit quod igitur recolligit dicta,
dicens quod ex his quae dicta sunt, manifestum est quod est aliqua disciplina
in qua erudiendi sunt pueri, non sicut in utili aut necessaria propter
extrinseca bona, sed sicut in liberali et honesta secundum seipsum. Utrum
autem ipsa sit una vel plures secundum numerum, et si sint plures, quae sunt
hae, et qualiter addiscendae, posterius determinabit. Nunc autem tantum
praemanifestum est nobis, quod ab antiquis habemus testimonium quoddam, quod
sunt aliqua erudimenta puerorum liberalia et honesta secundum se, et quod
musica hoc operatur manifeste. [90199] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 20 Deinde cum dicit ac etiam declarat
cuius gratia addiscenda est scientia literarum; dicens, quod adhuc manifestum
est, quod oportet pueros erudiri in quibusdam disciplinis utilibus, non
tantum propter utilitatem exteriorum, quae sequitur ex eis, sed propter hoc
quod ad scientias et ad liberales actiones valent. Sicut in scientia
literarum, quae non tantum utilis est ad extrinseca bona, sicut dictum est
prius, et propter hoc addiscenda, sed etiam propter hoc quod per ipsam
contingit fieri eruditiones multas in aliis scientiis, puta eas quae fiunt
per disciplinam audiendo ab alio, quod non fit nisi per sermonem
significativum, cuius significationem et rationem modi significandi, simul
autem et ordinationem convenientem docet praedicta scientia. [90200] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 21 Deinde cum dicit similiter vero
declarat cuius gratia erudiendi sunt in figurativa. Dicens quod simul expedit
pueros erudiri in figurativa, quae sub se continet scriptivam et pictivam,
aut etiam sculptivam, non solum ut non decipiantur in vendendo propria, sed
etiam ut sint inseductibiles circa emptionem et venditionem vasorum
universaliter, quorum valor praeter eum qui materiae, cognoscitur per artem
praedictam, quod pertinet ad utilitatem. Aut magis erudiendi sunt in ea, quia
per ipsam magis possunt considerare pulchritudinem corporum, quae consistit
in debita proportione quantitatis membrorum adinvicem et ad totum, et etiam
ad colorem, quod est bonum et delectabile secundum seipsum. Et huiusmodi
gratia erudiendi sunt magis liberi et magnanimi. Quaerere enim in omnibus utilitatem
in exterioribus bonis, et illud quod amplius est in eis, non congruit liberis
et magnanimis secundum quod huiusmodi. Liberi enim sunt vigentes intellectu
magis quam secundum corpus. Et ideo magis intendunt bonum secundum
intellectum, quam secundum corpus, et quam exteriora. Magnanimi enim ex
inclinatione animi et virtute habitus inclinantur ad maxima et
honorabilissima, quae sunt bona secundum intellectum; et ideo respectu
istorum despiciunt extrinseca bona (unde dicit philosophus quarto Ethicorum,
quod neque bene fortunatus gaudiosus erit, neque infortunatus tristis) et
etiam bonum corporis. Unde dicit in eodem, quod est magnorum factivus, et cum
periclitetur in magnis et bonis non parcens vitae; et ideo ad liberum et ad
magnanimum pertinet magis quaerere praeeminentiam in bonis quae secundum
intellectum sunt, quam in bonis exterioribus, et secundum intellectum magis
amare seipsum, sicut idem philosophus dicit in nono Ethicorum. [90201] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 22 Deinde cum dicit cum vero declarat
cuius gratia, et quibus, et qualiter exercitandi sunt in luctativa, seu
agonistica. Et circa hoc primo manifestat cuius gratia. Secundo cum dicit,
nunc autem etc., qualiter et in quibus agonibus. Primo igitur dicit: quoniam
ex his, quae dicta sunt prius, iam manifestum est, utrum erudiendi sunt
prius, in consuetudinibus disponentibus appetitum, vel in his quae pertinent
ad intellectum, quoniam secundum appetitum prius, et etiam circa corpus
prius, quam circa intellectum; manifestum est, quod pueri in hac aetate
tradendi sunt luctativae et etiam paedotribicae. Quarum prima facit
bonum habitum corporis ad fortitudinem et ad armorum usum. Secunda autem bene
dirigit et regulat operationes ipsorum in ordine. Dicitur autem paedotribica disciplina qua paedonomus
dirigit operationes puerorum ad virtutem a paedos quod est puer et tribe quod
est exercitium. [90202] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 23 Deinde cum dicit nunc autem primo
declarat qualibus agonibus erudiendi sunt. Secundo cum dicit, quod igitur
etc. quo ordine. Et circa primum adhuc primo declarat quod non in nimiis
laboribus. Secundo ex hoc concludit magis erudiendos esse in dignis et
humanis agonibus, cum dicit, quare quod bonum et cetera. Primum probat
reprobando opinionem et usum contrarium. Quem primo ponit. Secundo cum dicit,
atqui ut, improbat. In prima parte ipse dicit, quod nunc civitates quae magis
videntur habere sollicitudinem de bono habitu puerorum, inducunt in eis
habitum athleticum, idest habitum ad robur athletae, exercentes eos in
operationibus laboriosis tollentes pulchritudinem corporum et augmentum
impedientes propter excessum laboris in eis. Lacedaemonii enim qui magnam
curam habuerunt de eis, peccaverunt manifeste in isto peccato, facientes eos
efferatos in huiusmodi operationibus, ac si huiusmodi efferatio conferret
maxime ad fortitudinem bellicam. [90203] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 24 Deinde cum dicit atqui ut reprobat
usum et opinionem istorum. Et primo in hoc quod eos exercitabant tantum ad
unam virtutem. Secundo cum dicit, si enim ambo etc. quia nec ad illam bene.
Unde in prima parte dicit, quod praedictae civitates sic exercitabant pueros
propter fortitudinem, quamvis manifestum sit, sicut dictum est prius, quod
non expedit futuros bene gubernare exercitari tantum ad unam virtutem, sed
magis ad omnes. Si quidem felicitatem oportet habere omnes virtutes, ut
probatum fuit; ipsi autem tantum exercitabant eos ad unam. Iterum dato quod
sufficiat exerceri ad unam maxime, non tamen ad hanc quam ipsi opinabantur,
puta ad fortitudinem. Maxime enim expedit exercitari ad optimam virtutem.
Optima autem virtus non est fortitudo, sed aut iustitia, aut prudentia magis. [90204] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 8 l. 1 n. 25 Deinde cum dicit et si ad hanc ostendit, quod
neque ad hanc convenienter exercitabant eos, per duas rationes, quarum
secundam ponit cum dicit, praeterea scimus et cetera. In prima dicit, quod et
si expedit pueros exercitari maxime ad fortitudinem secundum opinionem
ipsorum, tamen non bene invenerunt agones et modos exercitandi ad ipsam,
exercitantes eos in operibus ad crudelitatem et immisericordiam, puta in
homicidiis, rapinis et aliis huiusmodi. Et hoc apparet, quia neque illa
animalia bruta magis assequuntur fortitudinem secundum veritatem quaecumque
sunt silvestria et crudelia magis, puta lupus aut draco, sed magis illa quae
habent mores mitiores et leoninos et sunt magis assueta praedictis, sicut leo
qui fortissimus animalium dicitur esse et multas habere proprietates similes
proprietatibus quarumdam virtutum. Et canes quidam qui ex hoc etiam nobiles
dicuntur. Nec etiam gentes quae magis crudeles et immisericordes sunt magis
habent fortitudinem secundum veritatem. Multae enim inveniuntur quae
inclinantur, vel ex natura quadam corrupta, vel ex consuetudine, ad
interficiendum homines et comedendum carnes humanas. Sicut Achaei et Eniochi
dicuntur, et circa pontum habitantes, sicut etiam Tartari. Similiter et aliae
gentium non habitantium iuxta mare, quaedam sunt similes praedictis. Quaedam
autem sunt quae ordinantur ad rapinas et latrocinia facienda. Et tamen omnes
istae participant parum fortitudine. Quare exerceri in huiusmodi operibus ad
crudelitatem pertinentibus, non est exerceri ad fortitudinem veram. Fortitudo
enim vera habitus est in medietate consistens quae circa timores et audacias,
sufferentes faciens et periculorum et mortis quando oportet et ubi et veri
boni gratia; secundum quam oportet, quandoque aliquos aggredi, aliquando
refugere, aliquando interficere et aliquando parcere. Exercitati autem in
operibus feralibus, quamvis multum aggressivi sint, non tamen boni gratia,
non considerantes quando et ubi oportet, nec etiam parcentes cuicumque. [90205] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 26 Deinde cum dicit secundum
praevalentes ponit secundam rationem; dicens, quod adhuc nos scimus, quod
Lacedaemonii quamdiu exercitaverunt se in huiusmodi laboribus, praevaluerunt
vicinis, praeliantes adversus eos; nunc autem deficiunt ab aliis quibusdam
vicinis eorum in agonibus luctativis et bellicis, non habentes artem
luctandi, et modum et prudentiam bellandi, sicut alii habent. Et ideo non
dominantur nunc. Non enim differebant prius ab aliis praevalentes eis propter
hoc per se, quod exercitabant pueros ad habitus ferales. Sed quoniam
exercitati in talibus habitibus pugnabant cum eis qui ad hoc non studuerant
omnino. Praevalet enim aliquis quandoque alicui, quia ipse exercitatus est ad
praelium, alter vero non; aut propter inexperientiam et inexercitium eius cui
praevalet, quamvis praevalens non habet artem bellandi. Nunc autem vicini
eorum exercitati sunt in luctativa arte et bellica. Et ideo praevalent eis
feralibus existentibus, non exercitatis autem in artibus praedictis. [90206] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 27 Deinde cum dicit quare quod
concludit ex dictis, quod magis exercitandi sunt pueri in agonibus humanis et
in ordinatis ad virtutem. Et primo facit hoc. Secundo cum dicit, oportet
autem non ex proprio etc. removet obiectionem quae posset fieri. Primo igitur
dicit, quoniam praedictae civitates non convenienter erudiunt pueros
exercitantes eos in feralibus operibus, manifestum est, quod magis expediens
est multum praeexercitare eos in agonibus et actibus ad bonum deducentibus,
quam in feralibus; quia nec lupus nec alia aliqua fera, quantumcumque
crudeles sint, non bene se haberent in experiendo aliquod periculum bonum. Similiter nec homo
habens proprietates ipsorum propter declinationem a ratione recta ad alterum
extremum; sed vir studiosus secundum rationem operans magis. Quicumque vero
permittunt pueros exercitari in huiusmodi et sine paedagogo in necessariis
faciunt eos sordidos, hoc est depressos secundum intellectum et magis
intendentes bonum corporis, et disponunt eos secundum veritatem ad unum opus
reipublicae, puta ad robur corporis, quamvis magis expediret eos esse
dispositos ad plura vel ad omnia. Et iterum ad illud unum multo deterius
disponunt ipsos quam alii, secundum quod dixit ratio vel sermo prius. Sed
quia aliquis posset dicere quod exercitatio in feralibus expedientior esset
civitatibus, quoniam antiqui in talibus exercitati praevaluerunt aliis, sicut
Lacedaemonii, hoc removet. [90207]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 1 n. 28 Consequenter cum dicit oportet autem dicens,
quod de his quae conveniunt civitatibus et rebuspublicis rectis non debemus
iudicare ex operibus civitatum antiquarum et ex dispositionibus priorum
hominum omnino, sed magis ex his quae fiunt nunc. Antiqui enim pugnabant
contra inexercitatos et insuetos ad arma, contra quos non erat necesse habere
multum exercitium et artem ipsorum, parum enim exercitati poterant eis
praevalere. Nunc autem homines sunt exercitati in agonibus et usu armorum
magis; et ideo disciplinae et eruditiones in talibus nunc habent opus et
locum magis contra tales quam prius haberent. [90208] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 29 Deinde cum dicit quod quidem
manifestat quo ordine sunt exercitandi in istis. Et primo ostendit quod usque
ad pubescentiam continue erudiendi sunt in facilioribus. Secundo cum dicit,
quando autem a pubescentia etc. quod in sequenti aetate exercitandi sunt in
intensioribus, et debent uti alimentis siccis magis quam prius. In prima
dicit, quod cum ex dictis manifestum sit quod pueri exercitandi sunt in
luctativa quae inclinat ad habitus morales virtutum, manifestum etiam potest
esse qualiter et quo ordine sunt exercitandi. Usque enim in finem
pubescentiae exercitandi sunt in levioribus exercitiis et moderatis magis,
reiicientes ab eis exercitium violentum et labores qui ordinantur ad
necessitatem vitae, qui ad servos pertinent; ita ut per violentiam per talia
non fiat aliquod impedimentum ad incrementum et bonam dispositionem corporis.
