OFFICE DE LA FÊTE DU CORPS DE JÉSUS-CHRIST, COMPOSÉ SUR L’ORDRE DU PAPE URBAIN IV, QUI A ÉTABLI CETTE FÊTE

 

 

Officium novae sollemnitatis corporis domini Iesu Christi

singulis anni feria quinta post octavam Pentecostes

 

 

SAINT THOMAS D'AQUIN, DOCTEUR DE L'ÉGLISE

OPUSCULE 56

(Œuvre authentique)

Traduction Abbé Fournet, Editions Louis Vivès, 1857

Quatre des hymnes célèbres traduits en 1962 par Maurice LE BAS

Nouvelle traduction revue, complétée et corrigée par Charles Duyck, août 2009

 

Édition numérique, https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique, 2008

Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin

 

 


 

Préface de l'édition Louis Vivès, 1857_ 2

Fête du corps de Jésus-Christ par saint Thomas d’Aquin_ 2

Office des premières Vêpres 2

Hymne de saint Thomas — « Pange, lingua, gloriosi corporis »_ 7

A complies 10

Office des Matines 11

Hymne de saint Thomas — « Sacris solemniis »_ 13

Office du premier nocturne_ 14

Office du deuxième nocturne_ 22

Office du troisième nocturne_ 30

Quatrième nocturne (pour les moines) 36

Office des Laudes 48

« Contra » : Très haut Roi éternel, de l’Ascension_ 57

Hymne de saint Thomas — « Verbuni supernum » 57

Office de Prime_ 59

Office de Tierce_ 61

Office de Sexte_ 62

Office de None_ 64

Office des Vêpres 65

Hymne de saint Thomas — « Pange, lingua, gloriosi corporis » 70

Octave de la fête_ 75

Premier jour 75

Deuxième jour 81

Troisième jour 87

Quatrième jour 98

Cinquième jour 100

Sixième jour 103

La messe votive du corps du Seigneur 114

Hymne — « Prends pitié, source de bonté »_ 115

Séquence de la Messe du Saint Sacrement, par saint Thomas — Lauda, Sion_ 118


 

 

 

               Préface de l'édition Louis Vivès, 1857

 

Urbain IV, ayant été élevé au souverain Pontificat, institua la solennité du corps de Jésus-Christ, ainsi que les processions et les Octaves, avec obligation pour les fidèles de les célébrer, et il accorda à ces fins de nombreuses indulgences; il confia à saint Thomas le soin d’en composer l’office au moyen des figures tirées de l’ancien Testament. On lit la même chose dans la légende du saint et dans plusieurs autres chroniques, telle que celle de Ptolémée de Luque, du bienheureux Antonin, archevêque de Florence, etc. C’est aussi ce qui fut prouvé dans le consistoire apostolique, en présence du pape Urbain V, lorsqu’on agitait la question de la translation du corps du même docteur saint Thomas, et qui se tint en l’année 1379. Son saint corps fut alors transporté dans le couvent que les frères prêcheurs possédaient à Toulouse. Il avait reposé depuis sa bienheureuse mort jusqu’à ce jour dans le monastère de Fosse-Neuve. Et comme il composa cet office sur les instances du Pontife de Rome, il le composa d’après les règles de la cour de Rome. [1]

 

 

               Remarque sur la nouvelle traduction, Charles Duyck

 

Je n'ai eu aucun mal à vérifier les textes déjà traduits mais je me  suis permis de changer assez bien de choses dans la traduction des  psaumes, car les traductions que j'ai corrigées ne collaient pas  souvent avec le texte latin de la Vulgate. Pour ce qui est des lectures, à partir du deuxième jour (n° 91657 à  91684 incl.), j'ai eu par contre beaucoup de problèmes et j'ai passé  beaucoup de temps à essayer de comprendre, souvent en vain ! Je ne  suis, je l'ai déjà dit, ni philosophe ni théologien, et plusieurs  passages me sont restés tout à fait obscurs. Certains sont dans un  latin bizarre et, sans apparat critique, il est bien difficile de  savoir si ce n'est pas la mauvaise qualité du texte qui empêche de le  comprendre. Bref, il serait utile que tu trouves un autre traducteur  pour vérifier mes traductions de ces leçons. Au n° 91672, j'ai laissé  un ? pour une phrase incompréhensible; fin du n° 91673, ma traduction n’est probablement pas correcte.

 

 

 

               Fête du corps de Jésus-Christ par saint Thomas d’Aquin

 

 

 

Textus a Cyrillo Lambot in "Revue Bénédictine" 1942 editos recognovit Enrique Alarcón ac instruxit

Traduction Abbé Fournet, Editions Louis Vivès, 1857

Revue par Charles Duyck, 2009

Traduction des hymnes par Maurice LE BAS, 1962

 

 

 

In primis vesperis

                   Office des premières Vêpres

                

[91498] Officium Sacerdos, vesp. 1 antiph. 1

 

Antiphona.

Sacerdos in aeternum Christus dominus secundum ordinem Melchisedech, panem et vinum obtulit. Cantus contra, Gloria tibi Trinitas, de Trinitate.

Antienne 1

 

 

 

Prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech, le Seigneur Jésus-Christ offrit le pain et le vin.

 

Psaume. Gloire à toi, ô Trinité

 

Psalmus [91499] Officium Sacerdos, vesp. 1 ps. 1 Dixit dominus domino meo : sede a dextris meis donec ponam inimicos tuos scabillum pedum tuorum. Virgam virtutis tuae emittet dominus ex Sion. Dominare in medio inimicorum tuorum. Tecum principium in die virtutis tuae. In splendoribus sanctorum, ex utero, ante luciferum, genui te. Iuravit dominus, et non paenitebit eum : tu es sacerdos in aeternum secundum ordinem Melchisedech. Dominus a dextris tuis. Confregit in die irae suae reges. Iudicabit in nationibus. Implebit cadavera. Conquassabit capita in terra multorum. De torrente in via bibet, propterea exaltabit caput.

 Psaume 109

 

1 Oracle du Seigneur à mon seigneur : " Siège à ma droite, et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône. "

2 De Sion, le Seigneur étendra le sceptre de ta force : "Domine jusqu'au cœur de l'ennemi."

3 Le jour où paraît ta puissance, tu es prince, éblouissant de sainteté : "De mon sein, dès l'aurore, je t'ai engendré."

4 Le Seigneur l'a juré dans un serment irrévocable : " Tu es prêtre à jamais selon l'ordre du roi Melkisédek. "

5 A ta droite se tient le Seigneur : il brise les rois au jour de sa colère.

6 Il exerce son jugement parmi les nations : il entasse les cadavres. Il brise les têtes sur un vaste champ.

7 Au torrent il s'abreuve en chemin, c'est pourquoi il redresse la tête.

 

[91500] Officium Sacerdos, vesp. 1 antiph. 2 Antiphona. Miserator dominus escam dedit timentibus se in memoriam suorum mirabilium. Contra, Totus orbis, de sancto Thoma.

Antienne 2

 

Le Seigneur miséricordieux et clément, en souvenir de ses merveilles, a donné la nourriture nécessaire à ceux qui le craignent. « Contra » : Tout l’univers, etc., de saint Thomas.

 

Psalmus [91501] Officium Sacerdos, vesp. 1 ps. 2 Confitebor tibi, domine, in toto corde meo, in consilio iustorum et congregatione. Magna opera domini, exquisita in omnes voluntates eius. Confessio et magnificentia opus eius, et iustitia eius manet in saeculum saeculi. Memoriam fecit mirabilium suorum misericors et miserator dominus. Escam dedit timentibus se. Memor erit in saeculum testamenti sui. Virtutem operum suorum adnuntiabit populo suo ut det illis hereditatem gentium. Opera manuum eius veritas et iudicium. Fidelia omnia mandata eius, confirmata in saeculum saeculi, facta in veritate et aequitate. Redemptionem misit populo suo. Mandavit in aeternum testamentum suum. Sanctum et terribile nomen eius : initium sapientiae timor domini, intellectus bonus omnibus facientibus eum. Laudatio eius manet in saeculum saeculi.

Psaume 110

 

1 De tout coeur je rendrai grâce au Seigneur, dans l'assemblée et parmi les justes.

2 Grandes sont les oeuvres du Seigneur ; tous ceux qui les aiment s'en instruisent.

3 Splendeur et beauté dans ses oeuvres : à jamais se maintiendra sa justice.

4 De ses merveilles il a laissé un souvenir ; le Seigneur est miséricordieux et compatissant.

5 Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent, gardant toujours mémoire de son alliance.

6 Il a montré la puissance de ses oeuvres à son peuple, lui donnant le domaine des nations.

7 Vérité et justice, les oeuvres de ses mains, sécurité, toutes ses lois, 8établies pour toujours et à jamais, accomplies faits selon la vérité et la droiture !

9 Il apporte la délivrance à son peuple ; son alliance est promulguée pour toujours : saint et redoutable est son nom.

10 La sagesse commence avec la crainte du Seigneur. Est vraiment intelligent celui qui accomplit ses commandements. A jamais se maintiendra sa louange.

 

 

[91502] Officium Sacerdos, vesp. 1 antiph. 3 Antiphona. Calicem salutaris accipiam et sacrificabo hostiam laudis. Contra, Pudore bono, de sancto Nicholao.

Antienne 3

 

Je prendrai le calice du salut, et j’offrirai le sacrifice d’action de grâces.

« Contra » : D’une juste pudeur… », de saint Nicolas.

 

Psalmus [91503] Officium Sacerdos, vesp. 1 ps. 3 Credidi, propter quod locutus sum : ego autem humiliatus sum nimis. Ego dixi in excessu meo : omnis homo mendax. Quid retribuam domino pro omnibus quae retribuit mihi ? Calicem salutaris accipiam, et nomen domini invocabo. Vota mea domino reddam coram omni populo eius. Pretiosa in conspectu domini mors sanctorum eius. O domine, quia ego servus tuus, ego servus tuus et filius ancillae tuae, disrupisti vincula mea. Tibi sacrificabo hostiam laudis, et in nomine domini invocabo. Vota mea domino reddam in conspectu omnis populi eius, in atriis domus domini, in medio tui, Hierusalem.

Psaume 115

 

10 J’ai cru, alors même que je disais : j’ai beaucoup souffert,

11 moi qui ai dit dans mon trouble : " L'homme n'est que mensonge. "

12 Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ?

13 J'élèverai la coupe du salut, j'invoquerai le nom du Seigneur.

14 Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple !

15 Elle a du prix aux yeux du Seigneur la mort des siens !

16 Parce que je suis, Seigneur, ton serviteur, ton serviteur, le fils de ta servante, tu as brisé mes chaînes ?

17 Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce, j'invoquerai le nom du Seigneur.

18 Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple !,

19à l'entrée de la maison du Seigneur, dans ton enceinte,  Jérusalem !

 

[91504] Officium Sacerdos, vesp. 1 antiph. 4 Antiphona. Sicut novellae olivarum Ecclesiae filii sint in circuitu mensae domini. Contra, Iuste et sancte vivendo, de sancto Nicholao.

Antienne 4

 

Que les enfants soient autour de la table du Seigneur comme les jeunes plants d’oliviers de l’Eglise.

« Contra » : En vivant d’une manière juste et sainte, de saint Nicolas.

 

Psalmus [91505] Officium Sacerdos, vesp. 1 ps. 4 Beati omnes qui timent dominum, qui ambulant in viis eius. Labores manuum tuarum, quia manducabis, beatus es, et bene tibi erit. Uxor tua sicut vitis abundans in lateribus domus tuae. Filii tui sicut novella olivarum in circuitu mensae tuae. Ecce sic benedicetur homo qui timet dominum : benedicat te dominus ex Sion, et videas bona Hierusalem omnibus diebus vitae tuae, et videas filios filiorum tuorum. Pax super Israhel.

Psaume 127

 

1 Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !

2 Tu te nourriras du travail de tes mains : Tu es heureux et prospère !

3 Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d’olivier.

4 Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur.

5 De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie,

6 et tu verras les fils de tes fils. Paix sur Israël !

 

[91506] Officium Sacerdos, vesp. 1 antiph. 5 Antiphona. Qui pacem ponit fines Ecclesiae frumenti adipe satiat nos dominus. Contra, Innocenter puerilia iura, de sancto Nicholao.

Antienne 5

 

Le Seigneur nous rassasie du plus pur froment, lui qui a établi la paix dans l’Eglise entière. « Contra » : Les serments des enfants dans l’innocence…, de saint Nicolas

 

Psalmus [91507] Officium Sacerdos, vesp. 1 ps. 5 Lauda, Hierusalem, dominum. Lauda Deum tuum, Sion, quoniam confortavit seras portarum tuarum. Benedixit filiis tuis in te qui posuit fines tuos pacem, et adipe frumenti satiat te, qui emittit eloquium suum terrae. Velociter currit sermo eius. Qui dat nivem sicut lanam, nebulam sicut cinerem spargit, mittit cristallum suum sicut buccellas : ante faciem frigoris eius, quis sustinebit ? Emittet verbum suum, et liquefaciet ea. Flabit spiritus eius, et fluent aquae. Qui adnuntiat verbum suum Iacob, iustitias et iudicia sua Israhel, non fecit taliter omni nationi, et iudicia sua non manifestavit eis.

Psaume 147

 

12 Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion !

13 Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants ;

14 il fait régner la paix à tes frontières, et d’un pain de froment te rassasie.

15 Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt.

16 Il fait tomber la neige comme de la laine, il sème une poussière de givre.

17 Il jette à poignées des glaçons ; devant ce froid, qui pourrait tenir ?

18 Il envoie sa parole et fait fondre la glace ; il répand son souffle : les eaux coulent.

19 Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël.

20 Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; nul autre n’a connu ses volontés.

 

[91508] Officium Sacerdos, vesp. 1 cap. 1 Capitulum. Dominus Iesus Christus in qua nocte tradebatur, accepit panem, et gratias agens fregit, et dixit : Accipite et manducate : hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur; hoc facite in meam commemorationem

Capitule

 

Le Seigneur Jésus-Christ pendant la nuit où on le livrait à ses ennemis, prit le pain, et rendant grâce, il le rompit et dit : Prenez, et mangez. "Ceci est mon corps, qui sera livré pour vous. Faites ceci en mémoire de moi."

 

[91509] Officium Sacerdos, vesp. 1 resp. 1

R/. Homo quidam fecit coenam magnam et misit servum suum hora coenae dicere invitatis ut venirent, quia parata sunt omnia.

V/. Venite, comedite panem meum et bibite vinum meum quod miscui vobis. Quia parata sunt omnia. Gloria patri et filio et spiritui sancto. Quia parata sunt omnia. Contra, Virgo flagelatur, de sancta Catharina

Répons/

Un homme fit un grand festin, et il envoya son serviteur à l’heure du repas dire à ceux qui étaient invités, de venir, parce que tout était prêt.

 

Verset/

Venez et mangez mon pain; et buvez mon vin que je vous ai préparé. Parce que tout est prêt.

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen. Parce que tout est prêt.

« Contra » : La Vierge est flagellée », de sainte Catherine..

 

Hymnus [91510] Officium Sacerdos, vesp. 1 hymnus 1Contra, Pange lingua gloriosi praelium certaminis. In Passione domini.

 

 

Pange, lingua, gloriosi corporis mysterium sanguinisque pretiosi, quem in mundi pretium fructus ventris generosi rex effudit gentium. Nobis natus, nobis datus ex intacta virgine et in mundo conversatus sparso verbi semine sui moras incolatus miro claudit ordine. In supremae nocte cenae recumbens cum fratribus observata lege plene cibis in legalibus cibum turbae duodenae se dat suis manibus. Verbum caro panem verum verbo carnem efficit, fitque sanguis Christi merum, et si sensus deficit, ad firmandum cor sincerum sola fides sufficit.

 

 

 

 

 

Tantum ergo sacramentum veneremur cernui, et antiquum documentum novo cedat ritui, praestet fides supplementum sensuum defectui. Genitori genitoque laus et iubilatio, salus, honor, virtus quoque sit et benedictio, procedentis ab utroque compar sit laudatio.

                        Hymne de saint Thomas — « Pange, lingua, gloriosi corporis »[2]

“Contra” : Chante, ô ma langue,  la lutte du glorieux combat...” En la fête de la Passion du Seigneur.

 

Traduction 1857

 

Publie, ma langue, le mystère du corps glorieux et du sang précieux, que le roi des nations, fruit d’un sein généreux, a répandu pour racheter le monde ! Il nous est né, il nous a été donné d’une vierge sans souillure. Répandant la semence de la parole il a parlé avec les hommes, et il a terminé d’une manière merveilleuse son séjour ici-bas. Assis au milieu de ses disciples pendant cette nuit de la cène suprême, ayant observé la loi dans toute sa plénitude pour les mets quelle prescrit, il se donne de ses propres mains comme aliment aux douze Apôtres. Le Verbe fait chair change par sa parole un pain véritable en sa propre chair, et le vin en son sang précieux; bien que les sens soient impuissants à le voir, la foi seule suffit pour affermir le coeur sincère. Inclinés profondément, adorons donc un si grand sacrement, et que l’enseignement ancien fasse place au culte nouveau; que la foi supplée à l’insuffisance des sens. Au Père et au Fils, louange et jubilation, salut, honneur, puissance et bénédiction; louange pareillement à celui qui procède de l’un et de l’autre. Amen.

Vous leur avez donné, Seigneur, un pain céleste. Qui a en lui toute espèce de charmes. Magnificat.

Traduction 1962, Maurice LE BAS

 

 

 

 

 

 

 

Chante, ô ma langue, le mystère

Du corps sacré, corps glorieux,

[Livré pour nous sur le Calvaire],

Et celui du sang précieux, Versé pour racheter la terre Par le fruit d’un sein merveilleux.

Il naît pour nous [dans une étable],

Dieu nous le donne [sans retour];

Fils d’une Mère incompa-rable,

Dans le monde il sème l’Amour,

Et par un prodige admirable Il va couronner son séjour. La nuit, dans la Cène suprême,

Assis à table avec les siens,

Il observe la Loi qu’il aime, Dans les mets prescrits aux anciens ;

Aux Douze, il se donne lui-même

En nourriture, de ses mains. D’un mot de sa bouche adorable

Il change le pain en son corps,

Le vin en son sang véritable ; Si mon oeil me dit que j’ai tort,

Ma foi demeure inébranlable [Et j’y puise mon réconfort]. Prosternons-nous dans la présence

Du plus auguste sacrement, Et que la nouvelle Alliance Succède à l’autre Testament ; La foi, devant mon ignorance,

Supplée à mon aveuglement.

A Dieu le Père, au Christ [mon frère]

Louange et jubilation, Honneur, salut, puissance entière

Et chants de bénédiction.

A l’Esprit du Fils et du Père Notre égale acclamation.

[91511] Officium Sacerdos, vesp. 1 v. 1 V/. Panem de caelo praestitisti eis. R/. Omne delectamentum suavitatis in se habentem.

Verset/

Vous leur avez donné du ciel, Seigneur, un pain tout préparé.

 

Répons/

Qui possède en lui toute espèce de charmes.

 

[91512] Officium Sacerdos, vesp. 1 antiph. 6 Antiphona ad Magnificat. O quam suavis est, domine, spiritus tuus. Qui ut dulcedinem tuam in filios demonstrares, pane suavissimo de caelo praestito, esurientes reples bonis, fastidiosos divites dimittis inanes. Contra, O Christi pietas, de sancto Nicholao.

Antienne 6

 

Oh ! qu’il est doux, Seigneur, votre esprit, lui qui, pour que vous fassiez connaître à vos enfants l’étendue de votre tendresse, rassasiera les bons qui ont faim d’un pain délicieux descendu du ciel et enverra sans satisfaire leur appétit les riches fastidieux.

 

Magnificat [91513] Officium Sacerdos, vesp. 1 hymnus 2 Magnificat anima mea dominum : et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo. Quia respexit humilitatem ancillae suae : ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes. Quia fecit mihi magna qui potens est : et sanctum nomen eius. Et misericordia eius a progenie in progenies timentibus eum. Fecit potentiam in brachio suo : dispersit superbos mente cordis sui. Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles. Esurientes implevit bonis : et divites dimisit inanes. Suscepit Israel puerum suum, recordatus misericordiae suae. Sicut locutus est ad patres nostros, Abraham et semini eius in saecula.

Le cantique de Marie (Lc 1)

 

47 Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !

48 Il s'est penché sur son humble servante ; désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

49 Dieu tout-puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !

50 Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent ;

51 Déployant la force de son bras, il disperse ceux qui s’enorgueillissent dans les pensées de leur coeur.

52 Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

53 Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.

54 Il relève Israël, son serviteur, il se souvient de son amour,

55 de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race, à jamais.

 

[91514] Officium Sacerdos, vesp. 1 oratio 1 Oratio. Deus qui nobis sub sacramento mirabili passionis tuae memoriam reliquisti, tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra mysteria venerari, ut redemptionis tuae fructum in nobis iugiter sentiamus. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

Oraison

 

Dieu qui nous avez laissé dans ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les saints mystères de votre corps et de votre sang un respect tel que nous jouissions intérieurement et continuellement des fruits de votre rédemption.

Vous qui vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

 

Ad Completorium

                   A complies

 

[91516] Officium Sacerdos, completorium 1 antiph. 1 Antiphona. Miserere mei, domine, et exaudi orationem meam.

Antienne 1

Ayez pitié, Seigneur et écoutez ma prière.

 

Psalmus [91517] Officium Sacerdos, completorium 1 ps. 1º Cum invocarem exaudivit me Deus iustitiae meae. In tribulatione dilatasti mihi. Miserere mei et exaudi orationem meam. Filii hominum, usquequo gravi corde ? Ut quid diligitis vanitatem et quaeritis mendacium ? Et scitote quoniam mirificavit dominus sanctum suum. Dominus exaudiet me cum clamavero ad eum. Irascimini et nolite peccare. Quae dicitis in cordibus vestris, in cubilibus vestris conpungimini. Sacrificate sacrificium iustitiae, et sperate in domino. Multi dicunt : quis ostendet nobis bona ? Signatum est super nos lumen vultus tui, domine. Dedisti laetitiam in corde meo. A fructu frumenti et vini et olei sui multiplicati sunt. In pace in id ipsum dormiam et requiescam, quoniam tu, domine, singulariter in spe constituisti me.

Psaume 4

 

2 Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière !

3 Fils des hommes, jusqu'où irez-vous dans l'insulte à ma gloire, jusqu’à quand aimerez-vous le néant et rechercherez-vous le mensonge ?

4 Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle, le Seigneur entend quand je crie vers lui.

5 Mais vous, tremblez, ne péchez pas ; réfléchissez, sur votre couche, à ce que vous pensez dans le secret et faites silence.

6 Offrez les offrandes justes et faites confiance au Seigneur.

7 Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »  Sur nous, Seigneur, que s'illumine ton visage !

8 Tu mets dans mon coeur plus de joie qu’ils n’en ont lors de toutes leurs vendanges et leurs moissons.

9 Dans la paix moi aussi, je me couche et je m’endors, car tu me donnes d'habiter, Seigneur,  seul, dans la confiance.

 

[91518] Officium Sacerdos, completorium 1 antiph. 2 Antiphona ad Nunc dimittis. Alleluia, alleluia. Panis quem ego dedero, alleluia. Caro mea est pro mundi vita, alleluia.

Antienne 2

 

Alleluia, Alleluia. Le pain que je vous donnerai, Alleluia. Ma chair est pour la vie du monde. Alleluia, Alleluia.

 

Nunc dimittis [91519] Officium Sacerdos, completorium 1 hymnus 1 Nunc dimittis servum tuum, domine, secundum verbum tuum in pace : quia viderunt oculi mei salutare tuum, quod parasti ante faciem omnium populorum : lumen ad revelationem gentium, et gloriam plebis tuae Israel.

Le cantique de Syméon (Lc 2)

 

29 Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole.

30 Car mes yeux ont vu le salut

31 que tu préparais à la face des peuples :

32 lumière qui qui doit éclairer les nations et donne gloire à ton peuple Israël.

 

[91520] Officium Sacerdos, completorium 1 oratio 1 Oratio. Visita, quaesumus domine, domum istam, et omnes insidias inimici ab ea longe repelle, et Angeli tui sancti habitent in ea qui nos in pace custodiant, et benedictio tua sit super nos semper. Per Christum dominum nostrum. Amen.

Prière

Visitez, nous vous en prions, Seigneur, cette maison et repoussez loin d’elle toutes les embûches de l’ennemi; que tes saints Anges y demeurent pour nous garder dans la paix, et que ta bénédiction soit sur nous à jamais. Par le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

 

Ad Matutinas

                   Office des Matines

 

 [91522] Officium Sacerdos, matutin. 1 inv. 1 Invitatorium. Christum regem adoremus dominantem gentibus. Qui se manducantibus dat spiritus pinguedinem. Contra, Christum regem regum adoremus dominum, de sancto Andrea.

Invitatoire

 

Adorons le Christ roi qui domine les nations et qui enrichit l’esprit de ceux auxquels il se donne en aliment.

« Contra » : Adorons le Seigneur, le Christ roi…, de saint André.

 

Psalmus [91523] Officium Sacerdos, matutin. 1 ps. 1 Venite, exultemus domino. Iubilemus Deo salutari nostro. Praeoccupemus faciem eius in confessione, et in psalmis iubilemus ei, quoniam Deus magnus dominus, et rex magnus super omnes deos ; quia in manu eius fines terrae, et altitudines montium ipsius sunt ; quoniam ipsius est mare, et ipse fecit illud, et siccam manus eius formaverunt. Venite, adoremus et procidamus et ploremus ante dominum qui fecit nos, quia ipse est Deus noster et nos populus pascuae eius et oves manus eius. Hodie, si vocem eius audieritis, nolite obdurare corda vestra, sicut in inritatione, secundum diem temptationis in deserto, ubi temptaverunt me patres vestri : probaverunt me, et viderunt opera mea. Quadraginta annis offensus fui generationi illi, et dixi : semper errant corde, et isti non cognoverunt vias meas. Ut iuravi in ira mea : si intrabunt in requiem meam. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper, et in secula seculorum. Amen.

Psaume 94

 

1 Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons le Rocher de notre salut !

2 Allons jusqu'à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le !

3 Oui, le grand Dieu, c'est le Seigneur, le grand roi au-dessus de tous les dieux :

4 il tient en main les profondeurs de la terre, et les sommets des montagnes sont à lui ;

5 à lui la mer, c'est lui qui l'a faite, et les terres, car ses mains les ont pétries.

6 Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, fléchissons le genou devant le Seigneur qui nous a faits.

7 Oui, il est notre Dieu ;  nous sommes le peuple de son pâturage,  le troupeau guidé par sa main. Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ?

8 « Ne fermez pas votre coeur comme au désert,  comme au jour de tentation et de défi,

9 où vos pères m'ont tenté et éprouvé, et pourtant ils avaient vu mon exploit.

10 « Quarante ans leur génération m'a déçu, et j'ai dit : Ce peuple a le coeur égaré, il n'a pas connu mes chemins.

11 Dans ma colère, j'en ai fait le serment : Jamais ils n'entreront dans mon repos. ».Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Amen.

 

 

Hymnus Contra, Sanctorum meritis. [91524] Officium Sacerdos, matutin. 1 hymnus 1

 

Sacris solemniis iuncta sint gaudia, et ex praecordiis sonent praeconia, recedant vetera, nova sint omnia, corda, voces et opera. Noctis recolitur cena novissima, qua Christus creditur agnum et azima dedisse fratribus iuxta legitima priscis indulta patribus. Post agnum typicum expletis epulis corpus dominicum datur discipulis sic totum omnibus, quod totum singulis eius fatemur manibus. Dedit fragilibus corporis ferculum, dedit et tristibus sanguinis poculum, dicens : accipite, quod trado, vasculum, omnes ex eo bibite. Sic sacrificium istud instituit, cuius officium committi voluit solis presbyteris, quibus sic congruit, ut sumant et dent ceteris.

 

 

 

 

Panis Angelicus fit panis hominum, dat panis caelicus figuris terminum ; O res mirabilis ! Manducat dominum servus pauper et humilis. Te, trina deitas unaque, poscimus, sicut nos visitas, sicut te colimus, per tuas semitas duc nos, quo tendimus, ad lucem, quam inhabitas. Amen.

                        Hymne de saint Thomas — « Sacris solemniis »[3]

 

Traduction 1857

 

Que la joie accompagne ces solennités saintes, et que les coeurs fassent retentir les cris d’allégresse; que tout ce qui était ancien disparaisse; que tout soit nouveau, les coeurs, le langage et les oeuvres. Cette fête rappelle la cène suprême accomplie en cette nuit où la foi nous enseigne que Jésus-Christ donna à ses frères l’agneau Pascal et le pain sans levain conformément aux lois sous lesquelles vivaient les anciens Pères. Après l’agneau typique, le festin étant achevé, les disciples ont reçu le corps du Seigneur ; nous confessons qu’il se donna de ses propres mains tout entier à tous, comme il se donna tout entier à chacun. Il servit à ceux qui étaient faibles son corps en aliment, et donna à ceux qui étaient tristes la coupe de son sang, disant : Prenez le calice que je vous donne et buvez en tous. C’est ainsi qu’il institua le sacrifice dont il voulut que les prêtres seuls fussent les ministres et auxquels il convient si bien qu’ils le prennent pour eux et le donnent aux autres. Le pain des anges devient le pain des hommes; ce pain céleste est la réalisation des anciennes figures.

O ! chose indicible ! le pauvre, l’esclave, l’homme le plus faible mange son Seigneur. Divinité trine et une, nous vous le demandons. Visitez-nous comme nous vous honorons; conduisez-nous par vos sentiers vers notre fin, à la lumière que vous habitez. Amen.

Traduction 1962, Maurice LE BAS

 

 

Exultons en ce jour de fête solennelle,

Proclamons dans nos chants la gloire du Seigneur. Oublions le passé : que tout se renouvelle,

Nos oeuvres, nos voix, notre coeur.

Evoquons [le Cénacle et] le repas ultime

Où Jésus [célébra la Pâque avec les siens],

Mangeant l’agneau prescrit avec le pain azyme,

Selon les rites des anciens. Quand fut mangé l’agneau comme avaient fait les pères, Jésus nourrit ses fils de son corps [glorieux] ;

De ses mains il se donne entier à tous ses frères,

Et tout entier à chacun d’eux. Il leur livre son corps pour guérir leur faiblesse,

Pour chasser leur tristesse il leur offre son sang :

Prenez tous, leur dit-il, le sang que je vous laisse,

Voici la coupe, buvez-en.

Ce nouveau sacrifice, alors il le confie

A des prêtres qui seuls le renouvelleront;

Recevant les premiers la sainte Eucharistie,

Aux autres ils la donneront. Le pain du ciel devient le pain de notre table,

Les figures d’antan ont perdu leur valeur.

O merveille ! un esclave, indigent, méprisable,

Se nourrit du corps du Seigneur.

Exauce, ô Trinité, notre désir suprême :

Viens visiter nos coeurs, fais ta demeure en eux ;

Puis trace-nous la route et conduis-nous toi-même

Vers ton paradis lumineux.

In primo nocturno

                   Office du premier nocturne

 

[91526] Officium Sacerdos, noct. 1 antiph. 1 Antiphona. Fructum salutiferum gustandum dedit dominus mortis suae tempore. Contra, Granum cadens, de sancto Thoma.

Antienne 1

 

Le Seigneur, au temps de sa mort, donna à goûter le fruit du salut.

« Contra » : Le grain qui tombe, de saint Thomas.

Psaume. Bienheureux l’homme, etc.

 

Psalmus [91527] Officium Sacerdos, noct. 1 ps. 1 Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum, et in via peccatorum non stetit, et in cathedra pestilentiae non sedit, sed in lege domini voluntas eius, et in lege eius meditabitur die ac nocte ; et erit tamquam lignum quod plantatum est secus decursus aquarum, quod fructum suum dabit in tempore suo, et folium eius non defluet, et omnia quaecumque faciet prosperabuntur. Non sic impii, non sic, sed tamquam pulvis quem proicit ventus a facie terrae : ideo non resurgent impii in iudicio, neque peccatores in consilio iustorum, quoniam novit dominus viam iustorum, et iter impiorum peribit.

Psaume 1

 

1 Heureux est l'homme qui n'entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent,

2 mais se plaît dans la loi du Seigneur et médite sa loi jour et nuit !

3 Il est comme un arbre planté près d'un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu'il entreprend réussira,

4 tel n'est pas le sort des méchants. Mais ils sont comme la paille chassée par le vent à la surface de la terre  :

5 au jugement, les méchants ne se lèveront pas, ni les pécheurs au rassemblement des justes.

6 Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra.

 

[91528] Officium Sacerdos, noct. 1 antiph. 2 Antiphona. A fructu frumenti et vini multiplicati fideles in pace Christi requiescunt. Contra, Novus homo, de sancto Thoma.

Antienne 2

Les fidèles régénérés par les fruits du froment et du vin reposent dans la paix de Jésus-Christ.

« Contra » : L’homme nouveau,  de saint Thomas

 Psaume. Lorsque j’invoquais le Seigneur.

 

 

Psalmus [91529] Officium Sacerdos, noct. 1 ps. 2 Cum invocarem exaudivit me Deus iustitiae meae. In tribulatione dilatasti mihi. Miserere mei et exaudi orationem meam. Filii hominum, usquequo gravi corde ? Ut quid diligitis vanitatem et quaeritis mendacium ? Et scitote quoniam mirificavit dominus sanctum suum. Dominus exaudiet me cum clamavero ad eum. Irascimini et nolite peccare. Quae dicitis in cordibus vestris, in cubilibus vestris conpungimini. Sacrificate sacrificium iustitiae, et sperate in domino. Multi dicunt : quis ostendet nobis bona ? Signatum est super nos lumen vultus tui, domine. Dedisti laetitiam in corde meo. A fructu frumenti et vini et olei sui multiplicati sunt. In pace in id ipsum dormiam et requiescam, quoniam tu, domine, singulariter in spe constituisti me.

Psaume 4

 

2 Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière !

3 Fils des hommes, jusqu'où irez-vous dans l'insulte à ma gloire, jusqu’à quand aimerez-vous le néant et rechercherez-vous le mensonge ?

4 Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle, le Seigneur entend quand je crie vers lui.

5 Mais vous, tremblez, ne péchez pas ; réfléchissez, sur votre couche, à ce que vous pensez dans le secret et faites silence.

6 Offrez les offrandes justes et faites confiance au Seigneur.

7 Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »  Sur nous, Seigneur, que s'illumine ton visage !

8 Tu mets dans mon coeur plus de joie qu’ils n’en ont lors de toutes leurs vendanges et leurs moissons.

9 Dans la paix moi aussi, je me couche et je m’endors, car tu me donnes d'habiter, Seigneur, seul, dans la confiance.

 

[91530] Officium Sacerdos, noct. 1 antiph. 3 Antiphona. Communione calicis, quo Deus ipse sumitur, non vitulorum sanguine, congregavit nos dominus. Contra, Crescente aetate, de sancto Bernardo.

Antienne 3

 

Le Seigneur nous a réunis par la communion du calice dans laquelle on reçoit Dieu, et non par le sang des jeunes taureaux.

« Contra » : Quand on avance en âge…, de saint Bernard.

 

 

Psalmus [91531] Officium Sacerdos, noct. 1 ps. 3 Conserva me, domine, quoniam in te speravi. Dixi domino : dominus meus es tu, quoniam bonorum meorum non eges. Sanctis, qui sunt in terra eius, mirificavit mihi omnes voluntates meas in eis. Multiplicatae sunt infirmitates eorum, postea adceleraverunt. Non congregabo conventicula eorum de sanguinibus, nec memor ero nominum eorum per labia mea. Dominus pars hereditatis meae et calicis mei. Tu es qui restitues hereditatem meam mihi. Funes ceciderunt mihi in praeclaris, etenim hereditas mea praeclara est mihi. Benedicam domino, qui tribuit mihi intellectum. Insuper et usque ad noctem increpaverunt me renes mei. Providebam dominum in conspectu meo semper, quoniam a dextris est mihi, ne commovear. Propter hoc laetatum est cor meum, et exultavit lingua mea. Insuper et caro mea requiescet in spe, quoniam non derelinques animam meam in inferno : non dabis sanctum tuum videre corruptionem. Notas mihi fecisti vias vitae. Adimplebis me laetitia cum vultu tuo. Delectatio in dextera tua usque in finem.

 

Psaume 15

 

1 Garde-moi, mon Dieu :

j'ai fait de toi mon refuge.

2 J'ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu ! Mon bien n’est pas en dehors de toi. »

3 Toutes les idoles du pays, ces dieux que j'aimais, ne cessent d'étendre leurs ravages,  et l'on se rue à leur suite.

4 Je n'irai pas leur offrir le sang des sacrifices ; leur nom ne viendra pas sur mes lèvres !

5 Seigneur, ma part d’héritage et ma coupe : de toi dépend mon sort.

6 La part qui me revient fait mes délices ; un splendide héritage m’est échu !

7 Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mes reins m’avertissent.

8 Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.

9 Mon coeur exulte, mon âme est en fête, ma langue elle-même exulte ; mon corps lui-même repose en sécurité :

10 tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton fidèle voir la corruption.

11 Tu m'apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! A ta droite, éternité de délices !

 

[91532] Officium Sacerdos, noct. 1 v. 1 V/. Panem caeli dedit eis, alleluia.

 

R/. Panem Angelorum manducavit homo, alleluia.

Verset/

Il leur a donné le pain du ciel, alleluia.

 

Repons/

L’homme a mangé le pain des anges, alleluia.

 

[91533] Officium Sacerdos, noct. 1 l. 1 Lectio prima :

 

 

Immensa divinae largitatis beneficia exhibita populo Christiano inaestimabilem ei conferunt dignitatem. Neque enim est aut fuit aliquando tam grandis natio quae habeat deos appropinquantes sibi sicut adest nobis Deus noster. Unigenitus siquidem Dei filius, suae divinitatis volens nos esse participes, nostram naturam assumpsit ut homines deos faceret factus homo. Et hoc insuper quod de nostro assumpsit, totum nobis contulit ad salutem. Corpus namque suum pro nostra reconciliatione in ara crucis hostiam obtulit Deo patri, sanguinem suum fudit in pretium simul et lavacrum, ut redempti a miserabili servitute a peccatis omnibus mundaremur.Et ut tanti beneficii iugis in nobis maneret memoria, corpus suum in cibum et sanguinem suum in potum sub specie panis et vini sumendum fidelibus dereliquit. O pretiosum et admirandum convivium salutiferum et omni suavitate repletum. Quid enim hoc convivio pretiosius esse potest, quo non carnes vitulorum et hircorum ut olim in lege, sed nobis Christus sumendus proponitur Deus verus ? Quid hoc sacramento mirabilius ? In ipso namque panis et vinum in corpus Christi et sanguinem substantialiter convertuntur, ideoque Christus Deus et homo perfectus sub modici panis specie continetur.

Leçon 1 (Texte de saint Thomas d’Aquin pour l’Office du corps du Christ)

 

Les bienfaits immenses que la largesse divine a départis au peuple chrétien lui confèrent une dignité inestimable. Il n’est pas et il n’y eut jamais en effet de nation si grande qu’elle eût des dieux qui l’approchassent de si près que notre Dieu s’approche de nous.

Le Fils unique de Dieu voulant en effet nous rendre participants de sa divinité, a pris notre nature, et il s’est fait homme pour nous faire des dieux.

Et de plus, tout ce qu’il a pris de notre nature, il nous l’a tout entier conféré pour notre salut, car c’est pour notre réconciliation qu’il a offert à Dieu le Père son corps comme une hostie sur l’autel de la croix. Il a versé son sang à la fois comme le prix de notre salut et comme un bain salutaire, afin que rachetés de la triste servitude à laquelle nous étions réduits, nous fussions purifiés de tous nos péchés.

Mais pour conserver parmi nous le souvenir perpétuel d’un si grand bienfait, il laissa son corps et son sang aux fidèles pour qu’ils les prissent comme une nourriture et comme un breuvage sous les apparences du pain et du vin.

Oh ! festin précieux ! admirable, salutaire, plein de toute espèce de suavité ! Que peut-il en effet y avoir de plus précieux que ce festin, dans lequel on ne nous propose pas de prendre comme autrefois sous la loi, la chair des boucs et des veaux, mais bien de nous nourrir de Jésus-Christ Dieu véritable ? Qu’y a-t-il de plus merveilleux que ce sacrement ?

