Saint Thomas d’Aquin, Docteur de l’Eglise
Prières devant le Saint Sacrement
Traduction par Denis Sureau
(Ecrit authentique)
Avec l’aimable autorisation de l’Edition de l’Emmanuel
Deuxième édition numérique, https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique,
2010
Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin
Table des matières
Prières pour le
Très Saint Sacrement : Antiennes
Prières de la messe du Saint-Sacrement
Séquence de la messe : Lauda Sion
Hymne des matines : Sacris solemniis
Hymne des laudes : Verbum supernum
Hymne des vêpres : Pange lingua
Rythme pour l'élévation du Corps du Christ : Adoro
te
Autre prière après la communion
Prière de saint Thomas avant l'étude
Prière de saint Thomas au début d'un cours
Prière que saint Thomas récitait chaque jour devant le
Crucifix
Prière fervente pour la rémission des péchés
Prière pour obtenir les vertus
Prière pour les âmes contemplatives que saint Thomas
lui-même disait en pleine contemplation
Prière à la bienheureuse Vierge Marie
Prière que saint Thomas disait souvent avant de dicter,
d'écrire ou de prêcher
Seize conseils
pour acquérir le trésor de la science
Qu'il est suave, Seigneur, ton
esprit !
Voulant montrer ta tendresse à tes
enfants,
par un pain très doux venu du ciel,
tu combles de biens les affamés,
renvoyant les mains vides les riches dédaigneux.
O banquet sacré où est reçu le
Christ,
où se perpétue le mémorial de sa Passion,
où l'âme est remplie de grâce,
où nous est donné le gage de la gloire future !
Elle est dressée pour nous, la
table du Seigneur,
contre tous ceux qui nous persécutent.
Qu'ils exultent en cris
d'allégresse,
ceux qui goûtent à la table du Seigneur !
De ton autel, Seigneur, nous
recevons le Christ,
en qui notre cœur et notre chair exultent.
Versets
V. Tu leur as donné un pain du ciel,
R. Qui contient tout agrément.
V. O Dieu, dans ta douceur, tu as
préparé la nourriture du pauvre.
R. Toi qui nous fais vivre en
concorde dans ta maison.
Prière d’ouverture
Dieu qui, sous un sacrement
admirable,
nous as laissé le mémorial de ta Passion,
donne-nous, nous t'en supplions,
de vénérer tellement les mystères sacrés de ton Corps
et de ton Sang,
que nous en ressentions continuellement en nous
le fruit de ta rédemption.
Toi qui vis et règnes avec Dieu le
Père en l'unité du Saint-Esprit,
pour les siècles des siècles. Amen.
Prière sur les offrandes
Nous t'en supplions, Seigneur,
accorde à ton Eglise les dons de l'unité et de la paix
figurés mystiquement par ces offrandes que nous te
présentons.
Prière après la communion
Fais, nous t'en supplions,
Seigneur,
que nous soyons rassasiés par l'éternelle jouissance
de ta divinité,
que figure ici-bas la réception de ton Corps et de ton
Sang précieux.
Le plus long texte de notre Hymnaire,
l’un des plus beaux, le plus théologique, le chef-d’œuvre de la poésie
dogmatique, où, « tout en gardant l’exacte précision de la terminologie
scolastique, saint Thomas expose avec splendeur le dogme eucharistique ».
Il le fait en 24 strophes d’inégale
étendue: 18 de 3 lignes, 4 de 4 lignes, et 2 de cinq lignes. En une page ou
deux, écrit M. Rouzic, « nous avons les figures et la
réalité, les prophéties et l’événement. Nous sommes au Cénacle le soir du
Jeudi-Saint et nous sommes partout où se dresse un autel catholique. Nous
assistons à l’action de Jésus établissant une Pâque nouvelle, et nous apprenons
le fond du mystère et les opérations sanctifiantes de l’Hostie dans les âmes ».
On comprend que le Père Parsch déclare que cette «
poésie dogmatique mérite d’être méditée ».
Et que dire du chant, sinon que sa
royale splendeur n’a d’égale que les somptuosités du Te Deum et du
triomphal Credo de Du Mont, qu’une initiative récente de Sa Sainteté
Jean XXIIII a remis à l’honneur?
Lauda Sion Lauda, Sion, Salvatorem, Lauda ducem
et pastorem In hymnis
et canticis. Quantum potes, tantum aude, Quia major omni laude, Nec laudare
sufficis. Laudis thema specialis, Panis vivus et vitalis Hodie proponitur. Quem in sacrae
mensa cœnae Turbae fratrum duodenae Datum non ambigitur. Sit laus plena, sit sonora ; Sit jucunda, sit decora Mentis jubilatio. Dies enim solemnis agitur In qua mensae prima recolitur Hujus institutio. In hac mensa novi
Regis, Novum pascha novae legis
Phase vetus terminat. Vetustatem novitas, Umbram fugat veritas, Noctem lux eliminat. Quod ln cœna Christus
gessit Faciendum
hoc expressit In sui
memoriam. Docti sacris institutis,
Panem, vinum in salutis
Consecramus hostiam. Dogma datur christianis Quod in camem transit panis Et vinum in sanguinem. Quod non capis,
quod non vides Animosa firmat fides Praeter rerum ordinem. Sub diversis speciebus, Signis tantum et non rebus, Latent res
eximiae. Caro cibus,
sanguis potus, Manet tamen
Christus totus Sub utraque specie. A sumente
non concisus, Non confractus,
non divisus, Integer accipitur. Sumit unus, sumunt mille, Quantum isti
tantum ille, Nec sumptus
consumitur. Sumunt boni, sumunt mali, Sorte tamen
inaequali Vitae vel
interitus. Mors est malis, vita bonis : Vide paris sumptionis
Quam sit dispar exitus. Fracto demum Sacramento, Ne
vacilles, sed memento Tantum esse sub fragmento Quantum
toto tegitur. Nulla rei fit scissura, Signi tantum fit fractura Qua nec status
nec statura Signati minuitur. |
Loue, Sion Loue, Sion, ton Sauveur, Loue ton chef et ton pasteur Par des hymnes et des cantiques. Ose de tout ton pouvoir, Car il est plus grand que toute
louange Et à le louer tu ne suffis pas. Un thème de louange spéciale, Le pain vivant et vivifiant, Aujourd'hui nous est proposé. Lors du repas de la sainte Cène,