Per labores enim immoderatos debilitantur virtutes et complexio. Signum autem
quod exerceri in facilioribus valet ad bonam dispositionem corporis, exerceri
autem in violentis gravat, est, quia si ponamus quod aliquis vir exercitatus
recte prius inveniat duos alios homines in violentis exercitatos in
iuventute, ut in Olympionicis, continget istum devincere illos viros iam
existentes perfectos secundum aetatem, quamvis pueros secundum fortitudinem;
propter hoc quod exercitia violenta et necessaria abstulerunt ab huiusmodi
iuvenibus in prima aetate potentiam et vigorem. [90209] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 1 n. 30 Deinde cum dicit quando autem
declarat in quibus exercendi sunt in aetate sequenti; dicens, quod quando
fiunt apti ad alias eruditiones fortiores, puta post pubescentiam vel post
tres annos sequentes vel circa, tunc expedit eos exercitari in exercitiis
magis laboriosis, convenientibus tamen aetati; ita ut sicut natura magis et
magis perficitur, ita plus et plus addatur ad exercitia proportionaliter: et
tunc etiam expedit eis magis administrare alimentum siccum, quod magis
disponit ad fortitudinem. Sed cavendum est, quod simul non exerceantur in eis
quae pertinent ad bonam dispositionem intellectus et ad bona corporis per se.
Contrariantur enim sibi invicem et contraria operantur; et labor in exercitio
corporali impedit intellectum, et labor in his quae ad intellectum et
dispositionem corporis. Cuius ratio est, quia quandocumque aliquae duae
potentiae fundantur in aliqua substantia una, intensio in actu unius remittit
operationem alterius, quia omnis virtus divisa minor est seipsa unita. Potentia autem ad
operationes corporales, puta ad augmentationem et nutritionem, et potentia
intellectiva, ad unam substantiam pertinent. Et ideo intensio in actu alterius impedit aliam. |
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Lectio
2 |
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[90210] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 1 Postquam philosophus ostendit quae sunt disciplinae in
quibus consueverunt pueri erudiri in civitatibus, et cuius gratia erudiendi
sint in eis, regreditur nunc ad declarandum certius cuius gratia erudiendi
sint in musica, et quando et in quibus partibus eius. Et circa hoc primo
praemittit intentionem suam et causam intenti. Secundo cum dicit, quod igitur
etc. prosequitur. Circa primum praemittit intentionem suam. Secundo cum
dicit, neque enim etc. assignat rationem ipsius recolligendo quaedam
dicta prius. Primo igitur dicit, quod de disciplina musicae quaedam dubitando
rationabiliter diximus prius. Et ideo, ut dubium certificetur, bene expediens
est nunc producere sermonem de ipsa resumentes quae dicta sunt prius, ut sint
sicut aditus rationibus quas aliquis faciet determinando de ipsa. [90211] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 2 Deinde cum dicit neque enim
recolligendo quaedam dicta prius, assignat rationem intenti; dicens, quod
certius determinandum est de ipsa, quia non est facile cognoscere de ipsa
quam virtutem et potentiam et cuius scientia habeat, et etiam utrum
participandum sit ea causa ludi et requiei, sicut aliqui requirunt somnum vel
ebrietatem. Somnus enim et ebrietas secundum se nec bona nec studiosa sunt:
utrumque enim in potentia quadam est operationum: et tamen delectabilia sunt
hominibus. Somnus quidem propter remissionem laboris et requiem; ebrietas
autem quia delectabilis est propter spirituum multiplicationem; et iterum
faciunt cessare sollicitudinem de agibilibus. Non enim sollicitatur de
agibilibus, qui non considerat de eis. Somnus autem et ebrietas considerationem
removent, et rationis usum. Et propter delectationem hanc et remotionem
sollicitudinis quidam ordinant ipsas, et utuntur consimiliter ad ista vino,
ebrietate et musica; addunt autem aliqui istis saltationem. Non est igitur
facile disserere de musica, an quaerenda propter hoc, aut magis existimandum
sit ipsam valere ad virtutem tamquam potentem morem qualem quemdam facere in
assuescendo recte iudicare, et delectari secundum rationem, sicut
exercitativa quale quoddam corpus efficit, et disponit ad virtutem, et
prudentiam confert aliquid: et enim hoc ponendum est tertium eorum cuius
gratia quaerenda est. Est autem intelligendum, quod sonus harmoniae musicae
primo comprehenditur ab auditu, et cum proportionaliter movet ipsum, et
secundum mediam rationem, in qua constitutus est, delectationem inducit, et
huic delectationi possunt participare omnes. Sed ulterius in intentione soni
harmoniaci intellectus considerat rationem et causam proportionis, quasi
aliquod intelligibile secundum seipsum, in quo est quaedam perfectio
intellectus quam videtur hic philosophus vocare degendi rationem. Et haec est
una causa propter quam dicet statim quaerendam esse musicam, scilicet propter
cognitionem veritatis in ea. Istam autem cognitionem veritatis de
proportionibus musicalibus consequitur delectatio intellectualis, sicut omnem
operationem intellectualem. Et haec est alia causa propter quam dicit
philosophus eam esse quaerendam: non tamen seorsum nominat eam a delectatione
de qua dictum est prius, vel a degendi ratione. Sed iudicium de
proportionibus harmoniacis, et delectatio consequens, sunt de his quae sunt
secundum rationem rectam, et similia his quae sunt secundum virtutem. Et
propter hoc, exercitium in iudicando de ipsis, et in delectando circa ipsas,
est quodammodo exercitium ad ea quae sunt secundum virtutem, sicut dicetur
consequenter. Et secundum hanc viam musica dicitur habere potentiam ad mores:
et hoc est tertium, cuius gratia expedit secundum philosophum exercitari in
ea. [90212] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 3 Deinde cum dicit quod quidem
prosequitur, producens sermonem de ipsa ad veritatis inquisitionem. Et primo
procedit circa praedicta disputando. Secundo cum dicit, prima vero quaestio
etc. magis determinando veritatem. Circa primum, primo arguit, quod pueri non
sunt erudiendi in musica causa ludi, nec deductionis. Secundo cum dicit,
eadem quoque dubitatio quod non propter virtutem. Circa primum, primo facit
quod dictum est. Secundo cum dicit, sed forsan videbitur etc. ponit opinionem
quorumdam contra quoddam dictum, et arguit in contrarium. Circa primum, primo
arguit, quod non sint erudiendi in ea causa ludi, dicens quod ex ratione
sequenti manifestum est, quod iuvenes non sunt erudiendi in musica causa
ludi. Ludus enim non quaeritur nisi propter delectationem quae in eo est.
Illud igitur non est quaerendum propter ludum quod delectationem non habet.