Dans ce sacrement en effet la substance du pain et du vin se changent substantiellement au corps et au sang de Jésus-Christ; c’est pourquoi le Christ, Dieu véritable et homme parfait, est renfermé sous les espèces d’un peu de pain et de vin.

Lecture abrégée de saint Thomas d’Aquin, après Vatican II :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Fils unique de Dieu, voulant nous faire participer à sa divinité, a pris notre nature afin de diviniser les hommes, lui qui s'est fait homme.

En outre, ce qu'il a pris de nous, il nous l'a entièrement donné pour notre salut. En effet, sur l'autel de la croix il a offert son corps en sacrifice à Dieu le Père afin de nous réconcilier avec lui ; et il a répandu son sang pour qu'il soit en même temps notre rançon et notre baptême: rachetés d'un lamentable esclavage, nous serions purifiés de tous nos péchés.

Et pour que nous gardions toujours la mémoire d’un si grand bienfait, il a laissé aux fidèles son corps à manger et son sang à boire, sous les apparences du pain et du vin.

Banquet précieux et stupéfiant, qui apporte le salut et qui est rempli de douceur ! Peut-il y avoir rien de plus précieux que ce banquet où l'on ne nous propose plus, comme dans l'ancienne Loi, de manger la chair des veaux et des boucs, mais le Christ qui est vrai Dieu ? Y a-t-i1 rien de plus admirable que ce sacrement ?

 

[91534] Officium Sacerdos, noct. 1 resp. 1 R/. Immolabit haedum multitudo filiorum Israel ad vesperam Paschae. Et edent carnes et azymos panes. V/. Pascha nostrum immolatus est Christus, itaque epulemur in azymis sinceritatis et veritatis. Et edent carnes et azymos panes. Contra, Te sanctum dominum, de Angelis.

Repons/

La multitude des enfants d’Israël immolera un chevreau le soir de la Pâque. Ils en mangeront les chairs et le pain sans levain.

 

Verset/

Le Christ notre Pâque, s’est immolé, c’est pourquoi faisons un festin avec les pains sans levains de la sincérité et de la vérité. Et ils mangeront, etc.

« Contra » : Toi, Seigneur très saint, des Anges.

 

[91535] Officium Sacerdos, noct. 1 l. 2 Lectio secunda :

 

 

Manducatur utique a fidelibus sed minime laceratur. Quinimmo diviso sacramento integer perseverat. Accidentia etiam sine subiecto in eodem subsistunt, ut fides locum habeat, dum visibile invisibiliter sumitur aliena specie occultatum, et sensus a deceptione immunes reddantur, qui de accidentibus iudicant sibi notis. Nullum etiam sacramentum est isto salubrius quo purgantur peccata, virtutes augentur, et mens omnium spiritualium charismatum abundantia inpinguatur. Offertur in Ecclesia pro vivis et mortuis, ut omnibus prosit, quod est pro salute omnium institutum. Suavitatem denique huius sacramenti nullus exprimere sufficit, per quod spiritualis dulcedo in suo fonte gustatur, et recolitur memoria illius quam in sua passione Christus monstravit excellentissimae caritatis. Unde ut arctius huius caritatis immensitas cordibus infigeretur fidelium, in ultima cena quando Pascha cum discipulis celebrato transiturus erat ex hoc mundo ad patrem, hoc sacramentum instituit, tamquam passionis suae memoriale perenne, figurarum veterum impletivum, miraculorum ab ipso factorum maximum, et de sua contristatis absentia solatium singulare.

Leçon 2 (Suite du texte de saint Thomas d’Aquin pour l’Office du corps du Christ).

 

C’est pourquoi les fidèles le mangent et ne le mettent point en pièces, il demeure même tout entier après la division du sacrement [sous chaque particule qui provient de cette division]. Quant aux accidents ils subsistent dans le même sujet, pour exercer la foi, lorsque le visible est pris invisiblement, étant caché sous une apparence étrangère et pour que les sens qui ne jugent que des accidents qui leur sont connus ne soient pas trompés.

Il n’y a pas de sacrement plus salutaire que celui-là, pour purifier les péchés, pour accroître les vertus et enrichir l’esprit de l’abondance de tous les dons spirituels.

On l’offre dans l’Eglise pour les vivants et pour les morts, afin qu’il serve à tous, étant institué pour le salut de tous.

Personne enfin ne saurait exprimer suffisamment la suavité de ce sacrement qui fait goûter à sa source même la douceur spirituelle, et qui rappelle le souvenir de celui dont le Christ au moment de sa passion a fait connaître la charité infiniment parfaite. C’est pour cela qu’afin de graver plus profondément dans les cœurs des fidèles l’immensité de cette charité, dans la cène suprême, après avoir célébré la Pâque avec ses disciples, devant quitter la terre pour retourner à son Père, il institua ce sacrement comme le mémorial perpétuel de sa passion, comme l’accomplissement des anciennes figures, et comme le plus grand des miracles opérés par lui; il laissa aussi ce sacrement comme le moyen le plus propre pour consoler ceux que son absence attristait.

Suite de la lecture abrégée après Vatican II :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucun sacrement ne produit des effets plus salutaires que celui-ci : il efface les péchés, accroît les vertus et comble l'âme surabondamment de tous les dons spirituels !

Il est offert dans l'Église pour les vivants et pour les morts afin de profiter à tous, étant institué pour le salut de tous.

Enfin, personne n'est capable d'exprimer suffisamment les délices de ce sacre­ment, puisqu'on y goûte la douceur spirituelle à sa source; et on y célèbre la mémoire de cet amour insurpassable que le Christ a montré dans sa passion.

Il voulait que l'immensité de cet amour se grave plus profondé­ment dans le cœur des fidèles. C'est pourquoi à la dernière Cène, après avoir célébré la Pâque avec ses disciples, lorsqu’il allait passer de ce monde à son Père, il institua ce sacrement comme le mémorial perpétuel de sa passion, l'accomplissement des anciennes préfigurations, le plus grand de tous les miracles; et à ceux que son absence remplissait de tristesse, il laissa ce sacrement comme réconfort incomparable.

[91536] Officium Sacerdos, noct. 1 resp. 2 R/. Comedetis carnes, et saturabimini panibus. Iste est panis, quem dedit vobis dominus ad vescendum. V/. Non Moyses dedit vobis panem de caelo, sed pater meus dat vobis panem de caelo verum. Iste est panis, quem dedit vobis dominus ad vescendum. Contra, Stirps Iesse, de sancta Maria.

Repons/

Vous mangerez les chairs et vous serez rassasiés par le pain. C’est ici le pain que le Seigneur vous a donné pour votre nourriture.

 

Verset/

Moïse ne vous a pas donné le pain céleste; mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel. C’est ici, etc.

« Contra » : La racine de Jessé, de sainte Marie.

 

[91537] Officium Sacerdos, noct. 1 l. 3 Lectio tertia :

 

Convenit itaque devotioni fidelium solemniter recolere institutionem tam salutiferi tamque mirabilis sacramenti, ut ineffabilem modum divinae praesentiae in sacramento visibili veneremur, et laudetur Dei potentia quae in sacramento eodem tot mirabilia operatur, nec non et de tam salubri tamque suavi beneficio exsolvantur Deo gratiarum debitae actiones. Verum et si in die cenae quando sacramentum praedictum noscitur institutum inter Missarum sollemnia de institutione ipsius specialis mentio habeatur, totum tamen residuum eiusdem diei officium ad Christi passionem pertinet, circa cuius venerationem Ecclesia illo tempore occupatur. Unde ut integro celebritatis officio institutionem tanti sacramenti sollemniter recoleret plebs fidelis, Romanus pontifex Urbanus quartus, huius sacramenti devotione affectus, pie statuit praefatae institutionis memoriam prima feria quinta post octavas Pentecostes a cunctis fidelibus celebrari, ut qui per totum anni circulum hoc sacramento utimur ad salutem, eius institutionem illo specialiter tempore recolamus, quo spiritus sanctus discipulorum corda edocuit ad plene cognoscenda huius mysteria sacramenti. Nam et in eodem tempore coepit hoc sacramentum a fidelibus frequentari. Legitur enim in Actibus apostolorum, quod erant perseverantes in doctrina apostolorum et communicatione fractionis panis et orationibus, statim post sancti spiritus missionem. Ut autem praedicta quinta feria et per octavas sequentes eiusdem salutaris institutionis honorificentius agatur memoria et solemnitas de hoc celebrior habeatur, loco distributionum materialium quae in Ecclesiis cathedralibus largiuntur existentibus horis nocturnis pariterque diurnis, praefatus Romanus pontifex eis qui huiusmodi horis in hac sollemnitate personaliter in Ecclesiis interessent, stipendia spiritualia apostolica largitione concessit, quatinus per haec fideles ad tanti festi celebritatem avidius et copiosius convenirent. Unde omnibus vere poenitentibus et confessis qui matutinali officio huius festi praesentialiter in Ecclesia ubi celebraretur adessent centum, qui vero Missae totidem, illis autem qui interessent in primis ipsius festi vesperis similiter centum, qui vero in secundis totidem. Eis quoque qui primae, tertiae, sextae, nonae ac completorii adessent officiis, pro qualibet horarum ipsarum, quadraginta; illis vero qui per ipsius festi octavas in matutinalibus, vespertinis, Missae ac praedictarum horarum officiis praesentes existerent, singulis diebus octavarum ipsarum centum dierum indulgentiam misericorditer tribuit perpetuis temporibus duraturam.

Leçon 3 (Suite du texte de saint Thomas d’Aquin pour l’Office du corps du Christ).

 

C’est pourquoi il convient à la dévotion des fidèles de rappeler solennellement l’institution d’un sacrement et si salutaire et si admirable, afin que nous vénérions la manière ineffable dont Dieu est présent dans un sacrement visible; et afin de louer la puissance de Dieu qui opère dans ce sacrement tant de choses merveilleuses : c’est aussi pour rendre à Dieu les actions de grâces qui lui sont dues pour un bienfait si salutaire et si doux. Mais bien qu’au jour de la cène, jour ou l’on sait qu’a été institué ce sacrement, on fasse de son institution une mention spéciale pendant la solennité des messes qui se célèbrent, tout le reste de l’office du jour néanmoins est consacré à la passion de Jésus-Christ, passion à la vénération de laquelle l’Eglise se livre pendant tout ce temps. Mais afin que tous les fidèles célèbrent l’institution d’un si grand sacrement par l’office tout entier d’une solennité, le Pontife de Rome Urbain IV, poussé par sa dévotion à ce sacrement, a pieusement établi que tous les fidèles célébreraient la mémoire de son institution la première cinquième férie après 1'Octave de la Pentecôte; afin que nous, qui usons pendant tout le cours de l’année de ce sacrement pour notre salut, nous célébrions spécialement son institution en ce temps, qui est celui où le Saint Esprit a appris aux coeurs des disciples à connaître pleinement les mystères de ce même sacrement. C’est en effet en ce temps que les fidèles commencèrent à fréquenter ce sacrement.

On lit en effet dans les Actes des Apôtres que les fidèles étaient attachés à la doctrine des apôtres, à la pratique de la fraction du pain et à la prière, aussitôt après l’envoi en mission par le Saint Esprit.

Le pontife de Rome dont nous venons de parler, pour faire célébrer avec plus de pompe la mémoire de cette salutaire institution, le jour de la cinquième férie indiquée et pendant l’octave suivante, et pour en rendre la solennité plus éclatante, au lieu des distri-butions matérielles qui se font dans les églises cathédrales à ceux qui assistent aux heures canoniales de la nuit et du jour, accorda, avec une largesse apostolique, à ceux qui assisteraient en personne pendant cette solennité à ces mêmes heures canoniales dans les églises, des largesses spirituelles, afin que les fidèles se réunissent en plus grand nombre et avec plus d’empressement à la solennité d’une si grande fête. A tous ceux donc qui sont véritablement repentants, qui se seront confessés, et qui assisteront en personne et dans l’église à l’office de Matines de cette fête, il accorde cent jours d’indulgences, il en accorde autant à ceux qui assisteront à la Messe; il en accorde cent pareillement à ceux qui assisteront aux premières Vêpres de la même fête. Quant à ceux qui assisteront aux secondes Vêpres, il leur en accorde pareillement cent. Il en accorde aussi quarante jours à ceux qui assisteront à prime, tierce, sexte, none et complies, et cela pour chacune de ces heures. Quant à ceux qui, pendant les octaves de cette fête assisteront aux offices de matines, à la messe, à ceux des vêpres et des autres heures, il leur accorde pour chacun des jours de ces mêmes octaves, pour remettre les pénitences dont ils sont chargés, une indulgence de cent jours, et à perpétuité.

 

[91538] Officium Sacerdos, noct. 1 resp. 3 R/. Respexit Helias ad caput suum subcinericium panem : qui surgens comedit et bibit. Et ambulavit in fortitudine cibi illius usque ad montem Dei. V/. Si quis manducaverit ex hoc pane vivet in aeternum. Et ambulavit in fortitudine cibi illius. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper, et in secula seculorum. Amen.

Usque ad montem Dei. Contra, Videte miraculum matris domini.

Repons/

 

Elie regarda le pain cuit sous la cendre qui se trouvait derrière sa tête; se levant il mangea et il but, et il marcha fortifié par cette nourriture, jusqu’à la montagne du Seigneur.

 

Verset/

Si quelqu’un mange de ce pain il vivra éternellement. Et il marcha, etc.

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.

Jusqu’à la montagne du Seigneur, etc.

« Contra » : Voyez les merveilles de la mère du Seigneur.

 

In secundo nocturno

                   Office du deuxième nocturne

 

 [91540] Officium Sacerdos, noct. 2 antiph. 1 Antiphona. Memor sit dominus sacrificii nostri, et holocaustum nostrum pingue fiat. Contra, In caelis gaudent virgines et cantant canticum.

Antienne 1

 

Que le Seigneur se souvienne de notre sacrifice, et que notre holocauste soit pour lui d’agréable odeur.

« Contra » : Les vierges, dans le ciel, se réjouissent et entonnent un cantique.

 

Psalmus [91541] Officium Sacerdos, noct. 2 ps. 1 Exaudiat te dominus in die tribulationis. Protegat te nomen Dei Iacob. Mittat tibi auxilium de sancto, et de Sion tueatur te. Memor sit omnis sacrificii tui, et holocaustum tuum pingue fiat. Tribuat tibi secundum cor tuum, et omne consilium tuum confirmet. Laetabimur in salutari tuo, et in nomine Dei nostri magnificabimur. Impleat dominus omnes petitiones tuas. Nunc cognovi quoniam salvum fecit dominus christum suum. Exaudiet illum de caelo sancto suo in potentatibus salus dexterae eius. Hii in curribus, et hii in equis, nos autem in nomine domini Dei nostri invocabimus. Ipsi obligati sunt et ceciderunt, nos vero surreximus et erecti sumus. Domine salvum fac regem, et exaudi nos in die qua invocaverimus te.

Psaume 19

 

2 Que le Seigneur t’exauce au jour de détresse, que le nom du Dieu de Jacob te défende.

3 Du sanctuaire, qu'il t'envoie le secours, qu'il te soutienne des hauteurs de Sion.

4 Qu'il se rappelle toutes tes offrandes ; ton holocauste, qu'il le trouve savoureux.

5 Qu'il te donne à la mesure de ton coeur, qu'il accomplisse tous tes projets.

6 Nous acclamerons ta victoire en arborant le nom de notre Dieu. Que le Seigneur accomplisse toutes tes demandes.

7 Maintenant, je le sais : le Seigneur donne la victoire à son messie ; du sanctuaire des cieux, il lui répond par les exploits de sa main victorieuse.

8 Aux uns, les chars ; aux autres, les chevaux ; nous, c’est le nom de notre Dieu, le Seigneur, que nous invoquons.

9 Eux, ils plient et s'effondrent ; nous, debout, nous résistons.

10 Seigneur, donne au roi la victoire ! Réponds-nous au jour de notre appel.

 

[91542] Officium Sacerdos, noct. 2 antiph. 2 Antiphona. Paratur nobis mensa domini adversus omnes qui tribulant nos. Contra, Sanguis sanctorum martyrum pro Christo effusus est in terra.

Antienne 2

 

Le Seigneur nous prépare sa table contre tous ceux qui nous attristent.

« Contra » : Le sang des saints martyrs a été répandu sur la terre pour le Christ.

 

Psalmus [91543] Officium Sacerdos, noct. 2 ps. 2 Dominus reget me, et nihil mihi deerit. In loco pascuae, ibi me conlocavit. Super aquam refectionis educavit me. Animam meam convertit. Deduxit me super semitas iustitiae, propter nomen suum. Nam, et si ambulavero in medio umbrae mortis, non timebo mala, quoniam tu mecum es. Virga tua et baculus tuus, ipsa me consolata sunt. Parasti in conspectu meo mensam adversus eos qui tribulant me. Inpinguasti in oleo caput meum, et calix meus inebrians, quam praeclarus est, et misericordia tua subsequitur me omnibus diebus vitae meae, et ut inhabitem in domo domini in longitudinem dierum.

Psaume 22

 

1 Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.

2 Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles

3 et fait revivre mon âme ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom.

4 Si je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me guident et me rassurent.

5 Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands l’huile sur ma tête, ma coupe est débordante.

6 Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

 

[91544] Officium Sacerdos, noct. 2 antiph. 3 Antiphona. In voce exultationis resonent epulantes in mensa domini. Contra, O quam gloriosus est regnum, de omnibus sanctis.

Antienne 3

 

Prenant part au banquet magnifique du Seigneur, les airs retentiront de leurs cris d’allégresse.

« Contra » : Comme il est glorieux, le règne…, de Tous les saints.

 

Psalmus [91545] Officium Sacerdos, noct. 2 ps. 3 Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum ita desiderat anima mea ad te Deus. Sitivit anima mea ad Deum fortem vivum. Quando veniam et parebo ante faciem Dei ? Fuerunt mihi lacrimae meae panis die ac nocte, dum dicitur mihi cotidie : ubi est Deus tuus ? Haec recordatus sum, et effudi in me animam meam, quoniam transibo in loco tabernaculi admirabilis usque ad domum Dei in voce exultationis et confessionis sonus epulantis. Quare tristis es anima mea ? Et quare conturbas me ? Spera in Deo, quoniam confitebor illi. Salutare vultus mei, Deus meus, ad me ipsum. Anima mea conturbata est, propterea memor ero tui. De terra Iordanis et Hermoniim a monte modico abyssus ad abyssum invocat in voce cataractarum tuarum. Omnia excelsa tua et fluctus tui super me transierunt. In die mandavit dominus misericordiam suam, et nocte canticum eius apud me. Oratio Deo vitae meae. Dicam Deo : susceptor meus es : quare oblitus es mei ? quare contristatus incedo, dum adfligit me inimicus, dum confringuntur ossa mea ? Exprobraverunt mihi qui tribulant me, dum dicunt mihi per singulos dies : ubi est Deus tuus ? Quare tristis es anima mea, et quare conturbas me ? Spera in Deum, quoniam adhuc confitebor illi. Salutare vultus mei et Deus meus.

Psaume 41

 

2 Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme soupire après toi, mon Dieu.

3 Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu ?

4 Je n'ai d'autre pain que mes larmes, le jour, la nuit, moi qui chaque jour entends dire : « Où est-il ton Dieu ? »

5 Je me souviens, et mon âme en moi déborde : en ce temps-là, je franchissais les portails ! Je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête,  parmi les cris de joie et les actions de grâce.

6 Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir au-dedans de moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu !

7 Si mon âme se désole, je me souviens de toi, depuis les terres du Jourdain et de l'Hermon, depuis mon humble montagne.

8 L'abîme appelant l'abîme à la voix de tes cataractes, la masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi.

9 Au long du jour, le Seigneur m'envoie son amour ; et la nuit, son chant est avec moi, prière au Dieu de ma vie.

10 Je dirai à Dieu, mon rocher : « Pourquoi m'oublies-tu ?  Pourquoi vais-je assombri, pressé par l'ennemi ? »

11 Outragé par mes adversaires, je suis meurtri jusqu'aux os. Ceux qui m’outragent se moquent de moi , moi qui chaque jour entends dire : « Où est-il ton Dieu ? »

12 Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir au-dedans de moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu !

 

[91546] Officium Sacerdos, noct. 2 v. 1 V/. Cibavit illos ex adipe frumenti, alleluia. R/. Et de petra melle saturavit eos, alleluia.

Verset/

Il les a nourris du plus pur froment. Alleluia.

 

Repons/

Et il les a rassasiés du miel des rochers. Alleluia.

Traduction Vatican II, 1965

Le Seigneur a nourri son peuple de la fleur du froment, Alleluia, et il l’a rassasié du miel du rocher, Alleluia

[91547] Officium Sacerdos, noct. 2 l. 4 Lectio quarta : Huius sacramenti figura praecessit, quando manna pluit Deus patribus in deserto, qui cotidiano caeli pascebantur alimento. Unde dictum est : Panem Angelorum manducavit homo. Sed tamen panem illum qui manducaverunt, omnes in deserto mortui sunt. Ista autem esca quam accipitis, iste panis vivus qui de caelo descendit, vitae aeternae substantiam ministrat. Et quicumque hunc panem manducaverit non morietur in aeternum, quia corpus Christi est. Considera utrum nunc praestantior sit panis Angelorum an caro Christi, quae utique est corpus vitae. Manna illud de caelo, hoc super coelum; illud caeli, hoc domini caelorum; illud corruptioni obnoxium, si in diem alterum servaretur, hoc alienum ab omni corruptione. Quicumque religiose gustaverit, corruptionem sentire non poterit.

 

 

Illis aqua de petra fluxit, tibi sanguis ex Christo. Illos ad horam satiavit aqua, te sanguis diluit in aeternum. Iudaeus bibit et sitit; tu cum biberis sitire non poteris. Et illud in umbra, hoc in veritate. Si illud quod miraris umbra est, quantum istud est cuius umbram miraris ? Audi quia umbra est, quae apud patres facta est : Bibebant, inquit, de spirituali consequente eos petra, petra autem erat Christus, sed non in pluribus eorum complacitum est Deo, nam prostrati sunt in deserto. Haec autem facta sunt in figura nostri. Cognovisti potiora. Potior est enim lux quam umbra, veritas quam figura, corpus auctoris quam manna de caelo.

Leçon 4 (Suite du texte de saint Thomas d’Aquin pour l’Office du corps du Christ).

Ce sacrement, la figure l’a précédé : quand sur nos Pères, dans le désert, Dieu a fait pleuvoir la manne : les cieux répandaient une nourriture quotidienne. C’est pourquoi on dit : l’homme a mangé le pain des Anges. Toutefois, tous ceux qui ont mangé ce pain dans le désert sont morts ; tandis que cette nourriture que vous recevez, ce pain vivant qui descend du ciel, elle procure la substance de la vie éternelle. Et quiconque aura mangé ce pain ne mourra jamais, éternellement, puisque c’est le corps du Christ. Demande-toi maintenant ce qui est le plus remarquable, du pain des Anges ou de la chair de Jésus-Christ, qui est surtout un corps de vie. La manne venait du haut du ciel, cette nourriture-ci est supérieure au ciel ; celle-là était du ciel, celle-ci est du Maître des cieux. Celle-là était soumise à la corruption, si elle était utilisée en d’autres circonstances ; celle-ci est étrangère à toute corruption. Quiconque la reçoit avec piété ne pourra connaître la corruption.

Pour nos Pères, l’eau a jailli du rocher, pour toi a jailli le sang du Christ. Eux, l’eau les a désaltérés pour un temps ; toi, le sang t’abreuve pour l’éternité. Les Juifs ont bu et ont eu soif ; toi, quand tu auras bu, tu ne pourras plus avoir soif. Pour eux, le reflet ; pour toi, la vérité. Si c’est le reflet, ce que tu admires, quelle grandeur celui dont tu admires le reflet ! Pourquoi le reflet, ce qui arriva à nos Pères ? Voici : ils buvaient, dit le Livre, l’eau du rocher spirituel qui marchait avec eux, mais le rocher, c’était le Christ. Mais la plupart d’entre eux ne plurent pas à Dieu, car ils furent décimés dans le désert. Tels furent les événements qui sont pour nous une préfiguration. Tu as connu, toi, des choses plus extraordinaires. Car la lumière est plus puissante que son reflet, la vérité plus puissante que la figure, le corps du Créateur plus puissant que la manne venue du ciel.

 

 

[91548] Officium Sacerdos, noct. 2 resp. 1 R/. Panis quem ego dabo caro mea est pro mundi vita. Litigabant ergo Iudaei dicentes : Quomodo potest hic dare carnem suam ad manducandum ? V/. Locutus est populus contra dominum : Anima nostra nauseat super cibo isto levissimo. Quomodo potest hic dare carnem suam ad manducandum ? Contra, Deus qui sedes super thronos et iudicas, de quadam dominica.

Repons/

 

Le pain que je vous donnerai, c’est ma chair immolée pour la vie du monde; les Juifs discutaient donc entre eux disant : Comment. peut-il nous donner sa chair à manger ?

 

Verset/

Le peuple a parlé contre le Seigneur. Nous sommes dégoûtés de cette nourriture trop légère. Comment peut-il…

« Contra » : Dieu qui sièges et qui juges au-dessus des rois…, d’un quelconque dimanche.

 

[91549] Officium Sacerdos, noct. 2 l. 5 Lectio quinta : Forte dicis : Aliud video. Quomodo tu mihi asseris quod corpus Christi accipiam ? Et hoc nobis superest ut probemus. Quantis igitur utimur exemplis, ut probemus hoc non esse quod natura formavit, sed quod benedictio consecravit, maioremque vim esse benedictionis quam naturae, quia benedictione etiam natura ipsa mutatur ? Unde virgam tenebat Moyses, proiecit eam et facta est serpens. Rursus apprehendit caudam serpentis et in virgae naturam revertitur. Vides ergo prophetica gratia bis mutatam naturam esse, et serpentis et virgae. Currebant Aegypti flumina puro meatu aquarum; subito de fontium venis sanguis coepit erumpere, non erat potus in fluviis. Rursus ad prophetae preces cruor fluminum cessavit, aquarum natura remeavit. Circumclusus undique erat populus Hebraeorum, hinc Aegyptiis vallatus, inde mari conclusus. Virgam levavit Moyses, separavit se aqua et in murorum speciem se congelavit, atque inter undas via pedestris apparuit. Iordanis retrorsum conversus, contra naturam in sui fontis revertitur exordium. Nonne claret naturam, vel maritimorum fluctuum, vel cursus fluvialis, esse mutatam ? Sitiebat populus patrum, tetigit Moyses petram, et aqua de petra fluxit. Numquid non praeter naturam operata est gratia ut aquam vomeret petra quam non habebat natura ?

Leçon 5 (Suite du texte de saint Thomas d’Aquin pour l’Office du corps du Christ).

Parfois, tu dis : « C’est autre chose que je vois. Comment se fait-il que tu prétendes que c’est le corps du Christ que je reçois ? » C’est ce qu’il nous reste à prouver. De quels grands exemples nous servirons-nous pour démontrer que ceci n’est pas ce que la nature a formé, mais ce que la bénédiction a consacré, que la puissance de la bénédiction est plus grande que celle de la nature, parce que la nature elle-même est changée par la bénédiction ? Ainsi Moïse prit son bâton, le jeta et le bâton se changea en serpent ; il attrapa la queue du serpent et, de nouveau, celui-ci revint à sa nature de bâton. Tu constates donc que, par l’intervention du prophète, deux fois la nature a été changée, et celle du serpent, et celle du bâton. Les fleuves d’Égypte coulaient du cours pur de ses eaux ; brusquement, du cœur de leurs sources, commença à jaillir du sang, et l’on ne pouvait plus boire dans les fleuves. À la prière du prophète, le flot sanglant des fleuves cessa, et les eaux reprirent leur cours naturel. Le peuple des Hébreux était encerclé de partout, d’un côté par les retranchements des Égyptiens, de l’autre par la mer. Moïse leva son bâton et l’eau se divisa et se figea, prenant la forme de deux murs : entre les eaux apparut une voie pédestre. Le cours du Jourdain s’inversa et, en contradiction avec sa nature, revint à sa source. N’est-il pas clair que la nature, ici des flots de la mer, là du cours d’un fleuve, a été changée ? Le peuple de nos Pères avait soif, Moïse frappa le rocher et de l’eau en jaillit. N’y a-t-il pas eu, en dépit de la nature, intervention divine pour que le rocher fasse jaillir une eau que, par nature, il ne possédait pas ?

 

 

Traduction du « de Myste-riis » de saint Ambroise, trouvée sur Internet, sans nom de traducteur.

 

Peut-être pourrais-tu dire : « Je vois autre chose. Comment affirmes-tu que je reçois le corps du Christ ? » C'est ce qui nous reste encore à prouver. Comme ils sont donc grands les exemples dont nous nous servons ! Prouvons qu'il ne s'agit pas de ce que la nature a produit, mais de ce que la bénédiction a consacré, que la puissance de la bénédiction est plus grande que celle de la nature, puisque la bénédiction change la nature elle-même. Moïse tenait son bâton, il le jeta devant lui, et il se changea en serpent. De nouveau il prit la queue du serpent qui revint à la nature du bâton. Tu vois donc qu'en vertu de la grâce prophétique la nature a été changée deux fois, celle du serpent et celle du bâton. Les fleuves d'Egypte faisaient couler des flots d'eau claire. Soudain du cours des sources du sang se mit à jaillir, et il n'y avait plus d'eau potable dans les fleuves. De nouveau, à la prière du prophète, le sang s'arrêta, et la nature de l'eau revint. Le peuple hébreu était encerclé de toute part : d'un côté, il était assiégé par les Egyptiens, de l'autre arrêté par la mer. Moïse leva son bâton : l'eau s'ouvrit et se durcit comme des murailles, et un chemin où l'on pouvait marcher apparut entre les flots. Le Jourdain, contrairement à sa nature, remonta vers la source où il prend naissance. N'est-il pas évident que la nature des flots de la mer ou du cours des fleuves a été changée ? Le peuple des pères avait soif. Moïse toucha le rocher (de son bâton), et l'eau coula du rocher . Est-ce que la grâce n'a pas agi d'une manière supérieure à la nature, pour que le rocher vomît de l'eau que ne possédait pas sa nature ?

[91550] Officium Sacerdos, noct. 2 resp. 2 R/. Coenantibus illis accepit Iesus panem, et benedixit, ac fregit, deditque discipulis suis, et ait : Accipite et comedite : hoc est corpus meum. V/. Dixerunt viri tabernaculi mei : quis det de carnibus eius ut saturemur ? Accipite et comedite : hoc est corpus meum. Contra, Qui cum audissent, de sancto Nicholao.

Repons/

Pendant qu’ils soupaient, Jésus prit le pain, le bénit, le rompit, le donna à ses disciples, et dit : Prenez et mangez. Ceci est mon corps.

 

Verset/

Les hommes de ma tente s’écrièrent : qui nous donnera de sa chair pour que nous nous en rassasiions. Prenez, etc.

« Contra » : Comme ils l’avaient entendu, de saint Nicolas.

 

[91551] Officium Sacerdos, noct. 2 l. 6 Lectio sexta : Marath fluvius amarissimus erat, ut sitiens populus bibere non posset. Moyses misit lignum in aquam, et amaritudinem suam aquarum natura deposuit, quam infusa subito gratia temperavit. Sub Helisaeo propheta, uni ex filiis prophetarum excussum est ferrum de securi, et statim immersum est. Rogavit Helisaeum qui amiserat ferrum. Misit etiam Helisaeus lignum in aquam, et ferrum natavit. Utique etiam hoc praeter naturam factum cognovimus. Gravior enim est ferri species, quam aquarum liquor. Advertimus enim maiorem esse gratiam quam naturam, et adhuc tamen propheticae benedictionis miramur gratiam. Quod si tantum valuit humana benedictio ut naturam converteret, quid dicimus de ipsa consecratione divina, ubi ipsa verba domini salvatoris operantur ? Nam sacramentum istud quod accipis, Christi sermone conficitur. Quod si tantum valuit sermo Heliae ut ignem de caelo praeponeret, non valebit sermo Christi ut species mutet elementorum ?

Leçon 6 (Suite du texte de saint Thomas d’Aquin pour l’Office du corps du Christ).

Le fleuve Marath avait des eaux très amères, si bien que le peuple, qui avait soif, de pouvait boire. Moïse jeta du bois dans l’eau, et celle-ci perdit son amertume naturelle, aussitôt tempérée par l’intervention divine. Au temps du prophète Élisée, il arriva ceci à un des fils de prophète : le fer de sa hache se déchaussa et fut englouti aussitôt par les eaux. Celui qui avait perdu le fer de sa hache pria Élisée. Il jeta lui aussi du bois dans l’eau, et le fer de hache surnagea. Nous prenons conscience que, dans ces cas aussi, cela s’est produit contre les lois naturelles. En effet la matière du fer est plus lourde que l’eau. Nous voyons en effet que la force de la grâce est plus grande que celle de la nature, et nous nous étonnons, une fois de plus, de la force divine contenue dans la bénédiction du prophète. Si telle fut la puissance d’une bénédiction humaine qu’elle put changer la nature, que dirons-nous de la consacréation opérée par Dieu lui-même, quand ce sont les paroles mêmes de notre Seigneur et Sauveur qui opèrent ? Car ce sacrement que tu reçois s’accomplit par les paroles du Christ. Si les paroles d’Élie furent assez puissantes pour préférer le feu tombé du ciel, les paroles du Christ ne seront-elles pas assez puissantes pour changer la matière des éléments ?

Traduction du « de Myste-riis » de saint Ambroise, trouvée sur Internet, sans nom de traducteur.

 

Mara était un fleuve très amer, si bien que le peuple altéré ne pouvait en boire. Moïse mit du bois dans l'eau, et la nature des eaux perdit son amertume que la grâce répandue calma subitement. Sous le prophète Elisée, il arriva à un fils de prophète que le fer se détacha de sa cognée et coula. Celui qui avait perdu le fer pria Elisée. Elisée mit aussi le bois dans l'eau, et le fer revint à la surface. Oui, cela se fit aussi, nous le savons, d'une manière supérieure à la nature, car le fer est naturellement plus lourd que le liquide qu'est l'eau. Nous constatons donc que la grâce a une plus grande puissance que la nature, et cependant nous mesurons encore la grâce de la bénédiction prophétique. Si la bénédiction d'un homme a eu une puissance assez grande pour changer la nature, que dirons-nous de la consécration faite par Dieu même, alors que ce sont les paroles mêmes du Sauveur qui agissent ? Car ce sacrement que tu reçois est produit par la parole du Christ. Si la parole d'Elie a eu tant de puissance qu'elle a fait descendre le feu du ciel, la parole du Christ n'aura-t-elle pas la puissance de changer la nature des éléments ?

[91552] Officium Sacerdos, noct. 2 resp. 3 R/. Accepit Iesus calicem postquam coenavit dicens : hic calix novum testamentum est in meo sanguine. Hoc facite in meam commemorationem. V/. Memoria memor ero, et tabescet in me anima mea. Hic calix novum testamentum est in meo sanguine. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper, et in secula seculorum. Amen. Hoc facite in meam commemorationem. Contra, Virtute multa, de sancto Bernardo.

Repons/

Jésus prit le calice après avoir soupé, et dit : "Ce calice est la nouvelle alliance dans mon sang. Faites ceci en mémoire de moi."

 

Verset/

Je repasserai toujours ces choses dans ma mémoire, et mon âme séchera de douleur. "Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang."

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.

Faites ceci en mémoire de moi.

« Contra » : Par la grande vertu, de saint Bernard.

 

In tertio nocturno

                   Office du troisième nocturne

 

[91554] Officium Sacerdos, noct. 3 antiph. 1 Antiphona. Introibo ad altare Dei, sumam Christum qui renovat iuventutem meam. Contra, Ascendo ad patrem meum, de Ascensione.

Antienne 1

"J’entrerai jusqu’à l’autel de Dieu, et je prendrai le Christ qui renouvelle ma jeunesse."

 

Psalmus [91555] Officium Sacerdos, noct. 3 ps. 1 Iudica me, Deus, et discerne causam meam de gente non sancta. Ab homine iniquo et doloso erue me, quia tu es, Deus, fortitudo mea. Quare me reppulisti ? quare tristis incedo, dum adfligit me inimicus ? Emitte lucem tuam et veritatem tuam. Ipsa me deduxerunt, et adduxerunt in montem sanctum tuum, et in tabernacula tua ; Et introibo ad altare Dei, ad Deum, qui laetificat iuventutem meam. Confitebor tibi in cithara. Deus, Deus meus, quare tristis es anima mea ? Et quare conturbas me ? Spera in Deum, quoniam adhuc confitebor illi : salutare vultus mei et Deus meus.

Psaume 42

 

1 Rends-moi justice, ô mon Dieu, défends ma cause contre un peuple sans foi ; de l'homme qui ruse et trahit, libère-moi.

2 C'est toi, Dieu, ma forteresse : pourquoi me rejeter ? Pourquoi vais-je assombri, pressé par l'ennemi ?

3 Envoie ta lumière et ta vérité : qu'elles guident mes pas et me conduisent à ta montagne sainte, jusqu'en ta demeure.

4 J'avancerai jusqu'à l'autel de Dieu, vers Dieu qui est la joie de ma jeunesse ;  je te rendrai grâce avec ma harpe, Dieu, mon Dieu !

5Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir au-dedans de moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu !

 

[91556] Officium Sacerdos, noct. 3 antiph. 2 Antiphona. Cibavit nos dominus ex adipe frumenti, et de petra melle saturavit nos. Contra, O per omnia laudabilem virum, de sancto Nicholao.

Antienne 2

 

Il nous a nourris du plus pur froment, et il nous a rassasiés du miel des rochers.

« Contra » : O l’homme digne de louanges, de saint Nicolas.

Traduction Vatican II, 1965

Le Seigneur a nourri son peuple de la fleur du froment, Alleluia, et il l’a rassasié du miel du rocher, Alleluia

Psalmus [91557] Officium Sacerdos, noct. 3 ps. 2 Exultate Deo adiutori nostro, iubilate Deo Iacob. Sumite psalmum et date tympanum, psalterium iucundum cum cithara, bucinate in neomenia tuba, in insigni die sollemnitatis nostrae ; quia praeceptum Israhel est, et iudicium Dei Iacob. Testimonium in Ioseph posuit illud. Cum exiret de terra Aegypti, linguam quam non noverat audivit. Devertit ab oneribus dorsum eius. Manus eius in cofino servierunt. In tribulatione invocasti me, et liberavi te. Exaudivi te in abscondito tempestatis. Probavi te apud aquam contradictionis. Audi populus meus, et contestabor te. Israhel, si audias me, non erit in te Deus recens, nec adorabis Deum alienum. Ego enim sum dominus Deus tuus, qui eduxi te de terra Aegypti. Dilata os tuum et implebo illud ; et non audivit populus meus vocem meam, et Israhel non intendit mihi, et dimisi illos secundum desideria cordis eorum. Ibunt in adinventionibus suis. Si populus meus audisset me, Israhel si in viis meis ambulasset, pro nihilo forsitan inimicos eorum humiliassem, et super tribulantes eos misissem manum meam. Inimici domini mentiti sunt ei, et erit tempus eorum in saeculo, et cibavit illos ex adipe frumenti, et de petra melle saturavit illos.

Psaume 80

 

2 Criez de joie pour Dieu, notre force, acclamez le Dieu de Jacob.

3 Jouez, musiques, frappez le tambourin, la harpe et la cithare mélodieuse.

4 Sonnez du cor pour le mois nouveau, quand revient le jour de notre fête.

5 C’est là, pour Israël, une règle, une ordonnance du Dieu de Jacob ;

6 Il en fit, pour Joseph, un statut quand il marcha contre la terre d’Égypte. J’entends des mots qui m’étaient inconnus :

7 « J’ai ôté le poids qui chargeait ses épaules ; ses mains ont déposé la corbeille.

8 « Quand tu criais sous l’oppression, je t’ai sauvé ; je répondais, caché dans l’orage, je t’éprouvais près des eaux de Mériba.

9 « Écoute, je t’adjure, ô mon peuple ; vas-tu m’écouter, Israël ?

10Tu n’auras pas chez toi d’autres dieux, tu ne serviras aucun dieu étranger.

11 « C’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait monter de la terre d’Égypte ! Ouvre ta bouche, moi, je l’emplirai.

12« Mais mon peuple n’a pas écouté ma voix, Israël n’a pas voulu de moi.

