Florilège pour
la méditation amoureuse des épouses du Christ
Pain
de l'âme
Trésors choisis partir
des œuvres de saint Thomas d'Aquin, Docteur des docteurs de l'Eglise
Excerptum et
sponsae Christi dilectae ruminandum
Pour la méditation amoureuse
des âmes, épouses du Christ
Edition numérique https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique
2004
Les œuvres complètes de saint Thomas
d'Aquin
Note
de sœur Marie-Hélène Deloffre, osb, Abbaye de Kergonan: "J'ai
collectionné ces perles pour une de mes sœurs et à l'occasion de sa profession
perpétuelle. Nombre de ces traductions ne sont pas de moi. Certaines sont de la
petite Somme, d'autres du Père Philippe".
PRIERE AVANT
L'ETUDE
attribuée à saint Thomas
Créateur ineffable qui, des
trésors de ta sagesse, as choisi les trois hiérarchies des anges et les as
placées dans un ordre admirable au-dessus du ciel empyrée ; toi qui as
disposé avec tant d'art les parties de l'univers, toi qu'on appelle à bon droit
source de lumière et Sagesse et Principe suprême, daigne répandre sur les
ténèbres de mon intelligence un rayon de ta clarté ; chasse de moi la
double ténèbre dans laquelle je suis né, celle du péché et celle de
l'ignorance. Toi qui rends diserte la langue même des enfants, forme ma langue
et verse sur mes lèvres la grâce de ta bénédiction. Donne-moi la pénétration
pour comprendre, la capacité de retenir, la méthode et la facilité pour
apprendre, la sagacité pour interpréter et une élégance abondante pour
m'exprimer. Dispose le commencement, dirige le progrès, couronne la fin. Par le
Christ notre Seigneur. Amen.
DIVERS
Commentaire des Sentences de
Pierre Lombard, I. d 2 q 1 expos. text.
La vision de la Trinité dans
l'unité : voilà la fin et le fruit savoureux de toute la vie humaine.
Commentaire des Sentences de
Pierre Lombard, I. d 14 q 2 a 2
Dans leur émanation à partir
du premier Principe, les créatures accomplissent une sorte de circuit, de mouvement
giratoire, toutes choses revenant comme à leur fin vers le premier principe
dont elles sont issues. Il faut ainsi s'attendre à ce que leur retour vers la
fin s'opère par les mêmes causes que leur sortie du principe. Or on a dit (d 13
q 1 a 1) que la procession des personnes est la raison suprême de la
production des créatures par le premier principe. Elle est donc aussi la raison
du retour vers la fin. Nous avons été créés "par le Fils et par le
Saint-Esprit", et c'est encore "par eux" que nous sommes unis à
notre fin...
Dès lors, il y a deux
manières de considérer la procession des personnes dans les créatures. En
premier lieu, comme raison de la production des choses : c'est cette
procession qui est en cause, si l'on considère les dons naturels qui nous font
subsister ; Denys dit ainsi que la sagesse ou la bonté divine
"procèdent" dans les créatures....
En second lieu, comme raison
du retour vers la fin : alors on considère seulement les dons qui nous
unissent de près à Dieu, Fin ultime, c'est-à-dire la grâce sanctifiante et la
gloire. Et voilà de quelle procession il s'agit (dans la mission invisible).
Commentaire des Sentences de
Pierre Lombard, I. d 15 q 4 a 1 ad 1
Pour qu'il y ait une mission,
il n'est pas nécessaire qu'on ait une connaissance actuelle de la personne
envoyée : une connaissance habituelle suffit, c'est-à-dire qu'il suffit
d'avoir, dans ce don reçu qui est un habitus,
une représentation du caractère propre de la personne... La personne se
manifeste en ce sens qu'elle nous donne une similitude d'elle-même qui la
représente. Mais ai-je oui ou non actuellement ce don dans lequel la personne
m'est donnée ? Impossible de le savoir d'une connaissance puisée dans
l'acte : à moins d'en être assuré par une révélation, je puis seulement le
conjecturer sur des indices... En effet la grâce sanctifiante, en laquelle
s'accomplit la venue d'une personne, ne peut être connue avec certitude. Cela
d'ailleurs n'empêche pas le don reçu d'être par soi suffisant à nous faire
connaître la personne envoyée.
