Commentaire de la seconde épître de saint Paul à Timothée
SAINT
THOMAS D’AQUIN
Docteur de l'Eglise catholique
Edition Louis Vivès, 1870,
Traduction par l'Abbé Bralé, entièrement
reprise par Charles Duyck, janvier 2006
Édition numérique, https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique, 2008
Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin
CHAPITRE
1 — S'adonner à la prédication
Leçon
1 — 2 Timothée I, 1-2 : Salutations
Leçon
2 — 2 Timothée I, 3-5 : Communion de Paul avec Timothée
Leçon
3 — 2 Timothée I, 6-10 : Faire usage de la grâce dans l'apostolat
Leçon
4 — 2 Timothée I, 11-18 et dernier : La charge d'apôtre
CHAPITRE 2 — Se préparer au martyre
Leçon
1 — 2 Timothée II, 1-7 : Le combat de la foi
Leçon
2 — 2 Timothée II, 18-15 : La préparation au martyre
Leçon
3 — 2 Timothée II, 16-20 : Les hérésies
Leçon
4 — 2 Timothée II, 21-26 et dernier : Les discours profanes
CHAPITRE
3 — Lutter avec courage contre les périls à venir
Leçon
1 — 2 Timothée III, 1-5 : Les périls des derniers temps
Leçon
2 — 2 Timothée III, 5-11 : fuir les mauvaise
fréquentations
Leçon
3 — 2 Timothée III, 12-17
: La persécution
CHAPITRE
4 — Comment résister aux périls des derniers temps ?
Leçon
1 — 2 Timothée IV, 1-5 : L'urgence apostolique
Leçon
2 — 2 Timothée IV, 6-8 : La mort et la gloire à venir
Leçon
3 — 2 Timothée IV, 8-22 : Appel à Timothée
Textum Taurini 1953 editum ac automato translatum
a Roberto Busa SJ in taenias magneticas denuo recognovit Enrique Alarcón atque
instruxit |
Traduction par l'Abbé Bralé (Edition Louis Vivès,
1870), Revue entièrement par Charles Duyck, janvier 2006 |
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Prooemium |
PROLOGUE aux épîtres à Timothée et Tite |
[87878]
Super 1 Tm pr. In manu
Dei potestas terrae, et execrabilis omnis iniquitas gentium, et utilem
rectorem suscitabit in tempore super illam. Eccli.
X, 4. Haec verba materiae huius epistolae conveniunt.
Prius enim instruxit Ecclesiam in his, quae ad eius unitatem pertinent, hic
instruit ipsos rectores Ecclesiae, qui sunt quasi principalia membra eius. Circa quod videnda est ista instructio et
utilitas. Instructio
est in Deo, quia in manu Dei, et cetera. Et hoc tripliciter, quia ab
ipso exoritur. Rom. XIII, 1 : non est potestas nisi a Deo. Item quod
secundum Deum debet regulari. Prov. VIII, 15 : per me reges regnant, et
conditores legum iusta decernunt. Item quia secundum Dei dispositionem,
eorum potestas fundatur. Dan. II, 21 : et ipse mutat tempora et aetates,
transfert regna atque constituit. Item
utilitas eorum ostenditur, quia est ad cohibendam nequitiam hominum, quia execrabilis
omnis iniquitas gentium. Iusto non est lex posita. Rectores legis tripliciter debent se habere ad
mala. Primo ut ea corde odio habeant. II Mach. III, 1 : animo odio
habentes mala, et cetera. Secundo ut prohibeant ea ne fiant. Prov. XX, 8
: rex qui sedet in solio iudicii dissipat omne malum. Tertio ut facta puniant. Rom. XIII, 4 : minister
enim Dei est, vindex in iram eius qui male agit. Quarto videnda est
utilitas, ibi utilem rectorem, et cetera. Et ad tria est utilis
rector, quae notantur Eccli. XLIX, 15 : Ioseph princeps fratrum, ut
gentem sustentet per potentiam. Is. XIX, 4 : et rex fortis dominabitur
eorum, et cetera. Rector fratrum, dirigendo per sapientiam. Is. XXXII,
8 : princeps ea quae sunt digna principe cogitabit, et cetera. Eccli. X, 24 : in medio fratrum rector
illorum. Stabilimentum populi, ut cohibeat ab iniustis per iustitiam, Ps.
XVII, 28 : tu populum
humilem salvum facies, et oculos superborum humiliabis, et cetera. Et sic
patet materia harum epistolarum, quia est ad instructionem rectorum populi
fidelis, in quo quidam praeferuntur in spiritualibus, sicut praelati
Ecclesiarum, quos primo instruit; quidam vero in temporalibus, quos secundo
monet; et hoc in epistola ad Philemonem. Circa primum tres sunt epistolae, secundum tria
quae competunt praelato, quorum primum est ut gubernet populum; secundum, ut
pro populo subdito patiatur; tertium, ut malos coerceat. Primum in prima ad Timotheum; secundum in
secunda, ubi agit de martyrio; tertium in epistola ad Titum, ubi agit ac
docet quomodo vitet haereticos, ut etiam patet in argumentis epistolarum. |
Le pouvoir souverain sur un
pays est dans la main de Dieu. Toute iniquité des nations est exécrable, et
c’est Dieu qui y suscitera en son temps un prince pour gouverner utilement. (Ecclésiastique
X, 4 et 7) Ces paroles conviennent à la matière de cette Epître. L’Apôtre a instruit l’Eglise de ce qui concerne son unité; il instruit ici les pasteurs même de l'Eglise lesquels en sont comme les membres principaux. Il faut donc considérer cette institution même et son utilité. L’institution est en Dieu, car elle est dans la main de Dieu lui-même, et cela de trois manières Premièrement, parce qu’elle émane de lui (Rm XIII, 1) : "Il n'y a pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu." Ensuite, parce qu’elle doit être réglée selon Dieu ; (Prov., VIII, 15) : "Les rois règnent par moi, et c’est par moi que les législateurs ordonnent ce qui est juste." Enfin, parce que leur puissance est établie suivant la disposition de Dieu ; (Daniel II, 21) : "C’est lui qui change les temps et les siècles, qui renverse et établit les royaumes." On en reconnaît l’utilité, en
ce qu’elle a pour fin de comprimer la méchanceté des hommes; car "toute
iniquité des nations est exécrable" (ci-après, I, 9) : "Reconnaissant
que la loi n’est pas pour le juste." Or, ceux qui font les lois
doivent être dans une triple disposition à l’égard du mal. Ils doivent
d’abord le haïr de cœur ; (II Maccabées III, 1) : "Ayant dans le
coeur de la haine contre tout mal, etc." Ensuite, défendre de le
commettre ; (Prov., XX, 6) : "Le roi qui est assis sur son trône
pour rendre justice, dissipe tout le mal [par son seul regard]."
Enfin le punir, lorsqu’il est commis ; (Rm XIII, 4) : "Il est le
ministre de Dieu, pour exécuter sa vengeance, en punissant celui qui fait de
mauvaises actions."En quatrième lieu, il faut considérer l’utilité,
à ces mots (verset 4) : "[Il y suscitera en son temps] un prince pour
le gouverner utilement." Celui qui gouverne est utile pour les trois
fins suivantes : Il est comme Joseph ; (Ecclésiastique, XLIX, 15) : "Le
prince de ses frères" afin de soutenir sa nation par sa puissance ;
(Isaïe XIX, 4) : "Un roi puissant les dominera, etc.". Le
gouverneur de ses frères, en les dirigeant par sa sagesse ; (Isaïe
XXXII, 8) : "Le prince aura des pensées dignes d’un prince,
etc.;" (Ecclésiastique, X, 24) : "Celui qui conduit ses
frères est parmi eux en honneur. Le ferme appui de son peuple," afin
de réprimer les injustes par la justice ; (Psaume XVII, 28) : "Vous
sauverez le peuple qui est humble, et vous humilierez les yeux des superbes, etc." Ainsi l’on voit la matière de
ces épîtres destinées à l’institution des conducteurs du peuple fidèle. Les
uns sont chargés des choses spirituelles, ce sont les chefs des Eglises
auxquels l’Apôtre s’adresse d’abord. Les autres s’occupent des choses
temporelles. Paul leur fait ses recommandations dans l'Epître à Philémon. Les
trois autres épîtres concernent les premières, et répondent aux trois devoirs
de la charge des chefs : le premier, de gouverner le peuple; le second, de
souffrir pour le peuple qui leur est confié; le troisième, de réprimer les
méchants. Il traite du premier dans la première Epître à Timothée; du second
dans la seconde Epître, aussi à Timothée, où il parle du martyre; du
troisième dans l’Epître à Tite, où il enseigne et explique comment le pasteur
doit éviter les hérétiques. Tout ceci se vérifiera dans l’exposition de ces
Epîtres. |
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Prooemium |
PROLOGUE A LA SECONDE ÉPÎTRE A TIMOTHÉE |
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[87899]
Super II Tim., pr. Nocte et
die aestu urebar et gelu, et
cetera. Gen. XXXI, 40. Verba sunt Iacob ostendentis et commendantis curam
pastoralem, ac pastorale officium, in quibus, circa hoc officium, tria
ponuntur, scilicet assiduitas, patientia, sollicitudo. Primum est, quia sine
intermissione debet curam gregis gerere. Unde dicit nocte et die. Nocte orando, die erudiendo. Is. XXI, 8 : super
speculam domini ego sum stans iugiter per diem, et super custodiam ego sum
stans totis noctibus. Vel per diem, id est, tempore prosperitatis; et per
noctem, id est, tempore adversitatis, in quibus praelatus debet respicere
curam gregis. II Cor. VI, 7 : per
arma iustitiae a dextris et a sinistris. Prov. XVII, 17 : omni tempore
diligit, qui amicus est. Secundum
est, quia maxime praelato patientia necessaria est. Debet enim praelatus propter gregis salutem,
omnia sustinere. Io. c. X, 11 : bonus pastor animam suam dat pro ovibus
suis. Prov. XIX, 11 : doctrina
viri per patientiam noscitur. Unde dicit aestu, id est fervore
instantis persecutionis. Iac. I, 11 : exortus est sol cum ardore, et
arefecit foenum. Gelu, id est, timore futurorum. II Cor. VII, 5 : foris
pugnae, intus timores. Tertium
est, quia praeest in sollicitudine, ut dicitur Rom. XII, 8. Et hoc expellit
somnum negligentiae. Unde subditur Gen. XXXI, v. 41 : fugiebatque somnus
ab oculis meis. Prov. VI, 3 : discurre, festina, suscita amicum tuum,
ne des oculis tuis somnum. Recte
ergo haec verba materiae huius epistolae conveniunt. In prima enim instruit
eum de ordinatione ecclesiastica. In hac autem secunda agit de sollicitudine
tanta pastorali, ut etiam martyrium sustineat pro cura gregis, ut patet in
prologo. |
"J’étais brûlé par la
chaleur pendant le jour, Pendant la nuit transi de froid, [et le sommeil
fuyait de mes yeux]." (Gen., XXXI, 40). Ce sont là les paroles de Jacob, qui fait sentir et relève la charge et les travaux du pasteur. Nous pouvons remarquer, dans l’exercice de cette charge trois qualités : l’assiduité, la patience, la vigilance. Le premier de ces devoirs est de veiller sans relâche à la garde du troupeau. C’est ce qui lui fait dire : "Nuit et jour;" pendant la nuit, en priant, pendant le jour, en enseignant (Isaïe XXI, 8) : "Sur la tour de guet du Seigneur, je me tiens, tout le jour, à mon poste de garde, et j’y passe les nuits entières." Ou bien encore "Pendant le jour" c’est-à-dire au temps de la prospérité "et pendant la nuit," c’est-à-dire au temps de l’adversité pendant lequel le chef spirituel ne doit pas perdre de vue le soin du troupeau (2 Co VI, 7) : "Avec les armes de la justice [pour combattre] à droite et à gauche;" (Proverbes XVII, 17) : "Celui qui aime, aime en tout temps. " Le second devoir est la
patience si nécessaire au chef spirituel, car le pasteur doit tout souffrir
pour le salut du troupeau (Jean, X, 11) : "Le bon pasteur donne sa
vie pour ses brebis;" (Prov., XIX, 11) : "La science d’un
homme se reconnaît à sa patience." C’est ce qui fait dire à Jacob : "Pendant
la chaleur," c’est-à-dire au feu de la persécution menaçante
(Jacques I, 11) : "Au lever d’un soleil brûlant, l’herbe se sèche, [la
fleur tombe et perd toute sa beauté]." " Pendant le froid,"
c’est-à-dire dans la crainte des maux à venir (2 Co VII, 5) : "Des combats
au dehors, des frayeurs au dedans." Le troisième devoir est la
vigilance, car elle est essentielle dans le souci [d’autrui], ainsi qu’il est
dit en Rom., XII, 8 : Car là est condamné le sommeil de la négligence ;
de là les paroles qui suivent (Gen., XXXI, 40) : "Et le sommeil
fuyait mes yeux" (Proverbes VI, 3) : "Courez de tous côtés;
hâtez-vous, et réveillez votre ami. Ne laissez pas aller vos yeux au
sommeil." Les paroles de Jacob s’appliquent donc avec justesse à l’objet de cette Epître. Car dans la première l’Apôtre a instruit Timothée de l’organisation de l'Eglise ; dans cette seconde, il traite de la sollicitude pastorale, qui doit être si grande, qu’elle supporte même le martyre pour la garde du troupeau, comme il apparaît dans ce prologue. |
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Caput 1 |
CHAPITRE 1 — S'adonner à la prédication |
Lectio 1 |
Leçon 1 — 2 Timothée I, 1-2 : Salutations |
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SOMMAIRE
: Paul salue son cher Timothée. Il souhaite que Dieu lui donne, par Notre
Seigneur Jésus-Christ, la grâce et la paix. |
[1] Paulus apostolus
Christi Iesu per voluntatem Dei secundum promissionem vitae quae est in
Christo Iesu [2] Timotheo
carissimo filio gratia misericordia pax a Deo Patre et Christo Iesu Domino
nostro [3] gratias ago |
1. Paul, apôtre de Jésus-christ, par la
volonté de Dieu, selon la promesse de la vie que nous avons dans le Christ
Jésus 2. A Timothée, son fils bien-aimé, que Dieu
le Père et Jésus-Christ Notre Seigneur vous donnent la grâce, la miséricorde
et la paix. |
[87900] Super II Tim., cap. 1 l. 1 Dividitur autem haec epistola in
salutationem, et narrationem. Secunda ibi gratias ago.
Item primo ponitur persona
salutans; secundo persona salutata; tertio bona optata. Persona
salutans describitur ex nomine Paulus, quod sonat modicitatem, quod ei
competit propter humilitatem mentis et tribulationem, quae faciunt hominem
parvum. In tantum quod Christus dicitur minoratus propter passiones. Hebr.
II, 9 : eum qui in modico ab Angelis minoratus est, et cetera. Item ex dignitate, quam, primo ponit, secundo
dignitatis originem, tertio fructum. Dignitas
est magna, quia est apostolus Iesu Christi, id est, missus a Christo. Lc. VI, v. 13 : elegit duodecim ex ipsis,
quos etiam apostolos nominavit. Hanc
dignitatem adeptus est, quia plus omnibus laboravit, I Cor. c. XV, 10 et Gal.
II, 8 : qui operatus est Petro in apostolatum circumcisionis, operatus est
et mihi inter gentes. Origo
apostolatus est voluntas Dei, unde dicit per voluntatem Dei, quam
quidam praeveniunt, quia se ingerunt; contra quos dicitur Hebr. V, 4 : nemo assumit sibi honorem, sed
qui vocatur a Deo tamquam Aaron. Item
quidam permittuntur propter peccata populi. Iob XXXIV, 30 : qui regnare
facit hominem hypocritam propter peccata populi. Sed hoc est per voluntatem Dei, quod
dicit, quia non per voluntatem suam. Fructus autem non est aliquid terrenum, sed secundum
promissionem vitae, quae est, etc., id est, ad consequendam vitam
aeternam promissam a Christo. Hic debet esse finis praelatorum. I Cor. IX, 25
: illi quidem ut corruptibilem coronam accipiant, nos autem incorruptam.
Dan. XII, 3 : qui ad iustitiam erudiunt multos, quasi stellae in perpetuas
aeternitates. Persona
salutata est Timotheus filius eius ab eo conversus, Act. XVI, 1. Charissimus,
quia sibi unanimis. Phil. II, 20 : neminem habeo tam unanimem, et
cetera. Bona
optata sunt tria, scilicet gratia, per quam est remissio peccatorum; misericordia,
per quam consequimur finale bonum; pax, Glossa : id est,
tranquillitas mentis, haec competit praelato, qui ad hoc ponitur ut pacem
procuret. Io. dixit dominus : pax vobis; et praecepit intrantibus
domum pacem offerre, ut habetur Matth. X, v. 12. Et hoc a Deo patre,
qui est dator omnis boni Iac. I, 5. Item a Iesu Christo, qui est
mediator inquantum homo Dei et hominum. II Petr. I, 4 : per quem maxima
nobis et pretiosa promissa donavit. |
Cette Epître se divise en salutation et en [second traité] (verset 3) : "Je rends grâces à Dieu, etc." L’Apôtre indique I° la personne qui salue ; II° celle à qui s’adresse la salutation ; III° les biens qu’il souhaite. I° La personne qui salue est désignée par son nom : "Paul," nom qui exprime la faiblesse, résultant pour l’Apôtre de son humilité et de ses tribulations, double motif d’abaissement pour l’homme ; à tel point que l’on a dit que Jésus-Christ a été abaissé, à cause de ses souffrances ; (Hébr., II, 9) : "[Nous voyons que] Jésus, qui avait été rendu, pour un peu de temps, inférieur aux anges, etc." Ensuite par sa dignité, qu’il énonce d’abord, dont il dit en second lieu l’origine, puis enfin les effets. I. La dignité de Paul est grande,
car il est "Apôtre de Jésus-Christ," c’est-à-dire, envoyé
par lui (Luc, VI, 13) : "Il choisit douze d’entre ses disciples,
qu’il nomma Apôtres." Or, cette dignité, il l’a acquise, parce qu’il
a plus travaillé que tous les autres (1 Co XV, 10) et (Galat., II, 8) : "Celui
qui a agi [efficacement] en Pierre pour le rendre apôtre des circoncis, a
aussi agi [efficacement] en moi pour me rendre Apôtre des Gentils." II. L’origine de l’apostolat, c’est la volonté de Dieu ; c’est pour cela que Paul dit (verset 1) : "Par la volonté de Dieu," que quelques-uns préviennent, en s’ingérant ; mais c’est contre eux qu’il est dit (Hébr., V, 4) : "Et nul ne s’attribue à soi-même cet honneur, mais il faut y être appelé de Dieu comme Aaron." D’autres sont tolérés, à cause des péchés du peuple (Job, XXXIV, 30) : "C’est lui qui fait régner l’homme hypocrite, à cause des péchés du peuple." Tandis qu’ici, l’apostolat est fondé sur la volonté de Dieu, et Paul le fait remarquer quand il dit que ce n’est pas par sa propre volonté. III. L’effet de sa dignité, ce
n’est pas quelque chose de terrestre, mais (verset 1) : "C’est pour
la promesse de la vie qui est en Jésus-Christ," c’est-à-dire afin
d’obtenir la vie éternelle promise par Jésus-Christ. Car ce doit être la fin
que se proposent les pasteurs (1 Co IX, 25) : "Et cependant, pour
eux, il s’agit de gagner une couronne corruptible, mais nous, nous en
attendons une incorruptible;" (Daniel, XII, 3) : "qui auront
enseigné à beaucoup la voie de la justice, luiront comme des étoiles dans
toute l’éternité." II° La personne à qui s’adresse
la salutation, est Timothée, son fils, converti par lui (Actes XVI, 1) :
"Fils très cher," car il lui était parfaitement uni de sentiment
(Philipp., II, 20) : "Je n’ai personne qui me soit autant que lui,
uni [d’esprit et de cœur]." III° Les biens souhaités par Paul, sont de trois sortes, à savoir, "la grâce," par laquelle nous obtenons la rémission de nos péchés; (verset 2) : "la miséricorde," par laquelle nous parvenons à notre bien suprême ; "et la paix," qui est, dit la Glose, la tranquillité de l’âme. Ces dons conviennent au chef spirituel, qui est établi pour procurer la paix. En Jean [(XX, 19)] le Seigneur dit : "La paix soit avec vous;" de plus, il ordonne à ses apôtres, lors qu’ils entrent dans une maison, [de la saluer et] d’offrir la paix, [en disant : "La paix soit avec vous,"] ainsi qu’il est dit en Matthieu (X, 12) : Que ces dons [vous soient départis] "par Dieu le Père," de qui procède tout bien (Jacq., I, 5) et aussi par "Jésus-Christ Notre Seigneur," qui en tant qu’homme est médiateur entre Dieu et les hommes (II Pierre, I, 4) : "Il vous a ainsi communiqué les grandes et précieuses grâces qu’il avait promises." |
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Lectio 2 |
Leçon 2 — 2 Timothée I, 3-5 : Communion de Paul avec Timothée |
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SOMMAIRE : Paul dit à Timothée qu’il se souvient de lui dans ses prières, l’assurant de la plus vive affection, produite dans le coeur de l’Apôtre par les larmes et la foi de son disciple. |
[3] gratias ago Deo cui servio a progenitoribus in
conscientia pura quam sine intermissione habeam tui memoriam in orationibus
meis nocte ac die [4] desiderans te videre memor lacrimarum tuarum ut
gaudio implear [5] recordationem
accipiens eius fidei quae est in te non ficta quae et habitavit primum in
avia tua Loide et matre tua Eunice certus sum autem quod et in te |
3. Je rends grâces à Dieu que mes ancêtres
ont servi, et que je sers avec une conscience pure, de ce que nuit et jour
vous m’êtes continuellement présent à l’esprit dans mes prières ; 4. Car me représentant vos larmes, je désire
vous voir, afin d’être rempli de joie, 5. Dans le souvenir que j’ai de cette foi sincère qui est en vous, qu’a eue premièrement Loïde votre aïeule et Eunice votre mère, et que je suis très persuadé que vous avez aussi. |
[87901] Super II Tim., cap. 1 l. 2 Hic incipit epistolaris narratio, in qua primo
munit eum contra praesentes persecutiones; secundo contra futura pericula
Ecclesiae, III cap., ibi hoc autem scito. Item primo inducit ad
instantiam praedicationis, quae tunc erat causa et occasio persecutionis;
secundo hortatur ad sustinendas tribulationes propter Christum, ibi tu
ergo, etc., c. II. Item primo commemorat bona ipsius Timothei; secundo
hortatur eum ad usum horum bonorum per instantiam praedicationis, ibi per
quam, etc.; tertio ponit se in exemplum, ibi in quo positus sum ego
praedicator et apostolus et magister, et cetera. Item primo
ponit affectum quem habebat ad Timotheum; secundo ponit bona huius, quae
provocabant eum ad huiusmodi affectum, ibi memor. Affectus
ostenditur per duo, scilicet per orationem et desiderium. Et ideo gratias
agit Deo de affectu quem habet ad Timotheum, quia est charitatis, et charitas
est principale donum; quasi dicat : reputo me gratiam consecutum, quod sic
sincerum affectum habeo ad te. Et dicit Deo
meo, cui, specialiter, servio a progenitoribus meis, non a
parentibus carnalibus, quia I Tim. I, 15 : Christus venit peccatores
salvos facere, quorum primus ego sum; sed servitio derivato a
progenitoribus meis, scilicet patriarchis et prophetis, qui Deo sincere
servierunt. Et dicitur, a progenitoribus, quia filii facilius
imitantur perfectionem paternam, tum quia instruuntur ab eis, ut Tobias, tum
quia etiam facilius imitantur amicos. Et quomodo
servio ei ? In conscientia pura; quia, ut habetur Habacuc I, v. 13, mundi
sunt oculi tui, domine, ne videant malum, et respicere ad iniquitatem non
poteris; II Cor. I, 12 : gloria nostra haec est, testimonium conscientiae
nostrae. De quo agit gratias, quia sine intermissione, sive die
prosperitatis, sive nocte adversitatis oro pro te. Item ex
desiderio; ideo dicit desiderans te videre, scilicet propter
consolationem utriusque. Rom. I, 11 : desidero enim videre vos, et
cetera. Deinde cum dicit memor, ostendit bona,
quae erant in Timotheo. Et primo commemorat affectum eius ad se; secundo
fidem ad Deum, ibi recordationem. Dicit ergo memor lacrymarum, quas scilicet
Timotheus effudit quando discessit Ephesum ab eo, paratus ad martyrium. Vel lacrymarum
quas fudit in orationibus. Et hoc ut gaudio implear, id est, haec
memoria replet me gaudio. Phil. II, 2 : implete gaudium meum, et
cetera. Item memor fidei ad Deum. Fidem
eius primo commemorat; secundo ostendit eam a parentibus derivatam, et non
novitiam. Dicit ergo recordationem, et cetera. Fides necessaria est praelato, qui est fidei
custos. Hebr. c. XI, 6 : sine fide impossibile est placere Deo. Et
dicit non ficta, vera enim per opera bona est. Iac. II, 18 : ostende
mihi sine operibus fidem tuam, et ego ostendam tibi ex operibus fidem meam.
I Tim. I, 5 : finis praecepti est charitas, et cetera. Sap. I, 5 : effugiet
fictum, et cetera. Et haec non nova, sed habitavit primum in avia tua
Loide, et cetera. Act. XVI, 1 dicitur quod fuit filius mulieris Iudaeae. Certus
autem, vel per revelationem, vel per indicia, quod et in te. |
Ici commence le traité
épistolaire, dans lequel Paul prémunit d’abord Timothée contre les
persécutions présentes ; ensuite contre les futurs dangers de l’Eglise, (III,
1) : "Or, sachez [que dans les derniers jours], etc."
Premièrement donc, il l’engage à s’adonner à la prédication qui était alors
et la cause et l’occasion de la persécution ; secondement, il l’exhorte à
supporter les tribulations pour Jésus-Christ (II, 4) : "Fortifiez-vous
donc, etc." Il rappelle d’abord ce qu’il y avait de bien dans
Timothée ; il le presse ensuite de faire usage de ces dons pour s’employer
davantage à la prédication (verset 6) : "C’est pourquoi [je vous
avertis], etc.;" enfin il lui propose son propre exemple (verset 11)
: "C’est pour cela que j’ai été établi prédicateur, apôtre et maître,
etc." Sur le premier de ces points, il exprime : I°
l’affection qu’il a pour Timothée ; II° les bonnes qualités qui provoquaient dans
l’Apôtre cette affection à l’égard de son disciple (verset 4) : "En
me représentant [vos larmes], etc." I° L’affection se manifeste par
deux témoignages, à savoir, la prière et le désir. Aussi Paul (verset 3) : "rend
grâces à Dieu" de l’affection qu’il ressent pour Timothée, parce
qu’[en lui] elle procède de la charité, et que la charité est le premier des
dons. Comme s’il disait : J’ai confiance d’avoir reçu la grâce, puisque
j’éprouve pour vous une affection aussi sincère. Il dit (verset 3) : "A
mon Dieu, que mes ancêtres ont servi," non pas ses parents selon la
chair, car (I Timothée I, 15) : "Jésus-Christ est venu [dans le
monde] pour sauver les pécheurs, entre lesquels je suis le premier,"
mais d’un service reçu de mes ancêtres, c’est-à-dire les patriarches et les
prophètes, qui ont servi Dieu sincèrement. Il dit : "Mes
ancêtres," car les enfants imitent avec plus de facilité les
qualités de leurs pères, d’abord parce qu’ils reçoivent d’eux l’instruction,
comme nous le voyons dans Tobie ; ensuite parce qu’ils suivent plus aisément
ceux qui son leurs amis. Et comment est-ce que je le sers ? (verset 3) : "Dans
une conscience pure," parce que comme il est dit au prophète Habacuc
(I, 13) : "Seigneur, vos yeux sont trop purs pour souffrir le mal;
vous ne pouvez souffrir l’iniquité sous votre regard" (2 Co I, 12) :
"Ce qui fait notre gloire, c’est ce témoignage de notre
conscience." Et de quoi rend-il grâces ? (verset 3) : "De ce
que nuit et jour, soit au jour de la prospérité, soit dans la nuit de
l’adversité, je prie pour vous, (verset 3)." En second
lieu, [il manifeste] son désir [à l’égard de Timothée]. Il dit donc (verset
4) : "Je désire vous voir," à savoir pour leur consolation
mutuelle. (Rom., I, 11) : "J’ai grand désir de vous voir." II° Quand l’Apôtre ajoute (verset
4) : "Et me représentant [vos larmes]," il rappelle les
bonnes qualités de son disciple : I. L’attachement de Timothée pour lui ; II.
sa foi en Dieu (verset 5) : "Dans le souvenir [de cette foi sincère],
etc." I. Il dit donc (verset 4) : "Et me représentant vos larmes," c’est-à-dire les larmes que versa Timothée, au moment où l’Apôtre, quittant Ephèse, se sépara de lui, le laissa tout préparé au martyre ; ou encore des larmes qu’il répandit dans la prière. Et "[c’est pour cela que je désire vous voir], afin d’être rempli de joie," c’est-à-dire, ce souvenir me comble de joie (Philipp., II, 2) : "Rendez ma joie pleine et entière, etc." II. L’Apôtre se souvient aussi de la foi de Timothée en Dieu. Et d’abord il rappelle cette foi, ensuite il remarque qu’elle lui est venue de ses parents, et qu’elle n’est pas nouvelle. Il dit donc (verset 5) : "J’ai le souvenir [de cette foi sincère qui est en vous]." La foi est nécessaire au premier pasteur, qui est le gardien de cette foi (Hébr., XI, 6) : "Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu." Paul dit : "Dans laquelle il n’y a rien de feint." Car la foi véritable se fait reconnaître par ses bonnes œuvres ; (Jacques II, 18) : "Montrez-moi votre foi qui est sans oeuvres et moi je vous montrerai ma foi par mes oeuvres;" (I Timothée I, 5) : "Cette règle a pour but la charité [qui naît d’un coeur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère];" (Sag., I, 5) : "[L’Esprit-Saint qui est la science], fuit l’astuce." Et cette foi n’est pas nouvelle, mais (verset 5) : « Elle vivait d’abord en Loïde votre aïeule, etc » Au chap. XVI, 1 des Actes il est dit de Timothée qu’il était fils d’une mère juive. (verset 5) : "Or, je suis certain, soit par révélation, soit par d’autres indices, qu’elle est aussi en vous." |
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Lectio 3 |
Leçon 3 — 2 Timothée I, 6-10 : Faire usage de la grâce dans l'apostolat |
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SOMMAIRE : Paul exhorte Timothée à faire bon usage des dons gratuits de Dieu, surtout en annonçant l’Evangile; il lui recommande en même temps de ne pas interrompre ce ministère par modestie. |
[6] propter quam causam admoneo te ut resuscites
gratiam Dei quae est in te per inpositionem manuum mearum [7] non enim dedit nobis Deus spiritum timoris sed
virtutis et dilectionis et sobrietatis [8] noli itaque erubescere testimonium Domini nostri neque me
vinctum eius sed conlabora evangelio secundum virtutem Dei [9] qui nos liberavit et vocavit vocatione sancta non secundum
opera nostra sed secundum propositum suum et gratiam quae data est nobis in
Christo Iesu ante tempora saecularia [10] manifestata est autem nunc per
inluminationem salvatoris nostri Iesu Christi qui destruxit quidem mortem
inluminavit autem vitam et incorruptionem per evangelium |
6. C’est pourquoi je vous avertis de
rallumer ce feu de la grâce de Dieu, que vous avez reçue par l’imposition des
mains. 7. Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de
timidité, mais un esprit de courage, d’amour et de sagesse. 8. Ne rougissez donc pas de Notre Seigneur
que vous devez confesser, ni de moi qui suis son captif mais souffrez avec
moi pour l’Evangile, selon la force de Dieu, 9. Qui nous a sauvés, et nous a appelés par
sa vocation sainte, non selon nos oeuvres, mais selon le décret de sa
volonté, et selon la grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant
tous les siècles ; 10. Et qui a paru maintenant par l'avènement de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort, et nous a découvert, par l’Evangile, la vie et l’incorruptibilité. |
[87902]
Super II Tim., cap. 1 l. 3 Supra commendavit eum de bonis gratuitis, hic
hortatur ad usum gratuitorum sibi datorum, praecipue in praedicatione
Evangelii. Et primo monet generaliter ad usum datae sibi gratiae; secundo
specificat qualis sit usus gratiae, ibi noli itaque erubescere. Item
primo, ponit monitionem; secundo eius rationem, ibi non enim dedit nobis.
Dicit ergo : fides non ficta, in matre et avia et in te est, propter quam
causam admoneo te. Gratia Dei est sicut ignis qui quando obtegitur
cinere, non lucet : sic gratia obtegitur in homine per torporem, vel humanum
timorem. Unde et Timotheus effectus pusillanimis, torpuerat circa
praedicationem. Et ideo dicit ut resuscites gratiam sopitam. I Thess.
V, 19 : spiritum nolite extinguere. Et addit quae est in te per
impositionem manuum mearum, a quo scilicet ordinatus erat episcopus. In
qua manus impositione data est ei gratia spiritus sancti. Deinde cum
dicit non enim, ponitur ratio monitionis, et sumitur ex conditione
divinorum munerum. Qui enim accipit munus, debet operari secundum
congruentiam muneris; ergo secundum conditionem divinorum munerum debemus Deo
servire. Est autem duplex spiritus, huius mundi, et Dei. Et horum distinctio
est : spiritus enim significat amorem, quia nomen spiritus impulsionem
importat, et amor impellit. Duplex autem est amor, scilicet Dei, et hic est
per spiritum Dei, et amor mundi, et hic est per spiritum mundi. I Cor. II, 12
: non enim accepimus spiritum huius mundi, et cetera. Spiritus
autem mundi facit amare bona mundi, et timere mala temporalia; et ideo dicit non
enim dedit nobis Deus spiritum timoris, scilicet mundani, quia hunc Deus
aufert a nobis. Matth. X, 28 : nolite timere eos, qui occidunt corpus,
et cetera. Est alius spiritus timoris domini et sanctus, et iste facit, ut
timeatur Deus; hic autem est sine poena et sine offensa, et hic est a Deo.
Matth. X, 28 : timete eum, qui potest et animam et corpus perdere in
Gehennam. Et addit sed virtutis, quia per spiritum sanctum
dirigimur in malis, et hoc per virtutem, scilicet fortitudinis contra adversa
mundi. Lc. c. ult. : sedete
in civitate donec induamini virtute ex alto. Item dirigimur in bonis, quia quantum ad
affectionem ordinamur per dilectionem charitatis, dum quis omnia quae
diligit, refert in Deum. Unde dicit
et dilectionis. I Io. III, 14 : qui non diligit, manet in morte.
Item quantum ad bona exteriora; et ideo dicit et sobrietatis, id est,
omnis temperantiae, servando debitum modum et mensuram ut scilicet temperate
utamur bonis mundi. Tit. II, 12 : sobrie et iuste et pie vivamus in hoc
saeculo. I Tim. c. III,
2 : oportet episcopum esse irreprehensibilem, unius uxoris virum, sobrium.
Deinde cum dicit noli, specificat usum
gratiae; et primo excludit contraria huic usui; secundo hortatur ad usum
gratiae, ibi sed collabora. A solita
autem praedicatione poterat impediri propter duo. Primo per erubescentiam,
secundo ex poena apostoli, quam patiebatur propter Evangelium. Et ideo,
quantum ad primum, dicit noli itaque, scilicet ex quo habes spiritum
fortitudinis, erubescere, et cetera. Praedicatio enim Christi, si referatur ad
sapientiam mundi, videbatur stulta, unde erubescentiam habere videbatur. I
Cor. I, 23 : nos praedicamus Christum crucifixum, Iudaeis quidem
scandalum, gentibus autem stultitiam. Rom. I, 16 : non enim erubesco
Evangelium. Lc. IX, 26 : qui me erubuerit et meos sermones, hunc filius
hominis erubescet. Quantum ad
secundum sciendum est, quod si latro videt aliquem suspensum, erubescit se
confiteri socium eius. Sic
quia apostolus erat vinctus, poterat eum Timotheus erubescere; et ideo dicit neque
me vinctum eius. Eph.