13Je l’ai livré aux penchants de leur coeur : qu’il aille et suive ses vues !

14 « Ah ! Si mon peuple m’écoutait, Israël, s’il allait sur mes chemins !

15 Aussitôt j’humilierais ses ennemis, contre ses oppresseurs je tournerais ma main.

16 « Mes adversaires s’abaisseraient devant lui ; tel serait leur sort à jamais !

17 Je le nourrirais de la fleur du froment,  je le rassasierais avec le miel du rocher ! »

 

[91558] Officium Sacerdos, noct. 3 antiph. 3 Antiphona. Ex altari tuo domine Christum sumimus, in quem cor et caro nostra exsultant. Contra, Gloriam mundi sprevi, de sancto Nicholao.

Antienne 3

 

Seigneur, nous prenons le Christ de votre autel, et il fait tressaillir de joie notre coeur et notre chair.

« Contra » : J’ai méprisé la gloire du monde, de saint Nicolas.

 

Psalmus [91559] Officium Sacerdos, noct. 3 ps. 3 Quam dilecta tabernacula tua, domine virtutum. Concupiscit et defecit anima mea in atria domini. Cor meum et caro mea exultavit in Deum vivum : Etenim passer invenit sibi domum, et turtur nidum sibi, ubi ponat pullos suos : altaria tua, domine virtutum, rex meus et Deus meus. Beati qui habitant in domo tua, in saecula saeculorum laudabunt te. Beatus vir cui est auxilium abs te : ascensiones in corde suo disposuit in valle lacrimarum, in loco quem posuit. Etenim benedictiones dabit legis dator : ibunt de virtute in virtutem. Videbitur Deus deorum in Sion. Domine, Deus virtutum, exaudi orationem meam. Auribus percipe, Deus Iacob. Protector noster, aspice, Deus, et respice in faciem christi tui : quia melior est dies una in atriis tuis super milia, elegi abiectus esse in domo Dei mei, magis quam habitare in tabernaculis peccatorum : quia misericordiam et veritatem diligit Deus, gratiam et gloriam dabit dominus. Non privabit bonis eos qui ambulant in innocentia. Domine virtutum, beatus vir qui sperat in te.

Psaume 83

 

2 De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l’univers !

3 Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ; mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant !

4 L’oiseau lui-même s’est trouvé une maison, et l’hirondelle, un nid pour abriter sa couvée : tes autels, Seigneur de l’univers, mon Roi et mon Dieu !

5 Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter dans les siècles des siècles !

6 Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur !

7 Quand ils traversent la vallée de larmes, ils la changent en source ; le Législateur les comblera de bénédictions!

8 Ils vont de hauteur en hauteur, ils se présentent devant Dieu à Sion.

9 Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ; prête l’oreille, Dieu de Jacob.

10 Dieu, sois notre bouclier, regarde le visage de ton messie.

11 Oui, un jour dans tes parvis en vaut plus que mille. J’ai choisi de me tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu, plutôt que d’habiter parmi les infidèles.

12 Le Seigneur Dieu aime la miséricorde et la vérité ; le Seigneur donne la grâce, il donne la gloire. Jamais il ne refuse le bonheur à ceux qui sont sans reproche.

13 Seigneur, Dieu de l’univers, heureux qui espère en toi !

 

[91560] Officium Sacerdos, noct. 3 v. 1 V/. Educas panem de terra, alleluia. R/. Et vinum laetificet cor hominis, alleluia.

Verset/

Tirez le pain de la terre, alleluia.

 

Repons/

et que le vin réjouisse le coeur de l’homme, alleluia.

 

[91561] Officium Sacerdos, noct. 3 l. 7 n. 1 Lectio septima : Secundum Ioannem :

In illo tempore dixit Iesus discipulis suis et turbis Iudaeorum : Caro mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus. Qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in illo. Sicut misit me vivens Pater, et ego vivo propter patrem, et qui manducat me et ipse vivet propter me.

Leçon 7

 

Evangile selon saint Jean 6, 55

 

En ce temps-là Jésus dit à ses disciples et à la foule des Juifs : Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson.

Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.

De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.

[Voici le pain descendu du ciel; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts; qui mange ce pain vivra à jamais."]

 

[91562] Officium Sacerdos, noct. 3 l. 7 n. 2 Omelia beati Augustini episcopi de eadem lectione :

Cum enim cibo et potu id appetant homines ut non esuriant neque sitiant, hoc vere non praestat nisi iste cibus et potus, qui eos a quibus sumitur immortales et incorruptibiles facit, id est societas ipsorum sanctorum, ubi pax erit et unitas plena atque perfecta.

 

Propterea quippe sicut etiam ante nos intellexerunt homines Dei, dominus noster Iesus Christus corpus et sanguinem suum in eis rebus commendavit quae ad unum aliquid rediguntur. Ex multis namque granis unus panis conficitur et ex multis racemis vinum confluit.

Homélie du bienheureux évêque Augustin sur cette même lecture.

 

Comme les hommes demandent à la nourriture et à la boisson qu’ils prennent qu’elles les empêchent d’avoir faim et soif, il n’y a véritablement que cette nourriture et ce breuvage qui aient ce résultat; ils rendent immortelles et incorruptibles ceux qui les prennent, c’est-à-dire qu’ils en font la société même des saints où régnera la paix et l’unité pleine et parfaite. C’est pour cela, comme le comprirent avant nous les hommes de Dieu, que notre Seigneur Jésus-Christ confia son corps et son sang à des choses qui ne forment qu’un tout. Un pain est en effet composé d’un grand nombre de grains, et le vin provient d’un grand nombre de grappes de raisins.

 

[91563] Officium Sacerdos, noct. 3 resp. 1 R/. Qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in illo. V/. Non est alia natio tam grandis quae habeat deos appropinquantes sibi sicut Deus noster adest nobis. In me manet, et ego in illo. Contra, Felix vitis, de sancto Dominico.

Repons/

"Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui."

 

Verset/

"Il n’y a pas d’autre nation si grande qui ait des dieux qui s’approchent d’elle si près, que notre Dieu s’approche de nous. En moi, etc."

« Contra » : Heureuse vigne, de saint Dominique

 

[91564] Officium Sacerdos, noct. 3 l. 8 Lectio octava :

Denique iam exponit quomodo id fiat quod loquitur et quid sit manducare corpus eius et sanguinem bibere. Et qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem in me manet et ego in eo. Hoc est ergo manducare illam escam et illum bibere potum, in Christo manere et illum manentem in se habere. Ac per hoc qui non manet in Christo et in quo non manet Christus, procul dubio non manducat spiritualiter eius carnem, licet carnaliter et visibiliter premat dentibus sacramenta corporis et sanguinis Christi. Sed magis tantae rei sacramentum ad iudicium sibi manducat et bibit qui immundus praesumpsit ad Christi accedere sacramenta, qui alius non digne sumit nisi qui mundus est de quibus dicitur : Beati mundo corde quoniam ipsi Deum videbunt.

Leçon 8 (Suite de l’homélie de saint Augustin).

 

Enfin il expose comment se fait ce qu’il dit, et ce que c’est que manger son corps et boire son sang. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Manger cette nourriture et boire ce breuvage n’est donc pas autre chose que demeurer en Jésus-Christ et que de l’avoir en soi comme un hôte. Par conséquent, celui qui ne demeure pas en Jésus-Christ, et en qui il n’habite pas lui-même, ne mange assurément pas spirituellement sa chair, bien que charnellement et visiblement il presse sous ses dents les sacrements du corps et du sang du Christ. Mais il mange et boit plutôt à sa condamnation ce grand sacrement celui qui, sans s’être purifié, ose s’approcher du sacrement de Jésus-Christ; puisque celui-là seul le reçoit dignement, qui est pur. C’est de ceux-là qu’il est dit :  Bienheureux ceux dont le coeur est pur, parce qu’ils verront Dieu.

 

[91565] Officium Sacerdos, noct. 3 resp. 2 R/. Misit me pater vivens et ego vivo propter patrem, et qui manducat me, vivet propter me. V/. Cibavit eum dominus pane vitae et intellectus. Et qui manducat me, vivet propter me. Contra, Verbum caro factum est, de Circumcisione.

Repons/

"Mon Père qui m’a envoyé est vivant, et moi je vis par mon Père, de même celui qui me mange vivra par moi."

 

Verset/

"Le Seigneur l’a nourri du pain de la vie et de l’intelligence. Et celui qui me mange, etc…"

Contra : « Le Verbe s’est fait chair », de la Circoncision.

 

[91566] Officium Sacerdos, noct. 3 l. 9 Lectio nona :

Sicut me misit, inquit, vivens pater et ego vivo propter patrem, et qui manducat me, et ipse vivet propter me. Non enim filius participatione patris fit melior, qui est natus aequalis, sicut participatione filii, per unitatem corporis et sanguinis, quam illa manducatio potatioque significat, efficit nos meliores. Vivimus ergo nos propter ipsum manducantes eum, idest ipsum accipientes vitam aeternam quam non habemus ex nobis. Vivit autem ipse propter pater missus ab eo, quia semetipsum exinanivit factus obediens usque ad signum crucis. Sicut misit me vivens pater et ego vivo propter Patrem, et qui manducat me et ipse vivet propter me. Ac si diceret : et ego vivo propter patrem, id est, ut ad illum tamquam ad maiorem referam vitam meam exinanitio mea fecit in qua me misit. Ut autem quisque vivat propter me, participatio facit, qui manducat me. Ego itaque humiliatus vivo propter patrem, ille rectus vivit propter me. Non de ea natura dixit qua semper est aequalis patri, sed ea in qua minor factus est patre de qua etiam superius dixit : Sicut pater habet vitam in semetipso sic dedit et filio vitam habere in semetipso, id est genuit filium habentem vitam in semetipso.

Leçon 9 (Suite de l’homélie de saint Augustin).

 

Comme mon Père qui m’a envoyé est vivant, et moi je vis par lui, de même celui qui me mange vivra par moi. Le Fils ne devient pas meilleur par sa participation avec le Père, puisqu’il lui est égal; comme nous devenons meilleurs, nous, par la participation du Fils, par l’union du corps et du sang que signifie cette action de manger et de boire. Lorsque nous le mangeons, nous vivons donc par lui, c’est-à-dire par Jésus-Christ, recevant la vie éternelle que nous ne possédons pas par nous-mêmes. Quant à lui, il vivra par le Père qui l’a envoyé, parce qu’il s’est abaissé lui-même, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort de la croix. Comme mon Père qui est vivant m’a envoyé, et moi je vis par mon Père, de même celui qui me mange vivra par moi. C’est comme s’il disait : Et moi je vis par mon Père. C’est-à-dire, il faut que je lui rapporte ma vie comme à Quelqu’un qui est plus grand : Il a fait l’abaissement dans lequel il m’a envoyé; mais ce qui fait que chacun vit par moi, c’est qu’il participe à moi en me mangeant. Quant à moi, humilié, je vis par mon Père, et lui, dans sa grandeur, vit par moi. Il ne dit pas cela de cette nature par laquelle il est toujours égal au Père, mais bien de celle en laquelle il lui est inférieur, et dont il a dit plus haut : Comme le Père a la vie en soi, de même il a donné au Fils de l’avoir aussi en lui-même, c’est-à-dire qu’il a engendré un Fils qui possède la vie en lui-même.

 

[91567] Officium Sacerdos, noct. 3 resp. 3 R/. Unus panis et unum corpus multi sumus. Omnes qui de uno pane et de uno calice participamus. V/. Parasti in dulcedine tua pauperi Deus, qui habitare facis unanimes in domo. Omnes qui de uno pane et de uno calice participamus. Gloria patri et filio et spiritui sancto. Et de uno calice participamus. Contra, Ex eius tumba, de sancto Nicholao.

Repons/

Nous ne sommes tous ensemble qu’un seul pain et un seul corps, parce que nous participons tous à un même pain et à un même calice.

 

Verset/

Vous avez préparé, ô Dieu ! par un effet de votre douceur, une nourriture pour le pauvre; vous les faites habiter tous dans votre maison. Tous, nous participons, etc.

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.

Nous participons tous, etc.

« Contra » : De sa sépulture, de saint Nicolas.

 

[91568] Officium Sacerdos, noct. 3 v. 2 V/. Panem de caelo praestitisti eis. R/. Omne delectamentum in se habentem.

Verset/

Il leur a donné le pain du ciel...

 

Répons/

…qui contient en lui toutes les douceurs.

 

 

 

 

In quarto nocturno pro monachis

                   Quatrième nocturne (pour les moines)

 

[91570] Officium Sacerdos, noct. 4 antiph. 1 Antiphona. Memoriam fecit mirabilium suorum misericors et miserator dominus, escam dedit timentibus se, alleluia.

Antienne 1

 

De ses merveilles il a laissé un mémorial, le Seigneur qui est tendresse et pitié.

Il a donné des vivres à ceux qui le craignent, alleluia

 

 

Psalmus [91571] Officium Sacerdos, noct. 4 ps. 1 Domine, exaudi orationem meam, et clamor meus ad te veniat. Non avertas faciem tuam a me. In quacumque die tribulor, inclina ad me aurem tuam. In quacumque die invocavero te, velociter exaudi me : quia defecerunt sicut fumus dies mei, et ossa mea sicut gremium aruerunt. Percussum est ut faenum et aruit cor meum, quia oblitus sum comedere panem meum. A voce gemitus mei adhesit os meum carni meae. Similis factus sum pelicano solitudinis. Factus sum sicut nycticorax in domicilio. Vigilavi, et factus sum sicut passer solitarius in tecto. Tota die exprobrabant mihi inimici mei, et qui laudabant me adversus me iurabant : quia cinerem tamquam panem manducavi, et poculum meum cum fletu miscebam a facie irae et indignationis tuae : quia elevans adlisisti me. Dies mei sicut umbra declinaverunt, et ego sicut faenum arui. Tu autem, domine, in aeternum permanes, et memoriale tuum in generationem et generationem. Tu exsurgens misereberis Sion, quia tempus miserendi eius, quia venit tempus, quoniam placuerunt servis tuis lapides eius, et terrae eius miserebuntur ; et timebunt gentes nomen domini, et omnes reges terrae gloriam tuam : quia aedificabit dominus Sion, et videbitur in gloria sua. Respexit in orationem humilium, et non sprevit precem eorum. Scribantur haec in generationem alteram, et populus qui creabitur laudabit dominum : quia prospexit de excelso sancto suo. Dominus de caelo in terram aspexit ut audiret gemitum conpeditorum, ut solvat filios interemptorum, ut adnuntiet in Sion nomen domini, et laudem suam in Hierusalem in conveniendo populos in unum, et reges ut serviant domino. Respondit ei in via virtutis suae. Paucitatem dierum meorum nuntia mihi. Ne revoces me in dimidio dierum meorum, in generationem et generationem anni tui. Initio tu, domine, terram fundasti, et opera manuum tuarum sunt caeli. Ipsi peribunt, tu autem permanes, et omnes sicut vestimentum veterescent, et sicut opertorium mutabis eos, et mutabuntur. Tu autem idem ipse es, et anni tui non deficient. Filii servorum tuorum habitabunt, et semen eorum in saeculum dirigetur.

Psaume 101

 

2 Seigneur, entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu'à toi !

3 Ne me cache pas ton visage le jour où je suis en détresse ! Le jour où j'appelle, écoute-moi ; viens vite, réponds-moi !

4 Mes jours s'en vont en fumée, mes os comme un brasier sont en feu ;

5 mon coeur est frappé et se dessèche comme l'herbe fauchée, j'oublie de manger mon pain ; à force de crier ma plainte, ma peau colle à mes os.

7 Je ressemble au pélican du désert, je suis pareil à la hulotte des ruines :

8 je veille la nuit, comme un oiseau solitaire sur un toit.

9 Tout le jour, mes ennemis m'outragent ; eux qui me louaient, ils me maudissent.

10 La cendre est le pain que je mange, je mêle à ma boisson mes larmes.

11 Dans ton indignation, dans ta colère, tu m'as saisi et rejeté :

12 mes jours sont comme l’ombre à son déclin, et moi, je me dessèche comme l'herbe.

13 Mais toi, Seigneur, tu es là pour toujours ; d'âge en âge on fera mémoire de toi.

14 Toi, tu tu te lèveras et tu montreras ta tendresse pour Sion ; il est temps de la prendre en pitié : l'heure est venue.

15 Tes serviteurs ont pitié de ses ruines, ils aiment jusqu'à sa poussière.

16 Les nations craindront le nom du Seigneur, et tous les rois de la terre, sa gloire :

17 quand le Seigneur rebâtira Sion, quand il apparaîtra dans sa gloire,

18 il se tournera vers la prière du spolié, il n'aura pas méprisé sa prière.

19 Que cela soit écrit pour l'âge à venir, et le peuple à nouveau créé chantera son Dieu :

20 " Des hauteurs, son sanctuaire, le Seigneur s'est penché ; du ciel, il regarde la terre

21 pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir. "

22 On publiera dans Sion le nom du Seigneur et sa louange dans tout Jérusalem,

23 au rassemblement des royaumes et des peuples qui viendront servir le Seigneur.

24 Il a brisé ma force en chemin, réduit le nombre de mes jours.

25 Et j'ai dit : " Mon Dieu, ne me prends pas au milieu de mes jours ! " Tes années recouvrent tous les temps :

26 autrefois tu as fondé la terre ; le ciel est l'ouvrage de tes mains.

27 Ils passent, mais toi, tu demeures : ils s'usent comme un habit, l'un et l'autre ; tu les remplaces comme un vêtement.

28 Toi, tu es le même ; tes années ne finissent pas.

29 Les fils de tes serviteurs trouveront un séjour, et devant toi se maintiendra leur descendance.

 

[91572] Officium Sacerdos, noct. 4 antiph. 2 Antiphona. Memoria mea in generationes saeculorum : qui edunt me adhuc esurient, et qui bibunt me adhuc sitient, alleluia.

Antienne 2

Mon mémorial dans les siècles des siècles : ceux qui me mangent auront encore faim ; ceux quime boivent auront encore soif, alleluia.

 

 

Psalmus [91573] Officium Sacerdos, noct. 4 ps. 2 Benedic, anima mea, domino. Domine Deus meus, magnificatus es vehementer. Confessionem et decorem induisti, amictus lumine sicut vestimento, extendens caelum sicut pellem : qui tegis in aquis superiora eius, qui ponis nubem ascensum tuum, qui ambulas super pinnas ventorum, qui facis Angelos tuos spiritus et ministros tuos ignem urentem, qui fundasti terram super stabilitatem suam : non inclinabitur in saeculum saeculi. Abyssus sicut vestimentum amictus eius, super montes stabunt aquae. Ab increpatione tua fugient, a voce tonitrui tui formidabunt. Ascendunt montes et descendunt campi in locum quem fundasti eis. Terminum posuisti quem non transgredientur, neque convertentur operire terram. Qui emittis fontes in convallibus : inter medium montium pertransibunt aquae potabunt omnes bestiae agri, expectabunt onagri in siti sua. Super ea volucres caeli habitabunt, de medio petrarum dabunt vocem. Rigans montes de superioribus suis, de fructu operum tuorum satiabitur terra producens faenum iumentis, et herbam servituti hominum, ut educas panem de terra, et vinum laetificat cor hominis, ut exhilaret faciem in oleo, et panis cor hominis confirmat. Saturabuntur ligna campi, et cedri Libani quas plantavit. Illic passeres nidificabunt : erodii domus dux est eorum. Montes excelsi cervis, petra refugium erinaciis. Fecit lunam in tempora, sol cognovit occasum suum, posuisti tenebras, et facta est nox : in ipsa pertransibunt omnes bestiae silvae, catuli leonum rugientes ut rapiant, et quaerant a Deo escam sibi : ortus est sol, et congregati sunt, et in cubilibus suis conlocabuntur. Exibit homo ad opus suum, et ad operationem suam usque ad vesperum.

 

 

 

Quam magnificata sunt opera tua, domine : omnia in sapientia fecisti. Impleta est terra possessione tua. Hoc mare magnum et spatiosum manibus, illic reptilia quorum non est numerus, animalia pusilla cum magnis. Illic naves pertransibunt. Draco iste, quem formasti ad inludendum ei. Omnia a te expectant, ut des illis escam in tempore. Dante te, illis colligent. Aperiente te manum tuam, omnia implebuntur bonitate. Avertente autem te, faciem turbabuntur. Auferes spiritum eorum, et deficient, et in pulverem suum revertentur. Emittes spiritum tuum, et creabuntur, et renovabis faciem terrae. Sit gloria domini in saeculum. Laetabitur dominus in operibus suis, qui respicit terram, et facit eam tremere, qui tangit montes, et fumigant. Cantabo domino in vita mea. Psallam Deo meo quamdiu sum : iucundum sit ei eloquium meum. Ego vero delectabor in domino. Deficiant peccatores a terra, et iniqui. ita ut non sint. Benedic, anima mea, domino.

Psaume 103

 

1 Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! Revêtu de magnificence,

2 tu as pour manteau la lumière ! Comme une tenture, tu déploies les cieux,

3 tu couvres ses hauteurs par les eaux ; des nuées, tu te fais un char, tu t'avances sur les ailes du vent ;

4 tu prends les vents pour messagers, pour serviteurs, les flammes des éclairs.

5 Tu as donné son assise à la terre : qu'elle reste inébranlable au cours des temps.

6 L’abîme, comme un vêtement, est son enveloppe : les eaux couvraient même les montagnes ;

7 à ta menace, elles prennent la fuite, effrayées par le tonnerre de ta voix.

8 Les montagnes surgissent, se ruent dans les vallées vers le lieu que tu leur as préparé.

9 Tu leur imposes la limite à ne pas franchir : qu'elles ne reviennent jamais couvrir la terre. 10 Dans les ravins tu fais jaillir des sources et l'eau chemine aux creux des montagnes ;

11 elle abreuve les bêtes des champs : l'âne sauvage attend qu’elle jaillisse ;

12 les oiseaux du ciel séjournent près d'elle : au milieu des rochers on entend leurs cris.

13 De tes demeures tu abreuves les montagnes, et la terre se rassasie du fruit de tes oeuvres ;

14 tu fais pousser l’herbe pour les troupeaux, et les plantes pour l'homme qui travaille. De la terre il tire son pain :

15 le vin qui réjouit le coeur de l'homme, l'huile qui adoucit son visage, et le pain qui fortifie le coeur de l'homme.

16 Les arbres du Seigneur se rassasient, les cèdres qu'il a plantés au Liban ;

17 c'est là que vient nicher le passereau, et la demeure du héron est leur chef ;

18 aux chamois, les hautes montagnes, aux hérissons, l'abri des rochers.

19 Tu fis la lune qui marque les temps et le soleil qui connaît l'heure de son coucher.

20 Tu fais descendre les ténèbres, la nuit vient : les animaux dans la forêt s'éveillent ;

21 le lionceau rugit vers sa proie, il réclame à Dieu sa nourriture.

22 Quand paraît le soleil, ils se retirent : chacun gagne son repaire.

23 L'homme sort pour son ouvrage, pour son travail, jusqu'au soir.

24 Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur ! Tout cela, ta sagesse l'a fait ; la terre s'emplit de tes biens.

25 Voici la mer, grande et vaste en tous sens, son grouillement innombrable d'animaux grands et petits,

26 ses bateaux qui voyagent, et Léviathan que tu fis pour qu'il serve à tes jeux.

27 Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture au temps voulu.

28 Tu donnes : eux, ils ramassent ; tu ouvres la main : ils sont comblés de ta bonté.

29 Tu caches ton visage : ils s'épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière.

30 Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre.

31 Gloire au Seigneur à tout jamais ! Que Dieu se réjouisse en ses oeuvres !

32 Il regarde la terre : elle tremble ; il touche les montagnes : elles brûlent.

33 Je veux chanter au Seigneur tant que je vis ; je veux jouer pour mon Dieu tant que j’existerai.

34 Que mon poème lui soit agréable ; moi, je me réjouis dans le Seigneur.

35 Que les pécheurs disparaissent de la terre ! Que les impies n'existent plus ! Bénis le Seigneur, ô mon âme !

 

[91574] Officium Sacerdos, noct. 4 antiph. 3 Antiphona. Qui habet aures audiendi audiat quid spiritus Dei dicat ecclesiis : vincenti dabo manna absconditum, alleluia.

Antienne 3

 

Que celui qui a des oreilles pour entendre écoute ce que l’Esprit de Dieu dit à son Église : Je donnerai au vainqueur la manne cachée. Alleluia.

 

Psalmus [91575] Officium Sacerdos, noct. 4 ps. 3 Confitemini domino, et invocate nomen eius. Adnuntiate inter gentes opera eius. Cantate ei, et psallite ei. Narrate omnia mirabilia eius. Laudamini in nomine sancto eius. Laetetur cor quaerentium dominum. Quaerite dominum, et confirmamini. Quaerite faciem eius semper. Mementote mirabilium eius : quae fecit prodigia eius, et iudicia oris eius. Semen Abraham, servi eius, filii Iacob, electi eius : ipse dominus Deus noster. In universa terra iudicia eius. Memor fuit in saeculum testamenti sui, verbi quod mandavit in mille generationes, quod disposuit ad Abraham, et iuramenti sui ad Isaac ; et statuit illud Iacob in praeceptum et Israhel in testamentum aeternum, dicens : tibi dabo terram Chanaan, funiculum hereditatis vestrae, cum essent numero breves, paucissimos et incolas eius. Et pertransierunt de gente in gentem, et de regno ad populum alterum. Non reliquit hominem nocere eis, et corripuit pro eis reges : nolite tangere christos meos, et in prophetis meis nolite malignari. Et vocavit famem super terram : omne firmamentum panis contrivit. Misit ante eos virum, in servum venundatus est Ioseph. Humiliaverunt in conpedibus pedes eius, ferrum pertransiit anima eius, donec veniret verbum eius. Eloquium domini inflammavit eum. Misit rex, et solvit eum ; princeps populorum, et dimisit eum. Constituit eum dominum domus suae, et principem omnis possessionis suae, ut erudiret principes eius sicut semet ipsum, et senes eius prudentiam doceret.

 

 

 

Et intravit Israhel in Aegyptum, et Iacob accola fuit in terra Cham ; et auxit populum eius vehementer, et firmavit eum super inimicos eius. Convertit cor eorum ut odirent populum eius, ut dolum facerent in servos eius. Misit Mosen servum suum, Aaron quem elegit ipsum. Posuit in eis verba signorum suorum, et prodigiorum in terra Cham. Misit tenebras, et obscuravit, et non exacerbavit sermones suos. Convertit aquas eorum in sanguinem, et occidit pisces eorum. Dedit terra eorum ranas in penetrabilibus regum ipsorum. Dixit et venit cynomia, et scinifes in omnibus finibus eorum. Posuit pluvias eorum grandinem, ignem conburentem in terra ipsorum ; et percussit vineas eorum et ficulneas eorum, et contrivit lignum finium eorum. Dixit et venit lucusta, et bruchus cuius non erat numerus ; et comedit omne faenum in terra eorum, et comedit omnem fructum terrae eorum ; et percussit omne primogenitum in terra eorum, primitias omnis laboris eorum ; et eduxit eos in argento et auro, et non erat in tribubus eorum infirmus. Laetata est Aegyptus in profectione eorum, quia incubuit timor eorum super eos. Expandit nubem in protectionem eorum, et ignem ut luceret eis per noctem. Petierunt et venit coturnix, et panem caeli saturavit eos. Disrupit petram, et fluxerunt. Aquae abierunt in sicco flumina, quoniam memor fuit verbi sancti sui quod habuit ad Abraham puerum suum ; et eduxit populum suum in exultatione, et electos suos in laetitia ; et dedit illis regiones gentium, et labores populorum possederunt, ut custodiant iustificationes eius, et legem eius requirant.

Psaume 104

 

1 Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ; 2 chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles ;

3 glorifiez-vous de son nom très saint : joie pour les coeurs qui cherchent Dieu !

4 Cherchez le Seigneur et soyez forts, recherchez sans trêve sa face ;

5 souvenez-vous des merveilles qu'il a faites, de ses prodiges, des jugements qu'il prononça,

6 vous, la race d'Abraham son serviteur, les fils de Jacob, qu'il a choisis.

7 Le Seigneur, c'est lui notre Dieu : ses jugements font loi pour l'univers.

8 Il s'est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille générations :

9 promesse faite à Abraham, garantie par serment à Isaac,

10 érigée en loi avec Jacob, alliance éternelle pour Israël.

11Il a dit : " Je vous donne le pays de Canaan, ce sera votre part d'héritage. »

12 En ces temps-là, ils étaient peu nombreux : c'était une poignée d'immigrants ;

13 ils allaient de nation en nation, d'un royaume vers un autre royaume.

14 Mais Dieu ne souffrait pas qu'on les opprime ; à cause d'eux, il châtiait des rois :

15 " Ne touchez pas à ceux qui me sont consacrés, ne maltraitez pas mes prophètes ! "

16 Il appela sur le pays la famine, le privant de toute ressource.

17 Mais devant eux il envoya un homme, Joseph, qui fut vendu comme esclave.

18 On lui met aux pieds des entraves, le fer transperça son âme ;

19 jusqu'au jour où s'accomplit sa prédiction et où la parole de Dieu le justifia.

20 Le roi ordonne qu'il soit relâché, le maître des peuples, qu'il soit libéré.

21 Il fait de lui le chef de sa maison, le maître de tous ses biens,

22 pour qu’il instruise les princes de l’Égypte, comme lui-même était instruit, et qu'il apprenne la sagesse aux anciens.

23 Alors Israël entre en Égypte, Jacob émigre au pays de Cham.

24 Dieu rend son peuple nombreux et plus puissant que tous ses adversaires ;

25 ceux-là, il les fait se raviser, haïr son peuple et tromper ses serviteurs.

26 Mais il envoie son serviteur, Moïse, avec un homme de son choix, Aaron,

27 il mit en eux les paroles de ses prodiges et de ses miracles au pays de Cham.

28 Il envoie les ténèbres, tout devient ténèbres : nul ne résiste à sa parole ;

29 il change les eaux en sang et fait périr les poissons.

30 Des grenouilles envahissent le pays jusque dans les chambres de leurs rois.

31 Il parle, et la vermine arrive : des moustiques, sur toute la contrée.

32 Au lieu de la pluie, il donne la grêle, des éclairs qui incendient les champs ;

33 il frappe les vignes et les figuiers, il brise les arbres du pays.

34 Il parle, et les sauterelles arrivent, des insectes en nombre infini

35 qui mangent toute l'herbe du pays, qui mangent le fruit de leur sol.

36 Il frappe les fils aînés du pays, les prémises de toute leur vigueur ;

37 il fait sortir les siens chargés d'argent et d'or ; pas un n'a flanché dans leurs tribus !

38 Et l'Égypte se réjouit de leur départ, car ils l'avaient terrorisée.

39 Il étend une nuée pour les couvrir ; la nuit, un feu les éclaire.

40 A leur demande, il fait passer des cailles, il les rassasie du pain venu des cieux ;

41 il ouvre le rocher : l'eau jaillit, un fleuve coule au désert.

42 Il s'est ainsi souvenu de la parole sacrée et d'Abraham, son serviteur ;

43 il a fait sortir en grande fête son peuple, ses élus, avec des cris de joie !

44 Il leur a donné les terres des nations, en héritage, le travail des peuples,

45 pourvu qu'ils gardent ses volontés et qu'ils observent ses lois.

 

[91576] Officium Sacerdos, noct. 4 v. 1 V/. Comedi favum cum melle meo, alleluia. R/. Bibi vinum cum lacte meo, alleluia.

Verset/

J’ai mangé mon rayon avec mon miel, alleluia.

 

Repons/

j’ai bu mon vin avec mon lait, alleluia.

 

[91577] Officium Sacerdos, noct. 4 l. 10 Lectio decima [Ambrosius : de Mysteriis] : De totius mundi operibus legisti quia ipse dixit et facta sunt, ipse mandavit et creata sunt. Sermo igitur qui potuit ex nihilo facere quod non erat, non potuit ea quae sunt in id mutare quod non erant* ? Non est enim minus dare, quam mutare novas naturas rebus. Sed quid ? Cuius argumentis utimur ?, suis utamur exemplis, incarnationisque struamus mysterii veritatem. Numquid naturae usus persensit, cum dominus Iesus ex Maria nasceretur ? Si ordinem quaerimus, viro mixta femina generare consuevit. Liquet igitur quod praeter naturae ordinem virgo generavit. Et hoc quod conficimus, corpus ex virgine est. Quid hic quaeris naturae ordinem in Christi corpore, cum praeter naturam sit ipse dominus Iesus partus ex virgine ? Vera utique caro Christi quae crucifixa, quae sepulta est. Vere ergo illius carnis sacramentum est. Ipse clamat dominus noster Iesus : hoc est corpus meum. Ante benedictionem verborum caelestium, alia species nominatur; post consecrationem, corpus significatur. Ipse dicit sanguinem suum. Ante consecrationem aliud dicitur; post consecrationem sanguis Christi nuncupatur. Tu dicis : amen : hoc verum est. Quod sermo sonat, affectus sentiat.

Leçon 10 (Saint Ambroise, livre des Mystères, livre 1).

 

 

De toutes les choses que contient le monde entier, tu as lu : « Il dit, et les choses furent ; il ordonna, et elles furent créées ». La parole qui a pu faire de rien ce qui n’existait pas n’a-t-elle donc pas pu changer des choses qui existait en ce qui n’existait pas ? [* la phrase n’est compréhensible qu’avec la leçon « erat » et non « erant ».] En effet, ce n’est pas un moindre don que d’attribuer aux choses une nature nouvelle. Mais quoi ? De quelles preuves nous servons-nous ? Nous utilisons leurs exemples et édifions la vérité du mystère de l’Incarnation. La nature, dans son fonctionnement, a-t-elle ressenti quelque chose quand le Seigneur Jésus est né de Marie ? Si c’est un ordre que nous cherchons, il est habituel qu’une femme, accouplée à un homme, mette (un enfant) au monde. Il est donc évident que la Vierge a enfanté en dehors du cours de la nature. Et ce que nous constatons, c’est que ce corps est né d’une vierge. Pourquoi, dans ce cas-ci, cherches-tu un ordre naturel dans le corps du Christ, alors que c’est, en dépit des lois de la nature, que le Seigneur Jésus est né d’une vierge ? Le vrai corps charnel du Christ a été crucifié, a été enseveli. Il s’agit donc du véritable sacrement de ce corps charnel. C’est d’ailleurs ce que proclame Notre Seigneur Jésus lui-même : « ceci est mon corps ». Avant la bénédiction qui répète ces paroles célestes, on l’appelle autrement ; après la consécration, il s’agit de son corps. Lui-même a dit : « ceci est mon sang » : avant la consécration, c’est autre chose ; après, c’est le sang du Christ. Tu dis « amen » : c’est vrai. Ce que proclament les mots, que l’esprit le ressente.

 

Traduction du « de Myste-riis » de saint Ambroise, trouvée sur Internet (www.livres-mystiques.com), sans nom de traducteur.

 

Tu as lu, à propos des oeuvres de l'univers entier : « Il a dit et ce fut fait, il a ordonné et cela fut créé. » La parole du Christ, qui a pu faire de rien ce qui n'était pas, ne peut-elle donc pas changer les choses qui sont en ce qu'elles n'étaient pas ? Car il n'est pas moins difficile de donner aux choses une nouvelle nature que de changer cette nature. Mais pourquoi nous servir d'arguments ? Servons-nous de ses exemples et établissons la vérité du mystère de l'incarnation. Est-ce que le cours ordinaire de la nature précéda la naissance du Seigneur Jésus de Marie ? Si nous cherchons l'ordre de la nature, la femme a l'habitude d'enfanter après des relations avec un homme. Il est donc évident que la Vierge a enfanté hors du cours de la nature. Eh bien, ce que nous produisons, c'est le corps né de la Vierge. Pourquoi chercher ici l'ordre de la nature dans le corps du Christ, alors que le Seigneur Jésus lui-même a été enfanté par une Vierge en dehors du cours de la nature ? C'est la vraie chair du Christ qui a été crucifiée, qui a été ensevelie. C'est donc vraiment le sacrement de sa chair. Le Seigneur Jésus lui-même le proclame : « Ceci est mon corps. » Avant la bénédiction par les paroles célestes, on l'appelle d'un autre nom ; après la consécration, c'est le corps qui est désigné. Lui-même dit que c'est son sang. Avant la consécration, on l'appelle autrement ; après la consécration, on l'appelle le sang. Et tu dis : « Amen », c'est-à-dire : « C'est vrai. » Ce que prononce la bouche, que l'esprit le reconnaisse. Ce qu'exprimé la parole, que notre coeur le ressente.

[91578] Officium Sacerdos, noct. 4 resp. 1 R/. Melchisedech vero rex Salem proferens panem et vinum, erat autem sacerdos Dei altissimi, benedixit Abrahae et ait. V/. Benedictus Abraham Deo excelso qui creavit caelum et terram.

Repons/

Melchisedech, roi de Salem, présentant le pain et le vin, était prêtre du Dieu très haut, donna sé bénédiction à Abraham et dit.

 

Verset/

Abraham fut béni  par le Dieu très haut qui a créé le ciel et la terre.

 

 

 

[91579] Officium Sacerdos, noct. 4 l. 11 Lectio undecima : Panis est in altari usitatus ante verba sacramentorum. Ubi accessit consecratio, de pane fit caro Christi. Quomodo autem potest quod panis est esse corpus Christi ? Consecratio igitur quibus verbis et cuius sermonibus est ? Domini Iesu. Nam per reliqua omnia quae dicuntur, laus Deo offertur, oratione petitur pro populo, pro regibus, pro ceteris. Ubi autem sacramentum conficitur, iam non suis sermonibus sacerdos, sed utitur sermonibus Christi. Ergo sermo Christi hoc conficit sacramentum. Quis sermo Christi ? Hic nempe quo facta sunt omnia : caelum, terra, maria. Vides ergo quam operarius sit sermo Christi. Si ergo tanta vis est in sermone domini Iesu Christi, ut inciperet esse quod non erat, quanto magis operarius est ut sint quae erant et in aliud convertantur ? Et sic quod erat panis ante consecrationem iam corpus Christi post consecrationem est, quia sermo Christi creaturam mutat, et sic ex pane fit corpus Christi. Et vinum cum aqua in calice mixtum, fit sanguis consecratione verbi caelestis.

Leçon 11 (Suite du texte de saint Ambroise, livre des Mystères, livre 1).

Sur l’autel, c’est du pain qui est utilisé, avant les paroles sacramentelles. Quand arrive la consécration, le pain se change en corps du Christ :or, comment peut-il se faire que ce qui était du pain devienne le corps du Christ ? Donc, par quels mots, par quelles paroles la consécration se produit-elle ? Les paroles du Seigneur Jésus. En effet, par toutes les autres paroles qui sont prononcées une louange est rendue à Dieu, une prière est adressée aux intentions du peuple, des rois, de tous les autres. Or, quand le sacrement s’accomplit, le prêtre n’utilise plus ses propres paroles, mais celles du Christ. C’est donc la parole du Christ qui réalise le sacrement. Quelle parole du Christ ? C’est celle, sans doute, par laquelle tout fut créé : le ciel, la terre, les mers. Tu vois donc combien est efficace la parole du Christ. Si donc il y a une telle puissance dans la parole de Notre Seigneur Jésus-Christ pour qu’advienne à l’existence ce qui n’existait pas, combien plus efficace est-elle pour que ce qui était se transforme en autre chose ? Et ainsi, ce qui était du pain avant la consécration est désormais le corps du Christ après la consécration, parce que la parole du Christ transforme la créature et ainsi le pain se change en corps du Christ. Quant au vin, mélangé avec de l’eau dans le calice, il devient sang du Christ par la consécration d’une parole céleste.

 

 

 

 

 

[91580] Officium Sacerdos, noct. 4 resp. 2 R/. Calix benedictionis cui benedicimus, nonne communicatio sanguinis Christi est ? Et panis quem frangimus, nonne participatio corporis domini est ? V/. Quoniam unus panis et unum corpus multi sumus, nam omnes de uno pane et uno calice participamus. Et panis quem frangimus, nonne participatio corporis domini est ?

Repons/

Le calice de bénédiction, sur lequel nous prononçons la bénédiction, n’est-ce pas le sang du Christ qui se communique ? Et le pain que nous brisons, n’est-il pas participation au corps du Seigneur ?