Sed addiscere in pueris delectationem non habet, est enim eis cum tristitia,
quia laboriosum, et quia non apprehendunt bonum quod est in eo; ergo ab eis
non est quaerendum addiscere musicam, vel quodcumque aliud propter ludum. [90213] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 4 Deinde cum dicit at vero neque
arguit, quod nec propter deductionem; dicens, quod adhuc pueris et aliis
aetatibus similibus secundum morem pueris non oportet attribuere degendi
rationem, quae est, ut dictum est, perfectio intellectus in cognitione
veritatis. Perfectio autem in cognitione veritatis quodammodo rationem finis
habet, et secundum se boni. Finis autem et bonum per se non congruunt pueris
et similibus secundum aetatem hanc, quia finis secundum se debetur ei quod
perfectum est, pueri autem et similes secundum aetatem hanc imperfecti sunt. [90214] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 8 l. 2 n. 5 Deinde cum dicit sed forte ponit opinionem
contrariam cuidam dicto; dicens primo, quod forte aliter videbitur contra
illud quod conclusum est per primam rationem, quod pueri erudiendi et
exercitandi sunt in musica non gratia ludi, seu delectationis secundum sensum
inexistentium tunc quando erudiuntur vel exercitantur: tunc enim non insunt
sicut concludit ratio, sed futurorum, in aetate perfecta quando erunt iam
viri perfecti. Sed ipse contra hoc arguit cum dicit, quod si hoc tale etc. dicens,
quod si propter delectationem futuram in aetate perfecta quaerenda est
musica, non oportet ipsos futuros perfectos addiscere ipsam cum sunt pueri;
sed sicut reges Persarum et Medorum delectari in actibus musicalibus
exercitatis per alios cantatores, vel histriones, non per ipsos. Similiter
enim videntur delectari et erudiri cum exercentur per alios, sicut cum per
seipsos. Sed ipse solvit rationem hanc cum dicit, et enim necesse est melius
etc. dicens, quod immo expedit magis ipsos pueros addiscere et exercitari in
ea propter delectationem futuram in aetate perfecta, quia est necessarium eos
qui exercitati sunt in operibus secundum aliquam artem, et ex illis
acquisierunt habitum ipsius, melius facere operationem, quae secundum illam,
quam hi qui laboraverunt aliquanto tempore in ea quantum ad discere propter
lucrum proprium, et delectationem aliorum, sicut exercitatus in operibus
citharizandi, et ex hoc habens habitum, melius citharizat et magis
delectatur. Operationes enim consuetae, et quae sunt secundum habitum, magis
sunt delectabiles, sicut innuit philosophus secundo rhetoricorum. Dicit tamen
interpres, quod ante illam literam etenim etc. necessarium videtur sibi
aliquid deficere. Consequenter cum dicit, quod si oportet etc. arguit contra
solutionem praedictam dicens, si oportet pueros addiscere musicam, quia
melius operantur in aetate perfecta, et magis delectantur tunc eadem ratione
oportebit eos laborare circa praeparationem pulmentorum et alia servilia, ut
melius ipsimet operantur et delectentur posterius. Sed hoc est inconveniens;
ergo et primum videbitur esse inconveniens. Sed manifestum est quod non est
simile; quia musica et operatio quae secundum seipsa liberales sunt, et
delectationem et deductionem liberales habent quae decent liberos; praeparatio
autem pulmenti et aliorum servilium, nec deductionem nec delectationem habent
liberalem secundum seipsa, sed sunt servilia; et ideo conveniunt servis et
nullo modo liberis. [90215] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 6 Deinde cum dicit eamdem autem
arguit, quod non oporteat in ea erudiri iuvenes propter mores, per duas
rationes; quarum secundam ponit cum dicit, considerare hoc. Circa primum
primo ponit rationem. Secundo cum dicit, eadem quoque etc. extendit eam ad
probandum, quod non valet ad deductionem liberalem. Dicit igitur primo, quod
eadem ratio quae dicta est prius facit dubitare, si musica potest meliores
secundum mores facere, et propter hoc addiscenda sit: non enim potest
meliores secundum mores facere, nisi propter consuetudinem iudicando et
delectando circa ea quae secundum rationem sunt. Sed ad recte iudicare et
delectari proportionibus musicalibus, non oportet ipsosmet addiscere musicam;
audientes enim ab aliis ista videntur posse facere sicut Lacedaemonii: ipsimet
enim non addiscunt musicam, et tamen possunt recte iudicare, ut dicunt,
melodias bonas et non bonas: ergo non oportet eam ipsosmet addiscere. Sed est
intelligendum quod mentiuntur Lacedaemonii dicentes se recte posse iudicare
melodias, non edocti prius. Nullus enim recte iudicat nisi quae novit. Non
novit nisi quae accipit vel inveniendo per se, vel addiscendo ab alio,
secundum Aristotelem in elenchis: ergo nullus potest recte iudicare nisi de
his quae didicit. Sumitur autem hic addiscere, secundum quod communiter
se habet ad accipere ab alio, vel invenire per seipsum; ad propositum enim
non refert. [90216] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 2 n. 7 Deinde cum
dicit eadem autem extendit eam ad probandum de deductione; dicens, quod eadem
ratio dubitare facit, si utendum est ipsa musica addiscendo eam propter
deductionem et occupationem diuturnam, sunt enim liberales. Possunt enim occupari et deduci aequaliter, ut
videtur, circa musicalia, et ipsis, et aliis operantibus. [90217] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 8 Deinde cum dicit considerare autem
ponit secundam rationem, et loquens secundum opinionem gentilium qui
multitudinem deorum ponebant, inter quos Iovem principalem credebant, dicit
quod ad declarationem eius quod dictum est, expedit considerare
existimationem quam habemus de iis, et de his qua circa ipsos, et etiam ea
quae dicunt poetae de ipsis. Iupiter enim qui existimatur principalis
secundum eos, et cui attribuunt actiones liberales, non cantat, nec citharizat
poetis, hoc est, poetae non attribuunt sibi has operationes, quamvis
attribuant ei auditum et iudicium de talibus: sed illos qui exercent
operationes tales vocamus viles magis; et adhuc recte agere actiones
liberales non interest viri inebriati, aut etiam ludentis. Sed cantans
musicalia, aut quasi inebriatus est, aut sicut ludens: ergo cantare musicalia
non est viri perfecti. Et posset haec esse tertia ratio principalis. Et
adiungit, quod de his forte convenienter fiet consideratio. [90218] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 9 Deinde cum dicit prima autem
determinat veritatem circa praedicta. Et primo resumit dubitationes. Secundo
cum dicit, rationabiliter etc. dissolvit eas. Dicit igitur primo, quod prima
quaestio de musica est, utrum sit ponenda disciplina quaedam ad virtutem
moralem secundum se appetibilis, aut non, et quid potest, et quam virtutem
habet. Iterum quae dubitata sunt prius, utrum disciplinae, aut ludi, aut
deductiones. [90219] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 8 l. 2 n. 10 Deinde cum dicit rationabiliter autem dissolvit
praedictas dubitationes, manifestans, quod participandum est musica propter
tria praedicta. Et primo facit hoc. Secundo cum dicit, utrum autem etc.
inquirit utrum debeat participare utrique parti musicae, et ei quae consistit
in proportionibus sonorum, quae cantativa dicitur, et ei quae in
instrumentis, quae instrumentalis vocatur. Circa primum primo declarat quod
participandum est musica propter ludum et deductionem. Secundo cum dicit, de
communione autem etc. quod valet ad virtutem et mores. In his dissolvuntur
tria quaesita prius. Circa primum primo facit quod dictum est. Secundo cum
dicit, quaecumque enim declarat propter quid plures requiescunt in
delectationibus quae secundum musicam, et finem in eis ponunt. In prima parte
dicit, quod rationabile est addiscere musicam, et ei participare, propter
tria praedicta, scilicet ludum, deductionem, et disciplinam et mores. Et de
ludo et deductione, hoc manifestum est primo. Ludus enim propter requiem
quaeritur, et gratia ipsius. Requies autem de necessitate delectationem habet
sibi adinvicem, quia requies medicina quaedam est tristitiae inductae per
laborem prius; per ipsam enim est remissio laboriosi motus fatigantis et
tristitiam inducentis. Remissio autem fatigantis, et contristantis est
delectabilis. Deductio autem, quae est operatio quaedam intellectus secundum
rationem, non solum secundum se rationem boni et eligibilis habet, sed etiam
delectationem habet adiunctam: et felicitas aggregatur ex his duobus,
videlicet ex perfecta operatione intellectuali, et ex delectatione: sed ex
perfecta operatione intellectuali per se et essentialiter, ex delectatione
autem sicut ex conveniente per se. Perficit enim
delectatio felicitatem sicut superveniens finis, ut decor iuventutem, sicut
dicitur decimo Ethicorum. Ex quo
manifestum est, quod ex quo ludus secundum se delectationem habet, et
deductio quoddam bonum intellectuale est, et delectationem habet secundum
seipsam, et quicquid est bonum secundum intellectum, et secundum se
delectationem habens, quaerendum est quodammodo gratia ludi cuiusdam, et
deductionis. Musica autem secundum se delectabilissima est, et nuda existens,
idest non cum melodia, et cum melodia: dicit enim Musaeus quod cantare delectabilissimum
est homini: propter quod in conventibus hominum et deductionibus
rationabiliter utuntur ipsa, sicut potente inducere laetitiam et
delectationem. Sunt etiam in ipsa theoremata, in quorum consideratione
consistit bonum intellectus per se et delectatio; ergo manifestum est, quod
rationabiliter quaerenda est gratia ludi cuiusdam et deductionis. Et propter
hoc aliquis opinabitur secundum rationem, quod expedit iuniores erudiri et
assuefieri in ea. Quaecumque enim sunt delectabilia sine nocumento operantis
vel alterius, non solum convenientia sunt ad finem inquantum augent
operationem, sed etiam ad requiem, inquantum remittunt tristitiam quae a
labore est. [90220] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 2 n. 11 Deinde cum
dicit quaecumque enim declarat propter quid plures quaerunt requiescere in
delectationibus musicalibus et finem ponunt in eis. Primo facit primum. Secundo cum dicit, contingit autem
etc. secundum. In prima parte dicit: quoniam pauci homines attingunt ad finem
ultimum vitae humanae et raro, tum propter impedimenta ex parte naturae, aut
consuetudinis, aut etiam exteriora, multi autem et frequenter requiescunt,
quia fugiunt naturaliter tristitiam quae est ab operatione laboriosa quae
remittitur per ipsam, et utuntur ludis musicalibus, et aliis, non quantum ad
plus, idest ad pluralia, sed propter delectationem solam, utile videtur eis
requiescere in delectationibus quae sunt in actibus ipsius. Ex quo enim non
possunt attingere ad felicitatem quae in fine humano est, quaerunt autem
ipsam delectationem per se et requiescunt in ea quae in ludo et musica, ad
istam enim attingere possunt. [90221] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 2 n. 12 Deinde cum
dicit accidit autem declarat propter quid finem in ipsis faciunt, dicens,
quod contingit homines facere ludos et delectationem, quae est in eis, finem.
Et ratio huius est, quia finis
vitae humanae quamdam habet delectationem, non quamcumque, sed maximam.
Similiter ludus et musica habent quamdam delectationem; et ideo quaerentes
primam quae in fine est, non attingentes, accipiunt illam quae in ludis et
musica pro ipsa quae nobilior est, per hoc quod ista similitudinem quamdam
habet ultimi finis. Finis enim ultimus non est gratia alicuius futuri, aut
etiam facti eligibilis. Hoc enim dicimus finem ultimum, propter quod sunt
omnia alia, et ipsum non propter aliud. Delectationes etiam tales quae sunt
in ludis aut musica, non quaeruntur propter aliquod futurum, nec sunt gratia
ipsius, sed magis gratia laboris et tristitiae factorum, ut remittantur vel
exterminentur. Causa igitur propter quam aliqui quaerunt felicitatem et finem
sibi per huiusmodi delectationes, haec est, et hanc rationabiliter
existimabit aliquis. [90222] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 13 Deinde cum dicit de eo autem
ostendit quod participandum est musicae, quia aliquo modo disponit ad
virtutes morales. Et primo praemittit intentum suum. Secundo cum dicit, sed
videre si qua etc. dat modum et ordinem considerandi. Tertio cum dicit, at
vero quod efficiantur etc. prosequitur. In prima parte dicit, quod quaerendum
est consequenter, utrum expediat communicare musicae non propter hanc causam
solam, puta deductionem, sed propter hoc quod utilis est ad requiem
operationis laboriosae, et non solum ad hoc. Sed quaerendum est, quia forte
praedicta accidunt ipsi, an natura ipsius honorabilior existens ordinetur ad
aliquid honorabilius quam sint dictae opportunitates. Oportet enim in musica
non solum communicare communi delectationi quae secundum ipsam est, quam
sentiunt universaliter omnes: (tales enim delectationem naturalem habent quae
causatur ex motu proportionali auditus per actum ipsius, propter quod
exercitium ipsius diligitur ab omnibus aetatibus et ab habentibus quoscumque
mores), sed etiam videre oportet ulterius si aliquid confert ad virtutem
moralem et ad operationem rectam quae est secundum animam. [90223] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 14 Deinde cum dicit sed videre dat
ordinem considerandi; dicens, quod hoc ipsum, quod aliquid confert ad mores
et ad animam, manifestum erit, si quales quidam, hoc est dispositi ad mores,
efficiantur per ipsam, et hoc declaratum fuit prius. [90224] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 15 Deinde cum dicit at vero
prosequitur. Et primo ostendit, quod quales quosdam et bene dispositos ad
mores facit. Secundo cum dicit, palam quia docendum etc., ex hoc concludit
iuvenes debere erudiri in ea. Primum ostendit, primo per signa. Secundo cum
dicit, quoniam autem accidit etc. per rationem. Adducit autem duo signa:
quorum secundum ponit cum dicit, adhuc autem et cetera. In prima parte dicit,
quod manifestum est, quod per usum musicae quales quidem et bene dispositi ad
mores sumus, et per alia multa et per melodias Olympi, quibus sacerdotes
gentiles Iovis qui colebatur in Olympo monte Graeciae, utebantur in sacris
ipsius ad deductionem colentium exercitandam. Per usum enim istarum
rapiebantur animae hominum quasi alienatorum a sensibus exterioribus et
immobilium factorum propter intentionem animae circa aliquid intrinsecum.
