Principes de la Bible: de Saint
Thomas d’Aquin
Traduit par Marie-Louise Evrard, 2004
Edition numérique https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique 2004
Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin
(Sermon authentique).
1ère partie: Commentaire
de l’Ecriture Sainte.
Selon Augustin (IV de la Doctrine Chrétienne),
un érudit doit s’exprimer de manière à enseigner, charmer, émouvoir; enseigner
les ignorants, charmer ceux qui s’ennuient, convaincre les paresseux. Ces trois
missions, le langage de l’Ecriture Sainte les remplit de manière complète.
En effet, elle enseigne de manière sûre les
vérités éternelles, Psaume 119, 89: "Ta parole, Seigneur, demeure dans
l’éternité". Elle charme avec douceur par son utilité, Psaume 55, 22: "combien
douce ton éloquence en ma gorge". Elle convainc de manière efficace
par son autorité, Jér. XXIII, 29: "Est-ce
que mes paroles ne sont pas comme le feu, dit le Seigneur ?" Et
c’est pourquoi l’Ecriture Sainte, dans la parole qu’elle propose se fait valoir
par trois choses: d’abord par l’autorité par laquelle elle touche, quand elle
dit: "Voici le livre des commandements de Dieu". Deuxièmement,
par la vérité éternelle par laquelle elle instruit, quand elle doit: "et
c’est la loi qui est faite pour l’éternité". Troisièmement par
l’intérêt par lequel elle attire quand elle dit: "Tous ceux qui la
possèdent parviennent à la vie".
Par ailleurs, l’autorité de cette Ecriture se
montre efficace à un triple point de vue. D’abord par son origine, parce que son
origine est Dieu. De là, "des commandements de Dieu", Baruch
III, 32: "Ici, il a scruté la voie entière de la connaissance"; Hébreux,
II, 3: "les choses, comme il en avait entendu raconter le début par le
Seigneur, par ceux qui ont entendu, ont été confirmées en nous." Il
faut croire sans se tromper celui qui en est l’auteur; d’une part en raison de
la condition de sa nature qui est vérité, Jean XIV, 6: "Je suis le
chemin, la vérité et la vie"; d’autre part, en raison de la plénitude
de la connaissance, Rom. XI, 33: "O abîme de la richesse, de la sagesse
et de la science de Dieu"; d’autre part, en raison de la force des
paroles, Hébr. IV, 12: "Vivante est la parole de Dieu et efficace et
plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants". En second lieu, elle
se montre efficace en raison de la nécessité que réellement elle impose, Marc
XVI, 16: "celui qui ne croira pas sera condamné, etc." En
fonction du commandement, la vérité de l’Ecriture Sainte s’impose aux yeux;
donc elle parle des commandements de Dieu.
Certes, ces commandements régissent l’intelligence
par l’intermédiaire de la foi, Jean XIV, 1: "Croyez en Dieu, croyez
aussi en moi"; par l’amour, on façonne son âme, Jean XV, 12: "Voici
mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai
aimés", ce qui nous pousse à l’action et à l’exécution: "fais
cela et tu vivras". En troisième lieu, elle se montre efficace en
raison de l’unité des paroles, parce que tous ceux qui ont transmis la doctrine
sainte ont enseigné la même chose, 1 Cor. XV, 1: "soit moi-même, soit
ceux-là, nous avons prêché ainsi et ainsi vous avez cru". Et cela
nécessairement, parce que tous ont eu un seul maître, Matth.
XXIII, 8: "unique est votre maître"; ils ont eu un seul
Esprit, II Cor. XII, 18: "Ne sommes-nous pas poussés par le même
Esprit,". De plus, un seul cœur, Actes IV, 32: "La multitude
des croyants n’avaient qu’une seule âme et un seul cœur en Dieu." Et
ainsi, en signe d’unité de doctrine, il est dit de manière singulière: "Voici
le livre". La vérité de cette doctrine de l’Ecriture est immuable et
éternelle. D’où il découle: "Et cette loi est pour l’éternité".
Luc XXI, 33: "Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne
passeront pas"
Cette loi demeure pour l’éternité pour trois
raisons: d’abord, en raison du pouvoir du législateur, Isa.
XIV, 24: "Le Dieu des armées a décrété et qui pourra l’annuler ?".
En second lieu, en raison de son caractère immuable, Malach.
III, 6: "Moi, je suis Dieu et je ne change pas", Nombres XXIII,
19: "Le Seigneur n’est pas comme l’homme pour qu’il mente, ni un fils
d’homme pour qu’il se rétracte".