Aux Douze ses frères Il fut donné, nous n'en doutons
pas. Que la louange soit pleine,
qu'elle soit sonore ; Qu'elle soit joyeuse, qu'elle
soit parfaite, La jubilation de l'esprit. Car nous vivons ce jour solennel Qui de cette table entend
célébrer L'institution première. A cette table du nouveau Roi, La nouvelle pâque de la nouvelle
loi Met un terme à la phase
ancienne. La nouveauté chasse la
vieillerie, La vérité l'ombre, La lumière dissipe la nuit. Ce que fit le Christ à la Cène, Il nous ordonna de le faire En mémoire de lui. Instruits par ses saints
préceptes, Nous consacrons le pain et le
vin En hostie salutaire. Ce dogme est donné aux chrétiens
Que le pain se change en chair, Et le vin en sang. Ce que tu ne comprends ni ne
vois, Une ferme foi te l'assure, Hors de l'ordre naturel. Sous diverses espèces, Signes seulement et non réalités,
Des choses sublimes se cachent. La chair est une nourriture, le
sang un breuvage, Pourtant le Christ total demeure
Sous l'une et l'autre espèce. On le prend sans le déchirer Le briser, ni le diviser, Il est reçu intègre. Un seul le prend, mille le
prennent Autant celui-ci, autant ceux-là Le reçoivent sans le consumer. Les bons le prennent, les
méchants le prennent, Mais d'un sort inégal, Ici de vie, là de ruine. Il est mort aux méchants, vie
aux bons, Vois d'une même manducation Combien l'effet est dissemblable
! Le sacrement enfin rompu, Ne vacille pas, mais
souviens-toi Qu'il est sous chaque fragment Comme sous le tout il se cache. Nulle division n'est réelle, Le signe seulement se
fractionne, Et par là, de ce qui est
signifié Ni l'état ni la stature n'est
amoindri. |
AUTRE TRADUCTION, 1962, Maurice LE
BAS Séquence de la Messe du Saint
Sacrement No 70 bis : Lauda, Sion Chante; ô Sion, dans tes cantiques. Et par des hymnes magnifiques, Ton Sauveur, ton Roi, ton Pasteur. Tout ce que ton amour t’inspire, Ose-le; mais que peux-tu dire Pour égaler tant de grandeur ? C’est aujourd’hui l’Eucharistie, Pain vivant qui donne la vie, Qu’on propose à ta piété. C’est le pain qu’à la troupe élue Jésus lui-même distribue, Et le Christ dit la vérité. Que ta louange glorieuse Eclate en hymne radieuse, En chant de jubilation. Car cette fête solennelle Du festin sacré nous rappelle La première institution. Le Roi nous présente à la Cène, Mettant fin à la Pâque ancienne La nouvelle Pâque d’amour. La vérité succède à l’ombre, L’ère nouvelle au passé sombre, La nuit s’enfuit devant le jour. Le Christ, Auteur du
sacrifice, A désiré qu’on l’accomplisse Pour rappeler son souvenir. Nous consacrons comme au Cénacle Le pain et le vin du
miracle, Pour notre salut à venir. C’est un dogme de foi
chrétienne Que le pain et le vin deviennent Son corps et son sang précieux. Notre ardente foi nous assure Ce qui dépasse la nature, Ce que ne peuvent voir nos yeux. Sous des espèces
différentes, Invisiblement sont présentes De sublimes réalités. Chair et sang nourrissent notre âme
; En chacune la foi proclame Que demeure le Christ
entier. On le prend sans qu’on le divise, Sans qu’on le rompe ou qu’on le
brise, On le reçoit sans l’entamer. Qu’un seul ou mille communient, A tous le Christ donne sa vie, Mais en lui rien n’est consumé. Quand méchants et bons le reçoivent Et qu’à la même coupe ils boivent, Ils trouvent la vie ou la mort. C’était pourtant la même hostie, Mais face à la mort ou la vie Combien différent est leur sort. S’il faut rompre l’Eucharistie, Ne t’émeus pas, jamais n’oublie Que le plus infinie
fragment Contient le Christ, entièrement. Ce n’est pas le corps que l’on
brise, C’est le signe que l’on divise, Et le Christ, dans ce sacrement, Ne subit aucun changement. |
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ECCE PANIS ANGELORUM
Factus cibus viatorum, Vere panis filiorum Non mittendus
canibus. In figuris
praesignatur, Cum Isaac immolatur,
Agnus paschae
deputatur, Datur manna patribus. Bone
Pastor, panis vere, Jesu nostri miserere, Tu nos pace, nos tuere, Tu nos bona
f ac videre In terra viventium.
Tu qui cuncta
scis et vales Qui nos pascis
hic mortales, Tuos ibi commensales, Coheredes et sociales Fac sanctorum
civium. Amen. |
Voici le pain des anges Fait aliment des voyageurs, Vrai pain des enfants A ne pas jeter aux chiens. D'avance il est désigné en
figures, Lorsqu' Isaac est immolé, L'agneau pascal sacrifié, La manne, donnée à nos pères. Bon Pasteur, vrai pain, Jésus, aie pitié de nous; Nourris-nous, défend-nous, Fais-nous voir nos biens Dans la terre des vivants. Toi qui sais et peux tout, Qui nous nourris ici-bas
mortels, Rends-nous là-haut les commensaux,
Les cohéritiers et les
compagnons De la cité des saints. Amen. |
C’est pour nous le pain angélique, Qui devient notre viatique; Le vrai pain des fils du Seigneur, Qu’on ne livre pas au pécheur. Isaac montant au supplice, L’agneau pascal du sacrifice, La manne envoyée aux aïeux, Etaient symboles précieux. O bon Pasteur, pain véritable, O Jésus, sois-nous secourable; Par le pain d’immortalité Accorde-nous de mériter Le bonheur dans l’éternité. Toi qui nourris ta créature, Dont le pouvoir est sans mesure, Fais-nous place au banquet du ciel, Dans l’héritage paternel, Avec les saints, Christ immortel. Amen. Alleluia! |
Après un début débordant d’enthousiasme
lyrique, voici l’histoire de la Cène, eucharistique, qui se termine par la
strophe que connaissent tous les chrétiens: Panis
angelicus. On aurait pu craindre que la poésie,
ne cédât le pas au langage sec et abrupt de la scolastique: « Docteur par la
pensée, saint Thomas d’Aquin est poète par l’amour. » (C. Albin de igala.)