 

Verset/

C’est pourquoi nous sommes tous un seul pain et un seul corps,  car tous nous participons à un seul pain et à un seul calice.

Et le pain que nous brisons, n’est-il pas participation au corps du Seigneur ?

 

 

[91581] Officium Sacerdos, noct. 4 l. 12 Lectio duodecima : Sed forte dicis : speciem sanguinis non video, sed habet similitudinem. Sicut enim mortis similitudinem assumpsisti, ita etiam Christi similitudinem sanguinis bibis, ut nullus horror cruoris sit, et pretium tamen operetur redemptionis. Didicisti quia corpus accipis Christi. Vis scire quia verbis caelestibus consecratur ? Accipe quae sunt verba. Dicit sacerdos : fac nobis, inquit, hanc oblationem adscriptam, rationabilem, acceptabilem, quod est figura corporis et sanguinis domini nostri Iesu Christi qui pridie quam pateretur, in sanctis manibus suis accepit panem, respexit ad caelum, ad te, sancte pater, omnipotens aeterne Deus, gratias agens benedixit, fregit, fractumque Apostolis suis, et discipulis suis tradidit, dicens : accipite, et edite ex hoc omnes; hoc enim est corpus meum, quod pro multis confringetur. Similiter et calicem postquam coenatum est, pridie, quam pateretur, accepit, respexit ad caelum, ad te, sancte pater, omnipotens aeterne Deus, gratias agens benedixit, Apostolis et discipulis suis tradidit, dicens : accipite et bibite ex eo omnes. Hic est enim sanguis meus. Inde, omnia illa Evangelistae sunt usque ad Accipite, sive corpus, sive sanguinem. Inde verba Christi sunt : accipite et bibite ex hoc omnes. Hic est enim sanguis meus. Vide singula. Qui pridie quam pateretur accepit, inquit, in sanctis manibus panem. Antequam consecretur panis est. Ubi autem verba Christi accesserint, corpus Christi est. Deinde audi dicentem : accipite et edite ex hoc omnes : hoc est enim corpus meum. Et ante verba Christi, calix est vino et aqua plenus. Ubi autem verba Christi operata fuerint, ibi sanguis efficitur, qui plebem redemit. Ergo vide quam potens est sermo Christi universa convertere. Deinde ipse Iesus testificatur, quod corpus suum et sanguinem suum accipiamus, de cuius fide et testificatione dubitare non debemus.

Leçon 12 (Suite du texte de saint Ambroise, livre des Mystères, livre 1).

Peut-être diras-tu : « Ce n’est pas une substance de sang que je vois, ce n’est qu’une repré-sentation ». De même en effet que tu as pris une représentation de la mort, ainsi tu bois une représentation du sang du Christ, afin que le sang qui coule ne suscite pas l’horreur et que le prix de la rédemption soit cependant efficace. Tu sais que c’est le corps du Christ que tu reçois ; veux-tu savoir par quelles paroles célestes se produit la consécration ? Le prêtre dit : Daigne, pour nous, agréer cette offrande, la rendre parfaite et digne de te plaire, puisqu’elle est la figure du corps et du sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui, la veille de sa Passion, prit du pain dans ses mains saintes, leva les yeux au ciel vers toi, Père saint, Dieu tout-puissant et éternel ; te rendant grâces, il le bénit, le rompit et le donna à ses apôtres et à ses disciples, en disant : « Prenez, et mangez-en tous, car ceci est mon Corps qui sera brisé pour (le salut de) tous ». De même, après qu’il eût soupé, la veille de sa Passion, il prit une coupe, leva les yeux au ciel vers toi, Père saint, Dieu tout-puissant et éternel ; te rendant grâces, il le bénit, le rompit et le donna à ses apôtres et à ses disciples, en disant : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est mon sang ». Toutes ces paroles sont de l’Évangéliste jusqu’à « prenez », d’une part le corps, d’autre part le sang. Ensuite les paroles sont celles du Christ : « prenez et buvez-en tous. Ceci est mon sang ». Fais bien attention à chacune des paroles : la veille de sa Passion, il prit le pain dans ses mains saintes. Avant la consécration, c’est du pain ; quand les parolesdu Christ ont été prononcées, c’est le corps du Christ. Il dit ensuite, écoute-bien : prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps. Avant les paroles du Christ, le calice est rempli avec du vin et de l’eau : quand les paroles du Christ ont été dites, ce qui s’y trouve est le sang qui rachète la multitude. Vois donc à quel point la parole du Christ est efficace pour changer toutes choses.

Ensuite Jésus lui-même témoigne que c’est son corps et son sang que nous recevons : nous ne devons pas douter de cette foi et de ce témoignage.

 

 

[91582] Officium Sacerdos, noct. 4 resp. 3 R/. Ego sum panis vitae. Patres vestri manducaverunt manna in deserto et mortui sunt. Hic est panis de caelo descendens ut si quis ex ipso manducaverit non moriatur. V/. Ego sum panis vivus qui de caelo descendi. Si quis manducaverit ex hoc pane vivet in aeternum. Hic est panis de caelo descendens ut si quis ex ipso manducaverit non moriatur.

Repons/

Je suis le pain de vie. Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne dans le désert et sont morts; ce pain est celui qui descend du ciel pour que si quelqu’un en mange, il ne meure pas.

 

Verset/

Je suis le pain de vie descendu du ciel; qui mange ce pain vivra à jamais. Ce pain est celui qui descend du ciel pour que si quelqu’un en mange, il ne meure pas.

 

 

In Laudibus

                   Office des Laudes

 

[91584] Officium Sacerdos, laudes 1 antiph. 1 Antiphona. Sapientia aedificavit sibi domum, miscuit vinum, et posuit mensam, alleluia. Contra, Adest dies, de sancto Dominico.

Antienne 1

La Sagesse s’est édifié une maison, elle a mêlé le vin, et elle a dressé la table. Alleluia.

« Contra » : Le jour vient, de saint Dominique.

 

Psalmus [91585] Officium Sacerdos, laudes 1 ps. 1 Dominus regnavit, decore indutus est. Indutus est dominus fortitudine, et praecinxit se, etenim firmavit orbem terrae, qui non commovebitur. Parata sedis tua, ex tunc a saeculo tu es. Elevaverunt flumina, domine, elevaverunt flumina vocem suam. Elevabunt flumina fluctus suos a vocibus aquarum multarum. Mirabiles elationes maris. Mirabilis in altis dominus. Testimonia tua credibilia facta sunt nimis. Domum tuam decet sanctitudo, domine, in longitudine dierum.

Psaume 92

 

1 Le Seigneur est roi ; il s'est vêtu de magnificence, le Seigneur a revêtu sa force, il s’en est ceint. Et la terre tient bon, inébranlable ;

2 dès l'origine ton trône est établi, depuis toujours, tu es.

3 Les flots élèvent, Seigneur, les flots élèvent leur voix,  les flots élèvent leur fracas.

4 Plus que la voix des eaux profondes, des vagues superbes de la mer, superbe est le Seigneur dans les hauteurs.

5 Tes volontés sont vraiment immuables : la sainteté convient à ta maison, Seigneur, pour la suite des temps.

 

[91586] Officium Sacerdos, laudes 1 antiph. 2 Antiphona. Angelorum esca nutrivisti populum tuum, et panem de caelo praestitisti eis, alleluia. Contra, Pauper esca, de sancto Dominico.

Antienne 2

 

Vous avez nourri votre peuple avec le pain des anges, et vous lui avez donné le pain du ciel. Alleluia.

« Contra » : Une pauvre nourriture, de saint Dominique.

 

Psalmus [91587] Officium Sacerdos, laudes 1 ps. 2 Iubilate domino omnis terra. Servite domino in laetitia. Introite in conspectu eius in exultatione. Scitote quoniam dominus ipse est Deus : ipse fecit nos, et non ipsi nos, populus eius et oves pascuae eius. Introite portas eius in confessione, atria eius in hymnis. Confitemini illi, laudate nomen eius, quoniam suavis dominus : in aeternum misericordia eius, et usque in generationem et generationem veritas eius.

Psaume 99

 

1 Acclamez le Seigneur, terre entière,

2 servez le Seigneur dans l'allégresse, venez à lui avec des chants de joie !

3 Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a faits, et et non pas nous-mêmes, nous, son peuple, son troupeau.

4 Venez dans ses portiques lui rendre grâce, dans sa demeure chanter ses louanges ; rendez-lui grâce et bénissez son nom !

5 Oui, le Seigneur est bon, éternel est sa bienveillance, sa fidélité demeure d'âge en âge.

 

[91588] Officium Sacerdos, laudes 1 antiph. 3 Antiphona. Pinguis est panis Christi, et praebebit delicias regibus, alleluia. Contra, Scala caelo, de sancto Dominico.

Antienne 3

 

Le pain du Christ est un pain gras, et les rois y trouveront leurs délices.

« Contra » : L’échelle du ciel, de saint Dominique.

 

Psalmus [91589] Officium Sacerdos, laudes 1 ps. 3 Deus, Deus meus, respice me : quare me dereliquisti ? Longe a salute mea verba delictorum meorum. Deus meus, clamabo per diem, et non exaudies, et nocte, et non ad insipientiam mihi. Tu autem in sancto habitas, laus Israhel. In te speraverunt patres nostri, speraverunt, et liberasti eos. Ad te clamaverunt, et salvi facti sunt. In te speraverunt, et non sunt confusi. Ego autem sum vermis, et non homo, obprobrium hominum et abiectio plebis. Omnes videntes me deriserunt me, locuti sunt labiis, moverunt caput : speravit in domino, eripiat eum ; salvum faciat eum, quoniam vult eum. Quoniam tu es qui extraxisti me de ventre, spes mea ab uberibus matris meae. In te proiectus sum ex utero. De ventre matris meae Deus meus es tu. Ne discesseris a me, quoniam tribulatio proxima est, quoniam non est qui adiuvet. Circumdederunt me vituli multi. Tauri pingues obsederunt me. Aperuerunt super me os suum, sicut leo rapiens et rugiens. Sicut aqua effusus sum, et dispersa sunt universa ossa mea. Factum est cor meum tamquam cera, liquescens in medio ventris mei. Aruit tamquam testa virtus mea, et lingua mea adhesit faucibus meis, et in limum mortis deduxisti me ; quoniam circumdederunt me canes multi. Concilium malignantium obsedit me. Foderunt manus meas et pedes meos, dinumeraverunt omnia ossa mea. Ipsi vero consideraverunt et inspexerunt me, diviserunt sibi vestimenta mea, et super vestem meam miserunt sortem. Tu autem, domine, ne elongaveris auxilium tuum. Ad defensionem meam conspice. Erue a framea animam meam, et de manu canis unicam meam. Salva me ex ore leonis, et a cornibus unicornium humilitatem meam. Narrabo nomen tuum fratribus meis. In media ecclesia laudabo te. Qui timetis dominum laudate eum. Universum semen Iacob magnificate eum. Timeat eum omne semen Israhel, quoniam non sprevit neque dispexit deprecationem pauperis, nec avertit faciem suam a me, et, cum clamarem ad eum, exaudivit me. Apud te laus mea in ecclesia magna. Vota mea reddam in conspectu timentium eum. Edent pauperes, et saturabuntur, et laudabunt dominum qui requirunt eum. Vivent corda eorum in saeculum saeculi. Reminiscentur et convertentur ad dominum universi fines terrae, et adorabunt in conspectu eius universae familiae gentium, quoniam Dei est regnum, et ipse dominabitur gentium. Manducaverunt et adoraverunt omnes pingues terrae. In conspectu eius cadent omnes qui descendunt in terram, et anima mea illi vivet, et semen meum serviet ipsi. Adnuntiabitur domino generatio ventura, et adnuntiabunt iustitiam eius populo qui nascetur quem fecit dominus.

Psaume 21

 

2 Mon Dieu, mon Dieu, regarde-moi : pourquoi m'as-tu abandonné ? Le salut est loin de moi, loin des paroles de mes péchés.

3 Mon Dieu, j'appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, ce n’est point à moi une folie.

4 Toi, pourtant, tu habites au sanctuaire, objet des louanges d’Israël !

5 C'est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais.

6 Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ; en toi ils espéraient et n'étaient pas déçus. 7 Et moi, je suis un ver, pas un homme,  raillé par les gens, rejeté par le peuple.

8 Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :

9 « Il a mis son espoir dans le Seigneur : qu'il le délivre ! Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »

10 C'est toi qui m'as tiré du ventre de ma mère, qui m'a mis en sûreté entre ses bras.

11 A toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.

12 Ne sois pas loin de moi : l'angoisse est proche, je n'ai personne pour m'aider.

13 Des taureaux nombreux me cernent,  des taureaux de Basan m'encerclent.

14Ils ouvrent contre moi leur gueule, comme des lions qui déchirent et rugissent.

15 Je suis comme l'eau qui se répand,  tous mes membres se disloquent.  Mon coeur est comme la cire,  il fond au milieu de mes entrailles.

16 Ma vigueur a séché comme un tesson d'argile, ma langue colle à mon palais. Tu me mènes à la poussière de la mort.

17 Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m'entoure. Ils ont percé mes mains et mes pieds ;

18 je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent.

19 Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort ma tunique.

20 Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !

21 Préserve ma vie de l'épée, arrache mon unique bien aux griffes du chien ;

22 sauve-moi de la gueule du lion et, de la corne des buffles, mon humilité.

23 Et je proclamerai ton nom devant mes frères, je te louerai en pleine assemblée.

24 Vous qui le craignez, louez le Seigneur, glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d'Israël.

25 Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s'est pas voilé la face devant moi, mais il entend ma plainte.

26 Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.

27 Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « Que leur cœur revive dans les siècles des siècles ! »

28 La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui :

29 « Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »

30 Tous les puissants de la terre festoient adorent ; ceux qui descendent à la poussière plient en sa présence.

31 Et moi, mon âme vivra pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir.

32 On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son oeuvre !

 

[91590] Officium Sacerdos, laudes 1 antiph. 4 Antiphona. Sacerdotes sancti Dei incensum et panes offerunt Deo, alleluia. Contra, Ingressus Angelus, de Annuntiatione sanctae Mariae.

Antienne 4

 

Les prêtres de Dieu offrent à Dieu le pain et l’encens. Alleluia.

« Contra » : Un ange entra, de l’Annonciation à Marie.

 

Psalmus [91591] Officium Sacerdos, laudes 1 ps. 4

 

Benedicite, omnia opera domini, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, Angeli domini, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, caeli, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, aquae omnes, quae super caelos sunt, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, omnes virtutes domini, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, sol et luna, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, stellae caeli, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, omnis imber et ros , domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, omnes spiritus Dei, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, ignis et aestus, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, frigus et aestus, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, rores et pruina, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite gelu et frigus, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, glacies et nives, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, noctes et dies, domino. laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, lux et tenebrae, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, fulgura et nubes, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicat terra dominum ; laudet et superexaltet eum in saecula.

Benedicite, montes et colles, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, universa germinantia in terra, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, fontes, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, maria et flumina, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, cete, et omnia quae moventur in aquis, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, omnes volucres caeli, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, omnes bestiae et pecora, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, filii hominum, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedic, Israel, domino ; laudet et superexaltet eum in saecula.

Benedicite, sacerdotes domini, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, servi domini, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, spiritus et animae iustorum, domino, laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, sancti et humiles corde, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Benedicite, Anania, Azaria, Misael, domino ; laudate et superexaltate eum in saecula.

Quia eruit nos de inferno, et salvos fecit de manu mortis ; et liberavit nos de medio ardentis flammae, et de medio ignis eruit nos.

Cantique des trois enfants dans la fournaise en Daniel 3 :

 

57 Vous toutes, œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternel-lement !

58 Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement

59 O cieux, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

60 O vous, toutes les eaux au-dessus du ciel, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

61 O vous, toutes les puissances, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

62 O vous, soleil et lune, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

63 O vous, astres du ciel, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

64 O vous toutes, pluies et rosées, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

65 O vous tous, vents, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

66 O vous, feu et chaleur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

67 O vous, froidure et chaleur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

68 O vous, rosées et giboulées, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

69 O vous, gel et froidure, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

70 O vous, glaces et neiges, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

71 O vous, nuits et jours, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

72 O vous, lumière et ténèbres, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

73 O vous, éclairs et nuées, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

74 Que la terre bénisse le Seigneur: qu'elle le chante et l'exalte éternellement !

75 O vous, montagnes et collines, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternel-lement !

76 O vous, toutes choses germant sur la terre, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

77 O vous, sources, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

78 O vous, mers et rivières, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

79 O vous, baleines et tout ce qui se meut dans les eaux, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

80 O vous tous, oiseaux du ciel, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

81 O vous tous, bêtes et bestiaux, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

82 O vous, enfants des hommes, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

83 O Israël, bénis le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

84 O vous, prêtres, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

85 O vous, ses serviteurs, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

86 O vous, esprits et âmes des justes, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

87 O vous, saints et humbles de cœur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement !

88 Ananias, Azarias, Misaël, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement ! Car il nous a délivrés des enfers, il nous a sauvés de la main de la mort, il nous a arrachés à la fournaise de flamme ardente, il nous a tirés du milieu de la flamme.

 

[91592] Officium Sacerdos, laudes 1 antiph. 5 Antiphona. Vincenti dabo manna absconditum, et nomen novum, alleluia. Contra, Ex quo omnia, de Trinitate.

Antienne 5

 

Je donnerai au vainqueur la manne cachée et un nom nouveau. Alleluia.

« Contra », Duquel tout, de la Trinité.

 

Psalmus [91593] Officium Sacerdos, laudes 1 ps. 5 Laudate dominum de caelis. Laudate eum in excelsis. Laudate eum omnes Angeli eius. Laudate eum omnes virtutes eius. Laudate eum sol et luna. Laudate eum omnes stellae et lumen. Laudate eum caeli caelorum, et aqua quae super caelum est. Laudent nomen domini, quia ipse dixit, et facta sunt ; ipse mandavit, et creata sunt. Statuit ea in saeculum, et in saeculum saeculi. Praeceptum posuit, et non praeteribit. Laudate dominum de terra, dracones et omnes abyssi, ignis, grando, nix, glacies, spiritus procellarum, quae faciunt verbum eius, montes et omnes colles, ligna fructifera, et omnes cedri, bestiae et universa pecora, serpentes et volucres pinnatae, reges terrae et omnes populi, principes et omnes iudices terrae. Iuvenes et virgines, senes cum iunioribus laudent nomen domini, quia exaltatum est nomen eius solius. Confessio eius super caelum et terram, et exaltabit cornu populi sui hymnus, omnibus sanctis eius, filiis Israhel, populo adpropinquanti sibi.

 

 

 

 

 

Cantate domino canticum novum. Laus eius in ecclesia sanctorum. Laetetur Israhel in eo qui fecit eum, et filii Sion exultent in rege suo. Laudent nomen eius in choro. In tympano et psalterio psallant ei, quia beneplacitum est domino in populo suo, et exaltabit mansuetos in salute. Exultabunt sancti in gloria. Laetabuntur in cubilibus suis. Exaltationes Dei in gutture eorum, et gladii ancipites in manibus eorum ad faciendam vindictam in nationibus, increpationes in populis, ad alligandos reges eorum in conpedibus, et nobiles eorum in manicis ferreis, ut faciant in eis iudicium conscriptum : gloria haec est omnibus sanctis eius.

 

Laudate dominum in sanctis eius. Laudate eum in firmamento virtutis eius. Laudate eum in virtutibus eius. Laudate eum secundum multitudinem magnitudinis eius. Laudate eum in sono tubae. Laudate eum in psalterio et cithara. Laudate eum in tympano et choro. Laudate eum in cordis et organo. Laudate eum in cymbalis bene sonantibus. Laudate eum in cymbalis iubilationis. Omnis spiritus laudet dominum.

Psaume 148

 

1 Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le dans les hauteurs.

2 Vous, tous ses anges, louez-le, vous toutes, ses armées.

3 Louez-le, soleil et lune, louez-le, tous les astres de lumière ;

4 vous, cieux des cieux, louez-le, et les eaux des hauteurs des cieux.

5 Qu’ils louent le nom du Seigneur : car il a commandé et ils furent créés ; car il a dit et tout a été fait.

6 c’est lui qui les posa pour toujours et à jamais, sous une loi qui ne passera pas.

7 Louez le Seigneur depuis la terre,  monstres marins, tous les abîmes ; 8 feu et grêle, neige et brouillard, vent d’ouragan qui accomplis sa parole ;

9 Les montagnes et toutes les collines, les arbres fruitiers, tous les cèdres ;

10 les bêtes sauvages et tous les troupeaux, le reptile et l’oiseau qui vole ;

11 les rois de la terre et tous les peuples, les princes et tous les juges de la terre ;

12 tous les jeunes gens et jeunes filles, les vieillards comme les enfants.

13Qu’ils louent le nom du Seigneur, car de lui seul le nom est exalté ; sur le ciel et sur la terre, sa splendeur :

14 il accroît la vigueur de son peuple. Louange de tous ses fidèles, des fils d’Israël, le peuple de ses proches !

 

Psaume 149

 

1 Chantez à Dieu un chant nouveau : sa louange dans l'assemblée des fidèles !

2 Joie pour Israël en son auteur, pour les fils de Sion, allégresse en leur roi,

3 louange à son nom par la danse, pour lui, jeu de harpe et de tambour !

4 Car Dieu se complaît en son peuple, il glorifie les humbles en les sauvant,

5 les saints jubilent de gloire, ils acclament depuis leur couche :

6 les éloges de Dieu à pleine gorge, à pleines mains l'épée à deux tranchants;

7 pour exercer sur les peuples vengeance, sur les nations le châtiment,

8 pour lier de chaînes leurs rois, d'entraves de fer leurs notables,

9 pour leur appliquer la sentence écrite: gloire en soit à tous les fidèles !

 

Psaume 150

 

1 Louez Dieu en son sanctuaire, louez-le au firmament de sa puissance,

2 louez-le en ses œuvres de vaillance, louez-le selon l’immensité de sa grandeur !

3 Louez-le par l'éclat du cor, louez-le par la harpe et la cithare,

4 louez-le par la danse et le tambour, louez-le par les cordes et les flûtes,

5 louez-le par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes !

6 Que tout ce qui respire loue Dieu !

 

[91594] Officium Sacerdos, laudes 1 cap. 1 Capitulum.

 

 

Dominus Iesus Christus in qua nocte tradebatur, accepit panem, et gratias agens fregit, et dixit : Accipite et manducate : hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur; hoc facite in meam commemorationem.

Capitule

 

Comme aux premières Vêpres.

 

Le Seigneur Jésus-Christ pendant la nuit où on le livrait à ses ennemis, prit le pain, et rendant grâce, il le rompit et dit : Prenez, et mangez. "Ceci est mon corps, qui sera livré pour vous." que Dieu en soit béni. Faites ceci en mémoire de moi."

 

 

Hymnus [91595] Officium Sacerdos, laudes 1 hymnus 1 Contra, Aeterne rex altissime, de Ascensione.

 

 

 

Verbum supernum prodiens nec patris linquens dexteram, ad opus suum exiens venit ad vitae vesperam. In mortem a discipulo suis tradendus aemulis prius in vitae ferculo se tradidit discipulis. Quibus sub bina specie carnem dedit et sanguinem, ut duplicis substantiae totum cibaret hominem. Se nascens dedit socium, convescens in edulium, se moriens in pretium, se regnans dat in praemium. O salutaris hostia, quae caeli pandis ostium, bella premunt hostilia, da robur, fer auxilium. Uni trinoque domino sit sempiterna gloria, qui vitam sine termino nobis donet in patria. Amen.

  « Contra » : Très haut Roi éternel, de l’Ascension

                        Hymne de saint Thomas — « Verbuni supernum » [4]

 

Traduction 1857

 

Le Verbe divin naissant vient accomplir son oeuvre tout en demeurant à la droite de son Père, il poursuit sa course jusqu’au terme de la vie. Un de ses disciples devant le livrer à ses ennemis pour être mis à mort, il se donne d’abord à ses disciples en aliment de vie. Il leur donna sa chair et son sang sous deux espèces, afin que de sa double substance il alimentât tout l’homme. Naissant il se fit notre frère, il partagea les mets qui nous nourrissent; mourant il se fit le prix de notre rédemption, régnant il fut notre récompense. O hostie salutaire, qui nous ouvrez la porte du ciel, nous sommes pressés par les combats de nos ennemis; donnez-nous la force, venez à notre secours. Au Seigneur un et trois, gloire éternelle, et qu’il nous donne une vie sans fin dans la céleste patrie. Amen.

Traduction 1962, Maurice LE BAS

 

 

 

 

Le Verbe est descendu du ciel,

Sans quitter la droite du Père, Pour sauver l’homme criminel

Et touche à son heure dernière.

Tout à l’heure à ses ennemis Judas va le livrer, le traître ; Mais c’est d’abord à ses amis Que Jésus se livre, ô bon Maître.

Il leur donne sa chair, son sang,

Voilés sous la double apparence,

Pour nourrir l’homme entièrement,

L’âme et le corps, double substance.

Enfant, c’est notre com-pagnon,

A la Cène il est pain de vie, Au Calvaire notre rançon,

Au ciel récompense infinie. O toi qui nous rouvres le ciel, O sainte, ô salutaire Hostie, Contre notre ennemi mortel Que ta grâce nous fortifie. Puissions-nous te louer sans fin,

O Trinité par nous bénie,

Et goûter un bonheur divin Dans notre éternelle patrie.

[91596] Officium Sacerdos, laudes 1 v. 1

V/. Posuit fines tuos pacem, alleluia.

 

R/. Et adipe frumenti satiat te, alleluia.

Verset/

Il a établi la paix jusqu’à tes confins, alleluia ;

 

Repons/

et il t’a nourri du plus pur froment, alleluia.

 

[91597] Officium Sacerdos, laudes 1 antiph. 6 Antiphona ad Benedictus. Ego sum panis vivus, qui de caelo descendi : si quis manducaverit ex hoc pane, vivet in aeternum. Contra, Pax aeterna, de Dedicatione.

Antienne 6

 

 

"Je suis le pain de vie qui suis descendu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain il vivra éternellement."

« Contra », La paix éternelle, de la Dédicace.

 

Benedictus [91598] Officium Sacerdos, laudes 1 hymnus 2 Benedictus dominus Deus Israel, quia visitavit, et fecit redemptionem plebis suae : et erexit cornu salutis nobis : in domo David pueri sui. Sicut locutus est per os sanctorum, qui a saeculo sunt, prophetarum eius : salutem ex inimicis nostris, et de manu omnium qui oderunt nos : ad faciendam misericordiam cum patribus nostris ; et memorari testamenti sui sancti. Iusiurandum, quod iuravit ad Abraham patrem nostrum, daturum se nobis : ut sine timore, de manu inimicorum nostrorum liberati, serviamus illi. In sanctitate et iustitia coram ipso, omnibus diebus nostris. Et tu puer, propheta Altissimi vocaberis : praeibis enim ante faciem domini parare vias eius : ad dandam scientiam salutis plebi eius : in remissionem peccatorum eorum : per viscera misericordiae Dei nostri : in quibus visitavit nos, oriens ex alto : illuminare his qui in tenebris et in umbra mortis sedent : ad dirigendos pedes nostros in viam pacis.

Le cantique de Zacharie (Lc 1)

 

68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël,  qui visite et rachète son peuple.

69 Il a fait surgir la force qui nous sauve  dans la maison de David, son serviteur,

70comme il l'avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens :

71 salut qui nous arrache à l'ennemi,  à la main de tous ceux qui nous haïssent,

72 afin de montrer son amour à nos pères, et de se souvenir de son pacte saint,

73 serment juré à notre père Abraham de nous rendre sans crainte,

74afin que, délivrés de la main des ennemis,

75nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours.

76 Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins

77 pour donner à son peuple de reconnaître le salut dans la rémission de ses péchés,

78grâce à la tendresse, à l'amour de notre Dieu, quand nous visite l'astre d'en haut,

79 pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix.

 

[91599] Officium Sacerdos, laudes 1 oratio 1 Oratio. Deus qui nobis sub sacramento mirabili passionis tuae memoriam reliquisti, tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra mysteria venerari, ut redemptionis tuae fructum in nobis iugiter sentiamus. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

Prière. L’oraison est comme aux premières vêpres

 

Dieu qui nous avez laissé sous ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les mystères de votre corps et de votre sang un respect tel, que nous jouissions intérieurement et continuel-lement des fruits de votre rédemption.

Vous qui vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction Vatican II, 1965

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé un mémorial de ta passion. Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption.

Toi qui vis et régne avec le Père, et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Ad Primam

                   Office de Prime

 

Ad primam et ad omnes horas Antiphonae Laudum, quarta excepta. [91601] Officium Sacerdos, hora 1 antiph. 1 Antiphona. Sapientia aedificavit sibi domum, miscuit vinum, et posuit mensam, alleluia. Contra, Adest dies, de sancto Dominico.

et aux autres heures, les antiennes sont les mêmes que celles de Laudes, excepté la quatrième.

 

Antienne 1

 

La Sagesse s’est édifié une maison, elle a mêlé le vin, et elle adressé la table. Alleluia.

« Contra » : Le jour vient, de saint Dominique.

 

 

Psalmus [91602] Officium Sacerdos, hora 1 ps. 1 Deus, in nomine tuo, salvum me fac, et in virtute tua iudica me. Deus, exaudi orationem meam. Auribus percipe verba oris mei, quoniam alieni insur-rexerunt adversum me, et fortes quaesierunt animam meam. Non proposuerunt Deum ante conspectum suum. Ecce enim Deus adiuvat me. Dominus susceptor animae meae. Avertet mala inimicis meis. In veritate tua disperde illos. Voluntarie sacrificabo tibi. Confitebor nomini tuo, Domine quoniam bonum, quoniam ex omni tribulatione eripuisti me, et super inimicos meos despexit oculus meus.

Psaume 53

 

3 Par ton nom, Dieu, sauve-moi, par ta puissance rends-moi justice ;

4 Dieu, entends ma prière, prête l’oreille aux paroles de ma bouche.

5 Des étrangers se sont levés contre moi, des puissants en veulent à ma vie : ils ne mettent pas Dieu devant leurs yeux.

6 Mais voici que Dieu vient à mon aide, le Seigneur est le vrai soutien de mon âme.

7 Il fera retomber le mal sur mes ennemis ; dans ta fidélité, disperse-les !

8 De grand cœur, je t’offrirai le sacrifice, je rendrai grâce à ton nom, Seigneur, car il est bon !

9 Oui, il m’a délivré de toute angoisse : mes yeux voient de haut mes ennemis défaits.

 

[91603] Officium Sacerdos, hora 1 cap. 1 Capitulum. Regi autem saeculorum et cetera.

Capitule

Au roi des siècles, etc...

 

[91604] Officium Sacerdos, hora 1 resp. 1 R/. Christe filii et cetera. V/. Qui sedes et cetera.

Repons/

O Christ, les fils, etc...

Verset/

Qui sièges, etc...

 

[91605] Officium Sacerdos, hora 1 v. 1 V/. Iesu Christe et cetera. R/. Qui natus est de Maria virgine et cetera. Et dicatur per totam octavam.

Repons/

Jésus-Christ, etc…

 

Verset/

Qui est né de la Vierge Marie, etc...  Ce verset doit se dire pendant toute l’octave.

 

[91606] Officium Sacerdos, hora 1 oratio 1 Oratio. Deus qui nobis sub sacramento mirabili passionis tuae memoriam reliquisti, tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra mysteria venerari, ut redemptionis tuae fructum in nobis iugiter sentiamus. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

Prière

 

Dieu qui nous avez laissé sous ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les mystères de votre corps et de votre sang un respect tel, que nous jouissions intérieurement et continuel-lement des fruits de votre rédemption.

Vous qui vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction Vatican II, 1965

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé un mémorial de ta passion. Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption.

Toi qui vis et régne avec le Père, et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Ad Tertiam

                   Office de Tierce

 

[91608] Officium Sacerdos, hora 3 antiph. 1 Antiphona. Angelorum esca nutrivisti populum tuum, et panem de caelo praestitisti eis, alleluia. Contra, Pauper esca, de sancto Dominico.

Antienne 1

 

Vous avez nourri votre peuple avec le pain des anges, et vous lui avez donné le pain du ciel. Alleluia.

« Contra » : Une pauvre nourriture, de saint Dominique.

 

Psalmus [91609] Officium Sacerdos, hora 3 ps. 1 Legem pone mihi, Domine, viam iustificationum tuarum, et exquiram eam semper. Da mihi intellectum, et scrutabor legem tuam, et custodiam illam in toto corde meo. Deduc me in semita mandatorum tuorum, quia ipsam volui. Inclina cor meum in testimonia tua, et non in avaritiam. Averte oculos meos, ne videant vanitatem. In via tua vivifica me. Statue servo tuo eloquium tuum in timore tuo. Amputa obprobrium meum quod suspicatus sum, quia iudicia tua iucunda. Ecce concupivi mandata tua. In aequitate tua vivifica me.

Psaume 118, 33

 

Enseigne-moi, Yahvé, la voie de tes volontés, je la veux garder jusqu’à la fin de ma vie.

Fais-moi comprendre et que je garde ta loi, que je l'observe de tout coeur.

Guide-moi au chemin de tes commandements, car j'ai là mon plaisir.

Infléchis mon coeur vers tes ordonnances, et non point vers le gain.

Libère mes yeux pour qu’ils ne voient pas la vanité, fais-moi vivre dans ta voie.

Tiens ta promesse à ton serviteur, afin qu'on te craigne.

Libère-moi de l'insulte qui m'épouvante, tes jugements sont les bienvenus.

Voici, j'ai désiré tes préceptes, fais-moi vivre par ta justice.

 

[91610] Officium Sacerdos, hora 3 cap. 1 Capitulum. Dominus Iesus Christus in qua nocte tradebatur, accepit panem, et gratias agens fregit, et dixit : Accipite et manducate : hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur; hoc facite in meam commemorationem.

Capitule

Comme aux premières Vêpres.

 

Le Seigneur Jésus-Christ pendant la nuit où on le livrait à ses ennemis, prit le pain, et rendant grâce, il le rompit et dit : Prenez, et mangez. "Ceci est mon corps, qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi."

 

[91611] Officium Sacerdos, hora 3 resp. 1 R/. Panem caeli dedit eis, alleluia, alleluia. V/. Panem Angelorum manducavit homo, alleluia. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper, et in secula seculorum. Amen. Panem Angelorum manducavit homo, alleluia.

Repons/

Tu leur as donné le pain du ciel, alleluia, alleluia.

 

Verset/

L’homme a mangé le pain des anges, Alleluia, Alleluia.

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.

L’homme a mangé le pain des anges, Alleluia.

 

[91612] Officium Sacerdos, hora 3 v. 1 V/. Cibavit illos ex adipe frumenti, alleluia. R/. Et de petra melle saturavit eos, alleluia.

Verset/

Il les a nourris du plus pur froment. Alleluia.

 

Repons/

Et il les a rassasiés du miel des rochers.

Traduction Vatican II, 1965

Le Seigneur a nourri son peuple de la fleur du froment, Alleluia, et il l’a rassasié du miel du rocher, Alleluia

[91613] Officium Sacerdos, hora 3 oratio 1 Oratio. Deus qui nobis sub sacramento mirabili passionis tuae memoriam reliquisti, tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra mysteria venerari, ut redemptionis tuae fructum in nobis iugiter sentiamus. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

Prière :

 

Dieu qui nous avez laissé sous ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les mystères de votre corps et de votre sang un respect tel, que nous jouissions intérieurement et continuel-lement des fruits de votre rédemption.

Vous qui vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction Vatican II, 1965

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé un mémorial de ta passion. Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption.

Toi qui vis et régne avec le Père, et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Ad Sextam

                    Office de Sexte

 

 [91615] Officium Sacerdos, hora 6 antiph. 1 Antiphona. Pinguis est panis Christi, et praebebit delicias regibus, alleluia. Contra, Scala caelo, de sancto Dominico.

Antienne 1

 

Le pain du Christ est un pain gras, et les rois y trouveront leurs délices. Alleluia.

« Contra » : L’échelle du ciel, de saint Dominique.

 

Psalmus [91616] Officium Sacerdos, hora 6 ps. 1 Defecit in salutare tuum anima mea. In verbum tuum supersperavi. Defecerunt oculi mei in eloquium tuum, dicentes : quando consolaberis me ? Quia factus sum sicut uter in pruina. Iustificationes tuas non sum oblitus. Quot sunt dies servo tuo ? Quando facies de persequentibus me iudicium ? Narraverunt mihi iniqui fabulationes, sed non ut lex tua. Omnia mandata tua veritas. Inique persecuti sunt me : adiuva me. Paulo minus consummaverunt me in terra. Ego autem non dereliqui mandata tua. Secundum misericordiam tuam vivifica me, et custodiam testimonia oris tui.

Psaume 118, 81

 

Jusqu'au bout mon âme aspire à ton salut, j'espère en ta parole.

Jusqu'au bout mes yeux aspirent à ta promesse, je dis : quand me consoleras-tu ? Rendu pareil à une outre qu'on enfume, je n'oublie pas tes volontés.

Combien seront les jours de ton serviteur, quand jugeras-tu mes persécuteurs ?

Des superbes m’ont raconté des choses fabuleuses, mais ce n’est point selon ta loi. Vérité, tous tes commandements : aide-moi, ils me persécutent à tort.

On viendrait à bout de moi sur terre, sans que je laisse tes préceptes.

Selon ton amour fais-moi vivre, je garderai le témoignage de ta bouche.

 

[91617] Officium Sacerdos, hora 6 cap. 1 Capitulum. Quotiescumque manducabitis panem hunc et calicem bibetis, mortem domini annuntiabitis donec veniat.

Capitule

 

Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne.

 

[91618] Officium Sacerdos, hora 6 resp. 1 R/. Cibavit illos ex adipe frumenti, alleluia, alleluia. V/. Et de petra melle saturavit eos, alleluia. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper, et in secula seculorum. Amen. Cibavit illos ex adipe frumenti, alleluia.

Repons/

Il les a nourris du plus pur froment, alleluia, alleluia.

 

Verset/

Et il les a rassasiés du miel des rochers.

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.

Il les a nourris, etc.

Traduction Vatican II, 1965

Le Seigneur a nourri son peuple de la fleur du froment, Alleluia, et il l’a rassasié du miel du rocher, Alleluia

[91619] Officium Sacerdos, hora 6 v. 1 V/. Educas panem de terra, alleluia. R/. Et vinum laetificet cor hominis, alleluia.

Verset/

Tirez le pain de la terre, alleluia.

 

Repons/

et que le vin réjouisse le coeur de l’homme, alleluia.

 

[91620] Officium Sacerdos, hora 6 oratio 1 Oratio. Deus qui nobis sub sacramento mirabili passionis tuae memoriam reliquisti, tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra mysteria venerari, ut redemptionis tuae fructum in nobis iugiter sentiamus. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

Prière

 

Dieu qui nous avez laissé sous ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les mystères de votre corps et de votre sang un respect tel, que nous jouissions intérieurement et continuel-lement des fruits de votre rédemption.

Vous qui vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction Vatican II, 1965

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé un mémorial de ta passion. Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption.

Toi qui vis et régne avec le Père, et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Ad Nonam

                   Office de None

 

 [91622] Officium Sacerdos, hora 9 antiph. 1 Antiphona. Vincenti dabo manna absconditum, et nomen novum, alleluia. Contra, Ex quo omnia, de Trinitate.

Antienne 1

 

Je donnerai au vainqueur la manne cachée et un nom nouveau. Alleluia.

« Contra », Duquel tout, de la Trinité.

 

Psalmus [91623] Officium Sacerdos, hora 9 ps. 1 Mirabilia testimonia tua, ideo scrutata est ea anima mea. Declaratio sermonum tuorum inluminat et intellectum dat parvulis. Os meum aperui, et adtraxi spiritum, quia mandata tua desiderabam. Aspice in me, et miserere mei secundum iudicium diligentium nomen tuum. Gressus meos dirige secundum eloquium tuum, et non dominetur mei omnis iniustitia. Redime me a calumniis hominum, et custodiam mandata tua. Faciem tuam inlumina super servum tuum, et doce me iustificationes tuas. Exitus aquarum deduxerunt oculi mei, quia non custodierunt legem tuam.

Psaume 118, 129

 

Merveilles que tes ordonnances; aussi mon âme les garde.

Ta parole en se découvrant illumine, et elle donne l’intelligence aux simples.