Commentaire des Sentences de
Pierre Lombard, I. d 15 q 5 a 1 qla 2
Une connaissance de Dieu
telle qu'il en procède de l'amour suffit à vérifier une mission du Fils... Un
amour quelconque de charité suffit à une mission du Saint-Esprit.
Commentaire des Sentences de
Pierre Lombard, I. d 16 q 1 a 2 ad 4
La Très Sainte Vierge, qui
eut la plus haute plénitude de grâce départie à une simple créature,
n'aurait-elle pas dû bénéficier, elle aussi, d'une mission visible ? Elle
a eu part à la mission de la Pentecôte, avec les prémices de l'Eglise. Quant à
une mission visible spéciale, sa grâce ne l'appelait pas, n'étant point
ordonnée comme celle des Apôtres à planter l'Eglise en prêchant la doctrine et
en administrant les sacrements.
Commentaire des Sentences de
Pierre Lombard, I. d 37 expos. text.
Les autres créatures
obtiennent bien de ressembler à Dieu, par l'opération de Dieu même (qui les
crée, les conserve et les meut). Mais elles n'atteignent point Dieu même en
personne. Aussi, bien que Dieu doit en elles, elles-mêmes ne sont point avec
Dieu. Mais la créature raisonnable atteint par la grâce Dieu lui-même en le
connaissant et en l'aimant. Aussi dit-on qu'elle est avec lui. Pour cette même
raison, l'on dit qu'elle est capable de Dieu, c'est-à-dire capable de ce bien
qui la perfectionnera par manière d'objet. De là encore vient qu'on l'appelle
le temple de Dieu, habité par Dieu.
Commentaire des Sentences de
Pierre Lombard, IV. d 38 q 1 a 5 (c. et ad 1)
Est-ce que les vierges qui
vouent la continence doivent recevoir un voile spécial, distinct du voile de
celles qui ont voué la continence sans être vierges ?
Ce qui s'accomplit
corporellement dans l'Eglise est signe des réalités spirituelles. Mais un signe
corporel ne peut représenter suffisamment
les réalités spirituelles signifiées. Aussi faut-il parfois utiliser
plusieurs signes corporels, pour signifier la même réalité spirituelle.
Le mariage spirituel du
Christ et de l'Eglise comporte d'une part la fécondité, par laquelle nous
sommes régénérés comme fils de Dieu, et d'autre part l'incorruption, parce que
le Christ s'est choisi l'Eglise" sans tache ni ride ni rien de tel",
comme il est dit dans l'épître aux Ephésiens (5, 27). Aussi saint Paul dit-il
(2 Co 11, 2) : "Je vous ai fiancés à un homme unique, comme une vierge
chaste à présenter au Christ".
Mais la fécondité corporelle
est incompatible avec l'intégrité de la chair. Et c'est pourquoi il a fallu
représenter le mariage spirituel du Christ et de l'Eglise par des signes
différents, quant à la fécondité et quant à l'intégrité. Donc de même que le
mariage charnel représente le mariage spirituel quant à la fécondité, de même
il a fallu qu'il y eût quelque chose qui représentât le susdit mariage
spirituel quant à son intégrité. Et c'est ce qui se réalise dans l'imposition
du voile aux vierges, comme le montrent toutes les paroles et toutes les
cérémonies du rituel. Et c'est pourquoi seul l'évêque, à qui est confié le soin
de l'Eglise, marie les vierges en leur donnant le voile, non à lui-même mais au
Christ, comme paranymphe et ami de l'Epoux.
Par ailleurs, la
signification de l'intégrité peut se trouver plus pleinement dans la continence
des vierges que dans celle des veuves, en qui elle est moins pleine. Et c'est
pour ce motif qu'on donne un voile aux veuves, mais non avec la même solennité
qu'aux vierges.
L'Eglise dans le mariage
spirituel représente l'épouse, et le Christ, l'époux. Or par le voeu de
continence l'âme est mariée au Christ. Aussi ne convient-il pas que ce mariage
soit signifié par l'homme, mais seulement par la femme.
Commentaire du livre de la
Trinité de Boèce (1257-1259)
La recherche de la sagesse a
ce privilège qu'en poursuivant son but elle se suffit à elle-même (...). En ce
ci la contemplation de la sagesse est comparable au jeu pour deux raisons.
