DES VICES ET DES VERTUS

EN PROCÉDANT PAR LE NOMBRE QUATRE

 

SAINT THOMAS D'AQUIN, DOCTEUR DE L'ÉGLISE

 

OPUSCULE 70

(Œuvre non authentique)

Traduction Abbé Védrine, Editions Louis Vivès, 1857

Édition numérique, https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique, 2004

Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin

 

 

CHAPITRE I: Les quatre vertus cardinales   1

De la prudence. 2

Des choses qui regardent la foi, l’espérance et la charité. 2

Des choses qui proviennent des vices. 2

Des choses qui engendrent les vices et les corrigent. 3

CHAPITRE II: Des choses qui conviennent aux différents hommes, et d’abord des choses qui conviennent à tout homme qui exerce le pouvoir. 4

De l’avocat plaidant. 4

CHAPITRE III: De la diversité des hommes. 6

CHAPITRE IV: Des choses qui portent l’homme à rechercher le pouvoir. 7

CHAPITRE V: Des choses qui sont agréables à l’homme. 8

CHAPITRE VI: Des sciences les plus utiles. 9

 

CHAPITRE I: Les quatre vertus cardinales

 

Il y a quatre sortes de vertus, à savoir, la prudence à laquelle appartient la mémoire, l’intelligence, la providence, la dignité; la justice d’où dérivent la religion, la piété, la grâce et la vérité; la force, de laquelle viennent la magnificence, la confiance, la puissance, la persévérance; la tempérance, d’où dérivent la continence, l’obéissance, la clémence et la modestie.

La première de ces vertus conduit l’homme à la connaissance, la seconde à l’amour de Dieu et du prochain, la troisième triomphe des obstacles et méprise la mort, la quatrième réprime la volonté et modère toutes choses. La première conçoit, la seconde aime, la troisième soit vaincre, la quatrième établit une mesure en tout. Ces quatre vertus ornent les moeurs, produisent des mérites, triomphent du démon, ouvrent le ciel; ce que fait la prudence pour éviter les embûches, la tempérance le fait pour secourir la misère; ce que fait la force en supportant les injures, la justice le fait en réprimant les vices.

Nous pouvons dire encore qu’il y a quatre sortes d’honnêtetés, car la vertu et l’honnêteté, quoique sous un nom différent, sont absolument une même chose et une même substance; ce qui nous entraîne par sa force et nous attire par sa dignité est honnête; or, suivant Sénèque, c’est une habitude de l’esprit con forme à la raison selon la nature.

 

De la prudence.

Il y a quatre vertus cardinales, à savoir, la prudence, la force, la tempérance et la justice. La prudence nous apprend quatre choses, le souvenir du passé, la disposition du présent, la prévoyance de l’avenir, et la discrétion dans les choses douteuses. La force nous apprend quatre choses, à savoir, à ne pas s’enorgueillir dans la prospérité, à ne pas écraser ses adversaires, à ne pas se venger et à ne pas passer sa vie dans la volupté. La tempérance nous avertit de quatre choses, de retrancher les superfluités, de restreindre ses désirs, de s’abstenir des choses illicites, et de rejeter la flatterie. La justice nous apprend quatre choses, à ‘vivre honorablement, à ne faire de mal à personne, à juger sagement, et à rendre à chacun ce qui lui est dû.

 

Des choses qui regardent la foi, l’espérance et la charité.

 

Quatre choses ont leur source dans la foi, la droiture de la vie, l’aliment de l’âme, le culte de Dieu et la récompense du paradis. L’espérance produit quantité de choses, la joie du coeur, la sobriété de l’âme, le soulagement dans le travail et la longévité.

La charité produit quatre effets, honorer Dieu, soulager les malheureux, aimer le prochain et corriger ceux qui manquent. Des choses qui conduisent à la pratique des vertus.

Il y a quatre choses qui forment à la prudence, à savoir, l’étude dans les sciences, l’expérience dans les choses, le travail de la nuit et l’imitation des hommes prudents.

Il y a quatre choses qui font pratiquer la tempérance, à savoir, la crainte de la maladie, le désir d’acquérir, la soumission à Dieu et le vice d’hypocrisie.

Il y a quatre choses qui produisent la constance, à savoir, la crainte honnête, la Crainte du supplice, l’espoir de la gloire et celui du compendium.

Il y a quatre choses qui produisent la prudence, la justice et la tempérance, à savoir, l’amour, la haine, la crainte, le compendium, c’est-à-dire le discours court, utile et léger.

Il y a quatre choses qui rendent l’homme parfait, à savoir, honorer Dieu, aimer le prochain, faire ce qu’on voudrait être fait à soi-même, et ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qui fût fait à soi-même.

 

Des choses qui proviennent des vices.

 

La colère produit quatre choses, le trouble de l’esprit, l’ignorance de soi, des actions inconvenantes, et la science inique.

L’orgueil produit quatre choses, à savoir, l’ingratitude pour les services reçus, l’oppression du prochain, l’intempérance de la langue, et la provocation aux querelles. L’envie produit quatre choses, la douleur du monde, la perte de l’envieux, la dissension du peuple et la destruction des villes.

L’avarice produit quatre choses, les rapines, les parjures, les fraudes et les homicides. La luxure produit quatre choses, la profanation du corps et de l’âme, la débilitation des sens, la ruine du patrimoine et la précocité de la vieillesse.

La gourmandise produit quatre choses, la maladie du corps et la dépression des forces, la perte de sa fortune, les excès dans la volupté et la mort prématurée.

