Commentaire de
l’épître de saint Paul aux Galates
PAR
SAINT THOMAS D’AQUIN
Docteur de l’Eglise
catholique
Edition
Louis Vivès, 1870,
Traduction
par l’Abbé Bralé
Revue entièrement
par Charles Duyck, décembre 2009
Deuxième
édition numérique, 2004, https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique,
2010
Les
œuvres complètes de saint Thomas d’Aquin
Commentaire de
l’épître de saint Paul aux Galates
Leçon 1 : Galates I, 1-5 ─ L’origine du ministère de Paul
Leçon 2 : Galates I, 6-10 ─ La légèreté des Galates face à l’Evangile
Leçon 3 : Galates I, 11-14 ─ L’Evangile divin prêché par l’ancien persécuteur
Leçon 4 : Galates I, 15-17 ─ L’origine divine de l’Evangile
Leçon 5 : Galates I, 18-24 ─ Paul approuvé par les Apôtres
CHAPITRE II ─ L’ÉVANGILE DE PAUL
Leçon 1 : Galates II, 1-5 ─ Comparaison de la doctrine de Paul avec celle des Apôtres
Leçon 2 : Galates II, 6-10 ─ Apôtre des Gentils, par la vocation de Dieu
Leçon 3 : Galates II, 11-14 ─ Paul corrige
Pierre
Leçon 4 : Galates II, 15-16 ─ Justification par
la foi en Jésus Christ
Leçon 5 : Galates II, 17-18 ─ Jésus n’est pas
ministre du péché
Leçon 6 : Galates II, 19-21 ─ Mourir pour vivre
en Jésus Christ
CHAPITRE III ─ LA LOI DE MOÏSE ET LA FOI DE JÉSUS
Leçon 1 : Galates III, 1 ─ La folie des Galates
Leçon 2 : Galates III, 2-5 ─ Insuffisance de la Loi et vertu de la foi
Leçon 3 : Galates III, 6-9 ─ L’efficacité de la foi dans la justice
Leçon 4 : Galates III, 10-12 ─ L’insuffisance
de la Loi
Leçon 5 : Galates III, 13-14 ─ La puissance de
Jésus pour le salut
Leçon 6 : Galates III, 15-18 ─ L’inutilité de la
loi pour la justice
Leçon 7 : Galates III, 19-20 ─ L’utilité de la
Loi : révéler le péché
Leçon 8 : Galates III, 21-25 ─ La loi comme guide
vers le Christ
Leçon 9 : Galates III, 26-29 ─ Enfants de Dieu
sous la foi
CHAPITRE IV ─ LA GRÂCE ET SA LIBERTÉ
Leçon 1 : Galates IV, 1-3 ─ L’enfant et le serviteur
Leçon 2 : Galates IV, 4-5 ─ La grâce : adoption (enfant)
Leçon 3 : Galates IV, 6-7 ─ Dieu adopte aussi les gentils
Leçon 4 : Galates IV, 8-12 ─ Ne pas mépriser cette grâce
Leçon 5 : Galates IV, 12-18 ─ La réprimande
vient de l’amour
Leçon 6 : Galates IV, 19-20 ─ Tendresse de Paul
pour les Galates
Leçon 7 : Galates IV, 21-24 ─ Isaac (libre),
Ismaël (serviteur) : Les 4 sens de l’Ecriture
Leçon 8 : Galates IV, 24-27 ─ Le symbole de Sara
et Agar
Leçon 9 : Galates IV, 28-31 ─ Les enfants de la
promesse
CHAPITRE V ─ LES ŒUVRES DE LA CHAIR ET DE L’ESPRIT
Leçon 1 : Galates V, 1-4 ─ rester fidèle à la liberté de la grâce
Leçon 2 : Galates V, 5-12 ─ La loi de Moïse est périmée
Leçon 3 : Galates V, 13-15 ─ La liberté et son abus ; l’amour de charité
Leçon 4 : Galates V, 16-17 ─ Désirs de la chair et de l’esprit
Leçon 5 : Galates V, 18-21 ─ Les œuvres de la chair
Leçon 6 : Galates V, 22-23 ─ Les œuvres de l’Esprit
Leçon 7 : Galates V, 23-26 ─ Attacher à la croix tout ce qui est charnel
CHAPITRE VI ─ RECOMMANDATIONS PRATIQUES
Leçon 1 : Galates VI, 1-5 ─ La conduite face aux supérieurs
Leçon 2 : Galates VI, 6-10 ─ Recommandations morales
Leçon 3 : Galates VI, 11-13 ─ Conduite à l’égard
des hérétiques
Leçon 4 : Galates VI, 14-15 ─ La vraie gloire,
la croix du Christ
Leçon 5 : Galates VI, 16-18 ─ Imiter Paul
Textum Taurini 1953 editum |
Revue
entièrement par Charles Duyck, décembre 2009 |
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SOMMAIRE : L’Apôtre expose l’origine
de son Apostolat. Il fait connaître quels biens il souhaite aux Galates de la
part de Dieu le Père et de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s’est offert à la
mort pour nos péchés. |
[1] Paulus apostolus non ab hominibus neque per hominem sed
per Iesum Christum et Deum Patrem qui suscitavit eum a mortuis [2] et qui mecum sunt omnes fratres ecclesiis Galatiae [3] gratia vobis et pax a Deo Patre et Domino nostro Iesu
Christo [4] qui dedit semet ipsum pro peccatis nostris ut eriperet nos
de praesenti saeculo nequam secundum voluntatem Dei et Patris nostri [5] cui est gloria in saecula
saeculorum amen |
1. Paul Apôtre non par la grâce des
hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu son Père qui l’a
ressuscité des morts, 2. Et tous les frères qui sont avec
moi, aux Eglises de Galatie. 3. Que la grâce et ici paix vous
soient données par Dieu le Père et par notre Seigneur Jésus-Christ, 4. Qui s’est livré lui-même pour nos
péchés, et pour nous retirer de la corruption du siècle présent, selon la volonté
de Dieu notre Père, 5. A qui soit gloire dans tous les siècles des siècles. Amen. |
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Prooemium |
PROLOGUE |
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[87744] Super Gal., pr. Vetera, novis supervenientibus, proiicietis,
Lev. XXVI, 10. Haec verba competunt praesenti
epistolae, in qua apostolus redarguit Galatas, qui intantum seducti fuerant a
pseudo, ut simul servarent legalia et Evangelium, quod apostolus improperat
eis in verbis praemissis, dicens vetera, novis supervenientibus,
proiicietis. In quibus
verbis innuit dominus quadruplicem vetustatem. Prima vetustas est erroris, de
qua Is. XXVI, 3 : vetus
error abiit, et haec remota est per novitatem doctrinae Christi. Mc. I,
27 : quae est haec nova doctrina? Secunda vetustas est figurae, de qua
Hebr. c. VIII, 8 : consummabo super domum David, et super Iuda testamentum
novum, non secundum testamentum quod feci patribus eorum. Ubi primo
ostendit primum testamentum esse vetustum, et hoc renovari per novitatem
gratiae, seu veritatis praesentiae Christi. Ier. XXXI, 22 : novum faciet
dominus super terram, et cetera. Tertia est
vetustas culpae, de qua Ps. XXXI, v. 3 : quoniam tacui (confitendo
scilicet peccata mea), inveteraverunt, et cetera. Et haec renovatur
per novitatem iustitiae. Rom. VI, 4 : in novitate vitae ambulemus, et
cetera. Quarta est
vetustas poenae. Thren. III, 4 : vetustam feci pellem meam. Et haec
renovabitur per novitatem gloriae, de qua novitate Is. ult. : ecce ego
creo caelum novum, etc.; Apoc. XXI, 21 : dixit, qui sedebat
in throno : ecce nova facio omnia. |
« Vous rejetterez les anciens
fruits, lorsque les nouveaux arriveront. » Ces paroles du Lévitique (XXVI, 10) conviennent à la présente épître,
dans laquelle l’Apôtre reprend les Galates de s’être laissés séduire à tel
point par les faux-apôtres, qu’ils observaient simultanément les
prescriptions légales et l’Evangile. Saint Paul le leur reproche, dans ces
paroles que nous avons citées, en disant : « Vous rejetterez les
anciens fruits, lorsque viendront les nouveaux. » Dans ce passage, le Seigneur insinue qu’il y a une quadruple vétusté. La
première est celle de l’erreur, dont il est dit (Isaïe XXVI, 3) : « L’erreur
ancienne a disparu. » Cette erreur a été chassée par la nouveauté de
la doctrine de Jésus-Christ (Marc I, 27) : « Quelle est cette
nouvelle doctrine ? » La seconde vétusté est celle des figures, au
sujet desquelles il est dit (Hébreux VIII, 8) : « Je ferai avec la
maison de David et celle de Juda une alliance nouvelle, non selon l’alliance
que j’ai faite avec leurs pères », paroles où l’on voit que la
première alliance est tombée en vétusté, et qu’elle a fait place à la
nouveauté de la grâce, ou de la vérité de la présence de Jésus-Christ
(Jérémie, XXXI, 22) : « Le Seigneur à créé sur la terre un prodige
nouveau, etc. » La troisième est la vétusté de la faute, dont il est
dit (Ps., XXXI, 3) : « Parce que je me suis tu, »
c’est-à-dire que je n’ai pas avoué mon péché, « mes os ont vieilli, etc. » ; celle-ci disparaît devant la
nouveauté de la justice (Rom., VI, 4) : « Nous marchions dans une vie
nouvelle, etc. » Enfin la quatrième est la vétusté du châtiment
(Lamentat., III, 3) : « Il a fait vieillir ma peau « elle fera
place à la nouveauté de la gloire dont Isaïe dit (LXVI, 22) : « Je
m’en vais créer de nouveaux cieux, etc. » et (Apoc., XXI, 5) : « Celui
qui était assis sur le trône, dit : je vais faire toutes choses nouvelles. » |
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Caput 1 |
CHAPITRE I ── PAUL |
Lectio 1 |
Leçon 1 : Galates I, 1-5 ─ L’origine du ministère de Paul |
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[87745]
Super Gal., cap. 1 l. 1 Scribit ergo apostolus Galatis
hanc epistolam, in qua ostendit, quod, veniente gratia novi testamenti, debet
proiici vetus testamentum, ut impleta veritate deseratur figura, quibus
duabus, scilicet gratia et veritate, adeptis, perveniatur ad veritatem
iustitiae et gloriae. Acquiruntur
autem illa duo, si observantia legalium dimissa, observantiae Evangelii
Christi ferventer insistamus. Ordo autem
huius epistolae congruus est, ut post duas epistolas ad Corinthios, in quarum
prima agitur de sacramentis Ecclesiae, in secunda de ministris horum
sacramentorum, necessarie sequatur epistola ad Galatas, in qua agitur de
cessatione sacramentorum veteris testamenti. Dividitur autem haec epistola in
duas partes, in salutationem, et epistolarem narrationem, ibi miror quod,
et cetera. In salutatione autem primo ponitur persona salutantis; secundo
ponuntur personae salutatae, ibi Ecclesiis Galatiae, etc.; tertio
bonum optatum, ibi gratia vobis, et cetera. Circa
primum, primo, ponitur persona salutans principaliter, quae describitur ex
nomine et ex auctoritate. Ex nomine
quidem cum dicit Paulus, quod congruit humilitati suae, quia
interpretatur humilis. Unde dicitur I Cor. XV, 9 : ego sum minimus
apostolorum, et cetera. Item congruit officio suo, quia secundum alium
modum interpretatur os tubae, in quo specialiter est officium praedicationis
significatum. Is. LVIII, 1 : quasi tuba exalta vocem tuam, et cetera. Ex
auctoritate autem describitur, cum dicitur apostolus. Ubi duo
ponuntur, scilicet eius auctoritas, et auctoritatis origo. Auctoritas,
quia apostolus, qui idem est quod missus. Sciendum est autem, quod
apostolus in quibusdam epistolis scribit se servum, ostendens nomen
humilitatis, ut in epistola ad Romanos; in quibusdam vero scribit se
apostolum, ostendens auctoritatem suam. Cuius ratio est, quia Romani superbi
erant, et ideo apostolus, ut inducat eos ad humilitatem, scribit se servum,
in exemplum humilitatis. Galatis vero, quia stulti erant et superbi, ut
frangat eos, nominat se apostolum; et ideo hic ponit auctoritatem suam. Originem
autem auctoritatis suae describit, cum dicit non ab hominibus, et
cetera. Et primo removet originem aestimatam; secundo assignat veram, ibi sed
per Iesum Christum, et cetera. Origo
autem aestimata erat, quia intantum Galatae seducti erant a pseudo, quod
crederent apostolum non esse eiusdem auctoritatis qua alii apostoli erant,
quia non fuit doctus a Christo vel conversatus cum eo, sed esset missus ab
eis, quasi minister eorum. Opinionem ergo istam removet, cum dicit non ab
hominibus, et cetera. Quidam enim mittebantur a toto collegio apostolorum
et discipulorum. Et ideo ostendens se non esse ab eis missum, dicit non ab
hominibus. Quidam enim mittebantur ab aliquo apostolorum speciali, sicut
Paulus aliquando mittebat Lucam et Titum. Et ideo ostendens, quod nec sic
missus sit, dicit neque per hominem, id est, per aliquem apostolorum
in speciali, sed per spiritum sanctum, qui dicit, Act. XIII, 2 : segregate
mihi, et cetera. Causa
autem originis huius auctoritatis vera est Christus Iesus, et ideo dicit sed
per Iesum Christum, et Deum patrem. Haec autem distinctio, cum dicit per
Iesum Christum et Deum patrem, potest accipi, vel quantum ad personam
patris, et personam filii, et tunc alius est in persona Deus pater, et alius
Iesus Christus. Ab utroque autem missus est beatus apostolus Paulus ad praedicandum,
et a tota Trinitate, quia inseparabilia sunt opera Trinitatis. Non fit autem
mentio de persona spiritus sancti, quia cum sit unio et nexus duorum, positis
personis duabus, scilicet patris et filii, intelligitur etiam spiritus
sanctus. Vel potest
sumi distinctio praedicta quantum ad naturam assumptam, scilicet humanam,
quia secundum naturam divinam non est distinctio inter Deum patrem et Iesum
Christum. Et tunc missus est Paulus per Deum patrem, sicut per auctorem, et
per Iesum Christum, sicut per ministrum. Rom. c. XV, 8 : dico Iesum
Christum ministrum fuisse, et cetera. Quia vero Galatae derogabant
apostolo, quod non fuisset conversatus cum Christo sicut alii, nec missus ab
eo, ideo in hoc specialiter magnificat se, quia illi fuerunt missi per
Christum adhuc viventem in carne mortali, ipse vero a Christo iam glorificato
missus est, ideo dicit qui, scilicet Deus pater, suscitavit eum,
scilicet Iesum Christum, inquantum hominem, a mortuis. Quasi
dicat : apostolus sum, non ab hominibus, scilicet collegio apostolorum, nec
per hominem, scilicet Christum in mortali carne viventem, sed sum apostolus
per Christum iam suscitatum et glorificatum. Rom. VI, 9 : Christus
resurgens a mortuis, et cetera. Et quia praesens vita significatur per
sinistram, futura vero per dexteram, inquantum ista est caelestis et
spiritualis, illa vero temporalis, ideo Petrus, qui vocatus fuit a Christo
adhuc in carne mortali posito, ponitur in bulla Papae in sinistra parte;
Paulus vero, qui vocatus fuit a Christo iam glorificato, ponitur in parte
dextera. Consequenter
cum dicit et qui mecum sunt, etc., ponuntur personae adiunctae
salutantes, quas describit a dulci familiaritate, quia mecum sunt,
scilicet ad solatium et adiutorium. Prov. XVIII, 19 : frater qui iuvatur a
fratre, et cetera. Ps. CXXXII, 1 : ecce quam bonum, et cetera.
Item ab inseparabili charitate, cum dicit fratres, Io. XIII, 35 : in
hoc cognoscent omnes, et cetera. Item ab universalitate, cum dicit omnes;
quod ideo addit, quia isti forte erant intantum seducti, quod dictum Pauli
non reputarent. Et ideo dicit omnes qui mecum sunt, ut ostendat eos
testes esse veritatis suae, et facile intelligant se errare, dum ab omnibus
reprehenduntur. II Cor. II, 6 : sufficit illi qui eiusmodi est obiurgatio
haec, quae fit a pluribus, et cetera. Personas
autem salutatas ponit, cum dicit Ecclesiis Galatiae, et cetera. Ubi
sciendum quod sicut in Glossa tangitur, Brennus dux Senonum olim congregato
exercitu intravit Italiam, qua pertransita, venit in Graeciam ante tempus
Alexandri magni, ubi cum essent aliqui de gente sua remanentes, in una parte
Graeciae miscuerunt se Graecis; unde illa provincia Gallograecia dicta est;
deinde illi Galatae sunt appellati, quasi albi. Et licet Graeci sint acuti
ingenii, tamen illi Galatae stulti erant et instabiles et ad intelligendum
tardiores, sicut et indociles Galli, unde originem traxerunt. Et ideo infra
dicit eis : o insensati Galatae, et cetera. Istis ergo scribit
epistolam hanc et isti sunt personae salutatae. Consequenter
cum dicit gratia vobis, etc., ponit bona quae eis optat. Et primo
ponit ipsa bona optata; secundo ipsorum bonorum auctorem, ibi a Deo patre,
et cetera. Bona autem quae eis optat sunt duo, in quibus
omnia spiritualia includuntur. Primum est
gratia, quae est principium vitae spiritualis, cui in Glossa adscribitur
remissio peccatorum, quae est primum in vita spirituali. Nullus enim potest
esse in vera vita spirituali, nisi prius moriatur peccato. Secundum est pax,
quae est quietatio mentis in fine, quae in Glossa dicitur esse reconciliatio
ad Deum. Et sic, dum optat principium et finem omnium bonorum spiritualium,
includit apostolus tamquam inter duo extrema desiderium omnis boni eis
proveniendum. Ps. LXXXIII, v. 12 : gratiam et gloriam dabit dominus.
II Cor. ult. : gratia domini nostri, et cetera. Bonorum
autem ipsorum auctor est Deus pater, et ideo dicit a Deo patre, et
cetera. Ubi primo ponitur bonorum causa; secundo causandi modus, ibi qui
dedit; tertio gratiarum actio pro ipsis bonis, ibi cui est honor,
et cetera. Causa
autem et auctoritas bonorum est Deus pater tamquam auctor, inquantum Deus, et
tota Trinitas, quae dicitur Deus omnium per creationem. Sap. XIV, 3 : tu
autem, pater, gubernas, et cetera. Et ideo dicit a Deo patre, et
cetera. Item auctor est dominus Iesus Christus, sicut minister, et hoc
inquantum homo. Rom. c. XV, 8 : dico Iesum Christum ministrum, et
cetera. Et quod per Christum sit nobis gratia, patet Io. I, 17 : gratia et
veritas per Iesum Christum facta est, et cetera. Rom. III, 24 : iustificati
gratis, et cetera. Pax etiam est nobis per ipsum. Io. XIV, 27 : pacem
meam do vobis, et cetera. Modus
autem causandi huiusmodi bona ponitur, cum dicit qui tradidit, et
cetera. Ubi primo ponitur causa efficiens, quae est mors Christi. Et quantum
ad hoc dicit qui dedit semetipsum, etc., quasi dicat : ideo Christus
est auctor gratiae et pacis, quia ipse morti dedit se et sustinuit crucem.
Unde ipsa mors Christi est causa efficiens gratiae. Rom. c. III, 24 : iustificati
gratis, etc., et Col. c. I, 20 : pacificans quae in caelis, et
cetera. Et dicit primo qui dedit, etc., id est, sponte se obtulit.
Eph. V, 2 : dilexit nos Christus, et tradidit, et cetera. Hebr. II, 9
: ut pro omnibus nobis gustaret mortem. Tit. II, 14 : qui dedit
semetipsum, et cetera. Ex quo
manifeste apostolus arguit contra eos, quod si mors Christi est sufficiens
causa salutis nostrae, et in sacramentis novi testamenti, quae efficaciam
habent ex passione Christi, confertur gratia, quod sit superfluum simul cum
novo testamento servari legalia, in quibus gratia non confertur, nec salus
acquiritur, quia neminem ad perfectum adduxit lex, ut habetur Hebr.
VII, 19. Secundo
ponitur finis et utilitas ipsorum bonorum quae est causa finalis. Et est
duplex : unus est ut liberemur a peccatis praeteritis, et quantum ad hoc
dicit pro peccatis nostris, scilicet praeteritis delendis et
expiandis, quod est initium nostrae salvationis. Apoc. I, 5 : dilexit nos,
et cetera. Alius finis est, ut liberaret nos a potestate mortis, et quantum
ad hoc dicit ut eriperet nos de praesenti, et cetera. Col. I, 13 : eripuit
nos a potestate, et cetera. Et ponit tria, scilicet ut eriperet,
inquit, de praesenti, et saeculo, et nequam. Ut eriperet de
praesenti, trahendo nos ad aeterna, per desiderium et spem. De saeculo,
id est, de conformitate huius mundi qui nos allicit, ut non ei conformemur. Rom. XII, 2 : nolite conformari huic
saeculo, et cetera. Nequam, reducens nos ad veritatem iustitiae.
Et dicitur saeculum nequam, non propter sui naturam, cum bonum sit creatum a
Deo, sed propter mala quae in eo fiunt, sicut illud Ephes. V, 16 : dies mali sunt, et cetera. Gen.
c. XLVII, 9, dixit Iacob : dies peregrinationis vitae meae centum triginta
annorum sunt, parvi et mali, et cetera. Et licet haec sint nobis per
Christum, non tamen excluditur Deus pater. Et ideo
ponitur, tertio, acceptatio divinae voluntatis. Unde dicit secundum
voluntatem Dei, et patris. Patris, inquam, Christi per naturam, qua ab
aeterno procedit, ut verbum. Ps. II, 7 : ego hodie genui te. Io. I, 1
: in principio erat verbum, et cetera. Item patris nostri per adoptionem. Io. I, 12 : dedit
eis potestatem, et cetera. Primo modo ly Deus pater,
accipitur pro sola persona patris; secundo modo pro tota Trinitate. Et quia a Deo patre nostro,
scilicet a tota Trinitate, haec omnia proveniunt nobis per Christum, ideo
ipsi, scilicet toti Trinitati, gloria, in se honor aliis sit vel est, in
saecula saeculorum, id est semper. Amen, est nota confirmationis.
Habes ergo, in summa, in salutatione praedicta auctoritatem apostoli, qua
eorum superbiam frangit; virtutem gratiae, qua eos ad observantiam Evangelii
provocat; et insufficientiam legalium, ut ab eis eos revocet. |
I° La personne qui salue est Saint Paul écrit donc aux Galates cette lettre, dans laquelle il établit
que la grâce de l’alliance nouvelle nous ayant été donnée, l’ancienne
alliance doit être rejetée, la figure être abandonnée, puisque la vérité est
accomplie, et que par ce double don qui nous est fait, à savoir la grâce et
la vérité, on parvient à la vérité de la justice et de la gloire. Or, on
possède la grâce et la vérité, quand, laissant de côté les observances
légales, on s’applique avec ferveur à la pratique de l’Evangile de
Jésus-Christ. Cette Epître est convenablement placée; car après les deux aux Corinthiens,
où l’Apôtre a traité, dans la première des sacrements de l’Eglise, dans la
seconde des ministres qui les confèrent, l’Epître aux Galates devient le
complément nécessaire des précédentes, puisque saint Paul y montre que les
sacrements de l’ancienne alliance ont fait leur temps. L’Epître aux Galates
se divise en deux parties; la première renferme les salutations; la seconde
la narration épistolaire (verset 6) : Je m’étonne qu’abandonnant, etc. Dans les salutations, l’Apôtre désigne I° la personne qui salue; II°
les personnes saluées (verset 2) : Aux
Eglises de Galatie; III° les biens spirituels qu’il souhaite (verset 5) :
Que la grâce et la paix vous soient
données, etc. Tout d’abord, il présente la personne qui salue, I. désignée principalement par son nom et II.
par son autorité ; 1° Par son nom, quand l’Apôtre dit (verset
4) : Paul, ce qui convient d’abord à son humilité, parce que Paul veut
dire « humble » (I Corinth., XV, 9) : « Je suis le moindre
des apôtres, etc. » ;
ensuite à son ministère, car suivant une autre interprétation, le nom de Paul
correspond à celui qui exprime l’embouchure d’une trompette, ce qui figure
spécialement l’office de la prédication (Isaïe, LVI, I) : « Faites
retentir votre voix comme une trompette, etc. » 2° Par son autorité (verset 4) : Apôtre.
Ici on trouve deux choses : son autorité et l’origine de son autorité. A) Son autorité d’abord, parce qu’Apôtre veut dire envoyé. Or il faut se
rappeler que saint Paul, dans certaines Epîtres, par exemple dans l’Epître au
Romains, se dit serviteur, employant ce nom par humilité, dans d’autres, il
s’appelle Apôtre, désignant son autorité : la raison en est que les Romains
étaient pleins d’orgueil; pour les porter à l’humilité et pour leur en donner
l’exemple, saint Paul se dit donc serviteur. Les Galates de leur côté,
étaient sots et orgueilleux; afin de les abattre, saint Paul se nomme apôtre;
et établit ici son autorité. B) Il expose l’origine de cette autorité,
lorsqu’il dit (verset 1) : non par les hommes, etc.,
repoussant ainsi d’abord l’origine qu’on lui supposait; ensuite assignant la
véritable (verset 4) : mais par Jésus-Christ. a) Sur l’origine qu’on supposait
à son ministère, il faut savoir que les Galates, séduits parles faux-apôtres,
en étaient venus à croire que Paul n’avait pas la même autorité que les
autres apôtres, sur ce prétexte qu’il n’avait pas été instruit par
Jésus-Christ, et qu’il n’avait pas conversé avec lui, mais qu’il était envoyé
par les apôtres et comme leur ministre. Saint Paul renverse donc cette opinion,
lorsqu’il dit (verset 1) : non par les hommes, etc. C’est
qu’en effet certains ministres étaient envoyés par tout le collège des
apôtres et des disciples. Montrant donc qu’il n’a pas été envoyé ainsi, il
dit : non par les hommes. D’autres étaient envoyés par l’un des
apôtres en particulier, comme Paul lui-même avait envoyé Luc et Tite. Montrant
qu’il n’a pas non plus été envoyé de cette manière, il dit (verset 1) : non par un homme, c’est-à-dire par un
apôtre en particulier, mais par l’Esprit Saint, qui dit (Act., XIII, 2) : « Séparez-moi
Saul et Barnabé, etc. » b) En second lieu, la source véritable de
l’autorité de l’Apôtre, c’est Jésus-Christ. Et voilà pourquoi il dit (verset
4) : mais par Jésus-Christ, et par Dieu le Père. Or cette
distinction, qui fait dire à Saint Paul par Jésus-Christ et par Dieu le Père, peut
être entendue de la personne du Père et de celle du Fils; mais alors autre
est la personne Dieu le Père, autre celle Jésus-Christ, et le bienheureux apôtre
Paul a reçu, de l’une et de l’autre, sa mission apostolique. Il l’a même
reçue de toute la Trinité, parce que les oeuvres de la Trinité sont
indivisibles. Que s’il n’est pas fait mention de la personne du Saint Esprit,
c’est qu’étant l’union et le noeud des deux autres, quand on parle de
celles-ci, c’est-à-dire du Père et du Fils, on comprend aussi la troisième :
le Saint Esprit. On peut encore entendre cette distinction de la nature que
Jésus Christ a assumée, c’est-à-dire de la nature humaine; car quant à la
nature divine, il n’y a pas de distinction entre Dieu le Père et
Jésus-Christ; et alors Paul a reçu sa mission de Dieu le Père en sa qualité d’Auteur,
et de Jésus-Christ en sa qualité de ministre (Rom., XV, 8) : « Je
vous déclare que Jésus-Christ a été ministre, etc. » Mais comme les
Galates avaient moins d’estime qu’ils ne devaient pour Saint Paul, parce
qu’il n’avait pas vécu avec Jésus-Christ comme les autres apôtres, et qu’il
n’avait pas été envoyé par lui-même, Paul à son tour relève spécialement son
apostolat, en disant que les autres avaient été envoyés par Jésus-Christ
vivant encore dans sa chair mortelle, tandis que lui-même l’avait été par
Jésus Christ déjà glorifié. Voila pourquoi il dit (verset 1) : qui,
c’est-à-dire Dieu le Père, l’a ressuscité, Jésus-Christ
s’entend, en tant qu’homme, d’entre les morts. Comme s’il disait : Je
suis apôtre, non par l’autorité des hommes, c’est-à-dire celle du collège des
apôtres, ni par celle d’un homme, c’est-à-dire de Jésus-Christ vivant dans sa
chair mortelle, mais : je suis apôtre par Jésus-Christ déjà ressuscité et
glorifié (Rom., VI, 9) : « Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts,
etc. » Et comme la vie présente est figurée par la partie gauche, la
vie future par la partie droite, en tant que celle-ci est céleste et
spirituelle, celle-là temporelle, Pierre qui fut appelé par Jésus-Christ
encore vivant dans sa chair mortelle, est placé, dans la bulle du Pape, du
côté gauche, Paul qui a été appelé par Jésus-Christ déjà glorifié, est placé
à droite. II. Quand l’Apôtre ajoute (verset 2) : et
tous les frères qui sont avec moi, etc., il désigne les personnes
qui se joignent à lui pour saluer. 1° Il les dépeint par un terme de douce
familiarité : ceux qui sont avec moi, c’est-à-dire pour me consoler et
pour travailler avec moi (Prov., XV, 49) : « Le frère qui est aidé
par son frère est, etc. » et (Ps., CXXXII, 1) : « Que c’est
une chose bonne, etc. » 2° Par la charité qui les rend
inséparables par la charité : les frères (Jean, XIII, 35 : « On
connaîtra à cette marque que vous êtes, etc. » 3° Par leur universalité : tous. Il
s’exprime ainsi parce que les Galates s’étaient peut-être laissés séduire, au
point de regarder comme peu de chose la parole de Paul. C’est ce qui lui fait
dire (verset 2) : tous les frères qui sont avec moi,
pour montrer que tous ces frères sont témoins de la vérité qu’il enseigne, et
leur faire comprendre facilement qu’ils sont dans l’erreur, en se voyant
repris par tous (II Corinth., II, 6) : « Quant à celui qui a commis
le crime, c’est assez pour lui de cette correction, qui lui est faite par
plusieurs, etc. » II° En ajoutant (verset 2) : Aux Eglises de la Galatie,
etc…, Saint
Paul désigne les personnes saluées. Il faut se rappeler ici que, comme on l’a
insinué dans la Glose, Brennus, chef des Gaulois Sénonais, ayant rassemblé
une armée, pénétra en Italie et, l’ayant traversée, vint en Grèce, avant le
temps d’Alexandre le Grand. Quelques-uns de ses hommes, y étant restés, se
mêlèrent aux Grecs, dans une partie de ce pays, ce qui fit donner à cette
province le nom de Gallo-Grèce, et dans la suite ces Gaulois furent appelés
Galates, nom pris en quelque sorte de la blancheur de leur teint. Or, bien
que les Grecs soient d’un esprit vif, cependant ces Galates étaient peu
intelligents, inconstants et lents à comprendre, comme ces Gaulois
indépendants dont ils tiraient leur origine; ce qui fera dire plus loin à Saint
Paul : O Galates insensés ! etc. C’est donc à ce peuple que Saint
Paul écrit cette lettre, et ce sont ces Galates qu’il salue. III° Quand Saint Paul dit (verset 5) : Que la grâce et la paix
vous, etc., il exprime les biens qu’il leur souhaite. I. Il énonce d’abord ces biens
eux-mêmes qu’il souhaite; II. l’auteur de ces biens mêmes (verset 5) : par
Dieu le Père, etc. I. Les biens que l’Apôtre désire pour les Galates sont au nombre de deux,
et tous les dons spirituels y sont renfermés. Le premier de ces biens est la
grâce, principe de la vie spirituelle, à laquelle est attribuée, dans la
Glose, la rémission des péchés, qui est comme la base de cette vie. Car nul
ne peut entrer dans cette véritable vie spirituelle, si d’abord il ne meurt
au péché. Le second de ces biens est la paix, qui est le repos de l’âme dans
sa fin, et qui, dans la Glose, est appelée la réconciliation avec Dieu. Saint
Paul donc, en souhaitant aux Galates le commencement et la fin de tous les biens
spirituels, semble renfermer entre ces deux extrêmes le désir de tous les
biens qui peuvent leur arriver (Ps., LXXXIII, 12) : « Le Seigneur
donnera sa grâce et la gloire » ; (II Corinth., XIII, 45) : « Que la grâce de notre
Seigneur Jésus-Christ, etc. » II. L’auteur de ces biens est Dieu le Père
: c’est pourquoi l’Apôtre dit (verset 2) : par Dieu le Père, etc…,
exprimant ainsi 1° le principe de ces biens; 2° la
manière par laquelle ils nous sont produits (verset 4) : qui s’est livré
lui-même ; 3°
l’action de grâces pour ces biens mêmes (verset 5) : qui est la gloire, etc. 1° La cause et la valeur de ces biens est
Dieu le Père, comme leur auteur, en tant que Dieu, et la Trinité tout entière
qui est appelée le Dieu de tous, en raison de la création (Sag., XIV, 3) : « C’est
votre Providence, ô Père, qui gouverne, etc. » C’est ce qui fait
dire à Saint Paul (verset 5) : par Dieu le Père. Le Seigneur Jésus-Christ
en est aussi l’auteur, comme ministre, en tant qu’homme (Rom., XV, 8) : « Je
dis que Jésus-Christ a été ministre, etc. » Que la grâce nous vienne
par Jésus-Christ, cela est évident (Jean., I, 17) : « La grâce et la
vérité nous sont venues par Jésus-Christ, etc. » et (Rom., III, 24)
: « Justifiés donc gratuitement par sa grâce, etc. » La paix
nous vient également de lui (Jean, XIV, 27) : « Je vous donne ma
paix, etc. » 2° Quant au mode de causalité par lequel
nous avons reçu ces biens, l’Apôtre l’exprime en disant (verset 4) : qui
s’est livré lui-même, etc., paroles où il énonce A) la cause efficiente, qui est la mort de
Jésus-Christ. Quant à cette cause il dit (verset 4) : qui s’est livré lui-même, etc.; en d’autres termes : Jésus-Christ
est l’auteur de la grâce et de la paix, parce qu’il s’est livré lui-même à la
mort et parce qu’il a souffert le supplice de la croix. La mort même de
Jésus-Christ est donc la cause efficiente de la grâce (Rom., III, 24) : « Justifiés
gratuitement, etc. » et (Coloss., I, 20) : « Ayant pacifié
par le sang qu’il a répandu (…)ce qui est dans le ciel. » L’Apôtre
dit d’abord (verset 4) : qui s’est
livré, c’est-à-dire qui s’est offert volontairement (Ephés., V, 2) : « Jésus-Christ
nous a aimés, et il s’est livré, etc. « ; (Hébr., II, 9) : « [Dieu ayant voulu] qu’il goûtât
la mort pour nous » ;
(Tite II, 14) : « Il s’est livré lui-même pour nous, etc. »
En s’exprimant ainsi, Saint Paul conclut manifestement contre les novateurs,
car si la mort de Jésus-Christ est la cause suffisante de notre salut, et si
les sacrements de la Loi nouvelle qui tirent leur efficacité de la mort de
Jésus-Christ confèrent la grâce, il est superflu de garder simultanément avec
le nouveau Testament les observances légales, par lesquelles on ne reçoit pas
la grâce, et l’on n’obtient pas le salut, « puisque la Loi n’a
conduit personne à la perfection, » ainsi qu’il dit (Hébr., VII,
19). B) L’Apôtre indique la fin et l’utilité de
ces biens mêmes, c’est-à-dire leur cause finale. Cette fin est de deux
sortes. La première est de nous délivrer de nos péchés passés; quant à cette
fin, Saint Paul dit (verset 4) : pour nous racheter de nos péchés, c’est-à-dire
détruire et expier ces péchés passés, ce qui est le commencement de notre
salut (Apoc., I, 5) : « Il nous a aimés, etc. » La seconde
fin est de nous délivrer de la puissance de la mort; quant à celle-ci
l’Apôtre dit (verset 4) : et pour nous délivrer de la corruption du
siècle présent ; (Coloss.,
I, 13) : « Il nous a arrachés à la puissance des ténèbres, etc. »
Il assigne ici trois effets : à savoir : nous
arracher, dit-il, du siècle présent,
et du siècle méchant. Pour nous arracher du siècle présent, en nous
attirant aux choses éternelles, par le désir et l’espérance; du siècle,
c’est-à-dire de la conformité avec ce monde qui nous séduit, afin que nous ne
nous rendions pas semblables à lui ; (Rom., XII, 2) : « Et ne
vous conformez pas au siècle présent, etc. » et du siècle méchant,
en nous ramenant à la justice véritable. Ce siècle est appelé « méchant », non pas à
cause de sa nature, puisqu’il est bon, ayant été créé par Dieu, mais à cause
du mal qui s’y commet, comme il est dit (Ephés., V, 16) : « Les jours
sont mauvais, etc. » ;
et (Genès., XLVII, 9) où Jacob dit : « Il y a cent trente ans que je
suis voyageur, et ce petit nombre d’années a été traversé de beaucoup de maux,
etc. » Et bien que ces dons nous viennent de Jésus-Christ, toutefois
Dieu le Père n’en est pas exclu. Voila pourquoi, en troisième lieu, l’Apôtre
indique l’acceptation de la volonté divine, ce qui lui fait dire (verset 4) :
selon
la volonté de Dieu le Père, le
Père, dis je, de Jésus-Christ, par nature, car il l’engendre de toute
éternité, comme son Verbe (Ps., II, 7) : « je vous ai engendré
aujourd’hui » ;
et (Jean., I, 4) : « Au commencement était le Verbe, etc. « ; de plus, notre Père, par adoption
(Jean I, 12) : « Il a donné le pouvoir de, etc. » Dans le
premier sens, l’expression « Dieu le Père, » est prise pour
la seule personne du Père; dans le second, pour toute la Trinité. 3° Mais parce que c’est de Dieu le Père,
c’est-à-dire de toute la Trinité que procèdent pour nous tous ces biens par
Jésus-Christ, (verset 5) : à lui
donc, c’est-à-dire, à la Trinité toute entière, à lui gloire en
soi, et dans les autres dans les siècles des siècles, c’est-à-dire
toujours. Amen, c’est
le signe de l’accomplissement. Nous trouvons donc en abrégé dans ces
salutations ce qui tient à l’autorité de l’Apôtre, de quoi réprimer l’orgueil
des Galates, l’efficacité de la grâce, par laquelle il les porte à observer
l’Evangile et l’insuffisance des observances légales, dont il veut les
détourner. |
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Lectio 2 |
Leçon 2 : Galates I, 6-10 ─ La légèreté des Galates face à l’Evangile |
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SOMMAIRE : L’Apôtre s’étonne de la
légèreté des Galates; il fait ressortir la grièveté de leur faute, et la
vertu de l’Evangile prêché par lui, Evangile qu’il élève au-dessus même d’un
Evangile qui serait annoncé par les anges. |
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[6] miror quod sic tam cito transferimini ab eo qui vos
vocavit in gratiam Christi in aliud evangelium [7] quod non est aliud nisi sunt aliqui qui vos conturbant et
volunt convertere evangelium Christi [8] sed licet nos aut angelus de caelo evangelizet vobis
praeterquam quod evangelizavimus vobis anathema sit [9] sicut praediximus et nunc iterum dico si quis vobis
evangelizaverit praeter id quod accepistis anathema sit [10] modo enim hominibus suadeo aut Deo aut quaero hominibus placere
si adhuc hominibus placerem Christi servus non essem [87746] Super Gal., cap. 1 l. 2 In superioribus praecessit salutatio,
sequitur in sequentibus epistolaris narratio, in qua arguit apostolus eorum
errorem; secundo eos monet ad correctionem, V, 1, ibi state ergo,
et cetera. Errorem autem eorum arguit dupliciter, et per auctoritatem
evangelici documenti, et per rationem veteris testamenti, III, 4 , ibi
o insensati, et cetera. Arguit autem errorem ipsorum, ostendendo
auctoritatem evangelicae doctrinae. Primo ostendendo ipsorum levitatem
quantum ad levem dimissionem evangelicae doctrinae; secundo commendando
auctoritatem ipsius doctrinae evangelicae : ut sic quanto dignius est quod
dimittunt, tanto eorum error appareat maior, ibi notum enim vobis facio,
et cetera. Circa primum duo facit. Primo enim
exaggerat culpam; secundo infligit poenam, ibi sed licet nos, et
cetera. Culpam
autem exaggerat et seductorum et seducentium, ibi nisi sunt, et
cetera. Circa primum tria facit. Primo enim
aggravat culpam seductorum ex animi levitate. Unde dicit miror, quasi
dicat : cum sciatis tot bona quae dicta sunt provenire vobis per Christum, et
quod cum fueritis ita bene instructi per me, tamen sic, id est,
intantum et tam vehementer, ut videamini iam obliti, tam cito, id est,
in tam brevi tempore, transferimini, ut alludat nomini. Galatia enim
translatio dicitur. Quasi dicat : vos estis Galatae, quia tam cito
transferimini. Eccli. XIX, 4 : qui cito credit, levis est corde. Secundo aggravat eorum culpam
ex eo quod dimiserunt. Si enim ratio recedit et transfertur a malo,
commendabilis est et bene facit, sed quando recedit a bono, tunc est
culpabilis. Et sic isti a bono translati erant. Et ideo dicit eis : et si
mirandum sit quod tam cito et sic transferimini, addit tamen materiam
admirationis, quod scilicet transferimini ab eo, scilicet a Deo, et
fide eius, qui vos vocavit in gratiam Christi, id est, in
participationem aeterni boni, quam habemus per Christum. I Petr. II, v. 9 : gratias agentes Deo, qui
vos vocavit in admirabile lumen suum. Item II Petr. II, 21 : melius
erat eis viam veritatis non agnoscere, quam, et cetera. Tertio aggravat eorum culpam ex eo ad quod
conversi sunt, quia non sunt conversi ad bonum, sed ad malum. Unde dicit in
aliud Evangelium, id est, veteris legis, quae Annuntiatio bona est
inquantum annuntiat quaedam bona, scilicet temporalia et carnalia. Is. I, 9 : si volueritis et audieritis me,
et cetera. Sed tamen non est perfecta et simpliciter, sicut Evangelium; quia
non annuntiat perfecta et maxima bona, sed parva et minima. Sed lex nova est
perfecte et simpliciter Evangelium, id est, bona Annuntiatio, quia annuntiat
maxima bona, scilicet caelestia, spiritualia et aeterna. Et licet sit aliud
Evangelium secundum traditionem pseudo, tamen secundum meam praedicationem
non. Est enim aliud in promissis, sed non est aliud in figura, quia idem
continetur in veteri testamento et in novo : in veteri quidem ut in figura,
in novo vero ut in re et expresse. Et sic est aliud Evangelium quantum ad ea
quae exterius apparent, sed quantum ad ea quae interius sunt et continentur,
non est aliud. Licet
autem non sit aliud in se, tamen potest esse aliud ex culpa aliorum, scilicet
seducentium. Et ideo eorum culpam exaggerans, dicit nisi sunt aliqui,
scilicet seductores, qui vos conturbant, id est, puritatem sensus
vestri, qua imbuti fuistis per fidei veritatem, obfuscant. Quia, licet idem
contineatur quantum ad interiorem intellectum per vetus et novum testamentum,
ut dictum est, tamen si post susceptionem novi testamenti reiteratur vetus,
videtur ostendi quod novum non sit perfectum, et quod illud sit aliud ab
isto. Et ideo dicit quod non est aliud, nisi sunt, etc., quia isti
pseudo post fidei evangelicae susceptionem cogebant eos circumcidi,
ostendendo per hoc, quod circumcisio est aliquid aliud quam Baptismus et
efficit aliquid quod Baptismus non potest efficere, et ideo isti conturbant
vos. Infra V, 12 : utinam abscindantur qui vos conturbant, et cetera.
Et vere conturbant, quia volunt convertere Evangelium Christi, id est,
veritatem evangelicae doctrinae in figuram legis, quod est absurdum et
turbatio maxima. In illud enim debet aliquid converti ad quod
ordinatur; novum autem testamentum et Evangelium Christi non ordinatur ad
vetus, sed potius e contrario lex vetus ordinatur ad legem novam, sicut
figura ad veritatem; et ideo figura converti debet ad veritatem, et lex vetus
in Evangelium Christi, non autem veritas in figuram, neque Evangelium Christi
in legem veterem : quod patet ex ipso usu loquendi. Non enim dicimus quod homo sit similis imagini
hominis, sed potius e converso, imago est similis homini. Ier. XV, 9 : ipsi
convertentur ad te, etc.; et Lev. XXVI, 10 : novis supervenientibus,
et cetera. Consequenter
post exaggerationem culpae ponitur inflictio poenae, cum dicit sed licet,
et cetera. Et circa hoc duo facit. Primo promulgat sententiam; secundo
rationem sententiae assignat, ibi modo enim hominibus, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ostendit auctoritatem suae sententiae; secundo
profert eam, ibi sicut praedixi, et cetera. Ostendit autem
auctoritatem suae sententiae multam esse, eo quod non solum in perversores et
in seductores subditos, sed etiam in pares, sicut sunt alii apostoli, et
etiam in superiores, sicut sunt Angeli, si huius criminis, scilicet
conversionis Evangelii in veterem legem, rei essent, efficaciam haberet. Et
ideo dicit : quia nostrae sententiae auctoritas quam ego promulgo (quae est
excommunicatio), non solum in illos qui talia intendunt, efficaciam habet, sed
licet nos, scilicet apostoli, aut Angelus, bonus vel malus, de
caelo veniens evangelizet, praeter quam quod evangelizatum est a
nobis, anathema sit, id est, reus erit huius sententiae, quam
promulgamus. Ad evidentiam autem dictorum tria inquirere
oportet. Primo quid
significat hoc nomen, anathema. Circa quod sciendum est, quod anathema est
nomen Graecum, et componitur ab ana, quod est sursum, et thesis, positio,
quasi sursum positio. Et est ortum ex quadam antiqua consuetudine. Antiqui
enim quando pugnabant, capiebant aliquando aliquam praedam ab hostibus, quam
nolebant convertere in usum proprium, sed suspendebant illam in templis, vel
in aliquo loco publico civitatis, quasi separatam a communi usu hominum, et
omne tale sic suspensum nominabant Graeci anathema; et ex hoc inolevit
consuetudo, quod omne illud quod excludebatur ab usu communi, diceretur
anathematizatum. Unde dicitur Iosue VI, 17 de Iericho et omnibus quae in ea
sunt, quod Iosue mox anathematizavit ea. Et ideo etiam hoc in Ecclesia
inolevit, ut illi qui excluduntur a communi societate Ecclesiae, et a
participatione sacramentorum Ecclesiae, dicantur anathematizati. Secundo
inquirenda est ratio eorum, quae dicit licet nos aut Angelus, et
cetera. Ubi sciendum est, quod est triplex doctrina. Prima est philosophorum,
qui ex ductu rationis propriae in cognitionem suae doctrinae devenerunt.
Quaedam alia doctrina est, quae est tradita per Angelos, sicut lex vetus. Lex
enim non est allata voluntate humana (sicut dicitur ad Gal. III, 19), sed per Angelos in manu mediatoris, ut dicitur infra III, v.
19. Quaedam vero doctrina tradita est a Deo immediate, sicut doctrina
Evangelii. Io. c. I, 18 : Deum nemo vidit unquam, et cetera. Ad Hebr. I, 2 : novissime diebus istis locutus est
nobis in filio. Et post : quae
cum initium accepisset, et cetera. Doctrina
ergo quae traditur per hominem potest mutari et revocari per alium hominem
qui melius novit, sicut unus philosophus reprobat dicta alterius; item per
Angelum qui perspicacius videt veritatem. Doctrina etiam quae traditur per Angelum posset
forte removeri per alium Angelum superiorem, seu per Deum. Sed contra
doctrina quae immediate a Deo traditur, non potest neque per hominem, neque
per Angelum irritari. Et ideo si contingat quod homo vel Angelus diceret
contrarium illi quae per Deum tradita est, dictum suum non est contra
doctrinam, ut per hoc irritetur et repellatur, sed potius doctrina est contra
eum, quia ipse qui dicit, debet excludi et repelli a communione illius
doctrinae. Et ideo dicit apostolus quod dignitas doctrinae evangelicae, quae
est immediate a Deo tradita, est tantae dignitatis, quod sive homo, sive
Angelus evangelizet aliud praeter id, quod in ea evangelizatum est, est
anathema, id est, abiiciendus et repellendus est. Tertio
solvere oportet obiectiones quae circa hoc occurrunt. Quarum una
est, cum par in parem non habeat imperium, et multo magis non habeat
in superiorem, videtur quod apostolus non potuit excommunicare apostolos qui
erant sibi pares, et minus Angelos qui sunt superiores. Matth. XI, v. 11 : qui
minor est in regno caelorum, maior est illo. Non est ergo anathema per
hoc. Ad hoc
dicendum est, quod apostolus hanc protulit sententiam, non propria
auctoritate, sed auctoritate evangelicae doctrinae, cuius minister erat,
cuius doctrinae auctoritas habet, ut quicumque contra illam dicunt,
excludendi et repellendi sint. Io. XII, 48 : sermo quem locutus
sum, ille iudicabit eum in novissimo die, et cetera. Alia
quaestio est, quia ipse dicit, praeterquam quod evangelizatum est. Ergo non debet aliquis docere, neque
praedicare, nisi quod scribitur in epistolis et in Evangelio. Sed hoc est
falsum, quia I Thess. III, 10
dicitur : ut compleamus ea quae desunt fidei nostrae, et cetera.
Respondeo. Dicendum quod nihil aliud evangelizandum est, quam illud quod
continetur in Evangeliis, et in epistolis, et in sacra Scriptura implicite
vel explicite. Nam sacra Scriptura et Evangelium evangelizat esse credendum
Christo explicite. Unde quidquid continetur in eis implicite, quod facit ad
doctrinam eius, et ad fidem Christi, evangelizari et doceri potest. Et ideo
cum dicit praeter id, etc., id est, omnino alienum addendo. Apoc. ult.
: si quis apposuerit ad haec, aut addiderit, scilicet omnino alienum, apponat
Deus super illum plagas scriptas in libro isto. Et Deut. IV : non
addetis quidquam, etc., scilicet contrarium seu alienum, nec minuetis,
et cetera. Consequenter
cum dicit sicut praedixi, etc., sententiam suam profert in malo,
dicens : sicut praedixi de Angelis et apostolis, idem dico de seductoribus. Si
quis seductor evangelizaverit praeter id quod accepistis a me,
anathema sit, id est, excommunicatus. Et haec est sententia quam profert.
Sed
numquid ex hoc sunt excommunicati omnes haeretici? Videtur quod non, quia
dicitur Tit. III, 10 : haereticum hominem post primam et secundam
correctionem devita, et cetera. Respondeo. Dicendum est, quod haereticus
potest dici aliquis, vel quia simpliciter errat ex ignorantia, et ex hoc non
est excommunicatus; vel quia errat ex pertinacia et alios nititur pervertere,
et tunc incurrit in canonem latae sententiae. Utrum autem ex tunc his verbis sententiam in
haereticos protulerit, dubium est. Cum tamen sententia iam lata
sit contra haereticos in Conciliis. Potest tamen dici quod forte hic
ostenduntur excommunicatione digni. Consequenter cum dicit modo
enim hominibus, etc., ostendit rationem sententiae. Ubi primo ponit
rationem ipsius sententiae; secundo manifestat hic propositum, ibi an
quaero, et cetera. Posset enim aliquis dicere :
quare sic excommunicas? Forte
aliqui sunt amici, vel alicuius auctoritatis, non ergo sic faciendum est.
Ideo respondens apostolus, dicit : immo sic faciendum est, quia ea quae modo
dico, non sunt ad favorem hominum, sed ut placeam Deo, et hoc est quod dicit modo
enim, id est, post conversionem, vel in ista epistola, suadeo
hominibus, id est, tendit ad hoc appetitus meus, ut placeam hominibus, an
Deo? Quasi dicat :
haec quae facio, ideo facio, ut complaceam soli Deo. I Thess. II, 4 : loquimur
non quasi hominibus placentes, sed Deo, et cetera. Nec etiam loquimur
auctoritate hominum, sed divina. Quod autem
non intendam placere hominibus, patet ex intentione et ex proposito meo. Nam
ego non quaero hominibus placere, id est, non est intentionis meae
homines convertere, ut placeam hominibus tantum, sed propter honorem Dei. Et
hoc patet, quia si adhuc intenderem placere hominibus, ut olim
placui, non essem servus Christi. Cuius ratio est, quia haec sunt
contraria. Ita dumtaxat, ut scilicet velim placere hominibus propter homines,
non referendo illud in Deum. Si enim ideo intendam aliquando placere
hominibus, ut eos traham ad Deum, non pecco. Sed si primo modo, non sum
servus Christi. Is. XXVIII, 20 : coangustatum est stratum, ita ut alter
decidat, et cetera. Matth. VI, 24 : nemo potest duobus dominis servire,
et cetera. Ps. LII, 6 : confusi sunt qui hominibus placent. |
6. Je m’étonne qu’abandonnant celui
qui vous a appelés à la grâce du Christ, vous passiez sitôt à un autre
évangile. 7. Ce n’est pas qu’il y en ait un
autre; mais c’est qu’il y a des gens qui vous troublent et qui veulent
renverser l’Evangile du Christ. 8. Mais quand nous vous annoncerions
nous-mêmes, ou quand un Ange du ciel vous annoncerait un évangile différent
de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème. 9. Je vous l’ai dit et je vous le
dis encore une fois : si quelqu’un vous annonce un évangile différent de
celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème. 10. Car enfin est-ce des hommes ou
de Dieu que je désire maintenant être approuvé? ou ai-je pour but de plaire
aux hommes? Si je voulais encore plaire aux hommes, je ne serais pas
serviteur du Christ. Ce qui précède renferme les salutations, ce qui suit commence la
narration épistolaire, dans laquelle l’Apôtre renverse l’erreur des Galates,
et les avertit de se corriger (ci-dessous, verset 1) : Demeurez donc
fermes, etc. Or l’Apôtre s’en prend à cette erreur de deux manières, par
l’autorité de l’enseignement Evangélique, et par un raisonnement déduit de
l’ancien Testament (ci-dessous, III, 4) : O Galates insensés, etc.!
D’abord donc, il s’attaque à leur erreur en établissant l’autorité de la
doctrine de l’Evangile; à cet effet premièrement il fait ressortir la
légèreté des Galates qui ont abandonné d’une manière très irréfléchie cette
doctrine; secondement il recommande l’autorité de cette doctrine elle-même,
en sorte que, plus ce qu’ils abandonnent est recommandable, plus leur erreur
paraît plus grave ; (verset 11) : car je vous déclare que, etc. Sur
le premier de ces points : I° il démontre la grandeur de leur faute; II°
il inflige un châtiment (verset 8) : mais quand nous vous annoncerions
nous-mêmes, etc. I° Il établit la grandeur de la
faute, et de ceux qui
ont été séduits, et de ceux qui les ont séduits ; (verset 7) : C’est
qu’il y a, etc. A ce propos il fait
trois choses : I. La grandeur de la faute de ceux qui ont
été séduits se déduit 1° de la légèreté de leur esprit, ce qui
lui fait dire (verset 6) : Je m’étonne, en d’autres termes : Puisque
vous savez que tant de biens, que je viens d’énumérer, vous viennent par
Jésus-Christ, après avoir été bien instruits par moi, comme vous l’avez été,
je m’étonne que ainsi, c’est-à-dire d’une manière aussi inexplicable
et avec tant d’ardeur, vous
paraissiez avoir oublié si
vite, c’est-à-dire dans un si court espace de temps, et que vous ayez
été emportés, faisant allusion à leur nom. Car Galatie veut dire
translation. Comme s’il disait : Vous méritez le nom de Galates, puisque vous
vous laissez si promptement entraîner ; (Ecclésiastique XIX, 4) : « Celui
qui est trop facile à croire, est léger de coeur. » 2° L’Apôtre déduit la grandeur de leur
faute, de ce qu’ils ont abandonné. Car si la raison se retire du mal et
l’abandonne, elle est digne d’éloges parce qu’elle agit bien; mais quand elle
se retire du bien, elle est alors coupable. C’est dans ce sens que les
Galates avaient été éloignés du bien, et voila pourquoi Saint Paul leur dit :
Tout étonnant qu’il soit que si vite et dans de telles conditions vous soyez
ainsi emportés d’une doctrine à une autre, voici le sujet de son étonnement :
vous
soyez, dis-je, entraînés loin de celui, c’est-à-dire de
Dieu et de sa foi, qui vous a appelés à la grâce de Jésus-Christ,
c’est-à-dire à la participation du bien éternel que nous obtenons par
Jésus-Christ (I Pierre, II, 9) : « rendant grâces à Dieu qui vous a
appelés [des ténèbres] à son admirable lumière » ; (II Pierre II, 21) : « Il
leur eût été meilleur de n’avoir pas connu la voie de la justice, que, etc. »
3° Il déduit la grandeur de leur faute de
ce vers quoi ils se sont tournés, car ce n’est pas au bien qu’ils se sont
convertis, mais au mal; c’est ce qui lui fait dire (verset 6) : à
un autre Evangile, c’est-à-dire à l’Evangile de l’ancienne loi,
dont la promulgation est bonne en tant qu’elle annonçait certains biens, mais
passagers et charnels ; (Isaïe, I, 9) : « Si donc vous voulez
m’écouter, etc. » Cependant cette loi n’est pas parfaite dans un
sens absolu, comme l’Evangile, parce qu’elle n’annonce pas des biens parfaits
et excellents, mais des biens de peu de valeur et du dernier rang. La loi
nouvelle au contraire est parfaite et dans un sens absolu, c’est l’Evangile,
c’est-à-dire la bonne nouvelle, parce qu’elle annonce les biens du premier
ordre, c’est-à-dire les biens célestes, spirituels et éternels. Bien que ce
soit un Evangile différent, entendu dans le sens des faux-apôtres, cependant
comme je l’enseigne, il n’en est pas ainsi. A la vérité, il est autre quant
aux promesses; mais il ne l’est pas quant aux figures, parce que l’ancien
comme le nouveau Testament ne renferment qu’un seul et même objet. Il est
dans l’ancien comme en figure, mais il est dans le nouveau expressément et en
réalité. Il est donc autre quant à ce qui paraît de l’extérieur, mais il ne
l’est pas quant à ce qui est à l’intérieur
ou dans ce qu’il renferme. II. Cependant, bien qu’il ne soit pas autre
en soi, il peut l’être par la faute de quelques-uns, c’est-à-dire des
séducteurs. Voilà pourquoi, faisant ressortir la grandeur de leur faute, il
dit (verset 7) : C’est qu’il y a des gens, c’est-à-dire des
séducteurs, qui vous troublent, c’est-à-dire qui obscurcissent la
pureté des sentiments dont vous avez été pénétrés par la vérité de la foi. En
effet, bien que le même objet soit contenu quant à l’intelligence intérieure,
dans l’ancien et dans le nouveau Testament, ainsi qu’il a été dit, toutefois,
si après avoir reçu le Nouveau, on reprend l’Ancien, on paraît donner à
entendre que ce nouveau Testament manque de perfection, et que l’un est
différent de l’autre. C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 7) : Ce
n’est pas qu’il y en ait un autre, mais c’est qu’il y a des gens, etc. C’est
que ces faux-apôtres, après avoir reçu la foi de l’Evangile, contraignaient
les Galates à se faire circoncire, montrant par là que la circoncision est
quelque chose de différent du baptême et produit des effets que le baptême ne
saurait produire. Voilà comment ces faux-apôtres vous troublent (ci-après
verset 12) : Plût à Dieu que ceux qui vous troublent, fussent plus que
circoncis. Et véritablement ils
vous troublent, car ils veulent transformer l’Evangile de Jésus-Christ, »
c’est-à-dire la vérité de la doctrine de l’Evangile, en la ramenant aux
figures de la Loi, ce qui est une absurdité et un grand sujet de troubles.
Si, en effet, une chose subit une modification, ce doit être pour arriver à
la fin vers laquelle elle est ordonnée; or le nouveau Testament et l’Evangile
de Jésus-Christ ne sont pas ordonnés relativement à l’ancien Testament. C’est
tout le contraire : la loi ancienne se rapporte à la loi nouvelle, comme la
figure à la vérité; par conséquent la figure doit se transformer en la
vérité, et la loi ancienne en l’Evangile de Jésus-Christ, et non pas la vérité
en figure, ni l’Evangile de Jésus-Christ retourner à la loi ancienne. Ceci
est évident par sa seule énonciation. En effet, on ne dit pas : voilà un
homme qui ressemble à son image, mais, tout au contraire, voilà une image qui
ressemble à cet homme ; (Jérémie, XV, 9) : « Ce sera ce peuple
qui se tournera vers vous, etc. » ; et (Lév., XXVI, 10) : « Quand les fruits nouveaux, etc. » II° Après avoir montré la grandeur de
la faute, l’Apôtre annonce le châtiment, quand il dit (verset 8) : Mais quand nous, etc.
Il fait alors deux choses : I. Il promulgue la sentence; II.
il en assigne la raison (verset 10) : Est-ce enfin des hommes, etc. I. Sur le premier de ces points, 1° il
établit l’autorité de sa sentence; 2° il la proclame (verset 9) : Or, nous vous
l’avons dit, etc. 1° Saint Paul fait donc voir d’abord
combien est grande l’autorité de sa sentence, puisque non seulement à l’égard
des pervers et des séducteurs, qui sont ses inférieurs, mais même à l’égard
de ses égaux, comme le sont les autres apôtres, et de ceux qui sont au-dessus
de lui, comme seraient les Anges, s’ils se rendaient coupables d’un crime
semblable, à savoir de renverser l’Evangile pour retourner à l’ancienne loi,
cette sentence aurait son efficacité, C’est ce qui lui fait dire : puisque
l’autorité de cette sentence, que je promulgue (sentence qui est
l’excommunication), étend son effet non seulement sur ceux qui se rendent
coupables d’un tel crime, mais qu’elle nous atteindrait nous-mêmes,
c’est-à-dire nous autres apôtres, et même un ange, bon ou mauvais
(verset 8) : si venant du
ciel, il annonçait un Evangile différent de celui que nous vous avons annoncé,
que celui-là soit anathème, c’est-à-dire il sera frappé par la
sentence que nous promulguons en ce moment. Pour bien comprendre ce passage,
il est nécessaire d’examiner trois points : A) d’abord ce que signifie ce terme : « anathème ». A ce sujet,
il faut savoir que ce mot « anathème » est une expression
grecque, composé de la préposition « ¢na » qui veut dire « en haut », et
de « qhsij » action de poser, comme si l’on disait :
« poser dessus ».
Elle tire son origine d’une coutume ancienne. En effet, les anciens, quand
ils combattaient, prenaient quelquefois dans le butin fait sur l’ennemi une
portion qu’ils ne voulaient pas appliquer à leur usage particulier, et ils
suspendaient ce butin dans les temples, ou dans quelque lieu public de la
cité, comme pour le séparer de l’usage commun des hommes; or chez les Grecs,
toute offrande ainsi suspendue, s’appelait anathème. De là vint cette coutume
de donner le nom d’anathématisé à tout ce qui était en dehors de l’usage
commun. Ainsi on lit (Josué, VI, 17) de la ville de Jéricho et de tout ce
qu’elle contenait, que Josué les
anathématisa. De là aussi cette coutume dans l’Eglise, que ceux
qui sont exclus de la société commune des fidèles et de la participation à ses
sacrements, sont dits anathématisés. B) En second lieu, il faut chercher
l’explication de cette parole de Saint Paul (verset 8) : quand nous vous annoncerions
nous-mêmes ou quand un ange vous annoncerait, etc. Rappelons-nous
ici qu’il y a trois sortes de doctrines : celle des Philosophes, qui, sous
l’inspiration de leur raison particulière, sont arrivés à la connaissance de
leur doctrine; la seconde, transmise par les anges, comme la loi ancienne, car cette loi ne nous a pas apportée par
une volonté humaine, mais elle a été donnée par le ministère des anges, par
l’entremise d’un médiateur, comme il est dit ci-après (III, 19); une
troisième enfin, donnée par Dieu même immédiatement : telle est la doctrine
de l’Evangile ; (Jean, I, 18) : « Nul homme n’a jamais vu Dieu, etc. « ; (Hébr., I, 2) : « Dieu
nous a parlé tout dernièrement, et de nos jours par son Fils. » Et plus loin : « qui, annoncé
d’abord par le Seigneur, etc. » La doctrine qui vient de
l’homme peut être changée et remplacée par un autre homme qui a vu mieux.
C’est ainsi qu’un Philosophe rejette l’enseignement d’un autre Philosophe.
Elle peut encore l’être par un ange qui voit d’une manière plus perspicace la
vérité. A la doctrine, même transmise par un ange, peut-être un ange
supérieur ou Dieu lui-même pourraient-ils substituer une autre. Au contraire,
la doctrine qui vient immédiatement de Dieu, ne peut être annulée ni par un
homme, ni par un ange. Si donc il arrivait qu’un homme ou qu’un ange, vînt à
enseigner une doctrine opposée à ce qui a été transmis de Dieu, sa parole ne
saurait prévaloir contre l’enseignement divin, de manière à le rendre inutile
et à le faire rejeter; cet enseignement est plutôt contre lui, parce que
celui qui parle ainsi doit être repoussé et exclus de la participation à
l’enseignement qu’il attaque. Voilà pourquoi l’Apôtre dit que la dignité de
la doctrine de l’Evangile, qui a été transmise par Dieu lui-même, est si
haute que si quelqu’un, soit un homme, soit un ange, venait à annoncer un
Evangile autre que celui qui a été annoncé, il est anathème, c’est-à-dire
qu’il doit être rejeté et repoussé. C) Troisièmement, il est nécessaire de
répondre aux objections qu’on peut faire sur ce qui a été dit. Une de ces difficultés, c’est que d’égal
à égal il n’y a pas d’autorité supérieure;
et qu’on en a moins encore à l’égard d’un supérieur. Il semble que l’Apôtre
n’a donc pas pu excommunier les apôtres qui étaient ses égaux, et bien moins
encore les anges qui lui sont supérieurs ; (Matth., XI, 11) : « Celui
qui est le plus petit dans le royaume des cieux, est plus grand que lui. »
La sentence de Saint Paul ne produit donc pas l’anathème. Il faut répondre que l’Apôtre a prononcé cette sentence, non de son
autorité propre, mais de l’autorité de la doctrine de l’Evangile, dont il
était le ministre, autorité telle que quiconque s’exprime contre elle, doit
être exclus et repoussé ; (Jean., XII, 48) : « La parole même
que j’ai annoncée, le jugera au dernier jour, etc. » Une seconde difficulté se présente sur ce mot de l’Apôtre : quelque
chose de différent de ce que je vous ai annoncé. On ne doit donc
annoncer ni prêcher que ce qui est écrit dans les Epîtres et dans l’Evangile;
or ceci est faux, puisque il est dit (I Thessal, III, 10) : « afin
d’ajouter ce qui peut manquer encore à votre foi, etc. » Je réponds que véritablement il ne faut rien annoncer que ce qui est
contenu dans les Evangiles, les Epîtres et la sainte Ecriture, implicitement
ou explicitement, car la sainte Ecriture et l’Evangile disent qu’il faut
croire explicitement en Jésus-Christ. Tout ce qui est contenu dans l’Evangile
et la sainte Ecriture implicitement, et sert au développement de la doctrine
et de la foi en Jésus-Christ, peut être annoncé et enseigné; c’est ce qui
fait dire à Saint Paul : Outre ce que, etc., c’est-à-dire en ajoutant
ce qui est tout à fait différent ; (Apoc., XXII, 48) : « Si quelqu’un ajoute à ce livre, ou
y mêle quelque chose d’entièrement étranger, Dieu le frappera des
plaies qui sont écrites dans ce livre » ; et Deutér., IV, 2) : « Vous n’ajouterez, » à
savoir rien de contraire ni d’étranger, « ni n’ôterez rien, etc. » 2° Quand Saint Paul ajoute (verset 9) : Je
vous l’ai dit, etc., il prononce la sentence à l’égard de la
prévarication, en disant : Ainsi que
je vous l’ai déclaré à propos des anges et des apôtres, je
déclare la même chose des séducteurs : (verset 9) Si quelque séducteur parmi
vous, vous annonce un Evangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il
soit anathème, c’est-à-dire excommunié. Telle est donc la sentence qu’il
profère. Mais est-ce qu’en raison de cette sentence tous les hérétiques sont
excommuniés ? Il semble qu’il n’en est pas ainsi, puisqu’il est dit (Tite
III, 10) : « Fuyez celui qui est hérétique, après l’avoir repris une
et deux fois, etc. » Il faut répondre qu’on peut être appelé
hérétique, ou parce que l’ou erre simplement par ignorance, auquel cas on
n’est pas par cela même excommunié; ou parce que l’on erre avec opiniâtreté
et qu’on s’efforce de pervertir les autres, et alors on tombe sous le coup de
la sentence portée. Il reste difficile de savoir si Saint Paul, dans ces
paroles, a proféré dès lors la sentence contre les hérétiques. Mais comme la
sentence a été portée déjà dans les conciles contre les hérétiques, on peut
dire que l’Apôtre montre peut-être en cet endroit qu’ils méritent
l’excommunication[1]. II. En disant à la suite (verset 10) : Car
enfin, est-ce de Dieu ou des hommes que, etc. ? l’Apôtre donne la
raison de sa sentence. 1° Il expose cette raison même; 2° il
explique ce qu’il se propose d’établir (verset 10) : Ou ai-je pour but, etc. ? 1° Car on pouvait dire : Pour quel motif frappez-vous ainsi
d’excommunication ? Peut-être quelques-uns sont-ils de vos amis, ou des
personnes de quelque considération; il ne faut donc pas agir ainsi. L’Apôtre
répond : au contraire, c’est ainsi qu’il faut agir, parce que ce que je viens
de dire n’est pas destiné à capter la faveur des hommes, mais pour plaire à
Dieu. Aussi dit-il (verset 10) : Est-ce que maintenant, c’est-à-dire
depuis ma conversion, ou dans cette Epître, je me propose de plaire aux
hommes, c’est-à-dire est-ce que mon désir tend à plaire aux hommes, ou
à Dieu ? En d’autres termes : ce que je fais, je le fais pour plaire à
Dieu seul ; (I Thessal., II, 4) : « Nous parlons ainsi, non pour
plaire aux hommes, mais à Dieu, etc. » Et nous ne parlons pas non
plus en vertu d’une autorité venue des hommes, mais de Dieu. 2° Or, que je n’ai pas pour but de plaire
aux hommes, on le voit manifestement par mon intention et par la fin que je
me propose. Car pour moi, je n’ai pas pour but de plaire aux hommes,
c’est-à-dire mon intention n’est pas de convertir les hommes, pour plaire aux
hommes seulement, mais pour contribuer à la gloire de Dieu. Et cela est
évident, puisque (verset 10) : si je voulais encore plaire aux hommes, comme je l’ai
autrefois voulu, je ne serais pas serviteur de Jésus-Christ. La raison
en est, que ces deux points de vue sont des extrêmes. Et il en serait ainsi,
si je voulais plaire aux hommes pour les hommes mêmes, en ne le rapportant
pas à Dieu. Si en effet je me propose quelquefois de plaire aux hommes pour
les attirer à Dieu, je ne pèche pas, mais si je le fais de la première
manière je ne suis pas serviteur de Jésus-Christ ; (Isaïe XXVIII, 20) : « Le
lit est si resserré que l’un des deux tombera, etc. » ; (Matth., VI, 24) : « Personne
ne peut servir deux maîtres, etc. » ; (Ps., LII, 6) : « Ceux qui veulent plaire aux hommes
sont tombés dans la confusion. » |
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Lectio 3 |
Leçon 3 : Galates I, 11-14 ─ L’Evangile divin prêché par
l’ancien persécuteur
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SOMMAIRE : L’Apôtre prouve que la
doctrine de l’Evangile qu’il a prêché, il ne l’a reçue que de Dieu seul, et
que ce ne fut pas avant sa conversion, puisqu’alors il était lui-même animé
de la haine la plus violente contre Jésus-Christ, et d’un zèle ardent pour le
Judaïsme. |
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[11] et ait germinet terra herbam virentem et facientem semen
et lignum pomiferum faciens fructum iuxta genus suum cuius semen in semet
ipso sit super terram et factum est ita [12] et protulit terra herbam virentem et adferentem semen
iuxta genus suum lignumque faciens fructum et habens unumquodque sementem
secundum speciem suam et vidit Deus quod esset bonum [13] factumque est vespere et mane dies tertius [14] dixit autem Deus fiant luminaria in firmamento caeli ut
dividant diem ac noctem et sint in signa et tempora et dies et annos [87747] Super Gal., cap. 1 l. 3 Supra
apostolus redarguit Galatas de levitate animi, eo quod sic cito dimiserant
doctrinam Evangelii, hic vero ipsius evangelicae doctrinae dignitatem
ostendit. Et circa hoc duo facit. Quia primo commendat auctoritatem doctrinae
evangelicae secundum seipsam; secundo ex parte aliorum apostolorum, et sua
simul, cap. II, ibi deinde post annos quatuordecim, et cetera. Iterum
prima pars dividitur in duas, quia primo proponit intentum; secundo
manifestat propositum, ibi audistis enim, et cetera. Circa primum duo facit. Primo proponit quod
intendit; secundo probat quod proponit, ibi neque enim, et cetera. Intendens
ergo commendare veritatem evangelicae doctrinae, dicit notum vobis,
etc., quasi dicat : ita sum certus de auctoritate Evangelii, quod non solum
hominibus, immo etiam Angelis contrarium non crederem; sed eos si contrarii
essent, anathematizarem. Quam quidem certitudinem ex hoc habeo, quia magis
credendum est Deo quam hominibus, seu Angelis. Et
ideo cum ego habuerim illud Evangelium a Deo, maximam certitudinem habere
debeo et habeo. Et ideo dicit notum enim vobis facio, fratres, Evangelium,
quod evangelizatum est a me vobis et aliis Ecclesiis, quia non est
secundum hominem, id est, secundum humanam naturam discordantem a regula
seu revelatione divina. Et sic
ly secundum hominem, sonat in vitium. I Cor. III, 3 : cum enim sit inter vos zelus et
contentio, et cetera. Et sic accipit hic apostolus. Et ideo dicit non
secundum hominem docentem me vel mittentem : quasi dicat : nullo modo
potest hoc Evangelium haberi ab homine, sed a Deo. Et ideo
subdit neque enim ego ab homine, etc., ubi duplicem modum acceptionis
excludit. Primo quod non habuit ab homine auctoritatem evangelizandi, et
quantum ad hoc dicit neque ab homine, scilicet puro, accepi illud,
id est, auctoritatem evangelizandi Evangelium, sed a Christo. Rom. c. X, 15 :
quomodo praedicabunt, nisi mittantur? Is. XLII, 6 : dedi te in
lucem gentium, et cetera. Act. IX, 15 : vas electionis est mihi iste,
et cetera. Secundo,
quod non accepit scientiam evangelizandi ab homine. Et ideo dicit neque
didici, scilicet Evangelium per hominem purum, sed per revelationem
Iesu Christi, id est, per Iesum Christum omnia clare ostendentem. I Cor.
II, 10 : nobis autem revelavit Deus, etc., Is. l, 5 : dominus Deus
aperuit mihi aurem, et cetera. Et ibid., 4 : dominus dedit mihi
linguam eruditam, ut sciam, et cetera. Haec autem revelatio facta fuit
apostolo, cum raptus fuit in Paradisum, ubi audivit arcana verba quae non
licet homini loqui, II Cor. XII, 4. Consequenter
cum dicit audistis enim, etc., probat propositum, scilicet quod non
accepit ab homine Evangelium, neque ante conversionem, neque post
conversionem ad Christum, ibi cum enim placuit, et cetera. Quod autem
non acceperit ab homine ante conversionem suam, ostendit et per odium quod
habebat ad fidem Christi et ad Christianos, et per fervorem quem habebat ad
Iudaismum, ibi et proficiebam, et cetera. Dicit ergo : dico quod non
accepi ab homine, et hoc ante conversionem meam, quod patet ex factis illius
temporis, et ex odio quod habebam ad fidem. Nam vos ipsi audistis,
infra eodem, tantum autem auditum habebant, etc., conversationem
meam aliquando, dum infidelis eram, in Iudaismo, quo Iudaice
vivebam. Et dicit, meam, quia hoc quod male facimus ex nobis est, ex
Deo autem quidquid boni facimus. Os. XIII, 9 : ex te perditio
tua, Israel, tantummodo in me auxilium tuum. Istud scilicet audistis, quoniam supra modum,
scilicet aliorum, quia non solum per se, sed provocabat principes ad hoc.
Alii enim forte a principibus inducti persequebantur, sed iste eos inducebat.
Act. IX, 1 : Saulus adhuc spirans minarum, etc., accessit, et
cetera. Et quia non
solum in Ierusalem, sed etiam per totam regionem. Unde accepit litteras in Damascum, et
cetera. Unde de eo potest intelligi illud quod dicitur Gen. XLIX, 27 : Beniamin
lupus rapax, et cetera. Persecutus sum Ecclesiam Dei, scilicet inquirendo Christianos et fugando.
I Cor. XV, 9 : non sum dignus vocari apostolus, et cetera. Et expugnabam illam, non quidem spiritualiter, quia corda fidelium
non poteram a fide avertere, sed corporaliter affligendo eos poenis
corporalibus, et ponendo in carcere. Act. IX, 21 : nonne hic est qui,
etc., Ps. CXXVIII, 1 : saepe expugnaverunt me, et cetera. Sic ergo patet, per odium quod habebat ad
fidem Christi ante conversionem, quod non accepit Evangelium ab homine. Patet hoc
etiam per amorem et fervorem zeli, quem habuit ad Iudaismum, et hoc quantum
ad profectum exteriorem. Unde dicit et proficiebam, etc., ubi tria
ponit quae exprimunt profectus magnitudinem, quia supra multos, non
supra paucos proficiebat, non supra senes ineptos ad profectum scientiae, sed
coaetaneos, scilicet adolescentes acutos et aptos ad profectum. Thren.
III, 27 : bonum est viro, cum portaverit iugum ab adolescentia sua. Item non
supra coaetaneos extraneos, quasi ignotae linguae, sed illos qui sunt in
genere meo, scilicet Iudaeorum. Act.
XXII, 3 : ego sum vir Iudaeus, secus pedes Gamalielis eruditus, et
cetera. Item quantum ad zelum interiorem quem habebat ad legem. Et ideo dicit abundantius prae aliis
aemulator existens, non solum legis, sed paternarum mearum traditionum,
scilicet quas habent Iudaei licitas, quas boni patres addiderunt, ut
dicitur in Glossa, quas quidem traditiones vocat suas, quia ita reputabat
eas, ac si suae fuissent. Phil. III, 5 : secundum legem Pharisaeus,
secundum aemulationem persequens, et cetera. Sed
quaestio est super hoc quod dicit Glossa : boni patres addiderunt.
Videtur quod non fuerint boni, quia Deut. IV, 2 dicitur : non addetis ad
verbum quod ego loquor vobis, et cetera. Ergo fecerunt contra mandatum
domini, addentes traditiones, et sic non fuerunt boni. Dicendum est quod
verbum illud domini intelligendum est sic : non addetis aliquid contrarium,
seu extraneum verbis quae ego loquor, et cetera. Addere autem aliqua quae non
sunt contraria, licuit eis, scilicet aliquos dies solemnes et alia similia,
sicut factum est tempore Mardochaei, et tempore Iudith, in memoriam
beneficiorum quae a Deo recipiebant. Contra,
Matth. XV, 6, dominus reprehendit eos, dicens : irritum fecistis mandatum
domini propter traditiones hominum. Non ergo sunt licitae traditiones. Respondeo.
Dicendum est, quod non arguuntur, quod tenent traditiones hominum, sed quia
propter traditiones hominum dimittunt mandata Dei. |
11. Je vous déclare donc, mes
frères, que l’Evangile que je vous ai prêché n’a rien de l’homme; 12. Parce que je ne l’ai pas reçu ni
appris d’aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ. 13. Car vous savez de quelle manière
j’ai vécu autrefois dans le judaïsme, avec quel excès je persécutais l’Eglise
de Dieu, et la ravageais; 14. Me signalant dans le judaïsme
au-dessus de plusieurs de ma nation et de mon âge, et ayant un zèle démesuré
pour les traditions de mes pères. Dans ce qui précède, Saint Paul a repris les Galates de leur légèreté
d’esprit, parce qu’ils avaient si vite abandonné la doctrine de l’Evangile;
il établit ici la dignité de cette doctrine. Dans ce dessein, d’abord il
relève l’autorité de la doctrine de l’Evangile, par ce qu’elle est en
elle-même; ensuite du côté des autres apôtres et de lui-même, (ci après, II,
4) : Quatorze ans après, etc. Le premier de ces points se subdivise en
deux; car I°
il énonce sa proposition; II° il la développe (verset 15) : Car vous
savez, etc. I° Sur la première subdivision, I. il énonce ce qu’il veut établir, II. il prouve ce qu’il a énoncé (verset 12) : parce
que je ne l’ai pas reçu, etc. I. Voulant donc mettre en valeur la vérité
de la doctrine de l’Evangile, il dit (verset 11) : je vous déclare, etc. En
d’autres termes : je suis tellement certain de l’autorité de l’Evangile, que
je ne croirais pas, non seulement les hommes, mais les anges même, s’ils
disaient le contraire, et s’ils le faisaient, je les anathématiserais. Or
cette certitude je la tiens de cette règle qu’il vaut mieux croire à Dieu
qu’aux hommes et qu’aux anges. Par conséquent, ayant reçu cet Evangile de
Dieu lui-même, je dois avoir, et j’ai en effet, le plus haut degré de
certitude. C’est ce qui lui fait dire (verset 14) : Je vous déclare, mes
frères, que cet Evangile que j’ai prêché, et à vous-mêmes, et aux autres
Eglises, n’a rien de l’homme, c’est-à-dire de la nature humaine, en
tant qu’elle s’écarte de la règle ou de la révélation divine. Ainsi cette
expression : « selon
l’homme » indique une défectuosité ; (I Corinth., III, 3) : « Puisqu’il
y a parmi vous des jalousies, des disputes, etc. » C’est dans ce
sens que l’Apôtre l’entend; et voilà pour quoi il dit : n’a rien de l’homme, de
l’homme qui m’aurait ou instruit ou envoyé ; en d’autres termes : En
aucune manière cet Evangile ne saurait venir de l’homme, il vient de Dieu. II. C’est pourquoi il ajoute (verset 12) : parce
que je ne l’ai pas reçu ni appris d’aucun homme, etc., excluant
dans ces paroles deux manières de recevoir l’Evangile. 1° D’abord, parce que ce n’est pas d’un
homme qu’il a reçu la puissance d’annoncer l’Evangile; et quant à cette première
manière il dit (verset 12) : parce que ce n’est pas d’un homme,
c’est-à-dire de quelqu’un qui serait homme seulement, que j’ai reçu cet Evangile, c’est-à-dire l’autorité d’annoncer
l’Evangile, mais de Jésus-Christ, ; (Rom., X, 15) : « Comment
prêcheront-ils, s’ils ne sont envoyés ? » ; (Isaïe, XLII, 6) : « Je vous ai établi
pour être la lumière des nations, etc. » ; (Act., IX, 15) : « Celui-ci
est pour moi un vase d’élection, etc. » 2° Ensuite qu’il n’a pas reçu d’un homme
la science d’annoncer l’Evangile. C’est ce qui lui fait dire (verset 12) : et
je n’ai pas appris, c’est-à-dire l’Evangile, par celui qui ne
serait qu’un homme, mais par la
révélation de Jésus-Christ, c’est-à-dire de Jésus-Christ qui m’a montré
clairement toutes choses ; (I Corinth., II, 10) : « Pour nous
Dieu nous l’a révélé par son esprit, etc. » ; (Isaïe L, 5) : « Le
Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, etc. » ; et (verset 4) : « Le
Seigneur mon Dieu m’a donné une langue savante, afin que je puisse soutenir, etc. »
Or cette révélation a été faite à l’Apôtre, lorsqu’il fut ravi dans le
Paradis, où « il entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas
permis à un homme d’entendre. » (II Corinth., XII, 4). II° Quand l’Apôtre ajoute (verset 1) : Car vous savez etc., il prouve sa proposition c’est-à-dire
qu’il n’a pas reçu d’un homme l’Evangile ni avant sa conversion à
Jésus-Christ , ni même depuis, (verset 15) : car lorsqu’il a plu à Dieu, etc. I. Or que Saint Paul n’ait pas reçu d’un
homme l’Evangile avant sa conversion, il en donne une double preuve et par la
haine qu’il ressentait pour la foi de Jésus-Christ et les chrétiens, et par le zèle qu’il professait pour le
Judaïsme, (verset 4) : me signalant dans le Judaïsme, etc.
Il dit donc : Je déclare que je n’ai reçu l’Evangile d’aucun homme, et cela
avant ma conversion, ce qui est manifeste par ce qui s’est passé alors, et
par la haine que je portais à la foi. Car vous mêmes, (verset 13) vous
savez de quelle manière (ci-après, I, 23) : Ils avaient seulement
entendu dire, etc.- Vous savez donc de quelle manière j’ai vécu autrefois
(pendant que j’étais infidèle) dans le
Judaïsme, c’est que je vivais à la manière des Juifs. Et il dit : la
manière dont j’ai vécu, parce que ce que nous faisons de mal vient de
nous-mêmes; tout ce que nous faisons de bien, vient de Dieu ; (Osée,
XIII, 9) : « Votre perte vient de vous, ô Israël ! de moi, vous ne
pouvez qu’attendre du secours! » Or, ce que vous avez appris, c’est
qu’au-delà de toute mesure, que les
autres gardent encore, parce que non seulement il persécutait par lui-même,
mais il y provoquait les chefs de la nation, car les autres étaient peut-être
poussés à persécuter par ces derniers, mais lui poussait les instigateurs ;
(Actes, IX, 1) : « Cependant Saul, ne respirant encore que menaces, etc..,
vint, etc. » Et encore parce qu’il agissait ainsi, non seulement à
Jérusalem, mais dans tout le pays : C’est
de là qu’il reçut des lettres pour les synagogues de Damas, etc.
On peut donc entendre de lui ce qui est dit dans la Genèse (XLIX, 27) : « Benjamin
sera comme un loup ravisseur, etc. » (verset 15) : J’ai persécuté
l’Eglise de Dieu, c’est-à-dire en recherchant les chrétiens, et en les mettant
en fuite ; (I Corinth., XV, 9) : « Je ne suis pas digne d’être
appelé apôtre, etc. » (verset 13) : et je l’ai ravagée,
non pas, à la vérité, spirituellement, parce que je ne pouvais détourner de
la foi les coeurs des fidèles, mais physiquement, en les tourmentant par des
afflictions corporelles et en les jetant en prison ; (Actes, XX, 21) : « N’est-ce
pas celui qui, etc. » ;
(Ps., CXXVIII, 1) : « [Qu’Israël dise maintenant] : Ils m’ont souvent
attaqué dans ma jeunesse! » Il est donc évident, par la haine que
Paul ressentait contre la foi au Christ avant sa conversion, qu’il n’a pas
reçu d’un homme l’Evangile. II. Il ne l’est pas moins par la passion et
l’ardeur du zèle qu’il avait pour le Judaïsme, et cela quant à sa profession
extérieure; c’est ce qui lui fait dire (verset 14) : Et je me signalais, etc.
Dans ces paroles, il fait entrevoir trois circonstances qui expriment l’importance
de ces progrès. 1° Car
Il se signalait au-dessus, non pas d’un petit nombre seulement,
mais de plusieurs, non pas au-dessus de vieillards inhabiles aux
progrès de la connaissance, mais de son âge, c’est-à-dire de jeunes gens
à l’esprit actif, et propres à avancer ; (Lament., III, 27) : « Il
est bon à l’homme de porter le joug dès sa jeunesse. » 2° Et encore, non pas au-dessus des jeunes
gens de son âge, étrangers, et ignorant la langue hébraïque, mais de sa
propre nation, c’est-à-dire Juifs comme lui ; (Act., XXII, 5) :
« Je suis Juif, élevé à Jérusalem aux pieds de Gamaliel, etc. »
3° Il le prouve encore par le zèle
intérieur qu’il avait pour la Loi; c’est ce qui lui fait dire (verset 14) : J’avais
un zèle bien au-dessus de celui des autres, non seulement pour la Loi, mais pour les traditions de mes pères,
c’est-à-dire celles de ces traditions que les Juifs regardent comme
légitimes, et venues de Juifs
véritables, comme remarque la Glose; il appelle ces traditions « miennes »,
parce qu’il les regardait comme si elles eussent été telles ; (Philipp.,
III, 5) : « Pharisiens selon la Loi, persécutant l’Eglise de Dieu par
zèle pour le Judaïsme, etc. » Il se présente une difficulté sur ce que dit la Glose : « Les
traditions apportées par les Juifs véritables. » Il semble que ces
Juifs n’aient pas été tels, car il est dit au Deutéronome (IV, 2) : « Vous
n’ajouterez rien aux paroles que je vous dis, etc. » ; ils ont donc agi contre la
défense du Seigneur, en ajoutant ces traditions. Il faut répondre que cette parole
du Seigneur doit être entendue dans ce sens : vous n’ajouterez aux paroles
que je vous dis, rien de contraire ou d’étranger, etc. Il leur était donc
permis d’ajouter quelque chose, mais qui n’était pas contraire, par exemple
la célébration de quelques solennités et d’autres choses semblables, ainsi
qu’il arriva au temps de Mardochée et de Judith, en mémoire des bienfaits
qu’ils recevaient de Dieu. On objecte ce qui est dit en saint Matthieu (XV, 3), passage où Notre
Seigneur reprend les Juifs, en disant : « Pourquoi vous-mêmes
violez-vous le commandement de Dieu pour votre tradition ? » Ces
traditions ne sont donc pas licites ? Il faut répondre que les Juifs ne sont
pas critiqués parce qu’ils gardent les traditions humaines, mais parce que,
pour ces traditions, ils laissent de côté les commandements de Dieu. |
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Lectio 4 |
Leçon 4
: Galates I, 15-17 ─ L’origine divine de l’Evangile
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SOMMAIRE : L’Apôtre établit qu’il n’a reçu
l’Evangile d’aucun homme, ni au temps de sa conversion, ni depuis. |
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[15] ut
luceant in firmamento caeli et inluminent terram et factum est ita [16]
fecitque Deus duo magna luminaria luminare maius ut praeesset diei et
luminare minus ut praeesset nocti et stellas [17] et
posuit eas in firmamento caeli ut lucerent super terram [87748] Super Gal., cap. 1 l. 4 Postquam autem apostolus ostendit quod ipse
non accepit ab homine Evangelium ante suam conversionem, nunc hic probat quod
non accepit ipsum ab homine post conversionem suam. Et circa hoc duo facit. Primo ostendit quod non
recepit Evangelium ab homine tempore conversionis suae; secundo quod nec
etiam post conversionem suam, ibi deinde post annos tres, et cetera.
Circa primum duo facit. Quia primo ostendit quod non accepit Evangelium ab
apostolis, neque didicit; secundo quod non ab aliis fidelibus, ibi sed
abii in Arabiam, et cetera. Circa
primum tria facit. Primo ostendit causam efficientem suae conversionis;
secundo finem, ibi ut revelaret, etc.; tertio modum, ibi continuo
non acquievi, et cetera. Circa
primum notat causam suae conversionis, quae duplex est, scilicet beneplacitum
Dei, quod est divina electio, et convertentis vocatio. Quantum ad
primum dicit cum autem placuit, scilicet Deo, non quando volui ego,
sed quando placitum fuit sibi, quia non est volentis neque currentis,
etc., ut dicitur Rom. IX, 16. Ps. CXLVI, 11 : beneplacitum est domino,
et cetera. Phil. II, 13 : Deus est qui operatur in nobis, et cetera. Qui,
scilicet Deus, me, scilicet rebellem I Cor. XV, 9 : ego sum minimus
apostolorum, etc., quoniam persecutus sum, et cetera. Act. c. IX,
1 : Saulus adhuc spirans minarum, et cetera. Persecutorem : Saule, Saule,
quid me persequeris, etc. blasphemum I Tim. I, v. 13 : qui fui
blasphemus, et cetera. Me, talem,
inquam, segregavit ex utero matris meae. Vel ad litteram : qui fecit
me nasci ex ventre matris meae. Et vere dicitur Deus segregare ex utero,
licet sit opus naturae, quae est quasi instrumentum Dei, quia opera etiam
nostra attribuuntur Deo, sicut principali auctori, Is. c. XXVI, 12 : omnia
enim opera nostra operatus es in nobis, etc., sicut et effectus
principali agenti attribuuntur. Ideo dicitur Iob X, v. 11 : pelle et
carnibus vestisti me, et cetera. Et ab hoc utero segregatus est ad
iustificationem, quia eiusdem est iustificare, cuius est condere. Ps. XXI, 11
: de ventre matris meae, et cetera. Vel : ex utero matris meae,
scilicet synagogae, cuius uterus est collegium Pharisaeorum, qui nutriebant
alios in Iudaismo. Matth. XXIII, v. 15 : circuitis mare et aridam, ut
faciatis, et cetera. Sic ergo mater sua fuit synagoga. Cant. c. I, 5 : filii
matris meae pugnaverunt contra me, et cetera. Uterus eius sunt Pharisaei. Ex hoc ergo utero est
segregatus per spiritum sanctum ad fidem Evangelii. Rom. I, 1 : segregatus
in Evangelium Dei. Vel mater sua est Ecclesia Christi; uterus eius,
collegium apostolorum. Segregavit ergo Deus ipsum ab utero Ecclesiae, id est,
a collegio apostolorum in officium apostolatus et praedicationis ad gentes,
quando dixit apostolis, Act. XIII, 2 : segregate
mihi Barnabam et Paulum, et cetera. Vocat autem synagogam matrem suam,
quia Pharisaeus erat, quasi magnus in ea, dum dicitur Pharisaeus, et ex
Pharisaeis, quia zelator legis erat. Supra : abundantius autem aemulator,
et cetera. Quantum
autem ad aliam causam dicit et vocavit, et cetera. Est autem duplex
vocatio. Una est exterior, et sic dicit : vocavit me caelesti voce.
Act. IX, 4 : Saule, Saule, quid me persequeris? et cetera. Vade in
civitatem, et cetera. Sic etiam alios apostolos vocavit. Alia est
interior, et sic vocavit per quemdam instinctum interiorem, quo Deus per
gratiam tangit cor, ut convertatur ad ipsum, et sic vocavit a mala via
in bonam, et hoc per gratiam suam, non nostris meritis. Rom. VIII, 30
: quos praedestinavit, hos et vocavit, et cetera. Is. XLV, 13 : suscitavit
eum ad iustitiam, et cetera. Amos, V, 8 : qui vocat aquas maris,
et cetera. Finis
autem conversionis ponitur, cum dicit ut revelaret filium, etc., qui
quidem finis est Christus. Ordinatur autem conversio sua ad Christum
dupliciter, scilicet facto, et sic dicit ut revelaret filium suum, id
est, in eo quod circa me fecit, convertendo me et dimittendo peccata mihi,
revelaret quanta sit mihi facta misericordia. I Tim. I, 15 s. : Christus
Iesus venit in hunc mundum peccatores salvos facere, et cetera. Sed
ideo misericordiam Dei consecutus sum, quia ignorans, et cetera. Sic ergo revelavit in eius conversione
filium suum, et hoc inquantum filius dicitur gratia Dei. Item revelavit eum
in eius operatione; unde dicebat ipse, Rom. XV, 18 : non enim audeo
aliquid loqui eorum, quae per me non effecit Christus in obedientiam gentium,
in verbo, in factis, et virtute, et cetera. Et hoc inquantum filius virtus est Dei. Item
revelavit eum in eius praedicatione; unde ipse dicebat, I Cor. I, 23 : nos
praedicamus, etc., usque et Dei sapientiam. Et hoc inquantum
filius eius dicitur Dei sapientia. Item
ordinatur ad Christum sua conversio verbo, et sic dicit ut evangelizarem
illum in gentibus, quia, aliis apostolis evangelizantibus Christum
Iudaeis, Paulus de mandato domini ivit ad gentes convertendas. Is. c. XLIX, 6
: parum enim est mihi, ut sis mihi servus, etc., dedi te in lucem,
et cetera. Act. XIII, v.
47 : sic enim praecepit, et cetera. Isaïe, LV, 4 : ecce
testem populis dedi eum, ducem ac praeceptorem gentibus. Modus
autem suae conversionis est perfectus, et quantum ad effectum; unde dicit continuo
non acquievi carni et sanguini, id est, statim ita perfecte fui
conversus, quod omnis carnalis affectus recessit a me. Eccli. c. XI, 23 : facile
est enim in oculis domini subito honestare pauperem. Et accipitur hic
caro et sanguis pro vitiis carnalibus. I Cor. XV, 50 : caro et sanguis
regnum Dei non possidebunt, et cetera. Infra V, 17 : caro concupiscit,
et cetera. Vel pro affectu et amore ad carnaliter sibi coniunctos. Matth. c.
XVI, 17 : caro et sanguis non revelavit tibi, et cetera. Sic apostolus
et vitia sua superavit, et suos Iudaeos contempsit. Item
quantum ad intellectum; quia ita fuit instructus a Christo, quod non fuit ei
necesse instrui ab apostolis. Et ideo dicit nec veni Ierosolymam, ut
scilicet ab eis instruerer. Item non
fuit necesse instrui ab aliis fidelibus. Et ideo dicit sed abii in Arabiam,
etc., quasi dicat : non ivi ad loca ubi erant alii fideles, ut me
instruerent, sed ivi in Arabiam, ubi non erant edocti in fide, sed infideles.
Et iterum reversus sum Damascum, scilicet ad parentes. Iob XXXVIII, 25
: quis dedit vehementissimo imbri cursum, et cetera. Sed contra
dicitur Act. IX, 25 quod demiserunt eum de muro per sportam, et
cetera. Cum autem venisset Ierusalem, tentabat se iungere discipulis. Venit
ergo Ierusalem. Dicendum est quod venit, sed non ut instrueretur. Vel,
melius, dicendum est quod non statim venit, sed post aliquod tempus, et ideo
sequitur deinde post annos, et cetera. |
15. Mais lorsqu’il a plu à Dieu, qui
m’a choisi particulièrement dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa
grâce, 16. De me révéler son Fils, afin que
je prêche parmi les nations, je l’ai fait aussitôt, sans prendre conseil de
la chair et du sang : 17. Et je ne suis pas retourné à
Jérusalem, vers ceux qui étaient Apôtres avant moi; mais je m’en suis allé en
Arabie, et puis je suis encore revenu à Damas. Après avoir établi qu’il n’a reçu l’Evangile d’aucun homme avant sa
conversion, l’Apôtre, prouve ici qu’il ne l’a pas reçu davantage d’un homme
depuis cette conversion. Premièrement il prouve qu’il n’a pas reçu l’Évangile
d’un homme au temps de sa conversion; secondement ni même après cette
conversion, (verset 18) : Ainsi trois ans s’étant écoulés, etc. Sur le
premier de ces points, l’Apôtre prouve I° qu’il n’a ni reçu ni appris, des autres
apôtres, l’Evangile qu’il a annoncé; II° qu’il ne l’a pas appris des autres fidèles
(verset 17) : Moi je m’en suis allé en Arabie, etc. I° Sur la première de ces
subdivisions, Saint
Paul fait voir I. quelle est la cause efficiente de sa conversion; II.
la fin de cette conversion (verset 16) : afin de faire connaître, etc. ; III. son mode (verset 16) : Aussitôt,
sans prendre conseil, etc. I. L’Apôtre explique donc d’abord la cause
de sa conversion; cette cause est double : le bon plaisir de Dieu, ce qui
comprend l’élection divine, et la vocation de la part de Dieu qui opère la
conversion. 1° Quant à la première, il dit (verset 15)
: Lorsqu’il lui a plu, c’est-à-dire à Dieu ; non quand je l’ai
voulu, moi, mais quand cela lui a plu à Lui, « car cela ne dépend ni
de celui qui veut, ni de celui qui court, » comme il est dit
(Rom., IX, 16); et (Ps., CXLVI, 11) : « Le Seigneur met son plaisir
en, etc.; (Philipp., II,
13) : « C’est Dieu qui opère en nous, etc. » Dieu donc,
pendant que j’étais rebelle (I Corinth., XV, 9) : « Je suis le moindre
des Apôtres, etc. » parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu, etc. » ; (Act., IX, I) : « Saul ne
respirant que menaces, etc. » Persécuteur : « Saul, Saul,
pourquoi me persécutez-vous ? » Blasphémateur : (I Timoth., I, 13) :
« Moi, qui étais auparavant un blasphémateur, etc. » …m’a choisi, dis-je, pendant que j’étais tel, et choisi
dès le sein de ma mère. Ou, à la lettre, qui m’a fait naître du sein de
ma mère. C’est, en effet, avec vérité que l’on dit que Dieu fait naître du
sein de la mère, bien que ce soit l’oeuvre de la nature, car elle est comme
l’instrument de Dieu, puisque tout ce que nous accomplissons est attribué à
Dieu, comme à leur auteur principal (Isaïe, XXVI, 12) : « C’est vous,
Seigneur, qui avez fait en nous toutes nos œuvres, etc. » ; de même qu’on attribue l’effet au
principal agent. C’est pourquoi il est dit au livre de Job. (X, 11) : « Vous
m’avez revêtu de peau et de chair, etc. » Il l’a fait naître du sein
de sa mère pour être justifié, car la justification appartient à celui qui donne
l’existence ; (Ps., XXI, 11) : « [Vous avez été mon Dieu], dès
l’instant où je quittai le sein de ma mère, etc. » Ou bien encore : « du
sein de ma mère, » c’est-à-dire de la synagogue dont le sein était
le collège des Pharisiens, qui entretenaient les autres dans le Judaïsme ;
(Matth., XXIII, 15) : « Vous parcourez la mer et la terre pour faire
un prosélyte, etc. » C’est donc ainsi que la synagogue fut sa mère ;
(Cant., I, 5) : « Les enfants de ma mère se sont élevés contre moi, etc. »
Le sein dont Saint Paul est sorti est le collège des Pharisiens : c’est de ce
sein que l’Esprit de Dieu l’a fait naître, pour la foi à l’Evangile ;
(Rom., I, 1)
: « Paul, séparé pour annoncer l’Evangile de Dieu, etc. » Ou
encore, sa mère fut l’Eglise de Jésus-Christ; le sein dont il est sorti est
le collège apostolique. Dieu a donc fait naître Paul du sein de l’Eglise,
c’est-à-dire du collège des apôtres pour l’office de l’apostolat et de la
prédication parmi les Gentils, quand il dit aux Apôtres (Act., XIII, 2) : « Séparez-moi
Paul et Barnabé, etc. » Or il appelle la synagogue « sa mère », parce qu’il était
Pharisien, et à ce titre, comme tenant au milieu d’elle un rang considérable,
en s’appelant de ce nom; et d’entre les Pharisiens, parce que entre tous les
autres il avait un zèle ardent pour la loi (ci-dessus, I, 14) : ayant
un zèle démesuré pour la tradition de mes pères, etc. 2° Saint Paul indique la seconde cause de
la conversion, quand il dit (verset 15) : Il m’a appelé, etc. Or il y
a deux sortes de vocations : l’une extérieure; c’est de celle-ci dont il dit
(verset 15) : Il m’a appelé, d’une voix céleste ; (Act., IX, 4) :
« Saul, Saul, pour quoi me
persécutez-vous ?, etc. » (et verset 7) : « Levez-vous, et
entrez dans la ville, etc. » C’est de cette manière qu’il appela
aussi les autres Apôtres. L’autre intérieure; et Dieu l’appela ainsi par une
sorte d’inspiration intime, au moyen de laquelle, par la grâce, il touche le
coeur, afin de l’attirer à lui : c’est ainsi qu’il nous appelle d’une mauvaise voie à une bonne; et cela par sa grâce, et non en vertu de nos
mérites ; (Rom., VIII, 30) : « Et ceux qu’il a prédestinés il
les a aussi appelés, etc. » ; (Isaïe., XLV, 13) : « C’est moi qui l’ai suscité
pour la justice, etc. » ;
(Amos, V, 8) : « Il appelle les eaux de la mer, etc.. « II. Lorsqu’il ajoute (verset 16) : pour
révéler son Fils, etc., Saint Paul indique la fin de sa
conversion; or cette fin, c’est Jésus-Christ. En effet, sa conversion s’y
rapporte de deux manières, à savoir, 1° de fait, c’est ce qui lui fait dire
(verset 16) : pour révéler son Fils ; en d’autres termes : en ce qu’il a fait à mon égard par ma
conversion, et par la rémission de mes iniquités, il voulait révéler quelle
avait été sa miséricorde à mon égard ; (I Timoth., I, 15) : « Jésus-Christ
est venu dans le monde sauver les pécheurs, etc. », « mais aussi, j’ai reçu
miséricorde, parce que j’avais agi ainsi par ignorance, etc. » Ainsi
donc, Dieu, dans la conversion de Paul, a révélé son Fils, en tant que ce
Fils est appelé « la grâce de Dieu ». De plus, il l’a révélé par
ses oeuvres; ce qui faisait dire à Saint Paul lui-même (Rom., XV, 18) : « Car
je n’oserais parler de ce que Jésus-Christ n’aurait pas fait par moi pour
amener les Gentils à l’obéissance par la parole, par les oeuvres, et par la
vertu, etc. » ; et
ceci en tant que ce Fils est la puissance de Dieu. Il l’a révélé encore dans
sa prédication; c’est pourquoi l’Apôtre disait lui-même (I Corinth., I, 23) :
« Pour nous, nous prêchons, etc. » et la suite jusqu’à ces
mots : « qui est la sagesse de Dieu » ; et ceci en tant que ce Fils est
appelé la sagesse de Dieu. 2° La conversion de Paul se rapporte à
Jésus-Christ à cause du ministère de la parole. C’est dans ce sens qu’il dit
(verset 16) : afin que je le prêche parmi les nations, parce que pendant
que les autres apôtres annonçaient Jésus-Christ aux Juifs, Paul, par l’ordre
de Dieu, alla vers les nations afin de les convertir ; (Isaïe, XLIX, 6)
: « C’est peu que vous me serviez, etc. je vous ai établi pour être
la lumière des nations, etc. » ; (Act., XIII, 47) : « Car le Seigneur nous l’a
ainsi commandé, etc. « et (Isaïe, LV, 4) : « Je m’en vais le
donner pour témoin aux peuples, pour maître et pour chef aux Gentils. » III. La conversion de l’Apôtre, quant à son
mode, fut parfaite; 1° dans son effet; c’est ce qui lui fait
dire (verset 16) : Soudain, sans consulter la chair et le sang, »
c’est-à-dire dès le premier instant, ma conversion a été si parfaite que
toute affection charnelle s’est éloignée de moi ; (Ecclésiastique XI,
23) : « Il est aisé à Dieu d’enrichir tout d’un coup celui qui est
pauvre. » Ici, la chair et le sang sont pris pour les vices charnels ;
(I Corinth., XV, 50) : « La chair et le sang ne peuvent posséder le
royaume de Dieu, etc. » ;
(ci-après, V, 17) : La chair a des désirs contraires, etc. Ou
bien encore pour l’affection et l’amour à l’égard de ceux qui lui étaient
unis par les liens de la chair ; (Matth., XVI, 17) : « Ce n’est
pas la chair, ni le sang qui vous ont révélé ceci, etc. » Ainsi
l’Apôtre a triomphé de ses vices, et ne s’est pas laissé séduire par les
Juifs de sa nation. 2° Sa conversion est parfaite encore quant
à l’intelligence, car il fut tellement instruit par Jésus-Christ qu’il devint
superflu qu’il le fût par les Apôtres. Et voilà pourquoi il dit (verset 17) :
Et je ne suis pas retourné à Jérusalem, afin d’être instruit par les Apôtres. II° Il ne fut pas davantage
nécessaire qu’il fût instruit par les autres fidèles; c’est pourquoi l’Apôtre dit (verset 17)
: Mais je suis allé en Arabie, en d’autres termes : je ne me suis pas
rendu dans des contrées qu’auraient habitées des fidèles, afin de m’en faire
instruire, mais je suis allé en Arabie où n’habitaient pas des fidèles
instruits dans la foi, mais des infidèles; (verset 17) : et je suis revenu de nouveau
à Damas, c’est-à-dire vers ma famille ; (Job, XXXVIII, 25) : « Qui
a donné cours aux pluies impétueuses, etc.? » On objecte ce qui est dit aux Actes (IX, 25) que « Les disciples
le descendirent durant la nuit dans une corbeille par la muraille, etc. »
qu’étant ainsi venu à Jérusalem,
il cherchait à se joindre aux disciples. Il est donc venu à Jérusalem. Il faut répondre qu’il est en effet venu dans cette ville, mai non pour
se faire instruire. Ou peut-être mieux encore, qu’il y est venu, non pas immédiatement,
mais quelque temps après. Voilà pourquoi il dit en suite (verset 18) : Ainsi
trois ans après, etc.. |
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Lectio 5 |
Leçon 5 : Galates I, 18-24 ─ Paul approuvé par les Apôtres
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SOMMAIRE : Que la doctrine de Saint
Paul a été approuvée par les autres Apôtres et les disciples, mais qu’il ne
l’a nullement reçu d’eux. |
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[18] deinde post annos tres veni Hierosolyma videre Petrum et
mansi apud eum diebus quindecim [19] alium autem apostolorum vidi neminem nisi Iacobum fratrem
Domini [20] quae autem scribo vobis ecce coram Deo quia non mentior [21] deinde veni in partes Syriae et Ciliciae [22] eram autem ignotus facie ecclesiis Iudaeae quae erant
in Christo [23] tantum autem auditum habebant quoniam qui persequebatur
nos aliquando nunc evangelizat fidem quam aliquando expugnabat [24] et in me clarificabant Deum [87749] Super Gal., cap. 1 l. 5 Postquam superius apostolus ostendit se non
accepisse Evangelium ab homine ante conversionem suam, nec tempore suae
conversionis, hic probat quod nec etiam post conversionem accepit ipsum ab
homine; sed potius hic ostendit quomodo doctrina sua fuit ab hominibus
approbata. Et circa hoc duo facit. Primo enim manifestat quomodo doctrina sua
fuit ab apostolis approbata; secundo ostendit qualiter fuit approbata ab
aliis fidelibus, ibi deinde veni in partes, et cetera. Et primo
narrat factum; secundo confirmat veritatem dicti, ibi ecce coram Deo,
et cetera. Dicit ergo : licet non iverim ad apostolos, ut instruerer ab eis
circa principium meae conversionis, quia iam eram instructus a Christo, tamen
ex affectu charitatis compulsus, post annos tres, scilicet
conversionis meae, veni Ierosolymam, quoniam iamdiu desideravi videre
Petrum, non ut discerem ab eo, sed ut visitarem eum. Iob c. V, 24 : visitans
speciem tuam, et cetera. Et mansi apud eum diebus quindecim,
repertus ab eo, ut verax apostolus. Et dicit diebus quindecim, quia
numerus iste componitur ex octo et septem. Octonarius autem est numerus novi
testamenti, in quo expectatur octava resurgentium; septenarius autem, numerus
veteris testamenti, quia celebrat septimam diem. Mansit autem apud Petrum
diebus quindecim, conferens cum eo de mysteriis veteris testamenti et novi.