D'abord, parce que le jeu est délectable et que la contemplation de la sagesse
entraîne la suprême délectation... Ensuite parce que le jeu n'est pas ordonné à
autre chose qu'à lui-même et qu'il trouve en lui sa propre fin ; ce que
l'on retrouve aussi dans la délectation de la sagesse... Mais à l'inverse de ce
qui se passe dans nos délectations ordinaires au sujet de ce que nous
anticipons, où le moindre retard trouble notre joie parfois grandement... c'est
en elle-même que la contemplation de la sagesse trouve la cause de sa
délectation. Elle ne souffre donc d'aucune angoisse comme lorsqu'on doit
attendre quelque chose... C'est pourquoi la sagesse divine compare sa propre
délectation à celle du jeu : "Je me réjouissais jour après jour, jouant
en sa présence.
IV Somme contre les gentils 22
Le propre de l'Esprit Saint
est d'être le don du Père et du Fils. La rémission des péchés se fait par
l'Esprit Saint en tant que don de Dieu.
IV Somme contre les gentils 23
Que le Fils apparaisse dans la
chair, il le tient du Père... Que le Saint Esprit habite en l'homme par un
effet nouveau à lui approprié... il le tient du Père et du Fils.
Libres questions, II a 7
La doctrine elle-même des
docteurs catholiques tient son autorité de l'Eglise. Aussi faut-il s'en tenir
plutôt à la coutume de l'Eglise, qu'à l'autorité d'Augustin, de Jérôme ou de
n'importe quel autre docteur.
Libres questions, IV a 18
Les thèses théologiques
doivent-elles procéder par voie d'autorité ou de raison ?
Tout acte doit s'accomplir
selon qu'il convient au but qu'il poursuit. Or, quand il s'agit d'une enquête,
elle peut être ordonnée à une double fin.
En premier lieu, écarter le
doute sur la question du fait. Pour ces sortes d'enquêtes, en théologie, il
faut se servir des autorités qu'acceptent ceux avec qui on discute...
D'autre part, instruire ceux
qui écoutent, pour les amener à l'intelligence de la vérité... Et ici il faut
s'appuyer sur des raisons qui aillent jusqu'aux racines de la vérité, et
fassent voir comment est vrai ce qu'on enseigne. C'est qu'en effet si le maître
se contente de résoudre une question par de simples autorités, celui qui écoute
aura bien la certitude qu'il en est ainsi, mais en fait de science et
d'intelligence, il n'emportera rien et restera vide.
Commentaire
sur le livre de la
Trinité de Boèce, q 2 a 3 (c. et ad 5)
Si quelque chose, dans les
dires des philosophes, se trouve contraire à la foi, ce n'est pas de la
philosophie, mais plutôt un abus de la philosophie, provoqué par le défaut de
la raison. Il est donc possible de repousser cette erreur par les principes
mêmes de la philosophie, en montrant soit que ce qui était objecté est tout à
fait impossible, soit du moins que ce n'est pas nécessaire. Cette distinction
s'impose ; car de même que les choses de la foi ne se démontrent pas,
ainsi il arrive que les choses opposées à la foi ne puissent être démontrées
fausses ; mais on peut toujours montrer qu'elles ne sont pas
nécessaires...
Ceux qui, utilisant des
références philosophiques en théologie, les mettent au service de la foi, ne
mêlent pas l'eau au vin, mais changent l'eau en vin.
Commentaire
sur le livre des noms divins de saint Denis, VII, leç. 4, n° 732
Il y a encore une
connaissance de Dieu souverainement parfaite, par rémotion, qui consiste à
connaître Dieu par inconnaissance, per
ignorantiam, par une certaine "union" aux choses divines, union
qui est au-dessus de la nature de l'esprit : quand notre esprit, "se
détachant de toutes les autres choses et ensuite s'abandonnant encore lui-même",
est uni "aux rayons surresplendissants" de la Déité, en ce sens qu'il
connaît que Dieu n'est pas seulement au-dessus de toutes les choses qui sont
inférieures à lui (notre esprit), mais encore au-dessus de lui et de tout ce
qu'il peut comprendre. En connaissant Dieu ainsi, notre esprit dans un tel état
de connaissance est illuminé par la profondeur même de la Sagesse divine, que
nous ne pouvons pas scruter. Et comprendre que Dieu est non seulement au-dessus
de tout ce qui est, mais encore de tout ce que nous pouvons appréhender, cela
vient de l'incompréhensible profondeur de la Sagesse divine.