J'ouvre large ma bouche et j'aspire, avide de tes commandements.

Regarde vers moi, pitié pour moi, c'est justice pour ceux qui aiment  ton nom.

Affermis mes pas dans ta promesse, que ne triomphe de moi l’iniquité.

Rachète-moi de l’oppression de l'homme, j'observerai tes préceptes.

Sur ton serviteur illumine ta face, apprends-moi tes volontés.

Mes yeux ruissellent de larmes, car on n'observe pas ta loi.

 

[91624] Officium Sacerdos, hora 9 cap. 1 Capitulum. Quicumque manducaverit panem, et biberit calicem domini indigne reus erit corporis et sanguinis domini.

Capitule

 

Quiconque mangera le pain, et boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur.

 

[91625] Officium Sacerdos, hora 9 resp. 1 R/. Educas panem de terra, alleluia, alleluia. V/. Et vinum laetificet cor hominis, alleluia. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper, et in secula seculorum. Amen.

Educas panem de terra, alleluia.

Repons/

 

Tirez le pain, etc... Alleluia, Alleluia.

 

Verset/

 

Et que le vin réjouisse, etc... Alleluia, Alleluia.

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.

Tirez le pain, etc…

 

[91626] Officium Sacerdos, hora 9 v. 1 V/. Posuit fines tuos pacem, alleluia. R/. Et adipe frumenti satiat te, alleluia.

Verset/

Il a établi la paix jusqu’à ses confins, alleluia.

 

Repons/

Et il te rassasie du plus pur froment. Alleluia.

 

[91627] Officium Sacerdos, hora 9 oratio 1 Oratio. Deus qui nobis sub sacramento mirabili passionis tuae memoriam reliquisti, tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra mysteria venerari, ut redemptionis tuae fructum in nobis iugiter sentiamus. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

Prière.

 

Dieu qui nous avez laissé sous ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les mystères de votre corps et de votre sang un respect tel, que nous jouissions intérieurement et continuel-lement des fruits de votre rédemption.

Vous qui vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction Vatican II, 1965

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé un mémorial de ta passion. Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption.

Toi qui vis et régne avec le Père, et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Ad Vesperas

                   Office des Vêpres

 

Antiphonae, de Laudibus. Psalmi, sicut in primis Vesperis.

Les Antiennes pour chaque Psaume sont les mêmes qu’à Laudes. Les Psaumes, le Capitule, l’Hymne et le Verset sont les mêmes qu’aux premières Vêpres. Tout le reste se fait comme au jour de la Fête.

 

[91629] Officium Sacerdos, vesp. 2 antiph. 1 Antiphona. Sapientia aedificavit sibi domum, miscuit vinum, et posuit mensam, alleluia. Contra, Adest dies, de sancto Dominico.

Antienne 1

 

La Sagesse s’est édifié une maison, elle a mêlé le vin, et elle a dressé la table. Alleluia.

« Contra » : Le jour vient, de saint Dominique.

 

Psalmus [91630] Officium Sacerdos, vesp. 2 ps. 1 Dixit dominus domino meo : sede a dextris meis donec ponam inimicos tuos scabillum pedum tuorum. Virgam virtutis tuae emittet dominus ex Sion. Dominare in medio inimicorum tuorum. Tecum principium in die virtutis tuae. In splendoribus sanctorum, ex utero, ante luciferum, genui te. Iuravit dominus, et non paenitebit eum : tu es sacerdos in aeternum secundum ordinem Melchisedech. Dominus a dextris tuis. Confregit in die irae suae reges. Iudicabit in nationibus. Implebit cadavera. Conquassabit capita in terra multorum. De torrente in via bibet, propterea exaltabit caput.

Psaume 109

 

1 Oracle du Seigneur à mon seigneur : "Siège à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds."

2 De Sion, le Seigneur te présente le sceptre de ta force : " Domine jusqu'au coeur de l'ennemi. "

3 À toi est la puissance souveraine, au jour de ta force, dans les splendeurs des saints ; de mon sein, avant l’aurore, je t’ai engendré.

4 Le Seigneur l'a juré, et il ne s’en repentira pas : " Tu es prêtre à jamais selon l'ordre du roi Melkisédek. "

5 A ta droite se tient le Seigneur : il brise les rois au jour de sa colère.

6 Il exerce son jugement parmi les nations. Tout est rempli de cadavres. Il brise les têtes sur un vaste territoire.

7 Au torrent il s'abreuve en chemin, c'est pourquoi il redresse la tête.

 

[91631] Officium Sacerdos, vesp. 2 antiph. 2 Antiphona. Angelorum esca nutrivisti populum tuum, et panem de caelo praestitisti eis, alleluia. Contra, Pauper esca, de sancto Dominico.

Antienne 2

 

Vous avez nourri votre peuple avec le pain des anges, et vous lui avez donné le pain du ciel. Alleluia.

« Contra » : Une pauvre nourriture, de saint Dominique.

 

Psalmus [91632] Officium Sacerdos, vesp. 2 ps. 2 Confitebor tibi, domine, in toto corde meo, in consilio iustorum et congregatione. Magna opera domini, exquisita in omnes voluntates eius. Confessio et magnificentia opus eius, et iustitia eius manet in saeculum saeculi. Memoriam fecit mirabilium suorum misericors et miserator dominus. Escam dedit timentibus se. Memor erit in saeculum testamenti sui. Virtutem operum suorum adnuntiabit populo suo ut det illis hereditatem gentium. Opera manuum eius veritas et iudicium. Fidelia omnia mandata eius, confirmata in saeculum saeculi, facta in veritate et aequitate. Redemptionem misit populo suo. Mandavit in aeternum testamentum suum. Sanctum et terribile nomen eius : initium sapientiae timor domini, intellectus bonus omnibus facientibus eum. Laudatio eius manet in saeculum saeculi.

Psaume 110

 

1 De tout coeur je rendrai grâce au Seigneur dans l'assemblée, parmi les justes.

2 Grandes sont les oeuvres du Seigneur ; elles sont exquises, en harmonie avec ses volontés.

3 Noblesse et beauté dans ses actions : à jamais se maintiendra sa justice.

4 De ses merveilles il a laissé un mémorial ; le Seigneur est tendresse et pitié.

5 Il a donné des vivres à ceux qui le craignent, gardant toujours mémoire de son alliance.

6 Il a montré la puissance de ses oeuvres à son peuple, lui donnant l’héritage des nations.

7 Justesse et sûreté, les oeuvres de ses mains, tous ses commandements sont dignes de confiance,

8 établis pour toujours et à jamais, accomplis avec droiture et sûreté !

9 Il apporte la délivrance à son peuple ; son alliance est promulguée pour toujours : saint et redoutable est son nom.

10 La sagesse commence avec la crainte du Seigneur. Qui accomplit sa volonté en est éclairé. A jamais se maintiendra sa louange.

 

[91633] Officium Sacerdos, vesp. 2 antiph. 3 Antiphona. Pinguis est panis Christi, et praebebit delicias regibus, alleluia. Contra, Scala caelo, de sancto Dominico.

Antienne 3

 

Le pain du Christ est un pain gras, et les rois y trouveront leurs délices.

« Contra » : L’échelle du ciel, de saint Dominique.

 

Psalmus [91634] Officium Sacerdos, vesp. 2 ps. 3 Credidi, propter quod locutus sum : ego autem humiliatus sum nimis. Ego dixi in excessu meo : omnis homo mendax. Quid retribuam domino pro omnibus quae retribuit mihi ? Calicem salutaris accipiam, et nomen domini invocabo. Vota mea domino reddam coram omni populo eius. Pretiosa in conspectu domini mors sanctorum eius. O domine, quia ego servus tuus, ego servus tuus et filius ancillae tuae, disrupisti vincula mea. Tibi sacrificabo hostiam laudis, et in nomine domini invocabo. Vota mea domino reddam in conspectu omnis populi eius, in atriis domus domini, in medio tui, Hierusalem.

Psaume 115

 

10 J’ai eu confiance, alors même que je disais : « moi qui ai beaucoup souffert,

11moi qui ai dit dans mon trouble : " L'homme n'est que mensonge " ! »

12 Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ?

13 J'élèverai la coupe du salut, j'invoquerai le nom du Seigneur.

14 Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple !

15 Elle a du prix aux yeux du Seigneur la mort des siens !

16 Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, ton serviteur, le fils de ta servante, moi, dont tu brisas les chaînes ?

17 Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce, j'invoquerai le nom du Seigneur.

18 Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple,

19 à l'entrée de la maison du Seigneur, au milieu de ton enceinte, Jérusalem !

 

[91635] Officium Sacerdos, vesp. 2 antiph. 4 Antiphona. Sacerdotes sancti Dei incensum et panes offerunt Deo, alleluia. Contra, Ingressus Angelus, de Annuntiatione sanctae Mariae.

Antienne 4

 

Les prêtres de Dieu offrent à Dieu le pain et l’encens. Alleluia.

« Contra » :Un ange entra, de l’Annonciation de Marie.

 

Psalmus [91636] Officium Sacerdos, vesp. 2 ps. 4 Beati omnes qui timent dominum, qui ambulant in viis eius. Labores manuum tuarum, quia manducabis, beatus es, et bene tibi erit. Uxor tua sicut vitis abundans in lateribus domus tuae. Filii tui sicut novella olivarum in circuitu mensae tuae. Ecce sic benedicetur homo qui timet dominum : benedicat te dominus ex Sion, et videas bona Hierusalem omnibus diebus vitae tuae, et videas filios filiorum tuorum. Pax super Israhel.

Psaume 127

 

1 Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !

2 Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es-tu ! Tu es heureux et prospère !

3 Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d’olivier.

4 Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur.

5 De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie,

6 et tu verras les fils de tes fils. Paix sur Israël !

 

[91637] Officium Sacerdos, vesp. 2 antiph. 5 Antiphona. Vincenti dabo manna absconditum, et nomen novum, alleluia. Contra, Ex quo omnia, de Trinitate.

Antienne 5

 

Je donnerai au vainqueur la manne cachée et un nom nouveau. Alleluia.

« Contra » : Duquel tout, de la Trinité.

 

Psalmus [91638] Officium Sacerdos, vesp. 2 ps. 5 Lauda, Hierusalem, dominum. Lauda Deum tuum, Sion, quoniam confortavit seras portarum tuarum. Benedixit filiis tuis in te qui posuit fines tuos pacem, et adipe frumenti satiat te, qui emittit eloquium suum terrae. Velociter currit sermo eius. Qui dat nivem sicut lanam, nebulam sicut cinerem spargit, mittit cristallum suum sicut buccellas : ante faciem frigoris eius, quis sustinebit ? Emittet verbum suum, et liquefaciet ea. Flabit spiritus eius, et fluent aquae. Qui adnuntiat verbum suum Iacob, iustitias et iudicia sua Israhel, non fecit taliter omni nationi, et iudicia sua non manifestavit eis.

Psaume 147

 

12 Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion !

13 Il a consolidé les verrous de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants ;

14 il fait régner la paix à tes frontières, et d’un pain de froment te rassasie.

15Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt.

16 Il fait tomber la neige comme de la laine, il répand le givre comme de la cendre.

17 Il jette à poignées des glaçons ; devant ce froid, qui pourrait tenir ?

18 Il envoie sa parole : survient le dégel ; il répand son souffle : les eaux coulent.

19 Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël.

20 Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; nul autre n’a connu ses volontés.

 

[91639] Officium Sacerdos, vesp. 2 cap. 1 Capitulum. Dominus Iesus Christus in qua nocte tradebatur, accepit panem, et gratias agens fregit, et dixit : Accipite et manducate : hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur; hoc facite in meam commemorationem.

Capitule

Comme aux premières Vêpres.

 

Le Seigneur Jésus-Christ pendant la nuit où on le livrait à ses ennemis, prit le pain, et rendant grâce, il le rompit et dit : Prenez, et mangez. "Ceci est mon corps, qui sera livré pour vous. Faites ceci en mémoire de moi."

 

[91640] Officium Sacerdos, vesp. 2 resp. 1 R/. Homo quidam fecit coenam magnam et misit servum suum hora coenae dicere invitatis ut venirent : quia parata sunt omnia. V/. Venite, comedite panem meum et bibite vinum meum quod miscui vobis. Quia parata sunt omnia. Gloria patri et filio et spiritui sancto. Quia parata sunt omnia. Contra, Virgo flagelatur, de sancta Catharina.

Répons/

 

Un homme fit un grand festin, et il envoya son serviteur à l’heure du repas dire à ceux qui étaient invités, de venir, parce que tout était prêt.

 

Verset/

Venez et mangez mon pain; et buvez mon vin que je vous ai préparé. Parce que, etc.

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.

Parce que, etc.

« Contra » : La Vierge est flagel-lée, de sainte Catherine.

 

Hymnus [91641] Officium Sacerdos, vesp. 2 hymnus 1 Contra, Pange lingua gloriosi praelium certaminis. In passione domini. Pange, lingua, gloriosi corporis mysterium sanguinisque pretiosi, quem in mundi pretium fructus ventris generosi rex effudit gentium. Nobis natus, nobis datus ex intacta virgine et in mundo conversatus sparso verbi semine sui moras incolatus miro claudit ordine. In supremae nocte cenae recumbens cum fratribus observata lege plene cibis in legalibus cibum turbae duodenae se dat suis manibus. Verbum caro panem verum verbo carnem efficit, fitque sanguis Christi merum, et si sensus deficit, ad firmandum cor sincerum sola fides sufficit.

 

 

 

 

Tantum ergo sacramentum veneremur cernui, et antiquum documentum novo cedat ritui, praestet fides supplementum sensuum defectui. Genitori genitoque laus et iubilatio, salus, honor, virtus quoque sit et benedictio, procedentis ab utroque compar sit laudatio.

                        Hymne de saint Thomas — « Pange, lingua, gloriosi corporis » [5]

 

Traduction 1857

 

Publie, ma langue, le mystère du corps glorieux et du sang précieux, que le roi des nations fruit d’un sein généreux a répandu pour racheter le monde ! Il nous a été donné, il nous est né d’une vierge très pure. Répandant la semence de la parole il a conversé avec les hommes, et il a terminé d’une manière merveilleuse son séjour ici-bas. Assis au milieu de ses disciples pendant cette nuit de la cène suprême, ayant observé la loi dans toute sa plénitude pour les mets quelle prescrit, il se donne de ses propres mains comme aliment (à la foule des) aux douze Apôtres. Le Verbe fait chair change par sa parole un pain véritable en sa propre chair, et le vin en son sang précieux; bien que les sens soient impuissants à le voir, la foi seule suffit pour affermir le coeur sincère. Incliné profondément, adorons donc un si grand sacrement, et que l’enseig-nement ancien fasse place au culte nouveau; que la foi supplée à l’insuffisance des sens. Au Père et au Fils, louange et jubilation, salut, honneur, puissance et bénédiction; louange pareillement à celui qui procède de l’un et de l’autre. Amen.

 

Traduction 1962, Maurice LE BAS

 

Chante, ô ma langue, le mystère

Du corps sacré, corps glorieux,

Livré pour nous sur le Calvaire,

Et celui du sang précieux, Versé pour racheter la terre Par le fruit d’un sein merveilleux.

Il naît pour nous dans une étable,

Dieu nous le donne sans retour ;

Fils d’une Mère incompa-rable,

Dans le monde il sème l’Amour,

Et par un prodige admirable Il va couronner son séjour. La nuit, dans la Cène suprême,

Assis à table avec les siens,

Il observe la Loi qu’il aime, Dans les mets prescrits aux anciens ;

Aux Douze, il se donne lui-même

En nourriture, de ses mains. D’un mot de sa bouche adorable

Il change le pain en son corps,

Le vin en son sang véritable ; Si mon oeil me dit que j’ai tort,

Ma foi demeure inébranlable Et j’y puise mon réconfort. Prosternons-nous dans la présence

Du plus auguste sacrement, Et que la nouvelle Alliance Succède à l’autre Testament ; La foi, devant mon igno-rance,

Supplée à mon aveuglement. A Dieu le Père, au Christ mon frère

Louange et jubilation, Honneur, salut, puissance entière

Et chants de bénédiction.

A l’Esprit du Fils et du Père Notre égale acclamation.

[91642] Officium Sacerdos, vesp. 2 v. 1 V/. Panem de caelo praestitisti eis.

R/. Omne delectamentum suavitatis in se habentem.

Verset/

Vous leur avez donné, Seigneur, un pain céleste.

 

Répons/

Qui a en lui toute espèce de charmes.

 

[91643] Officium Sacerdos, vesp. 2 antiph. 6 Antiphona ad Magnificat. O sacrum convivium. In quo Christus sumitur, recolitur memoria passionis eius, mens impletur gratia, et futurae gloriae nobis pignus datur, alleluia, alleluia. Contra, Benedictus dominus Deus patris nostri, de sancto Bernardo.

Antienne 6

 

O banquet sacré dans lequel on reçoit Jésus-Christ ; où l’on célèbre la mémoire de sa passion, dans lequel l’esprit est rempli de la grâce et où nous recevons le gage de la gloire future ! Alleluia, alleluia!

« Contra » : Béni soit le Seigneur, Dieu de nos pères, de saint Bernard

 

Magnificat [91644] Officium Sacerdos, vesp. 2 hymnus 2 Magnificat anima mea dominum : et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo. Quia respexit humilitatem ancillae suae : ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes. Quia fecit mihi magna qui potens est : et sanctum nomen eius. Et misericordia eius a progenie in progenies timentibus eum. Fecit potentiam in brachio suo : dispersit superbos mente cordis sui. Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles. Esurientes implevit bonis : et divites dimisit inanes. Suscepit Israel puerum suum, recordatus misericordiae suae. Sicut locutus est ad patres nostros, Abraham et semini eius in saecula.

Le cantique de Marie (Lc 1)

 

47 Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !

48 Il s'est penché sur son humble servante ; désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

49 Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !

50 Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent ;

51 Déployant la force de son bras, il disperse ceux qui s’enorgueillissent dans les pensées de leur coeur.

52 Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

53 Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.

54 Il relève Israël, son serviteur, il se souvient de son amour,

55 ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race, à jamais.

 

[91645] Officium Sacerdos, vesp. 2 oratio 1 Oratio. Deus qui nobis sub sacramento mirabili passionis tuae memoriam reliquisti, tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra mysteria venerari, ut redemptionis tuae fructum in nobis iugiter sentiamus. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

L’Oraison est la même qu’aux premières Vêpres. Pendant l’Octave.

Dieu qui nous avez laissé sous ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les mystères de votre corps et de votre sang un respect tel, que nous jouissions intérieurement et continuel-lement des fruits de votre rédemption.

Vous qui vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction Vatican II, 1965

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé un mémorial de ta passion. Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption.

Toi qui vis et régne avec le Père, et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Infra octavam [91647] Officium Sacerdos, octav. 1 inv. 1 Per octavam Invitatorium. Christum regem adoremus dominantem gentibus. Qui se manducantibus dat spiritus pinguedinem. Contra, Christum regem regum adoremus dominum, de sancto Andrea.

Invitatoire

 

Adorons le Christ roi qui domine les nations et qui engraisse l’esprit de ceux auxquels il se donne en aliment.

« Contra » : Adorons le Christ, le Seigneur, le Roi des rois, de saint André.

 

Psalmus [91648] Officium Sacerdos, octav. 1 ps. 1 Venite, exultemus domino. Iubilemus Deo salutari nostro. Praeoccupemus faciem eius in confessione, et in psalmis iubilemus ei, quoniam Deus magnus dominus, et rex magnus super omnes deos ; quia in manu eius fines terrae, et altitudines montium ipsius sunt ; quoniam ipsius est mare, et ipse fecit illud, et siccam manus eius formaverunt. Venite, adoremus et procidamus et ploremus ante dominum qui fecit nos, quia ipse est Deus noster et nos populus pascuae eius et oves manus eius. Hodie, si vocem eius audieritis, nolite obdurare corda vestra, sicut in inritatione, secundum diem temptationis in deserto, ubi temptaverunt me patres vestri : probaverunt me, et viderunt opera mea. Quadraginta annis offensus fui generationi illi, et dixi : semper errant corde, et isti non cognoverunt vias meas. Ut iuravi in ira mea : si intrabunt in requiem meam. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper, et in secula seculorum. Amen.

Psaume 94

 

1 Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut !

2 Allons jusqu'à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le !

3 Oui, le grand Dieu, c'est le Seigneur, le grand roi au-dessus de tous les dieux :

4 il tient en main les confins de la terre, et les sommets des montagnes sont à lui ;

5 à lui la mer, c'est lui qui l'a faite, et les terres, car ses mains les ont pétries.

6 Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits.

7 Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple de son pâturage, le troupeau guidé par sa main. Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ?

8 « Ne fermez pas votre coeur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi,

9 où vos pères m'ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit.

10 « Quarante ans leur génération m'a déçu, et j'ai dit : Ce peuple a le coeur égaré, il n'a pas connu mes chemins.

11 Dans ma colère, j'en ai fait le serment : Jamais ils n'entreront dans mon repos. »

Gloire soit au Père, au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et dans les siècles des siècles. Amen.

 

[91649] Officium Sacerdos, octav. 1 antiph. 1 Antiphona ad Benedictus. Ego sum panis vivus, qui de caelo descendi : si quis manducaverit ex hoc pane, vivet in aeternum. Contra, Pax aeterna, de Dedicatione.

Antienne du Benedictus

 

"Je suis le pain de vie qui suis descendu du ciel; si quelqu’un mange de ce pain il vivra éternellement."

« Contra » : La paix éternelle, de la Dédicace.

 

Benedictus [91650] Officium Sacerdos, octav. 1 hymnus 1 Benedictus dominus Deus Israel, quia visitavit, et fecit redemptionem plebis suae : et erexit cornu salutis nobis : in domo David pueri sui. Sicut locutus est per os sanctorum, qui a saeculo sunt, prophetarum eius : salutem ex inimicis nostris, et de manu omnium qui oderunt nos : ad faciendam misericordiam cum patribus nostris ; et memorari testamenti sui sancti. Iusiurandum, quod iuravit ad Abraham patrem nostrum, daturum se nobis : ut sine timore, de manu inimicorum nostrorum liberati, serviamus illi. In sanctitate et iustitia coram ipso, omnibus diebus nostris. Et tu puer, propheta Altissimi vocaberis : praeibis enim ante faciem domini parare vias eius : ad dandam scientiam salutis plebi eius : in remissionem peccatorum eorum : per viscera misericordiae Dei nostri : in quibus visitavit nos, oriens ex alto : illuminare his qui in tenebris et in umbra mortis sedent : ad dirigendos pedes nostros in viam pacis.

Le cantique de Zacharie (Lc 1)

 

68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui visite et rachète son peuple.

69 Il a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur,

70 comme il l'avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens :

71 salut qui nous arrache à l'ennemi,  à la main de tous ceux qui nous haïssent,

72 afin de montrer son amour à nos pères, et de se souvenir de son pacte saint,

73 serment juré à notre père Abraham de nous rendre sans crainte,

74 afin que, délivrés de la main des ennemis,

75 nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours.

76 Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins

77 pour donner à son peuple de reconnaître le salut dans la rémission de ses péchés,

78 grâce à la tendresse, à l'amour de notre Dieu, quand nous visite l'astre d'en haut,

79 pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix.

 

[91651] Officium Sacerdos, octav. 1 antiph. 2 Antiphona ad Magnificat. Memoriam fecit mirabilium suorum misericors et miserator dominus, escam dedit timentibus se.

Antienne 2

 

"Le Seigneur qui est miséricordieux et plein de clémence, a rappelé la mémoire de ses merveilles, et il a donné la nourriture à ceux qui le craignent."

Antienne 2

 

De ses merveilles il a laissé un mémorial ; le Seigneur est tendresse et pitié.

Il a donné des vivres à ceux qui le craignent.

 

Magnificat [91652] Officium Sacerdos, octav. 1 hymnus 2 Magnificat anima mea dominum : et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo. Quia respexit humilitatem ancillae suae : ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes. Quia fecit mihi magna qui potens est : et sanctum nomen eius. Et misericordia eius a progenie in progenies timentibus eum. Fecit potentiam in brachio suo : dispersit superbos mente cordis sui. Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles. Esurientes implevit bonis : et divites dimisit inanes. Suscepit Israel puerum suum, recordatus misericordiae suae. Sicut locutus est ad patres nostros, Abraham et semini eius in saecula.

Le cantique de Marie (Lc 1)

 

47 Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !

48 Il s'est penché sur son humble servante ; désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

49 Dieu tout-puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !

50 Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent ;

51 Déployant la force de son bras, il disperse ceux qui s’enorgueillissent dans les pensées de leur coeur.

52 Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

53 Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.

54 Il relève Israël, son serviteur, il se souvient de son amour,

55 comme il l’avait promis à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race, à jamais.

 

[91653] Officium Sacerdos, octav. 1 n. 1 Caetera omnia fiant sicut in die.

                   Octave de la fête

 

Dies 1

                        Premier jour

 

Lectio 1 [91654] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 1 l. 1 De totius mundi operibus legisti quia ipse dixit et facta sunt, ipse mandavit et creata sunt. Sermo igitur qui potuit ex nihilo facere quod non erat, non potuit ea quae sunt in id mutare quod non erant* ? Non est enim minus dare, quam mutare novas naturas rebus. Sed quid ? Cuius argumentis utimur, suis utamur exemplis, incarnationisque struamus mysterii veritatem. Numquid naturae usus persensit, cum dominus Iesus ex Maria nasceretur ? Si ordinem quaerimus, viro mixta femina generare consuevit. Liquet igitur quod praeter naturae ordinem virgo generavit. Et hoc quod conficimus, corpus ex virgine est. Quid hic quaeris naturae ordinem in Christi corpore, cum praeter naturam sit ipse dominus Iesus partus ex virgine ? Vera utique caro Christi quae crucifixa, quae sepulta est. Vere ergo illius carnis sacramentum est. Ipse clamat dominus noster Iesus : hoc est corpus meum. Ante benedictionem verborum caelestium, alia species nominatur; post consecrationem, corpus significatur. Ipse dicit sanguinem suum. Ante consecrationem aliud dicitur; post consecrationem sanguis Christi nuncupatur. Tu dicis : amen : hoc verum est. Quod sermo sonat, affectus sentiat.

Leçon 1 : Saint Ambroise, livre des Mystères, livre 1 (suite)

De toutes les choses que contient le monde entier, tu as lu : « Il dit, et les choses furent ; il ordonna, et elles furent créées ». La parole qui a pu faire de rien ce qui n’existait pas n’a-t-elle donc pas pu changer des choses qui existait en ce qui n’existait pas ? [* la phrase n’est compréhensible qu’avec la leçon « erat » et non « erant ».] En effet, ce n’est pas un moindre don que d’attribuer aux choses une nature nouvelle. Mais quoi ? De quelles preuves nous servons-nous ? Nous utilisons leurs exemples et édifions la vérité du mystère de l’Incarnation. La nature, dans son fonctionnement, a-t-elle ressenti quelque chose quand le Seigneur Jésus est né de Marie ? Si c’est un ordre que nous cherchons, il est habituel qu’une femme, accouplée à un homme, mette (un enfant) au monde. Il est donc évident que la Vierge a enfanté en dehors du cours de la nature. Et ce que nous constatons, c’est que ce corps est né d’une vierge. Pourquoi, dans ce cas-ci, cherches-tu un ordre naturel dans le corps du Christ, alors que c’est, en dépit des lois de la nature, que le Seigneur Jésus est né d’une vierge ? Le vrai corps charnel du Christ a été crucifié, a été enseveli. Il s’agit donc du véritable sacrement de ce corps charnel. C’est d’ailleurs ce que proclame Notre Seigneur Jésus lui-même : « ceci est mon corps ». Avant la bénédiction qui répète ces paroles célestes, on l’appelle autrement ; après la consécration, il s’agit de son corps. Lui-même a dit : « ceci est mon sang » : avant la consécration, c’est autre chose ; après, c’est le sang du Christ. Tu dis « amen » : c’est vrai. Ce que proclament les mots, que l’esprit le ressente.

 

Traduction du « de Myste-riis » de saint Ambroise, trouvée sur Internet (www.livres-mystiques.com), sans nom de traducteur.

 

Tu as lu, à propos des oeuvres de l'univers entier : « Il a dit et ce fut fait, il a ordonné et cela fut créé. » La parole du Christ, qui a pu faire de rien ce qui n'était pas, ne peut-elle donc pas changer les choses qui sont en ce qu'elles n'étaient pas ? Car il n'est pas moins difficile de donner aux choses une nouvelle nature que de changer cette nature. Mais pourquoi nous servir d'arguments ? Servons-nous de ses exemples et établissons la vérité du mystère de l'incarnation. Est-ce que le cours ordinaire de la nature précéda la naissance du Seigneur Jésus de Marie ? Si nous cherchons l'ordre de la nature, la femme a l'habitude d'enfanter après des relations avec un homme. Il est donc évident que la Vierge a enfanté hors du cours de la nature. Eh bien, ce que nous produisons, c'est le corps né de la Vierge. Pourquoi chercher ici l'ordre de la nature dans le corps du Christ, alors que le Seigneur Jésus lui-même a été enfanté par une Vierge en dehors du cours de la nature ? C'est la vraie chair du Christ qui a été crucifiée, qui a été ensevelie. C'est donc vraiment le sacrement de sa chair. Le Seigneur Jésus lui-même le proclame : « Ceci est mon corps. » Avant la bénédiction par les paroles célestes, on l'appelle d'un autre nom ; après la consécration, c'est le corps qui est désigné. Lui-même dit que c'est son sang. Avant la consécration, on l'appelle autrement ; après la consécration, on l'appelle le sang. Et tu dis : « Amen », c'est-à-dire : « C'est vrai. » Ce que prononce la bouche, que l'esprit le reconnaisse. Ce qu'exprimé la parole, que notre coeur le ressente.

Lectio 2 [91655] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 1 l. 2 Panis est in altari usitatus ante verba sacramentorum. Ubi accessit consecratio, de pane fit caro Christi. Quomodo autem potest quod panis est esse corpus Christi ? Consecratio igitur quibus verbis et cuius sermonibus est ? Domini Iesu. Nam per reliqua omnia quae dicuntur, laus Deo offertur, oratione petitur pro populo, pro regibus, pro ceteris. Ubi autem sacramentum conficitur, iam non suis sermonibus sacerdos, sed utitur sermonibus Christi. Ergo sermo Christi hoc conficit sacramentum. Quis sermo Christi ? Hic nempe quo facta sunt omnia : caelum, terra, maria. Vides ergo quam operarius sit sermo Christi. Si ergo tanta vis est in sermone domini Iesu Christi, ut inciperet esse quod non erat, quanto magis operarius est ut sint quae erant et in aliud convertantur ? Et sic quod erat panis ante consecrationem iam corpus Christi post consecrationem est, quia sermo Christi creaturam mutat, et sic ex pane fit corpus Christi. Et vinum cum aqua in calice mixtum, fit sanguis consecratione verbi caelestis.

 

 

 

 

Sed forte dicis : speciem sanguinis non video, sed habet similitudinem. Sicut enim mortis similitudinem assumpsisti, ita etiam Christi similitudinem sanguinis bibis, ut nullus horror cruoris sit, et pretium tamen operetur redemptionis. Didicisti quia corpus accipis Christi. Vis scire quia verbis caelestibus consecratur ? Accipe quae sunt verba. Dicit sacerdos : fac nobis, inquit, hanc oblationem adscriptam, rationabilem, acceptabilem, quod est figura corporis et sanguinis domini nostri Iesu Christi qui pridie quam pateretur, in sanctis manibus suis accepit panem, respexit ad caelum, ad te, sancte pater, omnipotens aeterne Deus, gratias agens benedixit, fregit, fractumque Apostolis suis, et discipulis suis tradidit, dicens : accipite, et edite ex hoc omnes; hoc enim est corpus meum, quod pro multis confringetur. Similiter et calicem postquam coenatum est, pridie, quam pateretur, accepit, respexit ad caelum, ad te, sancte pater, omnipotens aeterne Deus, gratias agens benedixit, Apostolis et discipulis suis tradidit, dicens : accipite et bibite ex eo omnes. Hic est enim sanguis meus. Inde, omnia illa Evangelistae sunt usque ad Accipite, sive corpus, sive sanguinem. Inde verba Christi sunt : accipite et bibite ex hoc omnes. Hic est enim sanguis meus. Vide singula. Qui pridie quam pateretur accepit, inquit, in sanctis manibus panem. Antequam consecretur panis est. Ubi autem verba Christi accesserint, corpus Christi est. Deinde audi dicentem : accipite et edite ex hoc omnes : hoc est enim corpus meum. Et ante verba Christi, calix est vino et aqua plenus. Ubi autem verba Christi operata fuerint, ibi sanguis efficitur, qui plebem redemit. Ergo vide quam potens est sermo Christi universa convertere. Deinde ipse Iesus testificatur, quod corpus suum et sanguinem suum accipiamus, de cuius fide et testificatione dubitare non debemus.

Leçon 2

Sur l’autel, c’est du pain qui est utilisé, avant les paroles sacramentelles. Quand arrive la consécration, le pain se change en corps du Christ :or, comment peut-il se faire que ce qui était du pain devienne le corps du Christ ? Donc, par quels mots, par quelles paroles la consécration se produit-elle ? Les paroles du Seigneur Jésus. En effet, par toutes les autres paroles qui sont prononcées une louange est rendue à Dieu, une prière est adressée aux intentions du peuple, des rois, de tous les autres. Or, quand le sacrement s’accomplit, le prêtre n’utilise plus ses propres paroles, mais celles du Christ. C’est donc la parole du Christ qui réalise le sacrement. Quelle parole du Christ ? C’est celle, sans doute, par laquelle tout fut créé : le ciel, la terre, les mers. Tu vois donc combien est efficace la parole du Christ. Si donc il y a une telle puissance dans la parole de Notre Seigneur Jésus-Christ pour qu’advienne à l’existence ce qui n’existait pas, combien plus efficace est-elle pour que ce qui était se transforme en autre chose ? Et ainsi, ce qui était du pain avant la consécration est désormais le corps du Christ après la consécration, parce que la parole du Christ transforme la créature et ainsi le pain se change en corps du Christ. Quant au vin, mélangé avec de l’eau dans le calice, il devient sang du Christ par la consécration d’une parole céleste.

 

Leçon 12 (Suite du texte de saint Ambroise, livre des Mystères, livre 1).

Peut-être diras-tu : « Ce n’est pas une substance de sang que je vois, ce n’est qu’une repré-sentation ». De même en effet que tu as pris une représentation de la mort, ainsi tu bois une représentation du sang du Christ, afin que le sang qui coule ne suscite pas l’horreur et que le prix de la rédemption soit cependant efficace. Tu sais que c’est le corps du Christ que tu reçois ; veux-tu savoir par quelles paroles célestes se produit la consécration ? Le prêtre dit : Daigne, pour nous, agréer cette offrande, la rendre parfaite et digne de te plaire, puisqu’elle est la figure du corps et du sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui, la veille de sa Passion, prit du pain dans ses mains saintes, leva les yeux au ciel vers toi, Père saint, Dieu tout-puissant et éternel ; te rendant grâces, il le bénit, le rompit et le donna à ses apôtres et à ses disciples, en disant : « Prenez, et mangez-en tous, car ceci est mon Corps qui sera brisé pour (le salut de) tous ». De même, après qu’il eût soupé, la veille de sa Passion, il prit une coupe, leva les yeux au ciel vers toi, Père saint, Dieu tout-puissant et éternel ; te rendant grâces, il le bénit, le rompit et le donna à ses apôtres et à ses disciples, en disant : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est mon sang ». Toutes ces paroles sont de l’Évangéliste jusqu’à « prenez », d’une part le corps, d’autre part le sang. Ensuite les paroles sont celles du Christ : « prenez et buvez-en tous. Ceci est mon sang ». Fais bien attention à chacune des paroles : la veille de sa Passion, il prit le pain dans ses mains saintes. Avant la consécration, c’est du pain ; quand les parolesdu Christ ont été prononcées, c’est le corps du Christ. Il dit ensuite, écoute-bien : prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps. Avant les paroles du Christ, le calice est rempli avec du vin et de l’eau : quand les paroles du Christ ont été dites, ce qui s’y trouve est le sang qui rachète la multitude. Vois donc à quel point la parole du Christ est efficace pour changer toutes choses.

Ensuite Jésus lui-même témoigne que c’est son corps et son sang que nous recevons : nous ne devons pas douter de cette foi et de ce témoignage.

 

 

 

Lectio 3 [91656] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 1 l. 3 Christus panis est de quo ipsemet dixit : et panis quem ego dabo caro mea est pro mundi vita. Determinat quomodo sit panis, non solum secundum verbum quo vivunt omnia, sed secundum carnem assumptam pro mundi vita. Humana enim caro quae erat peccato mortua, carni mundae unita, incorporata, unum cum illa effecta, vivit de spiritu eius, sicut vivit corpus de suo spiritu. Qui vero non est de corpore Christi, non vivit de spiritu Christi. Corpus et sanguinem Christi dicimus illud quod ex fructibus terrae acceptum et prece mystica consecratum recte sumimus ad salutem spiritualem, in memoriam dominicae passionis. Quod, cum per manus hominis ad illam visibilem speciem perducatur, non sanctificatur ut sit tam magnum sacramentum, nisi operante invisibiliter spiritu sancto, cum haec omnia quae per corporales motus in illo opere fiunt, Deus operetur. Hoc est sacramentum pietatis et est signum unitatis et vinculum caritatis. Qui vult vivere accedat et credat, incorporetur. Hunc cibum et potum societatem vult intelligi corporis et membrorum suorum quod est ecclesiae in praedestinatis. Hoc est quod dicimus, quod omnibus modis approbare contendimus, sacrificium ecclesiae duobus confici, duobus constare : visibili elementorum specie, et invisibili domini nostri Iesu Christi carne et sanguine, et sacramento et re sacramenti, id est, corpore Christi, sicut Christi persona constat et conficitur ex Deo et homine, cum ipse Christus verus sit Deus et verus homo, quia omnis res illarum rerum naturam et veritatem in se continet ex quibus conficitur. Conficitur autem sacrificium ecclesiae duobus, sacramento et re sacramenti, id est, corpore Christi. Est igitur sacramentum et res sacramenti, id est, corpus Christi. Caro eius est quam forma panis opertam in sacramento accipimus, et sanguis eius quem sub vini specie et sapore potamus. Caro videlicet est carnis, et sanguis est sacramentum sanguinis. Carne et sanguine utroque invisibili intelligibili spirituali significatur visibile corpus domini nostri Iesu Christi et palpabile, plenum gratia omnium virtutum et divina maiestate. Sicut ergo caelestis panis qui vere Christi caro est, suo modo vocatur corpus Christi, cum revera sit sacramentum corporis Christi, illius videlicet quod visibile, quod palpabile mortale in cruce est positum, vocaturque ipsa carnis immolatio, quae sacerdotis manibus fit, Christi passio mors crucifixio, non rei veritate sed significanti mysterio : sic sacramentum fidei, quod baptismus intelligitur, fides est.