Sacris solemniis Sacris solemniis
juncta sint gaudia, Et ex praecordiis
sonent praeconia, Recedant vetera, nova sint omnia, Corda, voces
et opera. Noctis recolitur cœna novissima, Qua Christus creditur
agnum et azyma Dedisse fratribus juxta legitima Priscis indulta patribus. Post agnum
typicum, expletis epulis, Corpus Dominicum
datum discipulis Sic totum
omnibus quod totum singulis
Ejus fatemur manibus. Dedit fragilibus Corporis ferculum, Dedit et tristibus Sanguinis poculum, Dicens : Accipite quod trado vasculum, Omnes ex eo bibite. Sic sacrificium istud instituit, Cujus officium committi
voluit Solis presbyteris, quibus sic congruit Ut sumant et dent cœteris.
Panis angelicus fit panis
hominum. Dat panis cœlicus figuris terminum. O res
mirabilis ! manducat Dominum
Pauper servus et humilis. Te trina Deitas unaque poscimus Sic nos
tu visita sicut te colimus, Pet tuas
semitas duc nos quo tendimus
Ad lucem
quam inhabitas. Amen. |
Que la joie accompagne ces
saintes solennités, Et que les louanges résonnent du
fond des cœurs, Arrière le passé, que tout soit
nouveau, Les cœurs, les voix et les œuvres.
Nous célébrons la dernière cène
nocturne En laquelle, nous le croyons, le
Christ donna à ses frères L'agneau et les azymes, selon
les lois Jadis prescrites à leurs pères. Après l'agneau typique, le
festin achevé, Nous confessons que le corps du
Seigneur même, De ses propres mains fut donné
aux disciples, Entier pour tous et pour chacun.
Faibles, il leur donna son Corps
pour mets, Tristes, il leur donna son Sang
pour breuvage, Disant : Prenez la coupe que je
vous livre, Buvez en tous. Ainsi institua-t-il ce
sacrifice, Voulant que le ministère en fût
confié Aux seuls prêtres. A eux donc De s'en nourrir et de le donner
aux autres Le pain des anges devient le
pain des hommes. Le pain du ciel met un terme aux
figures. Chose admirable ! Il mange son
Seigneur, Le pauvre, l'esclave et
l'humble. O Déité trine et une, nous t'en
supplions, Visite-nous tandis que nous
t'honorons, Par tes chemins, conduis-nous où
nous tendons, A la lumière que tu habites. Amen. |
AUTRE TRADUCTION, 1962, Maurice LE
BAS No 69 : Sacris solemniis Exultons en ce jour de fête
solennelle, Proclamons dans nos chants la gloire du Seigneur. Oublions le
passé : que tout se renouvelle, Nos œuvres, nos voix, notre cœur. Evoquons le Cénacle et le repas
ultime Où Jésus célébra la Pâque avec les siens, Mangeant l’agneau prescrit
avec le pain azyme, Selon les rites des anciens. Quand fut mangé l’agneau comme
avaient fait les pères, Jésus nourrit ses fils de son corps glorieux; De ses
mains il se donne entier à tous ses frères, Et tout entier à chacun d’eux. Il leur livre son corps pour guérir
leur faiblesse, Pour chasser leur tristesse il leur offre son sang : Prenez
tous, leur dit-il, le sang que je vous laisse, Voici la coupe, buvez-en. Ce nouveau sacrifice, alors il le
confie A des prêtres qui seuls le renouvelleront; Recevant les premiers la
sainte Eucharistie, Aux autres ils la donneront. Le pain du ciel devient le pain de
notre table, Les figures d’antan ont perdu leur valeur O merveille ! un esclave, indigent,
méprisable, Se nourrit du corps du Seigneur. Exauce, ô Trinité, notre désir
suprême: Viens visiter nos cœurs, fais ta demeure en eux; Puis trace-nous la route et
conduis-nous toi-même Vers ton paradis lumineux. |
Quatre tableaux dans ce poème: le Verbe
descend du ciel pour Sauver l’homme pécheur; il s’assied avec les siens au
festin de la Cène; il se donne à eux. Enfin, le quatrième tableau nous présente
à la fois, dans un raccourci saisissant, la crèche, le cénacle, la croix et le
ciel.
« Dans ses hymnes presque surnaturelles,
écrit le P. Faber, saint Thomas d’Aquin sait
concilier la sérénité inflexible du dogme avec une douceur et une mélodie qui
ressemblent plutôt à un écho du ciel qu’à un chant de la terre. »
Verbum Supernum Verbum supernum prodiens, Nec Patris linquens dexteram, Ad opus suum exiens
Venit ad vitae vesperam.