Et ne credatur quod licet non sit instructus a Petro, esset tamen etiam
instructus ab aliis, subdit quod nec ab aliis fuit instructus. Unde dicit alium
autem apostolorum, a quo instruerer, vidi neminem, id est nullum, nisi
Iacobum fratrem domini. Illum enim vidit in Ierusalem. Circa
istum Iacobum sciendum est, quod iste fuit episcopus Ierosolymorum, et fuit
vocatus Iacobus minor, eo quod vocatus fuerat post Iacobum alium. Dicuntur autem multa de isto Act. XV, 13 ss. Ipse etiam fecit
epistolam canonicam. Quare autem dicatur frater domini, a diversis
diversimode dicitur. Elvidius enim dicit, quod ideo dicitur frater domini,
quia fuit filius beatae virginis. Dicit enim
quod beata virgo Christum concepit et peperit, et post partum Christi
concepit de Ioseph, et peperit alios filios. Sed hic error est damnatus et
reprobatus. Item patet esse falsum, quia Iacobus non fuit filius Ioseph, sed
Alphaei. Alii vero
dicunt, quod Ioseph ante beatam virginem habuit aliam uxorem, de qua habuit
filium Iacobum et alios, qua mortua, accepit in uxorem beatam virginem, de
qua natus est Christus, non tamen cognita a Ioseph, sed per spiritum sanctum,
ut in Evangelio dicitur. Quia ergo ex patre nominantur cognationes, et Ioseph
putabatur pater Christi, ideo iste Iacobus, licet non fuit filius virginis,
tamen vocabatur frater domini. Sed hoc est falsum, quia si dominus matrem
virginem noluit nisi virgini commendare custodiendam, quomodo sustinuisset
sponsum eius, virginem non fuisse, et sic perstitisse? Ideo alii
dicunt, et in Glossa tangitur, quod Iacobus iste fuit filius Mariae Cleophae,
quae fuit soror virginis. Dicunt enim quod Anna mater beatae virginis nupsit
primo Ioachim, ex quo peperit Mariam, matrem domini, quo mortuo, nupsit
Cleophae fratri Ioachim, ex quo peperit Mariam Cleophae, et ex hac natus est
Iacobus minor, Iudas et Simon, quo mortuo, dicitur quod nupsit adhuc cuidam
tertio, qui vocatus est Salome, ex quo concepit et peperit aliam Mariam, quae
dicta est Salome, et de hac natus est Iacobus maior, et Ioannes, frater eius.
Sed huic
opinioni dupliciter contradicit Hieronymus. Primo quia Salome non est nomen
viri, ut etiam in Graeco apparet, sed est nomen mulieris, quae fuit soror
beatae virginis, et ex Zebedaeo genuit Iacobum maiorem et Ioannem, sicut Maria
Cleophae ex Alphaeo genuit Iacobum minorem, Iudam et Simonem. Dicitur autem
frater domini iste Iacobus, specialiter inter alios suos consobrinos, et hoc
propter duo, primo propter similitudinem effigiei, quia similis erat Christo
in facie; et propter similitudinem vitae, quia imitabatur Christum in
moribus. Vel quia Alphaeus pater eius fuit de cognatione Ioseph. Et ideo quia
Iudaei cognationis lineam texere solent a maribus, et Christus putabatur
filius Ioseph, ut dicitur Lc. III, 23, ideo specialiter dictus est frater
domini, et non alii, qui solum ex matre coniuncti erant ei. Accipitur autem hic frater cognatione. Nam in Scriptura fratres aliquando dicuntur
natura. Matth. I, 2 : Iacob autem genuit Iudam et fratres eius.
Cognatione, sicut omnes consanguinei sunt fratres. Gen. XIII, 8 : ne,
quaeso, sit iurgium inter te et me, fratres enim sumus. Gente, et sic
omnes unius linguae dicuntur fratres. Deut. XVII, 15 : non poteris
alterius gentis hominem regem facere, qui non sit frater tuus.
Affectione, et sic omnes amici, et qui habent eumdem affectum dicuntur
fratres. II Cor. II, 13 : eo quod non invenerim Titum fratrem meum, et
cetera. Religione, et sic omnes Christiani qui habent unam regulam vitae,
dicuntur fratres. Matth. XXIII, v. 8 : fratres estis, et cetera. Ps.
CXXXII, 1 : ecce quam bonum et quam iucundum habitare fratres in unum,
et cetera. Communiter autem omnes homines dicuntur fratres, quia ab uno Deo
gubernati et educati. Mal. II, 10 : numquid non unus est pater omnium
nostrum, et cetera. Consequenter
cum dicit quae autem scribo vobis, etc., confirmat per iuramentum quod
dixerat, quasi dicat : ea quae nunc scribo vobis de me, ecce
in manifesto sunt, ita quod satis constat quia non mentior. Et hoc
dico, coram Deo, id est, teste Deo. Iurat autem hic apostolus non ex
levitate, sed ex necessitate istorum, quibus necessarium erat, ut crederent. Nisi enim hoc faceret, non crederent ei. II
Cor. II, 17 : coram Deo in Christo loquimur. Rom. I, 9 : testis est mihi Deus, et
cetera. Quid ergo dicit dominus : sit sermo vester, est, est; non, non;
quod amplius est, a malo est? Dicendum est, quod est a malo eius qui non
credit, vel a malo poenae quo cogitur quis iurare. Consequenter
cum dicit deinde veni, etc., ostendit quomodo fuit approbatus ab aliis
Ecclesiis Iudaeae. Ubi tria facit. Primo
ostendit ubi fuit conversatus, quia in Cilicia. Unde dicit deinde veni in
partes Syriae et Ciliciae, scilicet patriae; unde etiam fuit raptus :
quia dicitur Act. XXII, 3 : erat autem Paulus a Tharso Ciliciae, et cetera.
Secundo
quomodo fuit cognitus ab eis, quia non facie, sed auditu tantum et fama. Unde dicit eram enim ignotus facie
Ecclesiis Iudaeae quae erant in Christo, id est, in fide Christi. II Cor. VI, 8 : sicut qui ignoti et cogniti.
Unde patet quod Ecclesiae Iudaeae non docuerunt me. Tantum enim auditum
habebant, scilicet de me per famam, quoniam qui persequebatur, et
cetera. Tertio
quomodo approbatus est ab eis, quia in me glorificabant Deum, id est,
in mea conversione magnificum probabant, qui gratia sua me convertit. Is.
XLIII, 20 : glorificabit me bestia, et cetera. |
18. Ainsi trois ans s’étant écoulés,
je retournai à Jérusalem pour visiter Pierre, et je demeurai quinze jours
avec lui; 19. Et je ne vis aucun des autres
Apôtres, sinon Jacques, frère du Seigneur. 20. Je prends Dieu à témoin que je
ne vous mens pas en tout ce que je vous écris. 21. J’allai ensuite en Syrie et en
Cilicie. 22. Or les Eglises de Judée qui
croyaient dans le Christ, ne me connaissaient pas de visage. 23. Les fidèles avaient seulement
oui dire : Celui qui autrefois nous persécutait, annonce maintenant la foi
qu’il s’efforçait de détruire 24. Et ils rendaient gloire à Dieu à
mon sujet. Après avoir établi dans ce qui précède, qu’il n’a reçu d’aucun homme
l’Evangile, ni avant sa conversion, ni au temps même de cette conversion,
l’Apôtre prouve ici qu’il ne l’a pas non plus reçu d’un homme depuis sa
conversion; mais il fait voir surtout que sa doctrine a obtenu l’approbation
des hommes. A cette fin il explique I° comment cette doctrine a été approuvée par
les Apôtres; II°
comment elle l’a été par les autres fidèles (verset 24) : J’allai ensuite en
Syrie et en Cilicie, etc. I° Il rapporte d’abord les faits; ensuite il confirme la vérité de ce
qu’il vient d’avancer (verset 20) : Je prends Dieu à témoin que je ne mens
pas, etc. I. Il dit donc : bien que je ne sois pas
allé m’instruire auprès des Apôtres au commencement de ma conversion, parce
que, dès ce moment, j’étais déjà instruit par Jésus-Christ, toutefois, poussé
par un sentiment de charité, (verset ‘18) : trois ans après,
c’est-à-dire après ma conversion, je revins à Jérusalem, parce que
depuis longtemps je désirais voir Pierre, non pour être instruit par
lui, mais pour le visiter (Job, V,24) : « Visitant votre famille, etc. »
- (verset 18) : et je demeurai quinze jours avec lui, reconnu
par lui comme un Apôtre véritable. Saint Paul dit : quinze jours,
parce que ce nombre se compose de huit et de sept. Huit, c’est le nombre de
l’alliance nouvelle, dans laquelle on espère l’octave de la Résurrection;
sept, c’est le nombre de l’alliance ancienne, qui célébrait le septième jour.
Or il est demeuré avec Pierre pendant quinze jours, conférant avec cet Apôtre
du mystère de l’ancien et du nouveau Testament. Et pour qu’on ne croie pas
que, s’il n’a pas été instruit par Pierre, il l’a été cependant par d’autres,
il ajoute qu’il n’en a pas été ainsi ; (verset 19) : et
des autres apôtres, par qui j’aurais pu être instruit, je ne
vis personne, c’est-à-dire aucun
apôtre, si ce n’est Jacques, le frère du Seigneur. » En
effet, il vit cet Apôtre à Jérusalem même. Sur saint Jacques, il faut se rappeler qu’il fut Evêque de Jérusalem, et
qu’il était désigné sous le nom de Jacques-le-Mineur, parce qu’il avait été
appelé à la foi après l’autre Jacques. Il est beaucoup parlé de lui au ch.
XV, 13 sv. des Actes. Il écrivit aussi un Epître canonique. On explique
diversement le motif qui le fit appeler « frère du Seigneur ». Helvidius (Arien disciple
d’Auxence) a avancé qu’il
reçut ce nom, parce qu’il fut le Fils de la Bienheureuse Vierge. Il prétend
que la Bienheureuse Vierge conçut et enfanta Jésus-Christ, et qu’après la
naissance de Jésus-Christ elle conçut de Joseph et eut ainsi d’autres
enfants. Mais cette erreur est condamnée et réprouvée. On en voit encore la
fausseté, en ce que Jacques-le-Mineur ne fut pas fils de Joseph, mais
d’Alphée ; [(Matth., X, 3; Marc, III, 18)]. D’autres prétendent que
Joseph, avant de s’unir à la Bienheureuse Marie, eut une autre épouse, dont
il eut ce Jacques et d’autres enfants; et que cette première épouse étant
morte, il épousa la Bienheureuse Vierge, de laquelle naquit Jésus-Christ,
sans que toutefois Joseph l’eût connue, mais par l’opération du Saint Esprit,
comme il est rapporté dans l’Evangile. Or comme c’est par le Père qu’on
désigne la parenté, Joseph étant regardé comme le père de Jésus-Christ,
Jacques-le-mineur était appelé le frère du Seigneur, bien qu’il ne fût pas
fils de la bienheureuse Vierge. Mais ceci est faux encore; car si le Sauveur
ne voulut confier sa Mère Vierge qu’à la garde d’un disciple vierge, comment
eût-il pu permettre que son époux ne fût pas tel, et qu’il ne se conservât
pas dans cet état ? C’est pourquoi d’autres disent, et leur sentiment est
indiqué dans la Glose, que Jacques-le-Mineur fut le fils de Marie de
Cléophas, soeur de la Bienheureuse Vierge. Ils prétendent donc qu’Anne, mère
de la bienheureuse Vierge, épousa d’abord Joachim, dont elle eut Marie, la
Mère du Seigneur, et qu’après la mort de Joachin, elle épousa Cléophas son
frère, dont elle eut Marie de Cléophas; de celle-ci seraient nés
Jacques-le-Mineur, Judas et Simon; enfin Cléophas étant mort également, on
dit qu’Anne prit un troisième mari, qui portait le nom de Salomé, dont elle
eut une autre Marie, qui s’appela Marie de Salomé; de cette Marie seraient
nés Jacques-le-Majeur et Jean son frère. Mais Saint Jérôme rejette cette
opinion pour deux raisons. La première, c’est que Salomé n’est pas un nom
d’homme comme on peut s’en assurer dans le grec, mais le nom d’une femme, qui
fut la soeur de la Bienheureuse Marie, et qui eut de Zébédée Jacques-le-Majeur
et Jean; ainsi que Marie de Cléophas eut d’Alphée Jacques-le-Mineur, Judas et
Simon. Or Jacques-le-Mineur est appelé le frère du Seigneur, spécialement
parmi ses parents du côté maternel, pour deux motifs : d’abord à cause de la
ressemblance des traits, car il était très ressemblant de visage avec le Christ;
ensuite à cause de la ressemblance de vie, car il imitait Jésus-Christ dans
ses moeurs. Ou encore parce qu’Alphée son père était de la parenté de Joseph;
or comme les Juifs dressent ordinairement par les mâles la ligne
généalogique, et que Jésus-Christ
passait pour être le fils de Joseph, comme il est dit en saint Luc (III,
23), Jacques-le-Mineur fut appelé spécialement le frère du Seigneur, et non
pas les autres, qui ne lui étaient alliés que par sa mère. Le terme de « frère »
est pris dans ce passage pour la parenté, car on donne quelquefois dans
l’Ecriture le nom de frère en raison de la nature ; (Matth., I, 2) : « Jacob
engendra Judas et ses frères. » Ensuite en raison de la parenté,
c’est ainsi que les personnes d’un même sang s’ont appelées frères (Gen., XIII,
8) : « Qu’il n’y ait pas, je vous prie, de dispute entre vous et moi,
parce que nous sommes frères. » En raison de la nationalité, et dans
ce sens, tous ceux qui parlent la même langue sont frères ; (Deutér.,
XVII, 15) : « Vous ne pourrez prendre pour roi un homme d’une autre
nation qui ne soit pas votre frère. » En raison de l’affection : et
de cette manière tous les amis, et ceux qui ont les mêmes sentiments sont
appelés frères ; (II Corinth., II, 13) : « Comme je n’y avais
pas trouvé mon frère Tite, etc. » En raison de la religion; et dans
ce sens, tous les chrétiens qui ont la même règle de vie, sont appelés frères ;
(Matth., XXIII, 8) : « Vous êtes tous frères, etc. » et
(Ps., CXXXII, 1) : « Que c’est une chose douce et utile que les
frères habitent ensemble, etc.! » Commu-nément toutefois, tous les
hommes sont appelés frères, parce qu’ils sont gouvernés et éduqués par un
seul et même Dieu ; (Malach., II, 10) : « N’avons-nous pas tous
un même Père, etc.? « II. Quand l’Apôtre ajoute (verset 20) : Quant
à ce que je vous écris, etc., il confirme par serment ce qu’il avait
avancé. Comme s’il sait : ce que
dans ce moment je vous écris à mon sujet,
voyez-vous, est tellement
manifeste, qu’il est suffisamment certain que (verset 20) je ne
mens pas. Et je le dis (verset 20) : devant Dieu, c’est-à-dire Dieu
en est témoin. L’Apôtre emploie ici le serment, non par légèreté, mais par le
besoin même d’établir avec certitude ce qu’il a dit et ce que les Galates
étaient obligés de croire, car s’il n’eût agi ainsi, ils n’eussent pas ajouté
foi à sa parole; (II Corinth., II, 17) : « Nous parlons en présence
de Dieu et en Jésus-Christ « ; (Rom., I, 9) : « Car Dieu que je
sers par mon esprit m’est témoin, etc. » Mais que dit le Seigneur ? : « Que votre langage soit : Oui ?
Oui, Non ? Non : ce qu’on dit de plus vient du Mauvais. » Il faut répondre que cela vient du Mauvais, de la part de celui qui ne croit
pas, ou du mal de peine, à cause de la nécessité où l’on est de s’appuyer sur
le serment. II° Enfin quand l’Apôtre dit (verset 21) : Ensuite j’allai, etc., il fait voir comment il a été approuvé
par les autres Eglises de Judée. Et ici, il fait trois choses : I. il montre en quel pays il s’est rendu
et a habité, c’est en Cilicie.
Ce qui lui fait dire (verset 21) : J’allai en suite en Syrie et en
Cilicie, c’est-à-dire dans sa patrie; là où il fut ravi [au Paradis], car
il est dit aux Actes (XXII, 3) : « Je suis Juif, né à Tarse, en
Cilicie, etc. » II. de quelle manière on le connaissait : ce n’était pas de visage, mais on en avait
entendu parler, par sa réputation. C’est pourquoi il dit (verset 22) :
Or les Eglises de Judée qui étaient en Jésus-Christ, c’est-à-dire qui
croyaient en Jésus-Christ , ne me connaissaient pas de visage ; (II Corinth. VI, 8) : « Comme
inconnu, quoique très connu. » D’où il est évident que ce ne sont
pas les Eglises de Judée qui m’ont instruit. (Verset 23) : Ils avaient
seulement entendu dire, c’est-à-dire de moi par des bruits publics : Celui
qui autrefois nous persécutait, etc. III. Enfin, comment il avait été approuvé
(verset 24) : Car ils rendaient gloire à Dieu à cause de moi,
c’est-à-dire ils voyaient dans ma conversion comment Dieu est grand; lui qui
m’a converti par sa grâce ; (Isaïe XLIII, 20) : « La bête
sauvage publiera ma gloire, etc. » |
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Caput 2 |
CHAPITRE II ─ L’ÉVANGILE DE PAUL
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Lectio 1 |
Leçon 1 : Galates II, 1-5 ─ Comparaison de la doctrine de Paul
avec celle des Apôtres
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SOMMAIRE. L’Apôtre traite de la
confrontation de son Evangile avec la doctrine des apôtres, et d’un fait
relatif à Tite. |
[1] deinde post annos quattuordecim iterum ascendi Hierosolyma
cum Barnaba adsumpto et Tito [2] ascendi autem secundum revelationem et contuli cum illis
evangelium quod praedico in gentibus seorsum autem his qui videbantur ne
forte in vacuum currerem aut cucurrissem [3] sed neque Titus qui mecum erat cum esset gentilis
conpulsus est circumcidi [4] sed propter subintroductos falsos fratres qui
subintroierunt explorare libertatem nostram quam habemus in Christo Iesu ut
nos in servitutem redigerent [5] quibus neque ad horam cessimus subiectioni ut veritas
evangelii permaneat apud vos [87750] Super Gal., cap. 2 l. 1 Postquam apostolus in praecedenti cap.,
commendavit auctoritatem evangelicae doctrinae secundum seipsam, nunc in isto
cap. commendat ipsam ex parte aliorum apostolorum et sua simul. Et circa hoc
duo facit. Primo commendat auctoritatem suae doctrinae ex approbatione
aliorum apostolorum; secundo ex exemplo sui et aliorum apostolorum, ibi nos
natura Iudaei, non ex gentibus, et cetera. Circa primum duo facit. Primo
ostendit quod alii apostoli approbaverunt suam doctrinam; secundo ostendit
quod libere reprehendit alios apostolos in his quae contraria suae doctrinae
dicebant, ibi cum venisset Petrus, et cetera. Circa primum duo facit.
Primo agit de collatione quam habuit cum apostolis; secundo insinuat quid
inde secutum sit, ibi sed neque Titus, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ponit circumstantias ipsius collationis; secundo
ponit ipsam collationem, ibi et contuli cum illis, et cetera. Quantum
ad primum tangit quatuor circumstantias, scilicet tempus, locum, testes, et
motivum ipsius. Describit
autem tempus, cum dicit deinde post annos quatuordecim. Sed contra
est, quia apostolus fuit conversus primo anno post passionem Christi, et post
tres ivit in Ierusalem, et sic sunt quatuor, et hic dicit post annos
quatuordecim, iterum ivit in Ierusalem, et sic fiunt decem et octo; et
tunc invenit Petrum in Ierusalem. Et hoc non potest esse, quia Petrus sedit
in Antiochia septem annis; in Roma vero viginti quinque annis. Et sic essent
duo de viginti, et septem (qui sunt viginti quinque anni) antequam iret
Romam, et Romae moratus est viginti quinque annis; ergo vixisset Petrus post
passionem Christi quinquaginta annis, quod est falsum : quia quadragesimo
anno a passione Christi passus est Petrus Romae, ut in historia habetur, quod
fuit tempore Neronis. Respondeo.
Dicendum, quod cum dicitur deinde, etc., non est intelligendum quod
post tres annos iterum elapsi sint quatuordecim anni, antequam iret in
Ierusalem, sed quod anno quartodecimo suae conversionis iterum ascendit. Nec sunt addendi supra istos quatuordecim,
septem anni, quibus Petrus rexit Ecclesiam Antiochenam, quia ante istos annos
incepit regere. Et cum Antiochia sit prope Ierusalem, potuit esse ut aliquando
Petrus ivisset in Ierusalem, et tunc Paulus invenerit eum ibi. Et sic colligitur ex historia, quod post annos
quatuordecim Petrus venit Romam tempore Claudii imperatoris, et existens ibi
viginti quinque annis, complevit numerum triginta novem annorum, et mortuus
est quadragesimo anno post passionem domini. Dicit autem signanter, quatuordecim,
ut ostendat, quod non indigebat apostolorum instructione, si quatuordecim
annis fuit sine eis. Locum vero describit, cum dicit
Ierosolymam. Et dicit ascendi, quia in alto posita est. Ascendit autem Ierosolymam, ut ostenderet se
concordare cum prophetia quae dicit Is. II, 3 : de Sion exibit lex, et
cetera. Testes describit, cum dicit cum
Barnaba, assumpto et Tito. Barnabas Iudaeus erat, Titus vero gentilis.
Cum eis ergo ascendit, ut haberet testes suae doctrinae, et ut in nullam
partem, sive Iudaeorum, sive gentilium, ostendat se declinare. Deut. XIX,
15 : in ore duorum vel trium stat omne verbum. Motivum autem describit, cum
dicit secundum revelationem Dei, id est, Deo revelante et praecipiente
sibi quod ascenderet in Ierusalem. Ex hoc
colligi potest quod omnes actus apostolorum et motus fuerunt secundum
instinctum spiritus sancti. Iob c. XXXVII, 11 : nubes spargunt lumen suum,
et cetera. Consequenter
cum dicit et contuli, etc., agit de ipsa collatione, ubi tria facit.
Primo manifestat materiam super quam contulit; secundo personas cum quibus
contulit; et tertio causam propter quam contulit. Materia de qua contulit,
fuit Evangelium. Et ideo dicit contuli cum illis Evangelium Dei, et
cetera. Personae cum quibus contulit sunt maiores et excellentiores inter
apostolos seorsum autem cum his, et cetera. Sed causa utilis et
necessaria ne scilicet in vacuum, et cetera. Quantum ad
primum dicit ascendi Ierosolymam, ubi contuli cum illis,
tamquam cum amicis et paribus, Evangelium quod praedicavi in gentibus, non ut
addiscerem, quia iam doctus eram a Christo, non ut certificarer, quia sic
certus sum quod si Angelus diceret contrarium, non crederem, ut patet supra I
cap. Sed contuli
propter duo, scilicet ad insinuandam unitatem doctrinae meae cum doctrina
aliorum apostolorum. I Cor. I,
10 : idipsum dicatis omnes, et cetera. Contulit ergo cum eis quasi
idem verbum cum eis, sed non pares habuit. Item ad vitandum calumniam aliorum.
Apostolus enim quia non fuerat conversatus cum Christo, nec edoctus ab
apostolis, sed statim post conversionem suam incepit praedicare quae erant
odiosa Iudaeis, et specialiter de vocatione gentium, et quod non debebant
servari legalia. Sic ergo contulit Evangelium. Sed cum
quibus hoc fecerit, ostendit subdens seorsum autem his, etc., quasi
dicat : non cum omnibus, sed cum his qui erant inter alios alicuius
auctoritatis et momenti, scilicet cum Petro, Iacobo et Ioanne et aliis
magnis. Eccli. IX, 21 : cum sapientibus et prudentibus tracta, et
cetera. Sed seorsum, etc., non quod turpia vel falsa cum eis tractaret
vel conferret, sicut haeretici faciunt, sed quia sciebat ibi esse Iudaeos
calumniantes, propterea quia de legalibus docuerat. Et ideo ne veritas
pateret calumniae, cum illis seorsum contulit, qui non calumniarentur. Prov.
XXV, 9 : causam tuam tracta cum amico tuo, et secretum extraneo ne reveles,
et cetera. Eccli. VIII, 21 : coram extraneo ne facias consilium, et
cetera. Sic ergo
patet et materia collationis et personae. Sequitur
causa, quae fuit scilicet ne in vacuum currerem, aut cucurrissem, id
est, ne reputarer praedicasse inutiliter. Vocat autem praedicationem suam, cursum, propter
velocitatem suae doctrinae, quia in modico tempore a Ierusalem usque in
Illyricum, et usque in Hispaniam praedicavit Evangelium. Unde posset dici de eo illud Ps. CXLVII, 15 : velociter
currit sermo eius, etc.; II Thess. III, 1 : fratres, orate pro nobis,
ut sermo domini currat, et cetera. Sed numquid dubitabat quod in vacuum curreret?
Dicendum est quod sibi non dubitabat, sed illis quibus praedicaverat, quia
nisi ab illis firmiter teneretur sua doctrina, quantum ad illos in vacuum
cucurrisset; et ideo voluit conferre cum eis, ut dum scirent auditores, quod
doctrina sua concordaret cum doctrina aliorum apostolorum, et approbaretur ab
eis, firmius eius doctrinam tenerent, et sic quantum ad eos non in vanum
curreret. I Cor. IX, 26
: ego sic curro non quasi in incertum. Consequenter
cum dicit sed neque Titus, etc., ostendit quid secutum sit ex
collatione cum apostolis habita. Et ponit tria quae inde secuta sunt,
scilicet quod a sua sententia non recessit, et quod suae doctrinae nihil
superadditum fuit, ibi ab his autem qui videbantur, et cetera. Tertio quod sua doctrina approbata est, ibi sed
contra cum vidissent, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ostendit quod non recessit a sua sententia in quodam
particulari; secundo ostendit quod etiam in nullo alio recessit ab ea, ibi sed
propter subintroductos, et cetera. Dicit ergo
: dico quod ita contuli cum eis de doctrina Evangelii, quod ex hoc secutum
est, quod doctrina mea et sententia firma permansit, scilicet de legalibus
non observandis, sic quod gentiles non cogerentur ad servandum legalia,
intantum quod neque Titus, qui mecum erat, cum esset etiam gentilis,
compulsus est, rationibus eorum, circumcidi, sed susceptus est ab
apostolis in societatem incircumcisus. Unde tunc data est sententia ab
apostolis de legalibus non observandis, sicut habetur Act. XV, 28. Ratio
autem quare post passionem Christi non debent servari legalia, assignatur a
Chrysostomo talis : manifestum est enim quod instrumentum quod fit de aliqua
promissione seu foedere tenet tantum quousque compleatur foedus et promissio,
quibus completis, instrumentum praedictum in hoc non tenet. Circumcisio autem
est quoddam instrumentum promissionis et foederis inter Deum et fideles
homines; unde et Abraham accepit circumcisionem in signum promissionis, ut
dicitur Gen. XVII. Et quia Christi peracta passione, soluta fuit promissio et
completum foedus, ideo post passionem non tenet, nec valet circumcisio. Sic
ergo patet quod non recessit a sententia sua in hoc quod non permitteret
circumcidi Titum. Consequenter
ostendit quod in nullo alio etiam recessit ab ea, cum dicit sed propter
subintroductos, et cetera. Littera autem ista est diversa in diversis et
obscura, et legitur sic : tu dicis quod non permisisti circumcidi Titum, sed
quare non permisisti? Nonne alibi permisisti Timotheum, sicut legitur Act.
XVI, 3? Ad hoc potest sic respondere apostolus, quia tunc temporis, quando
Timotheus fuit circumcisus, indifferens erat circumcisio, utrum scilicet
servaretur vel non; sed modo cum ageretur de Tito, erat specialis quaestio de
circumcisione, quam ego dicebam non debere servari. Unde si permisissem eum
circumcidi, cum egomet diffinivissem quaestionem, fuisset factum in
contrarium, nec licebat ultra de hoc movere quaestionem, vel facere
difficultatem, utpote iam determinatam. Et ideo dicit : dico quod non solum
non permisi ipsum circumcidi ab illis, quibus neque ad horam cessimus
subiectione, scilicet ut gentes subderentur legi. Et hoc propter
subintroductos, a Diabolo vel a Pharisaeis, falsos fratres, qui se
fingunt amicos. II Cor. c. XI, 26 : periculum in falsis fratribus.
Qui, scilicet fratres falsi, subintroierunt in locum ubi erant
apostoli, latenter explorare, id est ad explorandam, libertatem
nostram a peccato et lege. II Cor. III, 17 : ubi spiritus domini, ibi
libertas. Rom. VIII, 15 : non enim accepistis spiritum servitutis,
et cetera. Infra IV, 5 : ut eos qui sub lege erant redimeret. Quam, scilicet
libertatem, habemus in Christo Iesu, id est per fidem Christi. Infra
IV, v. 31 : non estis ancillae filii, sed liberae. Et ad hoc
subintroierunt ut in servitutem, legis et carnalium observantiarum, redigerent,
sicut ante passionem Christi, quod non est faciendum, quia fundamentum
aliud nemo potest ponere, etc., I Cor. III, 11. Et hoc ut veritas
Evangelii permaneat apud vos, quasi dicat : in nullo cessimus eis propter
hoc, ne scilicet occasionem daremus eis qui sine circumcisione dicebant vos
non posse salvari, quod est contra veritatem Evangelii quod praedicavi vobis.
Ambrosius
autem aliter legit. Secundum praemissa enim habetur, quod ideo ad horam non
cessit propter subintroductos. Ex quo sequitur quod nisi fuissent
subintroducti falsi fratres, cessisset eis de legalium observatione. Et ideo
propter hoc non fuit, quia propter hoc non cessisset eis, sed propter ipsam
veritatem. Ideo dicit Ambrosius quod littera est falsa, et superfluit ibi neque.
Unde vult quod non sit ibi neque. Et tunc est sensus : non permisi
circumcidi Titum, sed Timotheum permisi circumcidi propter subintroductos
falsos fratres, in loco ubi eram cum Timotheo et aliis, qui subintroierunt,
et cetera. Quod cum facere nequivissent, populum in seditionem contra nos
incitare moliebantur. Quibus, scilicet falsis fratribus, propter hoc cessimus
ad horam subiectionis, in facto circumcisionis, circumcidendo Timotheum
ibi ut veritas Evangelii permaneat, etc., quae habet quod nec
circumcisio aliquid confert, neque praeputium, sed fides. Fuit autem
specialis causa quare Timotheus circumcisus fuit, et non Titus, quia
Timotheus fuit ex patre gentili et matre Iudaea, Titus vero ex utroque parente
gentili. Et sententia apostoli erat quod qui ex aliquo parente Iudaeo nati
fuerant, circumciderentur; qui vero totaliter ex gentilibus parentibus nati
essent, nullo modo debeant circumcidi. |
1. Quatorze ans après, j’allai de
nouveau à Jérusalem avec Barnabé et je pris aussitôt Tite avec moi. 2. Or j’y allai suivant une
révélation, et j’exposai aux fidèles, et en particulier à ceux qui
paraissaient le plus considérables, l’Evangile que je prêche parmi les
Gentils, afin de ne pas perdre le fruit de ce que j’avais déjà fait, ou de ce
que je devais faire dans le cours de mon ministère. 3. Mais on n’obligea pas Tite, que
j’avais amené avec moi, et qui était Gentil, à se faire circoncire. 4. Et la considération des faux
frères qui s’étaient introduits par surprise, et qui s’étaient secrètement
glissés parmi nous pour observer la liberté que nous avons dans le Christ
Jésus, et pour nous réduire en servitude, 5. Ne nous porta pas à leur céder
même pour un moment et nous refusâmes de nous assujettir à ce qu’ils voulaient,
afin que la vérité de l’Evangile demeurât parmi vous. Après avoir fait ressortir dans le chapitre qui précède, l’autorité de la
doctrine de l’Evangile, par ce qu’elle est en elle-même, dans ce chapitre
deuxième, l’Apôtre la met en valeur du côté des autres apôtres et du sien
propre. A cet effet, premièrement il montre l’autorité de son enseignement
par l’approbation qu’elle a reçue des autres apôtres, secondement par
l’exemple qu’ils ont donné et qu’il a donné lui-même (verset 11) : Nous
sommes Juifs de naissance, et non du nombre des Gentils, etc. Sur le
premier de ces points, Saint Paul établit d’abord que les autres apôtres ont
approuvé sa doctrine; ensuite qu’il a lui-même repris avec liberté les autres
apôtres dans ce qu’ils avançaient de contraire à sa propre doctrine (verset
11) : Cependant Céphas étant venu à Antioche, etc. Sur la première
subdivision l’Apôtre I° traite de la conférence qui eut lieu entre
lui et les apôtres; II° il insinue ce qui s’en est suivi (verset )
: Mais on n’obligea pas Tite, etc. I° A l’égard de cette conférence, I. il rapporte les circonstances qui l’ont accompagnée; II.
la conférence même (verset 2) : J’exposais devant eux, etc. I. Quant aux circonstances, Saint Paul en
rappelle quatre, à savoir le temps, le lieu, les témoins et le motif. 1° Il désigne le temps, quand il dit
(verset 1) : Quatorze ans après. On objecte que l’Apôtre se convertit
la première année qui suivit la mort du Christ, et que trois ans après il
alla à Jérusalem, ce qui fait quatre ans; or il dit ici que quatorze ans après, il se rendit de
nouveau à Jérusalem; ce serait en tout dix-huit ans, et qu’il trouva alors
l’apôtre Pierre à Jérusalem. Or ceci n’est pas possible; car Pierre siégea
sept années à Antioche, et à Rome vingt-cinq. Ce serait donc dix huit ans
d’abord, et encore sept, (en tout vingt-cinq années), qui se seraient
écoulées avant que l’apôtre Pierre arrivât à Rome. Il demeura à Rome vingt
cinq ans; Pierre aurait donc encore vécu cinquante années après la mort de
Jésus-Christ. Ceci est faux, car cet apôtre fut martyrisé à Rome la
quarantième année après la mort du Christ, ainsi qu’il est consigné dans
l’histoire, sous le règne de Néron. Il faut répondre que quand Saint Paul dit : Ensuite, etc., il ne
faut pas entendre qu’après les trois premières années, il s’en soit écoulé
quatorze encore avant qu’il soit allé à Jérusalem; mais que ce fut la
quatorzième année après sa conversion qu’il se rendit de nouveau dans cette
ville. Il ne faut pas non plus ajouter à ces quatorze années les sept pendant
lesquelles l’apôtre Pierre gouverna l’Eglise d’Antioche, parce que cet apôtre
commença à la gouverner avant ce temps; Antioche étant proche de Jérusalem,
Pierre put s’y rendre quelquefois et Paul put alors s’y trouver. On peut
ainsi conclure de l’histoire qu’au bout de quatorze ans, Pierre vint à Rome,
au temps de l’empereur Claude, qu’il y séjourna vingt-cinq années et
atteignit ainsi le nombre de trente neuf années, et mourut la quarantième
année après la mort du Seigneur. Que si Saint Paul dit expressément quatorze
ans, c’est afin de montrer qu’il n’avait pas besoin d’être instruit par
les apôtres, puisqu’il fut quatorze ans sans les voir. 2° Lorsque Saint Paul dit (verset 1) : Je
montai de nouveau à Jérusalem, il désigne le lieu. Il dit : Je montai, parce que cette ville est
située dans un lieu élevé. Il est donc monté à Jérusalem, afin de prouver
qu’il s’accorde a la prophétie, qui dit (Isaïe, II, 3) : « La Loi
sortira de Sion, etc. » 3° Il désigne ensuite les témoins, quand
il ajoute (verset 4) : avec Barnabé, je pris aussi Tite avec moi. Barnabé était Juif, Tite Gentil. Il
est donc monté avec eux, afin d’avoir des témoins de ce qu’il enseignait et
de prouver qu’il n’inclinait ni du côté des Juifs, ni de celui des Gentils.
(Deutéron., XIX, 15) : « Tout passera pour constant sur la déposition
de deux ou trois témoins. » 4° Il indique enfin le motif, lorsqu’il
dit (verset 2) : Or j’allai d’après une
révélation, c’est-à-dire Dieu lui révélant et lui ordonnant de monter à
Jérusalem. D’où l’on peut conclure que toutes les démarches et les actes des
apôtres se firent selon l’inspiration du Saint Esprit ; (Job, XXXVII,
11) : « Au souffle de Dieu, les nuées répandent leur lumière, etc. » II. Quand l’Apôtre ajoute (verset 2) : Et
j’exposai devant eux, etc., il traite de la conférence même. A cet égard 1° il
indique le sujet qui fut traité; 2° les personnes avec lesquelles il en a
conféré, et 3°
le motif qui l’a déterminé à le faire. Le sujet dont il fut question, est
l’Evangile; c’est ce qui lui fait dire (verset 2) : J’ai exposé devant eux
l’Evangile de Dieu ; les
personnes avec lesquelles il en a conféré, ce sont les premiers et les plus
distingués d’entre les apôtres (verset 2) : en particulier, avec ceux, etc.; la cause en était utile et
nécessaire, c’est (verset 2) : pour ne pas perdre le fruit, etc. 1° Quant au premier de ces points, il dit
(verset 2) : Je montai donc à Jérusalem, et là, j’ai exposé devant eux, comme à des amis et avec mes égaux, l’Evangile que j’ai prêché aux Gentils,
non pas pour m’instruire, puisque j’étais déjà instruit par
Jésus-Christ, non pas pour devenir plus assuré, puisque je le suis tellement
que si un ange disait le contraire, je ne le croirais pas (plus haut, I, 8),
mais je l’ai fait pour deux raisons, à savoir pour que l’on comprît l’unité
de ma doctrine avec celle des autres apôtres (I Corinth., I, 10) : « Je
vous conjure d’avoir tous un même langage, etc. » Il a donc exposé
avec eux, comparé en quelque sorte la même parole d’enseignement avec eux,
sans qu’il s’agît d’égalité. Il l’a fait encore pour éviter les calomnies de
quelques-uns. Car ou le calomniait, parce qu’il n’avait pas vécu avec
Jésus-Christ, qu’il n’avait pas été instruit par les apôtres, et qu’aussitôt
après sa conversion, il avait commencé à prêcher des vérités qui étaient
odieuses aux Juifs; spécialement ce qui avait rapport à la vocation des
Gentils, et qu’on ne devait plus pratiquer les observances légales. C’est
donc pour ces motifs, qu’il a exposé son Evangile. 2° En disant (verset 2) : en
particulier avec ceux, etc., il indique quelles sont les personnes
avec lesquelles il a conféré. Comme s’il disait : ce n’est pas avec tous
indifféremment mais avec ceux qui, entre tous les autres, paraissaient jouir
de l’autorité et de la considération, c’est-à-dire avec Pierre, Jacques et
Jean, et d’autres grands apôtres ; (Ecclésiastique IX, 21) : « Traitez
les choses avec ceux qui sont sages et prudents, etc. » - (verset 2) : mais en
particulier, non pas qu’il traitât avec eux de choses fausses dont il eût
à rougir, comme le font les hérétiques, mais parce qu’il savait qu’il y avait
là des Juifs qui le calomniaient en raison de ses discours contre les
observances légales. Pour ce motif, afin que la vérité ne fût pas en butte à
la calomnie, il exposa sa doctrine particulièrement à ceux qui ne pouvaient
calomnier (Prov., XXV, 9) : « Traitez de votre affaire avec votre
ami, et ne découvrez pas votre secret à un étranger, etc. » ; (Ecclésiastique VIII, 21) : « Ne
traitez rien de secret devant un étranger, etc. » Nous voyons donc
ce qui concerne l’objet de sa conférence et les personnes. 3° Vient maintenant la cause. Ce fut
(verset 2) : afin de ne pas perdre le fruit de ce que j’avais fait, ou de ce que je
devais faire, c’est-à-dire afin qu’on ne jugeât pas que j’avais
prêché inutilement. Or l’Apôtre donne à sa prédication le nom de course, à
cause de la rapidité de cette prédication, puisque dans un court intervalle
il prêcha l’Evangile à partir de Jérusalem jusqu’en Illyrie, et jusqu’en
Espagne, en sorte qu’on pouvait lui appliquer ce passage du Psalmiste
(CXLVII, 15) : « Sa parole court avec vitesse, etc. » ; et (II Thessal., III, 4) : « Priez
pour nous, mes frères, afin que la parole de Dieu se répande de plus en plus,
etc. » Mais l’Apôtre avait-il appréhendé que son travail demeurât sans fruit ?
Il faut répondre, qu’il ne le craignait pas pour ce qui le concernait
lui-même, mais pour ceux auxquels il annonçait l’Evangile, parce que s’ils n’avaient
pas gardé fermement la doctrine qu’il leur avait enseignée, quant à eux, son
travail eût été sans résultat. Voilà pourquoi il voulut leur exposer la
doctrine qu’il prêchait, afin que ceux qui l’entendaient, sachant que son
enseignement s’accordait avec celui des autres apôtres, et avait reçu leur
approbation, ils en retiennent plus fermement la doctrine, et qu’ainsi par
rapport à eux, il ne perdît pas le fruit de ce qu’il avait fait ; (I
Corinth., IX, 26) : « Pour moi, je
cours, mais je ne cours pas au hasard ». II° Lorsqu’il ajoute (verset 3) : Mais
on n’obligea pas Tite, etc., il rend compte de ce qui s’ensuivit de la
conférence qu’il avait eue avec les apôtres. Il en indique trois
conséquences, à savoir : premièrement qu’il ne changea rien à sa pensée;
secondement qu’on n’ajouta rien à sa doctrine ; (verset 6) : mais
ceux qui paraissaient, etc. ; troisièmement que sa doctrine fut
approuvée (verset 7) : mais au contraire ayant reconnu, etc. Sur
la première de ces conséquences, il fait voir I. qu’il n’a pas changé de
sentiment sur un point particulier; II. qu’il n’en a même changé en aucun point
(verset 4) : Mais [la considération même de quelques faux frères] qui
s’étaient introduits par surprise, etc. I. Il dit donc : je dis que j’ai exposé
avec eux la doctrine de l’Evangile que je prêche, et cela s’est fait de telle
sorte, qu’il s’en est suivi ceci, c’est que ma doctrine et mon sentiment au
sujet des observances légales qu’on n’est plus tenu de pratiquer, sont
demeurés intacts, et qu’ainsi on ne devait plus forcer les Gentils à les
suivre; et cela est si vrai, que Tite
qui m’accompagnait, tout Gentil qu’il fût, n’a pas été contraint, malgré
leurs raisons, à se faire circoncire,
et qu’il fut reçu, bien qu’incirconcis, par les apôtres dans leur communion.
Ce fut donc à ce moment que les apôtres portèrent leur jugement sur la fin de
l’obligation des observances légales, ainsi qu’il est rapporté au XVe
chapitre des Actes (verset 28). Voici la raison que donne saint Chrysostome,
pour expliquer pourquoi depuis la mort de Jésus-Christ, on ne doit plus
pratiquer les observances légales. « Il
est évident qu’un signe qui a pour objet une promesse ou une alliance, n’a de
valeur que jusqu’au temps où doit s’accomplir l’alliance ou la promesse, et
qu’après leur accomplissement, ce signe, quant à ce point, n’a plus de
portée. Or la circoncision est comme le gage de la promesse et de l’alliance
entre Dieu et les hommes fidèles. De là Abraham reçut la circoncision, comme
la marque de la promesse, ainsi qu’il est dit dans la Genèse (XVII, 11). Mais
comme la mort de Jésus-Christ a accompli la promesse et exécuté l’alliance,
depuis cette mort la circoncision n’a plus ni de force ni de valeur. Il est
donc évident par là que l’Apôtre ne revint pas sur son sentiment,
particulièrement en ceci, qu’il ne voulut pas permettre qu’on soumît Tite à
la circoncision. » II. Il fait voir ensuite qu’il ne revint en
quoi que ce soit d’autre sur ce sentiment, quand il ajoute (verset 4) : et
la considération des faux-frères qui s’étaient introduits, etc. La
lettre est ici obscure et diversement interprétée; on l’entend ainsi : vous
prétendez que vous n’avez pas permis que Tite fût circoncis, quel motif
aviez-vous de vous y opposer? N’avez-vous pas permis, dans d’autres
circonstances, que Timothée le fût, comme on le lit aux Actes, XVI, 3 ? A
cette difficulté, l’Apôtre peut répondre : au temps où Timothée fut
circoncis, il était indifférent de garder ou non cette pratique; mais
lorsqu’il s’agissait de Tite, il y avait une difficulté spéciale à la
circoncision, puisque je prétendais qu’on ne devait plus la pratiquer. Si
donc j’avais permis que Tite fût circoncis après avoir moi-même enseigné
qu’on ne le doit plus faire, le fait eût été le contraire de la doctrine; il
n’était plus désormais permis de mettre la chose en question, ou d’élever une
difficulté, puisqu’elle était déjà définie. C’est ce qui lui fait dire : je
dis que non seulement je n’ai pas permis qu’il fût circoncis (verset 5) : par ceux auxquels nous n’avons pas cédé
même un instant, c’est-à-dire pour forcer les Gentils à se
soumettre à la loi. Or cette conduite était nécessaire (verset 4) : à
cause de ceux qui s’étaient introduits furtivement parmi nous soit par
l’artifice de Satan, soit par les Pharisiens, faux-frères, qui
feignaient d’être des nôtres ; (II Corinth., XI, 26) : « Périls
entre les faux-frères. » — des
faux-frères qui s’étaient glissés dans le lieu où étaient les
apôtres, pour observer frauduleusement, »
c’est-à-dire pour observer notre liberté, du péché et de la loi ; (II Corinth., III, 17) : « Là où est l’Esprit du Seigneur, là
est aussi la liberté » ; (Rom., VIII, 15) : « Car vous n’avez pas reçu l’Esprit
de servitude, etc. » et (ci-après, IV, 5) : pour racheter ceux qui
étaient sous la loi. » Liberté, veux-je dire, que nous avons en
Jésus-Christ, c’est-à-dire par la foi de Jésus-Christ (ci-après, IV, 31)
: Nous ne sommes pas les enfants de la servante, mais de la femme libre.
Ils se sont glissés ainsi (verset 4) : afin de nous réduire sous la
servitude de la Loi et
des observances légales, ainsi que cela pratiquait avant la mort de Jésus-Christ. Or c’est ce que l’on
ne doit pas faire, car (I Corinth., III, 11) : « Personne ne peut
poser d’autre fondement que celui, etc. » Ce que nous avons fait,
nous l’avons fait afin que l’Evangile se conserve parmi vous, dans sa
vérité ; en d’autres
termes : nous ne leur avons cédé en rien pour ce motif, à savoir pour ne pas
fournir de prétexte à ceux qui soutenaient que sans la circoncision vous ne
pouviez être sauvés, ce qui est contre la vérité de l’Evangile que je vous ai
prêché. Saint Ambroise suit un sens différent. D’après ce qui a été dit, on
voit que Saint Paul ne voulut pas céder, même un instant, à cause des
faux-frères qui s’étaient introduits furtivement. Il s’ensuit donc de là, que
si ces faux-frères ne s’étaient pas introduits, il eût cédé sur la pratique
des observances légales. Ce n’est donc pas la véritable raison, car il n’eût
pas voulu leur céder quand il en aurait été ainsi, puisqu’il soutenait la
vérité. Ambroise prétend donc que le texte littéral est altéré, et que le mot
« ni » est de trop; aussi veut-il qu’on le retranche; et alors
voici le sens : Je n’ai pas laissé circoncire Tite, mais je l’ai permis pour
Timothée, à cause des faux-frères qui s’étaient glissés dans le lieu
où je me trouvais avec Timothée et d’autres qui y pénétrèrent, etc. Or
comme ils ne voulurent pas le faire, ils s’efforçaient de soulever le peuple
et de le pousser à la sédition contre nous. C’est donc à eux,
c’est-à-dire aux faux-frères, que nous avons cédé pour ce motif, nous
soumettant à eux pour le moment, à l’égard de ce fait de la
circoncision, en obligeant dans cette circonstance Timothée à la
circoncision, afin que l’Evangile demeurât dans sa vérité, etc., vérité
qui nous apprend qu’il ne sert à rien ni d’être circoncis ni de ne l’être
pas, mais que [le salut s’obtient par] la foi. Or il y avait une raison
particulière de circoncire Timothée, et non pas Tite, c’est que le premier
était né d’un père gentil et d’une mère juive, tandis que Tite était né de
père et de mère gentils. Le sentiment de l’Apôtre était que les personnes
nées d’un père ou d’une mère juifs, fussent circoncises, mais que ceux qui
descendaient de père et de mère gentils, ne devaient pas l’être. |
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Lectio 2 |
Leçon 2 : Galates II, 6-10 ─ Apôtre des Gentils, par la
vocation de Dieu
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SOMMAIRE : Saint Paul rappelle la
disposition des apôtres, qui n’ajoute rien à la doctrine qu’il prêchait, mais
l’approuvèrent comme ayant été reçue d’en haut, lui recommandant seulement
les pauvres. |
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[6] ab his autem qui videbantur esse aliquid quales aliquando
fuerint nihil mea interest Deus personam hominis non accipit mihi enim qui
videbantur nihil contulerunt [7] sed e contra cum vidissent quod creditum est mihi
evangelium praeputii sicut Petro circumcisionis [8] qui enim operatus est Petro in apostolatum circumcisionis
operatus est et mihi inter gentes [9] et cum cognovissent gratiam quae data est mihi Iacobus et
Cephas et Iohannes qui videbantur columnae esse dextras dederunt mihi et
Barnabae societatis ut nos in gentes ipsi autem in circumcisionem [10] tantum ut pauperum memores essemus quod etiam sollicitus
fui hoc ipsum facere [87751] Super Gal., cap. 2 l. 2 Ostenso quod apostolus in nullo recessit a
sententia sua in collatione praedicta, hic consequenter ostendit quod nihil
suae doctrinae per alios apostolos superadditum fuit. Et circa hoc duo facit.
Primo enim describit conditionem apostolorum, nihil ei addere valentium;
secundo prosequitur propositum, ibi mihi enim qui, et cetera. Conditionem
autem illorum describit ex tribus. Primo ex auctoritate quam habebant in
Ecclesia, quae est magna. Et quantum ad hoc dicit ab his autem, et
cetera. Littera defectiva est, unde debet suppleri sic ab his autem,
scilicet Petro et Ioanne; quasi dicat : licet ad horam cesserim eis, nihil
tamen accepi ab eis potestatis vel doctrinae. Et si ab his nihil accepi,
multo minus ab aliis. Sed notandum est quod hoc quod dicit qui videbantur
aliquid esse, si hoc intelligatur secundum gratiam Dei quae in ipsis erat,
sic verum est quod secundum hanc magni erant, quia quos iustificavit, hos
et magnificavit, ut dicitur Rom. VIII, 30. Si vero intelligantur aliquid
esse secundum seipsos, sic falsum est, quia secundum hoc nihil erant. Nam si
secundum se aliquid esse viderentur, semper fuissent magni; quia quod per se
inest, semper inest. Unde cum non fuerint semper magni, non secundum se
videbantur aliquid esse. Secundo
describit eorum conditionem ex statu eorum ante conversionem, quam habuerunt
in synagoga. Et hunc statum caute ostendit fuisse abiectum et vilem. Unde
dicit quales aliquando fuerint, quia rustici, pauperes, idiotae, et
sine litteris erant. I Cor. I, 26 : non multi sapientes secundum carnem,
et cetera. Sed quales fuerint nihil, id est non, mea interest,
scilicet referre. Et hoc forte introducit, ut considerantes statum quem illi
habuerunt in synagoga (qui nullus fuit) et statum Pauli (qui magnus fuit),
manifeste cognoscant quod Paulus in sententia quantum ad legalia sit eis
praeferendus, et praesertim cum Paulus in statu Ecclesiae Christi eis
aequaretur, ita quod Paulus eos in statu synagogae ante conversionem
praecedebat, in statu post conversionem eis aequalis erat. Unde cum
agebatur de synagoga, magis erat standum sententiae Pauli, quam aliorum; sed cum
de Evangelio ageretur, standum erat sententiae suae sicut sententiae aliorum.
Et sicut alii non erant magni per legalia, sed per Christum, sic et apostolus
per Christum magnus erat in fide, et non per legalia. Tertio
describit eorum conditionem ex divina electione, et quantum ad hoc dicit Deus
enim personam, etc., quasi dicat : ideo magni sunt, quia Deus eos
magnificavit, non attendens ad merita vel demerita eorum, sed ad ipsum quod
facere intendit. Et ideo dicit Deus personam hominis non accipit, id est,
non considerat magnam vel parvam. Sap. VI, 8 : pusillum et magnum ipse
fecit, et cetera. Sed sine personarum acceptione ad salutem omnes vocat,
non imputans illis delicta eorum, et hoc quia transierunt. II Cor. V, 17 : vetera
transierunt, et cetera. Ps. XV, 4 : nec memor ero nominum eorum,
et cetera. Et ideo dicit
Petrus, Act. X, 34 : in veritate comperi, quod non est personarum acceptio,
et cetera. Circa hoc sciendum est, quod accipere personam proprie est in
aliquo negotio attendere, quasi regulam ipsius negotii, conditionem personae
nihil facientem ad negotium, puta, cum ideo do beneficium alicui, quia est
nobilis, sive pulcher. Nobilitas
enim seu pulchritudo, nil facit ad hoc, quod habeat beneficium. Si vero
conditio personae facit ad negotium, sic considerando illam conditionem in
facto illo, non accipio personam; sicut si ideo do beneficium alicui, quia
bonus est, et bene deserviet Ecclesiae, quia bene litteratus et honestus, non
sum acceptor personae. Nihil ergo est proprie accipere personam, quam
considerare conditionem personae, nil facientem ad negotium. Cum ergo Deus in operibus suis et beneficiis
nihil praeexistens ex parte creaturae respiciat, quia ipsum, quod est
creaturae, est effectus suae electionis, sed respiciat solum quasi pro regula
beneplacitum voluntatis suae secundum quam omnia operatur, et non secundum
aliquam conditionem personae, ut dicitur Ephes. IV, 7, manifestum est quod non accipit personam
hominis. Consequenter
descripta conditione eorum, ostendit propositum, scilicet quod nil ei addere
potuerunt. Et ideo dicit mihi enim qui videbantur aliquid esse, nihil
contulerunt, quasi dicat : licet essent magnae auctoritatis, tamen nil
addiderunt doctrinae meae nec potestati, quia, sicut supra dictum est neque
ab homine accepi Evangelium, neque per hominem didici. Glossa
autem aliter legit quales aliquando fuerunt, etc., quasi dicat : non
pertinet ad me referre statum eorum ante conversionem, quales scilicet
fuerunt, quia et hoc nihil refert, cum et ego fuerim ipsius Ecclesiae etiam
persecutor, et tamen Deus suae beneplacito voluntatis elegit me et
magnificavit, et hoc quia dominus personam hominis non acceptat. Consequenter
cum dicit sed e contra cum vidissent, etc., ostendit quomodo eius
sententia sit approbata ab apostolis. Et circa hoc tria facit. Primo ponit
causam approbationis; secundo insinuat ipsam approbationem, ibi Iacobus et
Cephas, et cetera. Tertio addit quamdam conditionem approbationi
interpositam, ibi tantum ut pauperes, et cetera. Causam
autem approbationis (quae movit apostolos approbare sententiam apostoli)
ponit duplicem, scilicet praedicationis officium apostolo iniunctum a
Christo, et effectum iniuncti officii, ibi et cum cognovissent, et
cetera. Circa
primum, primo ponit officium iniunctum quod movit eos ad approbandum; secundo
officii manifestationem, ibi qui enim operatus est, et cetera. Dicit
ergo : dico quod illi qui videbantur aliquid esse, nihil mihi contulerunt,
sed potius, contra opinionem adversariorum, qui ascenderant contra me in
Ierusalem ad apostolos pro ipsa quaestione, me ipsi apostoli approbaverunt,
et hoc cum vidissent quod creditum est mihi Evangelium, id est,
officium praedicationis, praeputii, id est, iniunctum praedicare
incircumcisis, scilicet gentibus. Ier. IX, 26 : omnes gentes habent
praeputium, omnis autem domus, et cetera. Sicut Petro commissa est
auctoritas, ut praedicaret Iudaeis tantum, et Paulo gentibus; sed postmodum
et Petrus praedicavit gentibus, et Paulus Iudaeis. Sed quia aliquis posset dicere : unde constat
nobis quod tibi sit commissum Evangelium in gentibus? Ideo interponens dicit,
quod per operationes Christi. Sicut enim patet quod Petrus accepit Evangelium
a Christo propter mirabilia quae Christus fecit per eum, ita patet quod ego
ab ipso accepi propter miracula quae Christus operatus est, et operatur in
me. Et ideo dicit qui
operatus est Petro, etc., id est, qui Petrum fecit apostolum in Iudaea,
scilicet Christus, ipse me fecit apostolum in gentibus. Et haec est causa
quae movet eos. Sed quia
non sufficit iniunctio et auctoritas praedicandi, nisi homo per bonam
scientiam et discretam eloquentiam ipsam exequatur, et per bonam vitam
commendet, ideo addit usum suae auctoritatis seu officii effectum, dicens et
cum cognovissent gratiam Dei, et cetera. Et est littera suspensiva, id
est, cum vidissent quod gratiosa et fructuosa esset praedicatio mea, tunc Iacobus,
et Cephas, et Ioannes, et cetera. In quo
notatur approbatio seu societas facta cum eis et Paulo. Et primo ponuntur
personae inter quas facta est societas, quae sunt Iacobus, et Cephas, id est
Petrus, et Ioannes. Et praemittitur Iacobus, quia erat episcopus
Ierosolymorum, ubi haec facta sunt. Ioannes autem iste fuit Ioannes
Evangelista, qui non deseruit Iudaeam usque ad tempus Vespasiani. Qui
videbantur columnae esse. Metaphorice dicitur hoc, id est sustentatio
totius Ecclesiae. Sicut
enim totum aedificium sustentatur per columnas, ita per istos tota Ecclesia
Iudaeorum sustentabatur et regebatur. Et de istis columnis dicitur in Ps.
LXXIV, 4 : ego confirmavi columnas eius, id est, apostolos Ecclesiae;
Can. V, 15 : crura illius columnae marmoreae, quae fundatae sunt super
bases aureas. Isti, scilicet ex
una parte, dederunt dextras societatis, id est, consenserunt in
societatem, mihi et Barnabae, in quo designantur personae ex alia
parte. Per hoc autem quod dederunt sibi dexteras, significatur quod per manus
se acceperunt in signum coniunctionis et unitatem opinionis. Secundo
ostenditur societatis tenor seu conditio, cum dicitur ut nos in gentes,
ipsi autem in circumcisionem, scilicet praedicarent; quasi dicat : facta
fuit inter nos coniunctio et unio, ita tamen quod sicut omnes fideles
obediunt Petro in circumcisione, id est, in Ecclesia Iudaeorum fidelium : ita
omnes gentiles qui conversi fuerunt ad Christum, obedirent Barnabae et Paulo.
Hoc tamen
apposito, ut nos essemus memores pauperum Christi, qui scilicet
vendiderant omnia bona sua, et pretium eorum ad pedes apostolorum posuerant,
propter Christum pauperes effecti. Quod quidem sollicitus fui hoc
idem facere, non minus affectus, quam ipsi qui ordinaverunt, sicut
apparet Rom. XV, et I Cor. VI, et II Cor. c. VIII et IX. Ratio autem quare
consuetudo primitivae Ecclesiae de venditione possessionum servabatur in
Ecclesia ex circumcisione, et non in Ecclesia ex gentibus, haec est, quia
fideles Iudaei congregati erant in Ierusalem, et in Iudaea quae destruenda in
brevi a Romanis erat, ut postmodum rei probavit eventus; et ideo voluit
dominus ut ibi possessiones non reservarentur ubi permansuri non erant.
Ecclesia vero gentilium firmanda erat et augenda, et ideo consilio spiritus
sancti factum est, ut in ea possessiones non venderentur. |
6. Aussi ceux qui paraissaient les
plus considérables (je ne
m’arrête pas à ce qu’ils ont été autrefois; Dieu n’a pas égard à la qualité
des personnes), ceux qui paraissaient les plus considérables, ne m’ont rien
appris de nouveau. 7. Mais au contraire, ayant reconnu
que la charge de prêcher l’Evangile aux incirconcis m’avait été donnée, comme
à Pierre celle de prêcher aux circoncis, 8. (Car celui qui a agi efficacement dans Pierre pour le
rendre Apôtre des circoncis, a aussi agi efficacement en moi pour me rendre
Apôtre des Gentils); 9. Ceux qui paraissaient comme les
colonnes, Jacques, Céphas et Jean, ayant reconnu la grâce que j’avais reçue,
nous donnèrent la main, à Barnabé et à moi, pour marque de la société qui
était entre eux et nous, afin que nous prêchions l’Evangile aux Gentils et
aux circoncis. 10. Ils nous recommandèrent
seulement de nous ressouvenir des pauvres; ce que j’ai eu aussi grand soin de
faire. I° L’Apôtre, après avoir établi que
dans la conférence qu’il eut avec les apôtres il n’a changé en rien de sentiment, fait voir
ensuite que ces apôtres eux-mêmes n’ont ajouté quoique ce soit à ce qu’il
enseignait. I.
Il dépeint la condition des apôtres, qui, sur ce point, ne pouvaient rien ajouter;
II.
il poursuit le développement de sa proposition (verset 6) : Ceux,
dis-je, qui me paraissent, etc. I. Il dépeint leur condition en trois
points : 1° sous le rapport de l’autorité qu’ils
avaient dans l’Église, autorité qui était grande (verset 6) : Aussi ceux
qui, etc. Ici le texte littéral est défectueux, et doit être ainsi
rétabli : De la part de ceux-là donc, c’est-à-dire Pierre et Jean. En
d’autres termes : Bien que pour un moment je leur ai cédé, je n’ai cependant
rien reçu d’eux, ni en puissance, ni en doctrine. Et si je n’ai rien reçu de
ceux-là, combien moins ai-je reçu quelque chose des autres. Il faut observer
toutefois que ce que dit Saint Paul (verset 6) : qui paraissaient les plus
considérables, si on l’entend de la grâce de Dieu qui était en eux, est
conforme à la vérité, car selon cette grâce ils étaient grands, puisque « ceux
qu’il a justifiés, il les a glorifiés, » comme il est dit dans
(Rom., VIII, 30). Mais si on l’entend en ce sens qu’ils étaient quelque chose
en eux-mêmes, cela est faux, parce que dans ce sens, ils n’étaient rien. Si,
en effet, ils avaient été quelque chose en eux-mêmes, toujours ils auraient
été grands, car ce qui est par soi est toujours tel. Mais n’ayant pas
toujours été grands, ils ne paraissaient pas, par eux-mêmes, être quelque
chose. 2° Il dépeint leur condition d’après leur
position dans la synagogue, avant leur conversion. Il fait sentir avec
adresse que cet état fut vil et abject; c’est ce qui lui fait dire (verset 6)
: [Je ne m’arrête pas] à ce qu’ils ont été autrefois, c’est-à-dire
qu’ils furent grossiers, pauvres, simples, sans lettres aucunes ; (I
Corinth., 1, 26) : « Il y en eut peu de sages selon la chair, etc. »;
mais (verset 6) : Il ne m’importe en rien, c’est-à-dire nullement, de
rapporter quels ils furent. Peut-être Saint Paul a-t-il fait cette
remarque, afin que, considérant la position qu’avaient eue les apôtres sous
la synagogue, c’est-à-dire lorsqu’ils n’avaient aucune distinction; et son
état à lui, qui était distingué, ou pût voir clairement que sa manière
d’apprécier les observances légales devait être préférée au sentiment des
autres apôtres, surtout puisque lui-même, par la dignité qu’il avait dans
l’Eglise de Jésus-Christ, était leur égal. Ainsi Paul, avant sa conversion,
précédait les apôtres dans la synagogue, et il les égalait dans l’état ou il
se trouvait depuis sa conversion. Donc, quand il s’agissait de la synagogue,
il fallait s’en tenir au sentiment de Paul davantage qu’à celui des autres
apôtres, et lorsqu’il s’agissait de l’Evangile, son sentiment valait celui
des autres. Et de même que la grandeur des apôtres ne venait pas des
observances de la Loi, mais de Jésus-Christ, ainsi l’Apôtre Paul était grand
par Jésus-Christ dans la foi, et non par ces observances. 3° Enfin il dépeint leur condition par
l’élection divine et il dit (verset 6) : Dieu n’a pas égard à la qualité
des personnes, etc. ; en d’autres termes : s’ils sont grands, c’est que
Dieu les a rendus tels, sans faire attention s’ils le méritaient ou non, mais
seulement à cela même qu’il se proposait de faire. C’est pourquoi il dit
(verset 6) : Dieu n’a pas égard à la qualité des personnes,
c’est-à-dire ne considère pas si l’on est grand ou non ; (Sagesse, VI,
8) : « Il a fait les grands comme les petits, etc. » Mais il
appelle, sans acception de personnes, tous les hommes au salut, ne leur
imputant pas leurs péchés, parce qu’ils ont été remis ; (II Corinth., V,
17) : « Ce qu’il y avait de vieux est passé, etc. » ;
(Ps., XV, 4) : « Je ne me souviendrai pas seulement de leurs
noms, etc. » C’est ce qui fait dire à saint Pierre (Act., X, 34) : « En
vérité je vois bien que Dieu ne fait pas acception des personnes, etc. »
Sur ceci, il faut se rappeler, que faire acception des personnes, c’est à
proprement parler, considérer, dans une affaire, comme une règle de cette
affaire, la condition des personnes, bien que cette condition n’ait avec
l’affaire aucun rapport, par exemple, accorder un bienfait à tel ou tel,
parce qu’il est noble ou parce qu’il est beau, car la noblesse ou la beauté
ne lui donne aucun droit à recevoir cette grâce. Que si la condition de la
personne a quelque rapport avec l’affaire, alors en faisant attention à cette
condition dans cette affaire, je ne fais pas acception des personnes; par
exemple, si j’accorde une grâce à untel, parce qu’il est bon et qu’il sera
utile à l’Eglise, parce qu’il a de l’instruction et des moeurs, je ne fais
nullement acception des personnes. Dans la rigueur des termes, faire
acception des personnes, ce n’est donc pas autre chose que considérer dans
ces personnes la condition, qui n’a aucun rapport avec l’affaire qui nous
occupe. Or Dieu, dans ses opérations et ses grâces, ne considère rien de
préexistant du côté de la créature, parce que même ce qu’on trouve dans la
créature est l’effet de son élection ; et il ne prend pour règle que le
bon plaisir de sa volonté, c’est d’après elle, et non pas d’après la
condition des personnes, qu’il opère toutes choses, comme il est dit (Ephés.,
IV, 7-11); il est dont manifeste qu’il ne fait pas acception des personnes. II. Après avoir dépeint la condition des
apôtres, Saint Paul développe sa proposition, à savoir qu’ils n’ont pu rien
ajouter à sa doctrine. C’est ce qui lui fait dire (verset 6) : « Ceux,
dis-je, qui paraissaient les plus considérables, ne m’ont rien appris de
nouveau »; en d’autres termes : Bien qu’ils eussent une grande
autorité, ils n’ont pu cependant rien ajouter à la mienne, ni à ma doctrine,
parce que, ainsi qu’il a été dit, (ci-dessus, I, 12) je n’ai reçu ni appris
d’aucun homme cet Evangile que je prêche. La Glose entend diversement ce
passage (verset 6) : [Je ne m’arrête pas] à ce qu’ils ont été autrefois,
comme si l’Apôtre disait : il ne m’appartient pas de rappeler l’état dans
lequel ils étaient avant leur conversion, c’est-à-dire quels ils furent
autrefois, parce que ce ne serait d’aucune utilité, car moi-même j’ai aussi
été le persécuteur de l’Eglise de Dieu, et cependant Dieu, par le bon plaisir
de sa volonté, m’a choisi et glorifié, agissant ainsi parce qu’il ne fait pas
acception des personnes. II° Quand l’Apôtre ajoute (verset 7) : Mais
au contraire, ayant reconnu, etc., il fait voir que son sentiment a reçu
l’approbation des apôtres. Sur ce I. il indique le motif de l’approbation; II.
il insinue l’approbation même, à ces mots (verset 9) : Jacques, Céphas, etc. ;
III.
il ajoute une sorte de condition apposée l’approbation, (verset 10) : [Ils
nous recommandèrent seulement] de nous ressouvenir des pauvres, etc. I. Or Saint Paul donne d’abord le double
motif, qui détermina les apôtres à accorder leur assentiment à sa doctrine;
d’abord le ministère de la prédication imposé à cet apôtre par Jésus-Christ,
et ensuite les fruits du ministère dont il avait été chargé (verset 9) : et
ayant reconnu la grâce, etc. 1° Sur le premier motif, Saint Paul expose
d’abord le ministère imposé qui les avait déterminés à donner leur
approbation; ensuite la manifestation de ce ministère (verset 8) : Car
celui qui a agi efficacement, etc. - A) Il dit donc : Ceux qui paraissaient les
plus considérables ne m’ont rien donné de nouveau, mais au
contraire, malgré l’opinion de mes adversaires qui étaient venus à Jérusalem
vers les apôtres, pour s’élever contre moi au sujet de cette question même,
les apôtres m’ont approuvé en cela, (verset 7) : parce qu’ils ont reconnu
que l’Evangile, c’est-à-dire le ministère de la prédication aux
incirconcis, m’avait été confié, c’est-à-dire qu’il m’avait été
enjoint de prêcher aux incirconcis, ou aux Gentils ; (Jérémie IX, 26) : « Toutes
ces nations sont incirconcises, mais tous les enfants d’Israël, etc. »
C’est ainsi que Pierre a reçu la mission de prêcher aux Juifs seulement,
comme Paul celle de prêcher aux Gentils, mais dans la suite Pierre prêcha
également aux Gentils et Paul aux Juifs. B) Mais parce que l’on pouvait dire : « comment
saurons-nous avec certitude que vous avez reçu la mission de prêcher aux
Gentils ? », l’Apôtre répond en passant que c’est par les oeuvres
de Jésus-Christ, car de même qu’il est manifeste que Pierre a reçu de
Jésus-Christ l’Evangile, par les prodiges que Jésus-Christ a opérés par lui,
ainsi l’est-il que j’ai moi même reçu de Jésus-Christ cet Evangile, par les
miracles qu’il a opérés et qu’il opère en moi. C’est ce qui lui fait dire
(verset 8) : Car celui qui a agi efficacement dans Pierre, pour faire
de lui un apôtre en Judée, c’est-à-dire Jésus-Christ, m’a fait l’Apôtre des
incirconcis. Telle est la cause de leur détermination. 2° Mais parce qu’il ne suffit pas pour
prêcher que le ministère soit imposé et qu’on ait reçu l’autorité, et qu’il
faut de plus la mesure convenable de science et une éloquence pleine de
discrétion pour accomplir cette mission, et une vie sainte pour la rendre
recommandable, l’Apôtre rappelle l’usage qu’il a fait de son autorité ou les
fruits de son ministère, en disant (verset 9) : Ceux-là, ayant connu la
grâce que Dieu m’avait donnée, etc. Le texte littéral demeure suspendu,
c’est-à-dire : ayant vu que ma prédication était agréable et fructueuse, Jacques,
Céphas, et Jean, etc. II. Il faut remarquer ici l’assentiment ou
l’association qui se fit entre eux et Paul. 1° Il indique les personnes entre
lesquelles eut lieu cette association. Ces personnes sont Jacques, Céphas,
c’est-à-dire Pierre , et Jean. Jacques est nommé le premier, parce qu’il
était Evêque de Jérusalem, où tout ceci se passait. Quant à Jean, c’était
l’Evangéliste qui ne quitta la Judée qu’au temps de Vespasien. (verset 9) : ceux
là donc qui paraissaient comme les colonnes de l’Eglise, métaphore qui
marque que ces apôtres soutenaient toute l’Eglise. Car de même que l’édifice
tout entier est soutenu par les colonnes, ainsi était soutenue et réglée par
ces apôtres l’Eglise entière des Juifs. C’est de ces colonnes qu’il est dit
dans le Psalmiste (LXXIV, 4) : « J’ai affermi ses colonnes, »
c’est-à-dire les apôtres de l’Eglise ; (Cantiq., V, 15) : « Ses
jambes sont comme des colonnes de marbre, posées sur des bases d’or. » Ceux-là
donc d’un côté, (verset 9) : nous donnèrent la main, c’est-à-dire firent
mutuelle société, à Barnabé et à moi, ce qui désigne les personnes de
l’autre côté. Mais par là même qu’ils se donnèrent la main, on comprend
qu’ils agirent ainsi en signe d’union, et afin d’exprimer l’unité de
sentiment. 2° On voit la teneur ou la condition de
leur société, lorsqu’il dit (verset 9) : afin que nous prêchions
l’Evangile aux Gentils et eux aux circoncis ; en d’autres termes, il se
fit entre nous société et union, de telle sorte cependant que, de même que
tous les fidèles parmi les circoncis, c’est-à-dire dans l’Eglise des Juifs
convertis à la foi, obéissent à Pierre, ainsi tous les Gentils qui se
convertirent à Jésus obéiront à Barnabé et à Paul. III. Il ajoute toutefois (verset 10) : que
nous devions nous ressouvenir des pauvres de Jésus-Christ, c’est-à-dire
de ceux qui avaient vendu tous leurs biens, et en avaient jeté le prix aux
pieds des apôtres, devenant ainsi pauvres pour l’amour de Jésus-Christ. Ce
que (verset 10) : j’ai eu aussi grand soin de faire, n’y portant pas
moins d’affection que ceux même qui l’avaient ordonné, comme on le voit dans
l’Epître aux Romains (XV, 25) et I°
aux Corinthiens (VI, 1 à 3) et II° aux Corinthiens (VIII, 4 à 24 et
IX, 1 à 15). La raison pour laquelle on conservait parmi les fidèles
circoncis, et non parmi les fidèles venus de la Gentilité, la coutume
qu’avait l’Eglise primitive de vendre ce que l’on possédait, c’est que les
Juifs convertis à la foi étaient réunis à Jérusalem, et dans la Judée qui à
une époque rapprochée, allait être détruite par les Romains, comme le prouva
bientôt l’événement. Le Seigneur ne voulut donc pas que l’on conservât des
possessions, là où elles devaient périr. L’Eglise formée de la Gentilité
devait au contraire s’affermir et s’accroître; ce fut donc par une
inspiration du Saint Esprit que les possessions n’y furent pas vendues. |
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Lectio 3 |
Leçon 3 : Galates II, 11-14 ─ Paul corrige Pierre
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SOMMAIRE : Saint Paul n’a rien reçu
de l’apôtre Pierre, mais plutôt il est arrivé tout le contraire, puisque le
premier a été utile au second par la correction dont il a usé envers lui. |
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[11] cum autem venisset Cephas Antiochiam in faciem ei restiti quia
reprehensibilis erat [12] prius enim quam venirent quidam ab Iacobo cum gentibus edebat cum autem
venissent subtrahebat et segregabat se timens eos qui ex circumcisione erant [13] et simulationi eius consenserunt ceteri Iudaei ita ut et Barnabas
duceretur ab eis in illa simulatione [14] sed cum vidissem quod non recte ambularent ad veritatem evangelii dixi
Cephae coram omnibus si tu cum Iudaeus sis gentiliter et non iudaice vivis
quomodo gentes cogis iudaizare [87752] Super Gal., cap. 2 l. 3 Supra apostolus ostendit quod ipse nil
utilitatis accepit ex collatione habita cum dictis apostolis, hic vero
ostendit quod ipse aliis profuit. Et primo ostendit quomodo profuit Petro in
corrigendo eum; secundo manifestat ea quae dixit, ibi prius enim quam
venirent, et cetera. Dicit ergo
: vere ipsi mihi nihil contulerunt, sed ego potius contuli eis, et
specialiter Petro; quia cum venisset Petrus Antiochiam, ubi erat
Ecclesia gentium, ego restiti ei in faciem, id est, manifeste. Eccli.
c. IV, 27 : ne reverearis proximum in casu suo, nec retineas verbum,
et cetera. Vel in faciem, id est non in occulto, tamquam detrahens et
timens, sed publice, et ut par ei. Lev. XIX, 17 : non oderis fratrem tuum
in corde tuo, sed publice argue eum, et cetera. Et hoc ideo, quia
reprehensibilis erat. Sed contra
: quia hoc fuit post acceptam gratiam spiritus sancti; sed post gratiam
spiritus sancti nullo modo peccaverunt apostoli. Respondeo. Dicendum quod
post gratiam spiritus sancti nullo modo peccaverunt mortaliter apostoli, et
hoc donum habuerunt per potentiam divinam, quae eos confirmaverat. Ps. LXXIV,
4 : ego confirmavi columnas eius, et cetera. Peccaverunt tamen
venialiter, et hoc fuit eis ex fragilitate humana. I Io. I, 8 : si
dixerimus, quia peccatum non habemus, scilicet veniale, ipsi nos
seducimus, et cetera. Quod vero
dicitur in Glossa : restiti ei tamquam par, dicendum est quod
apostolus fuit pro Petro in executione auctoritatis, non in auctoritate
regiminis. Ex praedictis ergo habemus exemplum : praelati quidem humilitatis,
ut non dedignentur a minoribus et subditis corrigi; subditi vero exemplum
zeli et libertatis, ut non vereantur praelatos corrigere, praesertim si
crimen est publicum et in periculum multitudinis vergat. Consequenter
cum dicit priusquam venirent, etc., manifestat ea quae dixit. Et primo
hoc quod dixit eum reprehensibilem esse; secundo vero hoc, quod dixit Petrum
reprehendisse, ibi sed cum vidissem, et cetera. Circa primum tria
facit. Primo ostendit quid Petrus sentiebat; secundo quid faciebat, ibi cum
autem venisset, etc.; tertio quid inde sequebatur, ibi et simulationi
eius, et cetera. Dicit ergo
circa primum, quod Petrus sentiebat legalia non esse servanda. Et hoc facto
ostendebat, quia priusquam venirent quidam, Iudaei scilicet zelantes
pro legalibus, a Iacobo, Ierosolymitanae Ecclesiae episcopo, edebat,
scilicet Petrus, cum gentibus, id est, indifferenter utebatur cibis
gentilium; et hoc faciebat ex instinctu spiritus sancti, qui dixerat ei quod
Deus sanctificavit, tu ne commune dixeris, ut habetur Act. X, 15, ut ipse
ibidem sequenti cap. dixit Iudaeis, qui contra eum insurrexerunt, quia cum
incircumcisis comedisset, quasi rationem reddens. Quid autem
faciebat, ostendit hic Paulus dicens, quod cum erat cum Iudaeis, subtrahebat
se a consortio fidelium qui fuerant ex gentibus, adhaerens Iudaeis tantum, et
congregans se cum eis. Et ideo dicit cum autem venisset, scilicet a
Iudaea, subtrahebat se Petrus a gentibus conversis, et segregabat
se ab eis. Et hoc ideo, quia erat timens eos, qui ex circumcisione
erant, id est, Iudaeos, non quidem timore humano sive mundano, sed timore
charitatis, ne scilicet scandalizarentur, sicut dicitur in Glossa. Et ideo
factus est Iudaeis tamquam Iudaeus, simulans se cum infirmis idem sentire;
sed tamen inordinate timebat, quia veritas numquam dimittenda est propter
timorem scandali. Quid autem
ex hac simulatione sequebatur, subdit dicens, quod simulationi eius,
scilicet Petri, consenserunt caeteri Iudaei, qui erant Antiochiae
discernentes cibos, et segregantes se a gentibus, cum tamen ante simulationem
huiusmodi hoc non fecissent. Et non solum illi consenserunt Petro, sed ita
fuit illa simulatio in cordibus fidelium, ut etiam Barnabas, qui mecum
erat doctor gentium, et contrarium fecerat et docuerat, duceretur ab eis
in illam simulationem, subtrahens se ab eis, scilicet gentibus. Et hoc
ideo, quia, secundum quod dicitur Eccli. X, v. 2 : qualis est rector
civitatis, et cetera. Et ibidem : secundum iudicem populi, et
cetera. Consequenter
cum dicit sed cum vidissem, etc., manifestat ea quae dixerat de
reprehensione sua, qua Petrum reprehendit. Et circa hoc tria facit. Primo
ponit causam reprehensionis; secundo reprehendendi modum; tertio
reprehensionis verba. Occasio autem reprehensionis est non levis, sed iusta
et utilis, scilicet periculum evangelicae veritatis. Et ideo dicit : sic
Petrus reprehensibilis erat, sed ego solus, cum vidissem quod non recte
ambularent illi qui sic faciebant ad veritatem Evangelii, quia per
hoc peribat veritas, si cogerentur gentes servare legalia, ut infra patebit.
Quod autem recte non ambularent, ideo est quia veritas, maxime ubi periculum
imminet, debet publice praedicari, nec fieri contrarium propter scandalum
aliquorum. Matth. X, 27 :
quod dico vobis in tenebris, dicite in lumine. Is. XXVI, 7 : semita iusti recta est, rectus
callis iusti ad ambulandum. Modus
autem reprehendendi fuit conveniens, quia publicus et manifestus. Unde dicit dixi
Cephae, id est, Petro, coram omnibus, quia simulatio illa in
periculum omnium erat. Tim. V, 20 : peccantem coram omnibus argue.
Quod intelligendum est de peccatis manifestis, et non de occultis, in quibus
debet servari ordo fraternae correctionis. Cuiusmodi
autem verba apostolus dixerit Petro, cum eum reprehenderet, subdit dicens si
tu Iudaeus cum sis, etc., quasi dicat : o Petre, si tu cum Iudaeus sis,
natione et genere, gentiliter et non Iudaice vivis, id est, gentium et
non Iudaeorum ritum servas, cum scias et sentias discretionem ciborum nihil
conferre, quomodo cogis gentes, non quidem imperio, sed tuae
conversationis exemplo, iudaizare? Et dicit cogis, quia
secundum quod Leo Papa dicit validiora sunt exempla quam verba. In hoc
ergo Paulus reprehendit Petrum, quod cum ipse esset instructus a Deo, cum
Iudaice prius viveret, ne postea amplius cibos discerneret Act. X, 15 : quod
Deus sanctificavit, tu ne commune dixeris, ipse contrarium simulabat. Sciendum
est autem quod occasione istorum verborum, non parva controversia est orta
inter Hieronymum et Augustinum. Et secundum quod ex eorum verbis aperte
colligitur, in quatuor discordare videntur. Et primo in tempore legalium,
quando scilicet servari debuerunt. Nam Hieronymus duo tempora distinguit,
unum ante passionem Christi, aliud post passionem. Vult ergo Hieronymus quod
legalia ante passionem Christi viva essent, id est, habentia virtutem suam,
in quantum scilicet per circumcisionem tollebatur peccatum originale, et per
sacrificia et hostias placabatur Deus. Sed post passionem non solum dicit ea
non fuisse viva vel mortua, sed, quod plus est, ea fuisse mortifera, et quod
quicumque post passionem Christi ea servavit, peccavit mortaliter. Augustinus
vero distinguit tria tempora. Unum tempus ante passionem Christi, et
concordans cum Hieronymo, dicit, isto tempore legalia viva fuisse. Aliud
tempus est post passionem Christi immediate, ante gratiam divulgatam (sicut
tempus apostolorum in principio), in quo tempore dicit Augustinus legalia
mortua fuisse, sed tamen non mortifera Iudaeis conversis, dummodo ipsa
servantes, spem in eis non ponerent, ita quod etiam ipsi Iudaei ea servantes
tunc non peccarent. Si vero in eis spem posuissent, quicumque conversi ea
servantes, peccassent mortaliter, quia si posuissent in eis spem, quasi
essent necessaria ad salutem, quantum in eis erat, evacuassent gratiam
Christi. Aliud tempus dicit esse post veritatem et gratiam Christi
divulgatam, et in isto tempore dicit ea mortua et mortifera omnibus ea
servantibus. Ratio autem dictorum est, quia si Iudaei statim post
conversionem fuissent prohibiti ab observantiis legalium, visum fuisset eos
pari passu ambulare cum idololatris, qui statim ab idolorum cultura
prohibebantur, et legalia non fuisse bona, sicut nec idololatriam. Et ideo
instinctu spiritus sancti permissum est, ut legalia modico tempore servarentur
ea intentione quae dicta est, ut per hoc ostenderetur legalia tunc bona
fuisse. Unde dicit Augustinus quod per hoc ostendebatur quod mater synagoga
cum honore deducenda ad tumulum erat, dum non statim post passionem Christi
legalia prohibita sunt. Quicumque vero non eo modo ipsa servaret, non
honoraret matrem synagogam, sed eam extumularet. Secundo
discordant praedicti Hieronymus et Augustinus de observatione legalium
quantum ad ipsos apostolos. Hieronymus enim dicit quod apostoli numquam
secundum veritatem servabant legalia, sed simulaverunt se servare, ut
vitarent scandalum fidelium qui fuerant ex circumcisione. Et hoc quidem modo
dicit simulasse Paulum, quando persolvit votum in templo Ierosolymitano, ut
habetur Act. XXI, 26; et quando circumcidit Timotheum, ut habetur Act. XVI,
v. 3; et quando a Iacobo monitus quaedam legalia suscepit, ut habetur Act.
XV, 20. Et hoc quidem facientes non deludebant alios, quia faciebant hoc, non
intendentes legalia servare, sed propter aliquas causas, sicut quod
quiescebant in sabbato non propter observantiam legis, sed propter quietem.
Item abstinebant ab immundis secundum legem, non propter observantiam legis,
sed propter alias causas, utpote propter abominationem et aliquid huiusmodi.
Augustinus vero dicit quod apostoli servabant ipsa legalia, et hoc
intendentes, sed tamen non ponentes in eis spem, quasi essent necessaria ad
salutem. Et hoc quidem licebat eis, quia fuerunt ex Iudaeis. Ita tamen quod
haec servarent ante gratiam divulgatam; unde sicut eo tempore alii Iudaei
conversi sine periculo servare poterant, absque eo quod in eis spem ponerent,
ita et ipsi. Tertio
discordant de peccato Petri. Nam Hieronymus dicit in simulatione praedicta
Petrum non peccasse, quia hoc ex charitate fecit, et non ex aliquo timore
mundano, ut dictum est. Augustinus vero dicit eum peccasse, venialiter tamen,
et hoc propter indiscretionem quam habuit, nimis inhaerendo huic parti
(scilicet Iudaeorum) ad vitandum eorum scandalum. Et validius argumentum
Augustini contra Hieronymum est, quia Hieronymus adducit pro se septem
doctores, quorum quatuor, scilicet Laudicensem, et Alexandrinum, Origenem et
Didymum excludit Augustinus, utpote de haeresi infames. Aliis vero tribus
opponit tres, quos pro se et pro sua opinione habet, scilicet Ambrosium,
Cyprianum, et ipsum Paulum, qui manifeste dicit, quod reprehensibilis erat
Petrus. Si ergo nefas est dicere in Scriptura sacra aliquod falsum contineri,
non erit fas dicere Petrum reprehensibilem non fuisse. Et propter hoc verior
est opinio et sententia Augustini, quia cum dictis apostoli magis concordat. Quarto
discordant in reprehensione Pauli. Nam Hieronymus dicit, quod Paulus vere non
reprehendit Petrum, sed simulatorie, sicut et Petrus simulatorie legalia
servabat, ut scilicet sicut Petrus nolens scandalizare Iudaeos simulabat se
legalia servare, ita Paulus ut non scandalizaret gentes, ostendit sibi
displicere quod Petrus faciebat, et simulatorie reprehendit, faciebantque hoc
quasi ex condicto, ut utrisque fidelibus sibi subditis providerent.
Augustinus vero sicut dicit Petrum vere servasse legalia, ita dicit Paulum
eum vere reprehendisse, et non simulatorie. Sed et Petrus quidem servando
peccavit, quia inde erat scandalum apud gentiles, a quibus se subtrahebat.
Paulus vero non peccavit reprehendendo, quia ex eius reprehensione nullum
scandalum sequebatur. |
11. Or Céphas étant venu à Antioche,
je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible. 12. Car avant que quelques-uns qui
venaient de la part de .Jacques fussent arrivés, il mangeait avec les
Gentils, mais après leur arrivée, il se retira et se sépara d’avec les
Gentils, craignant de blesser les circoncis. 13 Les autres Juifs usèrent comme
lui de cette dissimulation, et Barnabé même s’y laissa aussi entraîner. 14. Mais quand je vis qu’ils ne
marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile, je dis à Céphas devant
tout le monde : Si vous qui êtes Juif, vivez à la manière des Gentils, et non
pas à celle des Juifs, pourquoi contraignez-vous les Gentils de judaïser? Dans ce qui précède, Saint Paul a établi qu’il n’a personnellement retiré
aucune utilité de la conférence qu’il a eue avec les apôtres nommés plus
haut, il établit ici qu’il a été lui-même utile aux autres. I° Il
fait voir comment il a été utile à l’apôtre Pierre en le reprenant; II°
il explique ce qu’il a dit (verset 12) : car avant que quelques Juifs, venus, etc. I° Il dit donc : véritablement ils ne
m’ont rien donné; c’est plutôt moi qui leur ai apporté, et Pierre en
particulier. Car
(verset 11) : cet apôtre étant venu à Antioche, où il y avait une
Eglise formée des Gentils, je lui
résistai en face, c’est-à-dire devant tous ; (Ecclésiastique
IV, 27) : « Ne respectez pas le prochain dans sa chute, et ne retenez
pas votre parole, etc. « Ou bien encore, en face, c’est-à-dire non
pas en secret, comme fait celui qui médit et qui craint, mais publiquement et
comme son égal ; (Lévitiq., XIX, 17) : « Vous ne haïrez pas
votre frère en votre coeur, mais vous le reprendrez publiquement, etc. »
Et je lui ai résisté pour ce motif (verset 14) : qu’il était
répréhensible. On objecte que cette correction eut lieu après que la grâce du Saint
Esprit eut été reçue; or après avoir reçu cette grâce, les apôtres ne
péchèrent plus. Il faut répondre qu’après la grâce du Saint Esprit les apôtres ne
péchèrent plus d’aucune manière mortellement; ils obtinrent ce don de la
puissance divine qui les avait confirmés ; (Ps.. LXXIV, 4) : « J’ai
affermi ses colonnes, etc. » ; cependant ils péchèrent véniellement, par suite de la
fragilité humaine ; (I Jean, I, 8) : « Si nous disons que nous
sommes sans péché, » comprenez véniel, « nous nous séduisons
nous-mêmes, etc. » Mais la Glose dit : Je lui ai
résisté comme à mon égal. Il faut entendre que l’Apôtre fut égal à Pierre
dans l’exercice de l’autorité apostolique, mais non dans l’autorité de
gouvernement. De ce qui vient d’être dit, nous pouvons tirer une leçon : les
supérieurs d’humilité, afin qu’ils ne dédaignent pas d’être repris par les
plus petits et par leurs inférieurs; les inférieurs de zèle et de liberté,
afin qu’ils ne craignent pas de reprendre leurs supérieurs, surtout si la
faute était publique et devenait nuisible au grand nombre. II° Quand Saint Paul dit ensuite (verset 12) : Car avant que quelques
Juifs, qui venaient, etc., il explique ce qu’il vient de dire : I.
que Pierre était répréhensible; II. qu’il a repris cet apôtre (verset 14) : Mais
quand je vis, etc. I. Sur le premier de ces points, 1° il
expose quel était le sentiment de Pierre; 2° quelle était sa conduite
(verset 12) : mais étant venu, etc. ; 3°quelle en était la conséquence. (verset 13) :
et
à cette dissimulation, etc. 1° Il dit donc, sur la première de ces
subdivisions, que l’apôtre Pierre était d’avis qu’on ne devait plus pratiquer
les observances légales; et il le montrait de fait, puisque (verset 12), avant
que les Juifs, c’est-à-dire des gens zélés pour ces observances, fussent
venus, de la part de Jacques, évêque de l’Eglise de Jérusalem, il,
c’est-à-dire Pierre, mangeait avec les Gentils, en d’autres termes,
usait indifféremment des viandes, à la manière des Gentils. Or il agissait
ainsi par l’inspiration du Saint Esprit, qui lui avait dit (Actes, X, 15) : « N’appelez
pas impur ce que Dieu a purifié, » et comme lui-même, en rendant en
quelque sorte compte de sa conduite, le dit aux Juifs qui s’étaient soulevés
contre lui parce qu’il avait mangé avec les incirconcis, ainsi qu’on le voit
au chapitre suivant (Actes, XI, 8). 2° L’Apôtre rappelle ensuite ce que
faisait Pierre, en ajoutant que lorsqu’il était avec les Juifs (verset 12) il se retirait secrètement de la
compagnie des fidèles qui s’étaient convertis de la Gentilité, ne fréquentant
plus que les Juifs, et vivant avec eux. C’est ce qui lui fait dire (verset
12) : mais lorsqu’il fut venu, à savoir de la Judée, Pierre se
retirait de la société des Gentils convertis, et se séparait d’avec eux. Il agissait ainsi
(verset 12), parce qu’il craignait ceux qui venaient d’entre les
circoncis, » c’est-à-dire des Juifs, non si l’on veut d’une crainte
humaine ou mondaine, mais d’une crainte inspirée par la charité, c’est-à-dire
pour qu’ils ne soient pas scandalisés, dit la Glose. Pierre est donc devenu,
par cette conduite, comme Juif avec les Juifs, feignant avec ceux qui étaient
faibles de penser comme eux; mais toutefois cette crainte de sa part était
opposée à l’ordre, parce que l’on ne doit jamais abandonner la vérité par
crainte du scandale. 3° L’Apôtre fait ressortir ensuite quelle
conséquence amenait cette façon qu’avait Pierre de dissimuler, en ajoutant
(verset 12) : Les autres Juifs, qui étaient à Antioche, acquiescèrent
à sa dissimulation, faisant comme lui la distinction des viandes, et se
séparant des Gentils, tandis qu’ils n’avaient jamais usé auparavant d’une
semblable dissimulation. Et non seulement ils acquiescèrent à la façon d’agir
de l’apôtre Pierre, mais cette dissimulation fit de tels progrès dans le coeur des fidèles, que (verset 15) : Barnabé lui-même qui était comme moi
Docteur des Gentils, et avait pratiqué et enseigné le contraire, fut entraîné par eux à dissimuler aussi,
au point qu’il se sépara des Gentils. Et cela, parce qu’ainsi qu’il est dit
(Ecclésiastique X, 2) : « Tel est le prince de la ville, tels, etc. » II. Quand Saint Paul ajoute (verset 14) : Mais
quand je vis, etc., il développe ce qu’il avait dit auparavant de la
réprimande faite à l’apôtre Pierre. 1° Il expose le motif de la réprimande; 2° la
manière dont il l’a faite; 3° les termes même dont il s’est servi. 1° Le motif de cette réprimande n’est pas
léger, mais juste et utile, à savoir le péril que courait la vérité de
l’Evangile. C’est ce qui lui fait dire : Pierre, en se conduisant ainsi,
était donc répréhensible; mais je vis, bien que seul, que ce n’était pas marcher droit, selon la vérité
de l’Evangile, de se conduire ainsi, puisque la vérité périssait,
si l’on forçait ainsi les Gentils à pratiquer les observances légales, comme
on le verra plus loin. Or ce qui fait qu’ils ne marchaient pas droit, c’est
que la vérité, là surtout où le danger est pressant, doit être publiquement
soutenue, et que jamais on ne doit agir autrement, dans la crainte de
scandaliser quelques personnes ; (Matth., X, 27) : « Dites dans
la lumière ce que je vous dis dans l’obscurité » et (Isaïe, XXVI, 7)
: « Le sentier du juste est droit; le chemin du juste le conduira
droit dans sa voie. » 2° Le mode de la réprimande fut correct,
puisqu’il fut public et manifeste. C’est pourquoi l’Apôtre dit (verset 14) : Je
dis à Céphas, c’est-à-dire à
Pierre, devant tout le monde, parce que sa dissimulation était
un danger pour tous ; (I Timoth., V, 20) : « Reprenez devant
tout le monde les pécheurs. » Ce qu’il faut entendre des péchés
publics, et non de ceux qui sont demeurés secrets, et à l’égard desquels on
doit suivre l’ordre de la correction fraternelle. 3° Enfin l’Apôtre rapporte les paroles
mêmes dont il se servit pour réprimander Pierre, lorsqu’il ajoute (verset 4)
: Si vous, qui êtes Juif, etc., en d’autres termes : Pierre, si vous, qui êtes Juif,
de nation et de race, vivez à la manière des Gentils, et non pas à celle
des Juifs, c’est-à-dire : si vous suivez les coutumes des Gentils, et non
celle des Juifs, sachant bien et sentant que la distinction des viandes n’est
d’aucune utilité, (verset 24) : pourquoi donc contraignez-vous les
Gentils, sinon par un commandement formel, toutefois par l’ exemple de
votre conduite, à judaïser ? Il dit : contraignez,
parce que, comme l’a remarqué le Pape Saint Léon, « les exemples sont plus puissants que les paroles ». L’Apôtre
a donc repris Pierre, spécialement en ceci : c’est qu’ayant été lui-même
instruit par Dieu, quand, autrefois, il suivait les coutumes des Juifs, de ne
plus faire à l’avenir la distinction des viandes (Act., X, 15) : « N’appelez
pas impur ce que Dieu a purifiée, » il feignait cependant de faire
le contraire. Il faut remarquer ici qu’à l’occasion de ces paroles, il s’éleva une
dispute, qui ne fut pas sans gravité, entre saint Jérôme et saint Augustin.
Autant qu’on le peut conclure clairement de ce qui fut dit de part et
d’autre, il semble qu’ils différèrent de sentiment sur quatre points. Et
d’abord quant au temps jusqu’où les observances légales durent être gardées.
Car saint Jérôme distingue deux époques, l’une qui précéda, l’autre qui
suivit la passion de Jésus-Christ. Ce Père prétend donc qu’avant la passion
de Jésus-Christ, les observances légales étaient vivantes, c’est-à-dire
qu’elles avaient leur efficacité, en sorte que la circoncision effaçait le
péché originel, et qu’on apaisait Dieu par les victimes et par les
sacrifices. Mais il dit qu’après la mort de Jésus, non seulement ces
observances n’étaient plus vivantes, en d’autres termes, qu’elles étaient
mortes, mais, ce qui va plus loin, qu’elles donnaient la mort, en sorte que
quiconque les a observées après la mort de Jésus-Christ, a péché mortellement.
Saint Augustin de son côté distingue trois époques : La première comprend les
temps qui précédèrent la passion de Jésus-Christ : s’accordant en ce point
avec saint Jérôme, il dit qu’alors ces observances étaient vivantes. La
seconde renferme le temps qui suivit immédiatement la mort de Jésus Christ,
avant que la grâce fût répandue, (par exemple, au commencement du ministère
des apôtres) ; Augustin dit que
pendant ce temps les observances légales étaient frappées de mort, mais ne la
donnaient pas aux Juifs convertis, pourvu qu’en les gardant, ils n’y mettent
pas leur espérance; en sorte que les Juifs eux-mêmes en les pratiquant alors,
ne péchaient pas. Que s’ils y avaient mis leur espérance, quiconque
les eût gardées après sa conversion, eût péché mortellement, parce que,
mettant en elles leur espérance, comme si elles étaient nécessaires au salut,
il eût rendu inutile la grâce du Christ. La troisième époque enfin part du
moment où la vérité de Jésus-Christ et sa grâce ont été répandues : il
enseigne qu’alors elles sont tout à la fois et mortes et mortelles pour tous
ceux qui les gardent. La raison de cette distinction, c’est que si on avait
interdit aux Juifs, immédiatement après leur conversion, la pratique des
observances légales, il aurait semblé que la voie où ils marchaient ne
différait en rien de celle des idolâtres à qui l’on défend, aussitôt leur
conversion, le culte des idoles, et qu’ainsi les observances légales, pas
plus que l’idolâtrie, ne renfermaient rien de bon. Ainsi donc, sous
l’inspiration du Saint Esprit, il fut permis de garder, pendant une brève
période, les observances légales, pour le motif qu’on vient d’expliquer,
c’est-à-dire pour montrer que ces observances, dans leur temps, étaient
bonnes ; C’est ce qui fait dire à saint Augustin, qu’on faisait voir par
là que la synagogue, ainsi qu’une mère, devait être conduite avec honneur au
tombeau, puisque les observances qu’elle prescrivait, n’ont pas été défendues
aussitôt après la mort de Jésus-Christ. Quiconque ne les eût pas gardées de
cette manière, n’eût pas honoré la synagogue comme une mère, mais l’eût
laissée sans sépulture. Le second point du dissentiment entre saint Jérôme et saint Augustin,
porte sur l’observance des prescriptions légales, de la part des apôtres eux
mêmes. Saint Jérôme prétend que jamais les apôtres n’observèrent ces
prescriptions dans leur sens véritable, mais qu’ils feignirent de le faire,
pour éviter de scandaliser les fidèles qui avaient été circoncis; il dit que
Paul dissimula lui aussi, lorsqu’il accomplit son voeu dans le temple de
Jérusalem, (Actes, XXI, 26), quand il circoncit Timothée (Actes, XVI, 3) et
quand sur l’avis de saint Jacques, il se soumit à certaines prescriptions de
la Loi, (Actes, XV, 20). Or en agissant de cette manière, les apôtres n’en
imposaient à personne, parce qu’ils le faisaient non dans l’intention de
garder ces observances, mais pour quelque autre motif : comme lorsqu’ils se
reposaient le jour du Sabbat, non pour observer la Loi, mais pour prendre
simplement du repos; ainsi encore lorsqu’ils s’abstenaient d’aliments réputés
immondes selon la Loi, non parce que c’était une observance de la Loi, mais
pour d’autres motifs, par exemple par une certaine répugnance ou quelque
raison semblable. De son côté saint Augustin soutient que les apôtres pratiquaient
les observances mêmes, et dans leur sens véritable; mais toutefois qu’ils n’y
mettaient pas leur espérance, comme si c’étaient des pratiques nécessaires au
salut. Il prétend que cette conduite était licite pour eux, parce qu’ils
sortaient d’entre les Juifs. Avec cette réserve toutefois qu’ils ne purent
les garder que jusqu’à la promulgation de la grâce; qu’ainsi donc, de même
que pendant cet intervalle les autres Juifs convertis pouvaient, sans péril
pour le salut, suivre ces observances, du moment qu’ils n’y placaient pas
leur espérance, les apôtres le pouvaient également. Le troisième point du dissentiment porte sur la faute commise par saint
Pierre. Saint Jérôme soutient que par sa dissimulation rapportée plus haut,
cet apôtre n’a pas péché, pour ce motif qu’il a agi par un sentiment de
charité et non pas par quelque crainte du monde, comme il a été expliqué. Saint
Augustin au contraire veut qu’il ait péché, mais d’une manière seulement
vénielle, et cela à cause du manque de discrétion qui le fit s’attacher à ce
parti, c’est-à-dire celui des Juifs, pour éviter de les scandaliser.
L’argument de saint Augustin contre saint Jérôme tire une force particulière
de ce que, des sept docteurs que saint Jérôme cite à l’appui de son
sentiment, saint Augustin en retranche quatre comme entachés d’hérésie, à savoir
les Evêques de Laoclicée et d’Alexandrie, Origène et Didyme, et oppose aux
trois qui restent trois autres autorités qui appuient son opinion, à savoir :
saint Ambroise, saint Cyprien et l’apôtre Paul lui-même, qui dit positivement
que Pierre était répréhensible. Si, en effet, il est interdit de dire que
l’Ecriture renferme quelque chose de contraire à la vérité, il n’est pas
permis de dire que Pierre ne fut pas répréhensible. Cette raison donc rend
plus probables l’opinion et l’avis de saint Augustin, parce qu’elle s’accorde
davantage avec la parole de Saint Paul. Enfin le quatrième point du dissentiment porte sur la réprimande faite
par Saint Paul. Saint Jérôme avance que cet apôtre ne reprit pas véritablement
Pierre, mais qu’il feignit seulement de le faire, de même que Pierre lui-même
ne pratiquait que par feinte les observances légales. Donc, à l’exemple de
Pierre, qui, pour ne pas scandaliser les Juifs, feignait d’observer les
prescriptions légales, Paul, pour ne pas scandaliser les Gentils, fit savoir
que la conduite de Pierre lui déplaisait et feignit de le reprendre; ces deux
apôtres agissant ainsi par une espèce d’accord, afin d’être utiles, chacun de
leur côté, aux fidèles qui leur étaient soumis. Mais de même que saint
Augustin soutenait que Pierre avait pratiqué véritablement les prescriptions
légales, il prétend que Paul l’a repris véritablement, et sans feinte aucune.
Pierre se rendit coupable en gardant les observances, parce qu’il y avait dans
cette conduite un scandale pour les Gentils, dont il se séparait mais Paul en
le reprenant ne pécha pas, parce que de cette réprimande il ne s’ensuivit
aucun scandale. |
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Lectio 4 |
Leçon 4 : Galates II, 15-16 ─ Justification par la foi en Jésus
Christ
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SOMMAIRE : La vérité de la doctrine
annoncée par Saint Paul se reconnaît par les relations des autres apôtres
avec lui, au moment où il prêchait exclusivement que la justice ne peut
provenir de la Loi. |
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[15] nos
natura Iudaei et non ex gentibus peccatores [16]
scientes autem quod non iustificatur homo ex operibus legis nisi per fidem
Iesu Christi et nos in Christo Iesu credidimus ut iustificemur ex fide
Christi et non ex operibus legis propter quod ex operibus legis non
iustificabitur omnis caro [87753] Super Gal., cap. 2 l. 4 Supra ostendit veritatem doctrinae apostolicae
praedicatae per eum ex auctoritate aliorum apostolorum, hic ostendit idem ex
eorum conversatione et exemplo. Et circa hoc duo facit. Primo ostendit
propositum per apostolorum conversationem; secundo adversantium obiectionem quod
si quaerentes iustificari, et cetera. Circa primum tria facit. Primo
praemittit apostolorum conditionem; secundo insinuat eorum conversationem,
ibi scientes autem quod non iustificatur, etc.; tertio intentam
conditionem, ibi propter quod ex operibus legis, et cetera. Conditio
autem apostolorum et etiam ipsius Pauli haec est, quod secundum naturalem
originem ex Iudaeis processerunt. Et hoc est quod dicit nos, scilicet
ego et apostoli alii, sumus natura, id est naturali origine, Iudaei,
non proselyti. II Cor. XI, v. 22 : Hebraei sunt, et ego, et cetera. Et
haec est magna laus, quia, ut dicitur Io. IV, 22, salus ex Iudaeis est. Et
non ex gentibus peccatores, id est, non sumus peccatores, ut gentes
idololatrae et immundae. Sed contra
est quod dicitur I Io. I, v. 8 : si dixerimus quoniam peccatum non habemus,
etc., ergo Iudaei sunt peccatores. Respondeo. Dicendum est, quod aliud est
peccantem esse, aliud peccatorem. Nam
primum denominat actum, secundum vero promptitudinem, sive habitum ad
peccandum. Unde Scriptura iniquos et gravibus peccatorum sarcinis oneratos
peccatores appellare consuevit. Iudaei ergo propter legem superbientes, quasi
per eam coerciti a peccatis, gentes quae sine fraeno legis erant, et ad
peccandum pronae, peccatores vocabant. Eph. IV,
14 : non circumferamur omni vento doctrinae, et cetera. Cum ergo dicat
apostolus non ex gentibus peccatores, exponitur, id est, non sumus de
numero peccatorum qui sunt inter gentiles, et cetera. Consequenter
cum dicit scientes autem quod non iustificatur homo, etc., ponit
apostolorum conversationem, quae quidem non est in legalibus, sed in fide
Christi. Et circa hoc duo facit. Primo exprimit rationem apostolicae
conversationis; secundo ponit ipsam apostolicam conversationem, ibi et nos
in Christo, et cetera. Erat ergo apostolica conversatio in fide, et non
in legalibus. Cuius ratio est, quia licet fuerimus Iudaei natura et in
legalibus nutriti, tamen scientes pro certo, quod non iustificatur
homo ex operibus legis, id est, per opera legalia, nisi per fidem Iesu
Christi, ideo deserentes illa conversamur in praeceptis fidei. Rom. III,
28 : arbitramur enim hominem iustificari per fidem sine operibus legis.
Act. IV, 12 : non est aliud nomen, et cetera. Sed contra,
Rom. enim II, 13 dicitur : non enim auditores legis iusti sunt apud Deum,
sed factores legis iustificabuntur, et cetera. Videtur ergo quod ex
operibus legis iustificetur homo. Respondeo.