Leçon 3

Le Christ est le pain dont il dit lui-même : “Le pain que je vous donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde”. Il détermine ainsi ce qu’est le pain, non seulement en fonction de sa parole par laquelle vivent toutes choses, mais en fonction de sa chair offerte pour la vie du monde. La chair de l’homme, en effet, qui était morte du fait du péché, est unie à une chair pure, notre corps se l’assimile, il ne fait plus qu’un avec elle, il vit de son esprit, comme le corps vit de l’esprit qui est en lui. Qui n’est pas vraiment uni au corps du Christ ne vit pas de l’esprit du Christ. Le corps et le sang du Christ, nous affirmons que c’est ce qui a été reçu des fruits de la terre et consacré par la prière sacramentelle; et c’est cela que nous prenons, à juste titre, pour notre salut spirituel, en mémoire de la passion du Seigneur. Ce corps et ce sang, quand par la main d’un homme, ils sont amenés à cette apparence visible, ne sont sanctifiés pour devenir un si grand sacrement, que par l’opération invisible de l’Esprit Saint, puisqu’en toutes ces choses qui se produisent en cette opération par des mouvements corporels, c’est Dieu qui agit. Ce sacrement est le sacrement de la piété, le signe de l’unité et le lien de la charité. Celui qui veut vivre, qu’il y accède, qu’il lui accorde sa confiance, qu’il s’y incopore. Jésus veut que cette nourriture et cette boisson soit comprise comme étant  la société de son corps et de ses membres – l’Église – dans des événements prédestinés. C’est ce que nous affirmons, que nous essayons de faire approuver par tous les moyens : le sacrifice de l’Église se résume, consiste en deux choses : la forme visible des éléments d’une part, la chair et le sang de notre Seigneur Jésus-Christ d’autre part; le sacrement d’une part, la matière du sacrement d’autre part, en d’autres termes le corps du Christ : la personne du Christ s’établit et s’accomplit à partir de Dieu et de l’homme, puisque le Christ lui-même est vrai Dieu et vrai homme, car toute chose contient en elle-même la nature et la vérité de ces éléments par lesquels elle se réalise. Or le sacrifice de l’Église se réalise par deux éléments : le sacrement et la matière du sacrement, c’est-à-dire le corps du Christ. Il y a donc bien le sacrement et la matière du sacrement, c’est-à-dire le corps du Christ. La chair de Jésus-Christ que nous recevons dans le sacrement, voilée sous la forme du pain, et le sang de Jésus-Christ que nous buvons sous les apparences et la saveur du vin. Il est donc clair que sa chair est le sacrement de la chair, et son sang le sacrement du sang. Par la chair et le sang, tous deux invisibles, intelligibles et spirituels, est signifié le corps visible de notre Seigneur Jésus-Christ, qu’on peut toucher, et qui est rempli de la grâce de toutes les vertus et de la majesté divine. De même donc que le pain céleste, qui est réellement la chair du Christ, est appelé, dans son mode, “corps du Christ” parce qu’il est réellement le sacrement du corps du Christ, de celui-là, bien sûr, qui a été cloué sur une croix, visible, accessible au toucher, mortel, celui-là qu’on appelle chair immolée (ce qui se réalise par les mains du prêtre), passion, mort, crucifixion de Jésus-Christ, non pas dans la réalité de la chose, mais dans un mystère signifiant; ainsi le sacrement de la foi, qui est compris comme étant le baptême, c’est la foi.

 

 

Dies 2

                        Deuxième jour

 

Lectio 1 [91657] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 2 l. 1 Iteratur cotidie haec oblatio, licet Christus semel passus in carne, per unam eamdemque mortis passionem semel salvaverit mundum, ex qua morte idem resurgens ad vitam, mors ei ultra non dominabitur. Quod profecto sapientia Dei patris necessarium pro multis causis providit. Primo quidem quia cotidie peccamus, saltem in peccatis sine quibus mortalis infirmitas vivere non potest, quia, licet omnia peccata donata sint in baptismo, infirmitas tamen peccati adhuc manet in carne. Unde psalmista : benedic anima mea domino, qui propitiatur omnibus iniquitatibus tuis, qui sanat omnes infirmitates tuas. Et ideo, quia cotidie labimur, cotidie Christus pro nobis mystice immolatur, et passio Christi in mysterio traditur, ut qui semel moriendo mortem vicerat, cotidie recidiva delictorum per haec sacramenta corporis et sanguinis peccata relaxet. Unde oramus : dimitte nobis debita nostra; quia si dixerimus quod peccatum non habemus, ipsi nos seducimus et veritas in nobis non est. Iteratur etiam hoc mysterium et ob commemorationem passionis Christi, sicut ipse ait : hoc quotiescumque agitis, in meam commemorationem facite. Quotiescumque ergo hunc panem sumitis, et bibitis hunc calicem, mortem domini annunciabitis donec veniat. Non utique sic accipiendum est : donec Christi mors veniat, quia iam ultra non morietur, sed : donec ipse dominus ad iudicium veniat. Interdum autem semper mors est Christi pro saeculi vita posteris nuntianda, ut discant qua caritate dilexit suos, qui pro suis mori dignatus est, cui omnes vicem debemus impendere caritatis, quia ad hoc nos prior dilexit cum essemus gehennae filii, ut diligeremus eum a morte iam liberati. Quia morte domini iam liberati sumus, huius rei memores in edendo carnem et potando sanguinem eius, quae pro nobis oblata sunt significamus.

Leçon 1

Chaque jour cette oblation est recommencée, bien que le Christ, ayant souffert une seule fois sa passion dans sa chair, ait sauvé le monde une seule fois, par cette même passion et par sa mort : de cette mort il est également sorti vivant, la mort dorénavant n’aura plus de prise sur lui. Cette fin nécessaire, c’est à coup sûr la sagesse de Dieu le Père qui l’a prévue, pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, parce que nous commettons des fautes tous les jours, fautes sans lesquelles les faibles mortels que nous sommes ne peuvent vivre; car, bien que toutes nos fautes aient été pardonnées au baptême, la faiblesse du péché demeure toutefois dans notre chair. Aussi le psalmiste chante-t-il : “Bénis le Seigneur, ô mon âme, lui qui pardonne toutes tes offenses et qui guérit toutes tes infirmités.” Donc, puisque tous les jours nous tombons, tous les jours le Christ est immolé mystiquement pour nous, et la passion du Christ est revécue dans le mystère, si bien que lui qui, en mourant une fois, a vaincu la mort, efface tous les jours les péchés qui reviennent sans cesse, par le sacrement de son corps et de son sang. C’est pourquoi nous prions : “remets-nous nos offenses”, car si nous disions que nous n’avons pas de péché, nous nous abusons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. Ce mystère est également réitéré pour commémorer la passion de Jésus-Christ, comme il l’a dit lui-même : “Toutes les fois que vous ferez cela, faites-le en mémoire de moi. Chaque fois donc que vous prenez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur.” Il ne faut pas comprendre ces paroles ainsi : “jusqu’à ce que vienne la mort du Christ”, puisque le Seigneur ne meurt plus, mais bien : “jusqu’à ce que le Seigneur lui-même vienne pour le jugement”. Toujours il faut annoncer à ceux qui nous suivent que le Christ est mort pour que le monde vive, afin qu’ils apprennent de quel amour il a aimé les siens : il a jugé digne de donner sa vie pour les siens, tous nous lui devons la réciprocité de son amour; car nous qui étions fils de la géhenne, il nous a aimés le premier, afin que, libérés par sa mort, nous l’aimions. En effet nous sommes devenus libres par la mort du Seigneur, et nous signifions cette libération puisque nous nous souvenons de cela en mangeant sa chair et en buvant son sang offerts pour nous.

 

Lectio 2 [91658] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 2 l. 2 Quomodo quidem detur, et quisnam modus sit manducandi istum panem, ignoratis. Verumtamen nisi manducaveritis carnem filii hominis, et biberitis eius sanguinem, non habebitis vitam in vobis. Haec utique non cadaveribus sed viventibus loquebatur. Unde ne istam vitam intelligentes, et de hac re litigarent, secutus adiunxit : qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem habet vitam aeternam. Hanc ergo non habet, qui istum panem non manducat, nec istum sanguinem bibit. Nam temporalem vitam sine illo utcumque homines in hoc saeculo, qui non sunt in corpore eius per fidem, habere possunt : aeternam autem nunquam, quae sanctis promittitur. Ne autem putarent sic in isto cibo et potu eius, qui carnaliter sumunt et spiritualiter non intelligunt in fide, promitti vitam aeternam, ut qui eam sumerent iam nec corpore morerentur, huic cogitationi est dignatus occurrere. Nam cum dixisset : qui manducat meam carnem, et bibit meum sanguinem, habet vitam aeternam, continuo subiecit et dixit : et ego resuscitabo eum in novissimo die, ut habeat interim secundum spiritum aeternam requiem, quae sanctorum spiritus recipit. Quod autem ad corpus attinet, nec eius vita aeterna fraudabitur in resurrectione mortuorum in novissimo die. Caro, inquit, mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus. Cum enim cibo et potu id appetant homines ut non esuriant neque sitiant, hoc vere non praestat nisi iste cibus et potus, qui eos a quibus sumitur immortales et incorruptibiles facit, id est societas ipsorum sanctorum, ubi pax erit et unitas plena atque perfecta. Propterea quippe sicut etiam ante nos intellexerunt homines Dei, dominus noster Iesus Christus corpus et sanguinem suum in eis rebus commendavit, quae ad unum aliquid rediguntur. Ex multis namque granis unus panis conficitur et ex multis racemis vinum confluit. Denique iam exponit quomodo id fiat quod loquitur, et quid sit manducare corpus eius et sanguinem bibere. Et qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem in me manet et ego in eo. Hoc est ergo manducare illam escam et illum bibere potum, in Christo manere et illum manentem in se habere. Ac per hoc qui non manet in Christo et in quo non manet Christus, proculdubio non manducat spiritualiter eius carnem, licet carnaliter et visibiliter premat dentibus sacramenta corporis et sanguinis Christi; sed magis tantae rei sacramentum ad iudicium sibi manducat et bibit qui immundus praesumpsit ad Christi accedere sacramenta qui alius non digne sumit nisi qui mundus est de quibus dicitur : beati mundo corde quoniam ipsi Deum videbunt.

Leçon 2

Comment il est donné et quelle est la manière de manger ce pain, vous l’ignorez. Cependant, “si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.” Et ce n’est pas de cadavres que l’on parle, mais de vivants. Aussi, pour que vous compreniez bien cette vie et qu’il n’y ait pas de discussion à ce sujet, Jésus ajoute ensuite : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle.” Il ne la possède donc pas, celui qui ne mange pas ce pain et ne boit pas ce sang. Car la vie temporelle, tels ces hommes qui vivent dans le siècle et qui ne sont pas de son Corps par la foi, ils peuvent l’avoir sans Lui, mais la vie éternelle, jamais, car elle est promise aux saints. Mais pour qu’on ne pense pas que c’est dans cette nourriture et dans cette boisson – qu’ils prennent d’une manière charnelle et ne comprennent pas d’une manière spirituelle dans la foi – que se trouve la promesse de la vie éternelle, comme si ceux qui la prendraient ne connaîtraient plus la mort corporelle, le Christ a jugé bon d’aller à l’encontre de cette pensée. En effet, après avoir dit : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle”, il continue en ajoutant : “et moi, je le ressusciterai au dernier jour”, afin qu’il aie entretemps, dans l’Esprit, l’éternel repos qui accueille les esprits des saints. Et pour ce qui concerne leur corps, ils ne seront pas privés de la résurrection des morts, au dernier jour. “Ma chair, dit Jésus, est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment une boisson”. Puisqu’en effet les hommes aspirent à cette nourriture et à cette boisson pour ne plus avoir faim et ne plus avoir soif, il n’y a rien de plus important que cette nourriture et que cette boisson qui rendent ceux qui les consomment immortels et incorruptibles, c’est-à-dire qui font d’eux la société des saints : là seront la paix et l’unité pleine et entière. Voilà pourquoi sans doute, déjà avant nous, des hommes de Dieu ont compris cela; notre Seigneur Jésus-Christ leur a fait valoir son corps et son sang dans des choses qui ramènent à l’unité. En effet, un seul pain est constitué de beaucoup de grains et le vin est formé de beaucoup de grappes. Enfin, il expose désormais comment se réalise ce qu’il dit et ce que cela signifie : manger son corps et boire son sang. “Celui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui”. C’est donc cela manger cette nourriture et boire cette boisson : demeurer dans le Christ et posséder le Christ qui demeure en soi. A cause de cela, celui qui ne demeure pas dans le Christ et en qui le Christ ne demeure pas, c’est sans aucun doute qu’il ne se nourrit pas spirituellement de sa chair, bien que, charnellement et visible-ment, il presse de ses dents le sacrement du corps et du sang du Christ; bien au contraire, il mange et boit ce si grand sacrement pour son propre jugement, celui qui prétend accéder aux sacrements du Christ d’une manière impure : il ne les reçoit pas d’une manière digne; ne les reçoit ainsi que celui qui est pur, don’t il est dit : “Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu.”

 

 

Lectio 3 [91659] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 2 l. 3 Sicut me misit, inquit, vivens pater, et ego vivo propter patrem, et qui manducat me, et ipse vivet propter me. Non enim filius participatione patris fit melior, qui est natus aequalis, sicut participatione filii per unitatem corporis et sanguinis quam illa manducatio potatioque significat efficit nos meliores. Vivimos ergo nos propter ipsum, manducantes eum, idest, ipsum accipientes vitam aeternam quam non habemus ex nobis. Vivit autem ipse propter pater, missus ab eo, quia semetipsum exinanivit, factus obediens usque ad signum crucis. Sicut misit me vivens pater, et ego vivo propter patrem; et qui manducat me, et ipse vivet propter me. Ac si diceret : et ego vivo propter patrem; id est, ut ad illum tamquam ad maiorem referam vitam meam, exinanitio mea fecit in qua me misit. Ut autem quisque vivat propter me participatio facit qui manducat me. Ego itaque humiliatus vivo propter patrem, ille rectus vivit propter me. Non de ea natura dixit qua semper est aequalis patri, sed ea in qua minor factus est patre, de qua etiam superius dixit : sicut pater habet vitam in semetipso, sic dedit et filio vitam habere in semetipso, id est genuit filium habentem vitam in semetipso. Hic est panis qui de caelo descendit, ut illum manducando vivamus, quia aeternam vitam ex nihilo habere non possumus. Non sicut manducaverunt, inquit, patres vestri manna et mortui sunt. Qui manducat hunc panem vivet in aeternum. Quod ergo illi mortui sunt, ita vult intelligi, ut non vivant in aeternum. Nam temporaliter profecto et hic morientur qui Christum manducant, sed vivunt in aeternum, quia Christus est aeternae vitae signum. Qui manducat et bibit, hoc est si manet et manetur, si habitat et habitatur. Hoc ergo nos docuit et admonuit mysticis verbis ut simus in eius corpore sub ipso capite in membris eius, edentes carnem eius, non relinquentes unitatem eius. Sed qui aderant plures non intelligendo scandalizati sunt. Non enim cogitabant haec audiendo nisi carnem quod ipsi erant. Apostolus autem dicit et verum dicit : sapere secundum carnem, mors est. Carnem suam dicit nobis dominus manducare et sapere. Sapere secundum carnem mors est, cum de carne sua dicat quia ibi est vita aeterna. Ergo nec carnem debemus sapere secundum carnem, sicut in hiis verbis : Multi itaque audientes, non ex inimicis sed ex dicipulis eius, dixerunt : durus est hic sermo. Quis potest eum audire ? Si discipuli durum habuerunt istum sermonem, quid inimici ? Et tamen sic oportebat ut diceretur quod non ab hominibus intelligeretur. Secretum Dei intentos debet facere, non adversos.

Leçon 3

“De même, dit Jésus, que le Père qui est vivant m’a envoyé, moi aussi je vis par le Père; celui qui mange ma chair vivra lui aussi par moi.»  En effet, le Fils qui est né égal au Père ne devient pas meilleur par sa participation au Père ; ainsi, par notre participation au Fils, dans l’unité du corps et du sang qui est signifiée lorsque nous le mangeons et en buvons, il nous rend meilleurs. Donc, en le mangeant, nous vivons par lui, c’est-à-dire qu’en le recevant, nous possédons la vie éternelle que nous n’avons pas par nous-mêmes. Or lui-même vit par le Père, envoyé par lui, parce qu’il s’est anéanti lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort de la croix. “De même, dit Jésus, que le Père qui est vivant m’a envoyé, moi aussi je vis par le Père; celui qui mange ma chair vivra lui aussi par moi.» C’est comme s’il disait : « je vis par le Père », c’est-à-dire pour ramener ma vie à lui, comme à quelqu’un de plus grand que moi : c’est ce que produit cet anéantissement pour lequel il m’a envoyé. Que chacun vive par moi, c’est ce qu’obtient par participation celui qui mange ma chair. C’est pourquoi, moi, humilié, je vis par le Père, l’homme droit, lui, vit par moi. Jésus-Christ ne parle pas de cette nature, par laquelle il est toujours égal au Père, mais bien de cette nature par laquelle il a été rendu inférieur au Père ; voici ce qu’il en a dit plus haut : « De même que le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même, c'est-à-dire qu’il a engendré le Fils qui possède la vie en lui-même. » Tel est le pain descendu du ciel qu’en le mangeant nous vivons, puisque la vie éternelle, nous ne pouvons pas l’avoir à partir de rien. « Ce n’est pas comme vos pères, dit Jésus, qui ont mangé la manne et qui sont morts. Celui qui mangera de ce pain vivra éternellement. » En disant qu’ils sont morts, le Christ veut donc faire comprendre qu’ils ne vivront pas éternellement. En effet, au regard du temps, certes, et ici-bas, ils mourront ceux qui mangent le [corps du] Christ, mais ils vivent éternellement parce que le Christ est le signe de la vie éternelle. « Celui qui mange et boit », comprenez : s’il demeure dans le Christ et que le Christ demeure en lui, s’il habite et est habité par le Christ. Celui-ci nous a enseigné et averti, par des paroles mystiques, que nous avons à demeurer dans son corps, sous sa tête, dans ses membres, en mangeant sa chair et en restant fermes dans son unité. Mais parmi ceux qui étaient présents, plusieurs, parce qu’ils ne comprenaient pas, étaient scandalisés. Car en entendant ces paroles, ils ne pensaient à rien d’autre qu’à la chair dont eux-mêmes étaient formés. Or l’Apôtre le proclame, et il dit vrai : penser selon la chair, c’est la mort. Le Seigneur nous parle de sa chair à lui, de la manger et d’avoir du goût pour elle. Penser selon la chair, c’est la mort, puisque c’est de sa propre chair que l’on parle comme si là se trouvait la vie éternelle. Donc nous ne devons pas goûter la chair selon la chair, comme dans ces paroles : « C’est pourquoi beaucoup, non parmi ses ennemis mais parmi ses disciples, en entendant ces mots, dirent : ‘cette parole est dure ; qui peut l’entendre ?’ » Si les disciples ont trouvé cette parole dure, qu’en fut-il de ses ennemis ? Et cependant il fallait que fût dite cette parole que les hommes ne peuvent pas comprendre. Les secrets de Dieu doivent nous trouver attentifs, et non hostiles.

 

 

Dies 3

                        Troisième jour

 

Lectio 1 [91660] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 3 l. 1 Spiritus est qui vivificat, caro non prodest quicquam. Diximus enim hoc dominum commendasse in manducatione carnis suae et potatione sanguinis sui, ut in illo commaneamus et ipse in nobis. Manemus autem in illo, cum sumus membra eius. Manet autem ipse in nobis, cum sumus templum eius. Ut autem simus membra eius, unitas nos compaginat. Unitas autem ex caritate est. Caritas ex spiritu. Ergo est spiritus qui vivificat. Spiritus enim facit viva membra. Nec viva membra spiritus facit, nisi quae in corpore quod vegetat ipse spiritus invenerit. Nam spiritus qui est in te, o homo, quo constas ut homo sis, quomodo vivificat membrum quod separatum invenerit a carne tua ? Spiritum tuum dico animam tuam. Anima tua non vivificat nisi membra quae sunt in carne tua. Unum si tollas, iam ex anima tua non vivificatur, quia unitate corporis tui non copulatur. Haec dicuntur ut amemus unitatem et timeamus separationem. Nihil enim sic debet timere christianus quam separari a corpore Christi. Si enim separatur a corpore Christi, non est membrum eius. Si non est membrum eius, non vegetatur spiritu eius. Quisquis, inquit apostolus, spiritum Christi non habet, hic non est eius. Spiritus est ergo qui vivificat, caro non prodest quicquam. Verba quae ego locutus sum vobis spiritus et vita sunt : spiritualiter intelligenda sunt. Intellexistis spiritualiter ? Spiritus et vita sunt. Sed tibi non sunt, o homo qui spiritualiter ea non intelligis, nec fide ea venerari nosti. Sunt enim quidam in vobis qui non credunt, et ideo non intelligunt quia non credunt. Propheta enim dixit : nisi credideritis, non intelligetis. Per fidem copulamur, per intellectum vivificamur. Prius habeamus per fidem ut sic post vivificemur per intellectum. Ex hoc multi discipulorum eius abierunt retro et iam non cum illo ambulaverunt. Abierunt retro non post Christum sed post Satanam. Isti autem sic abierunt retro quomodo praecisi a corpore Christi, nec ultra redeuntes ad eum, quia fixi fideliter in corpore eius non fuerunt, et hii non pauci sed multi. Audiamus ergo quid ad paucos dixit qui remanserunt. Dixit ergo Iesus ad duodecim : numquid et vos vultis abire ? Non discessit nec Iudas, sed quare manebat domino iam apparebat ; postea manifestatus est. Respondit Petrus pro omnibus, unus pro multis, unitas pro universis. Respondit ergo ei Simon Petrus : domine ad quem ibimus ? Verba vitae aeternae habes. Videte quemadmodum Petrus, dante domino, recreante spiritu sancto, intellexit. Unde nisi quia credidit verba vitae aeternae ? Vitam enim aeternam habes in ministratione corporis et sanguinis tui. Et nos credidimus et cognovimus. Credidimus enim ut cognosceremus. Nam si prius cognoscere et deinde credere vellemus, nec cognoscere nec credere valeremus. Quid credidimus et quid cognovimus ? Quia tu es Christus filius Dei vivi, id est, quia ipsa vita aeterna tu es, et non das in carne et sanguine tuo nisi quod es.

Leçon 1

“C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert à rien”. Nous affirmons en effet que telle fut la recommandation du Seigneur pour l’acte de manger sa chair et de boire son sang, afin que nous demeurions en lui et que lui-même demeure en nous. Or nous demeurons en lui quand nous sommes ses membres. Et lui, il demeure en nous quand nous sommes son temple. Pour que nous soyons ses membres, il faut que l’unité nous réunisse; or l’unité provient de la charité; et la charité de l’Esprit. C’est donc l’Esprit qui vivifie, c’est l’Esprit en effet qui rend vivants les membres. L’Esprit ne rend vivants les membres que si lui-même les a trouvés dans un corps qu’il anime. Car l’esprit qui est en toi, ô homme, par lequel se réalise le fait que tu sois un homme, comment pourrait-il vivifier un membre qu’il aura trouvé séparé de ta chair ? J’affirme que ton esprit, c’est ton âme. Ton âme ne peut animer que les membres qui sont dans ta chair. Si tu en enlèves un, il n’est plus désormais animé par ton âme parce qu’il n’est plus relié à l’unité de ton corps. Nous disons cela pour que nous aimions l’unité et redoutions la séparation. Car le chrétien ne doit rien redouter autant que d’être séparé du corps du Christ. S’il est séparé du corps du Christ, il n’est plus membre du Christ; s’il n’est plus membre du Christ, il n’est plus animé par son Esprit. Quiconque, dit l’Apôtre, ne possède pas l’Esprit du Christ, n’est pas à lui. Donc, “c’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie” : il faut les comprendre d’une manière spirituelle. Les comprenez-vous d’une manière spirituelle ? Alors elles sont esprit et vie. Mais elles ne le sont pas pour toi, ô homme, qui ne les comprends pas d’une manière spirituelle et ne sais pas les honorer par la foi. Il y en a en effet parmi vous qui ne croient pas et, parce qu’ils ne croient pas, ils ne comprennent pas. Le prophète dit en effet : si vous ne croyez pas, vous ne comprenez pas. Par la foi, nous sommes réunis, par l’intelligence nous sommes vivifiés. Ayons d’abord l’unité par la foi, pour pouvoir ainsi être vivifiés par l’intelligence. “A partir de là, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et ils n’allaient plus avec lui.” Ils ne s’en allèrent pas derrière le Christ, mais derrière Satan. Or ceux-là s’en allèrent, comme retranchés du corps du Christ, et ils ne revinrent pas à lui parce qu’ils n’étaient pas attachés fidèlement à son corps. Ils ne furent pas quelques uns mais un grand nombre. Écoutons donc ce que Jésus dit aux quelques uns qui restaient. Il dit en effet aux Douze : “Est-ce que vous aussi vous voulez vous en aller ?” Même Judas ne s’en alla pas, mais la raison pour laquelle il ne s’en allait pas était claire pour le Seigneur : elle se manifesta plus tard. Au nom de tous, Pierre répondit, un pour beaucoup, l’unité pour l’univer-salité. Simon Pierre lui répondit donc : “Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.” Voyez bien comment Pierre a compris : c’est un don du Seigneur et le Saint Esprit l’animait. N’est-ce pas parce qu’il a cru qu’il a parlé des “paroles de la vie éternelle” ? Car tu as la vie éternelle par le service de ton corps et de ton sang. Et nous, nous avons cru et nous avons su. Nous avons cru en effet pour savoir. Car si nous voulions d’abord savoir et ensuite croire, nous ne serions capable ni de savoir ni de croire. Que croyons-nous et que savons-nous ? Que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, c’est-à-dire : tu es la vie éternelle même et, dans ta chair et dans ton sang, tu ne donnes rien d’autre que ce que tu es.

 

 

Lectio 2 [91661] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 3 l. 2 Utrum sub figura an sub veritate hoc mysticum calicis sacramentum fiat, veritas ait : caro mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus. Alioquin, quomodo magnum erit : panis quem ego dabo caro mea est pro mundi vita, nisi vera sit caro ? Sed quia Christum fas vorari dentibus non est, voluit hunc panem et vinum in ministerio vere carnem suam et sanguinem suum consecratione spiritus sancti potentialiter creari, et cotidie pro mundi vita mystice immolari, ut sicut de virgine per spiritum sanctum vera caro sine coitu creatur, ita per eumdem ex substantia panis et vini mystice idem corpus Christi consecretur. Corpus Christi et veritas et figura est. Veritas, dum corpus Christi et sanguis, in virtute spiritus sancti et in virtute ipsius, ex panis vinique substantia efficitur. Figura vero est id quod exterius sentitur. Intra catholicam ecclesiam in ministerio corporis Christi, nihil bono maius, nihil a malo minus perficitur sacerdote, quia non in merito consecrantis, sed in verbo efficitur creatoris et in virtute spiritus sancti. Si enim in merito esset sacerdotis, nequaquam ad Christum pertineret. Nunc autem, sicut ipse est qui baptizat, ita ipse est qui per spiritum sanctum hanc suam efficit carnem et transit vinum in sanguinem. Unde et sacerdos : iube haec, inquit, offerri per manus Angeli tui sancti in sublime altare tuum in conspectu divinae maiestatis tuae. Ut quid deferenda in lucem deposcit, nisi ut intelligatur, quod ista fiant in eo sacerdotio ? Hanc ergo oblationem benedictam per quam benedicimur, adscriptam per quam homines in caelo adscribuntur, ratam per quam visceribus Christi esse censeamur, rationabilem per quam a bestiali sensu exuamur, acceptabilem ut qui nobis ipsis displicemus, per hanc acceptabiles eius unico filio simus. Nihil rationabilius, ut quia nos iam similitudinem mortis eius in baptismo accepimus, similitudinem quoque carnis et sanguinis sumamus, ita ut veritas non desit in sacramento et ridiculum nullum fiat a paganis, quod cruorem occisi hominis bibamus. Credendum est quod in verbis Christi sacramenta conficiantur. Cuius enim potentia creantur prius, eius utique verbo ad melius procreantur. Reliqua omnia quae sacerdos dicit aut clerus chori canit, nihil aliud quam laudes et gratiarum actiones sunt aut certe obsecrationes, et fidelium petitiones.

Leçon 2

Est-ce en figure ou en vérité que ce mystère devient le sacrement du calice ? En vérité, dit le Christ : “ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment une boisson”. Comment, s’il n’en était pas ainsi, ce sacrement serait-il grand ? - “Le pain que je vous donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde” – si sa chair n’était pas vraiment sa chair ? Mais parce qu’il n’est pas convenable de dévorer le Christ de ses dents, il a voulu que ce pain et ce vin, dans le ministère sacramentel, devienne véritable-ment sa chair et son sang, par la consécration du Saint Esprit; et que ce sacrifice soit offert mystiquement, tous les jours, pour la vie du monde. De même que, par l’intervention du Saint Esprit, un corps véritable soit né d’une vierge sans qu’il y ait eu union charnelle, ainsi, par la même intervention du Saint Esprit, de la substance du pain et du vin, c’est le corps du Christ qui est mystiquement offert. Le corps du Christ est donc et vérité et figure : vérité, car le corps et le sang du Christ, par la vertu de l’Esprit Saint et par sa propre puissance, sont transformés en la substance du pain et du vin; figure, car la figure est ce qui est ressenti d’une manière plus extérieure. A l’intérieur de l’Église catholique, un bon prêtre n’accomplit rien de plus, un mauvais prêtre rien de moins, parce que le mystère se réalise, non par le mérite de celui qui consacre, mais par la parole du Créateur et par l’intervention de l’Esprit Saint. En effet, si le sacrement tenait au mérite du prêtre, il ne toucherait en rien le Christ. Tandis que, en réalité, de même que c’est le Christ lui-même qui baptise, c’est lui-même qui, par l’Esprit Saint, transforme ce pain et ce vin en sa chair et en son sang. D’où les paroles du prêtre : “Faites porter ces offrandes par les mains de votre saint Ange, là-haut, sur votre autel, en présence de votre divine majesté”. Pourquoi demande-t-il que les offrandes soient portées à la lumière, si ce n’est pour que l’on comprenne que tout cela se réalise par son sacerdoce ? Cette offrande bénie, par laquelle nous sommes bénis, agréée, par laquelle les hommes sont inscrits dans le Ciel, approuvée, par laquelle nous sommes comptés parmi les membres du Christ, parfaite, par laquelle nous sommes dépouillés de notre sensibilité animale, digne de plaire pour que nous qui nous déplaisons à nous-mêmes, nous soyons dignes de plaire à son Fils unique. Rien n’est plus rationnel que cette réalité : nous qui avons reçu au baptême comme une image de la mort, nous recevions aussi comme une image de la chair et du sang [du Christ]; de telle sorte que la vérité ne soit pas absente du sacrement, et que nous n’apparaissions pas comme ridicules aux yeux des païens parce que nous buvons le sang d’un homme mort.

Il faut croire que c’est par les paroles de Jésus-Christ que se réalisent les sacrements; car c’est par sa puissance que les choses ont été créées autrefois, et c’est par sa parole surtout qu’elles sont sublimées. Tout le reste de ce que dit le prêtre ou de ce que chante le clerc du choeur n’est rien d’autre que des louanges et des actions de grâces, ou encore bien sûr des supplications ou des demandes des fidèles.

 

Lectio 3 [91662] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 3 l. 3 Omnia quaecumque dominus voluit fecit in caelo et in terra, et quia voluit sic factum est. Ita licet figura panis et vini videatur, nihil tamen aliud quam caro Christi et sanguis post consecrationem credenda sunt. Unde ipsa veritas ad discipulos : haec, inquit, caro mea est pro mundi vita. Et, ut mirabilius loquar, non alia plane quam quae nata est de Maria, et passa in cruce, et resurrexit de sepulchro. Haec, inquam, ipsa est, et ideo Christi est caro quae pro mundi vita adhuc hodie offertur, et cum digne percipitur, vita utique aeterna in nobis reparatur. Panem quidem istum, quem sumimus in mysterio, illum utique intelligo panem, qui manu sancti spiritus formatus est in utero virginis, et igne passionis decoctus in ara crucis. Panis enim Angelorum factus est hominum cibus. Unde ipse ait : ego sum panis vivus qui de caelo descendi, et iterum : panis quem ego dabo caro mea est pro mundi vita. Cotidie eucharistiae communionem accipere nec laudo nec vitupero. Omnibus tamen dominicis diebus communicandum hortor. Si tamen mens in affectu peccandi est, gravari magis dico eucharistiae perceptione quam purificari. Et ideo, quamvis quis peccato mordeatur, peccandi tamen de cetero non habeat voluntatem, et communicaturus satisfaciat lacrimis et orationibus, et confidens in domini miseratione, accedat ad eucharistiam intrepidus et securus. Sed hoc de illo dico, quem mortalia peccata non gravant. Item dixerit quispiam non cotidie accipiendam eucharistiam, alius affirmat cotidie. Faciat unusquisque quod secundum fidem suam pie credit esse faciendum. Neque enim litigarunt inter se aut quisquam eorum se alteri praeposuit Zachaeus et ille centurio, cum alter eorum gaudenter in domo sua susceperit dominum, alter dixerit domino : domine non sum dignus ut intres sub tectum meum, ambo salvatorem honorificantes, quamvis non uno modo, ambo peccatis miseri, ambo misericordiam consecuti. Ad hoc valet quod manna secundum propriam voluntatem in ore cuiusque sapiebat. Si quotiescumque effunditur sanguis Christi, in remissionem peccatorum funditur, debeo illum semper accipere, ut semper mihi peccata dimittantur. Qui semper pecco, semper debeo habere medicinam.

Leçon 3

Tout ce que le Seigneur a voulu, il l’a fait, dans le ciel et sur la terre, et c’est parce qu’il l’a voulu que cela s’est fait ainsi. Bien qu’il s’agisse en apparence de la figure du pain et du vin, cependant ce n’est rien d’autre que la chair et le sang du Christ après la consécration : c’est ce que nous devons croire. Et c’est la vérité même que reçurent les disciples : “Ceci, dit Jésus, est ma chair pour la vie du monde.” Et, pour parler d’une manière plus étonnante, il ne s’agit pas d’un phénomène différent de la naissance de Marie, de la passion sur la croix, et de la résurrection du séjour des morts. C’est la même chose, dis-je, et c’est bien la chair du Christ qui, aujourd’hui encore, est offerte pour la vie du monde; quand elle est reçue dignement, chaque fois, la vie éternelle est réparée en nous. C’est bien ce pain, que nous recevons dans le mystère, c’est chaque fois ce même pain qui a été formé par la main de l’Esprit Saint dans le sein de la Vierge Marie, qui a été brûlé au feu de la Passion sur l’autel de la croix. Car le pain des Anges s’est fait nourriture pour les hommes. C’est ainsi que Jésus dit : “Je suis le pain vivant descendu du ciel” et aussi : “Le pain que je vous donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde.” Je ne loue ni ne critique le fait de recevoir la communion eucharistique tous les jours. J’exhorte cependant à la recevoir tous les dimanches. Toutefois, je dis que si l’esprit est dans un sentiment de péché, ce sentiment est aggravé plutôt que purifié par la réception de l’eucharistie. Ainsi, si quelqu’un, bien qu’il soit tourmenté par son péché, n’a pas la volonté de pécher par ailleurs et se contente, pour communier, de ses larmes et de ses prières, qu’il soit confiant dans la miséricorde du Seigneur et qu’il s’approche sans crainte et en toute sûreté de l’eucharistie. Mais je parle là, bien sûr, de quelqu’un qui n’a pas commis de péché mortel. Je sais : l’un dit qu’il ne faut pas recevoir l’eucharistie tous les jours, l’autre affirme qu’il le faut. Que chacun fasse ce qu’il croit devoir être fait, avec piété, selon sa foi. En effet, Zachée et le centurion ne se sont pas concertés entre eux, et aucun d’eux ne s’est préféré à l’autre, quand l’un reçut, tout heureux, le Seigneur dans sa maison, tandis que l’autre lui disait : “Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit” : tous les deux ont honoré le Sauveur, bien que de manières différentes; tous les deux, malheureux à cause de leurs péchés, ont obtenu miséricorde. Cela vaut aussi pour la manne qui avait plus ou moins de saveur dans la bouche de chacun selon sa propre volonté. Si chaque fois que le sang du Christ est répandu, il est répandu pour la rémission des péchés, je dois toujours le recevoir pour qu’à chaque fois mes péchés me soient remis. Moi qui pèche toujours, je dois toujours prendre un remède.

 

Lectio 4 [91663] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 3 l. 4 Qui scelerate vivunt in ecclesia, et communicare non desinunt, putantes se tali communione mundari, discant nihil ad emundationem proficere sibi, dicente propheta : quid est quod dilectus meus fecit in domo mea scelera multa ? Numquid carnes sanctae auferunt a te malitias tuas ? Et apostolus : probet, inquit, se homo, et sic de pane illo edat et de calice bibat. Non iste panis est qui vadit in corpus, sed panis vitae aeternae, qui animae nostrae substantiam fulcit. Iste panis cotidianus est. Accipe cotidie quod cotidie tibi prosit. Sic vive ut cotidie merearis accipere. Sancta malis possunt obesse. Bonis sunt ad salutem, malis ad iudicium. Unde apostolus : qui manducat et bibit indigne, iudicium sibi manducat et bibit. Non quia illa res mala est, sed quia malus male accipit quod bonum est. Non enim mala erat buccella quae Iudae data est a domino. Salutem medicus dedit, sed quia ille qui indignus erat accepit, ad perniciem suam accepit. Non prohibeat dispensator pingues terrae mensam domini manducare, sed exactorem moneat timere. Sicut Iudas, cum buccellam tradidit dominus, non malum accipiendo, sed bonum male accipiendo, locum praebuit diabolo, sic indigne quisquis sumens corpus Christi non efficit ut, quia malus est, malum sit, aut quia ad salutem non accipit, nihil accipit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Corpus enim et sanguis domini nihilominus erat in illis, quibus dicebat apostolus : qui manducat et bibit indigne, iudicium sibi manducat et bibit. Sed quomodo manducandus est Christus ? Quomodo ipse dicit : qui enim manducat carnem meam et bibit sanguinem meum digne, in me manet et ego in eo. Et si indigne accipit sacramentum, acquirit magnum tormentum.

Leçon 4

Ceux qui, dans l’Église vivent d’une manière scélérate et qui ne se privent pas de communier, pensant qu’ils seront purifiés par une telle communion, qu’ils apprennent qu’elle ne contribuera en rien à leur purification, car, dit le prophète : “Que vient faire en ma Maison ma bien-aimée ? Elle a accompli ses mauvais desseins. Est-ce que la viande sacrée te débar-rasseront de ton mal ? » (Jr 11,15), et l’Apôtre : « Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe » (1 Co 11.28). Car ce pain ne pénètre pas dans le corps, c’est le pain de la vie éternelle qui soutient la substance de notre âme. Ce pain est quotidien. Reçois chaque jour ce qui t’est utile chaque jour. Vis de telle manière que tu mérites de le recevoir chaque jour. Les choses saintes peuvent faire obstacle aux choses mauvaises ; les bonnes choses pour le salut, les mauvaises pour le jugement. D’où, dit l’Apôtre, « celui qui mange et boit indignement, mange et boit sa propre condamnation ». Non parce cette chose est mauvaise, mais parce que celui qui est mauvais reçoit mal ce qui est bon. En effet, la bouchée de pain que le Seigneur donna à Judas n’était pas mauvaise. Le médecin a apporté la guérison, mais parce que celui qui a reçu le remède était indigne, il l’a reçu pour sa perte. L’intendant ne pourrait pas interdire de manger les fruits abondants de la terre à la table du Seigneur, mais il pourrait craindre son créancier. De même que Judas, quand le Seigneur lui tendit une bouchée de pain, laissa la place au Diable, non pas en acceptant quelque chose de mauvais, mais en acceptant mal quelque chose de bon, ainsi quiconque reçoit indignement le corps du Christ obtient ce résultat : non que ce corps soit mauvais parce que lui-même est mauvais, mais qu’il ne reçoive rien parce qu’il ne reçoit pas en vue du salut. Car le corps et le sang du Seigneur étaient pourtant entrés en eux, eux à qui l’Apôtre disait : « Celui qui mange et boit indignement [le corps du Seigneur], mange et boit sa propre condamnation. Mais comment faut-il se nourrir du Christ ? Comme il l’a dit lui-même : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang d’une manière digne demeure en moi et moi, je demeure en lui ». S’il reçoit ce sacrement indignement, il en résulte pour lui un grand tourment.

 

Lectio 5 [91664] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 3 l. 5 Quia corpus assumptum ablaturus erat dominus ab oculis et illaturus sideribus, necessarium erat, ut in die cenae sacramentum nobis corporis et sanguinis consecraret, ut coleretur iugiter per mysterium quod semel offerebatur in pretium, ut quia cotidiana et indefessa currebat pro hominum salute redemptio, perpetua esset etiam redemptionis oblatio, et perennis victima illa viveret in memoria, et semper praesens esset in gratia, vere unica et perfecta hostia, fide existimanda non specie, neque exteriori censenda visu, sed interiori affectu. Unde merito caelestis confirmat auctoritas, quia : caro mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus. Recedat ergo omne infidelitatis ambiguum, quoniam quidem qui auctor est muneris, ipse est et testis veritatis. Nam et invisibilis sacerdos visibiles creaturas in substantiam corporis sui et sanguinis verbo suo secreta potestate convertit, ita dicens : accipite et comedite : hoc est corpus meum. Et sanctificatione repetita : accipite et bibite : hic est sanguis meus. Ergo sicut ad nutum praecipientis domini repente ex nihilo substiterunt excelsa caelorum, profunda fluctuum, vasta terrarum; ita, pari potestate in spiritualibus sacramentis, ubi praecipit virtus, servit effectus.