In mortem a discipulo Suis tradendus aemulis Prius in vitae ferculo Se tradidit
discipulis. Quibus sub bina specie Carnem dedit et sanguinem, Ut duplicis
substantiae Totum cibaret hominem. Se nascens
dedit socium, Convescens in edulium, Se moriens
in pretium, Se regnans
dat in praemium. O SALUTARIS HOSTIA Quae cœli pandis ostium ! Bella premunt
hostia, Da robur,
fer auxilium. Uni trinoque
Domino Sit sempiterna gloria, Qui vitam sine termino Nobis donet in patria. Amen. |
Le Verbe descend des cieux Sans quitter la droite du Père. Sorti pour accomplir son œuvre Il vient au soir de sa vie. Avant d'être livré par un
disciple Aux ennemis pour mourir, Le premier, il se livre lui-même
Aux disciples, aliment de vie. A eux, sous une double espèce Il donne sa chair et son sang, Afin de nourrir tout l'homme En sa double substance. Naissant, il se fait notre
compagnon, Commensal, notre nourriture, Mourant, notre rançon, Régnant, notre récompense. O salutaire hostie, Qui ouvres la porte du ciel, Des guerres violentes nous
pressent Donne-nous force et secours. Au Seigneur trine et un, Soit gloire à jamais! Qu'il nous donne dans la patrie La vie sans terme. Amen. |
AUTRE TRADUCTION, 1962, Maurice LE
BAS No 70 : Verbuni
supernum Le Verbe est descendu du ciel, Sans quitter la droite du Père, Pour sauver l’homme criminel Et touche à son heure dernière. Tout à l’heure à ses ennemis Judas va le livrer, le traître; Mais c’est d’abord à ses amis Que Jésus se livre, ô bon Maître. Il leur donne sa chair, son sang, Voilés sous la double apparence, Pour nourrir l’homme entièrement, L’âme et le corps, double
substance. Enfant, c’est notre compagnon, A la Cène il est pain de vie, Au Calvaire notre rançon, Au ciel récompense infinie. O toi qui nous rouvres le ciel, O sainte, ô salutaire Hostie, Contre notre ennemi mortel Que ta grâce nous fortifie. Puissions-nous te louer sans fin, O Trinité par nous bénie, Et goûter un bonheur divin Dans notre éternelle patrie. |
Voici « le grand cantique de l’Eglise ».
Dans un début d’un haut lyrisme, le poète célèbre le mystère ineffable du Corps
et du Sang du Christ. Après un court rappel de la vie du Sauveur, il évoque le
souvenir de la dernière Cène et la première Communion des Apôtres. Voici enfin
le Tantum ergo, la prière qu’on ne
chante qu’à genoux, prière humaine, certes, mais inspirée, qui se clôt par une
doxologie, « écho de l’éternel cantique du ciel à la gloire et à la louange du
Dieu Eucharistie ».
Saint Thomas a toujours été reconnu
comme l'auteur inspiré des hymnes de cette fête.
Pange lingua Pange, lingua, gloriosi Corporis mysterium, Sanguinisque pretiosi Quem in mundi pretium Fructus ventris generosi Rex effudit gentium. Nobis datus, nobis natus Ex intacta Virgine Et in mundo conversatus Sparso verbi sermine, Sui moras incolatus Miro clausit ordine. In supremae nocte cœnae Recumbens cum fratribus, Observata
lege plene Cibis in
legalibus, Cibum turbae duodenae Se dat
suis manibus. Verbum caro panem verum
Verbo carnem efficit, Fitque Sanguis Christi merum, Et si sensus
deficit Ad fimandum cor sincerum Sola fides sufficit. TANTUM ERGO
SACRAMENTUM Veneremur cernui, Et antiquum
documentum Novo cedat
ritui ; Praestet fides supplementum Sensuum defectui. Genitori Genitoque Laus et jubilatio ; Salus, honor, virtus quoque Sit et benedictio ; Procedenti ab utroque Compar sit laudatio. Amen. |
Chante, ma langue, le mystère Du Corps de gloire Et du Sang précieux Que pour le rachat du monde Le Roi des nations, Fruit d'un noble sein, a versé. A nous donné, né pour nous D'une Vierge sans tache, Ayant, dans ce monde où il
vécut, Jeté la semence du verbe, Il termina son séjour Selon un ordre admirable. Dans la nuit de la dernière
cène, A table avec ses frères, La loi pleinement observée Concernant la nourriture légale,
En nourriture aux Douze Il se donne lui-même de ses
mains. Le Verbe fait chair, par son verbe
Change du vrai pain en sa chair,
Le vin devient le Sang du
Christ, Et si les sens défaillent, Pour affermir un cœur sincère, La foi seule suffit. Vénérons donc prosternés Un si grand sacrement; Que les anciens préceptes Cèdent la place au nouveau rite;
Et que la foi supplée A la faiblesse des sens. Au Père et au Fils, Louange et jubilation, Salut, honneur, puissance Et bénédiction ! A Celui qui procède de l'un et
de l'autre Soit une même louange ! Amen. |
Autre traduction, 1962, Maurice LE
BAS: No 68 : Pange,
lingua, gloriosi corporis Chante, ô ma langue, le mystère Du corps sacré, corps glorieux, Livré pour nous sur le Calvaire, Et celui du sang précieux, Versé pour racheter la terre Par le fruit d’un sein merveilleux. Il naît pour nous dans une étable, Dieu nous le donne sans retour; Fils d’une Mère incomparable, Dans le monde il sème l’Amour, Et par un prodige admirable Il va couronner son séjour. La nuit, dans la Cène suprême, Assis à table avec les siens, Il observe la Loi qu’il aime, Dans les mets prescrits aux
anciens; Aux Douze, il se donne lui-même En nourriture, de ses mains. D’un mot de sa bouche adorable Il change le pain en son corps, Le vin en son sang véritable; Si mon œil me dit que j’ai tort, Ma foi demeure inébranlable Et j’y puise mon réconfort. Prosternons-nous dans la présence Du plus auguste sacrement, Et que la nouvelle Alliance Succède à l’autre Testament; La foi, devant mon ignorance, Supplée à mon aveuglement. A Dieu le Père, au Christ mon frère Louange et jubilation, Honneur, salut, puissance entière Et chants de bénédiction. A l’Esprit du Fils et du Père Notre égale acclamation. |
Adoro te Adoro te devote, latens Deitas, Quae sub his figuris
vere latitas ; Tibi se cor meum totum subjicit,
Quia te contemplans totum deficit. Visus gustus, tactus in te fallitur, Sed auditu Solo tuto creditur. Credo quidquid dixit Dei Filius, Nil hoc Veritatis verbo
verius. In cruce latebat sola Deitas, At hic latet simul et humanitas. Ambo tamen credens atque confitens. Peto quod petivit latro pœnitens. Plagas, sicut Thomas, non intueor ; Deum tamen meum te confiteor. Fac me tibi semper magis credere, In te spem habere, te diligere. O memoriale mortis Domini, Panis vivus, vitam praestans homini, Praesta meae menti de te vivere Et te illi semper dulce sapere. Pie pellicane, Jesu Domine, Me immundum munda tuo sanguine, Cujus una stilla salvum