Raptus autem est passio quaedam factiva moris, seu consuetudinis circa animam
ad aliquid simile. Ex quo manifestum est, quasi per signum quoddam, quod
melodiae musicae quales quosdam et dispositos faciunt ad mores. [90225] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 16 Sed ad videndum quid sit raptus, et
secundum quam partem animae et propter quam causam, est intelligendum, quod
raptus proprie et principaliter dictus, motus quidam tractus est; tractus
autem motus violentus est ab alio ad se vel ad alterum, sicut dicitur septimo
physicorum. Violentum autem est cuius principium est ab extra, non conferente
vim passo. Et ideo raptus est motus alicuius praeter inclinationem eius
naturalem vel voluntariam a principio extrinseco. Huiusmodi autem violentia
potest considerari vel quantum ad terminum et modum motus simul, ut cum ignis
ab aliquo extrinseco rapitur deorsum, vel quantum ad modum motus tantum, ut
cum velocius propellitur sursum quam natus sit moveri. Deinde autem per
similitudinem hanc translatum est nomen eius ad signandum motum hominis
secundum animam ad aliquid ad quod secundum se non habet inclinationem, vel
eo modo quo non habet, sed non ad quemcumque talem. Sed cum naturale sit
homini intelligere ex phantasmatibus sensibilibus exterioribus secundum actum
existentibus, translatum est ad significandum operationem intellectualem qua
homo fertur in aliquod intellectuale vel sibi connaturale vel supra naturam,
per aversionem sensuum ad interiora et eorum immobilitationem. [90226] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 17 Ex quo apparet quid sit raptus ut
hic sumitur. Est enim operatio partis animae intellectualis secundum quam ab
aliquo extrinseco fertur in aliquid non naturale sibi, aut naturale, per
aversionem et immobilitationem sensuum. Et quia operatio partis animae
appetitivae est secundum eius inclinationem et a principio intrinseco non
violento; raptus autem e contrario non potest esse operatio partis animae
appetitivae sensibilis vel intellectualis. Causa autem ipsius per se et
naturalis videtur esse intensio vehemens animae circa aliquid, quae est vel
ex vehementi desiderio attingendi ad aliquid vel fugiendi ab aliquo, vel
vehemens adhaesio ad aliquid per dilectionem vel delectationem, vel
delectatio maxima circa aliquid. Ex hoc enim quod aliquis vehementer intendit
circa aliquid intrinsecum, contingit quod anima revocet spiritum qui est
primum instrumentum sensus et motus ab exterioribus ad sensitivum et
cogitativum primum, circa quae magis tunc laborat. Hoc enim est de
proprietatibus naturae mittere spiritum ad locum ubi magis indiget: et per
consequens sensus exteriores et membra immobilitantur, et efficitur homo
quasi immobilis et sine sensu exteriori in actu: et tunc anima non laborans
in sensu vel motu exteriori corporis quasi libera speculatur magis circa
aliqua quae vel sunt supra communem potestatem hominum, aut secundum naturam,
non tamen cum sensu exteriori, quod est magis naturale. Qui autem paucos et
debiles spiritus habent et bene mobiles, cum minori intensione animae circa
aliquid intrinsecum rapiuntur. Non enim possunt pauci spiritus et debiles,
sufficere ad motum fortem interiorem et exteriorem, sicut accidit in
mulieribus quibusdam. Qui autem habent abundantes spiritus non rapiuntur nisi
cum vehementissima intensione animae circa aliquid, sicut in viris quibusdam
accidit. Vehemens autem desiderium, seu dilectio vel delectatio, quae faciunt
vehementem intensionem animae, vel causantur a vehementi consideratione
intellectus immediate vel ab aliqua superiori causa immediate movente
voluntatem ipsam, vel ab interiori, scilicet causa superiori mediante
intellectu. [90227] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 18 Deinde cum dicit adhuc autem
confirmat id quod dixit, sumpto loco ab eo quod minus videtur. Dicit enim
quod etiam audientes aliqua verba quae repraesentent aliquid aut triste aut
iucundum afficiuntur etiam si cum nulla melodia aut versu exprimantur, quod
tamen minus videbatur: ergo cum verbis adiungitur melodia, quae habet maiorem
vim ad movendum propter conformitatem ad animam et potentiam auditus, multo
magis per musicam afficietur animus audientis ad diversas animi passiones. [90228] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio,
lib. 8 l. 2 n. 19 Deinde cum dicit quoniam autem hoc idem per
rationem declarat. Videtur autem ratio ipsius esse haec. Assuefieri iudicare
recte de actionibus moralibus, et recte gaudere et delectari in eis, est
efficacissimum ad rectitudinem morum et actionum moralium: sed assuefieri
iudicare recte de harmoniis musicalibus et delectari secundum rationem in eis
est assuefieri recte iudicare de actionibus moralibus et delectari in eis
recte; ergo hoc est efficacissimum ad rectitudinem actionum moralium. Istius
rationis primo probat maiorem. Secundo cum dicit, sunt autem similitudines
etc. minorem. Maiorem autem probat sic. Quoniam musicae, idest actiones quae
sunt secundum musicam, sunt de numero delectabilium secundum se, sicut dictum
est prius, virtus autem moralis consistit circa delectationes et tristitias,
amorem et odium, et circa alias huiusmodi passiones, sicut circa propriam
materiam, circa quam quaerit illud quod secundum rationem et medium: est
manifestum, quod nihil oportet addiscere, et nihil ita assuefieri ad
generationem habituum moralium rectorum et actionum ipsorum, sicut iudicare
recte de motibus ipsarum passionum et de his quae circa ipsas, et delectari
secundum rationem in eis. Cuius ratio est, quia ad rationem et generationem virtutis
moralis requiritur recta ratio, per quam discernatur illud quod rectum est,
et secundum rationem, quas consequitur delectatio proportionalis, sicut
apparet ex secundo Ethicorum. [90229] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 20 Deinde cum dicit sunt autem probat
minorem. Videtur autem probare eam per rationem hanc. Assuefieri iudicare de
eo, quod est simile actionibus et delectationibus moralibus, est assuefieri
iudicare de ipsis actionibus moralibus, et delectari in eis: sed harmoniae
musicae sunt similes passionibus et habitibus et actionibus moralibus; ergo
assuefieri iudicare et delectari recte in harmoniis musicis, est assuefieri
iudicare et delectari recte in habitibus et actionibus moralibus. Istius
rationis primo ponit minorem cum quadam declaratione eius. Secundo cum dicit,
assuetudo autem in similibus etc. maiorem et probationem eius. Tertio cum
dicit, accidit autem sensibilium etc. regreditur ad declarandum minorem.
Dicit igitur primo, quod passionum similitudines, puta irae et mansuetudinis,
timoris et audaciae et huiusmodi, adhuc autem et habituum, sicut fortitudinis
et temperantiae, liberalitatis et illiberalitatis et huiusmodi, et aliorum
habituum contrariorum his, et universaliter aliorum moralium, puta electionum
et operationum, inveniuntur naturaliter in melodiis musicalibus et rhythmis.
Melodiae enim musicae et rhythmi in quibusdam determinatis proportionibus
numerorum circa sonos vel temperantiam consistunt: similiter passiones animae
consistunt in quadam determinata proportione agentis ad passum, et
consequuntur aliquam determinatam proportionem calidi et frigidi, humidi et
sicci: ira enim est accensio sanguinis circa cor, et timor infrigidatio
quaedam: habitus etiam morales in quadam determinata ratione appetitus ad
rationem movendi, virtutes etiam in quadam media ratione extremorum
consistunt, similiter et omnia alia moralia. Et hoc etiam manifestum est ad
sensum; quia audientes aliquas melodias aut rhythmos, transmutantur secundum
animam, aliquando quidem ad iram, aliquando ad mansuetudinem, aliquando ad
timorem: quod non est nisi propter aliquam similitudinem istorum ad illa. [90230] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 21 Deinde cum dicit assuetudo autem
ponit maiorem, et probat, dicens, quod assuesci gaudere et tristari in eis,
quae sunt similia delectationibus et tristitiis moralibus, est propinquum ei
quod est delectari in eisdem; quia illud quod est simile alicui, quasi eodem
modo se videtur habere ad veritatem sicut illud. Similia enim parum distare
videntur: similitudo enim unitas quaedam est. Talia autem accipit
intellectus ut eadem frequenter, sicut dicitur secundo physicorum. Et ideo assuefieri in eis quae sunt similia
alicui, est assuefieri quodammodo in illo. Verbi gratia, si aliquis
respiciens vel considerans imaginem formae alicuius, puta Herculis, et
delectetur in ipsa secundum quod imago est forma illius, visio formae ipsius
Herculis secundum seipsam de necessitate erit sibi delectabilis, et magis,
quoniam propter quod unumquodque tale, et illud magis, sicut dicitur primo
posteriorum. [90231] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 22 Deinde cum dicit accidit autem
regreditur ad declarandum minorem. Et primo tangit, quod in sensibilibus
secundum alios sensus, aut nullae aut modicae sunt similitudines morum. Secundo cum dicit,
in melodiis autem ipsis etc. declarat, quod in his quae sunt secundum
auditum, sunt manifestae. Circa
primum est intelligendum, quod in sensibilibus secundum unumquemque sensum,
sunt aliquae similitudines passionum et habituum moralium, et actionum;
quoniam omnia sensibilia consistunt in aliquibus proportionibus determinatis
primorum suorum, quemadmodum passiones et habitus, et alia moralia. Adhuc
etiam videmus, quod ad aliquas alterationes factas ab ipsis sensibilibus
secundum unumquemque sensum movetur ad aliquas actiones vel passiones morales
bonas vel malas, quod non est nisi propter aliquam similitudinem: quare in
omnibus invenitur aliqua similitudo istorum. Verum tamen non in omnibus
aequaliter: cum enim omnia moralia sequantur apprehensionem aliquam secundum
rationem, rationabile videtur, quod sensibilia secundum illos sensus, quae
nos magis cognoscere faciunt secundum rationem, maiorem habeant similitudinem
secundum quod huiusmodi, ad moralia: tales autem sunt visus et auditus
secundum Aristotelem libro de sensu. Et ideo in sensibilibus secundum istos
sensus magis existunt similitudines morum. In tangibilibus autem, quae maxime
materialia sunt, et prima secundum viam generationis, minime; in gustabilibus
autem et odorabilibus modice, propter propinquitatem eorum ad tangibilia.
Adhuc autem magis manifeste inveniuntur in audibilibus quam in visibilibus.