Leçon 5

Ce corps que nous prenons en nourriture, parce que le Seigneur devait l’enlever aux yeux des hommes et l’élever dans les étoiles, il était nécessaire, pour qu’au jour de la Cène, il puisse consacrer pour nous le sacrement de son corps et de son sang, qu’il soit honoré continuellement à travers le mystère qui était offert une seule fois pour le rachat [des péchés]; ainsi, puisque la rédemption accomplie pour le salut des hommes se prolongeait quoti-diennement et infatiguablement, l’offrande de la rédemption serait perpétuelle, la Victime vivrait pour toujours dans les mémoires, et elle serait toujours présente dans la grâce, hostie vraiment unique et parfaite qui doit être considérée par la foi et non par les apparences, qui doit être estimée non par la vision extérieure, mais par le sentiment intérieur. Ainsi, c’est à propos que l’autorité céleste le confirme : “ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment une boisson”. Que soit donc écarté tout risque d’erreur, puisque celui qui est l’auteur du don est véritablement lui-même le garant de la vérité. En effet, le Prêtre invisible transforme des créatures visibles en la substance de son corps et de son sang, par sa parole, par sa puissance cachée, et il proclame : “Prenez et mangez, ceci est mon corps” et, après avoir renouvelé la bénédiction, “prenez et buvez, ceci est mon sang”. Donc, de même que sur un signe du Seigneur qui l’ordonne, aussitôt, à partir de rien, surviennent les cieux élevés, les flots profonds et les vastes terres, de même, avec une égale puissance dans les mystères spirituels, là où la vertu commande, l’effet obéit.

 

 

Lectio 8 [91665] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 3 l. 8 Quanta itaque et quam celebranda beneficia vis divinae benedictionis operetur, et quomodo tibi novum et impossibile esse non debeat, quod in Christi substantiam terrena et mortalia convertuntur, te ipsum qui in Christo es regeneratus interroga. Dudum alienus a vita, peregrinus a misericordia et a salutis via, intrinsecus mortuus exsulabas. Subito initiatus Christi legibus et salutaribus ministeriis innovatus in corpus ecclesiae non videndo sed credendo transilisti, et de filio perditionis adoptivus Dei filius fieri occulta puritate meruisti; in mensura visibili permanens, maior factus es te ipso invisibiliter, sine quantitatis augmento. Cum idem atque ipse esses, multo alter fidei processibus exstitisti. In exteriori nihil additum est, et totum in interiori mutatum est. Ac sic homo Christi filius effectus, et Christus hominis in mente formatus est. Sicut ergo sine corporali sensu, vilitate praeterita deposita, subito novam indutus es dignitatem; et sicut hoc quod Deus in te laesa curavit, infecta diluit, maculata detersit, non oculis sed sensibus tuis sunt credita : et cum reverendum ad altare cibis spiritualibus satiandus ascendis, sacrum Dei tui corpus et sanguinem fide respice, honora et mirare, mente continge, cordis manu suscipe, et maxime mente totum haustu interioris hominis assume.

Leçon 8

C’est pourquoi toi-même qui as été régénéré dans le Christ, interroge-toi : combien grands et combien dignes d’être célébrés sont les bienfaits opérés par la puissance de la bénédiction divine ? comment ne dois-tu pas considérer comme nouveau et impossible le fait que des éléments terrestres et mortels sont changés en la substance de Jésus-Christ ? Il y a peu, tenu éloigné de la Vie, étranger à la miséricorde et à la voie du salut, tu étais intérieurement exilé, comme mort. Tout d’un coup, initié par les lois du Christ et rénové par les services propices au salut, tu es passé dans le sein de l’Église, non d’une manière visible mais par la foi; de fils de perdition, tu as mérité, par une pureté restée secrète, de devenir fils adoptif de Dieu; visiblement, tu n’as pas changé de dimen-sions, invisiblement tu es devenu plus grand, sans que tu t’accroisses en taille. Alors que tu es le même, toujours toi-même, te voilà devenu tout à fait autre par les heureux effets de la foi. A l’extérieur, rien n’a été ajouté, à l’intérieur tout a été changé. Ainsi l’homme a été fait fils de Jésus-Christ, et celui-ci a été “formaté” dans l’esprit de l’homme. Donc, sans que rien ne se voie au niveau du corps, tu as cessé d’être sans valeur, et tu as été revêtu subitement d’une dignité nouvelle : en toi, Dieu a guéri les blessures, supprimé les infections, lavé ce qui était souillé, et cela, ce n’est pas avec tes yeux mais avec ton coeur que tu le crois. Et quand tu montes vers l’autel vénérable pour te rassasier de nourritures spiri-tuelles, le corps et le sang sacrés de ton Dieu, regarde-les avec les yeux de la foi, honore-les, admire-les, garde-les bien dans ton esprit, prends-les avec la main du coeur, et surtout saisis-les tout entiers en les puisant par ton être intérieur.

 

 

 

Lectio 9 [91666] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 3 l. 9 In Christo semel oblata est hostia ad salutem sempiternam potens. Quid ergo nos dicimus ? Nonne per singulos dies offerimus ? Sed ad recordationem mortis eius; et una est hostia, non multae. Quomodo una et non multae ? Quia semel oblatus est Christus. Hoc autem sacrificium exemplum est illius, idipsum et semper idipsum. Proinde hoc idem est sacrificium unum solum. Alioquin diceretur, quoniam in multis locis offertur : multi sunt Christi. Nequaquam, sed unus ubique Christus, et hic plenus existens et illic plenus. Sicut enim quod ubique offertur unum est corpus, et non multa corpora, ita et unum sacrificium. Pontifex autem est ille, qui hostiam obtulit nos mundantem. Ipsam offerimus etiam nunc, quae tunc oblata consumi non potest. Quod nos facimus, in commemorationem fit eius quod factum est : hoc enim facite, ait, in meam commemorationem

Leçon 9

En Jésus-Christ, le sacrifice a été offert une seule fois; il vaut pour les siècles des siècles. Que disons-nous donc ? N’offrons-nous pas le sacrifice tous les jours ? C’est pourtant en souvenir de sa mort, et le sacrifice est unique, non multiple… Comment se fait-il qu’il est unique et non multiple ? Parce que le Christ s’est offert une seule fois, mais ce sacrifice-ci est exemplaire de celui-là, c’est le même et ce sera toujours le même.

C’est donc par conséquent toujours ce même et unique sacrifice. D’autre part on pourrait dire : puisque le sacrifice est offert en de nombreux endroits, il y a de nombreux Christ. En aucun cas ! C’est partout l’unique Christ, ici et là dans sa pleine existence. De même en effet que partout est offert un unique corps, et non plusieurs corps, ainsi il s’agit d’un unique sacrifice. Le Pontife, c’est lui, lui qui a offert une hostie pour nous purifier. C’est cette même hostie que nous offrons maintenant, qui, offerte à ce moment-là, ne peut être épuisée; ce que nous accomplissons dans la commé-moration [de son sacrifice], c’est ce qui a été fait : “faites ceci, a-t-il dit, en mémoire de moi”.

 

Dies 4

                        Quatrième jour

 

Lectio 1 [91667] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 4 l. 1 In sacramentorum oblationibus, quae inter missarum solemnia offeruntur, panis tantum et vinum aqua permixtum in sacrificium offerantur. Non enim debet in calice domini aut vinum solum, aut aqua sola offerri, sed utrumque permixtum, quia utrumque ex latere eius in passione sua profluxisse legitur. Calix etiam dominicus vino et aqua permixtus debet offerri, quia videmus in aqua populum intelligi, in vino vero ostendi sanguinem Christi. Ergo cum in calice vinum aqua miscetur, Christo populus adunatur, et credentium plebs ei in quem credit copulatur et iungitur; quae copulatio et coniunctio aquae et vini sic miscetur in calice domini, ut mixtio illa non possit separari. Nam si vinum tantum quis offerat, sanguis Christi incipit esse sine nobis. Si vero aqua sit sola, plebs incipit esse sine Christo. Ergo quando botrus solus offertur, in quo vini efficientia tantum designatur, salutis nostrae sacramentum negligitur quod aqua significatur.

Leçon 1

Dans les oblations sacramen-telles qui ont lieu lors des solemnités des messes, il ne faut offrir, pour le sacrifice, que du pain et du vin mélangé à de l’eau. Dans la coupe du Seigneur, il ne faut pas que l’on offre du vin seulement, ou de l’eau seulement, mais bien l’un et l’autre mélangés, parce que, lors de la Passion du Seigneur, l’eau et le sang, lisons-nous, sont sortis de son flanc. La coupe du Seigneur doit être offerte avec de l’eau et du vin mélangés, parce que nous constatons que par l’eau c’est le peuple qui est représenté, alors que dans le vin c’est vraiment le sang de Jésus-Christ qui est présenté. Donc, quand dans la coupe le vin et l’eau sont mélangés, le peuple est réuni au Christ, et la foule des croyants est reliée et réunie à celui auquel elle croit; cet assemblage et cette réunion de l’eau et du vin dans le calice du Seigneur est telle que le mélange ne peut être défait. Car si l’on offrait seulement le vin, le sang du Christ [dans le sacrifice] serait sans nous; et si l’on offrait l’eau seule, la foule des croyants serait sans le Christ. Donc quand seule la grappe de raisin est offerte, en laquelle seule est signifiée la force du vin, on néglige le sacrement de notre salut que l’eau signifie.

 

 

Lectio 2 [91668] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 4 l. 2 Huius sacramenti ritum Melchisedech ostendit ubi panem et vinum Abrahae obtulit. Sed tu mihi dicis : quomodo ergo Melchisedech vinum et panem tantum obtulit ? Quid sibi vult admixtio aquae ? Rationem accipe. Primo omnium figura fuit quae ante praecessit tempore Moysi. Quia cum sitiret populus Iudaeorum et murmuraret quod aquam inveniri non posset, iussit dominus Moysi ut tangeret petram cum virga. Tetigit petram et petra undam maximam fudit, sicut apostolus dicit : bibebant autem de consequenti petra, petra autem erat Christus. Non immobilis petra, quae populum sequebatur. Et tu bibe ut te Christus sequatur. Vide mysterium : Moyses, hic est propheta; virga, hoc est verbum Dei. Sacerdos verbo Dei tangit petram et fluit aqua et bibit populus Dei. Tangit ergo sacerdos calicem, redundat aqua in calice, et salit in vitam aeternam, et bibit populus Dei, qui Dei gratiam consecutus est.

Leçon 2

Melchisedech a indiqué le rite de ce sacrement quand il offrit à Abraham le pain et le vin. Tu veux savoir comment il se fait que Melchisedech n’a offert que le vin et le pain ? Que signifie le mélange d’eau ? En voici la raison : d’abord ce fut la figure de tout ce qui précéda l’époque de Moïse. Parce que, comme le peuple des Hébreux avait soif et murmurait parce qu’il ne pouvait trouver d’eau, le Seigneur ordonna à Moïse de frapper le rocher avec son bâton. Il toucha le rocher et celui-ci laissa se répandre une grande quantité d’eau, comme le dit l’Apôtre (1 Co 10.4) : “ils ont bu à un rocher spirituel qui les accompagnait, et le rocher était le Christ”. Ce n’était pas un rocher immobile, puisqu’il suivait le peuple. Toi aussi, bois pour que le Christ t’accompagne. Considère le mystère : Moïse, un prophète; un bâton, la parole de Dieu. Avec la parole de Dieu, le prêtre touche le rocher, il en jaillit de l’eau et le peuple de Dieu se désaltère. Donc le prêtre touche le calice, l’eau abonde dans le calice et rejaillit en vie éternelle; le peuple de Dieu boit et obtient la grâce de Dieu.

 

 

 

Lectio 3 [91669] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 4 l. 3 Didicisti hoc. Ergo accipe et aliud. In tempore dominicae passionis, cum sabbatum magnum instaret, quia diu in cruce vivebat dominus noster Iesus Christus et latrones, missi sunt qui percuterent eos. Qui venientes invenerunt defunctum dominum nostrum Iesum Christum. Tunc unus de militibus lancea tetigit latus, et de latere eius aqua fluxit et sanguis, aqua autem ut mundaret, sanguis ut redimeret. Quare de latere ? Quia unde culpa, inde gratia. Culpa per feminam, gratia per dominum nostrum Iesum Christum. Sic vero calix domini non est aqua sola et vinum solum, nisi utrumque misceatur, quomodo nec corpus domini potest esse farina sola, nisi utrumque adunatum fuerit et copulatum et unius compage solidatum. In sacramento corporis et sanguinis domini nihil amplius offeratur quam quod ipse dominus tradidit, hoc est panis et vinum aqua mixtum, nec amplius in sacrificiis offeratur, quam de uvis et frumento. Haec tria unum sunt in Christo Iesu. Haec hostia et oblatio Dei in odorem suavitatis.

Leçon 3

C’est cela que tu as appris. Écoute encore autre chose : lors de la passion du Seigneur, comme le grand Sabbat était tout proche, parce que notre Seigneur Jésus-Christ et les deux larrons étaient toujours vivants sur la croix, des soldats furent envoyés pour les achever. En arrivant, ils trouvèrent notre Seigneur Jésus-Christ déjà mort. Alors l’un des soldats frappa son flanc de sa lance, et de son flanc jaillirent de l’eau et du sang : l’eau qui purifie, le sang qui rachète les péchés. Pourquoi du flanc ? Parce que là où est la faute, là survient la grâce, la faute à cause de la femme, la grâce par notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, vraiment, la coupe du Seigneur, ce n’est pas de l’eau seule et du vin seul, mais bien l’un et l’autre mélangés, de la même manière que le corps du Seigneur ne peut être de la farine seule, mais bien l’un et l’autre unis, associés, consolidés en un assemblage. Dans le sacrement du corps et sang du Seigneur, on n’offre rien de plus que ce que le Seigneur lui-même a transmis : du pain et du vin mélangé à de l’eau, et on n’offre pas davantage dans les sacrifices que des raisins et du froment. Ces trois éléments sont un dans le Christ Jésus. Cette hostie, cette offrande sont agréables à Dieu.

 

Dies 5

                        Cinquième jour

 

Lectio 1 [91670] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 5 l. 1 In Christo pater et Christus in nobis unum in hiis esse nos faciunt. Si vere carnem corporis nostri Christus assumpsit, et vere homo ille Christus est, nos quoque vere sub mysterio carnem corporis sui sumimus, et per hoc unum erimus, quia pater in eo est, et ille in nobis. Quomodo voluntatis unitas asseritur, cum naturalis per sacramentum proprietas perfectum sacramentum sit unitatis ? Non est humano aut saeculi sensu de hiis rebus loquendum, neque per violentiam atque imprudentem praedicationem dictorum caelestium sanitati alienae atque impiae intelligentiae perversitas extorquenda est. De naturali enim in nobis Christi veritate vel unitate quae dicimus, nisi quae dixerimus ab eo didicimus, stulte atque impie dicimus. Ipse enim ait : caro mea vere est esca et sanguis meus vere est potus. Qui edit carnem meam et bibit sanguinem meum, in me manet, et ego in eo.

Leçon 1

Dans le Christ, le Père et le Fils opèrent en nous ceci : que nous soyons un en eux. Si le Christ a vraiment pris la chair de notre corps, si le Christ est vraiment homme, nous aussi, sous les voiles du mystère, nous prenons la chair de son corps, et grâce à cela nous serons un parce que le Père est en Jésus, et Jésus est en nous. Comment donc affirmons-nous l’unité de volonté, alors que, à travers le sacrement, la propriété naturelle est le sacrement parfait de l’unité ? On ne doit pas parler de ces choses avec des pensées humaines, des pensées du siècle; vu le caractère violent d’une prédication imprudente sur ce qui nous vient du ciel, on ne peut pas arracher la fausseté due au bon sens d’autrui et à une intelligence impie. En effet, de la vérité naturelle du Christ qui est en nous ou de l’unité dont nous parlons, nous ne parlons que d’une manière insensée et impie, sauf pour ce que nous affirmons pour l’avoir appris de Jésus-Christ. Car lui-même l’a dit : “Ma chair est vraiment une nourriture, mon sang est vraiment une boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui”.

 

 

Lectio 2 [91671] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 5 l. 2 De veritate carnis et sanguinis non relictus est ambigendi locus. Nunc enim et ipsius domini professione et fide nostra, vere caro est et vere sanguis est; et haec accepta atque hausta efficiunt, ut et nos in Christo et Christus in nobis sit. Est ergo ipse in nobis per carnem. Quod autem in eo per sacramentum communicatae carnis et sanguinis simus, ipse testatur dicens : vos autem me videbitis, quia ego vivo et vos vivetis, quia ego in patre meo, et vos in me, et ego in vobis. Si voluntatis tantum intelligi unitatem vellet, ut heretici asserunt, cur gradum quemdam atque ordinem consummandae unitatis exposuit, nisi ut ille in patre per naturam divinitatis, nos contra in eo per corporalem eius nativitatem, et ille rursus in nobis per sacramentorum inesse mysterium crederetur; ac sic perfecta mediatorem unitas doceret, cum nobis in se permanentibus, ipse maneret in patre, et in patre manens, maneret in nobis; et ita ad unitatem proficisceremus, cum qui in eo naturaliter secundum nativitatem inest, nos quoque in eo naturaliter inessemus, ipso in nobis naturaliter permanente ?

Leçon 2

Sur la réalité de la chair et du sang, il n’y a plus aucune place pour l’ambiguïté. Car nous savons maintenant, et par l’aveu du Seigneur lui-même, et par notre foi que c’est vraiment sa chair et vraiment son sang. Cela accepté et le sujet épuisé, il en résulte que nous sommes dans le Christ et que le Christ est en nous. Il est donc lui-même en nous charnellement. Or, que nous sommes en lui dans le sacrement de sa chair et de son sang qui nous sont communi-qués, c’est lui-même qui l’atteste en disant : “vous me verrez, parce que je suis vivant; et vous vivrez parce que je suis dans le Père, que vous êtes en moi et moi en vous”. Si le Christ voulait que cette unité fût comprise seulement du point de vue de la volonté, comme l’affirment les hérétiques, pourquoi a-t-il exposé une sorte de degré et de hiérarchie dans l’accomplissement parfait de l’unité, si ce n’est pour que l’on ait foi dans ceci : il est dans le Père par sa nature divine, d’autre part nous sommes en lui par sa naissance corporelle, et nous, à nouveau, nous sommes en lui par le mystère sacramentel; ainsi l’unité parfaite ferait voir un médiateur puisque, nous-mêmes ne changeant pas, lui demeure dans le Père et, demeurant dans le Père, demeure en nous; ainsi nous progresserions vers l’unité, puisque si lui qui est dans le Père naturellement, selon sa naissance, nous serions nous aussi en lui naturellement, lui-même demeurant en nous d’une façon naturelle ?

 

Lectio 3 [91672] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 5 l. 3 Quod autem haec in nobis naturaliter unitas sit, ipse testatus est : qui edit carnem meam et bibit sanguinem meum in me manet et ego in eo. Non enim in eo erit, nisi in quo ipse fuerit, eius tamen in se assumptam hominis carnem, qui suam sumpserat. Sicut misit me, inquit, pater vivens, et ego vivo per patrem, qui manducaverit carnem meam, ipse vivet per me. Quomodo per patrem vivit, eodem modo nos per carnem eius vivemus. Haec ergo vitae nostrae causa est, quod in nobis manere per carnem Christum habemus victuri per eum ea conditione qua vivit ille per patrem. Si ergo nos naturaliter secundum carnem per eum vivimus, id est naturam carnis suae adepti, quomodo non naturaliter secundum spiritum in se patrem habeat, cum vivat ipse per patrem ? Corpus Christi quod sumitur de altari figura est, dum panis et vinum extra videtur; veritas autem, dum corpus Christi et sanguis in veritate interius creditur.

Leçon 3

Que cette unité est en nous d’une manière naturelle, c’est lui-même qui l’atteste : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui”. Car il ne sera pas en lui…

 

[ ? texte latin incohérent  ? ]

 

 

 

“De même, dit-il, que le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, celui qui mange ma chair vivra lui aussi par moi.”  De la même manière que le Christ vit par le Père, de cette manière nous vivrons par sa chair. Telle est donc la cause de notre vie : nous avons le Christ qui demeure en nous par sa chair, et nous vivrons par lui, sous le même rapport sous lequel lui-même vit par le Père. Si donc nous vivons naturel-lement par lui selon la chair, c’est-à-dire ayant acquis la nature de sa chair, comment n’aurait-il pas naturellement le Père en lui, selon l’esprit, alors qu’il vit lui-même par le Père ? Le corps du Christ que nous recevons de l’autel est une figure quand, à l’extérieur, c’est le pain et le vin qui sont vus; mais c’est la réalité quand, plus profondément, nous croyons que c’est le corps et le sang du Christ.

 

 

Dies 6

                        Sixième jour

 

Lectio 1 [91673] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 6 l. 1 Haec salutaris victima illam nobis mortem unigeniti per mysterium reparat, qui, licet surgens a mortuis iam non moritur, mors illi ultra non dominabitur, tamen in seipso immortaliter et incorruptibiliter vivens, iterum in hoc ministerio moritur. Eius quoque ibique corpus sumitur, eius caro in populi salutem partitur, eius sanguis non iam in manus infidelium sed in ora fidelium funditur. Hinc ergo pensemus, quale sit hoc sacrificium quod pro nostra absolutione passionem unigeniti filii semper imitatur. Quis enim fidelium habere dubium possit in ipsa immolationis hora ad sacerdotis vocem caelos aperiri, et in illo Iesu Christi mysterio choros Angelorum adesse, summa et ima sociari, unum quid ex invisibilibus atque visibilibus fieri. Idem. Uno, inquit, eodemque tempore ac momento, et in caelo rapitur ministerio Angelorum consociandum corpori Christi, et ante oculos sacerdotis in altari videtur.

Leçon 1

Cette victime salutaire reproduit mystérieusement pour nous cette mort du Fils unique : bien que, surgissant vivant d’entre les morts, il ne puisse plus mourir, bien que dorénavant la mort n’ait plus de prise sur lui, cependant, tout en vivant en soi d’une manière immortelle et incorruptible, dans ce sacrement, le Christ meurt de nouveau. Partout où son corps est reçu en communion, sa chair est divisée pour le salut du monde, son sang n’est plus répandu dans les mains des infidèles, mais dans la bouche des croyants. Puissions-nous apprécier, à partir de là, la grandeur du sacrifice qui, pour l’absolution de nos fautes, reproduit sans cesse la passion du Fils unique. Qui parmi les croyants pourrait douter qu’au moment même de cette immo-lation, à la voix du prêtre, les cieux s’ouvrent, que les choeurs des Anges assistant à cette mystérieuse action de Jésus-Christ, que les Hauteurs et les Profondeurs s’y associent, que, dans l’invisible et dans le visible, c’est une seule action qui a lieu. La même. En un seul et même temps et instant, d’une part, dans le ciel, est enlevé par le ministère des Anges, ce qu’il faut associer au corps du Christ (?), et, d’autre part, sur l’autel, il apparaît devant les yeux du prêtre.

 

Lectio 2 [91674] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 6 l. 2 Tanta est unitas ecclesiae in Christo, ut unus ubique sit panis corporis Christi, et unus sit calix sanguinis eius. Calix enim quem sacerdos catholicus sacrificat non est alius nisi ipse quem dominus apostolis tradidit, quia sicut divinitas verbi Dei una est quae totum implet mundum, ita licet multis locis et innumerabilibus diebus illud corpus consecretur, non sunt tamen multa corpora Christi, neque multi calices, sed unum corpus Christi et unus sanguis cum illo, quod sumpsit in utero virginis et quod dedit apostolis. Divinitas enim verbi replet illud quod ubique est, et coniungit ac facit ut sicut ipsa una est, ita et unum corpus eius sit in veritate. Unde animadvertendum est, quia sive plus sive minus quis inde percipiat, omnes aequaliter corpus Christi integerrime sumunt, et generaliter omnes, et specialiter unusquisque.

Leçon 2

L’unité de l’Église dans le Christ est si grande qu’il n’y a partout qu’un seul paun du corps du Christ, qu’un seul calice de son sang. En effet le calice que le prêtre catholique offre en sacrifice n’est autre que celui-là même que le Seigneur a transmis à ses Apôtres, parce que, de même que la divinité du Verbe de Dieu est une, qui remplit le monde entier, ainsi, bien que ce corps soit consacré en de multiples lieux et un nombre incalculable de jours, cependant, il n’y a pas de multiples corps du Christ, ni de nombreuses calices, mais un seul corps du Christ, un seul sang, celui qu’Il a pris dans le sein de la Vierge et qu’il a donné à ses Apôtres. Car la divinité du Verbe emplit l’espace tout entier, elle fait l’union et elle fait en sorte que, de même qu’elle-même est une, le corps du Christ est aussi lui-même un, dans la vérité. D’où il faut remarquer ceci : que chacun perçoive plus ou moins de la réalité de ce mystère, tous reçoivent le corps du Christ également et dans son intégralité, tous en général, chacun d’une manière spéciale.

 

 

Lectio 3 [91675] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 6 l. 3 Mysterium fidei dicitur, quia credere debes, quod ibi salus nostra consistat. Providens enim nobis dominus dedit hoc sacramentum salutis, ut quia nos cotidie peccamus, et ille iam mori non potest, per istud sacramentum remissionem consequamur. Cotidie enim ipse comeditur et bibitur in veritate, sed integer et vivus atque immaculatus permanet. Et ideo magnum et pavendum mysterium est, quia aliud videtur et aliud intelligitur. Sed cum mysterium sit, unde unum corpus et sanguis dicitur ? Figuram panis et vini habet, faciente domino, quia non habemus in usum carnem crudam comedere et bibere sanguinem. Sicut verus est filius Dei dominus noster Iesus Christus, non quemadmodum homines per gratiam, sed quasi filius ex substantia patris, ita vera est Christi caro, sicut ipse dixit, quam accipimus, et verus sanguis est potus. Ego sum, inquit, panis vivus qui de caelo descendi. Sed caro non descendit de caelo. Quomodo ergo descendit de caelo panis vivus ? Quia idem dominus noster Iesus consors est divinitatis et corporis. Et tu qui accipis carnem, divinae eius substantiae in illo participas alimento.

Leçon 3

Tel est le mystère de la foi : tu dois le croire, parce que c’est là que réside notre salut. Dans sa Providence en effet, le Seigneur nous a donné ce sacrement du salut pour que, puisque nous péchons tous les jours, et que Lui ne peut plus mourir, nous obtenions, par ce sacrement, la rémission de nos péchés. Tous les jours, en effet, lui-même est mangé et bu réellement, mais il demeure intact, vivant et immaculé. C’est pourquoi ce sacrement est grand et redou-table : on voit une chose, on comprend autre chose. Mais c’est un mystère : comment se fait-il qu’on dise que le corps et le sang sont uniques ? C’est qu’ils sont figurés par le pain et le vin, par l’opération du Seigneur, parce que nous n’avons pas l’habitude de manger de la chair crue et de boire du sang. De même que notre Seigneur Jésus-Christ est vraiment le Fils de Dieu, non à la manière des hommes, par grâce, mais comme étant vrai-ment Fils de la substance du Père, ainsi, comme Lui-même l’a dit, la chair que nous recevons est vraiment la chair du Christ, et son sang est vraiment une boisson. “Je suis, dit-il, le pain vivant desccendu du Ciel”. Mais ce n’est pas sa chair qui est descendue du ciel. Comment donc le pain vivant est-il descendu du ciel ? Parce que notre Seigneur Jésus est propriétaire d’une manière indivise de sa divinité et de son corps. Et toi, qui reçois sa chair, tu participes dans cette nourriture à sa substance divine.

 

Dies 7

Septième jour

 

Lectio 1 [91676] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 1 Quia passus est pro nobis dominus, commendavit nobis in isto sacramento sanguinem suum et corpus, quod etiam fecit nosmetipsos. Nam et nos corpus ipsius facti sumus, et per misericordiam ipsius, quod accipimus nos sumus. Recordamini. Et vos non fuistis, et creati estis, et ad aream dominicam comportati estis, laboribus boum, id est annuntiantium evangelium, triturati estis. Quando catechumeni deferebamini, in horreo servabamini. Nomina vestra dedistis, moli coepistis ieiuniis, exorcismis. Postea ad aquam venistis, et conspersi estis, et panis dominicus facti estis. Ecce quod accepistis. Quomodo ergo unum videtis esse quod factum est, sic unum estote vos, diligentes vos, scilicet tenendo unam fidem, unam spem, individuam caritatem. Heretici, quando hoc accipiunt sacramentum, testimonium contra se accipiunt, quia illi quaerunt divisionem, cum panis iste indicet unitatem. Sic et vinum in multis racemis fuit, et modo unum est. Vinum est in sua nativitate, calix est post pressuram torcularis. Et vos, post illa ieiunia, post labores, post humilitatem et contritionem, iam in nomine domini, tamquam ad calicem Christi venistis, et ibi vos estis in mensa, et in calice nobiscum vos estis. Simul enim hoc sumimus, simul bibimus, quia simul vivimus.

Leçon 1

Parce que le Seigneur a souffert sa passion pour nous, il nous a confié, dans ce sacrement, son sang et son corps; de ce corps et de ce sang, il nous a faits nous-mêmes. En effet nous aussi nous sommes devenus son corps et, par un effet de sa miséricorde, nous sommes ce que nous avons reçu. Souvenez-vous-en. Votre existence n’est pas de toujours, vous avez été créés et vous avez été transportés sur l’aire du Seigneur : comme le blé, vous avez été battus par le travail des boeufs, c’est-à-dire de ceux qui vous annonçaient l’Évangile; quand vous êtes devenus catéchumènes, vous avez été conservés dans un grenier. Vous avez donné vos noms et vous avez commencé à être moulus par les jeûnes et les exorcismes.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Vous en êtes ensuite venus à l’eau, vous avez été aspergés et vous êtes devenus le pain du Seigneur. Voilà ce que vous avez reçu. De la même manière, donc, que vous voyez l’unité de ce qui a été fait, soyez un vous aussi, vous aimant, c’est-à-dire en gardant une seule foi, une seule espérance, une seule charité. Les hérétiques, quand ils reçoivent ce sacrement, reçoi-vent un rémoignage contre eux-mêmes, car ils y cherchent la division alors que ce pain révèle l’unité. Ainsi le vin a été formé de nombreuses grappes, et pourtant il est un. Le vin est dans son origine, la coupe après le passage au pressoir. Et vous, après ces jeûnes, après vos peines, votre humilité et votre contrition, désormais au nom du Seigneur, vous êtes venus comme à la coupe du Christ, vous êtes à sa table, et vous êtes avec nous dans la coupe. En effet, cette coupe, nous la prenons ensemble, nous buvons ensemble parce que nous vivons ensemble.

 

 

Lectio 2 [91677] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 2 Ita dominus noster Iesus Christus nos significavit, nos ad se pertinere voluit, mysterium pacis et unitatis nostrae in mensa consecravit. Qui accipit mysterium unitatis et non tenet vinculum pacis, non mysterium accipit pro se, sed testimonium contra se. Nulli est aliquatenus ambigendum unumquemque fidelium corporis et sanguinis dominici tunc esse participem, quando in baptismate efficitur membrum Christi, nec alienari ab illius panis calicisque consortio, etiam si antequam panem illum comedat calicemque bibat, de hoc saeculo migraverit, in unitate corporis constitutus. Sacramenti quippe illius participatione ac beneficio non privatur, quando in se hoc quod illud sacramentum significat invenitur. Qui manducant et bibunt Christum, vitam manducant et bibunt. Illud manducare est refici, illud bibere est vivere. Quod in sacramento visibiliter sumitur, in ipsa veritate spiritualiter manducatur et bibitur.

Leçon 2

C’est ce que notre Seigneur Jésus-Christ nous a fait comprendre, il a voulu que nous lui appartenions, ila consacré à sa table le sacrement de notre paix et de notre unité. Celui qui reçoit le sacrement de l’unité et ne garde pas le lien de la paix, il ne reçoit pas le sacrement pour lui, mais un témoignage contre lui. Jusqu’à un certain point, il n’y a de doute pour personne que chacun des fidèles participe au corps et au sang du Seigneur, au moment où il a été fait membre du Christ par le baptême, ni qu’il est transformé par la participation au pain et à la coupe du Christ ; même si, avant de manger ce pain et de boire à cette coupe, il provient du monde de ce siècle, il est constitué dans l’unité du Corps. Car il n’est pas privé de la participation et au bénéfice de son sacrement, quand il prend conscience de ce que signifie ce sacrement. Ceux qui mangent et boivent le Christ, mangent et boivent la vie. Le manger, c’est être restauré, le boire, c’est vivre. Ce qui est reçu dans le sacrement de manière visible, est mangé et bu dans la vérité, d’une manière spirituelle.

 

Lectio 3 [91678] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 3 Manducatur Christus, vivit manducatus quia surrexit occisus. Nec, quando manducamus, partes de illo facimus. Et quidem in sacramento sic fit. Et norunt fideles : quando manducant carnem Christi, unusquisque accipit partem suam. Per partes manducatur in sacramento, et manet integer totus in caelo. Per partes manducatur in sacramento, et manet integer totus in corde tuo. Totus enim erat apud patrem, quando venit in virginem, implevit illam nec recessit ab illo. Veniebat in carnem ut homines eum manducarent et manebat integer apud patrem ut Angelos pasceret. Invitat dominus servos, et praeparat eis cibum seipsum. Quis audeat dominum suum manducare ? Et tamen ait : qui manducat me vivit propter me. Quando manducatur, vita manducatur, nec occiditur ut manducetur, sed mortuos vivificat. Quando manducatur, reficit sed non deficit. Non ergo timeamus, fratres, manducare istum panem ne forte finiamus illum, et postea quod manducemus non inveniamus. Quod videtur, calix est et panis, quod etiam oculi renuntiant. Quod autem fides postulat instruenda : panis est corpus Christi, et calix est sanguis. Ista ideo dicuntur sacramenta, quia in eis aliud videtur, aliud intelligitur. Quod videtur speciem habet corporalem, quod intelligitur fructum habet spiritalem.

Leçon 3

Le Christ est mangé; mangé, il est vivant parce que, mort, il est ressuscité. Quand nous le mangeons, nous ne le divisons pas en parties. C’est ainsi que cela se passe dans le sacrement, et les fidèles le savent : quand ils mangent la chair du Christ, chacun reçoit sa parcelle ; dans le sacrement, il est mangé et réduit en parcelles; dans le ciel, il demeure tout entier, intact. En effet, il était tout entier auprès du Père, quand il est venu dans le sein de la Vierge, il l’a remplie, sans quitter son Père. Il s’incarnait pour que les hommes puissent le manger et il restait intact auprès du Père pour nourrir les Anges. Le Seigneur invite ses serviteurs et il prépare pour eux une nourriture qui est lui-même. Qui oserait manger son Seigneur ? Et pourtant il dit : “Qui me mange vivra par moi”. Quand on le mange, c’est la vie que l’on mange; il n’est pas mort pour être mangé, mais aux morts il rend la vie. Quand on le mange, il refait nos forces, mais il ne fait pas défaut. Nous n’avons pas à craindre, mes frères, de manger de ce pain au point de l’épuiser et de ne plus avoir à notre disposition ce que nous avons mangé. Ce qui apparaît, c’est la coupe et le pain, nos yeux-mêmes nous le certifient; ce que la foi réclame et ce don’t elle nous instruit, c’est que le pain est le corps du Christ et la coupe celle de son sang. Donc on appelle ces choses des sacrements, parce qu’on y voit une chose et on en comprend une autre. Ce qui apparaît a une apparence matérielle, ce qu’on comprend a un fruit spirituel.

 

 

Lectio 4 [91679] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 4 Nihil in sacrificiis maius potest esse quam corpus et sanguis Christi, nec ulla oblatio hac potior est, sed haec omnes praecellit, quae pura conscientia domino offerenda est, et pura mente sumenda, atque ab omnibus veneranda. Et sicuti potior est ceteris, ita potius excoli et venerari debet. Triforme est corpus domini : pars oblatae in calicem missa, corpus Christi quod iam resurrexit monstrat; pars comesta, ambulans adhuc super terram; pars in altari usque ad finem missae remanens, corpus in sepulchro, quia usque in finem saeculi corpora sanctorum in sepulcris erunt. Dum frangitur hostia, dum sanguis de calice in ora fidelium funditur, quid aliud quam dominici corporis in cruce immolatio eiusque sanguinis de latere effusio designatur ? Panis et calix non qualibet sed certa consecratione mysticus nobis fit, non nascitur. Proinde quod ita fit nobis, quamvis sit panis et calix, alimentum est resurrectionis. Ante benedictionem alia species nominatur, post benedictionem Christi corpus significatur. In illo sacramento Christus est. Qui manducat hoc corpus, fiat ei remissio peccatorum.

Leçon 4

Parmi les sacrifices, il ne peut rien y avoir de plus grand que le corps et le sang du Christ, aucune offrande ne peut être plus puissante que celle-là, elle les surpasse toutes: elle doit être présentée au Seigneur avec une conscience pure, reçue avec un esprit pur et vénérée par tous. Et de même qu’elle est plus puis-sante que les autres, ainsi elle doit être honorée et vénérée davantage. Le corps du Seigneur se présente sous trois formes : une partie est offerte à la messe dans le calice, elle révèle le corps du Christ déjà ressuscité; une partie est mangée et demeu-re encore sur terre; une partie reste sur l’autel jusqu’à la fin de la messe, c’est le corps dans le sépulcre, parce que les corps des saints resteront dans les tom-beaux jusqu’à la fin des siècles. Quand l’hostie est brisée, quand le sang se répand du calice dans la bouche des fidèles, qu’est-ce que cela désigne d’autre que l’immolation du corps du Seigneur sur la croix et le jaillis-sement de son sang hors de son flanc ? Le pain et la coupe se font sacrement pour nous, non pas de n’importe quelle manière, mais par une consécration certaine, ils ne naissent pas [de rien (?)]. Ils nous apparaissent tels, mais, bien que ce soit du pain et une coupe, c’est l’aliment de la résurrection. Avant la bénédiction, c’est une forme différente qui est désignée, après la bénédiction, c’est le corps du Christ qui est signifié. Celui qui se nourrit de ce corps reçoit la rémission de ses péchés.

 

 

Lectio 5 [91680] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 5 In illa mystica distributione spiritualis alimoniae, hoc impertitur, hoc sumitur, ut accipientes virtutem caelestis cibi in carnem ipsius qui caro nostra factus est transeamus. Et cibus refectionis est cibus sanguinis. Sicut enim caro Christi vere est cibus, ita sanguis eius vere est potus. Idem est corpus de quo dictum est : caro mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus. Circa hoc corpus aquilae sunt, quae alis circumvolant spiritualibus. Unde et idem corpus Christi edimus, ut vitae aeternae possimus esse participes. Nos autem in specie panis et vini quam videmus, res invisibiles, id est carnem et sanguinem, honoramus. Nec similiter comprehendimus has duas species quemadmodum ante consecrationem comprehendebamus, cum fideliter fateamur, ante consecrationem panem esse et vinum quod natura formavit, post consecrationem vere esse carnem et sanguinem Christi quod benedictio consecravit.

Leçon 5

Dans cette distribution mystique d’une nourriture spirituelle, il se produit un partage, une réception telle que, en recevant la puissance de cette nourriture céleste, nous passons dans la chair de celui-là même qui s’est fait notre chair. Et l’aliment de cette nourriture spirituelle est l’aliment du sang. De même en effet que la chair de Jésus-Christ est vraiment une nourriture, de même son sang est vraiment une boisson. C’est le même corps duquel Jésus a dit : “Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment une boisson”. A ce propos, le corps est comme des aigles qui volent avec des ailes spirituelles. De là aussi, nous mangeons le même corps du Christ pour pouvoir participer à la vie éternelle. Et nous, sous l’apparence du pain et du vin que nous voyons, nous vénérons des réalités invisibles, c’est-à-dire le corps et le sang. Ces deux apparences, nous ne les comprenons pas de la même manière qu’avant la consécra-tion, puisque nous reconnais-sons, dans la foi, qu’avant la consécration il y a du pain et du vin – que la nature a formés – et qu’après la consécration il s’agit réellement de la chair et du sang du Christ que la bénédiction a consacrés.