La paresse produit la tristesse de la vie, la misère, le mépris et l’indigence.

 

Des choses qui engendrent les vices et les corrigent.

 

Il y a quatre choses qui portent l’homme à l’orgueil, à savoir, les richesses, la puissance, les honneurs et les parents.

Il y a quatre choses qui sont un remède contre l’orgueil, la pauvreté, l’oppression, la vieillesse et la maladie.

Il y a quatre choses qui enfantent la colère, la dérision, les affronts, l’ingratitude et l’injustice.

Il y a quatre choses fui sont un remède contre la colère, les douces paroles, la vengeance, la satisfaction et la détresse. li y a quatre choses qui engendrent l’avarice, la crainte du besoin, les infirmités de la vieillesse, l’envie du bien d’autrui et une famille nombreuse.

Il y a quatre choses qui détruisent l’avarice, l’abondance des richesses, la jeunesse et la santé, la fréquentation des gens généreux et l’absence d’enfants.

Il y a quatre choses qui produisent la luxure, les grands vices, les mets délicats, la familiarité avec les femmes et une douce oisiveté.

Il y a quatre choses qui détruisent la luxure, l’usage de l’eau et d’une nourriture froide, la méchanceté des femmes, la diminution du sang et un travail assidu.

Il y a quatre choses qui engendrent la gourmandise, la fréquentation du cabaret, la société des gourmands, de bons revenus et l’habitude du repos.

Il y a quatre choses qui arrêtent la gourmandise, le désir du lucre, l’aiguillon de la faim, les fatigues du corps et les déboires de l’indigence.

Il y a quatre choses qui engendrent l’envie, le désir des honneurs, la soif du gain, le bonheur d’autrui et la haine,

Il y a quatre choses qui détruisent l’envie, la perte de la puissance, l’éventualité du besoin, la détérioration des sens et le défaut de vertus.

Il y a quatre choses qui produisent la paresse, l’obscurité des lieux, la solitude et le repos, les bruits désagréables et la faiblesse de la pensée.

Il y a quatre choses qui détruisent la paresse, la conversation joviale, la société des heureux, l'assistance aux festins et la bonne musique.

 

CHAPITRE II: Des choses qui conviennent aux différents hommes, et d’abord des choses qui conviennent à tout homme qui exerce le pouvoir.

 

Il y a quatre choses qui conviennent parfaitement à quiconque exerce le pouvoir, à savoir, gouverner paternellement ses sujets, se faire des amis par ses bons procédés, se montrer bon et affable vis-à-vis des solliciteurs, administrer la justice avec clémence.

Il y a quatre choses que doivent observer les avocats, écouter patiemment sa partie adverse, discuter avec soin ce que l’on a entendu, faire une réponse convenable aux questions que l’on a examinées, tirer ses conclusions nécessaires pour la défense de sa partie.

 

De l’avocat plaidant.

Il y a quatre choses que doit observer l’avocat qui plaide, l’humilité en proposant son affaire, la douceur dans ses réponses, les formes dans la plaidoirie, la loyauté dans ses observations.

Il y a quatre choses à observer par le notaire, l’assiduité à son étude, la vitesse dans l’écriture, le tarif dans ses honoraires et la véracité dans sa profession,

Il y a quatre choses à observer par le chef d’une localité, la conservation de la paix, le soin des vivres, une représentation convenable, et une bonne administration de la justice. Il y a quatre choses à observer par un chef de famille, maintenir sa famille dans une crainte révérencielle, la nourrir suivant ses moyens, lui apprendre à régler convenablement ses moeurs, et mettre clans ses remontrances une aimable gaieté.

Il y a quatre choses qui conviennent à un soldat, le sentiment, la probité, la solde et la générosité.

Il y a quatre choses qui conviennent surtout à un page, l’exactitude dans le service, la promptitude dans l’action, l’affabilité dans les largesses, et la gaieté dans les gestes.

Il y a quatre choses qui con viennent principalement a une dame, la beauté de la figure et des formes, la chasteté du corps, l’honnêteté du geste, et la conduite dans sa maison.

Il y a quatre choses qui conviennent surtout à une damoiselle, entourer sa maîtresse de soins, ne point trahir ses secrets, conserver la chasteté, et bien faire le service de la maison.

Il y a quatre choses qui conviennent à un médecin, rechercher avec soin les causes des maladies, visiter souvent ses malades, donner des remèdes convenables, et relever fortement le moral du malade.

Il y a quatre choses que doit surtout observer un malade, obéir au médecin ou à celui qui le traite, ne pas craindre la dépense dans ce qui est nécessaire, avoir confiance dans son médecin, chercher à rétablir ses forces en ne restant pas dans l’oisiveté, cinquièmement il doit chercher à intéresser le médecin même par ses supplications.

Il y a quatre choses qui conviennent principalement à un prélat, l’assiduité dans son ministère, la dignité dans le maintien, l’exactitude dans son administration, la bonté dans la correction.

Il y a quatre choses qui conviennent à un sujet et religieux, résider exactement dans le monastère, obéir à sou supérieur, éviter l’oisiveté, vaquer à l’oraison.

Il y a quatre choses qui conviennent principalement à un écolier, montrer du respect à son maître, être attentif dans la classe, répéter souvent et retenir les leçons, consulter avec soin les plus sages dans les choses douteuses.

Il y a quatre choses qui conviennent surtout à un professeur, prévoir ce qu’il doit dire, considérer ceux auxquels il doit parler, examiner tout ce qu’il doit dire, et parler avec méthode.