Dicendum est, quod iustificari potest dupliciter accipi, scilicet iustitiam
exequi, et iustum fieri. Primo
autem modo homo iustificatur, qui opera iustitiae facit. Non autem iustus fit
aliquis nisi a Deo, per gratiam. Sciendum est ergo, quod opera legis quaedam
erant moralia, quaedam vero caeremonialia. Moralia autem licet continerentur
in lege, non tamen poterant proprie dici opera legis, cum ex naturali
instinctu, et ex lege naturali homo inducatur ad illa. Sed caeremonialia
dicuntur proprie opera legis. Quantumcumque ergo homo quoad executionem
iustitiae ex moralibus iustificetur, et etiam ex caeremonialibus, inquantum
servare ea est opus obedientiae, ut ad sacramenta pertineant, et sic
accipitur secundum dictum apostoli ad Rom. II, 13. Quantum tamen ad iustum fieri, ex operibus legis
non iustificari homo per haec videtur, quia sacramenta veteris legis non
conferebant gratiam. Infra IV, 9 : conversi estis ad egena elementa,
id est, gratiam non conferentia, neque gratiam in se continentia. Sacramenta
vero novae legis, licet sint elementa materialia, non tamen sunt elementa
egena, quia in se gratiam continent, unde et iustificare possunt. Si qui
autem in veteri lege iusti erant, non erant iusti ex operibus legis, sed
solum ex fide Christi, quem Deus proposuit propitiatorem per fidem, ut
dicitur Rom. III, 20. Unde et ipsa sacramenta veteris legis non fuerunt
nisi quaedam protestationes fidei Christi, sicut et nostra sacramenta, sed
differenter, quia illa sacramenta gratiam Christi configurabant quasi
futuram; nostra autem sacramenta protestantur quasi continentia gratiam
praesentem. Et ideo signanter dicit, quod ex operibus legis non
iustificatur homo, nisi per fidem Iesu Christi, quia etsi olim aliqui
servantes opera legis iustificarentur, non tamen hoc erat nisi per fidem Iesu
Christi. Ex hac autem scientia apostolorum quam habebant,
quod iustificatio non est per operationem legis, sed per fidem Christi,
concludit conversationem apostolorum eligentium fidem Christi et dimittentium
opera legis. Unde sequitur et
nos in Christo Iesu credimus, quia, ut dicitur Act. IV, 12, non est
aliud nomen datum, et cetera. Unde sequitur ut iustificemur ex fide
Christi. Rom. V, 1 : iustificati ergo ex fide, et cetera. Et ne
aliquis credat quod simul cum lege Christi opera legis iustificent, subiungit
et non ex operibus legis. Rom. III, 28 : arbitramur enim
iustificari hominem per fidem, et cetera. Ex hoc
concludit principale intentum, dicens quod si apostoli, qui sunt naturaliter
Iudaei, non quaerunt iustificari per opera legis, sed per fidem, quod non
iustificatur omnis caro ex operibus legis, nec homo quicumque potest
iustificari per opera legis. Sumitur
enim hic caro pro homine, scilicet pars pro toto, sicut Is. XL : videbit omnis caro salutare Dei nostri.
Dicens autem propter quod, etc., concludit quasi a maiori. Magis enim
videtur naturale vel rationabile de Iudaeis, quod per opera legis, non per
fidem, iustificarentur, quam alii; sed hoc non est : quare, et cetera. |
15. Nous sommes Juifs par notre
naissance et non du nombre des Gentils, qui sont des pécheurs. 16. Cependant sachant que l’homme
n’est pas justifié par les oeuvres de la Loi, mais par la foi en
Jésus-Christ, nous avons nous-mêmes cru dans le Christ Jésus, pour être
justifiés par la foi que nous aurions en lui, et non par les oeuvres de la
Loi, parce que nul homme ne sera justifié par les oeuvres de la Loi. Saint Paul a établi, dans ce qui précède, par l’autorité des apôtres, la
vérité de la doctrine apostolique qu’il avait prêchée; il déduit ici la même
preuve, de leur vie et de leur propre exemple. Dans ce dessein, premièrement
il démontre sa proposition par la conduite des apôtres ; secondement il
donne l’objection de ses adversaires (verset 17) : Que si recherchant la justification, etc. Sur le premier de ces
points, I°
il rappelle quelle était la condition des apôtres; II° il donne à entendre quelle
fut leur vie, (verset 6) : Sachant que l’homme n’est pas justifié, etc.;
III°
il déduit la conclusion qu’il se propose (verset 6) : [Nul homme ne sera justifié]
par les oeuvres de la Loi, etc. I° Or la condition des apôtres et
celle de Paul lui-même, c’est, quant à l’origine naturelle, d’être sortis du milieu des Juifs.
C’est ce que L’Apôtre dit (verset 15) : Nous, c’est-à-dire moi et les
autres apôtres, nous sommes de naissance, c’est-à-dire par notre
origine naturelle, Juifs, et non
pas prosélytes ; (II Corinth., XI, 22) : « Sont-ils Hébreux? je
le suis aussi, etc. » Et cette origine est glorieuse, parce que,
comme il est dit (Jean, IV, 22) : « Le salut vient des Juifs » - (verset 15) : Et nous ne
sommes pas du nombre des Gentils qui sont des pécheurs, c’est-à-dire nous
ne sommes pas pécheurs, comme les Gentils, idolâtres et immondes. On objecte cette parole (I Jean, I, 8) : « Si nous disons que
nous sommes sans péché, etc. »,
donc les Juifs sont pécheurs. Il faut répondre qu’il y a de la différence entre pécher et être pécheur.
Le premier terme exprime un acte, le second, la facilité ou l’habitude de
pécher. C’est de là que l’Ecriture appelle d’ordinaire du nom de « pécheurs »
les méchants et ceux qui sont chargés du lourd fardeau de l’iniquité. Les
Juifs donc, qui étaient pleins d’orgueil à cause de la Loi, se trouvant par
elle comme empêchés de tomber dans le péché, appelaient pécheurs les Gentils
qui, n’ayant pas le frein de la Loi, étaient portés à pécher ; (Ephés.,
IV, 14) : « Ne nous laissons pas emporter à tous les vents des
opinions humaines, etc. » Quand donc Saint Paul dit (verset 15) : Nous
ne sommes pas du nombre des Gentils qui sont des pécheurs, il faut
entendre : nous ne sommes pas du nombre des pécheurs, qui sont parmi les
Gentils, etc. II° Quand l’Apôtre dit ensuite (verset 16) : Sachant cependant que
l’homme n’est pas justifié, etc., il rappelle comment les apôtres ont vécu, non
dans les observances légales, mais dans la foi de Jésus-Christ. I. Il
donne la raison de ce mode de vie des apôtres; II. il dépeint cette vie même
(verset 16) : Nous avons nous-mêmes cru en Jésus-Christ, etc. I. La manière de vivre des apôtres était
donc selon la foi, et non d’après les observances légales. La raison en est,
que bien que nous soyons Juifs de naissance et nourris dans les observances
de la Loi, (verset 16) Sachant toutefois comme une chose certaine que l’homme n’est pas justifié par les
oeuvres de la Loi, c’est-à-dire par l’accomplissement des observances
légales, mais par la foi en Jésus-Christ seulement, abandonnant donc
ces observances, nous vivons sous les préceptes de la foi ; (Rom., III,
28) : « Nous reconnaissons que l’homme est justifié par la foi, sans
les oeuvres de la Loi » ;
(Act., IV, 12) : « Aucun autre nom n’a été donné aux hommes, etc. » Objection : Il est dit (Rom., II, 13) : « Car ce ne sont pas ceux
qui écoutent la Loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui
gardent la Loi, qui sont justifiés, etc. » Il paraît donc que
l’homme est justifié par les oeuvres de la Loi (1). Il faut répondre que l’on peut entendre de deux manières cette
expression, « être justifié »
: à savoir, 1° accomplir la justice et 2° devenir juste. 1° On est justifié de la première manière,
quand on fait les oeuvres de la justice; mais nul ne devient juste, si Dieu
ne le fait tel par sa grâce. Il faut donc se rappeler que, parmi les oeuvres
de la Loi, les unes étaient morales, les autres rituelles. Or les principes
moraux, bien que contenus dans la Loi, ne pouvaient pas cependant, à
proprement parler, être réputés oeuvres de la Loi, parce que l’homme s’y sent
porté par une disposition naturelle et par la loi naturelle. Quant aux
oeuvres cérémonielles, elles sont à vrai dire les oeuvres propres de la Loi.
Ce que l’homme peut donc acquérir de justification pour ce qui est d’accomplir la justice par les oeuvres
morales, et même par les cérémonielles, en tant qu’il faut les observer pour
pratiquer l’obéissance, appartient à ces oeuvres, comme à des sacrements. On
l’entend ainsi suivant le passage de l’Apôtre que l’on vient de citer (Rom.,
II, 13). 2° Mais quant à devenir juste, on voit que l’homme ne peut être justifié par les
oeuvres de la Loi, en ce que les sacrements de la loi ancienne ne conféraient
pas la grâce (ci-après, IV, 9) : Comment vous tournez-vous de nouveau vers
des éléments impuissants, c’est-à-dire qui ne confèrent pas la grâce, et
ne la contiennent pas en eux-mêmes. Au contraire, les sacrements de la loi
nouvelle sont bien des éléments matériels, mais ce ne sont pas des éléments
stériles, parce qu’ils renferment en eux-mêmes la grâce; c’est ce qui fait
qu’ils peuvent justifier. Si donc, sous l’ancienne loi, quelques-uns étaient
justes, ils n’étaient pas tels par les oeuvres de la Loi, mais uniquement par
la foi en Jésus-Christ, que Dieu a
proposé pour être la victime propitiatoire par la foi, ainsi
qu’il est dit (Rom., III, 20). Il suit de là que les sacrements de la loi
ancienne ne furent eux-mêmes que des manifestations de la foi en
Jésus-Christ, comme le sont nos sacrements, mais avec cette différence, que
les premiers figuraient la grâce de Jésus-Christ, comme devant être donnée
dans l’avenir, tandis que nos sacrements témoignent qu’ils contiennent cette
grâce maintenant présente. C’est pourquoi l’Apôtre dit expressément que
(verset 16) : L’homme n’est pas justifié par les oeuvres de la Loi, mais
par la foi en Jésus-Christ, parce que, si dans les temps anciens
quelques-uns, pratiquant les oeuvres de la Loi furent justifiés, ils ne
l’étaient que par la foi en Jésus-Christ. II. De cette science qu’avaient les Apôtres
que la justification ne s’opère pas par les oeuvres de la Loi, mais par la
foi de Jésus-Christ, Saint Paul déduit la règle qu’ils suivaient en
choisissant cette foi de Jésus-Christ, après avoir laissé de côté les oeuvres
de la Loi. Aussi dit-il à la suite (verset 16) : Nous avons nous-mêmes cru
en Jésus-Christ, parce que comme il est dit (Act., IV, 12) : « car aucun autre nom sous le ciel n’a été donné, etc. »
C’est pour cela qu’il ajoute (verset 16) : afin d’obtenir par la foi en
lui la justice ; (Rom., V, 1) : « Etant donc
justifiés par la foi, etc. » Et pour que l’on ne croie pas que les
oeuvres de la Loi justifient en même temps que la Loi de Jésus-Christ, il dit
de plus (verset 16) : et non pas par les oeuvres de la Loi ; (Rom., III, 28) : « Nous
devons reconnaître que l’homme est justifié par la foi, etc. » III° De ce qui vient d’être dit,
l’Apôtre conclut sa proposition principale, en disant que, si les apôtres, qui par leur
origine naturelle sont Juifs, ne cherchent pas à être justifiés par les
oeuvres de la Loi, mais par la foi, (verset 16) car nulle chair, ni
quelqu’homme que ce soit, n’est
justifiée par ces oeuvres, aucun homme ne peut être justifié par les
œuvres de la Loi. Ici le mot « chair » est pris pour l’homme, la
partie pour le tout, comme dans ce passage d’Isaïe (XL, 5) : « Toute
chair verra en même temps que c’est notre Dieu qui sauve. » Quand il
dit (verset 16) : C’est pour quoi, etc.; il conclut comme « a maiori ». En effet, il
paraît plus naturel ou plus raisonnable de penser à l’égard des Juifs qu’ils
seraient justifiés par les oeuvres de la Loi, que par la foi; or il n’en est
pas ainsi; c’est pourquoi, etc. |
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Lectio 5 |
Leçon 5 : Galates II, 17-18 ─ Jésus n’est pas ministre du péché
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SOMMAIRE : L’Apôtre enseigne que
Jésus-Christ n’est pas le ministre du péché, bien que nous soyons justifiés
du péché par Jésus-Christ. |
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[17] quod si quaerentes iustificari in Christo inventi sumus et
ipsi peccatores numquid Christus peccati minister est absit [18] si enim quae destruxi haec iterum aedifico praevaricatorem
me constituo [87754] Super Gal., cap. 2 l. 5 Postquam apostolus ostendit per conversationem
apostolorum legalia non esse observanda, quod ipse dicebat, hic movet quaestionem
in contrarium. Et circa hoc tria facit. Primo movet quaestionem; secundo
solvit eam, ibi absit, etc.; tertio solutionem eius manifestat, ibi ego
enim per legem, et cetera. Primum
dupliciter potest exponi secundum Glossam. Primo sic : posset enim aliquis
dicere quod apostoli deserentes legem, veniendo ad fidem Christi peccassent.
Sed ex hoc apostolus introducit quasi quoddam inconveniens, scilicet Christum
esse auctorem peccati, eo quod homines ad suam fidem vocat. Et hoc est quod
dicit quod, id est sed, si nos apostoli quaerentes
iustificari in ipso, id est, per ipsum, scilicet Christum, inventi
sumus, id est, manifeste comprobemur, et ipsi apostoli peccatores
propter legis dimissionem, numquid Christus est minister peccati? Id
est, inducens nos ad peccandum qui nos a statu legis ad suam fidem vocavit?
Infra IV, 4 : factum sub lege, ut eos qui sub lege erant redimeret,
scilicet ab onere legis. Respondet
apostolus absit, quia magis est minister iustitiae. Rom. V, 19 : per unius obedientiam iusti
constituuntur multi. I Petr.
II, 22 : qui peccatum non fecit, et cetera. Et quod Christus non sit
minister peccati abstrahens a lege veteri, patet, quia si ego ipse quae
destruxi, scilicet superbiam gloriantem de lege, iterum reaedifico,
volens redire ad gloriandum de lege, praevaricatorem meipsum constituo,
resumens quae destruxi. II Petr. II, 22 : canis reversus ad vomitum,
et cetera. Ios. II : maledictus homo qui reaedificaverit Iericho.
Dicit autem quae destruxi, non ipsam legem, ut Manichaei volunt, quia
lex sancta est, Rom. VII, 12, sed superbiam de lege, de qua dicitur Rom. X, 3
: quaerentes suam iustitiam statuere, et cetera. Si quis
autem obiiciat quod cum ipse olim destruxerit fidem Christi, praevaricatorem
se faciebat eam aedificans, patet responsio, quia fidem Christi conatus fuit
quidem destruere, sed non praevaluit propter veritatem. Act. IX, v. 4 : quid
me persequeris? Durum est tibi, et cetera. Sed superbia legis vana erat,
et ideo destrui poterat, et reaedificanda non erat. Secundo
modo potest exponi, ut quod dicit inventi sumus et ipsi peccatores,
referatur non ad dimissionem legis, sicut nunc expositum est, sed magis ad
ipsam legis observantiam. Manifestum enim est quod quicumque quaerit
iustificari, profitetur se non esse iustum, sed peccatorem. Est ergo sensus :
si nos quaerentes iustificari in Christo, ex hoc ipso quod
quaerimus nos iustificari, inventi sumus, id est, ratione comprobamur et
ipsi peccatores fuisse, propter hoc quod legem observabamus, numquid
Iesus Christus minister peccati est? Ut scilicet mandaverit homines
post suam passionem legalia observare, quod sine peccato fieri non potest. Et
attendendum est, quod haec expositio procedit secundum opinionem Hieronymi,
qui ponebat statim post passionem Christi legalia fuisse mortifera. Tertio
modo potest exponi, ut quod dicit inventi sumus et ipsi peccatores,
pertineat quidem ad statum quo lex observabatur, non tamen quod ipsi
offenderent propter legis observantiam, sed propter legis defectum, quae
peccatum auferre non poterat, ut sit sensus : si quaerentes iustificari in
ipso, inventi sumus et ipsi peccatores, id est, peccatum habentes, lege
peccatum non auferente, secundum illud Rom. III, 9 : causati sumus Iudaeos
et Graecos omnes sub peccato esse, numquid Iesus Christus peccati
minister est, ut reducat nos ad observantiam legis, in qua sub peccato
eramus? Et haec expositio procedit secundum expositionem Augustini. Et
respondet, secundum utramque expositionem, absit, quia ego destruxi
legem carnaliter intellectam, spiritualiter iudicando et docendo. Unde si
iterum vellem aedificare carnalis legis observantias, essem praevaricator
legis spiritualis. Potest et
quarto modo sic exponi. Dixeram, hominem non iustificari ex operibus legis.
Posset aliquis dicere, quod nec etiam per fidem Christi, quia multi post
fidem Christi acceptam, peccant. Et hoc est quod dicit : si quaerentes
iustificari in Christo, id est, per fidem Christi, inventi sumus
post fidem Christi susceptam etiam ipsi nos fideles peccatores,
id est, in peccatis viventes, numquid Iesus Christus minister
peccati est et damnationis, sicut minister veteris legis est minister
peccati et damnationis? Non quod lex induceret ad peccatum, sed
occasionaliter, quia prohibebat peccatum, et non conferebat gratiam
adiuvantem ad resistendum peccato. Unde dicitur Rom. VII, 8 : occasione
accepta, peccatum per mandatum, et cetera. Sed Christus dat gratiam
adiuvantem. Io. I, v. 17 : gratia et veritas per Iesum Christum facta est.
Unde nullo modo est minister peccati, nec directe, nec occasionaliter. |
17. Que si recherchant à être
justifiés dans le Christ, il se trouvait que nous fussions nous-mêmes des
pécheurs, le Christ ne serait-il pas ministre du péché ? A Dieu ne plaise. 18. Car si je rétablissais de
nouveau ce que j’ai détruit, je me rendrais moi-même prévaricateur. Après avoir conclu, de la conduite des apôtres, que l’on ne doit plus
pratiquer les observances légales, ainsi qu’il l’enseignait lui-même,
l’Apôtre présente une difficulté en sens contraire. A cet effet, I° il
énonce la difficulté; II° il en donne la solution (verset 17) : Qu’à
Dieu ne plaise ; III°
il développe cette solution (verset 19) Car je suis mort à la Loi par la
Loi même, etc. I° Le premier de ces points peut être
entendu de deux manières, d’après la Glose. D’abord ainsi : On pouvait prétendre que les
apôtres, abandonnant la Loi pour venir à la foi de Jésus-Christ, avaient commis
un péché ; or, de cette
supposition, Saint Paul fait ressortir une absurdité, à savoir que
Jésus-Christ serait l’auteur du péché, en ce qu’il appelle les hommes à
croire en lui. C’est ce qu’il dit (verset 17) Que si, c’est-à-dire si
nous autres apôtres, en cherchant à
être justifiés en Jésus-Christ,
c’est-à-dire par Jésus-Christ lui-même, on nous trouvait, c’est-à-dire
si nous étions manifestement reconnus être nous-mêmes, tout apôtres que nous soyons, pécheurs,
pour avoir abandonné la Loi, Jésus-Christ ne serait-il pas le ministre du
péché ? c’est-à-dire ne nous porterait-il pas à pécher, lui qui nous a
appelés de l’état de la Loi à la foi en lui (ci-après, IV, 4) : Il a été
assujetti à la Loi, pour racheter ceux qui étaient sous la Loi,
c’est-à-dire les racheter du fardeau de la Loi. II° L’Apôtre répond (verset 17) : Cette conséquence fait
horreur,
car, bien plutôt, il est le ministre de la justice ; (Rom., V, 19) : « Par
l’obéissance d’un seul, plusieurs obtiendront la justice » ; (I Pierre, II, 22) : « lui
qui n’avait pas commis le péché, etc. » Que Jésus-Christ ne soit pas
le ministre du péché, en nous retirant de la loi ancienne, la chose est
évidente, car (verset 18) : si moi-même,
ce que j’ai détruit, c’est-à-dire l’orgueil qui se glorifiait de la
Loi, je le rétablis de nouveau, en
m’efforçant de revenir à me glorifier de la Loi, je me fais moi-même
prévaricateur, en reprenant ce que j’ai détruit ; (II Pierre,
II, 22) : « Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, etc. » ; (Josué, XI, 26) : « Maudit soit l’homme qui rebâtira
Jéricho ! » L’Apôtre dit : ce
que j’ai détruit, non pas la loi elle-même, comme le prétendent les
Manichéens, car la Loi est sainte
(Rom., VII, 12), mais l’orgueil, qui prenait occasion de la Loi,
et dont il est dit (Rom., X, 3) : « s’efforçant d’établir leur propre
justice, etc. » Que si quelqu’un voulait objecter, que Paul lui-même
s’en étant pris autrefois à la foi de Jésus-Christ, il se rendait à son tour
prévaricateur en l’établissant, la réponse est facile : c’est qu’à la vérité
il s’est efforcé de détruire cette foi, mais qu’il n’y a pas réussi, parce
qu’il s’attaquait à la vérité ; (Act., IX, 4) : « Saul, Saul,
pourquoi me persécutez-vous ? Il vous est dur, etc. » Mais l’orgueil
qui venait de la loi était sans fondement aucun. Il pouvait donc être
détruit, et il ne devait pas être relevé. On peut encore expliquer d’une autre manière ce que l’Apôtre a dit (verset
17) : Si nous-mêmes on nous trouve pécheurs, en le rapportant non à
l’abandon de la loi, comme on vient de l’expliquer, mais plutôt à
l’observance même de cette loi. En effet, il est évident que quiconque
cherche à être justifié, reconnaît qu’il n’est pas juste, mais pécheur. Voici
donc quel serait, le sens (verset 17) : Si nous-mêmes, en cherchant à être justifiés en Jésus-Christ, par
cela même que nous cherchons à être justifiés, on nous trouve, c’est-à-dire
nous sommes convaincus par la raison, d’être nous-mêmes pécheurs, en
ce que nous suivions les pratiques de la Loi, Jésus-Christ est-il pour cela le ministre du péché ?; en
ce sens qu’il aurait ordonné de garder après sa mort les observances de la
Loi, ce qui ne peut se faire sans péché. Il faut remarquer que cette
explication s’accorde avec l’opinion de saint Jérôme qui prétendait
qu’aussitôt après ta mort de Jésus-Christ les observances de la Loi étaient
devenues mortelles. On peut encore entendre ces mêmes paroles : On nous reconnaît
nous-mêmes pécheurs, en les appliquant à l’état dans lequel on observait
la Loi, non pas toutefois qu’il y eût offense par le fait même de son
observance, mais à cause de l’imperfection de cette loi, qui ne lui
permettait pas de détruire le péché. Le sens serait : Si en cherchant à être justifiés, nous nous montrons – dans cette
recherche même - nous-mêmes pécheurs, c’est-à-dire encore dans
l’état du péché, puisque la Loi ne le détruit pas, suivant cette parole
(Rom., III, 9) : « Nous avons déjà convaincu et les Juifs et les
Gentils d’être tous dans le péché », - Jésus-Christ est-il donc le ministre du péché, en nous
ramenant à l’observance de la Loi, sous laquelle nous étions dans l’état du
péché ? Cette explication est en accord avec l’opinion de saint Augustin. L’Apôtre
répond, suivant l’une et l’autre exposition : Cette conséquence fait
horreur !, car j’ai détruit la Loi, entendu dans un sens charnel, en
jugeant et en enseignant selon l’Esprit. Si donc je voulais établir de
nouveau les observances de la loi charnelle, je prévariquerais contre la loi
spirituelle. Voici encore une quatrième explication. J’avais avancé que l’on n’était
pas justifié par les oeuvres de la Loi; or on pouvait me répondre qu’on ne
l’est pas davantage par la foi de Jésus-Christ, puisque plusieurs pèchent,
après avoir reçu cette foi. C’est ce qui lui fait dire (verset 17) : Si
cherchant à être justifiés en Jésus-Christ, c’est-à-dire par la foi de
Jésus-Christ, après avoir reçu cette foi, on nous trouve encore, même nous qui sommes fidèles pécheurs,
c’est-à-dire si nous vivons dans le péché, Jésus-Christ est-il donc le
ministre du péché ? et de la damnation, comme l’est le ministre de
l’ancienne Loi ? Non pas que la Loi conduise au péché, mais elle le produit
occasionnellement, parce qu’elle interdit le péché, sans donner la grâce qui
aide pour résister au péché. C’est de là qu’il est dit (Rom., VII, 8) : « Le
péché, ayant pris occasion des préceptes de la Loi, etc. » Mais
Jésus-Christ donne la grâce qui aide ; (Jean., I, 17) : « La
grâce et la vérité ont été données par Jésus-Christ. » Jésus-Christ
n’est donc en aucune manière, ni directement, ni occasionnellement le
ministre du péché. |
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Lectio 6 |
Leçon 6 : Galates II, 19-21 ─ Mourir pour vivre en Jésus Christ
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SOMMAIRE : L’Apôtre montre qu’il
détruit la Loi, et qu’en cela il n’est pas répréhensible; qu’il est mort à la
Loi pour vivre à Dieu. |
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[19] ego enim per legem legi mortuus sum ut Deo vivam
Christo confixus sum cruci [20] vivo autem iam non ego vivit vero in me Christus quod
autem nunc vivo in carne in fide vivo Filii Dei qui dilexit me et tradidit se
ipsum pro me [21] non abicio gratiam Dei si enim per legem iustitia ergo
Christus gratis mortuus est [87755] Super Gal., cap. 2 l. 6 Hic apostolus solutionem superius assignatam
manifestat. Et primo ponit solutionis manifestationem; secundo concludit
principale intentum, ibi non abiicio gratiam Dei, et cetera. Sed
attendendum est, quod apostolus inquirendo procedens, nullum dubium
indiscussum relinquit. Et ideo verba eius licet videantur intricata, tamen si
diligenter advertantur, nihil sine causa dicit, et hoc apparet in verbis
propositis. Ubi tria facit : primo manifestat solutionem; secundo explicat
solutionis manifestationem, ibi Christo confixus sum cruci, etc.;
tertio removet dubitationem, ibi quod autem vivo, et cetera. Quia ergo
apostolus dixerat si enim quae destruxi, etc., quod intelligitur de
veteri lege, posset enim ab aliquo reputari legis destructor, et per
consequens iniquus, secundum illud Ps. CXVIII, 126 : dissipaverunt iniqui
legem tuam, ideo apostolus vult ostendere quomodo legem destruat, et
tamen non est iniquus, dicens ego enim per legem, et cetera. Ubi
sciendum est, quod quando aliquis dissipat legem per ipsam legem, talis est
praevaricator legis, non iniquus. Dissipatur autem lex per legem, quando in
lege datur aliquod praeceptum locale seu temporale, ut scilicet lex illa tali
tempore, seu tali loco servetur, et non alio, et hoc ipsum exprimatur in
lege. Si quis tunc in illo tempore, seu in illo loco lege non utitur,
destruit legem per ipsam legem, et hoc modo apostolus destruxit legem. Unde destruxi, inquit, quodammodo legem,
tamen per legem, quia ego mortuus sum legi per legem, id est, per auctoritatem
legis ipsam dimisi, quasi legi mortuus. Auctoritas enim legis, per quam
mortuus est legi, in multis sacrae Scripturae locis habetur; Ier. XXXI, 31, tamen sub aliis verbis : confirmabo testamentum novum
super domum Israel, etc.; Deut. XVIII, 15
: prophetam suscitabit dominus de fratribus vestris, etc.; et multis
aliis locis; non est ergo transgressor apostolus legem destruendo. Vel aliter : ego per legem, scilicet
spiritualem, mortuus sum legi carnali. Tunc enim moritur legi, quando
abiicit legem solutus a lege. Iuxta illud Rom. VII, 2 : mortuo viro,
soluta est mulier a lege viri. Inquantum vero apostolus subiectus erat
legi spirituali, dicit se mortuum legi, id est, solutum a legis observatione.
Rom. VIII, 2 : lex
spiritus vitae, et cetera. Alius modus dimittendi legem sine
praevaricatione esse potest, quia videlicet lex aliqua quando est scripta in
charta, tunc dicitur lex mortua, et quando est in mente legislatoris, tunc
dicitur lex viva. Constat autem, quod si aliquis secundum verbum legislatoris
operaretur contra legem scriptam, et solveret legem, et solveretur a lege
mortua, et servaret legem vivam secundum imperium legislatoris. Dicit ergo,
secundum hoc, mortuus sum legi scriptae et mortuae, id est solutus sum
ab ea, ut Deo vivam, id est, motus meos secundum dicta ipsius dirigam,
et ad honorem eius ordiner. Lex enim
statuta in scriptis aliquid tradit propter extraneos, et eos qui ab eo
verbotenus audire non possunt; sed his qui coram eo sunt, non dicit eam
scriptis, sed verbo tantum. A principio enim homines infirmi erant, ad Deum
accedere non valentes. Et ideo necesse fuit eis praecepta legis in scriptis
dare, ut per legem quasi per paedagogum manu ducerentur ad hoc, quod ab eo
praecepta eius audirent, secundum quod dicitur infra III, 24 : lex
paedagogus noster fuit in Christo, et cetera. Sed postquam habemus accessum ad patrem per
Christum, ut dicitur Rom. V, 2, non instruimur per legem de mandatis Dei, sed
ab ipso Deo. Et ideo dicit : per legem manuducentem mortuus sum legi
scriptae, ut vivam Deo, scilicet ipsi factori legis, id est, ut ab
ipso instruar et dirigar. Consequenter
cum dicit Christo confixus sum, etc., explicat quae dixit. Dixerat
autem quod est mortuus legi, et quod vivit Deo. Et ista duo manifestat. Et
primo quod sit mortuus legi, per hoc quod dicit Christo confixus sum cruci;
secundo quod vivit Deo, cum dicit vivo ego, iam non ego, et cetera. Et primum
quidem potest exponi dupliciter. Uno modo sicut in Glossa, sic : quilibet
homo secundum carnalem originem nascitur filius irae, Eph. II, 3 : eramus
enim natura filii irae, et cetera. Nascitur etiam in vetustate peccati,
Bar. III, 11 : inveterasti in terra aliena, et cetera. Quae quidem
vetustas peccati tollitur per crucem Christi, et confertur novitas vitae
spiritualis. Dicit ergo apostolus Christo confixus sum cruci, id est,
concupiscentia seu fomes peccati, et omne huiusmodi, mortuum est in me per
crucem Christi. Rom. VI, 6 : vetus homo noster simul crucifixus est,
et cetera. Item ex quo cum Christo confixus sum cruci, et mortuus sum
peccato, et Christus resurrexit, cum resurgente etiam resurrexi. Rom. IV, 25
: traditus est, et cetera. Sic ergo
Christus in nobis renovat vitam novam, destructa vetustate peccati. Et ideo
dicit vivo autem, id est, quia Christo confixus sum cruci,
vigorem bene operandi habeo, iam non ego secundum carnem, quia iam non
habeo vetustatem quam prius habui, sed vivit in me Christus, id est,
novitas, quae per Christum nobis data est. Vel aliter
: homo quantum ad illud dicitur vivere, in quo principaliter firmat suum
affectum, et in quo maxime delectatur. Unde et homines qui in studio seu in
venationibus maxime delectantur, dicunt hoc eorum vitam esse. Quilibet autem
homo habet quemdam privatum affectum, quo quaerit quod suum est; dum ergo aliquis
vivit quaerens tantum quod suum est, soli sibi vivit, cum vero quaerit bona
aliorum, dicitur etiam illis vivere. Quia ergo apostolus proprium affectum
deposuerat per crucem Christi, dicebat se mortuum proprio affectui, dicens Christo
confixus sum cruci, id est, per crucem Christi remotus est a me proprius
affectus sive privatus. Unde dicebat infra ult. : mihi absit gloriari nisi
in cruce domini nostri, etc., II Cor. V, 14 s. : si unus pro omnibus
mortuus est, ergo omnes mortui sunt. Et pro omnibus mortuus est Christus, ut
et qui vivunt iam non sibi vivant, sed ei, et cetera. Vivo
autem, id est, iam non vivo ego, quasi in affectu habens
proprium bonum, sed vivit in me Christus, id est tantum Christum habeo
in affectu, et ipse Christus est vita mea. Phil. I, 21 : mihi vivere
Christus est, et mori lucrum. Consequenter
autem cum dicit quod autem nunc vivo, etc., respondet dubitationi quae
poterat esse duplex ex praemisso verbo. Una est quomodo ipse vivit, et non
est ille, scilicet qui vivit; secunda quomodo confixus est cruci. Et ideo
haec duo aperit. Et primo
primum, quomodo scilicet vivit, et non ipse vivit, dicens quod autem nunc
vivo, et cetera. Ubi notandum est, quod illa proprie dicuntur vivere,
quae moventur a principio intrinseco. Anima autem Pauli constituta erat inter
Deum et corpus, et corpus quidem vivificabatur et movebatur ab anima Pauli,
sed anima eius a Christo. Quantum ergo ad vitam carnis vivebat ipse Paulus,
et hoc est quod dicit quod autem nunc vivo in carne, id est, vita
carnis; sed quantum ad relationem ad Deum, Christus vivebat in Paulo, et ideo
dicit in fide vivo filii Dei, per quam habitat in me et movet me. Hab.
II, 4 : iustus autem meus ex fide vivit. Et nota quod dicit, in
carne, non ex carne, quia hoc malum est. Secundo
ostendit quod confixus est cruci, dicens : quia amor Christi quem ostendit
mihi in cruce moriens pro me, facit ut semper ei configar. Et hoc est quod
dicit qui dilexit me. I Io. IV, 10 : ipse prior dilexit nos. Et
intantum dilexit me, quod tradidit semetipsum pro me, et non aliud
sacrificium. Apoc. I, 5 : dilexit nos, et lavit nos a peccatis nostris in
sanguine suo. Eph. c. V, 25 : sicut Christus dilexit Ecclesiam, et
semetipsum tradidit pro ea, et cetera. Sed attendendum est, quod ipse
filius tradidit se, et pater tradidit filium, Rom. VIII, v. 32 : qui
proprio filio non pepercit, sed pro nobis omnibus tradidit illum; et
Iudas tradidit eum, ut dicitur Matth. XXVI, 15 : et totum una res est,
sed non una intentio, quia pater ex charitate, filius ex obedientia simul et
cum charitate, Iudas vero ex cupiditate et proditorie. Consequenter
cum dicit non abiicio gratiam Dei, infert conclusionem principalem. Et
primo inducit conclusionem; secundo manifestat modum. Dicit ergo
: ex quo tantam gratiam recepi a Deo quod tradidit se, et ego vivo in fide
filii Dei, non abiicio gratiam filii Dei, id est, non repudio, nec
ingratum me exhibeo. I Cor. XV, 10 : gratia Dei in me vacua non fuit,
et cetera. Unde et alia littera habet. Non sum ingratus gratiae Dei
(Hebr. XII, 15 : contemplantes ne quis desit gratiae Dei), scilicet
per ingratitudinem se indignum fatendo. Modus autem abiiciendi et
ingratitudinis est, si dicerem quod lex esset necessaria ad iustificandum. Et
ideo dicit si enim per legem iustitia, ergo Christus gratis est mortuus,
id est, si sufficiens sit lex, id est, opera legis sufficiunt ad
iustificandum hominem, Christus sine causa mortuus est, et frustra, quia ad
hoc mortuus est, ut nos iustificaret. I Petr. III, 18 : Christus semel pro
peccatis nostris mortuus est, et cetera. Quod si hoc per legem fieri
posset, superflua fuisset Christi mors. Sed non gratis mortuus, nec in vacuum
laboravit, ut dicitur Is. c. XLIX, 4, quia per ipsum solum gratia iustificans
et veritas facta est, ut dicitur Io. I, 17. Si qui ante passionem Christi
iusti fuerunt, hoc etiam fuit per fidem Christi venturi, in quem credebant,
et in cuius fide salvabantur. |
19. En effet, je suis mort à la Loi
par la Loi même, afin de ne plus vivre que pour Dieu. J’ai été crucifié avec
le Christ. 20. .Mais je vis, ou plutôt ce n’est
plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi. Et si je vis
maintenant dans ce corps mortel, j’y vis en la foi du Fils de Dieu, qui m’a
aimé et qui s’est livré à la mort pour moi 21. Je ne veux pas rejeter la grâce
de Dieu. Car si la justice s’acquiert par la Loi, le Christ sera donc mort en
vain. Ici Saint Paul développe la solution énoncée plus haut. I° Il
expose le développement de cette solution; II° Il déduit la conclusion
principale (verset 21) : Or je ne veux pas rejeter cette grâce de Dieu, etc.
I° Il faut remarquer que l’Apôtre, en
avançant dans la discussion de ce qui précède, ne laisse aucune difficulté sans l’aborder,
c’est pourquoi son discours à la première vue embarrassé, quand on le suit attentivement,
ne dit rien sans motif; on le voit dans les expressions mêmes dont il se
sert. I.
Il développe la solution de la question; II. il explique ce développement (verset 19) : J’ai
été crucifié avec Jésus-Christ ;
III.
il écarte une difficulté (verset 20) : en ce que je vis, etc. I. l’Apôtre ayant donc dit (verset 18) : Si
je rétablissais de nouveau ce que j’ai détruit, etc., ce qui s’applique à
l’ancienne loi, on pouvait le regarder comme le destructeur de cette loi, et
par conséquent comme un méchant, suivant cette parole : (Ps., LXVIII, 126) : « Les
méchants ont renversé votre loi. » Donc , Paul veut expliquer dans
quel sens il détruit la Loi, sans être pour cela méchant. Il dit donc (verset
19) : Car je [suis mort à la Loi,] par la Loi même. Il faut se
rappeler que quand quelqu’un détruit la Loi par la Loi même, il transgresse
la Loi mais il n’est pas méchant; or, on détruit la Loi par la Loi, quand on
donne dans cette loi quelque précepte, qui s’applique à un lieu ou à un
temps, de telle sorte que cette loi soit observée dans tel lieu, ou dans tel
temps, et non pas dans tel autre temps, ou tel autre lieu, et que ce précepte
même est exprimé dans la loi. Celui donc, qui dans ce lieu ou dans ce temps,
ne fait plus usage de la Loi, détruit la loi parla loi même; or c’est ainsi
que Saint Paul a détruit la Loi. J’ai donc détruit, dit-il, la Loi en un
certain sens, cependant c’est par la Loi, (verset 19) car, je suis mort à la Loi,
par la Loi même, c’est-à-dire : c’est par l’autorité de la Loi,
que j’ai abandonné la Loi elle-même, comme étant moi-même mort à cette Loi.
Car l’autorité de la Loi par laquelle il est mort lui-même à la Loi, est
établie en plusieurs endroits de la Sainte Ecriture ; (Jér., XXXI, 31)
en d’autres termes toutefois : « Je ferai une alliance nouvelle avec
la maison d’Israël, etc. » ; (Deutéron., XVIII, 15) : « Le Seigneur vous
suscitera, du milieu de vos frères, etc. »; ainsi dans beaucoup d’autres passages. L’Apôtre n’est donc
pas, en détruisant la Loi, le transgresseur de cette Loi. Ou bien encore : moi-même,
par la Loi, à savoir la loi spirituelle, je suis mort à la loi
charnelle. Car pour lui c’est mourir à la Loi, que d’être délivré d’elle, et
de ne plus s’en occuper, suivant ce passage (Rom., VII, 2) : « Quand
son mari est mort, la femme est dégagée de la loi qui la liait à son mari, »
par cela donc que l’Apôtre était soumis à la loi spirituelle, il se dit mort
à la Loi, c’est-à-dire libéré de son observance ; (Rom., VIII, 2) : « La
loi de l’Esprit de vie, etc. » Il est encore une autre manière de se
séparer de la Loi sans prévarication. Une loi, écrite sur le papier,
s’appelle une loi morte, et quand elle est dans la pensée du législateur,
elle s’appelle une loi vivante; or il est certain que si d’après la parole du
législateur, on agissait contre la loi écrite, on se séparerait tout à la
fois de la loi, on se délivrerait de la loi morte, et on garderait la loi
vivante, selon le commandement du législateur lui-même. Saint Paul dit donc
ce sens : Je suis mort à la Loi écrite, à la loi morte, c’est-à-dire
j’en suis affranchi, (verset 19) : afin de ne vivre que pour Dieu,
c’est-à-dire afin que je dirige mes actes d’après ses paroles, et que je régisse
ma vie pour son honneur. C’est que la loi, fixée par l’écriture, donne des
préceptes pour les étrangers et pour ceux qui ne peuvent entendre de vive
voix le législateur suprême, mais pour ceux qui sont devant lui, il ne
manifeste pas la loi par écrit, mais par sa parole seulement. Au commencement
des choses, les hommes étaient faibles et n’étaient pas capables de s’
approcher de Dieu; il devint donc nécessaire de leur donner par écrit les
préceptes de la loi, afin que cette loi fût pour eux comme la main d’un
maître qui les conduise jusqu’à ce qu’ils puissent entendre de sa bouche les
préceptes qu’ils avaient à observer, suivant ce qui est dit (ci-après, III,
24) : La Loi nous a servi de précepteur [pour nous mener comme des enfants]
à Jésus-Christ, etc. Mais depuis que
nous avons eu accès auprès du Père par Jésus Christ, ainsi qu’il est
dit (Rom., V, 2), nous ne sommes plus instruits par la Loi des préceptes de
Dieu, mais par Dieu lui-même. Voilà pourquoi l’Apôtre dit : par la Loi même, qui me menait
parla main, je suis mort à la Loi
écrite, afin de vivre pour Dieu, c’est-à-dire pour l’auteur même de la
Loi, c’est-à-dire, afin que par lui je sois instruit et dirigé. II. Quand l’apôtre ajoute (verset 19) : J’ai
été crucifié avec Jésus Christ, il explique ce qui précède : il venait de
dire qu’il était mort à la Loi et qu’il vivait pour Dieu. Il développe donc ces
deux points. Et d’abord qu’il est mort à la Loi, parce qu’il dit (verset 19)
: J’ai été crucifié avec Jésus-Christ. En second lieu qu’il vit pour
Dieu, quand il dit (verset 20) : Et je vis, ou plutôt ce n’est plus moi
qui vis, etc. 1° Le premier de ces points peut être
expliqué de deux manières, d’abord, comme il l’est dans la Glose : Tout
homme, dans son origine charnelle, naît enfant de colère ; (Eph II, 3) :
« Nous étions par nature enfants de colère, etc. » ; il naît aussi dans la vieillesse
du péché ; (Baruch, III, 11) : « Vous avez vieilli, ô Israël,
dans la terre étrangère, etc. » Or cette vétusté du péché est
détruite par la croix de Jésus-Christ, qui donne en même temps la vie
nouvelle de l’Esprit. L’Apôtre dit donc : J’ai été crucifié avec Jésus-Christ,
c’est-à-dire la concupiscence, ou le foyer du péché et tout ce qui s’y
rapporte est mort en moi par la croix de Jésus-Christ ; (Rom., VI, 6) : « Notre
vieil homme a été crucifié avec lui, etc. » De plus, dès lors que je
suis attaché à la croix avec Jésus-Christ, que je suis mort au péché et que
Jésus-Christ est ressuscité, je suis aussi ressuscité avec celui qui
ressuscite ; (Rom., IV, 25) : « Il a été livré, etc. » 2° C’est ainsi que Jésus-Christ renouvelle
en nous la vie, après avoir détruit la vieille vie du péché. C’est ce qui
fait dire à l’Apôtre (verset 20) : et je vis à présent, c’est-à-dire
étant crucifié avec Jésus-Christ,
j’ai la force de faire le bien; et je ne vis plus selon la chair,
parce qu’il n’y a plus en moi cette vétusté que j’ai eue autrefois, (verset
20) : mais c’est Jésus-Christ qui vit en moi, c’est-à-dire il y a en
moi cette vie nouvelle qui nous a été donnée par Jésus-Christ. Ou autrement
encore : L’homme est réputé vivre, particulièrement par ce en quoi il place
sa principale affection et son souverain plaisir. C’est de là qu’on dit de
ceux qui mettent leur délectation la plus grande dans l’étude ou dans la
chasse : c’est leur vie ; or tout homme a son affection particulière, qui lui
fait rechercher ce qui lui est propre; celui donc qui vit, sans chercher
autre chose que ce qui est à lui, ne vit que pour lui seul, mais lorsqu’il
cherche le bien des autres, on dit qu’il vit pour eux. L’Apôtre donc, ayant abandonné
ses propres affections par la croix de Jésus-Christ, se disait mort à ses
affections particulières, en ajoutant (verset 19) : Je suis crucifié avec
Jésus-Christ, c’est-à-dire : par la croix de Jésus-Christ, toute
affection propre ou particulière a été éloignée de moi. C’est ce qui lui
faisait dire (ci-après, VI, 14) : Quant à moi, à Dieu ne plaise que je me
glorifie en autre chose qu’en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, etc. » ; (2 Corinth., V, 14) : « Si
un seul est mort pour tous, donc tous sont morts. Or Jésus-Christ est mort
pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes; mais pour
celui, etc. » (verset 20) : Mais je vis, c’est-à-dire je ne vis plus moi-même, en tant qu’ayant dans mes affections quelque bien
propre, mais Jésus-Christ vit en moi, c’est-à-dire je n’ai d’autre
affection que Jésus-Christ, et Jésus-Christ lui-même, est ma vie ;
(Philipp., I, 21) : « Vivre pour moi, c’est Jésus-Christ et la mort
m’est un gain. » III. Quand l’Apôtre dit ensuite (verset 20)
: Car si je vis maintenant, etc., il répond à une double difficulté,
qui pouvait résulter de la parole qui précède. La première est comment il
vit, et comment ce n’est pas lui cependant qui vit; la seconde, comment il
est attaché à la croix. Il explique donc ces deux points. 1° Comment il vit, quoique ce ne soit pas
lui qui vive, en disant (verset 20) : Car si je vis maintenant, etc.
Il faut remarquer qu’on dit, dans le sens rigoureux, « vivre » de
ce qui se meut par un principe intrinsèque. L’âme de l’Apôtre était donc
comme placée entre Dieu et le corps. Celui-ci était mu et vivifié par l’âme
de Paul, mais l’âme de Paul recevait le mouvement de Jésus-Christ. Donc en ce
qui est de la vie de la chair, Paul vivait lui-même;et c’est ce qui lui fait
dire (verset 20) : car si je vis maintenant dans un corps
mortel, c’est-à-dire de la vie de la chair; mais sous le rapport
de la relation avec Dieu, Jésus-Christ vivait en Paul; c’est ce qui lui fait
dire (verset 20) : J’y vis en la foi du Fils de Dieu, c’est-à-dire en
la foi par laquelle il habite en moi et me détermine ; (Habacuc, II, 4)
: « Le juste, mon serviteur, vit de la foi. » Remarquez que Saint
Paul dit : dans la chair, et non pas « de la chair », car
ceci est mal. 2° Il explique comment il est attaché à la
croix, en disant : c’est que l’amour
que Jésus-Christ m’a témoigné, en mourant sur la croix pour moi, fait que
sans cesse je suis attaché à la croix avec lui ; aussi ajoute-t-il
(verset 20) : qui m’a aimé (I Jean, IV, 10) : « C’est lui qui
nous a aimés le premier. » Et il m’a aimé à un tel point que (verset
20) : Il s’est livré lui-même à la mort pour moi, et qu’il n’a pas
voulu qu’il y eût un autre sacrifice ; (Apocalyp., I, 5) : « Il
nous a aimés, et nous a lavés de nos péchés en son sang » ; (Ephés., V, 25) : « Jésus-Christ
a aimé l’Eglise, et il s’est livré lui-même à la mort pour elle, etc. »
Il est à remarquer toutefois que le Fils s’est livré lui-même, et que le Père
a livré son Fils ; (Rom., VIII, 32) : « Dieu n’a pas même
épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous. » Judas
l’a aussi livré, comme il est dit en saint Matthieu (XXVI, 15); mais c’est un
même événement toujours, quoique ce ne soit pas la même intention, car le
Père a livré son Fils par charité, le Fils s’est livré par obéissance et par
charité en même temps, Judas en traître et par avarice. II° enfin l’Apôtre dit (verset 21) : Or je ne veux pas rejeter cette
grâce de Dieu, il déduit sa conclusion principale. Et d’abord il déduit cette
conclusion; ensuite il explique la manière dont cela pourrait arriver. I. Il dit donc : Dès lors que j’ai reçu de
Dieu une si grande grâce, qu’il s’est livré lui-même, et que je vis dans la
foi du Fils de Dieu, (verset 21) : Je ne rejette pas cette grâce de Dieu, c’est-à-dire
je ne la répudie pas et je ne me montre pas ingrat ; (I Corinth., XV,
10) : « Sa grâce n’a pas été stérile en moi, etc. » Aussi
une autre version porte : Je ne suis pas ingrat à l’égard de la grâce de
Dieu. (Hébr., XII, 15) : « Prenez garde que quelqu’un d’entre
vous ne manque à la grâce de Dieu », c’est-à-dire en s’en disant indigne, par ingratitude. Or la
manière de rejeter cette grâce et de se montrer ingrat, ce serait de dire que
la Loi est nécessaire pour la justification. Et c’est pour cela que l’Apôtre
dit (verset 21) : « Car si la justice est donnée par la Loi,
Jésus-Christ donc sera mort en vain » en d’autres termes, si la Loi
est suffisante, c’est-à-dire si les oeuvres de la Loi suffisent pour
justifier l’homme, Jésus-Christ est mort en vain, et sans motif aucun,
puisque, s’il est mort, c’est pour nous justifier ; (I Pierre., III, 18)
: « Jésus-Christ a souffert la mort une fois pour nos péchés, etc. »
Si cet effet peut s’obtenir par la Loi, la mort de Jésus-Christ ne serait
d’aucune utilité. Mais Jésus-Christ n’est pas mort en vain, et il n’a pas travaillé en vain, comme il est dit
au prophète Isaïe (XLIX, 4), car c’est
par lui seul que sont données la grâce qui justifie et la vérité, comme il est dit en saint
Jean (I, 17). Si avant sa mort, quelques-uns ont été justes, ils n’ont été
justifiés que par la foi en Jésus-Christ qui devait venir, auquel ils
croyaient, et dans la foi desquels ils étaient sauvés. |
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Caput 3 |
CHAPITRE III ─ LA LOI DE MOÏSE ET LA FOI DE JÉSUS |
Lectio 1 |
Leçon 1 : Galates III, 1 ─ La folie des Galates
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SOMMAIRE : L’Apôtre reprend la
sottise des Galates, et montre qu’il n’en a pas été ainsi sans motif. Il
prouve, par l’insuffisance de la Loi, que l’on ne doit plus suivre ses
observances. |
[1] o insensati Galatae quis vos fascinavit ante quorum oculos
Iesus Christus proscriptus est crucifixus [87756] Super Gal., cap. 3 l. 1 Supra confutavit apostolus vanitatem et
mutabilitatem Galatarum per auctoritatem evangelicae doctrinae, ostendens
suam doctrinam authenticam fuisse ab aliis apostolis, hic vero per rationem
et auctoritatem ostendit hoc idem, scilicet quod legalia non sunt servanda.
Et hoc dupliciter. Primo ex insufficientia legis; secundo ex dignitate eorum
qui ad Christum conversi sunt; et hoc IV cap., ibi dico autem : quanto
tempore, et cetera. Circa primum duo facit. Primo praemittit
obiurgationem; secundo prosequitur suam probationem, ibi hoc solum a vobis
volo, et cetera. Circa primum duo facit : primo obiurgat eos, ostendens
eorum fatuitatem; secundo rationem obiurgationis assignat, ibi ante quorum
oculos, et cetera. Primo ergo eos de fatuitate
obiurgat, vocans eos insensatos. Unde dicit o insensati, et cetera. Insensatus
autem proprie dicitur qui sensu caret. Sensus autem spiritualis est cognitio
veritatis; qui ergo veritate caret, proprie insensatus dicitur. Matth. XV,
16 : et vos sine intellectu estis. Sap. V, 4 : nos insensati
vitam istorum, et cetera. Sed contra, Matth. V, 22 dicitur : qui
dixerit fratri suo : fatue, etc.; sed fatuus idem est quod insensatus;
ergo apostolus reus est Gehennae ignis. Sed
dicendum est, ut Augustinus dicit, quod intelligendum est si dixerit sine
causa, et animo vituperandi; sed apostolus ex causa dixit, et animo
corrigendi. Unde dicitur in Glossa hoc dolendo dicit. Secundo
cum dicit quis vos fascinavit, etc., ostendit modum quo insensati
erant effecti. Ubi primo notandum est, quod insensatus fit aliquis multis
modis. Vel quia non proponitur sibi aliqua veritas quam cognoscere possit;
vel quia etsi proponatur sibi, tamen numquam eam acceptat; vel quia veritatem
propositam et acceptam deserit, a via veritatis recedens; et tales erant isti
Galatae, qui veritatem fidei quam acceperant deserentes, veritatem propositam
renuerunt. Supra I, 6 : miror quod sic tam cito, et cetera. Et ideo
istum gradum insensationis in eis reprehendit, dicens quis vos fascinavit,
et cetera. Ad sciendum autem quid sit fascinatio, sciendum est, quod secundum
Glossam fascinatio proprie dicitur ludificatio sensus, quae per artes magicas
fieri consuevit; puta cum hominem facit aspectibus aliorum apparere leonem
vel cornutum, et huiusmodi. Et hoc etiam per Daemones potest fieri, qui
habent potestatem movendi phantasmata, et reducendi ad principia sensuum,
ipsos sensus immutando. Et
secundum hanc acceptionem satis proprie dicit apostolus quis vos
fascinavit? Quasi dicat : vos estis sicut homo ludificatus, qui res
manifestas aliter accipit, quam sint in rei veritate : quia scilicet vos
estis ludificati per deceptiones et sophismata, veritati non obedire,
id est, veritatem manifestam, et a vobis receptam non videtis, nec obediendo
recipitis. Sap. IV, 12 : fascinatio nugacitatis obscurat bona. Is. V,
20 : vae qui dicunt bonum malum, et cetera. Alio modo
accipitur fascinatio secundum quod aliquis ex aspectu malevolo laeditur, et
hoc maxime in vetulis quae visu urenti et aspectu invido fascinant pueros,
qui ex hoc infirmantur et vomunt cibum. Huius causam volens assignare
Avicenna in libro suo de anima dicit, quod materia corporalis obedit
substantiae intellectuali, magis quam qualitatibus activis et passivis in
natura. Et ideo ponit
quod ad apprehensionem substantiarum intellectualium (quas vocat animas seu
motores orbium) multa fiunt praeter ordinem motus caeli et omnium corporalium
agentium. Eodem modo dicit, quod
quando anima sancta depurata est ab affectibus terrenorum, et a carnalibus
vitiis, accedit ad similitudinem substantiarum dictarum, et obedit ei natura.
Et hinc est quod aliqui sancti viri operantur quaedam mira praeter naturae
cursum; et similiter quia anima alicuius foedata passionibus carnalibus,
habet fortem apprehensionem in malitia, obedit ei natura ad transmutationem
materiae, in illis maxime in quibus materia habilis est : sicut in pueris
teneris contingit. Et sic contingit, secundum eum, quod ex forti
apprehensione vetularum, in malitiam immutatur puer et fascinatur. Haec autem
positio satis videtur vera secundum opinionem Avicennae. Nam ipse posuit
formas omnes corporales in istis inferioribus influi a substantiis
incorporalibus separatis, et quod agentia naturalia non habent se ad hoc nisi
ut disponentia tantum. Sed hoc
quidem improbatur a philosopho. Agens enim oportet esse simile subiecto. Non
fit autem forma tantum, nec materia, sed compositum ex materia et forma. Id
ergo quod agit ad esse corporalium, oportet quod habeat materiam et formam.
Unde dicit quod transmutare materiam et formam non potest, nisi id quod habet
materiam et formam, et hoc quidem vel virtute, sicut Deus, qui actor est
formae et materiae : vel actu, sicut agens corporeum. Et ideo materia corporalis quantum ad
huiusmodi formas, nec Angelis, nec alicui purae creaturae obedit ad nutum,
sed soli Deo, ut Augustinus dicit. Unde non
est verum quod Avicenna dicit de huiusmodi fascinatione. Et ideo
dicendum, quod ad imaginationem seu apprehensionem hominis, quando fortis
est, immutatur sensus, seu appetitus sensitivus : quae quidem immutatio non
est sine alteratione corporis et spirituum corporis, sicut nos videmus quod
ad apprehensionem delectabilis movetur appetitus sensitivus ad
concupiscentiam, et exinde corpus calefit. Similiter ex apprehensione
timendi, frigescit. Immutatio autem spirituum maxime inficit oculos, qui
infecti rem per aspectum inficiunt, sicut patet in speculo mundo, quod ex
aspectu menstruatae inficitur. Sic ergo quia vetulae obstinatae in malitia et
durae sunt, ex forti apprehensione immutatur appetitus sensitivus, et ex hoc,
sicut dictum est, infectio maxime fit a venis ad oculos, et ex oculis ad rem
perspectam. Unde quia caro pueri mollis est, ad earum invidum aspectum
inficitur et fascinatur. Et quandoque quidem ad hunc effectum Daemones operantur.
Dicit ergo
quis vos fascinavit veritati non obedire? Quasi dicat : vos aliquando
obedistis veritati fidei, sed modo non; ergo estis sicut pueri, qui ex aliquo
invido aspectu infecti, cibum receptum vomitis. Rationem
autem obiurgationis assignat, dicens ante quorum oculos, et cetera.
Quod potest tripliciter legi. Uno modo, secundum Hieronymum, ut respondeat
primae acceptioni fascinationis; quasi dicat : dico vos fascinatos, quia ante
quorum oculos, etc., id est proscriptio Christi, qui damnatus est in
mortem, adeo vobis manifesta fuit, ac si ante oculos vestros fuisset, et
in vobis crucifixus, id est, in intellectibus vestris erat crucifixio
Iesu Christi, ita ut sciretis qualiter facta esset; unde si eam non videtis
modo, nec obeditis, hoc contingit, quia estis ludificati et fascinati. Contra
quod dicitur Cant. ult. : pone me ut signaculum super cor tuum, et
cetera. Alio modo
secundum Augustinum; quasi dicat : recte fascinati estis, quia veritatem quam
recepistis, scilicet Christum, per fidem, in cordibus vestris evomitis sicut
pueri. Et hoc quia ante oculos vestros, id est, in vestra praesentia, Iesus
Christus proscriptus est, id est, expellitur et eiicitur de haereditate
sua, quod molestum deberet esse vobis; quia quem non deberetis pati quod ab
aliis proscriberetur, et expelleretur, in vobis proscriptus est, id est,
haereditatem suam amisit in vobis, id est, vosipsos. Et tunc hoc quod
sequitur, scilicet crucifixus, legi debet cum pondere et ostensione
doloris, quia hoc addidit, ut considerarent quo pretio Christus emerit
possessionem, quam in eis amittebat, et ex hoc moverentur magis. Quasi dicat
: Christus proscriptus est in vobis, scilicet qui crucifixus, id est, qui
cruce sua et sanguine proprio acquisivit hanc haereditatem. I Cor. VI, 20 : empti
enim estis pretio magno, et cetera. I Petr. I, 18 : non
corruptibilibus auro vel argento, et cetera. Tertio
modo secundum Ambrosium, quasi dicat : vere fascinati estis, ante quorum
oculos, id est, in quorum reputatione, scilicet secundum iudicium
vestrum, Iesus Christus proscriptus est, id est, damnatus, non alios
salvans. Et in vobis, id est, secundum quod vos intelligitis, crucifixus
est, id est, mortuus tantum, non autem alios iustificans, cum tamen de eo
dicatur, II Cor. c. ult., quod si mortuus est ex infirmitate nostra, vivit
tamen ex virtute Dei. Potest, et
quarto modo, exponi secundum Glossam, ut per hoc designet apostolus
gravitatem culpae eorum, quia in hoc quod Christum deserunt legem
observantes, aequaliter quodammodo peccabant Pilato, qui Christum
proscripsit, id est, damnavit. Ut dum insufficientem Christum credunt ad
salvandum, similes in peccando crucifixoribus Christi sint, qui ipsum in
ligno suspenderunt, morte turpissima condemnantes et afficientes. Aequalitas
tamen est accipienda ex parte eius, in quem peccatur, quia in Christum
Galatae peccabant, sicut Pilatus et crucifixores Christi. |
1. O Galates insensés ! qui vous a
ensorcelés, pour vous rendre aussi rebelles à la vérité, après que je vous ai
fait voir Jésus-Christ si vivement de peine devant vous, crucifié à vos yeux ? L’Apôtre, dans ce qui vient d’être dit, a rabaissé la vanité des Galates
et leur légèreté, par l’autorité de la doctrine évangélique, en établissant
que son enseignement avait reçu l’approbation des autres apôtres. Il continue
ici, par le raisonnement et par l’autorité, à démontrer le même point de
doctrine, c’est-à-dire que les observances légales ne doivent plus être gardées,
et cela pour deux raisons : Premièrement, l’insuffisance de la Loi;
secondement la dignité de ceux qui se convertissaient à Jésus-Christ
(ci-après IV, 4) : Tant que l’héritier est enfant, etc. Sur la
première raison, d’abord il fait un reproche, ensuite il poursuit sa preuve
(verset 2) : Je ne veux savoir de vous qu’une chose, etc. Dans son
reproche, I°
il reprend les Galates, en montrant leur folie; II° Il donne la raison de sa
réprimande (verset 4) : Devant lesquels Jésus Christ, etc. I° L’Apôtre les reprend donc d’abord
de leur folie, en les appelant insensés. Il dit donc (verset 1) : O Galates insensés !
I. On appelle proprement insensé celui qui
manque de sens; or le sens spirituel, c’est la connaissance de la vérité :
celui-là donc qui ne possède pas la vérité, est appelé à juste titre :
insensé ; (Matth., XV, 16) : « Vous avez encore vous-mêmes si
peu d’intelligence » ;
(Sagesse, V, 4) : « Insensés que nous étions, leur vie nous
paraissait une folie ! etc. » On objecte ce qui est dit en saint Matthieu (V, 22) : « Celui qui
aura dit à son frère : vous êtes un fou, etc. » or « fou »
est la même chose qu’ « insensé »; l’Apôtre est donc
susceptible d’être condamné au feu de l’enfer. Il faut répondre avec saint Augustin que l’on doit comprendre ceci : on mérite
l’enfer si on dit cette injure sans motif, et avec l’intention d’insulter. Or
l’Apôtre a parlé ainsi avec un motif sérieux, et avec l’intention de corriger
les Galates. Aussi est-il dit dans la Glose : « L’Apôtre parle ainsi en gémissant ». II. En second lieu, lorsque l’Apôtre dit
(verset 1) : Qui donc vous a fascinés ?, il fait voir comment ils
étaient devenus ainsi insensés, il faut d’abord remarquer que l’on devient
tel de plusieurs manières. Ou parce que l’on ne nous propose pas quelque
vérité qu’on puisse connaître; ou parce que si l’on nous en propose
quelqu’une, on ne l’accepte cependant jamais; ou parce que cette vérité étant
proposée et acceptée, on l’abandonne en s’écartant de la voie de la vérité.
Tels étaient les Galates, qui abandonnant la vérité de la foi qu’ils avaient
reçue, ne gardèrent pas la vérité proposée ; (ci-dessus, I, 6) : Je
m’étonne que vous soyez emportés aussi vite, etc. » L’Apôtre leur
reproche donc de manquer de sens de cette deuxième manière, lorsqu’il dit
(verset 1) : Qui donc vous a fascinés ? Or, pour savoir ce qu’est la
fascination, il faut se rendre compte que la fascination, d’après la Glose,
est dans le sens propre, une illusion des sens, qui est ordinairement l’effet
des pratiques magiques, par exemple, lorsque ces pratiques font paraître un
homme sous l’aspect d’un lion, d’un bouc, ou d’autres semblables. Ce peut
être aussi l’oeuvre des démons, qui ont la puissance de faire mouvoir des
fantômes et de les rendre accessibles aux sens, en agissant sur les sens
eux-mêmes, D’après cette manière d’envisager la fascination, l’Apôtre dit
avec assez de justesse : Qui vous a fascinés ?; en d’autres termes, vous êtes
comme un homme qui est le jouet d’une illusion, voyant les choses qui lui
sont manifestées autrement qu’elles ne sont en réalité : il en est ainsi,
parce que vous avez été jetés dans l’illusion, par des tromperies et des
sophismes, de manière à ne pas obéir à la vérité, c’est-à-dire que vous
ne voyez plus la vérité que vous avez reçue après qu’elle vous a été
manifestée, et vous n’y soumettez pas vos esprits par l’obéissance ;
(Sagesse, IV, 12) : « L’ensorcellement des futilités du siècle
obscurcit le bien » ;
(Isaïe, V, 20) : « Malheur à vous
qui dites que le mal est bien, etc. »
On peut encore considérer la fascination, comme l’effet pernicieux produit
par un regard malveillant, tel qu’il se voit dans ces vieilles qui par leur
oeil ardent et un regard flamboyant fascinent les enfants et les indisposent,
au point qu’ils vomissent les aliments, (1) Avicenne voulant expliquer ce
phénomène dans son livre « de l’Âme »,
dit que la matière corporelle obéit à la substance intellectuelle, plus
qu’aux qualités actives et passives de la nature. Partant de là, il suppose
que sous l’action des substances intelligentes, (qu’il appelle âmes ou
moteurs des mondes), il se passe beaucoup de phénomènes en dehors du
mouvement des cieux et de tous les agents corporels. Il avance, sur ce même
principe que, quand une âme sainte est dégagée de l’affection des choses
terrestres et des vices de la chair, elle approche de la ressemblance de ces
substances; alors la nature lui obéit. C’est de là que quelques saintes
personnes opèrent quelques prodiges qui dépassent la marche de la nature.
Semblablement, quant une âme est souillée par les passions de la chair, elle
obtient une force singulière pour le mal, et la nature lui obéit pour
transformer la matière, dans ceux-là surtout où il y a des prédispositions,
comme chez les jeunes enfants. Ainsi il arrive, suivant cet auteur, que par
l’action puissante de ces vieilles, l’effet mauvais détermine un changement
chez l’enfant qui subit la fascination. Cette position, en adoptant le point
de départ d’Avicenne, parait avoir assez de vraisemblance. Car ce philosophe
a établi comme principe que toutes les formes corporelles, dans ce monde
inférieur, subissaient l’influence des substances incorporelles placées en
dehors d’elles, et que les agents naturels ne donnent leur concours que par
voie de disposition. Mais Aristote n’adopte pas cette opinion. Et de fait il
est de nécessité que l’agent soit en rapport de similitude avec le sujet; or la
forme n’existe pas seule, pas plus que la matière mais l’être se compose de
l’une et l’autre réunies. Donc ce qui agit sur l’être corporel, doit réunir
en soi la matière et la forme. Il en conclut que nul ne peut faire subir de transformation
à la matière et à la forme, si ce n’est l’être qui réunit lui-même la forme
et la matière, ce qui ne peut avoir lieu que par la puissance de Dieu, qui
est l’auteur et de la forme et de la matière, ou par un acte d’un agent
corporel. Il suit donc de là que la matière corporelle, quant à ces formes
dont nous parlons, n’obéit à la volonté ni d’un ange, ni d’une pure créature,
quelle qu’elle soit, mais à Dieu seul, comme dit saint Augustin. L’opinion
d’Avicenne sur la fascination manque donc de vérité. Il faut dire, que sous
l’imagination, ou la force d’appréhension de l’homme, quand elle est
puissante, le sentiment ou l’appétit sensible subit une modification, qui ne
va pas sans quelqu’altération du corps et des esprits du corps; c’est ainsi
que nous voyons, sous l’influence de la délectation, l’appétit sensible se
mouvoir vers la concupiscence et le corps recevoir de là une impression de
chaleur; de même encore, sous l’influence de la crainte, il éprouve une
impression de froid. Or la modification qui s’est opérée dans les esprits se
fait sentir surtout à l’organe de la vue, qui en se troublant dénature
l’objet qui est sous le regard, comme on peut le voir dans un miroir net,
souillé ensuite par quelqu’objet ensanglanté. Ces vieilles donc étant
opiniâtres dans le mal et sans tendresse aucune, la force d’appréhension
opère chez elles une modification dans l’appétit sensible : de là, comme il a
été dit, le trouble passe des veines dans l’organe de la vue, et de celui-ci
à l’objet qui est sous le regard. Il arrive donc que la chair de l’enfant,
étant molle encore, subit l’influence de leur regard mauvais, et par suite la
fascination. Les démons peuvent aussi produire quelquefois cet effet.
L’Apôtre dit donc (verset 1) : Qui donc vous a fascinés pour vous rendre
ainsi rebelles à la vérité ? En d’autres termes, autrefois vous étiez
dociles à la vérité, maintenant vous ne l’êtes plus; vous êtes donc comme des
enfants, qui sous l’influence et l’action d’un regard fatal, rejettent leurs
aliments. II° Saint Paul assigne le motif de son
reproche en disant (verset 1) : Vous
qui avez eu devant les yeux, etc. On peut entendre ce passage de trois manières.
D’abord en adoptant le sens de saint Jérôme, qui répond à la première
acception du terme « fascination ». L’Apôtre dirait : Vous avez été
fascinés, parce que vous avez eu devant
les yeux, etc. Jésus-Christ proscrit; c’est-à-dire la proscription de
Jésus-Christ qui a été condamné à la mort, vous a été influencés de la même
manière que s’il eût été devant vos regards (verset 21) et qu’il a été crucifié en
vous c’est-à-dire : vous aviez dans vos intelligences sa mort sur
la croix, de manière à savoir comment il s’était opéré, en sorte que si vous
ne le voyez pas maintenant, et si vous n’êtes pas dociles à la vérité, c’est
que vous êtes le jouet d’une illusion et que vous êtes fascinés, en
opposition à cette parole des Cantiques, (VIII, 6) : « Mettez moi
comme un cachet sur votre cœur, etc. » On peut entendre ensuite ce passage autrement avec saint Augustin.
L’Apôtre dirait : Véritablement vous
avez été fascinés, car la vérité que vous avez reçue dans vos
coeurs, c’est-à-dire Jésus-Christ, par la foi, vous l’avez rejetée comme font
des enfants. Et cela, parce que, sous
vos yeux même, c’est-à-dire en votre présence, Jésus-Christ est proscrit, c’est-à-dire expulsé et chassé de son
héritage, ce qui devrait être pour vous un sujet de douleur. Car, celui que
vous ne deviez pas même laisser proscrire et expulser par les autres, est
proscrit en vous-mêmes, c’est-à-dire a perdu en vous son héritage, en d’autres
termes vous-mêmes. Et alors ce qui suit : et crucifié, doit être lu avec
une réflexion profonde et des marques de douleur, parce que l’Apôtre l’a
ajouté, afin de faire considérer aux Galates à quel prix Jésus-Christ a
acheté son héritage, qu’il perdait en eux, et par là les toucher davantage.
Comme s’il disait : Jésus-Christ a été proscrit en vous, c’est-à-dire celui
qui a été crucifié; ou encore, celui qui par sa croix et par son propre sang,
s’est acquis cet héritage (I Corinthiens VI, 20) : « Vous avez été
rachetés d’un grand prix, etc. » ; (Pierre, I, 18) : « Ce
n’a pas été par des choses corruptibles, comme de l’or ou de l’argent, etc. ». Enfin on peut l’expliquer d’une troisième manière, avec saint Ambroise.
L’Apôtre dirait : En vérité, vous êtes
fascinés, vous sous les yeux
desquels, c’est-à-dire dans la pensée desquels, ou selon le jugement que
vous portez, Jésus-Christ a été proscrit, c’est-à-dire condamné, comme
ne sauvant pas les autres, et en qui, c’est-à-dire selon votre manière
de comprendre, il a été crucifié, en d’autres termes il est seulement
mort, et n’a pas justifié les autres, quoi qu’il soit dit de lui : (II
Corinth., X, 4) : « Que bien qu’il ait été crucifié selon la
faiblesse de la chair, il vit néanmoins maintenant par la vertu de Dieu. » On peut y joindre une quatrième explication, d’après la Glose, et dire
que par cette manière de parler l’Apôtre veut faire sentir la gravité de la
faute des Galates, qui en abandonnant Jésus-Christ pour observer la Loi,
péchaient en un certain sens aussi grièvement que Pilate, qui a proscrit
Jésus Christ, en sorte que prétendant que Jésus-Christ ne suffit pas pour
leur salut, ils deviennent semblables, dans leur péché, à ceux qui l’ont
crucifié, le suspendant au bois de la croix après l’avoir condamné à la mort
très honteuse qu’ils lui faisaient subir. Toutefois l’égalité dans la faute
doit être prise du côté de celui contre lequel on pèche, parce que les
Galates péchaient contre Jésus-Christ, comme Pilate et ceux qui le crucifièrent. |
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Lectio 2 |
Leçon 2 : Galates III, 2-5 ─ Insuffisance de la Loi et vertu de la foi |
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SOMMAIRE : Que l’insuffisance de la
Loi se manifeste par ce que les Galates eux-mêmes ont éprouvé, et que par là
ressort la vertu de la foi. |
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[2] hoc solum volo a vobis discere ex operibus legis Spiritum
accepistis an ex auditu fidei [3] sic stulti estis cum Spiritu coeperitis nunc carne
consummamini [4] tanta passi estis sine causa si tamen sine causa [5] qui ergo tribuit vobis Spiritum et operatur virtutes in
vobis ex operibus legis an ex auditu fidei [87757] Super Gal., cap. 3 l. 2 Posita obiurgatione, consequenter apostolus
procedit ad insufficientiam legis et virtutem fidei ostendendam. Et primo
ostendit insufficientiam legis; secundo movet quaestionem et solvit, ibi quid
igitur lex, et cetera. Et circa primum duo facit. Primo probat defectum
legis et insufficientiam per ea quae ipsi experti sunt; secundo per
auctoritates et rationes, ibi sicut scriptum est. Circa primum duo facit, quia primo probat propositum, experimento
sumpto ex parte ipsorum; secundo probat idem, experimento sumpto ex parte
ipsius apostoli, ibi qui ergo tribuit vobis, et cetera. Circa primum duo facit. Primo
ostendit donum quod receperunt; secundo defectum in quem inciderunt, ibi sic
stulti estis, et cetera. Donum autem quod receperunt
ostendit, quaerendo ab eis unde illud receperunt. Unde susceptum donum supponens, interrogans,
quaerit ab eis, dicens : quamvis fascinati et stulti sitis, tamen non tantum
estis ludificati quin unum quod valde manifestum est, me docere possitis. Et
ideo solum hoc volo a vobis discere, quia hoc solum sufficit ad
probandum quod intendo : hoc, inquam, est, quia constat, quod spiritum
sanctum accepistis; quaero ergo an accepistis illum ex operibus legis, an
ex auditu fidei? Ad quod sciendum est, quod in primitiva Ecclesia, ex
divina dispositione, ut fides Christi promoveretur et cresceret, statim post
praedicationem fidei ab apostolis manifesta signa spiritus sancti fiebant
super audientes. Unde de Petro dicitur Act. X, 44 : adhuc loquente Petro
verba haec, cecidit spiritus sanctus, et cetera. Ipsi etiam Galatae ad
praedicationem Pauli manifeste spiritum sanctum acceperant. Quaerit ergo
apostolus ab eis, unde habuerunt spiritum sanctum. Constat autem quod non per
opera legis, quia cum essent gentiles, ante receptionem spiritus sancti legem
non habebant; ergo habuerunt spiritum sanctum, id est, dona spiritus sancti
ex auditu fidei. Rom. VIII, 15 : non accepistis spiritum servitutis iterum
in timore, qui scilicet dabatur in lege (unde et cum tremore lex data
est), sed accepistis spiritum filiorum, qui datur per fidem, quae est ex
auditu, ut dicitur Rom. X, 17. Si ergo hoc potuit fidei virtus, frustra
quaeritur aliud per quod salvemur, quia multo difficilius est de iniusto facere
iustum, quam iustum in iustitia conservare. Si ergo fides de iniustis Galatis
sine lege iustos fecerat, non est dubium, quod sine lege poterat eos in
iustitia conservare. Magnum ergo erat donum, quod per fidem acceperant. Consequenter
cum dicit sic stulti estis, etc., ostendit defectum in quem prolapsi
sunt. Et exaggerat duplicem defectum in eis apostolus, scilicet quantum ad
dona quae a Christo acceperant, et quantum ad mala quae pro ipso pertulerunt,
ibi tanta passi estis, et cetera. Circa primum
sciendum est quod isti Galatae deserentes quod magnum erat, scilicet spiritum
sanctum, adhaeserunt minori, scilicet carnali observantiae legis, et hoc
stultum est. Et ideo dicit sic stulti estis, adeo ut cum coeperitis
instinctu sancti spiritus, id est, initium perfectionis vestrae habueritis a
spiritu sancto, nunc, dum perfectiores estis, consummamini carne,
id est, quaeratis conservari per carnales observantias legis, a qua nec
initium iustitiae potest haberi? Io. VI, v. 64 : caro non prodest quicquam,
et cetera. Et sic ordinem pervertitis, quia via perfectionis est ab
imperfecto tendere ad perfectum. Vos autem, quia e converso facitis, stulti
estis. Eccli. XXVII, 12 : homo sanctus permanet in sapientia sicut sol,
stultus ut luna mutatur. Similes isti sunt his, qui incipiunt servire Deo
cum fervore spiritus, postmodum deficiunt in carne; qui etiam assimilantur
statuae Nabuchodonosor, cuius caput aureum, et pedes lutei, Dan. II, 32. Et
ideo dicitur Rom. c. VIII, 8 : qui in carne sunt, Deo placere non possunt.
Et infra VI, 8 : qui seminat in carne, de carne metet corruptionem. Consequenter
cum dicit tanta passi estis, etc., exaggerat eorum defectum quantum ad
mala quae pro Christo pertulerunt. Qui enim aliquid sine labore recipiunt,
illud minus chare custodiunt; sed illud quod cum labore acquiritur
vilipendere et non custodire stultum est. Isti autem cum labore et
tribulatione magna, quam passi sunt a contribulibus suis propter fidem,
receperunt spiritum sanctum. Et ideo dicit tanta passi estis sine causa,
quasi dicat : non contemnatis tantum donum quod cum labore accepistis, alias
illa, sine causa, id est sine utilitate, passi estis, quia haec
sustinuistis ut perveniretis ad vitam aeternam. Rom. V, 3 : tribulatio
patientiam operatur, patientia autem probationem, probatio vero spem, et
cetera. Unde si praecluditis vobis aditum vitae aeternae, deserentes fidem,
quaerentes conservari carnalibus observantiis, sine causa, id est
inutiliter, passi estis. Et hoc dico, si tamen sine causa. Quod
ideo dicit, quia in eorum potestate erat poenitere si vellent, quamdiu
viverent. Ex hoc autem habetur, quod opera mortificata reviviscunt. Sap. III,
11 : labores eorum sine fructu, et cetera. Gal. IV, 11 : timeo
autem ne sine causa laboraverim, et cetera. Si vero accipiatur de malis
qui non poenitent, potest dici quod patiuntur sine causa conferente, scilicet
vitam aeternam. Consequenter cum dicit qui
ergo tribuit vobis, etc., probat propositum, experimento sumpto ex parte
apostoli. Possent enim dicere quod verum est nos recepisse spiritum sanctum
ex auditu fidei, tamen propter devotionem quam ad legem habuimus, accepimus
fidem quam praedicabas. Et ideo dicit : non curo quicquid sit ex parte
vestra, tamen illud quod ego feci, tribuens vobis ministerio meo spiritum sanctum,
qui operatur in vobis virtutes, id est inter vos miracula, sed numquid
facio hoc sic, ex operibus legis, an ex operibus fidei? Non utique ex
operibus legis, sed ex fide. Sed numquid aliquis potest dare
spiritum sanctum? Augustinus enim, XV de Trinitate, dicit, quod nullus homo
purus spiritum sanctum dare potest, nec ipsi apostoli dabant, sed imponebant
manus super homines, et accipiebant spiritum sanctum. Quid ergo est quod hic dicit apostolus de se
loquens qui tribuit vobis spiritum sanctum? Respondeo.
Dicendum est quod in datione spiritus sancti tria per ordinem se habentia
occurrunt, scilicet spiritus sanctus inhabitans, donum gratiae et charitatis
cum caeteris habitibus, et sacramentum novae legis, cuius ministerio datur.
Et sic potest ab aliquibus tripliciter dari. Ab aliquo enim datur sicut
auctoritatem habente quantum ad tria praedicta, scilicet respectu spiritus
sancti inhabitantis, respectu doni, et respectu sacramenti; et hoc modo
spiritus sanctus datur a solo patre et filio secundum quod eius auctoritatem
habent, non quidem dominii sed originis, quia ab utroque procedit. Sed
quantum ad gratiam seu donum, et quantum ad sacramenta spiritus sanctus dat
etiam se, secundum quod datio importat causalitatem spiritus sancti respectu
donorum ipsius; quia, ut dicit apostolus I Cor. XII, v. 11, ipse dividit
singulis prout vult. Secundum autem quod in datione importatur
auctoritas, non potest proprie dici spiritum sanctum seipsum dare. Quantum
vero ad sacramentum quod ministerio ministrorum Ecclesiae datur, potest dici
quod sancti per ministerium sacramentorum dant spiritum sanctum. Et hoc modo
hic loquitur apostolus secundum quod tangitur in Glossa, tamen huiusmodi
modus non est consuetus neque extendendus. Dicit etiam Glossa quod facere
miracula attribuitur fidei, quia ex hoc quod credit quae supra naturam sunt,
supra naturam operatur, et quia apostoli praedicabant fidem, quae quaedam
rationem excedentia continebat, ideo oportebat ad eorum credulitatem aliqua
testimonia adducere quod missi essent a Deo : quod rationem excedit. Unde Christus dedit eis signum suum ad hoc
ostendendum. Est autem duplex
signum Christi. Unum est quod est dominus omnium; unde dicitur in Ps. CXLIV,
13 : regnum tuum, regnum omnium saeculorum, et cetera. Aliud est quod
est iustificator et salvator, secundum illud Act. IV, v. 12 : non est
aliud nomen sub caelo datum hominibus, et cetera. Dedit ergo eis duo
signa : unum est quod facerent miracula, per quod ostenderent quod missi sunt
a Deo domino creaturae omnis. Lc. IX, 1 : dedit eis potestatem et
virtutem super omnia Daemonia, et cetera. Aliud quod darent spiritum
sanctum ministerio, per quod ostenderent, quod missi sunt ab omnium
salvatore. Act. VIII, 17 : tunc imponebant manus super eos, etc., et
tunc cum imposuisset illis manus Paulus, spiritus sanctus venit super
illos, et cetera. Et de his duobus modis dicitur Hebr. II, 4 : contestante
Deo signis, et portentis, et variis virtutibus, et spiritus sancti
distributionibus, secundum suam voluntatem. |
2. Je ne veux savoir de vous qu’une
seule chose : Est-ce par les oeuvres de la Loi que vous avez reçu le Saint
Esprit, ou par la foi que vous avez entendue ? 3. Etes-vous si insensés qu’après
avoir commencé par l’esprit, vous finissiez maintenant par la chair ? 4. Sera-ce donc en vain que vous
avez tant souffert ? Si cependant ce n’est qu’en vain. 5. Celui donc qui vous communique
son Esprit et qui fait des miracles parmi vous, le fait-il par les oeuvres de
la Loi ou par la foi que vous avez entendu prêcher ? Après avoir fait sa réprimande, l’Apôtre en vient à montrer
l’insuffisance de la Loi et l’efficacité de la foi. Premièrement il établit
cette insuffisance; ensuite il soulève une difficulté et la résout (verset
19) : Mais à quoi bon la Loi, etc.? Sur le premier de ces points,
l’Apôtre prouve donc d’abord, l’insuffisance de la Loi et son peu de vertu,
par ce que les Galates eux-mêmes ont expérimenté; ensuite par des autorités
et des raisonnements, (verset 6) : comme il est écrit. Sur la
première preuve il établit sa proposition par une expérience prise I° de
leur côté, même; II° de sa propre personne (verset 5) : Celui
donc qui vous communique, etc. I° A leur égard il rappelle I. le don qu’ils ont reçu; II. la faute dans laquelle ils
sont tombés (verset 3) : Etes-vous donc si insensés, etc. I. Saint Paul donc leur rappelle le don
qu’ils ont reçu, en leur demandant d’où ils l’ont reçu ? Supposant donc que
ce don leur a été fait et les interrogeant, il leur fait cette question, en
disant : bien que vous soyez fascinés et insensés, cependant vous n’êtes pas
tellement le jouet de l’illusion que vous ne puissiez m’instruire sur un
point qui est fort clair (verset 2) : Je ne veux donc savoir de vous
qu’une seule chose, parce que cela seul me suffit à prouver ce que je me
propose d’établir; c’est ceci :
puisqu’il est constant que vous avez reçu l’Esprit Saint, je vous le demande
(verset 2) : Est-ce par les oeuvres de la Loi que vous l’avez reçu, ou bien par la foi
que vous avez entendu prêcher ? Il faut ici se souvenir, que dans
l’Eglise primitive, par une disposition de Dieu pour établir et faire croître
la foi en Jésus-Christ, aussitôt après la prédiction de cette foi par les
apôtres, les signes manifestes de la présence de l’Esprit Saint se
produisaient sur les auditeurs : (Actes, X, 44) : « Pierre parlait
encore lorsque le Saint Esprit descendit, etc. » Les Galates
eux-mêmes, à la prédication de Paul, avaient reçu visiblement les dons de
l’Esprit Saint; l’Apôtre leur demande donc de qui ils ont reçu cet Esprit. Or
il est certain qu’ils ne l’ont pas reçu par les oeuvres de la Loi,
puisqu’étant Gentils, avant la réception du Saint Esprit, ils n’avaient pas
la Loi. Ils ont donc reçu le Saint Esprit, c’est-à-dire les dons du Saint
Esprit, par la foi qu’ils ont entendu prêcher ; (Rom., VIII, 15) : « Vous
n’avez pas reçu l’esprit de servitude qui vous retienne encore dans la
crainte, » car c’était cet esprit qu’on recevait dans la Loi, (et
c’est ce qui a fait que la Loi a été donnée dans un contexte de crainte), « mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption
des enfants », qui est donné par la foi, laquelle vient de ce qu’on a entendu ; (Rom., X,
17). Si donc la vertu de foi est d’une telle efficacité, on chercherait en
vain un autre moyen pour opérer son salut, puisqu’il est beaucoup plus
difficile de faire juste celui qui ne l’est pas, que de conserver un juste
dans la justice. Donc encore si la foi avait fait, des Galates privés de la
justice, des justes sans la Loi, il est incontestable qu’elle pouvait, sans
la Loi, les conserver dans la justice. Aussi était-ce un don de grand prix,
que celui qu’ils avaient reçu par la foi. II. Quand Saint Paul dit ensuite (verset 3)
: Etes-vous si insensés, etc…, il fait ressortir la faute dans
laquelle ils étaient tombés; et montre, dans leur personne, une double
défaillance, à savoir quant aux dons qu’ils avaient reçus de Jésus-Christ et
quant aux épreuves qu’ils avaient souffertes pour lui (verset 4) : Sera-ce
donc en vain que vous aurez tant souffert ? 1° Sur le premier de ces effets, il est à
remarquer que les Galates, en abandonnant ce qui était d’un haut prix,
c’est-à-dire le Saint Esprit, s’attachèrent à ce qui était bien moins grand,
c’est-à-dire à l’observance charnelle de la Loi; or c’était agir en insensé.
C’est ce qui fait dire à l’Apôtre (verset 3) : Etes-vous si insensés,
qu’après commencé sous
l’inspiration du Saint Esprit, c’est-à-dire ayant eu du Saint
Esprit lui-même le commencement de votre perfection, maintenant, que
vous êtes plus avancés, vous finissiez par la chair ?, c’est-à-dire
vous cherchiez à vous conserver dans la justice par les observances
charnelles de la loi, de laquelle on ne peut pas même recevoir le
commencement de cette justice ; (Jean, VI, 64) : « La chair ne
sert de rien, etc. » En agissant ainsi vous renversez l’ordre, car
la voie de la perfection c’est de partir de ce qui est imparfait pour tendre
à ce qui est parfait. Or, faisant tout le contraire, vous vous montrez des
insensés ; (Ecclésiastique XXVII, 12) : « L’homme saint demeure
dans la sagesse (comme le soleil
dans la lumière) mais l’insensé est changeant comme la lune. » C’est
à ce dernier que ressemblent ceux qui commencent à servir Dieu avec la
ferveur de l’esprit, et se laissent ensuite tomber dans les séductions de la
chair. Ils ressemblent encore à la statue de Nabuchodonosor, dont la tête
était d’or, et les pieds d’argile (Daniel, II, 32). C’est pour cette raison
qu’il est dit (Rom., VIII, 8) : « Ceux qui sont esclaves des
affections de la chair, ne sauraient plaire à Dieu » ; et (ci-après, VI, 8) :
« Celui qui sème dans la chair, recueillera de la chair la
corruption. » 2° En ajoutant (verset 4) : [Sera-ce
donc en vain que] vous aurez tant souffert ?, l’Apôtre fait
ressortir leur faute, par rapport aux maux qu’ils ont soufferts pour
Jésus-Christ; car celui qui obtient une chose sans travail, la conserve avec
moins d’affection, mais, au contraire, mépriser et ne pas garder avec soin ce
qu’on a acquis à force de peines, c’est se conduire en insensé. Or, c’est
avec un travail pénible et de grandes tribulations, souffertes de la part de
ceux de leur nation, pour la foi, que les Galates reçurent l’Esprit Saint;
c’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 4) : Sera-ce donc en vain que
vous aurez tant souffert ?, comme s’il leur disait : Prenez garde de
traiter avec mépris un don aussi grand, et reçu au prix de tant de
sacrifices, autrement vous auriez souffert ces maux sans motif,
c’est-à-dire sans utilité, parce que vous ne les avez supportés que pour
parvenir à la vie éternelle ; (Rom, V, 3) : « L’affliction
produit la patience, la patience l’épreuve et l’épreuve l’espérance, etc. »
Si donc vous vous fermez à vous-mêmes l’accès de la vie éternelle, en
abandonnant la foi et en cherchant à vous conserver dans la justice par les
observances charnelles, c’est sans motif, c’est-à-dire inutilement, que
vous aurez souffert. Et si je dis ceci : je veux pourtant espérer (verset
4) : que ce ne sera pas sans motif. L’Apôtre s’exprime ainsi, parce
qu’il était en leur pouvoir, tant qu’ils vivraient, de faire pénitence, s’ils
le voulaient. L’on conclut de ce passage, que le oeuvres frappées de mort [par
le péché], peuvent revivre ; (Sagesse, III, 11) : « Leurs
travaux sont sans fruit, etc. » ; (ci-après, IV, 11) : J’appréhende pour vous que j’aie peut-être
travaillé en vain, etc. » Que si l’on entend ce qui est dit ici des
méchants qui ne se repentent pas, on peut dire qu’ils ont souffert sans raison,
à savoir sans raison procurant la vie éternelle. II° Lorsque Saint Paul dit (verset 5) : Celui donc qui vous
communique son Esprit, etc., l’Apôtre prouve sa proposition par sa propre
expérience. En effet, les Galates pouvaient répondre qu’ils avaient à la
vérité reçu le Saint Esprit, par la foi qu’ils avaient entendu prêcher, mais
que pourtant, c’était à cause de la piété même qu’ils avaient eue pour la
Loi, que la foi prêchée par l’Apôtre leur avait été donnée. C’est pourquoi Saint
Paul répond : soit ! Je ne m’occupe pas de ce qui a eu lieu de votre côté; il
n’en est pas moins vrai que ce que j’ai fait moi-même, en vous faisant
recevoir par mon ministère l’Esprit Saint, qui opère en vous les vertus, c’est-à-dire les miracles au milieu de
vous, quand dis-je, j’agis ainsi (verset 4) : est-ce par les oeuvres de la
Loi, on par la foi que vous avez entendu prêcher ? Certes, ce pas
par les oeuvres de la Loi, mais par la foi. Mais quelqu’un peut-il donner le Saint Esprit? Saint Augustin (au livre
XV du Traité de la sainte Trinité),
dit que nul homme, en tant qu’homme, ne saurait le conférer. Les apôtres
eux-mêmes ne le donnaient pas, mais imposaient les mains sur les fidèles et
ceux-ci recevaient le Saint Esprit. Comment donc expliquer ce que l’Apôtre
dit ici, en parlant de lui-même : celui qui vous communique son Esprit ? Il faut répondre que dans le don du Saint Esprit, il se trouve trois
choses qui viennent par ordre, à savoir : l’Esprit Saint qui vient habiter,
le don de la grâce et de la charité, avec les autres habitudes surnaturelles,
et le sacrement de la loi nouvelle, par le ministère duquel le Saint Esprit
est reçu. Cet Esprit peut donc être donné de trois manières par quelques
personnes. Il est, en effet, donné de ces trois manières, à savoir comme
Saint Esprit habitant dans l’âme, comme don surnaturel, et comme sacrement, et
cela par la suprême autorité seulement, je veux dire par le Père et par le
Fils, qui ont sur lui l’autorité, non de commandement, mais d’origine, en
tant que l’Esprit Saint procède de l’un et de l’autre. Mais quant à la grâce
ou au don, et quant aux sacrements où il est reçu, l’Esprit Saint se donne
aussi lui-même, en tant que le don qui en est fait suppose le principe de
causalité, à l’égard des dons qui en dépendent, car, comme dit l’Apôtre (I
Corinth., XII, 11) : « Il distribue à chacun, selon qu’il lui plaît. »
Mais en tant que le don de l’Esprit Saint suppose le principe d’autorité,
on ne peut dire, dans la rigueur des termes, que le Saint Esprit se donne
lui-même. Pour ce qui est du sacrement conféré par le ministère des prêtres
de l’Eglise, on peut dire que les saints, par le moyen des sacrements,
donnent le Saint Esprit. Et c’est dans ce sens que Saint Paul parle ici,
comme la Glose le donne à entendre. Toutefois cette manière de s’exprimer
n’est pas ordinaire et il ne faut pas lui donner trop de portée. La Glose
remarque aussi que le pouvoir de faire des miracles est attribué à la foi,
parce que, par là même qu’elle croit ce qui est au-dessus de la nature, elle
opère au delà de ce que peut la nature; les apôtres prêchant donc la foi, qui
comprend certaines vérités qui dépassent la raison, il fallait conséquemment
qu’ils joignent à leur croyance personnelle quelques preuves extérieures
qu’ils étaient envoyés de Dieu; ce qui dépasse aussi la raison. Aussi
Jésus-Christ leur a-t-il donné son signe afin de le montrer; or Jésus-Christ
a deux signes qui lui sont propres. Le premier, c’est qu’il est le maître de
tous. C’est pourquoi il est dit (Ps., CXLIV, 13) : « Votre règne est
un règne qui s’étend dans tous les siècles, etc. » Le second, c’est
qu’il sauve et qu’il justifie, suivant cette parole des Actes (IV, 12) : « Aucun
autre nom, sous le ciel, n’a été donné aux hommes, etc. » Il a donc
donné aux apôtres deux signes. Le premier, de faire des miracles, afin de
montrer en les opérant qu’ils sont envoyés de Dieu, le Maître de toute
créature ; (Luc, IX, 1) : « Il leur donna puissance et autorité
sur tous les démons, etc. » Le second, de donner le Saint Esprit par
leur ministère, afin de faire voir par là qu’ils sont envoyés par celui qui
est le sauveur de tous ; (Actes, VIII, 17) : « Alors ils leur
imposèrent les mains, etc. » (Actes, XIX, 6) : « Et après
que Paul leur eût imposé les mains, le Saint Esprit descendit sur eux, etc.. »
De ces deux signes il est dit (Hébr., II, 4) : « Dieu leur a rendu témoignage
par les miracles, les prodiges, par les différents effets de sa puissance, et
par la distribution des grâces du Saint Esprit, qu’il a partagées comme il
lui a plu. » |
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Lectio 3 |
Leçon 3 : Galates III, 6-9 ─ L’efficacité de la foi dans la
justice
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SOMMAIRE : L’efficacité de la foi est prouvée par plusieurs
témoignages, et par là on montre que la justification est un don de l’Esprit
Saint. |
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[6] sicut Abraham credidit Deo et reputatum est ei ad
iustitiam [7] cognoscitis ergo quia qui ex fide sunt hii sunt filii
Abrahae [8] providens autem scriptura quia ex fide iustificat gentes
Deus praenuntiavit Abrahae quia benedicentur in te omnes gentes [9] igitur qui ex fide sunt benedicentur cum fideli Abraham [87758] Super Gal., cap. 3 l. 3 Supra probavit apostolus experimento virtutem
fidei et insufficientiam legis, hic vero probat idem per auctoritates et
rationes. Et primo
probat virtutem fidei in iustificando; secundo in hoc ostendit legis
defectum, ibi quicumque enim ex operibus legis, et cetera. Primum autem probat utens quodam syllogismo.
Unde circa hoc tria facit. Primo ostendit minorem; secundo maiorem, ibi providens
autem Scriptura, etc.; tertio infert conclusionem, ibi igitur qui ex
fide, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo proponit quamdam auctoritatem, ex qua elicit minorem;
secundo concludit eam, ibi cognoscite ergo, et cetera. Dicit ergo :
vere iustitia et spiritus sanctus est ex fide, sicut scriptum est,
Gen. XV, 6, et introducitur Rom. IV, 3, quod credidit Abraham Deo, et
cetera. Ubi notandum est quod iustitia consistit in redditione debiti, homo
autem debet aliquid Deo, et aliquid sibi, et aliquid proximo. Sed quod
aliquid debeat sibi et proximo, hoc est propter Deum. Ergo summa iustitia est
reddere Deo quod suum est. Nam si reddas tibi vel proximo quod debes, et hoc
non facis propter Deum, magis es perversus quam iustus, cum ponas finem in
homine. Dei autem est quidquid est in homine, et intellectus et voluntas et
ipsum corpus; sed tamen quodam ordine, quia inferiora ordinantur ad
superiora, et exteriora ad interiora, scilicet ad bonum animae; supremum autem
in homine est mens. Et ideo primum in iustitia hominis est, quod mens hominis
Deo subdatur, et hoc fit per fidem. II Cor. X, 3 : in captivitatem
redigentes omnem intellectum in obsequium Christi. Sic ergo dicendum est
in omnibus, quod Deus est primum principium in iustitia, et qui Deo dat,
scilicet summum quod in se est, mentem ei subdendo, perfecte est iustus. Rom.
VIII, 14 : qui spiritu Dei aguntur, hi filii sunt Dei. Et ideo dicit credidit Abraham Deo,
id est, mentem suam Deo per fidem subdidit. Eccli. II, 6 : crede Deo, et recuperabit te,
etc., et infra qui timetis dominum, credite illi, et cetera. Et
reputatum est ei ad iustitiam, id est, ipsum credere et ipsa fides fuit
ei et est omnibus aliis sufficiens causa iustitiae, et quod ad iustitiam
reputetur ei exterius ab hominibus, sed interius datur a Deo, qui eos qui
habent fidem, per charitatem operantem iustificat, eis peccata remittendo. Ex hac
autem auctoritate concludit minorem propositionem, dicens cognoscite ergo,
etc., quasi dicat : ex hoc aliquis dicitur filius alicuius, quod imitatur
opera eius; si ergo vos estis filii Abrahae, opera Abrahae facite, Io.
VIII, 39. Abraham autem non quaesivit iustificari per circumcisionem, sed per
fidem; ergo et illi qui quaerunt iustificari per fidem, sunt filii Abrahae.
Et hoc est quod dicit : quia Abraham iustus est ex fide, per hoc quod Deo credidit,
et reputatum est ei ad iustitiam, ergo cognoscite, quod illi qui ex
fide sunt, id est, qui ex fide credunt se iustificari et salvari, hi
sunt filii Abrahae, scilicet imitatione et instructione. Rom. IX, 8 : qui
filii sunt promissionis aestimantur in semine, et cetera. Lc. c. XIX, 9
dicitur Zachaeo : hodie huic domui salus a Deo facta est, eo quod et ipse
sit filius Abrahae, et cetera. Et Matth. III, 9 : potens est Deus de
lapidibus istis, id est, de gentibus, suscitare filios Abrahae,
inquantum scilicet facit eos credentes. Consequenter
cum dicit providens autem Scriptura, etc., ponit maiorem, quae
scilicet est, quod Abrahae praenuntiatum est quod in semine suo
benedicerentur omnes gentes. Et hoc est quod dicit providens autem
Scriptura, inducens Deum loquentem Abrahae dicit Gen. XII, 3, quod Deus
praenuntiavit Abrahae quod in te, id est, in his qui ad
similitudinem tuam filii tui erunt imitatione fidei, benedicentur omnes
gentes. Matth. VIII, 11 : multi venient ab oriente et occidente,
et cetera. Consequenter
cum dicit ergo qui ex fide, etc., infert conclusionem ex praemissis.
Unde sic potest formari argumentum : Deus pater nuntiavit Abrahae, quod in semine
suo benedicerentur omnes gentes; sed illi qui quaerunt iustificari per fidem,
sunt filii Abrahae; ergo qui ex fide sunt, id est, qui quaerunt
iustificari per fidem, benedicentur cum fideli, id est credente, Abraham. |
6. Selon qu’il est écrit d’Abraham,
qu’il crut ce que Dieu lui avait dit, et que sa foi lui fut imputée à
justice. 7. Reconnaissez donc que ceux qui
.sont enfants de la foi, sont les vrais enfants d’Abraham. 8. Aussi Dieu dans l’Ecriture,
prévoyant qu’il justifierait les nations par la foi, l’a annoncé par avance à
Abraham, en lui disant : Toutes les nations de la terre seront bénies en,
vous. 9. Ceux donc qui sont enfants de la
foi seront bénis avec le fidèle Abraham. L’Apôtre a prouvé plus haut, dans sa propre expérience, l’efficacité de
la foi et l’insuffisance de la Loi, il continue ici sa preuve par voie
d’autorité et de raison. Et d’abord il démontre l’efficacité de la foi dans
la justification; en second lieu il fait ressortir l’impuissance de la Loi
pour cette même justification (verset 10) : Au lieu que tous ceux qui
s’appuient sur les oeuvres de la Loi, etc. Il prouve le premier point au
moyen d’un syllogisme. A cet effet I° il énonce une mineure; II° une majeure (verset 8) : Aussi
l’Ecriture prévoyant, etc.;
III°
il déduit sa conclusion (verset 9) : Ceux donc qui sont enfants de la foi,
etc. I° Sur la première partie, I. il cite un passage dont il tire la mineure; II. il la déduit en conclusion
(verset 7) : Reconnaissez donc, etc. I. Il dit donc : véritablement la justice
et le don de l’Esprit Saint procèdent de la foi, comme il est écrit (Genèse
XV, 6), passage déjà cité dans
l’épître aux Romains (IV, 3) : « Abraham crut à Dieu, etc. »
Il faut sur ceci remarquer que la justice consiste à rendre ce qui est dû; or
l’homme doit quelque chose à Dieu, quelque chose à lui même, quelque chose au
prochain. Mais ce qu’il doit, soit à lui-même, soit au prochain, il ne le
doit qu’à cause de Dieu. Le plus haut degré de la justice est donc de rendre
à Dieu ce qu’on lui doit. Car quand vous vous rendez à vous-même et au
prochain ce que vous devez, si vous ne le faites pas pour Dieu, vous êtes
plutôt pervers que juste, parce que vous placez votre fin dans l’homme. Or
tout ce qui est dans l’homme : intelligence, volonté, le corps lui-même,
vient de Dieu, mais toutefois dans un certain ordre, car ce qui est inférieur
est subordonné à ce qui est supérieur, et ce qui est extérieur à ce qui est
intérieur, c’est-à-dire au bien de l’âme; or ce qui, dans l’homme, occupe le
premier rang, c’est l’intelligence. Le premier degré de la justice, dans
l’homme, c’est donc que son intelligence soit soumise à Dieu, ce qui se fait
par la foi ; (II Corinth. X, 3) : « Nous réduisons en servitude
toute intelligence pour la rendre obéissante à Jésus Christ. » Il
faut donc dire qu’en tout et partout, Dieu, dans l’ordre de la justice, est
le premier principe, et que celui qui lui donne ce qu’il a eu lui-même de
plus grand, en lui soumettant son intelligence, a atteint la perfection de la
justice ; (Rom., VIII, 14) : « Quiconque est mû par l’Esprit de
Dieu, est enfant de Dieu. » C’est ce qui fait dire à Saint Paul : Abraham
crut à ce que Dieu lui avait dit, c’est-à-dire : soumit à Dieu son
intelligence par la foi ; (Ecclésiastique II, 6) : « Croyez à
Dieu, et il vous tirera de tous vos maux, etc. » et (Ecclésiastique
II, 8) : « Vous qui craignez le Seigneur, croyez en lui. » -
(verset 6) : Et ce lui fut imputé à justice, c’est-à-dire l’acte même
de croire et sa foi furent pour lui et sont pour tous une cause de justice
suffisante, pour être imputée à justice extérieurement par les hommes, mais
justice donnée intérieurement par Dieu, qui justifie au moyen de la charité
qui opère et en leur remettant leurs péchés, ceux qui ont la foi. II. L’Apôtre, tire en conclusion sa mineure
de cette citation, en disant (verset 7) : Reconnaissez donc, etc. ; comme s’il disait : pour
être appelé le fils d’un autre, il faut imiter ses oeuvres; « si donc vous êtes les enfants d’Abraham, faites les oeuvres d’Abraham » (Jean,
VIII, 39). Or Abraham ne chercha pas à être justifié par la circoncision,
mais par la foi; quiconque donc cherche comme lui à être justifié par la foi,
est enfant d’Abraham, aussi c’est ce que dit Saint Paul. Puisqu’Abraham est
devenu juste par la foi, et parce qu’il
a cru à ce que Dieu lui disait, et que ce lui fut imputé à justice
(verset 7), reconnaissez donc que
ceux qui sont les enfants de la foi, c’est-à-dire qui croient que
c’est par la foi qu’ils sont justifiés et sauvés, sont les enfants
d’Abraham, à savoir par l’imitation de ses oeuvres, et la
soumission aux mêmes vérités ; (Rom., IX, 8) : « Ce sont les
enfants de la promesse qui sont réputés être enfants d’Abraham » ; et en S. Luc (XIX, 9) il est dit
à Zachée : « Cette maison a reçu aujourd’hui, de Dieu, le salut,
parce que celui-ci est aussi enfant d’Abraham, etc. » ; et encore (Matth., III, 9) : « Je
vous déclare que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes, c’est-à-dire des Gentils, des enfants
d’Abraham, » c’est-à-dire en tant qu’il leur donne de croire. II° Quand enfin l’Apôtre dit à la
suite (verset 8) : Aussi l’Ecriture, prévoyant, etc., il pose sa majeure, qui est celle-ci :
Il a été annoncé par avance à Abraham que toutes les nations de la terre
seraient bénies en sa semence. C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 8)
: Aussi l’Ecriture prévoyant, etc., il introduit ainsi Dieu
s’adressant à Abraham et dit (Genèse XII, 3) que Dieu a promis d’avance à Abraham qu’en vous, c’est-à-dire
dans ceux qui, portant votre ressemblance, seront vos enfants par l’imitation
de votre foi, toutes les nations seront bénies. (Matth., VIII, 11) : « Plusieurs
viendront d’Orient et d’Occident, etc. » III° Il déduit ensuite sa conclusion,
des prémisses qu’il a posées, en disant (verset 9) : Ceux donc qui sont enfants de la foi, etc. L’on
peut établir ainsi l’argument : Dieu le Père a annoncé d’avance à Abraham
qu’en sa semence toutes les nations seront bénies; or ceux qui cherchent à
être justifiés par la foi, sont les enfants d’Abraham; donc les enfants de la foi, »
c’est-à-dire ceux qui cherchent à être justifiés par cette vertu, seront
bénis avec le fidèle, c’est-à-dire avec Abraham. |
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Lectio 4 |
Leçon 4 : Galates III, 10-12 ─ L’insuffisance de la Loi
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SOMMAIRE. Que l’insuffisance de la
Loi parait encore en ce qu’elle ne peut réparer le dommage causé par la Loi
elle-même. |
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[10] quicumque enim ex operibus legis sunt sub maledicto sunt
scriptum est enim maledictus omnis qui non permanserit in omnibus quae
scripta sunt in libro legis ut faciat ea [11] quoniam autem in lege nemo iustificatur apud Deum
manifestum est quia iustus ex fide vivit [12] lex autem non est ex fide sed qui fecerit ea vivet in
illis [87759] Super Gal., cap. 3 l. 4 Supra ostendit apostolus virtutem fidei,
hic consequenter ostendit defectum legis. Et primo per auctoritatem legis;
secundo per humanam consuetudinem, ibi fratres, secundum hominem dico,
et cetera. Circa primum tria facit. Primo ostendit damnum occasionaliter ex
lege consecutum; secundo legis insufficientiam ad ipsum damnum removendum,
ibi quoniam autem in lege, etc.; tertio Christi sufficientiam, qua
ipsum damnum est remotum, ibi Christus autem nos redemit, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo proponit intentum; secundo probat propositum, ibi scriptum
est enim : maledictus, et cetera. Dicit ergo : quicumque enim, et
cetera. Nam quia dixerat quod qui ex fide sunt benedicentur, cum sint filii
Abrahae, posset quis dicere quod propter opera legis et propter fidem
benedicuntur, et ideo, hoc excludens, dicit quicumque ex operibus legis
sunt, sub maledicto sunt. Sed
contra. Antiqui patres fuerunt in operibus legis, ergo sunt maledicti, et per
consequens damnati, quod est error Manichaei. Ideoque hoc est sane
intelligendum. Et attendendum est quod apostolus non dicit : quicumque
servant opera legis sub maledicto sunt, quia hoc est falsum pro tempore
legis, sed dicit quicumque ex operibus legis, etc., id est, quicumque
in operibus legis confidunt, et putant se iustificari per ea, sub maledicto
sunt. Aliud enim est esse in operibus legis, et aliud est servare legem; nam
hoc est legem implere, et qui eam implet, non est sub maledicto. Esse vero in operibus legis est in eis
confidere et spem ponere. Et qui in eis hoc modo sunt, sub maledicto sunt,
scilicet transgressionis, quod quidem non facit lex, quia concupiscentia non
venit ex lege, sed cognitio peccati, ad quod proni sumus per concupiscentiam
per legem prohibitam. Inquantum ergo lex cognitionem peccati facit, et
non praebet auxilium contra peccatum, dicuntur esse sub maledicto, cum
nequeant illud per ipsa opera evadere. Sunt autem quaedam opera legis caeremonialia,
quae in observationibus fiebant. Alia sunt opera quae pertinent ad mores, de quibus
sunt mandata moralia. Unde secundum
Glossam hoc quod hic dicitur quicumque ex operibus legis, etc.,
intelligendum est de operibus caeremonialibus, et non de moralibus. Vel dicendum quod loquitur hic
apostolus de omnibus operibus tam caeremonialibus quam moralibus. Opera enim
non sunt causa quod aliquis sit iustus apud Deum, sed potius sunt executiones
et manifestationes iustitiae. Nam nullus per opera iustificatur apud Deum,
sed per habitum fidei, non quidem acquisitum, sed infusum. Et ideo quicumque
ex operibus iustificari quaerunt, sub maledicto sunt, quia per ea peccata non
removentur, nec aliquis quoad Deum iustificatur, sed per habitum fidei
charitate informatum. Hebr. XI, 39 : hi omnes testimonio fidei, et
cetera. Consequenter cum dicit scriptum
est enim, etc., probat propositum, et hoc primo quidem secundum Glossam
ostenditur per hoc quod nullus potest legem servare hoc modo, quo lex
praecipit Deut. XXVIII, 15, quod omnis
qui non permanserit in omnibus quae scripta sunt in libro legis, ut faciat ea,
id est, qui non impleverit totam legem, sit maledictus. Sed implere
totam legem est impossibile, ut dicitur Act. XV, 10 : ut quid tentatis
imponere iugum, quod neque nos, neque patres nostri portare potuimus?