facere Totum mundum quit ab omni scelere. Jesu quem velatum nunc aspicio Oro, fiat illud quod tam sitio : Ut te revelata
cernens facie Visu sim
beatus tuae gloriae. Amen. |
Je t'adore dévotement, Déité
cachée, Qui sous ces figures est
réellement présente. A toi mon cœur tout entier se
soumet, Car en te contemplant tout
entier il défaille. Vue, toucher, goût sont ici
déroutés, Mais par l'ouïe seule est
totalement crédible. Je crois tout ce qu'a dit le
Fils de Dieu, Rien n'est plus vrai que ce
verbe de Vérité. Sur la croix se cachait la seule
Déité, Ici se cache aussi l’humanité Pourtant, croyant et confessant
l'une et l'autre, J'implore ce qu'implora le
larron pénitent. Je n'inspecte pas tes plaies
comme Thomas, Pourtant, je te confesse comme
mon Dieu. Fais que de plus en plus en toi
je croie, Qu'en toi j'espère, que je
t'aime. O mémorial de la mort du
Seigneur, Pain vivant donnant la vie à
l'homme, Donne à mon âme de vivre de toi,
Et de toujours te goûter avec
douceur Bon pélican, Seigneur Jésus, Purifie-moi, impur, par ton sang
Dont une seule goutte peut
sauver Le monde entier de ses crimes. Jésus, que j'aperçois maintenant
voilé, Je te prie, fais ce dont j'ai
tant soif : Que, contemplant à découvert ta
face Je sois heureux de la vue de ta
gloire. Amen. |
Prière après la communion Je te rends grâces, Seigneur saint, Père
tout-puissant, Dieu éternel, de ce que tu as daigné me
rassasier du Corps et du Sang précieux de ton Fils, notre Seigneur
Jésus-Christ, moi pécheur, ton indigne
serviteur, sans aucun mérite de ma part, mais par ta pure miséricorde. Et je te supplie que cette
sainte communion ne soit pas pour moi un sujet de
châtiment, mais un titre salutaire de
pardon. Qu'elle me soit une armure de
foi, et un bouclier de bonne volonté.
Qu'elle soit l'expulsion de mes
vices, l'extinction de la concupiscence
et des désirs impurs, l'augmentation de la charité et
de la patience, de l'humilité et de
l'obéissance, et de toutes les vertus; une ferme défense contre les
embûches de mes ennemis, visibles aussi bien
qu'invisibles, un apaisement complet de ma
chair comme de mon esprit, une adhésion très ferme à toi, Dieu unique et véritable, un heureux achèvement de ma fin.
Et je te supplie de daigner me
conduire, moi pécheur, à ce banquet
ineffable où, avec votre Fils et le
Saint-Esprit, tu es pour tes saints la lumière
vraie, le rassasiement complet, la joie
éternelle, le bonheur consommé, la félicité
parfaite. Par le même Christ notre Seigneur.
Amen. |
Dieu tout-puissant et éternel, voici que je m'approche du
sacrement de ton Fils unique, notre
Seigneur Jésus-Christ. J'y viens comme infirme au
médecin de la vie, comme impur à la fontaine de
miséricorde, comme aveugle à la lumière de
l'éternelle clarté, comme pauvre et indigent au
Seigneur du ciel et de la terre. J'implore donc l'abondance de
ton immense largesse, afin que tu daignes guérir mon
infirmité, laver mes souillures, illuminer ma cécité, enrichir ma pauvreté, vêtir ma nudité ; afin que je reçoive le pain des
anges, Roi des rois et Seigneur des
seigneurs, avec tout le respect et
l'humilité, toute la contrition et la
dévotion, toute la pureté et la foi, avec un propos et une intention qui conviennent au salut de mon âme.
Donne-moi, je t'en prie, de
recevoir non seulement le sacrement du
Corps et du Sang du Seigneur, mais aussi l'effet et la vertu
du sacrement. O Dieu très clément, donne-moi
de recevoir le Corps de ton Fils unique,
notre Seigneur Jésus-Christ, qu'il prit de la Vierge Marie, avec de telles dispositions que je mérite d'être incorporé à
son corps mystique et compté parmi ses membres. O Père très aimant, ton Fils
bien-aimé que maintenant, en chemin, je me propose de recevoir sous
les voiles, accorde-moi de le contempler un
jour, à visage découvert,
perpétuellement. Lui qui, étant Dieu, vit et
règne avec toi dans l'unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen. |
Très doux Jésus, que ton Corps
très sacré et ton Sang soient douceur et suavité pour mon âme,
salut et sainteté en toute tentation, joie et paix en
toute tribulation, lumière et force en toute parole ou action, et suprême
protection à ma mort.
Amen.
Prière de Saint Thomas d’Aquin avant l’étude : Créateur ineffable, Vous êtes la
vraie source de la lumière et de la sagesse. Daignez répandre Votre clarté
sur l’obscurité de mon intelligence ; chassez de moi les ténèbres du
péché et de l’ignorance. Donnez-moi : La pénétration pour comprendre, La mémoire pour retenir, La méthode et la facilité pour
apprendre, La lucidité pour interpréter, Une grâce abondante pour m’exprimer, Aidez le commencement de mon travail, Dirigez en le progrès, Couronnez en la fin, Par Jésus Christ Notre Seigneur, Amen. |
Autre traduction de cette prière par sœur
Marie-Hélène Deloffre osb. Créateur ineffable qui, des
trésors de ta sagesse, as choisi les trois hiérarchies des anges et les as
placées dans un ordre admirable au-dessus du ciel empyrée ; Toi qui as disposé avec tant
d'art les parties de l'univers, toi qu'on appelle à bon droit source de
lumière et Sagesse et Principe suprême, daigne répandre sur les ténèbres de
mon intelligence un rayon de ta clarté ; Chasse de moi la double ténèbre dans laquelle je suis né, celle du péché et celle
de l'ignorance. Toi qui rends diserte la langue
même des enfants, forme ma langue et verse sur mes lèvres la grâce de ta
bénédiction. Donne-moi la pénétration pour
comprendre, la capacité de retenir, la méthode et la facilité pour apprendre,
la sagacité pour interpréter et une élégance abondante pour m'exprimer. Dispose le commencement, dirige
le progrès, couronne la fin. Par le Christ notre Seigneur. Amen. |
CRVX ANGELICA Cette croix s’est répandue dans le monde
chrétien sous le nom de Croix angélique, ou Croix de saint Thomas. Les
habitants d’Anagni en ont un fac-similé dans leur maisons pour se préserver contre
le feu du ciel, et Pie IX, de sainte mémoire, a daigné accorder 300 jours
d’indulgence à quiconque réciterait
pieusement les aspirations formant le distique. |
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CROIX
ANGELIQUE Crux mihi certa salus, Crux est quam semper adoro ; Crux Domini mecum, Crux mihi
refugium. O Croix, de mon salut l’espérance assurée, Croix sainte, sois toujours de mon cœur
adorée ! Croix du Seigneur, reste avec moi ; O Croix, mon refuge est en toi !