Rationabile enim est, quod in sensibilibus secundum illum sensum inveniantur
magis manifeste, qui magis faciunt ad cognitionem secundum rationem quam
praeexigunt omnia moralia in actu: ad hoc autem magis facit auditus secundum
accidens. Sermo enim audibilis existens causa est disciplinae non secundum
se, sed secundum accidens: ex nominibus enim constat; nominum vero
unumquodque symbolum est, sicut dicitur libro praedicto de sensu. Et ideo
rationabiliter in audibilibus inveniuntur magis manifestae similitudines
moralium in actu quam in visibilibus. Adhuc autem audibilia fortius movent
quam visibilia et pluribus modis. Visibilia enim movent visum sola quadam
alteratione tenui, et quasi insensibili. Audibilia autem movent secundum
alterationem quamdam, et secundum motum quemdam localem medii et organi.
Quare manifestius excitant passiones similitudinem habentia. [90232] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 23 Hoc supposito, dicit Aristoteles
quod in sensibilibus quae sunt secundum alios sensus, contingit nullam
existere similitudinem morum, sicut in gustabilibus et tangibilibus.
Similiter autem et odorabilibus. Dicit autem nullam, quia paucam et
immanifestam: quod autem paucum et immanifestum est, nihil reputatur. In
visibilibus autem invenitur aliqua, sed debilis: figurae enim quae maxime
comprehenduntur a visu, maxime videntur esse tales. Sunt enim quaedam acutae,
quaedam obtusae, sicut et passiones, sed secundum modicum sunt similes; et
ideo non multum movet haec similitudo. Et iterum omnia visum habentia habent
sensum huiusmodi figurarum, et tamen non omnia attingunt ad mores; quod tamen
videtur si proprie similitudinem haberent ad ipsos. Iterum figurae et colores
non sunt proprie similitudines morum expressae sicut harmoniae, sed magis
signa quaedam coincidentia cum ipsis moribus. Et talia signa morum bene
contingit accipere in passionibus sensibilibus, non solum in visibilibus, sed
in odorabilibus et tangibilibus et aliis. Sed differt secundum quantitatem;
quia manifestius inveniuntur in visibilibus, quam in aliis, et circa horum
speculationem quantum ad rectum iudicium et delectationem convenientem
oportet contemplari iuvenes, intendentes considerationem istorum propter
mores, non figuras et picturas Pausionis, qui pictor erat imaginum
repraesentantium turpia et inhonesta, sed eas quas Polygnotus, qui pingebat
figuras repraesentativas honestorum, et si quis alius fuerit pictor aut
sculptor figurarum repraesentativarum moralium. [90233] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 24 Deinde cum dicit in melodiis
declarat, quod in audibilibus manifeste inveniuntur similitudines morum. Et
hoc primo declarat in melodiis musicis. Secundo cum dicit, eodem modo habent
etc. declarat eodem modo se habere in rhythmis. Tertio cum dicit, ex his
quidem igitur infert conclusionem principalem. In prima parte dicit, quod in
ipsis melodiis musicalibus manifeste inveniuntur imitationes morum: et hoc
manifestum est: natura enim ipsarum harmoniarum tantum differt, ut audientes
statim aliter et aliter disponantur secundum passiones et motus, et non eodem
modo se habeant homines in audiendo unamquamque ipsarum; sed in audiendo
quasdam efficiuntur planctivi, et quasi contracti per retractionem spirituum
ad interiora, cuius est illa quam dicimus Lydiam mixtam. Est autem Lydia
mixta melodia vel cantilena septimi toni, quae propter acumen magnarum vocum,
fortiter percutit spiritus et retrahit ad interiora, propter quod ad
compassionem disponit. Alias autem audientes, puta remissas, magis
disponuntur ad mollitiem, cuiusmodi sunt forte ea quae dicitur Lydia, quae
est melodia quinti toni, et ea quae dicitur hypolydia, quae est sexti toni,
quae propter remissionem vocum et motuum maxime per semitonia, quae
frequenter accipiunt, manifeste videmus movere ad mollitiem. Alias autem
audientes bene disponuntur et constanter se habent in operibus. Talis autem
est illa quae dicitur Dorica sola, quae est cantilena primi toni, quae maxime
moralis est. Aliae autem sunt quae raptos faciunt, sicut ea quae dicitur
Phrygia, quae est melodia tertii toni, quae propter fortem percussionem in
vocibus fortissime revocat spiritus ab exterioribus ad interiora, quod
disponit ad raptum. Ita enim dicunt, et convenienter, illi qui circa hunc
ludum musicae philosophati sunt, et accipiunt testimonia rationum suarum ex
ipsis operibus sic igitur apparet quod in melodiis maxime sunt similitudines
morum, et quod homines per ipsas disponuntur ad eos. Quod maxime videtur
contingere propter duo: quorum alterum accidit ex parte operationis vel
consequentis ipsam operationem animae. Sensus enim auditus in quadam media
ratione consistit. Et ideo cum movetur a sono sibi proportionabili, est
delectatio secundum ipsum sensum: cum etiam ratio in auditu secundum actum
iudicat mediam rationem tonorum, et in intelligendo est delectatio
intellectualis proportionalis delectationi quae est in operibus moralibus
consistentibus in eadem proportione: delectatio autem in aliqua operatione
adauget operationem illam, sicut dicitur in decimo Ethicorum, et per
consequens eam quae ei assimilatur. Alterum autem ex parte dispositionis
materiae et organi; quoniam spiritus organum est primum omnium virtutum
animae et sensitivarum et motivarum; et ideo diversus motus spirituum vel per
alterationem, vel per hanc et motum localem ex quibus contingit contractio
vel ebullitio vel expulsio, diversimode disponitur homo ad passiones vel
actiones. Hoc autem modo harmoniae musicae maxime possunt movere spiritum
diversimode secundum diversitatem earum. [90234] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 25 Deinde cum dicit eodem modo
declarat idem de rhythmis; dicens, quod eodem modo se habent illa quae circa
rhythmos. Quidam enim ipsorum habent virtutem per quam
disponunt ad morem stabilem. Alii autem per quam disponunt et ad instabilem.
Et iterum quidam ipsorum habent motus ad onerosa et illiberalia magis, alii
autem ad delectabilia et illiberalia. Est autem rhythmus numerus
syllabarum determinatus in oratione simili fine terminatus. [90235] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 26 Deinde cum dicit ex iis quidem
infert conclusionem principalem; dicens, quod ex his, quae dicta sunt,
manifestum est quod musica qualem quemdam et bene dispositum ad morem potest
facere: quare manifestum est, quod utilis est ad mores. [90236] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 27 Deinde cum dicit palam quia
concludit ex dictis, iuvenes debere erudiri in ea, adiungendo novam rationem
ad hoc, et dicit: si musica qualem quemdam et bene dispositum ad mores nata
est facere; in eo autem, quod disponit ad mores, expedit iuvenes erudiri et
assuefieri in musica. Est etiam
disciplina musicae conveniens naturae puerorum tantillae et parvae existenti
propter aliam rationem. Iuvenes enim non possunt sustinere aliquid
indelectabile vel contristans propter aetatem: habent enim operationem
sensuum perfectam propter vigorem virtutum. Tales autem operationes
consequuntur fortes delectationes; et ideo fortiter delectantur, nec possunt
sustinere tristitias. Harmoniae autem musicae sunt de natura delectabilium.
Similiter autem et rhythmi. Est enim quaedam similitudo naturalis rhythmorum
ad harmonias. Utrumque enim consistit in proportionibus numeralibus. Et quia
harmonia est delectabilis secundum se, multi antiquorum sapientum dixerunt,
alii animam esse idem quod harmoniam, alii autem habere harmoniam, sicut
Plato, et sequentes ipsum, dicentes animam esse numerum seipsum moventem. [90237] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 28 Deinde cum dicit utrum autem
inquirit, utrum oporteat participare musicam quantum ad actum utriusque partis
eius, cantativae scilicet et instrumentalis. Et primo manifestat, quod sic.
Secundo cum dicit, decens autem, et non decens etc. declarat, quod
differenter oportet se habere quantum ad hoc, secundum diversas aetates.
Circa primum primo praemittit dubitationem, dicens quod post ea quae dicta
sunt, est considerandum, utrum opportunum sit ad bonam dispositionem civium
eosdem addiscere musicam et exercitari in ea quantum ad utendum actu, idest
cantando, et manu operando, hoc est tangendo organa, aut non secundum quod
propositum fuit prius. [90238] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 29 Deinde cum dicit non immanifestum
dissolvit eam; ostendens, quod expedit communicare musicam secundum utrumque
modum, per duas rationes. Quarum secundam tangit, cum dicit, simul autem et
cetera. Primo igitur dicit, quod manifestum est, quod communicare actibus
musicalibus magnam differentiam secundum praeeminentiam habet ad faciendum
iuvenes quales quosdam et bene dispositos. Studiosum enim iudicium de moralibus
vel de eorum similibus multum valet ad bene disponendum eos ad mores, sicut
dictum est prius. Sed ex hoc, quod aliquis communicat operibus musicae,
studiosius iudicat de eis quae sunt similia moribus. Unum enim de numero
impossibilium est, aut valde difficillimum est illos iudicare de agibilibus
bene qui non communicaverunt operationibus. Studiosum enim iudicium est per
facilem et delectabilem reductionem in principia prima. Facilis autem et
delectabilis reductio in principia non est nisi per habitum inclinantem ad
modum naturae, qui generatur in nobis ex frequenti operatione. Et iterum ad
rectitudinem iudicii exigitur certitudo, quae maxime videtur in agibilibus
causari ex operibus. Opportunum est igitur participare musicam quantum ad
actus operationes. [90239] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 30 Deinde cum dicit simul autem ponit
secundam rationem, dicens, quod simul cum eo quod dictum est, quod oportet
pueros mobiles existentes habere aliquid circa quod occupentur. Et ideo convenienter
introductum est instrumentum, quod dicitur Architae tabella, ita dictum ab
inventore Archita, quem attribuunt pueris, ut circa istam occupati non
destruant aliquid eorum quae in domo sunt. Iuvenes enim, propter multitudinem
motuum in eis existentium propter aetatem, quiescere non possunt. Et propter
hoc, ludus illius tabellae conveniens est eis saltem ad occupationem.