Ergo nullus est ex operibus legis, quin sit maledictus. Potest etiam accipi
hoc quod dicitur scriptum est enim, etc., non ut probatio propositi,
sed ut ostendatur eius expositio; quasi dicat : dico quod sunt sub maledicto,
sub illo scilicet de quo dicit lex scriptum est enim : maledictus est omnis,
etc. : ut intelligatur de peccato, id est, de maledicto. Nam lex imperat bona
facienda seu mala vitanda, et imperando obligat, sed non dat virtutem
obediendi. Et ideo dicit maledictus, quasi malo adiectus, omnis,
nullum excipiendo, quia, ut dicitur Act. X, 34, non est personarum
acceptio apud Deum. Qui non permanserit usque in finem. Matth. XXIV, 13 :
qui perseveraverit usque in finem. In omnibus, non in quibusdam
tantum, quia, ut dicitur Iac. II, 10, quicumque totam legem servaverit,
offendat autem in uno, factus est omnium reus. Quae scripta sunt in libro legis, ut faciat
ea, non solum ut
credat seu velit tantum, sed ut opere impleat. Ps. CX, v. 10 : intellectus
bonus omnibus facientibus eum. Sancti autem patres etsi in operibus legis erant,
salvabantur tamen in fide venturi, confidentes in eius gratia, et saltem
spiritualiter legem implentes. Moyses enim, ut in Glossa dicitur, multa
quidem praecepit, quae nullus implere potuit ad domandam Iudaeorum superbiam
dicentium : non deest qui impleat, sed deest qui iubeat. Sed hic
est quaestio de hoc quod dicitur maledictus omnis, et cetera. Dicitur
enim Rom. XII, 14 : benedicite, et nolite maledicere. Respondeo.
Dicendum est quod maledicere nihil aliud est quam malum dicere; possum ergo
dicere bonum esse malum, et malum esse bonum, et rursum bonum esse bonum, et
malum esse malum. Et primum quidem prohibet apostolus, dicens : nolite
maledicere, id est, nolite dicere bonum esse malum, et e contra; sed
secundum licet, et ideo cum vituperamus peccatum, maledicimus quidem, sed non
dicendo bonum malum, sed dicimus malum esse malum. Et ideo licet peccatorem
maledicere, id est, dicere eum esse malo addictum vel esse malum. Consequenter
cum dicit quoniam autem in lege, etc., ostendit insufficientiam legis non
valentis ab illo maledicto eripere ex hoc quod iustificare non poterat. Ad
quod ostendendum utitur quodam syllogismo in secunda figura, et est talis :
iustitia est ex fide, sed lex ex fide non est; ergo lex iustificare non
potest. Circa hoc ergo primo ponit conclusionem, cum dicit quoniam autem
in lege nemo iustificatur; secundo autem maiorem, cum dicit quia
iustus ex fide vivit; tertio minorem, cum dicit lex autem non est ex
fide. Dicit ergo
: dico quod per legem maledictio inducta est, nec tamen ab illa maledictione
lex eripit, quia manifestum est quod nemo in lege iustificatur apud Deum,
id est per opera legis. Circa quod intelligendum, quod illi qui negaverunt
vetus testamentum, ex hoc verbo occasionem sumpserunt. Et ideo dicendum est
quod nemo iustificatur in lege, id est per legem. Nam per eam cognitio quidem
peccati habebatur, ut dicitur Rom. V, sed
non habebatur per eam iustificatio. Rom. III, 20 : ex operibus legis
nullus iustificabitur. Sed contra Iac. II, 21
dicitur : nonne Abraham ex operibus iustificatus est? Respondeo.
Dicendum est, quod iustificare potest accipi dupliciter : vel quantum ad
executionem iustitiae et manifestationem, et hoc modo iustificatur homo, id
est, iustus ostenditur, ex operibus operatis. Vel quantum ad habitum iustitiae
infusum, et hoc modo non iustificatur quis ex operibus, cum habitus iustitiae
qua homo iustificatur apud Deum, non sit acquisitus, sed per gratiam fidei
infusus. Et ideo signanter apostolus dicit apud Deum, quia iustitia
quae est apud Deum, in interiori corde est : iustitia autem quae est ex
operibus, id est, quae manifestat iustum, est apud homines. Et hoc modo apostolus accepit apud Deum.
Rom. II, 13 : non enim auditores, sed factores, et cetera. Rom. IV, 2
: si ex operibus Abraham iustificatus est, habet gloriam, sed non apud
Deum, et cetera. Sic ergo patet conclusio rationis, scilicet quod lex
iustificare non potest. Consequenter
cum dicit quia iustus, etc., ponit maiorem, quae est ex auctoritate
Scripturae, Hab. II, 4 et
introducitur etiam Rom. I, 17 et ad Hebr. X, 38. Circa quod notandum est, quod in homine est
duplex vita, scilicet vita naturae et vita iustitiae. Vita quidem naturae est
per animam; unde anima a corpore recedente, corpus remanet mortuum. Vita vero
iustitiae est per Deum habitantem in nobis per fidem. Et ideo primum quo Deus
est in anima hominis, est fides. Hebr.
XI, 6 : accedentem ad Deum oportet credere. Eph. III, 17 : habitare
Christum per fidem, et cetera. Et sic dicimus, quod in anima prima
indicia vitae apparent in operibus animae vegetabilis : quia anima
vegetabilis est, quae primo advenit animali generato, ut philosophus dicit. Ita quia primum principium quo Deus est in
nobis, est fides, ideo fides dicitur principium vivendi. Et hoc est quod hic
dicitur iustus meus ex fide vivit. Et intelligendum est de fide per
dilectionem operante. Minor
autem ponitur ibi lex autem non est, et cetera. Et primo ponitur ipsa
minor; secundo probatur, ibi sed qui fecerit, et cetera. Dicit ergo
lex non est ex fide. Sed contra, lex mandat credere quod sit unus
Deus, et hoc pertinet ad fidem; ergo lex habebat fidem. Quod autem sit unus
Deus, mandatur Deut. VI, audi, Israel, dominus Deus tuus, et cetera. Respondeo.
Dicendum est, quod hic loquitur de observationibus mandatorum legis, secundum
quod lex consistit in mandatis et praeceptis caeremonialibus, et dicit quod
talis lex non est ex fide. Fides enim, ut dicitur Hebr. XI, 1, est
substantia sperandarum rerum, argumentum non apparentium. Et ideo proprie
implet mandatum de fide qui non sperat ex hoc aliqua praesentia et visibilia
consequi, sed bona invisibilia et aeterna. Lex ergo quia promittebat terrena
et praesentia, ut dicitur Is. I, 19 : si volueritis et audieritis me, bona
terrae comedetis, ideo non est ex fide, sed ex cupiditate potius, vel ex
timore, secundum illos praecipue, qui carnaliter legem servabant. Aliqui
tamen spiritualiter vivebant in lege, sed hoc non erat ex ea, sed ex fide
mediatoris. Et quod
lex non sit ex fide, probat cum dicit sed qui fecerit ea, id est,
opera legis, vivet in illis, scilicet vita praesenti, id est, immunis
erit a morte temporali, et conservabitur in vita praesenti. Vel aliter : dico
quod lex non est ex fide, et hoc patet, quia qui fecerit, etc.;
quasi dicat : praecepta legis non sunt de credendis, sed de faciendis, licet
aliquid credendum annuntiet. Et ideo virtus eius non est ex fide, sed ex
operibus; et hoc probat, quia dominus quando voluit eam confirmare, non dixit
: qui crediderit sed : qui fecerit ea, vivet in illis. Sed nova lex ex
fide est. Mc. ult. : qui crediderit et baptizatus fuerit, et cetera. Lex tamen
est quoddam effigiatum et effectum ex fide, et ideo comparatur lex vetus ad
legem novam, sicut opera naturae ad opera intellectus. Nam in ipsis operibus
naturae apparent quaedam opera intellectus, non quod res naturales
intelligant, sed quia aguntur et ordinantur ab intellectu ut finem
consequantur. Sic et in veteri lege aliqua continentur, quae fidei sunt, non
quod Iudaei ea prout erant fidei haberent, sed habebant ea in figura tantum
fidei Christi, et protestatione, ex cuius fidei virtute salvabantur iusti. |
10. Au lieu que ceux qui s’appuient
sur les oeuvres de la Loi, sont dans la malédiction. Car il est écrit :
Malédiction sur tous ceux qui n’observent pas tout ce qui est prescrit dans
le livre de la Loi. 11. Cependant il est dit que nul par
la Loi n’est justifié devant Dieu, puisque le juste vit de la foi. 12. Or la Loi ne s’appuie pas sur la
foi, mais celui qui observera ces préceptes y trouvera la vie. L’Apôtre, dans ce qui vient d’être dit, a établi l’efficacité de la foi;
il montre ici la défectuosité de la Loi : premièrement par l’autorité de la
Loi même secondement par la coutume des hommes (verset 15) : Frères, je
fais une comparaison d’ordre humain, etc. Sur la première de ces preuves I° il
fait voir le dommage qui résultait occasionnellement de la Loi; II°
l’insuffisance de cette même Loi pour réparer ce dommage (verset 11) : Cependant
il est clair que nul par la Loi, etc. ; III° La réparation efficace de ce
dommage en Jésus Christ (verset 13) : Mais Jésus-Christ nous a rachetés, etc.
I° Sur la première partie l’Apôtre I. énonce sa proposition ; II.
la prouve, (verset 10) : Car il est écrit : Maudit, etc. I. Il dit donc (verset 10) : Ainsi tous
ceux qui, etc. Car, sur ce qu’il avait dit que les enfants de la foi
seront bénis, parce qu’ils sont enfants d’Abraham, on pouvait répondre que
cette bénédiction leur est donnée à cause des oeuvres de la Loi et à cause de
leur foi; prévenant donc cette réponse, il dit : Tous ceux qui s’appuient
sur les oeuvres de la Loi sont sous la malédiction. On objecte : mais les Pères de l’Ancien Testament se sont appuyés sur les
oeuvres de la Loi; ils sont donc dans la malédiction, et par conséquent
damnés; ce qui est une erreur des Manichéens. Il faut donc entendre ce
passage correctement. Remarquons que l’Apôtre ne dit pas : Tous ceux qui pratiquent les oeuvres
de la Loi sont sous la malédiction, parce que cette parole manquerait de
vérité, pour ce qui est du temps de la Loi, mais il dit : Tous ceux qui
s’appuient sur les oeuvres de la Loi, etc. c’est-à-dire tous ceux qui
mettent leur confiance dans ces oeuvres, et croient que par elles ils seront
justifiés, sont sous la malédiction. Autre chose, en effet, est de s’appuyer
sur les oeuvres de la Loi, autre chose de garder la Loi, car ceci c’est
l’accomplir, ce qui ne fait pas tomber sous la malédiction. Mais s’appuyer
sur les oeuvres de la Loi, c’est y mettre sa confiance et son espérance. Or
ceux qui sont ainsi disposés sont sous la malédiction, à savoir pour leur
transgression; et cette transgression n’est pas l’oeuvre de la Loi ; de
celle-ci ne provient pas la concupiscence mais seulement la connaissance du
péché, vers lequel nous sommes entraînés par la concupiscence qu’interdit la
Loi. Donc, puisque la Loi donne la connaissance du péché et ne donne pas de
secours contre le péché, ceux qui placent leur confiance dans la Loi sont
réputés dans la malédiction, parce qu’ils ne sauraient éviter cette
malédiction par les oeuvres mêmes de la Loi. Or il y a, dans la Loi, des
oeuvres rituelles qui se pratiquaient dans les observances légales, et des
oeuvres qui tenaient aux moeurs, par exemple les préceptes moraux Aussi,
suivant la Glose, ce qui est dit ici : Tous ceux qui s’appuient sur la
Loi, etc., doit s’entendre de ces œuvres rituelles, et non des oeuvres
morales. Ou bien encore peut-on dire que l’Apôtre parle ici des unes et des
autres, c’est-à-dire des oeuvres soit rituelles, soit morales. Car les
oeuvres ne font pas que l’on soit juste devant Dieu, elles sont plutôt les
signes et les manifestations de la justice; nul, en effet, aux yeux de Dieu,
n’est justifié par les oeuvres, mais par l’habitude de la foi, non pas
acquise, mais infuse. Quiconque donc cherche à être justifié par les oeuvres,
est sous la malédiction, parce que les oeuvres ne remettent pas les péchés et
ne donnent à personne la justification, qui ne s’obtient que par l’habitude
de la foi informée par la charité ; (Hébr., XI, 39) : « Tous ces
grands personnages éprouvés par le témoignage de la foi, etc. » II. Quand l’Apôtre dit à la suite (verset
10) : Car il est écrit, etc., il prouve sa proposition. Cette preuve,
selon la Glose, se déduit d’abord de ce que personne ne peut garder la Loi de
la manière que la Loi elle-même le prescrit ; (Deut., XXVII, 15) : « Quiconque
ne demeure pas ferme dans tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi, et
ne l’accomplira pas, c’est-à-dire quiconque n’accomplira pas
l’intégralité de la Loi, sera maudit. » Mais il est impossible
d’accomplir toute la Loi, comme il est dit (Actes, XV, 10) : « Pourquoi
imposez-vous aux disciples un joug que ni nous ni nos Pères n’avons pu porter
? » Donc il n’est personne, parmi ceux qui s’appuient sur les
oeuvres de la Loi, qui ne soit sous la malédiction. On peut encore entendre
ce qui est dit ici (verset 10) : Car il est écrit, etc., non comme la
preuve de la proposition, mais comme un moyen d’en faire ressortir toute
l’explication. Saint Paul semble dire : Je dis qu’ils sont sous la
malédiction, sous cette malédiction, dis-je, dont la Loi dit : « Car
il est écrit : Malédiction sur tous ceux, etc. »; en sorte qu’on
l’explique du péché, c’est-à-dire de ce qui est livré à la malédiction. Car
la Loi prescrit soit le bien à faire, soit le mal à éviter, et, en
prescrivant, elle oblige, mais elle ne donne pas le pouvoir d’obéir. C’est ce
qui fait dire à Saint Paul Maudit soit, c’est-à-dire que celui-là soit
livré au mal, quel qu’il soit sans exception, parce que comme il
est dit aux Actes (X, 34) : « Dieu ne fait pas acception des
personnes. » - Maudit donc celui qui n’aura pas persévéré jusqu’à la
fin ; (Matth., XXIV, 13) : « Celui-là sera sauvé, qui aura
persévéré jusqu’à la fin » - (verset 10) : Sur tous les points,
et non pas seulement sur quelques-uns, parce que comme il est dit en saint
Jacques (II, 10) : « Quiconque ayant gardé toute la Loi, la viole en
un seul point, est coupable comme l’ayant violée toute entière. »-
(verset 10) : A l’égard de ce qui est prescrit dans la Loi en sorte qu’il
la pratique, c’est-à-dire non pas seulement en se contentant de vouloir
et de croire, mais jusqu’à accomplir par les oeuvres (Ps., CX, 10) : « Tous
ceux qui agissent conformément à cette crainte sont remplis d’intelligence. »
Or les saints patriarches, bien que pratiquant les oeuvres de la Loi, étaient
sauvés cependant dans la foi de Jésus qui devait venir, par leur confiance
dans sa grâce et par l’accomplissement dans son sens spirituel du moins, de
la Loi. « En effet, Moïse, comme il est dit dans la Glose, imposa
grand nombre de préceptes, que personne n’a pu accomplir, afin de dompter
l’orgueil des Juifs, qui disaient : Il s’en trouvera pour accomplir, mais il
ne s’en trouvera pas pour prescrire ». Il se présente une difficulté sur ce qui a été dit : Malédiction sur
tous ceux qui, etc. Car il est dit (Rom., XII, 14) : « Bénissez
et ne maudissez pas. » Il faut répondre que maudire n’est pas autre chose que dire du mal : Je
puis donc dire que le bien est mal, et que le mal est bien; je puis dire
aussi que le bien est bien et que le mal est mal. C’est la première manière
de parler que réprouve l’Apôtre, quand il dit : « Gardez-vous de
maudire, » c’est-à-dire n’appelez jamais mal ce qui est bien, ni
bien ce qui est mal. Mais la seconde n’est pas répréhensible. Quand donc nous
maudissons le péché, nous le qualifions de mal, il est vrai, mais ce n’est
pas appeler bien ce qui est mal, c’est dire que ce qui est mal est mal. Par
conséquent il est permis de maudire le pécheur, en d’autres termes dire qu’il
est livré au mal, ou qu’il est méchant. II° Quand Saint Paul ajoute (verset 11) : Cependant il est clair que nul,
par la Loi, etc., il fait ressortir l’insuffisance de la Loi, qui n’a pas le pouvoir
d’arracher à la malédiction, pour la raison qu’elle n’était pas capable de
produire la justification. Pour le prouver, l’Apôtre se sert d’un syllogisme
de la seconde figure[2]
et dit : La justice procède de la foi; or la Loi ne s’appuie pas sur la foi;
donc la Loi ne saurait produire la justification. Il énonce donc d’abord la
conclusion en disant (verset 11) : Cependant il est clair que nul par la
Loi, n’est justifié ; en second lieu, la majeure (verset 11) : car
le juste vit de la foi ; enfin la mineure (verset 12) : Or la Loi ne
s’appuie pas sur la foi. I. Il dit donc : La malédiction a été
prononcée par la Loi, et toutefois la Loi ne préserve pas de cette
malédiction, car il est clair que nul par la Loi n’est justifié devant
Dieu, c’est-à-dire par les oeuvres de la Loi. Il faut ici remarquer que
ceux qui ont nié l’Ancien Testament, se sont appuyés de ce passage. Il faut
donc dire que personne n’est justifié dans la Loi, c’est-à-dire par la Loi.
Car c’est par la Loi qu’était donnée la connaissance du péché, comme il est
dit (Rom., V), mais on n’obtenait pas par la Loi la justification (Rom., III,
20) : « Nul ne sera justifié par les oeuvres de la Loi. » On objecte ce qui est dit (Jacq., II, 21) : « Est-ce qu’Abraham
notre Père ne fut pas justifié par les œuvres ? » Il faut répondre qu’on peut entendre de deux manières cette expression : « Justifier »
1°
D’abord quant à la pratique de la justice et à sa manifestation : dans ce
sens l’homme est justifié, c’est-à-dire il est manifesté comme juste par les
oeuvres qu’il opère. 2° Ensuite quant à l’habitude infuse de la
justice : personne n’est justifié, dans ce sens, par les oeuvres, puisque
l’habitude de la justice, qui rend l’homme juste aux yeux de Dieu, n’est pas
une habitude qui s’acquière, mais qui est donnée par la grâce de la foi.
C’est pour cette raison que l’Apôtre dit : devant Dieu, parce que la
justice, pour être telle aux yeux de Dieu, doit résider dans l’intérieur du
coeur, tandis que la justice qui se fonde sur les oeuvres, c’est-à-dire celle
qui manifeste le juste, paraît aux yeux des hommes; or c’est le sens que
l’Apôtre donne à ces mots devant Dieu ; (Rom., II, 13) : « Car
ce ne sont pas ceux qui écoutent la Loi qui sont justes devant Dieu, mais
ceux qui gardent la Loi qui seront justifiés, etc. » et (Rom., IV,
2) : « Si Abraham a été justifié par ses oeuvres, il a de quoi se
glorifier, mais non devant Dieu. » Ainsi devient évidente la
conclusion du raisonnement, à savoir que la Loi est impuissante à justifier. II. En disant (verset 11) : car le juste
vit de la foi, Saint Paul énonce sa majeure, qui est tirée de l’Ecriture
(Habacuc, II, 4) et de plus cité (Rom., I, 17 et Hébreux, X, 38). Remarquez
sur ceci qu’il y a dans l’homme une double vie, celle de la nature et celle
de la justice. La vie de la nature se maintient par l’âme; aussi quand l’âme
se retire du corps, le corps demeure inanimé. Mais la vie de la justice
subsiste par Dieu, qui habite en nous par la foi; aussi le premier degré de
l’union de Dieu avec l’âme de l’homme, c’est la foi ; (Hébr., XI, 6) : « Pour
s’approcher de Dieu, il faut croire premièrement qu’il y a un Dieu. »;
(Ephés., III, 17) : « [Qu’il fasse] que Jésus-Christ habite dans vos
coeurs par la foi, etc. » Nous disons donc d’après ces notions que
les premiers indices de la vie apparaissent dans les opérations de l’âme
végétative, car l’âme est végétative, ce qui est le premier état de l’animal
après sa génération, comme dit le Philosophe. Mais parce que le premier
principe par lequel Dieu veut être en nous est la foi, cette vertu est
regardée comme le principe de la vie; et c’est ce qui est dit ici (verset 11)
: Car le juste vit de la foi, comprenez de la foi opérant par la
charité. III. L’Apôtre expose enfin la mineure
lorsqu’il dit (verset 12) : Or la Loi ne s’appuie pas, etc. Et d’abord
il énonce la mineure elle même; ensuite il la prouve (verset 12) : Mais
celui qui observera ces préceptes, etc. 1° Il dit donc (verset 12) : Or la Loi
ne s’appuie pas sur la foi. On objecte : La Loi ordonne de croire qu’il
n’y a qu’un Dieu; or cette vérité appartient à la foi; donc la Loi s’appuie
sur la foi. Qu’il soit ordonné de croire qu’il n’y a qu’un Dieu, on le voit
dans le Deutéronome (VI, 4) : « Ecoutez, Israël, le Seigneur notre
Dieu, etc. » Il faut répondre que l’Apôtre parle ici de l’observance des préceptes de
la Loi, en tant que la Loi consiste en commandements et en préceptes cérémoniels.
Il dit qu’une telle Loi ne s’appuie pas sur la foi. Car (Hébr., XI, 1) : « La
foi est la substance des choses que nous devons espérer, et la preuve de
celles qu’on ne voit pas. » Celui-là donc, à proprement parler,
accomplit le précepte de la foi qui n’en espère pas obtenir quelques biens
présents et visibles, mais les biens invisibles et éternels. Donc la Loi, par
là même qu’elle promettait des biens terrestres et présents, ainsi qu’il est
dit (Isaïe, I, 19) : « Si vous voulez m’écouter, vous serez rassasiés
des biens de la terre, » ne s’appuie pas sur la foi, mais plutôt sur
la cupidité ou sur la crainte, principalement dans le sens de ceux qui
gardaient la Loi selon son interprétation charnelle ; quelques-uns
cependant vivaient sous la Loi selon l’Esprit; toutefois ce n’était pas
l’effet de la Loi, mais de la foi au Médiateur. 2° Que la Loi ne s’appuie pas sur la foi,
l’Apôtre le prouve quand il dit (verset 12) : mais celui qui observera ces
préceptes, c’est-à-dire qui accomplira les oeuvres de la Loi, y
trouvera la vie, à savoir la vie présente, c’est-à-dire sera préservé de
la mort temporelle et conservé dans la vie présente. Ou bien encore : je dis
que la Loi ne s’appuie pas sur la foi, et ceci est évident, car celui
qui pratiquera ces préceptes, etc., en d’autres termes : les préceptes de
la Loi ne portent pas sur les vérités à croire, mais sur ce qui est à faire,
bien qu’elle annonce certains dogmes à croire. Par conséquent sa force ne
s’appuie pas sur la foi, mais sur les oeuvres. Saint Paul le prouve, en ce
que le Seigneur, quand il voulut la confirmer, n’a pas dit : celui qui aura
cru, mais celui qui aura pratiqué ses oeuvres, y trouvera la vie. La
loi nouvelle procède, elle, de la foi ; (Marc, XVI, 16) : « Celui
qui croira et qui sera baptisé, etc. » Là Loi cependant est une
sorte d’image et de ressemblance de la foi; sous ce rapport la loi ancienne
se compare à la loi nouvelle, comme les oeuvres de la nature aux oeuvres de
l’intelligence. Car dans les oeuvres de la nature on trouve quelque chose qui
appartient à l’intelligence, non pas que les choses de la nature comprennent,
mais par ce qu’elles sont menées et disposées par une intelligence pour
atteindre leur fin. De même, la loi ancienne renferme certaines choses qui
sont de la foi, non que Juifs les aient possédé comme étant de la foi, mais
ils les avaient seulement comme figure de la foi en Jésus-Christ, et comme un
témoignage que les justes étaient sauvés par la vertu de cette foi. |
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Lectio 5 |
Leçon 5 : Galates III, 13-14 ─ La puissance de Jésus pour le salut |
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SOMMAIRE : L’Apôtre explique quelle
est la puissance de Jésus-Christ qui nous délivre de la malédiction portée
par la Loi, et comment nous ont été données par Jésus-Christ l’espérance et
la bénédiction d’Abraham. |
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[13] Christus nos redemit de maledicto
legis factus pro nobis maledictum quia scriptum est maledictus omnis qui
pendet in ligno [14] ut in gentibus benedictio Abrahae
fieret in Christo Iesu ut pollicitationem Spiritus accipiamus per fidem [87760] Super Gal., cap. 3 l. 5 Posito damno a lege illato, et defectu
legis ab illo eripere non valentis, hic consequenter ostendit virtutem
Christi ab ipso damno liberantis. Et primo ostendit quomodo per Christum ab
ipso damno liberamur; secundo quomodo etiam super hoc auxilium a Christo
acquirimus, ibi ut in gentibus, et cetera. Circa primum tria facit.
Primo enim ponit liberationis auctoritatem; secundo liberationis modum, ibi factus
pro nobis, etc.; tertio testimonium propheticum, ibi quia scriptum est,
et cetera. Dicit ergo primo : quicumque
servabant opera legis erant sub maledicto sicut dictum est, nec per legem
liberari poterant. Ideo necesse fuit
aliquem habere, qui nos liberaret, et iste fuit Christus. Et ideo dicit Christus
redemit nos de maledicto legis, et cetera. Rom. VIII, 3 : quod
impossibile erat legi, etc., Deus mittens filium suum, scilicet
Christum, et cetera. Redemit, inquam, nos, scilicet Iudaeos,
pretioso sanguine suo, Apoc. V, 9 : redemisti nos in sanguine, et
cetera. Is. XLIII, 1 : noli timere, quia redemi te, et cetera. De
maledicto legis, id est, de culpa et poena. Infra IV, v. 5 : ut eos
qui sub lege erant redimeret; Os. XIII, 14 : de morte redimam eos.
Modum
liberationis ponit cum dicit factus pro nobis maledictum. Ubi notandum
quod maledictum est quod dicitur malum. Et secundum duplex malum potest dici
duplex maledictum, scilicet maledictum culpae et maledictum poenae. Et
utroque modo potest hoc legi dupliciter factus est pro nobis maledictum.
Et primo quidem de malo culpae. Nam Christus
redemit nos de malo culpae. Unde sicut redemit nos de morte mortuus, ita
redemit nos de maledicto culpae factus maledictum, scilicet culpae; non
quidem quod in eo peccatum esset aliquod, qui peccatum non fecit, nec
dolus, etc., ut dicitur I Petr. II, v. 22, sed secundum opinionem
hominum, et praecipue Iudaeorum qui reputabant eum peccatorem. Io. XVIII, 30
: si non esset hic malefactor, non tibi tradidissemus eum. Et ideo de hoc dicitur II Cor. V, 21 : eum
qui non noverat peccatum, fecit pro nobis peccatum. Dicit autem maledictum,
non maledictus, ut ostendat quod Iudaei eum sceleratissimum reputabant. Unde
dicitur Io. IX, 16 : non est hic homo a Deo, etc.; et Io. X, 33 : de
bono opere non lapidamus te, sed de peccato et de blasphemia. Et ideo
dicit factus est pro nobis maledictum, in abstracto; quasi dicat :
factus est ipsa maledictio. Secundo
exponitur de malo poenae. Nam Christus liberavit nos a poena, sustinendo
poenam et mortem nostram : quae quidem in nos provenit ex ipsa maledictione
peccati. In quantum
ergo hanc maledictionem peccati suscepit, pro nobis moriendo, dicitur esse
factus pro nobis maledictum. Et est
simile ei quod dicitur Rom. VIII, 3 : misit Deus filium suum in
similitudinem carnis peccati, id est, mortalis. Eum qui non noverat
peccatum, scilicet Christum, qui peccatum non fecit, Deus scilicet pater,
pro nobis fecit peccatum, II Cor. V, 21, id est fecit pati peccati
poenam, quando scilicet oblatus est propter peccata nostra. Consequenter
ponit Scripturae testimonium cum dicit quia scriptum est : maledictus
omnis, et cetera. Et hoc Deut. XXI, 23. Ubi sciendum, secundum
Glossam, quod in Deuteronomio, unde accipitur hoc verbum, tam in nostris,
quam in Hebraeis codicibus habetur : maledictus a Deo omnis, etc.,
quod quidem, scilicet a Deo, in antiquis Hebraeorum voluminibus non
habetur, unde creditur quod a Iudaeis post passionem domini appositum sit ad
infamiam Christi. Potest autem exponi auctoritas de malo
poenae et de malo culpae. De malo quidem culpae sic maledictus omnis qui pendet
in ligno, non propter hoc quod pendet in ligno, sed pro culpa pro qua
pendet. Et hoc modo Christus aestimatus maledictus in cruce pendens, propter
hoc quod maxime tali poena punitus fuit. Et secundum hoc continuatur ad
praecedentia. Dominus enim praecepit in Deuteronomio, ut qui suspensus
fuerit, in vespera deponatur; et ratio huius est, quia haec poena erat
caeteris abiectior et ignominiosior. Dicit ergo : vere factus est pro nobis
maledictum, quia ipsa mors crucis, quam sustinuit, sufficit ad maledictionem,
hoc modo exponendo de malo culpae, sed solum aestimatione Iudaeorum, quia
scriptum est maledictus omnis, et cetera. De malo vero poenae sic
exponitur maledictus omnis qui, etc., quia ipsa poena est maledictio,
scilicet quod sic mortuus est. Et est hoc modo exponendo vere maledictus a
Deo, quia Deus ordinavit quod hanc poenam sustineret, ut nos liberaret. Consequenter cum dicit ut in
gentibus benedictio, etc., ponit spem quam per Christum, super hoc quod
per eum liberamur de maledicto, acquirimus, ut dicitur Rom. V, 16 : non sicut delictum, ita et donum;
immo multo maius, scilicet quia liberat a peccato, et confert gratiam. Primo ergo
ponit fructum, et quibus datur, dicens ut in gentibus benedictio Abrahae,
etc., quasi dicat : factus est pro nobis maledictum, non solum ut
maledictionem removeret, sed ut in gentibus, quae non sub maledictione legis
erant, fieret benedictio Abrahae promissa Gen. XXII, 18 : in semine tuo
benedicentur omnes gentes, et cetera. Et haec
quidem benedictio facta est nobis, id est, impleta est, per Christum, qui est
de semine Abrahae, cui dictae sunt promissiones et semini suo, qui est
Christus, ut dicitur infra. Quae quidem benedictio et fructus est ut
pollicitationem spiritus accipiamus, id est, promissiones quas spiritus
sanctus facit in nobis, scilicet de beatitudine aeterna, qui quasi arra et
pignus nobis traditus ipsam nobis promittit, ut habetur Eph. I, 14 et II Cor.
c. VI. Et quidem in pignore datur ad certitudinem. Nam pignus est quaedam
certa promissio de re accipienda. Rom. VIII, 15 : non enim
accepistis spiritum servitutis, etc., et infra : si filii, et haeredes.
Vel pollicitationem spiritus accipiamus, id est, spiritum sanctum,
quasi dicat : accipiamus pollicitationem de spiritu sancto factam semini
Abrahae, Ioel II, 28 : effundam de spiritu meo, etc.; quia per
spiritum sanctum coniungimur Christo, et efficimur semen Abrahae, et digni
benedictione. Secundo
ostendit per quid proveniat nobis iste fructus, dicens per fidem, per
quam quidem et haereditatem aeternam acquirimus. Ad Hebr., XI, 6 : accedentem
ad Deum oportet credere quia est, et inquirentibus se remunerator sit. Per fidem etiam acquirimus spiritum
sanctum, quia, ut dicitur Act. V, 32, dominus
dat spiritum sanctum obedientibus sibi, scilicet per fidem. |
13. Mais le Christ nous a rachetés
de la malédiction de la Loi, s’étant rendu lui-même malédiction pour nous,
selon ce qu’il est écrit : maudit est celui qui est pendu au bois; 14. Afin que la malédiction donnée à
Abraham fut communiquée à toutes les nations dans le Christ, et qu’ainsi nous
reçussions par la foi le Saint Esprit qui avait été promis. Après avoir établi le dommage qui résultait de la Loi, et l’imperfection
de cette Loi, impuissante à réparer ce dommage, l’Apôtre fait voir ensuite
quelle est la vertu de Jésus-Christ qui nous délivre de ce dommage. A cet
effet il montre d’abord comment Jésus-Christ nous délivre du dommage causé
par la Loi; ensuite comment nous recevons encore de lui un secours pour
assurer notre délivrance (verset 14) : afin que [la bénédiction donnée à
Abraham fût communiquée] à toutes les nations, etc. Sur le premier de ces
points, Saint Paul établit, I° la puissance de la délivrance; II°
son mode (verset 15) : Il s’est rendu lui-même, etc. ; III°
il apporte le témoignage d’un prophète (verset 15) : parce qu’il est
écrit, etc. I° Il dit donc pour commencer : Tous
ceux qui pratiquaient les oeuvres de la Loi, étaient sous la malédiction, comme il a été expliqué, et ne pouvaient
pas être délivrés par la Loi. Un libérateur nous était donc nécessaire, et ce
libérateur fut Jésus-Christ. Voilà pourquoi il dit (verset 13) : Jésus-Christ
nous a rachetés de la malédiction de la Loi, etc. ; (Rom., VIII, 3)
: « Ce qu’il était impossible que la Loi fît, etc. », Dieu
ayant envoyé son propre Fils, c’est-à-dire Jésus-Christ, etc…; il
nous a rachetés, dis-je, nous, c’est-à-dire, les Juifs, par son
sang précieux ; (Apoc., V, 9) : « Par votre sang, vous nous avez
rachetés pour Dieu, etc. »; (Isaïe, XLIII, 1) : « Ne
craignez pas, parce que je vous ai rachetés, etc. » - de la malédiction
de la Loi, c’est-à-dire de la faute et de la peine (ci-après, IV, 5) : pour
racheter ceux qui étaient sous la Loi » ; (Osée, XIII,
14) : « Je les délivrerai de la puissance de la mort. » II° L’Apôtre expose ensuite le mode
de la délivrance, quand
il dit (verset 15) : Il s’est rendu lui-même malédiction pour nous.
Remarquez encore qu’il y a malédiction, là où l’on dit qu’il y a mal : or
comme il y a double mal, il peut aussi y avoir double malédiction, à savoir,
celle de la faute et celle de la peine. L’on peut donc entendre de deux
manières, c’est-à-dire de l’une et de l’autre malédiction, ce qui est dit ici
(verset 15) : S’étant rendu lui-même malédiction pour nous. Et d’abord
du mal de la faute, Jésus-Christ nous a rachetés de ce mal. Ainsi, de même
qu’en mourant il nous a rachetés de la mort, il nous a aussi rachetés de la
malédiction de la faute, en se rendant malédiction de la faute, non pas qu’il
y eût en lui quelque péché, « lui qui n’en commit jamais, et de la
bouche duquel nulle parole trompeuse, etc. » comme il est dit (I
Pierre, II, 22), mais d’après l’opinion des hommes, et principalement des
Juifs qui le regardaient comme un pécheur ; (Jean, XVIII, 50) : « Si
ce n’était pas un malfaiteur, nous ne vous l’aurions pas livré entre tes
mains. » C’est pour cela qu’il est dit (II Corinth., V, 21) : « Pour
l’amour de nous, il a traité celui qui ne connaissait pas le péché, comme
s’il eût été le péché même. » L’Apôtre dit : malédiction, et
non pas maudit; pour faire voir que les Juifs le regardaient comme un grand
scélérat. C’est de là qu’il est dit, en saint Jean (IX, 16) : « Cet
homme n’est pas de Dieu, etc. » et (Jean, X, 33) : « Ce
n’est pas pour aucune bonne oeuvre que nous vous lapidons, mais c’est à cause
de votre blasphème, et de votre péché. » C’est ce qui fait dire à Saint
Paul (verset 15) : s’étant rendu lui-même malédiction pour nous, d’une
manière abstraite; en d’autres termes : il est devenu la malédiction même. En
second lieu on explique ce passage du mal de peine. En effet, Jésus-Christ
nous a délivrés du châtiment en supportant celui que nous méritions, et la
mort que nous avions encourue par la malédiction même portée contre le péché.
Jésus-Christ donc, ayant pris sur lui cette malédiction portée contre le
péché, en mourant pour nous, on dit qu’il s’est rendu malédiction pour nous.
On lit quelque chose de semblable dans l’Epître aux Romains (VIII, 3) : « Dieu
a envoyé son propre Fils, revêtu d’une chair semblable à celle qui est
sujette au péché, » c’est-à-dire mortelle ; [(II Corinth., V,
21)] : « Celui qui ne connaissait pas le péché, » à savoir
Jésus Christ qui n’a pas commis le péché; Dieu, c’est-à-dire le Père « l’a
traité comme s’il eût été le péché, » c’est-à-dire lui a fait porter
le châtiment du péché, à savoir quand il s’est offert pour nos péchés. III° L’Apôtre cite ensuite l’autorité
de l’Ecriture, lorsqu’il dit (verset 13) : Maudit est celui qui est pendu au bois, etc., paroles tirées du Deutéronome (XXI, 23).
Observez, comme l’a remarqué la Glose, que dans le Deutéronome, d’où ce
passage est tiré, soit dans nos livres, soit dans ceux des Hébreux, on lit : « Maudit
soit de Dieu celui, etc.. », et que ces mots : « de Dieu, »
ne se trouvent pas dans les anciens exemplaires des Hébreux, ce qui fait
penser qu’ils auront été interposés par les Juifs après la mort de
Jésus-Christ, comme un opprobre pour lui. Or ce passage peut être interprété
du mal de faute et du mal de peine. Du premier, de cette manière : « Maudit
est celui qui est pendu au bois, » non parce qu’il est suspendu au
bois, mais à cause de la faute qui l’y a fait suspendre. Selon cette
explication, Jésus-Christ est regardé comme maudit, lui qui a été suspendu à
la croix, surtout parce qu’il a subi un pareil châtiment. Interprété dans ce
sens, ce passage se rattache à ce qui précède. Car le Seigneur a prescrit
dans le Deutéronome que celui qui aura été suspendu soit descend vers le
soir; et la raison en est que ce genre de supplice est plus que tous les
autres pleins d’ignominie et d’abjection. L’Apôtre dit donc : Il s’est rendu
pour nous malédiction, parce que la mort de la croix qu’il a subie, suffit
pour le faire maudire. Toutefois en expliquant de cette manière ce passage du
mal de faute, l’Apôtre l’explique selon la manière de penser des Juifs, car
il est écrit : Maudit soit celui, etc. » En second lieu, on
l’explique ainsi du mal de peine : Maudit soit celui qui, etc., parce
que le châtiment même est une malédiction, c’est-à-dire : mourir ainsi est
une malédiction. Et en adoptant cette manière d’expliquer, Jésus-Christ est
véritablement maudit de Dieu, puisque Dieu a arrêté qu’il subirait ce genre
de supplice afin de nous délivrer. IV° Quand l’Apôtre ajoute (verset 14) : Afin
que la bénédiction fût communiquée à toutes les nations, etc. il expose l’espérance que nous acquérons
par Jésus-Christ, en ce que par lui nous sommes délivrés de la malédiction,
ainsi qu’il est dit (Rom., V, 16) : « Il n’en est pas de la grâce
comme du péché » ; tout au contraire, à savoir parce qu’il nous
délivre du péché, et nous donne la grâce. I. L’Apôtre exprime donc d’abord le fruit
de la bénédiction, et à qui il est accordé, en disant (verset 14) : afin
que la bénédiction donnée à Abraham fût communiquée à toutes les nations, etc. ;
en d’autres termes : Il a été fait pour nous malédiction, non seulement afin
de détourner la malédiction, mais encore pour que la bénédiction promise à
Abraham fût communiquée aux nations qui n’étaient pas sous la malédiction de
la Loi ; (Genèse XXII, 18) : « Et toutes les nations de la terre
seront bénies dans celui qui sortira de vous, etc. » Or cette
bénédiction nous a été donnée, c’est-à-dire a été accomplie, par Jésus-Christ
qui est de la race d’Abraham, à qui ont été faites les promesses (verset 16)
et à sa race, qui est Jésus-Christ, ainsi qu’il sera dit plus loin.
Cette bénédiction et cet effet consistent (verset 14) : en ce que nous
recevions par la foi le Saint Esprit qui a été promis, c’est-à-dire les
promesses que le Saint Esprit fait entendre en nous, à savoir les promesses
de la vie éternelle, lui qui, comme si nous en étaient donnés l’arrhe et le
gage, nous la promet ; (Ephés., I, 14) et (II Corinth., VI, 16). Et même
ce gage nous est donné pour que nous ayons l’assurance de la promesse. Car le
gage, c’est la promesse assurée d’une chose que l’on doit obtenir ;
(Rom., VIII, I5) : « Car vous n’avez pas reçu l’esprit de servitude, etc. »
et (Rom., VIII, 47) : « Si nous sommes enfants, nous sommes aussi
héritiers. » Ou encore (verset 14) : pour que nous recevions la
promesse de l’Esprit, c’est-à-dire le Saint Esprit; en d’autres termes,
afin que nous recevions la promesse de l’Esprit Saint lui-même annoncé à la
race d’Abraham ; (Joël, II, 28) : « Je répandrai mon esprit sur
toute chair, etc. », car par le Saint Esprit nous sommes unis à
Jésus-Christ, nous devenons la race d’Abraham et dignes de la bénédiction. II. L’Apôtre montre par quel moyen ce fruit
arrive jusqu’à nous, en disant (verset 14) : par la foi, par laquelle
nous acquérons réellement l’héritage éternel ; (Hébr., XI, 6) : « Pour
s’approcher de Dieu, il faut d’abord croire qu’il y a un Dieu, et qu’il
récompense ceux qui le cherchent. » Par la foi nous obtenons aussi
le Saint Esprit, parce que, comme il est dit (Actes, V,32) : « Dieu
donne le Saint Esprit à tous ceux qui lui obéissent, » à savoir par
la foi. |
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Lectio 6 |
Leçon 6 : Galates III, 15-18 ─ L’inutilité de la loi pour la justice |
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SOMMAIRE : La Loi ne donne pas la
justice, et elle n’est pas nécessaire à la justification, parce que
l’héritage ne s’acquiert pas par la Loi, mais par la promesse. |
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[15] fratres secundum hominem dico tamen hominis confirmatum testamentum
nemo spernit aut superordinat [16] Abrahae dictae sunt promissiones et semini eius non dicit et seminibus
quasi in multis sed quasi in uno et semini tuo qui est Christus [17] hoc autem dico testamentum confirmatum a Deo quae post quadringentos et
triginta annos facta est lex non irritam facit ad evacuandam promissionem [18] nam si ex lege hereditas iam non ex repromissione Abrahae autem per
promissionem donavit Deus [87761] Super Gal., cap. 3 l. 6 Postquam apostolus probavit per auctoritates,
quod lex non iustificat, nec ad iustificationem, quae est per fidem, est
necessaria, hic consequenter ostendit idem per rationes humanas. Et circa hoc
quatuor facit. Primo humanam consuetudinem ponit; secundo assumit
promissionem divinam, ibi Abrahae dictae sunt promissiones, etc.;
tertio infert conclusionem, ibi hoc autem dico, etc.; quarto ostendit
conclusionem sequi ex praemissis, ibi nam si ex lege, et cetera. Dicit ergo
: aperte quidem prius locutus sum secundum auctoritatem Scripturae non
allatae voluntate humana, sed spiritu sancto, ut dicitur II Petr. I, 21; sed nunc secundum hominem dico, et secundum ea quae
humana ratio et consuetudo habet. Ex quo quidem habemus argumentum, quod ad
conferendum de his quae sunt fidei, possumus uti quacumque veritate
cuiuscumque scientiae. Deut. XXI, 11 : si videris in numero captivorum
mulierem pulchram, et adamaveris eam, voluerisque habere in uxorem,
introduces eam in domum tuam, id est, si sapientia et scientia saecularis
placuerit tibi, introduces eam intra terminos tuos, quae radet caesariem,
etc., id est, resecabit omnes sensus erroneos. Et inde est quod apostolus in multis locis in
epistolis suis utitur auctoritatibus gentilium, sicut illud I Cor. XV, 33 : corrumpunt
bonos mores, etc., et illud Tit. I, 11 : Cretenses malae bestiae,
et cetera. Vel
quamvis huiusmodi rationes vanae sint et infirmae, quia, ut dicitur in Ps.
XCIII, 11 : dominus scit cogitationes hominum, quoniam vanae sunt; tamen
hominis confirmatum testamentum nemo spernit aut superordinat, quia nihil
humanum tantam firmitatem habet sicut ultima voluntas hominis; sperneret
autem illud aliquis, si diceret quod testamentum hominis confirmatum morte
testatoris et testibus non valeret. Si ergo testamentum huiusmodi nemo
spernit, dicens non esse servandum, aut spernit, aliquid mutando; multo magis
testamentum Dei nullus spernere debet aut superordinare, infringendo illud,
vel addendo vel diminuendo. Apoc. ult. : si quis apposuerit ad haec,
apponet Deus super illum plagas scriptas in isto libro, et si quis diminuerit
de verbis prophetiae huius, auferet Deus partem eius, et cetera. Deut.
IV, 2 : non addetis ad verbum, quod vobis loquor, neque auferetis ex eo,
et cetera. Consequenter
cum dicit Abrahae dictae sunt promissiones, etc., assumit promissionem
divinam Abrahae factam, quae est quasi quoddam testamentum Dei. Et primo
exponit hanc promissionem seu testamentum; secundo vero aperit veritatem
testamenti, ibi non dicit : et seminibus, et cetera. Dicit ergo
primo Abrahae dictae sunt promissiones, quasi dicat : sicut
testamentum hominis est firmum, ita promissiones divinae firmae sunt. Sed
numquid Deus aliquas promissiones fecit ante legem? Utique, quia Abrahae,
qui fuit ante legem, scilicet quod non falleret Deus, dictae, id est,
factae sunt promissiones, et semini eius a Deo. Sed Abrahae factae
sunt, ut cui erant implendae, semini vero, ut per quod implerentur. Dicit
autem promissiones pluraliter, quia promissio de benedicendo semine
multa continebat. Vel quia frequenter idem, id est, aeterna beatitudo sibi
promissa est, sicut Gen. c. XII, 3, in te benedicentur universae
cognationes terrae; item XV, 5, suscipe caelum, et numera stellas,
etc.; item eodem : semini tuo dabo terram hanc, etc.; item XXII, 17
: benedicam tibi et multiplicabo semen tuum sicut stellas caeli. Istae
ergo promissiones sunt quasi testamentum Dei, quia est quaedam ordinatio de
haereditate danda Abrahae et semini suo. Veritatem
autem testamenti aperit, cum dicit non dicit : et seminibus, et
cetera. Quam quidem aperit eodem spiritu quo testamentum conditum est. Et hoc
patet ex verbis testamenti. Non, inquit, dicit et seminibus, quasi
in multis, id est, sicut faceret, si de multis illud valeret, sed
quasi in uno, quod est Christus, quia ipse solus est per quem et in quo
omnes poterunt benedici. Nam ipse solus et singularis est, qui non subiacet
maledictioni culpae, etsi maledictio pro nobis dignatus sit fieri. Unde
dicitur in Ps. CXL, 10 : singulariter sum ego, et cetera. Item : non
est qui faciat bonum, et cetera. Eccle. VII, 29 : virum de mille unum
reperi, scilicet Christum, qui esset sine omni peccato, mulierem autem
ex omnibus non inveni, quae omnino a peccato immunis esset, ad minus
originali, vel veniali. Conclusionem
autem infert consequenter cum dicit hoc autem dico : testamentum,
etc., ubi videamus per ordinem quid sit quod dicit. Dicit ergo, quod hoc
promisit Deus Abrahae, sed hoc est testamentum, scilicet ista
promissio de haereditate adipiscenda. Ier. XXXI, 31 : feriam domui Israel
et domui Iuda foedus novum, et cetera. Confirmatum, quod ideo ponit, ut concordet cum praemissis.
Nam supra dixerat testamentum hominis confirmatum, et cetera. A Deo,
scilicet qui promisit. Et confirmatum dico iureiurando. Gen. XXII, 16 : per
memetipsum iuravi, etc., Hebr. VI, 18 : ut per duas res immobiles
quibus impossibile est mentiri Deum, et cetera. Hoc, inquam, testamentum
lex non facit irritum, quae quidem lex facta est, et data a Deo
per Moysen. Io. I, 17 : lex per Moysen data est, etc., post
quadringentos et triginta, et cetera. Et quasi exponens quod dixerat,
subiungit non irritum facit ad evacuandam promissionem. Sic enim irritum fieret praedictum
testamentum, si promissio facta Abrahae evacuaretur, id est, in vacuum facta
esset, quasi non sufficeret semen Abrahae repromissum ad gentium
benedictionem. Per Christum autem non sunt evacuatae promissiones patribus
factae, sed confirmatae. Rom. XV, 8 : dico Iesum Christum ministrum fuisse
circumcisionis, ad confirmandas promissiones patrum. Et II Cor. c. I, 20
: quotquot enim promissiones Dei sunt, in illo est, et cetera. Hoc autem quod dicitur post quadringentos
et triginta annos, concordat ei quod habetur Ex. XII, 40 : habitatio
filiorum Israel, qua manserunt in Aegypto, fuit quadringentorum triginta
annorum. Et Act. VII, 6 : locutus est dominus, scilicet Abrahae, quia
erit semen eius accola in terra aliena, et servituti eos subiicient annis
quadringentis triginta. Sed contra
est quod dicitur Gen. c. XV, 13 : scito praenoscens, quod peregrinum
futurum sit semen tuum, et servituti eos subiicient, et affligent eos annis
quadringentis. Respondeo. Dicendum quod si fiat computatio annorum a
prima promissione facta Abrahae, quae legitur Gen. XII, usque ad exitum
filiorum Israel de Aegypto, quando data est lex, sic sunt anni quadringenti
triginta, sicut hic scribitur, et Ex. XII, et Act. c. VII. Si autem incipiat
computatio a nativitate Isaac de qua legitur Gen. XXI, sic sunt tantum
quadringenti et quinque anni. Nam viginti quinque anni fuerunt a promissione
facta Abrahae usque ad nativitatem Isaac. Abraham enim erat septuaginta
quinque annorum quando exivit de terra sua, et facta est ei prima promissio,
ut habetur Gen. XII. Centenarius autem fuit, quando natus est Isaac, ut
habetur ibidem cap. XXI. Quod autem a nativitate Isaac usque ad exitum
filiorum Israel de Aegypto fuerint quadringenti quinque anni, probatur per
hoc, quod Isaac fuit sexaginta annorum quando genuit Iacob, ut habetur Gen.
XXV; Iacob autem erat centum triginta annorum quando intravit Aegyptum, ut
habetur Gen. XXVII. Et sic
a nativitate Isaac usque ad introitum Iacob in Aegyptum fuerunt centum
nonaginta anni. Ioseph autem fuit triginta annorum, quando stetit coram
Pharaone, ut habetur Gen. XLI. Et postea transierunt septem anni fertilitatis
et duo sterilitatis, usque ad ingressum Iacob in Aegyptum, ut habetur XLV. Vixit autem Ioseph centum et decem annis, ut
habetur Gen. ult. A quibus si
subtrahantur triginta novem anni, remanent septuaginta et unus annus. Fuerunt
ergo a nativitate Isaac usque ad mortem Ioseph ducenti et sexaginta unus
annus. Fuerunt autem in Aegypto filii Israel post mortem Ioseph centum
quadraginta quatuor annis, ut Rabanus dicit in Glossa. Fuerunt ergo a
nativitate Isaac usque ad exitum filiorum Israel de Aegypto et legem datam
quadringenti et quinque anni; Scriptura autem non curavit de minutis. Vel
potest dici, quod quinto anno Isaac expulsus fuit Ismael, et remansit solus
Isaac haeres Abrahae, a quo tempore fuerunt quadringenti anni. Deinde,
cum dicit nam si ex lege, etc., ostendit quomodo sequatur ex
praemissis, quod lex evacuaret promissiones, si lex necessaria esset ad
iustificationem sive benedictionem gentium. Dicit ergo : vere promissio
evacuaretur si lex necessaria esset. Nam si haereditas, scilicet
benedictionis Abrahae, esset ex lege, iam non esset ex
repromissione, id est, ex semine repromisso Abrahae. Si enim semen promissum esset sufficiens ad
haereditatem benedictionis consequendam, non fieret iustificatio per legem. Destruit autem consequens, cum dicit Abrahae
autem donavit Deus, etc., id est, promisit se daturum, quod ita certum
erat ac si statim daret, per repromissionem, id est per semen
repromissum. Non ergo est ex lege haereditas, id est benedictio, de qua
dicitur I Petr. III, 9 : in hoc vocati estis, ut benedictionem haereditate
possideatis. |
15. Mes frères, je me servirai de
l’exemple d’une chose humaine : Lorsqu’un homme a fait un testament en bonne
forme, nul ne peut ni le casser, ni y ajouter. 16. Or, les promesses de Dieu ont
été faites à Abraham et à sa race. L’Ecriture ne dit pas : « A ceux de
sa race, » comme si elle en eût voulu marquer plusieurs; mais « à
sa race, » c’est-à-dire à l’un de sa race, qui est le Christ. 17. Ce que je veux donc dire est,
que Dieu ayant fait une alliance, et l’ayant confirmée, la Loi qui n’a été
donnée que quatre cent trente ans après, n’a pu la rendre nulle, ni anéantir
la promesse. 18. Car si c’est par la Loi que
l’héritage nous est donné, ce n’est donc plus par la promesse. Cependant
c’est par la promesse que Dieu l’a donné à Abraham. Après avoir prouvé par voie d’autorité que la Loi ne justifie pas, et
qu’elle n’est pas nécessaire à la justification qui se fait par la foi, Saint
Paul, ensuite, démontre la même chose par le raisonnement humain. A cet
effet, I°
il rappelle une coutume en usage parmi les hommes; II° il invoque la promesse
divine; (verset 16) : Les promesses ont été faites à Abraham, etc. ;
III°
il déduit sa conclusion (verset 17) : Ce que je veux dire, etc. ;
IV° il fait voir que cette conclusion
ressort des prémisses (verset 18) : Car si c’est par la Loi, etc. I° L’Apôtre dit donc : Je vous ai
parlé d’abord, sans ambiguïté, d’après l’autorité de la sainte Ecriture, qui ne nous a pas été apportée par la
volonté des hommes, mais par l’inspiration du Saint Esprit, comme il est dit
(II Pierre, I, 21), maintenant je vais le faire à la manière des
hommes et selon la manière dont se comportent la raison humaine et sa
coutume. Dans ce que fait là Saint Paul, nous avons une preuve que dans la
discussion des choses qui appartiennent à la foi, on peut faire usage de
toutes les vérités, à quelqu’ordre des sciences qu’ elles appartiennent ;
(Deutér., XXI,
11 et 12) : « Si parmi les prisonniers de guerre, vous
voyez une femme qui soit belle, et que vous conceviez de l’affection pour
elle, et que vous vouliez l’épouser, vous la ferez entrer dans votre maison, »
c’est-à-dire : si la sagesse et la science du siècle vous agréent, vous
l’introduirez dans le champ où vous agissez ; « elle se rasera les
cheveux, etc. » c’est-à-dire elle retranchera tout ce qu’elle a
d’erroné. Voilà pourquoi l’Apôtre se sert, dans un grand nombre d’endroits de
ses Epîtres, de passages empruntés aux Gentils, comme celui-ci (I Corinth.,
XV, 33) : « [Les mauvais entretiens] corrompent les bonnes mœurs, etc. »,
et cet autre (Tite, I, 12) : « Les Crétois sont de méchantes
bêtes, etc. » Ou encore : bien que de tels raisonnements soient
vains et dépourvus de force, parce que comme il est dit (Ps., XCIII, 11) : « Le
Seigneur connaît les pensées des hommes, il sait qu’elles sont vaines, »
toutefois, personne ne méprise le testament valide d’un homme, ou n’y ajoute,
parce que rien d’humain n’a autant de solidité parmi les hommes, que leurs
dernières volontés. Or ce serait une marque de mépris à l’égard de ces
volontés que de dire que le testament d’un homme, confirmé par des témoins et
par la mort du testateur, n’est pas valide. Si donc personne ne méprise un tel
acte de dernière volonté, et n’ose dire qu’on ne doit pas l’exécuter, ni
faire voir qu’il en fait peu de cas en y introduisant quel que modification,
a plus forte raison est-il défendu à qui que ce soit de mépriser le Testament
de Dieu, ou d’y rien changer, en l’altérant par des additions ou des
retranchements ; (Apoc., XXII, 18) : « Si quelqu’un ajoute
quelque chose à ce livre, Dieu le frappera des plaies qui y sont écrites; et
si quelqu’un retranche quelque chose du livre qui contient cette prophétie, Dieu
l’effacera du livre de vie, etc. » ; (Deutéron., IV, 2)
: « Vous n’ajouterez ni n’ôterez rien aux paroles que je vous dis, etc. » II° Quand Saint Paul ajoute (verset 16) : Or
les promesses ont été faites à Abraham, etc., il rappelle les promesses
divines faites à Abraham, lesquelles sont comme le Testament de Dieu. Et
d’abord il expose cette promesse ou ce testament; ensuite il en fait voir le
véritable sens (verset 16) : Dieu ne dit pas : « ceux de sa race ». I. L’Apôtre dit donc : Or les promesses
ont été faites à Abraham; en d’autres termes : de même que le testament
d’un homme est quelque chose d’assuré, ainsi sont certaines les promesses
divines. Mais Dieu a-t-il fait quelque promesse avant la Loi ? Assurément,
puisque c’est à Abraham, qui vivait avant la Loi, ce que Dieu
n’ignorait pas, que les promesses ont été prononcées, c’est-à-dire ont
été faites, et à sa race, par Dieu lui-même. Faites, disons-nous, à
Abraham, comme celui en faveur de qui elles devaient être accomplies, et à sa
race, par qui elles devaient l’être. Saint Paul se sert de l’expression « promesses »,
au pluriel, parce que la promesse de bénir sa race impliquait plusieurs
bienfaits. Ou encore, parce que la même bénédiction, c’est-à-dire la
béatitude éternelle, lui a été fréquemment promise, par exemple (Genès., XII,
3) : « Toutes les nations de la terre seront bénies en vous » ;
(Genèse XV, 5) : « Levez les yeux au ciel et comptez les étoiles,
etc. » ; et « Je donnerai ce pays à votre race » ;
et (Genèse XXII, 17) : « Je vous bénirai, et je multiplierai
votre race, comme les étoiles du ciel. » Ces promesses donc sont
comme le testament de Dieu, parce qu’elles sont en quelque sorte la
disposition de l’héritage à donner à Abraham et à sa race. II. Saint Paul explique le sens véritable
du Testament, en disant (verset 16) : Dieu ne dit pas : ceux de sa race, etc.,
et il suit, dans cette explication, le même esprit par lequel a été fait le
Testament lui-même. Ceci est évident, par les termes mêmes du Testament
(verset 16) : Il ne dit pas, continue-t-il, à ceux de sa race, comme
s’il eût voulu en marquer plusieurs, c’est-à-dire comme il ferait si
cette disposition devait profiter à plusieurs, (verset 16) mais comme pour
en désigner un seul, qui est Jésus-Christ, parce que c’est Jésus-Christ
seul par qui et en qui tous pourront être bénis. Il est, en effet, le seul et
l’unique, qui ne soit pas soumis à la malédiction de la faute, bien que pour
nous il ait daigné se rendre lui-même malédiction. C’est de là qu’il est dit par
le Psalmiste (CXL, 10) : « Pour moi je suis seul, etc. » ;
(Ps., XIII, 5) : « Il n’y en a pas qui fasse le bien, etc. »;
(Ecclésiastique VII, 29) : « Entre mille hommes, j’en ai trouvé un
seul, à savoir Jésus-Christ qui fût sans péché, mais de toutes les
femmes, je n’en ai pas trouvé une seule, qui fût entièrement exempte de
péché, au moins originel, ou véniel. III° Lorsque l’Apôtre dit (verset 17) : Ce que je veux dire, c’est
que Dieu ayant fait une alliance, etc., il déduit sa conclusion. Voyons donc par ordre
ce qu’il veut dire. Il dit : Voilà donc ce que Dieu a promis à Abraham; or
cette promesse est une alliance, c’est-à-dire une promesse d’obtenir
l’héritage ; (Jérémie, XXXI, 31) : « Je ferai ma nouvelle
alliance avec la maison d’Israël et la maison de Judas. » Confirmée, ce que l’Apôtre ajoute afin de s’accorder avec
ce qu’il a dit auparavant ; car il avait dit : Le testament d’un homme
confirmé, etc. – Confirmé par Dieu, c’est-à-dire par celui qui a
promis, et confirmé, je le répète, par serment ; (Genèse XXII, 16) : « Je
jure par moi-même, etc. »; (Hébr., VI, 18) : « Afin qu’étant
appuyée sur deux choses inébranlables, par lesquelles il est impossible que
Dieu nous trompe, etc. » Cette alliance, dis-je (verset 17) ne
peut être rendue nulle par la Loi, qui a été faite par Dieu et
donnée par le ministère de Moïse ; (Jean, I, 17) : « La Loi a
été donnée par Moïse, etc. » ; (verset 17) : que quatre cent
trente ans après, etc. Et expliquant en quelque sorte ce qu’il vient de
dire, Saint Paul ajoute (verset 17) : ne peut être rendue nulle, pour
anéantir la promesse. Elle deviendrait, en effet, nulle, cette alliance
dont nous parlons, si la promesse faite à Abraham était anéantie,
c’est-à-dire si elle avait été faite en vain, dans ce sens que la race
promise à Abraham ne suffirait pas pour communiquer la bénédiction promise aux
nations. Or les promesses faites aux Patriarches n’ont pas été anéanties par
Jésus-Christ; elles ont été confirmées en lui ; (Rom., XV, 8) : « Je
déclare que Jésus-Christ a été le ministre, à l’égard des circoncis, [afin
que Dieu fût reconnu véritable] par l’accomplissement des promesses qu’il
avait faites à leurs pères » et (II Corinth., I, 20) : « C’est
en lui que toutes les promesses de Dieu ont leur vérité, etc. » Ce
qui est dit ici (verset 17) : quatre cent trente ans après, s’accorde
avec ce qu’on lit dans l’Exode (XII, 40) : « Le temps que les enfants
d’Israël avaient demeuré dans l’Egypte fut de quatre cent trente ans » ;
et aux Actes (VII, 6) : « Dieu lui prédit aussi, »
c’est-à-dire à Abraham, « que sa postérité demeurerait dans une terre
étrangère, et qu’elle y serait tenue en servitude et fort maltraitée,
jusqu’au terme de quatre cent trente ans. » Mais on objecte ce qui est dit dans la Genèse (XV, 13) : « Sachez
dès maintenant que votre postérité demeurera dans une terre étrangère;
qu’elle y sera réduite en servitude, et de maux pendant quatre cents ans. » Il faut répondre que si la supputation des années se fait à partir de la
première promesse faite à Abraham, telle qu’on la lit au ch. XII, 3 de la
Genèse, jusqu’à l’époque de la sortie des enfants d’Israël de la terre
d’Egypte, quand fut donnée la Loi, on trouve le nombre de quatre cent trente
ans comme on le lit ici, en Exode XII, 37 et en Actes VII, 36. Mais si la
supputation se fait à partir de la naissance d’Isaac, qui est rapportée au
ch. XXI, 2 de la Genèse, on ne trouve plus que quatre cent cinq ans, car il
s’écoula vingt années, depuis la promesse faite à Abraham jusqu’à la
naissance d’Isaac. Abraham, en effet, avait soixante-quinze ans, lorsqu’il
sortit de son pays et que la promesse lui fut faite pour la première fois,
ainsi qu’il est rapporté (Genèse, XII, 5); or, il était centenaire, quand
naquit Isaac, ainsi qu’il est rapporté (Gen, XXI, 5); qu’ensuite de la naissance
d’Isaac jusqu’à la sortie des enfants d’Israël et de la terre d’Egypte, il se
soit écoulé quatre cent cinquante ans, nous en avons la preuve en ce qu’Isaac
avait soixante ans quand il engendra Jacob, comme il est dit, au chap. XXV,
26 de la Genèse. Or Jacob était âgé de cent trente ans lorsqu’il vint habiter
en Egypte comme on le voit au chap. XLVII, 9 de la Genèse. Ainsi de la
naissance d’Isaac à l’entrée de Jacob en Egypte il s’écoula cent
quatre-vingt-dix ans. Joseph avait trente ans, quand il parut devant Pharaon,
comme il est rapporté dans la Genèse ch. XLI, 16; vinrent ensuite les sept
années de fertilité, et deux de stérilité, jusqu’à l’entrée de Jacob en
Egypte, ainsi qu’il est dit au ch. XLV, 6, Joseph vécut cent dix ans, comme
le dit le dernier chapitre de la Genèse (L, 22). Si l’on retranche
trente-neuf ans de ces cent dix, il reste soixante et onze ans. Il s’écoula
donc de la naissance d’Isaac jusqu’à la mort de Joseph deux cent soixante et
un ans. Les enfants d’Israël demeurèrent en Egypte après la mort de Joseph
cent quarante quatre ans, Raban le dit dans la Glose. Il y eut donc depuis la
naissance d’Isaac jusqu’à la sortie des enfants d’Israël de la terre d’Egypte
et la promulgation de la Loi quatre cent cinq ans. Mais [au ch. XVII, 24 de
la Genèse], l’Ecriture n’indique pas l’époque avec une précision minutieuse.
L’on peut dire encore qu’Isaac avait déjà cinq ans, quand Ismaël fut chassé
et qu’Isaac demeura seul héritier d’Abraham, et que depuis ce moment il
s’écoula quatre cent ans. IV° Quand l’Apôtre dit ensuite (verset 18) : Car
si c’est par la Loi que vient, etc., il fait voir que des prémisses qu’il a posées
il s’en suit cette conclusion que la Loi anéantirait les promesses, si cette
Loi était nécessaire à la justification ou à la bénédiction des nations. Il
dit donc : en vérité la promesse serait anéantie, si la Loi était nécessaire,
(verset 18) : car si l’héritage, à savoir de la bénédiction promise à
Abraham, nous était donné par la Loi, ce ne serait donc plus en
vertu de la promesse, c’est-à-dire par la race promise à Abraham. Si, en
effet, la race promise était suffisante pour obtenir l’héritage de la
bénédiction, la justification ne se ferait plus dès lors par la Loi; or
l’Apôtre détruit le conséquent, en disant (verset 18) : Mais c’est par la
promesse que Dieu a donné, etc., c’est-à-dire : il a promis qu’il le
donnerait, ce qui était aussi certain que s’il l’eût donné aussitôt en
exécutant sa promesse, c’est-à-dire en donnant la race promise.
L’héritage, en d’autres termes la bénédiction, dont il est dit en saint
Pierre, III, 9)
: « Vous avez été appelés à recevoir, comme héritier, la bénédiction, »
- ne vient donc pas par la Loi. |
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Lectio 7 |
Leçon 7 : Galates III, 19-20 ─ L’utilité de la Loi :
révéler le péché
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SOMMAIRE : Que la Loi bien qu’elle ne
justifie pas, ne doit pas être regardée comme inutile, parce qu’elle a été
donnée pour réprimer les transgressions. |
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[19] quid igitur lex propter transgressiones posita est donec veniret semen
cui promiserat ordinata per angelos in manu mediatoris [20] mediator autem unius non est Deus autem unus est [87762] Super Gal., cap. 3 l. 7 Postquam ostendit apostolus et auctoritate
Scripturae et consuetudine humana, quod lex iustificare non potuit, hic movet
duas dubitationes et solvit. Secunda dubitatio incipit ibi lex ergo
adversus promissa Dei, et cetera. Circa primum tria facit. Primo movet
dubitationem; secundo solvit, ibi propter transgressiones, etc.;
tertio quoddam in solutione positum manifestat, ibi mediator autem, et
cetera. Potest
autem esse dubium ex praemissis tale : si lex iustificare non poterat, an
esset omnino inutilis. Et hanc dubitationem movet, dicens quid igitur lex,
etc., sit, id est, ad quid lex utilis fuit? Et hanc punctuationem magis
approbat Augustinus ut habetur in Glossa, quam aliam quae sibi primitus
melior videbatur, ut distinguatur : quid igitur? Et postea dicatur : lex
propter transgressiones, et cetera. Similis dubitatio proponitur Rom.
III, 1 ubi sic dicitur : quid igitur amplius Iudaeo, et cetera. Deinde cum
dicit propter transgressiones, solvit dubitationem motam, ubi quatuor
facit. Primo proponit legis utilitatem; secundo legis
fructum, ibi donec veniret semen, etc.; tertio legis ministros, ibi ordinata
per Angelos; quarto legis dominium, ibi in manu mediatoris. Circa primum notandum est, quod
lex vetus data est propter quatuor, secundum quatuor ex peccato consecuta,
quae enumerat Beda, scilicet propter malitiam, infirmitatem, concupiscentiam
et ignorantiam. Est ergo lex primo data ad
reprimendam malitiam, dum scilicet prohibendo peccatum et puniendo,
retrahebantur homines a peccato, et hoc tangit dicens propter
transgressiones posita est lex, id est, ad transgressiones cohibendas :
et de hoc habetur I Tim. I, 9 : iusto lex non est posita, sed iniustis.
Cuius ratio potest sumi a philosopho in IV Ethicorum. Homines enim bene dispositi ex
seipsis moventur ad bene agendum, et sufficiunt eis paterna monita, unde non
indigent lege : sed, sicut Rom. II, 14 dicitur, ipsi sibi sunt lex,
habentes opus legis scriptum in cordibus suis. Sed homines male dispositi
indigent retrahi a peccatis per poenas. Et ideo quantum ad istos fuit necessaria legis
positio, quae habet coarctativam virtutem. Secundo, lex data est ad
infirmitatem manifestandam. Homines enim de duobus praesumebant. Primo quidem
de scientia, secundo de potentia. Et ideo Deus reliquit homines absque
doctrina legis, tempore legis naturae, in quo dum in errores inciderunt,
convicta est eorum superbia de defectu scientiae, sed adhuc restabat
praesumptio de potentia. Dicebant
enim non deest qui impleat, sed deest qui iubeat, ut dicitur in Glossa
super illud Ex. XXIV : quicquid praeceperit dominus, faciemus, et erimus
obedientes. Et ideo data est lex, quae cognitionem peccati faceret, per
legem enim cognitio peccati, Rom. III, 20. Quae tamen auxilium gratiae
non dabat ad vitandum peccata, ut sic homo sub lege constitutus et vires suas
experiretur, et infirmitatem suam recognosceret, inveniens se sine gratia
peccatum vitare non posse, et sic avidius quaereret gratiam. Et haec
etiam causa potest ex his verbis accipi, ut dicatur, quod lex posita est
propter transgressiones adimplendas, quasi illo modo loquendo quo apostolus
dicit Rom. c. V, 20 : lex subintravit ut abundaret delictum; quod non
est intelligendum causaliter, sed consecutive : quia lege subintrante,
abundavit delictum, et transgressiones sunt multiplicatae, dum concupiscentia
nondum per gratiam sanata, in id quod prohibebatur, magis exarsit, et factum
est peccatum gravius, addita praevaricatione legis scriptae. Et hoc Deus
permittebat, ut homines imperfectionem suam cognoscentes, quaererent
mediatoris gratiam. Unde signanter dicit posita est, quasi debito
ordine collocata inter legem naturae et legem gratiae. Tertio,
data est lex ad domandam concupiscentiam populi lascivientis, ut diversis
caeremoniis fatigati neque ad idololatriam, neque ad lascivias declinarent.
Unde dicit Petrus Act. XV, 10 : hoc est onus, quod neque nos, et cetera.
Quarto, ad instruendum ignorantiam data est lex
in figuram futurae gratiae, secundum illud Hebr. X, 1 : umbram habens lex, et cetera. Deinde cum
dicit donec veniret semen, etc., id est Christus, de quo promiserat
Deus, per eum benedicendas omnes gentes. Matth. XI, 13 : lex et prophetae
usque ad Ioannem, et cetera. Gen. XII : in semine tuo, et cetera. Ministri
autem legis ponuntur, cum dicit ordinata, id est, ordinanter data, per
Angelos, id est, per nuntios Dei, scilicet Moysen et Aaron. Mal. II, 7 : legem
requirent ex ore eius, et cetera. Angelus enim domini, et cetera.
Vel per Angelos, id est, ministerio Angelorum. Act. VII, 35 : accepistis
legem in dispositionem Angelorum, et cetera. Et est data per Angelos,
quia lex non debebat dari per filium, qui maior est. Hebr. II, 2 : si
enim, qui per Angelos factus est sermo, et cetera. Dicit
autem ordinata, quia ordinabiliter data est, scilicet inter tempus
legis naturalis, qua homines convicti sunt, quod se iuvare non poterant, et
tempus gratiae. Nam antequam gratiam acciperent, convincendi erant de lege. Dominus
autem legis dicitur Christus. Et ideo dicit in manu mediatoris, id
est, in potestate Christi. Deut. XXXIII, 2 : in dextera eius ignea lex.
I Tim. II, 5 : mediator Dei et hominum, et cetera. Iste mediator
significatus est per Moysen, in cuius manu est lex data. Deut. V, 5 : ego
sequester et medius fui inter Deum et vos, et cetera. Deinde,
cum dicit mediator autem, etc., exponit quod dixit in manu
mediatoris, quod potest tripliciter exponi. Uno modo, quia mediator non
est unius tantum, sed duorum. Unde cum iste sit mediator Dei et hominis,
oportet quod sit Deus et homo. Si enim esset purus homo, vel Deus tantum, non
esset verus mediator. Si ergo est verus Deus, cum nullus est mediator sui ipsius,
posset videri alicui, quod praeter ipsum sunt alii dii quorum est mediator;
et hoc removet, dicens quod mediator iste et si non est unius
tantum, non propter hoc sunt alii dii, sed Deus unus est, quia licet
ipse alius sit in persona a Deo patre, non est tamen aliud in natura. Deut.
VI, 4 : audi, Israel, dominus Deus tuus, et cetera. Eph. IV, 6 : unus
Deus, et cetera. Secundo
modo, quia posset credi, quod iste esset mediator Iudaeorum tantum, ideo
dicit : dico quod Christus est mediator, sed non unius, scilicet Iudaeorum,
sed unus est omnium, id est, sufficiens ad omnes reconciliandos Deo, quia
ipse Deus est. Rom. III, 30 : unus Deus qui iustificavit circumcisionem ex
fide, et praeputium per fidem, et cetera. II Cor. V, v. 19 : Deus erat
in Christo mundum reconcilians sibi, et cetera. Tertio modo, quia non est
mediator unius populi tantum, scilicet Iudaeorum, sed etiam gentilium. Eph. II, 14 : ipse est pax nostra, qui
fecit utraque unum. Et hoc ex parte gentium
auferendo idololatriam, et ex parte Iudaeorum observantiam legis. Specialiter autem mediator est filius, non
pater, non spiritus sanctus, nihilominus tamen unus est Deus. |
19. Pourquoi donc la Loi ? Elle a
été établie pour faire connaître les transgressions, jusqu’à l’avènement de
ce Fils que la promesse regardait : et cette Loi a été donnée au moyen des
Anges par la main d’un médiateur. 20. Or un médiateur n’est pas d’un
seul; mais Dieu est seul. Après avoir établi, et par l’autorité de l’Ecriture et par la coutume
usitée parmi les hommes, que la Loi n’a pu justifier, l’Apôtre soulève ici
deux difficultés, et en donne la solution. La seconde difficulté commence à
ces mots (verset 21) : La Loi est-elle donc contraire aux promesses de Dieu,
etc. ? Sur le premier de ces points, d’abord il propose la difficulté
ensuite il la résout (verset 19) : contre les transgressions, enfin il
développe un point contenu dans la solution (verset 20) : Or un médiateur
n’est pas d’un seul, etc. 1° La difficulté que l’on peut soulever
d’après ce qui a été dit est celle-ci : si la Loi ne pouvait justifier,
serait-elle donc complètement inutile ? L’Apôtre propose cette difficulté, et
disant (verset 19) : Pourquoi dont la Loi, etc. existe-t-elle ?
c’est-à-dire à quoi a-t-elle été utile ? Cette ponctuation, remarque la
Glose, est approuvée par saint Augustin, plutôt qu’une autre, qui d’abord lui
paraissait meilleure, et d’après laquelle on lisait ainsi : Quoi donc ?
et ensuite : la Loi a été imposée pour les transgressions. On trouve
une tournure de phrase qui prête, comme celle-ci, au doute (Rom., III, 1) : « Quel
est donc l’avantage des Juifs, etc. ? » II° Quand l’Apôtre ajoute (verset 19) : à cause des transgressions, il donne la solution de la difficulté signalée.
A cet effet, I.
il établit l’utilité de la Loi ; II. Ses fruits (verset 19) : jusqu’à
l’avènement de ce fils d’Abraham ; III. quels en les ministres (verset 19) : Elle
a été donnée par le ministère des anges ; IV. enfin, quel était le maître
de la Loi (verset 19) : dans la main du médiateur. I. Sur le premier de ces points, il faut
remarquer que l’ancienne Loi a été donnée pour quatre motifs, qui
correspondent à autant de conséquences du péché, énumérées par Bède, à savoir
: la malice, la faiblesse, la convoitise et l’ignorance. 1° La Loi a donc été donnée d’abord pour
réprimer la malice, c’est-à-dire que par la prohibition du péché, par les
peines qu’elle prononçait elle en détournait les hommes : l’Apôtre indique ce
motif en disant (verset 19) : C’est à cause des transgressions que la
Loi a été donnée, c’est-à-dire afin de réprimer ces transgressions. A
ce sujet il est dit (I Tite, I, 9) : « Nous reconnaissons que la Loi
n’est pas pour les justes, mais pour les méchants », paroles dont on
peut trouver la raison dans le Philosophe (IV Ethique). C’est qu’en effet
l’homme bien disposé est porté de lui-même à faire le bien; il suffit pour
lui d’un avertissement paternel, en sorte qu’il n’a pas besoin de la loi,
ainsi qu’il est dit (Rom., II, 14) : « Ceux qui sont tels, se
tiennent à eux-mêmes lieu de loi; et ils font voir que ce qui est prescrit
par la loi, est écrit dans leur coeur. » Au contraire ceux qui sont
mal disposés, ont besoin d’être détournés du péché par les châtiments, et par
conséquent quant à ceux-ci, il fut nécessaire d’établir une loi qui eût la
puissance coercitive. 2° En second lieu, la Loi a été donnée
pour faire sentir la faiblesse. Les hommes, en effet, présumaient d’eux-mêmes
sur deux points. D’abord de leur savoir et ensuite de leur pouvoir; or voilà
pourquoi Dieu a laissé les hommes sans l’enseignement de la Loi, au temps de
la loi de nature, pendant lequel ils tombèrent dans de telles erreurs, que
leur orgueil fut convaincu de l’impuissance de leur savoir ; mais il
restait encore la présomption de leur pouvoir. Car ils disaient : « nous
sommes là pour tout accomplir, il n’est personne pour commander »,
comme il est rapporté dans la Glose sur ce passage de l’Exode (XXIV, 7) : « Nous
ferons tout ce que le Seigneur a dit, et nous lui serons obéissants. »
La Loi donc a été portée pour donner la connaissance du péché, car (Rom.,
III, 20) : « c’est par elle que la connaissance du péché est venue. »
Toutefois cette Loi ne donnait pas le secours de la grâce pour éviter le
péché, afin que l’homme, placé ainsi sous la Loi, fasse à la fois l’expérience
de ses forces et l’aveu de son infirmité, en sentant qu’il ne pouvait sans la
grâce éviter le péché, et qu’ainsi il se portât avec plus d’avidité à la
rechercher. On peut aussi déduire de ce passage un autre motif et dire que la
Loi a été portée pour montrer jusqu’où pouvaient aller les transgresseurs, en
se servant d’une manière de s’exprimer analogue à ce que dit l’Apôtre aux
Romains (V, 20) : « La loi est survenue, pour donner lieu à
l’abondance du péché. » Ce qu’il faut entendre toutefois non de la causalité,
mais de la conséquence, car à l’introduction de la Loi, le péché a surabondé,
et la transgression s’est multipliée, par le fait de la convoitise, qui,
n’étant pas encore guérie par la grâce, s’est enflammée davantage pour ce qui
est défendu, en sorte que le péché s’est encore aggravé par la violation de
la loi écrite. Or Dieu permettait qu’il en fût ainsi, afin que l’homme
connaissant son imperfection, eût recours à la grâce du Médiateur, c’est
pourquoi l’Apôtre dit en termes exprès (verset 19) : La Loi a été établie,
et comme placée, dans un ordre déterminé, entre la loi de la nature et la
loi de grâce. 3° La Loi a été donnée pour mettre un
frein à la convoitise d’un peuple porté à la licence, afin que fatigué par
ces diverses cérémonies, il ne se laissât emporter ni à l’idolâtrie ni à ses
désirs déréglés. C’est ce qui fait dire à saint Pierre (Act., XV, 10) : « C’est
un joug que ni nos pères ni nous, etc. » 4° Enfin, la Loi a été donnée pour
remédier à l’ignorance, en figurant la grâce qui devait être donnée; suivant
ce passage de l’épître aux Hébreux (X, 1) : « La Loi n’ayant qu’une
ombre des biens à venir, etc. II. Quand l’Apôtre dit (verset 19) : jusqu’à
l’avènement de ce Fils, etc., il veut dire : Jésus-Christ, dans la
personne duquel Dieu avait promis que toutes les nations seraient bénies ;
(Matth., XI, 13) : « Tous les prophètes et la Loi même, jusqu’à Jean,
etc. » ; (Genèse XII, 3) : « Dans votre race, etc. » III. L’Apôtre indique ensuite les ministres
de la Loi, en ajoutant (verset 19) : disposée c’est-à-dire donnée par
ordre, par les anges, c’est-à-dire par les envoyés de Dieu, à savoir
Moïse et Aaron ; (Malachie, II, 7) : « C’est de sa bouche que
l’on recherchera la Loi, etc. », parce qu’il est l’ange du
Seigneur des armées, etc. Ou encore : par les anges, c’est-à-dire
par le ministère des Anges (Act., VII, 35) : « Vous qui avez reçu la
Loi par le ministère des anges, etc. » Elle a été donnée par les
anges, parce qu’elle ne devait pas l’être par le Fils, qui est plus grand ;
(Hébr., II, 2) : « Car si la Loi qui a été annoncée par les Anges,
est demeurée ferme, etc. » L’Apôtre dit (verset 19) : disposée,
parce que la Loi a été donnée, comme l’ordre l’exigeait, c’est-à-dire entre
le temps de la loi naturelle, par laquelle les hommes ont été convaincus
qu’ils ne pouvaient s’aider eux-mêmes, et le temps de la grâce. Il fallait,
en effet, qu’avant de recevoir la grâce, ils fussent convaincus par la Loi. IV. Jésus-Christ est appelé le Maître de la Loi; et
voilà pourquoi l’Apôtre dit (verset 19) : et par l’entremise d’un
médiateur, c’est-à-dire sous la puissance de Jésus-Christ ;
(Deutér., XXXIII, 2) : « il portait en sa main droite une loi de feu » ;
(I Timoth., II, 5) : « Il n’y a qu’un médiateur entre Dieu et les
hommes, etc. » Ce médiateur a été figuré par Moïse, dans la main
duquel la Loi a été placée ; (Deutéron., V, 5) : « Je fus dans
le temps l’entremetteur et le médiateur entre le Seigneur et vous, etc. » III° Quand l’Apôtre ajoute (verset 20) : Or un médiateur, etc., il explique ce qu’il vient de dire
(verset 19) : par l’entremise d’un médiateur; ce qui peut s’entendre
de trois manières. D’abord, parce que le médiateur n’est pas d’un seul, mais
bien entre deux parties. Jésus-Christ donc, étant médiateur entre Dieu et
l’homme, il est par conséquent Dieu et homme. Si, en effet, il était ou
seulement homme, on seulement Dieu, il ne serait pas véritablement médiateur.
Mais s’il est vrai Dieu, nul médiateur n’étant tel par rapport à soi-même,
quelqu’un pouvait s’imaginer qu’il existerait, en dehors de lui, d’autres
Dieux dont il serait le médiateur. L’Apôtre prévient donc cette
interprétation, en disant que bien qu’il soit médiateur, et qu’il
n’y ait pas de médiateur d’un seul, toutefois il n’y a pas pour cela
d’autres Dieux, mais (verset 20) il n’y a qu’un seul Dieu, parce que,
bien que Jésus-Christ soit distinct quant à la personne de Dieu le Père, il
n’en diffère pas quant à la nature ; (Deutéron., VI, 4) : « Ecoutez,
ô Israël le Seigneur notre Dieu, etc. » et (Ephés., IV, 6) : « Il
n’y a qu’un Dieu, etc. » On peut encore expliquer ainsi ce passage :
On pouvait croire que Jésus-Christ était le médiateur des Juifs seulement;
c’est ce qui fait dire à Saint Paul : Je dis que Jésus-Christ est médiateur,
toutefois il ne l’est pas d’un seul, c’est-à-dire des Juifs, mais il est le
médiateur unique de tous; c’est-à-dire : il suffit pour réconcilier tous les
hommes à Dieu; parce que lui-même est Dieu ; (Rom., III, 30) : « Il
n’y a qu’un seul Dieu, qui justifie par la foi les circoncis, et par la foi
encore les incirconcis, etc. » ; et (II Corinth., V, 19) : « Dieu
était en Jésus-Christ se réconciliant le monde, etc. » Enfin on peut
l’entendre d’une troisième manière, à savoir qu’il n’est pas le médiateur
d’un peuple seulement, c’est-à-dire du peuple Juif, mais qu’il l’est aussi de
la Gentilité ; (Ephés., II, 14) : « C’est lui qui est notre
paix, qui des deux peuples n’en a fait qu’un » Et cela, du côté des
Gentils, en détruisant l’idolâtrie, et du côté des Juifs, en faisant cesser
les observances de la Loi. Toutefois bien que le Fils, et non pas le Père ni
le Saint Esprit, soit médiateur, néanmoins il n’y a qu’un seul Dieu. |
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Lectio 8 |
Leçon 8 : Galates III, 21-25 ─ La loi comme guide vers le
Christ
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SOMMAIRE : Que la Loi ne met pas
obstacle à la grâce, et qu’elle n’est pas opposée aux promesses de Dieu, mais
qu’elle a été notre guide pour nous conduire à Jésus-Christ. |
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[21] lex ergo adversus promissa Dei absit si enim data esset lex quae posset
vivificare vere ex lege esset iustitia [22] sed conclusit scriptura omnia sub peccato ut promissio ex fide Iesu
Christi daretur credentibus [23] prius autem quam veniret fides sub lege custodiebamur conclusi in eam
fidem quae revelanda erat [24] itaque lex pedagogus noster fuit in Christo ut ex fide iustificemur [25] at ubi venit fides iam non sumus sub pedagogo [87763] Super Gal., cap. 3 l. 8 Hic movet apostolus aliam dubitationem,
utrum scilicet lex noceat gratiae. Et primo
movet dubitationem, dicens lex ergo, etc., quasi dicat : si lex posita
est propter transgressiones, numquid lex facit adversus promissa Dei,
scilicet ut id quod Deus promisit se facturum per semen repromissum, per
alium faciat? Absit. Quasi dicat : non. Nam, supra eodem : lex non
irritum facit testamentum ad evacuandas promissiones, et cetera. Rom.
VII, 12 : lex sancta, et mandatum sanctum. Secundo
cum dicit si enim lex esset data, etc., solvit dubitationem. Et primo
ostendit, quod lex non est contra promissa Dei; secundo quod est in obsequium
promissorum, ibi sed conclusit, et cetera. Dicit ergo, quod licet lex
sit posita propter transgressiones, non tamen contrariatur promissioni Dei,
quia transgressiones ipsas removere non potest. Si enim eas removeret, tunc
manifeste esset contra promissa Dei, quia iustitia esset per alium modum,
quam Deus promisit, quia esset per legem et non per fidem, cum tamen dicatur,
Hab. II, v. 4 : iustus meus ex fide vivit. Rom. III, 22 : iustitia
Dei est per fidem Iesu Christi. Et ideo dicit, quod si lex esset data
talis, quae posset vivificare, id est, tantae virtutis esset, quod
posset vitam gratiae, et aeternam beatitudinem conferre, tunc vere et
non apparenter iustitia esset ex lege, si lex faceret quod fides
facere dicitur, et sic frustra esset fides. Sed lex non iustificat, quia littera,
scilicet legis, occidit, ut dicitur II Cor. III, 6 et Rom. c. VIII, 2
: lex enim spiritus vitae in Christo Iesu, et cetera. Deinde cum
dicit sed Scriptura conclusit, etc., ostendit quod lex non solum non
contrariatur gratiae, sed est ei etiam in obsequium. Et primo ostendit quod
lex obsequitur promissis Dei; secundo quomodo hoc obsequium manifestatum est
in Iudaeis, ibi prius autem quam veniret fides, etc.; tertio quomodo
gentiles etiam sine lege consecuti sunt promissa Dei, ibi omnes enim filii
Dei estis, et cetera. Circa
primum sciendum est, quod lex obsequitur promissis Dei in generali quantum ad
duo. Primo quia manifestat peccata. Rom. III, 20 : per
legem cognitio peccati. Deinde quia manifestat infirmitatem humanam, in
quantum homo non potest vitare peccatum, nisi per gratiam, quae per legem non
dabatur. Et sicut ista duo, scilicet cognitio morbi et impotentia infirmi,
multum inducunt ad quaerendum medicum, ita cognitio peccati et propriae
impotentiae inducunt ad quaerendum Christum. Sic ergo lex obsecuta est
gratiae, inquantum praebuit cognitionem peccati et experientiam propriae
impotentiae. Et ideo dicit Scriptura, id est lex scripta, conclusit,
id est tenuit inclusos Iudaeos, sub peccato, id est, ostendit eis
peccata, quae faciebant. Rom. VII, 7 : concupiscentiam nesciebam, et
cetera. Item conclusit, quia veniente lege sumpserunt occasionem
peccati. Rom. c. XI, 32 : conclusit Deus omnia in incredulitate, et
cetera. Et hoc ideo, ut homo quaereret gratiam. Et ideo dicit ut promissio,
id est, gratia repromissa, daretur non solum Iudaeis, sed omnibus credentibus,
quia illa gratia poterat liberare a peccatis, et haec gratia est ex fide
Iesu Christi. Deinde cum dicit prius autem
quam veniret, etc., ponit experimentum huius obsequii manifestatum in
Iudaeis. Et primo ponit obsequium Iudaeorum; secundo concludit quoddam
corollarium, ibi itaque lex paedagogus, et cetera. Dicit ergo : si
Scriptura, id est, lex scripta, detinuit omnia sub peccato, quas utilitates
habebant Iudaei ex lege antequam veniret fides ex gratia? Respondet et dicit
: nos Iudaei, ante adventum fidei, custodiebamur sub lege, inquantum
faciebat nos vitare idololatriam et multa alia mala; custodiebamur, inquam,
non sicut liberi, sed quasi servi sub timore, et hoc sub lege, id est,
sub onere legis et dominio. Rom. VII,
1 : lex in homine dominatur quanto tempore vivit, et cetera. Et custodiebamur
conclusi, id est, servati ne deflueremus a vita, sed praepararemur in
eam, id est, tam bonam fidem, quae revelanda erat. Is. LVI, 1 : iuxta
est salus mea, ut veniat, et iustitia mea ut reveletur. Et dicit revelanda,
quia cum fides excedat omne humanum ingenium, non potest per proprium sensum
haberi, sed ex revelatione et dono Dei. Is. XL, 5 : revelabitur gloria
domini, et cetera. Vel in eam fidem, quae revelanda erat tempore
gratiae, in antiquis temporibus multis signis latens. Unde et tempore Christi
velum templi scissum est, Matth. XXVII, 51. Consequenter
cum dicit lex paedagogus, etc., concludit quoddam corollarium. Et
primo ostendit legis officium; secundo officii testationem, ibi at ubi
venit plenitudo temporis, et cetera. Officium autem legis fuit officium
paedagogi, et ideo dicit lex paedagogus noster, et cetera. Quamdiu
enim haeres non potest consequi beneficium haereditatis, vel propter defectum
aetatis seu alicuius debitae perfectionis, conservatur, et custoditur ab
aliquo instructore, qui quidem instructor paedagogus dicitur, a paedos, quod
est puer, et goge, quod est ductio. Per
legem enim Iudaei tamquam imbecilles pueri, per timorem poenae retrahebantur
a malo, et promovebantur amore et promissione temporariorum ad bonum. Iudaeis autem promissa erat benedictio futuri seminis de haereditate
obtinenda, sed nondum advenerat tempus ipsius haereditatis consequendae. Et
ideo necessarium erat, quod conservarentur usque ad tempus futuri seminis et
cohiberentur ab illicitis, quod factum est per legem. Et ideo dicit itaque, etc., quasi dicat :
ex quo sub lege custodiebamur, lex fuit noster paedagogus, id est,
dirigens et conservans in Christo, id est in via Christi. Et hoc ideo,
ut ex fide Christi iustificaremur. Os. XI, 1 : puer Israel,
et dilexi eum. Ier. c. XXXI, 18 : castigasti me, domine, et eruditus
sum, et cetera. Rom. III, 28 : arbitramur enim hominem iustificari per
fidem, et cetera. Et quamvis lex paedagogus noster esset, non tamen ad
perfectam haereditatem ducebat, quia, ut dicitur Hebr. VII, neminem ad
perfectum adduxit lex, et cetera. Sed hoc officium cessavit postquam
venit fides. Et hoc est quod dicit at ubi venit fides, scilicet
Christi, iam non sumus sub paedagogo, id est sub coactione, quae non
est necessaria liberis. I Cor. XIII, 11 : cum essem parvulus,
et cetera. Cum autem factus sum vir, et cetera. II Cor. V, 17 : si
qua ergo in Christo nova creatura, vetera transierunt, et cetera. |
21. La Loi aurait donc été contraire
aux promesses de Dieu? Nullement. Car si la Loi qui a été donnée avait pu
donner la vie, on aurait pu dire véritablement que la justice se serait
obtenue par la Loi. 22. Mais l’Ecriture a tout renfermé
sous le péché, afin que ce que Dieu avait promis fût donné par la foi en
Jésus-Christ à ceux qui croiraient. 23. Or avant que la foi fût venue,
nous étions sous la garde de la Loi, qui nous tenait renfermés, pour nous
disposer à cette foi qui devait être révélée. 24. Ainsi la Loi nous a servi de
pédagogue pour nous mener au Christ, afin que nous fussions justifiés par la
foi. 25. Mais la foi étant venue, nous ne
sommes plus sous un pédagogue, Saint Paul soulève ici une autre difficulté, à savoir si la Loi est
nuisible à la grâce. I° Il énonce la difficulté même, en
disant (verset 21) : La
Loi a-t-elle donc été, etc.? en d’autres termes, si la Loi a été établie à
cause des transgressions, agit-elle donc contre les promesses de Dieu, dans
ce sens que ce que Dieu a annoncé devoir faire par la race promise, il
l’opère par un autre moyen ? (verset 21) : A Dieu ne plaise ! en
d’autres termes, nullement ; car, (ci-dessus, III, 17) : La Loi ne
rend pas le testament nul, de manière à anéantir la promesse ; et
(Rom., VII, 12) : « La loi est véritablement sainte, et le
commandement est saint. » II° Quand il dit (verset 21) : Si la Loi qui a été donnée,
etc., il
résout la difficulté. I. Il fait voir que la Loi n’est pas opposée
aux promesses de Dieu; II. qu’elle sert elle même aux promesses
(verset 22) : Mais la Loi écrite a renfermé, etc. I. L’Apôtre dit donc : Bien que la Loi ait
été portée à cause de la transgression, toutefois elle ne contredit pas les
promesses de Dieu, puisqu’elle est incapable d’arrêter la transgression même.
Si, en effet, elle pouvait l’arrêter, elle serait alors manifestement opposée
aux promesses de Dieu, puisqu’on obtiendrait la justice par un autre moyen
que celui que Dieu a promis, cette justice procédant alors de la Loi et non
de la foi, tandis qu’il est dit par le prophète (Habacuc, II, 4) : « Le
juste vivra de la foi; et (Rom., III, 22) : « La justice de Dieu
vient par la foi en Jésus-Christ. » C’est ce qui lui fait dire
(verset 21) : que si la Loi qui a été donnée était telle, qu’elle
pût donner la vie, c’est-à-dire d’une si grande efficacité qu’elle pût
procurer la vie de la grâce et l’éternelle béatitude, alors véritablement et
non en apparence seulement la justice procèderait de la Loi, puisque
cette loi produirait un effet qui est attribué à la foi, et qu’alors la foi
serait vaine. Mais la Loi ne justifie pas, car la lettre, c’est-à-dire
celle de la loi, tue, ainsi qu’il est dit (II Corinth., III, 6) et
(Rom., VIII, 2) : « Car la Loi de l’Esprit de vie qui est en
Jésus-Christ, etc. » II. Quant l’Apôtre dit (verset 22) : Mais
la loi écrite a renfermé, etc., il établit que la Loi, non seulement
n’est pas opposée à la grâce, mais qu’elle lui vient même en aide. 1° Il
fait voir que la Loi vient en aide aux promesses de Dieu; 2°
comment ce concours a été manifeste, dans le cas des Juifs (verset 23); car
avant que la foi fût venue, etc. ; 3° comment les Gentils, même sans
la Loi, ont participé aux promesses de Dieu (verset 26) : car tous vous
êtes les enfants de Dieu, etc. 1° Sur le premier de ces points, il faut
se souvenir que la Loi vient en aide aux promesses de Dieu, en général, par
deux effets. A)
parce qu’elle fait connaître le péché ; (Rom., III, 20) : « C’est
par la Loi qu’est venue la connaissance du péché. » B) parce
qu’elle manifeste l’infirmité humaine, en tant que l’homme est impuissant à
éviter le péché, autrement que par la grâce que la Loi ne donnait pas. Et de
même que ces deux choses, la connaissance de la maladie et l’impuissance du
malade, portent singulièrement à recourir au médecin, de même la connaissance
du péché et celle de sa propre impuissance, portent à recourir à
Jésus-Christ. Ainsi donc la Loi prête son concours à la grâce, en procurant
la connaissance du péché et l’expérience de sa propre faiblesse. C’est ce qui
fait dire à Saint Paul (verset 22) : L’Ecriture, c’est-à-dire la loi
écrite, a renfermé, c’est-à-dire a tenu enfermés les Juifs, sous le
péché, c’est-à-dire leur a fait connaître les péchés qu’ils commettaient ;
(Rom., VII, 7) : « Je n’aurais pas connu la concupiscence, etc. »
– Elle les a renfermés encore, par ce que de la Loi même qui était
survenue, ils ont pris occasion de commettre le péché ; (Rom., XI, 32) :
« Dieu a renfermé tous les hommes dans l’incrédulité, etc. » Et
cela afin que l’homme eût recours à la grâce. C’est pourquoi Saint Paul
ajoute (verset 22) : afin que la promesse, c’est-à-dire la grâce que
Dieu avait promise, fût donnée, non seulement aux Juifs, mais à
tous ceux qui croiraient, parce que cette grâce pouvait délivrer du
péché; et cette grâce procède de la foi en Jésus-Christ. 2° Quand l’Apôtre dit (verset 23) : Or
avant qu la foi fût venue, etc., il rappelle que l’expérience de ce
concours a été manifestée dans la personne des Juifs. Et d’abord il montre ce
concours; ensuite il déduit une sorte de corollaire (verset 2 : Ainsi la
Loi nous a servi de guide, etc. A) Il dit donc : si l’Ecriture, c’est-à-dire
la loi écrite, renferme tous les hommes sous le péché, quelle utilité les
Juifs tiraient-ils de la Loi avant que la foi fût venue par la grâce ? Et donnant
aussitôt la réponse, il dit : Nous autres Juifs (verset 23), avant que la foi
fût venue, nous étions sous la garde de la Loi, en tant qu’elle nous
faisait éviter l’idolâtrie et un grand nombre d’autres maux; nous étions
sous sa garde, non pas comme des enfants libres, mais comme des esclaves
retenus par la crainte, et cela sous la Loi, c’est-à-dire sous son
joug, sous son empire ; (Rom., VII, 1) : « La Loi domine sur
l’homme autant de temps qu’il vit, etc. » Nous étions gardés,
comme renfermés, c’est-à-dire préservés pour que nous ne nous
laissions pas entraîner loin de la vie et que nous fussions préparés au
contraire à cette foi si précieuse qui devait être révélée ;(Isaïe,
LVI, 1) : « Le salut que je dois envoyer est proche, et ma justice
sera bientôt découverte. » L’Apôtre dit : qui devait être
révélée, parce que la foi dépassant la portée de tout esprit humain, ne
peut pas s’obtenir par son propre sens, mais par la révélation et le don de
Dieu ; (Isaïe, XL, 5) : « Et la gloire du Seigneur sera révélée,
etc. » Ou encore : à cette foi, qui devait être révélée au
temps de la grâce, après avoir été, dans les temps anciens, cachée sous un
grand nombre de figures. Ce qui fit qu’au moment de la mort de Jésus-Christ
le voile du temple se déchira (Matth., XXVII, 51). B) En ajoutant (verset 24) : et ainsi
la Loi nous a servi de guide, etc., l’Apôtre déduit une sorte de
corollaire. Et d’abord il montre le ministère de la Loi; ensuite le terme
final de ce ministère (verset 25) : Mais la foi étant venue, etc. a) Or le ministère de la Loi fut celui d’un précepteur;
c’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 24) : et ainsi la Loi nous a servi
de guide., etc., car tant que l’héritier n’est pas encore capable
de recevoir le bienfait de l’héritage, ou parce qu’il n’a pas l’âge
nécessaire, ou pour quelque motif tiré de sa personne, il est gardé et
protégé par quelque précepteur, lequel prend le nom de pédagogue, des mots
grecs paidoj et ¢gwgh, qui veulent dire enfants, et, conduite.
La Loi, en effet, par la crainte du châtiment, détournait du mal les Juifs,
comme des enfants faibles encore, et les portait au bien par l’amour et par
la promesse de biens temporels. Ils avaient, il est vrai, la promesse de la
bénédiction dans la race à venir, pour obtenir l’héritage; mais le temps
n’était pas venu encore de prendre possession de l’héritage même. Il était
donc nécessaire qu’ils fussent conservés jusqu’à cette race à venir et
préservés de tout ce qui était illicite; ce qui s’est fait par la Loi. C’est
pourquoi l’Apôtre dit (verset 24) : et ainsi, etc. En d’autres
termes : Dès lors que nous étions sous la garde de la Loi, elle a été
notre pédagogue, qui nous a dirigés et conservés en Jésus-Christ, c’est-à-dire
dans la voie de Jésus-Christ. Et cela, afin
que nous soyons justifiés par la foi en Jésus-Christ ; (Osée, XI, 1)
: « Israël était enfant, et je l’ai aimé » ; (Jérémie, XXXI, 18) : « Vous
m’avez châtié, Seigneur, et j’ai été instruit par mes maux, etc. » ; (Rom., III, 28) : « Nous
devons reconnaître que l’homme est justifié par la foi, etc. » Toutefois,
quoique la Loi fût à notre égard comme un conducteur, elle ne conduisait pas
à l’héritage parfait, car, ainsi qu’il est dit (Hébr., VII, 19) : « La
Loi n’a conduit personne à la perfection, etc. » b) Le ministère de la Loi a pris fin quand la
foi est venue ; c’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 25) : Mais la
foi, c’est-à-dire la foi en Jésus Christ, étant venue, nous ne sommes
plus sous un pédagogue, c’est-à-dire sous la contrainte, qui n’est
d’aucune nécessité pour les enfants ; (I Corinth., XIII, 11) : Quand
j’étais enfant, etc…, mais lorsque
je suis devenu homme, etc. » ; (II Corinth., V, 17) : « Si
donc quelqu’un est devenu en Jésus-Christ une nouvelle créature, ce qui était
vieux est passé, etc. « |
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Lectio 9 |
Leçon 9 : Galates III, 26-29 ─ Enfants de Dieu sous la foi
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SOMMAIRE : Que personne n’est plus
désormais sous la Loi, mais que tous, par la foi, sont les enfants de Dieu. |
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[26] omnes enim filii Dei estis per fidem in Christo Iesu [27] quicumque enim in Christo baptizati estis Christum
induistis [28] non est Iudaeus neque Graecus non est servus neque liber
non est masculus neque femina omnes enim vos unum estis in Christo Iesu [29] si autem vos Christi ergo Abrahae semen estis secundum
promissionem heredes [87764] Super Gal., cap. 3 l. 9 Hic ostendit apostolus quod ad fructum
gratiae gentiles sine obsequio legis pervenerunt, ad quem tamen Iudaei
perducti sunt per legis custodiam et obsequium. Et circa hoc tria facit. Primo proponit intentum;
secundo manifestat propositum, ibi quicumque enim in Christo, etc.;
tertio ex hoc argumentatur, ibi si autem vos Christi; ergo, et cetera.
Dicit ergo
: vere non sumus sub lege, id est, sub paedagogo et coactione, quia sumus
filii Dei. Similiter et vos neque sub lege, neque sub paedagogo estis, quia
scilicet ad gratiam pervenistis. Ideo omnes estis filii Dei per fidem,
non per legem. Rom. VIII, v. 15 : non enim accepistis spiritum servitutis,
scilicet timoris, qui dabatur in lege veteri, sed accepistis spiritum
filiorum, scilicet charitatis et amoris, qui datur in nova lege per
fidem. Io. I, 12 : dedit eis potestatem filios Dei fieri, et cetera.
Si ergo filii Dei estis per fidem, quare vultis esse servi per legis
observantias? Nam sola fides homines facit filios Dei adoptivos. Nullus
siquidem est filius adoptivus, nisi uniatur et adhaereat filio naturali. Rom.