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Pour
comprendre l’ingénieuse disposition des lettres et, y lire le distique proposé,
il faut chercher au centre l’initiale du mot Crux;
en remontant la ligne médiane, on trouve Crux mihi certa salus,
et en descendant : Crux est quam semper adoro. Puis, en
allant du centre vers la gauche, en suivant la médiane horizontale, on a : Crux domini mecum; enfin à droite : Crux mihi refugium. |
Demandons à l'Esprit Saint, le
Père des pauvres
D'illuminer notre cœur et notre
intelligence
Pour nous conduire à la vérité
tout entière.
Accorde-moi, Dieu miséricordieux,
de désirer ardemment ce qui te plais,
de le rechercher prudemment,
de le reconnaître véritablement
et de l'accomplir parfaitement,
à la louange et à la gloire de ton nom
Mets de l'ordre en ma vie,
accorde-moi de savoir ce que tu veux que je fasse,
donne-moi de l'accomplir comme il faut
et comme il est utile au salut de mon âme.
Que j'aille vers toi, Seigneur,
par un chemin sûr, droit, agréable menant au terme,
qui ne s'égare pas entre les prospérités et les
adversités,
tellement que je te rendes grâces dans les prospérités,
et que je garde la patience dans les adversités,
ne me laissant ni exalter par les premières,
ni déprimer par les secondes.
Que rien ne me réjouisse ni me
m'attriste,
hors ce qui me mène à toi ou m'en écarte.
Que je ne désire plaire ou ne
craigne
de déplaire à personne, si ce n'est à toi.
Que tout ce qui passe devienne vil
à mes yeux
à cause de toi, Seigneur,
et que tout ce qui te touche me soit cher,
mais toi, mon Dieu, plus que tout le reste.
Que toute joie me dégoûte qui est
sans toi,
et que je ne désire rien en dehors de toi.
Que tout travail, Seigneur, me
soit plaisant qui est pour toi,
et tout repos ennuyeux qui est sans toi.
Donne-moi souvent de diriger mon cœur
vers toi,
et, dans mes défaillances, de les peser avec douleur,
avec un ferme propos de m'amender.
Rends-moi, Seigneur Dieu,
obéissant sans contradiction,
pauvre sans défection,
chaste sans corruption,
patient sans protestation,
humble sans fiction,
joyeux sans dissipation,
sérieux sans abattement,
retenu sans rigidité,
actif sans légèreté,
animé de votre crainte sans désespoir,
véridique sans duplicité,
faisant le bien sans présomption,
reprenant le prochain sans hauteur,
l'édifiant de parole et d'exemple sans simulation.
Donne-moi, Seigneur Dieu,
un cœur vigilant
que nulle curieuse pensée ne détourne de toi,
un cœur noble
que nulle indigne affection n'abaisse,
un cœur droit
que nulle intention perverse ne dévie,
un cœur ferme
que nulle épreuve ne brise,
un cœur libre
que nulle violente affection ne subjugue
Accorde-moi, Seigneur mon Dieu,
une intelligence qui te connaisse,
un empressement qui te cherche,
une sagesse qui te trouve,
une vie qui te plaise,
une persévérance qui t'attende avec confiance,
et une confiance qui t'embrasse à la fin.
Accorde-moi d'être affligé de tes
peines par la pénitence,
d'user en chemin de tes bienfaits par la grâce,
de jouir de tes joies surtout dans la patrie par la
gloire.
Toi qui, étant Dieu, vis et règnes
pour les siècles des siècles.
Amen.
Je te loue,
je te glorifie,
je te bénis, mon Dieu,
pour les immenses bienfaits que tu m'as accordés,
à moi indigne.
Je loue ta clémence si patiente à
m'attendre,
ta douceur qui ne fait que simuler la vengeance,
ta tendresse qui m'appelle, ta bénignité qui me
reçoit,
ta miséricorde qui pardonne mes péchés,
ta bonté qui me comble au-delà de mes mérites,
ta patience qui ne se souvient pas de l'injure,
ta humilité qui me console,
ta longanimité qui me protège,
ton éternité qui me conserve,
ta vérité qui me récompense.
Que dirai-je, mon Dieu,
de ta générosité ineffable?
Fugitif, tu m'appelles,
à mon retour, tu me reçois,
titubant, tu m'aides,
désespérant, tu me réjouis,
négligent, tu me stimules,
combattant, tu m'armes,
triomphant, tu me couronnes,
pécheur, tu ne me méprises pas après la pénitence,
tu n'as pas souvenance de mon injure.
Tu me délivres d'innombrables
périls,
tu adoucis mon cœur pour qu'il se repente,
tu m'effraies par des supplices,
tu m'attires par des promesses,
tu me corriges par des châtiments,
tu me gardes par le ministère des anges
tu me procures les biens temporels
et me réserves les biens éternels.
Tu m'exhortes par la dignité de la
création,
tu m'invites par la clémence de la rédemption,
tu me promets les biens de la rémunération.
Pour tout cela, mes louanges ne
suffisent pas.
A ta Majesté je rends grâces
pour l'abondance de ton immense bonté,
afin que toujours tu multiplies en moi la grâce,
et, multipliée, que tu la conserves,
et, conservée, que tu la récompenses.
Amen.
A toi fontaine de miséricorde, ô
Dieu,
voici que je viens, moi pécheur.
Daigne donc me laver, moi impur.
O soleil de justice, illumine un
aveugle.
O médecin éternel, guéris un
blessé.