Il y a quatre choses qui conviennent principalement à tout auditeur, écouter patiemment celui qui parle, méditer sagement sur ce qu’il a entendu, apprendre aux autres ce qu’il y a de bon, et oublier immédiatement ce qui n’a point de valeur.

Il y a quatre choses qui conviennent surtout à un homme prudent, honorer les hommes vertueux, exalter les bons, relever les opprimés, corriger ceux qui manquent.

Il y a quatre choses surtout qui nuisent à la renommée d’homme prudent, commettre et opérer sciemment des énormités, refuser la justice à ceux à qui elle est due, montrer pour autrui un indécent dédain, et croire aveuglément tous les rapports à sur ceux qui donnent des consultations.

Il y a quatre choses qui conviennent à quiconque donne des consultations, écouter les dires des parties, discuter sérieusement les actes, exiger des parties un salaire juste et égal, conformer ses conseils aux lois.

Il y a quatre choses qui conviennent principalement à un prédicateur, développer au peuple son sujet avec douceur et onction bien lier ses idées, ne pas trop se répéter, et être court.

Il y a quatre choses qui conviennent surtout aux marchands, la discrétion dans les marchés, l’exactitude dans la vente, tenir de bonnes marchandises, et être affable aux acheteurs.

Il y a quatre choses qui conviennent à un jeune homme, écouter avec patience, répondre avec prudence, ne faire de mal à personne, rendre volontiers service à tout le monde.

Il y a quatre choses qui conviennent à un chef d’expédition militaire et lui sont très utiles, une caisse militaire bien fournie, une nombreuse armée, une grande quantité d’armes et une grande abondance de vivres, et la connaissance de l’état des ennemis.

Il y a quatre choses qu’il importe beaucoup de considérer à ceux qui sont en guerre, quel est celui qui fait la guerre, contre qui elle est faite, quelle est la cause de la guerre, et quel en sera le résultat.

Il y a quatre maux principaux qui sont l’effet de la guerre, la ruine des affaires et des biens, la destruction des individus, le danger des enfants à naître, les misères et les prévarications des femmes.

Il y a quatre choses qui sont très utiles à un chef ou à un général, la noblesse de race, l’amour de la patrie, la fermeté du courage, et la sagesse dans la conduite de la guerre.

Il y a quatre choses qui con viennent à celui qui aime la paix ou qui veut la maintenir, ne pas faire d’invasion, prendre patience, respecter ses alliances, montrer de la constance pour toutes les choses justes, et de la justice dans celles qui sont injustes.

Il y a quatre choses très convenables aux sujets, obéir à celui qui gouverne dans les choses permises, travailler au bien de la cité, s’employer à élever les bons et à abaisser les méchants.

Il y a quatre choses tout à fait utiles à ceux qui sont sous le joug d’un tyran, honorer les grands et les soldats, n’offenser personne, parler sobrement, et se tenir soigneusement en repos.

Il y a quatre choses entre autres qu’il est avantageux de considérer pour celui qui demande quelque chose, quel est celui à qui l’on demande, la cause de la demande, quel sera le résultat de l’accueil ou du rejet de la demande.

Il y a quatre choses que celui à qui une demande st adressée doit considérer dans le solliciteur, quel est celui qui de mande, que demande t-il, pourquoi demande t-il, quel sera le résultat de l’accueil ou du rejet de la demande.

 

 

CHAPITRE III: De la diversité des hommes.

 

Il y a quatre sortes d’hommes qui oublient facilement les bienfaits, l’enfant qui est devenu grand, le parvenu, l’orgueilleux enchaîné par l’orgueil, le prisonnier sorti de prison.

Il y a quatre sortes d’hommes qui sont élevés à bon droit au-dessus des autres, les rais sur leurs sujets, les pères et mères sur leurs enfants, les maris sur l femmes, et les maîtres sur les écoliers.

Il y a quatre espèces d’hommes dont l’autorité sur les autres est injuste, les capitalistes, les fourbes, les orgueilleux et les audacieux.

Il y a quatre espèces d’hommes qui apportent plus qu’ils ne gagnent, l’administrateur de son administration, le laboureur de ses semences, le marchand avare de son commerce, le prêtre de son office.

Il y a quatre espèces d’hommes qui déplaisent à Dieu et au monde, le pauvre orgueilleux, le riche menteur, l vieillard libertin, et celui qui met la discorde entre les frères.

Il y a quatre espèces d’hommes qui sont la providence de ceux qui sont dans le besoin, le prêtre au tribunal de la pénitence, le juge dans ses jugements, le médecin pour le malade, le riche avec son trésor.

Il y a quatre oeuvres de charité, secourir les pauvres, pardonner les offenses, corriger ceux qui manquent, tirer de l’errent ceux qui s’égarent.

Il y a quatre sortes d’hommes qui tombent dans l’indigence, le prodigue, le gourmand, le paresseux et le querelleur.

Il y a quatre sortes d’hommes qui gagnent de la fortune, les fourbes, les avares, les intrigants et les hommes d’ordre.

Il y a quatre espèces d’hommes prodigieusement entêtés et obstinés, le tyran pour conserver son pouvoir, l’hérétique dans son erreur, les méchantes langues, et le fripon qui possède le bien d’autrui.

Il y a principalement quatre sortes d’amis, les amis du coffre-fort, les amis de table, les amis de bonne foi, et les amis du service. Les premiers s’éclipsent avec la fortune, les seconds disparaissent quand il n’y a plus de festins, les troisièmes sont perpétuellement fidèles, les quatrièmes n’ont pas plus de durée que le service.