VIII, v. 29 : quos praescivit conformes fieri imaginis filii eius, et
cetera. Fides enim facit nos in Christo Iesu filios. Eph. III, 17 : habitare
Christum per fidem in cordibus vestris. Et hoc in Christo Iesu, id
est filii Dei estis per Iesum Christum. Consequenter
cum dicit quicumque enim in Christo, etc., manifestat propositum. Et
circa hoc tria facit. Primo proponit propositi manifestationem; secundo
manifestationis expositionem, ibi non est Iudaeus, etc.; tertio
assignat manifestationis rationem, ibi omnes enim vos unum estis, et
cetera. Manifestat
autem circa primum quomodo sumus in Christo Iesu filii Dei. Et hoc est quod
dicit quicumque enim in Christo Iesu, et cetera. Quod potest
quadrupliciter exponi. Uno modo, ut dicatur : quicumque in Christo Iesu
baptizati estis, id est, institutione Christi ad Baptismum instructi
estis. Mc. c. ult. : euntes in mundum universum, praedicate Evangelium
omni creaturae, et cetera. Qui crediderit et baptizatus fuerit, et
cetera. Alio modo : quicumque in Christo Iesu baptizati estis,
scilicet per similitudinem, et per configurationem mortis Christi. Rom. VI,
v. 3 : quicumque baptizati sumus in Christo Iesu, in morte ipsius
baptizati sumus. Vel in Christo Iesu, id est, in fide Iesu
Christi. Nam Baptismus non fit nisi in fide, sine qua effectum Baptismi
nullum consequimur. Mc. ult. : qui crediderit et baptizatus fuerit, salvus
erit, et cetera. Vel in
Christo Iesu, id est, in virtute et operatione eius. Io. I, 33 : super quem videris spiritum
descendentem, hic est qui baptizat. Quicumque ergo istis quatuor modis baptizati
estis, Christum induistis. Ubi
sciendum est, quod qui induitur aliqua veste, protegitur ac contegitur ea, et
apparet sub colore vestis, colore proprio occultato. Eodem modo et qui induit
Christum, protegitur et contegitur a Christo Iesu contra impugnationes et
aestus, et in eo nihil aliud apparet nisi quae Christi sunt. Rom. XIII, 14 : induite
dominum Iesum Christum. Et sicut lignum accensum induitur igne, et
participat eius virtutem, ita et qui Christi virtutes accipit, induitur
Christo. Lc. ult. : sedete in civitate donec induamini virtute, etc.,
quod in illis locum habet qui interius Christi virtute informantur. Eph. IV,
24 : induite novum hominem, qui secundum, et cetera. Et nota, quod
Christum aliqui induunt exterius per bonam conversationem, et interius per
spiritus renovationem; et secundum utrumque per sanctitatis configurationem,
ut tangitur in Glossa. Expositionem
autem manifestationis ponit, cum dicit non est Iudaeus, etc., quasi
dicat : vere dixi, quod quicumque in Christo Iesu, et cetera. Quia nihil
potest esse in hominibus, quod faciat exceptionem a sacramento fidei Christi
et Baptismi. Et ponit tres differentias hominum, ostendens quod per eas
nullus excipitur a fide Christi. Prima
differentia est quantum ad ritum, cum dicit non est Iudaeus, neque Graecus,
quasi dicat : ex quo in Christo Iesu baptizatus est, non est differentia,
quod propter hoc sit indignior in fide, ex quocumque ritu ad eam venerit,
sive ex ritu Iudaico sive Graeco. Rom. III,
29 s. : an Iudaeorum Deus tantum? Nonne et gentium? Immo et gentium, quoniam quidem unus est Deus,
qui iustificavit circumcisionem ex fide, et praeputium per fidem. Et Rom. X, 12 : non est distinctio Iudaei
et Graeci, et cetera. Sed contra
est quod dicitur Rom. III, 1 : quid ergo amplius est Iudaeo? Multum quidem
per omnem modum. Respondeo. Dicendum est, quod Iudaei et Graeci possunt
considerari dupliciter : uno modo secundum statum in quo erant ante fidem; et
sic amplius fuit Iudaeo propter beneficium legis. Alio modo quantum ad statum
gratiae, et sic non est amplius Iudaeo; et de hoc intelligitur hic. Secunda
differentia est quantum ad statum et conditionem, cum dicit non est
servus, neque liber, id est, neque servitus, neque libertas, neque
nobilitas, neque ignobilitas differentiam facit ad recipiendum effectum
Baptismi. Iob III, 19 : parvus et magnus ibi sunt, et servus liber a
domino suo. Rom. II, 11 : non est personarum acceptio apud Deum. Tertia
differentia est quantum ad naturam, cum dicit non est masculus, neque
foemina, quia sexus nullam differentiam facit quantum ad participandum
Baptismi effectum. Gal. III, 28 : non est masculus, aut foemina, et
cetera. Expositionis vero rationem ponit, cum dicit omnes enim vos unum
estis in Christo Iesu, quasi dicat : vere nihil horum est per quod
differentia fiat in Christo, quia vos omnes, scilicet fideles, unum estis in
Christo Iesu, qui in Baptismo omnes estis effecti membra Christi, et unum
corpus, etsi inter vos sitis diversi. Rom. XII, 5 : omnes unum corpus
sumus in Christo, et cetera. Eph. IV, v. 4 : unum corpus, unus
spiritus, et cetera. Ubi autem est unitas, differentia non habet locum.
Pro hac unitate orat Christus, Io. XVII, 21 : volo, pater, ut sint unum,
et cetera. Consequenter
cum dicit si autem vos estis, etc., arguit ad principale propositum
hoc modo : dixi quod Abrahae dictae sunt promissiones et semini eius,
sed vos estis Abrahae, ergo ad vos pertinet promissio Abrahae de haereditate
consequenda. Minorem sic probat : vos estis filii Dei adoptivi, quia estis
uniti per fidem Christo, qui est filius Dei naturalis; sed Christus est
filius Abrahae, ut supra eodem : quasi in uno, et semini tuo, qui est
Christus; ergo si vos estis Christi, id est, in Christo, estis
semen Abrahae, id est, filii, cum Christus filius eius sit. Et si filii,
estis et haeredes, id est, ad vos pertinet haereditas secundum
promissionem Abrahae factam. Rom. IX, 8 : non qui filii sunt carnis,
hi filii Dei, sed qui sunt filii promissionis, aestimantur in semine. |
26. Car vous êtes tous enfants de
Dieu par la foi en Jésus-Christ. 27. Puisque vous tous qui avez été
baptisés dans le Christ, vous avez été revêtus du Christ. 28. Il n’y a plus ni Juif, ni
Gentil, ni d’esclave, ni d’homme libre, plus d’homme, ni de femme; mais vous
n’êtes tous qu’un dans le Christ Jésus. 29. Que si vous êtes au Christ, vous
êtes donc de la race d’Abraham, et les héritiers selon la promesse. Saint Paul établit ici que les Gentils, sans le concours de la Loi, ont
obtenu le bienfait de la grâce, auquel les Juifs sont arrivés par la pratique
et à l’aide de la Loi. Dans ce but I° il énonce sa proposition; II°
il la développe, (verset 27) : Car vous tous, qui avez été baptisés en
Jésus-Christ etc.; III° il
s’en sert pour son raisonnement (verset 29) : Si vous êtes à Jésus-Christ,
vous êtes donc, etc. I° Il dit donc : véritablement, nous ne sommes plus sous la
Loi, c’est-à-dire sous un maître préposé à
notre garde, et sous la contrainte, car nous sommes les enfants de Dieu. De
même, vous non plus, vous n’êtes ni sous la Loi, ni sous un semblable maître,
pour la raison que vous êtes parvenus à la grâce. Ainsi donc (verset 26) : tous
vous êtes les enfants de Dieu, par la foi, et non par la Loi ; (Rom., VIII, 15) : « Car,
vous n’avez pas reçu l’Esprit de servitude, » c’est-à-dire l’Esprit
de crainte, qui était donné sous la loi ancienne, « mais vous avez
reçu l’Esprit de fils adoptifs, » c’est-à-dire l’Esprit de charité
et d’amour, que l’on reçoit dans la loi nouvelle par la foi ; (Jean., I,
12) : « Il, a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, etc. » Si donc vous êtes les enfants
de Dieu par la foi, pourquoi voulez-vous être esclaves par les observances de
la Loi ? Car la foi seule rend l’homme fils adoptif de Dieu. Personne, en
effet, n’est fils d’adoption, s’il n’est uni et s’il n’est associé au fils
naturel ; (Rom., VIII, 29 : « Ceux qu’il a connus par sa
prescience, il les a aussi prédestinés pour être conformes à l’image de son
Fils, etc. » ; (Ephés.,
III, 17) : « Qu’il fasse que Jésus-Christ habite dans vos coeurs par
la foi. » Cette adoption s’est faite en Jésus-Christ, c’est-à-dire
vous êtes les enfants de Dieu par Jésus-Christ. II° Quand il ajoute (verset 27) : Car vous tous, qui avez été
baptisés en Jésus-Christ, etc., il développe sa proposition. A cet effet I. il énonce le développement
même de cette proposition II. il donne l’explication de ce développement
(verset 28) : et il n’y a plus ni Juif, etc. III. il assigne la raison de ce
développement (verset 28) : Mais vous n’êtes tous qu’un, etc. I. Sur le premier de ces points, l’Apôtre
explique comment nous sommes les enfants de Dieu en Jésus-Christ. C’est ce
qui lui fait dire (verset 27) : Car vous tous qui avez été baptisés en
Jésus-Christ, etc. Ce passage peut être entendu de quatre manières.
D’abord en disant : Vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ,
vous avez été préparés, par l’institution de Jésus-Christ lui-même, à
recevoir le baptême ; (Marc., XVI, 15) : « Allez, par tout le
monde : prêchez l’Evangile à toute créature, etc. ; celui qui croira et qui
sera baptisé, etc. » En second lieu : Vous tous qui avez été
baptisés en Jésus-Christ, c’est-à-dire par similitude et une sorte de
configuration à la mort de Jésus-Christ ; (Rom., VI, 3) : « Ne
savez-vous pas que nous tous, qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous
avons été baptisés en sa mort ? » Ou, en Jésus-Christ,
c’est-à-dire dans la foi en Jésus-Christ ; car le baptême ne se donne
que dans la foi, sans laquelle nous n’obtenons aucun effet de ce sacrement ;
(Marc, XVI, 16) : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, etc. »
Ou enfin en Jésus Christ, c’est-à-dire dans sa force et par son
opération ; (Jean, I, 33) : « Celui sur qui vous verrez
descendre et demeurer le Saint Esprit, est celui qui baptise, etc. »
(verset 27) : Vous tous donc, qui avez été baptisés de ces quatre manières, vous avez été
revêtus de Jésus-Christ. » Il faut observer sur ceci que
celui qui se revêt d’un vêtement; en est protégé et couvert, et que sa propre
couleur se cache pour ne laisser paraître que celle de son vêtement.
Semblablement, celui qui s’est revêtu de Jésus-Christ, en est couvert et
protégé contre les attaques et contre la chaleur; il ne paraît plus en lui
autre chose que ce qui est de Jésus-Christ ; (Rom., XIII, 14) : « Revêtez-vous
de notre Seigneur Jésus-Christ. » Et de même que le bois enflammé
est vêtu de feu et entre en participation à sa force, ainsi celui qui reçoit
les vertus de Jésus-Christ est revêtu de Jésus-Christ ; (Luc, XXIV, 49)
: « Demeurez dans la ville de Jérusalem, jusqu’à ce que vous soyez
revêtus de la force d’en haut, etc. » C’est ce qui a lieu dans ceux
qui sont formés intérieurement par la vertu de Jésus-Christ ; (Ephés.,
IV, 24) : « Revêtez-vous de l’homme nouveau qui est créé selon, etc. »
Remarquez qu’il en est qui se revêtent extérieurement de Jésus-Christ par une
bonne vie, et intérieurement par le renouvellement de l’Esprit; et de l’une
et l’autre de ces manières par leur configuration à la sainteté, comme dit la
Glose. II. En disant (verset 28) : Il n’y a
plus de Juif, etc., l’Apôtre donne l’explication du développement de sa
proposition; comme s’il disait : J’ai dit avec vérité que tous ceux qui ont été baptisés en
Jésus-Christ, etc., parce qu’il ne peut plus y avoir parmi les hommes rien
qui fasse exception quant au sacrement de la foi en Jésus-Christ et du
baptême. Saint Paul établit trois différences, qui se rencontrent parmi les
hommes, et montre par chacune d’elles que nul ne fait exception quant à la
foi de Jésus-Christ. 1° La première différence est celle du
rite, (verset 28) : Il n’y a plus de Juif ni de Grec. En d’autres
termes : Du moment qu’un homme a été baptisé en Jésus-Christ, il n’existe
plus de différence qui le rende moins digne, sous le rapport de la foi, de
quelque rite qu’il soit venu à elle, soit du rite judaïque, soit du rite
grec ; (Rom., III, 29) : « Dieu est-il seulement le Dieu des
Juifs ? ne l’est-il pas aussi des Gentils ? oui, certes, il l’est aussi des
Gentils, puisqu’il n’y a qu’un Dieu qui justifie par la foi les circoncis, et
qui par la foi encore justifie les incirconcis » ; et (Rom., X, 12) : « Il
n’y a pas de distinction entre les Juifs et les grecs, etc. » On objecte ce qui est dit (Rom., III, 1) : « Quel est donc
l’avantage des Juifs ? Leur avantage est grand en toutes manières. » Il faut répondre que les Juifs et les Grecs peuvent être envisagés de
deux manières. D’abord selon l’état dans lequel ils étaient avant la foi; et
sous ce rapport l’avantage demeure au Juif, à cause du bienfait le la Loi.
Ensuite quant à l’état de grâce; et sous ce second rapport le Juif n’a aucun
avantage particulier; or c’est de cet état dont il est ici question. 2° La seconde différence est celle de
l’état et de la condition, dont l’Apôtre dit (verset 28) : Il n’y a plus
ni esclave, ni homme libre, c’est-à-dire ni la condition d’esclave, ni
celle d’homme libre, ni la noblesse, ni la bassesse de naissance ne
produisent de différence à l’égard de l’effet du baptême ; (Job, III,
19) : « Là les grands et les petits se rencontrent, et l’esclave est
affranchi de la domination de son Maître » ; (Rom., II, 11) : « Dieu
ne fait pas acception de personne. » 3° Enfin la troisième différence est celle
de la nature, dont l’Apôtre dit (verset 28) : Ni homme, ni femme,
parce que le sexe ne fait aucune différence pour ce qui est de recevoir
l’effet du baptême, (verset 28) : ni homme, ni femme, etc. III. L’Apôtre donne la raison de son
explication, quand il dit (verset 28) : mais vous n’êtes tous qu’un en
Jésus-Christ. En d’autres termes : il est de toute vérité que rien
de ce qui a été énuméré ne peut amener de distinction en Jésus-Christ,
puisque vous tous,
c’est-à-dire vous, les fidèles, vous
n’êtes qu’un en Jésus-Christ, vous qui tous êtes devenus ses membres
par le baptême, et ne faites plus qu’un seul corps, bien qu’entre vous vous
soyez différents ; (Rom., XII, 5 ) : « Tous nous ne formons
qu’un seul corps en Jésus-Christ, etc. » et (Ephés., IV, 4) : « Vous
n’êtes tous qu’un même corps, et vous n’axez qu’un esprit, etc. » Or
où existe l’unité, la différence ne saurait trouver de place. C’est pour
cette unité que Jésus-Christ prie : (Jean., XVII, 21) : « Je veux,
mon Père, que tous ensemble ils ne soient qu’un, etc. » III° Quand Saint Paul dit (verset 29) : que si vous êtes à, etc., il argumente en faveur de sa
proposition principale, de cette manière : J’ai avancé que des promesses ont été faites à Abraham et à sa
race; or, vous êtes de la race d’Abraham; donc la promesse de recueillir
l’héritage vous appartient. Il prouve ainsi la mineure : vous êtes les
enfants de Dieu par adoption, parce que vous êtes unis par la foi à
Jésus-Christ, qui est son Fils naturel; or Jésus-Christ est Fils d’Abraham,
comme il a té dit plus haut (verset 16) : A sa race, c’est-à-dire à
l’un de sa race, qui est
Jésus-Christ; si donc
vous êtes à Jésus-Christ, c’est-à-dire en lui, vous êtes aussi
de la race d’Abraham, c’est-à-dire ses fils, puisque Jésus Christ est son
fils. Et si vous êtes ses fils, vous êtes aussi ses héritiers,
c’est-à-dire l’héritage vous appartient, selon la promesse faite à Abraham ; (Rom., IX, 8) : « Ceux
qui sont enfants d’Abraham selon la chair, ne sont pas enfants de Dieu; mais
ce sont les enfants de la promesse, qui sont réputés être véritablement de sa
race. » |
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Caput 4 |
CHAPITRE IV ─ LA GRÂCE ET SA LIBERTÉ
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Lectio 1 |
Leçon 1 : Galates IV, 1-3 ─ L’enfant et le serviteur
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SOMMAIRE. L’Apôtre se sert de la
comparaison d’un petit enfant, pour faire comprendre combien la grâce l’emporte
en dignité sur l’état de la Loi. |
[1] dico autem quanto tempore heres parvulus est nihil differt
servo cum sit dominus omnium [2] sed sub tutoribus est et actoribus usque ad praefinitum
tempus a patre [3] ita et nos cum essemus parvuli sub elementis mundi eramus
servientes [87765] Super Gal., cap. 4 l. 1 Postquam ostendit apostolus legis defectum,
hic consequenter ostendit gratiae dignitatem. Et primo per exemplum humanum;
secundo per exemplum Scripturae, ibi dicite mihi qui sub lege vultis esse,
et cetera. Circa primum duo facit. Primo ostendit dignitatem gratiae supra
primitivum statum veteris legis, per similitudinem a lege humana sumptam;
secundo ostendit, quod ipsi facti sunt participes huius dignitatis per fidem,
ibi quoniam autem estis filii Dei, etc.; tertio arguit ipsos, eo quod
hanc dignitatem contemnebant, ibi sed tunc quidem ignorantes Deum, et
cetera. Circa primum duo facit. Primo ponit similitudinem; secundo adaptat
eam ad propositum, ibi ita et nos cum essemus, et cetera. Notandum est
quod in proposita similitudine quatuor tangit apostolus. Primo quidem
dignitatem, quia non est servus, sed haeres. Unde dicit quanto tempore
haeres, etc., quod aptatur et refertur ad populum Iudaeorum, qui fuit
haeres promissionis Abrahae, Ps. CXXXIV,
4 : elegit nos in haereditatem sibi et ad Christum, qui est haeres
omnium, Hebr. I, 2 : quem constituit haeredem universorum. Secundo eius parvitatem. Unde dicit parvulus
est, quia et Iudaei parvuli erant secundum statum legis. Amos VII, 5 : quis suscitabit Iacob, quia
parvulus est? Similiter et Christus parvulus factus est per
incarnationem. Is. IX, 6 : parvulus natus est nobis, et cetera. Sed
nota quod apostolus aliquando assimilat parvulo statum legis, sicut hic,
aliquando statum praesentis vitae. I Cor. XIII, v. 11 : cum essem parvulus,
et cetera. Cuius ratio est, quia status veteris legis est sicut parvulus,
propter imperfectionem cognitionis, in ipsa comparatione ad statum gratiae et
veritatis, quae per Christum facta est. Sic et status praesentis vitae, in
qua videmus per speculum in aenigmate, est sicut parvulus, comparatus statui
futurae vitae, in qua est perfecta Dei cognitio, quia videtur sicuti est. Tertio
eius subiectionem, cum dicit nihil differt a servo, cum sit dominus
omnium, sed sub tutoribus, et cetera. Proprium enim servi est, quod sit
subiectus alicui domino. Puer autem, quamdiu parvulus est, quia non habet
cognitionem perfectam et usum liberae voluntatis propter defectum aetatis,
committitur custodiae aliorum, qui et bona sua defendant : et hi dicuntur
tutores; et negotia agant : et hi actores nominantur. Et ideo licet sit dominus omnium rerum
suarum, tamen in quantum subiicitur aliis, nihil differt a servo, quia nec
voluntatem liberam habet, imo cogitur : et haec adaptantur ad populum
Iudaicum Is. XLIV, 1 : et
nunc servus meus Iacob, et cetera. Sed
notandum est, quod in populo Iudaico aliqui erant simpliciter servi, illi
scilicet qui propter timorem poenae et cupiditatem temporalium, quae lex
promittebat, legem servabant. Aliqui vero erant, qui non erant servi
simpliciter, sed, quasi servi existentes, erant vere filii et haeredes : qui
licet attenderent exterius ad temporalia et vitarent poenas, nihilominus
tamen in eis finem non ponebant sed accipiebant ea, ut figuram spiritualium bonorum.
Unde licet viderentur nihil exterius differre a servis, inquantum caeremonias
et alia legis mandata servabant, tamen erant domini, quia non ea intentione
eis utebantur, ut servi, quia illis utebantur amore spiritualium bonorum,
quae praefigurabant : servi vero principaliter timore poenae et cupiditate
terrenae commoditatis. Christus
erat etiam quasi servus, quia, licet sit dominus omnium, secundum illud Ps. CIX, v. 1 : dixit dominus domino meo, etc., tamen nihil
videbatur differre a servo in exterioribus, inquantum homo. Phil. II, 7 : exinanivit semetipsum, formam
servi accipiens, et habitu inventus ut homo. Sub tutoribus autem et
actoribus erat, quia sub lege factus erat, ut dicitur infra eodem, factum
sub lege, et hominibus subditus, ut dicitur Lc. II, 51 : erat subditus
illis. Quarto
ponit temporis congruitatem, cum dicit usque ad praefinitum tempus a patre,
quia sicut haeres secundum determinationem patris praefinito tempore sub
tutoribus est, ita et lex determinatum tempus habuit a Deo, quamdiu deberet
durare, et quamdiu haeres, scilicet populus Iudaeorum, esset sub ea.
Similiter et praefinitum tempus fuit a patre, quo Christus non erat facturus
miracula et ostensurus dominium potestatis divinae. Io. II, 4 : nondum
venit hora mea. Hanc similitudinem
adaptat, cum dicit consequenter ita et nos, et cetera. Et primo
adaptat eam quantum ad Iudaeos; secundo quantum ad Christum, ibi at ubi
venit plenitudo temporis. Dicit ergo : dico quod quanto tempore haeres
parvulus, etc., et ita nos, Iudaei, cum essemus parvuli, in
statu legis veteris, sub elementis mundi eramus servientes, id est sub
lege, quae temporalia promittebat Is. I, 19 : si volueritis et audieritis
me, bona terrae comedetis et comminabatur poenas temporales. Vel lex
vetus dicitur elementum, quia sicut pueris, qui sunt instituendi ad
scientiam, primo proponuntur elementa illius scientiae, per quae manuducuntur
ad illam scientiam : ita lex vetus proposita est Iudaeis, per quam
manuducerentur ad fidem et iustitiam. Supra III, 24 : lex paedagogus
noster fuit in Christo. Vel, sub elementis, id est corporalibus
rerum ritibus quos servabant, sicut lunares dies, Neomenias et sabbatum. Nec
tamen instandum est quod propter hoc non differrent a Paganis, qui elementis
serviebant huius mundi, cum eis non servirent Iudaei, seu cultum impenderent;
sed sub eis Deo serviebant, et eum colebant, gentiles vero elementis
servientes, eis divinum cultum impendebant. Rom. I, 25 : servierunt
creaturae potius quam creatori, et cetera. Fuit autem necessarium, quod
Iudaei sub elementis huius mundi deservirent Deo, quia iste ordo est congruus
naturae humanae, ut a sensibilibus ad intellectualia perducantur. |
1. Je dis de plus : Tant que
l’héritier est encore enfant, il n’est pas différent d’un serviteur,
quoiqu’il soit le maître de tout; 2. Mais il est sous la puissance des
tuteurs et des curateurs, jusqu’au temps marqué par son père. 3. Ainsi lorsque nous étions encore
enfants, nous étions assujettis aux éléments du monde. Après avoir établi l’imperfection de la Loi, l’Apôtre fait ressortir la
dignité de la grâce. D’abord par un exemple, pris de la législation humaine;
ensuite par un autre exemple tiré de l’Ecriture (verset 21) : Dites-moi,
je vous prie, vous qui voulez être sous la Loi, etc. Sur le premier de
ces exemples, premièrement il évoque la dignité de la grâce au-dessus de
l’état primitif de la loi ancienne par une comparaison prise de la loi
humaine; secondement il fait voir aux Galates que par la foi ils ont
eux-mêmes participé à cette dignité (verset 6) : Mais parce que vous êtes
ses enfants, etc.; troisièmement il les réprimande, de ce qu’ils
n’avaient que du mépris pour cette dignité (verset 8) : car alors vous ne
connaissiez pas Dieu, etc… Sur la première de ces subdivisions, I° il
fait une comparaison; II° il l’adapte à sa proposition (verset 3) : Ainsi
nous-mêmes, lorsque nous étions enfants, etc. I° Observons que dans cette comparaison,
l’Apôtre touche quatre points. I. La dignité, car il ne s’agit pas de
l’esclave, mais de l’héritier; ce qui lui fait dire (verset 1) : Tant que
l’héritier est enfant, etc. Ces paroles s’adaptent et se rapportent au
peuple Juif, qui fut l’héritier de la promesse faite à Abraham ; (Ps.,
CXXXIV, 4 et XLVI, 5) : « Il a choisi en nous son héritage, »
et à Jésus-Christ qui est l’héritier de toutes choses ; (Hébr., I, 2) : « son
Fils, qu’il a fait son héritier de toutes choses. » II. Le jeune âge de l’héritier; c’est
pourquoi il dit (verset 4) : Tant qu’il est enfant, parce que les
Juifs aussi étaient enfants, quant à l’état de la Loi ; (Amos, VII, 5) :
« Qui pourra rétablir Jacob, lui qui est si faible ? » De
même aussi Jésus-Christ est devenu petit par l’incarnation ; (Isaïe, IX,
6) : « Un petit enfant nous est né, etc.. » Observez
toutefois que l’Apôtre compare à un petit enfant tantôt l’état de la Loi,
comme dans ce passage; tantôt l’état de la vie présente ; (I Corinth.,
XIII, 11) : « Quand j’étais enfant, etc. » La raison en est
que l’état de la loi ancienne est comme l’enfance, en raison de
l’imperfection de la connaissance, comparativement à l’état de la grâce et de
la vérité, qui ont été données par Jésus-Christ. De même, l’état de la vie
présente, dans laquelle nous ne voyons que comme dans un miroir et en
énigmes, est semblable à l’enfance, par comparaison avec l’état de la vie
future, dans laquelle est donnée la connaissance de Dieu dans sa perfection,
car on le voit tel qu’il est. III. Sa dépendance, lorsqu’il dit (verset 1)
: Il n’est pas différent d’un serviteur, quoiqu’il soit le maître de tout;
mais il est sous la puissance des tuteurs, etc., car c’est le propre du
serviteur d’être assujetti à un maître. Quant à l’enfant, tant qu’il est tel,
parce qu’il n’a pas encore la connaissance parfaite et l’usage de sa libre
volonté, en raison de la faiblesse de son âge, on le confie à la garde
d’autres personnes, qui défendent ce qu’il possède, et s’appellent tuteurs,
ou qui gèrent ses affaires et prennent le nom de curateurs. Voilà pourquoi,
bien qu’il soit le maître de tout ce qui lui appartient, toutefois dans la
mesure où il est dans la dépendance des autres, il n’est en rien différent du
serviteur, parce que non seulement il n’a pas la plénitude de sa volonté
libre, mais qu’il est au contraire tenu dans une sorte de contrainte. Or tout
ceci s’applique au peuple Juif ; (Isaïe, XLIV, 1) : « Maintenant
donc, [écoutez-moi, vous,] Jacob, mon serviteur. » Cependant il faut
remarquer que parmi le peuple Juif, quelques-uns étaient simplement
serviteurs, à savoir ceux qui observaient la Loi par crainte du châtiment, et
par cupidité pour les biens terrestres que promettait la Loi. Mais il y en
avait d’autres qui n’étaient pas simplement serviteurs, mais existaient comme
tels, étant à la fois serviteurs et héritiers, à savoir ceux qui prétendaient
extérieurement, il est vrai, aux biens temporels et se gardaient des
châtiments, mais ne mettaient pas là leur fin, ne recevant ces biens que
comme la figure des biens spirituels. Aussi, bien qu’à l’extérieur, ils
semblassent ne différer en rien des esclaves, en tant qu’ils observaient les cérémonies
et les autres préceptes de la Loi, cependant ils étaient vraiment maîtres,
parce qu’ils n’en usaient pas avec la même intention que les esclaves, mais
par amour pour les biens spirituels, qui s’y trouvaient figurés ; tandis
que les esclaves le faisaient principalement par la crainte du châtiment et
par la convoitise des biens terrestres. Jésus-Christ aussi était comme
serviteur, parce que, bien qu’il fût le maître de toutes choses, suivant
cette parole (Ps., CIX, 1) : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur, etc. »,
extérieurement toutefois et en tant qu’homme il ne paraissait différer en
rien du serviteur ; (Philipp., II, 7) : « Il s’est anéanti
lui-même, en prenant la forme de serviteur, et se faisant reconnaître comme
homme. » Il était sous des tuteurs et des curateurs, parce qu’il
était assujetti à la Loi, comme il va être dit (ci dessous, IV, 4) : et
assujetti à la Loi, et soumis aux hommes, dit saint Luc (II, 51) : « Et
il leur était soumis. » IV. Enfin Saint Paul marque l’opportunité
du temps, lorsqu’il dit (verset 2) : jusqu’au temps marqué par son Père,
car, de même que l’héritier, suivant les dispositions prises par le Père,
demeure pendant un temps déterminé sous la puissance des tuteurs, ainsi la
Loi a eu son temps déterminé par Dieu, pendant lequel elle devait subsister
et l’héritier, c’est-à-dire le peuple Juif, lui demeurer soumis.
Semblablement, il y eut un temps déterminé par Dieu le Père, pendant lequel
Jésus-Christ ne devait pas opérer de miracles, ni manifester le domaine de sa
puissance divine (Jean, II, 2) : « Mon heure n’est pas encore venue. » II° Quand l’Apôtre dit à la suite (verset 3) : Ainsi lorsque nous-mêmes
nous étions enfants, etc., il adapte cette comparaison. Et d’abord il
l’adapte quant aux Juifs; ensuite quant à Jésus-Christ (verset 4) : Mais
lorsque le temps a été accompli. Il dit donc : Tant que l’héritier est
enfant, etc. Et nous-mêmes, Juifs, lorsque nous étions enfants,
dans l’état de la loi ancienne, (verset 3) : nous étions assujettis aux
premières élements du monde, c’est-à-dire sous la Loi qui promettait les
biens temporels ; (Isaïe, I, 19) : « Si vous voulez m’écouter,
vous serez rassasiés des biens de la terre, » et qui menaçait de
châtiments temporels. Ou bien encore la loi ancienne prend le nom d’éléments,
parce que de même qu’on propose aux enfants, qui doivent être instruits dans
la science, d’abord les éléments de cette science, au moyen desquels ils sont
conduits comme par la main jusqu’à cette science même, ainsi la Loi ancienne a-t-elle
été donnée aux Juifs pour qu’ils soient conduits comme par la main jusqu’à la
foi et la justice ; (ci-dessus, III, 24) : La Loi a été pour nous un
pédagogue, pour nous mener à Jésus-Christ. Ou enfin sous les éléments,
c’est-à-dire sous les rites matériels et sensibles qu’ils observaient, comme
les jours lunaires, les Néoménies, le Sabbat. Toutefois, il ne faut pas faire
ici une difficulté, sur ce qu’en ce point ils n’auraient pas différé des
païens, qui étaient assujettis aux éléments de ce monde, parce que les Juifs
ne s’y assujettissaient pas, en leur rendant un culte, mais sous ces éléments
ils servaient Dieu et l’honoraient, tandis que les Gentils, en
s’assujettissant aux éléments, leur rendaient le culte divin ; (Rom., I,
25) : « Ils ont rendu à la créature le culte souverain, au lieu de le
rendre au Créateur, etc. » Or il était nécessaire que les Juifs
servent ainsi Dieu sous les éléments du monde, parce que c’est l’ordre
convenable à la nature humaine, de passer des choses sensibles aux choses
intellectuelles. |
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Lectio 2 |
Leçon 2 : Galates IV, 4-5 ─ La grâce : adoption (enfant)
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SOMMAIRE : L’Apôtre adapte la
comparaison proposée à Jésus-Christ qui est venu pour nous faire recevoir
l’adoption des enfants de Dieu. |
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[4] at ubi venit plenitudo temporis misit Deus Filium suum factum ex
muliere factum sub lege [5] ut eos qui sub lege erant redimeret ut adoptionem filiorum reciperemus [87766] Super Gal., cap. 4 l. 2 Hic adaptat apostolus similitudinem
propositam ad Christum. Et primo
ponitur adaptatio; secundo finis rei, in qua similitudo adaptatur, ibi ut
eos qui sub lege erant, et cetera. Sciendum est autem quod supra, in
similitudine proposita, quatuor ostendit per ordinem, sicut dictum est. Hic
autem illa quatuor adaptans ad Christum, incipit ab ultimo, scilicet a
determinatione temporis, cuius ratio est, quia idem tempus fuit in quo
Christus fuit humiliatus et in quo fideles fuerunt exaltati. Et ideo dicit at
ubi venit plenitudo temporis, id est postquam tempus, quod fuerat
praefinitum a Deo patre de mittendo filio suo, erat completum; et hoc modo
accipitur Lc. II, 6 : impleti sunt dies, et cetera. Dicitur autem
plenum tempus illud propter plenitudinem gratiarum, quae in eo dantur,
secundum Ps. LXIV, 10 : flumen Dei repletum est aquis, et cetera. Item
propter impletionem figurarum veteris legis. Matth. V, 17 : non veni
solvere legem, et cetera. Item, propter impletionem promissorum. Dan. IX,
27 : confirmabit autem pactum multis hebdomada una. Hoc autem quod
dicit at ubi venit plenitudo temporis, etc., similiter et in aliis
Scripturae locis, ubi tempus circa Christum impleri dicitur, non est
referendum ad fatalem necessitatem, sed ad divinam ordinationem, de qua
dicitur in Ps. CXVIII, 91 : ordinatione tua perseverat dies, et
cetera. Assignatur
autem duplex ratio, quare illud tempus praeordinatum est ad adventum Christi.
Una sumitur ex magnitudine. Quia enim magnus est qui venturus erat, oportebat
et multis indiciis et multis praeparationibus homines ad adventum eius
disponi. Hebr. I, 1 : multifarie multisque modis, et cetera. Alia ex
conditione venientis. Quia enim medicus erat venturus, oportebat quod ante
adventum suum convincerentur homines de morbo, et quantum ad defectum
scientiae in lege naturae et quantum ad defectum virtutis in lege scripta. Et
ideo oportuit utrumque, scilicet et legem naturae et legem Scripturae,
adventum Christi praecedere. Secundo
adaptat quantum ad haereditariam dignitatem, cum dicit misit Deus filium
suum, scilicet proprium et naturalem. Et si filius, ergo et haeres. Dicit
autem filium suum, id est proprium, naturalem et unigenitum, non
adoptivum. Io. III, v. 16 : sic Deus dilexit mundum, ut, et cetera. Misit,
inquam, eum non a se separatum, quia missus est per hoc, quod assumpsit
humanam naturam, et tamen erat in sinu patris, Io. I, 18 : unigenitus, qui
est in sinu patris aeternaliter. Io. III, 13 : nemo ascendit in
caelum, nisi qui descendit de caelo, filius hominis qui est in caelo,
qui, licet descenderit per assumptionem carnis, tamen est in caelo. Item misit eum, non ut esset ubi prius non
erat; quia, licet in propria venerit per praesentiam carnis, in mundo tamen
erat per praesentiam deitatis, ut dicitur in Evangelio Io. I, 14. Similiter non misit eum quasi
ministrum, quia sua missio fuit assumptio carnis, non depositio maiestatis.
Misit ergo Deus filium suum ad sanandum, inquam, deviationem concupiscibilis,
et ad illuminandum ignorantiam rationalis creaturae. Ps. CVI, 20 : misit
verbum suum, et cetera. Misit
etiam ad liberandum a potestate Daemonis contra infirmitatem irascibilis. Is.
XIX, v. 20 : mittet eis salvatorem, qui liberet eos. Item ad remedium
ab obligatione aeternae mortis. Os. III, 14 : de manu mortis
liberabo eos, de morte redimam eos. Item ad salvandum ab eorum peccatis.
Io. III, 17 : non misit Deus filium suum in mundum, ut iudicet mundum, sed
ut salvetur mundus per ipsum, et cetera. Tertio
adaptat similitudinem quantum ad parvitatem, cum dicit factum ex muliere.
Is. IX, 6 : parvulus natus est nobis, et cetera. Phil. II, 7 : exinanivit
semetipsum, et cetera. Parvum se fecit non dimittendo magnitudinem, sed
assumendo parvitatem. In hoc autem quod dicit factum ex muliere,
cavendi sunt duo errores, scilicet Photini, qui dixit Christum purum hominem
esse et ex virgine principium essendi sumpsisse; et ideo ita dicit ipsum
factum ex muliere, quasi totaliter initium ex ea sumpserit. Sed hoc est
falsum, quia est contra illud quod dicitur Rom. I, 3 : qui factus est ei
ex semine David secundum carnem; non dicit secundum personam, quae est ab
aeterno, scilicet ipsa hypostasis filii Dei. Unde sicut
cum scutum fit album de novo, non oportet dicere, quod ipsa substantia scuti
de novo fiat sed quod ei de novo albedo accesserit, ita ex hoc quod filius
Dei de novo carnem assumpsit, non oportet dicere, quod persona Christi de
novo sit facta, sed quod natura humana ei de novo advenit, sicut corpori cum
absque sui mutatione quaedam accidunt. Aliqua enim adveniunt alicui et
immutant ipsum, sicut formae et qualitates absolutae; quaedam vero absque
mutatione adveniunt, et huiusmodi est assumptio carnis, secundum quod dicit
relationem. Unde per hoc persona verbi in nullo mutatur. Et inde
est, quod in divinis utimur his quae relationem significant etiam ex tempore.
Unde dicimus illud Ps. LXXXIX, 1 : domine, refugium factus es nobis,
et quod Deus factus est homo. Non autem utimur formis et qualitatibus
absolutis, ut : Deus factus est bonus, sapiens, et huiusmodi. Item
vitandus est error Hebionis, qui dicit Christum ex Ioseph semine esse natum,
motus ad hoc ponendum per hoc quod dicitur ex muliere. Nam, secundum
eum, mulier tantum importat corruptionem. Sed hoc est falsum, quia hoc nomen
mulier, in sacra Scriptura, designat etiam sexum naturalem, secundum illud
Gen. III, 12 : mulier quam dedisti mihi, et cetera. Vocat enim eam
mulierem, quae tamen adhuc erat virgo. Per hoc etiam quod dicitur ex
muliere factus, destruuntur duo errores, scilicet Valentini dicentis
Christum non sumpsisse corpus de virgine, sed attulisse illud de caelo, et,
per beatam virginem, sicut per fistulam seu canale, transivisse. Sed hoc est
falsum, quia si verum esset quod dicit, non fuisset factus ex muliere, ut
apostolus dicit. Haec enim praepositio, ex, causam materialem designat. Item,
error Nestorii dicentis beatam virginem non esse matrem filii Dei, sed filii
hominis : quod falsum esse ostenditur per hoc quod dicit apostolus hic, quod misit
Deus filium suum factum ex muliere. Qui enim fit ex muliere, est filius
eius. Si ergo filius Dei est factus ex muliere, scilicet ex beata virgine,
manifestum est, quod beata virgo est mater filii Dei. Licet autem posset dici
natus ex muliere signanter tamen dicit factum, et non natum. Nasci enim aliquid, est ipsum produci solum ex principio coniuncto,
sed fieri etiam ex principio separato. Arca enim fit ab artifice, sed fructus
nascitur ex arbore. Principium autem humanae
generationis est duplex, scilicet materiale : et quantum ad hoc Christus
processit ex principio coniuncto, quia materiam sui corporis sumpsit ex
virgine. Unde secundum hoc
dicitur nasci de ea. Matth. I, 16 : de qua natus est Iesus, et cetera.
Aliud est principium activum, quod quidem in Christo, quantum ad id quod
principium habuit, id est quantum ad formationem corporis, non fuit
coniunctum, sed separatum, quia virtus spiritus sancti formavit illud. Et
quantum ad hoc non dicitur natus ex muliere sed factus quasi ex principio
exteriori. Ex quo patet, quod hoc quod dixit ex muliere, non dicit
corruptionem, quia dixisset natum et non factum. Quarto adaptat similitudinem quantum ad
subiectionem, cum dicit factum sub lege. Sed contra est, quod dicitur infra V, 18 : si
spiritu ducimini, non estis sub lege. Si ergo Christus non solum est
spiritualis, sed etiam dator spiritus, inconvenienter videtur dici quod sit
factus sub lege. Respondeo.
Dicendum est quod esse sub lege dicitur dupliciter. Uno modo, ut ly sub,
denotet solam observantiam legis, et sic Christus fuit factus sub lege, quia
circumcisus fuit et in templo praesentatus. Matth. V, v. 17 : non veni legem solvere,
et cetera. Alio modo, ut ly sub, denotet oppressionem. Et hoc modo ille dicitur esse sub lege, qui
timore legis opprimitur et hoc modo nec Christus, nec viri spiritales
dicuntur esse sub lege. Consequenter
cum dicit ut eos qui sub lege, etc., ponit fructum rei in qua
similitudo adaptatur, scilicet quod ideo voluit isto tempore fieri subiectus,
ut haeredes fierent magni et liberi. Et haec duo ponit, et, primo, fructum
liberationis contra subiectionem. Et ideo dicit ut eos qui sub lege erant,
id est sub maledicto et onere legis, liberaret. Supra III, v. 13 : Christus
nos redemit de maledicto legis, et cetera. Secundo
fructum exaltationis, inquantum adoptamur in filios Dei per hoc quod
accipimus spiritum Christi et conformamur ei. Rom. VIII, 9 : si quis
spiritum Christi non habet, et cetera. Et haec adoptio specialiter
competit Christo, quia non possumus fieri filii adoptivi, nisi conformemur
filio naturali. Rom. VIII, v. 29 : quos praescivit conformes fieri
imaginis filii eius, et cetera. Et quantum ad hoc dicit ut adoptionem
filiorum reciperemus, id est ut per filium Dei naturalem efficeremur
filii adoptivi secundum gratiam per Christum. |
4. Mais lorsque les temps ont été
accomplis, Dieu a envoyé son Fils formé d’une femme et assujetti à la Loi, 5. Pour racheter ceux qui étaient
sous la Loi, et pour nous faire recevoir l’adoption des enfants. Saint Paul adapte ici à Jésus-Christ la comparaison proposée. I° Il
fait cette adaptation ; II° il expose quelle fin s’est proposée celui à
qui il l’applique (verset 4) : pour racheter ceux qui étaient sous la Loi,
etc. I° Notez que dans ce qui précède, l’Apôtre a indiqué successivement
quatre points dans la comparaison qu’il proposait, comme on l’a dit. I. Adaptant maintenant ces quatre points à
Jésus-Christ il commence par le dernier, c’est-à-dire par la détermination du
temps. En voici la raison : c’est que Jésus-Christ passa par les humiliations
dans le même temps que les fidèles furent élevés en dignité. Aussi dit-il
(verset 4) : Mais lorsque le temps a été accompli, c’est-à-dire après
que le temps qui avait été déterminé par Dieu le Père pour envoyer son Fils,
fut accompli. Saint Luc (II, 6) dit dans le même sens : « Et le temps
étant accompli, etc. » Or, à l’égard du temps il est dit « la plénitude », à cause
de la plénitude des grâces qui y sont données, suivant cette parole (Ps.,
LXIV, 10) : « Le fleuve de Dieu a été rempli d’eaux » ;
à cause aussi du plein accomplissement des figures de l’ancienne Loi ;
(Matth., V, 17) : « Je ne suis pas venu détruire la Loi, etc. » ; à cause enfin de
l’accomplissement des promesses ; (Daniel, IX, 27) : « Il confirmera
son alliance avec un grand nombre dans une semaine. » Or cette
expression de l’Apôtre (verset 4) : Mais lorsque sera venu la plénitude du
temps, etc. qui se retrouve dans les mêmes termes dans plusieurs endroits
de l’Ecriture, où il est dit que les temps qui ont rapport avec Jésus-Christ
s’accomplissent, ne doit pas être prise dans le sens d’une nécessité fatale,
mais d’après les décrets divins, dont il est dit (Ps., CXVIII, 91) : « C’est
par votre ordre que le jour subsiste tel qu’il est, etc. » On
assigne deux raisons qui expliquent pourquoi le temps fixé pour l’avènement
de Jésus-Christ a été déterminé d’avance. La première est prise de sa
grandeur, car parce que celui qui devait venir était grand, il était
nécessaire que les hommes soient disposés à son avènement par des signes
multipliés et par de nombreuses préparations ; (Hébr., I, 1) : « [Dieu
ayant parlé autrefois à nos Pères] en diverses occasions et en diverses
manières, etc. » La seconde raison se tire de la condition de celui
qui vient. Car, devant venir comme médecin, il était nécessaire qu’avant son
avènement, les hommes soient convaincus qu’ils étaient malades, et au point
de vue de l’impuissance de leur science, sous la Loi de nature, et au point
de vue de l’impuissance de leurs forces, sous la Loi écrite. Par conséquent,
il a fallu que l’avènement de Jésus-Christ fût précédé de l’une et de
l’autre, c’est-à-dire de la Loi de nature et de la Loi écrite. II. L’Apôtre adapte sa comparaison quant à
la dignité d’héritier (verset 4) : Dieu a envoyé son Fils,
c’est-à-dire son Fils propre et naturel. Or s’il est Fils, il est donc
héritier. L’Apôtre dit : son Fils, c’est-à-dire son Fils propre,
naturel et unique, et non pas adoptif ; (Jean, III, 16) : « Car
Dieu a tellement aimé le monde qu’il, etc. » -« Il a envoyé,
dis-je, ce Fils, sans qu’il
fût séparé de lui-même, car il a été envoyé de cette manière qu’il s’est uni
la nature humaine, sans cesser d’être dans le sein de son Père ; (Jean,
I, 18) : « Le Fils unique qui, » de toute éternité, « est
dans le sein de son Père » ; (Jean III, 13) : « Personne n’est monté au ciel, si
ce n’est celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme qui est dans le
ciel » qui, bien qu’il soit descendu en s’unissant notre chair, est
cependant dans le ciel. Il l’a encore envoyé, non pas afin qu’il soit où il
n’était pas auparavant, car, bien qu’il soit venu dans son propre domaine, par sa présence dans sa chair mortelle, il
était dans le monde par sa présence comme Dieu, ainsi qu’il est dit dans
(Jean, I, 14). Semblablement, il ne l’a pas envoyé comme son ministre, parce
que sa mission consistait à s’unir la nature humaine et non à se dépouiller
de sa propre majesté. Dieu a donc envoyé son Fils pour guérir, avons-nous
dit, les dérèglements de la concupiscence et pour éclairer les ténèbres de
l’ignorance, dans la créature raisonnable ; (Ps., CVI, 20) : « Il
leur a envoyé son Verbe, etc. » Il l’a envoyé encore pour délivrer
l’homme de la puissance du démon, en l’aidant contre la faiblesse de l’irascibilité ;
(Isaïe, XIX, 20) : « Il leur enverra un Sauveur qui les délivrera » ; pour servir de remède à la
fatalité de la mort éternelle ; (Osée, XIII, 14) : « Je les
délivrerai de la puissance de la mort; je les rachèterai de la mort » ; pour les sauver de leurs péchés
(Jean, III, 17) : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour
condamner le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui, etc. » III. L’Apôtre adapte sa comparaison au point
de vue de la faiblesse de l’homme lorsqu’il dit (verset 4) : son
Fils formé d’une femme ;
(Isaïe, IX, 6) : « Un petit enfant nous est né, etc. »; et (Philipp., II, 7) : « Il
s’est anéanti lui-même, etc. » Or il s’est fait petit, non pas en se
dépouillant de sa grandeur, mais en s’unissant la petitesse. Dans ce que dit
ici l’Apôtre formé d’une femme, il faut se garder de deux erreurs, à
savoir : celle de Photin, qui a avancé que Jésus-Christ n’était qu’un pur
homme, et qu’il avait pris de la Vierge le principe de l’être. Par conséquent
ce philosophe entend cette expression « formé d’une femme », comme si Jésus-Christ avait
pris d’elle en totalité son commencement. Mais ce que dit Photin est faux,
parce qu’il contredit ce mot (Rom., I, 3) : « Touchant son Fils, qui
lui est né, selon la chair, du sang de David. » L’Apôtre ne dit pas
: selon la personne, qui est de toute éternité, c’est-à-dire selon
l’hypostase même du Fils de Dieu. De même donc que l’on ne peut pas dire d’un
bouclier, quant il est remis à sa première blancheur, que la substance même
de ce bouclier est remise à neuf, mais que l’éclat seul lui est de nouveau
rendu, ainsi de ce que le Fils de Dieu, s’est uni dans ces temps notre chair,
on ne peut pas non plus dire que la personne de Jésus-Christ est formée de
nouveau, mais seulement que la nature humaine lui est nouvellement unie,
comme il arrive au corps, lorsque sans mutation essentielle, il lui survient
accidentellement quelque chose. Car il peut y avoir, pour un être, des
modifications qui le changent lui-même dans sa nature, si ces modifications,
par exemple, atteignent ses formes et ses qualités absolues. D’autres ne lui
apportent aucune mutation essentielle : c’est de ce dernier genre qu’est
l’union [du Christ] avec notre chair, en tant qu’elle exprime simplement une
relation. La personne du Verbe n’a donc éprouvé, en quoi que ce soit, aucun
changement. Aussi lorsqu’il s’agit des attributs divins, nous nous servons
d’expressions qui supposent une relation, même quant au temps, ainsi nous
disons avec le Psalmiste (LXXXIX, 1) : « Seigneur vous avez été notre
refuge, etc. » et « Dieu
s’est fait homme » ; mais jamais nous n’employons les formes et
les qualités absolues, par exemple, Dieu s’est fait bon, il s’est fait sage,
ou d’autres locutions semblables. Il faut aussi éviter l’erreur d’Ebion,[3]
qui avançait que Jésus-Christ était fils, suivant la nature, de Joseph;
poussé à prétendre cela par ce qui est dit ici : formée d’une femme.
Car suivant cet hérétique, l’expression « femme » permet de
supposer la perte de l’intégrité. Mais ce que dit Ebion est faux également,
car, dans la sainte Ecriture, le mot « femme » désigne aussi le
sexe, suivant ce qui est dit (Genès., III, 12) : « La femme, que vous
m’avez donnée, etc. » ;
Adam l’appelle de ce nom de « femme » bien qu’alors elle fût encore
vierge. Cette expression de Saint Paul, formée d’une femme, renverse
aussi deux erreurs; à savoir celle de Valentin, qui enseigna que Jésus-Christ
n’avait pas pris de corps dans le sein de la Vierge, mais qu’il l’avait
apporté du ciel, et qu’il était passé par la bienheureuse Vierge, comme à
travers un conduit ou canal. Mais cette doctrine est fausse, car si ce que
dit Valentin était la vérité, Jésus-Christ n’aurait pas été « formé d’une femme »,
comme le dit l’Apôtre. Cette préposition « de » indique, en effet, la cause matérielle. Ensuite
l’erreur de Nestorius, qui prétendait que la bienheureuse Vierge n’était pas
mère du Fils de Dieu, mais du Fils de l’homme, ce qui est encore démontré
faux par ce que dit Saint Paul que Dieu envoya son Fils, formé d’une
femme, car celui qui est formé d’une femme est fils de cette femme; si
donc le Fils de Dieu est formé d’une
femme, c’est-à-dire de la bienheureuse Vierge, il est évident que la
bienheureuse Vierge est mère du Fils de Dieu. En effet, quoiqu’il ait pu dire
: né d’une femme, l’Apôtre a dit en termes exprès formé, et non
pas « né », car naître, c’est être produit non seulement par un
principe auquel on est uni, mais c’est encore venir à l’être par un principe
dont on est séparé. Le coffre est fait par l’ouvrier, mais le fruit naît de
l’arbre. Or il y a dans la génération humaine un double principe, à savoir un
principe matériel, et quant à celui-ci Jésus-Christ procéda d’un principe
auquel il était uni, parce qu’il a pris de la Vierge Marie la matière de son
corps. Et c’est d’après cette raison qu’on dit qu’il est né d’elle ; (Matth., I, 16) : « Marie de
laquelle est né Jésus, etc. » Ensuite un principe actif auquel
Jésus-Christ, quant à ce qui en lui eut un principe, c’est-à-dire la
formation de son corps, ne fut pas uni, mais demeura séparé, puisque c’est la
vertu de l’Esprit Saint qui le forma; sous ce point de vue, on ne peut pas
dire qu’il est né d’une femme, mais qu’il a été formé comme par un principe
extérieur. De tout ceci il est évident que quand l’Apôtre dit de la femme,
il ne suppose pas la perte de l’intégrité, parce qu’alors il eût dit, né, et
non pas « formé. » IV. L’Apôtre adapte sa comparaison quant à
la dépendance, lorsqu’il dit (verset 4) : et assujetti à la Loi. On objecte ce qui est dit plus loin (verset 18) : Si vous êtes
conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus sous la Loi. Si donc Jésus-Christ
non seulement est spirituel, mais si de plus c’est lui de qui nous recevons
l’Esprit, il semble peu convenable de dire qu’il fut assujetti à la Loi. Il faut répondre qu’on peut entendre de deux manières ces expressions : « être assujetti à la Loi ».
D’abord en ce sens que la préposition « à » marque seulement
l’observance de la Loi; en l’entendant ainsi, Jésus-Christ fut assujetti à la
Loi, puisqu’il fut circoncis, et présenté au temple ; (Matth., V, 17) : « Je
ne suis pas venu détruire la Loi, etc. » Ensuite en faisant
signifier à la préposition « à »
le sens d’oppression ; ainsi entendue, on dit que celui-là est sous la
Loi, qui est opprimé par la crainte de la Loi; et dans ce sens, ni
Jésus-Christ, ni les hommes spirituels ne peuvent être réputés assujettis à
la Loi. II° Enfin quand Saint Paul dit (verset 5) :
pour
racheter ceux qui étaient sous la Loi, etc., il exprime les effets
produits par celui à qui la comparaison a été adaptée, c’est-à-dire qu’il a
voulu pendant ce temps déterminé être dépendant, afin que les héritiers
fussent grands et libres. Il indique donc ces deux effets : I. Celui de la délivrance qu’il oppose à
la dépendance. C’est ce qui lui fait dire, pour racheter ceux qui étaient
sous la Loi, c’est-à-dire sous la malédiction et le joug de la Loi, pour
les délivrer ; (ci-dessus, III, 13) : Jésus-Christ nous a rachetés de
la malédiction de la Loi, etc. II. L’effet de l’exaltation, en ce que nous
sommes adoptés comme enfants de Dieu, en recevant l’Esprit de Jésus-Christ,
et en lui devenant conformes ; (Rom.., VIII, 9) : « Si quelqu’un
n’a pas l’Esprit de Jésus-Christ, etc. » Cette adoption appartient
d’une manière spéciale à Jésus-Christ, parce que nous ne pouvons devenir des
fils adoptifs, à moins de devenir conformes au fils naturel ; (Rom.,
VIII, 29) : « Car ceux qu’il a connus dans sa prescience, il les a
aussi prédestinés pour être conformes à l’image de son Fils, etc. »
Quant à cet effet, l’Apôtre dit (verset 5) : et pour nous faire recevoir
l’adoption des enfants, c’est-à-dire afin que par le Fils naturel
de Dieu, nous devenions ses enfants adoptifs, selon la grâce donnée par
Jésus-Christ. |
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Lectio 3 |
Leçon 3 : Galates IV, 6-7 ─ Dieu adopte aussi les gentils
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SOMMAIRE : Saint Paul déclare que le
bienfait de l’adoption appartient aussi aux Gentils. |
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[6] quoniam autem estis filii misit Deus Spiritum Filii sui in
corda nostra clamantem Abba Pater [7] itaque iam non es servus sed filius quod si filius et
heres per Deum [87767] Super Gal., cap. 4 l. 3 Supra apostolus ostendit beneficium Iudaeis
exhibitum, hic ostendit hoc beneficium etiam ad gentiles pertinere. Et primo proponit ipsum beneficium; secundo
modum adipiscendi, ibi misit Deus spiritum, etc.; tertio manifestat
eius fructum, ibi itaque iam non est, et cetera. Dicit ergo, quod beneficium adoptionis filiorum
Dei non solum pertinet ad eos qui sub lege erant sed etiam ad gentiles. Et ideo dicit : quoniam estis filii Dei,
etc., id est quod sitis filii Dei, ista de causa factum est, quia non solum
Iudaei, sed etiam omnes alii, qui in filium Dei credunt, adoptantur in
filios, et cetera. Io. I, 12 : dedit eis potestatem filios Dei fieri,
et cetera. Modus
autem adipiscendi illud donum est per missionem spiritus filii Dei in corda
vestra. Augustinus autem dicit, quod Christus in carne existens praedicavit
Iudaeis principaliter, gentibus autem perfunctorie. Rom. XV, 8 : dico
Christum Iesum ministrum fuisse circumcisionis, et cetera. Et ideo quidquid pertinet ad statum
Iudaeorum, convenienter attribuitur Christo. Et quia
possent dicere isti, Galatas non esse adoptatos in filios Dei, cum Christus
ex eis carnem non sumpserit, nec eis praedicaverit, unde non videbantur in
aliquo Christo coniungi, ideo apostolus modum huius adoptionis demonstrans,
dicit quod et si non fuerunt coniuncti Christo secundum carnem, scilicet
quantum ad gentem, neque secundum praedicationem, tamen fuerunt coniuncti per
spiritum, et ex hoc adoptati sunt in filios Dei. Unde conversio gentilium
specialiter attribuitur spiritui sancto. Et ideo Petrus, quando fuit
reprehensus a Iudaeis, quod ivisset praedicare gentibus, excusavit se per
spiritum sanctum, dicens, Act. XI, 12, non posse resistere spiritui sancto, cuius
instinctu hoc fecerat. Et ideo, quia misit Deus, pater, spiritum
filii sui in corda nostra, Iudaeorum scilicet et gentium, coniungimur
Christo, et per hoc adoptamur in filios Dei. Sed
sciendum est, quod si alicubi in Scriptura invenitur spiritus sanctus mitti a
patre, Io. XIV, 26, Paracletus autem spiritus sanctus, quem mittet pater,
etc., aliquando vero a filio, Io. XV, 26, cum venerit Paracletus, quem ego
mittam vobis, etc., nihilominus tamen spiritus sanctus communis est patri
et filio, et ab utroque procedit et ab utroque datur. Et ideo est, quod
ubicumque invenitur quod pater mittat spiritum sanctum, fit mentio de filio,
sicut in praemissa auctoritate dicitur quem mittet pater in nomine meo.
Et, similiter, ubi dicitur mitti a filio, fit mentio de patre; unde dicit quem
mittam vobis a patre. Et etiam
hic cum dicit misit Deus, pater, spiritum sanctum, statim fit
mentio de filio, cum dicit filii sui. Nec refert si alicubi dicatur
spiritus sanctus solum a patre procedere, quia, ex quo filius mittit eum,
manifestum est quod ab ipso procedit. Unde spiritus sanctus dicitur spiritus
filii, sicut mittentis, et sicut a quo procedit, et sicut a quo habet
spiritus sanctus quidquid habet, sicut et a patre. Io. c. XVI, 14 : ille
me clarificabit, quia de meo accipiet, et cetera. Dicit
autem in corda, quia duplex est generatio. Una carnalis, quae fit per
semen carnale missum in locum generationis : quod quidem semen, licet sit
quantitate parvum, tamen virtute continet totum. Alia est spiritualis, quae
fit per semen spirituale transmissum in locum spiritualis generationis; qui
quidem locus est mens seu cor hominis, quia in filios Dei generamur per
mentis renovationem. Semen autem spirituale est gratia spiritus sancti. I Io.
ult. : qui natus est ex Deo, non peccat : quoniam generatio Dei conservat
eum, et cetera. Et hoc semen est virtute continens totam perfectionem
beatitudinis. Unde dicitur pignus et arra beatitudinis Ephes. I, 14; Ez.
XXXVI, 26 : dabo spiritum novum, et cetera. Clamantem, id est
clamare facientem, abba, pater, non magnitudine vocis, sed magnitudine
et fervore affectus. Tunc enim clamamus abba, pater, quando per
affectum accendimur calore spiritus sancti ad desiderium Dei. Rom. VIII, 15 :
non accepistis spiritum servitutis, et cetera. Abba, pater, et
cetera. Idem autem est in significatione, abba, quod est Hebraeum, et pater,
quod est Latinum, et patir, quod est Graecum. Et utrumque ponit ut ostendat
quod gratia spiritus sancti communiter se habet quantum ad utrumque populum,
quantum est ex se. Consequenter
cum dicit itaque iam non est servus, etc., ponit fructum huius
beneficii. Et primo quantum ad remotionem omnis mali, a quo liberamur per
adoptionem spiritus sancti et haec est liberatio a servitute. Et quantum ad
hoc dicit itaque, scilicet quia spiritus clamat in nobis, pater, iam,
a tempore gratiae, non est aliquis nostrum, qui in Christum credimus, servus,
in timore scilicet serviens. Io. XV, 15 : iam non dicam vos servos, sed
amicos, et cetera. Rom. VIII, 15 : non accepistis spiritum servitutis,
et cetera. Sed est filius. Rom. VIII, 16 : ipse spiritus
testimonium reddit spiritui nostro, quod sumus filii Dei. Licet enim
conditione servi simus, quia dicitur Lc. XVII, 10 : cum feceritis omnia
quae praecepta sunt vobis, dicite : servi inutiles sumus, tamen non sumus
servi malevoli, ex timore scilicet servientes, quia tali servo debentur
tortura et compedes; sed sumus servi boni et fideles, et amore servientes, et
ideo libertatem per filium consequimur. Io. VIII, v. 36 : si filius vos
liberaverit, vere liberi eritis. Secundo,
ponit fructum quantum ad consecutionem omnis boni, et quantum ad hoc dicit quod
si filius, et haeres per Deum, Rom. VIII, 17 : si filii et haeredes,
haeredes quidem Dei, et cetera. Haec autem haereditas est plenitudo omnis
boni, cum nihil aliud sit quam ipse Deus, secundum illud Ps. XV, 5 : dominus
pars haereditatis meae, et cetera. Gen. c. XV, 1 : dixit ad Abraham :
ego ero merces tua magna nimis, et cetera. Dicit autem per Deum, quia sicut Iudaei
haereditatem adepti sunt per Dei repromissionem et iustitiam, ita et gentiles
per Deum, id est per Dei misericordiam. Rom. XV, 9 : gentes autem super misericordia
honorare Deum, et cetera. Vel per Deum, id est per Dei
operationem. Is. XXVI, 12 : omnia opera nostra
operatus es in nobis, domine. |
6. Et parce que vous êtes enfants,
Dieu a envoyé dans vos coeurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba (Père). 7. Aucun de vous n’est donc plus
serviteur, mais enfant. Que s’il est enfant, il est aussi héritier par Dieu. L’Apôtre a rappelé plus haut le bienfait accordé aux Juifs; il établit
ici que ce même bienfait appartient également aux Gentils. I° Il
expose le bienfait même; II° le moyen de l’obtenir (verset 6) : Dieu
a envoyé dans vos coeurs l’Esprit, etc. ; III° il en explique les fruits (verset 7) : et
ainsi nul n’est plus, etc. I° Il dit donc que le bienfait de
l’adoption des enfants de Dieu appartient non seulement à ceux qui étaient sous la Loi, mais encore au
Gentils. C’est ce qui lui fait dire (verset 6) : mais parce que vous êtes
enfants de Dieu, etc., c’est-à-dire si vous êtes tels, la cause en
est que non seulement les Juifs, mais encore les autres qui croient en son
Fils, sont adoptés comme enfants, etc. ; (Jean, I, 12) : « Il a
donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu à tous ceux, etc. » II° Le mode par lequel on obtient ce
don, c’est la mission de l’Esprit du Fils de Dieu dans vos coeurs. Saint Augustin remarque sur ceci que
Jésus-Christ pendant sa vie mortelle, annonce le royaume de Dieu aux Juifs
principalement, aux Gentils secondairement ; (Rom., XV, 8) : « Je
déclare que Jésus-Christ à été le ministre de l’Evangile à l’égard des
circoncis, etc. » ;
par conséquent tout ce qui appartient à l’état des Juifs est convenablement
attribué à Jésus-Christ. Et parce que ceux-ci pouvaient dire que les Galates
n’avaient pas été adoptés comme enfants de Dieu, puisque Jésus-Christ n’avait
pas pris d’eux sa chair mortelle et n’avait pas prêché parmi eux, en sorte
qu’ils semblaient n’avoir aucun point d’union avec lui, l’Apôtre expliquant
le mode de cette adoption, dit que, bien qu’ils n’aient pas été unis à Jésus
Christ selon la chair, c’est-à-dire quant à la race d’origine, ni par sa
prédication, ils l’ont été cependant par l’Esprit, et que par ce moyen ils
ont été adoptés comme enfants de Dieu. Il suit de là que la conversion des
Gentils est spécialement attribuée à l’Esprit Saint. Aussi, lorsque saint
Pierre fut repris par les Juifs, pour être allé prêcher aux Gentils, il
s’excusa par l’Esprit Saint, en disant (Actes, XI, 12) que l’on ne pouvait résister au Saint
Esprit, dont il avait suivi l’inspiration en agissant de la sorte.
Ainsi donc, (verset 6) : c’est parce que Dieu le Père a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs,
c’est-à-dire dans les coeurs des Juifs et des Gentils, que nous sommes unis à
Jésus-Christ et qu’en raison de cette union nous sommes adoptés comme enfants
de Dieu. Il faut ici remarquer que si quelquefois dans les saintes Ecritures,
ou trouve que le Saint Esprit est envoyé par le Père ; (Jean, XIV, 26) :
« Mais le consolateur, qui est le Saint Esprit que le Père enverra, etc. »
et d’autrefois par le Fils ; (Jean, XV, 26) : « Lorsque le
consolateur sera venu que je vous enverrai, etc. », néanmoins le
saint-Esprit est commun au Père et au Fils; il procède de l’un et de l’autre;
il est donné par tous deux. Aussi, partout où il est dit que le Saint Esprit
est envoyé par le Père, il est fait mention du Fils, comme dans le texte
précité, où il est dit : « que le Père enverra en mon nom » ; et de la même façon, quand il est
dit que le Saint Esprit est envoyé par le Fils, il est fait mention du Père.
Aussi le Seigneur dit-il : « l’Esprit que je vous enverrai de la part
du Père. » Dans le passage même que nous expliquons (verset 6) lorsque l’Apôtre dit
: Dieu le Père a envoyé le
Saint Esprit, il est fait mention immédiatement du Fils :
et Saint Paul ajoute : l’Esprit de son Fils. Il
n’importe pas qu’il soit dit quelque part que le Saint Esprit procède du Père
seulement, car dès lors que le Fils l’envoya, il est clair qu’il procède du
Fils. C’est de là que le Saint Esprit est appelé l’Esprit du Fils, pour la
raison que c’est le Fils qui l’envoya, qu’il procède du Fils et que c’est du
Fils qu’il a tout ce qui est à lui, comme il l’a également du Père ;
(Jean, XVI, 14) : « C’est lui qui me glorifiera, parce qu’il prendra
de ce qui est à moi, etc. » L’Apôtre dit (verset 6) : dans les
coeurs, parce qu’il y a deux sortes de génération : l’une charnelle, qui
se fait par l’introduction dans le foyer de la génération d’une semence charnelle ;
cette semence, bien que minime en quantité, contient en puissance tout un
corps. L’autre spirituelle qui s’opère par la semence spirituelle, transmise
au siége de la régénération spirituelle : le siége de cette régénération est
l’âme ou l’intelligence de l’homme, parce que nous sommes engendrés, comme
enfants de Dieu, par le renouvellement de notre âme. Or la semence
spirituelle, c’est la grâce du Saint Esprit ; (I Jean, 18) : « Quiconque
est né de Dieu ne pèche pas : la naissance qu’il a reçue de Dieu le conserve,
etc. » Cette semence contient en efficacité toute la perfection de
la béatitude. C’est pourquoi on l’appelle le gage et les arrhes de cette
béatitude ; (Ephés., I, 14 et Ezéchiel XXXVI, 26) : « Je vous
donnerai un esprit nouveau, etc. » ; (verset 6) : l’esprit qui crie, c’est-à-dire
qui fait crier : « Abba, Père », non par
l’éclat de la voix, mais par la grandeur et par la ferveur de l’affection.
Car nous crions Abba, Père, quand l’affection enflammée par le Saint
Esprit, nous porte à désirer la possession de Dieu ; (Rom., VIII, 15) : « Vous n’avez pas reçu l’Esprit de
servitude, etc. » – Abba, Père : ces diverses expressions
: « Abba » qui vient de la langue Hébraïque, « Pater » qui est latin, et paqon qui est grec, signifient la même chose.
Saint Paul les met l’une et l’autre, pour faire voir que la grâce, autant
qu’il est en elle, est commune aux deux peuples. III° En ajoutant (verset 7) : Et ainsi, parmi vous nul
n’est plus serviteur, mais enfant, l’Apôtre exprime l’effet du bienfait reçu. I. L’éloignement de toute espèce de mal,
dont nous sommes libérés par l’adoption du Saint Esprit : c’est la délivrance
de la servitude. Quant à ce premier effet, l’Apôtre dit (verset 7) : Ainsi,
c’est-à-dire parce que le Saint Esprit crie en nous « mon Père », maintenant,
depuis le temps de la grâce, nul d’entre nous, qui croyons en
Jésus-Christ, n’est plus serviteur, c’est-à-dire ne sert plus dans la
crainte ; (Jean, XV, 15) : « Je ne vous appellerai plus
désormais serviteur, je vous ai appelés mes amis, etc. » ; et
(Rom., VIII, 15) : « Vous n’avez pas reçu l’esprit de servitude, etc. »
— (verset 6) : mais il est enfant ; (Rom., VIII, 16) : « Car l’Esprit rend lui-même
témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » En
effet, quoique, en raison de notre condition, nous soyons serviteurs, (Luc,
XVII, 10) : « Lorsque vous aurez fait tout ce qui vous est commandé,
dites : nous sommes des serviteurs inutiles, » toutefois nous ne
sommes pas des serviteurs méchants, c’est-à-dire n’obéissant que par crainte,
parce qu’à de tels serviteurs, il n’est dû que la torture et les fers. Mais
nous sommes des serviteurs bons et fidèles, qui obéissons par amour, et c’est
pour cela que nous obtenons la liberté par le Fils ; (Jean, VIII, 56) : « Si
donc le Fils vous libère, vous serez véritablement libres ». II. L’Apôtre exprime le second effet, qui
est d’obtenir toute espèce de bien. Quant à cet effet, il dit (verset 7) : Que
s’il est enfant, il est aussi héritier par le bienfait de Dieu ; (Rom., VIII, 17) : « Si
nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, etc. »
Or cet héritage, c’est la plénitude de tout bien, puisque ce n’est autre
chose que Dieu même, suivant cette parole (Ps., XV, 5) : « Le
Seigneur est la part qui m’est échue en héritage, etc. » ; (Genès., XV, 1) : « Le
Seigneur dit à Abraham : je serai moi-même ta récompense infiniment grande, etc. »
L’Apôtre dit (verset 7) : par Dieu, parce que de même que
les Juifs, en vertu de la promesse et de la justice de Dieu, ont obtenu l’héritage,
les Gentils ont également obtenu ces bienfaits par lui, c’est-à-dire par sa
miséricorde ; (Rom., XV, 9) : « Quant aux Gentils, c’est pour
montrer sa miséricorde qu’ils rendent grâce à Dieu ». Ou encore par Dieu, c’est-à-dire par l’opération de Dieu ; (Isaïe
XXVI, 12) : « C’est vous, Seigneur, qui avez fait en nous toutes nos
oeuvres. » |
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Lectio 4 |
Leçon 4 : Galates IV, 8-12 ─ Ne pas mépriser cette grâce
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SOMMAIRE. L’Apôtre réprimande les
Galates de ce qu’ils méprisaient une si grande grâce de Dieu, qui leur était
donnée par Jésus-Christ. |
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[8] sed tunc quidem ignorantes Deum his qui natura non sunt
dii serviebatis [9] nunc autem cum cognoveritis Deum immo cogniti sitis a Deo
quomodo convertimini iterum ad infirma et egena elementa quibus denuo servire
vultis [10] dies observatis et menses et tempora et annos [11] timeo vos ne forte sine causa laboraverim in vobis [12] estote sicut et ego quia et ego sicut vos fratres obsecro
vos nihil me laesistis [87768] Super Gal., cap. 4 l. 4 Posita dignitate beneficii gratiae, et ostensa
per exemplum humanum, hic apostolus arguit Galatas, qui hanc gratiam
contemnebant, utpote ingrati tanto beneficio. Et primo arguit eos de
ingratitudine; secundo excusat se, quod hoc non facit ex odio et livore, ibi fratres,
obsecro vos, non me laesistis, et cetera. Circa primum tria facit. Primo
commemorat statum pristinum; secundo extollit et commendat beneficium
susceptum, ibi nunc autem cum cognoveritis, etc.; tertio exaggerat
peccatum commissum, ibi quomodo convertimini, et cetera. Dicit ergo
sed tunc, etc., quasi dicat : nunc estis filii et haeredes per Deum, sed
tunc quidem, cum gentes essetis. Eph. V, v. 8 : eratis aliquando
tenebrae, etc., ignorantes Deum, per infidelitatem, serviebatis,
cultu latriae, his qui non sunt natura dii, sed opinione hominum. I
Cor. XII, 2 : cum gentes essetis, ad simulacra muta prout ducebamini
euntes, et cetera. Rom. I, 25 : servierunt creaturae potius quam
creatori, et cetera. Hoc autem quod dicit qui natura non sunt dii,
est ad confutationem Arianorum dicentium Christum Dei filium non esse Deum
per naturam. Quod si verum esset, non esset ei exhibendus cultus latriae, et
quicumque exhiberet ei esset idololatra. Sed potest
obiici, quia nos adoramus carnem et humanitatem Christi, ergo sumus
idololatrae. Sed dicendum est, quod licet adoremus carnem, seu humanitatem
Christi, adoramus tamen eam, ut unitam personae divini verbi, quod quidem
verbum est suppositum divinum. Unde
cum adoratio debeatur supposito divinae naturae, quidquid in Christo
adoratur, absque errore fit. Consequenter cum dicit nunc autem cum
cognoveritis, etc., commemorat acceptum beneficium, quasi dicat : si
ignorantes eratis et peccabatis, tolerari poterat, nam, caeteris paribus,
gravius est peccatum in Christiano, quam in gentili. Sed nunc cum cognoveritis Deum, id est
sitis conducti ad Dei cognitionem, gravius peccatis quam olim, serviendo et
ponendo spem in his in quibus non debetis. Ier. XXXI, 34 : omnes
cognoscent me, et cetera. Sed hoc quod dicit imo cogniti sitis a Deo,
videtur contrarietatem habere, cum Deus ab aeterno omnia cognoverit. Eccli. XXIII, 29 : domino enim Deo antequam crearentur omnia sunt
agnita, et cetera. Sed dicendum hoc causaliter
esse dictum, ut sit sensus imo cogniti sitis a Deo, id est Deus fecit
quod vos cognosceretis eum. Sic enim Deus dicitur cognoscere, inquantum est
causa cognitionis nostrae. Et ideo, quia supra dixit : cum cognoveritis
Deum, quae fuit vera locutio, statim corrigit et explicat eam
praefiguratam innuendo quod non possumus Deum cognoscere ex nobis, nisi per
ipsum. Io. I, 18 : Deum nemo
vidit unquam, sed unigenitus, qui est in sinu patris, et cetera. Consequenter
exprobrat peccatum commissum, dicens quomodo convertimini, et cetera.
Et primo exaggerat eorum peccatum; secundo ostendit imminens periculum, ibi timeo
vos ne forte, etc.; tertio reducit eos ad salutis statum, ibi estote
sicut ego, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo proponit peccatum commissum; secundo de peccato
commisso eos convincit, ibi dies observatis, et cetera. Sciendum est
autem, quod haec littera dupliciter legitur. Uno
modo, quia isti Galatae a fide convertebantur ad idololatriam, et ideo dicit quomodo
convertimini a fide iterum, id est denuo, II Petr. II, 21 : melius erat eis non cognoscere
viam iustitiae, quam post, et cetera. Is. XLII, 17 : conversi sunt
retrorsum, etc. ad elementa, scilicet mundi, quae sunt infirma,
per se subsistere non valentia, quia in nihilum deciderent, nisi ea manus
cuncta regentis teneret, secundum illud Hebr. I, 3 : portans omnia verbo
virtutis suae, etc. et egena, quia egent Deo et seipsis ad
invicem, ad complementum universi, quibus, scilicet elementis, denuo,
id est iterum, servire vultis, servitute scilicet latriae. Probatio
huius manifeste apparet, quia observatis dies, scilicet faustos et
infaustos, et menses, et tempora, et annos, id est constellationes et
cursum corporum caelestium, quae omnia ortum habent ab idololatria. Contra
quod dicit Ier. X, 2 : a signis caeli nolite metuere, quae gentes, et
cetera. Et quod observationes huiusmodi malae sint et contra cultum
Christianae religionis, patet : quia distinctio dierum, mensium, annorum, et
temporum attenditur secundum cursum solis et lunae. Et ideo tales temporum
distinctiones observantes, venerantur corpora caelestia, et disponunt actus
suos secundum iudicium astrorum, quae nullam directam impressionem habent in
voluntate hominis, et in his quae dependent a libero arbitrio. Et ex hoc
imminet grave periculum. Unde dicit timeo ne forte sine causa, id est
inutiliter laboraverim in vobis. Et ideo cavendum est fidelibus talia
observare; sed nulla debet esse eis suspicio harum rerum, quia prospere
potest cedere quidquid sub Dei devotione simpliciter agitur. Sed numquid licet in aliquo cursum stellarum servare?
Dicendum est, quod corpora caelestia quorumdam quidem effectuum causa sunt,
scilicet corporalium : et in istis licet ipsorum cursum attendere; quorumdam
autem non sunt causa, scilicet eorum quae dependent a libero arbitrio, seu a
fortuna, vel infortunio : et in istis servare cursum astrorum pertinet ad
idololatriam. Sed licet
haec lectura sustineri possit, non tamen est secundum intentionem apostoli.
Cum enim ipse in tota praecedenti serie huius epistolae, et in sequenti,
arguat Galatas de hoc quod a fide transtulerunt se ad observantiam legis,
ideo magis ad propositum exponitur de hoc, quod ad legales observantias
convertuntur. Unde dicit : cum
cognoveritis Deum per fidem, quomodo convertimini a fide ad
elementa, id est ad litteralem legis observantiam? Quae
dicitur elementa, quia lex fuit prima institutio divini cultus; elementa,
dico, infirma, quia non perficit iustificando Hebr. c. VII, 19 : neminem
ad perfectum adduxit lex; egena, quia non confert virtutes et gratiam,
adiuvando per se. Sed quid
est quod dicit convertimini? Et videtur hoc inconvenienter dictum.
Similiter et hoc, quod dicit denuo. Nam isti nec Iudaei fuerant, nec
alias legalia servaverant. Ad quod
dicendum est, quod cultus Iudaeorum medius est inter cultum Christianorum et
gentilium. Nam gentiles colebant elementa ipsa tamquam viva quaedam; Iudaei
vero elementis quidem non serviebant, sed Deo sub ipsis elementis, inquantum
observationibus corporalium elementorum Deo cultum exhibebant. Supra eodem : sub
elementis huius mundi eramus servientes. Christiani vero serviunt Deo sub
Christo, id est in fide Christi. Quando autem aliquis pervenit ad terminum,
transacto medio, si iterum redire velit ad medium, idem videtur ac si velit
redire ad principium. Et ideo
apostolus, quia isti iam pervenerant ad terminum, scilicet ad fidem Christi,
et tunc redierunt ad medium, scilicet ad cultum Iudaeorum, inde est, quod
propter quamdam conformitatem medii ad principium, dicit eos converti ad
elementa, et denuo eis servire. Et quod
ita sit probat, cum dicit dies observatis, Iudaico ritu, scilicet
sabbata, et decimum primi mensis, et huiusmodi, quae dicuntur in Glossa; menses,
id est Neomenias, ut primum et septimum mensem, ut habetur Lev. XXIII, 5 ss.; tempora, scilicet
egressionis de Aegypto, et quod Ierosolymam tribus vicibus veniebant per
singulos annos. Item annos iubilaei, et septimum annum remissionis. Et ex hoc
sequitur periculum, quia ex hoc nihil prodest fides Christi. Unde dicit timeo
vos ne forte sine causa, id est inutiliter, in vobis laboraverim.
Infra V, 2 : si circumcidimini, Christus vobis nihil proderit. Consequenter
cum dicit estote sicut ego, reducit eos ad statum salutis; quasi dicat
: ita timeo vos, ne forte sine causa laboraverim in vobis, sed ne ita
sit, estote sicut ego. Hoc in Glossa tripliciter
legitur. Primo modo sic estote sicut ego, scilicet legem deserentes,
sicut ego dimisi. Secundo modo sic estote sicut ego, errorem scilicet
pristinum corrigentes, sicut ego errorem meum correxi. Et hoc potestis, quia
ego, supple sum, sicut vos, et tamen de errore meo correctus sum.
Tertio modo sic : estote sicut ego, scilicet sine lege viventes, quia
ego, supple : qui legem habui, et in lege natus sum, modo sum sicut
vos, supple fuistis, scilicet sine lege. |
8. Autrefois lorsque vous ne
connaissiez pas Dieu, vous étiez assujettis à ceux qui, par leur nature, ne
sont pas véritablement des Dieux. 9. Mais à présent que vous
connaissez Dieu ou plutôt que vous êtes connus de lui, comment retournez-vous
à ces éléments défectueux et impuissants, auxquels vous voulez de nouveau
vous assujettir ?. 10. Vous observez les jours et les
mois, les saisons et les années. 11. Je crains pour vous d’avoir
peut-être travaillé en vain parmi vous. 12. Soyez comme moi, mes frères, je
vous en conjure, parce que je suis comme vous… Après avoir établi la dignité des bienfaits de la grâce et l’avoir fait
ressortir par un exemple tiré des coutumes humaines, l’Apôtre réprimande ici
les Galates de ce que méprisant cette grâce, ils se montrent ingrats pour un
si grand bienfait. Et d’abord il leur reproche leur ingratitude, ensuite il
se défend de le faire par un sentiment de haine et de jalousie (verset 12) : Mes
frères, je vous en prie, vous ne m’avez offensé en rien, etc. A l’égard
de leur ingratitude, I° il rappelle leur état passé; II°
il exalte et relève le bienfait qu’ils ont reçu (verset 9) : Mais à
présent que vous connaissez Dieu, etc. ; II° il fait ressortir la gravité de la faute
qu’ils ont commise (verset 9) : Comment donc retournez-vous, etc. I° L’Apôtre dit donc (verset 8) : [Car
vous ne connaissiez pas Dieu], mais alors, etc. ; maintenant, par le bienfait de Dieu, vous êtes
enfants et héritiers, mais alors,
quand vous étiez encore païens ; (Ephés., V, 8) : « Vous étiez
autrefois ténèbres, etc. » ; (verset 8) : ne connaissant pas Dieu, dans cet état
d’infidélité, vous étiez assujettis, par le culte de latrie, à ceux
qui par leur nature ne sont pas des dieux, mais seulement dans l’opinion
des hommes ; (I Corinth., XII, 2) : « Lorsque vous étiez païens,
vous vous laissiez entraîner, selon qu’on vous menait, vers des idoles
muettes, etc. » ;
(Rom., 1, 25) : « Ils ont rendu à la créature l’adoration et le
culte, au lieu de le rendre au Créateur, etc. » Or ce que dit ici
l’Apôtre (verset 8) : ceux qui par leur nature ne sont pas des
Dieux, sert à confondre les Ariens qui prétendaient que Jésus
Christ, le Fils de Dieu, n’était pas Dieu par nature. S’il en était ainsi, on
ne devrait pas lui rendre le culte de latrie, et celui qui le lui rendrait
serait coupable d’idolâtrie. On peut nous objecter que puisque nous adorons la chair et l’humanité de
Jésus Christ nous sommes donc idolâtres. Il faut répondre que bien que nous adorions la chair ou l’humanité de
Jésus-Christ, nous ne l’adorons toutefois qu’en tant qu’elle est unie à la
personne du Verbe divin, et que ce Verbe, nous le considérons comme Dieu. Il
suit de là que l’adoration étant due à cette personnalité de la nature
divine, tout ce qui est adoré en Jésus-Christ peut l’être sans aucune erreur. II° Quand l’Apôtre dit ensuite (verset 9) : Mais
à présent que vous connaissez Dieu, etc., il rappelle le bienfait reçu; comme s’il disait
: Que vous ayez été ignorants, et que vous ayez péché, on pouvait le tolérer,
car toutes choses égales d’ailleurs, le péché est plus grave dans un chrétien
que dans un païen ; mais maintenant que vous connaissez Dieu,
c’est-à-dire que vous avez été amenés à sa connaissance, vous péchez plus gravement
qu’autrefois, en servant ceux que vous ne devez pas servir, et en plaçant en
eux votre espérance ; (Jérémie, XXXI, 34) : « Tous me
connaîtront, etc. » Toutefois ce que l’Apôtre ajoute (verset 9) : ou plutôt que vous êtes
connus de lui, paraît impliquer contradiction, puisque Dieu
connaît de toute éternité ; (Ecclésiastique XXIII, 29) : « Car
le Seigneur Dieu connaissait toutes les choses du monde avant qu’il les eût
créées, etc. » Il faut répondre qu’il s’agit ici de la causalité, en sorte que le sens
est : ou plutôt vous êtes connus de lui, c’est-à-dire : Dieu a
fait que vous veniez à sa connaissance. On dit, en effet, que Dieu connaît,
en ce sens qu’il est la cause de notre propre connaissance. C’est pour cette
raison, qu’ayant dit plus haut, (verset 9) : à présent que vous
connaissez Dieu, ce qui était l’expression vraie, il la corrige
aussitôt et explique ce qui n’était qu’indiqué, en donnant à entendre que
nous ne pouvons pas connaître Dieu de nous-mêmes, mais par lui seul ;
(Jean, I, 18) : « Nul homme n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui
est dans le sein du Père, etc. » III° L’Apôtre reproche ensuite aux
Galates la faute qu’ils ont commise, en disant (verset 9) : Comment donc retournez-vous à, etc.? I. Il fait sentir la grandeur de cette faute; II.
il montre le danger qui les menace, (verset 11) : J’appréhende pour vous
que je n’aie peut-être, etc. ;
III.
il les ramène à l’état du salut (verset 12) : Soyez comme moi, etc. I. Sur le premier de ces points, 1° il
expose la faute commise; 2° il les convainc de s’en être rendus
coupables (verset 10) : Vous observez les jours et les mois, etc. 1° Il faut remarquer qu’ici la lettre peut
se lire de deux façons. D’abord que ces Galates étaient retournés de la foi à
l’idolâtrie; c’est pourquoi Saint Paul dit (verset 9) : Comment donc vous
éloignez-vous encore, c’est-à-dire de nouveau, de la foi ; (II
Pierre, II, 21) : « Il leur eût été meilleur de n’avoir pas connu la
voie de la justice, que de retourner en arrière, etc. » ; (Isaïe XIII, 17) : « Ils
sont retournés en arrière » - à des éléments, à savoir du monde, qui
sont impuissants, incapables de
subsister par eux-mêmes, car ils retomberaient dans le néant, si la main qui
gouverne tout ne les retenait, suivant cette parole ; (Hébr., I, 3) : « Il
soutient tout par la puissance de sa parole, etc. » - (verset 9) : et
vides, parce que Dieu leur manque, et parce qu’ils se manquent
entre eux, de manière à former un tout complet. C’est, disons-nous, à de
tels éléments qu’encore une
fois, c’est-à-dire de nouveau après les avoir quittés, vous
voulez vous assujettir, à savoir par le culte de latrie. 2° La preuve en est manifeste, puisque
(verset 10) : vous observez les jours, à savoir fastes et néfastes, et
les mois, et les temps, et les années, c’est-à-dire les constellations et
le cours des corps célestes, toutes pratiques qui ont leur source dans l’idolâtrie,
quoiqu’il soit dit (Jérémie, X, 2) : « Ne craignez pas les signes du
ciel, comme les nations les craignent, etc. » Que ces observances
soient mauvaises et opposées aux règles du culte de la religion chrétienne, c’est
évident,puisque la distinction des jours, des mois, des années et des temps
se fait suivant le cours de la lune et du soleil; ceux donc qui observent
cette distinction des temps, vénèrent les corps célestes et disposent leurs
actes d’après la décision des astres, qui n’ont directement aucune sorte
d’influence sur la volonté humaine, et sur tout ce qui dépend de son libre
arbitre. II. Or de cette conduite naît un très grand
danger. C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 11) : J’appréhende
pour vous que je n’aie peut-être travaillé sans motif, c’est-à-dire
inutilement, parmi vous. Par conséquent les fidèles doivent se garder
de telles observances, et ne se laisser préoccuper d’aucune inquiétude à leur
égard, car tout peut réussir à souhait, quand on le fait simplement par
dévotion pour Dieu. Serait-il cependant licite d’observer en quelque chose le cours des
étoiles ? Il faut répondre que les corps célestes sont la cause de certains
effets sur les corps matériels; et par rapport à ces effets, il est licite
d’observer le cours de ces astres. Mais il est d’autres effets, dont ils ne
sauraient être la cause, à savoir ceux qui dépendent du libre arbitre, ou qui
forment ce qu’on appelle la fortune ou l’infortune. A l’égard de ces effets,
ce serait idolâtrie de tenir compte du cours des astres. Toutefois, bien que cette interprétation puisse se soutenir, elle n’est
pas selon la pensée de Saint Paul. Car l’Apôtre, dans tout ce qui précède,
dans sa lettre, et dans tout ce qui suit, réprimandant les Galates de ce
qu’ils étaient passés de la foi aux observances légales, ce passage
s’applique mieux, eu égard à son dessein, au fait qu’ils se sont reconvertis
à ces observances ; Saint Paul dit donc : Puisque vous avez connu
Dieu par la foi, comment
pouvez-vous passer de la foi aux éléments, c’est-à-dire à
l’observance littérale de la Loi, qui est appelée du nom d’éléments, parce
que la Loi fut la première règle posée pour le culte divin, et des éléments que j’appelle défectueux, parce que la Loi ne
perfectionne personne en le justifiant ; (Hébr., VII, 19) : « La
Loi n’a conduit personne à la perfection. » - Stérile, parce
qu’elle ne donne ni les vertus ni la grâce en aidant par elle-même. Mais pourquoi Saint Paul dit-il : vous êtes passés ? Il semble que cette expression ne
convient pas aussi bien que cette autre de nouveau, car les Galates
n’étaient pas Juifs, et n’avaient jamais pratiqué auparavant les observances
légales. Il faut répondre ici que le culte des Juifs occupe une place
intermédiaire entre celui des chrétiens et celui des païens, car les païens
vénéraient ces éléments eux-mêmes comme possédant en eux de la vie ;
pour les Juifs, ils n’honoraient pas ces éléments, mais ils honoraient Dieu
sous ces éléments, dans la mesure où ils rendaient à Dieu un culte dans
lequel intervenaient l’observation d’éléments matériels ; (ci-dessus,
IV, 3) : nous étions assujettis aux éléments de ce monde. Mais les
chrétiens servent Dieu sous Jésus-Christ, c’est-à-dire dans la foi en
Jésus-Christ. Or lorsqu’on arrive au terme, après avoir franchi la distance
intermédiaire, si l’on veut revenir à celle-ci, il semble que ce soit la même
chose que si l’on voulait retourner au commencement. Voilà pourquoi l’Apôtre,
parce que les Galates étaient déjà parvenus au terme, c’est-à-dire à la foi en
Jésus et qu’ensuite ils rétrogradèrent au degré intermédiaire, c’est-à-dire
au culte judaïque, voyant en eux comme une certaine disposition à se
rapprocher du moyen terme et par là du point de départ, l’Apôtre, dis-je, dit
qu’ils se sont tournés vers les éléments, et qu’ils veulent de nouveau s’y
assujettir. Qu’il en soit ainsi, Saint Paul le prouve lorsqu’il dit (verset
10) : vous observez les jours, suivant le rite judaïque, à savoir
le sabbat, le dixième jour du premier mois et d’autres semblables, qui sont
désignés dans la Glose. les mois, c’est-à-dire les
Néoménies, comme le premier et le septième mois, ainsi qu’il est prescrit au
ch. XXIII, 5 du Lévitique, et les temps, à savoir celui de la sortie
d’Egypte, et celui où par trois fois chaque année, ils se rendaient à
Jérusalem; encore les années du jubilé, et la septième année appelée
de la liberté. Or de ces pratiques, il s’ensuit un danger, c’est qu’elles ont pour
conséquences de rendre inutile la foi de Jésus-Christ. Aussi l’Apôtre dit
(verset 11) : J’appréhende pour vous que ce ne soit en vain,
c’est-à-dire inutilement, que j’aie travaillé parmi vous ; (ci-après, 2) : Si vous vous faites circoncire,
Jésus-Christ ne vous servira de rien. III. Lorsque Saint Paul ajoute (verset 12) :
Soyez comme moi, il les ramène à l’état du salut, comme s’il disait : Je crains, comme je l’ai dit, d’avoir travaillé parmi vous inutilement,
et pour qu’il n’en soit pas ainsi, soyez comme moi. Ce passage, dans
la Glose, est expliqué de trois manières. Soyez comme moi,
c’est-à-dire abandonnez la Loi, comme je l’ai abandonnée. En second lieu : soyez
comme moi, c’est-à-dire corrigez-vous de vos anciennes erreurs, comme
j’ai réformé les miennes. Et vous le pouvez, car moi, suppléez « je
suis », comme vous; cependant
je me suis corrigé de ces erreurs. Troisièmement : soyez comme moi,
c’est-à-dire vivez dans l’indépendance à l’égard de la Loi, car moi,
suppléez « qui étais assujetti à la Loi , et qui suis né sous son
joug », maintenant je suis comme vous, c’est-à-dire « comme
vous avez été », à savoir dans l’indépendance à l’égard de la Loi. |
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Lectio 5 |
Leçon 5 : Galates IV, 12-18 ─ La réprimande vient de l’amour
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SOMMAIRE : Si l’Apôtre reprend les
Galates, ce n’est pas l’effet d’aucun ressentiment; il n’en avait aucun motif
à leur égard; au contraire il en avait beaucoup pour les aimer. |
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[12] estote sicut et ego quia et ego sicut vos fratres obsecro
vos nihil me laesistis [13] scitis autem quia per infirmitatem carnis
evangelizavi vobis iam pridem [14] et temptationem vestram in carne mea non sprevistis
neque respuistis sed sicut angelum Dei excepistis me sicut Christum Iesum [15] ubi est ergo beatitudo vestra testimonium enim
perhibeo vobis quia si fieri posset oculos vestros eruissetis et dedissetis
mihi [16] ergo inimicus vobis factus sum verum dicens vobis [17] aemulantur vos non bene sed excludere vos volunt ut illos
aemulemini [18] bonum autem aemulamini in bono semper et non tantum cum
praesens sum apud vos [87769] Super Gal., cap. 4 l. 5 Postquam reprehendit apostolus Galatas, hic
ostendit se hoc non ex odio fecisse. Et primo ostendit se non habere veram
causam odii ad eos ullam; secundo quod nec habet causam aestimatam, ibi ergo
inimicus factus sum vobis, etc.; tertio assignat causam praemissae
reprehensionis, ibi filioli mei, et cetera. Circa primum duo facit.
Primo ostendit, quod non habet causam odii ad eos; secundo quod magis habet
causam amoris, ibi scitis autem quod per infirmitatem, et cetera. Circa
primum notandum est, quod consuetudo est boni pastoris in correctione
subditorum asperis dulcia miscere, ne scilicet ex nimia severitate
frangantur. Lc. X, 34 legitur de Samaritano, quod in curatione sauciati
infudit vinum et oleum. E contra, de malis pastoribus
dicitur Ez. XXXIV, 4 : cum austeritate imperabatis eis. Et ideo
apostolus sicut bonus praelatus ostendit, quod non ex odio increpat eos,
blande loquendo eis quantum ad tria. Primo quantum ad charitatis
nomen. Unde dicit fratres,
Ps. CXXXII, 1 : ecce quam bonum et quam iucundum habitare fratres in unum.
Secundo quantum ad modestiae verbum. Unde dicit obsecro
vos, Prov. XVIII, 23 : cum obsecrationibus loquitur pauper. Tertio
quantum ad excusationem. Unde dicit nihil me laesistis, et ego non sum
talis, quod habeam odio illos, qui me non offendunt. Secundo ostendit se ad eos
habere causam amoris, cum dicit scitis autem, quod per infirmitatem,
et cetera. Ubi tria ponit ex quibus homines se diligere consueverunt. Primum est
mutuum societatis auxilium, et ex hoc etiam amor in hominibus confirmatur,
secundum illud Lc. XXII, v. 28 : vos estis, qui permansistis mecum, et
cetera. Et quantum ad hoc dicit scitis autem, etc., ubi primo
commemorat tribulationem quam passus est apud eos; secundo ostendit quomodo
ei astiterunt et tentationem vestram, et cetera. Dicit ergo quantum ad primum :
dico quod nihil me laesistis, imo servivistis mihi. Scitis enim, id
est recordari poteritis, quod evangelizavi vobis iampridem, id est
transacto tempore, per infirmitatem carnis, id est cum infirmitate et
afflictione carnis meae, vel cum multis tribulationibus quas patiebar a
Iudaeis (qui sunt de carne mea) me persequentibus. I Cor. II, 3 : cum
timore et tremore multo fui apud vos. II Cor. XII, 9 : virtus in
infirmitate perficitur. Et licet haec infirmitas fuerit
causa spernendi me, et tentationis vestrae, secundum illud Zach. XIII, 7 : percute
pastorem, et dispergentur oves, etc., vos tamen tentationem vestram,
quae erat in carne mea, id est tribulationem meam, quae erat vobis
causa tentationis, non sprevistis. Eccli. XI, 2 : non spernas hominem in visu suo.
Quia, ut dicit dominus Lc. X, 2 : qui vos spernit, me spernit, et
cetera. Neque respuistis doctrinam meam et me, quin velletis esse
socii tribulationum. Is. XXXIII, 1 : vae qui spernis, nonne et ipse
sperneris, et cetera. Secundum
autem, quod confirmat inter homines dilectionem, est mutuus amor et mutua
dilectio ad invicem, secundum illud Prov. VIII, 17 : ego diligentes me
diligo, et cetera. Et quantum ad hoc dicit sed sicut Angelum Dei
excepistis me, id est ita honorifice sicut nuntium verba Dei nuntiantem.
I Thess. II, v. 13 : cum accepissetis a nobis verbum auditus Dei, et
cetera. Et inde est, quod praedicatores dicuntur Angeli. Mal. II, 7 : legem
requirent ex ore eius, et cetera. Et non solum sicut Angelum recepistis,
sed sicut Iesum Christum, id est ac si Christus ipse venisset, qui
Christus profecto in ipso ad eos venerat, et in eo loquebatur, secundum illud
II Cor. ult. : an experimentum quaeritis eius, qui in me loquitur Christi?
Matth. X, 40 : qui vos recipit, me recipit, et cetera. Deinde
increpat eos, quod sic deteriorati erant. Unde dicit ubi est ergo
beatitudo vestra? Quasi dicat : nonne ex hoc homines beatificabant vos,
quod me honorastis, et praedicationem meam recepistis? Iob IV, v. 6 : ubi
est timor tuus, et fortitudo tua, patientia tua, et perfectio viarum tuarum?
Tertium, quod amorem confirmat est mutua
beneficentia. Et quantum ad hoc
dicit testimonium perhibeo, quod si fieri posset, id est iuste fieri
potuisset illud enim fieri potest, quod iuste fit vel ad utilitatem Ecclesiae
fuisset, oculos eruissetis et dedissetis mihi, quasi dicat : ita me
diligebatis, quod non solum mihi vestra exteriora, sed etiam oculos vestros
dedissetis mihi. Consequenter cum dicit ergo
inimicus factus sum vobis, etc., ponit causam aestimati odii, et primo
unam ex parte apostoli; secundo aliam ex parte pseudo, ibi aemulantur vos,
et cetera. Dicit ergo : ex quo mihi tot
bona fecistis, estne credendum, quod factus sim inimicus vobis,
verum dicens vobis? Verbum autem hoc, quod dicit inimicus, dupliciter
potest intelligi. Uno scilicet modo, quod ipse habeat eos odio, et isto modo
legitur sic tunc : factus sum inimicus, id est habeo vos odio. Et sic
hoc quod sequitur verum dicens vobis, potest aestimari ut signum odii,
quod tamen est signum dilectionis, scilicet dicere verum, suo tamen loco et
tempore. Alio modo potest intelligi inimicus passive, scilicet quod
ipse habeatur odio ab eis. Et tunc sic legitur : ego factus sum inimicus
vobis, id est habetis me odio; et hoc ideo, quia dico vobis verum, ut sic
dicens verum vobis ponatur, ut sit causa odii. Nam homines veritatem
dicentes, a malis odio habentur. Veritas enim odium parit. Amos c. V, 10 : odio
habuerunt in porta corripientem, et cetera. Sed contra
est quod dicitur Prov. c. XXVIII, 23 : qui corripit hominem, gratiam
postea inveniet apud eum magis quam qui per linguae blandimenta decipit. Sed
dicendum est, quod solutio haec potest haberi ex hoc quod dicitur Prov. IX, 8
: noli arguere derisorem, ne oderit te; argue sapientem, et diliget te.
Bonitatis enim signum est, si iste qui corripitur corripientem diligit, et, e
converso, si eum oderit, signum est malitiae. Cum enim homo naturaliter odiat
illud quod contrariatur ei quod diligit, si tu odis eum qui corrigit te de
malo, manifestum est quod malum diligis. Si vero diligis eum, ostendis te
odire peccata. Quia enim homines a principio cum corripiuntur, per amorem ad
peccata afficiuntur : inde est, quod in principio peccator corripientem odit,
sed postquam iam correctus est et affectum peccati deposuit, corripientem
diligit. Et ideo signanter in proposita auctoritate dicitur, quod postea
inveniet gratiam apud eum. Consequenter
cum dicit aemulantur vos, etc., ponit aliam causam aestimatam, ex
parte scilicet pseudo. Et primo ponit eam; secundo excludit eam, ibi bonum
autem aemulamini, et cetera. Quantum
autem ad primum, sciendum est quod, sicut dictum est supra, quidam pseudo ex
Iudaeis conversi, circumeuntes Ecclesias gentium, praedicabant servari
legalia. Et quia Paulus contrarium dicebat, ideo isti detrahebant ei. Et hoc
magis faciebant ut excluderent Paulum, quam pro salute eorum. Et ideo dicit aemulantur
vos, id est non patiuntur in vobis (quos diligunt potius amore
concupiscentiae, quam amicitiae) consortium nostrum. Aemulatio enim est zelus
ex amore quocumque proveniens, non patiens consortium in amato. Sed quia amor
eorum ad istos non erat bonus, tum quia non amabant eos propter utilitatem
ipsorum, sed propter commodum proprium : et hoc patet quia volebant excludere
apostolum ab eis, utpote propriae utilitati contrarium, tum quia hoc cedebat
in damnum Galatarum, quia quaerebant in eis lucrum, per quod ipsi
damnificabantur, ideo dicit aemulantur vos, sed non bene, quia
non amant bonum vestrum. Et hoc apparet, quia volunt vos excludere, ut
aemulemini illos, id est, ut nullum recipiatis nisi eos. Prov. III, 31 : ne
aemuleris hominem iniustum, et cetera. Et Prov. XXXI : non aemuletur
cor tuum peccatores. Hoc autem
excludit consequenter cum dicit bonum autem aemulamini, etc., quasi
dicat : non debetis eos aemulari in doctrina eorum, sed aemulamini bonum
doctorem, me scilicet et huiusmodi. I Petr. III, v. 13 : quis est, qui
vobis noceat, si boni aemulatores fueritis? Sed quia aliquis potest esse
bonus doctor, in quo potest esse aliquid mali, ideo addit : aemulamini bonum
doctorem, sed dico tamen, in bono, id est in eo quod bonum est. I Cor.