Commentaire
sur le livre de l'interprétation
d'Aristote I leç. 14
L'être de Dieu enveloppe de
sa vertu tout ce qui est, sous quelque forme et en quelque manière que ce soit,
puisque tout n'est que par une participation de son être. De même, son
intelligence, quant à son acte et quant à son objet, comprend toute
connaissance et tout connaissable. De même son vouloir et l'objet de son
vouloir comprennent tout appétit et tout appétible, de sorte que tout
connaissable, pour autant qu'il est connaissable, tombe sous sa
connaissance ; que tout appétible, pour autant qu'il est appétible, tombe
sous sa volonté ; que tout ce qui est, pour autant qu'il est être, tombe
sous sa vertu active.
Commentaire
sur la Métaphysique
d'Aristote, II, leç. 1 vers la fin
Les hommes s'aident
mutuellement dans la considération de la vérité de deux manières :
directement et indirectement.
On est aidé directement par
ceux qui ont découvert la vérité, parce que chacun de ceux qui ont précédé
ayant découvert quelque parcelle de la vérité, la réunion de ces éléments
introduit leurs successeurs dans la connaissance parfaite de la vérité.
Indirectement, en ce que les
premiers, quand ils se sont trompés sur la vérité, ont donné aux seconds une
occasion d'exercice, en sorte qu'après une discussion serrée la vérité apparaît
avec plus de clarté.
Mais il est juste que nous
soyons reconnaissants envers ceux qui nous ont aidés dans l'acquisition d'un si
grand bien : la connaissance de la vérité.
Commentaire
sur l'Evangile de saint Matthieu, 11
C'est l'Esprit Saint qui fait
les tout-petits, parce qu'il est un Esprit d'humilité... C'est aux tout-petits
que le Père révèle ses secrets, c'est-à-dire aux humbles, qui ne présument pas
d'eux-mêmes ; en effet là où est l'humilité, là est la sagesse.
Commentaire sur le livre de Job II, 1,
Visiter un ami et se trouver
avec lui est ce qu'il y a de plus délicieux...
Cette compassion de ses amis
est une consolation, soit parce que le fardeau de l'adversité devient plus
léger lorsque plusieurs le partagent, soit plutôt parce que toute tristesse est
allégée quand il s'y mêle un plaisir. Or il est délicieux d'expérimenter
l'amitié de quelqu'un, surtout quand elle s'exerce par la compassion dans le
malheur, d'où la consolation qu'elle procure.
Commentaire sur l'Evangile de
saint Jean, 6, 44, leç. 5
"Nul ne peut venir à
moi, si mon Père ne l'attire". Un homme peut en attirer un autre en le
séduisant... De cette manière sont attirés vers le Père ceux qui se dirigent
vers Jésus à cause de l'autorité de la majesté paternelle. Quiconque en effet
croit dans le Christ, parce qu'il le croit Fils de Dieu, celui-là, le Père,
c'est-à-dire la majesté paternelle, l'attire vers le Fils... Ainsi donc,
ceux-là sont attirés par le Père, qui sont séduits par sa majesté, mais ils
sont attirés aussi par le Fils, en étant séduits par la délectation admirable
de l'amour de la Vérité, qui est le Fils de Dieu lui-même.
Commentaire
sur l'Evangile de saint Jean, 14
"Parce qu'il demeure
avec vous". Il faut remarquer en premier lieu la familiarité de
l'Esprit-Saint avec les Apôtres, "parce qu'il demeure auprès de
vous", c'est-à-dire pour votre utilité. En second lieu, il faut noter une
certaine inhabitation intime de l'Esprit Saint, parce qu'il est en nous,
c'est-à-dire, au plus intime de notre coeur....
"Le Paraclet, l'Esprit
Saint, vous enseignera tout, et vous rappellera tout ce que je vous ai
dit". Tout homme enseigne de l'extérieur : si l'Esprit Saint ne donne
pas intérieurement l'intelligence, l'homme travaillera en vain, parce que si
l'Esprit Saint n'est pas au coeur de celui qui entend, l'enseignement du
docteur sera inutile (leç. 6 n° 1958).