Disciplina autem, idest rectus usus ipsius, reservanda est magis provectis
secundum aetatem, qui magis discernere possunt quid est secundum artem et
quid non. Quod igitur expediat iuvenes erudiri in musica per communicationem
operum, manifestum est. [90240] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 31 Deinde cum dicit decens autem
declarat quod differenter oportet se habere in hoc secundum aetates diversas,
simul cum hoc removendo quamdam increpationem adductam in contrarium prius. Et primo praemittit intentum
suum. Secundo cum dicit, primo quidem etc. prosequitur. In prima parte dicit,
quod in usu musicae quid sit decens et non decens secundum aetates diversas,
puta iuventutis et senectutis, non est difficile sapientem determinare, nec
etiam solvere rationem opinantium exercitium in musica inutile et sordidum
esse. [90241]
Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 2 n. 32 Deinde cum dicit primo quidem prosequitur; et
primo primum. Secundo secundum, cum dicit, de increpatione autem facta et
cetera. Primo igitur dicit, quod exercitium in his quae
secundum musicam non aequaliter competit, nec eodem modo secundum omnem
aetatem. Primo enim hoc manifestum
est quod omnibus operibus musicae, cantativae scilicet et instrumentalis,
oportet participare propter rectitudinem et certitudinem iudicii, quod
secundum se bonum et delectabile est, sicut quaedam perfectio intellectus et
in ordine ad mores, sicut dictum est prius. Iuniores autem rectitudinem
iudicii simpliciter habere non possunt propter motum multum existentem in
eis, et propter inexperientiam, possunt tamen multum laborare. Seniores autem
e contrario minus laborare possunt, rectius autem iudicare propter
quietationem et experientiam. Et propter hoc, opportunum est iuvenes
participare musicam utendo operibus et cantando et instrumenta tangendo;
seniores existentes opera ipsa dimittere propter debilitatem; audiendo autem,
bene posse iudicare rationes harmoniarum propter virtutem et perfectionem
intellectus, et delectari recte consequenter propter hoc quod eruditi sunt
prius in his in iuventute. [90242] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 33 Deinde cum dicit de increpatione
intendit removere increpationem quorumdam volentium excludere musicam a
iuvenibus. Et primo tangit ex quibus contingit eam removeri. Secundo cum
dicit, manifestum igitur etc. declarat quae et qualia oportet esse ista. Primo
igitur dicit, quod non est difficile dissolvere increpationem per quam quidam
increpant musicam et usum ipsius. Illud enim rationabiliter increpandum
videtur quod iuvenes viles facit et male dispositos secundum intellectum; hoc
autem facit musica et usus ipsius, ut dicunt. Quaedam enim melodiae ad
mollitiem disponunt, quaedam alia quae distrahunt ab operibus secundum
rationem; et ideo rationabiliter increpanda est. Non est, inquit, difficile
solvere ipsam, considerando usque ad quantum oportet communicare musicam eis
qui intendunt ordinare actiones puerorum ad bonum civile. Non enim
quantumcumque communicandum est ei; sed inquantum utilis est ad rempublicam,
et considerando qualibus melodiis et qualibus rhythmis communicandum est.
Adhuc etiam in qualibus organis erudiendum et exercitandum. In istis enim est
differentia quaedam ad propositum, et in ipsis est solutio increpationis
propositae. Nihil enim prohibet, immo manifestum est melodias et rhythmos et
organa aliqua mala disponere iuvenes secundum intellectum et utiles facere.
Alia autem bene disponere ad intellectum et mores. Et ideo expedit
considerare quibus organis melodiis et rhythmis utendum est ad bonum
intellectus et mores, et quibus non. Et per hoc tolletur praedicta
increpatio. [90243] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 34 Deinde cum dicit manifestum igitur
declarat quae et qualia oportet esse musicalia, quibus utendum ad bonum
intellectus et mores. Et primo in universali. Secundo cum dicit, palam autem
ex iis etc. in particulari. In prima parte ipse dicit, quod manifestum est,
quod eruditionem et usum ipsius musicae oportet esse tantum et tale, et per
talia, ut non impediant hominem ad actiones civiles futuras, neque faciant
corpus ipsius male dispositum ad operationes intellectus et inutile ad
bellicas opportunitates et civilia exercitia propter debilitationem: ad
exercitium quidem et paulativam assuefactionem nunc, ad eruditiones autem
praedictas posterius. Omnia enim quae circa iuniores sunt, oportet
commensurari et determinari secundum hoc quod utilia sunt ad finem
reipublicae, quod est bonum perfectum secundum intellectum. Contingit autem
bene se habere iuvenes circa eruditionem in musicalibus, si illi qui
incipiunt ire ad agones non elaboraverint in cognitis organis laboriosis et
gravantibus corpus ad motum, labore immoderato gravante corpus et virtutem
eorum, nec etiam exerceant se in mirabilibus et superfluis operibus, qui nunc
deduxerunt ad ludum agonisticum, et ex eo devenerunt ad eruditionem volentes
iuvenes erudiri in eis; sed magis si exercitentur in facilioribus et
moderatis laboribus cantibus et organis musicalibus usque ad hoc quod possint
delectari recte in harmonia musica et rhythmis considerantes; et non solum in
communi musica, in qua omnes sensum habentes delectantur, sicut quaedam
animalia bruta et multitudo puerorum et etiam vilium hominum sive servilium. [90244] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 35 Deinde cum dicit palam autem
declarat in speciali quae et qualia oportet esse musicalia, et in quibus
exercitandum est ad mores. Et primo declarat quae et qualia oportet esse
organa in quibus exercitandum est. Secundo cum dicit, considerandum adhuc
etc. quibus melodiis et rhythmis utendum est magis ad mores. Circa primum
primo ostendit ex praecedentibus, in quibus organis exercitandum vel non
exercitandum. Secundo cum dicit, adhuc autem non est ipsa fistula etc.
manifestat hoc per rationem. In prima parte dicit, quoniam non est utendum
organis in quibus movendis gravatur corpus immoderate et quae immoderatae per
sonum eorum excitant spiritus, sed magis moderatis. Manifestum est ex hoc
qualibus organis utendum ad mores et qualibus non. Non enim utendum est ad
disciplinam fistula. Fistula autem est organum universaliter, quod sonat per expulsionem
spiritus. Et est intelligendum dictum Aristotelis, ut videtur, de fistulis
illis quae exsufflatione multi spiritus indigent ad hoc ut reddant sonum, et
immoderatum sonum faciant, sicut tibiae et Musae quaedam. Tales enim propter
multam exsufflationem spiritus gravant corpus, et propter magnitudinem soni
nimis excitant spiritus. Nec etiam utendum est organis quae propter
magnitudinem, sed et confusionem soni confundunt spiritus, sicut cythara et
siquid alterum tale est; sed illis magis utendum est, quae bene disponunt
auditores secundum corpus et secundum animam ad mores, aut ad ludos musicos,
aut alios qui eis proportionantur. [90245] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 36 Deinde cum dicit adhuc autem probat
hoc per rationem. Et primo de fistula. Secundo cum dicit, quoniam autem
organorum etc. de organis. Circa primum primo probat quod ad aliud utendum
est fistula. Secundo cum dicit, apponamus autem quod accidit etc. quod non ad
disciplinam. In prima igitur parte dicit, quod praeter ea quae dicta sunt,
manifestum est, quod fistula non est organum disponens ad mores, sed magis
propter magnitudinem et multitudinem soni est excitativum irae, propter
fortem motum spirituum. Et ideo magis utendum est ipsa in talibus temporibus in
quibus exercitium est in ea propter purificationem, idest dispositionem ad
iram et audaciam, puta in bellis et insultibus, quam eruditionem vel
dispositionem ad mores, sicut nunc videmus uti eadem in bellicis, et ad illud
quod dictum est, et ad terrorem adversariorum. [90246] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 37 Deinde cum dicit apponamus autem
probat, quod non est utendum ea ad disciplinam. Et primo dat rationem.
Secundo cum dicit, rationabiliter autem habet etc. per dictum fabulare. In
prima parte dicit, quod in his quae dicta sunt adiungendum est, quod ex usu
fistulae accidit contrarium disciplinae, puta indisciplina, quia contingit
fistulationem prohibere usum rationis rectum. Propter quod rationabiliter
antiqui virtutem eius considerantes, prohibuerunt usum ipsius a iuvenibus et
liberis bene dispositis secundum intellectum, quamvis primo usi fuissent
ipsa. Cum enim primo incoeperunt vacare studio et disciplinae propter
abundantiam necessariorum ad vitam et magnanimiores existentes ad virtutem,
hoc est ad fortitudinem prius, postea in operationibus facti prudentiores,
sequebantur eruditionem in doctrina quacumque, non discernentes quae esset
utilis, et quae non, et superinquirentes quamcumque: propter quod adduxerunt
fistulationem ad eruditiones volentes in ea erudiri; quoniam in Lacedaemonia
primo quidem choreator in chorea fistulavit, et dehinc devenit Athenas;
propter quod plurimi liberorum Atheniensium voluerunt participare ipsa
propter novitatem ipsius secundum consuetudinem eorum. Et hoc manifestum est
ex titulo quem Thrasippus statuit qui bene duxerat chorum. Non autem ponit
titulum: forte autem potuit esse: hic iacet fistulator optimus vel aliquid
tale alterum. Posterius autem quando melius potuerunt iudicare propter experientiam
longam, quid utile vel inutile esset ad virtutem, considerantes quod non
disponit ad eam, sed magis ad contrarium, reprobaverunt ipsam, prohibentes
eruditionem et usum ipsius a iuvenibus. Similiter autem et multa alia
organorum antiquorum similia fistulis quantum ad hoc, sicut pectades et
barbiti, quod nos dicimus Musam, et alia quae etsi faciant ad delectationem
utentium, tamen nihil disponunt ad mores, sicut heptagona, idest instrumentum
septem angulorum vel septem chordarum; et trigona, idest trium angulorum vel
chordarum, et sambuca ex duabus longis chordis. Forte et omnia quae indigent
manuali scientia multa, prohibentes ex hoc considerationem intellectus.
Huiusmodi autem organa communiter non sunt nota nobis, aut non sub istis
nominibus. [90247] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 38 Deinde cum dicit rationabiliter
autem hoc idem manifestat per dictum fabulare; dicens, quod propter hoc
rationabiliter dictum est, quod de quibusdam aliis in fabula dictum est ab
antiquis, quod cum pallas invenisset fistulas et considerasset eas et usum
earum, abiecit easdem. Nec est malum dicere propter quod; quia scilicet
contristata est propter hoc quod in usu ipsarum dehonestabatur facies.
Oportet enim fauces inflari ad retentionem spiritus exsufflandi ad motum
ipsarum, quod deformat faciem. Et multitudo spiritus exsufflantis debilitat
corpus. Nec solum propter hoc, sed magis verisimile est, quia eruditio et
usus fistulationis ad perfectionem intellectus nihil facit. Palladem autem
dicimus deam scientiae et artis. Sic igitur pallas, id est ratio recta et ars
recte diiudicans, reprobat usum fistulae, quia inutile ad corpus, tum quia
deformat, tum quia debilitat, et quia non disponit ad perfectionem
intellectus, sed ad contrarium magis, quia nimis commovet et confundit
spiritus. [90248] Petrus de Alvernia, In Politic.
continuatio, lib. 8 l. 2 n. 39 Deinde cum dicit quoniam autem
probat ludum artificiosum non valere ad mores; dicens, quod iuste reprobamus
ludum artificiosum organorum et operationis. Ludum autem artificiosum hic
dicimus ludum qui fit in agonibus vel theatris ad exercitandum homines ad
fortiter agonizandum vel delectandum solum. In isto enim ludo
operans non operatur propter exercitium ad virtutem in seipso, sed ad
exercitandum audientes et gratia delectationis eorum non cuiuscumque, sed
onerosae et servilis. Et quia
operatio et delectatio liberorum non sunt tales, non iudicamus talem ludum
esse ludum liberorum, sed servorum, et quae facit viles et depressos secundum
intellectum. Finis enim ad quem faciunt istos ludos, et intentio, non est
bonus secundum seipsum. Intendunt enim ad delectationem audientium tantum,
aut lucrum proprium. Operationes enim istius ludi onerosae existentes
consueverunt mutare musicam, modo ludentes vel cantantes uno modo, nunc vero
alio, secundum diversitatem audientium et finis intenti ad quem intendunt eos
deducere: propter quod artifices, idest auctores ludi facti secundum artem,
qui cogitant ad iustum ipsum, facit quales quosdam, idest dispositos secundum
passiones animae secundum modum dictum prius; et etiam secundum corpus,
propter motus et gestus quos exercet in ludendo; non autem bene disponit ad
mores, nisi forte secundum accidens. |
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Lectio
3 |
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[90249] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 1 Postquam philosophus ostendit quibus organis utendum et
non utendum ad mores, transit nunc ad considerandum quibus et qualibus
melodiis et rhythmis sit utendum et simpliciter et ad eruditionem, idest
disciplinam. Et circa hoc primo praemittit intentum suum. Secundo cum dicit,
quoniam autem divisionem etc. prosequitur. Adhuc in prima parte primo
proponit intentum suum principale. Secundo cum dicit, quoniam musicam quidem
videmus etc. tangit quid considerandum est ad declarationem intenti principalis.