VI, v. 20 : pro quo legatione fungor in catena. Eccli. IV, 27 : ne
reverearis proximum tuum in casu suo. Deinde cum dicit sed collabora, hortatur
ad usum gratiae; et primo in generali; secundo ostendit ex qua fiducia hunc
usum aggrediatur, ibi secundum virtutem. Hic manifestat
quod dicit sed collabora, ibi non secundum, et cetera. Dicit ergo : ne erubescas, sed collabora,
id est, simul mecum labora. I Cor. c. III, 8 : unusquisque propriam
mercedem accipiet. Et dicit Evangelio, quod potest esse ablativi
casus, et sic in Evangelio praedicando; dativi casus, et sic ad laudem
Evangelii, ut scilicet crescat. Sap. III, 15 : bonorum laborum gloriosus
est fructus, et cetera. Et hoc cum
fiducia, non propria, quia non sufficientes sumus cogitare aliquid a nobis
quasi ex nobis, etc.; sed secundum Dei virtutem, id est, habendo
fiduciam de virtute Dei. Is. XL, 29 : qui
dat lasso virtutem, et his qui non sunt, fortitudinem et robur multiplicat.
Haec
virtus manifestatur per duo, scilicet quantum ad affectum, quia liberamur a
malis; et ideo dicit qui nos liberavit. I Esdr. VIII, v. 31 : liberavit
nos de manu inimici et insidiatoris in via. Io. VIII, 36 : si filius
vos liberavit. Et quantum
ad hoc quod vocat nos ad bona. Unde sequitur et vocat vocatione sua sancta,
quia vocavit ad sanctificandum. Rom. VIII, 30 : quos praedestinavit, hos
et vocavit. I Petr. II, 9 : qui de tenebris nos vocavit in admirabile
lumen suum. Et
manifestat quaedam quae dicit, dicens non secundum opera nostra; ubi
ostendit, quod per virtutem Dei liberati et vocati sumus, non per humanam. Et
primo ostendit causam vocationis nostrae et liberationis esse a Deo; secundo
processum causae, ibi quae data est etiam; tertio commendat datorem
causae, scilicet gratiae, et eius conservatorem, ibi qui destruxit. Dicit ergo
: vocavit non per nostram virtutem, quia scilicet non per opera nostra, quae
sunt effectus virtutis. Tit. III, v. 5 : non ex operibus iustitiae quae
fecimus nos, sed secundum suam misericordiam salvos nos fecit. Est autem
duplex causa humanae salutis, quae est a Deo. Una est aeterna, scilicet eius
praedestinatio; alia est temporalis, scilicet gratia iustificans. Quantum ad
primum dicit secundum propositum, id est, praedestinationem, quae est
propositum miserendi. Eph. I, 11 : operatur omnia secundum propositum
voluntatis suae. Rom. VIII, 28 : his qui secundum propositum vocati
sunt sancti. Quantum ad secundum dicit et gratiam. Rom. III, 24 : iustificati gratis per
gratiam ipsius. Circa
processum gratiae primo ostendit quomodo est praeparata gratia; secundo quomodo
collata; tertio per quem. Primum ostendit, cum dicit quae data est nobis
in Christo Iesu, id est, praevisa est nobis dari ante tempora
saecularia. Sicut dicit philosophus, saeculum nihil aliud est quam
mensura durationis aliquarum rerum; unde diversa saecula, diversae sunt
aetates hominum. Unde unum
saeculum durat mille annis, quia homo dicitur vivere quamdiu est in memoria
hominum, quae non excedit mille annos. Tempora ergo saecularia sunt quae
mensurant res mutabiles, et haec incoeperunt cum mundo sed praedestinatio est
ante mundum. Eph. I, 4 : elegit nos in ipso ante constitutionem mundi.
Et dicit in
Christo Iesu, quia non sumus electi sic, ut salvemur propriis meritis,
sed per gratiam Christi; quia sicut praedestinavit salutem nostram, ita modum
salutis nostrae. Io. I, 17 : gratia et veritas per Iesum Christum facta
est. Sed haec
praedestinatio prius erat occulta, sed nunc est manifesta. Et quomodo ? Sicut
conceptus cordis per opera; unde nunc in effectu operis, suis electis
manifestavit per illuminationem. Proprie loquitur; manifestare enim
est in lucem ducere. Iob XXVIII, 11 : abscondita produxit in lucem.
Sic ergo manifestata est nunc, etc., per hoc quod misit Christum nos
illuminantem. Is. LX, 1 : surge, illuminare, Ierusalem, quia venit lumen
tuum. Lc. I, 79 : illuminare his, qui in tenebris et in umbra mortis
sedent. Deinde cum
dicit qui destruxit, commendat Christum illuminatorem; et primo eius
virtutem quantum ad mala quae abstulit; secundo quantum ad bona quae
contulit. Dicit ergo
Christus, propter hoc, quod pro nobis passus est, destruxit mortem,
id est, satisfecit Deo pro peccatis nostris. I Petr. III, v. 18 : Christus
semel pro peccatis nostris mortuus est, et cetera. Et peccatum erat causa
nostrae mortis corporalis. Rom. VI, 23 : stipendia enim peccati mors;
et ideo destruendo peccatum, destruxit mortem. Os. XIII, 14 : ero mors tua, o mors, et
cetera. Contulit
etiam perfecta bona, primo animae in praesenti, per gratiam fidei. Abac. II,
v. 4 : iustus meus ex fide vivit. Et est imperfecta in hac vita, sed
perficietur in gloria. Io. XVII, 3 : haec est vita aeterna, ut cognoscant
te. Secundo immortalitatem carnis resultantem ex gloria animae. I Cor.
XV, 53 : oportet corruptibile hoc induere incorruptionem, et cetera.
Io. X, 10 : ego veni ut vitam habeant, scilicet iam per gratiam, et
abundantius habeant, scilicet per gloriam in futuro; item ibidem XI, 26 :
omnis qui vivit et credit in me, non morietur in aeternum. |
L’Apôtre, dans ce qui précède,
a loué son disciple des dons gratuits [qu’il a reçus] ; il l’exhorte ici à
faire un bon usage de ces mêmes dons, principalement dans la prédication de
l’Evangile. Et d’abord il lui recommande en termes généraux de veiller à
l’usage des grâces qui lui sont données ; ensuite il explique d’une manière spéciale
quel doit être l’usage de ces grâces (verset 8) : "Ne rougissez donc
pas [de Notre Seigneur Jésus-Christ]." Il donne donc d’abord
l’avertissement, ensuite il le justifie : « il ne nous a pas
donné ». Il dit donc : il y a en vous, en votre mère et en votre
aïeule une foi véritable, « et c’est la raison pour laquelle je vous
avertis ». La grâce de Dieu est comme un feu qui, quand il est
enfoui sous la cendre, ne brille pas ; ainsi la grâce est voilée, chez
l’homme, par sa tiédeur ou sa crainte humaine. C’est ainsi que Timothée,
devenu pusillanime, était un peu indolent en ce qui regardait la prédication.
Et donc il dit : « pour rallumer ce feu de la grâce » ;
(1 Thess. V, 19) : « N’éteignez pas l’Esprit » et il ajoute
: « que vous avez reçue par
l’imposition des mains. », c'est-à-dire [des mains] par lesquelles il
avait été ordonné évêque. C’est dans cette imposition des mains que lui a été
donnée la grâce de l’Esprit Saint. Ensuite, quand il dit : « car [Dieu] ne nous a pas [donné],
etc… », il justifie son avertissement et il le fait à partir de la
qualité des dons divins. En effet, celui qui reçoit un don se doit d’agir en
conformité avec ce don ; donc nous devons servir Dieu en fonction de la
qualité de ses dons. Or l’esprit est double : celui du monde, et celui de Dieu ; la
différence entre ces deux esprits, c’est que l’esprit donne sens à l’amour,
parce que le nom d’esprit comporte une impulsion, et l’amour est une
impulsion. Or l’amour est double : celui de Dieu – celui qui nous est donné
par l’esprit de Dieu – et l’amour du monde – celui qui nous vient de l’esprit
du monde ; (1 Cor II, 12) : « Nous avons reçu en effet non pas
l’esprit du monde, etc… » L’esprit du monde fait aimer
les biens du monde et craindre les maux du temps. L’Apôtre dit donc (verset
7) : "Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité," c’est-à-dire
de crainte du monde ; Dieu enlève cet esprit de nos coeurs (Mt X, 28) : "Ne
craignez pas ceux qui tuent le corps, etc." Il y a aussi un autre
esprit de crainte que celui de la crainte du Seigneur. Cet esprit est saint ;
il fait en sorte que nous craignions Dieu. Cet esprit n’a rien de
répréhensible ; car il vient de Dieu. (Mt X, 28) : "Craignez plutôt
celui qui peut perdre dans l’enfer et le corps et l’âme." Aussi
l’Apôtre ajoute-t-il (verset 7) : "Mais un esprit de courage." Car
l’Esprit-Saint nous dirige dans l’épreuve et cela par la vertu, à savoir par
la vertu de force contre les persécutions du monde (Luc, XXIV, 49) : "Cependant
tenez-vous dans la ville (de Jérusalem) jusqu’à ce que vous soyez revêtus de
la force d’en haut." Il nous dirige aussi dans le bien en réglant
nos affections par l’amour de charité et en nous faisant rapporter à Dieu
tout ce qui est l’objet de cet amour. C'est ce qui fait dire à Paul (verset
7) : "Et d’amour" (I Jean, III, 44) : "Celui qui
n’aime pas demeure dans la mort." Il nous dirige même par rapport
aux biens extérieurs, aussi l’Apôtre ajoute-t-il (verset 7) : "Et de
sagesse," c’est-à-dire d’une tempérance parfaite, qui nous fait
garder en tout la mesure et la règle convenables, en sorte que nous usons
avec modération des biens du monde. (Tite, II, 12) : "Nous devons
vivre dans ce siècle avec tempérance, avec justice et avec piété." (Timothée
III, 2) : "Il faut que l’évêque soit irrépréhensible, qu’il n’ait été
marié qu’une fois, qu’il soit sobre, etc." II° Quand il dit ensuite (verset 8) : "Ne rougissez pas [de Notre Seigneur Jésus-Christ]," l’Apôtre spécifie quel doit être l’usage de la grâce. I. Il condamne ce qui est contraire à cet usage. II. Il exhorte à en bien user ; « souffrez, etc… ». I. Or Timothée avait pu être empêché de se livrer à la prédication habituelle pour deux motifs : La timidité d’abord, ensuite les peines que Paul lui-même avait à supporter pour l’Evangile. 1° L’Apôtre dit donc, quant au premier motif (verset 8) : "Ne rougissez donc pas, etc.," c’est-à-dire, dès lors que vous avez reçu l’esprit de force, "Ne rougissez donc pas [de Jésus-Christ que vous devez confesser]." La prédication de l'Evangile de Jésus-Christ, si on la compare avec la sagesse du monde, paraît insensée ; Timothée semblait en avoir quelque honte. (I Corinth, I, 23) : "Pour nous, nous prêchons un Jésus-Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils." (Rom., I, 16) : "Je ne rougis pas de l’Evangile;" (Luc, IX, 26) : "Si quelqu’un rougit de moi et de mes paroles, le Fils de l’Homme rougira aussi de lui." 2° Sur le second motif, il faut
se rappeler que le brigand qui voit en face de lui un supplicié, éprouve de
la confusion à avouer qu’il est son compagnon. Or l’Apôtre étant dans les
chaînes, Timothée pouvait, à son égard, éprouver quelque confusion, c’est
pourquoi Paul dit (verset 8) : « Ni de moi, qui suis captif »
(Ephès., VI, 20) : "[Le mystère de l’Evangile], à l’égard duquel,
dans les chaînes, je fais fonction d’ambassadeur;" (Ecclésiastique,
IV, 26) : "Ne rougissez pas de votre prochain dans sa chute." II. En ajoutant (verset 8) : "Mais
souffrez avec moi pour l’Evangile," l’Apôtre exhorte Timothée à bien
user de la grâce. Et d’a bord il le fait en termes généraux; ensuite il
indique où Timothée puisera la confiance pour faire fructifier cette grâce
(verset 8) : "Selon la force de Dieu, etc." 1° Il explique ainsi ce qu’il va
dire (verset 9) : "Non selon nos oeuvres, etc.," II dit donc
: "Ne rougissez pas, mais souffrez," c’est-à-dire travaillez
avec moi (1 Co III, 8) : "Chacun recevra sa récompense particulière
selon son travail." L’Apôtre dit (verset 8) : "Pour
l’Evangile," ce qui peut s’entendre, soit (à l’ablatif) de la
prédication de cet Evangile soit (au datif) de l’excellence de l’Evangile,
c’est-à-dire afin qu’il fructifie (Sag., III, 15) : "Le fruit des
justes travaux est plein de gloire." 2° [Souffrez aussi] avec
confiance, non pas en vous-même, puisque nous ne sommes pas capables de
former de nous-mêmes aucune bonne pensée comme de nous-mêmes, etc.,"
mais (verset 8) : "Selon la force de Dieu," c’est-à-dire en
plaçant dans cette force de Dieu notre confiance (Isaïe XL, 29) : "C’est
lui qui soutient ceux qui sont las, et qui remplit de force et de vigueur
ceux qui sont défaillants." Cette force se manifeste par deux
effets, d’abord quant à nos affections, elle nous délivre des maux. L’Apôtre
dit donc (verset 9) : "Qui nous a rachetés" (I Esdras, VIII,
31) : "Notre Dieu nous a délivrés des mains de nos ennemis et de ceux
qui nous dressaient des embûches pendant le voyage;" (Jean, VIII,
36) : "Si donc le Fils de Dieu vous libère, [vous serez donc
véritablement libres]." Ensuite en ce qu’il nous appelle aux biens.
De là ce qu’ajoute Paul (verset 9) : "Et il nous a appelés par sa
vocation sainte," parce qu’il nous a appelés pour nous sanctifier
(Rom., VIII, 30) : "Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi
appelés;" (I Pierre, II, 9) : "Il nous a appelés des
ténèbres à son admirable lumière." III° L’Apôtre explique quelques paroles qui précèdent, lorsqu’il dit (verset 9) : "Non selon nos oeuvres," montrant ainsi que ce n’est pas par une force humaine, mais par la force de Dieu que nous avons été délivrés et appelés. Il établit donc I. que la cause et de notre délivrance et de notre vocation est en Dieu; II. Comment cette cause procède (verset 9) : "Qui nous a été donnée, etc.;" III. Il exalte l’auteur de cette cause même, c’est-à-dire l’auteur de la grâce, et son conservateur (verset 10) : "Qui a détruit la mort." I. il dit donc : il nous a
appelés, non à raison de notre propre vertu, puisque cela "n’a pas
été selon nos oeuvres," qui sont les effets de cette vertu (Tite
III, 5) : "Il nous a sauvés, non à cause des oeuvres de justice que
nous aurions faites, mais selon sa miséricorde." Or, dans ce salut
de l’homme, qui est l’oeuvre de Dieu, il faut reconnaître une double cause :
l’une éternelle, c’est la prédestination divine ; l’autre temporelle, c’est
la grâce sanctifiante. De la première, l’Apôtre dit (verset 9) : "Mais
selon le décret de sa volonté," c’est-à-dire la prédestination, qui
est le bon plaisir de faire miséricorde (Eph., I, 11) : "[Par le
décret de celui qui] fait toutes choses selon le conseil de sa volonté;"
(Rom., VIII, 28) : " [au bien de] ceux qu’il a appelés selon son
décret, pour être saints." De la seconde, il dit (verset 9) : "Et
sa grâce" (Rom., III, 24) : "Etant justifiés gratuitement
par sa grâce." II. A l’égard de la manière dont procède la grâce, Paul explique d’abord comment est préparée la grâce ; ensuite comment elle est donnée; enfin, par qui nous la recevons ; 1° sur le premier point, il explique en disant (verset 9) : "Qui nous a été donnée en Jésus-Christ," c’est-à-dire qui a été prévue comme devant nous être donnée, "avant tous les siècles." Un siècle, comme l’affirme le philosophe, c’est la durée des êtres. Les divers siècles sont donc les âges divers des hommes. D’où un siècle dure mille ans, parce qu’un homme est réputé vivre tant qu’il subsiste dans la mémoire de ses semblables, ce qui n’excède pas mille ans. Les temps séculaires sont donc ceux qui mesurent les choses sujettes au changement. Elles ont commencé avec le monde, mais la prédestination est avant le monde (Eph., I, 4) : "Il nous a élus en Jésus-Christ avant la création du monde." 2° L’Apôtre dit (verset 9) : "En
Jésus-Christ," parce que la condition de notre élection n’est pas
d’être sauvés par nos mérites propres, mais par la grâce de Jésus-Christ. Car
de même que Dieu a prédestiné notre salut, il a aussi prédestiné le mode par
lequel il s’accomplirait (Jean, I, 17) : "La grâce et la vérité a été
faite par Jésus-Christ." 3° Or, cette prédestination était cachée autrefois, maintenant elle est manifestée ; comment ? De même que l’on connaît par les oeuvres ce que le coeur a conçu, ainsi maintenant dans les effets de l’oeuvre divine, Dieu a manifesté à ses élus cette prédestination, « en les éclairant ». L’expression de Paul est juste, car manifester c’est produire à la lumière (Job, XXVIII, 11) : "Il a amené à la lumière ce qui était secret." Ainsi donc (verset 10) : "[Et cette grâce] a paru maintenant, etc" en ce qu’il nous a envoyé Jésus-Christ qui nous éclaire (Isaïe, LX, 1) : "Levez-vous, Jérusalem, soyez toute brillante de clarté, parce que votre lumière est venue, etc." (Luc, I, 79) : "Pour éclairer ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort." III. Quand Paul dit ensuite (verset 10) : "Qui a détruit [la mort] " il exalte le Christ qui nous a éclairés, d’abord, quant à sa puissance face aux maux dont il nous a délivrés; et en second lieu, quant aux biens qu’il nous a procurés. 1° Il dit donc : "Jésus-Christ,"
en ce qu’il a souffert pour nous (verset 10) : "a détruit la
mort," c’est-à-dire a satisfait à Dieu pour nos péchés (I Pierre,
III, 18) : "Jésus-Christ est mort une seule fois pour nos
péchés." Le péché était pour nous la cause de la mort corporelle
(Rom., VI, 23) : "Car la mort est la solde du péché;" voilà
pourquoi, en détruisant le péché, il a détruit la mort (Osée, XIII, 14) : "O
mort, je serai ta mort! Ô enfer, je serai ta ruine !" 2° Jésus-Christ nous a aussi acquis des biens parfaits, à notre âme d’abord, dans la vie présente, par la grâce de la foi (Habacuc, II, 4) : "Mon juste vit de la foi." Ici-bas, cette foi est encore imparfaite, elle se perfectionnera dans la gloire (Jean, XVII, 3) : "La vie éternelle consiste à vous connaître, vous…etc. En second lieu, à notre chair l’immortalité, résultant de la gloire de l’âme (1 Co XV, 53) : "Il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l’incorruptibilité;" et (Jean, X, 10) : "Je suis venu afin qu’ils aient la vie," c’est-à-dire dès maintenant par la grâce, "et qu’ils l’aient avec plus d’abondance," à savoir par la gloire, dans la vie à venir (Jean, XI, 26) : "Quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais." |
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Lectio 4 |
Leçon 4 — 2 Timothée I, 11-18 et dernier : La charge d'apôtre |
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SOMMAIRE : Paul décrit sa charge d’apôtre, et ce qu’il souffre pour s’en acquitter. Il dit que plein d’une ferme confiance en Jésus-Christ, il n’en rougit pas. Il engage Timothée à suivre l’exemple qu’il lui donne, et déclare quels sont ceux qui avancent, et quels sont ceux qui se relâchent. |
[11] in quo positus sum ego praedicator et apostolus et
magister gentium [12] ob quam causam etiam haec patior sed non confundor
scio enim cui credidi et certus sum quia potens est depositum meum servare in
illum diem [13] formam habe sanorum verborum quae a me audisti in
fide et dilectione in Christo Iesu [14] bonum depositum custodi per Spiritum Sanctum qui
habitat in nobis [15] scis hoc quod aversi sunt a me omnes qui in Asia
sunt ex quibus est Phygelus et Hermogenes [16] det misericordiam Dominus Onesifori domui quia
saepe me refrigeravit et catenam meam non erubuit [17] sed cum Romam venisset sollicite me quaesivit et
invenit [18] det illi Dominus
invenire misericordiam a Domino in illa die et quanta Ephesi ministravit
melius tu nosti |
11. C’est pour cela que j’ai été établi
prédicateur, apôtre et maître des nations. 12. Et c’est aussi ce qui m’a attiré les
maux que je souffre; mais je n’en rougis pas : car je sais qui est celui à
qui je me suis confié, et je suis persuadé qu’il est assez puissant pour me
garder mon dépôt jusqu’à ce grand jour. 13. Proposez-vous pour modèle les saines
instructions que vous avez entendues de moi, touchant la foi et la charité
qui est en Jésus-Christ. 14. Gardez, par le Saint-Esprit qui habite
en nous, l’excellent dépôt qui vous a été confié. 15. Vous savez que tous ceux qui sont en
Asie se sont éloignés de moi : Phigelle et Hermogène sont de ce nombre. 16. Que le Seigneur répande sa miséricorde
sur la famille d’Onisiphore parce qu’il m’a souvent soulagé, et qu’il n’a pas
rougi de ses chaînes 17. Mais qu’étant venu à Rome, il m’a
cherché avec grand soin, et il m’a trouvé. 18. Que le Seigneur lui fasse la grâce de trouver miséricorde devant lui en ce jour ; car vous savez mieux que personne combien d’assistance il m’a rendu à Ephése. |
[87903] Super II Tim., cap. 1 l. 4 Supra monuit ad sollicitam Christi
praedicationem, hic inducit ad hoc per exemplum, et primo ponit hoc; secundo
inducit ad sui sequelam, ibi formam habens; tertio ostendit sequendi
necessitatem, ibi scis hoc. Item, primo ponit suum officium; secundo ostendit
quae patitur pro sui officii executione, ibi ob quam causam; tertio
spei certitudinem, ibi scio enim. Describit autem officium suum tripliciter; quia
dicit se praedicatorem, ad excitandum ad bonos mores. Infra IV, 2 : praedica
verbum, insta opportune. Mc. ult. : praedicate Evangelium omni
creaturae. Apostolum, ad regendum Ecclesiam, quia apostoli
sunt praelati Ecclesiae. Gal. II, 8 : qui operatus est Petro in
apostolatum circumcisionis, operatus est et mihi inter gentes. Et magistrum, institutum ad docendum fidei
sanctitatem, et cognitionem Dei. I Tim. II, 7 : doctor gentium in fide et
veritate. Ioel. II, c. 23 : filii Sion, exultate et laetamini in
domino Deo nostro, qui dedit vobis doctorem iustitiae. Sed dicit in
quo positus sum ego. Ubi nota tria. Primo quod ipse non assumpsit sibi, sed ab illo
positus est. Hebr. V, 4 : nemo
assumit sibi honorem, sed qui vocatur a Deo tamquam Aaron. Secundo in
positione designatur ordo. Tertio firmitas, quia secundum ordinem rationis
institutus, firmiter mansit. Io. XV, 16
: posui vos ut eatis et fructum afferatis, et fructus vester maneat.
Iudicum V, v. 20 : stellae manentes in ordine et cursu suo. Deinde cum
dicit ob quam causam, ostendit quae patitur pro sui officii
executione, dicens haec, adversa, patior, scilicet vincula et
taedia, et hoc pro fide Christi. Infra II, 9 : laboro usque ad vincula.
Et dicit, ob hanc causam, quia pati simpliciter non est laudabile, sed
propter iustam causam. Matth. V, 10 : beati qui persecutionem patiuntur
propter iustitiam. Et ideo sed
non confundor, quia non est ad confusionem ei qui patitur propter
iustitiam. I Petr. IV, 15 : nemo vestrum patiatur quasi homicida, aut fur,
aut maledicus, aut alienorum appetitor; si autem ut Christianus, non
erubescat, et cetera. Act. V, 41 : ibant apostoli gaudentes, et
cetera. Deinde cum
dicit scio, ponitur certitudo spei, quae facit eum non confundi, etiam
hoc provenit ex magnitudine Dei promittentis. Et ideo dicit cui credidi.
Et nota
quod uno modo credere est actus fidei; et est sensus scio, etc., id
est, scio quod ille qui promisit, est verax, et potens ad reddendam vitam
aeternam, quam repromisit homini fideli existenti. Sed contra
ex hoc sequitur, quod eadem est scientia et fides, et idem est scitum et
creditum, quod est impossibile, quia de ratione sciti est quod videatur, de
ratione crediti quod non. Respondeo.
In fide duo sunt, scilicet id quod creditur, et ille cui creditur. De eo quod
creditur, non potest esse scientia, quia sic perderet crediti rationem; sed
de eo cui creditur, est scientia, quia per evidentissimam rationem est
scitum, quod Deus est verax. Et sic dicit : cui credidi. I Io. IV, 1 :
nolite omni spiritui credere, sed probate spiritus si ex Deo sunt.
Prov. XIV, 15 : innocens credit omni verbo, et cetera. Alio modo
dicitur credere fidei eius, cui committit rem suam, et hic sensus est verior;
quasi dicat : quia meipsum, labores et passiones credidi, id est,
commisi, Deo, scio quod potens est depositum meum servare, et cetera. Et nota,
quod depositum dicitur dupliciter. Uno modo,
quod ego deposui. Et sic homo deponit apud Deum salutem suam, quando se Deo
totum committit. I Petr. V, v. 7 : omnem sollicitudinem vestram in eum
proiicientes, quoniam ipsi cura est de vobis. Ps. LIV, 23 : iacta
super dominum curam tuam, et ipse te enutriet. Item deponit opera sua, quando scilicet non
statim recipit remunerationem suam, sed in posterum. Et
sic, qui benefacit, deponit illud apud Deum. Et hoc usque in illum diem,
quando iudicabit occulta hominum, quibus tunc reddet Deus mercedem laborum
suorum. Sap. X, 17 et
Is. III, v. 10 : dicite iusto, quoniam bene, quoniam fructum adinventionum
suarum comedet. Vel depositum,
id est, quod penes me positum est officium, scilicet officium Evangelii. Act.
IX, 15 : vas electionis est mihi iste, ut portet nomen meum, et
cetera. Etiam Deus
est potens conservare suum apostolum usque ad mortem suam. Deinde cum
dicit formam habens, inducit ad sequelam sui, et est duplex littera.
Una dicit habe, altera habens. Si dicit habens,
sic primo ponit idoneitatem, quam proponit Timotheo ad imitandum exemplum
apostoli; secundo hortatur ad imitandum, ibi bonum depositum. Apostolus autem bonam idoneitatem habuit
secundum duo, scilicet secundum eruditionem quantum ad cognitionem; et ideo
dicit sanorum verborum. Item secundum virtutem; unde dicit in fide
et dilectione. Dicit ergo
: non potes te excusare, si patienter te non habeas usque ad vincula sicut
ego, quia tu es habens formam sanorum verborum, scilicet quae non
continent falsitatis corruptionem. Tit. II, 1 : loquere quae decent sanam
doctrinam. Et dicitur doctrina sana, non corrupta effective, quia nos
sanos facit. Et addit quae a me audisti, quasi dicat : non es
deceptus, quia hoc tibi tradidi quod a Christo audivi. I Cor. XI,
23 : ego enim accepi a domino, quod et tradidi vobis. Lc. X, v. 16 : qui
vos audit, me audit. Et hoc in fide et dilectione, quia si aliquis
omnia verba sana sciret et non crederet, non esset idoneus, nec etiam
diligeret, quia de facili recederet a doctrina, vel per adversa, vel per
prospera. Hebr. XI,
6 : sine fide impossibile est placere Deo. I Io. III, 14 : qui non
diligit, manet in morte. Et hoc in Christo Iesu, quia vera fides
est eorum, quae Christus docuit, et vera dilectio est in Christo, quia dedit
spiritum sanctum, per quem Deum diligimus. Haec
igitur habens, custodi bonum depositum, quod scilicet dedi tibi, id
est, officium praedicationis, ut numquam a veritate recedas, nec propter
timorem officium praedicationis ullo tempore dimittas. Prov. IV, 23 : omni custodia serva cor
tuum, et cetera. I Tim. VI, v. 20 : o Timothee, depositum custodi.
Et hoc custodi bono adiutorio, scilicet per spiritum sanctum, qui
habitat in nobis. I Cor. c. III, 16 : nescitis quia
templum Dei estis, et spiritus Dei habitat in vobis ? Secundum aliam litteram monet ad duo. Primo ad
sanam doctrinam; secundo ad perseverantiam in ea. Deinde cum
dicit scis hoc, ostendit necessitatem monitionis ex defectu et
profectu aliorum. Quando enim aliquis videt aliquos sociorum suorum proficere
et aliquos deficere, nititur sequi bonos. Et ideo primo commemorat deficientes; secundo
proficientes, ibi det misericordiam. Ostendit
ergo quid caveat, alias est periculum. I Cor. X, 12 : qui se existimat
stare, videat ne cadat. Et ideo dicit : aversi, et cetera. Glossa
: isti fallacia erant pleni, simulate enim fuerant cum apostolo, ut scilicet
addiscerent, unde facerent calumniam apostolo. Isti ergo,
qui sunt aversi a me, sunt modo in Asia, inter quos praecipue
sunt isti duo, qui conversi sunt per Iacobum. Deinde cum
dicit det misericordiam, ostendit aliorum profectum, et praecipue cuiusdam
Onesiphori, commemorans primo bona, quae sibi contulit Romae, secundo quae in
Asia. Item primo optat ei Dei
misericordiam; secundo ostendit meritum misericordiae; tertio tempus
misericordiae. Primum cum
dicit det misericordiam. Recte optat ei misericordiam, quia praesens
vita miseria est. Iob XIV, 1 : homo natus de muliere, brevi vivens
tempore, repletur multis miseriis. Dicit det Onesiphori domui, non solum
personae, sed familiae, quia propter bonitatem unius derivatur gratia ad
totam familiam. Matth. X, 13 : siquidem fuerit domus illa
digna, veniet pax vestra super eam. Meritum autem misericordiae est misericordia,
quam habebant in apostolum. Unde dicit quia saepe me
refrigeravit, scilicet quietem praestando. Matth. V, 7 : beati
misericordes, quoniam ipsi misericordiam consequentur. Eccli. XVIII, 16 :
nonne ardorem refrigerabit ros ? Philem. v. 7 : viscera sanctorum
requieverunt per te, frater. Et
catenam meam. Infra II, 9
: laboro usque ad vincula quasi male operans. Non erubuit, sed cum Romam venisset sollicite ut amicus quaesivit. Eccli. VI, 7 : si
possides amicum, in tentatione posside illum. Prov. XVII, 17 : omni
tempore diligit, qui amicus est. Optat
autem misericordiam futuri saeculi, cum dicit in illa die, in qua
scilicet dominus iudicabit omnes, quando misericordia est necessaria, non
solum autem Romae, sed et Ephesi. Et ideo dignus est divina misericordia. |
L’Apôtre, dans ce qui précède,
a recommandé à Timothée de se livrer avec sollicitude à la prédication [de
l’Evangile] de Jésus-Christ, il l’y engage ici par son exemple. I° Il
propose cet exemple ; II° il l’exhorte à le suivre (verset 13) : "Proposez-vous
pour modèle [les saines instructions], etc.;" III° il établit la nécessité de
le suivre, (verset 45) : "Vous savez, etc." I° Sur le premier de ces points, I. il
expose quels sont les devoirs de sa charge ; II. il montre ce qu’il a à
souffrir, pour s’en acquitter (verset 12) : "Et c’est aussi…"
III.