Il y a quatre espèces d’hommes qui acquièrent facilement des amis, les hommes qui sont généreux, ceux qui sont puissants, ceux qui sont bons, ceux qui sont affables.

Il y a quatre sortes d’hommes auxquels on rend service contre leur gré, le débiteur lorsqu’il est délivré de sa dernière dette, l’enfant que l’on châtie pour une faute, celui qui est plongé dans une léthargie quand on l’en retire, et le frénétique quand il est privé d’un membre.

Il y a quatre sortes de personnes qui perdent leurs amis sans le mériter, le riche qui tombe dans la misère, le puissant qui perd le pouvoir, le vieillard accablé d’années, et l’homme heureux visité par l’infortune. Ces personnes encourent aussi le dédain de la jeunesse.

Il y a quatre choses qui sont très convenables à celui qui jeûne, manger avec sobriété, éviter le vice, méditer les choses du ciel, et faire l’aumône aux pauvres,

Il y a quatre sortes de personnes diversement heureuses, celle qui se livre à un travail fructueux, celle qui connaît clairement la cause des choses, celle qui a pu échapper aux faveurs du monde, celle qu’ont instruite le péril d’autrui.

Il y a quatre sortes de personnes malheureuses pour quatre motifs, celle qui est tombée dans un péché énorme, celle qui pouvant faire du bien ne l’a pas fait, celle qui a pu s’instruire et a négligé de le faire, celle qui a su donner des leçons et n’a pas su les mettre en pratique.

 

CHAPITRE IV: Des choses qui portent l’homme à rechercher le pouvoir.

 

Il y a quatre choses qui portent l’homme à rechercher le pouvoir, les honneurs, les richesses, la vengeance, le service; les honneurs afin de les acquérir, les richesses, afin de pouvoir les extorquer, la vengeance, pour pouvoir la satisfaire, le service, afin de conférer les bénéfices.

Il y a quatre choses qui sont très douloureuses pour l’homme, le meurtre de ses enfants, la perte de ses biens, l’élévation de ses ennemis, et l’oppression de ses amis.

Il y a quatre choses qui portent l’homme à commettre un délit, le gain, la crainte, l’espérance et l’amour.

Il y a quatre choses tout à fait nécessaires à l’homme, le feu, le fer, l’eau et une maison.

Il y a quatre choses qui vivent de chacun des éléments, à savoir, le poisson de l’eau, la salamandre du feu, la taupe de la terre, et le galméon de l'air

Il y a quatre choses qui travaillent plus pour les autres que pour elles, les oiseaux en bâtissant leurs nids, les abeilles en composant leur miel, les boeufs en labourant, et les brebis en se couvrant de leur toison.

Il y a quatre animaux qui font plus de bien à l’homme, les porcs, les boeufs, les poules et les oies.

Il y a quatre choses dont la privation est très sensible, la disette de vivres, le manque d’argent, le défaut de senti ment, et la privation d’amis.

Il y a quatre choses dont l’abondance est très souvent une calamité, la multitude de femmes, la surabondance de vivres, l’excès de paroles, et le voisinage des méchants.

Il y a quatre choses qui sont pénibles à l’homme, faire un service et n’être pas payé, prier sans être exaucé, faire du bien et n’en pas recevoir de récompense, attendre sans voir venir.

Il y a quatre choses qui sont très dures pour l’homme, être couché sur un lit de douleur, passer sa vie dans nue extrême pauvreté, être soumis au pouvoir d’un étourdi, et être confiné dans une prison.

 

CHAPITRE V: Des choses qui sont agréables à l’homme.

 

Il y a quatre choses qui sont agréables à l’homme, avoir des enfants sages, avoir de grandes richesses, monter à une dignité élevée, et tirer vengeance de ses ennemis.

Il y a quatre choses qu’il est expédient de faire avant d’agir, examiner le principe de la chose, discuter les moyens, prévoir la fin, et consulter un homme sage.

Il y a quatre choses qui ne servent de rien après le fait, le sentiment, le repentir, l’examen et la tristesse.

Il y a quatre choses qui coûtent peu à l’homme et qui sont d d’éloge, honorer tout le monde dans ses paroles, jouir de la vérité, n’offenser personne, et fréquenter les gens de bien.

Il y a quatre choses qui produisent souvent l’infortune, la multitude des enfants, l’abondance des richesses, une domination violente, et une conscience en mauvais état.

Il y a quatre choses qui produisent un bon effet, demander conseil, vivre de son travail, compatir aux malheureux, et faire l’aumône.

Il y a quatre choses que l’homme peut perdre subitement sans les recouvrer jamais, quand la réputation est dénigrée par la calomnie, quand ou perd volontairement sa virginité, quand l’âme se sépare du corps par la mort, lorsqu’un membre est amputé.

Il y a quatre choses qui ne peuvent jamais être enlevées à l’homme, le trésor de la science, la volonté de l’âme, le tact du corps, et le goût des saveurs: ou plus brièvement, la science, la volonté, le tact et le goût.

Il y a quatre choses qui peuvent se communiquer et qui ne manquent pas à celui qui les communique, la science qui est enseignée, la flamme qui se transmet, le déplacement du corps, et la curiosité verbale.

Il y a quatre choses nécessaires dans toute affaire, ce que la nécessité de mande, ce qu’exige la justice, ce que veut l’honnêteté et ce qui est avantageux et utile.

Il y a quatre choses qui excluent un collègue, la domination dans la ville, les caresses conjugales, le lucre et le profit, la faim devant une écuelle ou un plat.