O Roi des rois, revêts un
dépouillé.
O médiateur de Dieu et des hommes,
réconcilie un coupable.
O bon Pasteur, ramène un errant.
Accorde, ô Dieu,
la miséricorde à un misérable,
l'indulgence à un criminel,
la vie à un mort,
la justification à un impie,
l'onction de la grâce à un endurci.
O très clément,
rappelle-moi quand je fuis,
attire-moi quand je résiste,
relève-moi quand je tombe,
soutiens-moi quand je suis debout,
conduis-moi quand je marche.
Ne m'oublie pas quand je t'oublie,
ne m'abandonne pas quand je t'abandonne,
ne me méprise pas quand je pèche.
Car en péchant,
je t'ai offensé, mon Dieu,
j'ai lésé mon prochain,
je ne me suis pas épargné moi-même.
J'ai péché, mon Dieu,
par fragilité contre toi, Père tout-puissant,
par ignorance contre toi, Fils très sage,
par malice contre toi, Esprit-Saint clément ;
en tout cela je t'ai offensé, Trinité sublime.
Ah ! malheureux,
combien nombreuses et grandes,
combien diverses ont été mes fautes !
Je t'ai abandonné, Seigneur,
et devant ta bonté je le déplore,
par un amour mauvais,
par une mauvaise crainte,
et je préférai te perdre
que manquer de ce que j'aimais
ou affronter ce que je craignais.
O mon Dieu, que j'ai fait de mal
en parole et en action,
péchant secrètement, ouvertement et opiniâtrement !
Je te supplie donc, eu égard à ma
fragilité,
de ne pas regarder à mon iniquité,
mais à ton immense bonté,
et de remettre avec clémence ce que j'ai fait,
me donnant la douleur du passé
et une efficace vigilance pour l'avenir.
Amen.
O Dieu qui peux tout, qui sais
tout,
qui n'as ni commencement ni fin,
toi qui donnes les vertus,
les conserve et les récompenses, daigne
m'établir sur le sol ferme de la foi,
me protéger de l'invincible bouclier de l'espérance,
me parer du vêtement nuptial de la charité.
Donne-moi
par la justice de t'être soumis,
par la prudence d'éviter les pièges du diable,
par la tempérance de garder un juste milieu,
par la force de supporter patiemment l'adversité.
Donne-moi
de partager volontiers le bien que j'ai
avec celui qui en manque,
le bien que je n'ai pas,
de le demander humblement à qui en est pourvu;
le mal que j'ai fait,
de l'avouer loyalement,
le mal que je souffre,
de le supporter avec égalité d'âme,
le bien du prochain,
de le regarder sans envie,
tes bienfaits,
de t'en rendre toujours grâces.
Apprends-moi à
garder la règle dans ma tenue, ma démarche et mes gestes,
retenir sur mes lèvres toute parole vaine,
préserver mes pas de tout écart,
empêcher mes yeux de divaguer,
défendre mes oreilles des rumeurs,
tenir le front humblement incliné,
élever mon esprit vers le ciel,
mépriser ce qui passe,
ne désirer que toi seul,
dompter ma chair,
purifier ma conscience,
honorer les saints,
te louer dignement,
progresser dans le bien
et couronner mes bonnes actions
par une sainte mort.
Plante en moi les vertus,
Seigneur,
en sorte que je sois dévoué aux choses divines,
prévoyant dans les choses humaines,
et à charge à personne pour l'usage de mon corps.
Donne-moi, Seigneur,
la ferveur dans la contrition,
l'intégrité dans la confession,
la plénitude dans la satisfaction.
Mets de l'ordre au-dedans de moi
par une bonne vie,
afin que je fasse ce qui convient,
ce qui sera profitable à moi comme mérite,
et aux autres comme exemple.
Donne-moi
de ne jamais me porter à des actions sans sagesse,
ni de me lasser des choses fastidieuses
afin qu'il ne m'arrive pas de désirer avant le temps ce
que je dois faire,
ou de le délaisser avant de l'avoir mené à bonne fin.
Amen.
Je t'invoque, Dieu de toute
consolation,
toi qui ne trouve en nous que tes propres dons,
pour qu'au terme de cette vie, tu daignes me donner
la connaissance de la Vérité première,
la jouissance de la divine Majesté.
Donne aussi à mon corps,
ô généreux Rémunérateur,
la beauté de la clarté,
la promptitude de l'agilité,
la pénétration de la subtilité,
la force de l'impassibilité.
Ajoutes-y l'abondance des
richesses,
l'affluence des délices,
l'accumulation des biens,
afin que je puisse me réjouir
au-dessus de moi de ta consolation,
au-dessous de moi de la douceur du séjour,
au-dedans de moi de la glorification de mon corps et de mon
âme,
auprès de moi de l'exquise compagnie des anges et des
hommes.
Qu'auprès de toi, Père très
clément, je trouve
pour mon esprit les illuminations de la sagesse,
pour ma sensibilité l'accomplissement de mes désirs,
pour mes puissances de combat la gloire du triomphe;
auprès de toi, dis-je, là où est
l'absence de tout péril,
la variété des demeures,
la concorde des volontés
là où est la douceur du printemps,
la lumière de l'été,
la fertilité de l'automne
et le repos de l'hiver.
Donne-moi, Seigneur Dieu,
la vie qui ne connaît plus la mort,
la joie qui est sans douleur,
là où réside la souveraine liberté,
la libre sécurité,
la sûre tranquillité,
la joyeuse félicité,
l'heureuse éternité,
l'éternelle béatitude,
la vision et la louange de la vérité
Ainsi soit-il.
O bienheureuse et très douce
Vierge Marie,
Mère de Dieu,
pleine de toute bonté,
Fille du Roi des rois,
Souveraine des Anges,
Mère du Créateur de l'univers,
je jette dans le sein de ta bonté,
aujourd'hui et tous les jours de ma vie,
mon corps et mon âme,
toutes mes actions, mes pensées, mes volontés,
mes désirs, mes paroles, mes œuvres,
ma vie tout entière et ma mort,
afin que, par tes suffrages,
tout cela tende au bien,
selon la volonté de ton cher Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,
afin que je t'aie, ô ma très sainte Souveraine,
pour alliée et pour consolatrice,
contre les embûches et les pièges de l'antique adversaire
et de tous mes ennemis.