 

Lectio 6 [91681] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 6 Forte dicas : quomodo vera caro, quomodo verus sanguis, quia similitudinem non video carnis, non video sanguinis veritatem ? Primo omnium dixi tibi de sermone Christi, qui operatur ut possit mutare et convertere genera et instituta naturae. Deinde, ubi non tulerunt sermonem Christi discipuli eius, sed audientes quod carnem suam daret manducare et sanguinem suum ad bibendum, recedebant. Solus tamen Petrus dixit : verba vitae aeternae habes, et ego a te quomodo recedam ? Ne igitur plures hoc dicerent et ne veluti quidam esset horror cruoris, sed maneret gratia redemptoris, ideo in similitudine quidem accipis sacramentum, sed vere naturae gloriam virtutemque consequeris : ego sum, inquit, panis vivus qui de caelo descendi. Sub alia autem specie tribus de causis carnem et sanguinem tradidit Christus, et deinceps sumendum instituit, ut scilicet fides haberet meritum, quae est de his quae non videntur, quia fides non habet meritum cui humana ratio praebet experimentum. Et ideo ne abhorreret animus quod cerneret oculus, quia non habemus usum carnem crudam et sanguinem comedere, quia ergo Christum vorari dentibus fas non est, in mysterio carnem et sanguinem nobis commendavit. Et etiam ideo ne ab incredulis religioni christianae insultaretur.

Leçon 6

Peut-être pourrais-tu dire : comment peut-il s’agir d’une vraie chair et d’un vrai sang, puisque je ne vois pas une apparence de chair et que je ne vois pas un vrai sang ? Tout d’abord, tout ce que j’ai dit provient de la parole du Christ qui agit pour pouvoir changer et modifier ce qui est né et a été formé dans la nature. Ensuite, les disciples, pour n’avoir pas supporté la parole du Christ, mais l’entendant affirmer qu’il leur donnait sa chair à manger et son sang à boire, s’en sont allés. Toutefois, Pierre, et lui seul, affirma : “Tu as les paroles de la vie éternelle; comment pourrais-je te quitter ?” Donc, pour éviter que la plupart ne disent cela et pour que le sang répandu ne soit pas pris en horreur et que demeure cependant la grâce de la rédemption, tu reçois le sacrement en quelque sorte “en apparence”, mais c’est bien réellement que tu obtiens la gloire et la force [de Jésus]. “Je suis, dit-il, le pain vivant descendu du ciel.” Si le Christ a livré son corps et son sang sous une autre apparence, c’est pour ces rois raisons; et ensuite, il a recommandé de recevoir ainsi le sacrement pour que la foi soit méritoire – puisqu’elle porte sur des choses que l’on ne voit pas – car la foi n’a aucun mérite quand elle concerne ce dont la raison humaine fournit l’expérience. Et ainsi, pour que l’esprit n’ait pas en horreur ce que l’oeil voit, - puisque nous n’avons pas pour usage de manger de la chair crue et de boire du sang, puisque donc il n’est pas permis de dévorer le Christ avec les dents, il nous a confié sa chair et son sang dans un mystère. Et aussi pour que les incroyants n’y voient pas matière à insulter la religion chrétienne.

 

 

Lectio 7 [91682] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 7 Nihil rationabilius quam ut sanguinis similitudinem sumamus, ut ita et veritas non desit et ridiculum nullum fiat a paganis quod cruorem occisi bibamus. Sed quare sub duplici specie sumitur, cum substantialiter unum totus sit Christus ? Ut ostenderetur totam humanam naturam assumpsisse, ut totam redimeret. Panis enim ad carnem refertur, vinum ad animam; quia vinum operatur sanguinem, in quo sedes animae a physicis esse dicitur. Ideo ergo in duabus speciebus celebratur, ut animae et carnis susceptio in Christo et utriusque liberatio in nobis significetur. Valet enim ad tuitionem corporis et animae quod percipimus, quia caro Christi pro salute corporis, sanguis vero pro anima nostra offertur, sicut praesignavit Moyses : caro, inquit, pro corpore vestro offertur, sanguis vero pro anima; sed tamen sub utraque specie sumitur quod ad utrumque valet, quia sub utraque specie sumitur totus Christus.

Leçon 7

Il n’y a rien de plus raisonnable que de recevoir le sang en “apparence” : ainsi l’on reste dans la vérité et il n’y a pas de motif à moquerie de la part des païens parce que nous buvons le sang d’un homme mort. Mais pourquoi le sacrement est-il reçu sous une double apparence puisque le Christ est substantiel-lement un, tout entier ? Pour bien montrer que c’est la nature humaine entière qu’il a prise sur lui, pour la racheter toute entière. En effet, le pain se réfère à la chair, le vin à l’âme; parce que le vin est la figure du sang, dans lequel, disent les physi-ciens, se trouve le siège de l’âme. C’est donc pourquoi la célébration se fait sous les deux espèces pour que soient prises dans le Christ et la chair et l’âme et que soit signifiée en nous la libération de l’une et de l’autre. Le sacrement vaut en effet pour la sauvegarde et de notre corps et de notre âme – que nous voyons – parce que la chair du Christ a été offerte pour le salut de notre corps, et son sang pour le salut de notre âme, ainsi que l’a montré Moïse jadis : la chair, a-t-il dit, est offerte pour votre corps, le sang pour votre âme; le sacrement, qui vaut pour les deux, est cependant reçu sous l’une et l’autre espèce, puisque le Christ tout entier est reçu sous les deux espèces.

 

 

Lectio 8 [91683] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 8 Porro illa species visibilis sacramentum est geminae rei, quia utramque rem significat et utriusque rei similitudinem gerit expressam. Nam sicut panis prae ceteris cibis corpus reficit et sustentat, et vinum hominem laetificat atque inebriat, sic caro Christi interiorem hominem plus ceteris gratiis spiritualiter reficit et saginat. Unde excellenter eucharistia dicitur, id est bona gratia, quia in hoc sacramento non modo est augmentum virtutis et gratiae, sed ille totus sumitur, qui est fons et origo totius gratiae. Habet etiam similitudinem cum re mystica quae est unitas fidelium, quia sicut ex multis granis conficitur unus panis, et ex multis acinis vinum in unum confluit, sic ex multis fidelium personis unitas ecclesiastica constat. Unde apostolus : unus panis et unum corpus multi sumus. Unus panis et unum corpus ecclesia dicitur, pro eo quod sicut unus panis ex multis granis et unum corpus ex multis membris componitur, sic ecclesia ex multis fidelibus caritate copulante connectitur.

Leçon 8

De plus, cette apparence visible est le sacrement d’une double réalité parce qu’elle signifie l’une et l’autre chose et contient l’expression d’une double simili-tude. En effet, de même que le pain, mieux que toute autre nourriture, rend des forces au corps et le soutient, de même que le vin rend l’homme joyeux et l’enivre, ainsi la chair du Christ, plus que toute autre grâce, rend des forces spiri-tuelles à l’homme intérieur et l’”engraisse”. C’est donc excel-lemment que ce sacrement est appelé “eucharistie”, c’est-à-dire “bonne grâce”, parce que, dans ce sacrement, non seulement il y a augmentation de la force et de la grâce, mais il est reçu tout entier, lui qui est la source et l’origine de toute grâce. Il comporte même une similitude avec cette réalité mystique qu’est l’unité des fidèles, car, de même que d’une multitude de grains on fait un seul pain et que d’une multitude de grappes coule un vin unique, ainsi d’une multitude de personnes fidèles, est formée l’unité de l’Église. D’où ces paroles de l’Apôtre : “Nous formons un seul pain et un seul corps”. Un seul pain, un seul corps, c’est ce qu’on appelle l’Église, pour cette raison que, de même qu’un seul pain est constitué de beaucoup de grains et qu’un seul corps est formé de plusieurs membres, ainsi l’Église est formée de nombreux fidèles réunis par la charité.

 

 

Lectio 9 [91684] Officium Sacerdos, octav. 1 dies 7 l. 9 Credere in Iesum Christum, hoc est manducare panem et vinum. Qui credit, manducat. Invisibiliter saginatur, quia invisibiliter renascitur. Et qui manducat carnem Christi et bibit sanguinem illius vitam habet aeternam. Participatione enim filii, quod est per unitatem corporis et sanguinis eius, homo manducans vivit, non sumens tantum in sacramento, quod et mali faciunt, sed usque ad spiritus participationem, ut in corpore domini tamquam membrum maneat et eius spiritu vegetetur, quod est, dum eius mandatum servat. Ad altare Dei invisibile, quo non accedit iniustus, ille pervenit, qui ad hoc praesens iustificatus accedit. Invenit illic vitam qui hic discernit causam suam. Singuli autem accipiunt Christum dominum, et in singulis portionibus totus est, nec per singulos minuitur, sed integrum se praebet in singulis. Ubi pars est corporis, est et totum. Eadem ratio est in corpore domini, quae in manna, quod in eius figura praecessit, de quo dicitur : qui plus collegerat non habuit amplius, neque qui minus paraverat habuit minus. Illud datum fuit antiquis post transitum maris Rubri, ubi submersis Aegyptiis liberati sunt Hebraei. Ita hoc caeleste manna non nisi regeneratis praestari debet. Corporalis panis ille populum antiquum ad terram promissionis per desertum eduxit, hic caelestis fideles huius saeculi desertum transeuntes in caelum subvehit. Unde recte viaticum appellatur, quia in via nos reficiens usque ad patriam deducit.

Leçon 9

Croire en Jésus-Christ, c’est se nourrir du pain et du vin. Celui qui croit s’en nourrit. Il est restauré d’une manière invisible, parce qu’il renaît d’une manière invisible. Et celui qui mange la chair du Christ et boit son sang possède la vie éternelle. En effet, par sa participation au Fils – ce qui se fait par l’unité du corps et du sang de celui-ci – l’homme qui le mange vit, non seulement en le recevant dans le sacrement, ce que les infidèles font aussi, mais en allant jusqu’à une participation spirituelle, de manière à demeurer dans le corps du Seigneur comme mem-bre et à être fortifié par son Esprit, c’est-à-dire en observant ses commandements. A l’autel invisible de Dieu, où ne parvient pas l’injuste, celui-là y parvient qui y arrive justifié par le sacrement. Là il trouve la vie, celui qui, ici-bas, y discerne sa cause. Or chacun reçoit le Seigneur Jésus-Christ, et il se trouve tout entier dans chacune des parcelles; il n’est pas amoindri dans chacune des parcelles mais s’offre tout entier à chacun. Là où se trouve une partie de son corps, il y a son corps tout entier. La même explication vaut pour le corps du Seigneur que pour la manne qui a précédé ce corps en figure et dont il est dit : celui qui en avait ramassé plus n’en eut pas davantage, et celui qui s’en était procuré moins, n’en eut pas moins.  Ce don fut accordé à nos ancêtres après le passage de la Mer Rouge lorsque, après que les Égyptiens eurent été ense-velis, les Hébreux furent libérés. Ainsi il ne faut pas considérer cette manne céleste comme plus importante, si ce n’est pour ceux qui furent régénérés. Ce pain matériel a conduit le peuple de nos pères, à travers le désert, jusqu’à la terre promise; ce pain céleste-ci conduit, à travers le désert de ce temps, jusqu’au ciel. C’est ainsi qu’il est appelé à juste titre “viatique”, parce que, nous rendant des forces sur la route, il nous conduit jusqu’à notre Patrie.

 

 

 

 

Ad Missam officium

               La messe votive du corps du Seigneur

 

[91686] Officium Sacerdos, missa 1 v. 1 Ad Introitum. V/.Cibavit eos ex adipe frumenti, alleluia. Et de petra melle saturavit eos, alleluia, alleluia, alleluia. Contra, O per omnia laudabilem virum, de sancto Nicholao.

Verset/

Il les a nourris du plus pur froment. Alleluia.

 

Repons/

Et il les a rassasiés du miel des rochers. Alleluia, alleluia, alleluia.

Contra : O l’homme qu’on loue à travers toutes choses, de saint Nicolas.

Traduction Vatican II, 1965

Le Seigneur a nourri son peuple de la fleur du froment, Alleluia, et il l’a rassasié du miel du rocher, Alleluia

[91687] Officium Sacerdos, missa 1 v. 2

V/. Exultate Deo adiutori nostro, iubilate Deo Iacob. Gloria patri et filio et spiritui sancto, sicut erat in principio et nunc et semper, et in secula seculorum. Amen.

Verset/

Réjouissez-vous en louant Dieu notre protecteur; chantez dans de saints transports les louanges du Dieu de Jacob.

Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.

 

Kyrie [91688] Officium Sacerdos, missa 1 hymnus 1 Kyrie, fons bonitatis, pater ingenite, a quo bona cuncta procedunt, eleison.

 

Kyrie, qui pati natum mundi pro crimine, ipsum ut salvaret, misisti, eleison.

 

Kyrie, qui septiformis dans dona pneumatis, a quo caelum, terra replentur, eleison.

Christe, unice Dei patris genite, quem de virgine nasciturum mundo mirifice sancti praedixerunt prophetae, eleison.

 

Christe, hagie, caeli compos regiae, melos gloriae cui semper astans pro munere angelorum decantat apex, eleison.

 

Christe, caelitus assis nostris praecibus, pronis mentibus quem in terris devote colimus ; ad te, pie Iesu, clamamus : eleison.

 

Kyrie, spiritus alme, cohaerens patri natoque, unius usiae, consistendo, flans ab utroque, eleison.

 

 

Kyrie, qui baptizato in Iordanis unda Christo effulgens specie columbina apparuisti, eleison.

Kyrie, ignis divine, pectora nostra succende, ut digni pariter proclamare possimus semper, eleison.

                        Hymne — « Prends pitié, source de bonté »

Seigneur, source de bonté, Père qui n’a pas été créé de qui proviennent tous les biens, aie pitié.

Seigneur, toi qui as envoyé ton fils pour racheter les crimes du monde et toi qui as souffert de ne l’avoir sauvé, aie pitié.

Seigneur, toi qui donnes les sept dons de l’Esprit, dont le ciel et la terre sont remplis, aie pitié.

 

Jésus-Christ, toi qui est né, toi qui est la parole de Dieu, toi qui est unique, toi dont les saints prophètes ont prédit la naissance de la Vierge dans ce monde de façon miraculeuse, aie pitié.

Jésus-Christ, toi, le saint qui habites dans le ciel pour qui les anges chantent le chant de la gloire royale, toujours debout pour obtenir tes faveurs, aie pitié.

Jésus-Christ, toi qui est né, sois favorable à nos prières et à nos esprits qui sont dévoués à toi, qu’on vénère avec dévotion dans tout les pays en criant ‘pieux Jésus’, aie pitié.

Seigneur, Saint-Esprit qui es uni au Père et au Fils, qui avec eux d’une seule essence formes partie, et qui souffles un souffle qui procède de l’un et de l’autre, aie pitié.

Seigneur, toi qui es paru, brillant, quand Jésus était baptisé dans le Jourdain, sous la forme d’une colombe, aie pitié.

Seigneur, feu divin, enflamme nos coeurs pour que nous puissions être toujours dignes de chanter tes louanges, aie pitié.

 

Gloria [91689] Officium Sacerdos, missa 1 hymnus 2 Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis. Laudamus te. Benedicimus te. Adoramus te. Glorificamus te. Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam. Domine Deus, rex caelestis, Deus pater omnipotens. Domine fili unigenite, Iesu Christe. Domine Deus, agnus Dei, filius patris. Qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Qui tollis peccata mundi suscipe deprecationem nostram. Qui sedes ad dexteram patris miserere nobis. Quoniam tu solus sanctus. Tu solus dominus. Tu solus altissimus, Iesu Christe. Cum sancto spiritu in gloria Dei patris. Amen.

Gloire à Dieu

 

Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qui l’aiment.

Nous te louons, nous te bénissons, nous t'adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâce pour ton immense gloire.

Seigneur Dieu, Roi du ciel, Dieu, le Père tout-puissant. Seigneur, Fils unique, Jésus Christ.

Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père.

Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous.

Toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière.

Toi qui es assis à la droite du Père, prends pitié de nous.

Car toi seul es saint, toi seul es Seigneur, toi seul es le Très-Haut : Jésus Christ, avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père. Amen.

 

[91690] Officium Sacerdos, missa 1 oratio 1 Oratio. Deus qui nobis sub sacramento mirabili passionis tuae memoriam reliquisti, tribue, quaesumus, ita nos corporis et sanguinis tui sacra mysteria venerari, ut redemptionis tuae fructum in nobis iugiter sentiamus. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

Prière

 

Dieu qui nous avez laissé sous ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les mystères de votre corps et de votre sang un respect tel, que nous jouissions intérieurement et continuel-lement des fruits de votre rédemption.

Vous qui vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction Vatican II, 1965

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé un mémorial de ta passion. Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption.

Toi qui vis et régne avec le Père, et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Lectio epistolae beati Pauli apostoli ad Corinthios [91691] Officium Sacerdos, missa 1 l. 1 Fratres, ego enim accepi a domino quod et tradidi vobis; quoniam dominus Iesus in qua nocte tradebatur, accepit panem, et gratias agens fregit et dixit : accipite et manducate : hoc est corpus meum, quod pro vobis tradetur; hoc facite in meam commemorationem. Similiter et calicem, postquam cenavit, dicens : hic calix novum testamentum est in meo sanguine; hoc facite, quotiescumque sumitis, in meam commemorationem. Quotiescumque enim manducabitis panem hunc et calicem bibetis, mortem domini annuntiabitis donec veniat. Itaque quicumque manducaverit panem vel biberit calicem domini indigne, reus erit corporis et sanguinis domini. Probet autem seipsum homo; et sic de pane illo edat, et de calice bibat. Qui enim manducat et bibit indigne, iudicium sibi manducat et bibit, non diiudicans corpus domini.

Première épître de l’apôtre saint Paul aux Corinthiens 11, 23-29

 

Mes Frères, c’est du Seigneur que j’ai appris ce que je vous ai transmis; à savoir, que le Seigneur Jésus, la nuit même où il était livré, "prit du pain, et ayant rendu grâces, le rompit, et dit à ses disciples : Prenez et mangez; Ceci est mon corps qui sera livré pour vous; faites ceci en mémoire de moi". Il prit de même le calice après avoir soupé, en disant : "Ce calice est la nouvelle alliance de mon sang;" faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous le boirez. Toutes les fois en effet que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne". C’est pourquoi quiconque mangera ce pain, ou boira le calice du Seigneur indignement, aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que l’homme donc s’éprouve lui-même, et qu’il mange ainsi de ce pain et boive de ce calice. Car quiconque en mange et en boit indignement, mange et boit sa propre condamnation s’il n’y discerne pas le corps du Seigneur.

 

[91692] Officium Sacerdos, missa 1 resp. 2 Gradualis.

R/. Oculi omnium in te sperant, domine; et tu das illis escam in tempore opportuno.

V/. Aperis tu manum tuam, et imples omne animal benedictione, alleluia.

Repons/

Tous Seigneur, ont les yeux tournés vers vous; et tu leur donnes leur nourriture dans le temps opportun.

 

Verset/

Vous ouvrez votre main, et vous remplissez tout ce qui respire des effets de votre bonté. Alleluia.

 

Psalmus [91507] Officium Sacerdos, vesp. 1 ps. 5 Lauda, Hierusalem, dominum. Lauda Deum tuum, Sion, quoniam confortavit seras portarum tuarum. Benedixit filiis tuis in te qui posuit fines tuos pacem, et adipe frumenti satiat te, qui emittit eloquium suum terrae. Velociter currit sermo eius. Qui dat nivem sicut lanam, nebulam sicut cinerem spargit, mittit cristallum suum sicut buccellas : ante faciem frigoris eius, quis sustinebit ? Emittet verbum suum, et liquefaciet ea. Flabit spiritus eius, et fluent aquae. Qui adnuntiat verbum suum Iacob, iustitias et iudicia sua Israhel, non fecit taliter omni nationi, et iudicia sua non manifestavit eis.

Psaume 147

 

12 Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion !

13 Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants ;

14 il fait régner la paix à tes frontières, et d’un pain de froment te rassasie.

15 Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt.

16 Il fait tomber la neige comme de la laine, il sème une poussière de givre.

17 Il jette à poignées des glaçons ; devant ce froid, qui pourrait tenir ?

18 Il envoie sa parole et fait fondre la glace ; il répand son souffle : les eaux coulent.

19 Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël.

20 Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; nul autre n’a connu ses volontés.

 

 [91693] Officium Sacerdos, missa 1 resp. 3

R/. Alleluia, alleluia. Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus : qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in eo.

V/. Qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in eo. Contra, Nativitas gloriosa, de sancta Maria.

Repons/

Alleluia, Alleluia. Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est véritablement un breuvage;

 

Verset/

Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi et moi en lui.

« Contra » : La nativité glorieuse, de sainte Marie.

 

Prosa [91694] Officium Sacerdos, missa 1 hymnus 2Contra, Laudes crucis attolamus, de sancta Cruce. Lauda, Sion, salvatorem, lauda ducem et pastorem in hymnis et canticis. Quantum potes, tantum aude, quia maior omni laude, nec laudare sufficis.

 

 

 

Laudis thema specialis, panis vivus et vitalis, hodie proponitur. Quem in sacrae mensa coenae, turbae fratrum duodenae datum non ambigitur. Sit laus plena, sit sonora ; sit iucunda, sit decora mentis iubilatio ; dies enim solennis agitur, in qua mensae prima recolitur huius institutio.

 

 

In hac mensa novi regis, novum Pascha novae legis phase vetus terminat ; vetustatem novitas, umbram fugat veritas, noctem lux eliminat. Quod in cena Christus gessit, faciendum hoc expressit in sui memoriam, docti sacris institutis, panem vinum in salutis consecramus hostiam.

Dogma datur Christianis, quod in carnem transit panis et vinum in sanguinem ; quod non capis, quod non vides, animosa firmat fides praeter rerum ordinem. Sub diversis speciebus, signis tantum et non rebus latent res eximiae, caro cibus, sanguis potus, manet tamen Christus totus sub utraque specie.

 

 

A sumente non concisus, non confractus, non divisus, integer accipitur ; sumit unus, sumunt mille, quantum isti, tantum ille, nec sumptus consumitur. Sumunt boni, sumunt mali, sorte tamen inaequali, vitae vel interitus ; mors est malis, vita bonis ; vide, paris sumptionis quam sit dispar exitus.

 

 

 

Fracto demum sacramento, ne vacilles, sed memento tantum esse sub fragmento, quantum toto tegitur. Nulla rei fit scissura, signi tantum fit fractura, qua nec status nec statura signati minuitur.

 

 

Ecce, panis Angelorum, factus cibus viatorum, vere panis filiorum, non mittendus canibus. In figuris praesignatur, cum Isaac immolatur, agnus Paschae deputatur, datur manna patribus. Bone pastor, panis vere, Iesu nostri miserere, tu nos pasce, nos tuere, tu nos bona fac videre in terra viventium.

 

Tu qui cuncta scis et vales, qui nos pascis hic mortales, tu nos ibi commensales, coheredes et sodales fac sanctorum civium. Amen.

                        Séquence de la Messe du Saint Sacrement, par saint Thomas — Lauda, Sion[6]

 

Traduction 1857

 

Sion, loue ton Sauveur, ton chef et ton pasteur, loue-le dans tes hymnes et tes cantiques. Ose pour le faire tout ce que te permettront tes forces, parce qu’il est au-dessus de toutes louanges, et que tu ne peux le louer comme il le mérite. On nous propose aujourd’hui comme objet spécial de nos louanges le pain vivant et vivifiant, Il est certain que ce pain fut donné aux douze apôtres à la table de la sainte cène. Que notre louange soit parfaite, quelle soit retentissante, quelle soit aimable; que la jubilation de notre esprit soit digne de Dieu. Ce jour solennel est en effet celui où l’on célèbre la mémoire de la première institution de ce banquet. A cette table du nouveau roi, la nouvelle Pâque de la nouvelle loi, met un terme à la Pâque ancienne. Ce rituel nouveau abolit le rituel ancien, la vérité dissipe l’ombre, la lumière éclaire la nuit. Ce que Jésus-Christ fit dans la cène, il nous a ordonné de le faire en mémoire de lui. Instruits par son saint exemple, nous consacrons le pain et le vin en hostie du salut. C’est un article de foi pour les chrétiens que le pain se change en chair et le vin en sang. Ce que vous ne comprenez pas, ce que vous ne voyez pas, la foi qui ne se laisse pas décourager vous l’assure comme supérieur à l’ordre de la nature. Sous les différentes espèces, qui sont des signes et non des choses réelles, sont cachés les dons les plus parfaits. Sa chair est une nourriture, son sang est un breuvage, Jésus-Christ cependant demeure tout entier sous chaque espèce. Celui qui le prend, ne le rompt pas, ne le brise pas, non plus qu’il ne le divise, mais il le prend tout entier. Un seul le reçoit, mille le reçoivent; ceux-ci en prennent autant que celui-là; pris il n’est point consommé, les bons et les méchants le reçoivent; mais leur sort est différent ! les uns y trouvent la vie, les autres la mort. Il est la mort des méchants, la vie des bons; voyez combien sont différents les résultats qu’il produit dans ceux qui le prennent également. Le sacrement enfin étant rompu, n’hésitez pas, mais rappelez-vous qu’il se trouve tout entier sous la partie comme sous la totalité de l’espèce. L’apparence seulement est rompue et non la chose, et cette rupture ne diminue en rien la grandeur ou l’état de la chose signifiée. Voici le pain des anges, qui est devenu le pain des voyageurs, le véritable pain des enfants, qui ne doit point être jeté aux chiens. Il est annoncé en figure à l’avance par l’immolation d’Isaac; il le fut dans l’agneau pascal et la manne donnée à nos pères. Bon pasteur, pain véritable, Jésus ayez pitié de nous, soyez notre nourriture, notre soutien, faites que nous puissions voir les biens véritables dans la terre des vivants. Vous qui savez et pouvez tout, qui nous nourrissez ici-bas où nous sommes mortels, faites que là nous soyons les commensaux, les cohéritiers et les compagnons des saints habitants du ciel. Amen.

Traduction 1962, Maurice LE BAS

 

 

 

 

Chante; ô Sion, dans tes cantiques.

Et par des hymnes magnifiques,

Ton Sauveur, ton Roi, ton Pasteur.

Tout ce que ton amour t’inspire,

Ose-le; mais que peux-tu dire pour égaler tant de grandeur ? C’est aujourd’hui l’Eucha-ristie,

Pain vivant qui donne la vie, Qu’on propose à ta piété. C’est le pain qu’à la troupe élue

Jésus lui-même distribue,

Et le Christ dit la vérité.

Que ta louange glorieuse Eclate en hymne radieuse,

En chant de jubilation.

Car cette fête solennelle

Du festin sacré nous rappelle La première institution.

Le Roi nous présente à la Cène,

Mettant fin à la Pâque ancienne

La nouvelle Pâque d’amour. La vérité succède à l’ombre, L’ère nouvelle au passé sombre,

La nuit s’enfuit devant le jour.

Le Christ, Auteur du sacrifice,        

a désiré qu’on l’accomplisse Pour rappeler son souvenir. Nous consacrons comme au Cénacle

Le pain et le vin du miracle,           Pour notre salut à venir.

C’est un dogme de foi chrétienne.

Que le pain et le vin deviennent     

Son corps et son sang précieux.

Notre ardente foi nous assure Ce qui dépasse la nature,

Ce que ne peuvent voir nos yeux.

Sous des espèces différentes.

Invisiblement sont présentes De sublimes réalités.

Chair et sang nourrissent notre âme ;

En chacune la foi proclame Que demeure le Christ entier.

On le prend sans qu’on le divise,

Sans qu’on le rompe ou qu’on le brise,

On le reçoit sans l’entamer. Qu’un seul ou mille communient,

A tous le Christ donne sa vie, Mais en lui rien n’est consumé.

Quand méchants et bons le reçoivent

Et qu’à la même coupe ils boivent,

Ils trouvent la vie ou la mort. C’était pourtant la même hostie,

Mais face à la mort ou la vie Combien différent est leur sort.

S’il faut rompre l’Eucharistie,

Ne t’émeus pas, jamais n’oublie

Que le plus infinie fragment Contient le Christ, entièrement.

Ce n’est pas le corps que l’on brise,

C’est le signe que l’on divise, Et le Christ, dans ce sacrement,

Ne subit aucun changement. C’est pour nous le pain angélique,

Qui devient notre viatique; Le vrai pain des fils du Seigneur,

Qu’on ne livre pas au pécheur.

Isaac montant au supplice, L’agneau pascal du sacrifice, La manne envoyée aux aïeux, Etaient symboles précieux.

O bon Pasteur, pain véritable, O Jésus, sois-nous secourable;

Par le pain d’immortalité Accorde-nous de mériter

Le bonheur dans l’éternité. Toi qui nourris ta créature, Dont le pouvoir est sans mesure,

Fais-nous place au banquet du ciel,

Dans l’héritage paternel, Avec les saints, Christ immortel. Amen. Alleluia !

[91695] Officium Sacerdos, missa 1 l. 2 Secundum Ioannem. In illo tempore dixit Iesus discipulis suis et turbis Iudaeorum : Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus. Qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem, in me manet et ego in illo. Sicut misit me vivens pater, et ego vivo propter patrem; et qui manducat me, et ipse vivet propter me. Hic est panis qui de caelo descendit. Non sicut manducaverunt patres vestri manna, et mortui sunt : qui manducat hunc panem, vivet in aeternum.

Evangile selon saint Jean 6, 54-58

 

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples et à la foule des Juifs : Ma chair est une véritable nourriture, et mon sang un vrai breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Comme mon Père qui m’a envoyé est vivant et que je vis par mon Père, de même celui qui me mange, vivra lui aussi par moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel, il n’est pas comme la manne que mangèrent vos pères, eux, ils sont morts; celui qui mange ce pain vivra éternellement.

 

Credo [91696] Officium Sacerdos, missa 1 hymnus 3 Credo in unum Deum, patrem omnipotentem factorem coeli et terrae, visibilium omnium et invisibilium. Et in unum dominum Iesum Christum, filium Dei unigenitum, et ex patre natum ante omnia saecula. Deum de Deo, lumen de lumine, Deum verum de Deo vero. Genitum, non factum, consubstantialem patri per quem omnia facta sunt. Qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit de caelis. Et incarnatus est de spiritu sancto ex Maria virgine : et homo factus est. Crucifixus etiam pro nobis sub Pontio Pilato passus et sepultus est. Et resurrexit tertia die secundum scripturas. Et ascendit in coelum ; sedet ad dexteram patris. Et iterum venturus est cum gloria iudicare vivos et mortuos. Cuius regni non erit finis. Et in spiritum sanctum dominum et vivificantem : qui ex patre filioque procedit. Qui cum patre et filio simul adoratur et glorificatur ; qui locutus est per prophetas. Et unam, sanctam, catholicam et apostolicam ecclesiam. Confiteor unum baptismum in remissionem peccatorum. Et expecto resurrectionem mortuorum et vitam venturi saeculi. Amen.

Credo de Nicée-Constantinople

 

Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible.

Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fût mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts, et son règne n'aura pas de fin.

Je crois en l'Esprit-Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils ; avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ; il a parlé par les prophètes. Je crois en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.

Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.

J'attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen.

 

[91697] Officium Sacerdos, missa 1 oratio 2 Offertorium. Sacerdotes incensum domini, et panes offerunt Deo; et ideo sancti erunt Deo suo, et non polluent nomen eius, alleluia. Contra, Confirma hoc Deus, de sancto spiritu.

Offertoire

 

Les prêtres du Seigneur présentent l’encens et offrent à Dieu le pain; c’est pourquoi ils seront saints devant lui et ne souilleront point son nom. Alleluia.

« Contra » : Confirme cela, ô Dieu, de l’Esprit Saint.

 

[91698] Officium Sacerdos, missa 1 oratio 3 Secreta. Ecclesiae tuae, quaesumus, domine, unitatis et pacis propitius dona concede, quae sub oblatis muneribus mystice designantur.

Secrète

 

Nous vous en supplions, Seigneur, soyez favorable à votre Eglise et donnez-lui la paix et l’unité que désignent mystiquement les dons qui vous sont offerts par Notre Seigneur.

 

[91699] Officium Sacerdos, missa 1 oratio 4 Praefatium (de Nativitate domini). Vere dignum et iustum est, aequum et salutare, nos tibi semper et ubique gratias agere : domine, sancte pater, omnipotens aeterne Deus :

 

quia per incarnati verbi mysterium nova mentis nostrae oculis lux tuae claritatis infulsit : ut, dum visibiliter Deum cognoscimus, per hunc in invisibilium amorem rapiamur.

 

Et ideo cum Angelis et Archangelis, cum thronis et dominationibus, cumque omni militia caelestis exercitus, hymnum gloriae tuae canimus, sine fine dicentes :

Préface

 

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant.

 

Car la révélation de ta gloire s’est éclairée pour nous d’une lumière nouvelle dans le mystère du Verbe incarné : maintenant, nous connaissons en lui Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux, et nous sommes entraînés par lui à aimer ce qui demeure invisible.

 

C’est pourquoi, avec les anges et les archanges, avec les Trônes et les Dominations, et avec toute la milice céleste, nous proclamons ta gloire, en chantant (disant) : Saint !…

Version Vatican II, 1965

 

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ, notre Seigneur.

Dans le dernier repas qu'il prit avec ses Apôtres, afin que toutes les générations

fassent mémoire du salut par la croix, il s'est offert à toi, comme l'Agneau sans péché, et tu as accueilli son sacrifice de louange.

Quand tes fidèles communient à ce sacrement, tu les; sanctifies pour que tous les hommes, habitant le même univers, soient éclairés par la même foi et réunis par la même charité. Nous venons à la table d'un si grand mystère nous imprégner de ta grâce

et connaître déjà la vie du Royaume.

Voilà pourquoi le ciel et la terre t'adorent; ils chantent le cantique de l'Alliance nouvelle, et nous-mêmes, unissant notre voix à celle des anges, nous t'acclamons: Saint !...

Sanctus [91700] Officium Sacerdos, missa 1 hymnus 4 Sanctus, sanctus, santus dominus Deus Sabaoth. Pleni sunt caeli et terra gloria tua. Hosanna in excelsis. Benedictus qui venit in nomine domini. Hosanna in excelsis.

Sanctus trouvé dans la version 1857, édition Louis Vivès

 

[Par le mystère du Verbe incarné, etc. Le mystère saint et divin y est exprimé, et l’esprit orgueilleux des infidèles frappé de cécité, l'espérance inébranlable des croyants fortifiée par la foi.

La foi consiste surtout à croire en Dieu, à manger le pain divin, et à le consacrer; nous commandant de le faire, il dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Saint. On ne voit d’abord que du pain, mais lors qu’on le consacre, il se change en la chair de Jésus-Christ; comme il se change, de même il se transsubstantie, et c’est Dieu qui opère. Seigneur Dieu des armées. Il en est de même du vin lorsqu’on le bénit; il devient véritablement alors le sang de Jésus-Christ, nous de vous croire communément comme vraie cette parole, et non comme simulée.

Le ciel et la terre sont pleins de votre gloire, gloire à Dieu au plus haut des cieux. Que ce sacrement soit pour nous qui le célébrons de même que pour les fidèles qui le reçoivent un aliment, et qu’il soit la cause de la ruine des Juifs qui le nient. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur; gloire à Dieu au plus haut des cieux.]

Sanctus

 

 

Saint, saint, saint le Seigneur Dieu de l'univers

Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire. Hosannah au plus haut des cieux.

Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur. Hosannah au plus haut des cieux.

[91701] Officium Sacerdos, missa 1 oratio 5 Communio. Quotiescumque enim manducabitis panem hunc et calicem bibetis, mortem domini annuntiabitis donec veniat. Itaque quicumque manducaverit panem vel biberit calicem domini indigne, reus erit corporis et sanguinis domini, alleluia. Contra, Factus est repente, de sancto spiritu.

Communion

 

Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. C’est pourquoi, quiconque mangera le pain et boira le calice du Seigneur indignement, aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Alleluia.

 

[91702] Officium Sacerdos, missa 1 oratio 6 Postcommunio. Fac nos, quaesumus, domine, divinitatis tuae sempiterna fruitione repleri, quam pretiosi corporis et sanguinis tui temporalis perceptio praefigurat. Qui vivis et regnas cum Deo patre in unitate spiritus sancti Deus per omnia saecula saeculorum. Amen.

Après la communion

 

Faites, nous vous en conjurons, Seigneur, que nous soyons remplis de la jouissance éternelle de votre divinité; jouissance que nous préfigure la réception ici-bas de votre corps et de votre sang précieux; Dieu qui vivez et régnez avec Dieu le Père dans l’unité du Saint Esprit, pendant tous les siècles des siècles. Amen.

Traduction Vatican II, 1965

 

Fais que nous possédions, Seigneur Jésus, la jouissance éternelle de ta divinité, Car nous en avons ici-bas l'avant-goût lorsque nous recevons ton corps et ton sang.

Toi qui vis et règne avec le Père, dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

 

Fin du cinquante-sixième Opuscule de saint Thomas.

 

 


 

[1]           Saint Thomas a toujours été reconnu comme l'auteur inspiré des hymnes de cette fête.

[2]           Voici « le grand cantique de l’Eglise ». Dans un début d’un haut lyrisme, le poète célèbre le mystère ineffable du Corps et du Sang du Christ. Après un court rappel de la vie du Sauveur, il évoque le souvenir de la dernière Cène et la première Communion des Apôtres. Voici enfin le Tantum ergo, la prière qu’on ne chante qu’à genoux, prière humaine, certes, mais inspirée, qui se clôt par une doxologie, « écho de l’éternel cantique du ciel à la gloire et à la louange du Dieu Eucharistie ».

[3]           Après un début débordant d’enthousiasme lyrique, voici l’histoire de la Cène, eucharistique, qui se termine par la strophe que connaissent tous les chrétiens : Panis angelicus. On aurait pu craindre que la poésie, ne cédât le pas au langage sec et abrupt de la scolastique : « Docteur par la pensée, saint Thomas d’Aquin est poète par l’amour. » (C. Albin de igala.)

[4]           Quatre tableaux dans ce poème : le Verbe descend du ciel pour Sauver l’homme pécheur; il s’assied avec les siens au festin de la Cène; il se donne à eux. Enfin, le quatrième tableau nous présente à la fois, dans un raccourci saisissant, la crèche, le cénacle, la croix et le ciel.

            « Dans ses hymnes presque surnaturelles, écrit le P. Faber, saint Thomas d’Aquin sait concilier la sérénité inflexible du dogme avec une douceur et une mélodie qui ressemblent plutôt à un écho du ciel qu’à un chant de la terre. »

[5]           Voici « le grand cantique de l’Eglise ». Dans un début d’un haut lyrisme, le poète célèbre le mystère ineffable du Corps et du Sang du Christ. Après un court rappel de la vie du Sauveur, il évoque le souvenir de la dernière Cène et la première Communion des Apôtres. Voici enfin le Tantum ergo, la prière qu’on ne chante qu’à genoux, prière humaine, certes, mais inspirée, qui se clôt par une doxologie, « écho de l’éternel cantique du ciel à la gloire et à la louange du Dieu Eucharistie ».

[6]           Le plus long texte de notre Hymnaire, l’un des plus beaux, le plus théologique, le chef-d’oeuvre de la poésie dogmatique, où, « tout en gardant l’exacte précision de la terminologie scolastique, saint Thomas expose avec splendeur le dogme eucharistique ».

            Il le fait en 24 strophes d’inégale étendue : 18 de 3 lignes, 4 de 4 lignes, et 2 de cinq lignes. En une page ou deux, écrit M. Rouzic, « nous avons les figures et la réalité, les prophéties et l’événement. Nous sommes au Cénacle le soir du Jeudi-Saint et nous sommes partout où se dresse un autel catholique. Nous assistons à l’action de Jésus établissant une Pâque nouvelle, et nous apprenons le fond du mystère et les opérations sanctifiantes de l’Hostie dans les âmes ». On comprend que le Père Parsch déclare que cette « poésie dogmatique mérite d’être méditée ».

            Et que dire du chant, sinon que sa royale splendeur n’a d’égale que les somptuosités du Te Deum et du triomphal Credo de Du Mont, qu’une initiative récente de Sa Sainteté Jean XXIIII a remis à l’honneur ?