Tertio cum dicit, putantes igitur multa etc. tangit quae de praedictis
supponenda sunt ab aliis. Dicit igitur primo, quod post praedicta
considerandum est circa naturam et usum harmoniarum et rhythmorum et
simpliciter et in ordine ad eruditionem, idest disciplinam. Simpliciter
quidem utrum omnibus harmoniis et rhythmis utendum sit in civitate, aut
oportet dividere ipsas et dicere, quod quibusdam utendum est, quibusdam autem
non. Deinde per comparationem ad eruditionem: utrum
scilicet his quae laborant ad ipsam utendum sit omnibus ad eam. Aut etiam
utrum sit ponenda eadem determinatio in ipsis per comparationem ad
disciplinam, quae et simpliciter, aut aliqua alia diversa. [90250] Petrus de Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n.
2 Deinde cum dicit quoniam musicam tangit quae consideranda sunt
ad declarationem dictorum. Dicens: quoniam ad sensum videmus musicam
distingui per melodiam in cantu vel organis et per rhythmos, oportet
considerare ad evidentiam propositi, quam potentiam et virtutem habeat
unaquaeque istarum ad disciplinam et mores. Illis enim quae habent virtutem
convenientem ad ipsa, utendum est ad ea, aliis autem non. Adhuc autem utrum
magis eligenda sit ad mores et eruditionem musica bene melodizata, aut ea
quae bene rhythmizata est. [90251] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 3 Deinde cum
dicit putantes igitur quae de istis supponenda sunt ab aliis. Dicens, quod
nos opinantes quod multi modernorum considerantium in musica et alii ex
philosophis antiquis qui perfecti fuerunt bene se habentes in hac disciplina
ex parte, idest participati musicae considerationem specialem circa singula
praedictorum, omittemus requirendum ab eis vel a scriptis ipsorum. Nunc vero
in universali dicemus de ipsis secundum quod ad propositum facit, dividentes
legaliter modos ipsius musicae, declarantes quibus utendum est ad mores vel
simpliciter ad quamcumque. [90252] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 4 Deinde cum
dicit quoniam autem prosequitur. Et circa hoc duo facit. Primo enim
praemittit quasdam divisiones. Secundo cum dicit, tertio autem ad deductionem
etc. concludit quibus et qualibus harmoniis utendum est. Primo igitur dicit,
quoniam divisionem melodiarum musicalium approbamus rationabiliter, secundum
quam quidam approbati in philosophia dividunt eas dicentes alias illarum esse
morales, seu disponentes ad mores, alias autem practicas, idest passionum
irae et mansuetudinis factivas, alias autem raptus factivas, quae faciunt
audientem quasi immobilem et non sentientem, exquisitius assignantes melodiam
et harmoniam determinatam ad unumquemque ipsorum, naturaliter Phrygiam dicunt
raptus factivam, Lydiam mixtam autem disponentem ad planctum et compassionem;
Doricam autem ad mores, sicut dictum est prius. Dicimus quod musica non est
simpliciter quaerenda gratia alicuius utilitatis unius nec utendum est ipsa
propter unum solum, sed gratia plurium. Etenim utendum est eadem causa ludi
et purificationis. Quid autem dicimus purificationem, nunc quidem simpliciter
supponatur. In poetica autem magis manifeste dicetur de ea. Videtur autem
esse purificatio corruptio alicuius passionis nocivae inexistentis. Et quia
corruptio unius est per generationem alterius; ideo est corruptio unius
passionis vel per generationem contrariae, sicut irae corruptio per
generationem mansuetudinis. Tertio autem utilis ad deductionem est, seu
delectationem intellectualem et mores, sicut dictum est prius. [90253] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 5 Deinde cum dicit
tertio autem concludit ex praedictis, quibus harmoniis utendum est et
qualibus. Et primo facit in universali. Secundo cum dicit, quoniam autem
spectator etc. ostendit quibus in speciali utendum est. Circa primum primo
facit quod dictum est. Secundo cum dicit, quae enim circa quasdam animas etc.
probat quoddam suppositum. Dicit igitur primo, quod ex his quae dicta sunt
prius, manifestum est quod ad remissionem laboris et ad requiem distentionis,
hoc est operis unius distensi, utendum est universaliter omnibus harmoniis
musicis quantum ad bene dispositos natura. Omnes enim harmoniae musicae quae
in media quadam ratione consistunt quantum ad sensum, qui similiter in quadam
media ratione consistit, videntur delectationem inducere in habentibus sensus
bene dispositos natura: quod dico propter eos qui indispositi sunt secundum
sensum vel animam qui in harmoniis bene proportionatis contristantur propter
contrarietatem, in proportionatis autem et distortis delectantur propter
similitudinem, ut consequenter dicetur. Sed ad disciplinam et mores utendum
est maxime moralibus, idest disponentibus ad mores secundum auditum eorum qui
manu, vel corpore, vel etiam anima laborant in aliqua passione: practicis et
raptivis, hoc est ducentibus ab aliqua passione ad contrarium vel ad medium. [90254] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 6 Deinde cum
dicit quae enim probat quoddam suppositum. Supposuit enim, quod sunt
harmoniae quaedam purificativae a passionibus nocivis quibusdam per
generationem oppositarum vel mediarum. Hoc autem intendit
manifestare hic per illud quod apparet ad sensum. Et est intelligendum quod passio animae secundum quod
hic loquitur, est motus partis animae appetitivae sub phantasia boni vel
mali. Et ideo sequitur apprehensionem boni convenientis vel mali
disconvenientis; et si sequatur apprehensionem boni convenientis cum
delectatione est secundum quod huiusmodi. Si autem apprehensionem mali
disconvenientis, cum iustitia. Et quia pars animae appetitiva est virtus
quaedam in corpore et organo; ideo sequitur in esse et operatione sua
dispositionem materiae et corporis; et ideo huiusmodi passiones ipsius
aliquam dispositionem qualitatum primarum sequuntur: sicut audaciam
abundantia caliditatis circa cor; timor autem infrigidationem quamdam; ira
autem accensionem sanguinis vel spiritus. Et quia huiusmodi dispositio
qualitatum in omnibus hominibus est, inquantum omnes compositi sunt ex ipsis
sicuti ex materia, sed tamen magis et minus secundum quod quidam magis
calidi, quidam minus, et secundum quod quidam magis frigidi, quidam autem
minus sunt; propter hoc omnes huiusmodi passiones quadam aptitudine et
virtute sunt in omnibus. Sed in quibusdam magis secundum actum et intense; in
quibusdam autem magis secundum potentiam et remisse. Et ideo dicit, quod bene
dictum est quod harmoniae quaedam sunt factivae passionum; quoniam passiones
quae fiunt in animalibus quorumdam secundum excellentiam quamdam, secundum
quod quidam sunt excellenter audaces, quidam excellenter timidi, et sic de
aliis, existunt universaliter in omnibus virtute; sicut calidum et frigidum,
et humidum et siccum, quae sunt principia istorum secundum magis et minus,
secundum quod magis vel minus dominantur qualitates, quae disponunt ad eas.