XIV, 1 : sectamini charitatem, aemulamini spiritualia. Licet autem
apostolus de se loquatur, secundum Glossam, cum dicit aemulamini bonum,
addit tamen in bono, quia, sicut ipse dicit I Cor. IV, 4 : nihil mihi conscius sum, sed non
in hoc iustificatus sum. Sed quia aliqui aemulantur doctorem bonum in sua
praesentia solum, ideo addit semper, et non tantum cum praesens sum apud
vos; quia aemulatio in bonum est signum quod ex amore et timore Dei, qui
omnia videt, procedat, si etiam in absentia doctoris perseverat. Col. III, 22 : servi, obedite per omnia
dominis vestris, et cetera. |
12. Vous ne m’avez jamais offensé en
aucune chose. 13. Vous savez que je vous ai autrefois
annoncé l’Evangile parmi les persécutions et les afflictions de la chair, 14. Et que vous ne m’avez pas
méprisé, ni rejeté à cause de ces épreuves que je souffrais dans ma chair;
mais vous m’avez reçu comme un Ange de Dieu, comme le Christ Jésus lui-même. 15. Où est donc votre bonheur ? Car
je puis vous rendre ce témoignage, que vous étiez prêts alors, s’il eût été
possible, à vous arracher les yeux pour me les donner. 16. Suis-je donc devenu votre
ennemi, parce que je vous ai dit la vérité ? 17. Ils s’attachent à vous
fortement, non par le mouvement d’une bonne affection, mais parce qu’ils
veulent vous séparer de nous, afin que vous vous attachiez fortement à eux. 18. Au reste, il est bon de
s’attacher au bien en tout temps, et non pas seulement quand je suis parmi
vous. Après avoir réprimandé les Galates, l’Apôtre établit ici qu’il ne l’a pas
fait par ressen-timent. I° Il témoigne qu’il n’en avait à leur égard
aucun motif fondé; II° qu’il n’a pas surtout celui qu’on suppose
(verset 16) : Suis-je donc devenu votre ennemi, etc. ; III° il assigne la cause de la
réprimande qu’il a faite (verset 19) : Mes petits enfants, etc. I° Sur le premier de ces points, Saint
Paul montre d’abord qu’il n’a, à l’égard des Galates, aucun motif de
ressentiment; en second
lieu, qu’il a bien plutôt des motifs de les aimer, (verset 15) : Vous
savez que c’est au milieu des tribulations, etc. I. Il faut remarquer sur cette première
subdivision, que c’est une disposition ordinaire, chez un bon Pasteur, de
mêler, dans la correction de ceux qu’il conduit, la douceur à ce qui est
amer, de peur qu’une excessive sévérité ne vienne à les briser. C’est ainsi
qu’en saint Luc (X, 34), on lit du Samaritain, que pour panser les plaies du
blessé, il versa de l’huile et du vin. Il est dit au contraire des mauvais
pasteurs (Ezéch., XXXIV, 4) : « Vous vous contentiez de les dominer
avec une rigueur sévère. » Voilà pourquoi l’Apôtre, comme un bon maître,
manifeste que s’il les reprend, ce n’est pas par un sentiment d’aversion, et
la douceur avec laquelle il leur parle se reconnaît : 1° par le nom tout de charité qu’il leur
donne (verset 12) : Mes frères !;
(Ps., CXXXII, 1) : « Ah ! que c’est une douce et agréable chose, que
les frères soient unis ensemble ! » 2° Par une manière de parler pleine de
modestie (verset 12) : Je vous supplie ; (Prov., XVIII, 23) : « Le pauvre ne parle qu’avec
des supplications. » 3° Par ses excuses même (verset 12) : Vous
ne m’avez offensé en quoi que ce soit ; et d’ailleurs je ne suis pas tel que j’aie de l’aversion
pour ceux qui ne m’offensent pas. II. En second lieu, l’Apôtre fait voir
qu’il y a en lui, pour eux, des motifs d’affection, quand il dit (verset 15)
: Vous savez que ce fut par mi les persécutions, etc., comprenant dans
ces paroles trois motifs qui portent d’ordinaire les hommes à se témoigner
mutuellement de l’affection : 1° Le premier, c’est le secours réciproque
d’une vie passée en commun, car c’est par là que l’affection se fortifie
parmi les hommes, suivant cette parole de saint Luc (XXII, 28) : « C’est
vous qui êtes toujours demeurés fermes avec moi, etc. » L’Apôtre ici
rappelle les tribulations qu’il a souffertes parmi les Galates; ensuite il
explique comment ils y ont pris part (verset 15) : et cette tentation, etc. A) Il dit donc, quant à la première partie
: Vous ne m’avez pas offensé en quoi que ce soit, au contraire vous avez été
à mon service ; car vous savez,
c’est-à-dire vous pourrez vous souvenir, que
je vous ai annoncé l’Evangile autrefois, c’est-à-dire dans le temps qui
vient de s’écouler pendant mon
infirmité, c’est-à-dire avec l’infirmité et l’affliction de ma chair. Ou
bien encore, au milieu des tribulations nombreuses, que je souffrais de la
part des Juifs, qui étaient de ma chair et qui me persécutaient ; (I
Corinthiens II, 3) : « j’ai toujours été dans un état de faiblesse,
de crainte » ;
(II Corinth., XII, 9) : « Ma puissance se manifeste davantage dans ma
faiblesse. » B) Or bien que cette faiblesse soit
devenue pour moi une occasion de me mépriser, et pour vous un sujet de
tentation, suivant cette parole (Zachar., XIII, 7) : « Frappez le
pasteur, et les brebis seront dispersées, etc. », cette tentation cependant que vous aviez à supporter, et qui se
trouvait dans ma faiblesse,
c’est-à-dire mes tribulations, sujet pour vous de tentation, n’est pas
devenue pour vous une occasion de me mépriser ; (Ecclésiastique XI, 2) : « Ne
méprisez pas un hommesur son apparence », car comme dit le Seigneur
(Luc, X, 2) : « celui qui vous méprise me méprise, etc. » - et
loin de repousser pour cela ma doctrine
et ma personne même, vous avez voulu vous associer à mes tribulations ;
(Isaïe, XXXIII, 1) : « Malheur à vous qui méprisez les autres, ne
serez-vous pas aussi méprisé, etc. ? » 2° Le second motif qui affermit
l’affection entre les hommes, c’est l’amour mutuel et l’attachement
réciproque, suivant cette parole des Proverbes (VIII, 17) : « J’aime
ceux qui m’aiment, etc. » Quant à ce point l’Apôtre dit (verset 14)
: et vous m’avez reçu comme un ange de Dieu, c’est-à-dire
aussi honorablement que vous auriez reçu un messager qui vous apportait les
paroles de Dieu ; (I Thessal., II, 13) : « Ayant entendu la
parole de Dieu que nous vous prêchions, vous l’avez reçue, etc. »
C’est de là que les prédicateurs sont appelés des anges ; (Malachie, II,
7) : « C’est de sa bouche que l’on recherchera la Loi, etc. »
Et non seulement vous m’avez reçu comme un ange, mais (verset 14) comme
Jésus-Christ même, c’est-à-dire comme si Jésus-Christ était venu lui-même
en personne; et de fait il était venu dans la personne de l’Apôtre, au milieu
des Galates, et parlait par lui, suivant cette parole (II Corinth., XIII, 3)
: « Est-ce que vous voulez faire l’expérience de la puissance de
Jésus-Christ qui parle par ma bouche ? » ; (Matth., X, 40) : « Celui
qui vous reçoit, me reçoit, etc. » L’Apôtre reprend ensuite les
Galates de ce qu’ils sont ainsi devenus mauvais; c’est ce qui lui fait dire
(verset 15) : Où est donc votre bonheur ? En d’autres termes : Est-ce
que l’on ne vous proclamait pas heureux, de ce que vous m’aviez reçu de cette
manière et de ce que vous vous étiez montrés dociles à ma prédication ?;
(Job, IV, 6) : « Où est donc cette crainte ? où est cette force,
cette patience et cette perfection de vos anciennes voies ? » 3° Le troisième motif, qui consolide
l’affection, ce sont les bienfaits réciproques. Sur ce point l’Apôtre dit
(verset 15) : Je puis vous rendre ce témoignage, que s’il avait été
possible, c’est-à-dire si vous aviez pu le faire légitimement; car on
peut regarder comme possible ce qui se fait légitimement, ou ce qui serait à
l’avantage de l’Eglise; vous étiez prêts à vous arracher les yeux, pour me
les donner ; comme
s’il disait : Vous aviez pour moi une telle affection, que vous étiez
disposés à me donner, non pas seulement vos biens extérieurs, mais vos propres
yeux. II° Quand Saint Paul ajoute (verset 16) : Suis-je
donc venu votre ennemi, etc., il exprime le motif qu’on supposait à leur
ressentiment : I. en le prenant du côté de l’Apôtre; II. du côté des faux-apôtres,
(verset 17) : Ils s’attachent à vous, etc. I. Il dit donc : Puisque vous m’avez fait tant
de bien, est-il croyable que je sois devenu
votre ennemi, en vous disant la vérité
? Cette expression dont l’Apôtre se sert ici : votre ennemi peut
s’entendre de deux manières. D’abord en ce sens que l’Apôtre lui-même aurait
de l’aversion pour eux; et alors il faut dire ainsi : Je suis devenu votre
ennemi, c’est-à-dire j’ai de
l’aversion pour vous ! Ce qui suit en vous disant vérité,
s’entendrait comme une marque de haine, quoique ce soit un signe d’affection,
de dire la vérité, en tenant compte des lieux et des temps. On peut encore
entendre ces mots : votre ennemi, dans le sens passif, c’est-à-dire
dans ce sens qu’il soit devenu pour eux un objet de ressentiment. Et alors il
faut lire ainsi : je suis devenu un ennemi pour vous, c’est-à-dire
vous avez de l’aversion pour moi; et le motif en est que je vous dis la
vérité, en sorte que ce qu’il dit : en vous disant la vérité, soit
regardé comme la cause du ressentiment. Car ceux qui disent la vérité
deviennent, pour les méchants, un objet de haine. La vérité en effet excite
la haine ; (Amos, V, 10) : « Ils ont haï celui qui les reprenait
dans les assemblées publiques, etc. » On objecte ce qui est dit (Proverbes XXVIII, 23) : « Celui qui
reprend un homme de ses défauts, trouvera grâce ensuite auprès de lui, plutôt
que celui qui le trompe par des paroles flatteuses. » Il faut répondre que l’on peut trouver la solution de la difficulté dans
ce qui est dit, au même livre (IX, 8) : « Ne reprenez pas le moqueur,
de peur qu’il ne vous haïsse; reprenez le sage, et il vous aimera. »
Car aimer celui qui nous reprend est une marque de bonté, et, à l’inverse, c’est
une marque de méchanceté de le haïr. L’homme étant, en effet, naturellement
porté à haïr ce qui est opposé à l’objet de son affection, si vous haïssez
celui qui vous reprend de quelque méchanceté, il est évident que vous aimez cette
méchanceté. Si au contraire vous aimez celui qui vous reprend, vous montrez
que vous haïssez le mal. C’est qu’au moment de la correction, celui qui est
repris a de l’affection pour le péché; de là la haine qu’il conçoit tout
d’abord pour celui qui le réprimande; mais lorsqu’il est corrigé et qu’il a
déposé l’affection qu’il avait conçue pour le péché, il aime celui qui l’a
repris. Voilà pourquoi il est dit dans le passage proposé : « Il
trouvera grâce ensuite auprès de lui. » II. En ajoutant à la suite (verset 17) : Ils
s’attachent à vous, etc., Saint Paul exprime un autre motif supposé, à
savoir du côté des faux-apôtres. 1° Il indique ce motif; 2° il détruit cette supposition ;
(verset 18) : Au reste, il est bon de s’attacher, etc. 1° Quant à la première partie, il faut se
rappeler qu’ainsi qu’il a été dit plus haut, quelques faux Juifs convertis,
parcouraient les Eglises des Gentils, et enseignaient qu’il fallait garder
les observances légales. Et parce que Saint Paul enseignait le contraire, ces
faux-apôtres l’attaquaient. Ils agissaient ainsi, plutôt pour prévenir les
fidèles contre lui, que dans l’intérêt du salut de ceux auxquels ils
s’adressaient. Voilà pourquoi l’Apôtre dit (verset 17) : Ils s’attachent à
vous, c’est-à-dire : comme ils vous aiment plutôt d’un amour de
convoitise, que d’amitié véritable, ils ne peuvent supporter en vous la
moindre affection pour nous. Car la jalousie est un zèle provenant d’un
amour, quelle que soit son origine, qui ne veut pas souffrir de partage dans
l’objet aimé. Mais parce que ce sentiment qu’ils manifestaient à l’égard des
Galates, n’était pas bon, soit parce qu’ils ne les aimaient pas dans l’intérêt
de leur bien, mais pour l’avantage qui leur en revenait à eux et cette
mauvaise disposition se montrait en ce qu’ils s’efforçaient de rompre l’union
de l’Apôtre avec ces fidèles comme si cette union eût été un dommage pour
eux; soit parce que cette affection tournait au détriment même des Galates,
attendu que les faux cherchaient en eux une occasion de profit, et par là
même leur causaient un dommage, Saint Paul dit (verset 17) : Ils
s’attachent fortement à vous, mais
ce n’est pas pour le bien, puisque ce n’est pas votre avantage
qu’ils aiment. Et ceci se voit clairement, puisqu’ils veulent vous exclure, en sorte que vous ne vous attachiez qu’à
eux, c’est-à-dire que vous ne receviez qui que ce soit, eux exceptés ;
(Prov., III, 31) : « Ne portez pas envie à l’injuste, etc.. « ; et (Prov., XXIII, 17) : « Que
votre coeur ne porte pas d’envie au pécheur. » 2° Quand Saint Paul ajoute (verset 18) : Au
reste, il est bon de s’attacher, etc., il déduit la supposition; comme
s’il disait : vous ne devez pas vous attacher à eux en raison de leur
doctrine, mais il est bon de s’attacher à un maître, quand il est bon, à moi,
par exemple, ou à ceux qui sont comme moi ; (I Pierre, III, 13) : « Et
qui sera capable de vous nuire, si vous ne pensez qu’à faire le bien ? »
Mais parce que dans un maître, par ailleurs bon, il peut y avoir encore
quelque chose de répréhensible, Saint Paul ajoute pour cette raison (verset
18) : Au reste il est bon de
s’attacher à un maître, mais à un bon maître ;
toutefois, je le répète, dans le bien, c’est-à-dire à ce qui en lui
est bien ; (I Corinth., XIV, 1) : « Recherchez avec ardeur la
charité; désirez les dons spirituels. » Et bien que l’Apôtre parle
de lui même, comme l’observe la Glose, quand il dit : Il est bon de s’attacher
au bien, il ajoute cependant : en ce qui est bien, parce que,
comme il le dit lui-même (I Corinth., IV, 4) : « Encore que ma
conscience ne me reproche rien, je ne suis pas pour cela justifié. »
Toutefois parce qu’il en est aussi qui s’attachent au bon maître, mais en sa
présence seulement; l’Apôtre ajoute pour ce motif : Toujours, et non pas
seulement quand je suis au milieu de vous, parce que l’attachement au
bien porte la marque qu’il procède de l’amour et de la crainte de Dieu qui
voit tout, quand il persévère même en l’absence du maître ; (Coloss.,
III, 2
: « Serviteurs, obéissez eu tout à ceux qui sont vos maîtres. » |
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Lectio 6 |
Leçon 6 : Galates IV, 19-20 ─ Tendresse de Paul pour les Galates
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SOMMAIRE : La douleur que l’Apôtre a
ressentie de leur imperfection a été le motif de sa réprimande. Cette douleur
provenait de son excessive tendresse pour eux. |
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[19] filioli mei quos iterum parturio donec formetur Christus
in vobis [20] vellem autem esse apud vos modo et mutare vocem meam
quoniam confundor in vobis [87770] Super Gal., cap. 4 l. 6 Supra apostolus removit falsam causam
correctionis Galatarum, hic consequenter apostolus dictae correctionis
assignat causam veram, quae est dolor de eorum imperfectione. Et ideo primo
dolorem cordis ex quo loquebatur, exprimit; secundo ponit desiderium de
manifestatione huius doloris, ibi vellem autem, etc.; tertio ponit
causam doloris, ibi quoniam confundor, et cetera. Dolor
autem iste ex charitate procedebat, quia dolebat de peccatis eorum. Ps.
CXVIII, 158 : vidi praevaricantes, et tabescebam, et cetera. Et ideo
verbum charitatis proponit dicens filioli mei. Signanter autem non eos
filios vocat, sed filiolos, ut designet eorum imperfectionem, qua diminuti
sunt. I Cor. III, 1 : tamquam parvulis in Christo, et cetera. Sed notandum
est, quod puer dum est in parturitione, dicitur filiolus. Et isti tales
erant, quia indigebant iterata parturitione, cum tamen parentes carnales
semel tantum parturiant filios. Et ideo dicit eis quos iterum parturio.
Nam semel eos parturierat in prima conversione, sed quia iam aversi erant ab
eo, qui eos vocavit in aliud Evangelium, indigebant quod iterato parturiret
eos. Ideo dicit parturio, id est cum labore et dolore ad lucem fidei
reduco. In quo
apparet dolor apostoli. Unde conversio hominis, partus dicitur. Iob XXXIX, 3
: incurvantur ad foetum et pariunt. Apoc. XII, 2 : clamabat
parturiens, et cruciabatur ut pariat. Et inde est quod apostolus ex
dolore dure eos corrigit, sicut mulier ex dolore partus dure clamat. Is.
XLII, v. 14 : quasi parturiens loquar, et cetera. Et ratio iteratae
parturitionis est, quia non estis perfecte formati. Unde dicit donec
Christus formetur in vobis, id est recipiatis similitudinem eius, quam
vestro vitio perdidistis. Et non dicit, formemini in Christo sed formetur
Christus in vobis, ut hoc terribilius insonet auribus eorum. Nam Christus
per fidem formatam formatur in corde. Eph. III, 17 : habitare Christum per
fidem, et cetera. Sed quando
quis non habet fidem formatam, iam in eo moritur Christus. II Petr. I, 19 : donec
dies illucescat, et cetera. Et sic secundum hominis profectum in fide,
Christus in homine proficit, et, e converso, secundum defectum deficit.
Quando ergo fides in homine efficitur informis per peccatum, Christus non est
in eo formatus. Et ideo, quia in istis non erat fides formata, indigebant
iterum parturiri, donec Christus in eis formaretur per fidem formatam,
scilicet quae per dilectionem operatur. Vel donec Christus formetur in
vobis, id est, formosus aliis per vos appareat. Posset autem
aliquis dicere : absens tu dicis talia, sed si esses apud nos, haec non
diceres, secundum illud II Cor. X, v. 10 : praesentia quidem corporis
infirma, et sermo contemptibilis, et cetera. Et ideo ponit desiderium
manifestandi dolorem suum asperius, dicens vellem autem esse apud vos modo
et mutare vocem meam, quasi dicat : modo blandis verbis utor, vocans vos
fratres et filios in absentia; sed si essem praesens, asperius corriperem.
Nam si quae per litteras scribo, nunc praesens et ore proferrem, durior esset
correctio, utpote quia magis possem vocem obiurgantis exprimere, et
irascentis resonare clamorem et dolorem pectoris, magis quam per litteras
explicare, et magis cor vestrum viva vox ad confusionem de errore vestro et
mea turbatione moveret. Et causa huius doloris est, quia
confundor in vobis, id est, erubesco apud alios pro vobis. Nam, sicut Eccli. XXII, 3 dicitur confusio
est patris de filio indisciplinato. Nam, cum filius sit res patris, et
discipulus, inquantum huiusmodi, res magistri, magister gaudet de bono quod
videt in eo relucere, quasi de bono proprio, et gloriatur, et, e converso, de
malo dolet et confunditur. Unde quia isti mutati erant de bono in malum,
apostolus confundebatur inde. |
19. Mes petits enfants, pour qui je
sens de nouveau les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que le Christ soit
formé en vous, 20. Je voudrais maintenant être avec
vous pour diversifier mes paroles; car je suis en peine comment je dois vous
parler. L’Apôtre a rejeté plus haut le motif supposé des réprimandes faites aux
Galates, il indique ici la cause véritable de leur correction, cause qui
n’est autre que la douleur causée par leur imperfection. Il exprime donc I°
cette douleur qu’il ressentait au coeur, et qui le faisait parler; II°
le désir de les convaincre de cette douleur (verset 20) : Je voudrais
maintenant, etc. ; III°
il en dit le motif (verset 20) : car je suis en peine, etc. I° Or cette douleur de l’Apôtre
procédait de sa charité, parce qu’il s’affligeait de leurs péchés ; (Ps., CXVIII, 158) : « J’ai
vu les prévaricateurs, et je séchais de douleur, etc. » Aussi leur
donne-t-il un nom plein de charité, en leur disant (verset 19) : Mes
petits enfants. C’est à dessein qu’il ne les appelle pas seulement ses
enfants, mais ses petits enfants, afin de désigner leur imperfection qui les
a fait déchoir ; (I Corinth, III, 1) : « comme à de petits
enfants en Jésus-Christ, etc. » Il faut ici remarquer que c’est
pendant le temps de l’enfantement que l’enfant prend le nom de « petit
enfant ». Or les Galates étaient tels, parce qu’ils avaient besoin
eux-mêmes d’un second enfantement, tandis que les parents selon la chair ne
mettent au monde qu’une fois leurs enfants. C’est ce qui fait que l’Apôtre
leur dit (verset 19) : pour qui je ressens de nouveau les douleurs de l’enfantement,
car il les avait enfantés d’abord dans leur première conversion, mais parce
qu’ils s’étaient déjà détournés de celui qui les avait appelés, pour suivre
un autre Evangile, il était nécessaire qu’il les enfantât de nouveau. Voilà
pourquoi il dit (verset 19) : que j’enfante, c’est-à-dire que je
ramène, avec travail et douleur, à la lumière de la foi. Or c’est dans cet
enfantement que se manifeste la douleur de l’Apôtre; c’est de là aussi que la
conversion des pécheurs est appelée un enfantement ; (Job., XXXIX, 3) : « [Les
chèvres sauvages] se courbent pour faire sortir leur faon; et elles le
mettent au jour. » ;
(Apoc., XII, 2) : « Elle criait comme étant en travail, et ressentant
les douleurs de l’enfantement. » Aussi et à cause de sa douleur, l’Apôtre
les corrige avec sévérité, semblable à la femme à qui les douleurs de
l’enfantement font pousser des cris déchirants ; (Isaïe, XLII, 14) : « Je
me ferai entendre comme la femme qui enfante. » Et la raison de ce
nouvel enfantement, c’est que vous n’êtes pas encore parfaitement formés.
C’est pourquoi il dit (verset 19) : jusqu’à ce que Jésus-Christ soit formé en
vous, c’est-à-dire jusqu’à ce que vous ayez reçu la ressemblance
de celui que vous avez perdu par votre infidélité. L’Apôtre ne dit pas : « jusqu’à
ce que vous soyez formés en Jésus-Christ », mais jusqu’à ce que
Jésus-Christ soit formé en vous, afin que ce qu’il dit résonne à leurs
oreilles d’une manière plus terrible. Car Jésus-Christ est formé dans les
coeurs par la foi rendue vivante par la charité ; (Ephés., III, 17) : « Qu’il
fasse que Jésus-Christ habite par la foi dans vos cœurs, etc.. »
Mais lorsque quelqu’un n’a plus cette foi formée, Jésus-Christ meurt en
lui ; (II Pierre, I, 19) : « jusqu’à ce que le jour commence à
éclairer, etc. » Ainsi donc, en raison du progrès de l’homme dans la
foi, Jésus-Christ croît dans le cœur et, à l’inverse, il y décroît à
proportion que cette foi s’affaiblit. Quand donc la foi, par suite du péché
mortel, n’est plus formée dans l’homme, Jésus-Christ n’est plus formé en lui.
Ainsi, la foi n’étant pas formée dans les Galates, il était nécessaire qu’ils
soient enfantés de nouveau, jusqu’à
ce que Jésus-Christ fût formé en eux par la foi formée qui opère par
la charité. Ou encore : jusqu’à ce que Jésus-Christ soit formé en vous, »
c’est-à-dire que par vous apparaisse
aux autres, revêtu de ses formes divines. II° Mais comme on pouvait dire : vous
nous parlez ainsi, parce que vous êtes absent, si vous étiez au milieu de nous, vous ne nous
tiendriez pas ce 1angage, suivant ce qui est dit (2 Corinth., X, 10) : « Lorsqu’il
est présent, il paraît humble en sa personne, et méprisable en son discours, etc. »,
l’Apôtre manifeste son désir de faire éclater sa douleur avec plus d’amertume
encore, en disant (verset 20) : Je voudrais maintenant être avec vous,
pour parler autrement ; en d’autres termes, je me sers en ce moment de
paroles pleines de douceur, vous appelant du nom de frères, et de fils,
pendant que je suis absent ; mais si j’étais au milieu de vous, je vous
reprendrais avec plus de sévérité. Car si ce que je vous écris par lettres,
je l’exprimerais en paroles, actuellement et présent au milieu de vous, la
correction serait plus dure, parce que je pourrais mieux prendre le ton du
reproche, faire retentir les clameurs de mon ressentiment et la douleur de
mon coeur, mieux qu’il ne m’est possible de l’expliquer par lettres; votre
coeur aussi, serait plus ému, à votre confusion, de la vivacité de mes
paroles et du trouble qui m’agite. La cause de cette douleur, c’est que je
suis couvert de confusion à cause de vous, c’est-à-dire je rougis devant
les autres pour vous. Car, ainsi qu’il est dit (Ecclésiastique XXII, 3) : « Le
fils mal instruit est la honte de son père. » En effet, le fils
étant le bien de son père, et le disciple, en tant que tel, le bien de son
maître, celui-ci se réjouit des bonnes qualités qu’il voit briller dans ce
disciple, comme d’une chose qui lui est propre, et il s’en glorifie. Au
contraire, il s’afflige du mal qui est dans son disciple, et en éprouve de la
confusion. Les Galates, étant donc passés du bien au mal, étaient devenus
pour l’Apôtre un sujet de confusion. |
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Lectio
7 |
Leçon 7 : Galates IV, 21-24 ─ Isaac (libre), Ismaël (serviteur) :
Les 4 sens de l’Ecriture
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SOMMAIRE : L’Apôtre, par une similitude
prise d’Isaac et d’Ismaël, montre la fin des observances légales et la
dignité de la grâce. |
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[21] dicite mihi qui sub lege vultis esse legem non legistis [22] scriptum est enim quoniam Abraham duos filios habuit unum
de ancilla et unum de libera [23] sed qui de ancilla secundum carnem natus est qui autem de
libera per repromissionem [24] quae
sunt per allegoriam dicta haec enim sunt… [87771] Super Gal., cap. 4 l. 7 Supra apostolus probavit dignitatem gratiae
per consuetudinem humanam hic autem probat eam auctoritate Scripturae. Et primo proponit factum; secundo exponit
mysterium, ibi quae sunt per allegoriam dicta, etc.; tertio concludit
propositum, ibi itaque, fratres mei, non sumus, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo excitat ad attentionem; secundo proponit suam
intentionem, ibi scriptum est enim, et cetera. Dicit ergo dicite
mihi, etc., quasi dicat : si vos estis sapientes, attendite ad ea quae
obiicio, et si non potestis contradicere, cedatis. Iob VI, 29 : respondete, obsecro, absque
contentione, et cetera. Facio vobis autem hanc obiectionem : aut legistis
legem, aut non legistis. Sed si legistis, scire debetis ea quae in ea scripta
sunt : sed ipsa probat se dimittendam; si autem non legistis, non debetis
recipere quod nescitis. Prov.
IV, 25 : palpebrae tuae praecedant gressus tuos. Dicit autem sub
lege, id est sub onere legis. Consequenter
cum dicit scriptum est enim, etc., proponit suam intentionem, dicens :
ideo quaero an legistis legem, quia in ipsa continentur quaedam, quae
manifeste dicunt legem non esse tenendam. Et specialiter apostolus facit
mentionem de duobus filiis Abrahae. Et primo ponit unum in quo conveniunt;
secundo duo in quibus differunt. Conveniunt
quidem in uno patre. Unde dicit scriptum est, quoniam Abraham duos filios
habuit. Habuit etiam alios quam istos duos filios, quia post mortem Sarae
alios genuit de Caethura, ut dicitur Gen. XXV, 2; de quibus mentionem non
fecit apostolus, quia non pertinent ad hanc significationem. Possunt tamen
per istos duos, scilicet filium ancillae et filium liberae, duo populi
scilicet, Iudaeorum et gentium, designari; per alios vero filios Caethurae,
schismatici et haeretici. Qui quidem duo populi conveniunt in uno patre; quia
Iudaei sunt filii Abraham secundum carnem, gentiles vero secundum imitationem
fidei. Vel sunt filii Abrahae, id est Dei, qui est pater omnium. Mal. II, 10 : nonne Deus pater omnium,
etc., Rom. III, v. 29 : an Iudaeorum tantum? Differunt
autem in duobus, scilicet in conditione matris, quia unus est de ancilla, ut
dicitur Gen. XXI, 10. Nec
tamen peccavit Abraham ad eam accedens, quia accessit ad eam coniugis affectu
et ordinatione divina. Alius
autem est de libera, scilicet Isaac, quem genuit ei Sara uxor sua. Gen. c.
XVIII, 10 : veniam ad te tempore isto, vita comite, et Sara uxor tua,
et cetera. Item differunt in modo generationis, quia qui de ancilla,
scilicet Ismael, secundum carnem natus est; qui autem de libera,
scilicet Isaac, per repromissionem. Sed vitandus est hic duplex falsus
intellectus. Unus, ne intelligatur per hoc, quod dicit secundum carnem
natus est, ut accipiatur hic caro pro actu peccati, secundum illud Rom.
VIII, 13 : si secundum carnem vixeritis, moriemini, etc.; II Cor. X, 3
: in carne ambulantes non secundum carnem militamus; quasi Abraham
peccante natus sit Ismael. Alius
intellectus, ut per hoc, quod dicitur per repromissionem, credatur
Isaac non secundum carnem natus, id est, secundum carnalem commixtionem, sed
per spiritum sanctum. Est ergo
dicendum, quod secundum carnem, id est secundum naturam carnis natus est
Ismael. Nam naturale est in hominibus, quod ex muliere iuvencula foecunda,
sicut erat Agar, et sene, nascatur filius. Et quod per repromissionem, id est
supra naturam carnis, natus est Isaac. Non enim ad hoc se extendit natura
carnis, ut ex viro seni et vetula sterili, sicut fuit Sara, filius nascatur.
Per Ismael significatur populus Iudaeorum, qui secundum carnem natus est; per
Isaac vero intelligitur populus gentium, qui natus secundum repromissionem, qua
promissum est Abrahae, quod esset futurus pater multarum gentium. Gen. XXII, 18 : in semine tuo
benedicentur, et cetera. Mysterium autem exponit, cum dicit quae sunt
per allegoriam dicta. Et primo ponit
modum mysterii; secundo exemplificat, ibi haec enim duo sunt testamenta,
et cetera. Dicit ergo : haec quae sunt scripta de duobus filiis, etc., sunt
per allegoriam dicta, id est per alium intellectum. Allegoria enim est tropus seu modus loquendi, quo
aliquid dicitur et aliud intelligitur. Unde allegoria dicitur ab allos, quod
est alienum, et goge, ductio, quasi in alienum intellectum ducens. Sed
attendendum est, quod allegoria sumitur aliquando pro quolibet mystico
intellectu, aliquando pro uno tantum ex quatuor qui sunt historicus,
allegoricus, mysticus et anagogicus, qui sunt quatuor sensus sacrae
Scripturae, et tamen differunt quantum ad significationem. Est enim duplex
significatio. Una est per voces; alia est per res quas voces significant. Et
hoc specialiter est in sacra Scriptura et non in aliis; cum enim eius auctor
sit Deus, in cuius potestate est, quod non solum voces ad designandum
accommodet (quod etiam homo facere potest), sed etiam res ipsas. Et ideo in
aliis scientiis ab hominibus traditis, quae non possunt accommodari ad
significandum nisi tantum verba, voces solum significant. Sed hoc est
proprium in ista scientia, ut voces et ipsae res significatae per eas aliquid
significent, et ideo haec scientia potest habere plures sensus. Nam illa
significatio qua voces significant aliquid, pertinet ad sensum litteralem seu
historicum; illa vero significatio qua res significatae per voces iterum res
alias significant, pertinet ad sensum mysticum. Per
litteralem autem sensum potest aliquid significari dupliciter, scilicet
secundum proprietatem locutionis, sicut cum dico homo ridet; vel secundum
similitudinem seu metaphoram, sicut cum dico pratum ridet. Et utroque modo
utimur in sacra Scriptura, sicut cum dicimus, quantum ad primum, quod Iesus
ascendit, et cum dicimus quod sedet a dextris Dei, quantum ad secundum. Et
ideo sub sensu litterali includitur parabolicus seu metaphoricus. Mysticus
autem sensus seu spiritualis dividitur in tres. Primo namque, sicut dicit
apostolus, lex vetus est figura novae legis. Et ideo secundum quod ea quae
sunt veteris legis, significant ea quae sunt novae, est sensus allegoricus. Item,
secundum Dionysium in libro de caelesti hierarchia, nova lex est figura
futurae gloriae. Et ideo secundum quod ea quae sunt in nova lege et in
Christo, significant ea quae sunt in patria, est sensus anagogicus. Item, in nova lege ea quae in capite sunt gesta,
sunt exempla eorum quae nos facere debemus, quia quaecumque scripta sunt,
ad nostram doctrinam scripta sunt; et ideo secundum quod ea quae in nova
lege facta sunt in Christo et in his quae Christum significant, sunt signa
eorum quae nos facere debemus : est sensus moralis. Et omnium horum patet
exemplum. Per hoc enim quod dico fiat lux, ad litteram, de luce
corporali, pertinet ad sensum litteralem. Si intelligatur fiat lux id
est nascatur Christus in Ecclesia, pertinet ad sensum allegoricum. Si vero
dicatur fiat lux id est ut per Christum introducamur ad gloriam,
pertinet ad sensum anagogicum. Si autem
dicatur fiat lux id est per Christum illuminemur in intellectu et
inflammemur in affectu, pertinet ad sensum moralem. |
21. Dites-moi, je vous prie, vous
qui voulez être sous la Loi, n’avez-vous pas lu la Loi? 22. Car il est écrit qu’Abraham eut
deux fils : l’un de la servante et l’autre de la femme libre. 23. Mais celui qui naquit de la
servante, naquit selon la chair; et celui qui naquit de la femme libre,
naquit en vertu de la promesse. 24. Tout cela est une allégorie… Dans ce que nous avons vu, Saint Paul a établi la dignité de la grâce,
par les coutumes humaines, il l’établit ici par l’autorité de l’Ecriture. I° Il
énonce un fait; II° il expose un mystère (verset 24) : Tout
ceci est une allégorie, etc. ;
III°
il déduit en conclusion sa proposition (verset 1) : « Pour nous, mes
frères, nous ne sommes pas, etc. I° Sur le premier de ces points,
l’Apôtre I. provoque l’attention; II. Il expose ce qu’il veut dire (verset 22) : Car
il est écrit, etc. I. Il dit donc (verset 24) : Dites moi,
je vous prie, etc., en d’autres termes : si vous vous piquez de sagesse,
faites attention à ce que j’objecte et si vous ne pouvez le contredire,
cessez ; (Job, VI, 29) : « Répondez-moi, je vous prie, sans
contention, etc. » Or, je vous fais cette objection : ou vous avez
lu la Loi, ou vous ne l’avez pas lue; si vous l’avez lue, vous devez savoir
ce qui est écrit dans la Loi; or la Loi prouve elle-même qu’on devra la
quitter un jour. Si vous ne l’avez pas lue, vous ne devez pas recevoir ce que
vous ne connaissez pas ; (Proverbes IV, 25) : « Que vos
paupières précèdent vos pas. » L’Apôtre dit : sous la Loi, c’est-à-dire
sous le joug de la Loi, car porter un fardeau léger, ce n’est pas là une
violence, mais supporter un lourd fardeau, comme est le poids de la Loi,
c’est, ce me semble, le signe d’une grande sottise ; (Actes XV, 10) : « Un
joug que ni nos pères, ni nous, n’avons pu porter, etc. » Ceci doit
s’appliquer à ceux qui veulent être sous la Loi charnellement. II. Quand Saint Paul ajoute (verset 22) : Car
il est écrit, etc., il manifeste son intention, en disant : Je vous
demande si vous avez lu la Loi, parce que dans la Loi même se trouvent
certains passages qui disent manifestement que la Loi ne doit pas durer.
L’Apôtre fait spécialement mention ici des deux fils d’Abraham. Et d’abord il
exprime un point sur lequel ils sont d’accord; en second lieu, deux choses en
quoi ils diffèrent. 1° Ils sont d’accord sur le fait qu’ils
ont le même père (verset 22) : Car il est écrit qu’Abraham eut deux fils.
Il eut encore d’autres enfants, outre ceux-ci, puisqu’après la mort de Sara,
il en eut de Céthura (Genèse, XXV, 2). Mais Saint Paul n’en parle pas, parce
qu’ils n’ont aucun rapport avec ce qu’il veut établir. Cependant ces deux
fils, c’est-à-dire celui de la servante et celui de la femme libre, peuvent
désigner les deux peuples, à savoir les Juifs et les Gentils. Les autres
enfants de Céthura désignent les schismatiques et les hérétiques. Or les deux
peuples s’unissent en un seul père, car les Juifs sont fils d’Abraham selon
la chair, et les Gentils par l’imitation de la foi. Ou bien encore ils sont
fils d’Abraham, c’est-à-dire de Dieu qui est le Père de tous ;
(Malachie, II, 10) : « N’avons nous pas tous un même Père, etc.? » ; (Rom., III, 29) : « Dieu
est-il seulement le Dieu des Juifs ? » 2° Mais ils différent en deux points, à
savoir par la condition de leur mère, car l’un est fils de la
servante, comme il est dit au ch. XXI, 10 de la Genèse. Et toutefois
Abraham ne pécha pas en s’approchant d’elle, parce qu’il le fit avec une
affection d’époux et par suite d’une disposition divine. L’autre est fils de la femme libre,
à savoir Isaac qu’Abraham eut de Sara, son épouse ; (Genès., XVIII, 10)
: « Je reviendrai vous voir, en ce même temps, je vous trouverai tous
deux en vie, et Sara votre femme, etc. » En second lieu, ils
diffèrent par le mode de leur naissance, car (verset 25) : celui qui est
né de la servante, à savoir Ismaël naquit selon la chair; et celui qui naquit de la femme libre, c’est-à-dire
Isaac, est né d’après la promesse.
Gardons-nous, dans l’interprétation de ces passages, d’un double sens faux.
D’abord d’entendre par ce que dit Saint Paul (verset 23) : naquit selon la
chair, que l’expression « chair »
doit être prise pour l’acte du péché, comme dans ce passage (Rom., VIII, 13)
: « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez » ; et (II Corinth., X, 3) : « Car
encore que nous vivions dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair »,
comme si, à l’occasion de la naissance d’Ismaël, Abraham avait péché.
Ensuite, d’entendre par ce que dit encore Saint Paul, d’après la promesse,
que l’on doit croire qu’Isaac
n’est pas né selon la chair, c’est-à-dire par suite d’un commerce
charnel, mais par l’Esprit Saint. Il faut donc dire qu’Ismaël est né selon la chair, c’est-à-dire
selon la nature charnelle, car il est naturel, chez les hommes, que d’un
vieillard et d’une jeune femme, dans l’âge de la fécondité, comme était Agar,
il puisse naître un fils; et qu’Isaac est né d’après la promesse, c’est-à-dire d’une manière qui dépasse
les forces naturelles de la chair ; car il est hors de portée de la
nature charnelle que d’un vieillard et d’une femme âgée et stérile, comme
était Sara, naisse un fils. Ismaël figure le peuple Juif, qui est né selon la
chair. Isaac le peuple de la Gentilité, qui est né selon la promesse, par
laquelle il fut annoncé à Abraham qu’il serait le père d’un grand nombre de
nations (Genès., XXII, 18) : « Tous les peuples seront bénis en vous,
etc. » II° L’Apôtre explique ce mystère,
quand il dit (verset 24) : Tout ceci est une allégorie. Et d’abord, il exprime le mode du mystère;
ensuite il l’éclaircit par un exemple (verset 24) : car ces deux femmes sont les
deux alliances, etc. Il dit donc : ce que nous lisons dans l’Ecriture de ces deux fils, etc., est une
allégorie, c’est-à-dire un second sens. En effet, l’allégorie est
un trope ou une manière de parler,
selon laquelle on dit une chose pour en donner une autre à entendre, ce terme
vient du grec ¢lloj qui veut dire autre, et ¢gw, je conduis, comme si l’on disait : conduisant
à un autre sens. Il faut remarquer que l’allégorie est prise quelquefois
pour le sens mystique quel qu’il soit; d’autres fois pour l’un seulement des
quatre que l’on distingue : l’historique, l’allégorique, le mystique et
l’anagogique qui sont les quatre sens de l’Ecriture, mais qui diffèrent
pourtant dans leur signification. Car il y a deux manières d’exprimer les
choses l’une par les mots, l’autre par les choses même que les mots
expriment. Or ceci se rencontre particulièrement dans l’Ecriture, et non pas
ailleurs. Car comme Dieu en est l’auteur, il est également en son pouvoir,
non seulement de choisir les mots pour désigner les choses, (ce que l’homme
aussi peut faire), mais encore les choses elles-mêmes; tandis que dans les
autres sciences qui se transmettent par les hommes, et ne peuvent être
accommodées à une autre signification que celle que comportent les mots, ces
mots seuls ont une signification. La sainte Ecriture, elle, a cela de
particulier que les mots et les choses que ces mots représentent ont une
signification; par conséquent cette science peut présenter des sens multiples;
cette signification, en effet, qui fait que les mots ont un sens, appartient
au sens littéral ou historique; cette autre, d’après laquelle les choses
exprimées par les mots portent encore avec elles un autre sens, appartient au
sens mystique. Par le sens littéral, on peut exprimer une chose de deux
manières : d’abord, selon la propriété de l’expression, comme quand je dis : « cet homme rit »; ensuite, par
similitude ou métaphore, comme si je disais : « cette prairie est riante ». Or, dans la sainte Ecriture,
nous nous servons de ces deux façons de parler, comme lorsque nous disons de
la première manière : « Jésus est monté »; et de la seconde manière
« Jésus est assis à la droite de Dieu ». Le sens parabolique ou
métaphorique est donc renfermé dans le sens littéral. Quant au sens mystique
ou spirituel, il se divise en trois espèces. D’abord, quand l’Apôtre dit : « La
Loi ancienne est la figure de la Loi nouvelle » ; tout ce qui
appartient à la Loi ancienne marque ce qui est de la Loi nouvelle : c’est le
sens allégorique. En second lieu, suivant saint Denys (livre de la céleste Hiérarchie), la Loi
nouvelle est la figure de la gloire à venir. Quand donc ce qui appartient à
la Loi nouvelle et à Jésus-Christ, signifie ce qui est dans la patrie céleste
: c’est le sens anagogique. De plus, dans la Loi nouvelle, ce que nous
remarquons dans le chef est le modèle de ce que nous devons faire nous-mêmes,
parce que « tout ce qui a été écrit, l’a été pour notre instruction » ; par conséquent tout ce qui
s’est fait dans la Loi nouvelle, et tout ce qui désignait Jésus-Christ, tout
cela est devenu signe de ce que nous devons faire : c’est le sens moral.
On peut donner un exemple clair de ce triple sens dans ces paroles : « que
la lumière paraisse. » A la lettre, s’il s’agit de la lumière
corporelle, c’est le sens littéral. Si l’on entend; « que la lumière
paraisse, » par que Jésus-Christ naisse dans l’Eglise, c’est le sens
allégorique. Enfin si l’on dit : « que la lumière se fasse, »
c’est-à-dire que nous soyons introduits par Jésus-Christ dans la gloire;
c’est le sens anagogique. Enfin si l’on dit : « que la lumière
se fasse, » c’est-à-dire : que nous soyons par Jésus-Christ éclairés
dans notre intelligence et enflammés dans notre volonté; c’est le sens
moral. |
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Lectio 8 |
Leçon 8 : Galates IV, 24-27 ─ Le symbole de Sara et Agar
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SOMMAIRE : L’Apôtre manifeste le
mystère caché dans Sara et Agar, l’une donnant naissance à des enfants
libres, l’autre à des esclaves. |
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[24] quae sunt per allegoriam dicta haec enim sunt duo
testamenta unum quidem a monte Sina in servitutem generans quae est Agar [25] Sina enim mons est in Arabia qui coniunctus est ei quae
nunc est Hierusalem et servit cum filiis eius [26] illa autem quae sursum est Hierusalem libera est quae est
mater nostra [27] scriptum est enim laetare sterilis quae non paris erumpe
et exclama quae non parturis quia multi filii desertae magis quam eius quae
habet virum [87772] Super Gal., cap. 4 l. 8 Superius posuit apostolus intellectum
mysticum, hic aperit mysterium. Et primo
quantum ad matres; secundo quantum ad filios, ibi nos autem fratres,
et cetera. Per duas autem matres intelligit duo testamenta. Et ideo primo
ponit significatum; secundo exponit, ibi unum quidem in monte, et
cetera. Dicit ergo
hae, scilicet duae uxores, ancilla et libera, sunt duo testamenta,
vetus et novum. Ier. XXXI, 31 : feriam domui Israel foedus novum, ecce
novum testamentum, non secundum pactum, etc., ecce testamentum vetus.
Libera enim significat testamentum novum, ancilla vero vetus. Ad sciendum
autem quid sit testamentum, attendi debet, quod testamentum idem est quod
pactum seu foedus eorum quae testibus confirmantur. Unde
in Scriptura multoties loco testamenti ponitur foedus vel pactum. Ubicumque autem intervenit foedus, vel pactum,
fit aliqua promissio. Et ideo secundum diversitatem promissionum, est
diversitas testamentorum. Duo
autem sunt nobis promissa, scilicet temporalia in veteri lege et aeterna in
nova. Matth. V, 12 : gaudete
et exultate, et cetera. Hae ergo duae promissiones sunt
duo testamenta. Unde apostolus consequenter cum
dicit : unum quidem, etc., exponit ipsa. Et primo quantum ad vetus;
secundo quantum ad novum, ibi illa autem quae sursum, et cetera. Ad
evidentiam autem litterae sciendum est, circa primum, quod quilibet civis
alicuius civitatis dicitur esse filius illius, et ipsa civitas est sicut
mater eius. Lc. c. XXIII, 28 : filiae Ierusalem, nolite flere, et
cetera. Thren. ult. : filii Sion inclyti, et cetera. Per hoc igitur
quod aliqui fiunt alicuius civitatis cives, efficiuntur filii eius. Duplex
autem est civitas Dei, una terrena, scilicet Ierusalem terrestris; alia
spiritualis, scilicet Ierusalem caelestis. Per vetus autem testamentum
homines efficiebantur cives civitatis terrestris, per novum autem, caelestis.
Et ideo circa hoc duo facit. Primo ponit mysterium expositum; secundo
expositionis mysticae rationem assignat, ibi Sina enim, et cetera. Dicit ergo primo : dico quod
significat duo testamenta, scilicet vetus et novum. Et quantum ad hoc dicit : primum quidem in
monte Sina, et cetera. Ubi, primo, ponitur locus in quo datum fuit, quia
ad litteram in monte Sina, ut dicitur Ex. XX, cuius, secundum Glossam,
mystica ratio est, quia Sina interpretatur mandatum. Unde et ab apostolo
vetus lex vocatur lex mandatorum, Eph. II, 15; mons autem significat
superbiam, Ier. XIII, 16 : antequam offendant pedes vestri ad montes
caliginosos, et cetera. Unde per
montem istum in quo data est lex, significatur superbia Iudaeorum duplex :
una qua superbiebant contra Deum, Deut. XXXI, 27 : ego scio contentionem
tuam, etc.; alia qua superbiebant contra alias nationes abutentes eo,
quod dicitur in Ps. CXLVII, 20 : non fecit taliter omni nationi, et
cetera. Secundo
vero proponit ad quid sit datum, quia non ad faciendum liberos, sed filios
matris ancillae, generans in servitutem, quae est Agar, id est
significatur per Agar, quae quidem in servitutem generat, scilicet vetus
testamentum. Et hoc tripliciter, scilicet quantum ad affectum, quantum ad
intellectum et fructum. Quantum ad intellectum quidem secundum cognitionem,
quia in homine est duplex cognitio : una libera, quando scilicet rerum
veritatem secundum seipsam cognoscit; alia vero ancilla, id est subiecta
velaminibus figurarum. Et talis fuit cognitio veteris testamenti. Quantum ad
affectum vero, quia nova lex generat affectum amoris, qui pertinet ad
libertatem, nam qui amat, ex se movetur. Vetus autem generat affectum
timoris, in quo est servitus; qui enim timet, non ex se, sed ex alio movetur.
Rom. VIII, 15 : non accepistis spiritum servitutis iterum in timore,
et cetera. Sed quantum ad fructum, quia lex nova generat filios quibus
debetur haereditas; sed illis, quos vetus generat, debentur munuscula, sicut
servis. Io. VIII, 35 :
servus non manet in domo in aeternum, filius manet in domo in aeternum.
Rationem mysterii assignat, cum dicit Sina
enim mons est in Arabia, et cetera. Ubi primo oritur dubitatio, quia cum
Sina distet a Ierusalem per viginti fere dietas, videtur falsum quod Sina
iunctus sit Ierusalem, ut hic apostolus dicit. Sed ad hoc mystice respondetur in Glossa sic, ut
Sina sit in Ierusalem
enim etiam generat filios servitutis, et ideo quantum ad hoc coniungitur mons
Sina cum illa. Et hoc est quod dicit qui coniunctus est ei, scilicet
per continuationem itineris euntium in Ierusalem, quae nunc est Ierusalem,
et servit cum filiis suis, servitute scilicet legalium observantiarum (a
qua redemit nos Christus) et servitute diversorum peccatorum Io. VIII, 34 : qui
facit peccatum, servus est peccati et (ad litteram) a servitute
Romanorum, qui eis dominabantur. Deinde cum
dicit illa autem quae sursum est Ierusalem, etc., hic consequenter
aperit mysterium de libera. Et primo exponit mysterium; secundo inducit
prophetiam, ibi scriptum est enim, et cetera. Primum quidem potest
dupliciter intelligi, secundum quod hanc matrem possumus intelligere, vel
illam per quam generamur, quae est Ecclesia militans; vel illam matrem in
cuius filios generamur, quae est Ecclesia triumphans. I Petr. I, 3 : regeneravit nos in spem
vivam, et cetera. Sic ergo generamur in praesenti Ecclesia
militante, ut perveniamus ad triumphantem. Hoc
ergo modo illud exponentes, a quatuor describitur mater nostra, scilicet a
sublimitate, cum dicit sursum, secundo a nomine, cum dicit Ierusalem,
tertio a libertate, cum dicit libera est, quarto a foecunditate, cum
dicit mater nostra. Est ergo sublimis per apertam
Dei visionem, et per perfectam Dei fruitionem, et hoc quantum ad Ecclesiam
triumphantem. Is. LX, v. 5 : videbis, et afflues, et cetera. Col. III,
2 : quae sursum sunt sapite, et cetera. Item sublimis per fidem et
spem, quantum ad Ecclesiam militantem. Phil. III, 20 : nostra conversatio
in caelis, et cetera. Cant. III,
6 et VIII, 5 : quae est ista quae ascendit, et cetera. Sed est etiam
pacifica, quia Ierusalem, id est, visio pacis. Quod quidem competit
Ecclesiae triumphanti, ut habenti pacem perfectam. Ps. CXLVII, 14 : qui
posuit fines tuos pacem, et cetera. Is. XXXII, 18 : sedebit populus
meus in pulchritudine pacis. Item competit Ecclesiae militanti, quae in
Christo pacem habens quiescit. Io. XVI, 33 : in me pacem habebitis.
Est etiam libera, Rom. VIII, 21 : ipsa creatura liberabitur, et
cetera. Et hoc quantum ad triumphantem, et etiam quantum ad militantem, ut
Apoc. XXI, 2 : vidi civitatem sanctam Ierusalem, et cetera. Sed
foecunda est, quia mater nostra. Militans quidem ut generans,
triumphans ut in cuius filios generamur. Ps. LXXXVI, 5 : numquid Sion
dicet homo, et cetera. Is. LX, 4 : filii tui de longe venient, et
cetera. Scriptum est enim, scilicet Is. LIV, v. 1, secundum enim Septuaginta. Hic ponitur prophetia, per quam primo probatur
libertas matris praedictae; secundo eius foecunditas, ibi quia multi filii,
et cetera. Sciendum
est autem, circa primum, quod in muliere foecunda, primo quidem est tristitia
in pariendo, secundo subsequitur gaudium in suscepta prole, secundum illud
Io. XVI, 21 : mulier cum parit, et cetera. Sed mulier sterilis nec
patitur in partu, nec gaudet in prole. Differunt autem parere et parturire,
quia parturire dicit conatum ad partum; parere vero dicit eductionem foetus
iam facti. In parturitione ergo dolorem experitur foecunda, et in partu
gaudium. Sterilis autem dolore parturitionis et gaudio partus privatur. Sed
haec duo propheta indicit sterili, dicens laetare, sterilis, etc., ubi
loquitur de Ierusalem, quam dicit liberam, significatam per Saram sterilem. Nam Ecclesia sterilis erat, scilicet
Ecclesia militans gentium ante conversionem, quae non offerebat filium Deo,
sed Diabolo. Unde ad Babylonem dicitur Is. XLVII, v. 9 : sterilitas et viduitas venerunt
tibi, et cetera. Et
Ecclesia triumphans ante passionem Christi sterilis erat, quia non
generabantur aliqui in filios eius per introitum gloriae nisi in spe. Posita
enim erat romphaea ante ianuam Paradisi, ut nullus intrare posset. Huic ergo
sterili dicitur laetare, quae non paris, etc., quasi dicat : steriles,
ut dictum est, non dolent de partu, sed de eo quod non pariunt. I Reg. I, 10 : cum esset Anna amaro
animo, et cetera. Sed tu laetaberis in multitudine filiorum. Is. LX, 5 : tunc
dilatabitur et mirabitur cor tuum, scilicet laetitiam mentis extra
ostendens. Duo enim sunt in partu, scilicet dolor ex
eruptione reticulorum, quibus continetur foetus in matrice, et clamor ex ipso
dolore. Et ideo dicit tu quae
non parturis, scilicet Ecclesia militans, quae non conaris ad partum per
desiderium, et triumphans, quae non parturis dolendo, vel quia nondum venit
tempus recipiendi filios : erumpe, id est laetitiam quam interius
habes manifesta exterius, et clama voce laudis. Is. LVIII, 1 : clama,
ne cesses, et cetera. Et haec duo ad libertatem pertinent, scilicet
clamare et erumpere : sic ergo apparet libertas matris. Sequitur
foecunditas quia multi filii, et cetera. Sed cum supra dictum sit Ecclesiam liberam
significari per Saram, videtur esse dubium an Sara fuerit deserta. Ad quod
sciendum est, quod deserta fuit ab Abraham, ut hic dicitur, non per
divortium, sed quantum ad opus carnale. Nam Abraham vacabat quidem operi
carnali, non propter concupiscentiam, sed propter prolem suscipiendam. Cum
ergo innotuit ei Saram sterilem esse, deseruit eam, non frangens coniugalem
thorum, sed quia non utebatur ea ab illo praecise tempore quo Sara introduxit
ei ancillam. Per quod datur intelligi, quod Ecclesia gentium deserta erat a
Christo, quia nondum venerat Christus, et quod Ecclesia triumphans deserta
erat ab hominibus, quibus ad eam nondum patebat accessus. Huius ergo desertae,
scilicet Ecclesiae gentium, sunt multi filii, id est plures, magis
quam eius, scilicet synagogae, quae habet virum, scilicet Moysen. I Reg. II, 5 : sterilis peperit plurimos,
et quae multos filios habebat, et cetera. Et hoc veniente sponso,
scilicet Christo, a quo deserta erat, non dilectione, sed partu postposito. |
24. Car ces deux femmes sont les
deux alliances, dont la première, établie sur le mont Sinaï et qui n’engendre
que des esclaves, est figurée par Agar. 25. Car le Sinaï est une montagne
d’Arabie, qui est en rapport avec la Jérusalem d’à présent, laquelle est
esclave avec ses enfants : 26. Au lieu que la Jérusalem d’en
haut est libre; et c’est celle qui est notre mère. 27. Car il est écrit :
Réjouissez-vous, stérile, qui n’enfantiez pas poussez des cris de joie, vous
qui ne deveniez pas mère, parce que celle qui était délaissée, a plus
d’enfants que celle qui a un mari. L’Apôtre a indiqué plus haut le sens mystique, il dévoile ici le mystère.
Et d’abord quant aux mères, ensuite quant aux fils (verset 28) : Nous
sommes donc, mes frères, etc. Par les deux mères, Saint Paul entend les
deux Testaments. I° Il expose donc la chose figurée; II°
il l’explique (verset 24) : La première a été établie sur le mont Sinaï, etc. I° Il dit donc ces femmes, à savoir les deux épouses, dont l’une est
esclave et l’autre libre, (verset 24) : sont les deux alliances, l’ancien
et le nouveau Testament ; (Jérémie XXX, 31) : « Je ferai une
nouvelle alliance avec la maison d’Israël », voici le nouveau
Testament. « non selon l’alliance que je fis avec leurs pères », voilà l’ancien Testament.
La femme libre figure le Testament nouveau; l’esclave figure l’ancien. Pour
comprendre ce que c’est qu’un Testament, il faut remarquer qu’un testament
est la même chose qu’un pacte ou un traité de choses qui sont confirmées par
des témoins. C’est de là que, dans l’Ecriture, au lieu de « testament » on emploie très
souvent le terme d’alliance ou de
pacte. Mais partout où il y a pacte ou alliance, une promesse
intervient; suivant donc la diversité des promesses, il y a diversité de
testaments; deux sortes de biens nous ont été promis, à savoir, les biens du
temps dans la Loi ancienne, et les biens de l’éternité dans la Loi nouvelle ;
(Matth., V, 12) : « Réjouissez-vous donc et tressaillez de joie, etc. »
Ces deux sortes de promesses forment les deux Testaments. II° Ce sont ces deux Testaments dont
l’Apôtre explique la portée, quand il ajoute (verset 24) : le premier, etc. I.
quant à l’ancien Testament; II. quant au nouveau (verset 26) : Au lieu
que la Jérusalem d’en haut, etc… I. Pour plus d’intelligence du sens
littéral, il faut à l’égard du premier de ces points, savoir que tout citoyen
d’une cité s’appelle l’enfant de cette cité et que la cité elle-même est
regardée comme sa mère ; (Luc, XXIII, 28) : « Filles de
Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, etc. » ; (Lament., IV, 2) : « Comment
les enfants de Sion, qui étaient si éclatants, etc. Par cela même que
l’on est citoyen d’une cité, on devient son enfant. Or il y a une double cité
de Dieu, l’une terrestre, c’est-à-dire la Jérusalem de la terre; l’autre
spirituelle, c’est-à-dire la Jérusalem céleste. Par l’ancien Testament, on
devenait citoyen de la cité de la terre; par le nouveau, on le devient de la
cité céleste. Partant de là, l’Apôtre 1° expose d’abord le mystère indiqué; 2°
donne la raison de son application mystique (verset 25) : Car le Sinaï, etc.
1° Il dit donc : L’allégorie marque les
deux Testaments, l’ancien et le nouveau. Et sur cela : A) il dit (verset 24) : Le premier a
été établi sur ce mont Sinaï, etc., indiquant d’abord le lieu où fut
donné ce Testament. En effet, à la lettre, ce fut sur le mont Sinaï, comme il est rapporté au ch. XX, 1 de l’Exode;
et, d’après la Glose, la raison mystique de ceci, c’est que Sinaï
s’interprète « précepte ».
Aussi l’ancien Testament est-il appelé par l’Apôtre (Ephés., II, 15) : la « Loi des préceptes » ;
le terme « mont »
signifie « orgueil » ;
(Jéré., XIII, 16) : « Avant que vos pieds se heurtent contre les
montagnes couvertes de ténèbres, etc. » Par cette montagne sur
laquelle fut donnée la Loi, on voit donc figurer le double orgueil des Juifs
: l’un par lequel ils s’élevaient contre Dieu ; (Deuter., XXXI, 27) : « Je
sais quelle est votre obstination, etc. », l’autre par lequel ils
s’élevaient contre les nations étrangères, abusant de ce qui est dit dans le
Psalmiste (CXLVII, 20) : « Il n’a pas traité de la sorte toutes les
autres nations, etc… » B) En second lieu, l’Apôtre explique la
raison d’être de ce Testament, qui n’est pas de donner des fils libres, mais
des enfants d’une mère esclave (verset 24) : Il n’engendre que des
esclaves; c’est Agar, c’est-à-dire ce qui est figuré par Agar, qui
n’engendre que des esclaves : c’est l’ancien Testament. Agar le figure de
trois manières, à savoir quant à l’affection, quant à l’intelligence et quant
au fruit. Quant à l’intelligence, par rapport à la connaissance à acquérir : il
y a, en effet, dans l’homme deux sortes de connaissances, l’une libre, à
savoir il connaît, telle qu’elle est en elle-même, la vérité des choses;
l’autre esclave, à savoir quand cette vérité est comme en dépendance, sous le
voile des figures. Or telle fut la connaissance obtenue sous l’ancien
Testament. Quant à l’affection, parce que la Loi nouvelle produit le
sentiment de l’amour, qui appartient à la liberté, car celui qui aime se
détermine de lui-même. La Loi ancienne, au contraire, n’engendre que le sentiment
de la crainte, qui est le caractère de la servitude, car celui qui craint ne
se détermine pas par lui-même, mais par autrui ; (Rom., VIII, 15) : « Vous
n’avez pas reçu l’esprit de servitude, qui vous retienne encore dans la
crainte, etc. » Enfin quant au fruit, parce que la Loi nouvelle
engendre des fils, auxquels est dû l’héritage, tandis qu’à ceux qu’engendrait
l’ancienne Loi, on ne devait que les petites gratifications, qu’on donne à
des serviteurs ; (Jean., VIII, 35) : « Or, l’esclave ne demeure
pas toujours dans la maison, mais le fils y demeure toujours. » 2° Quand l’Apôtre ajoute (verset 25) : car
le Sinaï est une montagne d’Arabie, etc., il assigne la raison du
mystère. Il s’élève ici d’abord une difficulté : c’est que le Sinaï étant
distant de Jérusalem d’environ vingt jours de marche, il ne paraît pas
conforme à la vérité de dire que cette montagne est jointe à Jérusalem, comme
le prétend Saint Paul. On donne dans la Glose à cette difficulté une solution
tirée du sens mystique. La montagne du Sinaï est située en Arabie; or, le
terme Arabie s’interprète par « humilité »,
ou « affliction »;
et l’ancien Testament a été donné sur cette montagne, parce que sous ce
Testament, les hommes regardés comme des étrangers et des esclaves, étaient
durement assujettis aux observances charnelles ; (Actes XV, 10) : « Un
joug, que ni nos pères, ni nous, etc. » - Cette montagne n’est pas contiguë à Jérusalem
par la continuité de l’espace, mais par similitude (verset 25) à celle
qui est en Jérusalem, c’est-à-dire au peuple Juif, parce que comme ce
peuple aime les choses de la terre, et pour obtenir les biens temporels, sert
sous le péché, aussi cette montagne n’engendrait-elle que pour la servitude.
Mais cette interprétation ne parait pas répondre à la pensée de l’Apôtre. En
effet, il veut établir, que l’ancien Testament qui fut donné sur le mont
Sinaï, n’engendre que pour la servitude, en raison même du lieu où régnait la
servitude, parce que ce Testament était donné au Sinaï, sans que les enfants
d’Israël y demeurent cependant, puisqu’ils partaient pour la terre promise.
Mais Jérusalem engendre aussi des enfants pour la servitude; par conséquent,
sous ce rapport, le mont Sinaï est contigu à Jérusalem. Or c’est ce que dit Saint
Paul : qui est joint, à savoir par la continuation du chemin des
Juifs qui se rendaient à Jérusalem, (verset 25) cette Jérusalem qui existe
maintenant, et qui est esclave avec ses enfants, sous le joug des
observances légales dont Jésus-Christ nous a délivrés, et sous le joug de
divers péchés ; (Jean, VIII, 34) : « Quiconque
commet le péché est esclave du péché » ; et encore, à la
lettre, sous le joug des Romains qui les dominaient. II. Lorsque l’Apôtre dit (verset 26) : Au
lieu que la Jérusalem d’en haut, etc., il explique le mystère de la femme
libre. 1°
Il l’expose; 2°
il cite une prophétie (verset 27) : car il est écrit, etc. 1° La première partie peut être entendue
de deux manières, d’après le sens que l’on donnera au terme de « mère », qui peut nous
représenter ou celle qui nous engendre, c’est-à-dire l’Eglise militante, ou
celle pour laquelle nous sommes engendrés comme enfants, c’est-à-dire
l’Eglise triomphante ; (I Pierre, I, 3) : « il nous a régénérés
pour nous donner une vive espérance, etc. » Ainsi donc nous sommes
engendrés, dans la vie présente, au sein de l’Eglise militante, pour parvenir
à l’Eglise triomphante. En comprenant ce passage de cette manière, nous
trouvons quatre caractères qui conviennent à notre mère. D’abord son
élévation (verset 26) : d’en haut ; secondement son nom (verset 26) :
Jérusalem ;
troisièmement, sa liberté (verset 26) : elle est libre ; enfin sa fécondité (verset 26) : notre
mère. L’Eglise est donc dans un état de grandeur par la vision
complète et par la jouissance parfaite de Dieu; et ces dons appartiennent à
l’Eglise triomphante ; (Isaïe, LX, 5) : « Vous verrez, et vous
serez dans l’abondance, etc. » ; (Coloss., III, 2) : « N’ayez de goût que pour les
choses du ciel, etc. » Elle est grande encore par la foi et
l’espérance; et ces vertus appartiennent à l’Eglise militante ;
(Philipp., III, 20) : « Mais pour nous, nous vivons déjà dans le
ciel, etc. » ;
(Cantiq., III, 6, et VIII, 5) : « Qui est celle-ci qui monte, etc.? »
L’Eglise est aussi pacifique, parce que son nom est Jérusalem, c’est-à-dire la « vision de paix »; ce qui convient à l’Eglise triomphante,
qui possède une paix parfaite ; (Ps., CXLVII, 14) : « Il fait
régner la paix jusqu’à vos dernières limites, etc. » ; (Isaïe, XXXII, 18) : « Mon
peuple se reposera dans la beauté de la paix. » Cette paix appartient
aussi à l’Eglise militante, qui se repose en Jésus-Christ par qui elle a la
paix ; (Jean, XVI, 33) : « [Je vous ai dit ceci], afin que vous
trouviez la paix en moi. » Elle est de plus libre (Rom., VIII, 21) : « Les créatures elles-mêmes
seront un jour délivrées, etc. » Or cette liberté appartient soit à
l’Eglise qui triomphe, soit à l’Eglise qui combat, comme il est dit (Apoc.,
XXI, 2)
: « Je vis la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, etc. »
Enfin elle est féconde, car elle est notre
mère; l’Eglise militante, parce quelle nous engendre; l’Eglise
triomphante, parce que nous sommes engendrés pour elle ; (Ps., LXXXVI, 5) :
« Ne dira-t-on pas à Sion, etc. » ; (Isaïe, LX, 4) : « Vos
fils vous viendront de bien loin, etc. » 2° (verset 27) : Il est écrit en effet,
à savoir au ch. LIV, 1 d’Isaïe. (La prophétie est citée ici d’après les
Septante). Et l’Apôtre l’emploie pour prouver d’abord cette liberté dont
jouit notre mère, ainsi qu’il a été dit; ensuite sa fécondité (verset 27) : Celle
qui était délaissée a plus d’enfants, etc. A) Sur la première partie, il faut
remarquer que dans la femme devenue mère, il y a d’abord la tristesse de
l’enfantement; puis la joie qui la suit, quand elle a pris l’enfant dans ses
bras, suivant cette parole de saint Jean (XVI, 21) : « Une femme
lorsqu’elle enfante, etc. » Au contraire, la femme stérile n’a ni à
souffrir dans l’enfantement, ni à se réjouir de la maternité. Il y a entre
enfanter et donner le jour cette différence, qu’enfanter se dit des efforts
pour donner le jour à un enfant, tandis que donner le jour marque la sortie
de l’enfant du sein de sa mère. La femme féconde éprouve donc dans
l’enfantement de la douleur et de la joie quand cet enfantement est terminé.
Mais la femme stérile est privée et de la douleur de l’enfantement, et de la
joie qui suit cet enfantement; or c’est à la femme stérile que le prophète annonce
ces deux sentiments, en disant (verset 27) : « Réjouissez-vous,
stérile, etc. », désignant par ces paroles Jérusalem, qu’il appelle
la cité libre, figurée par Sara stérile. L’Eglise, en effet, était stérile,
je veux dire l’Eglise militante avant la conversion des Gentils, elle qui
n’offrait pas son fils à Dieu, mais à Satan. C’est pourquoi il est dit à
Babylone (Isaïe, XLVII, 9) : « Ces deux maux, la stérilité et la
viduité, viendront fondre sur vous, etc. « L’Eglise triomphante, avant la
mort de Jésus-Christ, était également stérile, parce qu’on ne engendrait
personne pour devenir son enfant par son entrée dans la gloire, si ce n’est
en espérance : il y avait encore une épée à la porte du Paradis, afin que nul
ne pût entrer. Il est donc dit aussi à cette stérile (verset 27) : Réjouissez-vous,
stérile, qui n’enfantiez pas, etc. ; en d’autres termes, les femmes stériles, avons-nous dit, ne
souffrent pas de l’enfantement; mais au contraire, souffrent de ce qu’elles
n’enfantent pas ; (I Rois, I, 10) : « Anne, qui avait le coeur
plein d’amertume, etc. » ;
mais vous, vous vous réjouirez dans la multitude de vos fils ;
(Isaïe LX, 5) : « Alors votre coeur s’étonnera et se répandra hors de
lui-même », à savoir en manifestant au dehors la joie de l’âme. Car
dans l’enfantement on distingue deux choses, la douleur que la mère ressent
de la rupture des liens qui retiennent l’enfant dans son sein, et le cri que
lui fait pousser cette douleur. Voilà pourquoi l’Apôtre dit (verset 27) : Vous
qui ne deveniez pas mère, c’est-à-dire Eglise militante, qui ne faisiez
aucun effort pour enfanter par vos désirs, comme vous, Eglise triomphante,
qui ne deveniez pas mère par la douleur, ou pour laquelle le temps n’était
pas encore venu de recevoir des enfants, (verset 27) poussez des cris de
joie, c’est-à-dire manifestez par vos transports extérieurs la joie que
vous ressentez intérieurement; poussez
des clameurs, et éclatez en louanges ; (Isaïe, LVII, 1) : « Criez
sans cesse, faites, etc. » Ces deux manifestations, les cris de joie
et les transports extérieurs sont des indices de liberté, ainsi se montre la
liberté de la mère. B) Vient ensuite sa fécondité (verset 27)
: parce que celle qui était délaissée a plus d’enfants, etc. » Toutefois,
comme il a été dit plus haut que l’Eglise libre était figurée par Sara, on semble
hésiter sur la question de savoir si Sara fut délaissée. Il faut se rappeler
que Sara fut délaissée par Abraham, comme il est dit en cet endroit, non par
le divorce, mais quant au commerce charnel. Abraham cherchait, non pas à satisfaire
la concupiscence, mais à avoir des enfants. Ayant appris que Sara était
stérile, il la délaissa, sans toutefois briser le lien conjugal; mais comme
il ne s’approchait pas d’elle, précisément en temps, Sara introduisit prés de
lui sa servante. On donne par là à entendre que l’Eglise de la Gentilité
était délaissée par Jésus-Christ, parce que Jésus-Christ n’était pas encore
venu; et que l’Eglise triomphante était délaissée par les hommes, auxquels il
n’était pas donné encore de parvenir jusqu’à elle. C’est donc cette délaissée, ou l’Eglise
de la Gentilité, qui a des enfants nombreux,
c’est-à-dire plus nombreux que
celle (la synagogue) qui a un mari, à savoir Moïse ; (I Rois,
II, 5) : « Celle qui était stérile, est devenue mère de beaucoup
d’enfants, et celle qui avait beaucoup d’enfants, etc. » Il en a été
ainsi à l’arrivée de l’Epoux, c’est-à-dire de Jésus Christ par qui elle avait
été délaissée,
non pas qu’il ne l’aimât plus, mais parce qu’il différait la
naissance de ses enfants. |
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Lectio 9 |
Leçon 9 : Galates IV, 28-31 ─ Les enfants de la promesse
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SOMMAIRE : L’Apôtre appelle les
Galates les enfants de la promesse et dit que pour cette raison ils ne
doivent pas s’étonner d’être persécutés, puisque Ismaël aussi a persécuté
Isaac. |
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[28] nos autem fratres secundum Isaac promissionis filii sumus [29] sed quomodo tunc qui secundum carnem natus fuerat
persequebatur eum qui secundum spiritum ita et nunc [30] sed quid dicit scriptura eice ancillam et filium eius non
enim heres erit filius ancillae cum filio liberae [31] itaque fratres non sumus ancillae filii sed liberae qua
libertate nos Christus liberavit [87773] Super Gal., cap. 4 l. 9 Exposito mysterio quantum ad matres, hic
exponit illud quantum ad filios. Et primo
ponit filiorum distinctionem; secundo principalem conclusionem, ibi itaque,
fratres mei, et cetera. Distinctionem
autem filiorum ponit quantum ad tria. Primo quantum ad modum originis;
secundo quantum ad affectum dilectionis, ibi sed quomodo tunc, etc.;
tertio quantum ad ius haereditatis, ibi sed quid dicit Scriptura, et
cetera. Modus
autem originis quo aliqui nascuntur filii Abrahae est duplex : quidam origine
carnali, sicut Ismael de ancilla; quidam autem non carnali origine, sicut
Isaac de libera : non quod naturali opere natus non fuerit, sed quia sicut
dictum est supra naturalem virtutem carnis fuit ut de vetula sterili filius
nasceretur. Per hos autem filios intelligitur duplex populus. Nam per
Ismaelem intelligitur populus Iudaeorum, qui carnali propagatione est ab
Abraham derivatus. Per Isaac autem, populus gentium, qui per imitationem
fidei ab Abraham descendit. Et ideo dicit nos autem, fratres, scilicet
fideles, tam Iudaei, quam gentiles, secundum Isaac, id est, in
similitudine Isaac, promissionis filii sumus facti Abrahae. Rom. IX, 8
: qui sunt filii promissionis aestimantur in semine. Sed nota, quod
filii carnis Abrahae ad litteram sunt Iudaei, mystice autem, qui propter
carnalia et temporalia bona ad fidem veniunt. Secundum
affectum autem distinguuntur, quia qui natus erat secundum carnem, persequebatur
illum qui natus erat secundum spiritum. Sed hic
est quaestio. Primo quia non legitur, quod Ismael persecutionem aliquam
fecerit contra Isaac, sed quod tantum luserit cum eo. Gen. XXI, 9 : cum
vidisset Sara filium ancillae Agar ludentem, et cetera. Responsio.
Dicendum est, quod apostolus illum ludum dicit persecutionem, quia ludus
magni ad parvum est quaedam illusio, cum maior cum parvo ludens intendit eum
decipere. Vel etiam, ut dicunt quidam, Ismael cogebat Isaac adorare imagines
luteas quas faciebat. Per hoc autem docebat eum averti a cultu unius Dei,
quod est magna persecutio, cum maius malum sit inferre mortem spiritualem,
quam corporalem. Quod tamen
ideo in Genesi appellatur ludus, quia sub specie ludi hoc faciebat. Est etiam
quaestio quomodo filii secundum carnem persecuti fuerint et persequantur
filios secundum spiritum. Sed ad hoc est responsio, quia a principio
primitivae Ecclesiae Iudaei persecuti sunt Christianos, ut patet in actibus
apostolorum, et facerent etiam nunc si possent. Nunc etiam carnales
persequuntur in Ecclesia spirituales viros, etiam corporaliter, illi scilicet
qui quaerunt gloriam et temporalia lucra in Ecclesia. Unde dicitur in Glossa : omnes qui in
Ecclesia terrenam facultatem quaerunt a domino, ad hunc Ismaelem pertinent. Ipsi sunt qui contradicunt spiritualibus
proficientibus, et detrahunt illis, et habent labia iniqua et linguas dolosas
et subdolosas. Spiritualiter
autem persequuntur spirituales filios, superbi et hypocritae. Nam aliquando
aliqui manifeste carnales et mali culpam suam recognoscentes, bonis se
humiliant, fatui vero bonitatem, quam ipsi non habent, persequuntur in aliis.
Est etiam quaestio, quia
haeretici quos nos persequimur, dicunt se natos secundum spiritum, nos vero
secundum carnem. Sed dicendum est, quod duplex
est persecutio. Una bona, qua aliquis persequitur alium, ut reducat eum ad
bonum, et hanc viri iusti faciunt malis et spirituales carnalibus, vel ut eos
corrigant si converti volunt, vel si obstinati sunt in malo, destruant, ne gregem
domini inficiant. Alia persecutio
est mala, qua quis persequitur alium, ut pervertat ad malum, et hanc qui
secundum carnem nati sunt, faciunt his, qui nati sunt secundum spiritum. Quantum
vero ad ius haereditatis, distinguuntur per auctoritatem Scripturae, Gen.
XXI, 10 : eiice ancillam et filium eius. In quo datur intelligi, quod
Iudaei et persecutores fidei Christianae, et etiam carnales et mali
Christiani eiicientur a regno caelesti. Matth. VIII, 11 : multi venient ab
oriente, et cetera. Apoc. XXII, 15 : foris canes et venefici, et
cetera. Ancilla etiam, id est malitia, et ipsum peccatum eiicietur. Eccli.
XIV, 20 : omne opus corruptibile in fine deficiet. Et ratio horum
subditur, quia non erit haeres filius ancillae cum filio liberae. In
mundo enim isto boni sunt malis permixti, et mali bonis. Cant. II, 2 : sicut
lilium inter spinas, et cetera. Sed in aeterna patria non erunt nisi
boni. Iudic. XI, 2 dicitur ad Iephte : haeres in domo patris nostri esse
non poteris, quia de adultera natus es. Quam
quidem libertatem habemus a Christo. Unde dicit qua libertate, et
cetera. Io. VIII, 36 : si filius vos liberaverit, vere liberi eritis. |
28. Nous sommes donc, mes frères,
les enfants de la promesse, figurés dans Isaac. 29. Et comme alors celui qui était
né selon la chair, persécutait celui qui était né selon l’esprit, de même
encore aujourd’hui. 30. Mais que dit l’Ecriture : « chassez
la servante et son fils; car le fils de la servante ne sera pas héritier avec
le fils de la femme libre. » 31. Or, mes frères, pour nous, nous
ne sommes pas les enfants de la servante, mais de la femme libre; et c’est le
Christ qui nous a acquis cette liberté. Après avoir expliqué le mystère, en ce qui concerne les mères, Saint Paul
l’expose en ce qui rapport aux fils. I° Il établit la distinction qui existe entre
eux; II°
il déduit sa conclusion principale (verset 34) : Pour nous, mes frères, etc.
I° Or l’Apôtre fait porter la
distinction entre les fils sur trois points : I. quant au mode de leur origine; II. quant au sentiment d’affection (verset 29)
: Et comme alors, etc.; III.
quant au droit à l’héritage (verset 30) : mais que dit l’Ecriture, etc. I. Il y a deux manières de devenir enfant
d’Abraham : quelques-uns le sont par l’origine charnelle, comme Ismaël qui
est né de la servante; d’autres le deviennent autrement, comme Isaac qui est
né de la femme libre, non pas pourtant que sa naissance ait été en dehors de
l’ordre naturel, mais parce que, comme il a été dit, il était au-delà de la
puissance naturelle de la chair que, d’une femme âgée et stérile, il naquît
un fils. Or par ces deux fils, on entend les deux peuples. Car dans Ismaël on
trouve le peuple Juif qui vient d’Abraham par sa filiation charnelle; et dans
Isaac, le peuple de la Gentilité, qui descend d’Abraham par l’imitation de sa
foi. C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 28) : Pour nous, mes
frères, c’est-à-dire nous autres fidèles, soit Juifs, soit Gentils, nous
sommes comme Isaac, c’est-à-dire à
la ressemblance d’Isaac, les enfants de la promesse faite à Abraham ; [(Gén., XII,
3) et] (Rom., IX, 8) : « Ce sont les enfants de la promesse, qui sont réputés de la race d’Abraham ».
Mais remarquez que les enfants de la chair d’Abraham sont, à la lettre, les
Juifs, et dans un sens mystique, ceux qui viennent à la foi pour les biens
charnels de la vie présente. II. Les deux fils sont en second lieu
distingués par l’affection, parce que (verset 29) : celui qui était né
selon la chair persécutait celui qui était né selon l’esprit. Ici s’élève une difficulté : d’abord on ne lit nulle part qu’Ismaël ait
suscité à Isaac quelque persécution. Mais seulement qu’il jouait avec
celui-ci (Genès., XXI, 9) : « Sara ayant vu le fils d’Agar, la
servante, jouer avec Isaac, son fils, etc. » Il faut répondre que l’Apôtre nomme ce jeu une persécution, parce que le
jeu d’un grand avec un petit, est une sorte d’illusion, car le plus âgé,
jouant avec un plus jeune que lui, se propose de le tromper. Ou bien encore,
comme certains le prétendent, Ismaël contraignait Isaac à adorer les simulacres
d’argile qu’il faisait, et lui enseignait ainsi à s’écarter du culte du vrai
Dieu; ce qui est une grande persécution, puisque c’est un moindre mal de
donner la mort au corps, que de produire celle de l’âme. Or cette conduite
d’Ismaël s’appelle dans la Genèse un jeu, parce qu’il agissait ainsi en forme
de jeu. Une seconde question, c’est de savoir comment les fils selon la chair ont
persécuté et persécutent les fils selon l’Esprit (verset 29). La réponse est que dès le commencement de l’Eglise primitive, les Juifs
ont persécuté les chrétiens, comme il est rapporté aux Actes des apôtres, et
ils le feraient encore maintenant, s’ils le pouvaient. Maintenant encore dans
l’Eglise de Dieu, les hommes charnels persécutent, même physiquement, ceux
qui vivent selon l’Esprit; ceux-là, dis-je, qui dans l’Eglise cherchent la
gloire et les intérêts du temps. Aussi est-il dit dans la Glose : « Tous ceux qui dans l’Eglise
cherchent près du Seigneur des avantages sont de la famille de cet Ismaël. Ce
sont ceux-là qui mettent obstacle aux progrès des spirituels, se font leurs
détracteurs, montrent des lèvres malignes et une langue trompeuse pleine de
mensonges ». Il y a aussi une persécution spirituelle pour les fils
spirituels, c’est de la part des superbes et des hypocrites. Quelquefois, en
effet, ceux qui sont manifestement charnels et méchants, reconnaissant leur
faute, s’humilient devant les bons; au contraire, ceux qui manquent de sens,
poursuivent dans les autres la bonté qui n’est pas en eux. Enfin il reste une difficulté, sur ce que les hérétiques, contre lesquels
nous nous élevons, prétendent être nés selon l’esprit, et nous, selon la
chair. Il faut dire qu’il y a deux sortes de persécution : l’une bonne, qui a
lieu lorsqu’on poursuit quelqu’un pour le ramener au bien; celle-là les justes
l’exercent à l’égard des méchants, et ceux qui sont spirituels à l’égard de
ceux qui sont charnels afin de les corriger, s’ils consentent à se convertir,
ou afin de les détruire, s’ils s’opiniâtrent dans le mal, de peur qu’ils
n’infectent le troupeau du Seigneur. La seconde persécution est mauvaise;
elle se fait quand on poursuit quelqu’un, dans le but de le pervertir dans le
mal; c’est cette persécution que ceux qui sont nés selon la chair, exercent à
l’égard de ceux qui sont nés selon l’esprit. III. Quant au droit à l’héritage, les deux
fils sont distingués par l’autorité de l’Ecriture : (Genès., XXI, 19) : « Chassez
la servante et son fils. » Ces paroles donnent à entendre que les
Juifs et ceux qui persécutent la foi chrétienne, et même les chrétiens
charnels et mauvais, seront chassés du royaume des cieux ; (Matth.,
VIII, 11) : « Plusieurs viendront
d’Orient, etc. ; (Apoc., XXII, 15) : « Dehors les chiens,
les empoisonneurs, etc. » – La servante, c’est-à-dire la
malice et le péché lui-même, seront aussi chassés ; (Ecclésiastique XIV,
20) : « Tout ce qui est corruptible, sera à la fin détruit. »
L’Apôtre donne immédiatement la raison de ceci, c’est que (verset 30) : Le
fils de la servante ne sera pas héritier avec le fils de la femme libre.
Dans ce monde les bons sont confondus avec les méchants, les méchants avec
les bons ; (Cantique II, 2) : « tel qu’est le lys entre les
épines, etc. », mais dans l’éternelle patrie, il n’y aura plus que
les bons ; (Juges, XI, 2) : « [Les frères de Jephté lui dirent]
: « Vous ne pouvez pas être héritier dans la maison de notre père, parce
que vous êtes né d’une autre mère. » II° Or cette liberté, nous la tenons
de Jésus-Christ; c’est
ce qui fait dire à Saint Paul (verset 31) : « [Pour nous nous ne sommes
pas les enfants de la servante], mais de la femme libre, etc. ; (Jean, VIII, 36) : « Si
le fils vous a délivrés, vous êtes vraiment libres. » |
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Caput 5 |
CHAPITRE V ─ LES ŒUVRES DE LA CHAIR ET DE L’ESPRIT
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Lectio
1 |
Leçon 1 : Galates V, 1-4 ─ rester fidèle à la liberté de la
grâce
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SOMMAIRE :
Jésus-Christ leur ayant fait don de la liberté, l’Apôtre les engage à ne pas
se soumettre de nouveau au joug de la servitude. |
[1] state et nolite iterum iugo servitutis contineri [2] ecce ego Paulus dico vobis quoniam si circumcidamini
Christus vobis nihil proderit [3] testificor autem rursum omni homini circumcidenti se
quoniam debitor est universae legis faciendae [4] evacuati estis a Christo qui in lege iustificamini a
gratia excidistis [87774] Super Gal., cap. 5 l. 1 Supra ostendit apostolus, quod per legem
non est iustitia hic vero reducit eos ab errore ad statum rectitudinis. Et primo quantum ad divina; secundo quantum ad
humana, VI cap., ibi et si praeoccupatus fuerit homo, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo proponit
admonitionem; secundo eius rationem assignat, ibi ecce ego Paulus, et
cetera. Et in
admonitione etiam duo ponit. Quorum
unum est inductivum ad bonum; secundum est prohibitivum a malo. Inducit
quidem ad bonum, cum dicit state ergo, quasi dicat : ex quo per
Christum liberati estis a servitute legis, state firma fide, et fixo pede
permanentes in libertate. Sic ergo cum
dicit state, inducit ad rectitudinem. Qui enim stat, rectus est. I
Cor. X, 12 : qui se existimat
stare, et cetera. Inducit etiam ad firmitatem. I Cor. XV, 58 : stabiles
estote et immobiles, et cetera. Eph. ult. : state succincti lumbos
vestros, et cetera. Prohibet
vero et retrahit a malo, cum subdit et nolite iterum iugo servitutis
contineri, id est non subiiciamini legi, quae in servitutem generat. De
quo iugo dicitur Act. XV, 10 : hoc est onus quod neque patres nostri,
neque nos, etc., a quo tantum per Christum liberati estis. Is. IX, 4 : virgam
humeri eius, et cetera. Ideo autem addit iterum, non quia prius
sub lege fuerint, sed quia, ut Hieronymus dicit, post Evangelium servare
legalia adeo peccatum est, ut sit sicut servire idololatriae. Unde quia
isti idololatrae fuerant, si subiiciant se iugo circumcisionis et aliarum
legalium observationum, quasi ad eadem revertuntur, quibus antea in
idololatria servierant. Secundum Augustinum vero, ut supra dictum est, circa
legalium observantias triplex tempus distinguitur, scilicet tempus ante
passionem, ante gratiam divulgatam, et post gratiam divulgatam. Post ergo
gratiam divulgatam servare legalia est peccatum mortale, etiam ipsis Iudaeis.
Sed in tempore medio, scilicet ante gratiam divulgatam, poterant quidem
absque peccato etiam illi, qui ex Iudaeis conversi fuerant, legalia servare,
dum tamen in eis spem non ponerent; conversis vero ex gentibus non licebat ea
servare. Quia ergo Galatae ex Iudaeis non erant, et tamen legalia servare
volebant et ponebant in eis spem, ideo revertebantur in iugum servitutis. Nam
huiusmodi observatio erat eis sicut idololatria, inquantum non recte
sentiebant de Christo, credentes ab ipso sine legalibus salutem consequi non
posse. Deinde cum
dicit ecce ego, etc., exponit praedicta duo. Et primo secundum,
secundo primum, ibi nos autem spiritus, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ostendit quid sit iugum servitutis, quod non debent
subire; secundo probat, ibi evacuati estis, et cetera. Circa primum
duo facit. Primo ostendit iugum illud esse valde nocivum; secundo valde
onerosum, ibi testificor autem, et cetera. Nocivum
est quidem iugum legis, quia aufert dominicae passionis effectum. Et ideo
dicit : nolite contineri iugo servitutis, quia ecce ego Paulus,
qui, supple : voce auctoritatis, dico, et bene, si circumcidimini,
Christus vobis nihil proderit, id est, fides Christi. Sed contra, Act. XVI, 3 dicitur quod Paulus
circumcidit Timotheum, ergo fecit quod Christus ei nihil prodesset, ergo
decepit eum. Respondeo. Dicendum est, secundum Hieronymum, quod Paulus
non circumcidit Timotheum quasi legem servare intenderit, sed simulavit se
circumcidere, faciendo opus circumcisionis. Nam,
secundum ipsum, apostoli simulatorie servabant legalia ad vitandum scandalum
fidelium ex Iudaeis. Faciebant autem actus legalium, non tamen cum intentione
servandi legalia, et sic non exibant a fide. Unde non decepit Timotheum.
Secundum vero Augustinum dicendum est quod apostoli secundum veritatem
servabant legalia, et cum intentione ea servandi, quia, secundum apostolorum
sententiam, licebat fidelibus ex Iudaeis illo tempore, scilicet ante gratiam
divulgatam, ipsa servare. Et ideo quia Timotheus fuit ex matre Iudaea,
circumcidit eum apostolus cum intentione servandi legalia. Quia vero Galatae
ponebant spem in legalibus post gratiam divulgatam, quasi sine eis gratia non
sufficeret ad salutem, et ideo ea servare volebant, ideo dicit eis apostolus si
circumcidimini, et cetera. Sequebatur enim ex hoc, quod non reputarent
Christum, in cuius signum data fuit circumcisio. Gen. XVII, 11 : ut sit in
signum foederis inter me et vos, et cetera. Qui ergo circumcidebantur, credebant adhuc signum
durare, et tunc signatum nondum venisse, et sic excidebant a Christo. Sic
ergo patet onus legis esse nocivum. Est etiam
valde onerosum, quia obligat ad impossibile, et hoc est quod dicit testificor
autem, etc., quasi dicat : dico quod si circumcidimini, Christus vobis
nihil proderit. Sed adhuc, testificor enim omni homini, scilicet
Iudaeo et gentili, et cetera. Nam quicumque profitetur in aliqua religione,
facit se debitorem omnium quae ad observantiam illius religionis pertinent.
Et sicut dicit Augustinus : numquam fuit aliqua religio sine aliquo visibili
signo, ad quod obligarentur qui in ipsa religione vivunt; sicut in religione
Christiana signum visibile est Baptisma, ad quod omnes Christiani tenentur
quoad cultum. Obligantur
etiam ad omnia quae ad cultum Christianae religionis pertinent. Signum autem
legis Mosaicae fuit circumcisio. Quicumque ergo circumcidebat se, obligabatur
ad omnia legalia servanda ac implenda, et hoc est quod dicit quoniam
debitor est universae legis faciendae, Iac. II, v. 10 : qui offendit in uno, factus est
omnium reus. Quam tamen nullus servare poterat, secundum illud Act. XV,
10 : hoc est onus, quod neque patres nostri, neque nos portare potuimus,
et cetera. Sed dato
quod aliquis circumcideretur, ergo secundum praedicta obligat se ad servandum
legalia, sed hoc est peccatum mortale, ergo tenetur peccare mortaliter, et
sic videtur esse perplexus. Respondeo.
Dicendum est quod eadem conscientia durante, tenetur servare legalia, puta si
aliquis haberet conscientiam, quod, nisi circumcideretur, peccaret
mortaliter, et circumcisus, ipsa conscientia durante, peccaret mortaliter, si
non observaret legalia : cuius ratio est, quia habere conscientiam de re
aliqua facienda, nihil aliud est quam aestimare quod faciat contra Deum, nisi
illud faciat. Facere autem contra Deum est peccatum. Sic ergo dico, quod nisi
faceret hoc ad quod inducit conscientia, peccaret mortaliter, non quidem ex
genere operis, sed ex intentione operantis. Et similiter si facit, peccat;
quia huiusmodi ignorantia non excusat, cum sit ignorantia iuris. Nec tamen
est perplexus simpliciter, sed secundum quid, quia potest deponere erroneam
conscientiam. Et hoc modo hic apostolus testificatur omni circumcidenti se,
quod tenetur ad servandum legem. Consequenter
cum dicit evacuati estis, etc., probat quae dicit, scilicet quod non
debent accipere legis observantiam ratione damni iam praesentis, quod est duplex.
Unum est amissio Christi; secundum est amissio gratiae Christi. Primum est
causa secundi, ibi qui in lege, et cetera. Dicit ergo evacuati,
etc.; quasi dicat : vere Christus vobis nihil proderit, quia evacuati estis a
Christo, id est, habitatione Christi. Secundum
damnum est amissio gratiae. Ideo dicit a gratia excidistis, qui
scilicet prius eratis pleni gratia Christi, quia de plenitudine eius
accepimus omnes. Io. I, 16 : de plenitudine Christi nos omnes
accepimus, et cetera. Et Eccli. XXI, 17 : cor fatui quasi vas
confractum, et omnem sapientiam non tenebit. Vos, dico, qui in lege
iustificamini, id est creditis iustificari, a gratia, scilicet
habenda futurae beatitudinis, vel etiam a iam habita, excidistis.
Apoc. II, 5 : memor esto unde excideris, et age poenitentiam. |
1. Tenez vous-en là, et ne vous
mettez pas de nouveau sous le joug de la servitude. 2. Car je vous dis, moi Paul, que si
vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien. 3. Et de plus je déclare à tout
homme qui se fait circoncire, qu’il est obligé de garder toute la Loi. 4. Vous qui voulez être justifiés
par la Loi, vous n’avez plus de part au Christ; vous êtes déchus de la grâce. Saint Paul, après avoir établi dans les chapitres qui précèdent, que la
justice ne procède pas de la Loi, ramène ici les Galates de l’erreur à l’état
de rectitude. Et d’abord dans ce qui a rapport aux choses divines, ensuite
dans ce qui a rapport aux choses humaines (VI, 1) : Si quelqu’un par
surprise, est tombé dans quelque péché, etc. Sur le premier de ces
points, l’Apôtre I° donne un avertissement II° il en assigne la raison
(verset 2) : car je vous dis, moi Paul, etc. I° Dans son avertissement, Saint Paul
emploie deux raisons,
dont la première est destinée à porter au bien, la seconde, à détourner du
mal. I. Il porte au bien, quand il dit (verset
4) : demeurez fermes, en d’autres termes, puisque vous avez été
délivrés par Jésus-Christ de la servitude de la Loi, demeurez fermes dans la foi et inébranlables dans la
jouissance de votre liberté. Quand donc Saint Paul dit : Tenez-vous
fermes, il porte à la rectitude, car celui qui debout, est droit ;
(I Corinth., X, 12) : « Que celui qui est debout, etc. » ; et (I Corinth., XV, 58) : « Ainsi
donc, mes chers frères, demeurez fermes et inébranlables, etc. » ; (Ephés., VI, 14) : « que
la vérité soit la ceinture de vos reins, etc. » II. En ajoutant (verset 1) : Ne vous
remettez pas de nouveau sous le joug de la servitude, Saint Paul défend
le mal et en détourne. Il dit en d’autres termes : Ne vous rendez pas
dépendants de la Loi, qui n’engendre que pour la servitude. C’est de cette
servitude dont il est dit aux Actes (XV, 10) : « C’est un joug que ni
nos pères ni nous, etc. » et dont cependant vous avez été délivrés
par Jésus-Christ ; (Isaïe, IX, 4) : « [Vous avez brisé] la verge
qui lui déchirait les épaules, etc. » L’Apôtre dit : de nouveau,
non pas qu’ils aient été auparavant sous la Loi, mais parce que, comme l’a
remarqué saint Jérôme, (parmi les lettres de saint
Augustin, Epître XI) : « Garder,
après avoir reçu l’Evangile, les observances de la Loi, c’est un péché si
grand, que c’est comme se livrer à l’idolâtrie. » Les Galates
ayant donc été idolâtres en se soumettant au joug de la circoncision et des
autres observances légales, reviennent en quelque sorte aux mêmes erreurs,
dont ils étaient esclaves, alors qu’ils se livraient à l’idolâtrie. Toutefois
suivant saint Augustin, (Ep., XIX)
comme il a été expliqué plus haut, il faut distinguer, par rapport aux
observances de la Loi, trois différentes époques, à savoir : le temps qui
précéda la mort de Jésus-Christ, celui qui s’écoula avant la diffusion de la
grâce, et celui qui suivit cette diffusion. Depuis que la grâce est répandue,
pratiquer les observances de la Loi est un péché mortel, même pour les Juifs;
mais pendant l’époque intermédiaire, c’est-à-dire avant la diffusion de la
grâce, les Juifs qui s’étaient convertis pouvaient sans pécher garder ces
observances, pourvu toutefois qu’ils n’y mettent pas leur espérance; mais
ceux qui s’étaient convertis de la Gentilité ne le pouvaient pas. Les Galates
n’étant donc pas venus du judaïsme voulaient néanmoins pratiquer les
observances de la Loi et mettaient en elles leur espérance, voilà pourquoi
ils se remettaient de nouveau sous le joug de la servitude. Car la pratique
de ces observances était pour eux comme une idolâtrie, en ce que leur foi en
Jésus-Christ n’était pas conforme à la règle, puisqu’ils croyaient ne pas
pouvoir obtenir le salut par lui, sans garder les prescriptions de la Loi. II° Quand l’Apôtre dit (verset 2) : car je vous dis, moi Paul, etc., il développe les deux recommandations
qu’il a faites. D’abord la seconde, et ensuite la première (verset 5) : Car pour nous, c’est par l’Esprit, etc. I. Sur le premier de ces points,
premièrement il explique ce que c’est que ce joug de la servitude, auquel ils
ne doivent plus se soumettre; secondement il donne la preuve de ce qu’il a
dit (verset 4) : Vous n’avez plus de part, etc. Sur la première
partie, 1°
Il fait voir que ce joug est grandement nuisible; 2° grandement pesant (verset 3) :
Et de plus je déclare, etc. 1° Le joug de la Loi est nuisible, parce
qu’il anéantit l’effet de la mort du Seigneur. C’est ce qui fait dire à Saint
Paul (verset 4) : Ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de la servitude,
car (verset 2) : je vous dis, moi Paul, dont l’autorité vous est
connue, je vous dis donc et avec
raison, que si vous vous faites circoncire, Jésus Christ, c’est-à-dire
la foi en Jésus-Christ ne vous servira de rien. On objecte qu’il est dit aux Actes (XVI, 3) que Paul lui-même circoncit
Timothée; l’Apôtre a donc agi de manière à ce que Jésus Christ ne servît de
rien à ce disciple; il l’a donc trompé ? Il faut répondre avec saint Jérôme, que Saint Paul n’a pas circoncis
Timothée avec l’intention d’observer la Loi. Il a feint seulement de le
circoncire, en simulant l’oeuvre de la circoncision. Car, suivant ce Père,
les apôtres feignaient de pratiquer les observances légales, afin d’éviter de
scandaliser les fidèles qui s’étaient convertis du Judaïsme. Ils faisaient
ainsi les actes des observances de la Loi, mais sans intention de garder ces
observances, et de cette manière ils ne s’écartaient pas de la foi, Saint
Paul n’a donc pas trompé Timothée. Mais, d’après saint Augustin, il faut dire
que les apôtres gardaient, sans aucune dissimulation, les observances en
toute vérité et avec l’intention de les garder, attendu que, dans leur
sentiment, cette pratique était à cette époque, c’est-à-dire avant la
diffusion de la grâce, licite pour les fidèles convertis du Judaïsme.
Timothée étant donc né d’une mère Juive, l’Apôtre le circoncit, avec
l’intention de pratiquer en cela les observances de la Loi. Mais parce que
les Galates, même après la diffusion de la grâce, mettaient leur espérance
dans ces observances, comme si la grâce sans elles ne suffisait pas pour le
salut, et pour cette raison s’obstinaient à les garder, l’Apôtre leur dit
(verset 2) : si vous vous faites circoncire, etc. Car il résultait de
leur conduite, qu’ils considéraient pour rien Jésus-Christ, puisque ce n’est
qu’en signe de lui que la circoncision fut donnée ; (Genès., XVII, 11) :
« [Vous circoncirez votre chair], afin que cette circoncision soit la
marque de l’alliance que je fais avec vous, etc. » Ceux-là donc qui
étaient circoncis, croyaient que le signe durait encore, et que celui qui
était figuré n’était pas encore venu; de cette manière ils se séparaient de
Jésus-Christ. On voit ainsi combien le joug de la Loi est nuisible. 2° Or ce joug est aussi très pesant. Il
est tel, parce qu’il oblige à une chose impossible : c’est ce qui fait dire
(verset 3) : et de plus je déclare, etc.; en d’autres termes : je dis que si vous vous faites circoncire, Jésus-Christ ne vous servira de rien;
mais de plus (verset 3) : je déclare à tout homme, soit Juif, soit
Gentil, etc. Car quiconque fait profession d’une religion, contracte
l’engagement de pratiquer tout ce qui tient aux observances de cette
religion. Or, comme l’a remarqué saint Augustin, jamais il n’y eut de religion sans
quelque pratique extérieure, à laquelle sont tenus ceux qui vivent dans cette
religion. C’est ainsi que dans la religion chrétienne, on a pour signe
visible le baptême auquel sont obligés, quant au culte, tous les chrétiens.
Ils sont également tenus à tout ce qui appartient au culte de la religion
chrétienne. Le signe visible de la Loi mosaïque, ce fut la circoncision;
quiconque donc se faisait circoncire, s’obligeait par là même à garder toutes
les observances de la Loi et à les pratiquer; c’est ce que dit Saint Paul
(verset 3) : car il est obligé de garder toute la Loi ; (Jacques, II, 10) : « Celui
qui viole la Loi en un seul point, est coupable comme l’ayant toute violée. »
Toutefois nul ne pouvait l’observer, suivant ces paroles des Actes (XV, 40) :
« C’est un joug, que ni nos pères, ni nous, n’avons pu porter, etc. » Supposé donc que l’on se fasse circoncire, on s’oblige, d’après ce qui a
été dit plus haut, à garder les observances de la Loi; or il y a là un péché
mortel; on est donc tenu à un péché mortel, et et cela semble bien être un
motif de perplexité. Il faut répondre que tant que cet état de la conscience persiste, on est
tenu de pratiquer les observances; par exemple, si l’on croyait en conscience
que l’on pécherait mortellement en ne se faisant pas circoncire, tant que la
conscience serait telle, on pécherait mortellement si on ne faisait pas ce
que prescrit la Loi. La raison en est que se croire tenu en conscience de
faire une chose, ce n’est autre chose que penser qu’on agira contre Dieu, si
on ne fait pas cette chose; or agir contre Dieu, c’est un péché. Je dis donc
qu’en ne suivant pas dans sa détermination l’impulsion de la conscience, on
pècherait mortellement, non pas, il est vrai, par la nature de l’acte, mais en
raison de l’intention avec laquelle on agit. On pèche aussi en le faisant,
parce qu’une semblable ignorance n’excuse pas, attendu que c’est une
ignorance du droit. Cependant la conscience n’est pas, au premier chef,
perplexe, mais en partie seulement, car on peut déposer la conscience erronée.
C’est ainsi que l’Apôtre déclare à tous ceux qui se font circoncire, qu’il
est obligé de garder toute la Loi. (1) (1) Quelquefois la conscience devient PERPLEXE : ce qui a
lieu lorsqu’on se croit obligé à deux devoirs opposés. Celui dont la
conscience est perplexe, doit autant que possible, consulter des hommes sages
et éclairés. S’il ne le peut, il doit choisir le moindre mal, mettant
toujours les préceptes de la loi naturelle avant ceux d’une loi humaine. S’il
est embarrassé pour découvrir de quel côté se trouve le moindre mal, il ne
péchera pas, quelque parti qu’il prenne, car alors il n’est pas libre : Dieu
n’exige pas l’impossible II. Enfin en disant (verset 4) : Vous avez
rompu avec le Christ, etc., l’Apôtre donne la preuve de ce qu’il a
avancé, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas se soumettre à l’observance de la
Loi, en raison du dommage présent, qui est de deux sortes : d’abord la perte
de Jésus-Christ et ensuite la perte de la grâce de Jésus-Christ. 1° Le premier dommage est la cause du
second (verset 4) : Vous qui voulez être justifiés par la Loi, etc. Il
dit donc (verset 4) : Vous avez rompu avec Jésus-Christ, etc…, en
d’autres termes véritablement Jésus-Christ ne vous servira plus de rien,
parce que vous êtes séparés de Jésus-Christ, c’est-à-dire qu’il n’habite plus
en vous. 2° Le second dommage est la perte de la
grâce; c’est ce qui lui fait dire (verset 4) : Vous êtes déchus de la
grâce, c’est-à-dire : vous étiez d’abord remplis de la grâce de
Jésus-Christ, car tous nous avons
reçu de sa plénitude ; « car tous nous avons reçu de sa
plénitude, etc. » (Jean, I, 16), et (Ecclésiastique XXI, 17)
: « Le coeur de l’insensé est comme un vase rompu, il ne peut rien
retenir de la sagesse. » Vous donc, je le répète, qui êtes justifiés dans sa Loi,
c’est-à-dire qui croyez être justifiés par elle, vous êtes déchus de la
grâce, c’est-à-dire de la béatitude qui doit nous être donnée; ou encore
de la grâce que vous avez déjà reçue ; (Apoc., II, 5) : « Souvenez-vous
donc d’où vous êtes déchus, et faites pénitence. » |
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Lectio 2 |
Leçon 2 : Galates V, 5-12 ─ La loi de Moïse est périmée
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SOMMAIRE : L’Apôtre incite les
Galates à persévérer dans la grâce de l’Evangile et de la foi; à ne pas se
soumettre à la Loi de Moïse et à ne pas donner créance à ceux qui les
engagent à le faire. |
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[5] nos
enim spiritu ex fide spem iustitiae expectamus [6] nam
in Christo Iesu neque circumcisio aliquid valet neque praeputium sed fides
quae per caritatem operatur [7]
currebatis bene quis vos inpedivit veritati non oboedire [8]
persuasio non est ex eo qui vocat vos [9]
modicum fermentum totam massam corrumpit [10] ego
confido in vobis in Domino quod nihil aliud sapietis qui autem conturbat vos
portabit iudicium quicumque est ille [11] ego
autem fratres si circumcisionem adhuc praedico quid adhuc persecutionem
patior ergo evacuatum est scandalum crucis [12]
utinam et abscidantur qui vos conturbant [87775] Super Gal., cap. 5 l. 2 Explicavit apostolus secundum documentum,
scilicet quod non esset subeundum iugum servitutis legis, hic autem redit ad
primum, ostendens quod stare debent. Et primo proponit standi exemplum;
secundo removet stationis impedimentum, ibi currebatis, etc.; tertio
assignat standi causam, ibi vos autem in libertatem, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo proponit standi exemplum; secundo causam eius
assignat, ibi nam in Christo Iesu, et cetera. Dicit ergo
: qui in lege volunt iustificari, Christus eis nihil prodest, quia excidunt a
gratia. Sed nos, scilicet apostoli, stamus per spem, quia scilicet expectamus
spem iustitiae, id est iustitiam et spem, scilicet aeternam beatitudinem.
I Petr. I, 3 : regeneravit nos in spem vivam, et cetera. Vel, spem
iustitiae, id est Christum, per quem est nobis spes iustitiae, quia per
eum iustificamur. Phil. III, 20 : salvatorem expectamus, et cetera. I
Cor. I, 30 : qui factus est nobis sapientia, et iustitia, et
sanctificatio, et redemptio, et cetera. Vel spem iustitiae, id est
spem quae est de iustitia, ut iustificentur non per legem, sed per fidem.
Rom. III, 28 : arbitramur hominem iustificari per fidem sine operibus
legis. Vel spem
iustitiae, id est rem speratam, in quam tendit iustitia, scilicet vitam
aeternam. II Tim. ult. : in
reliquo reposita est mihi corona iustitiae, et cetera. Et hoc ex fide,
quia iustitia Dei est per fidem Iesu Christi, ut dicitur Rom.
III, 22. Quae quidem fides non est ab homine, sed a spiritu sancto qui eam
inspirat. Rom. VIII, v. 15 : accepistis spiritum filiorum, in quo clamamus
: abba, pater, et cetera. Sicut ergo fides est ex spiritu, ita ex fide
est spes, ex spe iustitia, per quam pervenimus ad vitam aeternam. Haec autem
spes non venit ex circumcisione, neque ex gentilitate, quia nihil faciunt ad
hoc. Et ideo dicit nam in Christo Iesu, id est in his qui sunt in fide
Christi, neque circumcisio, neque praeputium, etc., id est
indifferentia sunt. Sed
fides, non
informis, sed ea quae per dilectionem operatur, Iac. II, 26 : fides sine operibus mortua est,
et cetera. Nam fides est cognitio verbi Dei, Eph. III, 17 : habitare
Christum per fidem, et cetera. Et hoc verbum nec perfecte habetur, nec
perfecte cognoscitur, nisi etiam habeatur amor quem sperat. Hic sunt duo
dubia circa Glossam. Primum
est, quod dicit praeputium et circumcisionem esse indifferentia, cum supra
dixerit si circumcidimini, Christus vobis nihil proderit. Sed
dicendum est, quod ex genere operis sunt indifferentia, scilicet illis, qui
non ponunt spem in eis; sed ex intentione operantis non sunt indifferentia.
Nam ponentibus in eis spem, mortifera sunt. Secundum
dubium est de hoc, quod dicit quod illi qui non credunt, peiores sunt quam
Daemones, cum Daemones credant et contremiscant. Respondeo. Dicendum est,
quod peiores quidem sunt ex specie operis, sed non quantum ad affectum. Nam
Daemonibus displicet hoc, quod credunt; nec etiam est tanta nequitia
voluntatis in homine qui non credit, quanta in Daemone qui odit quod credit. Consequenter
cum dicit currebatis bene, etc., agitur de impedimento stationis. Et
primo ponit impedimentum; secundo docet eius remotionem, ibi nemini
consenseritis, et cetera. Impedimentum
stationis eorum magnum erat et nocivum; nam tanto aliquid est magis nocivum,
quanto maius bonum privat. Quando ergo aliquis multis bonis spiritualibus
privatur, signum est habuisse magnum impedimentum. Et ideo, ut ostendat eos apostolus
magnum impedimentum habuisse, commemorat eis bona spiritualia, quae
amiserunt, cum dicit currebatis bene, etc., scilicet per opera fidei
formatae per charitatem, quae instigat ad currendum. Ps. CXVIII, v. 32 : viam
mandatorum tuorum cucurri, cum dilatasti cor meum. Et hoc quidem fuit
olim in vobis, sed dum sic currebatis, estis impediti, et ideo subdit : quis
vos fascinavit? De quo dictum est supra cap. III, 1; et ideo supersedeo
ad praesens. Quis ergo vos fascinavit, id est impedivit
veritati, scilicet evangelicae, non obedire? Et hoc congrue dicit;
nam obedire est voluntatis applicandae ad consensum praecipientis. Et ideo
fides est voluntatis et intellectus scientia. Oportet ergo voluntati fidei
obedire; hoc autem est volendo credere, quod gratia fidei Christi sufficiat
ad salutem sine legalibus observantiis. Excludit
autem impedimentum, cum dicit nemini, etc., et hoc ex triplici parte. Primo ex parte eorum; secundo ex parte Dei, ibi ego confido,
etc.; tertio ex parte apostoli, ibi ego autem, fratres, et cetera. Ex parte eorum, cum dicit nemini,
et cetera. Ubi primo ostendit quid requiratur ex parte eorum, ut vitent hoc
nocumentum, scilicet quod nemini pseudo deinceps consentiant. I Thess. V, 5 : non simus noctis neque
tenebrarum, et cetera. Eph. V, 11 : nolite communicare operibus
infructuosis tenebrarum, etc., et II Tim. II, 17 : et sermo eorum ut
cancer serpit, et cetera. Ex quo datur intelligi, quod nondum erant
corrupti, sed sollicitabantur de hoc. Secundo
assignat rationem huius cum dicit persuasio enim, et cetera. Et haec
est duplex. Prima, quia homo cum dat se alicui, nihil debet facere nisi quod
utile duxerit sibi. Sed vos traditi estis Christo, ergo non debetis audire,
vel consentire, nisi his quae sunt ab ipso; ergo haec persuasio, qua
vos volunt mittere sub iugo legis, quia non est ex eo, scilicet ex
Deo, qui vos vocavit ad vitam, sed ex Diabolo, inquantum scilicet deficiens
est, et ideo non consenseritis eis. Vel non ex eo, id est contra
ipsum. Secunda
ratio est, quia posset dici quod non est magnum si paucis consentiatur, cum
ex hoc non sit periculum, et ideo dicit quod non est eis consentiendum, nec
eorum insidiae sunt contemnendae, sed debent principiis obstare, quia modicum
fermentum, etc., id est illi pauci qui vobis persuadent. Vel haec persuasio, parva in principio, totam
massam corrumpit, id est congregationem fidelium. Lev. II, 11 : nec
quidquam fermenti ac mellis adolebitur in sacrificio domini. Consequenter cum dicit ego
confido in vobis, etc., removet impedimentum ex parte Dei, qui auxilium
ad hoc praebet. Et ponit duplex
auxilium. Unum quantum ad seducentes; aliud quantum ad conturbantes, ibi qui
autem conturbant, et cetera. Dicit ergo
ego confido, etc.; quasi dicat : dixi quod non consentiretis pseudo,
et confido in vobis. II Cor.
VII, 16 : gaudeo quod in omnibus confido in vobis. Hebr. VI, v. 9 : confidimus autem de vobis,
dilectissimi, meliora et viciniora saluti. Confido, inquam, in hoc
scilicet quod nihil aliud sapietis, quam quod vos docui. Supra I, 8 : licet
nos, aut Angelus de caelo evangelizet vobis praeterquam quod evangelizavimus,
anathema sit. Phil. II, 2 : implete gaudium meum, ut idem sapiatis,
et cetera. Et hoc ex auxilio divino. Et ideo dicit in domino Deo,
scilicet operante. II Cor.
III, 4 : fiduciam talem habemus per Christum ad Deum, et cetera. Quia dominus dabit vobis sapere secundum
sobrietatem Catholicae veritatis. Ps. XCI : bonum est confidere in domino,
et cetera. Quantum
autem ad conturbantes dicit qui autem conturbat, etc., id est qui removet
vos a debito ordine, ut scilicet a spiritualibus convertamini ad corporalia,
cum debeat esse contrarium. I Cor. XV, 46 : non prius quod spirituale est,
sed quod animale est, deinde quod, et cetera. Et cum talis ordo sit
perversus, ut dicitur supra III, 3 : sic stulti facti estis, ut cum
spiritu coeperitis, etc., ideo portabit iudicium, id est
condemnationem sustinebit. Sicut enim qui inducit aliquem ad bonum,
remuneratur, Dan. XII, 3 : qui ad iustitiam erudiunt plurimos, quasi
stellae in perpetuas aeternitates, etc., ita qui inducit aliquem ad
malum, condemnatur. Ios. VII, 25 : quia turbasti nos, exturbet te dominus
in hac die. Deut. XXVII, v. 18 : maledictus qui errare facit caecum in
itinere. Et hoc, quicumque est ille, id est quantaecumque sit auctoritatis,
non parcetur ei. Sed
Porphyrius et Iulianus in hoc reprehendunt Paulum de praesumptione, dicentes,
quod hoc dicit lacerans Petrum (cum supra in faciem se restitisse
scripserit), ut sit sensus : quicumque sit ille, id est etiam si Petrus esset,
puniretur. Sed, ut Augustinus dicit, non est credendum quod Paulus cum
maledicto de Ecclesiae principe loqueretur, cum scriptum sit Exod. c. XXII,
28 : principem populi tui non maledices. Nec etiam, quod Petrus sic
offenderit, quod esset dignus condemnatione. Dicit ergo apostolus de quodam
alio, qui de Iudaea veniens, dicebat se fuisse discipulum magnorum
apostolorum, et sub ista auctoritate corrumpebat Galatas ipse cum aliis
falsis praedicatoribus. Supra II, 4 : propter subintroductos falsos
fratres, et cetera. Consequenter
cum dicit ego autem, fratres, etc., removet impedimentum ex parte sua.