Il montre la certitude de son espérance, (verset 12) : "Et je suis
persuadé, etc." I. Il décrit donc sa charge, sous trois rapports, en disant qu’il est "établi prédicateur" afin d’exciter aux bonnes moeurs (ci-après, IV, 2) : "Annoncez la parole de Dieu; pressez les hommes à temps et à contretemps;" (Marc, XVI, 15) : "Prêchez l’Evangile à toute créature." Il est "apôtre" pour gouverner l’Eglise, car les Apôtres en sont les chefs spirituels (Galat., II, 8) : "Car celui qui a agi efficacement en Pierre, pour le rendre apôtre des circoncis, a agi efficacement en moi pour me rendre apôtre des Gentils." Il est "docteur", établi pour enseigner la sainteté de la foi, et la connaissance de Dieu (I Timothée, II, 7) : "Docteur des Gentils, dans la foi et dans la vérité;" (Joël II, 23) : "Et vous, enfants de Sion, soyez dans des transports d’allégresse; réjouissez-vous dans le Seigneur notre Dieu, parce qu’il vous a donné un maître qui vous enseignera la justice." L’Apôtre dit (verset 11) : "C’est pour cela que j’ai été établi prédicateur." Notez ici trois choses : d’abord qu’il ne s’est pas arrogé lui-même ce ministère, mais qu’il a été établi de Dieu. (Hébr., V, 4) : "Et nul ne s’attribue à soi-même cet honneur, mais il faut y être appelé de Dieu comme Aaron;" ensuite dans son investiture on reconnaît l’ordre ; enfin la solidité, car établi selon l’ordre rationnel, il est demeuré ferme (Jean, XV, 16) : "Je vous ai établi, afin que vous alliez [rêcher ma doctrine], que vous rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure;" (Juges, V, 20) : "Les étoiles demeurant dans leur rang et dans leur cours ordinaire,…" II. Quand Paul dit ensuite
(verset 12) : "Et c’est aussi [ce qui m’a attiré les maux],
etc.," il rappelle ce qu’il souffre pour accomplir son ministère, en
disant : Ces adversités, c’est-à-dire ces chaînes et ces ennuis, je les
supporte pour la foi de Jésus-Christ (ci-après, II, 9) : " je
souffre beaucoup de maux, jusqu’à être dans les chaînes…" Il dit :
"C’est pour cette cause," parce que souffrir simplement
n’est pas un titre de louange, il faut souffrir pour une juste cause (Mt V,
10) : "Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la
justice." Et c’est aussi pour cela que (verset 12) : "je
n’en rougis pas," car il n’y a plus de confusion pour celui qui
souffre pour la justice (I Pierre, IV, 15) : "Que nul de vous ne
souffre comme homicide, ou comme voleur, ou comme malfaiteur, ou comme
envieux du bien d’autrui. S’il souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas de
honte, etc." (A c V, 41) : "Les Apôtres sortirent [du
conseil] tout remplis de joie,…" III. Quand il dit (verset 12) : "Car je sais…" Paul exprime la certitude de sa foi, ce qui fait qu’il n’est pas confondu. Or, cette certitude repose aussi sur la grandeur de Dieu, qui lui a fait cette promesse. Il dit donc (verset 12) : "[Car je sais] à qui je me suis confié." Remarquez qu’en un sens se confier est un acte de foi. Le voici : "Je sais, etc.," c’est-à-dire je sais que celui qui a promis "est véritable et puissant" pour accorder la vie éternelle, qu’il a promise à celui qui persévérerait fidèlement. On objecte qu’il suit de là que la science et la foi sont une seule et même chose; également que ce qui est su et ce qui est cru ne sont qu'un, ce qui est impossible, puisqu’il est de l’essence de ce qui est su d’être vu, et de l’essence de ce qui est cru de n’être pas vu. Nous répondons qu’il y a dans la
foi deux choses, à savoir ce que l’on croit et celui à qui l’on croit. De ce
que l’on croit on ne saurait avoir la science, parce qu’alors le caractère
essentiel de l’objet de la foi disparaîtrait. Mais à l’égard de celui auquel
on croit, on peut avoir cette science, parce qu’on sait par la plus évidente
des raisons, que Dieu est véritable. C’est dans ce sens que l’Apôtre dit
(verset 12) : "[Je sais] à qui je me suis confié" (1 Jean,
IV, 1) : "Ne croyez pas à tout esprit, mes bien aimés, mais éprouvez
si les esprits sont de Dieu;" (Prov., XIV, 15) : "L’imprudent
croit tout ce qu’on lui dit." On peut encore, dans un autre sens, entendre : croire à la foi de celui à qui on a confié son être, et ce sens paraît ici plus probable. Comme si Paul disait : "si j’ai confié" et ma personne, et mes travaux, et mes souffrances, c’est-à-dire, si je les ai remis entre les mains de Dieu, (verset 12) : "je sais qu’il est assez puissant pour me garder mon dépôt." Remarquez que le mot dépôt peut s’interpréter de deux manières. D’abord dans ce sens : ce que j’ai déposé. C’est ainsi que l’homme remet entre les mains de Dieu le dépôt de son salut, quand il se confie à Dieu sans réserve (I Pierre, V, 7) : "Jetant dans son sein toutes vos sollicitudes, parce qu’il a soin de vous;" (Psaume LIV, 23) : "Abandonnez au Seigneur le soin de ce qui vous regarde, et lui-même vous nourrira." L’homme fait encore le dépôt de ses oeuvres, quand il ne reçoit pas aussitôt sa rémunération, qui est remise à plus tard. Dans ce sens, celui qui fait le bien le dépose entre les mains de Dieu, et cela « jusqu’au jour où » Dieu jugera ce qui est caché dans le coeur des hommes", jour où Dieu rendra le salaire de leurs labeurs. (Sag., X, 17) et (Isaïe, III 10) : "Dites au juste qu’il espère, parce qu’il recueillera le fruit de ses oeuvres." Ou bien encore le dépôt, c’est la charge qui m’est confiée, à savoir, le ministère de prêcher l’Evangile (Actes IX, 15) : "Cet homme est un instrument que j’ai choisi pour porter mon nom, etc." Dieu est également puissant, pour conserver son apôtre jusqu’à sa mort. II° Quand Paul ajoute (verset 13)
: "Proposez-vous pour modèle [les
saines instructions que vous avez entendues de moi], etc.," il
engage Timothée à l’imiter. Il y a ici deux manières de lire le texte. L’une
dit : "ayez;" l’autre ; "ayant." Si on lit
: "ayant," Paul exprime la convenance de ce qu’il propose à
Timothée, en l’invitant à suivre son exemple. En second lieu, il l’engage à
l’imiter (verset 14) : "[Gardez par le Saint-Esprit] l’excellent
dépôt, etc." I. Or, l’Apôtre était un excellent modèle à imiter sous deux rapports, à savoir, quant à l’enseignement, pour ce qui regarde la connaissance. Il dit donc (verset 13) : "Les saines instructions, etc.;" ensuite quant à la vertu, c’est pourquoi il ajoute (verset 13) : "Touchant la foi et la charité." Il dit donc vous n’avez pas d’excuse, si vous ne supportez pas, même jusqu’aux chaînes, comme je l’ai fait, "ayant," ainsi que vous l’avez, le modèle de saines instructions, c'est-à-dire qui ne sont corrompues par aucune erreur ; (Tite II, 1) : "Pour vous, instruisez d’une manière qui soit digne de la saine doctrine." C’est avec raison que cette doctrine est appelée "saine," car elle est véritablement sans corruption, puisqu’elle nous guérit. L’Apôtre ajoute (verset 13) : "Que vous avez entendues de moi," comme s’il disait : vous n’êtes pas trompé, car je vous ai transmis ce que j’ai appris de Jésus-Christ (1 Co XI, 23) : "Car c’est du Seigneur que j’ai appris ce que je vous ai enseigné, etc.;" (Luc, X, 16) : "Celui qui vous écoute m’écoute." Et cela (verset 13) : "Touchant la foi et la charité." En effet, celui qui connaîtrait toutes les saines instructions et ne croirait pas, n’acquerrait aucune aptitude au bien et ne serait pas animé par l’amour, car il s’écarterait facilement de la doctrine, soit dans l’adversité, soit dans la prospérité (Hébr., X, 6) : "Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu ; (I Jean, III, 14) : "Celui qui n’aime pas demeure dans la mort." Et (verset 13) : "[Touchant la charité] qui est en Jésus-Christ," parce que la foi aux enseignements de Jésus-Christ est la foi véritable, et parce que le véritable amour est en Jésus-Christ qui nous a donné le Saint-Esprit par lequel nous aimons Dieu. II. Ayant donc ce modèle (verset 14) : "[Gardez par le Saint-Esprit qui habite en nous] l’excellent dépôt [qui vous a été confié]," c’est-à-dire ce dépôt que je vous ai remis, à savoir, le ministère de la prédication, en sorte que jamais vous ne vous écartiez de la vérité et ne renonciez en aucun temps, par crainte, au devoir d’annoncer la vérité (Prov., IV, 23) : "Appliquez-vous, avec tout le soin possible, à la garde de votre coeur;" (I Timothée VI, 20) : "O Timothée, gardez le dépôt." Et gardez-le avec un secours puissant, à savoir, celui du Saint-Esprit, "qui habite en nous" (I Cor., III, 16) : "Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?" En lisant le texte de la seconde manière, l’Apôtre fait à Timothée deux recommandations : la première de garder la saine doctrine; la seconde d’y persévérer. III° Quand il dit ensuite (verset
15) : "Vous savez [que tous ceux
qui sont en Asie], etc.," Paul
démontre la nécessité de la recommandation qu’il a faite, en rappelant la
chute et le progrès des autres. Quand, en effet, l’on voit quelques-uns de
ses amis avancer et d’autres tomber, on s’efforce de suivre les bons.
L’Apôtre rappelle donc d’abord la chute de quelques-uns, en second lieu, le
succès de quelques autres (verset 16) : "Que le Seigneur répande sa
miséricorde [sur la famille d’Onésiphore], etc." Il lui indique donc ce dont il doit se garder, sans quoi il s’expose au danger (1 Co X, 12) : "Que celui donc qui croit être ferme prenne bien garde de ne pas tomber." C’est ce qui lui fait dire (verset 15) : "[Vous savez que tous ceux qui sont en Asie] se sont éloignés de moi." La Glose remarque qu’ils étaient pleins de fourberie, car ils s’étaient hypocritement joints à l’Apôtre, afin de trouver quelque prétexte pour les calomnier. Ceux-là donc, "qui se sont séparés de moi," sont maintenant en Asie, et parmi eux sont particulièrement ces deux traîtres qui ont été convertis par l’apôtre Jacques. II. En ajoutant (verset 16) : "Que le Seigneur répande sa miséricorde [sur la maison d’Onésiphore]," l’Apôtre rappelle le succès de quelques-uns, et principalement d’un certain Onésiphore. Il cite les bons offices qu’il a lui-même reçus d’Onésiphore, d’abord à Rome, et ensuite en Asie. Il lui souhaite donc premièrement la miséricorde de Dieu; en second lieu, il explique le mérite de la miséricorde, enfin le temps de la miséricorde. 1° Il exprime ses souhaits, quand il dit (verset 16) : "Que le Seigneur répande sa miséricorde." C’est avec raison qu’il lui souhaite la miséricorde, car la vie présente n’est que misère (Job, XIV, 1) : "L’homme né de la femme vit très peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères." L’Apôtre dit (verset 16) : "Sur la maison d’Onésiphore," non seulement sur sa personne, mais sur sa famille, car la bonté d’un seul fait descendre la grâce sur toute la famille (Mt X, 13) : "Si cette maison en est digne, votre paix viendra sur elle, etc…" 2° Le mérite de la miséricorde, c’est la miséricorde qu’ils exerçaient à l’égard de l’Apôtre, ce qui lui fait dire (verset 46) : "Parce qu’il m’a souvent soulagé," c’est-à-dire, en me procurant du repos (Mt 7) : "Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu’ils obtiendront eux-mêmes miséricorde;" (Ecclésiastique, XVIII, 16) : "La rosée ne rafraîchit-elle pas l’ardeur ?" (Philémon, 7) : "Les coeurs des saints, mon frère, ont reçu du soulagement de votre bonté." (verset 16) : "[Et qu’il n’a pas rougi] de mes chaînes." (Ci-après, II, 9) : "[C’est pour lui (J.-C.)] que je souffre [beaucoup de maux], jusqu’à être dans les chaînes comme un scélérat," "Il n’a pas rougi [de mes chaînes], au contraire, étant venu à Rome, il m’a cherché avec une vive sollicitude, comme un ami" (Ecclésiastique, VI, 7) : "Si vous voulez acquérir un ami, prenez-le après l’avoir éprouvé," (Proverbes XVII, 47) : "Celui qui est ami, aime en tout temps." 3° La miséricorde [qu’il souhaite
à Onésime], c’est celle de la vie future (verset 18) : "… en ce
jour," à savoir dans lequel le Seigneur jugera tous les hommes,
alors que la miséricorde sera si nécessaire, "non seulement à Rome,
mais à Ephèse;" (verset 18). Il est donc digne de la divine
miséricorde. |
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Caput 2 |
CHAPITRE 2 — Se préparer au martyre
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Lectio 1 |
Leçon 1 — 2 Timothée II, 1-7 : Le combat de la foi |
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SOMMAIRE : Paul, par l’exemple du soldat, exhorte Timothée à supporter avec courage le martyre, auquel il doit se préparer par la force d’âme, le sacrifice des biens temporels et l’espérance du prix réservé au travail et à la lutte. |
[1] tu ergo fili mi confortare in gratia quae est in
Christo Iesu [2] et quae audisti a me per multos testes haec
commenda fidelibus hominibus qui idonei erunt et alios docere [3] labora sicut bonus miles Christi Iesu [4] nemo militans inplicat se negotiis saecularibus ut
ei placeat cui se probavit [5] nam et qui certat in agone non coronatur nisi
legitime certaverit [6] laborantem agricolam oportet primum de fructibus
accipere [7] intellege quae
dico dabit enim tibi Dominus in omnibus intellectum |
1. Fortifiez-vous donc, ô mon fils, par la
grâce qui est dans le Christ Jésus : 2. Et gardant ce que vous avez appris de moi
devant plusieurs témoins donnez-le en dépôt à des hommes utiles, qui soient
eux-mêmes capables d'en instruire d’autres. 3. Travaillez comme un bon soldat du Christ
Jésus. 4. Celui qui est enrôlé au service de Dieu,
ne s’embarrasse pas dans les affaires séculières, pour ne s’occuper qu’à
plaire à celui à qui il s’est donné. 5. Car même celui qui combat dans les jeux
publics, n’est couronné qu'après avoir combattu selon la loi de ces combats. 6. Le laboureur qui a travaillé, doit le
premier avoir part à la récolte des fruits. 7. Comprenez bien ce que je vous dis; car le Seigneur vous donnera l’intelligence en toutes choses. |
[87904] Super II Tim., cap. 2 l. 1 Supra induxit
Timotheum ad diligentem Evangelii praedicationem, inducit eum hic ad
constantem tolerantiam martyrii. Et primo inducit eum ad sustinendam
passionem pro salute fidelium; secundo docet eum qualiter resistat
infidelibus, ibi noli verbis. Item primo inducitur praeparatio ad martyrium
sustinendum; secundo exhortatio martyrii, ibi memor esto. Praeparatio
martyrii praemittitur quantum ad tria. Primum est animi fortitudo; secundum
est bonorum dispensatio, ibi et quae audisti; tertium est fructuosus
militiae labor, ibi labora. Requiritur autem ad martyrium fortitudo, quae est
circa pericula mortis. Et ideo dicit tu ergo, fili mi, scilicet quem
per Evangelium genui, confortare in gratia. Ps. XXX, v. 25 : viriliter
agite, et confortetur cor vestrum. Quae est non in te, scilicet cuius
fortitudo est vana, sed in Christo Iesu. Eph. c. VI, 10 : confortamini
in domino, et in potentia virtutis eius. Vel in gratia, etc., id
est gratuito Dei dono per Christum. Io. I, 17 : gratia et veritas per
Iesum Christum facta est. Secundum
est dispensatio bonorum. Circa quod notandum est, quod quando aliquis adducitur
ad mortem, disponit de suis. Non ergo minus debent esse solliciti sancti de
bonis spiritualibus sibi creditis, quod non dispereant post eorum mortem, sed
aliis credant; et ideo monet eum, ut si ad martyrium venerit, quod dispenset
doctrinam fidei. Et primo ponit quomodo accepit, quia per auditum; unde dicit
quae audisti a me, et ego a Christo. Et dico a me non singulariter,
sed confirmata per multos testes, id est, per legem et prophetas. Rom.
III, 21 : testificata a lege et prophetis. Vel per apostolos. I Cor. XV, 11 : sive enim
ego, sive illi, sic praedicavimus, et sic credidistis. Haec commenda, inquantum sunt accepta. Sap. VII,
13 : quam sine fictione didici, et sine invidia communico. Fidelibus
hominibus, ut scilicet non quaerant lucrum temporale, sed gloriam Dei. I
Cor. IV, 2 : hic iam quaeritur inter dispensatores, ut fidelis quis
inveniatur. Matthaeus XXIV, 45 : fidelis servus et prudens, quem
constituit dominus super familiam, et cetera. Item qui sunt idonei ad
dispensandum; ideo dicit qui idonei, et cetera. Debent autem esse
idonei tripliciter. Primo intellectu, ut sint sapientes ad intelligendum. Lc.
XXI, 15 : ego dabo vobis os et sapientiam, et cetera. Item lingua, ut
sint facundi ad docendum. Is. l, 4 : dominus dedit mihi linguam eruditam,
ut sciam suscitare eum, qui lapsus est, verbo. Item opere, quia coepit Iesus facere et docere
Act. I, 1. Deinde cum dicit labora, ponitur tertium,
quod est legitimus militiae labor, ad quem primo hortatur; secundo ponit
laboris praemium, ibi nam et qui; tertio militiae stipendia laborantem.
Item, primo hortatur ad legitimum laborem;
secundo exponit quis labor sit legitimus, ibi nemo. Dicit ergo
labora sicut bonus miles Christi. Est autem tripliciter aliquis miles
Christi. Primo inquantum pugnat contra peccata. Iob VII, 1 : militia est
vita hominis super terram; et XIV, 14 : cunctis diebus quibus nunc
milito, expecto, et cetera. Et haec pugna est contra carnem, mundum et
Diabolum. Eph. ult. : non est nobis colluctatio adversus carnem et
sanguinem, et cetera. Secundo
est aliquis miles Christi pugnando contra errores. II Cor. X, 4 : arma
militiae nostrae non sunt carnalia, sed potentia Deo, ad destructionem
munitionum consilia destruentes, et cetera. Tertio est militia martyrum
contra tyrannos. Et haec est laboriosior.
Iob XXV, 3 : numquid est numerus militum eius ? Et non debet quiescere
miles, quia dicitur a militia sustinenda. Deinde cum
dicit nemo, exponit quid sit legitimus labor. Et primo inducit eum ad
laborem; secundo ostendit qualis debet esse bonus miles, ibi ut ei placeat.
Primo,
circa primum duo facit, quia exemplum ponit; secundo manifestat. Dicit ergo nemo
militans Deo, et cetera. Circa primum sciendum est, quod alius est finis
militiae spiritualis, et alius est finis militiae corporalis; quia finis
militiae corporalis est, ut obtineat victoriam contra hostes patriae, et ideo
milites debent abstinere ab his, quae abstrahunt a pugna, puta a negotiis et
delitiis. I Cor. IX, 25 : qui in agone contendit, ab omnibus se abstinet.
Sed militiae spiritualis finis est, ut victoriam habeant ab hominibus, qui
sunt contra Deum; et ideo oportet, quod abstineant ab omnibus, quae
distrahunt a Deo. Haec autem sunt negotia saecularia, quia sollicitudo huius
saeculi suffocat verbum. Et ideo dicit implicat se. Sed contra
: negotia saecularia sunt temporalia, hoc autem apostolus fecit, quando vixit
labore manuum suarum. Respondeo.
Dicendum est quod apostolus dicit, implicat, et non dicit, exercet. Ille autem
eis implicatur, cuius cura et sollicitudo iungitur circa ipsa. Et tunc
proprie ipsa haec interdicuntur militibus Christi, in quibus ostenditur non
esse necesse implicari animum. Item non dicit simpliciter implicatur, sed
dicit implicat se, quia quandoque implicatur, et non se implicat. Implicat
enim se quando sine pietate et necessitate assumit negotia; sed quando
necessitas officii pietatis et auctoritatis exercetur, tunc non implicat se,
sed implicatur huiusmodi necessitate. Rom. XVI, 2 : assistatis ei in
quocumque negotio vestri indiguerit. Causa
autem quare non debent se implicare est ut ei placeat cui se probavit.
I Io. II, 15 : si quis diligit mundum, non est charitas patris in eo.
Qui enim est miles Christi, devovit se ad militandum Deo; et ideo debet
conari, ut ei placeat cui se devovit. Deinde cum
dicit nam et qui, ponit laboris praemium. Et quia diceret aliquis : o
Paule, magna imponis, sed quis est eorum fructus ? Respondet : assumatis
exemplum in pugnis saecularibus, ubi non omnes, sed legitime pugnantes
accipiunt coronam. Sic ergo erit et in spiritualibus, quod nullus
coronabitur, nisi servet debitas leges pugnae. I Cor. c. IX, 25 : illi
quidem ut corruptibilem coronam accipiant, nos autem incorruptam. Sap. c.
IV, 2 : in perpetuum coronata triumphat. Deinde cum
dicit laborantem, ostendit stipendia, interdicitque ei negotia
saecularia. Et primo proponit
stipendia sub metaphora; secundo exponit, ibi intellige. Officium
enim praedicatorum et doctorum est officium militum, inquantum insurgunt
contra hostes et vitia; item agricolae, inquantum fructum faciunt promovendo
ad bona. Huius ager est
Ecclesia, et principalis agricola est Deus, interius et exterius operans. Io.
XV, 1 : ego sum vitis vera, et pater meus agricola est. Homines autem exterius adhibent
ministerium. I Cor. III, 6 : ego plantavi, Apollo rigavit, Deus autem
incrementum dedit. Isti sunt exteriores agricolae. Iob c. XXXI, 39 : si
animam agricolarum eius afflixi. Istum ergo
agricolam oportet fructum accipere; huius fructus sunt opera virtutum. Eccli.
XXIV, 17 : flores mei
fructus honoris et honestatis. Gal. V, 22 : fructus autem spiritus est
charitas, gaudium, pax, patientia. Inter hos fructus sunt et fructus
eleemosynarum. Act. IX, 36 : haec erat plena fructibus bonis et
eleemosynis quas faciebat. Isti ergo
debent principaliter fructum percipere, ut ipsi gaudeant. Primo de subditorum
fructibus. Phil. IV, 1 : itaque, fratres mei charissimi et
desideratissimi, gaudium meum et corona mea. Secundo de subsidiis temporalibus, non pro
praemio principali, sed stipendio. Gal. VI, 6
: communicet autem is qui catechizatur verbo, ei qui se catechizat in
omnibus bonis. Matth. c. X, 10 : dignus est operarius cibo suo. Deinde cum
dicit intellige, exponit quae dixerat sequens modum Christi post
parabolas. Matth. XIII, 9 : qui habet aures audiendi audiat. Quasi dicat
: reduc haec ad intellectum spiritualem. Dan. X, 1 : intelligentia opus
est in visione. Quasi diceret aliquis : tu dicis : accipe stipendium, o
Timothee; sed tu non facis, quia de labore manuum vis vivere. Unde intellige
quae dico, quia est necessaria discretio, quia ibi non sunt accipienda
ubi est occasio avaritiae contra Evangelium, vel propter cupiditatem, vel
propter otium. Et hoc poteris intelligere, quia dabit, et cetera. I
Io. II, 27 : unctio docebit vos de omnibus. |
L’Apôtre, dans ce qui précède,
a recommandé à Timothée de s’adonner avec sollicitude à la prédication de
l’Evangile; il l’exhorte ici à se préparer avec courage au martyre. Et
d’abord il l’engage à supporter ces souffrances pour le salut des fidèles :
ensuite il lui enseigne comment il doit résister aux infidèles (verset 14) : "Ne
vous amusez pas aux disputes de paroles, etc." Premièrement donc il
l’instruit de la manière de se préparer à supporter le martyre; secondement,
il l’exhorte au martyre même (verset 8);" Souvenez-vous, etc."
La préparation au martyre, selon l’Apôtre, consiste en trois choses : I° La
force de l’âme; II° La dispensation des biens (verset 2) : "Ce
que vous avez appris de moi, etc.;" III° Le travail fécond de la
milice sainte (verset 3) : "Travaillez…." I° La force est d’abord
nécessaire, pour le martyre, car il s’agit des périls de la mort. L’Apôtre
dit donc (verset 1) : "Pour vous, mon fils, c’est-à-dire vous que
j’ai enfanté par l’Evangile, fortifiez-vous par la grâce" (Psaume
XXX, 25) : "Agissez avec courage et que votre coeur
s’affermisse." "Par la grâce qui est," non pas en
vous-même, car votre force est vaine, mais « en Jésus-Christ »
(Ephés., VI, 10) : "Enfin, mes frères, fortifiez-vous dans le
Seigneur, et dans sa vertu toute-puissante." Ou "dans la
grâce," c’est-à-dire par le don gratuit de Dieu par Jésus-Christ
(Jean, I, 17) : "La grâce et la vérité sont venues par
Jésus-Christ." II° La seconde qualité concerne
la dispensation des biens. A ce sujet, remarquez que, quand quelqu’un est
conduit à la mort, il dispose de ce qui lui appartient. Les saints ne doivent
donc pas avoir moins de soin pour les biens spirituels qui leur sont confiés,
afin que ceux-ci ne se perdent pas après leur mort. Ils doivent les confier à
d’autres. Voilà pourquoi Paul recommande à Timothée, s’il vient à être appelé
au martyre, de dispenser la doctrine de la foi. Et d’abord il lui rappelle
comment il l’a reçue, c’est par l’écoute, ce qui lui fait dire (verset 2) : "[Et
gardant] ce que vous avez appris de moi, et que moi-même j’ai appris de
Jésus-Christ," ; Et je dis « de moi », non pas en
particulier, mais qui a été confirmé "par plusieurs témoins,"
c’est-à-dire par la Loi et les prophètes (Rom., III, 21) : "[La
justice de Dieu], à laquelle la Loi et les prophètes rendent témoignage,..."
Ou bien encore par les Apôtres (l Corinth., XV, 11) : "Ainsi, soit
moi, soit eux, voilà ce que nous vous prêchons, et ce que vous avez
cru." Cette doctrine donc, donnez-la, comme vous l’avez vous-mêmes
reçue (Sag., VII, 13) : "Je l’ai apprise sans déguisement, j’en fais
part aux autres sans envie," Donnez-la, disons-nous, "à des
hommes fidèles" c’est-à-dire, qui ne recherchent pas le profit
temporel, mais la gloire de Dieu. (1 Co IV, 2) : "Ce qui est à
désirer dans les dispensateurs, c’est que chacun soit trouvé fidèle"
(Mt XXIV, 45) : "le serviteur fidèle et prudent que son maître a
établi sur les domestiques, etc…" Ils doivent aussi être capables de
la distribuer; c’est pourquoi il dit (verset 2) : "Qui soient
eux-mêmes capables, etc…" Ils doivent être capables sous trois
rapports : d’abord par l’intelligence, afin d’acquérir la sagesse pour
comprendre (Luc, XXI, 15) : "Je vous donnerai moi-même une bouche et
une sagesse, etc…" Ensuite, par la langue, afin qu’ils soient
éloquents dans leur enseignement ; (Isaïe L, 4) : "Le Seigneur
m’a donné une langue savante afin que je puisse soutenir par la parole celui
qui est abattu." Enfin par les oeuvres, (Actes I, 1) : "Car
Jésus a commencé par agir avant d’enseigner." III° Quand Paul ajoute (verset 3) :
"Travaillez," il manifeste la troisième disposition, qui est
le travail légitime de la sainte milice. I. Il excite à ce travail; II. Il explique quel sera le prix
du travail (verset 5) : "Celui qui combat" III.
La récompense du service (verset 6) : "[Un laboureur] qui a bien
travaillé, etc." I. Il exhorte Timothée à un travail légitime; il explique ensuite ce que doit être ce travail légitime (verset 4) : "[Celui qui est enrôlé au service de Dieu] ne s’embarrasse pas, etc." Il dit donc (verset 3) : 1° "Travaillez comme un bon soldat de Jésus-Christ." Or on peut être soldat de Jésus-Christ de trois manières. D’abord en combattant contre le péché (Job, VII, 1) : "La vie de l’homme sur la terre est un temps de service;" et (Job, XIV, 14) : "Tout le temps de mon service, j’attends, etc." Ce combat se livre à la chair, au monde et au démon (Ephés., VI, 42) : "Nous avons à combattre non contre la chair et le sang, etc…" En second lieu, on est soldat de Jésus-Christ en combattant contre les erreurs (2 Co X, 4) : "Les armes de notre combat ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu pour renverser les remparts et détruire les raisonnements." La troisième espèce de service est celui des martyrs contre les tyrans. C’est la plus pénible (Job, XXV, 3) : "Peut-on compter le nombre de ses soldats ?" Or le soldat ne doit pas prendre de repos, parce que son nom indique le service qu’il doit prendre en charge. 2° En disant (verset 4) : "[Celui qui est enrôlé au service de Dieu] ne s’embarrasse pas, etc.", l’Apôtre explique quel est ce travail légitime. Et d’abord il engage Timothée à ce travail; ensuite il détermine les qualités du bon soldat (verset 4) : "ne s’occuper qu’à plaire, etc." 1. Sur le premier de ces points, Paul cite d’abord un exemple; en second lieu, il en fait l’application. Il dit donc (verset 4) : "Celui qui est enrôlé au service de Dieu, etc." Il faut remarquer sur le premier point, qu’autre est la fin de la milice spirituelle, autre la fin de la milice temporelle. Celle-ci, en effet, se propose d’obtenir la victoire contre les ennemis de la patrie, et ses soldats doivent s’abstenir de tout ce qui les détournerait du combat, par exemple, les affaires et les délices (1 Co IX, 25) : "Quiconque veut lutter s’abstient de tout." La fin de la milice spirituelle est de remporter la victoire sur les hommes qui s’élèvent contre Dieu; il faut donc s’abstenir de tout ce qui détourne de Dieu. Or ce sont les affaires du siècle parce que les sollicitudes de ce siècle étouffent la parole de Dieu. Voilà pourquoi l’Apôtre dit (verset 4) : "Ne s’embarrasse pas dans les affaires séculières." On objecte que les affaires du siècle sont aussi des affaires temporelles; or l’Apôtre a vaqué à ces sortes d’affaires, quand il a vécu du travail de ses mains. Nous répondons que l’Apôtre dit
: "Ne s’embarrasse pas," et non pas « ne s’exerce
pas ». C’est s’embarrasser d’une chose que d’en faire l’objet de ses
soins et de sa sollicitude. C’est donc avec raison qu’on interdit aux soldats
de Jésus-Christ tout ce qui embarrasserait sans nécessité leur esprit.
L’Apôtre ne dit pas simplement : n’est pas embarrassé, mais : "Ne
s’embarrasse pas," parce qu’il peut arriver quelquefois que l’esprit
soit embarrassé, sans qu’on s’y soit embarrassé soi-même. L’esprit
s’embarrasse lui-même, quand, sans que la piété et la nécessité le demandent,
il prend à sa charge certaines affaires, mais quand il faut accomplir
l’obligation d’une charge, piété ou autorité, alors l’esprit ne s’embarrasse
pas lui-même, mais cette nécessité fait qu’il est embarrassé (Rom., XVI, 2) :
"Assistez-la dans toutes les affaires où elle pourrait avoir besoin
de vous." 2. Si les soldats de Jésus-Christ ne doivent pas s’embarrasser eux-mêmes, c’est (verset 4) : "Afin de ne s’occuper qu’à plaire à Celui à qui ils se sont donnés." (1 Jean, II, 15) : "Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui." Celui qui est soldat de Jésus-Christ, s’est, en effet, dévoué à combattre pour Dieu. Il doit donc faire tous ses efforts afin de plaire à Celui à qui il s’est dévoué. II. Quand Paul dit ensuite
(verset 5) : "Celui qui [combat dans les jeux publics], etc.,"
il proclame le prix du travail. Comme quelqu’un pourrait lui dire : O
Paul, vous imposez de grandes obligations; quel en est le fruit ? Il
répond : Prenez exemple sur les combats du siècle. Tous n’y reçoivent pas la
couronne, mais ceux-là seulement qui ont légitimement combattu. Ainsi en
sera-t-il dans les combats spirituels : nul ne sera couronné s’il ne
garde les lois légitimes du combat (1 Co IX, 25) : "Eux, [ils combattent]
pour gagner une couronne corruptible, et nous, c’est pour une
incorruptible;" (Sag., IV, 2) : "…est couronnée à jamais
comme victorieuse." III. En ajoutant (verset 6) : "Un laboureur qui a travaillé [doit avoir la première part dans la récolte des fruits]," l’Apôtre explique quelle est la récompense, et interdit à son disciple les affaires du siècle. D’abord, sous une métaphore, il indique quelle est la récompense; ensuite il explique la métaphore (verset 7) : "Comprenez [ce que je dis ici]." 1° La charge des prédicateurs et
des docteurs est un service de soldats, car ils combattent contre les ennemis
et contre les vices. [Elle est aussi semblable] au travail du laboureur, car
ils produisent du fruit en portant les fidèles à faire le bien. Le champ, c’est
l’Eglise; le laboureur principal, c’est Dieu qui travaille tout à la fois à
l’intérieur et l’extérieur (Jean, XV, 1) : "Je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron." Les hommes ne donnent que leur
concours extérieur ; (1 Co III 6) : "C’est moi qui ai planté,
Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui a donné l’accroissement." Ce
sont là les ouvriers du dehors ; (Job, XXXI, 39) : "Si j’ai
affligé le coeur de ceux qui ont cultivé la terre." Or ce laboureur
doit avoir sa part de la récolte, et cette récolte, ce sont les oeuvres des
vertus (Ecclésiastique, XXIV, 17) : "Mes fleurs sont des fruits de
gloire et d’abondance;" (Gal., V, 22) : "Les fruits de
l’Esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience." Parmi ces
fruits se trouvent aussi ceux de l’aumône (Actes IX, 36) : "Tabitha
était remplie de bonnes oeuvres et faisait beaucoup d’aumônes." Les
prédicateurs doivent donc aussi avoir leur part de la récolte, afin qu’ils
puissent eux aussi se réjouir, d’abord, des fruits que ceux qui leur sont
soumis (Philipp., IV, 1) : "Mes frères, très chers et très désirés,
qui êtes ma joie et ma couronne;" ensuite des secours temporels, non
pour leur principale récompense, mais pour leur salaire (Gal., V, 6) : "Que
celui que l’on instruit de la parole donne de tous ses biens à celui qui
l’instruit;" (Mt X, 10) : "Celui qui travaille mérite qu’on
le nourrisse." 2° Quand l’Apôtre ajoute (verset 7) : "Comprenez bien [ce que je dis]," il explique ce qu’il vient de dire, imitant la manière d’instruire du Sauveur qui exposait ses paraboles ; (Mt XIII, 9) : "Que celui-là entende, qui a des oreilles pour entendre." Comme si Paul disait : Ramenez ce que je dis au sens spirituel (Daniel, X, I) : "On a besoin d’intelligence dans les visions;" comme si quelqu’un objectait : Vous dites : Timothée, acceptez un salaire, mais vous, Paul, vous ne le faites pas, puisque vous souhaitez vivre du travail de vos mains. Comprenez donc bien ce que je dis, répond-il, car ici la discrétion est nécessaire. En effet, on ne doit pas recevoir les secours là où ils deviendraient, à l’encontre de l’Evangile, un prétexte d’accusation d’avarice, ou à cause de la cupidité, ou à cause de l’oisiveté; et vous pourrez facilement l’apprécier, car « le Seigneur (verset 7) vous donnera… » ; (I Jean, II, 27) : "L’onction vous enseignera toutes choses." |
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Lectio 2 |
Leçon 2 — 2 Timothée II, 18-15 : La préparation au martyre |
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SOMMAIRE : Exhortation à Timothée pour qu’à l’exemple de Jésus-Christ il se prépare au martyre. L’apôtre se donne aussi lui-même en exemple et présente, comme récompense du martyre, la glorieuse résurrection des corps. |
[8] memor esto Iesum Christum resurrexisse a mortuis ex
semine David secundum evangelium meum [9] in quo laboro usque ad vincula quasi male operans
sed verbum Dei non est alligatum [10] ideo omnia sustineo propter electos ut et ipsi
salutem consequantur quae est in Christo Iesu cum gloria caelesti [11] fidelis sermo nam si conmortui sumus et convivemus [12] si sustinemus et conregnabimus si negabimus et ille
negabit nos [13] si non credimus ille fidelis manet negare se ipsum
non potest [14] haec commone testificans coram Domino noli verbis
contendere in nihil utile ad subversionem audientium [15] sollicite cura
te ipsum probabilem exhibere Deo operarium inconfusibilem recte tractantem
verbum veritatis |
8. Souvenez-vous que Notre Seigneur
Jésus-Christ, qui est né de la race de David, est ressuscité d’entre les
morts, selon l’Evangile que je prêche, 9. Pour lequel je souffre beaucoup de maux
jusqu’à être dans les chaînes comme un scélérat; mais la parole de Dieu n’est
pas enchaînée. 10. C’est pourquoi j’endure tout pour
l’amour des élus, afin qu’ils acquièrent aussi le salut qui est dans le
Christ avec la gloire du ciel. 11. C’est une vérité très assurée, que si
nous mourons avec Jésus-Christ nous vivrons aussi avec lui; 12. Si nous souffrons avec lui, nous
règnerons aussi avec lui; si nous le renonçons, il nous renoncera aussi; 13. Si nous lui sommes infidèles, il ne
laissera pas de demeurer fidèles, car il ne peut se démentir lui-même. 14. Donnez ces avertissements, et prenez-en
le Seigneur à témoin. Ne vous amusez pas à des disputes de paroles, qui ne
sont bonnes qu’à pervertir ceux qui les écoutent. 15. Mettez-vous en état de paraître devant Dieu comme un ministre digne de son approbation, qui ne fait rien dont il ait sujet de rougir, et qui sait bien dispenser la parole de vérité. |
[87905] Super II Tim., cap. 2
l. 2 Supra ponitur praeparatio ad martyrium, hic ponitur exhortatio ad ipsum,
et primo praemittit exemplum praemii; secundo exemplum martyrii, ibi in
quo laboro; tertio manifestat consequentiam praemii ad martyrium, ibi fidelis
sermo. Nam praemium mortis pretiosae
martyrii est resurrectio gloriosa, cuius exemplum praecessit in capite nostro
Christo. Et ideo dicit memor esto, etc., quasi dicat : dominum nostrum
Iesum Christum, supple : habe in mente contra tribulationes. Prov. III, v. 6 : in omnibus viis tuis
cogita illum, et ipse diriget gressus tuos. Multa enim sunt in eo cogitanda, sed specialiter
resurrectio. Ad hanc omnia ordinantur, et praecipue totus Christianae
religionis status. Rom. X, 9 : si confitearis in ore tuo dominum Iesum, et
corde tuo credideris, quod Deus excitavit illum a mortuis, salvus eris. Et nota
quod dicit resuscitatum, quia etsi pater eum resuscitaverit, tamen propria
etiam virtute resurrexit, et est primus resurgentium I Cor. XV, 20. Sed quia
secundum naturam humanam resurrexit, et mortuus est, ex semine David.
Rom. I, 3 : qui factus est ei ex semine David secundum carnem, et
cetera. Secundum Evangelium
meum, id est, a me
praedicatum. I Cor. XV, 1 : notum autem facio vobis Evangelium, quod
praedicavi vobis. Qui praedicat Evangelium est minister Evangelii, sicut
qui baptizat est minister Baptismi. Tamen non
potest dici Baptisma meum, sed Evangelium sic. Et hoc ideo, quia multum facit exhortatio et
sollicitudo. Deinde cum
dicit in quo laboro, ostendit se in exemplum martyrii, et primo eius
poenam; secundo eius causam, ibi ideo omnia. Tria autem
ostendit esse in poena, scilicet acerbitatem, opprobrium, et constantiam.