Commentaire sur l'Evangile de
saint Jean, 15, leç. 3
Le vrai signe de l'amitié,
c'est que l'ami révèle à son ami les secrets de son coeur. Puisque les amis
n'ont qu'un coeur et qu'une âme, l'ami ne semble pas mettre hors de son coeur
ce qu'il révèle à son ami... Or Dieu, en nous faisant participer à sa sagesse,
nous révèle ses secrets... Quand donc le Fils nous révélera le Père, il nous
révélera tout ce qu'il sait.
Commentaire sur l'Evangile de
saint Jean, 17, leç. 5, Marietti p. 452
La fin des dons divins, c'est
que nous soyons unis par cette unité qui est conforme à l'unité du Père et du
Fils.
Somme théologique, I q 1 a 2 ad 2
Toute connaissance de Dieu
est une certaine impression de la science divine.
Somme théologique, I q 38 a 1
La créature raisonnable
obtient parfois ce privilège, lorsqu'elle devient participante du Verbe divin
et de l'Amour qui procède, jusqu'à pouvoir librement connaître Dieu en vérité
et l'aimer parfaitement. Seule donc la créature raisonnable peut posséder une
divine personne. Quant à réaliser cette possession, elle n'y peut parvenir par
ses seules forces : il faut que cela lui soit donné d'en haut.
Somme théologique, I q 38 a 2
La raison, la cause de la
donation gratuite, c'est l'amour. Car pourquoi donnons-nous sans rémunération,
si ce n'est que nous voulons du bien ? La première chose que nous donnons,
c'est l'amour par lequel nous voulons le bien de notre ami. Puisque l'Esprit
Saint procède comme amour, il procède en qualité de premier don. C'est pourquoi
saint Augustin dit que, par le don de l'Esprit Saint, beaucoup de dons
particuliers sont distribués aux membres du Christ.
Somme théologique, I q 43 a 5 ad 2
L'âme par la grâce est rendue
conforme à Dieu. Aussi pour qu'une personne divine soit envoyée à quelqu'un par
la grâce, faut-il que celui-ci soit rendu semblable à la divine personne qui
est envoyée par quelque don de grâce. Et parce que l'Esprit Saint est amour,
par le don de la charité l'âme est rendue semblable à l'Esprit Saint. Par
ailleurs, le Fils de Dieu est le Verbe, non pas n'importe quel verbe, mais spirant
l'Amour. Aussi Augustin dit-il (IX Trin.
10) : "Le Verbe que nous essayons d'insinuer est une certaine
connaissance avec amour"... Ce n'est donc pas selon n'importe quelle
perfection de l'intellect que le Fils est envoyé, mais selon une instruction de
l'intelligence telle qu'elle déborde en effusion d'amour... Et ainsi c'est avec
une grande exactitude qu'Augustin dit (IV Trin.
20) que "le Fils est envoyé, quand il est connu et perçu." Or la
perception signifie une certaine connaissance expérimentale. Et celle-ci est
appelée sagesse, c'est-à-dire, science savoureuse.
Somme théologique, I q 45 a 6
Dieu le Père a opéré la
création par son Verbe, qui est le Fils, et par son Amour, qui est l'Esprit
Saint. Et, de ce point de vue, les processions des personnes sont les raisons
de la production des créatures.
Somme théologique, I-II q 63 a 4
Il est clair que la mesure à
imposer à nos passions diffère essentiellement suivant qu'elle dérive de la
règle humaine de la raison, ou de la règle divine ; par exemple, pour
l'usage des aliments : la mesure présentée par la raison a pour but
d'éviter ce qui est nuisible à la santé et à l'exercice de la raison
elle-même ; tandis que, selon la règle de la loi divine, il est requis,
comme le dit saint Paul, que l'homme châtie son corps et le réduise en
servitude par l'abstinence et autres austérités semblables.
Somme théologique, II-II q 45 a 2
C'est de (la sagesse, comme
don du Saint-Esprit) que parle Denys, lorsqu'il rappelle que Hiérothée était
instruit des choses divines, non seulement pour les avoir apprises, mais encore
pour les avoir souffertes. Or cette compassion ou connaturalité aux choses
divines se réalise par la charité qui nous unit à Dieu, selon 1 Co 6, 17 :
"Celui qui adhère au Seigneur, est un seul esprit avec lui."
Somme théologique, II-II q 161 a 5 ad 4
L'humilité est la disposition
qui facilite le libre accès de l'âme aux biens spirituels et divins.