En troisième lieu, en raison de la vérité de la
loi, Psaume CXIX, 86: "Tous les commandements sont ta vérité".
Prov. XII, 19: "La langue sincère est affermie pour toujours",
III Esdras IV: "La vérité demeure et s’affermit pour l’éternité". L’utilité
de cette Ecriture est extrême, Isaïe XLVIII, 17: "Moi je suis le
Seigneur qui t’enseigne ce qui t’est salutaire". Conséquence: "Tous
ceux qui la détiennent parviendront à la vie". Et ceci pour une triple
raison.
La première est la vie de la grâce à laquelle
dispose la Sainte Ecriture, Jean VI, 63: "Les paroles que je vous ai
dites sont l’Esprit et la vie". Par cette vie, en effet, vit l’Esprit
de Dieu, Gal. II, 20: "Ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui
vit en moi." La deuxième est la vie de justice qui consiste dans les
œuvres, vers elle mène l’Ecriture Sainte, Psaume CXIX, 93: "Je
n’oublierai pas tes justifications dans l’éternité; parce que tu m’as vivifié
en elle !"
La troisième est la vie de gloire que promet
l’Ecriture Sainte et vers laquelle elle les conduit, Jean VI, 68: "Seigneur,
à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle". Du
même XX, 30: "J’ai écrit ceci afin que vous croyiez et pour qu’en
croyant, vous ayez la vie en son nom".
2ème partie: Division de
l’Ecriture Sainte.
Par ailleurs, l’Ecriture Sainte nous emmène
vers cette vie d’une manière double: c’est à dire par ses recommandations et
par son soutien. Par ses recommandations, par l’intermédiaire des commandements
qu’elle avance, ce qui se rapporte à l’Ancien Testament, Ecclésiastique XXIV,
23: "Moïse nous a confié la loi". Par son soutien, par
l’intermédiaire du Don de la grâce dont le législateur nous a fait cadeau, ce
qui se rapporte au Nouveau Testament, Jean I, 17: "La loi a été donnée
par l’intermédiaire de Moïse, la grâce et la vérité sont le fait de Jésus-
Christ".
D’où il résulte que toute l’Ecriture est
principalement divisée en deux parties, c’est-à-dire en Ancien et Nouveau
Testament. On touche ces deux divisions en Matth.
XIII, 52: "Tout scribe devenu disciple du Royaume des Cieux est
semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et du vieux." Et
Cant. VIII: "Tous les fruits, les neufs et les vieux, mon bien-aimé, je
les ai tenus pour toi".
Or, l’Ancien Testament se divise en fonction de
la doctrine des commandements. En effet, il s’agit d’un double commandement,
c’est-à-dire des "contraignants" et des conseillers.
De l’ordre de la contrainte est le commandement
du roi qui peut punir les contrevenants, Pro. XX, 2: "Comme le
rugissement du lion, ainsi est la crainte du roi".
Mais de l’ordre du conseil est le précepte du
père qui doit instruire, Ecclesiastique VII, 23: "Qui
sont tes fils ? Instruis-les". La leçon du père est double,
c’est-à-dire, l’une sert à décréter la loi; l’autre pousse à l’observance de la
loi décrétée, qu’il a l’habitude de promulguer par ses hérauts et ses
messagers.
Et c’est ainsi qu’on distingue trois catégories
de leçons, c’est-à-dire celle du roi, celle du héraut, celle du père.
Et selon ces trois catégories, l’Ancien Testament
se divise en 3 parties, selon Jérôme dans le prologue du Livre des Rois.
La première partie est contenue dans la loi qui
est comme le commandement avancé par le roi lui-même, Is.
XXXIII, 22: "Le Seigneur est notre roi, le Seigneur est notre
législateur".
La deuxième est contenue dans les prophètes qui
furent comme les messagers et les hérauts de Dieu, parlant au peuple au nom de
Dieu et le guidant à l’observance de la loi, Aggée I, 13: "Aggée,
prophète du Seigneur parle"
La troisième partie est contenue dans les Agiographes, qui, inspirés par l’Esprit Saint, ne parlent
pourtant pas au nom du Seigneur, mais comme en leur nom personnel. D’où on les
appelle les Agiographes des écrivains sacrés ou bien
écrivant des choses sacrées, venant de agios: sacré et de graphia:
écriture; et les leçons qu’elles contiennent sont quasi celles du père.
Comme il apparaît dans Prov. VI, 20: "Mon
fils, observe les commandements de ton père" etc.