Acerbitatem cum dicit in quo, scilicet Evangelio praedicando, vel pro
quo laboro, id est, affligor, et hoc usque ad vincula, quia
quando hanc epistolam scripsit, erat Romae in vinculis. Eph. ult. : ministerium Evangelii pro
quo legatione fungor in catena. Opprobrium quantum ad infideles, cum
dicit quasi male operans. Christiani
enim tunc reputabantur pessimi. Lc. VI, 22
: beati eritis cum vos oderint homines, et separaverint, et exprobraverint,
et cetera. Christus
etiam fuit damnatus, quasi male operans. Is. LIII, v. 12 : et cum
sceleratis reputatus est. Constantiam autem ostendit, cum dicit sed
verbum Dei, et cetera. Licet enim corpus sit alligatum, tamen verbum Dei
non est alligatum, quia praedicatio fuit ex voluntate apostoli, quae libera
est, praecipue propter efficaciam charitatis, quae nihil timet. Rom. VIII, 38
: certus sum enim quia neque mors, neque vita, et cetera. Quia,
sicut I Io. III, 20 dicitur, maior est Deus corde nostro. Et dicitur,
quod in vinculis existens, multos convertit. Deinde cum
dicit ideo omnia sustineo, ostendit causam, quia martyrem non poena
facit, sed causa. Duplex
autem est causa martyrii, scilicet propter divinum honorem, et salutem
proximi. Propter Deum quidem, quia Rom. VIII, v. 36 : propter te mortificamur
tota die. Propter salutem proximorum, quia dicit hic propter electos.
Io. XV, 13 : maiorem charitatem nemo habet, ut animam suam ponat quis pro
amicis suis. I Io. III, 16 : quoniam ille pro nobis animam suam
posuit, et nos debemus pro fratribus animas ponere. Et dicit propter
electos, quia quaecumque bona fiunt, specialiter cedunt in bonum
electorum, non reproborum. Et quomodo ? Ut et ipsi salutem consequantur.
Sed numquid sufficit passio Christi ? Dicendum est, quod sic effective, sed passio
apostoli dupliciter expediebat. Primo quia dabat exemplum persistendi in
fide; secundo quia confirmabatur fides, et ex hoc inducebantur ad salutem. Et hoc in Christo, id est, quae
venit nobis per eum. Matth.
I, 21 : ipse enim salvum faciet populum a peccatis eorum. Et hoc non
solum salutem, gratiae praesentem, sed etiam cum gloria caelesti.
Matth. c. V, 12 : merces vestra copiosa est in caelis. Deinde cum dicit fidelis sermo, ponit
consequentiam praemii ad meritum martyrii. Et primo ponit attestationem;
secundo consequentiam, ibi nam si commortui sumus; tertio confirmat
per testimonium, ibi haec commone. Dicit ergo fidelis sermo, id est, verbum
quod dicam est fidele. Apoc. ult. : haec verba fidelissima
sunt, et cetera. Deinde cum
dicit nam si, etc., ponit consequentiam. Et primo de remuneratione bonorum; secundo de
punitione malorum, ibi si negaverimus. In praemio bonorum sunt duo, scilicet reparatio
per resurrectionem, et superadditio gloriae ad quam resurgent. Et ideo primo
ostendit, quod per Christum venitur ad reparationem vitae; secundo quod per
ipsum venitur ad resurrectionem, ibi si sustinemus. Dicit ergo si commortui sumus, scilicet
cum Christo, et hoc per sacramenti susceptionem in Baptismo. Rom. VI, 4 : consepulti
enim sumus cum illo per Baptismum in mortem. Item per poenitentiam nos
macerando. Gal. V, 24 : qui Christi sunt, carnem suam crucifixerunt cum
vitiis et concupiscentiis. Item pro confessione veritatis moriendo, sicut
et Christus. Ps. CXV, 15 : pretiosa in conspectu domini
mors sanctorum eius. Si ergo commortui sumus, et convivemus, id est,
sicut ipse resurrexit, sic et nos. Rom. VI, 5
: si complantati facti sumus similitudini mortis eius, simul et
resurrectionis erimus. Deinde
agit de gloria, quam sancti merentur per mortis ignominiam. Lc. ult. : nonne
haec oportuit Christum pati ? Et ideo dicit si sustinuerimus,
scilicet patienter afflictiones et opprobria, conregnabimus, id est,
simul cum ipso perveniemus ad regnum. Matth. V, 10 : beati qui
persecutionem, et cetera. Deinde cum
dicit si negaverimus, ostendit consequentiam quantum ad poenas. Dupliciter autem potest aliquis peccare contra
fidem : primo exterius negando, secundo interius eam deponendo. Quantum ad
primum dicit si negaverimus, scilicet coram aliis, ipse negabit nos
in iudicio. Matth. XXV, 12 : amen dico vobis, nescio vos. Negare est non cognoscere eos esse de ovibus
suis. Quantum ad
secundum dicit si non credimus, id est, si fidem a corde abiiciamus, ille
fidelis permanet, id est, ipse fidem suam tenet. Unde
fidelis manet in sua fide, quia fides nihil aliud est, quam participatio sive
adhaesio veritati. Ipse autem est ipsa veritas, quae negare se non potest.
Ergo non est omnipotens. Respondeo. Ex hoc est omnipotens, quod seipsum
negare non potest. Posse enim deficere magis est pertinens ad
impotentiam, quia quod aliquid deficiat a suo esse, est per debilitatem
virtutis propriae. Christum
autem negare seipsum est deficere a seipso; hoc ergo ipsum, quod non potest
negare se, est ratio perfectae virtutis. Unde nec peccatum cadit in eum, ut
est dictum, nec potest negare suam virtutem et suam iustitiam quin puniat.
Matth. ult. : qui vero non crediderit, condemnabitur. Sed numquid non
potest Deus alicui remittere poenam ? Potest quidem secundum ordinem
sapientiae suae, sed contra ordinem sapientiae et iustitiae, non. Deinde cum dicit haec commone, etc.,
confirmat per testimonium; quasi dicat : simul cum aliis admoneo, ut semper
habeas in corde, testificans coram Deo, id est, testem adducens coram
quo loquor. Deinde cum dicit noli verbis, ostendit
quomodo resistat infidelibus, quia primo praemittit modum resistendi; secundo
ostendit quae sunt quibus resistat, ibi profana. Item, primo excludit indebitum modum resistendi;
secundo ponit debitum, ibi sollicite. Circa
primum primo excludit indebitum modum; secundo rationem assignat, ibi ad
nihil. Dicit ergo nolite contendere verbis. Contentio
importat concertationem in verbis. Potest ergo secundum duo intelligi, quia
acrimoniam loquens depravatur dupliciter. Uno modo si per hoc acceditur ad favorem
falsitatis, ut quando quis cum confidentia clamoris impugnat veritatem. Alio
modo propter inordinationem, ut quando utitur acrimonia, vel ultra modum
debitum, vel contra qualitatem personae. Sed si moderate, et cum circumstantiis debitis,
et pro veritate fiat, non est peccatum. Et sic in
rhetorica est unum instrumentum exhortationis. Tamen in sacra Scriptura
accipitur secundum quod importat inordinationem. I Cor. XI, 16 : si quis
videtur inter vos contentiosus esse, nos non habemus talem consuetudinem,
neque Ecclesiae Dei. Et dicit verbis, quia aliqui disceptant solum
verbis improperii. Et hoc
proprie est contendere. Si hoc fit non verbis tantum sed veris rationibus,
hoc est disputare, non contendere. Deinde cum
dicit ad nihil utile est, ostendit rationem documenti. Nam moderata
disputatio quando cum ratione fit, est utilis ad instructionem; sed quando
cum verbis tantum, tunc est litigiosa. Ideo dicit nisi ad subversionem,
et hoc dupliciter : uno modo dum quod est certum venit in dubium; alio modo,
quia audientes scandalizantur. Prov. XIV, 23 : ubi verba sunt plurima, ibi
frequenter egestas; unde Iac. III, 16 : ubi zelus et contentio, ibi
inconstantia et omne opus pravum. Sed
numquid non sine contentione debet quis disputare coram populo de fide ? Respondeo.
Distinguendum est, ex parte audientium, quia, aut sunt sollicitati ab
infidelibus, et tunc est utilis publica disputatio : quia per hanc simplices
efficiuntur magis instructi quando vident errantes confutari. Si vero non
sunt sollicitati ab infidelibus, tunc non est utilis disputatio, sed
periculosa. Item est
distinguendum ex parte disputantis, quia si disputans est prudens, sic quod
manifeste confutet adversarium, tunc debet publice disputare : si vero non,
nullo modo. Deinde cum
dicit sollicite cura teipsum, ponit debitum modum resistendi. Et primo quantum ad rectam intentionem;
secundo quantum ad rectam operationem; tertio quantum ad rectam doctrinam.
Qui enim vult disputare, primo debet scrutari suam intentionem, utrum
moveatur bono zelo. Ideo dicit probabilem Deo exhibere, qui scilicet
probat cor. II Cor. X, 18 : non
enim qui seipsum commendat, ille probatus est, sed quem Deus commendat.
Ps. XVI, 3 : probasti cor meum et visitasti nocte. Item quod
doctrinam quam praedicat ore, stabiliat per opera, quod nisi faciat, est
confusione dignus. Unde dicit operarium inconfusibilem, quasi dicat :
haec facito, sic non confunderis. Item quod
recte tractet verbum veritatis, vera docendo et utilia audientibus. Unde
subiungit recte tractantem verbum veritatis, non quaerens lucrum et
gloriam. II Cor. II, 17 : non sumus sicut plurimi adulterantes verbum Dei,
sed ex sinceritate, sicut ex Deo coram Deo in Christo loquimur. |
Paul, après avoir exposé plus
haut la préparation au martyre, exhorte ici au martyre même. 1° Il
présente le modèle de la récompense. II° L’exemple de son propre martyre même
(verset 9) : "C’est pour lui (J.-C.) que je souffre beaucoup
de maux;" III° Enfin il établit, la relation de la
récompense au martyre (verset 11) : "C’est une vérité très assurée
que, etc." I° La récompense de la mort précieuse, subie dans le martyre, c’est la résurrection glorieuse, dont nous avons devant nous l’exemple dans notre chef Jésus-Christ. Voilà pourquoi l’apôtre dit (verset 8) : "Souvenez-vous que, etc." ; comme s’il disait : que Notre Seigneur Jésus-Christ supplée, soit dans votre âme, et vous fortifie contre les tribulations (Prov. III, 6) : "Pensez à lui dans toutes vos voies, et il conduira lui-même vos pas." II y a, en effet, beaucoup de choses à considérer en Jésus-Christ, mais spécialement sa résurrection, car tout se rapporte à elle, et particulièrement tout l’établissement de la religion chrétienne (Rom., X, 9) : "Si vous confessez de bouche que Jésus est le Seigneur, et si vous croyez de coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, vous serez sauvé." Remarquez que Paul dit : "est ressuscité," parce que bien que son Père l’ait ressuscité, il est pourtant aussi ressuscité par sa propre puissance, et il est ainsi "le premier d’entre les ressuscités." (I Cor., XV, 20). Mais c’est en tant qu’homme qu’il est ressuscité et qu’il est mort," étant né de la race de David," (Rom., I, 3) : "Touchant son Fils, qui lui est né selon la chair, du sang de David." Paul dit (verset 8) : "Selon mon Evangile," c’est à dire l’Evangile que je prêche ; (1 Co XV, 1) : "Or je vous rappelle l’Evangile que je vous ai prêché." Celui qui prêche l’Evangile est ministre de cet Evangile, comme celui qui baptise est ministre du baptême. Toutefois on ne pourrait pas dire mon baptême, quoiqu’on dise : "mon Evangile." La raison en est que l’exhortation et la sollicitude contribuent beaucoup au succès de l’Evangile. II° Quand Paul dit ensuite
(verset 9) : "Pour lequel (J.-C.) je souffre beaucoup de maux,"
il se donne lui-même en exemple du martyre. I. [Il fait ressortir] la pensée
du martyre; II.
La cause (verset 10) : "C’est pourquoi j’endure tout, etc." I. Il montre dans la peine trois choses, à savoir : sa dureté, le déshonneur subi et la constance [qu’il faut y montrer]. La dureté, quand il dit (verset 9) "Pour lequel," c’est-à-dire, "pour cet Evangile qu’il nous faut prêcher;" ou pour lequel "je souffre," c’est-à-dire « je suis dans l’affliction », "jusqu’à être dans les chaînes," car il était en prison à Rome, lorsqu’il écrivit cette lettre ; (Ephes., VI, 20) : "Le ministère de l’Evangile, dont j’exerce la légation et l’ambassade, dans les chaînes." Le déshonneur, du côté des infidèles, lorsqu’il dit (verset 9) : "Comme si j’étais un scélérat," car, à cette époque, les chrétiens étaient regardés comme les plus pervers des hommes ; (Luc, VI, 22) : "Vous serez bienheureux lorsque les hommes vous haïront, qu’ils vous sépareront d’avec eux, et qu’ils vous diront des injures, etc." Jésus-Christ lui-même fut condamné comme s’il était un scélérat ; (Isaïe, LIII, 12) : "Il a été mis au nombre des scélérats". L’apôtre enfin fait ressortir la constance lorsqu’il dit (verset 9) : "Mais la parole de Dieu [n’est pas enchaînée]," car bien que le corps soit chargé de chaînes, la parole de Dieu cependant n’est pas enchaînée, car la prédication [de l'Evangile] se faisait par la volonté de l’apôtre, volonté qui demeure libre, principalement à cause de l’efficacité de la charité, qui ne craint rien ; (Rom., VIII, 38) : "Je suis certain que ni la mort, ni la vie, etc." La raison en est que (I Jean, III, 20) : "Dieu est plus grand que notre coeur." D’ailleurs on rapporte que l’apôtre, pendant qu’il était dans les chaînes, fit un grand nombre de conversions. II. Lorsqu’il ajoute (verset 10)
: "C’est pourquoi j’endure tout [pour l’amour des élus],"
Paul indique la cause de ses souffrances; car ce n’est pas le supplice, c’est
la cause qui fait le martyr. Or il peut y avoir au martyre deux causes, à
savoir, l’honneur de Dieu et le salut du prochain. D’abord on le peut
souffrir pour Dieu (Rom., VIII, 36) : "A cause de vous, Seigneur, on
nous fait mourir à longueur de journée." Ensuite pour le prochain,
puisqu’il est dit ici (verset 10) : « Pour les élus » ;
(Jean XV, 13) : « Nul ne peut avoir d’amour plus grand que de donner
sa vie pour ses amis » ; (I Jean, III, 16) : "Puisqu’il
a donné sa vie pour nous, nous devons aussi donner notre vie pour nos
frères." L’apôtre dit : "Pour les élus," parce que
tout ce qui se fait de bien tourne spécialement au profit des élus et non des
réprouvés. Et comment ? C’est (verset 10) : "Afin qu’ils acquièrent
eux-mêmes le salut," Est-ce que la passion de
Jésus-Christ ne suffit pas ? Il faut répondre qu’elle suffit quant à l’effet,
et toutefois les souffrances de l’apôtre étaient avantageuses pour deux
motifs. Premièrement parce qu’il donnait l’exemple de la persévérance dans la
foi; secondement, parce que la foi se fortifiait ainsi, et par là les fidèles
étaient conduits au salut. Et cela "en Jésus-Christ,"
c'est-à-dire dans le salut qui nous vient par lui (Mt I, 21) : "Ce
sera lui qui sauvera son peuple de ses pêchés." Et non seulement le
salut présent par la grâce, mais encore (verset 10) : "avec la gloire du
ciel." (verset 12), (Mt V, 12) : "Une grande récompense vous est
réservée dans les cieux." III° En disant (verset 41) : "c’est
une vérité très assurée…," Paul rétablit la relation de
la récompense au mérite du martyre. Il en exprime I. l’assurance; II.
le rapport (verset 41) : "Car si nous mourons avec Jésus-Christ; III.
Il confirme sa doctrine par un témoignage (verset 14) : "Donnez cet
avertissement, etc." I. Il dit donc (verset 11) : "C’est
une vérité très assurée," c’est-à-dire la parole que je vais dire
est sûre ; (Ap XXII, 6) : "Ces paroles sont très
certaines." II. En ajoutant (verset 11) : "Car
si nous mourons," il exprime la conséquence, d’abord pour la
récompense des bons; ensuite pour la punition des méchants (verset 12) : "Si
nous le renonçons, [il nous renoncera aussi]." 1° Dans la récompense des bons, il y a deux choses, à savoir la réparation par la résurrection et le « supplément » de la gloire à laquelle les bons ressusciteront. Paul établit donc premièrement que par Jésus-Christ on vient à la réparation de la vie; secondement que par lui encore on vient à la résurrection (verset 12) : "Si nous souffrons avec lui," 1. Il dit donc (verset 11) : "Si nous mourons avec lui," c’est-à-dire avec Jésus-Christ, c’est ce qui a lieu par la réception du sacrement de baptême ; (Rom VI, 4) : "Car nous avons été ensevelis avec lui par le baptême, pour mourir au péché." Ensuite par la pénitence en nous mortifiant (Gal., V, 24) : "Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs déréglés." Enfin pour rendre témoignage à la vérité, en mourant comme est mort Jésus-Christ (Psaume CXV, 15) : "C’est une chose précieuse devant le Seigneur que la mort de ses saints". Si donc "nous mourons avec lui, nous vivrons aussi avec lui," c’est-à-dire, comme Jésus-Christ est ressuscité, ainsi en sera-t-il de nous ; (Rom., VI, 5) : "Si nous avons été entés en lui par la ressemblance de sa mort, nous serons entés aussi en lui par la ressemblance de sa résurrection." 2. L’apôtre traite ensuite de la
gloire que les saints méritent par l’ignominie de leur mort (Luc XXIV, 26) : "Ne
fallait-il pas que le Christ souffrît ces maux ?" C’est pour cela
qu’il dit (verset 12) : "Si nous souffrons," à savoir les
afflictions et les opprobres avec patience, "nous régnerons
aussi," c’est-à-dire nous parviendrons avec lui au royaume éternel (Mt
V, 10). "Bienheureux ceux qui [souffrent persécution] pour la
justice," 2° Quant à la suite Paul dit (verset 11). "Si nous le renonçons, etc.," il établit la conséquence à propos du châtiment. Or, on peut pécher de deux manières contre la foi. D’abord en la niant extérieurement; ensuite en y renonçant intérieurement. 1. Du premier de ces péchés, il dit (verset 12) : "Si nous le renonçons," à savoir, devant les autres, "il nous renoncera aussi lui-même," au jour du jugement ; (Mt XXV, 12) : "Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas." [Pour lui], nier quelqu'un, c’est ne pas reconnaître qu’on est du nombre de ses brebis. 2. Du second, il dit (verset 13) : "Si nous sommes infidèles," c’est-à-dire si nous rejetons sa foi de notre coeur, "lui, il demeure fidèle," c’est-à-dire il tient ce qu’il a promis. On dit : Il demeure fidèle dans sa foi, car la foi n’est autre chose qu’une participation ou une adhésion à la vérité. Or, Jésus-Christ est soi-même la vérité essentielle, qui ne peut se nier elle-même; il n’est donc pas tout-puissant ! Nous répondons : c’est par cela même qu’il est tout-puissant, qu’il ne peut se nier lui-même. En effet, pouvoir défaillir appartient davantage à l’impuissance, parce que celui qui perd de son être naturel, devient tel par l’affaiblissement de sa vertu propre. Or, pour le Christ, se nier soi-même serait perdre de son être naturel. Si donc il ne peut se nier lui-même, c’est le caractère même de la perfection de sa puissance. Ainsi, le péché ne saurait avoir d’accès en lui, ainsi qu’il a été dit, et il ne peut, sans nier sa puissance et sa justice, demeurer sans punir (Marc, XVI, 16) : "Celui qui ne croira pas sera condamné." Dieu ne peut-il donc remettre la peine à celui qui l’a méritée ? Il peut, il est vrai, dans l’ordre déterminé par sa sagesse, mais contre l’ordre de sa sagesse et de sa justice, il ne le peut pas. III. Quand Paul ajoute (verset 14) : "Donnez cet avertissement, etc.," il confirme ce qu’il a dit par un témoignage. Comme s’il disait : tout comme d’autres, je vous avertis de conserver dans votre coeur ces enseignements (verset 14) : "J’en atteste le Seigneur," c’est-à-dire, je le prends à témoin, lui, devant qui je parle. IV° Quand ensuite il dit (verset
14) : "Ne vous amusez pas à des
disputes de paroles," il instruit Timothée de la manière de résister
aux infidèles. Et d’abord il indique cette manière; ensuite il lui fait
connaître à quoi il doit résister (verset 16) : "[Fuyez les
entretiens vains et] profanes. Il réprouve donc d’abord une manière
illégitime de résister. Il enseigne ensuite la véritable (verset 15) :
"Mettez-vous en état [de paraître devant Dieu], etc." I. Sur la première partie, il
exclut d’abord la forme illégitime de la résistance; ensuite il en apporte la
raison (verset 14) : "[Ces paroles ne sont] bonnes à rien, etc."
1° Il dit donc (verset 14) : "Ne vous amusez pas à de vaines disputes de paroles." La contestation suppose la dispute de paroles. On peut donc donner à cette expression deux sens, car celui qui parle avec amertume, peut être conduit au mal de deux manières. D’abord en se laissant aller par là à favoriser l’erreur, ce qui arrive, par exemple, lorsque, par l’impudence de ses clameurs, on attaque la vérité ; ensuite quand on sort de l’ordre, comme il arrive lorsqu’on agit avec animosité poussée à l’excès, ou qu’on s’attaque, hors de la mesure, à la personnalité de ses adversaires. Que si on emploie la dispute avec modération, dans les circonstances convenables et pour la vérité, il n’y a pas de péché. Ainsi dans la rhétorique elle est un des moyens employés pour l’exhortation. Toutefois dans la sainte Ecriture on la prend dans le sens où elle suppose quelque chose de désordonné (1 Co XI, 16) : "Si quelqu’un paraît vouloir contester, qu’il sache que ce n’est pas là notre coutume, ni celle de l’Eglise de Dieu." L’Apôtre dit : "Des disputes de paroles," parce qu’il en est qui ne savent disputer qu’avec injure. C’est là à proprement parler la contestation. Que si la discussion se fait non pas seulement avec des paroles, mais avec de véritables raisons, c’est disputer et non pas contester. 2° Quand l’Apôtre ajoute (verset 14) : "Ces paroles ne sont utiles à rien," il apporte la raison de la règle qu’il a donnée. La discussion modérée, quand elle se fait avec raison, est utile pour instruire, mais quand elle ne se fait qu’en paroles, elle devient la source de divisions. C’est pourquoi Paul dit (verset 14) : "Si ce n’est pour pervertir ceux qui les écoutent." Ceci peut arriver de deux manières : d’abord quand ce qui est certain devient douteux, ensuite, quand ceux qui écoutent sont scandalisés (Proverbes XIV, 23) : "Là où l’on parle beaucoup, l’indigence se trouve souvent." C’est de là que Jacques dit (III, 16) : "Où il y a de la jalousie et un esprit de contention, il y a aussi du trouble et toute sorte de mal.". Doit-on donc discuter sans contention devant le peuple, quand il s’agit de la foi ? Nous répondons qu’il y a une distinction à faire du côté des auditeurs. Ou ils sont sollicités par les infidèles et alors la discussion publique est utile, parce qu’elle sert à instruire les âmes simples, qui voient confondus ceux qui sont dans l’erreur. Ou ils ne sont pas ainsi sollicités, et alors la dispute, loin d’être utile, est dangereuse. On peut aussi faire une distinction du côté de celui qui discute. S’il est prudent et espère confondre manifestement son adversaire, il doit disputer publiquement. Il ne le doit pas faire, s’il n’a pas cette prudente habileté. II. Quand Paul dit enfin (verset 15) : "Mettez-vous en état [de paraître devant Dieu]," il enseigne la manière légitime de résister. Et d’abord quant à la rectitude de l’intention; ensuite quant à la rectitude des oeuvres, enfin quant à la rectitude de la doctrine. Celui qui veut disputer doit, en effet, scruter d’abord son intention, afin de savoir s’il est mû par un zèle louable. C’est ce qui fait dire à Paul (verset 15) : "Mettez-vous en état de paraître devant Dieu, etc.," car Dieu éprouve surtout le coeur (2 Co X, 18) : "Car ce n’est pas celui qui se rend témoignage à soi-même qui est vraiment estimable; mais c’est celui à qui Dieu rend témoignage;" (Psaume XVI, 3) : "Vous avez mis mon coeur à l’épreuve, et vous l’avez visité durant la tribulation." De plus, il faut qu’il affermisse par les oeuvres la doctrine que sa parole enseigne; autrement il ne mérite que la confusion. C’est ce qui fait dire à Paul (verset 15) : "Comme un ministre qui ne fait rien dont il ait sujet de rougir," en d’autres termes : Agissez ainsi et vous ne serez pas confondu. Enfin, il faut qu’il traite avec convenance la parole de vérité, en enseignant à ceux qui l’écoutent des choses vraies et utiles. C’est pourquoi Paul dit (verset 15) : "Et qui sait bien dispenser la parole de vérité," ne cherchant ni le profit ni la gloire humaine ; (II Corinth, II, 17) : "Nous ne sommes pas comme plusieurs qui altèrent la parole de Dieu, mais nous la prêchons avec une entière sincérité, comme de la part de Dieu, en la présence de Dieu, et en Jésus-Christ." |
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Lectio 3 |
Leçon 3 — 2 Timothée II, 16-20 : Les hérésies |
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SOMMAIRE : L’Apôtre recommande d’éviter la doctrine des hérétiques, à cause du mal dont ils sont cause. Il dit que les hérésies n’amèneront pas la ruine de la foi, et pourquoi Dieu permet que quelques-uns tombent dans l’erreur. |
[16] profana autem inaniloquia devita multum enim proficient ad
impietatem [17] et sermo eorum ut cancer serpit ex quibus est
Hymeneus et Philetus [18] qui a veritate exciderunt dicentes resurrectionem
iam factam et subvertunt quorundam fidem [19] sed firmum fundamentum Dei stetit habens signaculum
hoc cognovit Dominus qui sunt eius et discedat ab iniquitate omnis qui
nominat nomen Domini [20] in magna autem
domo non solum sunt vasa aurea et argentea sed et lignea et fictilia et
quaedam quidem in honorem quaedam autem in contumeliam |
16. Fuyez les entretiens vains et profanes;
car ils contribuent beaucoup à inspirer l’impiété; 17. Et les discours qu’y tiennent certaines
gens sont comme une gangrène qui répand insensiblement sa corruption. De ce
nombre sont Hyménée et Philète, 18. Qui se sont écartés de la vérité, en
disant que la résurrection est déjà arrivée, et qui ont renversé la foi de
quelques-uns. 19. Mais le fondement de Dieu demeure ferme,
ayant pour sceau cette parole : Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui; et
que quiconque invoque le nom du Seigneur s’éloigne de l’iniquité. 20. Or dans une grande maison il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais il y en a aussi de bois et de terre, et les uns sont pour des usages honnêtes, les autres pour des usages honteux. |
[87906] Super II Tim., cap. 2 l. 3 Supra instruxit Timotheum, ostendens modum
generalem quo infidelibus est resistendum, hic ostendit in speciali quibus
sit resistendum. Et primo ostendit
quibus est resistendum; secundo quare, ibi multum enim; tertio
quomodo, ibi iuvenilia. Dicit ergo
profana et vaniloquia devita. Ubi
ostendit duo esse vitanda, scilicet profana et vaniloquia, et referuntur ad
idem, vel ad diversa. Nam profana dicuntur quasi procul a fano, scilicet
cultu divino, et haec sunt documenta haeresum; et haec vitanda, ideo dicit devita
profana. Potest etiam dici, quod haec profana sunt, quae fidei repugnant,
sed vaniloquia fabulosa. Ps. XI, 3 : vana locuti sunt unusquisque ad
proximum suum. Deinde cum
dicit multum enim, ostendit quare haec sunt vitanda, et hoc
dupliciter. Primo ex
nocumento quod inferunt; secundo ex fructu vitationis, ibi si quis. Circa
primum duo facit, quia primo ostendit quomodo noceant ad fidei subversionem;
secundo quomodo non possunt totaliter fidem subvertere, ibi sed firmum.
Item, primo
ponit documentum; secundo subdit similitudinem, ibi et sermo; tertio
exemplum, ibi ex quibus est. Dicit
ergo. Haec sunt vitanda, quae impediunt pietatem, quae cultus Dei dicitur.
Unde doctrina fidei est doctrina pietatis. Impietas vero est doctrina contra
fidem; unde dicit multum enim proficiunt ad impietatem, id est,
perducunt ad errorem sive ad erroneam doctrinam. Sed hic profectus est in malis abusive. Infra
III, 13 : mali homines et seductores proficiunt in peius, errantes et in
errorem mittentes alios. Deinde ponit eorum
similitudinem, dicens sermo. Haeretici enim dicunt a principio quaedam
vera et utilia, sed cum audiuntur, immiscent quaedam, quae evomunt,
mortifera. Et ideo dicit sermo eorum, et cetera. Eccli. XI, 34 : a scintilla una augetur ignis,
et ab uno doloso augetur sanguis. Deinde cum
dicit ex quibus, ponit ad hoc exemplum. Hi enim duo, fidem suo tempore
corrumpebant. A quibus quidam errantes conversi sunt in vaniloquium, et
cetera. De Phileto dicitur supra I, 15 : aversi sunt a me omnes, qui
sunt in Asia, ex quibus est Philetus et Hermogenes. De Hymenaeo autem
habetur I Tim. I, 20 : ex quibus est Hymenaeus. Et dicit exciderunt.
I Io. II, 19 : a nobis exierunt. Et hoc
aggravat, quia II Petr. II, 21 : melius enim erat eis non cognoscere viam
iustitiae, quam post agnitionem retrorsum converti. Errabant autem
dicentes resurrectionem iam factam esse. De qua Matth. XXVII, 52 : multa
corpora sanctorum, qui dormierant, resurrexerunt. Et
dicebant, quod non est alia resurrectio expectanda, sed tunc surrexerunt.
Alio modo et melius, quod sicut est duplex mors, ita duplex est resurrectio,
scilicet animae et corporis. De resurrectione animae habetur Apoc. XX, 6 : beatus
et sanctus, qui habet partem in resurrectione prima. Dicebant
ergo, quod omnia, quae dicuntur in Scripturis, erant referenda ad
resurrectionem animarum quae iam facta est. Col. III, 1 : si
consurrexistis cum Christo, quae sursum sunt quaerite. Et hic
error est etiam hodie apud haereticos, et per istum subvertunt quosdam. Et
congrue dicit et subverterunt quorumdam fidem, quia destruunt
fundamentum fidei. Act. XIII, 10 : o plene omni dolo et omni fallacia,
fili Diaboli, et inimice omnis iustitiae, non desinis subvertere vias domini
rectas. Deinde cum
dicit sed firmum, ostendit quomodo per haereses fides non est
totaliter subvertenda. Et primo quod per doctrinas haereticas non potest tota
Ecclesiae fides corrumpi; secundo ostendit quare Deus permittit aliquos
errare, ibi in magna autem. Item, primo ostendit immobilitatem fidei electorum;
secundo addit demonstrationem, ibi habens. Dicit ergo : subvertunt, sed
firmum fundamentum Dei stat. Haec enim fundamenta sunt illa, quibus datur
gratia immobiliter standi. Matth. VII, 25 : fundata enim erat supra firmam
petram. Firmum, quia immobile. Unde praemittitur ibi Matth.
VII, v. 25, quod venerunt flumina et flaverunt venti, et irruerunt in
domum illam, et non cecidit. Huius
firmitas dependet primo ex divina praedestinatione; secundo ex libero
arbitrio nostro. Et ideo quantum ad primum dicit : hoc firmum fundamentum, habens
hoc signaculum, id est, hoc est signum huius firmitatis. Io. III, 33 : qui
autem acceperit testimonium eius, signavit, quia Deus verax est. Haec est prima pars signaculi, scilicet ex
divina praedestinatione, quia novit dominus, qui sunt eius. Et haec
est notitia divinae praedestinationis. Io. X, 14 : ego cognosco oves meas,
et alias oves habeo, quae non sunt ex hoc ovili. Matth. VII, 23 : non
novi vos. Sed
quantum ad secundum dicit discedat ab iniquitate omnis, qui invocat.
Quasi dicat : si praedestinati sunt a Deo, quod per liberum arbitrium
salvabuntur, quia ex hoc, quod aliquis finaliter non adhaeret peccato,
ostendit se esse praedestinatum. Et ponit duo, quae pertinent ad ordinationem
in statu salutis. Primum, quod confiteatur fidem, ideo dicit omnis qui,
et cetera. Rom. X, v. 10
: ore autem confessio fit ad salutem. Secundum, quod recedat a peccato. Matth. c. VII, 21 : non omnis qui dicit
mihi : domine, domine, intrabit in regnum caelorum, et cetera. Et ideo
dicit discedat, et cetera. Is. LV, 7 : derelinquat impius viam suam,
et cetera. Quod vero dicit invocat nomen, non intelligit, quod solum
nominet ore, sed interius per fidem, et extra per opus. Deinde cum
dicit in magna, ponit rationem quare Deus permittit aliquos errare,
licet omnes diligat. Dupliciter
autem potest hoc intelligi, quia vel in generali, vel in speciali ad hunc,
vel illum. Si enim quaeras
in singulari, quare dat huic donum perseverantiae, et non illi, non habet
rationem nisi solam Dei voluntatem. Augustinus : quare hunc trahat, et
illum non trahat, noli velle iudicare, si non vis errare, et cetera. Sed
si quaeras in generali quare quibusdam dat, et quibusdam non, habet rationem,
quam assignat apostolus Rom. IX, 16. Et est eadem ratio cum ista, licet per
alia exempla. Ideo enim dicit : sustinuit in multa patientia, et
cetera. Secundum
enim quod omnia opera, quae Deus facit in natura et gratia, sunt facta ad
manifestandum gloriam Dei. Eccli. XLII, 16 : gloria domini plenum est opus
eius, sic etiam fecit diversas creaturas, ut perfectio divinae bonitatis,
quae non potest manifestari per unam, sufficienter manifestetur per aliam. Ita etiam
considerandum est de uno artifice : in domo una est una fenestra, quae est
altera pulchrior. Si quis ergo
quaerat quare non tota domus est fenestra, ratio est quia tota domus esset
imperfecta. Similiter
dicit apostolus I Cor. XII, v. 17 : si totum corpus esset oculus, ubi
auditus ? Sic ergo dicit apostolus in effectu gratiae, quia oportuit quod
Deus manifestaret iustitiam et misericordiam. Si enim omnes salvaret, esset
solum eius misericordia; si omnes damnaret, solum esset iustitia. Et ideo
Deus volens manifestare iram, id est, iustitiam, et cetera. Et similis est
ratio de perfectione Ecclesiae, quam oportebat esse perfectam, quod non esset
in ea diversitas. In qua est
triplex diversitas, scilicet bonorum et malorum, bonorum et meliorum, malorum
et peiorum. Et hanc assignans dicit in magna autem domo, id est,
Ecclesia Bar. III, 24 : o Israel, quam magna est domus Dei, et ingens
locus possessionis eius non solum sunt vasa aurea, etc., ubi aurea et
argentea distinguuntur a fictilibus; item argentea ab aureis; item fictilia a
ligneis. In primo
comparatio bonorum et malorum innuitur; in secundo comparatio bonorum et
meliorum; in tertio malorum et peiorum. Nam aurea et argentea sunt boni; sed
aurea meliores, argentea minus boni. Similiter
lignea et fictilia sunt mali; sed fictilia sunt peiores, lignea vero minus
mali. Consequenter
designat diversitatem quantum ad usum, ut boni sint vasa in honorem, sicut
deputati ad honorabilem usum; mali vero sint vasa fictilia et lignea, quasi
deputati in contumeliam, id est, ad vilem usum. Sicut enim in hominibus
quidam, scilicet sancti, quasi vasa pretiosa. Eccli. l, 10 : vas auri
solidum, et cetera. Act. IX, 15 : vas electionis est mihi iste, et
cetera. Quidam vero sicut
vasa inutilia, scilicet mali. Is. XXXII, 7 : fraudulenti vasa pessima sunt.