Il y a quatre choses qui demandent un compagnon, à celui qui est dans le danger, à celui qui va au supplice, à celui qui voyage, et à celui qui est constitué en dignité.

Il y a quatre choses qui sont l’apanage des enfants, ils s’irritent promptement, se réconcilient de même, oublient facilement, et sont fêtés par leurs égaux.

Il y a quatre choses que font les jeunes gens, ils abusent de leur patrimoine, ne veulent pas de correction, se laissent enlacer par le vice, et ne songent pas à s’enrichir.

Il y a quatre choses que font les jeunes hommes, ils cherchent la richesse, aiment les honneurs, forment des amitiés, et s’abstiennent de ce qui déshonore.

Il y a quatre choses que font surtout les vieillards, ils donnent de sages conseils, donnent froidement ou avec tiédeur à ceux qui leur demandent, vantent le temps passé et médisent du temps présent.

Il y a quatre infirmités qui sont le partage des vieillards, la détérioration des sens, une obstination impitoyable, la perte des forces, et la timidité sans motif.

Il y a quatre choses qui sont nuisibles ou ne sont pas utiles, une luxure stérile, une tristesse enjouée, l’application à des futilités, et la jalousie envieuse.

Il y a quatre choses qui se montrent communément dans les hommes, la peine produite par une chose désagréable, le désir de posséder, la confiance en son sens privé et l’égalité de procédés dans le duel.

Il y a quatre choses qui conviennent proprement aux vieillards, faire des propositions salutaires, donner de sages conseils, pacifier les différends, instruire les simples.

Il y a quatre choses qui conviennent parfaitement aux jeunes gens, graver dans son esprit les leçons des vieillards, leur être fidèlement soumis, parler sobrement, donner des soins aux affligés.

Il y a quatre choses qui conviennent à un général en campagne, observer la disposition des ennemis, prendre tous les avantages que demande le succès de la guerre, encourager ses soldats par des allocutions énergiques, et combattre bravement l’ennemi.

Il y a quatre choses qui sont communément insatiables dans l’homme, la volonté d’acquérir, le regard de l’oeil, le désir de la science, et le calme exercice de l’ouïe.

Il y a dans le monde quatre choses qui sont de grands abus, le chrétien disputeur, le pauvre orgueilleux, le vieillard sans religion, et la femme sans pudeur.

Il y a dans la société quatre choses qui sont aussi de grands abus, un maître sans vérité, un peuple sans discipline, une population sans loi, et un jeune homme sans obéissance.

Il y a quatre choses qui ébranlent la terre, le serviteur qui devient roi, le sot qui est rassasié, la femme méchante qui se marie, et la servante qui devient héritière de sa maîtresse.

Il y a quatre qui sont infiniment pénibles à l’homme, vivre avec une famille insensée, avoir un grand nombre d’enfants méchants, perdre son gain habituel, et obéir après avoir commandé.

Il y a quatre choses qui conviennent principalement à l’extérieur, la patience en écoutant des hommes indisciplinés, l’affabilité dans la conversation, rendre à chacun l’honneur qui lui convient, et se concilier l’amitié de tout le monde.

 

 

CHAPITRE VI: Des sciences les plus utiles.

 

Il y a quatre sciences qui doivent être apprises avant les autres, la théologie, les lois, la philosophie, et les décrets. La première est la nourriture de l’âme et le viatique des pontifes; la seconde est le défaut d’une chose; la troisième est un secours contre les maladies, un remède de l’esprit, et un soutien d’ami; la quatrième est l’élévation humbles, et le commencement de la dignité ou de la gloire.

Il y a quatre arts qui subviennent aux besoins et à la misère de l’homme, la grammaire, la dialectique, l’arithmétique et la géométrie. La première est le principe des arts, mais elle ferme la porte du sens; la seconde apprend à discerner le vrai du faux, mais dans une personne elle est ridicule; la troisième apprend à nombrer, mais elle ignore le calcul; la quatrième mesure la terre, mais elle court le monde la bourse vide.

Il y a quatre choses qui engagent l’homme à étudier les sciences, l’amour d’une vaine gloire, le plaisir de la lecture, le désir d’acquérir et l’inspiration divine.

Il y a quatre principaux dons du sort ou de la fortune, une femme prudente, une langue éloquente, le bon sens naturel, et la grâce élégante.

Il y a quatre choses qui portent un professeur à bien lire, la multitude des auditeurs intelligents, les honoraires, l’acquisition de la science, et l’espoir de la renommée.

Il y a quatre choses qui sont tout à fait dé placées dans la bouche d’un sage, faire un grand éloge de choses in dignes, supprimer dans ses adages les choses décentes, contredire sciemment sur ce qu’il ignore, et prendre plaisir au vice.

Il y a quatre choses qui font perdre le bon sens à l’homme, l’amour des femmes, une infortune subite, une crainte excessive, et une trop grande prospérité.

Il y a quatre sortes d’hommes qui ne peuvent dominer dans les richesses, le querelleur, l’imprudent, l’injuste tyran, et celui qui répand ses faveurs sans règle.

Il y a quatre choses qui perfectionnent l’intelligence, le désir du lucre, les discussions prolongées, les conférences avec les sages, les dons et une nourriture sobre.

Il y a quatre choses qui nous entretiennent dans le mal, la délectation qu’il pro cure, la fréquentation des méchants, l’impunité, la gourmandise ou l’indulgence pour le mal fait.

Il y a quatre choses surtout qui disposent à la timidité, le besoin, l’injure, les prières et l’éloignement de la foule.