Et primo ponit sui excusationem; secundo eorum, qui eum infamabant,
obiurgationem, ibi utinam abscindantur, et cetera. Excludit
autem falsum quod ei imponebatur. Et primo aliquid pertinens ad ipsum tantum;
secundo aliquid pertinens ad omnes, ibi ergo evacuatum est, et cetera.
Sciendum est circa primum, quod pseudo Galatis excusantibus se de eo quod non
servabant legalia, quia ita edocti erant ab apostolo, et dicebant quod
apostolus deceperat eos, et quod in servitutem eorum haec persuaserat eis :
et confirmabant, dicentes Paulum praedicasse in Iudaea, et docuisse legalia
debere servari. Et ideo excusat se de hoc apostolus, dicens ego autem,
fratres, si circumcisionem adhuc praedico, sicut imponunt mihi pseudo, quid
adhuc persecutionem patior? Scilicet a Iudaeis. I Cor. IV, 12 : persecutionem
patimur, et cetera. Nam Iudaei specialiter propter hoc persequebantur
Paulum, quod praedicabat legalia non debere servari. Act. XXI, 21, dicit
Iacobus Paulo : audierunt de te quia discessionem doceas a Moyse eorum,
qui per gentes sunt Iudaeorum, dicens eos non debere circumcidere filios,
et cetera. Patet ergo quod non est verum quod mihi imponunt, alioquin
persecutiones adhuc non paterer. Falsum est
etiam id quod mihi imponunt per id quod communiter est apud alios, quia si
circumcisionem praedico, evacuatum est scandalum crucis. Nam non solum ego,
sed etiam omnes apostoli praedicamus Christum crucifixum, Iudaeis quidem
scandalum, etc., ut dicitur I Cor. I, 23. Et de hoc maxime
scandalizantur, quia praedicamus, quod per crucem Christi legalia evacuantur.
Si ergo praedico circumcisionem, evacuatum est scandalum, id est non
erit scandalum apud Iudaeos ultra de cruce. Nam patienter sustinerent, immo
libenter vellent, quod praedicaremus crucem et legalia simul debere servari.
Vel, secundum Augustinum, evacuatum est scandalum crucis, id est
evacuata est crux quae est scandalum, quasi dicat : crux perdidit effectum
suum et virtutem. Supra II, v. 21 : si enim ex lege esset iustitia, ergo
Christus gratis mortuus est. Dicit autem apostolus specialiter evacuatum
est, etc., ut det intelligere, quod propter hoc Iudaei occiderunt
Christum, quia legalia non servabat et ea non esse servanda docebat. Io. IX,
16 : non est hic homo a Deo, quia sabbatum non custodit. Consequenter
obiurgat pseudo, qui eum infamaverant, dicens utinam abscindantur,
etc., quasi dicat : ipsi conturbant vos in hoc quod volunt vos circumcidi :
sed utinam non solum circumcidantur, sed totaliter castrentur. Sed contra
Rom. XII, 14 : benedicite, et nolite maledicere, et cetera. Ad hoc est
duplex responsio. Prima est, quod non maledixit apostolus eis, sed potius
benedixit, quia optavit eis ut spiritualiter castrentur, ut servarent
spiritualem castitatem, cassando caeremonialia, secundum illud Matth. XIX, 12
: sunt quidam eunuchi, qui se castraverunt propter regnum caelorum.
Secundo quod optat eis sterilitatem prolis quam habent eunuchi, ut scilicet
non generent. Unde ait utinam et abscindantur, etc., id est vim
generandi perdant in vobis, et aliis. Et hoc merito, quia generant filios in errorem,
et redigunt eos in servitutem legis. Os. c. IX, 14 : dabo eis vulvam sine
liberis, ut ubera arentia. |
5. Mais pour nous, c’est par
l’Esprit et en vertu de la foi que nous espérons recevoir la justice. 6. Car dans le Christ Jésus ni la
circoncision, ni l’incirconcision ne servent de rien, mais la foi qui est
animé de la charité. 7. Vous couriez si bien : qui vous a
arrêtés pour vous empêcher d’obéir à la vérité ? 8. Ce sentiment dont vous vous êtes
laissés persuader, ne vient pas de celui qui vous a appelés. 9. Un peu de levain aigrit toute la
pâte. 10. J’espère de la bonté du
Seigneur, que vous n’aurez pas à l’avenir d’autres sentiments; mais celui qui
vous trouble en portera la peine, quel qu’il soit. 11. Pour moi, mes frères, si je
prêche encore la circoncision, pour quoi est-ce que je souffre tant de
persécutions ? Le scandale de la croix est donc anéanti ! 12. Plût à Dieu que ceux qui vous
troublent soient non seulement circoncis, mais mutilés ! Saint Paul après avoir expliqué la seconde recommandation, c’est-à-dire
qu’on ne devait pas se soumettre au joug de servitude de la Loi, revient à la
première, et établit que les Galates doivent se tenir fermes dans la foi. I°
Donc il leur propose un exemple de cette fermeté; II° il détruit un obstacle qui
s’y oppose (verset 7) : Vous couriez, etc. ; III° il donne le motif pour
lequel on doit demeurer ferme (verset 13) : car, mes frères, vous êtes
appelés à un état de liberté, etc. I° Sur le premier de ces points, l’Apôtre donne donc I. un
exemple de fermeté; II. il en assigne la cause (verset 6) : Car
en Jésus-Christ, etc. I. Il dit donc : à ceux qui veulent être
justifiés par la Loi, Jésus-Christ ne sert de rien, parce qu’ils sont déchus
de la grâce. Mais (verset 5) : nous, apôtres, nous
demeurons soutenus par l’espérance, parce que nous attendons l’espérance
de la justice, c’est-à-dire la justice et l’espérance ou la béatitude
éternelle ; (I Pierre, I, 3) : « Il nous a régénérés pour nous
donner l’espérance de la vie, etc… », ou l’espérance de la justice, c’est-à-dire Jésus-Christ, d’où nous
vient l’espérance de la justice, car c’est par lui que nous sommes justifiés ;
(Philipp., III, 20) : « C’est du ciel que nous attendons le Sauveur » ; (I Corinth., I, 30) : « Il
nous a été donné pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification
et notre rédemption, etc. » Ou encore l’espérance de la justice,
c’est-à-dire l’espérance qui est produite par la justice, afin d’être
justifiés non par la Loi, mais par la foi ; (Rom., III, 28) : « Car
nous devons reconnaître que l’homme est justifié par la foi, sans les oeuvres
de la Loi. » Ou : l’espérance de la justice,
c’est-à-dire le bien que nous espérons et vers lequel tend la justice, à
savoir, la vie éternelle ; (II Timoth., IV, 8) : « Il ne me
reste à attendre que la couronne de justice, etc. » Cette couronne
est obtenue par la foi, (Rom., III,
22) : « La justice de Dieu nous est donnée par la foi en Jésus
Christ, » et la foi ne vient pas de l’homme, mais du Saint Esprit
qui l’inspire ; (Rom., VIII, 15 : « Vous avez reçu l’Esprit
d’adoption des enfants, par lequel nous crions : Abba (mon Père) »
De même donc que la foi vient du Saint Esprit, ainsi l’espérance naît de la
foi, et la justice de l’espérance, par laquelle nous parvenons à la vie
éternelle. II. Or cette espérance ne provient ni de la
circoncision, ni de l’incirconcision, puisqu’elles ne lui donnent rien. Voilà
pourquoi l’Apôtre dit (verset 6) : Car en Jésus-Christ, c’est-à-dire en ceux qui demeurent dans la
foi en Jésus-Christ, ni la circoncision, ni l’incirconcision, etc. c’est-à-dire
sont d’elles-mêmes indifférentes ; mais ce qui sert, c’est la
foi, non pas morte, mais animée par
la charité ; (Jacq., II, 26) : « La foi, lorsqu’elle est
sans les oeuvres est morte, etc. » car la foi, c’est la connaissance
du Verbe divin ; (Ephès., III, 17) : « Qu’il fasse que Jésus
habite en vos coeurs par la foi, etc. » Or l’on ne possède et ne
connaît parfaitement ce Verbe, qu’autant qu’on a en même temps l’amour qui
espère. Ce passage tel qu’il est expliqué dans la Glose, présente deux
difficultés. Voici la première : la Glose dit que la circoncision et l’incirconcision
sont de soi indifférentes, tandis que l’Apôtre dit plus haut : si vous
vous faites circoncire, Jésus-Christ ne vous servira de rien. Il faut répondre que la circoncision et l’incirconcision sont, par la
nature de l’acte, indifférentes pour ceux qui ne fondent pas en elles leurs
espérances; mais si l’on considère l’intention de celui qui agit, elles ne le
sont plus, car pour ceux qui y mettent leur espérance, ce sont des fautes
mortelles. La seconde difficulté consiste en ceci : la Glose dit que ceux qui ne
croient pas sont pires que les démons, attendu que les démons croient et
tremblent. Il faut répondre qu’ils sont pires que les démons, du côté de l’oeuvre,
mais non pas quant à l’affection. Car ce que les démons croient leur est un
objet de haine, tandis que dans la volonté de l’homme qui ne croit pas, il
n’y a pas une aussi grande perversité, que dans le démon qui hait ce qu’il
croit. II° Quand Saint Paul dit ensuite (verset 7) : Vous
couriez si bien, etc., il en vient à l’obstacle qui s’oppose à la fermeté. I° Il dit quel est cet obstacle; II°
il apprend à en triompher (verset 7) : Ne vous laissez séduire, etc. I. L’obstacle à leur fermeté était grand
et nuisible, car une chose est d’autant plus nuisible, qu’elle prive d’un
plus grand bien; quand donc on est privé de biens spirituels grands et
nombreux, c’est une marque qu’on a contre soi des obstacles puissants.
L’Apôtre donc, pour donner à entendre qu’il en a été ainsi pour les Galates,
leur rappelle les biens spirituels qu’ils ont perdus, en disant (verset 7) : Vous
couriez si bien, etc., c’est-à-dire par les oeuvres de la foi animée par
la charité, qui pousse à courir ; (Ps., CXVIII, 32) : « J’ai
couru dans la voie de vos commandements, lorsque vous avez élargi mon coeur. »
Vous étiez tels autrefois; mais tandis que vous couriez ainsi, vous avez été
empêchés. C’est pourquoi il ajoute : Qui donc vous a fascinés ? : paroles expliquées au ch. III, 1;
aussi pour le moment je ne m’y arrête pas. Qui donc vous a fascinés, c’est-à-dire a
mis obstacle à la vérité, à savoir celle de l’Evangile, afin que vous n’y obéissiez pas ?
Cette expression est pleine de justesse, car obéir c’est appliquer la volonté
en conformité de sentiments avec celui qui ordonne. Ainsi la foi est la
science de la volonté et de l’intelligence. Il faut donc que la volonté
obéisse à la foi, c’est-à-dire qu’on croie par un acte de cette volonté que
la grâce de la foi de Jésus-Christ suffit pour le salut, sans qu’il soit
besoin des observances de la Loi. II. En disant (verset 7) : [Ne
vous laissez séduire] par qui que ce soit, l’Apôtre détruit
l’obstacle; et cela par trois motifs pris 1° de leur côté même; 2° du
côté de Dieu (verset 10) : J’espère
pour vous, etc.; 3° du côté de Saint Paul lui-même, (verset 11)
: Pour moi, mes frères, etc. 1° L’Apôtre explique donc : A) de leur côté, en disant par qui que ce soit ; il montre d’abord
ce à quoi les Galates sont tenus, de leur côté, afin de se préserver de ce
dommage, à savoir qu’à l’avenir ils ne se laissent séduire par aucun des
faux-apôtres ; (I Thessalon., V, 5) : « Nous ne sommes pas,
nous, enfants de la nuit et des ténèbres, etc. »; (Ephès., V, 11) : « Ne
prenez pas de part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, etc.. »,
et (II Timoth., II, 17) : « Et leur parole dévore comme un cancer. »
L’Apôtre donne ainsi à entendre, que les Galates n’étaient pas encore
corrompus, mais sollicités à le devenir. B) En second lieu il assigne le motif de
ce qu’il leur recommande (verset 8) : car ce dont on cherche à vous persuader, etc.
Saint Paul apporte une double raison. a) La première que, quand on se
donne, on ne doit faire que ce que l’on affirme avantageux à celui auquel on
se donne ; or vous avez été donnés à Jésus-Christ; donc vous ne devez
entendre ni admettre que ce qui vient de lui; donc ces suggestions, par
lesquelles on veut vous replacer sous le joug de la Loi, doivent être
repoussées, parce qu’elles ne viennent pas de lui, c’est-à-dire de Dieu, qui vous a appelés à la vie, mais du démon, en tant
qu’elles vous font rétrograder. C’est pour cela que vous ne devez pas vous
laisser séduire par eux. Ou encore : Elles ne sont pas de lui,
c’est-à-dire elles sont contre lui. — b) La seconde raison, c’est que l’on pouvait
dire qu’il importait peu qu’on acquiesçât à quelques-uns, puisqu’il ne
pouvait en résulter aucun danger. C’est pourquoi l’Apôtre ajoute qu’il ne
faut pas se laisser séduire par eux, ni négliger leurs embûches, mais qu’il
faut veiller à ces commencements, parce que (verset 9) : un peu de levain,
etc. ; c’est-à-dire
ces quelques-uns qui s’efforcent de vous entraîner. Ou ces suggestions, peu importantes au début, corrompent
toute la masse, c’est-à-dire toute l’assemblée des fidèles ;
(Lévitiq., II, 11) : « Vous ne brûlerez pas sur l’autel ni de levain
ni de miel dans le sacrifice qu’on offre au Seigneur. » 2° Quand Saint Paul dit ensuite (verset
10) : J’espère pour vous du Seigneur, etc., il détruit l’obstacle par
un motif pris du côté de Dieu, qui donne à cet effet son secours. L’Apôtre
distingue deux sortes de secours de Dieu : l’un contre ceux qui les
séduisent, l’autre contre ceux qui les troublent (verset 10) : Pour ceux
qui vous troublent, etc. A) Il dit donc (verset 10) : J’espère
pour vous du Seigneur, en d’autres termes : j’ai dit que vous ne deviez
pas vous laisser séduire par les faux-apôtres, et j’ai à votre égard cette
confiance ;
(II Corinth., VI, 16) : « Je me réjouis de ce que je puis me fier à
vous en toutes choses ; »
(Hébreux VI, 9) : « Or, chers frères, nous avons une meilleure
opinion de vous et de votre salut. » – J’ai, dis-je, cette
confiance à votre égard, (verset 10) que vous n’accepterez pas
d’autre doctrine, que ce que je
vous ai enseignée ; (ci-dessus, I, 8) : Quand nous vous
annoncerions nous-mêmes, ou quand un ange du ciel vous annoncerait un
Evangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ; (Phil., II, 2) : « Rendez
ma joie pleine et entière, étant tous parfaitement unis de sentiments, etc. »
Vous le pouvez avec le secours divin; c’est ce qui lui fait dire (verset 10)
: dans le Seigneur Dieu, qui opèrera en vous ; (II Corinth.,
III, 4) : « C’est par Jésus-Christ que nous avons une si grande
confiance en Dieu, etc. » Car le Seigneur lui-même vous donnera de
vous tenir dans les justes bornes de la vérité catholique (Ps., XCI, 8) : « Il
est bon de se confier au Seigneur, etc. » B) Quant à ceux qui les troublent,
l’Apôtre dit (verset 10) : mais pour celui qui vous trouble,
c’est-à-dire celui qui vous détourne de l’ordre légitime, à savoir des choses
spirituelles aux éléments corporels, tandis que ce devrait être le contraire ;
(I Corinth., XV, 46) : « Ce n’est pas ce qui est spirituel qui a été
formé le premier, c’est ce qui est animal, et ensuite ce qui est spirituel, etc. »
Or cet ordre étant renversé, vous êtes devenus tellement insensés,
ainsi qu’il est dit plus haut (III, 3), qu’après avoir commencé par
l’Esprit, etc. ; celui-là
donc qui en est la cause (verset 10) en portera le jugement,
c’est-à-dire sera frappé par la condamnation. Car de même que celui qui porte
quelqu’un au bien en recevra la récompense ; (Dan., XII, 3) : « Ceux
qui auront annoncé à plusieurs la voie de la justice, luiront comme des
étoiles dans des éternités sans fin, etc. », ainsi celui qui porte
un autre au mal sera condamné ; (Josué VII, 25) : « [Or Josué
lui dit] : parce que vous nous avez troublés tous, que le Seigneur vous
troublera en ce jour-ci » ; (Deutéron., XXVII, 18) : « Maudit soit celui qui
fait errer l’aveugle en son chemin. Et il en sera ainsi (verset 10) : quelqu’il
soit, c’est-à-dire de quelque autorité qu’il soit revêtu. Porphyre et Julien
(1) accusent ici Saint
Paul de présomption, et prétendent qu’il parle ainsi en attaquant saint
Pierre, dont il a été écrit plus haut qu’il lui résisterait en face, en sorte
que le sens serait : quel que soit
celui-là, c’est-à-dire fût-ce même Pierre, il sera châtié. Mais comme l’observe saint Augustin, on ne
saurait croire Paul que ait parlé, avec une sorte de malédiction, du chef de
l’Eglise, quand il est écrit (Exode, XXII, 28) : « Vous ne
maudirez pas le Prince de votre peuple » ; ni que Pierre ait
fait une erreur telle, qu’elle ait rendu nécessaire une condamnation. Ce que
dit l’Apôtre s’applique donc à quelqu’autre, qui venant de Judée, se vantait
d’être le disciple des grands apôtres, et abusait de cette autorité pour
corrompre, les Galates, comme le faisaient les autres faux-apôtres, dont il
est dit plus haut (II, 4) : la considération des faux frères qui
s’étaient introduits par surprise, etc. 3° Quand l’Apôtre ajoute (v.4 1) : Pour moi, mes frères, etc., il détruit l’obstacle par une
raison prise de sa propre personne. Et d’abord il se justifie; ensuite il
fait un reproche à ceux qui le diffamaient (verset 12) : Plût à Dieu qu’ils aillent jusqu’à la mutilation, etc. A) Il renverse donc d’abord une fausse
imputation, premièrement en un point qui ne touchait que lui seul;
secondement dans ce qui s’attaquait à tous (verset 11) : [Le scandale de la croix]
est donc anéanti, etc. a) Sur la première partie, il faut savoir que
lorsque les Galates s’excusaient de ne pas garder les observances de la Loi, sur
ce qu’ils avaient été ainsi instruits par Saint Paul, les faux-apôtres
répondaient que l’Apôtre les avait trompés, et que c’était pour se les
assujettir qu’il leur avait inculqué cette doctrine. Ils confirmaient leur
assertion en disant que Paul lui-même avait prêché en Judée, et qu’il y avait
enseigné qu’il fallait garder ces observances. L’Apôtre donc se justifie de
cette accusation, en disant (verset 11) : Pour moi, mes frères, si je
prêche encore la circoncision, comme me l’ l’imputent les faux apôtres, pourquoi
suis-je encore en butte à tant de persécutions ? à savoir de la part des
Juifs ; (I Corinth., IV, 12) : On nous persécute, etc. » Car les Juifs persécutaient Saint
Paul, principalement parce qu’il enseignait qu’on ne devait plus garder les
observances de la Loi. Au chapitre XXI, 21 des Actes, Jacques dit à Paul : « Ils
ont entendu dire que vous enseignez à tous les Juifs, répandus parmi les
nations, de renoncer à Moïse, en disant qu’ils ne doivent pas circoncire
leurs enfants, etc. » Il est donc manifeste que ce que m’imputent
les faux-apôtres est dénué de vérité, car si ce reproche était fondé, je ne
serais pas maintenant en butte aux persécutions. b) On voit de plus la fausseté de
ce qu’ils m’imputent par ce qui se pratique communément par les autres, car
si je prêche encore la circoncision (verset 11) le scandale de la croix est donc anéanti. Car non seulement
moi, mais encore tous les autres apôtres, nous prêchons Jésus Christ
crucifié, qui est un scandale pour les Juifs, etc., comme il est dit (I
Corinth., I, 23). Ils sont surtout scandalisés par le fait que nous prêchons
que par la croix de Jésus-Christ les observances de la Loi sont inutiles. Si
donc je prêche la circoncision, le
scandale de la croix est anéanti, c’est-à-dire il n’y a plus désormais de
scandale pour les Juifs à l’occasion de la croix. Car ils supporteraient
patiemment, et même plus, ils consentiraient volontiers que l’on prêche que
la croix et les observances légales doivent être simultanément gardées. Ou
encore, suivant saint Augustin, le scandale de la croix est anéanti,
en d’autres termes : la croix, qui est scandaleuse, est évacuée, comme s’il
disait : la croix a perdu son efficacité et son effet ; (ci dessus, II,
21) : Car si la justice s’acquiert par la Loi, Jésus-Christ donc sera mort
en vain. L’Apôtre se sert à dessein de cette expression « est
évacuée », pour donner à entendre que les Juifs ont mis à mort
Jésus-Christ parce qu’il ne gardait pas les observances de la Loi, et qu’il
enseignait qu’on ne devait pas les garder ; (Jean, IX, 16) : « Cet
homme ne vient pas de Dieu, puisqu’il ne garde pas le Sabbat! » B) Saint Paul reprend ensuite les
faux-apôtres qui l’avaient décrié, quand il dit (verset 12) : Plût à Dieu
que [ceux qui vous troublent] fussent plus que circoncis, etc.; en d’autres termes : ils vous
troublent en ce qu’ils veulent que vous soyez circoncis, mais plût à Dieu
qu’ils soient eux-mêmes non seulement circoncis, mais complètement mutilés. On objecte qu’il est dit (Rom., XII, 14) : « Bénissez, et ne
faites pas d’imprécations, etc. » On peut répondre de deux manières.
D’abord que l’Apôtre ne les a pas maudits, mais que plutôt il les a bénis,
puisqu’il leur a souhaité d’être mutilés spirituellement, pour conserver la
chasteté spirituelle, en renonçant aux cérémonies de la Loi, suivant ce
passage de saint Matthieu (XIX, 12) : « Il y en a qui se sont rendus
eunuques eux-mêmes, pour obtenir le royaume des cieux. » Ensuite que
l’Apôtre leur souhaite la stérilité qu’ont les eunuques, afin qu’ils
n’engendrent pas. C’est ce qui lui fait dire (verset 12) : Plût à Dieu
qu’ils soient circoncis et même mutilés, c’est-à-dire qu’ils perdent et
pour vous et pour les autres, la capacité d’engendrer. Il parle ainsi avec
raison, puisqu’ils engendrent des enfants pour l’erreur, et qu’ils les
réduisent en servitude sous la Loi ; (Osée, IX, 14) : « Donnez-leur
un sein qui ne porte pas d’enfants, et des mamelles toujours vides. » |
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Lectio 3 |
Leçon 3 : Galates V, 13-15 ─ La liberté et son abus ; l’amour
de charité
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SOMMAIRE : Les Galates ne doivent pas
abuser de la liberté qui leur a été donnée. Ils ne doivent que davantage
s’entr’aimer d’une affection réciproque. |
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[13] Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la
liberté ; seulement, que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la
chair ; mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres. [14] Car une seule formule contient toute la Loi en sa
plénitude : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. [15] Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les
autres, prenez garde que vous allez vous entre-détruire. ²[87776] Super Gal., cap. 5 l. 3 Proposito exemplo standi et remoto eius
impedimento, hic innuit modum ipsius. Et primo ponit modum standi; secundo
exponit, ibi omnis enim lex, et cetera. Circa primum tria facit. Primo
ponit conditionem status; secundo removet abusum standi; tertio innuit standi
modum. Conditio quidem standi est libertas. Omnis enim status conditio pertinet ad servitutem
vel ad libertatem; sed status fidei Christi, ad quem inducit apostolus, ad
libertatem pertinet et est ipsa libertas. Et ideo dicit vos enim, etc., quasi dicat
: recte conturbant vos, quia abducunt a meliore in peius, quia vos vocati
estis, scilicet a Deo, in libertatem gratiae. Rom. VIII, 15 : non
accepistis spiritum servitutis iterum in timore, sed accepistis spiritum
adoptionis filiorum, et cetera. Supra IV, 31 : non sumus ancillae
filii, sed liberae, et cetera. Vos, inquam, qui liberi estis per
Christum, volunt ducere in servitutem. Abusus
autem status est si in deterius prolabatur, et libertas spiritus pervertatur
in servitutem carnis. Galatae autem iam liberi erant a lege, sed ne credant
eis licere peccata committere, quae lex prohibebat, ideo apostolus subdit
abusum libertatis, dicens tantum ne, etc., quasi dicat : liberi estis,
ita tamen, quod non abutamini libertate vestra, impune vobis peccandum esse
arbitrantes. I Cor. VIII, 9 : videte ne forte haec licentia vestra
offendiculum fiat infirmis. Modus
autem standi est per charitatem, unde dicit sed per charitatem spiritus,
et cetera. Status autem totus est in charitate, sine qua homo nihil est, I
Cor. XIII, 1 s. Et secundum diversos gradus charitatis distinguuntur diversi
status. Sic ergo status gratiae est non per affectum carnis, sed per
charitatem spiritus, id est quae procedit a spiritu sancto, per quem
debemus invicem esse subiecti et servire. Infra VI, 2 : alter alterius
onera portate, et cetera. Rom. XII, 10 : honore invicem praevenientes,
et cetera. Sed cum superius dicat quod sint vocati in libertatem, quid est
quod modo dicit servite invicem? Ad quod
dicendum est, quod hoc exigit charitas, ut invicem serviamus, et tamen libera
est. Sciendum est tamen, quod, sicut philosophus dicit, liber est qui est
causa sui, servus autem est causa alterius, vel ut moventis, vel ut finis :
quia servus nec a se movetur ad opus, sed a domino, et propter utilitatem
domini sui. Charitas ergo
quantum ad causam moventem libertatem habet, quia a se operatur. II Cor. V,
14 : charitas Christi urget nos, spontanee, scilicet ad operandum. Servus
autem est, cum postpositis propriis utilitatibus, accommodat se utilitatibus
proximorum. Consequenter
cum dicit omnis lex, etc., exponit quae dicit, et primo de dilectione,
secundo de libertate non danda in occasionem carnis, ibi spiritu ambulate,
et cetera. Circa primum monet ad charitatem sectandam : primo propter
utilitatem quam consequimur in impletione; secundo propter damnum charitatis
neglectae quod incurrimus, ibi quod si invicem, et cetera. Utilitas
autem, quam consequimur ex impletione charitatis, maxima est, quia in ea
implemus totam legem. Et ideo dicit omnis enim, etc., quasi dicat :
ideo charitas est habenda, quia omnis lex in uno sermone impletur, scilicet
in uno praecepto charitatis. Rom. XIII, 8 : qui diligit proximum, legem
implevit. Et in eodem capite dicitur : plenitudo legis est dilectio.
Et ideo
dicit I Tim. I, 5 : finis praecepti est charitas. Sed contra, quia dicitur Matth. XII : in his duobus mandatis, scilicet
de dilectione Dei et proximi, tota lex pendet et prophetae; non ergo
in uno praecepto tantum impletur. Respondeo.
Dicendum est quod in dilectione Dei includitur dilectio proximi. I Io. IV, v.
21 : hoc mandatum habemus a Deo, ut qui diligit Deum, diligat et fratrem
suum. Et e converso proximum diligimus
propter Deum : impletur ergo tota lex in uno praecepto charitatis. Praecepta
enim legis reducuntur ad illud praeceptum. Nam omnia praecepta vel sunt
moralia, vel sunt caeremonialia, vel iudicialia. Moralia quidem sunt praecepta Decalogi, quorum
tria pertinent ad dilectionem Dei, alia septem ad dilectionem proximi.
Iudicialia autem sunt ut quicumque furatur aliquid reddat quadruplum, et his
similia, quae similiter ad dilectionem proximi pertinent. Caeremonialia vero
sunt sacrificia et huiusmodi quae reducuntur ad dilectionem Dei. Et sic
patet, quod omnia in uno praecepto charitatis implentur diliges proximum
tuum sicut teipsum : et est scriptum Lev. XIX, 18. Dicit
autem sicut teipsum, non quantum teipsum, quia homo secundum ordinem
charitatis magis debet se diligere, quam alium. Exponitur autem tripliciter : uno modo ut
referatur ad veritatem dilectionis. Amare
enim est velle bonum alicui. Et ideo dicimur amare aliquem cui volumus bonum,
et etiam bonum illud amamus, quod ei volumus; sed diversimode, quia cum volo
bonum mihi, me diligo simpliciter propter me, bonum autem illud quod mihi
volo, diligo non propter se, sed propter me. Tunc ergo diligo proximum sicut
meipsum, id est eodem modo quo meipsum, quando volo ei bonum propter se, non
quia est mihi utilis, vel delectabilis. Secundo modo, ut referatur ad
iustitiam dilectionis. Unaquaeque enim res est inclinata velle sibi illud,
quod potissimum est in ea; potissimum autem in homine est intellectus, et
ratio; ille ergo diligit se, qui vult sibi bonum intellectus et rationis. Tunc ergo diligis proximum sicut teipsum,
quando vis ei bonum intellectus et rationis. Tertio modo, ut referatur ad
ordinem, scilicet ut sicut te diligis propter Deum, ita et proximum propter
ipsum diligas, scilicet ut ad Deum perveniat. Consequenter
cum dicit quod si invicem, etc., inducit ad charitatem sectandam ex
damno quod incurrimus si eam negligamus. Ubi loquitur Galatis adhuc quasi
spiritualibus, abstinens a commemoratione maiorum vitiorum et, eorum quae
minora videntur mentionem facit, scilicet de vitiis linguae. Et ideo dicit quod
si invicem, etc., quasi dicat : in dilectione omnis lex impletur, quod
si vos invicem mordetis, id est in parte famam, proximo detrahendo,
aufertis : qui enim mordet, non totum accipit, sed partem. Et comeditis,
id est totam famam aufertis et totaliter detrahendo confunditis. Nam qui
comedit, totum absorbet. Iac. IV, 11 : nolite detrahere alterutrum,
fratres mei, et cetera. Si ita, inquam, charitatem negligitis, videte
damnum quod imminet vobis, scilicet quod ab invicem consumamini. Phil.
III, 2 : videte canes, videte malos operarios, et cetera. Is. c. XLIX,
4 : et vane fortitudinem meam consumpsi, et cetera. Nam sicut
Augustinus dicit : vitio contentionis et invidiae, perniciosa iurgia inter
homines nutriuntur, quibus consumitur societas et vita. |
13. Car vous êtes appelés, mes
frères, à un état de liberté; prenez garde seulement que cette liberté ne
vous serve d’occasion pour vivre selon la chair; mais assujettissez-vous les
uns aux autres par une charité spirituelle. 14. Car toute la Loi est renfermée
dans ce seul précepte : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. 15. Que si vous vous mordez et vous
vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne vous consumiez les
uns les autres. L’Apôtre, après avoir donné un exemple de la fermeté chrétienne, et
écarté les obstacles qui s’y opposent, suggère ici la manière de la
conserver. I°
Il l’indique; II°
il l’explique (verset 14) : Car toute la Loi, etc. I° Sur le premier de ces points, I. il expose le caractère essentiel de la fermeté;
II.
il écarte l’abus qui pourrait s’y glisser; III. il en vient à la manière de
la conserver. I. Or la condition de la fermeté
chrétienne, c’est la liberté. Car tout état de vie appartient ou à la liberté
ou à la servitude, mais l’état de la foi en Jésus-Christ, auquel convie
l’Apôtre, appartient à la liberté, et c’est la liberté même. C’est ce qui lui
fait dire (verset 15) : Car vous êtes appelés, etc. ; en d’autres termes :
véritablement ils vous troublent, puisqu’ils vous conduisent de ce qui est
mieux à ce qui est pire. En effet, vous avez été appelés par Dieu, à
la liberté de la grâce ; (Rom., VIII, 15) : « Vous n’avez
pas reçu l’esprit de servitude, qui vous retienne encore dans la crainte,
mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption des enfants, etc. » ; (ci-dessus, IV, 31) : Pour
nous, nous ne sommes pas les enfants de la servante, mais de la femme libre, etc.
Vous, dis-je, qui avez reçu la liberté par Jésus-Christ, ils veulent vous
réduire en servitude. II. Or on abuse de cet état, si l’on s’en
prévaut pour se jeter dans quelque voie mauvaise, et si la liberté de
l’Esprit dégénère en servitude de la chair : mais les Galates étaient libres
déjà à l’égard de la Loi. Afin donc qu’ils ne croient pas qu’il leur était
permis de commettre des fautes que la Loi défendait, l’Apôtre leur fait voir
comment on abuse de la liberté, en ajoutant (verset 13) : Prenez garde
seulement, etc.; en
d’autres termes : vous êtes libres, mais de telle sorte que vous n’abusiez pas
de la liberté qui vous est donnée, en vous imaginant que vous pouvez pécher
impunément ; (I Corinth., VIII, 9) : « Prenez garde que cette
liberté que vous avez ne soit aux faibles une occasion de chute. » III. La manière de se tenir fermes est de
demeurer dans la charité. C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 15) : Mais…
par une charité toute spirituelle, etc. Cet état est donc tout entier
dans la charité, sans laquelle l’homme n’est rien ; (I Corinth., XVI,
2). Or les états divers se distinguent par les degrés divers de la charité.
Ainsi donc l’état de grâce ne se constitue pas par l’affection charnelle
(verset 15), mais par la charité de l’Esprit, c’est-à-dire qui procède
du Saint Esprit, par lequel nous devons nous assujettir réciproquement et nous
servir les uns les autres ; (ci-après, VI, 2) : Portez les fardeaux
les uns des autres, etc. ;
(Rom., XII, 10) : « Prévenez-vous les uns les autres par
des témoignages d’honneur, etc. » Cependant l’Apôtre ayant dit plus
haut que les Galates sont appelés à la liberté, comment dit-il maintenant
(verset 15) : en vous assujettissant les uns aux autres ? Il faut répondre que la charité exige que nous soyons au service les uns des
autres, et toutefois elle est libre. Il faut cependant remarquer qu’être
libre, c’est, comme le dit le Philosophe, être à soi-même sa propre cause.
Car l’esclave est la cause d’un autre ou qui le meut, ou auquel il se
rapporte comme fin. L’esclave, en effet, ne se détermine pas de lui-même pour
agir, mais il reçoit l’impulsion de son maître pour l’utilité de ce maître.
La charité donc, quant à sa cause déterminante, possède la liberté,
puisqu’elle opère d’elle-même ; (II Corinth., V, 14) : « La
charité de Jésus-Christ nous presse, » spontanément, c’est-à-dire
pour en venir à l’oeuvre. Celui-là, au contraire, est esclave, qui, mettant
de côté ses propres avantages, s’accommode aux avantages d’autrui. II° Quand l’Apôtre dit ensuite (verset 14) : Toute la Loi est renfermée,
etc., il développe ce qu’il vient de dire,
premièrement de l’amour du prochain; secondement de la liberté, qu’il ne faut
pas faire tourner en occasion pour la chair (verset 16) : Conduisez-vous selon l’Esprit, etc.
Sur le premier de ces points, il recommande d’abord de pratiquer la charité I.
pour l’utilité que nous retirons de l’accomplissement de son précepte; II.
pour le dommage qui résulte de la négligence à l’accomplir (verset 15) : Que
si au contraire, etc. I. L’utilité que nous retirons de
l’exercice de la charité est très grande, puisqu’en elle nous accomplissons
toute la Loi. C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 14) : Toute la
Loi, etc., en d’autres termes : Il faut pratiquer la charité, parce que
toute la Loi est renfermée dans une seule recommandation, c’est-à-dire dans
le précepte unique de la charité ; (Rom., XIII, 8) : « Celui qui
aime son prochain accomplit la Loi. » Il est dit au même chapitre
(verset 10) : « L’amour est donc le plein accomplissement de la Loi. » C’est pourquoi l’Apôtre dit encore (I Timothée, I, 5) : « La fin
des commandements, c’est la charité. » On objecte qu’il est dit en saint Matthieu (XII, 40) : « [Toute
la Loi et les prophètes sont renfermés] dans ces deux commandements. » On
n’accomplit donc pas la Loi par un seul précepte. Il faut dire que l’amour de Dieu renferme l’amour du prochain ; (I
Jean., IV, 21) : « Nous avons reçu ce commandement de Dieu, que celui
qui aime Dieu, doit aussi aimer son frère. » Réciproquement nous
aimons notre prochain pour Dieu; toute la Loi est donc renfermée dans
l’accomplissement du précepte unique de la charité. Les préceptes de la loi,
en effet, se réduisent à ce précepte-là. Car tous les préceptes sont ou
moraux, ou cérémoniels, ou judiciaires. Les préceptes moraux sont ceux du
Décalogue, dont trois appartiennent à l’amour de Dieu, et les sept autres à
l’amour du prochain. Les préceptes judiciaires sont d’obliger, par exemple,
celui qui vole à rendre le quadruple, ou d’autres prescriptions de ce genre,
qui appartiennent également à l’amour du prochain. Les préceptes cérémoniels
ont rapport aux sacrifices et à d’autres pratiques analogues, qui se
rattachent à l’amour de Dieu. Ainsi on voit que tous les préceptes sont
accomplis dans le précepte unique de la charité (verset 14) : Vous aimerez
votre prochain comme vous-même, ce que nous trouvons écrit au Lévitique
(XIX, 18). Il est dit : comme vous, et non pas : autant
que vous-même, parce que chacun, dans l’ordre de la charité, doit s’aimer
plus qu’il n’aime les autres. Or ces paroles peuvent s’expliquer de trois
manières. D’abord en les entendant de la vérité de l’amour. Aimer, en effet,
c’est vouloir du bien à celui que l’on aime. On dit donc que nous aimons
quelqu’un, quand nous lui voulons du bien, et ce bien même, que nous lui
voulons, nous l’aimons aussi, mais diversement; car lorsque je me veux du
bien à moi-même, je m’aime simplement pour moi, et le bien que je me veux, je
l’aime non pour lui-même, mais pour moi. J’aime donc le prochain comme
moi-même, c’est-à-dire de la même manière que je m’aime moi-même, quand c’est
pour lui-même que je lui veux du bien, et non parce qu’il m’est agréable, ou
parce qu’il me fait plaisir. En second lieu, ou peut rapporter ce passage à
la justice de l’amour. En effet chaque être est naturellement porté â vouloir
pour soi, ce qui tient en lui le premier rang; or ce qui tient dans l’homme
le premier rang, c’est l’intelligence et la raison; celui-là donc aime son
prochain comme lui-même qui veut pour lui ce qui est bon à sa raison et à son
intelligence. Enfin on peut expliquer ces mêmes paroles à l’ordre de l’amour;
c’est-à-dire que de même que nous nous aimons pour Dieu, ainsi l’on aime le
prochain pour lui, c’est-à-dire pour qu’il parvienne à Dieu. II. Quand l’Apôtre dit ensuite (verset 15)
: Que si au contraire, etc. , il engage à pratiquer la charité, en raison
du dommage auquel nous nous exposons, si nous la négligions. Saint Paul parle
ici aux Galates, comme s’ils étaient encore spirituels, évitant de rappeler
les vices plus considérables, pour ne faire mention que de ceux qui
paraissent moindres, c’est-à-dire des vices de la langue. C’est ce qui lui
fait dire : Que si, au contraire [vous vous mordez et vous vous déchirez]
les uns les autres ; en
d’autres termes : toute la Loi s’accomplit par la charité; (verset 15) : si
donc vous vous mordez les uns les autres, c’est-à-dire si vous enlevez au
prochain une partie de sa réputation, car celui qui mord n’enlève pas le
tout, mais une partie; (verset 15) : et si vous vous mangez les uns
les autres, c’est-à-dire si vous enlevez la réputation tout entière, si vous
la ternissez en la déchirant sans réserve, car celui qui mange absorbe le
tout ; (Jacq., IV, 11) : « Mes frères, ne parlez pas mal les uns
des autres, etc. » Si, dis-je, vous faites si peu de cas de la
pratique de la charité, ne perdez pas
de vue le dommage qui est imminent pour vous, c’est-à-dire que (verset
15) : vous vous consumerez les uns les autres ; (Philip., III, 2) : « Gardez-vous
des chiens, gardez-vous des mauvais ouvriers, etc. » ; (Isaïe, XLIX, 4) : « J’ai
consumé inutilement et sans fruit toute ma force, etc. » C’est que,
comme le remarque saint Augustin : « par
l’effet fatal des contentions et des jalousies, les querelles pernicieuses se
fomentent parmi les hommes et deviennent la ruine de la société et de la vie. » |
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Lectio 4 |
Leçon 4 : Galates V, 16-17 ─ Désirs de la chair et de l’esprit
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SOMMAIRE : Il est nécessaire de
demeurer fidèles au bienfait du Saint Esprit, parce que la chair lui est
opposée; mais l’on ne peut persévérer ainsi que par la foi de Jésus-Christ. |
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[16] dico autem spiritu ambulate et desiderium carnis non
perficietis [17] caro enim concupiscit adversus spiritum spiritus autem
adversus carnem haec enim invicem adversantur ut non quaecumque vultis illa
faciatis [87777] Super Gal., cap. 5 l. 4 Postquam apostolus manifestavit in quo
consistit status spiritualis, quia scilicet in charitate, consequenter hic
agit de causa status, scilicet de spiritu sancto, quem dicit esse sequendum.
Ubi ponit triplex beneficium spiritus sancti. Quorum primum est liberatio a
servitute carnis; secundum est liberatio a servitute legis; et tertium est
collatio vitae seu securitas a damnatione mortis. Secundum, ibi quod si
ducimini, et cetera. Tertium, ibi si spiritu vivimus, et cetera. Circa primum duo facit. Primo ponit primum
beneficium spiritus; secundo beneficii necessitatem ostendit, ibi caro
enim, et cetera. Dicit ergo : dico quod debetis per charitatem
spiritus invicem servire, quia nihil prodest sine charitate. Sed hoc dico
in Christo, id est per fidem Christi, spiritu ambulate, id est mente
et ratione. Quandoque enim
mens nostra spiritus dicitur, secundum illud Ephes. IV, 23 : renovamini
spiritu mentis vestrae; et I Cor. IV : psallam spiritu, psallam et
mente. Vel spiritu ambulate, id est spiritu sancto proficite bene
operando. Nam spiritus
sanctus movet et instigat corda ad bene operandum. Rom. c. VIII, 14 : qui spiritu Dei aguntur,
et cetera. Ambulandum est ergo spiritu, id est mente, ut ipsa ratio sive mens
legi Dei concordet, ut dicitur Rom. VII, 22. Nam spiritus humanus per
se vanus est, et nisi regatur aliunde, fluctuat hac atque illac, ut dicitur
Eccli. c. XXXIV, 6, et sicut parturientis cor tuum phantasias patitur nisi
ab altissimo fuerit emissa visitatio, et cetera. Unde de quibusdam
dicitur Ephes. IV, 17 : ambulant in vanitate sensus sui, et cetera.
Non ergo perfecte stare potest ratio humana, nisi secundum quod est recta a
spiritu divino. Et ideo dicit apostolus spiritu ambulate, id est per
spiritum sanctum regentem et ducentem, quem sequi debemus sicut demonstrantem
viam. Nam cognitio supernaturalis finis non est nobis nisi a spiritu sancto.
I Cor. II, 9 : oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis
ascendit, etc., et sequitur : nobis autem revelavit Deus per spiritum
suum. Item sicut
inclinantem. Nam spiritus sanctus instigat, et inclinat affectum ad bene
volendum. Rom. VIII, 14 : qui spiritu Dei aguntur, et cetera. Ps.
CXLII, 10 : spiritus tuus bonus deducet me in terram rectam. Ideo
autem spiritu ambulandum est quia liberat a corruptione carnis. Unde sequitur
et desideria carnis non perficietis, id est delectationes carnis, quas
caro suggerit. Hoc desiderabat apostolus, dicens Rom. c. VII, 24 : infelix
ego homo, quis me liberabit de corpore mortis huius? Gratia Dei, et
cetera. Et postea concludit in octavo capite : nihil ergo damnationis est
his, qui sunt in Christo Iesu, qui non secundum carnem ambulant. Huius rationem, ibidem, subiungit dicens : quia
lex spiritus vitae in Christo Iesu liberavit me a lege, et cetera. Et hoc est speciale desiderium sanctorum,
ut non perficiant desideria ad quae caro instigat, ita tamen, quod in hoc non
includantur desideria quae sunt ad necessitatem carnis, sed quae sunt ad
superfluitatem. Consequenter
cum dicit caro enim concupiscit, etc., ponit necessitatem huius
beneficii, quae est ex impugnatione carnis et spiritus. Et primo ponit ipsam
impugnationem; secundo manifestat eam per evidens signum, ibi haec enim
invicem adversantur, et cetera. Dicit ergo
: necessarium est quod per spiritum carnis desideria superetis. Nam caro
concupiscit adversus spiritum. Sed hic
videtur esse dubium, quia cum concupiscere sit actus animae tantum, non
videtur quod competat carni. Ad hoc
dicendum est, secundum Augustinum, quod caro dicitur concupiscere inquantum
anima secundum ipsam carnem concupiscit, sicut oculus dicitur videre, cum
potius anima per oculum videat. Sic ergo
anima per carnem concupiscit, quando ea, quae delectabilia sunt secundum
carnem, appetit. Per se vero anima concupiscit, quando delectatur in his quae
sunt secundum spiritum, sicut sunt opera virtutum et contemplatio divinorum
et meditatio sapientiae. Sap. VI, 21 : concupiscentia
itaque sapientiae deducet ad regnum perpetuum, et cetera. Sed, si caro concupiscit per
spiritum, quomodo concupiscit adversus eum? In hoc, scilicet quod
concupiscentia carnis impedit concupiscentiam spiritus. Cum enim delectabilia
carnis sint bona quae sunt infra nos, delectabilia vero spiritus bona quae
sunt supra nos, contingit quod cum anima circa inferiora, quae sunt carnis,
occupatur, retrahitur a superioribus, quae sunt spiritus. Sed videtur etiam dubium de hoc
quod dicit, scilicet quod spiritus concupiscit adversus carnem. Si
enim accipiamus hic spiritum pro spiritu sancto, concupiscentia autem
spiritus sancti sit contra mala, consequens videtur quod caro, adversus quam
concupiscit spiritus, sit mala, et sic sequitur error Manichaei. Respondeo. Dicendum est quod spiritus non
concupiscit adversus naturam carnis, sed adversus eius desideria, quae
scilicet sunt ad superfluitatem. Unde et supra dictum est : desideria
carnis, scilicet superflua, non perficietis. In necessariis enim
spiritus non contradicit carni, quia, ut dicitur Ephes. c. V, 29, nemo
carnem suam odio habuit. Consequenter cum dicit haec
enim, etc., ponit signum compugnationis, quasi dicat : experimento patet,
quod contra se invicem pugnant et adversantur, intantum ut non
quaecumque vultis, bona scilicet vel mala, illa faciatis, id est,
facere permittamini. Rom. VII,
19 : non quod volo bonum, hoc ago, sed quod, et cetera. Non tamen
tollitur libertas arbitrii. Cum enim liberum arbitrium sit ex hoc quod habet
electionem, in illis est libertas arbitrii, quae electioni subsunt. Non autem
omnia quae in nobis sunt simpliciter subsunt nostrae electioni, sed secundum
quid. In speciali enim possum vitare hunc, vel illum motum concupiscentiae
seu irae, sed in generali omnes motus irae vel concupiscentiae vitare non
possumus, et hoc propter corruptionem fomitis ex primo peccato introductam. Sed
notandum est quod quatuor sunt genera hominum circa concupiscentias, quorum
nullus facit quaecumque vult. Nam intemperati, qui ex proposito sequuntur
carnales passiones, secundum illud Prov. c. II, 14 : laetantur cum
malefecerint, faciunt quidem quod volunt, inquantum ipsas passiones
sequuntur, sed inquantum ipsa eorum ratio remurmurat, et ei displicet,
faciunt quae non volunt. Incontinentes
autem qui habent propositum abstinendi, et tamen a passionibus vincuntur,
faciunt quidem quod non volunt, inquantum ipsas passiones contra eorum
propositum sequuntur, et sic intemperati faciunt plus de eo quod volunt.
Continentes autem, qui vellent omnino non concupiscere, faciunt quod volunt
dum non concupiscunt, sed quia omnino non concupiscere non possunt, faciunt
quod nolunt. Temperati vero, quod volunt quidem faciunt, inquantum in carne
domata non concupiscunt, sed quia non ex toto domari potest, quin in aliquo
repugnet spiritui, sicut nec malitia intantum crescere potest quin ratio
remurmuret, ideo, cum aliquando concupiscunt, faciunt quod nolunt, plus tamen
de eo, quod volunt. |
16. Or je vous le dis :
Conduisez-vous selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la
chair. 17. Car la chair a des désirs
contraires à ceux de l’esprit, et l’esprit en a de contraires à ceux de la
chair : et ils sont opposés l’un à l’autre, de sorte que vous ne faites pas
toujours les choses que vous voudriez. Après avoir expliqué en quoi consiste l’état spirituel, à savoir dans la
charité, l’Apôtre traite ici du principe de cet état, c’est-à-dire du Saint
Esprit, et dit que nous devons le suivre. Il distingue donc un triple
bienfait du Saint Esprit : le premier est la délivrance de la servitude de la
chair; le second, la délivrance de la servitude de la Loi; le troisième, le
don de la vie ou la sécurité contre l’arrêt de la mort. Il explique le second
à ces paroles (verset 18) : Si vous vous conduisez, etc., et le
troisième à ces autres (verset 25) : Si nous vivons par l’Esprit, etc. Sur
le premier de ces bienfaits, I° il l’énonce; II° il en montre la nécessité
(verset 17) : car la chair a, etc. I° Il dit donc : vous devez vous
assujettir les uns les autres par une
charité toute spirituelle, car rien ne sert en dehors de la charité. Mais ce que je vous dis, c’est en Jésus-Christ,
c’est-à-dire par la foi en Jésus-Christ (verset 16) : marchez selon
l’Esprit, c’est-à-dire par l’intelligence et la raison. En effet, notre
âme est quelquefois appelée esprit, comme dans ce passage (Ephés., IV, 23) : « Renouvelez-vous
dans l’intérieur de votre âme » ; et (I Corinth., IV, 15) : « Je chanterai dans mon
âme, je chanterai avec intelligence. » Ou encore : marchez
selon l’Esprit, c’est-à-dire avancez sous la conduite de l’Esprit
Saint, par la pratique des bonnes oeuvres. Car le Saint Esprit détermine les
coeurs et les porte à faire le bien ; (Rom., VIII, 14) : « Tous ceux qui sont poussés par l’Esprit de Dieu, etc. « Il
est donc nécessaire de marcher selon l’esprit, c’est-à-dire par l’âme, en
sorte que la raison elle-même ou l’âme soient d’accord avec la Loi de Dieu,
comme il est dit (Rom., VII, 22). L’esprit humain, en effet, de lui-même est
vain, et s’il n’est gouverné d’ailleurs, il flotte à l’aventure, ainsi qu’il
est dit (Ecclésiastique XXXIV, 6) : « Votre coeur est livré aux
caprices de l’imagination comme les femmes qui sont près d’enfanter ; [ne l’appliquez donc pas à ces visions],
à moins que le Très-Haut ne vous les envoie lui-même ». C’est de là
qu’il est dit de quelques-uns (Ephés., IV, 17) : « Ils suivent dans
leur conduite la vanité de leurs pensées, etc. » La raison humaine ne
saurait donc parfaitement demeurer stable, qu’autant qu’elle est dirigée par
le Saint Esprit; et voilà pourquoi l’Apôtre dit (verset 16) : Marchez
selon l’Esprit, c’est-à-dire conduits et guidés par l’Esprit Saint. Or
nous devons le suivre, d’abord comme un guide qui nous indique la voie, car
la connaissance de notre fin surnaturelle ne peut nous venir que de lui (I
Corinth., II, 9) : « l’oeil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, et
le coeur de l’homme n’a jamais conçu, etc. » et à la suite (verset
10) : « Mais pour nous, Dieu nous l’a révélé par son Esprit. »
Nous devons encore le suivre parce qu’il incline notre coeur, car l’Esprit
Saint incline et pousse l’affection à vouloir le bien ; (Romains VIII,
14) : « Tous ceux qui sont poussés par l’Esprit de Dieu, etc. « ; (Ps., CXLII, 10) : « Votre
Esprit souverainement bon me conduira dans la voie droite. » Donc il
est nécessaire de marcher selon l’Esprit, parce qu’il nous libère de la
chair ; c’est pourquoi il est dit à la suite (verset 16) : et
vous n’accomplirez pas les désirs de la chair, c’est-à-dire les
délectations que suggère cette chair. C’est ce que demandait l’Apôtre, quand
il s’écriait ; (Rom., VII, 24) : « Malheureux homme que je suis,
qui me délivrera de ce corps de mort. La grâce de Dieu, etc. » Il
conclut ensuite en commençant le chapitre VIII, (verset 1) : Ainsi il n’y
a pas maintenant de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, et qui
ne marchent pas selon la chair. Il en donne immédiatement la raison en
ajoutant (verset 2) : parce que la loi de l’esprit de vie, qui est en
Jésus-Christ, m’a délivré de la loi, etc. Aussi est-ce là le désir
particulier des saints de ne pas accomplir les désirs auxquels porte la
chair, de telle sorte toutefois qu’il ne faut pas comprendre dans cette exclusion
les désirs qui ont rapport aux nécessités de la chair, mais ceux qui ont pour
objet ses superfluités. II° Quand l’Apôtre ajoute (verset 17) : Car la chair a des désirs
contraires, etc., il établit la
nécessité de ce bienfait, nécessité qui résulte de la lutte entre la chair et
l’Esprit. I.
Il rappelle la lutte elle-même; II. il la met en lumière par un signe évident
(verset 17) : car ils sont opposés l’un à l’autre, etc. I. Il dit donc : il est de toute nécessité
que par l’Esprit vous triomphiez des désirs de la chair (verset 17) : car
la chair a des désirs contre l’Esprit. Il semble se présenter ici une difficulté : convoiter étant un acte de
l’âme exclusivement, on ne voit pas que ceci puisse concerner la chair. Il faut répondre avec saint Augustin qu’on peut dire de la chair qu’elle
convoite, en tant que l’âme le fait par la chair même, comme l’on dit, l’oeil
qu’il voit, bien que ce soit plutôt l’âme qui voit par l’oeil. Ainsi donc l’âme convoite par la chair, quand elle se porte vers ce qui
est délectable pour la chair, tandis que l’âme désire par elle-même, quand
elle trouve sa délectation dans ce qui est selon l’Esprit; par exemple, dans
les actes des vertus, la contemplation des choses divines, et la méditation
de la sagesse ; (Sages., VI, 21) : « C’est ainsi que le désir de
la sagesse conduit au royaume éternel, etc. » Cependant si la chair convoite par l’esprit, comment a-t-elle des désirs
contraires à ceux de l’esprit ? C’est en ce que les désirs de la chair mettent obstacle aux désirs de
l’esprit, car les délectations de la chair ayant pour objet les biens qui
sont au-dessous de nous, et les délectations de l’esprit biens qui sont
au-dessus de nous, il s’ensuit que quand l’âme s’occupe de ces choses
inférieures qui appartiennent à la chair, elle s’éloigne des choses
supérieures qui appartiennent à l’esprit. On trouve encore une difficulté dans ce que dit Saint Paul que l’esprit
a des désirs contraires à ceux de la chair. Car si par Esprit nous
entendons ici le Saint Esprit, ces désirs du Saint Esprit s’élevant contre le
mal, il s’ensuit que la chair contre laquelle l’Esprit a des désirs, est
mauvaise, ce qui entraîne comme conséquence l’erreur des Manichéens. Il faut répondre que l’esprit n’a pas des désirs contre la nature de la
chair, mais contre les désirs même de cette chair, qui se portent vers les superfluités.
C’est pour cette raison qu’il a été dit plus haut (verset 16) : Vous
n’accomplirez pas les désirs de la chair, c’est-à-dire ceux qui ont pour
objet le superflu; car dans ce qui tient aux nécessités, l’esprit n’a pas de
désirs contraires à ceux de la chair, parce que, comme il est dit (Ephés., V,
29) : « Nul ne haït sa propre chair. » II. Quand Saint Paul dit ensuite (verset
17) : car ils sont opposés, etc., il donne une illustration de la
lutte; comme s’il disait : il est manifeste par l’expérience qu’il y a opposition et lutte entre eux,
à un tel point (verset 17) que ce que vous voudriez, c’est-à-dire le
bien ou le mal, vous ne le faites pas toujours, c’est-à-dire que la chair
ne vous le laisse pas faire ; (Rom., VII, 19) : « Le bien que je
veux, je ne le fais pas, et je fais le mal que, etc. » Non pas
toutefois que le libre arbitre soit détruit, car le libre arbitre consistant
dans l’élection, partout où cette élection est possible, la liberté existe.
Cependant tout ce qui est en nous ne tombe pas sous la possibilité de
l’élection d’une manière absolue, mais seulement sous tel ou tel rapport. Par
exemple, je puis éviter en particulier tel ou tel mouvement de la
concupiscence, ou de la colère, mais nous ne pouvons pas éviter, en général,
tous les mouvements de colère ou de concupiscence, à cause de la corruption
du foyer [de notre âme], introduite par le premier péché. Il faut encore
observer qu’il existe, par rapport à la concupiscence, quatre sortes
d’hommes, dont aucun ne fait ce qu’il voudrait. Ce sont d’abord les
intempérants, qui de propos délibéré suivent les passions de la chair,
suivant cette parole des Proverbes (II, 14) : « Ils se réjouissent
lorsqu’ils ont fait du mal. Ils
font, à la vérité, ce qu’ils veulent, en tant qu’ils suivent leurs passions
mêmes, mais en ce que leur propre raison murmure, et en ressent un déplaisir,
ils font ce qu’ils ne veulent pas. En second lieu, les
incontinents, qui se proposent de s’abstenir, et toutefois sont vaincus par
leurs passions. Ils font aussi ce qu’ils ne veulent pas, en tant que contre
leur résolution, ils suivent leurs passions, mais ils vont ainsi un peu au
delà de leur volonté. Troisièmement les continents, qui voudraient ne sentir
aucune atteinte de la convoitise, font ce qu’ils veulent lorsqu’ils ne se
livrent pas à la convoitise, mais parce qu’ils ne peuvent pas prévenir
entièrement les mouvements de cette convoitise, ils font ce qu’ils ne veulent
pas. Enfin les tempérants font ce qu’ils veulent, quand après avoir dompté
leur chair, ils ne convoitent plus, mais parce que la concupiscence ne peut
être si complètement domptée qu’en quelque point encore elle ne soit
contraire à l’esprit, comme aussi la malice ne peut croître à un tel degré
qu’elle étouffe tout murmure de la raison, quand il leur arrive parfois d’éprouver
des désirs, ils font alors ce qu’ils ne veulent pas, en allant cependant au
delà de leur volonté. |
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Lectio 5 |
Leçon 5 : Galates V, 18-21 ─ Les œuvres de la chair
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SOMMAIRE : L’affranchissement de la
Loi s’opère par l’Esprit, l’Apôtre le fait reconnaître à ses effets, en
énumérant les oeuvres de la chair |
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[18] quod si spiritu ducimini non estis sub lege [19] manifesta autem sunt opera carnis quae sunt fornicatio
inmunditia luxuria [20] idolorum servitus veneficia inimicitiae contentiones
aemulationes irae rixae dissensiones sectae [21] invidiae homicidia ebrietates comesationes et his similia
quae praedico vobis sicut praedixi quoniam qui talia agunt regnum Dei non
consequentur [87778] Super Gal., cap. 5 l. 5 Postquam ostendit apostolus, quod per
spiritum liberamur a desideriis carnis, hic consequenter ostendit, quod per
ipsum liberamur a servitute legis. Et primo
proponit beneficium spiritus; secundo manifestat per effectum, ibi manifesta
sunt opera carnis, et cetera. Dicit ergo
: dico quod si spiritu ambuletis, non solum desideria carnis non perficietis,
sed quod plus est, si spiritu ducimini (quod fit quando facitis quod
spiritus suggerit, ut director et gubernator, non autem id ad quod sensus et
affectus proprius instigat), non estis sub lege. Ps. CXLII, 10 : spiritus
tuus bonus deducet me in terram rectam, non quidem ut coactor, sed ut
gubernator. Ex his
autem verbis vult Hieronymus, quod post adventum Christi nullus habens
spiritum sanctum tenetur servare legem. Sed sciendum est, quod hoc quod dicit
si spiritu ducimini, iam non estis sub lege, potest referri ad
praecepta legis, vel caeremonialia, vel moralia. Si quidem referatur ad
caeremonialia, sciendum est, quod aliud est servare legem, aliud esse sub
lege. Servare legem est facere opera legis, non habendo spem in eis; sed esse
sub lege est ponere spem in operibus legis. In primitiva autem Ecclesia erant
aliqui iusti servantes legem, sed non sub lege, inquantum servabant opera
legis sed non erant sub lege, quasi in eis spem ponentes. Sic etiam Christus
sub lege fuit. Supra IV, 4 : factum sub lege, et cetera. Et sic
excluditur opinio Hieronymi. Si autem
referatur ad moralia, sic esse sub lege potest intelligi dupliciter, vel
quantum ad obligationem : et sic omnes fideles sunt sub lege, quia omnibus
data est. Unde dicitur Matth. V, 17 : non veni solvere legem, et
cetera. Vel quantum ad coactionem : et sic iusti non sunt sub lege, quia
motus et instinctus spiritus sancti, qui est in eis, est proprius eorum
instinctus; nam charitas inclinat ad illud idem quod lex praecipit. Quia ergo
iusti habent legem interiorem, sponte faciunt quod lex mandat, ab ipsa non
coacti. Qui vero voluntatem male faciendi habent, comprimuntur tamen pudore
vel timore legis, isti coguntur. Et sic iusti sunt sub lege obligante tantum,
non cogente, sub qua sunt solum iniusti. II Cor. III, 17 : ubi spiritus
domini, ibi libertas. I Tim. I, 9 : iusto non est lex posita,
scilicet cogens. Consequenter
cum dicit manifesta sunt autem opera, etc., probat quae dixit per
effectum. Et primo ponit opera carnis, quae contrariantur spiritui sancto;
secundo ostendit quomodo opera spiritus non prohibentur a lege, ibi adversus
huiusmodi, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ponit opera carnis, quae prohibentur a lege; secundo
ponit opera spiritus, quae ab ea non prohibentur, ibi fructus autem,
et cetera. Circa primum duo facit. Primo proponit opera carnis; secundo
subdit nocumentum, quod ex his sequitur, ibi quae praedico, et cetera.
Dubitatur
autem circa primum. Primo quidem de hoc quod apostolus hic quaedam ponit,
quae non pertinent ad carnem, quae tamen dicit esse opera carnis, sicut
idolorum servitus, sectae, aemulationes, et huiusmodi. Respondeo.
Dicendum est, secundum Augustinum Lib. XIV de Civ. Dei, c. II, quod secundum
carnem vivit quicumque vivit secundum seipsum. Unde caro hic accipitur pro
toto homine. Quidquid ergo provenit ex inordinato amore sui, dicitur opus
carnis. Vel dicendum est, quod aliquod peccatum potest dici carnale
dupliciter, scilicet quantum ad consummationem : et sic dicuntur carnalia
illa tantum quae consummantur in delectatione carnis, scilicet luxuria et
gula; et quantum ad radicem : et sic omnia peccata dicuntur carnalia,
inquantum ex corruptione carnis anima aggravatur, ut dicitur Sap. IX, 15; ex
quo intellectus debilitatus facilius decipi potest, et impeditur a sua
perfecta operatione. Unde et ex hoc sequuntur vitia, scilicet haereses,
sectae, et alia huiusmodi. Et hoc modo dicitur quod fomes est principium
omnium peccatorum. Secundo
dubitatur, quia cum apostolus dicat qui talia agunt, regnum Dei non consequentur,
et nullus excludatur a regno Dei, nisi pro peccato mortali, sequitur ergo
quod omnia quae enumerat sint peccata mortalia. Cuius contrarium videtur,
quia inter ista enumerat multa quae non sunt peccata mortalia, sicut est
contentio, aemulatio, et huiusmodi. Respondeo.
Dicendum est quod omnia haec enumerata sunt aliquo modo mortalia; sed quaedam
quidem secundum genus suum, sicut homicidium, fornicatio, idolorum servitus
et huiusmodi; quaedam vero secundum suam consummationem, sicut ira cuius
consummatio est in nocumentum proximi. Unde si accedit consensus de ipso
nocumento, est peccatum mortale. Et similiter comestio ordinatur ad
delectationem cibi, sed si in huiusmodi delectationibus ponat quis finem
suum, peccat mortaliter : et ideo non dicit comestiones, sed comessationes;
et similiter intelligendum est de aliis similibus. Tertio
dubitatur de ordine et numeratione eorum. Circa quod dicendum est quod cum
apostolus in diversis locis, diversa vitia et diversimode enumerat, non
intendit enumerare omnia vitia ordinate et secundum artem, sed illa tantum in
quibus abundant et in quibus excedunt illi ad quos scribit. Et ideo in eis
non est quaerenda sufficientia, sed causa diversitatis. His ergo habitis
sciendum est, quod apostolus enumerat quaedam vitia carnis, quae contingunt
circa ea quae non sunt necessaria vitae; quaedam vero circa ea quae sunt
necessaria vitae. Circa
primum ponit quaedam vitia quae sunt hominis ad seipsum, quaedam contra Deum
quaedam contra proximum. Contra
seipsum sunt quatuor, quae ideo primo ponit quia manifeste ex carne
procedunt, quorum duo pertinent ad actum carnalem luxuriae, scilicet fornicatio,
quae est quando scilicet accedit solutus ad solutam, vel quantum ad naturalem
usum luxuriae. Aliud est immunditia quantum ad usum contra naturam.
Eph. V, 5 : omnis fornicator aut immundus, et cetera. II Cor. XII, 21
: qui non egerunt poenitentiam super immunditia et fornicatione et
impudicitia, et cetera. Alia duo ordinantur ad ipsos actus. Unum scilicet
exterius, sicut tactus, aspectus, oscula, et huiusmodi; et quantum ad hoc
dicit : impudicitia, Eph. IV, 19 : qui desperantes, semetipsos
tradiderunt impudicitiae, et cetera. Aliud interius, scilicet in
cogitationibus immundis; et quantum ad hoc dicit luxuria, I Tim. V, v.
11 : cum enim luxuriatae fuerint in Christo nubere volunt, et cetera. Contra
Deum ponit duo, quorum unum est per quod impeditur ab hostibus Dei cultus
divinus; et quantum ad hoc dicit idolorum servitus, I Cor. X, 7 : neque
idololatrae efficiamini, et cetera. Sap. XIV, 27 : infandorum enim
idolorum cultura omnis mali causa est et initium et finis. Aliud est per
quod initur pactum cum Daemonibus; et quantum ad hoc dicit veneficia,
quae fiunt per magicas artes, et dicuntur veneficia a veneno, quia fiunt in
nocumentum hominum. I Cor. X, 20 : nolo vos fieri socios Daemoniorum.
Apoc. ult. : foris canes, et venefici, et cetera. Contra
proximum autem ponit novem, quorum primum est inimicitia, ultimum vero
homicidium, quia ab hoc devenitur ad illud. Primum ergo est inimicitia in
corde, quae est odium erga proximum. Matth. X, 36 : inimici hominis
domestici eius. Et ideo dicit inimicitiae. Ex hac autem oritur
dissensio in verbis. Et ideo dicit contentiones, quae est impugnatio
veritatis cum confidentia clamoris. Prov. XX, 3 : honor est homini qui
se separat a contentionibus. Secundum
est aemulatio, quae consistit in hoc, quod ad idem obtinendum cum alio
contendit. Unde dicit aemulationes, quae ex contentione oriuntur.
Tertium est cum unus impeditur per alium ad rem eamdem tendentem, et ex hoc
irascitur contra eum, et ideo dicit irae, Iac. I, 20 : ira enim
viri, et cetera. Eph. IV, 26 : sol non occidat super iracundiam
vestram. Quartum cum ex ira animi pervenitur ad percussiones; et quantum
ad hoc dicit rixae. Prov. X, 12 : odium suscitat rixas.
Quintum ex his, scilicet dissensiones, et si quidem in rebus humanis
sint, dicuntur dissensiones, quando scilicet partialitates fiunt in Ecclesia.
Rom. XVI, 17 : observetis eos qui dissensiones et offendicula praeter
doctrinam quam vos didicistis, faciunt, et declinate ab illis. Si in
rebus divinis, sic dicuntur sectae, id est, haereses. II Petr. II, 1 :
introducent sectas perditionis, et cetera. Et, ibidem : sectas non
metuunt introducere blasphemantes. Ex his autem sequitur invidia,
quando illi quos aemulantur, prosperantur. Iob V, 2 : parvulum occidit invidia, et
cetera. Ex his autem sequuntur homicidia cordis et operis. I Io. IV : qui
odit fratrem suum, homicida est. Quantum vero ad vitia quae pertinent ad
ordinationem circa vitae necessaria, ponit duo, unum quantum ad potum; unde
dicit ebrietates, scilicet assiduae, Lc. XXI, 34 : attendite ne graventur corda vestra
crapula et ebrietate, et cetera. Aliud vero quantum ad cibum, et quantum
ad hoc dicit comessationes, Rom. XIII, 13 : non in comessationibus
et ebrietatibus. |
18. Que si vous vous conduisez par
l’esprit, vous n’êtes pas sous la Loi. 19. Or il est aisé de connaître les
oeuvres de la chair, qui sont la fornication, l’impureté, l’impudicité, le libertinage, 20. L’idolâtrie, les
empoisonnements, les inimitiés, les dissensions, les jalousies, les animosités,
les querelles, les divisions, les hérésies, 21. Les envies, les meurtres, les
ivrogneries, les débauches et autres choses semblables, dont je vous déclare,
comme je vous l’ai déjà dit, que ceux qui commettent ces crimes ne seront pas
héritiers du royaume de Dieu. Après avoir établi que nous sommes délivrés des désirs de la chair par
l’Esprit, l’Apôtre fait voir que nous sommes aussi affranchis par lui de la
servitude de la Loi. I° Il rappelle donc le bienfait que nous
recevons de l’Esprit; II° il le manifeste par ses effets (verset 19)
: Or il est aisé de connaître les oeuvres de la chair, etc. I° L’Apôtre dit donc : si vous
marchez selon l’Esprit, non seulement vous n’accomplirez pas les désirs de la chair, mais qui
plus est (verset 18) : si vous vous conduisez par l’Esprit (ce qui a
lieu lorsque vous faites ce que l’Esprit suggère, quand il vous dirige et
vous gouverne, et non ce à quoi vous portent votre sens et vos sentiments
propres) : vous n’êtes plus sous la Loi ; (Ps., CXLII, 10) : « Votre Esprit qui est
bon, me conduira dans une voie droite, » non par la contrainte, mais
en me dirigeant. Saint Jérôme veut conclure de ce passage, que depuis la venue de
Jésus-Christ, aucun de ceux qui ont reçu le Saint Esprit n’est tenu
d’observer la Loi. Mais il faut observer que ce que dit l’Apôtre : si vous
vous conduisez par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la Loi, peut se
rapporter aux préceptes de cette Loi, ou cérémoniels, ou moraux. Si on le
rapporte aux premiers, remarquez qu’autre chose est d’observer la Loi, ou
d’être sous la Loi. Observer la Loi, c’est pratiquer les oeuvres de la Loi,
sans y mettre son espérance; mais être sous la Loi, c’est mettre son
espérance dans les oeuvres de la Loi. Dans la primitive Eglise, il y avait
des justes qui observaient la Loi sans être sous sa dépendance, en ce sens
qu’ils pratiquaient les oeuvres de la Loi, mais ils n’étaient pas sous la
Loi, car ils ne plaçaient pas dans ces oeuvres leur espérance. C’est dans ce
sens que Jésus-Christ lui-même fut sous la Loi (ci-dessus, IV, 4) : assujetti
à la Loi, etc. Ainsi se trouve réfutée l’opinion de saint Jérôme. Si on
rapporte ce passage aux préceptes moraux, être sous la Loi peut s’expliquer
de deux manières : quant à l’obligation et alors tous les fidèles sont
assujettis à la Loi, parce qu’elle a été donnée à tous. C’est pourquoi il est
dit en saint Matthieu (V, 17) : « Je ne suis pas venu détruire la
Loi, etc. » Ou quant à la coaction, et alors les justes ne sont pas
assujettis à la Loi, parce que le mouvement et l’inspiration de l’Esprit
Saint qui est en eux, est leur inspiration propre. Car la charité incline à
ce qui est aussi prescrit par la Loi. Les justes ayant donc en eux une Loi
intérieure, accomplissent spontanément ce que prescrit la Loi, sans qu’elle
les y contraigne. Quant à ceux qui ont la volonté faire mal, et sont
toutefois arrêtés ou par le respect ou par la crainte de la Loi, ceux-là sont
contraints. Ainsi donc les justes sont sous la Loi, qui les oblige seulement
et ne les contraint pas ; seuls les méchants sont contraints par la
Loi ; (II Corinth., III, 17) : « Là où est l’Esprit du Seigneur,
là est aussi la liberté » ; et (I Timothée, I, 9) : « La
Loi, c’est-à-dire celle qui contraint n’est pas pour le juste. » II° Quand Saint Paul ajoute (verset 19) : Or il est aisé de connaître
les oeuvres de la chair, etc.., il prouve ce qu’il a dit par les effets.
Premièrement il désigne les oeuvres de la chair, qui sont opposées à l’Esprit
Saint; secondement il fait voir que les oeuvres qui appartiennent à l’Esprit
ne sont pas prohibées par la Loi (verset 23) : [Il n’y a pas de Loi]
contre ceux qui vivent de la sorte. Sur le premier de ces points, d’abord
il énumère les oeuvres de la chair qui sont défendues par la Loi; ensuite les
oeuvres de l’Esprit qui ne sont pas défendues par cette Loi (verset 22) : Les
fruits de l’Esprit au contraire, etc. A l’égard des premières, il les
nomme d’abord; il fait ensuite ressortir le dommage qui résulte de ces œuvres
(verset 21) : Je vous l’ai déjà dit, etc. Sur l’énumération que fait Saint Paul il s’élève des difficultés. La
première est que l’Apôtre désigne ici des vices qui n’appartiennent pas à la
chair, et cependant il les qualifie d’oeuvres de la chair. Par exemple le
culte des idoles, les hérésies, les jalousies et d’autres semblables. Il faut répondre avec saint Augustin, (au livre IV de La cité de Dieu,
ch. II), que c’est vivre selon la chair que de vivre sans autre fin que
soi-même. La chair est donc prise pour l’homme tout entier. Tout ce qui
provient donc de l’amour déréglé de soi-même est regardé comme une oeuvre de
la chair. Ou bien encore il faut dire qu’un péché peut être regardé comme
charnel de deux manières : d’abord quant à sa consommation, et dans ce sens
on appelle charnels les péchés seulement qui se consomment dans la
délectation de la chair, par exemple la luxure et la gourmandise. Ensuite
quant à son principe, et dans ce sens tous les péchés peuvent s’appeler
charnels, en tant que par la corruption de la chair l’âme est appesantie,
comme il est dit au livre de la Sagesse (IX, 45). Par là, en effet,
l’intelligence affaiblie eut être plus facilement égarée, et se trouve
empêchée d’atteindre la perfection de ses opérations. Aussi de là naissent
des vices, tels que les hérésies, les schismes et d’autres semblables : c’est
dans ce sens qu’on appelle le foyer de l’âme principe de tous les péchés. La seconde difficulté se trouve dans ces paroles de l’Apôtre (verset l) :
Ceux qui commettent ces crimes, ne seront pas héritiers du royaume de
Dieu. Personne n’étant exclu du royaume de Dieu, si ce n’est pour un
péché mortel, il s’ensuit que toutes les oeuvres que Saint Paul énumère sont
des péchés mortels; or cette conséquence parait contradictoire, car dans les
oeuvres désignées par l’Apôtre il en est plusieurs qui ne sont pas des péchés
mortels, par exemple les contentions, les jalousies et autres de ce genre. Il faut répondre que toutes les oeuvres que saint Paul énumère dans ce
passage sont sous quelque rapport mortelles, les unes d’après leur propre
nature, comme l’homicide, la fornication, l’idolâtrie et d’autres semblables;
les autres seulement par la consommation de l’acte, par exemple la colère
dont l’acte se consomme par le dommage causé au prochain. Si donc il y a
consentement à ce dommage, la colère devient péché mortel. De même, l’usage
des aliments se rapporte à la délectation qu’on y trouve; mais si l’on se
propose pour fin cette sorte de délectation, on pèche mortellement. Voilà
pourquoi saint Paul ne dit pas : les « repas », mais les
débauches. Il faut entendre ainsi toutes les façons de parler analogues. La troisième difficulté porte sur l’ordre et l’énumération même de ces
oeuvres. Il faut dire que l’Apôtre énumérant tantôt d’une manière, tantôt
l’une autre, les différents vices en divers endroits, n’a pas l’intention de
comprendre dans cette énumération tous les vices selon leur ordre et avec une
certaine méthode, mais seulement ceux qui se trouvent plus fréquemment et
produisent de plus grands excès dans ceux auxquels il s’adresse. Il ne faut
donc pas y chercher tout ce qui les concerne, mais la cause qui les spécifie.
Ceci posé, remarquez que Saint Paul nomme certains vices de la chair, qui se
rencontrent, à l’occasion, des choses nécessaires à la vie, et d’autres dans
les choses qui ne tombent pas sous cette nécessité. I. Dans la première catégorie, il range
quelques vices dans lesquels l’homme tombe, relativement à lui-même, d’autres
contre Dieu, d’autres enfin contre le prochain. 1° Contre soi-même, il en désigne quatre,
qu’il place au premier rang, parce qu’ils proviennent manifestement de la
chair. Les deux premiers appartiennent à l’acte charnel de la luxure, à
savoir, (verset 19) : la fornication, qui a lieu quand les deux
coupables sont libres, ou quand le crime ne viole en rien l’ordre de la
nature. Ensuite l’impureté, quand cet ordre est violé ; (Ephés.,
V, 5) : « Nul fornicateur, nul impudique, etc.; (II Corinth.,
XII, 21) : « Ils n’ont pas fait pénitence sur leurs fornications,
leurs impuretés et leurs dérèglements, etc. » Les deux autres se
rapportent aux actes eux-mêmes. L’un pour l’extérieur, comme les
attouchements, les regards, les baisers et autres choses de ce genre ; (verset
19) : l’impudicité ; (Ephés., IV, 19) : « Ayant perdu
tout espoir, ils se sont abandonnés à l’impudicité, etc. » ;
l’autre pour l’intérieur, à savoir les pensées déshonnêtes (verset 19) : la
dissolution ; (I Timoth., V, 11) : « Après avoir vécu avec
mollesse, elles secouent le joug de Jésus-Christ et veulent se marier, etc. »
2° Saint Paul nomme deux crimes contre
Dieu. Le premier est celui des ennemis de Dieu qui mettent obstacle au culte
divin (verset 20) : le culte des idoles ; (I Corinth., X,
7) : « Ne devenez pas non plus idolâtres, etc. » ; (Sagesse,
XIV, 27) : « Le culte des idoles abominables est la cause, le principe
et la fin de tous les maux. » Le second consiste à faire un pacte
avec les démons (verset 20) : les maléfices, qui se font par l’art
magique, et sont appelés d’un nom qui signifie empoisonnement, parce qu’ils
ne s’opèrent qu’au détriment d’autrui ; (I Corinth., X, 20) : « Je
désire que vous n’ayez aucune société avec les démons » ;
(Apoc., XXII, 45) : « Dehors les chiens, les empoisonneurs, etc. »
3° L’Apôtre nomme ensuite neuf péchés
contre le prochain. Le premier, ce sont (verset 20) les inimitiés, et le
dernier l’homicide, parce qu’on va de l’un à l’autre. Le premier est donc
l’inimitié, qui a sa demeure dans le coeur, et n’est autre chose que la haine
contre le prochain ; (Matth., X, 36) : « L’homme aura pour
ennemis ceux de sa propre maison. » Saint Paul dit donc : les
inimitiés ; de l’inimitié naît la contention dans les paroles; c’est
pourquoi l’Apôtre dit (verset 20) : les contentions, dont l’effet
propre est de s’attaquer à la vérité à grand renfort de clameurs ;
(Prov., XX, 3) : « C’est gloire à l’homme de se séparer des
contestations. » Le second est la jalousie, qui consiste à entrer en
lutte avec un autre pour arriver au même point. C’est ce qui fait dire à Saint
Paul : les jalousies, qui prennent leur source dans les contentions.
Le troisième a lieu lorsque de deux prétendants l’un est empêché par l’autre
d’atteindre le même but et prend de là occasion de s’irriter contre lui.
C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 20) : les animosités ;
(Jacq., I, 20) : « La colère de l’homme, etc. » ; (Ephés.,
IV, 26) : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère. »
Le quatrième se commet, lorsque de la colère qui était dans l’âme, on en
vient aux coups (verset 20) : les querelles ; (Prov., X, 12) : « La
haine excite les querelles, etc. » Le cinquième naît des précédents;
ce sont les divisions. Si elles ont pour objet les intérêts humains,
on leur donne le nom de dissension, quand, par exemple, il se fait
quelque parti dans l’Eglise ; (Rom., XVI, 17) : « Observez ceux
qui causent des dissensions et des scandales, en s’élevant contre ce que vous
avez enseigné, et évitez leur compagnie. » S’il s’agit des intérêts
divins, on les appelle (verset 20) : sectes, ou hérésies ; (II
Pierre, II, 1) : « Ils introduiront des sectes de perdition, etc. »
; et dans ce même chapitre (verset 10) : « Ils blasphèment et ne
craignent pas d’introduire de nouvelles sectes. » De tous ces vices
naît l’envie, quand ceux contre lesquels on est jaloux prospèrent ;
(Job, V, 2) : « L’envie tue les petits, etc. » D’eux encore
sortent les homicides de désir et d’action ; (I Jean, III, 45) : « Tout
homme qui hait son frère est homicide. » II. A l’égard des vices qui se rapportent
aux choses nécessaires à la vie, Saint Paul en nomme deux dont le premier
concerne la boisson (verset 21) : les ivrogneries, c’est-à-dire
passées en habitude ; (Luc, XXI, 34) : « Prenez garde que vos
coeurs ne s’appesantissent par l’excès des viandes et des vins, etc. »
Le second se rapporte à la nourriture (verset 21) : les débauches ;
(Rom., XIII, 13) : « Ne vous laissez pas aller aux débauches et aux
ivrogneries. » |
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Lectio 6 |
Leçon 6 : Galates V, 22-23 ─ Les œuvres de l’Esprit
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SOMMAIRE : Enumération des oeuvres de
l’Esprit, qui ne contredit pas la Loi ancienne. |
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[22] fructus autem Spiritus est caritas gaudium pax longanimitas bonitas
benignitas [23] fides modestia continentia adversus huiusmodi non est lex [87779] Super Gal., cap. 5 l. 6 Positis operibus carnis, hic consequenter
apostolus manifestat opera spiritus. Et primo manifestat ea; secundo ostendit
quomodo lex se habet ad opera spiritus et ad opera carnis, ibi adversus
huiusmodi, et cetera. Circa primum enumerat bona spiritualia quae nominat
fructus. Ex quo
incidit quaestio, quia illud dicitur fructus, quo fruimur, sed actibus
nostris non debemus frui, sed Deo solo; ergo huiusmodi actus quos enumerat
hic apostolus non debent dici fructus. Item, Glossa dicit quod huiusmodi
opera spiritus sunt propter se appetenda; quod autem propter se appetitur non
refertur ad aliud, ergo virtutes et earum opera non sunt referenda ad
beatitudinem. Respondeo.
Dicendum est quod fructus dicitur dupliciter, scilicet ut acquisitus, puta ex
labore vel studio, Sap. III, 15 : bonorum laborum gloriosus est fructus,
et ut productus, sicut fructus producitur ex arbore. Matth. c. VII, 18 : non
potest arbor bona fructus malos facere. Opera autem spiritus dicuntur
fructus non ut adepti sive acquisiti, sed ut producti; fructus autem qui est
adeptus, habet rationem ultimi finis, non autem fructus productus.
Nihilominus tamen fructus sic acceptus duo importat, scilicet quod sit
ultimum producentis, sicut ultimum quod producitur ab arbore est fructus
eius, et quod sit suave sive delectabile. Cant. II, 3 : fructus eius
dulcis gutturi meo. Sic ergo opera virtutum et spiritus sunt quid ultimum
in nobis. Nam spiritus sanctus est in nobis per gratiam, per quam acquirimus
habitum virtutum, et ex hoc potentes sumus operari secundum virtutem. Sunt
etiam delectabilia, et sunt etiam fructuosa. Rom. VI, 22 : habetis fructum
vestrum in sanctificationem, id est in operibus sanctificatis, et ideo
dicuntur fructus. Dicuntur etiam flores respectu futurae beatitudinis, quia
sicut ex floribus accipitur spes fructus, ita ex operibus virtutum habetur
spes vitae aeternae et beatitudinis. Et sicut in flore est quaedam inchoatio
fructus, ita in operibus virtutum est quaedam inchoatio beatitudinis, quae
tunc erit quando cognitio et charitas perficientur. Et per hoc patet responsio ad illud quod secundo
obiicitur. Ex his
apparet ratio quare apostolus effectus carnis vocat opera, fructus
autem spiritus, vocat fructus. Dictum est enim, quod fructus dicitur
aliquod finale et suave, ex re productum. Quod autem producitur ex aliquo
praeter naturam eius, non habet rationem fructus, sed quasi alterius
germinis. Opera autem carnis et peccata sunt praeter naturam eorum quae Deus
naturae nostrae inseruit. Deus enim humanae naturae quaedam semina inseruit,
scilicet naturalem appetitum boni et cognitionem, et addidit etiam dona
gratiae. Et ideo quia opera virtutum ex his naturaliter producuntur, fructus
dicuntur, non autem opera carnis. Et propter hoc apostolus dicit Rom. VI, 21
: quem ergo fructum habuistis tunc in illis, in quibus nunc erubescitis?
Patet ergo
ex dictis quod fructus spiritus dicuntur opera virtutum, et quia habent in se
suavitatem et dulcedinem, et quia sunt quoddam ultimum productum secundum
convenientiam donorum. Accipitur
autem differentia donorum, beatitudinum, virtutum et fructuum ad invicem hoc
modo. In virtute enim est considerare habitum et actum. Habitus autem
virtutis perficit ad bene agendum. Et si quidem perficit ad bene
operandum humano modo, dicitur virtus. Si vero perficiat ad bene operandum supra
modum humanum, dicitur donum. Unde philosophus supra communes virtutes ponit
virtutes quasdam heroicas, puta cognoscere invisibilia Dei sub aenigmate est
per modum humanum : et haec cognitio pertinet ad virtutem fidei; sed
cognoscere ea perspicue et supra humanum modum, pertinet ad donum
intellectus. Actus autem
virtutis, vel est perficiens : et sic est beatitudo; vel est delectans : et
sic est fructus. Et de istis fructibus dicitur Apoc. c. XXII, 2 : ex
utraque parte lignum vitae afferens fructus duodecim, et cetera. Dicit ergo
fructus spiritus, qui scilicet consurgit in anima ex seminatione
spiritualis gratiae, est charitas, etc.; qui quidem sic distinguuntur
: quia fructus aut perficiunt interius, aut exterius. Primo
ergo ponit illos qui perficiunt interius; secundo illos qui perficiunt
exterius, ibi bonitas, et cetera. Interius
autem homo perficitur et dirigitur et circa bona et circa mala. II Cor. VI, 7
: per arma iustitiae a dextris et a sinistris. Circa bona autem perficiunt, primo quidem in
corde per amorem. Nam sicut inter motus naturales primus est inclinatio
appetitus naturae ad finem suum, ita primus motuum interiorum est inclinatio
ad bonum, qui dicitur amor, et ideo primus fructus est charitas, Rom. V, 5 : charitas Dei diffusa est in cordibus
nostris, et cetera. Et ex charitate perficiuntur aliae, et ideo dicit
apostolus, Col. III, v. 14 : super omnia charitatem habentes, et
cetera. Ultimus autem finis, quo homo perficitur interius, est gaudium, quod
procedit ex praesentia rei amatae. Qui autem habet charitatem, iam habet quod
amat. I Io. IV, 16 : qui manet in charitate, in Deo manet, et Deus in eo.
Et ex hoc consurgit gaudium. Phil. IV, 4 : gaudete in domino semper,
et cetera. Gaudium
autem istud debet esse perfectum. Et ad hoc duo requiruntur. Primo ut res
amata sufficiens sit amanti propter suam perfectionem. Et quantum ad hoc
dicit pax. Tunc enim amans pacem habet, quando rem amatam sufficienter
possidet. Cant. ult. : ex quo facta sum coram eo quasi pacem reperiens,
et cetera. Secundo vero ut adsit perfecta fruitio rei amatae, quod similiter
per pacem habetur, quia, quidquid superveniat, si perfecte aliquis fruatur re
amata, puta Deo, non potest impediri ab eius fruitione. Ps. CXVIII, 165 : pax
multa diligentibus legem tuam, et non est illis scandalum. Sic ergo
gaudium dicit charitatis fruitionem, sed pax charitatis perfectionem. Et per
haec homo interius perficitur quantum ad bona. Circa mala
etiam perficit spiritus sanctus et ordinat, et primo contra malum quod
perturbat pacem, quae perturbatur per adversa. Sed ad hoc perficit spiritus
sanctus per patientiam, quae facit adversa patienter tolerare, et ideo dicit patientia.
Lc. XXI, 19 : in patientia vestra possidebitis animas vestras. Iac. I,
4 : patientia opus perfectum habet. Secundo, contra malum impediens
gaudium est dilatio rei amatae, ad quod spiritus opponit longanimitatem, quae
expectatione non frangitur. Et quantum ad hoc dicit longanimitas.
Habacuc II, 3 : si moram fecerit, expecta eum, quia, et cetera. II
Cor. VI, 6 : in longanimitate, et cetera. Et ideo dicit dominus Matth.
c. X, 22 : qui perseveraverit usque in finem, et cetera. Consequenter
cum dicit bonitas, etc., ponit fructus spiritus, qui perficiunt
quantum ad exteriora. Hominis autem exteriora sunt vel id quod est iuxta
ipsum, vel id quod est supra ipsum, vel id quod est infra ipsum. Iuxta ipsum
est proximus, supra ipsum Deus, infra ipsum natura sensitiva et corpus. Sic ergo quantum ad proximum perficit primo
quidem in corde per rectam et bonam voluntatem. Et quantum ad hoc dicit bonitas, id est
rectitudo et dulcedo animi. Si enim homo omnes alias potentias bonas habeat,
non potest dici bonus homo nisi habeat bonam voluntatem, secundum quam
omnibus aliis bene utitur. Cuius ratio est, quia bonum dicit aliquod
perfectum. Est autem duplex perfectio. Prima, scilicet quae est ipsum esse
rei; secunda vero est eius operatio : et haec est maior quam prima. Illud ergo dicitur simpliciter perfectum
quod pertingit ad perfectam sui operationem, quae est secunda eius perfectio.
Cum ergo homo per voluntatem exeat in actum cuiuslibet potentiae, voluntas
recta facit bonum usum omnium potentiarum, et, per consequens, ipsum hominem
bonum. Et de hoc fructu dicitur
Eph. V, 9 : fructus enim lucis est in omni bonitate, et cetera. Secundo
vero in opere, ut scilicet sua communicet proximo, et quantum ad hoc dicit benignitas,
id est, largitas rerum. II Cor. IX, v. 7 : hilarem enim datorem, et
cetera. Benignitas enim dicitur quasi bona igneitas, quae facit hominem
fluere ad subveniendum necessitatibus aliorum. Sap. I, 6 : benignus est
enim spiritus sapientiae, et cetera. Col. III, 12 : induite vos ergo
sicut electi Dei, sancti et dilecti, viscera misericordiae, benignitatem,
et cetera. Item perficiunt etiam quantum ad mala ab aliis illata, ut mansuete
ferat ac sustineat proximi molestias; et quantum ad hoc dicit mansuetudo,
Matth. XI, 29 : discite a me, quia, et cetera. Prov. III, 34 : mansuetis
dabit gratiam. Ad id vero
quod est supra nos, scilicet Deus, ordinat spiritus per fidem, unde dicit fides,
quae est cognitio quaedam invisibilium cum certitudine. Gen. XV, 6 : credidit Abraham Deo, et
reputatum est ei ad iustitiam. Hebr. XI, 6 : accedentem ad Deum
oportet credere, et cetera. Et ideo Eccli. I, v. 34 : beneplacitum est
Deo fides, et mansuetudo, et cetera. Ad id quod
est infra nos, scilicet corpus, dirigit spiritus, et primo quantum ad actus
exteriores corporis, quod fit per modestiam, quae ipsis actibus seu dictis
modum imponit; et quantum ad hoc dicit modestia, Phil. IV, 5 : modestia
vestra, et cetera. Secundo
vero quantum ad appetitum sensitivum interiorem, et quantum ad hoc dicit continentia,
quae etiam a licitis abstinet, et castitas, quae licitis recte utitur,
secundum Glossam. Vel aliter, continentia dicitur ex eo quod licet homo
impugnetur a pravis concupiscentiis, tamen per rationis vigorem se tenet, ne
abducatur; et ideo continentiae nomen sumptum est ab eo quod aliquis in
impugnatione tenet se. Castitas vero dicitur ex eo quod quis nec impugnatur,
nec abducitur, et dicitur a castigando. Nam illum dicimus bene castigatum,
qui in omnibus ordinate se habet. Circa hoc
duo dubitantur. Primo quia cum fructus spiritus adversentur operibus carnis,
videtur quod apostolus debuerit ponere tot fructus spiritus, quot posuit opera
carnis, quod non fecit. Ad quod dicendum est quod ideo non fecit, quia plura
sunt vitia quam virtutes. Secundo
dubitatur, quia fructus spiritus hic positi non respondent operibus carnis.
Ad hoc dicendum est quod apostolus non intendit hic tradere artem virtutum et
vitiorum, et ideo non ponit unum contra aliud, sed aliqua enumerat de istis
et aliqua de illis, secundum quod expediens videtur praesenti intentioni.
Nihilominus tamen si diligenter consideretur, aliqualiter sibi contra
respondent. Nam fornicationi, quae est amor illicitus, contra respondet
charitas; immunditiae vero, impudicitiae et luxuriae, quae sunt carnales
illecebrae, et ex fornicatione proveniunt, contra ponitur gaudium, quod est
spiritualis delectatio consequens ex charitate, ut dictum est. Ei vero quod
est idolorum servitus, contra ponitur pax. Ei vero quod dicit veneficia,
etc., usque ad dissensiones : patientia, longanimitas et bonitas. Ei vero
quod dicitur sectae, contra ponitur fides. Ei vero quod dicitur invidiae,
benignitas. Ei autem quod dicitur homicidia, mansuetudo. Ei quod dicitur
ebrietas, comessationes, et his similia, contra ponitur modestia, continentia
et castitas. |
22. Les fruits de l’esprit au
contraire sont la charité, la joie, la paix, la patience, l’humanité, la
bonté, la persévérance, 23. La douceur, la foi, la modestie,
la continence, la chasteté Après avoir énuméré les oeuvres de la chair, l’Apôtre indique quel les
sont les oeuvres de l’Esprit. Premièrement il désigne ces oeuvres secondement
il fait voir comment la Loi envisage ces oeuvres de l’Esprit et celles de la
chair (verset 25) : [Il n’y a pas de Loi] contre ceux qui vivent de la
sorte, etc. Sur le premier de ces points, il énumère les biens spirituels
qu’il nomme (verset 22) : les fruits. Ici se présente une difficulté : c’est le nom de fruit donné à ce dont
nous jouissons, car il ne nous est pas permis de jouir de nos actes, mais de
Dieu seul. Les actes de cette nature que l’Apôtre énumère ici, ne peuvent
donc pas être appelés fruits. De plus la Glose ajoute que ces oeuvres de
l’Esprit, dont il est parlé ici, peuvent être recherchées pour elles-mêmes;
or ce qui est recherché pour soi-même n’est pas rapporté à une autre fin; les
vertus et les oeuvres qui en procèdent ne devront donc pas être rapportées à
l’éternelle béatitude. Il faut répondre que l’expression « fruit » peut être
entendue de deux manières, à savoir pour ce qui est acquis, par exemple par
le travail ou par l’étude ; (Sages., III, 15) : « Le fruit des
justes travaux est plein de gloire » ; ou pour celui qui est
produit, comme le fruit qui vient de l’arbre ; (Matth., VII, 18) : « Un
bon arbre ne peut produire de mauvais fruit. » Or les oeuvres de
l’Esprit sont appelées des fruits, non pas qu’elles soient obtenues ou
acquises, mais en tant qu’elles sont produites, car le fruit qui est acquis a
le caractère de dernière fin, mais non le fruit produit. Toutefois le fruit,
entendu dans ce sens, suppose deux choses; d’abord qu’il est le dernier terme
de celui qui le produit, ainsi que le fruit est ce que l’arbre produit en
dernier lieu, et qu’il est doux et délectable ; (Cantiq., II, 3) : « Son
fruit est doux à ma bouche. » Ainsi, les œuvres des vertus, et
l’Esprit sont en nous le terme dernier. Car l’Esprit Saint est en nous par la
grâce, au moyen de laquelle nous acquérons l’habitude des vertus, et devenons
de cette manière capables d’agir suivant la force qui nous est donnée. Ils
sont aussi délectables et féconds ; (Rom., VI, 22) : « vous
portez des fruits pour votre sanctification, » c’est-à-dire dans vos
oeuvres sanctifiées; c’est pourquoi on les appelle des fruits. Elles portent
aussi le nom de fleurs, par rapport à la future béatitude, parce que, ainsi
que l’on conçoit par les fleurs l’espoir d’obtenir le fruit, de même on
conçoit par les oeuvres des vertus l’espérance de la vie et de la béatitude
éternelles. Et comme on a dans la fleur une sorte de commencement du fruit,
ainsi l’on a dans les fleurs des vertus comme un commencement de la
béatitude, qui nous sera donnée quand la connaissance et la charité seront à
l’état de perfection. On voit par ceci comment il faut répondre à la seconde
objection. En effet on peut dire, dans un double sens, qu’une chose mérite
d’être recherchée pour elle-même. L’expression « pour » pouvant
désigner ou la cause formelle, ou la cause finale. On doit rechercher les
oeuvres des vertus au premier de ces deux titres, mais non au second, parce
qu’elles portent en elles-mêmes la délectation. Un breuvage agréable, par
exemple, est recherché pour lui-même, à titre de cause formelle, parce qu’il
a en soi de quoi être agréable, à savoir la douceur; toutefois on peut le
rechercher aussi à titre de cause finale, c’est-à-dire pour la santé : Mais
une potion amère n’est nullement désirable par elle-même en tant que cause
formelle, parce qu’elle n’a en elle-même rien de délectable, bien que
toutefois on la désire, à titre de cause finale, pour un autre motif, à
savoir pour la santé qu’elle a pour fin. On voit d’après cette explication la
raison pour laquelle l’Apôtre a appelé « effets » les œuvres de la
chair et a donné à ce qui est produit par l’Esprit le nom de « fruit »
(verset 22) : les fruits de l’Esprit. Nous avons dit, en effet, que le
nom de fruit supposait quel que chose de final et d’agréable de par sa
nature. Mais ce qui est produit par une chose en dehors de sa nature, n’a pas
le caractère de fruit puisqu’il semble venir d’un germe étranger. Or les
oeuvres de la chair et les péchés sont en dehors de la nature de ce que Dieu
a mis dans notre être. Dieu, en effet, a placé dans la nature humaine
certaines semences, à savoir le désir naturel du bien et la connaissance; il
y a ajouté les dons de la grâce; aussi les oeuvres des vertus provenant
naturellement de ces germes, sont appelées des fruits, nom qui ne convient
pas aux oeuvres de la chair. C’est ce qui fait dire par l’Apôtre aux Romains
(VI, 21) : « Quel fruit donc tiriez-vous alors de ces désordres dont
vous rougissez maintenant ? » On voit donc par ce qui vient d’être
dit que les oeuvres des vertus prennent le nom de fruits de l’Esprit, et
parce qu’elles ont en elles la suavité et la douceur, et parce qu’elles sont
comme un produit final, correspondant à la mesure des dons spirituels. Or la
différence des dons, des béatitudes, des vertus et des fruits entre eux
s’établit de la manière suivante. On doit, dans toute vertu, en considérer
l’habitude et l’acte; or l’effet de l’habitude, dans la vertu, c’est de
perfectionner dans la pratique du bien. Si cette perfection tend à faire le
bien d’une manière simplement humaine, elle s’appelle vertu; si c’est d’une
manière qui dépasse les forces de l’homme, elle prend le nom de don. C’est de
là que le Philosophe met au-dessus des vertus communes, certaines autres
vertus héroïques; par exemple connaître les perfections invisibles de Dieu, mais
comme en des énigmes, c’est connaître d’une manière humaine, et cette
connaissance appartient à la vertu de foi; mais connaître ces perfections
clairement et d’une manière surnaturelle appartient au don d’intelligence.
L’acte de vertu, ou bien conduit à la perfection et, considéré ainsi, c’est
la béatitude; ou bien il produit la délectation, et comme tel, c’est un
fruit. De ces fruits il est dit (Apoc., XXII, 2) : « des deux côtés de
ce fleuve, était l’arbre de vie qui porte douze fruits, etc. » L’Apôtre dit donc (verset 22) : le fruit de l’Esprit, c’est-à-dire
celui qui naît dans l’âme par la semence de la grâce spirituelle, c’est la
charité, etc… Ces fruits se distinguent par la manière dont ils
concourent à la perfection, soit intérieurement, soit extérieurement.
L’Apôtre énumère donc d’abord les premiers qui conduisent à la perfection
intérieure, et ensuite les seconds qui conduisent à la perfection extérieure
: (verset 2-2) : la bonté, etc. I° L’homme se perfectionne et se
dirige intérieurement,
soit par rapport au bien, soit par rapport au mal ; (II Corinth., VI, 7)
: « par les armes de justice, pour combattre à droite et à gauche. » I. A l’égard du bien, il se perfectionne,
d’abord dans le coeur par l’amour. Car de même qu’entre les mouvements naturels
le premier est l’inclination de la nature vers sa fin propre, de même le
premier des mouvements intérieurs est l’inclination vers le bien, inclination
qui prend le nom d’amour, et par suite le premier fruit de l’Esprit, c’est la
charité ; (Rom., V, 5) : « L’amour de Dieu a été répandu dans
nos cœurs, etc. » C’est de cette charité que les autres inclinations
reçoivent leur perfection; aussi l’Apôtre a-t-il dit (Coloss., III, 14) : « Surtout
revêtez-vous de la charité, etc. » Le dernier fruit par lequel
l’homme se perfectionne intérieurement, c’est la joie, qui naît de la
présence de l’objet aimé. Or, qui a la charité possède déjà ce qu’il aime ;
(I Jean, IV, 16) : « Quiconque demeure dans l’amour demeure en Dieu,
et Dieu en lui. » De cette possession naît la joie ; (Philip.,
IV, 4) : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, etc. »
Mais cette joie doit être parfaite, et pour qu’elle le soit il faut deux
conditions : la première que l’objet aimé suffise, en raison de sa
perfection, à celui qui aime; et quant à ceci l’Apôtre dit (verset 22) : la
paix, car celui qui aime jouit de la paix, quand il possède ce qu’il aime
d’une manière suffisante ;(Cantiq., VIII, 10) : « Depuis que je
suis en sa présence j’ai comme trouvé la paix, etc. » La seconde
condition, c’est que la jouissance de l’objet aimé soit parfaite, et ceci
s’obtient également par la paix; car quoi qu’il survienne, dès lors qu’on
jouit parfaitement de ce que l’on aime, de Dieu par exemple, on ne saurait
être troublé dans sa jouissance ; (Ps., CXVIII, 165) : « Ceux
qui aiment votre Loi jouissent d’une grande paix, et pour eux, il n’y a pas
de scandale. » L’Apôtre appelle donc joie la jouissance de la
charité, et paix, la perfection de cette charité. C’est ainsi que l’homme se
perfectionne intérieurement quant au bien. II. Le Saint Esprit dirige aussi et
perfectionne à l’égard du mal; et d’abord contre le mal qui trouble la paix,
laquelle est atteinte par l’adversité. L’Esprit Saint soutient ici par la
patience, qui fait supporter sans se troubler l’adversité. C’est ce qui fait
dire à Saint Paul (verset 22) : la patience ; (Luc, XXI, 19) : « C’est
par votre patience que vous possèderez vos âmes » ; (Jacq., I,
4) : « La patience est parfaite dans ses oeuvres. » En
second lieu, au mal qui fait obstacle à la joie, à savoir au délai à la
possession de l’objet aimé, le Saint Esprit oppose la longanimité, qui ne se
laisse pas briser par l’attente ; l’Apôtre dit donc (verset 22) : la
longanimité ; (Habacuc, II, 3) : « S’il diffère,
attendez-le, car, etc. » ; (II Corinth., VI, 6) : « par
la longanimité, etc. » Aussi le Sauveur dit-il : (Matth., X, 22) : « Celui
qui persévèrera jusqu’à la fin, etc. » II° En ajoutant (verset 22) : la
bonté, etc., l’Apôtre énumère les fruits du Saint Esprit qui perfectionnent l’homme quant à ce
qui est extérieur. Or ce qui est extérieur pour l’homme c’est ce qui est ou
proche de lui, ou au-dessus de lui, ou enfin au-dessous de lui. Proche de lui
se trouve le prochain; au-dessus, Dieu; au-dessous, la nature sensible et le
corps. I. Par rapport au prochain, le Saint
Esprit perfectionne l’homme d’abord dans le coeur, en rendant sa volonté
bonne et droite. C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 22) : la
bonté, c’est-à-dire la douceur et la rectitude de l’âme, car l’homme eût-il
toutes ses autres puissances bonnes, il ne peut être appelé bon, si d’abord
sa volonté, par laquelle il use bien du reste, n’est bonne elle-même. La
raison en est que la qualification de bien suppose quelque chose de parfait;
or, il y a deux sortes de perfection : la première, c’est l’être même de
l’objet; la seconde, son opération et celle-ci est plus grande que la
première. Ce que l’on dit parfait, dans le sens absolu, est donc ce qui
accomplit, dans la perfection, son opération propre, c’est-à-dire arrive à la
seconde espèce de perfection. Mais comme c’est par sa volonté que l’homme
peut produire l’acte de chaque puissance, cette volonté, dès qu’elle est
droite, rend bon l’usage de toutes ces puissances, et par conséquent rend
l’homme lui-même bon. De ce fruit, il est dit (Ephés., V, 9) : « Or
le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, etc. » En
second lieu, [le Saint Esprit, par ses dons, perfectionne l’homme] dans ses
oeuvres, à savoir en le portant à faire part au prochain de ce qui est à lui.
C’est de cette disposition que Saint Paul dit (verset 22) : la bénignité,
c’est-à-dire la libéralité à donner ; (II Corinth., IX, 7) : « [Dieu
aime] celui qui donne avec joie, etc. » Bénignité, en effet, c’est
comme si l’on disait « une bonne flamme », qui fait que le coeur de
l’homme se liquéfie pour subvenir aux nécessités des autres ; (Sagesse
I, 6) : « L’Esprit de sagesse est plein de bonté, etc. » ;
(Coloss., III, 12) : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu,
saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bénignité, etc. »
Il le perfectionne encore par rapport aux maux à souffrir de la part des
autres, afin qu’il endure et supporte avec douceur les causes des peines qui
viennent du prochain, (verset 23) : la douceur ; (Matth., XI, 29)
: « Apprenez de moi que, etc. »; (Prov., III, 34) : « Dieu
donnera sa grâce à ceux qui sont doux. » II. Relativement à ce qui est au-dessus de
nous, c’est-à-dire à Dieu, l’Esprit Saint nous élève vers lui par la foi;
aussi Saint Paul dit-il (verset 23) : la foi, qui est comme la
connaissance des choses invisibles, accompagnée de certitude ; (Genèse
XV, 6) : « Abraham crut à Dieu, et ce lui fut imputé à justice » ;
(Hébr., XI, 6) : « Pour s’approcher de Dieu il faut croire
premièrement qu’il y a un Dieu, etc. » C’est pourquoi il est dit
(Ecclésiastique I, 34) : « Ce qui est agréable à Dieu, c’est la foi
et la douceur, etc. » III. Pour ce qui est au-dessous de nous,
c’est-à-dire le corps, l’Esprit Saint dirige l’homme, d’abord quant aux actes
extérieurs du corps lui-même, ce qui se fait par la modestie qui règle avec
mesure les actes eux-mêmes ou les paroles. Saint Paul dit donc (verset 23) : la
modestie ; (Philip., IV, 5) : « Que votre modestie soit, etc. »
Secondement quant à l’appétit sensible et intérieur (verset 23) : la
continence, qui s’abstient même de ce qui est licite, (verset 23) : et
la chasteté, qui use avec rectitude de ce qui est permis, comme dit la
Glose. Ou bien encore la continence est ainsi appelée, de ce que l’homme,
tout assailli qu’il soit par de mauvaises convoitises, se retient cependant
par la vigueur de la raison, afin de n’être pas entraîné, en sorte que le nom
de continence viendrait de ce que dans les attaques on se contient. Pour la
chasteté, elle est ainsi appelée de ce qu’avec elle on ne se laisse ni
attaquer ni entraîner. Son nom se tire du verbe « castigare » qui
signifie châtier. On dit bien châtié, celui qui en toutes choses se préserve
de tout écart. Il se présente ici une double difficulté. La première, est que les fruits
de l’Esprit étant opposés aux oeuvres de la chair, il semble que Saint Paul
aurait dû énumérer autant de ces fruits qu’il a distingué d’oeuvres de la
chair, ce qu’il n’a pas fait. Il faut répondre qu’il ne l’a pas fait, parce
que les vices sont plus nombreux que les vertus. La seconde difficulté est que les fruits de l’Esprit qui sont ici
indiqués ne répondent pas aux oeuvres de la chair. Il faut répondre que
l’Apôtre n’a pas l’intention de donner ici un traité méthodique des vertus et
des vices; par suite il ne les oppose pas, mais il énumère tantôt quelques
vertus, tantôt quelques vices, suivant qu’il lui paraît convenable pour son
but actuel. Toutefois, en considérant la chose avec attention, on reconnaît
une sorte d’opposition, car à la fornication, qui est un amour déréglé,
répond la charité; à l’impureté, à l’impudicité, à la luxure, qui sont autant
d’amorces charnelles qui naissent de la fornication, est opposée la joie,
délectation spirituelle qui procède de la charité, ainsi qu’il a été
expliqué. Au culte des idoles est opposée la paix; à ce que l’Apôtre nomme
des maléfices, etc. jusqu’aux divisions, il oppose la patience, la
longanimité, la bonté; aux sectes, la foi; à l’envie, la bénignité; à
l’homicide, la douceur; à l’ivrognerie, débauches et autres désordres de ce
genre, la modestie, la continence et la chasteté. |
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Lectio 7 |
Leçon 7 : Galates V, 23-26 ─ Attacher à la croix tout ce qui
est charnel
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SOMMAIRE : Ceux donc qui suivent
l’Esprit, ne sont plus désormais sous la Loi, parce qu’ils ont attaché à la
croix tout ce qui est charnel. |
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[23] fides modestia continentia adversus huiusmodi non est lex [24] qui autem sunt Christi carnem crucifixerunt cum vitiis et
concupiscentiis [25] si vivimus spiritu spiritu et ambulemus [26] non efficiamur inanis gloriae cupidi invicem provocantes invicem
invidentes [87780] Super Gal., cap. 5 l. 7 Enumeratis operibus carnis, et spiritus, hic
consequenter ex utrisque concludit, quod qui spiritum sequuntur, non sunt sub
lege. Et utitur tali probatione : ille est sub lege qui est obnoxius legi, id
est qui facit contraria legi; sed illi qui aguntur spiritu, non faciunt opera
contraria legi, ergo non sunt sub lege. Primo ergo ostendit propositum ex
parte operum spiritus; secundo ex parte operum carnis, ibi qui autem sunt,
et cetera. Dicit ergo
: dico quod qui aguntur spiritu, non faciunt opera contraria legi, quia aut
faciunt opera spiritus, et adversus huiusmodi non est lex, id est
contra opera spiritus, sed spiritus docet ea. Nam sicut lex exterius docet opera virtutum, ita
et spiritus interius movet ad illa. Rom. VII, 22 : condelector enim legi
Dei secundum interiorem hominem, et cetera. Aut faciunt opera carnis, et haec in his qui
spiritu Dei aguntur, non sunt contraria legi. Unde dicit qui autem sunt Christi, id est
qui spiritum Dei habent. Rom. VIII, v. 9 : qui spiritum Dei non habet, hic
non est eius. Illi ergo spiritu Dei aguntur, qui sunt Christi. Isti,
inquam, carnem suam crucifixerunt, et cetera. Non autem dicit : vitia
et concupiscentias vitant, quia bonus medicus tunc bene curat, quando adhibet
remedia contra causam morbi. Caro autem est radix vitiorum. Si ergo volumus
vitare vitia, oportet domare carnem. I Cor. IX, 27 : castigo corpus meum,
et cetera. Quia vero caro domatur per vigilias, ieiunia et labores Eccli.