Eccli. XXI, 17 : cor fatui quasi vas confractum. Prima vasa
sunt in honorem, quibus debetur vita aeterna. Rom. II, 7 : his quidem qui
secundum patientiam boni operis gloriam et honorem et incorruptionem
quaerentibus vitam aeternam. Secunda vasa sunt in contumeliam. I Reg. c.
II, 30 : qui autem contemnunt me erunt ignobiles. Et
praedicta diversitas potest aliter applicari ad diversitatem Ecclesiae, ut
vasa aurea sint praelati, argentea vero, et lignea, et fictilia tenentes
inferiorem gradum, inter quos est quidam gradus. Et quod subdit quaedam in
honorem, etc., non est tunc intelligendum quod vasa aurea et argentea
omnia sint in honorem, et fictilia in contumeliam, quia de quocumque statu
quidam salvantur, et quidam damnantur. |
Paul, dans ce qui précède, a
instruit Timothée de la manière de résister en général aux infidèles; il
indique ici, en particulier, à quoi il faut résister. C’est ce qu’il dit
d’abord; ensuite il dit pourquoi (verset 16) : "Car ils contribuent
beaucoup [à inspirer l’impiété]; enfin il explique comment (verset 22) : "[Fuyez]
les vains désirs", I° Il dit donc (verset 16) : "Fuyez les entretiens vains et
profanes," montrant qu’il y a deux choses à éviter, à savoir, les
entretiens vains et les entretiens profanes, ce qui revient au même, ou peut
être entendu diversement. Profane signifie loin du temple,
c’est-à-dire éloigné du culte divin. Tels sont les enseignements des
hérétiques; il faut les éviter. C’est pourquoi l’Apôtre dit : "Fuyez
les entretiens profanes." On peut dire aussi que ces entretiens
profanes sont ceux qui répugnent à la foi, et les entretiens vains, ceux qui
tiennent de la fable (Psaume XI, 3) : "Chacun ne dit que des choses
vaines à son prochain." II° Quand il ajoute (verset 16) : "Car ils contribuent beaucoup [à
inspirer l’impiété]," il fait voir que ces entretiens sont à éviter.
Il en donne deux raisons. La première est le mal qu’ils font; la seconde le
profit qu’il y a à les éviter (verset 21) : "Si quelqu’un donc [se
garde pur], etc." Sur la première partie, l’Apôtre explique I.
comment ils nuisent en conduisant à la ruine de la foi; II. il montre qu’ils ne peuvent
détruire entièrement la foi (verset 17) : "Mais [le fondement de
Dieu] demeure stable, etc." I. Dans la première subdivision, d’abord il donne une règle; en suite il y joint une analogie (verset 17) : "Et les discours [qu’y tiennent certaines gens], etc.; "enfin, un exemple (verset 47) : "De ce nombre sont [Hyménée], etc." 1° Il dit donc : Il faut éviter
ce qui met obstacle à la piété, qui est appelée le culte de Dieu. C’est pour
cela que la doctrine de la foi est la doctrine de la piété; au contraire l’impiété
est la doctrine contre la foi. Aussi Paul dit (verset 16) : "Car ils
contribuent beaucoup à inspirer l’impiété," c’est-à-dire, ils
conduisent à l’erreur, ou à une doctrine qui n’est pas vraie. Ce progrès dans
le mal, de la part du méchant, c’est l’abus (ci-après, III, 3) : "Les
hommes méchants et les imposteurs se fortifient de plus en plus dans le mal,
étant dans l’erreur et y faisant tomber les autres" 2° L’Apôtre apporte ensuite une
analogie, qui les dépeint (verset 17) : "Et les discours [qu’ils y
tiennent], etc." Car les hérétiques, à leur début, disent quelques
vérités utiles, et lorsqu’on leur a prêté l’oreille, ils mêlent à leurs
discours des poisons qui donnent la mort. Il dit donc (verset 17) : « Et
les discours qu’ils y tiennent [sont comme une gangrène] » ; (Ecclésiastique
XI, 34) : "Une étincelle seule allume un grand feu, ainsi le trompeur
multiplie les meurtres " 3° Lorsqu’il dit (verset 17) : "De ce nombre [sont Hyménée et Philète[1]]," il cite un exemple, qui illustre son sujet. En effet, de son temps, ces deux hommes corrompaient la foi ; [(I Timothée I, 6)] : "Quelques-uns s’en écartant (de la foi) se sont égarés en de vains bavardages." Il est dit de Philète, plus haut (II Timothée I, 15) : "tous ceux qui sont en Asie se sont éloignés de moi; Philète et Hermogène sont de ce nombre;" d’Hyménée il est question dans (I Timothée I, 20) : "De ce nombre sont Hyménée, etc." L’Apôtre dit (verset 18) : "Ils se sont écartés [de la vérité]," ; (I Jean, II, 49) : "Ils sont sortis du milieu de nous," C’est ce qui aggrave leur faute, car (II Pierre, II, 21) : "Il leur eût été meilleur de n’avoir pas connu la voie de la justice, que de retourner en arrière après l’avoir connue." Leur erreur consistait à dire que la résurrection était déjà arrivée. De cette première résurrection, il est dit (Mt XXVII, 52) : "Et plusieurs corps des saints, qui étaient dans le sommeil, ressuscitèrent." Les novateurs disaient qu’il n’y a pas d’autre résurrection à attendre, et qu’elle avait eu lieu alors. On explique autrement et mieux, en disant que de même qu’il y a une double mort, il y aussi une double résurrection, à savoir, celle de l’âme et celle du corps. De la première il est dit dans l’Apocalypse (XX, 6) : "Heureux et saint est celui qui a part à la première résurrection." Les novateurs disaient donc, que tout ce qu’on lit dans la sainte Ecriture, devait se rapporter à la résurrection des âmes, qui est déjà faite (Coloss., III, 1) : "Si donc vous êtes ressuscités avec Jésus-Christ, recherchez ce qui est dans le ciel, etc." Or, cette erreur a cours encore aujourd’hui parmi les hérétiques, et par elle ils renversent la foi de quelques-uns. L’Apôtre dit donc avec juste raison (verset 18) : "Et ils ont renversé la foi de quelques-uns," parce qu’ils détruisent le fondement de la foi (Actes X, 10) : "Homme plein de toutes sortes de tromperies et de malices, fils de Satan, ennemi de toute justice, ne cesserez-vous jamais de pervertir les voies droites du Seigneur ?" II. Quand il dit ensuite (verset
19) : "Mais [le fondement de Dieu] demeure ferme," Paul
établit que la foi ne peut être totalement détruite par les hérésies; et
d’abord que les doctrines hérétiques ne peuvent pas corrompre la foi de
l’Eglise toute entière ; ensuite il explique pourquoi Dieu permet que
quelques-uns tombent dans l’erreur (verset 20) : "Or, dans une grande
maison, etc." 1° Il montre donc premièrement, la stabilité de la foi dans les élus ; secondement, il en apporte la démonstration (verset 19) : "Ayant [pour secours cette parole], etc." Il dit donc (verset 18) : "Ils renversent [la foi de quelques-uns], (verset 19) mais le fondement de Dieu demeure ferme." Ces fondements sont ceux-là seulement à qui est donnée la grâce de demeurer inébranlables (Matthieu VII, 25) : "La maison était fondée sur une pierre solide." Le fondement est "solide," parce qu’il est immobile, c’est pourquoi il est dit auparavant (Mt VII, 25) : "Les fleuves ont débordé et les vents ont soufflé, et ils sont venus fondre sur cette maison, et elle n'a pas été renversée." 1. Or cette stabilité dépend premièrement de la divine prédestination; en second lieu de notre libre arbitre. L’Apôtre dit donc quant à la prédestination : Ce fondement stable « a pour sceau cette parole : etc…" c’est-à-dire, tel est le sceau de cette stabilité ; (Jean, III, 33) : "Celui qui reçoit son témoignage atteste que Dieu est véritable." Telle est la première partie du sceau, c’est-à-dire celle qui est tirée de la prédestination divine, c’est que (verset 19) : "Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui." En effet, telle est la marque de cette prédestination ; (Jean, X, 14) : "Je connais mes brebis;" et : "J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie;" (Matthieu VII, 23) : "Je ne vous ai jamais connus." Du libre arbitre l’Apôtre dit (verset 46) : "Que quiconque invoque [le nom de Jésus-Christ], s’éloigne de l’iniquité;" comme s’il disait : S’ils sont prédestinés de Dieu, ils seront sauvés par le libre arbitre, car celui qui au dernier terme n’adhère pas au péché, fait voir par là qu’il est prédestiné. Paul indique ici deux conditions obligatoires pour le salut. D’abord confesser la foi (verset 19) : "Quiconque invoque [le nom du Seigneur]" ; (Rom., X, 10) : "C’est de la bouche que se fait la confession de la foi, afin d’obtenir le salut;" ensuite s’éloigner du péché (Mt VII, 21) : "Tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas dans le royaume des cieux, etc…." C’est pourquoi Paul dit (verset 19) : "Doit s’éloigner [de l’iniquité]. (Isaïe LV, 7) : "Que l’impie quitte sa voie, etc…". Que s’il dit : "Invoque le nom du Seigneur," il n’entend pas que cette invocation soit seulement de bouche, mais qu’elle se fasse intérieurement par la foi et extérieurement par les oeuvres. 2° Quand l’Apôtre ajoute (verset 20) : "Or, dans une grande maison, etc…" il explique pourquoi Dieu permet que quelques-uns tombent dans l’erreur, bien qu’il aime également tous les hommes. Or ceci peut s’entendre de deux manières, en général ou en particulier, à l’égard de tel ou tel. Si donc vous cherchez à savoir en particulier pourquoi Dieu accorde le don de la persévérance à celui-ci, et non pas à cet autre, il n’y a pas d’autre raison que la seule volonté de Dieu. « N’essayez pas de savoir, dit Augustin, pourquoi Dieu attire celui-ci et n’attire pas celui-là, si vous ne voulez pas vous égarer. » Que si vous demandez seulement d’une manière générale pour quoi il donne aux uns, et ne donne pas aux autres, la raison se trouve dans l’Epître aux Romains (IX, 16). C’est, en effet, la même raison que celle qui vient d’être donnée ici, bien que par d’autres exemples, car l’Apôtre ajoute (verset 22) "…Dieu avec une patience extrême, etc." En effet, toutes les oeuvres que Dieu a faites dans la nature et dans la grâce, sont faites pour manifester sa gloire ; (Ecclésiastique XLII, 16) : "Les œuvres du Seigneur sont remplies de sa gloire." Il a fait aussi les diverses créatures, afin que la perfection de la divine bonté, qui ne peut être manifestée par l’une, le fût suffisamment par l’autre. Ainsi peut-on remarquer dans l’oeuvre d’un unique architecte que, dans une même maison, telle ou telle fenêtre est plus ornée que telle autre; si l’on demande pourquoi toute la maison n’est pas fenêtre, le bon sens répond que toute la maison serait imparfaite. Paul dit semblablement (I Corinth. XII, 17) : "Si tout le corps était oeil, où serait l’ouïe ?" De même donc, dit l’Apôtre, en ce qui concerne les effets de la grâce, il a fallu que Dieu manifestât sa justice et sa miséricorde. S’il eût sauvé tous les hommes, il n’eût été que miséricordieux; s’il les eût tous condamnés, il n’eût été que juste. Dieu donc voulant montrer sa colère, c’est-à-dire sa justice, souffre, etc. Une raison analogue explique l’heureuse ordonnance de l’Eglise qui devait être parfaite, et qui n’eût pas été telle, s’il n’y avait eu en elle de la diversité. Cette diversité en elle, est triple, à savoir, celle des bons et des méchants; celle des bons et de ceux qui sont meilleurs; celle de ceux qui sont meilleurs et de ceux qui sont pires. L’Apôtre assignant cette diversité, dit donc (verset 20) : "Or, dans une grande maison, etc…" c’est-à-dire dans l’Eglise (Baruch, III, 24) : "O Israël, que la maison du Seigneur est grande ! Et combien est étendu le lieu qu’il possède !", "Il n’y a pas seulement des vases d’or, etc." L’Apôtre distingue les vases d’or et d’argent des vases de terre, les vases d’argent des vases d’or et les vases de terre des vases de bois. Dans le premier membre de phrase, Paul fait entrevoir la comparaison entre les bons et les méchants; dans le second, celle des bons et des meilleurs; dans le troisième, celle des parfaits et des pires, car les vases d’or et d’argent représentent les bons, mais les vases d’or représentent ceux qui sont meilleurs, et les vases d’argent les moins bons. De même, les vases de bois et de terre figurent les méchants, mais les vases de terre figurent ceux qui sont pires, et les vases de bois ceux qui sont moins mauvais. Saint Paul indique ensuite la diversité par rapport à l’usage; il montre que les bons sont réservés à l’honneur, c’est-à-dire à un usage honorable, et les mauvais, vases de terre et de bois, sont réservés à l’ignominie, c’est-à-dire, à un usage peu honorable. C’est ainsi que parmi les hommes, quelques-uns, à savoir, les saints, sont comme des vases précieux (Ecclésiastique, I, 10) : "Comme un vase d’or massif," ; (Actes IX, 15) : "Cet homme est pour moi un vase d’élection, etc.;" quelques autres, comme des vases inutiles, à savoir, les méchants ; (Isaïe, XXXII, 7) : "Les armes du trompeur sont pleines de malice;" (Ecclésiastique, XXI, 17) : "Le coeur de l’insensé est comme un vase rompu." Les premiers sont des vases d’honneur, auxquels est due la vie éternelle (Rom., II, 7) : "[Il rendra à chacun selon ses œuvres], la vie éternelle à ceux qui, par leur patience dans les bonnes oeuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité." Les seconds sont des vases d’ignominie (I Rois, II, 30) : "Ceux qui me méprisent, tomberont dans le mépris." Cette diversité que nous venons d’expliquer peut encore s’appliquer aux divers ministères de l’Eglise : ainsi les vases d’or sont les supérieurs; les vases d’argent, de bois et de terre indiquent ceux qui occupent les rangs inférieurs, dans lesquels il y a certains degrés. Ce qu’ajoute Paul (verset 20) : "Les uns sont pour des usages honnêtes,…" ne doit pas s’entendre dans ce sens que les vases d’or et d’argent soient tous réservés à l’honneur, et tous les vases de terre à l’ignominie; car dans tout état il y aura des élus et des damnés. |
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Lectio 4 |
Leçon 4 — 2 Timothée II, 21-26 et dernier : Les discours profanes |
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SOMMAIRE : L’Apôtre enseigne qu’il faut éviter les discours profanes, à raison des mauvais fruits qui en proviennent. Il indique à Timothée ce qu’il doit suivre. |
[21] si quis ergo emundaverit se ab istis erit vas in honorem
sanctificatum et utile Domino ad omne opus bonum paratum [22] iuvenilia autem desideria fuge sectare vero iustitiam
fidem caritatem pacem cum his qui invocant Dominum de corde puro [23] stultas autem et sine disciplina quaestiones devita sciens
quia generant lites [24] servum autem Domini non oportet litigare sed mansuetum
esse ad omnes docibilem patientem [25] cum modestia corripientem eos qui resistunt nequando det
illis Deus paenitentiam ad cognoscendam veritatem [26] et resipiscant a diaboli
laqueis a quo capti tenentur ad ipsius voluntatem |
21. Si quelqu’un donc se garde pur de ces
choses, il sera un vase d’honneur, sanctifié et propre au service du
Seigneur, préparé pour toutes sortes de bonnes oeuvres. 22. Fuyez les désirs des jeunes gens, et
suivez la justice, la foi, la charité et la paix avec ceux qui invoquent le
Seigneur d’un coeur pur. 23. Quant aux questions impertinentes et
inutiles, évitez-les, sachant qu’elles sont une source de contestations. 24. Or il ne faut pas que le serviteur du
Seigneur s’amuse à contester; mais il doit être modelé envers tout le monde,
capable d’instruire, patient : 25. il doit reprendre avec douceur ceux qui
résistent à la vérité, dans l’espérance que Dieu pourra leur donner un jour
l’esprit de pénitence, pour la leur faire connaître, 26. Et qu’ainsi revenant de leur égarement, ils sortiront des piéges du diable, qui tes tient captifs pour en faire ce qu’il lui plait. |
[87907] Super II Tim., cap. 2 l. 4 Supra ostendit quod profana sint vitanda per
rationem sumptam ex nocumento, hic ostendit idem per rationem sumptam ex
fructu. Et primo proponit vitationem; secundo eius fructum, ibi erit vas.
Nam
vitationem vocat emundationem. Dicit ergo : quaedam sunt vasa in contumeliam,
ergo si quis emundaverit se ab istis, quia eorum consortia inquinant. Eccli. c. XIII, 1 : qui tetigerit picem,
inquinabitur ab ea. Et ideo fugiendi sunt. II Cor. IX : exite de medio
et separamini, dicit dominus, et immundum ne tetigeritis, et cetera. Fructus
autem sequens est quadruplex. Primus est ex ordine ad gloriam, quia erit
vas in honorem, quia si sordidetur ab illis, erit in contumeliam; si
emundat se, in honorem. Ps. CXXXVIII, 17 : nimis honorati sunt amici,
et cetera. Prov. XXV, 4 : aufer rubiginem de argento, et egredietur vas
purissimum. Alii effectus sunt gratiae, quorum primus est
hominis sanctificatio; secundus est hominis ordinatio per rectam intentionem;
tertius per operis executionem. Quantum ergo ad primum dicit sanctificatum.
I Cor. VI, 11 : abluti estis,
sanctificati estis. Sed
quantum ad secundum dicit utile domino. Sed numquid indiget servitio
nostro ? Non. Ps. XV, v. 2 : bonorum meorum non indiges. Sed dicit utile
domino, id est, utilitas sua cedet ad honorem domini. Act. IX, 15 : ut
portet nomen meum coram gentibus, et regibus, et filiis Israel. Quantum ad
tertium dicit ad omne opus bonum paratum. Ps. CXVIII, 60 : paratus sum, et non sum
turbatus. Et dicit ad omne bonum, quia praecepta affirmativa non
obligant ad semper. Et ideo debet esse paratus, ut quando necesse est operetur.
Deinde cum
dicit iuvenilia, ostendit qualiter profana sunt vitanda. Et ponit duo
vitanda : primum est conversatio prava; secundum est doctrina mala, ibi stultas
autem. Circa
primum duo facit, quia primo ostendit quid sit vitandum; secundo quid sit
sequendum, ibi sectare. Dicit ergo
: dico quod debes vitare haec, ut sis vas emundatum; ideo iuvenilia,
et cetera. Considerandum est quod dicit hoc, quia iste iuvenis erat. Et haec
sunt desideria vanitatum exteriorum, et carnalium voluptatum. Naturale est iuvenibus quod haec desiderent. Eccle. XI,
10 : adolescentia et voluptas vana sunt. Cuius est duplex ratio. Una, quia non sunt alia
experti; secunda, quia huiusmodi delectationes naturales sunt ordinatae ut
medicina contra labores. Natura vero in iuvenibus laborat, et ideo
inclinantur ad eas. Deinde cum
dicit sectare vero iustitiam, fidem, spem, charitatem et pacem,
ostendit quae sunt sectanda. Et sunt
quatuor, quorum primum ordinat ad subditos, et haec est iustitia, quia
princeps est custos iustitiae. Prov. XX, 8 : rex qui sedet in solio
iudicii, dissipat omne malum intuitu suo. Secundum
ordinat ad eum, et haec est fides, sine qua impossibile est placere Deo,
Hebr. XI, 6. Tertium
est spes. Quartum ordinat ad proximum unumquemque, scilicet charitas et pax,
quae se extendit ad inimicos. I Cor.
XIII, 2 : si habuero fidem, ita ut montes transferam, charitatem autem non
habuero, nihil sum. Ex
charitate sequitur gaudium. Pax autem importat ordinatam concordiam. Quod
autem subdit cum his qui invocant, etc., uno modo exponi potest
referendo ad immediate dictum; quasi dicat : sequimini pacem cum his, et
cetera. Quod autem dicit de corde puro, ponitur, quia non est speciosa
laus, et cetera. Sed Hebr. XII, 14, dicitur : pacem sequimini
cum omnibus. Quare ergo dicitur hic cum his qui
invocant dominum de corde puro ? Respondeo. Dicendum est, quod quantum in
nobis est, debemus habere pacem cum omnibus, si fieri potest; sed non potest
esse pax inter bonos et malos, quia pax dicit concordiam, quae non potest
haberi cum malis. Alio modo legitur cum his, etc., ut referatur ad
totum praecedens; quasi dicat : ita sectare iustitiam, pacem, et omnia, sicut
et illi qui invocant, et cetera. Deinde cum dicit stultas
autem, hortatur ad vitandum doctrinam malam. Et primo docet, quid sit
vitandum; secundo quid sit sectandum, ibi sed mansuetum. Circa
primum duo facit; quia primo proponit documentum; secundo rationem assignat,
ibi sciens quia. Vitandae sunt quaestiones stultae, quantum ad
materiam, quia sunt de stultis, id est, de his, quae contrariantur
sapientiae, id est, de his, quae sunt contra divinam sapientiam. Has non debet homo movere, sed eis
resistere. Ier. X, 14 : stultus factus est omnis homo a scientia sua. Dicit
autem sine disciplina, quantum ad modum, quia clamosae sunt. Vel sine
disciplina ex parte eorum de quibus dubitatur, ut puta si vertat in
dubium id quod tota Ecclesia tenet. Iob XXXIV,
35 : Iob autem stulte locutus est, et verba eius non sonant disciplinam.
Quaestiones autem intantum sunt amandae,
inquantum ducunt ad veritatem : per hoc quod oportet quod omnes unum dicant. Quaestiones autem stultae non ducunt ad
veritatem, sed ad litem, quae est vitanda. Is. LVIII, v. 4 : ecce ad lites et
contentiones ieiunatis, et cetera. Et ideo dicit servum autem domini,
id est eum qui se dat servitio domini, non oportet litigare. I Tim.
III, 3 : non litigiosum. Deinde cum
dicit sed mansuetum, ostendit quid sit sectandum. Et primo ponit
documentum; secundo rationem, ibi ne quando det. Item prima in duas, quia primo proponit quoddam
generale ad omnes; secundo quaedam necessaria ad singulos, ibi docibilem.
Generale
quod debet habere qui vult disputare, est quod sit mansuetus. Ps. XXIV, 9 : docebit
mites vias suas. Est enim mansuetudo virtus compescens ab ira, quae
perturbat iudicium rationis, quae necessaria est in quaestione et iudicio
veritatis. Matth. c. XI, 29 : discite a me, quia mitis sum et humilis
corde. In speciali autem debet habere respectu
superiorum docilitatem; respectu persecutorum, patientiam; respectu falsorum
doctorum, correctionem. Quantum ad
primum dicit docibilem, id est, paratum corrigi a quocumque. Et haec
est sapientia caelestis. Iac. III, 17 : quae autem desursum est sapientia,
primum quidem pudica est : deinde autem pacifica, modesta, suadibilis, et
cetera. Quantum ad
secundum dicit patientem. Ps. XCI, 15 : bene patientes erunt ut
annuntient. Prov. XIX, 11 : doctrina viri per patientiam noscitur.
Quantum ad
tertium dicit cum modestia corripientem, quia correctio debet esse
modesta. Gal. VI, v. 1 : vos
qui spirituales estis, huiusmodi instruite in spiritu lenitatis, et
cetera. Deinde cum
dicit nequando, assignat rationem vitationis, et respondet cuidam
tacitae quaestioni. Posset enim aliquis dicere : isti resistunt veritati, et
ideo imminet necessitas corrigendi. Respondeo quod Deus pater eos potest
reducere ad poenitentiam, et ad hoc debet iustus niti. Et primo praemittit poenitentiam, quam debet
intendere contra adversarios; secundo poenitentiae fructus; tertio
poenitentiae necessitatem. Dicit ergo
nequando, id est, ut Deus aliquando det eis poenitentiam, quia
ex superbia resistunt, quibus difficile videtur dari poenitentia. Hic
excluditur error Pelagii qui dicit dona gratiae esse ex operibus nostris,
quod per hoc patet esse falsum, quia etiam principium bonorum, scilicet
poenitentia, datur a Deo. Thren. V,
21 : converte nos, domine, ad te, et convertemur. Prov. XIX : a
timore tuo concepimus. Fructus vero poenitentiae duplex est, scilicet
cognitio veritatis, et liberatio a potestate Diaboli. Quantum ad
primum dicit ad cognoscendam veritatem, quia quando ex malitia
resistitur veritati, ipsa malitia sua excaecat eos; quando ergo malitia
aufertur, cognoscunt veritatem. Io. VIII, 32 : et cognoscetis veritatem.
Quantum ad
secundum dicit et resipiscant a Diaboli laqueis, id est, ab
occasionibus errorum ex parte intellectus, sicut falsae phantasiae, et ex
parte affectus, sicut sunt invidia, superbia, et huiusmodi. Necessitas
autem poenitentiae est magna, quam nisi habeant, Diabolus dominatur eis. Unde
dicit a quo captivi tenentur, quia qui facit peccatum servus est
peccati, Io. VIII, 34. Et dicit ad
ipsius voluntatem, scilicet sectandam. Vel ut de homine faciat voluntatem
suam. Sed
contra, non statim praecipitat sicut vellet. Dicendum est, quod solum adipiscitur
quantum permittitur sibi; sed difficile est quod ei auferatur id quod tenet. Is. XLIX, 24 : numquid tolletur a forti
praeda, aut quod captum fuerit a robusto salvum esse poterit ? |
I° Après voir établi plus haut qu’il faut éviter les entretiens profanes, par une raison prise du mal qu’ils peuvent faire, Paul apporte une seconde preuve, prise de l’avantage qu’on trouve à les fuir. Et d’abord il expose la nécessité de les éviter; ensuite l’avantage qu’on y trouve (verset 21) : "Il sera comme un vase d’honneur, etc." I. Appelant donc
« purification » le fait d’éviter ces sortes de discours, il dit
(verset 21) : "Certains sont pour un usage honteux. Donc si
quelqu’un s’est gardé pur de ces entretiens," parce qu’on se souille
à leur contact (Ecclésiastique XIII, 1) : "Celui qui touche de la
poix en sera gâté," et qu’on doit par conséquent les fuir ; (2
Co VI, 17) : "Sortez du milieu de ces personnes, dit le Seigneur,
séparez-vous d’eux et ne touchez pas à ce qui est impur, etc." II. L’avantage qu’on trouve à fuir est de quatre sortes. Le premier dans l’ordre de la gloire (verset 21) : "Car il sera un vase d’honneur," parce que s’il se souille au contact des autres, il de viendra un vase d’ignominie; s’il se garde pur, un vase d’honneur (Psaume CXXXVIII, 17) : "Vous avez honoré sans mesure, ô mon Dieu, ceux qui sont vos amis, etc.;" Prov., XXV, 4) : "Otez la rouille de l’argent, et il s’en formera un vase très pur." Les autres effets appartiennent à la gloire. Le premier est la sanctification de l’homme; le second, sa direction légitime par la rectitude de l’intention; le troisième, par l’accomplissement des œuvres. Du premier de ces effets, l’Apôtre dit (verset 21) : "Un vase sanctifié" (1 Co VI, 11) : "Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés." Du second (verset 21) : "Propre au service du Seigneur." Dieu aurait-il donc besoin de notre service ? Nullement (Psaume XV, 2) : "J’ai dit au Seigneur : vous êtes mon Dieu, et vous n’avez aucun besoin de mes biens." Paul dit : "Propre au service du Seigneur," parce que ce qu’il y a d’utilité en lui doit doit céder devant à la gloire du Seigneur ; (Actes IX, 15) : "[Je l’ai choisi] pour porter mon nom devant les Gentils, devant les rois et devant les enfants d’Israël." Du troisième (verset 24) : "Préparé pour toutes sortes de bonnes oeuvres" ; (Psaume CXVIII, 60) : "Je suis prêt, Seigneur, et je ne suis pas troublé." L’Apôtre dit : "Pour toutes sortes de bonnes oeuvres", parce que les préceptes affirmatifs n’obligent pas toujours. Par conséquent il faut être prêt, afin de pratiquer les bonnes oeuvres, quand cela devient nécessaire. II° Quand Paul ajoute (verset 22)
: "[Fuyez donc] les désirs des
jeunes gens," il explique de quelle manière les choses profanes
doivent être évitées. Il en spécifie deux : la première, c’est la mauvaise
vie; la seconde, la mauvaise doctrine (verset 23) : "Quant aux
questions impertinentes, etc." I. Sur la première partie, il établit ce qu’il faut éviter; ensuite ce qu’il faut imiter (verset 22) : "Suivez la justice, etc." 1° Il dit donc : j’ai signalé ce que vous devez éviter, afin d’être un vase sanctifié. "Fuyez donc [les désirs des jeunes gens]." Il est à remarquer que l’apôtre parle ainsi, parce que Timothée était jeune encore. Ces désirs qu’il réprouve sont les désirs des vanités extérieures et des voluptés charnelles, car il est dans la nature des jeunes gens de se laisser aller à de semblables désirs (Ecclésiaste, XI, 10) : "La jeunesse et le plaisir ne sont que vanité." Il y a à cela une double raison : la première, que les jeunes gens n’ont pas d’expérience; la seconde, que ces sortes de délectations sont comme une sorte de médicament contre les peines. Or, la nature est en travail dans les jeunes gens, voilà pourquoi ils recherchent ces délectations sensuelles. 2° Quand il dit (verset 22) : "Suivez plutôt la justice, la foi, la chasteté et la paix," Paul indique les vertus qu’il faut pratiquer. Or, ces vertus sont au nombre de quatre. La première règle nos rapports envers ceux qui sont au-dessous de nous, c’est la justice, dont les puissants sont les gardiens (Proverbes, XX, 8) : "Le roi, qui est assis sur son trône pour rendre la justice, dissipe le mal par son seul regard." La seconde règle nos rapports avec Dieu[2], c’est la foi," sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu." (Hébr., XI, 6). La troisième est l’espérance; la quatrième nous met en rapport avec le prochain quel qu’il soit, c’est la charité, qui s’étend jusqu’à nos ennemis, puis la paix (I Cor., XIII, 2) : "Quand j’aurais toute la foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien." De la charité naît la joie, et la paix produit avec l’ordre la concorde. Ce que l’Apôtre ajoute (verset 22) : "Avec ceux qui invoquent [le Seigneur d’un coeur pur]," peut s’expliquer d’abord en le rattachant à ce qui précède immédiatement, comme s’il disait : "Ayez la paix avec ceux, etc." Ce qu’il dit "d’un coeur pur," signifie que la louange ne peut être agréable qu’autant, etc. Toutefois, puisque Paul dit (Hébr., XII, 14) : "Tachez d'avoir la paix avec tout le monde, etc." pourquoi dit-il ici : "Avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur ?" Il faut répondre qu’autant qu’il est en nous, nous devons avoir la paix avec tout le monde, si cela se peut ; mais la paix ne peut exister entre les bons et les méchants, car la paix suppose la concorde, qui ne peut subsister avec les méchants. On peut encore dire : "Avec ceux, etc.", en rapportant ces paroles à tout ce qui a été dit auparavant. Comme si l’Apôtre disait : "Pratiquez la justice, la paix et les autres vertus, comme le font "ceux qui invoquent, etc." II. "Quant aux questions
impertinentes [et inutiles, évitez-les]." (verset 23). L’Apôtre
exhorte ici à se préserver de la mauvaise doctrine. Et d’abord il enseigne ce
qu’il faut éviter; ensuite ce qu’il faut pratiquer (verset 24) : "[Le
serviteur de Dieu] doit être modéré [envers tout le monde]." 1° Sur le premier de ces points, Paul donne d’abord une règle; ensuite il en apporte la raison (verset 23) : "Sachant qu’elles…" 1. Les questions impertinentes sont à éviter, quant à leur matière, parce qu’elles portent sur des choses vaines, à savoir, sur des choses opposées à la sagesse, c’est-à-dire, qui sont contre la divine sagesse ; on ne doit donc pas soulever de semblables questions, mais résister si on les propose (Jérémie, X, 14) : "La science de tout homme le rend insensé." L’Apôtre ajoute "Inutiles," quant à la manière de les traiter, parce qu’elles ne sont que bruit; ou "sans règle" sous le rapport des choses dont on doute, par exemple, si l’on fait passer pour incertain ce que toute l’Eglise croit (Job, XXXIV, 35) : "Car pour Job il a parlé inconsidérément, et ses discours sont dépourvus de sagesse." 2. On ne doit aimer les
discussions qu’autant qu’elles conduisent à la vérité, par la raison qu’il faut
que tous tiennent un seul langage. Or, les questions impertinentes ne
conduisent pas à la vérité, elles engendrent les disputes, ce qu’il faut
éviter ; (Isaïe, LVIII, 4) : "Vous jeûnez pour soulever des
disputes et des contestations, etc." C’est ce qui fait dire à Paul
(verset 24) : "Or il ne faut pas que le serviteur du Seigneur,"
c’est-à-dire celui qui se consacre à son service, "s'amuse à
contester." (1 Tim III, 3) : "Qu’il soit éloigné des
contestations." 2° A ces mots (verset 24) : "Mais il doit être modéré [envers tout le monde], etc.," l’Apôtre indique ce qu’il faut suivre. Et d’abord il donne une règle, ensuite il en apporte la raison (verset 25) : "Dans l’espérance que Dieu pourra leur donner un jour, etc." 1. La première partie se subdivise. Paul donne d’abord comme une sorte de règle générale pour tous; ensuite certaines règles nécessaires pour des cas particuliers, afin (verset 24) : "Qu’il soit susceptible de recevoir un avis, etc." A) Ce que doit généralement avoir celui qui veut discuter, c’est la douceur. (Ps. XXIV, 9) : "Il enseignera ses voies à ceux qui sont doux." La mansuétude, en effet, est une vertu qui contient la colère, cause de perturbation pour le jugement de la raison, nécessaire dans la discussion et l’appréciation de la vérité ; (Mt XI, 29) : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur." B) Ce qu’il doit avoir en particulier, c’est à l’égard des supérieurs, sa soumission; à l’égard des persécuteurs, la patience; à l’égard des faux docteurs, la fermeté pour corriger. A) De la première de ces vertus, l’Apôtre dit (verset 24) : "Docile," c’est-à-dire tout prêt à se réformer, de quelque part que ce soit. C’est là la sagesse céleste ; (Jacq., III, 17) : "La sagesse qui vient d’en haut est premièrement chaste, puis amie de la paix, condescendante, docile, etc." B) De la seconde (verset 24) : "Patient." (Psaume XCI, 15) : "Ils seront remplis de patience pour annoncer…" ; (Proverbes XIX, 11) : "La science d’un homme se connaît par la patience." C) De la troisième (verset 25) : "[Il doit reprendre] avec douceur ceux qui résistent [à la vérité]," parce que la correction doit avoir sa modestie (Galates, VI, 1) : "Vous autres qui êtes spirituels, redressez celui qui tombe, en y mettant l’esprit de douceur, etc." 2. Quand Paul dit ensuite (verset 25) : "Dans l’espérance que Dieu [pourra un jour leur donner], etc.," il apporte la raison pour laquelle on doit éviter [ceux qui répandent la mauvaise doctrine]. Il répond à une sorte de question tacite, car on pourrait dire : ceux-là résistent à la vérité; il y a donc nécessité urgente de les corriger. Je réponds, dit l’Apôtre, que Dieu le Père peut les ramener à la pénitence, et c’est à cela que doivent tendre tous les efforts du juste. D’abord il met en avant la pénitence qu’il doit infliger à ses adversaires, ensuite le fruit de cette pénitence, enfin la nécessité de la pénitence. A) Il dit donc (verset 25) : "De peur qu’un jour," c’est-à-dire dans l’espérance qu’un jour," Dieu pourra leur donner la pénitence," parce que, résistant par orgueil, il paraît difficile que cette pénitence leur soit donnée, Ici se trouve réfutée l’erreur de Pélage, qui prétend que les dons de la grâce proviennent de nos bonnes œuvres ; c’est ici qu’il apparaît que cela est faux, puisque même le commencement de nos œuvres bonnes, à savoir la pénitence, est donné par Dieu. (Lam. V, 21 : « Fais-nous revenir à toi, Seigneur, et nous reviendrons » ; (Prov. XIX : « de ta crainte nous avons tiré… » [ ?]. Or double est le fruit de la pénitence, à savoir, la connaissance de la vérité et l’affranchissement de la puissance du démon. Du premier, l’Apôtre dit (verset 25) : "Pour leur faire connaître la vérité," parce que si c’est la malice qui fait résister à la vérité, la malice elle-même aveugle ceux qui résistent; et quand la malice est enlevée, ils connaissent la vérité. (Jean, VIII, 32) : "…et vous connaîtrez la vérité." Du second (verset 26) : "Et revenant de leur égarement, ils sortirent des piéges du diable," c’est-à-dire, des occasions d’erreur du côté de l’intelligence, comme sont les vaines imaginations, et du côté des sentiments, comme sont l’envie, l’orgueil, et d’autres vices de ce genre. C) Mais la nécessité de la pénitence est grande, car s’ils ne l’obtiennent, le diable garde la domination sur eux. C’est pour quoi Paul dit (verset 26) : "Qui les tient captifs pour en faire ce qui lui plaît," car (Jean, VIII, 34) : "Quiconque commet le péché est esclave du péché." L’Apôtre dit : "pour en faire ce qu’il lui plait," c’est-à-dire que l’homme le suit ; ou bien encore pour qu’il fasse de l’homme ce qui lui plaît. On dit que le démon ne
précipite pas l’homme en enfer aussitôt qu’il le voudrait. Il faut répondre
que le démon ne s’empare [de l’homme] qu’autant que Dieu le lui permet, mais
il est difficile de lui enlever ce qu’il tient (Isaïe XLIX, 24) : "Ravira-t-on
au géant sa proie, et les justes qu’on a faits captifs pourront-ils échapper
au fort ?" |
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Caput 3 |
CHAPITRE 3 — Lutter avec courage contre les périls à
venir
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Leçon 1 — 2 Timothée III, 1-5 : Les périls des derniers temps |
Lectio 1 |
SOMMAIRE : Paul prédit les périls qui surviendront dans les derniers temps, à cause de l’abondance de la malice et de l’amour de soi chez les hommes. |
[1] hoc autem scito quod in novissimis diebus instabunt
tempora periculosa [2] et erunt homines se ipsos amantes cupidi elati
superbi blasphemi parentibus inoboedientes ingrati scelesti [3] sine affectione sine pace criminatores
incontinentes inmites sine benignitate [4] proditores protervi tumidi voluptatium amatores
magis quam Dei [5] habentes speciem
quidem pietatis virtutem autem eius abnegantes et hos devita |
1. Or, sachez que dans les derniers jours il
viendra des temps fâcheux; 2. Car il y aura des hommes pleins d’amour
d’eux-mêmes, avares, glorieux, superbes, médisants, désobéissants à leurs
pères et à leurs mères, ingrats, impies, 3. Sans affection, ennemis de la paix,
calomniateurs, intempérants, inhumains, sans aménité, 4. Traîtres, insolents, enflés d’orgueil et
plus amateurs de la volupté que de Dieu, 5. Qui auront une apparence de piété, mais qui en ruineront la vertu. |
[87908]
Super II Tim., cap. 3 l. 1 Supra instruxit eum quomodo resistat
tribulationibus et periculis praesentibus, hic ostendit quomodo stet contra
futura. Et primo praenuntiat futura pericula; secundo ostendit idoneitatem
suam ad resistendum, ibi tu autem assecutus; tertio ostendit qualiter
resistat, ibi testificor. Circa primum duo facit, quia primo
praenuntiat pericula novissimorum temporum; secundo ostendit quomodo eorum
vitia sunt etiam modo vitanda, ibi et hos devita. Item prima in duas,
quia primo praenuntiat esse futura pericula in novissimis temporibus; secundo
causam periculorum, ibi et erunt homines. Dicit ergo
: dixi, devita profana, etc., non solum autem sunt haec modo vitanda, sed in futuro
restant etiam quaedam alia vitanda. Et dicuntur novissimi dies, quia sunt
propinqui novissimo diei. Io. VI, 55 : ego resuscitabo eum in novissimo
die. Gen. c. XLIX, 1 :
congregamini ut annuntiem quae ventura sunt vobis diebus novissimis.