Il y a quatre choses qui font perdre la timidité, le peu de bon sens, l’abondance des richesses, une science éminente, une grande puissance ou une bonne conscience.

Il y a quatre choses qu’un père doit procurer à son fils, lui donner de bonnes moeurs, le faire instruire, le maintenir dans la soumission, et le nourrir convenablement.

Il y a quatre choses qu’un enfant doit à son père, le respecter, lui être entièrement soumis, ne le contrister en rien, et le bien soigner clans sa vieillesse.

Il y a quatre choses qui sont utiles à la fortune de l’homme, beaucoup de soins pour acquérir, de l’économie pour conserver, de la justice dans la jouissance, et de la modération dans les offenses.

Il y a quatre choses à considérer dans le choix d’une épouse, la beauté, la noblesse, les bonnes moeurs, et la richesse.

Il y a quatre choses que les hommes aiment surtout, une voix douce et mélodieuse, une belle figure, une nourriture délicate, et un séjour agréable.

Il y a quatre choses qui nous enlèvent subitement nos biens, un incendie, un tyran, un déluge et un orage.

Il y a quatre qualités privilégiées dans l’homme, la beauté du corps, la science de l’esprit, une bonne renommée et l’éloquence.

Il y a quatre choses qui tuent un homme avant le temps, une belle femme, un mauvais domestique, l’excès dans le boire et le manger, et un air corrompu.

Il y a quatre choses qui favorisent la longévité, la vie sobre, la compagnie de personnes aimées, un exercice du corps modéré, un séjour agréable et un air pur.

Il y a quatre choses qui ne se peuvent cacher, la toux, l’amour, le feu, une colère excessive ou la douleur.

Il y a quatre choses produites par une langue discrète, l’amour, la recommandation, la manière de bien vivre et la récompense du salut: La mauvaise langue produit quatre effets, la zizanie, la médisance, les jugements téméraires, et l’instruction des méchants.

Il y a quatre choses qui plaisent à la vue, une belle figure, la variété des couleurs, les ornements extérieurs, et la sérénité de l’air.

Il y a quatre choses qui charment l’ouïe, une voix mélodieuse, un beau langage, un doux murmure, et une prédication bien faite.

Il y a quatre choses qui plaisent au goût, une saveur agréable, un bon air, une coction convenable, et un estomac libre.

Il y a quatre crimes entre autres qu’il faut réprouver, haïr le prochain sans motif, médire d’autrui, enlever injustement le bien des autres, et faire une injure au prochain.

Il y a quatre crimes plus énormes que les autres, la désolation d’une ville, la liaison honteuse d’un homme et d’une femme, l’homicide, et la médisance à l’égard d’un ami.

Il y a quatre choses périlleuses, vivre sous un tyran, se confier aux vents, combattre sur le champ de bataille, et converser avec un emporté.

Il y a quatre choses qui sont très difficiles à l’homme, restituer le bien d’autrui dont on est en possession, recevoir tin affront et ne rien dire, éprouver une injustice et être obligé de la subir, avoir sous la main des choses agréables et n’en point jouir.

Il y a quatre choses admirables dans la nature, la révolution diurne du soleil autour du monde, l’inondation de la terre par l’eau, le spectacle sous un seul type de tant de physionomies différentes, et la marche vers un même but de tant d’êtres dont la vie est si différente.

Il y a quatre choses qui portent l’homme à faire la guerre, l’abondance des trésors, le désir de la domination, la soif de la vengeance, et la réunion des moyens.

Il y a quatre choses qui détournent de la guerre, la consommation de la vengeance, le défaut de vivres, la disette d’argent et le dégoût de la guerre.

Il y a quatre choses que les hommes désirent beaucoup sans pouvoir les acquérir, des richesses suffisantes, une science complète, un repos habituel, et un bonheur sans fin.

Il y a quatre grands sujets de joie qui surviennent tout à coup, sortir de prison, s’unir à une épouse, devenir soldat, et entrer en dignité.

Il y a quatre oeuvres qui étonnent, l’action oppressive d’un tyran sur un grand peuple, la victoire du plus petit nombre dans la guerre, l’enlèvement de la fortune des riches par les pauvres, l’accord de plusieurs nations pour se livrer à la fraude.

Il y a quatre choses communes à presque tous les hommes, se plaindre de n’avoir pas d’argent, travailler à obtenir le pouvoir, gouverner sa famille, et accuser les méchants.

Il y a quatre choses qui sont surtout pour les hommes une source d’afflictions, le désir d’une longue vie, la crainte du besoin, la fuite du déshonneur, et le bonheur d’avoir des enfants.

Il y a quatre choses qu’il est expédient d’éviter, donner aveuglément sa confiance à tout le monde, ne pas se fatiguer en vain, ne pas trop regretter le passé, et ne pas désirer ce que l’on ne peut pas avoir.

Il y a quatre choses très funestes à la santé, les voluptés libidineuses, l’excès dans le boire et le manger, la rigueur du froid, et le défaut du travail.

Il y a quatre choses qu’il est difficile à l’homme d connaître, le vol des oiseaux dans l’air, la marche des navires à travers les mers, la route de la couleuvre dans la forêt, et la vie de l’enfant dans ses plus jeunes années.

Il y a quatre choses que l’homme ne peut éviter en aucune façon, l’arrivée de la vieillesse, l’approche de la mort, l’élision de ce qui est familier et l’invasion des choses déplaisantes.