XXXIII, 28 : servo malevolo tortura et compedes, etc. ad haec autem
opera moventur ex devotione quam habent ad Christum crucifixum, ideo
signanter dicit crucifixerunt, id est Christo crucifixo se
conformaverunt, affligendo carnem suam, et cetera. Rom. VI, 6 : vetus homo
noster simul crucifixus est, et cetera. Supra II : ut Deo vivam,
Christo confixus sum cruci, et cetera. Quia vero
non crucifigunt carnem destruendo naturam, quia nemo carnem suam odio
habuit, ut dicitur Eph. V, 29, sed quantum ad ea quae contrariantur legi,
ideo dicit cum vitiis, id est cum peccatis, et concupiscentiis,
id est passionibus, quibus anima inclinatur ad peccandum. Non enim bene
crucifigit carnem qui etiam passionibus locum non aufert, aliter cum ratio
non semper invigilet ad peccata vitandum, ut oportet, posset quandoque
cadere. Eccli. XVIII, 30 : post concupiscentias tuas non eas, et
cetera. Rom. XIII, 14 : carnis curam ne feceritis in desideriis, et
cetera. Consequenter
cum dicit si spiritu vivimus, etc., ponit tertium beneficium spiritus
sancti, quod confert vitam. Et primo ponit beneficium spiritus Dei; secundo
excludit vitia spiritus mundi, ibi non efficiamur, et cetera. Dicit
ergo, connumerans se eis quibus scribit : dico quod debemus ambulare per
spiritum, quia et per ipsum vivimus, et non per carnem. Rom. VIII, 12 : debitores
sumus non carni, et cetera. Si ergo spiritu vivimus,
debemus in omnibus ab ipso agi. Sicut enim in vita corporali corpus non
movetur nisi per animam per quam vivit, ita in vita spirituali omnis motus
noster debet esse a spiritu sancto. Io. VI, 64 : spiritus est qui
vivificat. Act. XVII, 28 : in ipso vivimus, movemur, et sumus. Et ne ea
quae dicta sunt de spiritu intelligantur de spiritu mundi, de quo dicitur I
Cor. II, 12 : nos autem non spiritum huius mundi accepimus, ideo hoc
consequenter removet apostolus, dicens non efficiamur, etc., ubi tria
excludit propria spiritus mundi, scilicet inanem gloriam, iracundiam, et
invidiam, quibus tribus convenienter aptari potest nomen spiritus. Significat
enim spiritus quamdam inflationem. Unde secundum hoc illi dicuntur vani
spiritus, qui sunt inflati per inanem gloriam. Is. XXV, 4 : spiritus
robustorum quasi turbo impellens parietem, et cetera. Et quantum ad hoc
dicit non efficiamur inanis gloriae cupidi, id est, gloriae
saecularis. Cum enim vanum sit quod nec solide firmatur, nec veritate
fulcitur, nec utilitate amatur, ideo gloria huius mundi vana est, quia
caduca, et non solida, Is. XL, v. 6 : omnis caro foenum, etc., et quia
falsa, I Mac. II, 62 : gloria hominis peccatoris, stercus et vermis,
et cetera. Sed vera gloria est in propriis bonis hominis, quae sunt bona
spiritualia, et hanc habent sancti. II Cor. I, 12 : gloria nostra haec
est, testimonium conscientiae nostrae, et cetera. Et quia inutilis et
infructuosa : nam quantamcumque gloriam habeat quis ex testimonio
saecularium, non potest propter hoc consequi finem suum, quem consequitur
testimonio Dei. I Cor. I, 31 : qui gloriatur, in domino glorietur. Non autem
dicit : non habeatis inanem gloriam sed non efficiamini cupidi, quia
gloria sequitur aliquando fugientes eam, et si eam oportet recipi, non tamen
ametur. Item significat quamdam impetuositatem. Prov. XXVII, 4 : impetum
concitati spiritus ferre quis poterit? Et significat iracundiam. Et
quantum ad hoc dicit invicem provocantes, scilicet ad contentionem,
vel litem, vel alia illicita. Rom. XIII, 13 : non in contentione et
aemulatione, et cetera. Item est spiritus tristitiae, de quo dicitur
Prov. XVII, 22 : spiritus exsiccat ossa. Et quantum ad hoc dicit invicem
invidentes. Prov. XIV, 30 : putredo ossium, invidia, et cetera.
Cuius ratio est, quia ipsa sola crescit ex bono. |
23. Il n’y a pas de loi contre ceux
qui vivent de la sorte. 24. Or ceux qui sont au Christ, ont
crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs déréglés. 25. Si nous vivons par l’Esprit,
conduisons-nous aussi par l’Esprit. 26. Ne nous laissons pas aller à la
vaine gloire, nous piquant les uns les autres, et étant envieux les uns des
autres. Après l’énumération des oeuvres de la chair et des fruits de l’Esprit,
l’Apôtre conclut des uns et des autres que quiconque suit l’Esprit n’est plus
assujetti à la Loi. Il tient le raisonnement suivant : Celui-là est assujetti
à la Loi, qui est exposé à la vindicte de la Loi, c’est-à-dire qui fait des
oeuvres contraires à la Loi; or ceux qui sont dirigés par l’Esprit, ne font
rien de contraire à la Loi; ils ne lui sont donc pas assujettis. Il prouve
donc sa proposition I° par rapport aux fruits de l’Esprit; II°
par rapport aux oeuvres de la chair (verset 24) : Car ceux qui sont, etc. I° Il dit donc : Ceux qui sont dirigés
par l’Esprit ne font rien de contraire à la Loi, parce que, ou bien ils font les oeuvres de
l’Esprit, et alors (verset 23) : il n’y a pas de loi contre ceux qui
vivent de la sorte, c’est-à-dire contre les oeuvres de l’Esprit; mais
l’Esprit Saint les enseigne ; car de même que la Loi enseigne
extérieurement les oeuvres des vertus, ainsi l’Esprit porte intérieurement à
les accomplir ; (Rom., VII, 22) : « Car je me plais dans la Loi
de Dieu selon l’homme intérieur, etc… » II° Ou bien ils font les oeuvres de
la chair, et ces
oeuvres, dans ceux qui sont dirigés par l’Esprit de Dieu, ne sont pas
contraires à la Loi. C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 24) : Ceux
qui sont à Jésus-Christ, c’est-à-dire ceux qui ont l’Esprit de Dieu ;
(Rom., VIII, 9) : « Celui qui n’a pas l’Esprit de Dieu n’est pas à
lui. » Ceux donc qui sont à Jésus-Christ sont dirigés par l’Esprit
de Dieu, et ont crucifié leur chair, etc. L’Apôtre ne dit pas : ils
évitent les vices et les convoitises, parce qu’un médecin habile traite comme
il convient, quand il utilise les remèdes contre la cause du mal. Or la chair
est la racine des vices. Si donc nous voulons nous préserver des vices, il
faut dompter la chair ; (I Corinth., IX, 27) : « Je traite
rudement mon corps, etc. », car c’est par les veilles, les jeûnes et
les travaux qu’on parvient à dompter la chair ; (Ecclésiastique XXXIII,
28) : « A l’esclave malicieux la torture et les fers, etc. »
Mais on est porté à ces oeuvres par la dévotion qu’on a pour Jésus-Christ
crucifié, c’est pourquoi l’Apôtre dit expressément (verset 24) : Ils ont
crucifié leur chair, c’est-à-dire ils se sont conformés à Jésus-Christ
crucifié, en affligeant leur chair, etc. ; (Rom., VI, 6) : « Notre
vieil homme a été crucifié avec lui, etc. » et (ci-dessus, II, 49) :
Afin que je vive pour Dieu, j’ai été attaché à la croix avec Jésus-Christ,
etc. » Toutefois parce qu’ils ne crucifient pas la chair en
détruisant la nature, puisque « nul ne haït sa propre chair, »
comme il est dit dans l’Epître aux Ephésiens (V, 29), mais seulement ce qui
est contraire à la Loi, Saint Paul dit (verset 24) : avec ses vices,
c’est-à-dire ses péchés et ses désirs déréglés, c’est-à-dire les
passions qui portent l’âme à pécher. Car on ne crucifie pas bien sa chair
lorsqu’on ne donne pas aussi aux passions le moyen de se manifester;
autrement, comme la raison n’est pas toujours vigilante pour éviter le péché,
comme elle le doit, elle pourrait tomber quelquefois ; (Ecclésiastique
XVIII, 30) : « Ne vous laissez pas aller à vos désirs, etc. » ;
(Rom., XIII, 14) : « Ne prenez pas de votre chair un soin qui aille
jusqu’à contenter ses désirs, etc. » III° Quand Saint Paul dit ensuite (verset 25) : Si
nous vivons par l’Esprit, etc., il explique le troisième bienfait de l’Esprit
Saint, qui est de donner la vie. I. Il
énonce ce bienfait de l’Esprit de Dieu; II. il condamne les vices de l’esprit du monde
(verset 26) : et ne nous laissons pas aller, etc. I. L’Apôtre dit donc, en s’assimilant à
ceux auxquels il écrit : Je dis que nous devons marcher selon l’Esprit, parce
que c’est par l’Esprit que nous vivons et non par la chair ; (Rom. VIII,
12) : « Ainsi nous sommes redevables non pas à la chair, etc. »
- Si donc nous vivons par l’Esprit, c’est par l’Esprit que nous
devons être dirigés en toutes choses. De même, en effet, que dans la vie
corporelle le corps ne se meut que par l’âme par laquelle il vit, ainsi dans
la vie spirituelle, tout mouvement en nous doit procéder de l’Esprit Saint ;
(Jean, VI, 64) : « C’est l’Esprit de Dieu qui vivifie » ;
(Act., XVII, 28) : « C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement
et l’être. » II. Pour que l’on n’entende pas ce qu’il a
dit de l’esprit du monde dont il est dit (I Corinth., II, 12) : « Or
nous n’avons pas reçu l’esprit du monde », l’Apôtre rejette cette
fausse interprétation, en disant (verset 26) : et ne nous laissons pas
aller, etc., signalant trois vues particulières à l’esprit du monde, à
savoir la vaine gloire, la colère et l’envie, auxquelles on peut donner avec
assez de justesse le nom d’esprit, car ce terme indique comme un souffle.
Aussi d’après cette interprétation, on appelle esprits vains ceux qui sont
enflés par la vaine gloire ; (Isaïe XXV, 4) : « L’Esprit des
puissants ressemble à une tempête qui vient fondre sur une mu- raille, etc. »
C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 26) : et ne nous laissons pas
aller au désir de la vaine gloire, c’est-à-dire à la gloire du siècle.
Car comme il n’y a que de la vanité dans ce qui n’est ni appuyé solidement,
ni soutenu par la vérité, ni digne d’amour à raison de son utilité, la gloire
de ce monde est vaine, puisqu’elle est caduque et fragile ; (Isaïe XL,
6) : « Toute chair n’est que de l’herbe, etc. ; de plus elle
est fausse ; (I Machab., II, 62) : « Toute la gloire du pécheur
n’est que de l’ordure et des vers, etc. » Mais la gloire véritable
réside dans les biens propres de l’homme, c’est-à-dire dans les biens
spirituels. Les Saints possèdent cette gloire ; (II Corinth., I, 12) : « Notre
gloire, c’est le témoignage de notre conscience, etc. » La gloire du
monde est encore inutile et infructueuse, car quelque grande que soit cette
gloire, au témoignage des gens du siècle, elle ne peut aider l’homme à
atteindre sa fin, qu’il n’obtient que sur le témoignage de Dieu ; (I
Corinth., I, 31) : « Que celui qui se glorifie, se glorifie donc dans
le Seigneur. » L’Apôtre ne dit pas : n’ayez pas de gloire vaine,
mais ne nous laissons pas aller au désir, parce que la gloire suit
quelquefois ceux qui la fuient, et si l’on ne peut s’y soustraire, toutefois
on ne doit pas l’aimer. Le mot esprit signifie aussi une certaine impétuosité ;
(Prov., XXVII, 4) : « Qui pourra soutenir la colère d’un homme
emporté ? » Il marque aussi la colère; aussi Saint Paul dit-il
(verset 26) : nous piquant les uns les autres, c’est-à-dire en poussant
à la contention, aux procès, ou à d’autres choses peu recommandables ;
(Rom., XIII, 13) : « Ne vous laissez aller ni aux querelles ni aux
envies, etc. » Il y a aussi l’esprit de tristesse, dont il est dit
(Prov., XVII, 22) : « La tristesse du coeur dessèche les os » ;
de cet esprit l’Apôtre dit (verset 26) : étant envieux les uns des autres ;
(Prov., XIV, 30) : "L’envie, c’est la pourriture des os". La
raison en est qu’elle seule grandit par le bien même qu’elle voit dans les
autres. |
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Caput 6 |
CHAPITRE VI ─ RECOMMANDATIONS PRATIQUES
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Lectio 1 |
Leçon 1 : Galates VI, 1-5 ─ La conduite face aux supérieurs
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SOMMAIRE : L’Apôtre enseigne aux
supérieurs comment ils doivent se conduire à l’égard de leurs inférieurs,
quand ceux-ci manquent, et aussi à l’égard de leurs égaux. Il recommande de
reprendre avec douceur les coupables. |
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[1] fratres et si praeoccupatus fuerit homo in aliquo delicto vos qui
spiritales estis huiusmodi instruite in spiritu lenitatis considerans te
ipsum ne et tu tempteris [2] alter alterius onera portate et sic adimplebitis legem Christi [3] nam si quis existimat se aliquid esse cum sit nihil ipse se seducit [4] opus autem suum probet unusquisque et sic in semet ipso tantum gloriam
habebit et non in altero [5] unusquisque enim onus suum portabit [87781] Super Gal., cap. 6 l. 1 Postquam apostolus reduxit Galatas ad statum
veritatis quantum ad res divinas, hic consequenter reducit eos quantum ad res
humanas, instruens eos qualiter se habeant ad homines. Et primo qualiter se habeant
ad rectos; secundo, quomodo ad perversos, ibi videte qualibus litteris,
et cetera. Circa primum tria facit. Primo docet qualiter superiores se
habeant ad inferiores; secundo qualiter aequales ad coaequales, ibi alter
alterius, etc.; tertio qualiter inferiores ad superiores, ibi communicet
autem is, et cetera. Circa
primum duo facit. Primo ponit admonitionem; secundo assignat admonitionis
rationem, ibi considerans teipsum, et cetera. Quia ergo
de peccatis multa dixerat, ne aliquis a peccato immunis in peccatores
desaeviret, ideo admonitionem de mansuetudine et misericordia eis proponit,
dicens fratres, etsi praeoccupatus fuerit homo, et cetera. Ubi tria
ponit quae faciunt admonitionem. Primum est
surreptio. Nam quando aliqui ex malitia peccant, minus digni sunt venia. Iob
XXXIV, 27 : qui quasi de industria recesserunt, et cetera. Sed quando
aliquis praeoccupatur tentationibus et inducitur ad peccandum, facilius debet
ei venia concedi, et ideo dicit etsi praeoccupatus fuerit, etc., id
est imprudenter et ex surreptione lapsus, ut nequeat vitare. Secundum
est peccatorum paucitas. Nam aliqui ex consuetudine peccant. Os. IV, 2 : maledictum,
et mendacium, et homicidium, et furtum, et adulterium inundaverunt, et
sanguis sanguinem tetigit, et cetera. Et contra tales severius est
agendum. Et hoc excluditur, cum dicit in aliquo, quasi non usu
quotidiano peccans. Tertium
est peccatorum qualitas. Nam quaedam peccata consistunt in transgressione,
quaedam vero in omissione. Graviora autem sunt prima secundis : quia illa
opponuntur praeceptis negativis, quae obligant semper et ad semper, haec vero
opponuntur praeceptis affirmativis quae cum non obligent ad semper, non
potest sciri determinate quando obligant. Unde dicitur in Ps. XVIII, 13 : delicta
quis intelligit? et cetera. Et quantum ad hoc dicit delicto. Vel,
secundum Glossam, delictum est peccatum ex ignorantia. His ergo
praemissis, ad misericordiam eos qui corrigunt monet, et hi sunt spirituales,
ad quos pertinet correctio. Unde dicit vos qui spirituales estis,
huiusmodi instruite. I Cor. II, 15 : spiritualis iudicat omnia, et
ipse a nemine iudicatur, et cetera. Et huius ratio est, quia rectum
iudicium habet de omnibus, quia circa unumquodque recte dispositus est, sicut
qui sanum gustum habet, recte iudicat de sapore; solus autem spiritualis bene
dispositus est circa agenda; et ideo ipse solus de eis bene iudicat. Sed quia
nomen spiritus rigorem quemdam et impulsum designat, secundum illud Is. XXV,
v. 4 : spiritus robustorum quasi turbo impellens parietem, etc., non
tamen est credendum quod viri spirituales sint nimis rigidi in corrigendo.
Nam hoc spiritus huius mundi facit, sed spiritus sanctus suavitatem quamdam
et dulcorem efficit in homine. Sap. XII, v. 1 : o quam bonus et suavis est
spiritus tuus, domine, et cetera. Et ideo dicit in spiritu lenitatis.
Ps. CXL, 5 : corripiet me iustus in misericordia, et cetera. Contra
quod dicitur de quibusdam Ez. XXXIV, 4 : cum austeritate imperabatis eis,
et cetera. Dicit autem instruite, et non corrigite, quia loquitur de
praeoccupatis delinquentibus, qui indigent instructione; vel quia omnis
peccans est ignorans. Prov. XIV, 22 : errant qui operantur malum. Rationem
autem admonitionis subdit, dicens considerans teipsum, etc., quasi
dicat : ita fiat, ut dixi, quia tu fragilis es. Nam quamdiu in hac vita mortali sumus, proni
sumus ad peccandum. Nihil autem ita frangit hominis severitatem in
corrigendo, quam timor proprii casus. Eccli.
XXXI, 18 : intellige quae sunt proximi tui ex teipso. Qualiter
autem se habeant ad aequales ostendit, dicens alter alterius, et
cetera. Et primo proponit admonitionem; secundo assignat eius rationem, ibi et
sic adimplebitis, etc.; tertio excludit admonitionis implendae
impedimentum, ibi nam si quis existimat, et cetera. Admonet autem ad mutuam supportationem, dicens alter
alterius onera portate. Et hoc tripliciter. Uno modo
defectum alterius corporalem, seu spiritualem, patienter tolerando. Rom. XV, 1 : debemus autem nos firmiores,
et cetera. Alio modo
necessitati mutuae subveniendo, et cetera. Rom. XII, 13 : necessitatibus
sanctorum communicantes, et cetera. Tertio
modo pro poena sibi debita satisfaciendo, orationibus et bonis operibus. Prov. c. XVIII, 19 : frater qui iuvatur a
fratre, et cetera. Ratio
autem admonitionis est adimpletio legis Christi, quae similiter est charitas.
Rom. XIII, 10 : plenitudo legis est dilectio. Unde dicit et sic
adimplebitis legem Christi, id est, charitatem. Dicitur
autem charitas specialiter lex Christi triplici ratione. Primo, quia per hoc
distinguitur lex nova a lege veteri : nam illa est timoris, haec vero amoris.
Unde Augustinus dicit : parva differentia est veteris legis et novae :
timor et amor. Secundo, quia per charitatem specialiter Christus legem
suam promulgavit. Io. XIII, 35 : in hoc cognoscent omnes, quia mei estis
discipuli, si dilectionem, etc.; et iterum : mandatum novum do vobis,
ut diligatis invicem, et cetera. Tertio quia ipsam implevit Christus, et
exemplum eam implendi nobis reliquit. Nam ipse ex charitate peccata nostra
tulit. Is. LIII, 4 : vere languores nostros ipse tulit. I Petr. II, 24
: qui peccata nostra pertulit in corpore suo super lignum, et cetera.
Is. XL, 11 : foetas ipse portabit. Sic ergo debemus alter alterius
onera portare ex charitate, ut sic impleamus legem Christi. Impedimentum
autem implendae admonitionis praedictae est superbia. Ideo hoc excludens,
dicit nam si quis existimat, et cetera. Et primo vituperat ipsam
superbiam; secundo ostendit modum vitandi eam, ibi opus autem suum,
etc.; tertio vitandi rationem assignat, ibi unusquisque enim, et
cetera. Dicit ergo
: facite ut dixi. Sed contingit aliquem onus alterius non portare, quia
praefert se aliis. Unde dicebat ille Lc. c. XVIII, 11 : non sum sicut
caeteri hominum, et cetera. Et ideo dicit nam si quis existimat se
aliquid esse, id est in mente sua superbe iudicat se magnum esse in
comparatione peccantis, cum nihil sit, ex se, quia quidquid sumus hoc
est ex gratia Dei, secundum illud apostoli I Cor. XV, 10 : gratia Dei sum
id quod sum. Qui, inquam, tale aliquid facit, ipse se seducit, id
est a veritate se dividit. Is. XL, 17 : omnes gentes quasi non sint,
et cetera. Lc. XVII, 10 : cum feceritis omnia quae praecepta sunt vobis,
dicite : servi inutiles sumus, et cetera. Remedium
autem vitandi, est propriorum defectuum consideratio. Nam ex hoc quod aliquis
alienos et non suos defectus considerat, videtur sibi aliquid esse in
comparatione ad alios, in quibus defectus intuetur, et suos non considerans,
superbit. Et ideo dicit opus autem, scilicet interius et exterius, suum,
id est proprium, probet, id est diligenter examinet, unusquisque.
I Cor. XI, v. 28 : probet seipsum homo, et cetera. Et sic in seipso,
id est in propria conscientia, gloriam habebit, id est gloriabitur et
gaudebit. II Cor. I, 12 : gloria nostra haec
est, testimonium conscientiae nostrae. Et non in altero, id est non in laude alterius. Vel sic : in
semetipso, id est per ea quae sui ipsius sunt, gloriam habebit, id
est gloriabitur in consideratione sui, et non in altero, id est non
consideratione alterius. II Cor. XII, 9 : libenter gloriabor in
infirmitatibus meis, et cetera. Vel in semetipso, id est in Deo
qui in eo habitat, gloriabitur, id est eius erit gloria, et non in altero
quam in Deo. II Cor. X, 17 : qui gloriatur, in
domino glorietur. Ratio vitandi superbiam est
praemium vel poena unicuique pro merito vel demerito reddenda. Unde dicit unusquisque
enim onus suum portabit. Quod videtur contrarium ei quod
dixerat alter alterius onera portate. Sed sciendum est quod ibi
loquitur de onere sustinendae infirmitatis, quod debemus mutuo portare; hic
loquitur de onere reddendae rationis, quod quilibet pro se portabit, sive sit
onus praemii, sive poenae. Nam onus
aliquando quidem pondus poenae, aliquando praemii significat. II Cor. IV, 17 : aeternum gloriae pondus
operatur, et cetera. Is. III, 10-11 : dicite iusto, quoniam bene,
quoniam fructum adinventionum suarum comedet, vae impio in malum, et
cetera. Si autem dicantur aliqui rationem reddere pro aliis, puta praelati
pro subditis, secundum illud Ez. III, 18 : sanguinem eius de manu tua
requiram, etc., et Hebr. ult. : obedite praepositis vestris, ipsi enim
pervigilant quasi rationem reddituri pro animabus vestris, non est
contrarium dicto apostoli : quia non puniuntur pro peccatis subditorum, sed
pro propriis, quae in custodia subditorum commiserunt. Est ergo vitanda superbia et peccatum, quia
unusquisque onus suum, id est mensuram gratiae suae offert Deo in die
iudicii, tamquam manipulos bonorum operum. Ps. CXXV, 6 : venientes autem
venient cum exultatione. Et hoc quantum ad bonos. Vel onus suum portabit,
id est poenam pro proprio peccato. |
1. Mes frères, si quelqu’un est
tombé par surprise en quelque péché, vous autres qui êtes spirituels, ayez
soin de relever dans l’un esprit de douceur, chacun de vous faisant réflexion
sur soi-même, et craignant d’être tenté aussi bien que lui. 2. Portez les fardeaux les uns des
autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. 3. Car si quelqu’un s’estime être
quelque chose, il se trompe lui-même, parce qu’il n’est rien. 4. Or que chacun examine bien ses
propres actions, et alors il trouvera sa gloire dans lui-même, et non pas
dans un autre. 5. Car chacun portera son propre
fardeau. Après avoir ramené les Galates à la vérité, quant aux choses divines, Saint
Paul les y ramène encore, quant aux choses humaines, en les instruisant de la
manière dont ils doivent se conduire à l’égard des hommes. Et d’abord par
rapport à ceux qui marchent droit; ensuite envers ceux qui s’égarent (verset
11) : Voyez quelle lettre, etc. Sur le premier de ces points, l’Apôtre
enseigne I°
comment les supérieurs doivent traiter les inférieurs; II° comment il faut se conduire
d’égal à égal (verset 2) : Portez les fardeaux les uns des autres ; III°
comment les inférieurs doivent agir à l’égard des supérieurs (verset 6) : Que
celui que l’on instruit, etc. I° A l’égard des supérieurs, I. Saint Paul fait une recommandation; II.
il en assigne la raison (verset 1) : Faisant réflexion sur soi-même, etc. I. Comme il s’était étendu fort longuement
sur les péchés, craignant que quelqu’un d’entre eux, exempt de ces fautes, ne
s’en prenne sévèrement aux pécheurs, il recommande pour ce motif la douceur
et la miséricorde, en disant (verset 1) : Frères, si quelqu’un par
surprise, est tombé dans quelque manquement, etc. 1° Il comprend dans cette recommandation
trois circonstances qu’elle suppose. A) D’abord la surprise; car celui qui
pèche par malice est moins digne de pardon ; (Job, XXXIV, 27) : "Eux
qui ont fait un dessein formé de se retirer de lui, etc." Mais
lorsqu’on est circonvenu par la tentation, et entraîné ainsi à pécher, le
pardon doit être plus facilement accordé, c’est ce qui fait dire à Saint Paul
(verset 1) : Si quelqu’un par surprise, etc., c’est-à-dire
imprudemment et parce qu’il a été circonvenu, en sorte qu’il ne pouvait
échapper. B) En second lieu, le petit nombre des
péchés, car il en est pour qui le péché devient une habitude ; (Osée,
IV, 2) : "Les outrages, le mensonge, l’homicide, le larcin et
l’adultère s’y sont répandus comme un déluge, et le meurtre a succédé au
meurtre, etc." Contre de tels prévaricateurs il faut agir avec plus
de sévérité. L’Apôtre les exclut donc [de l’indulgence], quand il dit (verset
1) : en quel que manquement, c’est-à-dire sans en faire une
habitude de chaque jour. C) Troisièmement la gravité des fautes;
car il en est qui sont des transgressions, d’autres des omissions. Les
premières sont plus graves que les secondes, parce que les premières sont
opposées aux préceptes négatifs qui obligent toujours et pour toujours,
tandis que les secondes ne sont opposées qu’aux préceptes affirmatifs, qui
n’obligeant pas toujours, laissent quelque indécision pour savoir quand ils
obligent. C’est pourquoi il est dit (Ps., XVIII, 13) : "Quel est
celui qui connaît ses manquements" ? Sur quoi Saint Paul dit : quelque
manquement. Ou bien, selon la Glose, le manquement est une faute
commise par ignorance. 2° Ceci donc posé, l’Apôtre recommande à
ceux qui corrigent les autres, la miséricorde; or ce sont les spirituels auxquels
il appartient de corriger. Aussi dit-il (verset 1) : Vous autres qui êtes
spirituels, ayez soin de l’instruire ; (I Corinth., II, 15) : "L’homme
spirituel juge de tout, et il n’est, lui, jugé par personne." La
raison est que celui-là possède un jugement correct sur toutes choses, qui
est bien disposé à l’égard de tout; ainsi que celui qui a le goût sain,
apprécie avec justesse les saveurs. Or le spirituel seul en dispose, comme il
convient, à l’égard des choses à pratiquer; lui seul donc juge avec rectitude
de ces choses. Mais parce que le mot « esprit » signifie une
certaine force, une certaine impulsion, suivant cette parole d’Isaïe (XXV, 4)
: "Le souffle des puissants est comme une tempête qui vient fondre
sur une muraille, etc.", il ne faut pas croire pour cela que les
hommes spirituels soient trop rigides dans la correction. C’est bien ce que
fait l’esprit de ce monde, mais le Saint Esprit produit dans l’homme un sorte
de suavité et une certaine douceur ; (Sag., XII, 1) : "Seigneur,
que votre Esprit est bon, et qu’il est doux dans toute sa conduite."
C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 1) : dans un Esprit de douceur ;
(Ps., CXL, 5) : "Que le juste me reprenne avec charité, etc." Mais
il est dit au contraire de quelques-uns ; (Ezéch., XXXIV, 4) : "Vous
vous contentiez de les dominer avec une rigueur sévère, etc." L’Apôtre
dit (verset 1) : Ayez soin de l’instruire, et non pas « corrigez-le »,
parce qu’il parle de coupables surpris, qui ont besoin d’instruction. Ou
encore, parce que tout pécheur est dans un état d’ignorance ; (Prov.,
XIV, 22) : "Ceux qui font le mal se trompent." II. Saint Paul donne aussitôt la raison de
sa recommandation, en disant (verset 1) : Chacun de vous faisant réflexion
sur soi-même, etc. En d’autres termes : qu’il soit fait comme j’ai dit,
parce que vous êtes fragile. En effet, tant que nous sommes dans cette vie
mortelle, nous sommes portés à pécher. Or rien n’adoucit la sévérité de celui
qui reprend comme la crainte de sa propre chute ; (Ecclésiastique XXXI,
18) : "Jugez de la disposition de votre prochain par la vôtre." II° Saint Paul enseigne ensuite comment il
faut se conduire à l’égard des égaux, lorsqu’il dit (verset 2) : Portez
les fardeaux les uns des autres, etc. I. Il fait une recommandation II.
il en assigne le motif (verset 2) : et vous accomplirez ainsi, etc. ;
III.
il lève l’obstacle qui s’opposerait à l’accomplissement de ce qu’il
recommande (verset 3) : car si quelqu’un s’estime être quelque chose, etc. I. Ce que l’Apôtre recommande, c’est le
support mutuel (verset 2) : Portez les fardeaux les uns des autres. On
peut le faire de trois manières. D’abord en supportant avec patience les
défauts corporels ou spirituels du prochain ; (Rom., XV, 1) : "Nous
devons donc, nous qui sommes plus forts, etc." Ensuite en subvenant
aux nécessités mutuelles, etc. ; (Rom., XII, 13) : "Charitables
pour soulager les nécessités des saints." Enfin en offrant en
satisfaction ses prières et ses bonnes oeuvres, pour la dette dont on est
redevable ; (Prov., XVIII, 19) : "Le frère qui est aidé par son
frère, etc." II. La raison de la recommandation de
l’Apôtre, c’est l’accomplissement de la Loi de Jésus-Christ qui est aussi
charité ; (Rom., XIII, 10) : "L’amour est l’accomplissement de
la Loi." C’est ce qui fait dire à Saint Paul (verset 2) : et vous
accomplirez ainsi la Loi de Jésus Christ, c’est-à-dire la charité.
Or la Loi de Jésus-Christ est appelée Loi de charité, pour trois raisons.
D’abord parce que la Loi nouvelle est ainsi distinguée de la Loi ancienne,
car celle-ci est une Loi de crainte, celle-là une Loi d’amour. C’est ce qui
fait dire à saint Augustin : «Il n’y a qu’une petite différence entre la
Loi ancienne et la Loi nouvelle : c’est la crainte et l’amour.» Ensuite
parce que Jésus-Christ a spécialement promulgué sa Loi par l’amour ;
(Jean, XIII, 35) : "C’est en cela que tous connaissent que vous êtes
mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres" et encore « Je
vous laisse un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres, etc.
Enfin parce que Jésus-Christ a lui-même accompli sa Loi, et nous a laissé
cet exemple, car il a porté lui-même nos péchés par charité ; (Isaïe,
LIII, 4) : "Il a pris véritablement nos langueurs sur lui" ;
(I Pierre, II, 24) : "C’est lui qui a porté nos péchés en son corps
sur la croix, etc." ; (Isaïe XL, 11) : "Il
portera lui-même les brebis qui sont pleines". Nous devons donc
porter les fardeaux les uns des autres, pour accomplir ainsi la Loi de Jésus
Christ. III. L’obstacle à l’accomplissement de la
recommandation que l’Apôtre vient de faire, c’est l’orgueil. Afin de le
détruire, il dit (verset 3) : Car si quelqu’un s’estime être quelque
chose, etc… 1° Il blâme l’orgueil; 2° il donne la manière de
l’éviter (verset 5) : Que chacun examine ses propres actions ; 3° Il
dit pourquoi il faut l’éviter (verset 5) : car chacun portera son propre
fardeau, etc. 1° il dit donc : Faites ce que je vous ai
recommandé. Mais il arrive qu’on ne porte pas le fardeau d’un autre,
parce qu’on se préfère aux autres. C’est ce qui faisait dire au Pharisien de
l’Evangile (Luc, XVIII, 11) : "[O Dieu! je vous rends grâces de ce
que] je ne suis pas comme le reste des hommes" ; c’est de l’a
que Saint Paul dit (verset 5) : car si quelqu’un s’estime être quelque
chose, c’est-à-dire s’il estime avec orgueil dans son esprit qu’il est
quelque chose de grand, en comparaison du pécheur, (verset 5) : tandis
qu’il n’est rien, de lui-même, parce que tout ce que nous sommes,
nous le sommes par la grâce de Dieu, suivant cette parole de notre Apôtre (I
Corinth., XV, 10) : "C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je
suis". – Celui qui fait cela, dis-je, il se séduit lui-même, c’est-à-dire
il se sépare de la vérité ; (Isaïe, XI, 17) : "Tous les peuples
du monde sont devant lui comme s’ils n’étaient pas, etc." ; (Luc,
XVII, 10) : "Lorsque vous aurez fait tout ce qui vous est commandé,
dites : nous sommes des serviteurs inutiles, etc." 2° Le remède pour éviter l’orgueil, c’est
la considération de ses propres défauts. Car si l’on considère les défauts
des autres, et non pas les siens, on a l’impression qu’on est quelque chose
en comparaison des autres, dans lesquels on a reconnu ces défauts, et en
perdant de vue les siens propres, on se laisse aller à l’orgueil. C’est ce
qui fait dire à Saint Paul (verset 4) : Que ses oeuvres, c’est-à-dire
celles qui lui sont propres, soient pesées, c’est-à-dire examinées
avec soin, intérieurement et extérieurement par chacun ; (I
Corinth., XI, 28) : "Que l’homme donc s’éprouve lui-même," – et
alors en lui-même, c’est-à-dire dans sa propre conscience, il
trouvera sa gloire, c’est-à-dire il pourra se glorifier et se réjouir ;
(II Corinth., I, 12) : "Notre gloire, c’est le témoignage que nous
rend notre conscience," - et non pas dans un autre, c’est-à-dire
non pas dans la louange des autres. Ou bien encore : en lui-même, c’est-à-dire
: ce sera par ce qui lui appartient, et ce qui est à lui, qu’il
obtiendra la gloire; il pourra se glorifier dans la considération qu’il
fera de lui-même, et non pas dans un autre, c'est-à-dire en
considérant ce qui est dans un autre ; (2 Corinthiens XII, 9) : "Je
prendrai donc plaisir à me glorifier dans mes infirmités, etc." Ou
enfin en soi-même, c’est-à-dire en Dieu qui habite en lui, il
pourra se glorifier ; en d’autres termes, en lui sera sa
gloire, et non pas dans un autre qu’en Dieu ; (II Corinth., X,
17) : "Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur." 3° La raison enfin d’éviter l’orgueil,
c’est la récompense ou le châtiment qui sera rendu à chacun suivant le mérite
ou le démérite de ses actions. Ce qui fait dire à Saint Paul (verset 5) : car
chacun portera son propre fardeau. Ceci cependant paraît contraire à ce qu’il a dit plus haut : Portez
les fardeaux les uns des autres. Il faut observer que dans ces dernières paroles l’Apôtre parle du fardeau
de l’infirmité qu’on doit porter, et pour lequel nous devons nous aider
mutuellement. Mais ici il parle du fardeau du compte à rendre, fardeau que
chacun portera pour soi, que ce soit le fardeau de la récompense ou celui du
châtiment, car le mot « fardeau » exprime quelquefois le poids de
la peine, quelquefois la grandeur de la récompense ; (II Corinth., IV,
17) : "[Le moment si court et si léger des afflictions que nous
souffrons en cette vie], produit en nous le poids éternel d’une [souveraine
et incomparable] gloire" ; (Isaïe, III, 10) : "Dites
au juste qu’il lui adviendra bien, parce qu’il recueillera le fruit de ses
oeuvres, mais malheur à l’impie, etc." Que si l’on dit de
quelques-uns qu’ils rendront compte pour les autres, par exemple les
supérieurs pour les inférieurs, suivant cette parole d’Ezéchiel (III, 18) : "Je
vous redemanderai son sang" et (Hébr., XIII, 17) : "Obéissez
à leurs ordres; car ils veillent sur vos âmes, comme devant en rendre compte",
ceci n’est pas contraire à ce que dit l’Apôtre, parce que si les
supérieurs sont punis, ce n’est pas pour les péchés commis par leurs
inférieurs, mais pour les péchés propres, qu’ils ont commis en n’exerçant pas
la vigilance à l’égard de leurs inférieurs. Il faut donc éviter et l’orgueil
et le péché parce que chacun, au jour du jugement, offre à Dieu son fardeau,
c’est-à-dire la mesure de la grâce, comme les gerbes de ses bonnes œuvres ;
(Ps., CXXV, 6) : "Ils viendront avec des transports de joie",
ce qui se rapporte aux bons. Ou bien : il portera son fardeau, c’est-à-dire
le châtiment dû à ses péchés propres. |
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Lectio 2 |
Leçon 2 : Galates VI, 6-10 ─ Recommandations morales
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SOMMAIRE : L’Apôtre enseigne aux
inférieurs à obéir aux supérieurs, en s’acquittant de leur ministère avec
célérité, persévérance et charité communicative. |
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[6] communicet autem is qui catecizatur verbum ei qui se catecizat in
omnibus bonis [7] nolite errare Deus non inridetur [8] quae enim seminaverit homo haec et metet quoniam qui seminat in carne
sua de carne et metet corruptionem qui autem seminat in spiritu de spiritu
metet vitam aeternam [9] bonum autem facientes non deficiamus tempore enim suo metemus non
deficientes [10] ergo dum tempus habemus operemur bonum ad omnes maxime autem ad
domesticos fidei [87782] Super Gal., cap. 6 l. 2 Postquam apostolus ostendit qualiter
superiores se habeant ad inferiores, et aequales aequalibus, hic consequenter
ostendit qualiter inferiores se habeant ad superiores, dicens inferiores
debere superioribus ministrare et obsequi. Et circa hoc tria facit. Primo
monet ut ministrent prompte; secundo ut ministrent perseveranter, ibi bonum
autem facientes, non deficiamus, etc.; tertio, ut ministrent communiter,
ibi ergo dum tempus habemus, et cetera. Circa primum duo facit. Primo
ponit monitionem ministerii; secundo excusationem excludit, ibi nolite
errare, et cetera. Dicit ergo
: dictum est supra, quomodo superiores se debeant habere ad inferiores,
scilicet leniter corripiendo et instruendo, nunc autem restat videre qualiter
inferior superiori obsequatur, et ideo dicit communicet autem is, qui
catechizatur, id est docetur verbo Dei, ei qui se catechizat, id
est qui eum docet; communicet, inquam, in omnibus bonis. Sed
notandum est quod discipulus potest dupliciter communicare se docenti. Primo ut
accipiat bona doctoris, et sic dicitur communicet is qui catechizatur,
id est commune sibi faciat quod est docentis, eum imitando. I Cor. XI, 1 : imitatores
mei estote, et cetera. Sed quia contingit doctores aliquando minus bona
facere, ideo non sunt in hoc imitandi, et ideo subdit in omnibus bonis.
Matth. c. XXIII, 3 : quaecumque dixerint vobis, servate et facite :
secundum opera eorum nolite facere. Secundo ut
communicet bona sua docenti. Hoc
enim a domino praecipitur I Cor. IX, v. 14,
ubi dicitur : qui Evangelio serviunt, de Evangelio vivant. Unde Matth.
X, 10 : dignus est operarius cibo suo. Et Lc. X, 7 : dignus est
operarius mercede sua. Et apostolus dicit I Cor. IX, 11 : si vobis
spiritualia seminamus, et cetera. Et ideo hic dicit communicet autem
is, etc., id est doctus doctori in omnibus bonis quae habet; nam etiam
temporalia bona quaedam dicuntur. Is. I, 19 : si volueritis et audieritis
me, bona terrae comedetis. Matth. c. VII, 11 : si vos cum sitis mali,
nostis bona dare, et cetera. Dicit autem, in omnibus, quia non
solum communicare debet indigenti, sed et sententiam et consilium, potentiam
et quidquid habet, generaliter debet proximo communicare. I Petr. IV, 10 : unusquisque
sicut accepit gratiam, in alterutrum illam administrantes, et cetera. De
ista communicatione dicitur Rom. XII, v. 13 : necessitatibus sanctorum
communicantes; Eccli. XIV, 15 : in divisione sortis da et accipe. Consequenter
cum dicit nolite errare, etc., excusationem excludit, et primo
excludit eam; secundo rationem exclusionis assignat, ibi quae enim
seminaverit homo, et cetera. Dicit ergo
nolite errare, Deus non irridetur. Quod quidem dupliciter intelligi
potest secundum duas praemissas expositiones. Secundum primam quidem sic : tu
dicis quod debemus imitari doctores etiam in bonis, sed non possum eos
imitari nisi in his quae faciunt : nihil autem video in ipsis nisi malum;
ergo debeo eos imitari in malo. Sed hoc excludit, dicens nolite errare,
Deus non irridetur. Error est hoc dicere. Nam mala praelatorum non excusant
nos. Non enim sunt subditis in exemplum, nisi in his quibus imitantur
Christum, qui est pastor absque peccato; unde et signanter dicit Io. c. X, 11
: ego sum pastor bonus, et cetera. Et apostolus I Cor. IV, 16 et XI, 1
dicit : imitatores mei estote, sicut et ego Christi; quasi dicat : in
his me imitamini, in quibus ego imitor Christum. Etsi per mala praelatorum
excusatis vos apud homines, tamen Deus non irridetur, id est, non
potest falli. Iob XIII, 9 : aut decipietur ut homo fraudulentiis vestris?
Unde dicitur Prov. III, 34 : delusores ipse deludet. Secundum
autem secundam expositionem sic introducitur. Possent autem dicere : pauperes
sumus, nihil habemus quod communicare possimus. Sed hoc excludit, dicens nolite
errare, id est nemo excusatum vane se existimet paupertatem praetendendo,
Deus non irridetur, id est non potest falli, scit enim corda nostra et
non ignorat facultates. Excusatio verisimilis hominem potest fallere et
placare, Deum non potest fallere. Rationem
autem huius assignat, dicens quae enim seminaverit homo, et cetera. Et
primo in generali, secundo in speciali, ibi quoniam qui seminat, et
cetera. Dicit
ergo, secundum primam expositionem : vere erratis, hoc credentes, quia Deus
reddet singulis pro meritis propriis. Nam quae seminaverit homo, haec et
metet, id est secundum opera sua bona vel mala, parva vel magna,
praemiabitur vel punietur. Secundum autem secundam expositionem : quae
seminaverit homo, id est secundum beneficia sua parva vel magna, et
quantum ad qualitatem operum, et quantum ad quantitatem beneficiorum
praemiabitur. II Cor. IX, 6 : qui parce seminat, parce et metet, et
cetera. Rationem
autem specialiter assignat, dicens quoniam qui seminat in carne sua,
et cetera. Quae quidem ratio habet duas partes secundum duas seminationes
carnis et spiritus. Primo ergo agit de seminatione carnis. Ubi dicendum est,
quid sit seminare in carne; secundo quid est de carne metere corruptionem.
Seminare quidem in carne, est operari pro corpore vel pro carne; sicut si
dicam : ego multum expendi in isto homine, id est, multa feci pro eo. Ille
ergo in carne seminat, qui ea quae facit, etiam si quae bona videantur, facit
in fomentum et utilitatem carnis. De carne autem metere corruptionem, dicit
et infert, quia semen fructificat ut plurimum secundum conditionem terrae.
Unde videmus quod in aliquibus terris semen frumenti degenerat in siliginem,
vel in aliquod aliud. Conditio autem carnis est, ut sit corruptibilis, et
ideo qui in carne seminat, id est studium suum ponit et opera, oportet
quod ipsa opera corrumpantur et pereant. Eccli. XIV, 20 : omne opus
corruptibile, in fine perdetur. Rom. VIII, 13 : si secundum carnem
vixeritis, moriemini. Secundo
agit de seminatione spiritus, dicens : qui autem seminat in spiritu,
id est ordinat studium suum ad servitutem spiritus, ex fide et charitate
serviendo iustitiae, metet quidem de spiritu secundum
conditionem eius. Conditio autem spiritus est quod sit actor vitae. Io. VI,
64 : spiritus est qui vivificat. Non autem cuiuscumque vitae, sed
vitae aeternae, cum spiritus sit immortalis, et ideo metet de spiritu
vitam aeternam. Prov. XI, 18 : seminanti iustitiam merces fidelis,
quia numquam desiccatur. Sed nota, quod cum agit de seminatione carnis, dicit
in carne sua, quia caro est nobis de natura nostra, sed cum loquitur
de semine spiritus, non dicit suo, quia spiritus non est nobis a nobis, sed a
Deo. Deinde cum dicit bonum autem facientes,
etc., monet ad ministerii perseverantiam, quia non ad horam tantum, sed
semper debemus benefacere. Quod quidem potest referri ad ea quae dicta sunt,
scilicet ad superiores et ad aequales et ad inferiores, quasi dicat :
quicumque sumus, sive praelati erga subditos, sive aequales erga aequales,
sive subditi erga praelatos, bonum facientes non deficiamus, scilicet
in bene operando, quia non deficiemus in metendo. Eccle. c. IX, 10 : quodcumque facere potest
manus tua, instanter operare. I Cor. XV, 58 : stabiles estote et
immobiles. Et merito non est deficiendum, quia expectamus remunerationem
aeternam et indeficientem. Unde subdit tempore enim suo metemus non
deficientes. Unde dicit
Augustinus : si homo non imposuerit finem operi, nec Deus imponet
remunerationi. Matth. c. XXV, 46 : ibunt hi in vitam aeternam. Sed
nota quod dicit tempore suo, quia sicut agricola non statim de illo
quod seminat, fructum colligit, sed tempore congruo. Iac. ult. : agricola
expectat gloriosum fructum terrae patienter ferens, donec accipiat
temporaneum et serotinum, et cetera. De ista messione dicitur II Cor. IX,
6 : qui seminat in benedictionibus, de benedictionibus et metet vitam
aeternam. Deinde cum
dicit ergo dum tempus habemus, etc., monet ad ministrandum communiter,
dicens : quia metemus non deficientes, ergo dum tempus habemus, id est
in hac vita, quae est tempus seminandi. Io. IX, 4 : me oportet operari
opera eius qui misit me, donec dies est; venit nox, et cetera. Eccle. IX, 10 : quodcumque potest facere manus tua, instanter
operare, quia nec opus, nec ratio, nec scientia, nec sapientia erunt apud
Inferos, quo tu properas. Dum, inquam, illud habemus, operemur bonum,
et hoc ad omnes, scilicet homines qui iuncti sunt nobis in divina
similitudine, inquantum omnes ad imaginem Dei facti sumus. Sed contra, Eccli. XII, 5
dicitur : da iusto, et ne recipias peccatorem. Non ergo debemus operari
bonum ad omnes. Respondeo.
Dicendum est quod in peccatore duo sunt : natura scilicet et culpa. Natura
quidem est in eo amanda, et sustentanda, etiam inimici. Matth.
V, 44 : diligite inimicos vestros, et cetera. Culpa vero in eo est
expellenda. Sic ergo dictum est : da iusto, et non recipias peccatorem,
ut scilicet peccatori non ideo benefacias, quia peccator est, sed quia homo.
Unde Augustinus : non sis ad iudicandum remissus, nec ad subveniendum
inhumanus. Persequamur ergo in malis propriam iniquitatem, misereamur in
eisdem communem conditionem. Sed quia non possumus omnibus
benefacere, ordinem benefaciendi subdit maxime autem ad domesticos fidei,
qui scilicet non solum natura nobis sunt similes, sed etiam sunt uniti fide
et gratia. Eph. II, 19 : non
estis hospites et advenae, sed estis cives sanctorum, et domestici Dei,
et cetera. Ergo omnibus impendenda est misericordia, sed praeponendi sunt
iusti, qui sunt ex fide : quia I Tim. V, 8 dicitur : qui suorum et maxime
domesticorum curam non habet, fidem negavit, et est infideli deterior. Sed
dubitatur hic, utrum liceat plus unum diligere, quam alium. Ad quod sciendum,
quod amor potest dici maior vel minor dupliciter. Uno
modo ex obiecto; alio modo ex intensione actus. Amare enim aliquem, est velle
ei bonum. Potest ergo aliquis alium magis alio diligere, aut quia vult ei
maius bonum, quod est obiectum dilectionis, aut quia magis vult ei bonum, id
est ex intensiori dilectione. Quantum ergo ad primum, omnes aequaliter
debemus diligere, quia omnibus debemus velle bonum vitae aeternae. Sed
quantum ad secundum, non oportet quod omnes aequaliter diligamus : quia cum
intensio actus sequatur principium actionis, dilectionis autem principium sit
unio et similitudo, illos intensius et magis debemus diligere, qui sunt nobis
magis similes et uniti. |
6. Que celui que l’on instruit dans
les choses de la foi, assiste de ses biens, en toute manière, celui qui
l’instruit. 7. Ne vous trompez pas, on ne se
moque pas de Dieu. 8. Car l’homme ne recueillera que ce
qu’il aura semé ainsi celui qui sème dans sa chair recueillera de sa chair la
corruption; et celui qui sème dans l’esprit, recueillera de l’esprit la vie
éternelle. 9. Ne nous lassons donc pas de faire
le bien, puisque si nous ne perdons pas courage, nous en recueillerons le
fruit en son temps. 10. C’est pourquoi pendant que nous
en avons le temps, faisons du bien à tous, mais principalement aux
domestiques de la foi. Après avoir enseigné comment les supérieurs doivent se conduire envers
les inférieurs, et les égaux entre eux, Saint Paul détermine les devoirs des
inférieurs à l’égard des supérieurs, en disant que les inférieurs doivent
servir les supérieurs et leur obéir. Sur cette question, I° il les avertit de le faire
avec célérité; II° avec persévérance, (verset 9) : Ne nous lassons donc
pas de faire le bien, etc.; III° avec une charité qui s’étende à tous
(verset 10) : C’est pourquoi, pendant que nous avons le temps, etc. I° Sur le premier de ces points, I. l’Apôtre recommande de se consacrer à des
oeuvres; II.
il prévient une excuse (verset 7) : car ne vous y trompez pas, etc. I. Il dit donc : J’ai expliqué plus haut
comment les supérieurs doivent se conduire à l’égard des inférieurs,
c’est-à-dire qu’ils sont tenus de les corriger et de les instruire avec
douceur. Il reste maintenant à examiner comment l’inférieur doit s’acquitter
de l’obéissance à l’égard du supérieur. C’est ce qui lui fait dire (verset 8)
: Que celui que l’on catéchise, c’est-à-dire à qui l’on enseigne
la parole de Dieu, assiste celui qui le catéchise, ou celui qui
l’instruit; qu’il l’assiste, dis-je, de tous ses biens. Mais il faut
observer que le disciple peut communiquer de deux manières avec celui qui
l’instruit. 1° D’abord en recevant ce qui est à celui
qui l’enseigne. C’est dans ce sens que Saint Paul dit : Que celui que l’on
catéchise, communique, c’est-à-dire se rende participant de ce qui
appartient à celui qui enseigne, en l’imitant ; (I Corinth., XI, 1) : "Soyez mes imitateurs, etc." Mais parce que ceux qui
enseignent font quelquefois moins bien, ils ne sont pas à imiter en ce cas.
Voilà pourquoi l’Apôtre dit : dans tout ce qui est bien ; (Matth., XXIII, 3) : "Observez donc et faites ce qu’ils vous disent, mais ne faites pas ce
qu’ils font." 2° Ensuite en communiquant ce qui lui
appartient à celui qui l’instruit, car le Seigneur en a fait un précepte ;
(I Corinth., IX, 14) : "Ceux qui annoncent l’Evangile doivent
vivre de l’Evangile." C’est de là qu’il est dit (Matth., X,
10) : "Car celui qui travaille mérite qu’on le nourrisse." et (Luc X, 7) : "L’ouvrier mérite
son salaire". L’Apôtre dit aussi (I Corinth., IX, 11) : "Si nous avons semé pour vous des biens spirituels, etc."
C’est pourquoi il dit (verset 6) : Que celui qui est catéchisé communique,
etc.", c’est-à-dire que celui qu’on instruit fasse participer celui
qui l’instruit à tous ses biens, car les choses temporelles même prennent
quelquefois le nom de biens ; (Isaïe, I, 19) : "Si vous voulez
m’écouter, vous serez rassasiés des biens de la terre" ; (Matth., VII, 11) : "Si donc vous, tous méchants que vous soyez, vous savez donner
quelques biens, etc." Saint
Paul dit : dans tous ses biens, parce que non seulement on
doit en faire participer celui qui est dans le besoin, mais on doit encore
généralement communiquer au prochain et les avis, et les conseils, et la
puissance, et tout ce qui est à soi ; (I Pierre, IV, 10) : "Chacun de vous mettant au service des autres la grâce qu’il a reçue".
De cette communication il est dit (Rom., XII, 13) : "communiquant ce qui est à vous pour les nécessités des saints" ; (Ecclésiastique XIV, 15) : "Dans le passage des choses de la vie, donnez et recevez". II. Quand Saint Paul ajoute (verset 7) : Ne
vous y trompez pas, etc., il prévient une excuse. 1° Il la repousse; 2° il
donne la raison qui la lui fait rejeter (verset 8) : Car [l’homme ne
recueillera] que ce qu’il aura semé, etc. 1° Il dit donc (verset 7) : Ne vous y
trompez pas; on ne se moque pas de Dieu. Ce passage peut être
entendu de deux manières, selon les deux précédentes explications. D’abord,
en suivant la première : vous dites que nous devons imiter aussi dans le bien
ceux qui nous enseignent, mais je ne puis les imiter que dans ce qu’ils font;
or, je ne vois en eux rien que du mal; je dois donc les imiter dans le mal.
L’Apôtre repousse cette excuse, en disant (verset 7) : Ne vous y trompez
pas; on ne se moque pas de Dieu. Ce que vous dites est une erreur, car le
mal que font les supérieurs ne nous excuse pas, puisqu’ils ne sont pas donnés
en exemple aux inférieurs, si ce n’est en ce qu’ils imitent Jésus-Christ qui
est le pasteur sans péché; ce qui lui a fait dire à lui-même à dessein (Jean,
X, 11) : «Je suis le bon pasteur» ; et à Saint Paul (I Corinth., IV, 16, et XI, 1) : "Soyez mes imitateurs, comme moi-même je le suis de Jésus-Christ."
En d’autres termes : Imitez-moi, mais dans les choses où moi-même j’imite
Jésus-Christ. Et si vous vous excusez devant les hommes par le mal que font
les supérieurs, sachez qu’on ne se
moque pas de Dieu, c’est-à-dire : on ne saurait le tromper ; (Job,
XIII, 9) : "Dieu se laissera-t-il surprendre, comme un
homme, à vos tromperies ?" C’est de là qu’il est dit (Prov.,
III, 34) : "Il se moquera des moqueurs."
Suivant la seconde explication, voici le sens. Les Galates auraient pu dire :
nous sommes pauvres; nous n’avons rien à communiquer. L’Apôtre rejette leur
excuse, en disant (verset 7) : Ne vous y trompez pas, que
personne ne se regarde vainement comme excusé parce qu’il aura prétexté sa
pauvreté (verset 7), car on ne se moque pas de Dieu, c’est-à-dire
: il ne peut être trompé, puisqu’il connaît nos coeurs et n’ignore pas nos
ressources. Une excuse vraisemblable peut tromper un homme et l’apaiser, mais
mais Dieu, on ne peut le tromper. 2° L’Apôtre donne ensuite la raison qui le
porte à repousser leur excuse, en disant (verset 8) : [Et l’homme ne
recueillera que] ce qu’il aura semé, etc.
Et d’abord en général; ensuite d’une manière spéciale (verset 8) : Car celui qui sème, etc. A) Il dit donc, en suivant la première
explication : En vérité, vous êtes dans l’erreur, quand vous croyez cela, car
Dieu rendra à chacun suivant ses propres mérites : Ce que l’homme, en effet, aura semé, il le recueillera, c’est-à-dire
: ce sera suivant ses oeuvres, bonnes on mauvaises, grandes ou petites, qu’il
sera ou récompensé ou puni. En suivant la seconde : Ce que l’homme aura
semé, c’est-à-dire : d’après ses bienfaits, grands et petits, la
qualité de ses oeuvres et la quantité de ce qu’il aura donné, sera réglée sa
récompense ; (II Corinth., IX, 6) : "Celui qui sème peu moissonnera peu, etc.." B) Il assigne ensuite la raison spéciale,
en disant (verset 8) : Car celui qui sème dans sa chair, etc. Cette
raison a deux parties, comme il y a deux manières de semer, dans la chair et
dans l’esprit. a) Il faut donc expliquer d’abord ce que c’est que semer
dans la chair; ensuite ce que c’est que mois-sonner,de la chair, a
corruption. Semer dans la chair, c’est œuvrer pour le corps ou pour la chair;
comme si je disais : j’ai beaucoup dépensé pour cet homme, c’est-à-dire j’ai
beaucoup fait pour lui. C’est donc semer dans la chair, que de faire ce que
l’on fait, bien que ces oeuvres paraissent par ailleurs bonnes, pour le
soulagement et l’utilité de la chair. Moissonner de la chair la corruption,
est une expression que l’Apôtre a tirée de ce que, le plus souvent, la
semence fructifie plus ou moins selon la condition du sol. C’est de là que
nous voyons, dans certaines terres, la semence de froment dégénérer de
qualité, et même s’altérer. Or la condition de la chair c’est d’être
corruptible, et par suite (verset 8) : si l’on sème, c’est-à-dire
si l’on met son application et ses oeuvres dans sa chair, il faut que
ces oeuvres même se corrompent et périssent ; (Ecclésiastique XIV, 20) :
"Tout ce qui est corruptible sera enfin détruit" ; (Rom., VIII, 13) : "Si vous vivez selon la chair, vous mourrez". b) En
second lieu l’Apôtre traite de la manière de semer selon l’Esprit, en disant
(verset 8) : Mais celui qui sème dans l’Esprit, c’est-à-dire qui
dispose son travail en s’assujettissant à l’Esprit, en se soumettant par là à
la justice par la foi et la charité, (verset 8) : moissonnera de l’Esprit, selon
sa condition. Or la condition de l’Esprit est d’être le principe de la vie ;
(Jean, VI, 64) : "C’est l’Esprit qui vivifie" ; non pas de toute vie
indifféremment, mais de la vie éternelle, puisque cet esprit est immortel. - Il moissonnera donc de
l’Esprit la vie éternelle ; (Prov., XI, 18) : "La
récompense est assurée à celui qui sème la justice, car jamais elle ne s’altère. Mais
remarquez que lorsqu’il s’agit de semer dans la chair, l’Apôtre a dit : dans
sa chair, parce que la chair est en nous de notre nature; et
quand il parle de semer selon l’Esprit, il ne dit pas : « son »
Esprit, parce que cet esprit ne nous vient pas de nous-mêmes, mais de Dieu. II° Quand Saint Paul ajoute (verset 9) : Ne nous lassons donc pas de
faire le bien, etc., il avertit de persévérer à s’acquitter des oeuvres, parce que si nous
faisons le bien, ce ne doit pas être pour un temps seulement, mais sans nous
arrêter. Or on peut rapporter cet avertissement à ce qui précède,
c’est-à-dire, aux supérieurs, à nos égaux et aux inférieurs; comme si
l’Apôtre disait : qui que nous soyons, soit supérieurs à l’égard des
inférieurs, soit égaux à l’égard des égaux, soit inférieurs par rapport aux
supérieurs, faisons le bien, sans nous lasser, c'est-à-dire sans cesser de
l’opérer, parce que nous ne cesserons jamais de moissonner ;
(Ecclésiastique IX, 10) : "Faites promptement tout ce que votre main
pourra faire" ;
(I (Corinth., XV, 58) : "Ainsi, mes frères, demeurez fermes et
inébranlables." C’est à bon droit qu’il ne faut pas se
lasser, parce que nous attendons une récompense éternelle et immuable. Aussi Saint
Paul ajoute (verset 9) : car si nous ne perdons pas courage nous en
recueillerons le fruit en son temps. C’est aussi ce qui fait
dire à saint Augustin : si l’homme ne met pas de terme à son travail, Dieu
n’en mettra pas à la récompense ; (Matth., XXV, 46) : "Et ceux-ci iront dans la vie éternelle." Remarquez
toutefois que Saint Paul dit (verset 9) : en son temps, parce que, de même
que le laboureur ne récolte pas de suite le fruit de ce qu’il a semé, mais au
temps opportun ; (Jacq., V, 7) : "Vous voyez que le laboureur, dans
l’espérance de recueillir les fruits précieux de la terre, attend patiemment
les pluies de la première et de l’arrière saison, etc.", ainsi est-il dit de cette moisson
( Corinth., IX, 6) : « Celui qui sème avec abondance, moissonnera
aussi avec abondance. » III. En disant (verset 10) : C’est
pourquoi, pendant que nous avons le temps, etc., l’Apôtre avertit
d’étendre à tous le ministère des oeuvres en disant : puisque si nous ne nous lassons pas, nous en
recueillerons le fruit, (verset 10.) maintenant que nous avons le
temps, c’est-à-dire pendant cette vie, qui est le temps de semer ;
(Jean, IX, 4) : "Il faut que je
fasse les oeuvres de celui qui m’a envoyé pendant qu’il est jour, la nuit
viendra" ; (Ecclésiastique IX, 10) : "Faites promptement ce
que votre main pourra faire, parce qu’il n’y aura plus ni oeuvre, ni raison,
ni sagesse, ni science dans les Enfers vers lesquels vous courez. »
Donc, puisque nous avons le temps, faisons le bien, et le bien à
l’égard de tous les hommes qui nous sont unis par la divine ressemblance,
en tant que tous nous sommes faits à l’image de Dieu. On objecte qu’il est dit (Ecclésiastique XII, 5) : "Donnez au juste, et
n’assistez pas le pécheur." Nous ne devons donc pas faire du
bien à tout le monde. Il faut répondre qu’il y dans le pécheur deux choses, à
savoir la nature et la faute. La nature en lui a droit à notre amour, à notre
appui, ce pécheur fût-il notre ennemi ; (Matth., V, 44) : "Aimez vos ennemis, etc." Mais la faute, en lui, doit
être chassée. Quand donc il a été dit : "Donnez au juste, et n’assistez pas le
pécheur", le sens est : ne le faites pas parce qu’il est
pécheur, mais parce qu’il est homme. C’est de là que saint Augustin a dit : « Ne soyez ni faible pour juger, inhumain
pour secourir. » Poursuivons donc dans les méchants l’iniquité qui leur
est personnelle, mais en eux aussi ayons compassion d’une nature qui nous est
commune. Toutefois, comme nous ne pourrions pas faire du bien à tous, l’Apôtre
indique à la suite l’ordre à suivre dans nos bienfaits (verset 10) : mais
principalement aux serviteurs de la foi, c’est-à-dire à ceux
qui non seulement sont nos semblables par la nature, mais qui de plus nous
sont unis par la foi et la grâce ; (Ephés., II, 19) : "Vous n’êtes donc plus des étrangers
qui sont hors de leur pays et de leur maison, mais vous êtes citoyens de la
même cité que les saints, et domestiques de Dieu, etc." Il faut donc
exercer la miséricorde à l’égard de tous, mais il faut le faire de préférence
à l’égard des justes, qui appartiennent à la foi, parce qu’il est dit (I
Timoth., 8) : "Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et
particulièrement de ceux de sa maison, il a renoncé à la foi, et il est pire
qu’un infidèle. » On demande ici s’il est permis d’aimer plus l’un que l’autre ? Il faut
observer que l’amour peut être appelé plus grand ou moins grand de deux
manières. D’abord relativement à son objet, ensuite relativement à
l’intention de l’acte. Car aimer quelqu’un, c’est lui vouloir du bien; on
peut donc aimer une personne plus qu’une autre, ou parce qu’on lui veut un
plus grand bien, ce qui est l’objet de l’amour, ou parce qu’on lui veut
davantage ce bien, ce qui procède d’une affection plus grande. Quant au
premier sens, nous devons aimer tous les hommes d’un amour égal, parce que
nous devons vouloir pour tous le bien de la vie éternelle. Mais quant au
second sens, rien ne nous oblige à aimer également tous les hommes, parce que
l’intention, dans l’acte, ayant pour point de départ le principe de cet acte,
et le principe de l’amour étant la ressemblance et l’union, nous devons aimer
avec plus d’ardeur et davantage ceux qui ont avec nous plus de ressemblance
et une union plus étroite. |
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Lectio 3 |
Leçon 3 : Galates VI, 11-13 ─ Conduite à l’égard des hérétiques
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SOMMAIRE : L’Apôtre trace aux Galates
des règles de conduite à l’égard des hérétiques et des faux-apôtres, qui
corrompaient les Ecritures; il donne une marque pour reconnaître ses lettres. |
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[11]
videte qualibus litteris scripsi vobis mea manu [12]
quicumque volunt placere in carne hii cogunt vos circumcidi tantum ut crucis
Christi persecutionem non patiantur [13] neque
enim qui circumciduntur legem custodiunt sed volunt vos circumcidi ut in
carne vestra glorientur [87783] Super Gal., cap. 6 l. 3 Postquam apostolus monuit Galatas qualiter se
habeant ad homines rectos et iustos, hic docet quomodo se habeant ad
haereticos et perversos. Et primo insinuat modum scribendi monitionem;
secundo ipsam monitionem subiungit, ibi quicumque enim, et cetera. Circa
primum sciendum quod consuetudo erat apud haereticos depravandi et
falsificandi Scripturas canonicas, nec non et permiscendi aliqua eorum quae
haeresim sapiant; propter hoc consuetudo fuit ab apostolo servata, quod
quando aliqua contra eos scribebat, in fine litterae aliqua scriberet, ut
depravari non posset, et ita innotesceret eis de eius conscientia
processisse, sicut I Cor. c. ult. dicit : salutatio mea manu Pauli. Totam enim epistolam per alium, eo
dictante, scribi faciebat, et postea in fine aliquid propria manu addebat. Et
secundum hunc modum ea quae sequuntur, ab isto loco scripsit Paulus manu
propria. Unde dicit videte qualibus litteris scripsi vobis manu propria,
ut scilicet praedicta firmius teneatis, ut scientes a me hanc epistolam
missam magis obediatis. Sic ergo
praelati debent propria manu scribere, ut quod docent verbo et scripto,
ostendant exemplo. Ideo dicitur Is. XLIX, 16 : in manibus, id est in
operibus meis, descripsi te, et cetera. Ex. XXXII, 15 dicitur de
Moyse, quod descendit portans duas tabulas lapideas scriptas digito Dei. Monitionem
autem subiungit, dicens quicumque enim placere volunt, et cetera. Et
primo aperit seducentium intentionem; secundo ostendit suam intentionem eis
esse contrariam, ibi mihi autem absit gloriari, etc.; tertio subdit
suam admonitionem ad subditos, ibi quicumque hanc regulam, et cetera.
Circa primum duo facit. Primo aperit seducentium malam intentionem; secundo
probat quod dicit, ibi neque enim circumcisionem, et cetera. Circa
primum ponit unum factum et duas intentiones ad invicem ordinatas. Factum
autem erat istorum qui circumcisionem inducebant, et ex hoc duo intendebant.
Unum propter aliud, scilicet ut placerent inde Iudaeis, ex hoc quod carnales
observantias legis introducebant in Ecclesia gentium. Et hoc est quod dicit quicumque
volunt placere, scilicet Iudaeis infidelibus, in carne, id est
carnalibus observantiis, hi cogunt vos circumcidi, non coactione
absoluta, sed quasi ex conditione dicentes : quia nisi circumcidamini, non
poteritis salvi fieri, ut habetur Act. c. XV, 1. Intendebant autem ex hoc
ulterius quamdam securitatem habere. Iudaei enim persequebantur discipulos
Christi propter praedicationem crucis. I Cor. I, 23 : nos autem
praedicamus Christum crucifixum, et cetera. Et hoc quia per
praedicationem crucis evacuabantur legalia. Nam si apostoli simul cum cruce
Christi praedicassent debere servari legalia, nullam persecutionem Iudaei
apostolis intulissent. Unde dicebat supra V, 11 : ego autem, fratres, si
adhuc circumcisionem praedico, quid adhuc persecutionem patior, et
cetera. Ut ergo non haberent persecutionem a Iudaeis, inducebant
circumcisionem. Et ideo dicit : et etiam hoc propter hoc tantum
faciunt, ut crucis Christi persecutionem non patiantur, quae scilicet
pro cruce Christi infertur. Vel hoc etiam faciebant ad vitandam
persecutionem, non solum Iudaeorum, sed etiam gentilium infidelium. Nam Romani
imperatores, Caius Caesar et Octavius Augustus promulgaverunt leges, ut
Iudaei ubicumque essent, proprio ritu, propriis caeremoniis servirent. Et
ideo quicumque in Christum credebat et circumcisus non erat, persecutionibus,
tam gentilium quam Iudaeorum, fiebat obnoxius. Ut ergo non inquietarentur de fide Christi, et in
quiete viverent, cogebant eos circumcidi, secundum quod habetur in Glossa. Sed quia
possent dicere pseudo, quod non propter hoc circumcisionem inducunt, sed zelo
legis solum, ideo hoc excludens probat quod dixit, cum dicit sic neque
enim qui circumciduntur, et cetera. Constat enim quod si propter legis zelum aliquos
ad legis observantias inducerent, mandarent etiam legem in aliis impleri. Sed
neque illi qui circumciduntur, neque pseudo in aliis, scilicet in moralibus,
quae potiora sunt in lege et in aliis observantiis custodiunt, Io. VII, 19 : nemo ex vobis facit legem. Non ergo ex zelo legis
circumcisionem inducunt. Rom. II, 25 : circumcisio quidem prodest, si
legem observes. Sed ideo volunt vos circumcidi, ut in carne vestra,
id est in carnali vestra circumcisione, glorientur, apud Iudaeos, eo
quod tam multos proselytos faciant. Matth. c.
XXIII, 15 : vae vobis, Scribae et Pharisaei, qui circuitis mare et aridam,
ut faciatis unum proselytum, et cetera. |
11. Voyez quelle lettre je vous ai
écrite de ma propre main. 12, Tous ceux qui veulent plaire
dans la chair, sont ceux qui vous obligent à vous faire circoncire, ce qu’ils
font seulement afin de n’être pas persécutés pour la croix du Christ. 13. Car eux-mêmes qui sont
circoncis, ils ne gardent pas la Loi; mais ils veulent que vous receviez la
circoncision, afin qu’ils se glorifient en votre chair. Après avoir instruit les Galates de la manière dont ils devraient se
conduire à l’égard des hommes droits et justes, Saint Paul leur enseigne
comment ils doivent agir à l’égard des hérétiques et des méchants. I° Il
indique la précaution qu’il a prise pour écrire ces recommandations; II°
il fait ces recommandations mêmes (verset 12) : Car tous ceux qui, etc. I° Sur le premier de ces points, il faut se rappeler que c’était chez
les hérétiques une coutume d’altérer et de falsifier les Ecritures
canoniques, et même d’y introduire quelques passages qui favorisaient leurs
erreurs. Cette conduite de leur part obligea l’Apôtre, lorsqu’il écrivait
contre eux, à mettre à la fin de la lettre quelque recommandation
particulière, afin que cette lettre ne pût être falsifiée, et qu’on pût
reconnaître que c’était bien l’oeuvre de sa conscience. C’est ainsi qu’il dit
dans la I° aux Corinthiens (XVI, 21) : "Moi, Paul, j’écris de ma main cette
salutation." Car il faisait écrire la lettre en entier par un
autre secrétaire, sous sa dictée; il ajoutait ensuite à la fin quelque chose
de sa propre main. D’après cet usage, ce qui suit à partir de cet endroit a
été écrit, de sa main, par l’Apôtre. C’est ce qui lui fait dire (verset 11) :
Voyez ce que je vous ai écrit de ma propre main, à savoir afin que vous observiez
avec plus de fermeté ce qui vous a été dit, et que sachant que c’est moi qui
vous ai envoyé cette lettre, vous vous y soumettiez mieux. C’est ainsi que
les supérieurs doivent écrire de leur propre main, en sorte que ce qu’ils
enseignent et dans leurs paroles et dans leurs écrits, ils le montrent dans
leurs exemples. Aussi est-il dit (Isaïe, XLIX, 16) : "Je vous porte gravée
dans ma main, etc." ; c'est-à-dire dans mes travaux ; et (Exode, XXXII, 15),
il est dit de Moïse qu’il descendit portant dans ses mains les deux tables de
pierre que Dieu avait écrites avec son doigt. II. L’Apôtre fait ensuite sa
recommandation, en ajoutant (verset 12) : car tous ceux qui veulent plaire, etc."
Et d’abord il manifeste l’intention des séducteurs; ensuite il montre combien
son intention est opposée à la leur (verset 14) : A Dieu ne plaise que je
me glorifie, etc. ; enfin
il fait sa recommandation à ceux qui lui étaient soumis (verset 16) : et
tous ceux qui se conduiront d’après cette règle, etc. Sur la
première de ces subdivisions, premièrement il manifeste cette mauvaise
intention des séducteurs; secondement il prouve ce qu’il avance, (verset 13)
: car eux-mêmes qui sont circoncis, etc… Sur la première partie il cite d’abord un fait et une double intention
correspondant l’une à l’autre. Le fait est la conduite de ceux qui
introduisaient la circoncision et qui s’y proposaient deux choses. L’une qui
avait un autre but, à savoir de plaire aux Juifs, en ce qu’ils introduisaient
les observances charnelles de la Loi dans l’Eglise formée des Gentils; c’est
ce que dit Saint Paul (verset 12) : car tous ceux qui veulent plaire, à
savoir aux Juifs infidèles, dans la chair, c’est-à-dire par les
observances charnelles, ce sont ceux qui vous obligent à vous faire
circoncire, non pas en vous contraignant d’une manière absolue, mais
en vous en faisant une condition, quand ils disent que si vous n’êtes circoncis, vous ne pouvez être sauvés ;
(Actes, XV, 1). Ils voulaient de plus, par cette conduite, obtenir une
certaine sécurité, car les Juifs persécutaient les disciples de Jésus-Christ
à cause de la prédication de la croix ; (I Corinth., I, 23) : "Pour nous, nous prêchons Jésus-Christ crucifié, etc."
Et cela parce que par la prédication de la croix les observances légales
devenaient inutiles. Car si les apôtres avaient prêché qu’avec la croix de
Jésus-Christ, il fallait en même temps garder les observances de la Loi, les
Juifs n’auraient persécuté les apôtres en aucune manière. C’est ce qui
faisait dire à Saint Paul (ci-dessus, V, 11) : Pour moi, mes frères, si je
prêche encore là circoncision, pourquoi donc suis-je en butte à la
persécution, etc. ? Afin donc de n’être pas persécutés par les Juifs, les
faux-apôtres poussaient à pratiquer la circoncision. C’est pourquoi Saint
Paul disait : s’ils agissent, ainsi ce n’est
pas pour une autre fin (verset 12) que
de ne pas souffrir de persécution pour la croix de Jésus-Christ, à
savoir celle qui est soulevée à cause de la croix de Jésus-Christ. Ou bien
encore ils agissaient ainsi afin d’éviter la persécution, non seulement des
Juifs, mais encore des Gentils infidèles. Car les empereurs Romains, Caïus
César et Octave Auguste, promulguèrent des lois pour que les Juifs, partout
où ils se rencontreraient, s’en tiennent à leur rite particulier et à leurs
propres cérémonies. Ainsi quiconque professait la foi de Jésus-Christ et ne
se faisait pas circoncire, devenait en butte aux persécutions et des Gentils
et des Juifs. Afin donc de n’être inquiétés à raison de la foi en
Jésus-Christ, et de vivre en repos, les faux-apôtres contraignaient les
Galates à se faire circoncire, dit la Glose. Cependant comme les faux-apôtres pouvaient répondre que ce n’était pas
pour cette raison qu’ils poussaient à se faire circoncire, mais uniquement
par zèle pour la Loi, Saint Paul prévenant cette justification, prouve ce
qu’il vient d’avancer, en disant (verset 13) : car eux-mêmes, qui sont
circoncis, etc. Il est, en effet, certain que si c’était par zèle
pour la Loi qu’ils en aient porté d’autres aux observances de la Loi, ils
feraient aussi garder la Loi dans ses autres prescriptions; mais au contraire
ni ceux qui sont circoncis, ni les faux-apôtres, ne gardent pas la Loi dans
les autres points, à savoir les préceptes moraux qui tiennent le premier rang
dans la Loi et le reste de ses observances ; (Jean, VII, 19) : "Nul de vous n’accomplit la Loi".
Ce n’est donc pas par zèle pour la Loi qu’ils pressent de se faire circoncire ;
(Rom., II, 25)
: "Ce n’est pas que la circoncision ne soit utile, si vous accomplissez
la Loi." Mais, quand (verset 4) : ils veulent que vous receviez la
circoncision, c’est afin que dans votre chair, c’est-à-dire dans
la circoncision charnelle qu’ils vous feront recevoir, ils puissent se
glorifier devant les Juifs de faire un si grand nombre de prosélytes ;
(Matth., XXIII, 15) : "Malheur à vous, Scribes et Pharisiens
hypocrites, qui parcourez la mer et la terre pour faire un seul prosélyte, etc. |
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Lectio 4 |
Leçon 4 : Galates VI, 14-15 ─ La vraie gloire, la croix du
Christ
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SOMMAIRE : L’Apôtre montre qu’il ne
met que dans la croix de Jésus-Christ sa propre gloire. Il l’oppose à celle
des faux-apôtres, qui ne se glorifiaient que dans la chair. |
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[14] mihi
autem absit gloriari nisi in cruce Domini nostri Iesu Christi per quem mihi
mundus crucifixus est et ego mundo [15] in
Christo enim Iesu neque circumcisio aliquid valet neque praeputium sed nova
creatura [87784] Super Gal., cap. 6 l. 4 Postquam apostolus exposuit pravam seducentium
intentionem, hic insinuat suam. Et primo ponit suam intentionem; secundo
ostendit intentionis huius signum, ibi per quem mihi mundus, etc.;
tertio rationem intentionis assignat, ibi in Christo Iesu, et cetera. Dicit ergo : intentio seducentium apparet, quia
illi gloriantur in carne, sed ego aliam gloriam quaero, scilicet in cruce. Et hoc est quod dicit mihi absit gloriari,
et cetera. Vide quod
ubi mundi philosophus erubuit, ibi apostolus thesaurum reperit. Quod illi
visum est stultitia, apostolo factum est sapientia et gloria, ut dicit
Augustinus. Unusquisque enim in ea re gloriatur, per quam reputatur magnus.
Sic qui reputat se magnum in divitiis, gloriatur in eis, et sic de aliis. Qui
enim in nullo alio se magnum reputat, nisi in Christo, gloriatur in solo
Christo. Talis autem erat apostolus. Unde dicebat supra II, v. 20 : vivo
ego, iam non ego, vivit vero in me Christus. Et ideo non gloriatur nisi
in Christo, praecipue autem in cruce Christi, et hoc quia in ipsa inveniuntur
omnia, de quibus homines gloriari solent. Nam gloriantur aliqui de magnorum
(puta regum aut principum) amicitia : et hoc maxime apostolus invenit in
cruce, quia ibi ostenditur evidens signum divinae amicitiae, Rom. V, 8 : commendat
autem suam charitatem Deus in nobis, et cetera. Nihil enim sic charitatem
suam ad nos ostendit, sicut mors Christi. Unde Gregorius : o
inaestimabilis dilectio charitatis. Ut servum redimeres, filium tradidisti.
Item
gloriantur aliqui de scientia. Et hanc apostolus excellentiorem invenit in
cruce. I Cor. II, 2 : non enim aestimavi me aliquid scire inter vos, nisi
Iesum Christum, et cetera. Nam in cruce est perfectio totius legis, et
tota ars bene vivendi. Item gloriantur aliqui de potentia. Et hanc apostolus
maximam habuit per crucem. I Cor. c. I, 18 : verbum crucis pereuntibus
stultitia est, his autem qui salvi fiunt, id est nobis, virtus Dei est.
Item gloriantur aliqui de libertate adepta. Et hanc apostolus consecutus est
per crucem. Rom. VI, 6 : vetus noster homo crucifixus est, ut ultra non
serviamus peccato. Item
aliqui gloriantur in assumptione ad aliquod magnum collegium. Sed per crucem Christi assumuntur ad
collegium caeleste. Signum
autem suae intentionis subdit, dicens per quem mihi mundus, et cetera.
Quia autem hoc quod dicit : mihi absit gloriari, nisi in cruce, etc.,
est propositio exceptiva, includens unam affirmativam et aliam negativam,
ideo duplex signum ponit, probans utramque propositionem. Et primo
quidem probat negativam, scilicet quod non gloriatur nisi in cruce; et hoc,
cum dicit per quem mihi mundus crucifixus, et cetera. Illud enim in
quo quis gloriatur, non est mortuum in corde eius, sed magis illud quod
contemnit. Ps. XXX, 13 : oblivioni datus sum tamquam mortuus a corde.
Manifestum est autem, quod mundus, et omnia quae in mundo sunt, mortua erant
in corde Pauli, Phil. III, 8 : omnia arbitratus sum ut stercora, ut
Christum lucrifaciam. Ergo non gloriatur in mundo, neque in his quae in
mundo sunt, et hoc est quod dicit : vere in nullo alio glorior, nisi in
cruce Christi, per quem, scilicet Christum crucifixum, mihi mundus
crucifixus est, id est mortuus est in corde meo, ut nihil in eo cupiam. Secundo
probat affirmativam, scilicet quod in cruce Christi gloriatur, dicens se
crucifixum mundo. Qui enim gloriatur in aliquo, illud in se praetendit, et
manifestare desiderat; sed apostolus nihil in se praetendit, nec manifestare
desiderat, nisi quod pertinet ad crucem Christi, et ideo tantum in ea
gloriatur. Et hoc est quod dicit et ego mundo, scilicet sum
crucifixus; quasi dicat : porto insignia crucis, et sum reputatus ut mortuus.
Et ideo sicut mundus horret crucem Christi, ita horret me. Col. III, 3 : mortui
enim estis, et vita vestra abscondita est cum Christo in Deo, et cetera. Rationem
autem quare non in alio gloriatur, ostendit subdens in Christo enim Iesu,
et cetera. In illo siquidem maxime gloriatur, quod valet et adiuvat ad
coniungendum Christo, hoc enim apostolus desiderat, scilicet cum Christo
esse. Et quia non valet ad hoc ritus Iudaicus, nec gentilium observantia, sed
crux Christi solum, ideo solum in ea gloriatur. Et hoc est quod dicit in
Christo neque circumcisio aliquid valet, id est ritus Iudaicus, neque
praeputium, id est gentilitatis observantia, id est ad iustificandum et
iungendum Christo, sed ad hoc valet nova creatura. Quod quidem patet
ex his quae dicta sunt supra v. 6 (quasi eisdem verbis) : in Christo enim
Iesu neque circumcisio aliquid valet, neque praeputium, sed fides quae per
dilectionem operatur. Fides ergo charitate formata est nova creatura.
Creati namque et producti sumus in esse naturae per Adam; sed illa quidem
creatura vetusta iam erat, et inveterata, et ideo dominus producens nos, et
constituens in esse gratiae, fecit quamdam novam creaturam. Iac. I, 18 : ut simus initium aliquod
creaturae eius. Et dicitur nova, quia per eam renovamur in vitam
novam; et per spiritum sanctum, Ps. CIII, 30 :
emitte spiritum tuum, et creabuntur, et renovabis faciem terrae. Et
per crucem Christi, II Cor. V, 17 : si qua est in Christo nova creatura,
et cetera. Sic ergo per novam creaturam, scilicet per fidem Christi et
charitatem Dei, quae diffusa est in cordibus nostris, renovamur, et Christo
coniungimur. |
14. Mais pour moi, à Dieu ne plaise
que je me glorifie en autre chose qu’en la croix de notre Seigneur
Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je suis crucifié
pour le monde. 15. Car dans le Christ Jésus la
circoncision ne sert de rien, ni l’incirconcision, mais la nouvelle créature. L’Apôtre, après avoir mis à découvert l’intention perverse des séducteurs,
indique ici son intention à lui : I° Il l’exprime; II° il en donne une marque
(verset 14) : par qui le monde est crucifié pour moi, etc.; III°
il assigne la raison de cette intention (verset 15) : Car en Jésus-Christ,
etc. I° Il dit donc : On reconnaît
l’intention des séducteurs en ce qu’ils se glorifient dans la chair; quant à moi, je cherche une autre
gloire, à savoir dans la croix. C’est, en effet, ce qu’il dit (verset 14) : Mais
pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie, etc. Remarquez que là où
le Philosophe du monde ne savait que rougir, l’Apôtre a trouvé un trésor; ce
qui paraissait au premier une folie, est devenu pour le second la sagesse et
la gloire, comme dit saint Augustin. Car chacun se glorifie dans ce qui peut
le faire passer pour grand; ainsi celui qui place sa grandeur dans les
richesses, se glorifie dans les richesses, et ainsi des autres. Mais celui
qui ne s’estime grand en rien d’autre qu’en Jésus-Christ, ne se glorifie
qu’en Jésus-Christ. Or tel était l’Apôtre. C’est ce qui lui faisait dire plus
haut (II, 20) : Et je vis, ou plutôt ce n’est plus moi qui vis, mais c’est
Jésus-Christ qui vit en moi. Voilà pourquoi il ne se glorifie qu’en
Jésus-Christ, et principalement même dans la croix de Jésus-Christ; et cela,
parce qu’en elle on trouve tout ce qui est ordinairement pour les hommes un
sujet de gloire. En effet, il en est qui se glorifient de l’amitié des
grands, des princes, par exemple, et des rois; or cette gloire l’Apôtre l’a
trouvée éminemment dans la croix, car elle témoigne, par un signe évident, de
l’amitié de Dieu ; (Rom., V, 8) : "C’est en cela même que
Dieu a fait éclater son amour pour nous, etc." Rien d’ailleurs ne
manifeste l’amour de Dieu pour nous comme la mort de Jésus-Christ; ce qui a
fait dire à saint Grégoire : « O amour, ô ineffable charité! pour
racheter un esclave, vous avez livré un Fils ! » Il en est qui se
glorifient de la science; or l’Apôtre a trouvé dans la croix la science la
plus excellente ; (I Corinth., II, 2) : "Je n’ai pas fait
profession de savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, etc."
Dans la croix, en effet, réside la perfection de toute la Loi et tout l’art
de bien vivre. Il en est qui se glorifient de la puissance; or l’Apôtre, par
la Croix, a atteint le plus haut degré de la puissance ; (I Corinth., I,
18) : "Le langage de la croix est une folie pour ceux qui se perdent,
mais pour ceux qui se sauvent, c’est-à-dire pour nous, elle est la vertu
de Dieu." Il en est qui se glorifient de la liberté qu’ils ont
acquise; or l’Apôtre a obtenu cette liberté par la croix ; (Rom., VI, 6)
: "Notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que désormais nous
ne soyons plus asservis au péché". Il en est qui se glorifient
d’être admis dans quelque noble assemblée; or par la croix de Jésus-Christ on
est élevé jusqu’à l’assemblée des cieux ; (Colossiens I, 20) : "Il
a pacifié par le sang qu’il a répandu sur la croix, tant ce qui est sur la
terre, que ce qui est dans le ciel." Il en est enfin qui se
glorifient dans le signe du triomphe et de la victoire; or la croix est le
signe triomphal de la victoire de Jésus-Christ sur les démons ;
(Coloss., II, 15) : "Ayant désarmé les principautés et les
puissances, il les a livrées hardiment en spectacle, en triomphant d’elles, etc.
" ; (Sag., XIV, 7) : « Béni soit le bois qui sert à la
justice. » II° Saint Paul donne ensuite une
marque de son intention, quand il ajoute (verset 14) : par qui le monde est crucifié pour moi,
etc. Mais parce que ce qu’il vient de dire (verset 14) : Pour moi à
Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu’en la croix, etc. est
une proposition exceptionnelle, renfermant une affirmative et une négative,
l’Apôtre indique une double preuve de l’une et de l’autre proposition. I. D’abord il prouve la proposition
négative, à savoir qu’il ne se glorifie que dans la croix, en disant (verset
14) : "par qui le monde est crucifié pour moi, etc… En effet, ce
en quoi on se glorifie n’est pas mort dans le coeur; c’est plutôt ce qu’on
méprise ; (Ps., XXX, 13) : "J’ai été mis en oubli dans le coeur,
comme si j’eusse été mort ; or, il est manifeste que le monde et
tout ce qui est dans le monde, étaient morts dans le coeur de Saint Paul ;
(Philipp., III, 8) : "J’ai regardé toutes choses comme des ordures,
afin de gagner Jésus-Christ. » Saint Paul ne se glorifie donc ni
dans le monde, ni dans ce qui est dans le monde. C’est pourquoi il dit : En
vérité, je ne me glorifie en quoi que ce soit, excepté en la croix de
Jésus-Christ, par qui, c’est-à-dire par lequel Jésus-Christ, le
monde est crucifié pour moi ; en d’autres termes : est
mort dans mon coeur, en sorte que je ne désire plus rien de lui. II. En second lieu, il prouve la
proposition affirmative, à savoir qu’il se glorifie dans la croix de
Jésus-Christ, en disant qu’il est crucifié pour le monde. Car celui qui se
glorifie dans quelque objet, en fait parade et désire le montrer; or l’Apôtre
ne fait parade de rien, en lui-même, et ne désire rien manifester que ce qui
appartient à la croix de Jésus-Christ; ce n’est donc que dans la croix qu’il
se glorifie, et c’est pourquoi il dit (verset 14) : et moi pour le monde, c’est-à-dire
: je suis crucifié également pour lui; en d’autres termes : Je porte les
marques de la croix, et l’on me regarde comme mort. Aussi, de même que le
monde a en horreur la croix de Jésus-Christ, ainsi suis-je pour lui un objet
d’horreur ; (Coloss., III, 3) : " Vous êtes morts, et votre
vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ, etc." III° Il donne la raison pour laquelle
il ne se glorifie pas en autre chose, quand il ajoute (verset 15) : Car en
Jésus-Christ, etc. En effet, il se glorifie de préférence en ce qui a de
l’efficacité pour l’aider à s’unir à Jésus-Christ, car être avec
Jésus-Christ, c’est ce que l’Apôtre désire. Et parce que pour obtenir cet
effet il n’y a de valeur ni dans les rites judaïques, ni dans les pratiques
de la Gentilité, mais dans la croix de Jésus-Christ seulement, ce n’est que
dans cette croix qu’il se glorifie. C’est ce qui lui fait dire (verset 15) : car
en Jésus-Christ ni la circoncision, c’est-à-dire le rite judaïque, ne
sert de rien, ni l’incirconcision, c’est-à-dire les observances de la
Gentilité, pour obtenir la justification et s’unir à Jésus-Christ ; il
n’y a de valeur pour ce but que dans le renouvellement de la créature.
On le voit clairement par ce qui a été dit plus haut (verset 6) presque dans
les mêmes termes : En Jésus-Christ ni la circoncision ni l’incirconcision
ne servent de rien, mais la foi qui est animée par la charité. La
foi animée par la charité, c’est donc la créature nouvelle, car nous avons
été créés et produits dans l’être de la nature par Adam, mais cette créature
tombait de vétusté; elle était décrépite voilà pourquoi Dieu nous ayant
produits et établis dans l’être de la grâce, a fait comme une nouvelle
créature ; (Jacq., I, 18) : "… afin que nous fussions comme les
prémices de ses créatures." Cette créature s’appelle nouvelle
parce que par elle et par l’Esprit Saint, nous sommes renouvelés pour une vie
nouvelle ; (Ps., CIII, 30) : "Envoyez votre Esprit, et vous
renouvellerez la face de la terre. » Et aussi par la croix de
Jésus-Christ ; (II Corinth., V, 17) : "Si quelqu’un est en
Jésus-Christ une nouvelle créature, etc." Ainsi donc par la nouvelle
créature, c’est-à-dire par la foi en Jésus-Christ et par la charité de Dieu,
qui est répandue dans nos coeurs, nous sommes renouvelés et unis à Jésus-Christ. |
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Lectio 5 |
Leçon 5 : Galates VI, 16-18 ─ Imiter Paul
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SOMMAIRE : L’Apôtre recommande aux
Galates d’être ses imitateurs. Il les conjure de ne plus lui causer de peine,
et leur souhaite la grâce de Jésus-Christ. Il termine sa lettre en les saluant
et en signant. |
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[16] et quicumque hanc regulam secuti fuerint pax super illos et
misericordia et super Israhel Dei [17] de cetero nemo mihi molestus sit ego enim stigmata Iesu in
corpore meo porto [18] gratia Domini nostri Iesu Christi cum spiritu vestro fratres amen [87785] Super Gal., cap. 6 l. 5 Aperta intentione seducentium, et insinuata
sua, hic consequenter apostolus monet eos, et primo ad sui imitationem;
secundo ut desistant ab eius molestatione, ibi de caetero nemo, etc.;
tertio implorat eis gratiae auxilium ad praedictorum impletionem. Dicit ergo
primo : intentio mea est, ut nonnisi in cruce Christi glorier, quod et vos
debetis facere, quia quicumque hanc regulam, quam ego scilicet teneo, secuti
fuerint, scilicet hanc rectitudinem gloriandi. II Cor. X, 13 : non in
immensum gloriamur, sed secundum mensuram regulae, et cetera. Pax
super illos, scilicet gloriantes quia nonnisi in Christo gloriantur. Pax,
inquam, qua quietentur et perficiantur in bono. Pax enim est tranquillitas
mentis. Cant. VIII, 10 : ex quo facta sum
coram illo quasi pacem reperiens. Col. III,
15 : pax Christi exultet in cordibus vestris, in qua, et cetera. Et
misericordia, per quam liberentur a peccatis. Thren. III, 22 : misericordiae
domini, quia non sumus consumpti. Sap. IV, 15 : gratia Dei et
misericordia in sanctos eius, et respectus in electos illius, qui
scilicet sunt Israel. Rom. II, 28 : non enim qui in manifesto Iudaeus est.
Ille ergo est Israel Dei, qui est spiritualiter Israel coram Deo. Io. I, 47 :
ecce vere Israelita, in quo dolus non est. Rom. c. IX, 6 : non enim
omnes qui sunt ex Israel, hi sunt Israelitae, et cetera. Sed qui filii
sunt promissionis existimantur in semine. Unde et ipsi gentiles facti
sunt Israel Dei per mentis rectitudinem. Israel rectissimus interpretatur. Gen. XXXII : Israel
erit nomen tuum, et cetera. Consequenter cum dicit de
caetero nemo, etc., monet, ut desistant a sui molestatione. Et primo
ponit admonitionem; secundo rationem eius assignat, ibi : ego enim
stigmata. Dicit ergo de caetero, etc.; quod potest dupliciter
exponi. Uno modo, ut de caetero accipiatur in vi unius dictionis, ut
sit sensus de caetero, id est amodo. Alio modo ut accipiatur in vi
duarum dictionum, ut sit sensus : de residuo nemo, etc.; quasi dicat : ego
gloriabor tantum in cruce, de omnibus aliis nemo mihi molestus sit,
quia ego de nullo curo. Sed prima melior est. Quod autem dicit nemo mihi
molestus sit, potest referri ad pseudo, qui molesti erant apostolo,
movendo quaestiones, et murmurando de observantiis legalibus. Ps. XXXIV, 13 : ego autem, dum mihi molesti
essent, induebar Cilicio, et cetera. Vel potest referri ad auditores non
recte sentientes, ut dicatur nemo mihi molestus sit, id est nullus
auditor exhibeat se talem, ut rursum in eo necessitatem habeam laborandi,
scilicet aliter sentiendo, quam doceam. Rationem
autem horum assignat, dicens ego enim stigmata, et cetera. Stigmata
enim proprie sunt quaedam notae impressae alicui cum ferro candenti sicut cum
servus ab aliquo domino signatur in facie, ut nullus eum sibi vindicet, sed
quiete dimittat domino suo, cuius stigmata portat. Hoc etiam modo apostolus
dicit se stigmata domini portare, quasi insignitus sit ut servus Christi. Et
hoc quia portabat insignia passionis Christi, patiens pro eo multas tribulationes
in corpore suo, secundum illud I Petr. II, 21 : Christus passus est pro
nobis, vobis relinquens exemplum, et cetera. II Cor. IV, v. 10 : semper
mortificationem domini Iesu in corpore nostro circumferentes, et cetera.
Et secundum hoc dupliciter potest continuari ad praemissa. Uno modo, ut
dictum est nemo mihi molestus sit, nam ego porto insignia domini
nostri Iesu Christi in corpore meo, et sic nullus super me ius habet nisi
Christus. Alio modo nemo mihi molestus sit, quia ego habeo multos alios
conflictus et stigmata, quae in persecutionibus quas patior me molestant, et
grave est addere afflictionem afflicto. Unde conqueritur Iob XVI, 15 : concidit
me vulnere super vulnus. Sed prima melior est. Implorat
autem auxilium gratiae Dei, dicens gratia domini nostri Iesu Christi,
etc., per quam praedicta implere possitis, sit cum spiritu vestro, id
est cum ratione vestra, ut veritatem intelligatis. Vel cum spiritu vestro,
quo scilicet debetis legem observare, et non carnaliter. Rom. c. VIII, 15 : non
enim accepistis, et cetera. |
16. Et tous ceux qui se conduisent
selon cette règle, que la paix et la miséricorde soient sur eux, ainsi que
sur l’Israël de Dieu. 17. Au reste, que personne ne me
cause de peines; car je porte imprimé sur mon corps les stigmates du Seigneur
Jésus. 18. Que la grâce de notre Seigneur
Jésus-Christ, mes frères, demeure avec votre esprit. Amen. Après avoir mis à nu l’intention des séducteurs et indiqué son intention
à lui, Saint Paul fait ici des recommandations aux Galates. I° Celle
d’être ses imitateurs; II° celle de cesser de lui causer de la peine
(verset 17) : Au reste que personne, etc. ; III° il implore pour eux le
secours de la grâce, pour qu’ils puissent accomplir ce qu’il vient de leur
recommander. I° Il dit donc d’abord : mon
intention est de ne me glorifier que dans la croix de Jésus-Christ, ce que vous devez également faire,
parce que (verset 16) : Tous ceux qui se conduiront suivant cette règle, c’est-à-dire
cette rectitude à placer sa gloire, comme je le fais moi-même ; (II
Corinth., X, 13) : "Quant à nous, nous ne nous glorifierons pas
démesurément, mais dans les limites que Dieu nous a posées, etc." – sur
ceux-là, dis-je, (verset 16) : la paix reposera, c’est-à-dire
sur ceux qui se glorifient ainsi, parce qu’ils ne se glorifient qu’en
Jésus-Christ. La paix, je le répète, parce qu’ils seront tranquilles et
qu’ils se perfectionneront dans le bien. Car la paix c’est la tranquillité de
l’âme ; (Cantiq.,VIII, 10) : "Depuis que j’ai paru en sa
présence, j’ai comme trouvé en lui la paix" ; (Coloss., III,
15) : "Que la paix de Jésus-Christ règne dans vos coeurs, elle en qui,
etc." - et aussi la miséricorde, par laquelle ils seront délivrés de
leurs péchés ; (Lament., III, 22) : "Si nous n’avons pas été
perdus entièrement, c’est l’effet des miséricordes du Seigneur" ;
(Sag., IV, 15) : "La grâce de Dieu et sa miséricorde est sur les
saints et ses regards favorables sont sur ses élus", c’est-à-dire
sur ceux qui appartiennent à Israël ; (Rom., II, 28) : "Le Juif n’est
pas celui qui l’est au dehors, etc." Celui-là donc est « l’Israël
de Dieu », qui fait partie, devant Dieu, de l’Israël spirituel ;
(Jean I, 47) : "Voici un vrai Israélite sans déguisement" ;
(Rom., IX, 6) : "Tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël,
etc." ; - mais (verset 8) ce sont les enfants de la
promesse, qui sont réputés enfants d’Abraham. C’est pourquoi les Gentils
eux-mêmes sont devenus l’Israël de Dieu par la droiture de leur coeur. Israël
s’interprète « très droit » ; (Genèse XXXII, 28) : "Votre
nom désormais sera Israël, etc. " II° Quand l’Apôtre ajoute (verset 17) : Au reste que personne, etc., il leur recommande de ne plus lui faire
de peine à l’avenir. I. Il fait la recommandation; II.
il en assigne la raison (verset 17) : Car je porte imprimées sur mon corps
les stigmates. I. Il dit donc : Au reste, etc., ce
qui peut s’interpréter de deux manières. D’abord en entendant ces mots : Au
reste, comme ne servant qu’à lier le discours; le sens serait : Au
reste, c’est-à-dire « désormais ». Ensuite en l’entendant dans
le sens partitif; le sens serait : que de tout ce qui reste, etc. ; en
d’autres termes, je ne me glorifierai que dans la croix; à l’égard de tout le
reste, que personne ne me fasse de peine, parce que je m’en
inquiète fort peu. Mais la première explication est préférable. Ce que dit Saint
Paul (verset 17) : Que personne ne me fasse de la peine, peut
s’appliquer aux faux-apôtres, qui causaient de la peine à cet Apôtre, en
soulevant des difficultés, et en murmurant à l’occasion des observances
légales ; (Ps., XXXIV, 13) : "Pour moi, lorsqu’ils
m’accablaient, je me revêtais d’un cilice, etc." Ou bien encore on
peut l’appliquer aux auditeurs, dont les sentiments étaient mêlés d’erreur;
le sens serait : Que personne ne me fasse de peine, c’est-à-dire
qu’aucun de ceux auxquels je m’adresse ne se montre tel, que ce soit pour moi
une nécessité de recommencer mon travail à son endroit, à savoir : si ses
sentiments s’écartent de ce que j’ai enseigné. II. L’Apôtre assigne la raison de ce qu’il
vient de dire, en ajoutant (verset 17) : Car je porte imprimées sur mon
corps les stigmates, etc. Les stigmates, dans le sens propre, sont des
marques imprimées sur le corps avec un fer chaud, comme il se pratique quand
un maître marque un esclave au visage, afin que personne ne puisse se
l’attribuer, mais qu’on le laisse retourner tranquillement au maître, dont il
porte la marque. C’est dans ce sens aussi que Saint Paul dit qu’il porte les
stigmates du Seigneur, comme s’il était en quelque sorte marqué esclave de Jésus-Christ.
Et cela parce qu’il portait les marques de la passion de Jésus-Christ, en
supportant pour lui, dans son corps, des tribulations nombreuses, suivant
cette parole de saint Pierre ; (I Pierre II, 21) : "Jésus-Christ
a souffert pour nous vous laissant un exemple, etc." ; (II
Corinth., IV, 10) : "portant toujours en notre corps la mort du
Sauveur Jésus, etc. En lui donnant ce sens, ce passage se rattache de
deux manières, à ce qui précède. D’abord à ce qui a été dit : que personne
ne me fasse de peine, car je porte les stigmates du Seigneur Jésus, en
mon corps, et de cette manière nul n’a droit sur moi, si ce n’est
Jésus-Christ. Ensuite : que personne ne me fasse de peine, parce
que j’ai subi un grand nombre d’autres assauts et d’autres stigmates qui me
sont pesants, dans les persécutions que je souffre; or il serait dur
d’ajouter encore d’autres afflictions à celui qui est affligé. De là il est
dit (Job, XVI, 15) : "Il m’a déchiré, il m’a fait plaie sur plaie."
La première explication est préférable. III° L’Apôtre enfin implore le
secours de la grâce de Dieu, quand il dit (verset 18) : Que la grâce de notre Seigneur
Jésus-Christ, etc. par le secours de laquelle vous pourrez accomplir ce
qui vous a été recommandé, demeure avec votre esprit, c’est-à-dire
avec votre raison, afin que vous entendiez la vérité. Ou avec votre
esprit, à savoir avec lequel vous devez observer la Loi, sans la prendre
d’une manière charnelle ; (Rom., VIII, 15) : "Car vous n’avez
pas reçu l’esprit de servitude, etc." Amen |
[1] (1) Note de l’édition 1870 : Une société quelconque ne peut subsister
sans lois; or ces lois n’auraient aucune force, si ceux qui les violent
n’encouraient aucune peine. La peine la plus simple qu’une société puisse
imposer à ses membres réfractaires, est de les priver des biens qu’elle procure
à ses enfants dociles. Evidemment, Jésus-Christ en établissant son Eglise, lui
a donné le pouvoir de rejeter hors de son sein les membres qui refuseraient
d’obéir à ses lois. C’est le devoir d’excommunier, le voilà à l’origine de
l’Eglise.
L’excommunication
est une censure par laquelle un chrétien est séparé de la communion des
fidèles, et privé, en tout ou en partie, des biens spirituels qui sont à la
disposition de l’Eglise. Si elle prive de tous ces biens, on l’appelle
EXCOMMUNICATION MAJEURE; si elle n’en prive qu’en partie, en l’appelle
EXCOMMUNICATION MINEURE. Le terme d’excommunication, employé seul, signifie
toujours, chez les canonistes, excommunication majeure. On distingue
l’excommunié DÉNONCÉ et l’excommunié NON DÉNONCÉ Par excommunié dénoncé en
entend celui qui a été nommément déclaré tel par sentence du supérieur
ecclésiastique. L’excommunié non dénoncé est celui qui n’a pas été nommément
déclaré tel. On l’appelle excommunié toléré. Cette distinction est importante. (Bergier, Gousset, etc. »)
[2] Le
Syllogisme de la seconde figure est celui où le moyen est deux fois attribut.
Dans ce Syllogisme, une des deux premières propositions doit être négative, et
la conclusion doit l’être également, La majeure pour cette raison, doit être
universelle; l’attribut devant être pris universellement, (LOGIQUE DE PORT-ROYAL,
215). C’est ce qu’on trouve parfaitement dans le raisonnement de Saint Paul.
[3] Ebion,
philosophe platonicien, disciple de Cérinthe et auteur de la secte des
Ebionites, vers l’an 75 de J.-C. Suivant Origène, il y avait deux sortes
d’ébionites : les uns croyaient que Jésus-Christ était né d’une vierge, comme
le croyaient les Nazaréens, dont ils avaient en partie adopté les sentiments;
les autres soutenaient qu’il était né comme les autres hommes. Ils le
regardaient donc comme un pur homme, prétendant que Dieu lui avait donné
l’empire du monde futur, comme au diable celui du monde présent. Les disciples
d’Ebion mêlaient aux préceptes de la religion chrétienne un judaïsme et
observaient avec une égale fidélité le Dimanche et le Samedi.