Et addit instabunt tempora periculosa, et cetera. Matth. c. XXIV, 9 : eritis
odio omnibus gentibus propter nomen meum. Causa
horum est iniquitatis abundantia, Matth. XXIV, 12 : quoniam abundavit
iniquitas, refrigescet charitas multorum, quia fides et charitas vel annullabitur
vel totaliter peribit; quia quanto magis aliquid elongatur a suo principio,
tanto plus deficit. Et ideo in tempore illo magis deficient fides et
charitas, quia plus elongantur a Christo. Lc. XVIII, 8 : filius hominis
veniens, putas, inveniet fidem in terra ? Et circa hoc primo ponit
iniquitatis radicem; secundo diversas eius species. Radix
autem totius iniquitatis est amor sui ipsius. Duplex autem amor duplicem civitatem facit. Sed contra : quilibet naturaliter diligit se.
Respondeo. Dicendum est quod in homine duo sunt, scilicet natura rationalis
et corporalis. Quantum ad intellectualem seu rationalem, quae interior homo
appellatur, ut dicitur II Cor. IV, 16, homo debet plus se diligere quam omnes
alios, quia stultus esset qui vellet peccare ut alios a peccatis retrahat;
sed quantum ad exteriorem hominem, laudabile est ut alios plus diligat quam
se. Unde illi
qui se sic tantum amant, sunt vituperabiles. Phil. II, 21 : omnes quae sua
sunt quaerunt, non quae Iesu Christi. Ex hac
radice diversae sunt species iniquitatis. Unde dicit cupidi, elati, et
cetera. Et circa hoc tria facit, quia primo ponit peccata, quae sunt in abusu
rerum exteriorum; secundo, quae pertinent ad inordinationem hominis ad alios,
ibi blasphemi; tertio, quae ad seipsum, ibi incontinentes. Duo autem
sunt in rebus exterioribus, scilicet abundantia divitiarum, et excellentia
bonorum. Quantum ad primum dicit cupidi. Et cupiditas primo ponitur,
quia est radix omnium malorum. Vel est propinqua amori sui ipsius, quae est
ad bona exteriora. Quantum ad
secundum dicit elati. Elatio est species superbiae, quae sunt quatuor
: una quando aliquis attribuit sibi quo caret. Secunda quando quod ab alio
habet attribuit sibi, ac si haberet a se. I Cor. IV, 7 : quid habes quod non accepisti,
et cetera. Tertia quando attribuit sibi quod habet ab alio, sed meritis
propriis. Lc. XVIII, 12 : ieiuno bis in sabbato, et cetera. Quarta
quando singulariter vult videri supra omnes, et haec est elatio. Ps. CXXX, 1
: domine, non est exaltatum cor meum, et cetera. Quod dicit superbi,
reducitur ad alias species superbiae. Iac. IV, 6 : Deus superbis resistit,
humilibus autem dat gratiam. Consequenter
ponit vitia quantum ad alios. Et primo
quantum ad superiores; secundo quantum ad aequales, ibi scelesti. Superior
est triplex, scilicet Deus; et contra hunc dicit blasphemi. Is. I, 4 :
dereliquerunt dominum, blasphemaverunt sanctum Israel, abalienati sunt
retrorsum. Item parentes; et quantum ad hoc dicit parentibus non
obedientes. I Reg. XV, 23 : quasi peccatum ariolandi est repugnare, et
quasi scelus idololatriae nolle acquiescere. Prov. c. XXX, 17 : oculum
qui subsannat patrem, et qui despicit partum matris suae, effodiant eum corvi
de torrentibus, et comedant eum filii aquilae. Item
benefactor inquantum huiusmodi; et quantum ad hoc dicit ingrati. Ps.
XXXVII, 21 : qui retribuunt mala pro bonis, et cetera. Col. III, 15 : grati
estote. Sap. XVI, 29 : ingrati enim spes tamquam hybernalis glacies
tabescet, et disperiet tamquam aqua supervacua. Tunc ponit
mala quae sunt ad aequalem et proximum, et sunt tria. Primum pertinet ad
opus; unde dicit scelesti, id est, qui scelera gravia perpetrant in
proximos. Is. I, 4 : vae genti peccatrici, populo gravi iniquitate, semini
nequam, filiis sceleratis, et cetera. Secundum ad affectum; unde dicit sine
affectione, id est, sine affectu charitatis, et sine pace. Tertio quantum
ad verbum; unde dicit criminatores. Lev. XIX, v. 16 : non eris
criminator, nec susurro in populis. Item
quantum ad seipsum ostendit quaedam alia tripliciter. Primo quantum ad corruptionem concupiscibilis,
secundo irascibilis, tertio rationalis. Quantum ad primum dicit incontinentes.
Unde dicitur incontinens qui se non tenet in bono proposito propter pravas
concupiscentias. Eccli. XXVI, 20 : omnis autem ponderatio non est digna
continentis animae. Quantum ad
irascibilem dicit proprie immites, id est, non mansueti; haec enim
mansuetudo moderatur passiones irae. Matth. c. XI, 29 : discite a me, quia
mitis sum et humilis corde. Ps. XXIV, 9 : docebit mites vias suas.
Item ponit aliud quod pertinet ad effectum irascibilis, scilicet benignitatis
exclusio; unde dicit sine benignitate. Hoc enim est naturale quod
quando dominatur unum contrariorum, excludit aliud. Eph. IV, 32 : estote
invicem benigni. Deinde
ponit vitia, quae sunt ad corruptionem rationalis. Haec autem potentia
perficitur per prudentiam; prudentiae autem opponitur aliquod vitium per
abusum prudentiae et aliquod per eius privationem, et utrumque ponit. Quantum ad
primum dicit proditores. Ad prudentiam autem pertinet sagacitas, qua
quidam abutuntur in malum, et hi sunt proditores. Prov. XI, 13 : qui
ambulat fraudulenter, revelat arcana. Item
constantia qua quidam abutuntur dum in malo proterviunt; unde dicit protervi.
Prov. III, 5 : ne innitaris prudentiae tuae. Deinde ponit vitia, quae sunt ad privationem
prudentiae. Et primo
ponit privationis causam; unde dicit tumidi. Superbi enim inflantur in
agendis, quia non metiuntur vires suas, et ideo deficiunt. Prov. XI, 2 : ubi
superbia, ibi erit et contumelia : ubi autem humilitas, ibi et sapientia.
Secundo
ponit privationis effectum, quia temporalia praeponunt aeternis; unde dicit voluptatum
amatores magis quam Dei. Is. XIII, 22 : Syrenae in delubris voluptatis.
Sed
numquid est idem esse incontinentem, et voluptatum amatorem ? Respondeo.
Dicendum est quod non, quia proprie incontinens dicitur qui habet spem
fugiendi, sed vincitur ab eis; sed proprie amator earum est intemperatus qui
habet corruptam aestimationem. Consequenter
ponit simulationem, dicens habentes quidem speciem pietatis II Cor. c.
XI, 13 : operarii subdoli, virtutem autem eius abnegantes, virtutem
scilicet pietatis, quae dicitur hic dupliciter. Uno modo ipsa vis pietatis,
id est, eius virtus; unde dicit abnegantes, id est, veritatem non
habentes. Tit. I, 16 : confitentur se nosse Deum, factis autem negant.
Alio modo,
quia virtus rei dicitur illud, ex quo dependet tota res. Tota autem virtus
pietatis dependet ex charitate, ideo dicit virtutem eius, scilicet
charitatem abnegantes. |
L’Apôtre, après avoir instruit
Timothée de la manière de résister et aux tribulations et aux dangers du
moment présent, lui apprend ici à se dresser contre les périls à venir. Et
d’abord il prédit ces dangers futurs; ensuite il fait comprendre à son
disciple qu’il est capable de résister (verset 10) : "Quant à vous,
vous m’avez suivi…, etc.;" enfin il lui indique comment il doit
résister (IV, 4) : "Je vous conjure…, etc." Sur le premier
de ces points, il prédit premièrement les périls de ces derniers temps;
secondement, il explique comment les vices de ces temps, sont à éviter dès
maintenant (verset 5) : "Fuyez donc ces personnes." La
première partie se subdivise encore, car l’Apôtre prédit I° que des dangers surviendront
dans les derniers temps; II° il dit quelle est la cause de ces dangers
(verset 2) : "Car il y aura des hommes…, etc. I° Il dit donc : "[Je vous ai recommandé] d’éviter les entretiens vains et profanes, etc."; or non seulement il faut fuir actuellement ces entretiens, mais il reste encore, dans l’avenir, d’autres dangers à éviter. Ces temps sont appelés " les derniers," parce qu’ils sont proches du dernier jour ; (Jean, VI, 55) : "Je le ressusciterai au dernier jour;" ; (Genèse XLIX, 1) : "Assemblez-vous tous, afin que je vous annonce ce qui doit vous arriver dans les derniers temps." L’Apôtre ajoute (verset 11) : "Sachez que dans ces temps il viendra des jours fâcheux" ; (Mt XXIV, 9) : "Vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom." II° La cause de ces maux sera l’abondance de l’iniquité ; (Mt XXIV, 12) : "Et parce que l’iniquité sera venue à son comble, la charité de beaucoup se refroidira," car alors la foi et la charité ou seront affaiblies, ou totalement détruites. Plus, en effet, une chose s’éloigne de son principe, plus elle va s’affaiblissant. Dans ces temps donc la foi et 1a charité s’affaibliront davantage parce qu’elles seront plus éloignées de Jésus-Christ ; (Luc XVIII, 8) : "Pensez-vous que le Fils de l’homme, lorsqu’il viendra, trouve de la foi sur la terre ?" Paul indique donc à ce sujet d’abord la racine de l’iniquité; ensuite ses différentes espèces. I. La racine de toute iniquité,
c’est l’amour de soi, car les deux amours font les deux cités. On objecte :
c’est naturellement que chacun s’aime soi-même. Nous répondons : il y a dans
l’homme deux natures, la nature raisonnable et la nature corporelle. Quant à
la nature intellectuelle ou raisonnable, qui est appelée l’homme intérieur
(II Cor., IV, 16), l’homme doit s’aimer plus qu’il n’aime les autres, quels
qu’ils soient, car ce serait folie de vouloir pécher, afin de retirer les
autres du péché. Mais quant à l’homme extérieur, il est louable d’aimer les
autres plus que soi-même. Ceux-là donc qui s’aiment seulement ainsi, sont
dignes de blâme ; (Philipp., II, 21) : "Tous cherchent leurs
propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ." II. De cette racine sortent les différentes espèces d’iniquité; c’est pourquoi Paul dit (verset 2) : "Avares, glorieux, etc." A ce sujet, trois points : il indique premièrement les péchés qui consistent dans l’abus des biens extérieurs; secondement, ceux qui appartiennent au désordre de l’homme par rapport aux autres (verset 2) : "Blasphémateurs, etc.;" enfin ceux qui le concernent lui-même (verset 3) : "Intempérants, etc." 1° Il y a, par rapport aux choses extérieures, d’abord l’abondance des richesses, et secondement, l’excellence des biens. 1. De la première, l’Apôtre dit (verset 2) : "Avares." Il met au premier rang la cupidité, parce qu’elle est la racine de tous les maux; ou bien encore, parce qu’elle se rapproche de l’amour de soi, en ce qui touche les biens extérieurs. 2. De la seconde, il dit (verset
2) : "Glorieux." La vaine gloire est une des quatre espèces
d’orgueil. La première, quand on s’attribue ce qu’on n’a pas; la seconde,
quand on s’attribue à soi-même, comme l’ayant de soi, ce que l’on tient d’un
autre ; (1 Co IV, 7) : "Qu’avez-vous que vous n’ayez pas reçu,
etc… ?" 3. la troisième, quand ce qu’on a
reçu d’un autre, on l’attribue à soi-même, comme venant de ses propres
mérites ; (Luc, XVIII, 12) : "Je jeûne deux fois la semaine,
etc.;" 4. La quatrième, enfin, quand on
veut se singulariser et paraître au-dessus des autres, c’est là la vaine
gloire ; (Psaume CXXX, 1) : "Seigneur, mon coeur ne s’est pas
enflé d’orgueil,". Ceux que Paul appelle (verset 2) : "Superbes,"
sont compris dans les autres espèces d’orgueil ; (Jacques IV, 6) : "Dieu
résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles." 2° L’Apôtre énumère ensuite les vices qui se rapportent aux autres. Et d’abord à l’égard des supérieurs; en second lieu, des égaux (verset 2) : "Impies." 1. Il y a trois ordres de supérieurs, Dieu d’abord. De ce qui est contre lui Paul dit (verset 2) : "Blasphémateurs" ; (Isaïe, I, 4) : "Ils ont abandonné le Seigneur, ils ont blasphémé le saint d’Israël, ils sont retournés en arrière." Ensuite les parents; quant à eux, l’Apôtre ajoute (verset 2) : "Désobéissants à leurs parents" ; (I Rois, XV, 23) : "C’est une espèce de pacte infernal de ne vouloir pas se soumettre, et ne pas obéir, c’est le crime de l’idolâtrie;" (Proverbes XXX, 47) : "Que l’oeil qui insulte à son père, et qui méprise l’enfantement de sa mère, soit arraché par les corbeaux du torrent, et qu’il soit dévoré par les enfants de l’aigle." Enfin, les bienfaiteurs, en tant que tels. A leur égard, l’Apôtre dit (verset 2) : "Ingrats" ; (Psaume XXXVII, 21) : "Ceux qui me rendent le mal pour le bien, etc…;" (Coloss., III, 15) : "Soyez reconnaissants;" (Sagesse XVI, 29) : "L’espérance de l’ingrat fondra comme la glace de l’hiver; et elle s’écoulera comme une eau inutile." 2. Ensuite Paul énumère les vices
qui se rapportent aux égaux et au prochain. Ils sont au nombre de trois. Le
premier se rapporte aux oeuvres (verset 2) : "Scélérats,"
c’est-à-dire qui commettent des crimes graves à l’égard du prochain ;
(Isaïe, I, 4) : "Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé
d’iniquités, à la race corrompue, aux enfants scélérats, etc." Le
second se rapporte aux affections (verset 3) : "Sans coeur,"
c’est-à-dire sans l’affection de la charité, et sans la paix. Le troisième
regarde les paroles (verset 3) : "Calomniateurs" (Lévit.,
XIX, 16) : "Vous ne serez pas parmi votre peuple ni un calomniateur
ni un médisant." 3° L’Apôtre, enfin, désigne trois autres vices qui se rapportent au pécheur même. Premièrement, à la corruption de l’appétit concupiscible; secondement, à l’irascible; troisièmement, à la nature raisonnable. 1. Quant au premier, Paul dit
(verset 3) : "Intempérants." On appelle intempérant celui
qui ne se maintient pas dans son bon propos, à cause des mauvaises
convoitises ; (Ecclésiastique, XXIV, 20) : "Tout le prix de l’or
n’est pas digne d’une âme véritablement chaste. 2. De l’appétit irascible, il dit avec justesse (verset 3) : "Inhumains," c’est-à-dire, sans douceur, car la mansuétude tempère les mouvements de la colère ; (Matthieu XI, 29) : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur;" (Psaume XXIV, 9) : "Il enseignera ses voies à ceux qui sont doux." L’Apôtre ajoute ici un autre vice qui appartient aux effets de l’appétit irascible, à savoir, le manque de bonté, ce qui lui fait dire (verset 3) : "Sans aménité." Il est, en effet, dans la nature des choses que celui des contraires qui domine, chasse l’autre (Eph., IV, 32) : "Soyez bons les uns envers les autres. " 3. Paul en vient aux vices qui appartiennent à la corruption de la nature raisonnable. Or, ici la puissance reçoit sa perfection de la prudence, et à la prudence s’opposent les vices dus à l’abus de cette vertu elle-même, et ceux qui sont dus à son absence. L’Apôtre signale l’un et l'autre. A) Du premier il dit (verset 4) :
"Traîtres." A la prudence, en effet, appartient la sagacité,
dont quelques-uns abusent pour le mal. Ceux-là sont les traîtres ;
(Proverbes XI, 13) : "Celui qui marche avec ruse révéle les
secrets." Ensuite la fermeté dont quelques-uns abusent aussi en se
conduisant insolemment dans le mal. De là ce mot (verset 4) : "Insolents" ;
(Proverbes III, 5) : "Ne vous appuyez pas sur votre prudence." B) Paul énumère ensuite les vices occasionnés par le manque de prudence. a) Il indique d’abord la cause
même du manque de prudence (verset 4) : "Enflés d’orgueil."
En effet, les superbes s’enflent dans leurs actions, parce qu’ils ne mesurent
pas leurs forces, et c’est par cela même qu’ils n’y arrivent pas ;
(Prov., XI, 2) : "Où sera l’orgueil, là sera l’ignominie; mais où est
l’humilité, là est pareillement la sagesse." En second lieu, il
indique l’effet du manque de prudence, c’est de préférer les biens du temps
aux biens de l’éternité, ce qui lui fait dire (verset 4) : "Et plus
amateurs de la volupté que de Dieu" ; (Isaïe XIII, 22) : "Les
syrènes habiteront dans ces palais de délice." Est-ce donc la même chose qu’être incontinent et amateur de la volupté ? Nous répondons qu’il y a une différence, car à proprement parler, l’incontinent est celui qui a bien l’espérance de fuir, mais qui est vaincu par la volupté. Dans le sens propre, l’amateur de la volupté est un intempérant, chez lequel l’appréciation des choses est corrompue. b) L’Apôtre place à la suite la dissimulation, en disant (verset 5) : "Qui auront une apparence de piété" ; (2 Co XI, 13) : "Des ouvriers trompeurs." (verset 5) : "mais qui en ruineront la vertu" c’est-à-dire la vérité de la piété. Ce mot "vertu" peut ici présenter un double sens. D’abord l’efficacité même de la piété, c’est-à-dire sa vertu, ce qui fait dire à Paul : "Ruinant" c’est-à-dire n’ayant plus la vérité de la piété ; (Tite I, 16) : "Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renoncent par leurs oeuvres." Ensuite, on appelle vertu d’une chose ce dont la chose tout entière dépend. Or, toute la vertu de la piété dépend de la charité. Voilà pourquoi l’Apôtre dit : "Ruinant la vertu de la piété," c’est-à-dire la charité. |
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Lectio 2 |
Leçon 2 — 2 Timothée III, 5-11 : fuir les mauvaise fréquentations |
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SOMMAIRE : L’Apôtre recommande d’éviter ceux en qui fourmillent les vices qu’il vient d’énumérer. Il fait connaître en eux plusieurs autres vices, contre lesquels il fortifie Timothée, en lui enseignant plusieurs vertus. |
[6] ex his enim sunt qui penetrant domos et captivas
ducunt mulierculas oneratas peccatis quae ducuntur variis desideriis [7] semper discentes et numquam ad scientiam veritatis
pervenientes [8] quemadmodum autem Iannes et Mambres restiterunt
Mosi ita et hii resistunt veritati homines corrupti mente reprobi circa fidem [9] sed ultra non proficient insipientia enim eorum
manifesta erit omnibus sicut et illorum fuit [10] tu autem adsecutus es meam doctrinam institutionem
propositum fidem longanimitatem dilectionem patientiam [11] persecutiones
passiones qualia mihi facta sunt Antiochiae Iconii Lystris quales
persecutiones sustinui et ex omnibus me eripuit Dominus |
5. Fuir donc ces personnes. 6. Car de ce nombre sont ceux qui
s’introduisent dans les maisons, et qui traînent après eux, comme captives,
des femmes chargées de péchés et possédées de diverses passions; 7. Lesquelles apprennent toujours et
n’arrivent jamais jusqu’à la connaissance de la vérité. 8. Mais comme Jannés et Mambrès résistèrent
à Moïse, ceux-ci de même résistent à la vérité. Ce sont des hommes corrompus
dans l’esprit, et pervertis dans la foi. 9. Mais le progrès qu’ils feront aura ses
bornes, car leur folie sera connue de tout le monde, comme le fut alors celle
des magiciens. 10. Quant à vous, vous savez quelle est ma
doctrine, quelles sont ma manière de vivre, ma foi, mes desseins, ma
longanimité, ma charité, ma patience; 11. Quelles ont été les persécutions et les afflictions qui me sont arrivées, comme celles d’Antioche, d’Icône et de Listre; combien grandes ont été ces persécutions que j’ai souffertes, et comment le Seigneur m’a tiré de toutes. |
[87909] Super II Tim., cap. 3 l. 2 Supra apostolus descripsit pericula
novissimorum temporum, et causam assignavit, hic docet huiusmodi etiam in
praesenti esse vitanda. Et primo praemittit monitionem de horum vitatione;
secundo ostendit in quibus hominibus in praesenti appareant praedicta, ibi ex
his enim. Dicit ergo
: dixi quod in novissimis temporibus erunt homines pessimi. Sed non credas te
in praesenti esse tutum; sed etiam nunc hos, et tales homines devita,
scilicet ne in similem errorem labaris. Tit. ult. : haereticum hominem
post unam et secundam correptionem devita. Et licet
quantum ad aliqua vitandi sint, sed non quantum ad sermonem exhortationis. Et tunc
ostendit quod etiam modo sunt aliqui tales. Et primo ostendit nocumentum quod
inferunt; secundo defectum quem patiuntur, ibi homines reprobi; tertio
impedimentum quo arctantur, ibi sed ultra. Circa
primum duo facit, quia primo ostendit impedimentum quod inferunt subditis;
secundo impedimentum quod inferunt praelatis, ibi quemadmodum autem. Iterum
prima in duas; quia primo ostendit eorum imprudentiam; secundo eorum
astutiam, ibi et captivas. Quantum ad
primum dicit : devita hos, quia iam sunt aliqui tales, nam ex his
enim, id est, eorum numero, sunt. I Io. c. II, 18 : nunc
Antichristi multi sunt, et cetera. Nec debetis intelligere quod ex his
fuerunt, sed sunt, scilicet scelesti et ingrati, etc., quia peccatores iam
conversi non debent dici peccatores. Ps. XV, 4 : nec memor ero nominum eorum per
labia mea. Deinde cum dicit qui
penetrant domos, ostendit eorum malitiam. Et ad litteram potest exponi,
quasi inordinate ingerentes se, et circumeuntes propter lucrum. Contra quod
Eccli. XXI, 25 : pes fatui facilis in domum proximi. Sed
propter hoc non prohibentur aliqui visitare afflictos in domibus. Iac. I, 27
: religio munda et immaculata apud Deum et patrem, haec est, visitare
pupillos et viduas in tribulatione eorum, et cetera. Vel metaphorice
potest exponi domus, id est, conscientia. Sap. VIII, 16 : intrans
in domum meam, conquiescam, et cetera. Illi ergo
penetrant domos, qui cum astutia volunt scire secreta conscientiae, ut
decipiant alios. Eccli. c. XIII, 14 : ex multa loquela tentabit te, et
subridens interrogabit te. Nihilominus tamen illis qui curam habent,
licet inquirere statum conscientiae. Prov. XXVII, 23 : diligenter agnosce
vultum pecoris tui, tuosque greges considera. Deinde cum
dicit et captivas ducunt, ostendit eorum astutiam. Et primo tangitur
eorum malitia, quia abducunt a libertate et statu gratiae. Iac. I, 25 : qui
autem prospexerit in lege perfectae libertatis, et cetera. Et ducunt in
statum servitutis, qui est status peccati. Ps. CXXV, 1 : in convertendo
dominus captivitatem Sion, et cetera. Hoc enim
nomen captivitatis importat. Is. V, 13 : propterea captivus ductus est
populus meus, quia non habuit scientiam. Secundo ostendit in quas
personas exercent malitiam, quas describit primo a fragilitate sexus; secundo
ex malitia conversationis; tertio ex vanitate affectionis; quarto ex defectu
discretionis. Quantum ad primum dicit mulierculas, quae sunt minoris
discretionis et sexus fragilioris. Et dicit mulierculas, quia magnae
dominae habent aliquos consiliarios, unde non possunt seduci. Sed hae sunt tali auxilio destitutae.
Matth. XXIII, 14 : comeditis domos viduarum. I Mac. I, 34 : captivas duxerunt mulieres, et
cetera. Quantum ad
secundum dicit oneratas peccatis. Peccatum est onus, quia non
permittit libere incedere, nec erectum esse et stare, sed incurvat. Ps.
XXXVII, 5 : sicut onus grave, gravatae sunt super me. Et ideo
istas specialiter decipiunt, quia peccatum parat viam seductioni. Item, quia
malae sunt, timent resistere, ne perdantur. Quantum ad
tertium dicit quae ducuntur variis desideriis, id est, aptae sunt, ut
seducantur propter varia desideria, quae habent. Iac. I, 8 : vir duplex animo inconstans est in
omnibus viis suis. Et ideo
prima mulier fuit seducta quia non stetit constanter in verbis domini, sed
dixit : ne forte moriamur. Eccli. IX, 3 : ne respicias mulierem multivolam.
Quantum ad
quartum dicit semper discentes, et numquam, et cetera. Curiositas
semper nova nititur quaerere, et non vult insistere. Unde dicit semper
discentes. Prov. IX, 13 : mulier clamosa, et cetera. Tamen hoc
quod dicit semper discentes, potest reduci ad penetrantes domos. Deinde cum
dicit quemadmodum, ostendit nocumentum quod afferunt praelatis, et
nocumentum resistendi eorum doctrinae. Et inducit
exemplum de Exodo, ubi magi Pharaonis restiterunt Moysi, quia a principio
mundi semper fuit pugna inter veritatem et falsitatem. II Petr. II, 1 : fuerunt
vero et pseudoprophetae in populo, sicut et in vobis, et cetera. Sed in
Exodo isti magi non nominantur, sed hic sic, quod forte habuit ex aliquibus
verbis Iudaeorum. Ita et resistunt veritati, scilicet quam nos praedicamus. Iob XXIV, 13
: ipsi fuerunt rebelles lumini. Act. VII, 51 : semper spiritui
sancto restitistis. Consequenter
cum dicit homines, etc., ostendit eorum defectum in fide et in opere.
In opere, homines reprobi. Glossa : in operibus, id est, qui per
opera sua, se reprobos ostendunt. Ier. VI, 30 : argentum reprobum
vocate eos. Item in
fide corrupti mente, id est, potentia rationali. Unumquodque enim tunc
dicitur corruptum, quando deficit a propria virtute. Propria autem mentis
perfectio est cognitio veritatis. Unde dicitur corruptus mente, qui deficit a
cognitione fidei. Consequenter
cum dicit sed ultra, ostendit quomodo arctantur; et primo ostendit eos
esse impediendos; secundo docet modum impediendi, ibi insipientia. Sciendum
est autem circa primum quod voluntas nocendi est homini a seipso, sed
potestas nocendi est a Deo permittente. Et Deus non permittit ut noceat
quantum vult malus, sed imponit terminum. Iob c. XXXVIII, 11 : et hic confringes tumentes
fluctus tuos. Sic et Diabolus non laesit Iob, nisi secundum quod
permissus fuit a Deo. Sic Arrius non nocuit in Ecclesia, nisi quantum dominus
permisit. Apoc. VII, 3 dicit Angelus : nolite nocere terrae et mari, neque
arboribus, quoadusque signemus servos Dei in frontibus eorum, et cetera.
Et dicit ultra, scilicet quam Deus permittit, non proficient. Modus
impediendi est, ut tollatur eorum pallium et occultatio, quae sunt tollenda,
quia nocent. Iob XLI, 4 : quis revelabit faciem indumenti eius, et
cetera. Et ideo
dicit insipientia eorum manifesta erit, Deo detegente, quando illuminabit
abscondita tenebrarum, etc., ut dicitur I Cor. IV, 5. Sicut et illorum,
scilicet magorum Pharaonis, quae fuit manifesta, quia non potuerunt facere
signa. Deinde cum
dicit tu autem, etc., ostendit idoneitatem Timothei ad resistendum
huiusmodi periculis. Et primo ostendit quod erat idoneus ex institutione
apostoli; secundo ex experientia Scripturarum, ibi ab infantia. Item,
primo ostendit quomodo erat instructus sufficienter ab apostolo; secundo
quomodo universaliter instrui ab aliis poterat, ibi omnis qui, et
cetera. Circa
primum, primo ostendit quomodo instructus erat verbo; secundo quomodo
exemplo, ibi propositum. Sed sciendum est quod verbo aliquis
instruitur dupliciter : uno modo de veritate agnoscenda; alio modo de
iustitia operanda. Quantum ad primum dicit tu autem assecutus es meam
doctrinam, id est, instructus es in fide Catholica; ideo bene potest
vitare eos. Quantum ad
secundum dicit meam institutionem. Institutio est eruditio, quae est
de aliquibus agendis, quae subduntur operationi humanae. Phil. IV, 12 : ubique et in omnibus
institutus sum. Item
quomodo institutus erat exemplo. Et primo
quantum ad bona agenda; secundo quantum ad mala toleranda, ibi patientiam.
In bonis
faciendis ponit duo. Primum est intentio recti finis; et quantum ad hoc dicit
propositum, quod est de fide. Sap. VIII, 9 : proposui ergo hanc
adducere mihi ad convivandum. Et ad hoc
pervenitur per bona opera, quae derivantur a tribus virtutibus, scilicet
fide, spe, et charitate. Et primo ponit fidem, cum dicit fidem. Hebr.
XI, 6 : sine fide impossibile est placere Deo. Secundo spem, cum dicit longanimitatem,
quae in longum expectat. II Cor. VI, 6 : in longanimitate. Tertio
charitatem, cum dicit dilectionem. I Io. III, 14 : qui non diligit,
manet in morte. Deinde de malis tolerandis instruit eum quantum
ad tria, ea reducendo ad memoriam. Primo patientiam quam habuit; item mala
quae sustinuit; item divinum auxilium quod sibi affuit. Primo ergo ponit patientiam,
quae opus perfectum habet, Iac. I, 4. Et primo ponit patientiae
materiam, scilicet persecutiones in generali. Matth. X, 23 : si vos
persequuntur in una civitate, fugite in aliam. Item in speciali, cum
dicit passiones, quas scilicet passus est in proprio corpore. II Cor.
XI, 25 : ter virgis caesus sum, et cetera. Tertio in particulari, cum
dicit qualia facta sunt mihi Antiochiae, etc., Act. XVI et XVII.