Cependant, Jérôme établit une quatrième sorte
de livres, c’est-à-dire les apocryphes: le mot vient de "apo" qui veut dire "fort" et "cryphon" qui veut dire "obscur", parce qu’on
doute du contenu ou des auteurs. Non pas qu’on ignorerait qui furent les
auteurs de ces livres, mais parce que ces hommes ne furent pas d’autorité
reconnue. C’est pourquoi, ils ne tiennent pas leur force de l’autorité des
auteurs, mais plutôt de leur acceptation par l’Eglise.
Cependant, parce que le même mode de langage
s’observe chez eux et chez les Agiographes, c’est la
raison pour laquelle ils sont pris en compte en même temps qu’eux pour le
moment.
Par ailleurs, la première partie qui comprend
la loi, se divise en deux parties; selon cela, la loi est double, c’est-à-dire
publique et privée.
La loi privée est celle qu’on impose à
l’observance d’une personne ou de la famille.
Et pareille loi est contenue dans la Genèse,
ainsi qu’il apparaît dans le premier commandement donné à l’homme, Gen. II, 17: "Tu ne mangeras pas du fruit de
l’arbre de la science du bien et du mal". Et Noé, Gen.
IX, 4: "Vous ne mangerez pas la viande avec le sang" et à
Abraham, Gen. XVII, 9: "Tu observeras mon
alliance, toi et ta race après toi, de génération en génération"
Par ailleurs, la loi publique est celle qui est
confiée au peuple.
En effet, la loi divine a été confiée au peuple
des Juifs par un intermédiaire, parce que le peuple n’était pas capable de le
recevoir directement de Dieu, Deut. V, 5: "Moi,
je fus votre médiateur entre vous et le Seigneur", Gal. III, 19: "La
loi est édictée par le ministère des anges et l’entremise d’un médiateur."
Et ainsi, on tend vers un double degré dans la
législation.
Le premier par lequel la loi parvient du
Seigneur vers le médiateur et cela concerne trois livres, à savoir l’Exode, le
Lévitique et les Nombres.
C’est pourquoi, on dit fréquemment dans ces
livres: Moïse parla, etc."
Mais les trois livres précités se distinguent
selon trois éléments dans lesquels il fallait que le peuple soit organisé:
d’abord en fonction des commandements autant que pour l’équité du jugement et
cela se passe dans l’Exode; en deuxième lieu dans les sacrements autant que
pour la manifestation du culte et cela se passe dans le Lévitique; en troisième
lieu dans les charges autant que pour l’organisation de la chose publique et
cela se trouve dans le livre des Nombres.
Par ailleurs, la deuxième partie qui est celle
des prophètes, se divise en deux parties, en fonction des deux choses à faire
par le messager. En effet, il doit d’abord exposer le bienfait du roi afin que
les hommes soient disposés à obéir, et il doit proposer l’énoncé de la loi.
Les prophètes ont exposé au peuple le triple
bienfait divin: d’abord, l’acquisition de l’hérédité et cela en Josué, duquel
il est dit en Sir. XLVI, 1: "Josué était courageux à la guerre";
en deuxième lieu, la destruction des ennemis et cela dans le Livre des Juges,
de cette destruction, on lit dans le Psaume LXXXIII, 10: "Que cela se
fasse pour eux comme à Madiane et à Sisara"; en troisième lieu, l’élévation du peuple,
et celle-là, certes est double, c’est-à-dire privée pour une personne et ce,
dans le livre de Ruth et publique quand il s’agit de tout le peuple, jusqu’à la
dignité royale et ce dans le livre des Rois: "Dieu leur a préparé ce
bienfait" Ezéch. XVI, 14: "Tu es
devenue remarquablement belle".
En effet, ces livres, selon Jérôme, prennent
place au rang des prophètes.
Dans d’autres livres qui sont appelés
communément des prophètes, les prophètes ont établi les préceptes divins pour
l’observance de la loi. Et cela se fait d’abord pour le bien commun, et ceci
est de l’ordre des grands prophètes qui étaient envoyés pour tout le peuple et
qui poussaient à l’observation de la loi entière; en deuxième lieu, pour le
particulier, et cela chez les petits prophètes qui étaient envoyés pour des
raisons diverses auprès de peuples particuliers, comme Osée vers les dix tribus;
Joël vers les aînés d’Israël, Jonas aux Ninivites et ainsi des autres. Mais les
grands prophètes se divisent selon les éléments par lesquels ils ont poussé le
peuple à observer la loi; par exemple par la flatterie en faisant miroiter les
bienfaits; par la crainte, sous la menace des châtiments; par l’accusation,
sous le reproche des péchés.