Somme théologique, II-II q 105 a 5 ad 3
On peut distinguer trois
sortes d'obéissance. L'une, suffisante au salut, obéit en tout ce qui est
d'obligation. La seconde, parfaite, obéit en tout ce qui est permis. La
troisième, déraisonnable obéit même en ce qui est défendu.
Commentaire du Symbole des
Apôtres IX
Comme nous voyons que dans un
homme unique il y a un corps unique et une âme unique, et cependant ses membres
sont divers, de même l'Eglise catholique est un corps unique, et a divers
membres. Quant à l'âme qui vivifie ce corps, c'est l'Esprit Saint.
Commentaire de l'Ave Maria n°
6-9
La grâce de Marie fut
tellement abondante qu'elle a rejailli sur l'humanité tout entière. Qu'un saint
possède assez de grâce pour suffire au salut d'un grand nombre, c'est déjà
chose considérable. Mais si un saint était doté d'une grâce capable de sauver
toute l'humanité, il jouirait d'une abondance de grâce insurpassable. Et c'est
le cas du Christ et de la bienheureuse Vierge. Car en tout péril tu peux
obtenir le salut de cette Vierge glorieuse. Aussi est-il dit (Ct 4, 4) :
"Mille boucliers", c'est-à-dire, remèdes contre les dangers,
"pendent de toi". De même en toute action vertueuse tu peux l'avoir à
ton aide ; et c'est pourquoi elle dit elle-même (Sir 24, 25) :
"En moi toute espérance de vie et de vertu."
Commentaire de l'épître aux Romains,
5 leç. 1 n° 392
Le fait que l'Esprit Saint,
qui est l'amour du Père et du Fils, nous soit donné, nous conduit, nous amène à
la participation de l'Amour, qui est l'Esprit Saint. Par cette participation
nous sommes établis amants de Dieu, Dei
amatores. Le fait même que nous l'aimions est le signe que lui-même nous
aime.
Commentaire de l'épître aux Romains,
8, 14
Comme l'abeille et l'oiseau
voyageur, portés par l'instinct, agissent avec une sûreté admirable qui révèle
l'intelligence qui les dirige, ainsi l'homme spirituel est incliné à agir, non
principalement par le mouvement de sa propre volonté, mais par l'instinct du
Saint-Esprit, selon le mot d'Isaïe (59, 19) : "Car il viendra un
fleuve resserré que précipite le souffle du Seigneur" ; aussi est-il
dit (Lc 4, 1) : "Jésus fut poussé au désert par l'Esprit". Il ne
s'ensuit pas que l'homme spirituel n'opère pas par sa volonté et son libre
arbitre, mais c'est l'Esprit Saint qui cause en lui ce mouvement du libre
arbitre et de la volonté, selon cette parole de l'Apôtre (Ph 2, 13) :
"C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire".
Commentaire de la première
épître aux Corinthiens 2 n° 102
Par l'Esprit Saint, Dieu nous
a révélé sa sagesse ; cela a pu se faire, car "l'Esprit scrute toutes
choses", parce qu'il connaît parfaitement ce qu'il y a de plus intime en
chaque chose, comme l'homme lorsqu'il scrute avec attention... Il connaît aussi
parfaitement les profondeurs de Dieu. Or les profondeurs divines sont les
mystères qui demeurent cachés en lui, et non ce qui est connu par les créatures,
qui semble n'être qu'à la surface.
Commentaire de la première
épître aux Corinthiens 3, 16, leç. 3 n° 72
C'est le propre du temple
comme tel d'être la demeure de Dieu, selon l'affirmation du psaume (10) :
"Dieu est dans son temple saint". C'est pourquoi tout ce en quoi Dieu
habite peut être dit temple. Or Dieu habite principalement en lui-même, parce
que lui seul se comprend. Aussi Dieu lui-même est-il dit le temple de Dieu (Ap
21). Dieu habite aussi dans la demeure consacrée par le culte spirituel... Et
Dieu habite dans les hommes par la foi qui opère par l'amour (Cf. Ep 3, 17).
Aussi, pour prouver que les fidèles sont le temple de Dieu, l'Apôtre
ajoute-t-il qu'ils sont habités par Dieu, lorsqu'il dit : "Et
l'Esprit de Dieu habite en vous."
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