Iudaei persecuti sunt eum, praesente Timotheo. Sed affuit divinum auxilium. Et ideo dicit et
ex omnibus eripuit me dominus. II Cor. c. I, 4 : qui consolatur nos in
omni tribulatione nostra. |
I° Paul a décrit plus haut les
périls des derniers temps, et en a assigné la cause, il recommande ici
d’éviter aussi ces périls, même dans le temps présent. I. Il recommande donc de s’en
garder; II.
il signale les hommes dans lesquels, au temps présent, on reconnaît les
désordres qu’il a signalés (verset 6) : "Car de ce nombre sont ceux,
etc." I. Il dit donc : J’ai dit que, dans les derniers temps, il y aura des hommes pervers, mais ne croyez pas pour cela, que vous soyez en sûreté dans le moment présent. Dès maintenant (verset 5), évitez-les, et ceux qui sont tels, de peur que vous ne vous laissiez entraîner à des erreurs semblables" ; (Tite III, 10) : "Fuyez celui qui est hérétique, après l’avoir repris une ou deux fois." Et bien qu’il faille éviter les gens pervers en certains points, cela ne va pas jusqu’à leur refuser l’exhortation. II. Il montre donc qu’il y en a
de tels, et fait connaître premièrement le mal qu’ils font; secondement,
celui qu’ils se font à eux-mêmes (verset 8) : "Ils sont pervertis
dans la foi;" troisièmement l’obstacle qui les arrête (verset 9) : "Mais
le progrès qu’ils feront aura ses bornes." 1° Sur le premier de ces points, l’Apôtre explique d’abord les obstacles qu’ils suscitent aux inférieurs; ensuite ceux qu’ils suscitent aux chefs spirituels (verset 8) : "Car comme [Jannès et Mambrès], etc." 1. La première partie se subdivise. Paul fait connaître premièrement, leur imprudence; secondement, leur astuce (verset 6) : "Et ils traînent captives [à leur suite des femmes chargées de péchés,] etc." A) De la première il dit (verset
5) : "Evitez-les donc," ceux qui sont tels (verset 6) : "Car
parmi eux," c’est-à-dire de ce nombre, "il y en
a" ; (I Jean, II, 18) : "Il y a dès maintenant
plusieurs antéchrist, etc." Il ne faut pas entendre qu’ils ont été
de ceux-là, mais " qu’ils sont " à savoir, scélérats et
ingrats, car les pécheurs déjà convertis ne doivent plus être appelés
pécheurs ; (Psaume XV, 4) : "Je ne me souviendrai pas seulement
de leurs noms pour les mettre sur mes lèvres." Quand Paul dit
ensuite (verset 6) : "Qui s’introduisent dans les maisons,"
il fait connaître leur malice. On peut entendre à la lettre, qu’ils
s’ingéraient sans raison, et couraient de tous côtés pour leurs intérêts,
contre ce qui est dit au livre de l’Ecclésiastique (XXI, 25) : "L’insensé
met facilement le pied dans la maison de son voisin, etc." Cependant
il ne ressort pas de ceci une défense de visiter dans leurs maisons les
affligés ; (Jacques 1, 27) : "La religion pure et sans tache aux
yeux de notre Dieu et Père consiste à visiter les veuves et les orphelins
dans leur afflictionetc…" Ou bien encore on peut entendre dans un
sens métaphorique : "Les maisons," c’est-à-dire la
conscience ; (Sag., VIII, 16) : "Entrant dans ma maison, je
trouverai mon repos avec elle, etc." Ceux-là donc pénètrent dans les
maisons, qui veulent connaître les secrets de la conscience, d’une manière
astucieuse, afin de tromper d’autres personnes ; (Eccli, XIII, 14) : "Il
vous tentera en vous faisant beaucoup parler et en souriant, il vous
interrogera." Ceux-là cependant qui sont chargés du soin [de leurs
frères] peuvent licitement s’enquérir de l’état de leur conscience ;
(Proverbes XXVII, 23) : "Examinez avec soin l’état de vos brebis et
faites attention à vos troupeaux." B) A ces mots (verset 6) : "Et ils traînent après eux captives des femmes, etc." Paul révèle deux astuces : a) Et d’abord il fait ressortir leur malice, en ce qu’ils détournent de la liberté et de l’état de grâce ; (Jacques I, 25) : "Celui qui considère exactement la loi parfaite, la loi de la liberté, etc.," et conduisent à l’état de servitude, qui est l’état du péché ; (Psaume CXXV, 1) : "Lorsque le Seigneur a fait revenir ceux de Sion qui étaient captifs, etc." Car cet état mérite bien le nom de captivité ; (Isaïe, V, 13) : "Si mon peuple a été emmené captif, c’est qu’il n’a pas eu d’intelligence, etc." b) Secondement, l’Apôtre fait connaître sur quelles personnes ils exercent leur malice. Il les dépeint d’abord par la fragilité de leur sexe; ensuite par la malignité de leur manière de vivre ; enfin par la frivolité de leurs affections et leur défaut de discernement. De la première de ces marques, il dit (verset 6) : "Des femmelettes," qui ont peu de discernement, et sont du sexe le plus fragile. Il dit : "Des femmelettes," parce que les « grandes dames » ont quelques personnes qui les conseillent et ainsi ne peuvent être séduites; mais celles-ci sont privées de ce secours ; (Mt XX, 14) : "[Malheur à vous,] qui dévorez les maisons des veuves;" (1 Mac I, 34) : "Ils emmenèrent des femmes captives, etc." De la seconde : "Chargées de péchés." Le péché est un fardeau, parce qu’il ne laisse ni marcher librement, ni se tenir droit ou debout, car il fait courber la tête ; (Psaume XXXVII, 5) : "Mes iniquités se sont appesanties sur moi, comme un fardeau insupportable." Voilà pourquoi ce sont elles qu’ils trompent particulièrement, c’est que le péché prépare les voies à la séduction. De plus, parce qu’elles sont mauvaises, elles craignent de résister, de peur d’être perdues. De la troisième il dit (verset 6) : "Et possédées de diverses passions," c’est-à-dire elles sont toutes disposées à être séduites, par suite des passions diverses, qui sont en elles ; (Jacques I, 8) : "L’homme qui a l’âme partagée est inconstant dans toutes ses voies." Aussi la première femme fut-elle séduite parce qu’elle ne s’en tint pas avec fermeté à la parole du Seigneur, et qu’elle répondit : de peur que nous mourrions ; (Ecclésiastique, IX, 3) : "Ne regardez pas la femme volage [dans ses désirs]." De la quatrième enfin (verset 7) : "Lesquelles apprennent toujours et n’arrivent jamais…" La curiosité se fatigue à chercher des choses nouvelles; elle ne veut pas se maintenir [dans les routes battues]. C’est ce qui fait dire à Paul : "Lesquelles apprennent toujours" ; (Proverbes IX, 13) : "La femme criarde, etc. Cependant ces paroles : "Apprenant sans cesse," peuvent aussi se rapporter à ceux qui pénètrent dans les maisons. 2. Quand l’Apôtre ajoute (verset
8) : "Car comme [Jannès et Mambrès résistèrent à Moïse,] etc.,"
il montre le dommage que ces hommes pervers causent aux supérieurs
spirituels, et la nécessité de résister à leur doctrine[3].
Il prend dans l’Exode l’exemple des magiciens de Pharaon qui résistèrent à
Moïse, car dès le commencement du monde, il y a eu lutte entre l’erreur et la
vérité ; (II Pierre, II, 1) : "Or, comme il y a eu de faux
prophètes parmi le peuple, il y aura parmi vous…" Cependant dans l’Exode
ces magiciens ne sont pas nommés; Paul les nomme ici. Peut-être avait-il
appris leurs noms par la tradition juive. (verset 8) : "De même
ceux-ci résistent à la vérité," à savoir, à celle que nous
annonçons ; (Job, XXIV, 13) : "Ils ont été rebelles à la
lumière;" (Actes, VII, 51) : «Vous résistez toujours à
l’Esprit-Saint. » 2° Quand il dit ensuite (verset 8) : "Ce sont des hommes, etc…" Paul fait voir ce qu’ils ont perdu dans la foi et dans les œuvres. Dans les oeuvres, « ils sont réprouvés ». « Dans les oeuvres, c’est-à-dire par leurs oeuvres, explique la Glose, ils se conduisent en réprouvés » ; (Jérémie, VI, 30) : "Appelez-les «argent de rebut » [parce que le Seigneur les a rejetés]." Dans la foi, ils sont « corrompus dans leur intelligence », c’est-à-dire dans leur puissance de raisonnement, car on appelle corrompu ce qui perd de sa vertu propre, or la perfection propre de l’intelligence est la connaissance de la vérité. C’est dans ce sens que l’on dit corrompu dans son intelligence, celui qui perd la connaissance des choses de la foi. 3° A ces mots qui suivent (verset
9) : "[Mais le progrès qu’ils feront] aura ses bornes,"
l’Apôtre explique comment ils sont retenus. D’abord il fait voir qu’on doit
s’opposer à eux; ensuite il enseigne la manière dont on doit s’y opposer
(verset 9) : "Car leur folie…" Il faut observer sur la première partie, que dans l’homme la volonté de nuire vient de lui-même, mais la puissance de nuire vient de Dieu qui le permet. Or Dieu ne permet pas au méchant de nuire autant qu’il le voudrait, il lui impose un terme ; (Job, XXXVIII, 11) : "vous briserez ici l’orgueil de vos flots." C’est ainsi que Satan n’a pu frapper Job que dans la mesure où Dieu l’avait permis. C’est encore ainsi qu’Arius ne nuisit à l’Eglise qu’autant que Dieu le permit ; (Ap VII, 3) : l’ange dit : "Ne frappez pas la terre, ni la mer, ni les arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu, etc…" aussi Paul dit (verset 9) : "Mais au delà," à savoir de ce que Dieu a permis, « ils n’avanceront plus ». Le moyen de les arrêter, c’est d’arracher le manteau [dont ils se couvrent], de dévoiler leur cachette. On doit le faire parce qu’ils font du mal ; (Job, XLI, 4) : "Qui découvrira le bord de son vêtement, etc…" C’est pourquoi Paul dit (verset 9) : "Car leur folie sera connue de tout le monde," Dieu la manifestant," quand il éclairera de sa lumière ce qui est caché dans les ténèbres, etc…" comme il est dit dans la 1° Epître aux Corinthiens (IV, 5). "Ainsi que le fut alors celle de ces hommes," c’est-à-dire des magiciens de Pharaon ; or la manifestation fut éclatante, car ils ne purent faire aucun prodige. II° A ces mots (verset 10) : "Vous savez, vous, [quelle est ma
doctrine], etc.," il rend témoignage à la capacité de Timothée pour
résister à de semblables dangers. Il le montre tel d’abord, en raison de
l’instruction qu’il a reçue de l’Apôtre lui-même; en second lieu, en raison
de la science qu’il avait acquise des Ecritures (verset 15) : "[Et
que vous avez été nourri] dès votre enfance [dans les lettres saintes],
etc." De plus il fait voir, premièrement, qu’il avait déjà été
suffisamment instruit par l’Apôtre; secondement, qu’il pouvait l’être par
d’autres d’une manière plus générale : "Tous ceux qui, etc."
Sur le premier de ces points, Paul explique comment son disciple a été
instruit d’abord par la parole; ensuite par l’exemple (verset 10) : "mes
desseins" Or, il faut savoir qu’on peut
par la parole instruire de deux manières : l’une de la vérité à connaître;
l’autre de la justice à pratiquer. 1° De la première, il dit (verset 10) : "Quant
à vous, vous savez quelle est ma doctrine," c’est-à-dire, vous avez
été instruit dans la foi catholique, vous pouvez donc vous en garder. 2° De
la seconde, il dit (verset 10) : "Quelle est ma manière de
vivre." La règle de conduite est une instruction donnée sur certains
devoirs qui dépendent des actes de l’homme ; (Philipp., IV, 12) : "Partout
et en tout, j’ai appris…" II. L’Apôtre fait voir comment Timothée avait été instruit par l’exemple, d’abord quant aux bonnes œuvres à faire, ensuite quant aux maux à supporter (verset 10) : "Ma patience." 1° Sur le bien à pratiquer, l’Apôtre indique deux conditions. Premièrement, l’intention d’une fin droite. De cette condition, il dit (verset 10) : "mes desseins", et cela concerne la foi ; (Sagesse, VIII, 9) : "J’ai résolu de la prendre (la sagesse) pour être la compagne de ma vie." Or on atteint ce but par les bonnes oeuvres qui découlent de trois vertus, à savoir, la foi, l’espérance et la charité. L’Apôtre désigne donc d’abord la foi, quand il dit (verset 10) : "Quelle est ma foi" ; (Hébr., XI, 6) : "Il est impossible de plaire à Dieu sans la foi." En second lieu l’espérance, quand il dit (verset 10) : "Ma longanimité," qui ne se rebute pas d’attendre ; (II Corinth, VI, 6) : "par la longanimité…" Troisièmement la charité, quand il dit (verset 10) : "Ma charité," ; (l Jean, III, 14) : "Celui qui n’aime pas, demeure dans la mort." 2° Paul instruit enfin Timothée à supporter les maux, en lui rappelant trois choses à la mémoire : la patience qu’il a lui-même pratiquée ; les maux qu’il a supportés ; le secours divin qui lui est venu en aide. Il rappelle premièrement "la patience" qui doit être "parfaite dans les oeuvres" (Jacques, I, 4). Il indique le premier objet de la patience ; (verset 11) : "Les persécutions," d’abord générales : (Mt X, 23) : "Lorsqu’ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre;" ensuite spéciales : "Les afflictions," c’est-à-dire les souffrances endurées dans son propre corps ; (2 Co XI, 25) : "Trois fois j’ai été battu de verges, etc." enfin particulières lorsqu’il dit (verset 11) : "Qui me sont arrivées, comme celles d’Antioche, etc…" (Actes, XVI, 22 et XVII, 8). Les juifs persécutèrent Paul en présence de Timothée même. Mais le secours divin lui vint en aide, et c’est ce qui lui fait dire (verset 11) : "Et le Seigneur m’a tiré de toutes" ; (2 Co I, 4) : "Il nous console dans tous nos maux." |
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Lectio 3 |
Leçon 3 — 2 Timothée III, 12-17 : La persécution |
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SOMMAIRE : C’est une chose commune aux saints de souffrir persécution; aux méchants, d’avancer toujours dans le mal. Paul recommande donc à Timothée de persévérer dans ce qui lui a été enseigné, et déclare de quelle utilité sont les Ecritures. |
[12] et omnes qui volunt pie vivere in Christo Iesu
persecutionem patientur [13] mali autem homines et seductores proficient in
peius errantes et in errorem mittentes [14] tu vero permane in his quae didicisti et credita
sunt tibi sciens a quo didiceris [15] et quia ab infantia sacras litteras nosti quae te
possint instruere ad salutem per fidem quae est in Christo Iesu [16] omnis scriptura divinitus inspirata et utilis ad
docendum ad arguendum ad corrigendum ad erudiendum in iustitia [17] ut perfectus sit
homo Dei ad omne opus bonum instructus |
12. Ainsi tous ceux qui veulent vivre avec
piété dans le Christ Jésus seront persécutés. 13. Mais les hommes méchants et les
imposteurs se fortifieront de plus on plus dans le mal, étant eux-mêmes dans
l’erreur, et y faisant tomber les autres. 14. Quant à vous, demeurez ferme dans les
choses que vous avez apprises, et qui vous ont été confiées, sachant de qui
vous les avez apprises 15. Et considérant que vous avez été nourris
dés votre enfance dans les lettres saintes, qui peuvent vous instruire pour
le salut; par la foi qui est en Jésus-Christ. 16. Toute écriture qui est inspirée de Dieu,
est utile pour instruire, pour reprendre, pour corriger et pour conduire à la
justice; 17. Afin que l’homme de Dieu soit parfait et disposé à toutes sortes de bonnes oeuvres. |
[87910] Super II Tim., cap. 3 l. 3 Supra, proposuit Timotheo in exemplum
persecutiones quas ipse passus fuit. Et ne videatur ipse solus per huiusmodi
passiones transisse, ostendit eas esse communes sanctis. Et primo docet
quomodo sancti patiuntur hic defectus poenales; secundo quomodo mali
proficiunt per defectum culpae, ibi mali autem homines. Dicit ergo
: persecutiones sustinui, et non solum ego, sed et omnes. Pie sumitur
dupliciter, quandoque pro virtute pietatis ad cultum divinum, supra eodem habentes
speciem pietatis, quandoque pro misericordia ad proximum, I Tim. IV, 8 : pietas
ad omnia valet. Omnes ergo qui pie volunt vivere in Christo, etc., id
est, volunt observare cultum religionis Christianae. Tit. II, 12 : sobrie,
et iuste, et pie vivamus in hoc saeculo, et cetera. Et tales persecutionem
patientur, et maxime in primitiva Ecclesia, quando Christus undique
impugnabatur a Iudaeis et gentibus. Et ideo
Io. XVI, 2 : venit hora ut omnis qui interficit vos, arbitretur obsequium
se praestare Deo. Matth. XXIV, 9 : eritis odio omnibus gentibus
propter nomen meum. Item omnes
qui pie volunt, etc., id est, volunt per fidem Christi servare
misericordiam ad proximum, necesse est eos persecutionem pati, et si non ab
extra, tamen ab intus, quando scilicet compatiuntur defectibus proximorum,
quorum culpas et poenalitates vident. II Cor. XI, 29 : quis scandalizatur,
et ego non uror ? et cetera. II Petr. II, 8 : habitans apud eos, qui
de die in diem animam iustam iniquis operibus cruciabant. Ps. CXVIII, v.
158 : vidi praevaricantes, et tabescebam, et cetera. Item sunt
aliae persecutiones, quae sanctis omnibus deesse non possunt, scilicet
carnis, mundi, et Daemonis : quia, ut habetur Gal. c. V, 17, caro
concupiscit adversus spiritum. Rom. VII, 24 : infelix ego homo, quis
me liberabit de corpore mortis huius ? Ps. XXXIII, v. 2 : multae
tribulationes iustorum. Deinde cum
dicit mali autem homines, ostendit quod mali incidunt in peiora mala,
scilicet culpae. Dicit mali in se, scilicet inquantum peccatis inhaerent.
Matth. XXI, v. 41 : malos male perdet, et cetera. Et seductores,
scilicet in proximorum nocumentum, inquantum seorsum ducunt eos a via
veritatis, quae communis est. Rom. ult. : per dulces sermones et
benedictiones seducunt corda innocentium. Sed isti
non contenti malis quae fecerunt, proficient in peius. Apoc. c. ult. :
qui sordidus est, sordescat adhuc. Sed contra
supra eodem : ultra non proficient. Dicendum est, quod qui proficiunt
in peius, sunt permissi a Deo, vel sic quod proficiunt in peius ex intentione
malitiae eorum, quae semper est ad malum; sed secundum providentiam divinam
prohibentur, ne possint implere quod coeperunt. Proficiunt autem in peius
mali in seipsis, inquantum errant circa veritatem. Matth. XXII, 29 : erratis
nescientes Scripturas, neque virtutem Dei. Item opere
errant, et hoc modo omnes mali errant. Prov. XIV,
22 : errant omnes qui operantur malum. Item in proximis, quia
seductores, unde dicit in errorem mittentes, suadendo scilicet quod
possint per prosperitates venire ad regnum caelorum, contra illud, supra III,
12 : qui pie volunt, et cetera. Et Is. III, 12 : popule meus, qui
beatum te dicunt, ipsi te decipiunt. Deinde cum
dicit tu vero, monet eum, ut maneat in sua institutione. Et hortatur
eum tripliciter, scilicet ex parte doctoris, ex parte ipsius Timothei, et ex
parte eorum quae accepit. Dicit ergo
: assecutus es meam doctrinam, etc., ut supra III, 10 : ergo permane
in his; Eccli. X, 4 : si
spiritus potestatem habentis ascenderit super te, locum tuum ne dimiseris.
I Cor. XV, 58 : stabiles estote, et immobiles. Dicit ergo quae
didicisti, et credita sunt tibi, quia quilibet Christianus discit quae
fidei sunt; et haec est doctrina salutaris. Io. VI, v.
45 : omnis qui audivit a patre meo, et didicit, venit ad me, et cetera.
Sed specialiter documenta fidei sunt credita praelatis, inquantum debent
aliis ea dispensare. Gal. II, 7 : cum vidissent quod creditum est mihi
Evangelium praeputii. Et quare oportet permanere ? Quia ego a magistro
scientiae habui, qui errare non potuit. II Cor. XIII, 3 : in me loquitur
Christus. Et ideo in his firmiter permane, sciens a quo didiceris,
quia a Paulo, qui non ab homine, neque per hominem didicit, etc., Gal. II. Secundo ex
propria conditione. Turpe enim est homini nutrito in bono a pueritia, in
senectute deficere. Eccli. XXVI, 27 : qui transgreditur a iustitia ad
peccatum, Deus paravit eum ad rompheam. Timotheus autem sic fuit
nutritus. Prov. XXII, 6 : adolescens iuxta viam suam, etiam cum senuerit,
non recedet ab ea. Unde dicit et quia ab infantia sacras litteras
nosti, quae sunt litterae veteris testamenti, quas didicit ab infantia,
quia filius mulieris Iudaeae, Act. XVI, 1. Unde mater sua fecit eum
erudiri in eis. Quod est
contra Manichaeum, quia apostolus vetus testamentum hic nominat sacras
litteras, quae non possunt intelligi de novo testamento, quia ab infantia sua
non erat edoctus litteras novi testamenti. Tertio ex
parte eorum quae accepit, et est tertia ratio. Nam si aliquis habet aliquam
scientiam in qua non est utilitas, deserit eam, et transit ad aliam. Sed si
scientia est valde utilis, stultum est eam dimittere. Et primo facit
rationem; secundo manifestat eam, ibi omnis Scriptura. Dicit ergo
: dico quod accepisti litteras sacras, quae non sunt contemnendae, quia sunt
utiles. Is. XLVIII, 17 : ego dominus Deus tuus, docens te utilia. Unde
subdit dicens quae te possunt instruere. Io. VI, v. 69 : domine, ad
quem ibimus ? Verba vitae aeternae habes. Io. V, 39 : scrutamini
Scripturas, in quibus putatis vitam aeternam habere, illae sunt quae
testimonium perhibent de me. Et hae litterae te possunt instruere ad
salutem; sed non nisi per fidem quae in Christo Iesu. Rom. X, 4 : finis enim legis est Christus ad
iustitiam omni credenti. Hebr. XI,
v. 6 : sine fide enim impossibile est placere Deo. Rationem
autem manifestat, dicens omnis. Ubi ostendit quod sacrae litterae sunt via ad
salutem. Et tria ponit.
Nam commendat Scripturas ratione principii, ratione effectus utilis, et
ratione ultimi fructus et profectus. Si enim
consideres eius principium, habet privilegium super omnes, quia aliae sunt
traditae per rationem humanam, sacra autem Scriptura est divina; ideo dicit Scriptura
divinitus inspirata. II Petr. I, 21 : non enim voluntate humana allata
est aliquando prophetia, sed spiritu sancto inspirati locuti sunt sancti Dei
homines. Iob XXXII, 7 : inspiratio omnipotentis dat intelligentiam.
Sed dices
: quomodo non alia omnis Scriptura divinitus inspiratur, cum secundum
Ambrosium, omne verum, a quocumque dicatur, a spiritu sancto est ? Dicendum
est quod Deus dupliciter aliquid operatur, scilicet immediate, ut proprium
opus, sicut miracula; aliquid mediantibus causis inferioribus, ut opera
naturalia, Iob X, 8 : manus tuae, domine, fecerunt me, etc. quae tamen
fiunt operatione naturae. Et sic in homine instruit intellectum et immediate
per sacras litteras, et mediate per alias Scripturas. Effectus
huius Scripturae est duplex, scilicet quia docet cognoscere veritatem, et
suadet operari iustitiam. Io. XIV, 26 : Paracletus autem spiritus sanctus
docebit, scilicet cognoscenda, et suggeret operanda. Et ideo
utilis est ad cognoscendam veritatem, et utilis est ad dirigendum in
operatione. Est enim ratio speculativa, et est etiam ratio practica. Et in
utroque sunt duo necessaria, scilicet quod veritatem cognoscat, et errorem
refellat. Hoc enim
opus est opus sapientis, scilicet non mentiri, et mentientem refellere.
Quantum ad primum dicit utilis est ad docendum, scilicet veritatem.
Ps. CXVIII, v. 66 : bonitatem et disciplinam et scientiam doce me. Quantum ad secundum subdit ad arguendum. Tit. I, 9 : ut sis potens exhortari in
doctrina sana, et eos qui contradicunt arguere. Item quantum ad practicam sunt duo necessaria,
scilicet ut reducat a malo, et ad bonum inducat. Ps. XXXIII, 15 : declina
a malo, et fac bonum. Quantum ad primum dicit ad corripiendum,
quod est corripere a malo. Matth. XVIII, 15
: si peccaverit in te frater tuus, vade, et corripe eum inter te et ipsum
solum. Iob V, 17 : beatus homo qui corripitur a domino. Quantum ad
secundum dicit ad erudiendum in iustitia. Et haec omnia sacra
Scriptura facit. Is. VIII, 11 :
in manu forti erudivit me, et cetera. Sic ergo quadruplex est effectus
sacrae Scripturae, scilicet docere veritatem, arguere falsitatem : quantum ad
speculativam; eripere a malo, et inducere ad bonum : quantum ad practicam. Ultimus eius effectus est, ut perducat homines ad
perfectum. Non enim qualitercumque bonum facit, sed perficit. Hebr. c. VI, 1
: ad perfectionem feramur. Et ideo
dicit ut perfectus sit homo Dei, quia non potest homo esse perfectus,
nisi sit homo Dei. Perfectum enim est, cui nihil deest. Tunc ergo homo est
perfectus, quando est instructus, id est, paratus, ad omne opus
bonum, non solum ad ea quae sunt de necessitate salutis, sed etiam ad ea
quae sunt supererogationis. Gal. cap. ult. : bonum autem facientes, non
deficiamus. |
I° Après avoir proposé en exemple
à Timothée les persécutions qu’il a lui-même souffertes, pour ne pas paraître
avoir été seul à passer par ces épreuves, l’Apôtre lui rappelle que c’est là
le partage commun des saints. Et d’abord il lui explique comment les saints
sont appelés à souffrir ici-bas ces défaillances propres à la peine; en
second lieu comment les méchants avancent [dans le mal] par les défaillances
dues à la faute même (verset 13) : "Mais les hommes méchants…" I. Il dit donc : "J’ai
souffert des persécutions, non pas moi seul, car" tous seront
persécutés, etc." Le mot "piété" peut se prendre en
deux sens : ou pour la vertu de piété qui se rapporte au culte divin
(ci-dessus, même chap. 5) : "Ils auront une apparence de piété;"
ou, parfois, pour la miséricorde à l’égard du prochain (I Tim IV, 8) : "La
piété est utile à tout." "Tous ceux donc qui veulent vivre
avec piété en Jésus-Christ, etc… " c’est-à-dire qui veulent
pratiquer le culte de la religion chrétienne ; (Tite II, 12) : "Nous
devons vivre dans le siècle présent avec tempérance, avec justice, avec
piété," ceux donc qui seront tels, "seront persécutés,"
et surtout dans la primitive Église, quand Jésus-Christ était persécuté
en tous lieux par les Juifs et par les Gentils. C’est pourquoi il est dit
(Jean, XVI, 2) : "Le temps vient où quiconque vous fera mourir croira
faire un sacrifice agréable à Dieu;" (Mt XXIV, 9) : "Vous
serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom." De même : "Tous
ceux aussi qui veulent vivre avec piété," c’est-à-dire qui par la
foi qu’ils ont en Jésus-Christ, veulent pratiquer la miséricorde à l’égard du
prochain, doivent souffrir nécessairement persécution, si ce n’est pas
extérieurement, du moins intérieurement, en compatissant aux misères du
prochain, dont ils voient les fautes et les châtiments à venir ; (2 Co XI,
29) : " Qui est scandalisé sans que je brûle ?" ; (II
Pierre, II, 8) : "(Lot), continuant à habiter au milieu d’eux, étant
tous les jours tourmenté dans son âme juste, par leurs actions
détestables;" (Psaume CXVIII, 158) : "J’ai vu les
prévaricateurs et je séchais de douleur, etc…" Il est encore
d’autres persécutions qui ne peuvent manquer à tous les saints, ce sont
celles qui viennent de la chair, du monde et du démon, car (Gal., V, 17) : "La
chair a des désirs contraires à ceux de l’esprit;" (Rom., VII, 24) :
"Malheureux homme que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort ?" ;
(Psaume XXXIII, 20) : "Les justes sont exposés à beaucoup d’affliction
" II. Quand l’Apôtre dit (verset
13) : "Mais les hommes méchants," il établit que les
méchants tombent dans des maux encore plus grands, à savoir, ceux qui sont
liées à leur faute. Il dit : "méchants," en soi,
c’est-à-dire en tant qu’ils s’attachent au péché ; (Mt XXI, 41) : "Il
fera périr misérablement ces misérables, etc …" (verset 13) : "et
les imposteurs," c'est-à-dire ceux qui cherchent la perte du
prochain, en les conduisant à part, en dehors de la voie de la vérité qui est
commune à tous ; (Rom., XVI, 18) : "Par des paroles douces et
flatteuses, ils séduisent les âmes simples." Ces hommes, non
contents encore des maux qu’ils ont causés (verset 13) "se
fortifieront de plus en plus dans le mal." (Ap XXII, 11) : "Que
celui qui est souillé se souille encore." On objecte qu’il est dit plus
haut, dans ce chapitre même (verset 9) : "Le progrès qu’ils feront
aura ses bornes." Il faut répondre que ceux qui se fortifient ainsi
dans le mal y sont autorisés par Dieu. Ou bien encore que ceux-là ne se
fortifient dans le mal que par leur intention pleine de malice, qui est
toujours dirigée vers le mal ; mais la Providence divine empêche qu’ils
puissent accomplir ce qu’ils ont commencé. Si donc les méchant se fortifient
dans le mal, c’est en eux-mêmes, parce qu’ils s’écartent de la vérité ;
(Mt XXII, 29) : "Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne comprenez
ni les Écritures ni la puissance de Dieu." Ils s’égarent aussi dans
leurs oeuvres, et dans ce sens tous les pécheurs s’égarent ; (Proverbes
XIV, 22) : "Ceux qui s’appliquent à faire le mal se trompent."
Enfin ils s’égarent par rapport au prochain, parce que ce sont des
séducteurs. C’est ce qui fait dire à Paul (verset 13) : "Etant dans
l’erreur et y faisant tomber les autres," en leur persuadant par
exemple qu’ils peuvent par la voie de la prospérité, arriver au royaume des
cieux, contre ce qui est dit plus haut : "Tous ceux qui veulent vivre
avec piété, etc.;" et (Isaïe III, 12) : "Mon peuple, ceux
qui vous disent bienheureux vous séduisent," II° A ces mots (verset 14) : "Quant à vous, [demeurez ferme dans les choses que vous avez apprises]," Paul recommande à Timothée de se maintenir dans la règle de conduite qu’il lui a tracée. Il l’exhorte par trois motifs, pris du côté du maître, du côté de Timothée lui-même, et du côté des dons qu’il a reçus. I. Il dit donc : "Quant à vous, vous savez quelle est ma doctrine, etc.," comme il a été dit plus haut (III, 10) : "Demeurez donc ferme dans les choses [que vous avez apprises];" (Ecclésiastique X, 4) : "Si l’Esprit de celui qui a la puissance s’élève sur vous, ne quittez pas votre place;" (1 Co XV, 58) : "Demeurez fermes et inébranlables," l’Apôtre dit donc : "Demeurez fermes dans les choses que vous avez apprises, et qui vous ont été confiées," car tout chrétien apprend ce qui est de foi; et telle est la doctrine du salut ; (Jean, VI, 45) : "Quiconque a écouté le Père, et a appris, vient à moi, etc." Mais les enseignements de la foi sont spécialement confiés aux évêques, par la raison qu’ils doivent les transmettre aux autres ; (Galates, II, 7) : "Ayant reconnu que la charge de prêcher l’Evangile aux incirconcis m’avait été donnée." Et pourquoi Timothée doit-il demeurer ferme dans la foi qu’il a reçue ? C’est que moi, Paul, je tenais ces vérités du Maître de la science, qui n’a pu errer ; (2 Co XIII, 3) : "Jésus-Christ parle en moi." Demeurez donc courageusement ferme dans ce que vous avez appris (verset 14), "sachant de qui vous l’avez appris," car c’est de moi, Paul, qui ne l’ai appris ni d’aucun homme, ni par le ministère d’aucun homme, etc. (Gal., I, 12). II. Secondement, l’Apôtre exhorte Timothée, par sa propre condition. En effet, il est honteux pour celui qui a été élevé dans le bien depuis son enfance, de s’en écarter dans sa vieillesse (Ecclésiastique, XXVI, 27) : "Celui qui passe de la justice au péché, Dieu le réserve au tranchant de l’épée." Or, Timothée fut ainsi élevé ; (Proverbes XXII, 6) : "Le jeune homme suit sa première voie, dans sa vieillesse même il ne la quittera pas." C’est ce qui fait dire à Paul (verset 15) : "Et considérant que vous avez été nourri dès votre enfance dans les saintes lettres," ; ce sont les Ecritures de l’Ancien Testament que Timothée avait apprises dans son enfance, car il était fils d’une mère juive (Actes, XVI, 1), et sa mère le fit instruire dans ces Ecritures. Ce passage condamne les Manichéens, puisque l’Apôtre appelle ici l’Ancien Testament Saintes lettres, et que ses paroles ne peuvent s’entendre du Nouveau, Timothée n’ayant pas été instruit dès son enfance dans les Ecritures du Nouveau Testament. III. Troisièmement, l’Apôtre
exhorte Timothée à raison des dons qu’il a reçus, et c’est la troisième
raison. Quand, en effet, l’on possède une science qui ne présente aucune
utilité, on la laisse et l’on passe à une autre. Mais si cette science est
très utile, c’est se conduire en insensé que de l’abandonner. Paul fait donc
d’abord un raisonnement, ensuite il le développe (verset 16) : "Toute
Ecriture, etc…" 1° Il dit donc : Vous avez été
nourri dans les saintes Lettres, qui ne sont pas à mépriser, car elles sont
utiles ; (Isaïe XLVIII, 17) : "Je suis le Seigneur votre Dieu
qui vous enseigne ce qui vous est utile." C’est pourquoi il ajoute
(verset 15) : "qui peuvent vous instruire [pour le salut]." (Jean,
VI, 69) : "A qui irions-nous, Seigneur ? Vous avez les paroles de la
vie éternelle." (Jean, V, 39) : "Lisez avec soin les
Ecritures, puisque vous croyez y trouver la vie éternelle : ce sont elles qui
rendront témoignage de moi." Or, les Ecritures peuvent vous
instruire pour le salut, mais ce n’est que (verset 15) : "par
la foi qui est en Jésus-Christ." (Rom., X, 4) : "Jésus-Christ
est la fin de la loi; il donne la justice à tous ceux qui croient;"
(Hébreux XI, 6) : "Il est impossible de plaire à Dieu sans la
foi." 2° L’Apôtre développe ensuite son raisonnement, en disant (verset 16) : "Toute Ecriture,…" Il prouve que les saintes Ecritures sont la voie du salut, et en donne trois motifs : à raison de leur principe, de l’utilité de leurs effets, et enfin du fruit et de l’avancement qu’on en peut retirer. Si, en effet, vous considérez
la source des saintes Ecritures, elle est excellente entre toutes, car toutes
les autres sciences nous ont été transmises par la raison humaine; mais la
sainte Ecriture est divine. C’est pourquoi Paul dit (verset 16) : "Toute
Ecriture qui est inspirée de Dieu." (Pierre, 21) : "Ce n’a
pas été par la volonté des hommes que les prophéties nous ont été
anciennement apportées, mais ç’a été par l’inspiration du Saint-Esprit que
les saints hommes de Dieu ont parlé;" (Job, XXXII, 8) : "C’est
l’inspiration du Tout-puissant qui donne l’intelligence." On dit : comment toute autre écriture n’est-elle pas inspirée par Dieu, puisque, suivant Ambroise, tout ce qui est vrai, quel que soit celui qui le profère, vient de l’Esprit-Saint ? Il faut répondre que Dieu opère de deux manières, à savoir immédiatement et comme son œuvre propre, par exemple, les miracles ; ou bien par l’intermédiaire des causes secondes, comme dans les oeuvres naturelles ; (Job, X, 8) : "Ce sont vos mains qui m’ont formé, Seigneur…". Néanmoins la formation du corps se fait par l’opération de la nature. Ainsi, dans l’homme, Dieu forme l’intelligence immédiatement par les saintes Lettres et médiatement par les autres écritures. 3° L’effet des saintes Ecritures est de deux sortes. Elles apprennent à connaître la vérité, et elles persuadent de pratiquer la justice ; (Jean, XIV, 26) : "Mais le Consolateur, qui est le Saint-Esprit, vous enseignera," à savoir ce que vous devez savoir, "et vous suggérera" ce que vous devez faire. La sainte Ecriture est donc utile pour connaître la vérité; utile encore pour diriger dans l’accomplissement des œuvres. Il y a, en effet, la raison spéculative et la raison pratique, mais à l’une et à l’autre deux choses sont nécessaires, à savoir, connaître la vérité et repousser l’erreur. Car c’est l’oeuvre du sage de ne pas se tromper et de réfuter celui qui se trompe. De la première disposition, l’Apôtre dit (verset 16) : "Toute écriture est bonne pour instruire," à savoir de la vérité ; (Psaume CXVIII, 66) : "Enseignez-moi, Seigneur, la bonté, la discipline et la science." De la seconde, il ajoute (verset 16) : "Pour reprendre" ; (Tite I, 9) : "Afin qu’il soit capable (l'évêque) d’exhorter selon la saine doctrine et de convaincre ceux qui s’y opposent." Deux choses aussi sont nécessaires, quant à la raison pratique, à savoir, ramener du mal et conduire au bien ; (Psaume XXXIII, 15) : "Détournez-vous du mal et faites le bien." Du premier devoir Paul dit (verset 16) : "Pour corriger," ce qui est reprendre quelqu’un du mal qu’il a ; (Mt XVIII, 15) : "Si votre frère a péché contre vous, allez lui représenter sa faute en particulier entre vous et lui;" (.Job, V, 17) : "heureux l’homme que Dieu corrige lui-même." Du second (verset 16) : "Pour conduire à la justice." Or, la sainte Ecriture produit tous ces effets (Isaïe VIII, 11) : "Le Seigneur m’a comme guidé de sa main puissante, etc…" Ainsi donc, la sainte Ecriture produit un quadruple effet : elle enseigne la vérité, réfute l’erreur, voilà pour la raison spéculative; elle corrige du mal et conduit au bien, voilà pour la raison pratique. 4° Son effet ultime est de
conduire l’homme à la perfection, car elle ne fait pas le bien de quelque
manière que ce soit, elle le perfectionne ; (Hébr., VI, 1) : "Élevons-nous
à ce qui est plus parfait," c’est ce qui fait dire à Paul (verset
17) : "Afin que l’homme de Dieu soit parfait," car l’homme
ne saurait être partait, s’il n’est l’homme de Dieu. Ce qui est parfait est
ce à quoi il ne manque rien. L’homme est donc parfait, quand il est (verset
17) : "instruit," c’est-à-dire disposé "à toutes
sortes de bonnes oeuvres," non seulement à celles qui sont de
nécessité de salut, mais même à celles qui sont de surérogation. "Ne
nous lassons donc pas de faire le bien, " (Galat., VI, 9). |
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Caput 4 |
CHAPITRE 4 — Comment résister aux périls des derniers temps ? |
Lectio 1 |
Leçon 1 — 2 Timothée IV, 1-5 : L'urgence apostolique |
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SOMMAIRE : Paul conjure Timothée devant Dieu de se livrer avec toute la force dont il est capable à la prédication de l’Evangile qui lui a été confié, car il lui prédit l’approche des temps de malice, pendant lesquels la vérité sera enveloppée des nuages de l’erreur. |
[1] testificor coram Deo et Christo Iesu qui
iudicaturus est vivos ac mortuos et adventum ipsius et regnum eius [2] praedica verbum insta oportune inportune argue
obsecra increpa in omni patientia et doctrina [3] erit enim tempus cum sanam doctrinam non
sustinebunt sed ad sua desideria coacervabunt sibi magistros prurientes
auribus [4] et a veritate quidem auditum avertent ad fabulas
autem convertentur [5] tu vero vigila in
omnibus labora opus fac evangelistae ministerium tuum imple |
1. Je vous conjure donc devant Dieu et
devant le Christ qui jugera les vivants et les morts à son avènement
glorieux, et dans l’établissement de son signe, 2. D’annoncer la parole. Pressez les hommes
à temps et à contretemps; reprenez, suppliez, menacez, sans vous lasser
jamais de les tolérer et de les instruire 3. Car il viendra un temps où les hommes ne
pourront plus souffrir la saine doctrine; au contraire, au gré de leurs
désirs, ils auront recours à une foule de docteurs propres à satisfaire leurs
désirs. 4. Et fermant l’oreille à la vérité, ils
l’ouvriront à des fables. 5. Mais pour vous, veillez; souffrez constamment toutes sortes de travaux; faites la charge d’un évangéliste; remplissez tous les devoirs de votre ministère; soyez sobre. |
[87911] Super II Tim., cap. 4 l. 1 Praemissis periculis temporum novissimorum,
et idoneitate Timothei ad resistendum, hic ostendit quomodo resistat. Et primo ponitur monitio; secundo eius
necessitas, ibi erit enim. Item,
primo ponitur eius contestatio; secundo admonitio, ibi praedica verbum.