Bien que ces trois éléments se retrouvent chez
chacun des prophètes, cependant, c’est Isaïe qui, principalement fait jouer la
flatterie; et l’on dit de celui-ci: Sir. XLVIII, 18: "Il a menacé ceux
qui pleuraient dans Sion"; Jérémie, par contre, pratique la menace,
c’est pourquoi il est dit: "Par son zèle, il a fait disparaître des
troupes d’hommes belliqueux", Jérém. XXXVIII,
mais Ezéchiel accuse et fait des
reproches, Ezéch. XVI, 3: "Ton père est Amorite
et ta mère, hittite."
Pourtant, il peut s’opérer une autre
distinction pour dire qu’Isaïe annonce principalement le mystère de
l’Incarnation, qu’on lit en Eglise pendant le temps de l’Avent; Jérémie, lui,
le mystère de la Passion, qu’on lit au temps de la Passion; Ezéchiel, le
mystère de la Résurrection, dont le livre se termine par la résurrection des
corps et le rétablissement du temple; quant à Daniel, qui est compté au nombre
des prophètes, du fait qu’il a prédit les temps futurs dans un souffle
prophétique, bien qu’il n’ait pas parlé au peuple du fait d’un message divin,
il s’attache à la divinité du Christ, de telle sorte que les quatre prophètes
correspondent aux quatre Evangélistes de surcroît, de l’appel jusqu’au
jugement.
Par ailleurs, la troisième partie qui contient
les Agiographes et les livres apocryphes se divise en
deux parties, en fonction des deux éléments par lesquels les pères éduquent
leurs fils à la vertu, c’est-à-dire le verbe et l’agir; parce que, en morale,
les exemples ne valent pas moins que les paroles. L’agir aussi est double. En
instruisant d’une manière, à la prudence à propos du futur; et il s’agit de
Josué que Jérôme met au rang des Agiographes.
Bien que le prophète ait reçu le don de
prophétie, néanmoins, il n’en a pas la charge, parce qu’il n’a pas été envoyé
par Dieu pour prophétiser au milieu du peuple. On peut donc comprendre ainsi ce
qui est écrit en Sagesse VIII, 8: "Il connaît les signes et les
prodiges avant qu’ils ne se passent"
On peut aussi mentionner d’une autre manière
pour l’exemple, les préliminaires de la vertu.
Les vertus principales sont au nombre de
quatre, à savoir la justice, source du bien commun, dont l’exemple se situe
dans les Paralipomènes (Chroniques) où est décrite la
constitution de tout le peuple qui est régi par la justice.
La deuxième est la tempérance, dont l’exemple
est pris en Judith, par saint Jérôme: "Recevez en exemple de chasteté
la veuve Judith". Judith XV [?]: "Tu as agi comme un homme par
le fait que tu as aimé la chasteté".
La troisième est la force, où deux éléments
entrent en jeu, c’est-à-dire, rivalisent; on en trouve un exemple dans le livre
des Macchabées, [II Mac. VI, 31]: "Le Seigneur a permis que lui arrive
une tentation, pour qu’un exemple de sa patience soit donné à la postérité"
et on peut aussi en trouver un exemple dans le livre de Tobie.
La quatrième est la prudence qui fait obstacle
aux embûches, et on peut en trouver un exemple chez Esdras. Dans ce livre, en
effet, il est montré comment Esdras et Néhémie et d’autres chefs ont prudemment
évité les embûches des ennemis qui voulaient empêcher la construction du temple
et de la cité.
Il est du ressort de la prudence de repousser
sagement les violences, et de cela on en donne un exemple dans le livre
d’Esther: où on montre comment Mardochée et Esther ont fait échouer les ruses
du très puissant Aman.
Par ailleurs, les Agiographes
et les apocryphes, qui instruisent seulement par la parole, se distinguent
selon que le verbe opère doublement pour instruire: d’une manière, en demandant
le don de la sagesse, Sag. VII, 7: "J’ai prié
et la sagesse m’a été donnée, j’ai supplié et l’esprit de sagesse est venu en
moi."
Et pour instruire, le Psautier donne son aide,
en s’adressant à Dieu par l’intermédiaire de la Parole.
D’une deuxième façon, en enseignant la sagesse
et cela, doublement, suivant l’action double de la sagesse; la première est de
pouvoir débusquer le menteur; et ainsi, comme dans le livre de Job, qui par
l’intermédiaire de la discussion, élimine les erreurs, Job XIII, 3-4: "Je
désire répliquer à Dieu avant de vous détecter comme fabricants de mensonges et
défenseurs de propos perfides."