Il y a quatre choses qui récompensent mal celui qui les pratique, l’oeuf que l’on met dans une besace, le feu que l’on cache dans son sein, le serpent que l’ait réchauffe sur son coeur, et le méchant que l’on honore de ses bienfaits.

Il y a quatre choses qui font des ennemis en rendant service, demander à un ami l’argent qu’on lui a prêté, être caution pour lui et en réclamer une décharge, recevoir des largesses annuelles et ne pas rendre service, ne pouvoir en recevoir de même.

Il y a quatre choses qui se rencontrent plus communément qu’on ne pense, des ennemis, des péchés de l’esprit, de l’age et des dettes.

Il y a quatre choses qui sont moins fréquentes qu’on ne pense, de nombreux amis, la bonté, la puissance et la sensualité.

Il y a quatre choses insatiables, le feu, la terre, l’enfer et la lubricité féminine.

Il y a quatre choses qui chassent un homme de chez lui, la fumée, la pluie, la puanteur, et une femme querelleuse.

Il y a quatre choses qui attirent l’homme dans les villes, la bonne justice, la bonté des citoyens, la certitude du gain, et l’abondance des vivres.

Il y a quatre choses qui ra mènent l’homme dans sa patrie, l’amour de sa femme, l’agrément de sa demeure, l’abandon de ses amis, et l’adversité.

Il y a quatre choses qui révèlent la condition d’un homme, sa conversation, sa tenue, l’élévation de son esprit, et ses manières.

Il y a quatre choses qui dénotent un homme sage, la discrétion de ses paroles, l’honnêteté de ses discours, la possession de la science, et l’empire sur soi-même.

Il y a quatre choses qui cachent très bien les vices d’un homme, la générosité, l’affabilité dans ses paroles, l’honnêteté dans ses manières, et la ruse dans ses actions.

Il y a quatre choses qui dévoilent la vérité, l’aspect de la chose, l’attouchement de la substance, l’audition d’un homme véridique, et l’essai du goût.

Il y a quatre choses qui font l’homme soigneux, la fortune, l’ambition des honneurs, l’intégrité du sentiment, la réception d’un service ou l’amour.

Il y a quatre choses surtout qui rendent l’homme insouciant, l’excessive pauvreté, l’avarice, l’argent et l’envie.

Il y a quatre vices qui ressemblent à des vertus, l’astuce ressemble à la prudence, l’obstination ressemble à la constance, l’avarice ressemble à la continence et la cruauté à la justice.

Il y a quatre choses qui conviennent en première ligne à celui qui a le pouvoir, élever les hommes vertueux, écraser les méchants, pratiquer la vertu, et relever les opprimés.

Il y a quatre biens qui sont surtout le fruit de la paix, l’accroissement de la cité, l’abondance des comestibles, l’acquisition de la fortune, et la joie des citoyens; la guerre produit les quatre effets contraires.

Il y a quatre choses qui sont les oeuvres de la richesse, elle donne du crédit, elle grandit les nations, élève les petits, et écrase les ennemis.

Il y a quatre maux principaux qui résultent de la disette, la propagation du crime, le mépris des personnes, les afflictions corporelles, et la destruction des familles.

Il y a surtout quatre choses qui produisent l’amitié, les bienfaits, la familiarité, la ressemblance, les douces paroles ou l’affabilité.

Il y a surtout quatre choses qui enfantent la haine, les paroles malhonnêtes, les injures, l’avarice et les moqueries,

Il y a quatre choses qui donnent de la dignité, la fortune, la science, la force et la ruse.

Il y a quatre choses qui aveuglent le juge, l’amour, la haine, le lucre et la crainte.

Il y a quatre choses qui troublent la raison, l’amour déréglé, l’ivresse, l’avarice et la haine.

Il y a quatre choses qui rendent riche, les propriétés, la science, le commerce, et la chance ou la fortune.

Il y a quatre choses qui font perdre les richesses, la guerre, la gourmandise, le jeu et le libertinage.

Il y a quatre choses qui protégent sûrement une cité, la paix, la science, l’amour et la justice.

Il y a quatre choses qui opèrent promptement la ruine d’une ville, la guerre, la jalousie, la disette de vivres et l’abandon de la justice.

Il y a quatre oeuvres éminemment louables, la conclusion de la paix, observation de la justice, relever les opprimés et soulager les pauvres.

Il y a quatre choses qu’aimaient passionnément les nobles d’autrefois, aller à la chasse, se pavaner dans les honneurs, rendre service à tout le monde, et se rassasier de louanges.

Il y a quatre choses auxquelles se livrent avec ardeur les nobles de notre temps, s’emparer du bien d’autrui, courber leurs alliés sous leur joug, s’enrichir, et donner le moins possible.

Il y a quatre choses qui conduisent principalement l’étudiant au sommet de la science, écouter attentivement les leçons du maître, discuter avec le plus grand soin ces leçons, les graver dans sa mémoire après les avoir discutées, les communiquer méthodiquement par la parole à qui veut les entendre.

Il y a quatre choses qui ennoblissent une cité, l’antiquité de sa fondation, la noblesse de ses habitants, des triomphes guerriers, et la conservation de ses alliances.

Il y a quatre choses qui perfectionnent une chose, les leçons de l’art, l’imitation des sages, les soins de l’usage, et une exposition convenable.

Il y a quatre liqueurs nécessaires avant tout et plus utiles, l’eau, le vin, le miel et l’huile.

Il y a quatre choses qu’on ne peut savoir sans un usage habituel, parler suivant les règles de la grammaire, écrire avec élégance, raisonner avec méthode, et composer des vers.