De votre cher Fils, notre Seigneur
Jésus-Christ,
daigne m'obtenir la grâce qui me permettra de résister
aux tentations du monde, de la chair et du démon,
et d'avoir toujours le ferme propos de ne plus pécher
à l'avenir,
mais de persévérer en ton service et en celui de ton
cher Fils.
Je te prie aussi, ô ma très sainte
Souveraine,
de m'obtenir une vraie obéissance
et une vraie humilité du cœur,
afin que je me reconnaisse en vérité
comme un misérable et fragile pécheur,
impuissant non seulement à faire la moindre bonne œuvre,
mais encore à résister aux attaques continuelles,
sans la grâce et le secours de mon Créateur et vos
saintes prières.
Obtiens-moi aussi, ô ma très douce
Souveraine,
une perpétuelle chasteté d'esprit et de corps,
afin que d'un cœur pur et d'un corps chaste,
je puisse servir ton Fils aimé et toi-même
selon ma vocation.
Obtiens-moi de lui la pauvreté
volontaire,
avec la patience et la tranquillité d'esprit,
afin que je sache supporter les travaux de ma condition
pour mon salut et celui de mes frères.
Obtiens-moi encore, ô très douce
Souveraine,
une charité vraie qui me fasse aimer de tout cœur
ton très saint Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,
et toi, après lui, par-dessus toutes choses,
et le prochain en Dieu et à cause de Dieu,
sachant me réjouir de son bien,
m'affliger de son mal, ne mépriser personne,
ne jamais juger témérairement,
ne me préférer dans mon cœur à quiconque.
Apprends-moi en outre, ô Reine du
Ciel,
à toujours unir dans mon cœur
la crainte et l'amour de votre très doux Fils ;
à toujours rendre grâces de tant de bienfaits qui me
viennent
non de mes mérites, mais de sa pure bonté ;
à faire des mes péchés une confession pure et
sincère,
une pénitence vraie,
pour mériter ainsi miséricorde et grâce.
Je te supplie enfin, ô Mère
unique,
porte du ciel et avocate des pécheurs,
de ne pas permettre qu'à la fin de ma vie,
moi, ton indigne serviteur,
je dévie de la sainte foi catholique,
mais que vous tu secoures
selon ta grande miséricorde et amour,
et que tu me défendes des esprits mauvais ;
que par la glorieuse Passion de ton Fils béni,
et par ta propre intercession,
mon cœur plein d'espérance,
tu m'obtiennes de Jésus le pardon de mes péchés,
de sorte que, mourant dans votre amour et le sien,
tu me diriges dans la voie de la délivrance du salut.
Amen.
Créateur ineffable,
qui des trésors de votre sagesse as choisi les trois
hiérarchies angéliques
et les as placées en un ordre admirable au-dessus du
ciel empyrée ;
toi qui as disposé avec tant d'harmonie les parties de
l'univers;
toi, dis-je, qu'on nomme à juste titre
source de lumière et de sagesse et principe suprême,
daigne projeter sur les ténèbres de mon intelligence un
rayon de votre clarté,
chassant de moi les doubles ténèbres dans lesquelles je
suis né,
celle du péché et celle de l'ignorance.
Toi qui rends diserte la langue
des enfants,
forme ma langue et verse sur mes lèvres la grâce de ta
bénédiction.
Donne-moi la pénétration pour
comprendre,
la capacité de retenir,
la méthode et la facilité pour apprendre,
la subtilité pour interpréter,
une grâce abondante pour parler.
Dispose le commencement,
dirige le progrès,
couronne la fin.
Toi, vrai Dieu et vrai homme,
qui vis et règnes dans les siècles des siècles.
Amen.
Ame du Christ très sainte,
sanctifie-moi.
Corps du Christ très sacré,
sauve-moi.
Sang du Christ très précieux,
enivre-moi.
Eau du côté du Christ très pure,
purifie- moi.
Sueur du visage du Christ très
puissante, guéris-moi.
Passion du Christ très douce,
fortifie-moi.
O bon Jésus, garde-moi.
Dans tes plaies, cache-moi.
Ne permets pas que je sois séparé
de toi.
De l'ennemi malfaisant,
défends-moi.
A l'heure de ma mort, appelle-moi,
ordonne que je vienne à toi
et place-moi près de toi
afin qu'avec tes anges et tes archanges
je te loue sans fin pendant les siècles des siècles.
Amen.
Puisque tu m'as demandé, mon très
cher Jean dans le Christ, comment tu dois étudier pour acquérir le trésor de la
science, voici le conseil que je te donne.
-
Entre dans la mer par les petits ruisseaux, non d'un trait; car c'est par le
plus facile qu'il convient d'aller au plus difficile. Tel est mon avis et ma
recommandation.
-
Je veux que tu sois lent à parler, lent à te rendre là où l'on parle.
-
Garde la pureté de ta conscience.
-
N'abandonne jamais l'oraison.
-
Aime beaucoup ta cellule, si tu veux être introduit dans le cellier à vin.
-
Montre-toi aimable avec tous.
-
Ne t'enquiers en rien des actions d'autrui.
-
Ne sois pas trop familier avec personne, car trop de familiarité engendre le
mépris et conduit à s'arracher à l'étude.
-
Ne te mêle nullement des paroles et des actions des gens du monde.
-
Fuis par-dessus tout les démarches inutiles.
-
Imite la conduite des saints et des hommes de bien.
-
Ne regarde pas qui tu parle, mais tout ce qui se dit de bon, confie-le à ta
mémoire.
-
Ce que tu lis et entends, efforce-toi de le comprendre.
-
Assure-toi de tes doutes.
-
Tout ce que tu pourras, efforce-toi de le ranger dans la bibliothèque de ton
esprit, comme celui qui veut remplir un vase.
-
Ne cherche pas ce qui te dépasse.
En suivant cette route, tu
porteras et produiras, pendant toute ta vie, des feuilles et des fruits utiles
dans la vigne du Seigneur des Armées. Si tu t'attaches à ces conseils, tu
pourras atteindre ce que tu désires. Adieu.