L’autre action consiste à ne pas mentir sur ce
qu’on connaît; et ainsi, nous sommes doublement instruits: parce que, bien sûr,
la sagesse nous est recommandée, et ceci dans le Livre de la Sagesse; où les
conseils de la sagesse nous sont proposés; et ceci dans les trois Livres de
Salomon: ils se divisent selon les trois degrés de vertus que distingue Plotin,
puisque les conseils de la sagesse ne doivent pas procéder des actions des
vertus.
Au premier stade, selon lui, il y a les vertus
civiques que l’homme utilise avec mesure pour les affaires du monde et que
l’homme vit parmi les hommes; et selon lui, il s’agit du Livre des Proverbes.
Au second stade, il s’agit des vertus qui
purifient, avec leur aide, l’homme se débarrasse des choses du monde, par
mépris, et selon lui, il s’agit de l’Ecclésiaste qui est réglé pour le mépris
du monde, ainsi que manifeste dans le Prologue de Jérôme.
Au troisième échelon se trouvent les vertus de
l’esprit purifié, dont l’homme, dans les profondeurs des soucis communs du
siècle, est charmé dans la seule contemplation de la sagesse; et il s’agit ici
du Cantique.
Au
quatrième échelon, se trouvent les vertus modèles qui résident en Dieu, les
conseils de la sagesse n’en proviennent pas, mais plutôt en dérivent. L’Ecclésiastique en instruit en parole et en actes.
C’est pour cela que celui qui propose les
conseils de la sagesse, a terminé son livre en louange des pères aux chap. XLIV
et suivants.
Par ailleurs, le Nouveau Testament qui dispose
à la vie éternelle, non seulement par ses conseils, mais par le don de la
grâce, se divise en trois parties.
Dans la première, il s’agit de l’origine de la
grâce: et cela dans les Evangiles.
Dans la seconde, de la force de la grâce et
cela dans les Epîtres de Paul; en son début, il évoque la force de l’Evangile (Rom.
I, 16): "Il est une force de Dieu pour le salut de tout croyant."
Dans la troisième partie, il s’agit de la mise
en pratique de la force annoncée: et cela dans le reste des livres du Nouveau
Testament.
Par ailleurs, le Christ est l’origine de la
grâce, Jean I, 16: "Oui, de sa plénitude, nous avons tous reçu et grâce
pour grâce. Car la loi nous fut donnée par l’intermédiaire de Moïse, la grâce
et la vérité nous sont venues par Jésus-Christ."
D’autre part, il faut considérer dans le Christ
sa double nature, c’est-à-dire divine et ceci se trouve principalement dans
l’Evangile de Jean où nous lisons au début (I, 1): "Au commencement
était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu" et
humaine: et de ceci traitent principalement les autres évangélistes qui se
distinguent selon trois dignités qui s’accordent sur le Christ homme.
Matthieu la détermine à sa dignité royale:
puisqu’au début de son Evangile, il le montre issu de rois selon la chair et de
plus, adoré des rois.
Marc la détermine à sa dignité de prophète,
puisqu’il commence son Evangile par la prédication.
Luc la détermine à sa dignité sacerdotale,
puisqu’il commence à partir du temple et du sacerdoce et termine son Evangile
dans le temple et s’attarde souvent autour du temple, comme il est dit quelque
part en Lc II, 46: "Ils le trouvèrent dans le
temple, assis au milieu des docteurs."
Ou bien, d’une autre manière, pour dire que
Matthieu place les limites du Christ principalement autour du mystère de
l’Incarnation; et c’est pourquoi on le représente par l’image d’un homme; Luc,
autour du mystère de la passion et c’est pourquoi on le représente par l’image
du taureau qui est l’animal qu’on sacrifie; Marc, quant à lui, autour de la victoire
de la Résurrection: et c’est pourquoi on le représente par l’image du lion;
quant à Jean, qui plane vers les hauteurs divines, on le représente comme un
aigle.
La réalisation de la force de la grâce se
manifeste dans la marche de l’Eglise dans laquelle il faut considérer trois
aspects: d’abord le commencement de l’Eglise, et de cela il est question dans
les Actes des Apôtres; ainsi Jérôme: "Les Actes des Apôtres semblent
faire résonner l’histoire dépouillée et ils ont couvert l’enfance de l’Eglise
en train de naître."
En second lieu, la marche de l’Eglise et à cela
est consacrée l’instruction apostolique dans les lettres canoniques.
En troisième lieu, la fin de l’Eglise, en elle,
l’Apocalypse conclut le contenu de toute l’Ecriture Sainte, jusqu’à sa
participation à sa vie glorieuse comme épouse dans ses noces avec le Christ;
vers elle, Jésus-Christ lui-même nous conduit, lui le Béni pour les siècles des
siècles.