Il y a quatre choses souverainement nécessaires à ceux qui veulent bien faire pénitence, la confession orale, la confession du coeur, la satisfaction par les oeuvres, et la continuation du bien ou la persévérance dans le bien.

Il y a quatre choses qui sont souvent empruntées, la volonté dans la femme, le vent au printemps, la fortune dans la prospérité, et le trouble dans l’adversité.

Il y a quatre choses qui conviennent à un prélat, observer l’état de ceux qui sont tombés, espérer leur amélioration, percevoir de médiocres redevances, s’employer utilement à un honnête profit.

Il y a quatre choses que chacun doit surtout remarquer, c’est que la générosité n’est pas de durée, les sens ne donnent pas toujours la certitude, la curiosité trompe quelquefois, et la mesure n’omet rien.

Il y a quatre choses que l’on trouve toujours dans un traître, dans la bouche le miel le plus doux, dans les actes le fiel le plus mortel, le visage souriant et flatteur, l’action pleine d’astuce.

Il y a quatre choses qui trompent l’homme fréquemment, l’aménité du langage, la soif du gain, l’accueil fait aux femmes, et la pauvreté de l’intellect.

Il y a quatre choses pires que la mort, l’indigence pour un vieillard, la privation des sens corporels, la multitude des péchés, et la maladie en prison.

Il y a quatre choses qu’aime la multitude, les beaux-arts, la victuaille, l’oppression de la noblesse, et la nouveauté.

Il y a quatre modes de langage qui plaisent plus que les autres, le français en France, le langage mesuré dans la Lombardie piémontaise, la prose en Allemagne, et dans la Pouille le discours compassé.

Il y a quatre villes qui l’emportent sur les autres, Paris dans les sciences, Salerne dans la médecine, Bologne dans le droit, Orléans dans les acteurs.

Il y a quatre villes plus grandes que les autres, Paris eu France, Milan dans la Lombardie, Florence dans la Toscane, Rome dans l’Italie.

Il y a quatre villes qui ont une valeur supérieure, Janua, Venise, Constantinople et Pise; la première a beaucoup de richesses, la seconde est bien pourvue de denrées non indigènes, mais importées, la troisième est riche en marchandises, la quatrième en grands citoyens.

Il y a quatre hommes qui sont supérieurs aux autres, Salomon pour la sagesse universelle, Aristote en philosophie, Virgile en poésie, et Hippocrate en physique ou Gratien dans les décrets.

Il y a eu quatre grands capitaines qui l’emportent sur les autres, du temps d’Alexandre le Grand le coureur Popinus, du temps que les Gaulois assiégeaient le Capitole après avoir pris Rome, Furius Camille, à l’époque de la guerre punique, Scipion, et ensuite Jules César.

Il y a surtout quatre oeuvres des tyrans, la ruine des bons, la haine des pauvres, l’exaltation des méchants, et l’affaiblissement des vertus.

Il y a eu autrefois quatre abominables tyrans, i1i dans la Judée, Néron à Rome, Attila dans la Gaule et l’Italie, et Alcelme dans la Marche et la Lombardie. Le premier se perça de sa propre épée, le second fut massacré par le peuple, le troisième mourut subitement, le quatrième, blessé mortellement à Milan, fut enterré à Crémone.

Il y a quatre sortes d’hommes qui convoitent la domination, les pauvres pour piller, les riches pour défendre leurs propriétés, les offensés pour se venger, et les bons pour protéger la cité contre les méchants: les premiers sont funestes à tout le monde, les seconds peuvent être tolérés, lest troisièmes font souvent du dom mage, les derniers procurent des avantages.

Il y a surtout quatre choses qui sont un obstacle au règne des tyrans, la concorde parmi les citoyens, le nombre des riches, la circonspection des sages, et l’audace des puissants.

Les tyrans font quatre oeuvres avant tout, ils suscitent des divisions parmi les citoyens, persécutent les sages, ruinent les riches, et bannissent les puissants;

Les tyrans ont quatre sortes d’habitudes, ils sont prompts à commettre des cruautés, ne veulent écouter personne, veulent tout faire, et ne recevoir d’avis de personne.

Il y a quatre choses que les femmes souhaitent vivement, avoir de beaux jeunes hommes pour amants, beaucoup d’enfants, une toilette élégante, et être maîtresses au logis.

Il y a quatre choses qui sont insupportables aux femmes, l’infidélité de leurs maris, un mauvais ménage, le manque de vivres et de vêtements pour leurs enfants, et la pensée de leur mort.

Il y a quatre choses qui conviennent parfaitement à un juge, écouter avec bienveillance, répondre avec prudence, discuter avec modération, et juger avec dignité.

Il y a quatre choses souverainement agréables à Dieu et aux hommes, à savoir, la concorde parmi les frères, l’amitié entre proches, l’union entre époux, et la réhabilitation des pécheurs.

Il y a quatre choses qui dénotent évidemment une mauvaise issue, mépriser les conseils; mal commencer, entreprendre au-dessus de ses forces, et user de moyens impuissants.

Il y a quatre choses qui ne peuvent être acquises ni estimées à prix d’argent, la science, la santé, la liberté et la vertu.

Il y a quatre choses que l’on ne peut acquérir sans de grands efforts, une grande gloire, une science éminente, des richesses considérables, et la puissance.

Il y a quatre choses que l’on obtient sans argent ni peine, le mépris de soi, la fatuité, la misère et les infirmités.

Fin du soixante-dixième Opuscule de saint Thomas, sur les vices et les vertus.