Sicut misericordia timor et raptus qui est immobilitas sensuum et partium
exteriorum propter revocationem caloris et spiritus ad interiora. Sunt enim
aliqui qui a passione huiusmodi detinentur. Videmus enim ad sensum, quod
quando aliqui usi fuerunt melodiis quibusdam, quibus antiqui solent uti in veneratione
deorum, quod restituuntur et fiunt maxime de irascentibus mansueti, quasi
sortiti medicinam quamdam, et purificationem a passione nociva, et praeter
naturam. Idem autem hoc contingit existentibus in passione misericordiae et
timiditatis, et universaliter in quacumque alia passione quantumcumque
adiacet unicuique, et omnibus insit quaedam alleviatio et purificatio
passionis, propter delectationem factam ex melodia disponente ad contrarium. [90255] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 7 Eodem autem
modo huiusmodi melodiae purificativae faciunt regionem innocuam hominibus
inquantum passiones reprimunt, propter quas sibi invicem iniuriabantur. Et
est intelligendum quod omnes huiusmodi passiones in aliqua proportione calidi
et frigidi et aliarum qualitatum primarum consistunt dispositive et
materialiter, quamvis alterius istarum sit a dominio, et omnes cum
delectatione quadam vel tristitia existunt, vel cum utroque, quamvis cum
altero magis. Quae enim causantur ex phantasia boni convenientis secundum
quod huiusmodi, cum delectatione sunt: quae autem ex phantasia mali
disconvenientis, cum tristitia. Harmoniae autem musicae similiter in quadam
media ratione sonorum existunt, quae similes sunt aliquando proportioni in
qua consistit passio aliqua, aliquando autem dissimiles. Delectatur autem
quilibet in eo quod conveniens et proportionale est ei secundum naturam,
tristatur autem per contrarium. Propter quod existens in passione aliqua sive
cum delectatione sive contra, audiens melodiam in consimili proportione magis
intenditur in eadem passione: audiens autem melodiam in contraria proportione
existentem, remittitur quasi per contrarium: sicut si aliquis sit in passione
irae quae est cum tristitia et accensione quadam audiat melodiam in contraria
proportione causantem delectationem, et remittentem calidum, sedabitur ab
ira. Similiter autem et in aliis passionibus se habet. Et propter hoc
tractantes musicam uti debent melodiis et harmoniis talibus contrariis ad
sedandum excessus passionum. [90256] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 8 Deinde cum
dicit quoniam autem in speciali declarat quibus et qualibus melodiis utendum
est. Et primo quibus et qualibus utendum est ad requiem indisciplinatorum et
vilium. Secundo cum dicit, ad ludum autem, quibus utendum est ad disciplinam
liberorum et disciplinatorum magis. In prima parte dicit quod spectator,
idest auditor harmoniae musicalis duplex est. Unus quidem liber, idest bene
dispositus ad opera intellectus, et bene disciplinatus. Alter autem servus et
onerosus compositus ex vilibus et mercenariis, et aliis huiusmodi. Indoctis
onerosis et servilibus assignandi sunt agones et speculationes convenientes
eis ad requiem et delectationem. Laborantes enim istis indigent quandoque. Sicut
autem ipsi secundum animam male dispositi sunt, et distorti ab illo habitu
qui est secundum naturam, ita sunt quaedam harmoniae rigidae valde, et
distortae a media ratione. Omnibus autem delectabile est id quod conveniens
est eis secundum naturalem inclinationem eorum; quia delectatio est operatio
connaturalis habitus non impedita, sicut dicitur septimo Ethicorum. Et ideo
agonizantibus et operantibus in musicalibus concedendum est, quod possint uti
aliquo tali genere musicae, rigido scilicet et distorto, ad talem spectatorem
vilem et indispositum, ut ipso delectatus quiescat; secundum quod dicimus
communiter quod plus valet ruralis fistula quam aliquod nobilius
instrumentum. Intelligendum est, quod anima potest considerari secundum
seipsam, ut est forma quaedam specifica hominis, vel secundum dispositionem
materiae in hoc individuo vel in illo. Si consideretur secundum naturam
propriam, sic nulla inclinatio ad imperfectionem, nec etiam imperfectio
invenitur in ea; immo, quantum in se est, perfecta est naturaliter, quantum
est ex inclinatione eius; tale enim est unumquodque secundum naturam quale
est generatione perfecta, sicut dicitur in primo huius. Et sic anima
cuiuscumque hominis non invenitur distorta a naturali habitu; et secundum
quod huiusmodi, quilibet liber est. Si autem consideretur secundum
dispositionem materiae in hoc individuo et in illo, quia inveniuntur quaedam
dispositiones quae non disponunt eam ad illud ad quod inclinamur secundum
naturam suam, sed quaedam ad contrarium magis, sic anima vel homo secundum
eam distortus est a perfectione ad quam inclinatur secundum naturam. [90257] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 9 Deinde cum
dicit ad ludum autem declarat quibus moralibus utendum est ad disciplinam. Et
primo facit hoc. Secundo cum dicit, sunt autem duae considerationes declarat,
quod omnes et omniquaque non debent uti iis, sed cum determinatione. Circa
primum primo facit quod dictum est. Secundo cum dicit, in politia autem
Socrates reprobat opinionem Platonis circa quoddam dictum. Tertio cum dicit,
iterum de doristica regreditur ad declarandum quoddam suppositum. In prima
parte dicit quod ad disciplinam, quae delectabilis est sicut ludus, utendum
est moralibus melodiis et harmoniis disponentibus ad hanc. Talis autem est
illa quae vocatur Dorica, sicut diximus prius et apparebit consequenter; ergo
ad disciplinam utendum est ea, et adiungendum est ei aliquas, si quas
approbaverint sicut convenientes ad hoc, qui exercitati sunt in philosophico
exercitio et disciplina musicali. [90258] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 10 Deinde cum
dicit in politia autem reprobat opinionem Platonis circa praedicta. Et primo
facit hoc. Secundo cum dicit, manifestat autem poesis declarat quoddam
suppositum. In prima parte dicit, quod Socrates in republica sua, idest Plato
introducens Socratem loquentem, non convenienter dicit solam Phrygiam
melodiam cum ea quam dicimus Doricam debere recipi in civitate ad disciplinam
et mores iuvenum, simul cum hoc reprobans fistulam inter organa tamquam non
convenientem ad ea: illam enim eamdem naturam et virtutem quam habet fistula
inter organa, habet melodia Phrygia inter harmonias, ambo enim provocant
iram, et sunt illativa passionis ad quam disponit calidum propter fortitudinem
motus et percussionis, ratione quorum habent excitare caliditatem in
spiritibus. Si ergo fistula reprobanda est sicut inepta ad disciplinam et
mores, eadem ratione et melodia Phrygia; et si ista utilis est, eadem ratione
et illa. [90259] Petrus de Alvernia,
In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 11 Deinde cum dicit
manifestat autem declarat quoddam suppositum, puta quod eamdem naturam habeat
Phrygia in melodiis, et fistula in organis; dicens, quod ea habere eamdem
naturam manifestat poesis, quae dicit, quod omnis bacchatio, idest
impetuositas, et omnis motus consimilis passioni violentae, maxime causatur a
motu fistulae in organis, et in harmoniis musicalibus a melodia Phrygia.
Accipiunt autem ad huiusmodi declarationem hoc, quod conveniens et verum videtur,
puta quod dithyrambus manifeste videtur esse modus quidam melodiae Phrygiae.
Ad hoc autem exempla multa adducunt illi qui circa obiectum huius sensus,
scilicet auditus, laborant, et alia. Et quia Philoxenus musicus fabulans
aliquando visus fuit dithyrambos facere in melodia Dorica, scilicet primi
toni, non potuit autem, quia non conveniebat illi, sed ex ipsa inclinatione
naturae eius incidit in Phrygiam, cum qua magis conveniebat: hoc autem non
esset nisi dithyrambus. De quo manifestum est, quod convenit cum fistula vel
tuba propter fortitudinem motus, et est factivus irae et passionis fortis. Et
est modus quidam cantus qui dicitur Phrygius, scilicet tertii toni apud nos;
et per consequens Phrygia conveniret cum fistula. [90260] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 12 Deinde cum
dicit iterum de doristica regreditur ad probandum minorem rationis
praedictae, scilicet quod melodia Dorica maxime sit moralis; dicens, quod
Dorica melodia loquentes omnes universaliter confitentur, quod inter omnes
melodias stabilissima existit; propter quod convenit cum virtute ad quam
requiritur constantia mentis in his quae sunt secundum rationem, et maxime
habet morem virilem idest virtuosum. Quod quidem per rationem apparet: medium
enim inter duas superabundantias excellentiae et defectus laudamus, et
approbamus magis, et in his quae sunt secundum naturam, puta complexionem
temperate calidam laudamus magis, quam eam quae excellenter frigida est: et
in his quae sunt secundum artem et secundum rationem; virtutem enim, quae in
medio consistit, laudamus; superabundantiam autem et defectum quae rationem
extremorum habent, vituperamus. Adhuc autem dicimus, quod medium in omnibus
magis prosequendum est sicut bonum. Melodia autem Dorica rationem medii habet
respectu aliarum; non enim ita excellenter acuta est sicut illa, quae dicitur
Lydia mixta, quae est septimi toni; nec etiam ita depressa in gravitate,
sicut hypodorica, vel hypophrygia, quae est secundi, vel quarti toni. Et ideo
manifestum est, quod maxime laudanda est, et prosequenda, sicut disponens ad
virtutem; propter quod iuvenes magis exercitandi sunt in ea. [90261] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 13 Deinde cum
dicit sunt autem declarat, quod non quocumque modo quibuscumque, sed secundum
diversas determinationes secundum diversitatem aetatum. Et circa hoc primo
declarat quibus et qua determinatione expedit uti senibus. Secundo cum dicit,
adhuc autem si qua quibus et qualibus, iuvenibus, concludens conditiones
universaliter, quae requiruntur in melodia conveniente unicuique aetati.
Dicit igitur primo, quod non omnibus melodiis et moralibus et mediis expedit
uti omnibus quomodocumque, sed cum determinatione. Sunt autem duo per quae
determinatur, videlicet quod possibile, et quod decens: illa enim magis
oportet agere aut operari inter bona operabilia, quae possibilia sunt
operanti. Nullus enim manum immittit ad illud quod impossibile reputat, vel
simpliciter, vel sibi, quamvis etiam bonum sit secundum se. Et illa quae
decent ipsum operantem. Aliqua enim sunt bona et possibilia operanti, quae
tamen non decent ipsum; sicut bonum est dare parvum munusculum, et possibile
est regi, non tamen decet ipsum, siquidem magnificus est; et ideo illa, quae
bona sunt et possibilia operanti et decentia ipsum, magis facienda sunt.
Possibilitas autem et decentia distinguuntur secundum diversitatem aetatum:
aliqua enim sunt possibilia viro perfecto, et decentia ipsum: quae non sunt
possibilia iuveni et decentia ipsum: et ideo sunt aliquae harmoniae utiles ad
mores secundum se, quae tamen non conveniunt quibusdam, quia non sunt eis
bene possibiles, sicut eis qui sunt abdicati, hoc est declinantes per tempus
vel senium ab aequalitate, non faciliter possunt cantare harmonias rigidas et
acutas propter debilitatem virtutis, et spiritus, sed magis remissas secundum
naturam. [90262] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 14 Propter quod
quidam posteriorum musicorum convenienter reprobaverunt Socratem qui
reprobavit omnes harmonias remissas utiliter tamquam inutiles ad mores, et
disciplinam, dicens eas esse sicut inebriativas hominum. Sed cum ebrietas duo
faciat in homine; scilicet motus impetuositatem, et declinationem a
sobrietate et dispositione naturali, dixit esse ipsas inebriativas non secundum
potentiam ebrietatis, idest secundum impetuositatem. Verum enim est, quod
ebrietas impetuosum hominem facit: huiusmodi enim melodiae remissae talem
impetuositatem non inducunt: sed dixit eas esse inebriativas, sicut
abdicativas, idest declinantes ab aequalitate et medio. Et propter hoc
inclinantes homines ad ea quae declinant ab aequalitate et rectitudine. Hoc
autem dicebat Plato ac si omnes homines et semper existerent in statu et
aequalitate medii secundum naturam ei nullus declinaret ab ea. Si enim ita
esset, nulli expediret uti harmoniis remissis. Sed quia quidam sunt in statu
et aequalitate, quidam autem ab ea declinant per senium vel alio modo,
unumquodque autem delectatur in eo quod conveniens est ei secundum naturam,
sicut dictum est prius; ideo non expedit omnes uti melodiis mediis, sed
quibusdam expedit uti remissis mediis; et ideo ad aetatem futuram senum qui
declinant ab aequalitate praedicta et sunt debilis virtutis expedit uti
melodiis et harmoniis remissis. [90263] Petrus de
Alvernia, In Politic. continuatio, lib. 8 l. 3 n. 15 Deinde cum
dicit adhuc autem ostendit quae expediunt iuvenibus, concludens conditiones,
quae exiguntur in musica ordinanda ad mores utiliter; dicens, quod adhuc si
est harmonia talis media non remissa quae decet aetatem puerorum, propter hoc
quod ornatum quemdam habet propter consonantiam ratione cuius delectet,
similiter autem et doctrinam, hoc est disponit ad disciplinam, huiusmodi
autem vim videtur maxime habere harmonia ea quae dicitur Lydia quae est
cantilena quinti toni, sicut dictum est prius; manifestum est quod in musica
disponente ad disciplinam oportet tria praeexistere: videlicet quod rationem
medii habeat inter acutas et graves, et quod possibilis sit ipsi utenti, et
decens conditionem ipsius. Si enim talis fuerit, manifestum est, quod utentes
ea magis inclinabuntur ad virtutem et mores, inclinati autem magis
operabuntur secundum rationem, operantes autem secundum rationem faciliter
attingunt ad felicitatem quae consistit in perfectissima operatione hominis
secundum supremam eius virtutem respectu perfectissimi obiecti ipsius. Est
Deus benedictus in saecula saeculorum. |
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