In contestatione sunt duo consideranda, scilicet coram quibus contestetur, et
per quem. Contestatur autem coram duobus, scilicet coram eo qui est nostra
beatitudo, et coram eo qui nos in beatitudinem introducit. Beatitudo
autem nostra Deus est. Ps. XXXII, 12 : beata gens cuius est dominus Deus
eius. Et ideo dicit testificor
coram Deo, id est, testem invoco Deum quod hanc monitionem faciam. Hic
enim testis non decipitur. II Cor. c. I, 23 : ego autem Deum testem invoco
in animam meam. Et Christo, cuius est introducere in beatitudinem. Rom.
V, 2 : per quem et accessum habemus per fidem in gratiam istam. Vel aliter
introducit quidem, quia ipse iudicaturus est vivos et mortuos. Et tunc
vivos dicit illos, qui vivi reperientur in adventu eius, qui morientur
quidem, sed quia in modico tempore resurgent, dicuntur vivi. I Thess. IV, 15
: nos qui vivimus, qui residui sumus in adventu domini, non praeveniemus
eos qui dormierunt. Vel vivos
dicit bonos, scilicet qui vivunt vita gratiae, et mortuos, malos. I
Io. c. III, 14 : qui non diligit, manet in morte. Et hos etiam
iudicat. Act. X, 10 : ipse est qui constitutus est a Deo iudex vivorum et
mortuorum. Sed cum
Christus sit Deus, quomodo utitur hic hac copula coram Deo et Christo ?
Respondeo. Potest dici quod dicitur coram Deo, scilicet patre, et Christo, id
est filio. Pater enim est fons divinitatis. Deinde cum
dicit et per adventum, etc., contestatur per duo desiderabilia sanctis
: primum est adventus Christi. Lc. XII, v. 36 : similes hominibus
expectantibus dominum suum quando revertatur a nuptiis. Apoc. ult. : veni,
domine Iesu. Secundum
est regnum eius. Matth. VI, 10 : adveniat regnum tuum. Regnat
quidem secundum potestatem generalem super omnem creaturam. Matth. ult. : data
est mihi omnis potestas in caelo et in terra. Sed specialiter et spiritualiter in sanctis
regnat in praesenti per gratiam, et in futuro per gloriam. Qui sancti non sunt de hoc mundo. Io. XVIII,
36 : regnum meum non est de hoc mundo. Sed hoc regnum hic inchoatur,
et in futuro consummabitur, quando omnia regna ei subiicientur et volentia,
et nolentia. Ps. CIX, 1 : donec ponam inimicos tuos, et cetera. Consequenter
cum dicit praedica verbum, ponitur monitio, et hoc ut instet
doctrinae, quae est duplex. Una ad
omnes, quam ponit primo; alia ad aliquos, et hanc ponit secundo, ibi argue.
Item,
primo monet eum ad generalem doctrinam exequendam; secundo docet modum
exequendi. Dicit ergo
praedica verbum, scilicet Evangelii. Mc. ult. : euntes in mundum
universum, praedicate Evangelium omni creaturae. In praedicatione duo
sunt, scilicet denunciatio veritatis, et instructio ad mores. Et haec duo debet praedicator facere. Lc. ult.
: incipiens a Moyse, et omnibus prophetis, interpretabatur illis in
omnibus Scripturis, et cetera. Modus est
instantia et continuatio, unde dicit insta opportune, importune. II
Cor. XI, 28 : instantia mea quotidiana, et cetera. Sed dicit importune.
Contra, Eccli. XX, 22 : ex ore fatui reprobabitur parabola; non enim dicit
illam in tempore suo. Item, Prov. XV, v. 23 : sermo opportunus optimus
est. Dicendum
est quod praedicator secundum veritatem, semper debet praedicare opportune,
sed secundum existimationem falsam audientium, debet praedicare importune,
quia praedicator veritatis semper est bonis opportunus, et malis importunus
semper. Io. VIII, v. 47 : qui ex Deo est, verba Dei audit, propterea vos
non auditis, quia ex Deo non estis. Eccli. VI, 21 : quam aspera est
nimium sapientia indoctis hominibus. Si homo
enim vellet hanc servare opportunitatem, ut solum diceret his qui volunt
audire, prodesset tantum iustis; sed oportet quod aliquando etiam praedicet
malis ut convertantur. Et ad hoc additur importune. Is. LVIII, 1 : clama,
ne cesses, et cetera. Consequenter
cum dicit argue, ponitur doctrina in speciali, quam primo ponit;
secundo modum, ibi in omni patientia. Instituens
autem aliquem, specialiter potest eum instituere, vel de pertinentibus ad
fidem; puta ut doceat veritatem, et removeat errorem; et quantum ad hoc
primum dicit argue, scilicet errores. Tit. II, 15 : argue cum omni
imperio. Vel de pertinentibus ad bonos mores, et ad hoc debet inducere
aliquando bonum, et superiorem, et tunc debet placide et benigne monere; unde
dicit obsecra. I Tim.
V, 1 : seniorem ne increpaveris, sed obsecra ut patrem. Gal. VI, v. 1 : vos qui spirituales estis,
huiusmodi instruite in spiritu lenitatis, et specialiter si non peccat ex
malitia. Si autem instruat vel instituat malum, debet eum increpare; ideo
dicit increpa. Tit. I, 13 : ob quam causam increpa illos dure, ut
sani sint in fide. Iob V, v. 17 : increpationem domini ne reprobes.
Sed quis
modus ? In omni patientia, ne iratus appareas, et ex ira instruas, sed
tranquille. Prov. XIX, 11 : doctrina viri per patientiam noscitur. Ps.
XCI, 14 : bene patientes erunt ut annuntient. Et doctrina, scilicet de his quae ad fidem, et in his quae
ad mores. Ier. III, 15 : pascent vos scientia et doctrina. Deinde cum
dicit erit enim, ostendit necessitatem monitionis praemissae. Est autem triplex necessitas praedictorum. Et
prima ex parte audientium; secunda ex parte Timothei, ibi tu vero;
tertia ex parte apostoli, ibi ego enim iam. Circa
primum duo facit, quia primo proponit necessitatem; secundo exponit dictum
suum, ibi et a veritate. Necessitas
prima est auditorum perversitas in audiendo, ut utilia nolint audire, sed
curiosa. Dicit ergo
quantum ad primum : insta, dum nolunt audire sanam doctrinam, erit
enim tempus cum sanam doctrinam, etc., quando erunt mali doctores. Act.
XX, 29 : ego scio quoniam lupi rapaces intrabunt in vos post discessionem
meam. Unde dicit non sustinebunt, id est, erit eis odiosa vestra
doctrina, scilicet Christi. Prov.
VIII, v. 8 : iusti sunt omnes sermones mei, non est in eis pravum quid,
neque perversum. Alia
perversitas, quia volunt inordinate audire curiosa et noxia. Prov. I, 22 : usquequo,
parvuli, diligitis infantiam, et stulti ea quae sunt sibi noxia cupient, et
imprudentes odibunt scientiam ? Ideo dicit
sed ad sua desideria coacervabunt, id est, multiplicabunt, et cetera.
Contra quos dicitur Iac. III, 1 : nolite plures magistri fieri, fratres
mei, scientes quoniam maius iudicium sumitis. Et est
coacervatio quando indigni et insufficientes multiplicantur, et magis
coacervatio est, si fiant quatuor indigni, quam si centum boni; quia, ut
habetur Sap. VI, 26, multitudo sapientium, sanitas est orbis terrarum.
Is. XXX, 10 : loquimini nobis placentia. Et hoc est
secundum sua desideria, quia unus vult audire unum, alius alium, et sic
quaerunt diversos magistros. Et dicit magistros prurientes auribus,
scilicet auditores. Pruritum dicitur habere in pedibus, qui non vult
quiescere. In auribus vero, qui semper audire vult nova, inaudita, et
curiosa, et quandoque noxia. Act.
XVII, 21, « Athenienses ad nihil aliud vacabant, nisi aut discere,
aut audire aliquid novi. » Et ideo
multiplicatur doctrina haeretica. Prov. IX, 17 : aquae furtivae dulciores
sunt, et panis absconditus suavior, et cetera. Consequenter
cum dicit et a veritate exponit dictum : et primo ponit quod dixerat,
quod sanam doctrinam non sustinent, cum dicit a veritate auditum avertent.
Sana
doctrina est quando non habet admixtam falsitatem, ergo sanam doctrinam non
sustinent, dum veritatem nolunt audire. Os. c. IV, 1 : non est veritas, et
non est misericordia, et non est scientia Dei in terra. Io. c. VIII, 45 :
si veritatem dico vobis, quare non creditis mihi ? Secundo
quod dixerat : coacervabunt, etc., exponit cum dicit ad fabulas
autem convertentur. Fabula est composita ex miris in quibus deficit
veritas. Et talia homines habentes in auribus pruritum, volunt audire. I Tim.
c. IV, 7 : ineptas et inanes fabulas devita. Deinde cum
dicit tu vero, ponitur necessitas ex parte Timothei, cui erat officium
commissum; et ideo necessarium erat quod praedicaret. Et primo monet eum ad sollicitudinem;
secundo inducit eum ad laborem; tertio moderatur laborem. Dicit ergo
tu vero vigila. Quasi
dicat : isti sic faciunt, tu vero, et cetera. Matth. c. XXIV, 42 : vigilate,
quia nescitis qua hora dominus vester venturus sit. Lc. II, 8 : et
pastores erant in regione eadem vigilantes, et custodientes vigilias noctis
supra gregem suum. Rom. XII, 8 : qui praeest in sollicitudine. Sed quia
sollicitudo sine labore, inanis est, ideo primo inducit ad universaliter
laborandum; secundo determinat in quo est laborandum; tertio laborandi
necessitatem. Dicit ergo
: vigila, sed sic, quod aliquid facias; et ideo labora. Sap.
III, 15 : bonorum laborum gloriosus est fructus. Et hoc in omnibus,
id est, in omni genere hominum. Is. XXXII, 20 : beati qui seminatis super
omnes aquas. Mc. ult. : praedicate Evangelium omni creaturae. Unde mox
determinat in quo est laborandum, dicens opus fac Evangelistae, id
est, evangeliza. Hoc enim est
nobile opus; quia ad hoc Christus est missus. Lc. IV, 43 : aliis civitatibus oportet me
evangelizare, quia ideo missus sum. Is. XLI, 27 : primus ad Sion dicet
: ecce adsum, et Ierusalem Evangelistam dabo. Evangelista
autem dicitur aliquando qui scripsit Evangelium, et sic sunt quatuor;
quandoque qui praedicat ipsum, et sic dicitur hic et Eph. IV, 11. Necessitas
autem huius laboris, quia est ministerium tuum, tibi commissum. Et
ideo imple, scilicet praedicando. Col. IV, 17 : dicite Archippo :
vide ministerium quod accepisti in domino, ut illud impleas. Ille autem implet officium Evangelistae, qui
verbo praedicat, et opere implet. Act. I,
1 : coepit Iesus facere et docere. Consequenter inducit ad moderantiam, dicens sobrius
esto, vel sobrietati corporali, quae decet praedicatorem. Ebrietas enim
est inimica sapientiae. Eccle. II, 3 : cogitavi abstrahere a vino carnem
meam. Vel potius
sobrietas ponitur hic pro discretione. Act. XXVI, 25 : verba sobrietatis,
et veritatis eloquor. I Petr. V, 8 : sobrii
estote, et cetera. |
Après avoir annoncé d’abord les
périls des derniers temps et montré que Timothée pouvait y résister, l’Apôtre
explique ici comment résister. I° Il fait une recommandation; II°
il en fait voir la nécessité (verset 3) : "Car il viendra un temps,
etc." I° Il fait I. l’appel de ses témoins; II.
Sa recommandation (verset 2) : "Annoncez la parole [de Dieu],
etc." I. Dans l’appel des témoins, il y a deux choses à considérer, ceux devant qui et ceux par qui il adresse sa recommandation. 1° L’Apôtre fait sa
recommandation devant deux témoins, à savoir devant celui qui est notre
béatitude et devant celui qui nous introduit dans cette béatitude. Or, notre
béatitude est Dieu (Psaume XXXII, 12) : "Bienheureux le peuple qui a
le Seigneur pour son Dieu." Il dit donc (verset 1) : "Je
vous conjure devant Dieu," c’est-à-dire j’invoque comme témoin Dieu
que je vous fais cette recommandation. On ne trompe pas ce témoin ; (2
Co I, 23) : "Je prends Dieu à témoin sur mon âme." (verset
1) : "Et devant Jésus-Christ," à qui il appartient de nous
introduire dans la béatitude ; (Rom., V, 2) : "Par Lui
(J.-C.) nous avons entrée par la foi à cette grâce,…" Ou bien
encore il nous introduit dans la béatitude, parce que (verset 1) : "C’est
lui qui doit juger les vivants et les morts." L’Apôtre appelle
vivants ceux qui seront trouvés vivants au moment de son avènement; ils
mourront néanmoins, mais parce qu’ils ressusciteront après un court
intervalle, il les appelle vivants (Thess., IV, 15) : "Pour nous
autres, qui sommes vivants et qui seront demeurés pour l’avènement du
Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont déjà dans le sommeil."
Ou bien encore Paul appelle vivants les bons, c’est-à-dire ceux qui vivent de
la vie de la grâce, et morts les méchants ; (I Jean, III, 14) : "Celui
qui n’aime pas demeure dans la mort." Jésus est ainsi leur juge
(Actes I, 42) : "C’est Lui qui a été établi par Dieu pour être le
juge des vivants et des mort " Mais puisque Jésus-Christ est Dieu, pourquoi Paul se sert-il ici de la particule conjonctive : "Devant Dieu et devant le Christ ?" On peut dire que l’Apôtre veut dire : "Devant Dieu," à savoir le Père, "et Jésus-Christ" c’est-à-dire Dieu le Fils, car Dieu le Père est le principe de la divinité. 2° A ces mots (verset 1) : "à
son avènement, etc.," l’Apôtre supplie Timothée par deux choses qui
doivent être l’objet des désirs des saints. La première est l’avènement de
Jésus-Christ (Luc, X, 36) : "[Il faut que vous soyez] semblables à
ceux qui attendent que leur maître revienne des noces, etc.;" (Apo
XX, 20) : "Venez, Seigneur Jésus" La seconde est son
règne ; (Mt VI, 10) : "Que votre règne arrive,"
Jésus-Christ règne d’abord par sa puissance générale sur toutes les
créatures ; (Matthieu XVIII, 18) : "Toute puissance m’a été
donnée dans le ciel et sur la terre." Mais Jésus-Christ règne
spécialement et spirituellement sur les saints, dans la vie présente par la
grâce et dans la Vie future par la gloire; or ces saints ne sont pas de ce
monde ; (Jean, XVIII, 36) : "Mon royaume n’est pas de ce
monde;" toutefois ce royaume commence ici-bas et s’achèvera dans la
vie à venir, quand tous les royaumes, qu’ils le veuillent ou non, lui seront
soumis (Psaume CIX, 1) : "Jusqu’à ce que je réduise vos ennemis,
etc…" II. Lorsqu’il dit ensuite (verset
2) : "Annoncez la parole," Paul fait sa recommandation. Son
but est que Timothée s’applique surtout à l’enseignement de la doctrine,
lequel est de deux sortes : l’un qui s’adresse à tous, l’Apôtre en parle
d’abord : l’autre regarde quelques-uns seulement, il en parle ensuite (verset
2) : "Reprenez, etc." 1° Dans sa recommandation, il l’avertit premièrement de donner ses soins à l’enseignement général; secondement, il l’instruit de la manière de le faire. 1. Il dit donc (verset 2) : "Annoncez la parole," à savoir de l’Evangile (Marc, XVI, 15) : "Allez par le monde entier : prêchez l’Evangile à toute créature." Or, la prédication a deux fins : annoncer la vérité et régler les mœurs. Ce sont les deux choses que doit faire le prédicateur ; (Luc, XXIV, 27) : "Ensuite, commençant par Moïse et parcourant tous les prophètes, il leur expliquait [tout ce qui avait été dit de Lui] dans les saintes Ecritures, etc…" 2. Le mode de l’enseignement, c’est l’assiduité et la persévérance. L’Apôtre dit donc (verset 2) : "Pressez les hommes, à temps et à contretemps" ; (2 Co I, 28) : "Outre ces soucis de chaque jour, etc…" L’Apôtre dit : "A
contretemps," mais on objecte ce qui est dit (Ecclésiastique, XX,
22) : "Une parole sage sera mal reçue de la bouche de l’insensé,
parce qu’il l’a dite à contretemps;" et (Prov. XV, 23) : "Ce
qu’on doit estimer est la parole dite à propos." Il faut répondre que celui qui
prêche en fonction de la vérité doit toujours parler d’une manière opportune,
mais, en fonction de la fausse appréciation de ceux qui l’entendent, il doit
le faire même d’une manière inopportune, par la raison que le prédicateur de
la vérité est pour les bons toujours opportun et toujours importun pour les
méchants ; (Jean, VIII, 47) : "Celui qui est de Dieu écoute les
paroles de Dieu. Ce qui fait que vous ne les écoutez pas, c’est que vous
n’êtes pas de Dieu;" (Ecclésiastique VI, 21) : "Que la
sagesse est amère aux personnes indociles." Si, en effet, ou voulait
chercher cette opportunité, de ne parler qu’à ceux qui veulent entendre, on
ne serait utile qu’aux justes. Or, il faut aussi s’adresser quelquefois aux
méchants, afin qu’ils se convertissent. Voilà pourquoi l’Apôtre ajoute : "A
contretemps" ; (Isaïe LVIII, 1) : "Criez sans cesse;
etc…" 2° Quand Paul dit à la suite (verset 2) : "Reprenez, etc.," il passe à l’enseignement en particulier. D’abord il l’expose; ensuite il en détermine le mode (verset 2) : "Sans vous lasser jamais, etc." 1. Or, celui qui instruit quelqu’un peut lui apprendre d’une manière spéciale soit ce qui appartient à la foi; dans le but, par exemple, de lui faire connaître la vérité et de l’éloigner de l’erreur. De ce premier but l’Apôtre dit : "Reprenez," à savoir les erreurs ; (Tite II, 45) : "Reprenez avec une pleine autorité." Soit ce qui appartient aux bonnes mœurs ; et sur ce point il doit y porter quelquefois celui qui est bon, et même celui qui est meilleur, il doit alors avertir avec retenue et bienveillance. L’Apôtre dit donc (verset 2) : "Suppliez" ; (I Tim V, I) : "Ne reprenez pas le vieillard avec rudesse, avertissez-le comme votre père;" (Galat., VI, 1) : "Vous autres, qui êtes spirituels, relevez celui qui est tombé, en y mettant un esprit de douceur, etc.;" particulièrement, s’il ne pêche pas par malice, mais s’il prépare le mal ou s’il s’y incruste, on doit le reprendre. C’est pourquoi Paul dit (verset 2) : "Menacez" ; (Tite I, 13) : "C’est pourquoi reprenez-les fortement, afin qu’ils conservent la pureté de la foi " (Job, V, 17) : "Ne rejetez pas le châtiment du Seigneur." 2. Comment faut il reprendre ?
(verset 2) : "En toute patience," pour ne pas paraître sous
l’empire de la colère en voulant instruire, mais pour rester maître de
soi ; (Proverbes XIX, 11) : "La science d’un homme se connaît
par sa patience;" (Psaume XCI, 15) : "Ils seront remplis de
patience pour annoncer, etc." (verset 2). Et en toute doctrine, à
savoir, à l’égard de ce qui tient à la foi et de ce qui concerne aux
mœurs ; (Jérémie., III 15) : "ils vous nourriront de la doctrine
et de la science." II° A ces mots (verset 3) : "Car il
viendra un temps, etc.," l’Apôtre explique la
nécessité de la recommandation qu’il vient de faire. Or, il y avait une
triple nécessité de donner cet avertissement : la première du côté des
auditeurs; la seconde du côté de Timothée lui-même (verset 5) : "Mais
pour vous, veillez, etc.;" la troisième du côté de l’Apôtre lui-même
(verset 6) : "Car pour moi je suis, etc." I. A l’égard de la première, Paul
expose d’abord cette nécessité; il développe ensuite ce qu’il a dit (verset
4) : "Et [fermant l’oreille] à la vérité." 1° La première nécessité est la perversité même des auditeurs, alors que recevant l’enseignement, ils ne veulent pas entendre des choses utiles, mais des choses qui piquent leur curiosité. 2° L’Apôtre dit donc quant aux premières : "insistez;" quand un ne veut pas entendre la saine doctrine, car (verset 3) : "Il viendra un temps où les hommes ne pourront plus la souffrir, etc." 1. Quand il y aura des docteurs
du mal ; (Actes, XX, 29) : "Je sais qu’après mon départ il
entrera parmi vous des loups rapaces." C'est ce qui fait dire à Paul
(verset 3) : "Ils ne pourront souffrir [la saine doctrine]," c’est-à-dire
votre doctrine, celle de Jésus-Christ qui leur sera odieuse ; (Prov.,
VIII, 8) : "Tous mes discours sont justes, ils n’ont rien de mauvais
ni de corrompu." 2. Il est encore une autre
perversité, c’est quand, dans le dérèglement de leur esprit, ils veulent
entendre des choses curieuses et dangereuses ; (Proverbes I, 22) : "O
enfants, jusqu’à quand aimerez-vous l’enfance ? Jusqu’à quand les insensés
désireront-ils ce qui leur est pernicieux, et les imprudents haïront-ils la
science ?" C’est pour quoi l’Apôtre dit (verset 3) : "Au gré
de leurs désirs, ils auront recours," c’est-à-dire, ils
multiplieront, etc. C’est contre eux qu’il est dit (Jacques III, 1) : "Mes
frères, qu’ils n’y en ait pas tant parmi vous qui veuillent devenir des
maîtres, sachant que cette charge vous expose à un jugement plus
sévère." Ce recours se passe quand les docteurs indignes et incapables
se multiplient, et dans ce cas, quatre indignes font une troupe plus forte
que cent docteurs qui seraient dignes, car (Sagesse, VI, 26) : "La
multitude des sages est le salut du monde;" (Isaïe, XXX, 10) : "Dites-nous
des choses qui nous agréent." Alors tout se passe selon leurs
désirs, car celui-ci veut entendre un maître, celui-là en veut un autre, et
chacun cherche des maîtres différents. L’Apôtre dit : "[Ils auront
recours] à une foule de docteurs, propres à satisfaire leurs désirs,"
c’est-à-dire, à eux, les auditeurs. On dit de celui qui ne sait pas demeurer
en repos : il a des démangeaisons dans les pieds ; en avoir dans les oreilles
c’est vouloir entendre toujours des choses nouvelles, extraordinaires,
curieuses, nuisibles quelquefois ; (Actes, XVII, 21) : "Les
Athéniens ne passaient tout leur temps qu’à dire ou entendre quelque chose de
nouveau." Ainsi se propage la doctrine hérétique. (Prov., IX, 17) : "Les
eaux dérobées sont plus douces, et le pain pris en cachette, est le plus
agréable, etc…" 3° Quand l’Apôtre dit ensuite (verset 4) : "[Et fermant l’oreille] à la vérité," il explique ce qu’il vient de dire. 1. Et d’abord il rappelle ce qu’il avait dit : qu’ils ne supporteront pas la saine doctrine, lorsqu’il dit (verset 4) : "Et fermant l’oreille à la vérité." La doctrine saine est celle qui n’admet le mélange d’aucune erreur. Ils ne supportent donc pas la saine doctrine, quand ils ne veulent pas entendre la vérité (Osée, IV, 1) : "Il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de miséricorde, il n’y a pas de connaissance de Dieu sur la terre;" (Jean, VIII, 45) : "Si je vous dis la vérité pourquoi ne me croyez-vous pas ?" 2. Ensuite il explique cette
autre parole qu’il avait dite (verset 3) : "Ils auront recours,
etc.," quand il ajoute (verset 4) : "Ils l’ouvriront à des
fables." La fable est composée de récits merveilleux, dépourvus de
vérité. Ce sont de tels récits, que ces hommes à qui les oreilles démangent
veulent entendre (l Tim., IV, 7) : "Fuyez les fables impertinentes et
puériles," II. Quand il ajoute (verset 5) : "Mais pour vous, [veillez], etc.," Paul exprime la même nécessité du côté de Timothée qui avait reçu la charge [de prêcher] et devait par conséquent l’exercer. D’abord il lui recommande la sollicitude; ensuite il l’exhorte au travail; enfin il tempère cette notion de travail. 1° Il dit donc (verset 5) : "Mais
pour vous, veillez;" en d’autres termes : Si ceux dont je vous ai
parlé agissent de la sorte," pour vous, veillez, etc…" ;
(Mt XXIV, 42) : "Veillez donc parce que vous ne savez pas à quelle
heure votre Seigneur doit venir;" (Luc, II, 8) : "Il y avait
là aux environs des bergers qui passaient la nuit dans les champs, veillant
tour à tour à la garde de leur troupeau;" (Rom., XII, 8) : "Que
celui qui est chargé de la conduite de ses frères,…" 2° Mais comme la vigilance sans travail, manque son but, l’Apôtre engage Timothée, d’abord en termes généraux, à travailler ; en second lieu, il détermine quel doit être l’objet de ce travail; enfin la nécessité de s’en acquitter. 1. Il dit donc : "Veillez,"
mais de manière à faire quelque chose; par conséquent : "Souffrez les
travaux" (Sagesse, III, 15) : "Le fruit des justes travaux
est plein de gloire." Et cela : "En toutes
circonstances," c’est-à-dire à l’égard de toutes les catégories
d’hommes ; (Isaïe, XXXII, 20) : "Vous serez heureux vous qui
semez près de toutes les eaux;" (Marc, XVI, 15) : "Prêchez
l’Evangile à toute créature." 2. Paul détermine immédiatement, après ce premier point, quel doit être ce travail, quand il dit (verset 5) : "Faites la charge d’un évangéliste," c’est-à-dire annoncez l’Evangile. C’est là, en effet, un noble ouvrage, car c’est pour lui que Jésus Christ a été envoyé ; (Luc, IV, 43) : "Il faut aussi que j’annonce aux autres villes l’Evangile du royaume de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé;" (Isaïe XLI, 27) : "C’est lui qui dira le premier à Sion : Voici mes paroles, et je vais donner à Sion un messager de bonne nouvelle." On donne quelquefois le nom d’évangéliste à celui qui a écrit un évangile; or ces évangélistes sont au nombre de quatre. Quelquefois aussi à celui qui prêche l’Evangile même; c’est dans ce sens que ce terme est pris ici et au chap. IV, 41 de l'Epître aux Ephésiens. 3. La nécessité de ce travail, c’est que tel est "le ministère" qui vous a été confié (verset 5) : « Remplissez-en donc les devoirs », à savoir, en prêchant l’Evangile. (Coloss., IV, 17) : "Dites à Archippe : veillez à bien accomplir le ministère que vous avez reçu du Seigneur." Or, pour remplir les fonctions d’évangéliste, il faut prêcher la parole et accomplir les oeuvres (Actes, I, 1) : "…que Jésus commença à faire et à enseigner, etc." 3° L’Apôtre engage ensuite son disciple à éviter tout excès, quand il dit (verset 5) : "Soyez sobre," ou de cette sobriété corporelle qui convient à celui qui prêche [la vérité], car l’ivresse est l’ennemie de la sagesse (Ecclésiastique, II, 3) : "J’ai pris en moi-même la résolution de refuser à ma chair l’usage du vin;" ou plutôt de la sobriété qu’on appelle discrétion ; (Actes, XXVI, 25) : "Les paroles que je viens de dire sont des paroles de vérité et de bon sens;" (1 Pierre, V, 8) : "Soyez sobres, etc…" |
Lectio 2 |
Leçon 2 — 2 Timothée IV, 6-8 : La mort et la gloire à venir |
|
SOMMAIRE : Paul prédit la dissolution prochaine do son corps et dit qu’il est assuré de la couronne céleste. |
[6] ego enim iam delibor et tempus meae resolutionis
instat [7] bonum certamen certavi cursum consummavi fidem
servavi [8] in reliquo
reposita est mihi iustitiae corona quam reddet mihi Dominus in illa die iustus
iudex non solum autem mihi sed et his qui diligunt adventum eius |
6. Car pour moi je suis comme une victime
qui a déjà reçu l’aspersion pour être sacrifiée, et le temps de ma mort
s’approche. 7. J’ai bien combattu, j’ai achevé ma
course, j’ai gardé la foi. 8. Il ne me reste qu’à attendre la couronne de justice qui m’est réservée, que le Seigneur comme un juste juge me rendra en ce grand Jour; et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui aiment son avènement. |
[87912]
Super II Tim., cap. 4 l. 2 Supra monuit eum, ut instaret
doctrinae, et hoc propter audientes, et propter ipsum Timotheum, hic inducit
tertiam necessitatem, scilicet ex parte apostoli, et est, quia in brevi erat
subtrahendus de mundo. Et primo praenuntiat suam mortem imminere; secundo mandat
quod visitet eum, ibi festina. Circa
primum duo facit : primo designatur instantia mortis eius; secundo securitas
morientis, ibi bonum certamen. Circa
primum duo facit, quia primo nuntiat passiones quas patiebatur; secundo
praedicit mortem quae expectabatur, ibi et tempus meae. Quantum ad
primum dicit : ego enim iam delibor, quasi dicat : statim ego delibor.
Sanctorum autem passio
dicitur immolatio. Phil. II, 17 : sed et si immolor super sacrificium, et
obsequium fidei vestrae gaudeo. Ps. CXV, 17 : tibi sacrificabo hostiam
laudis, scilicet pro te patiendo. Antiquitus
in sacrificiis, quae ex humidis offerebantur, quaedam fiebant
praegustationes; et hae vocabantur delibationes. Rom. XI, 16 : quod si
delibatio sancta est, et massa, et cetera. Et ideo vocat passiones
imminentes delibationes. Et quamvis
iamdiu eas sim expertus, tempus tamen meae resolutionis instat. Est
autem duplex resolutio, scilicet animae a corpore. Eccle. ult. : et
revertatur pulvis in terram suam, unde erat : et spiritus redeat ad Deum qui
dedit illum. Item est
resolutio corporis in pulverem. Gen. III, 19 : pulvis es, et in pulverem
reverteris. Deinde cum dicit bonum,
ostendit securitatem suae mortis. Sed
sciendum est, quod est differentia inter mortem iusti et peccatoris quia, ut dicitur
Prov. XI, 7, mortuo homine impio, nulla erit ultra spes. Quia enim
spem habet in istis rebus transitoriis, ideo spem non habet in aeternis. Sed
iustus habet spem in aeternis, et non in terrenis. Primo ergo ponit meritum
suae securitatis; secundo securitatem de praemio, ibi in reliquo. Meritum huius vitae est in tribus, scilicet in
resistendo malis, in proficiendo in bonis, et in bene utendo Dei donis. Primum dicitur quoddam certamen; unde hic dicit bonum
certamen certavi. Sed certamen dicitur bonum, primo, si sit pro bonis;
puta si sit pro fide et iustitia, sicut apostoli. Iud. I, 3 : de communi vestra salute necesse
habui scribere vobis, deprecans supercertari semel traditae sanctae fidei.
Eccli. c. IV, 33 : pro
iustitia agonizare pro anima tua, et usque ad mortem certa pro iustitia. Secundo,
propter modum certaminis, si scilicet sollicite et legitime certetur. Supra
II, v. 5 : non coronabitur, nisi qui legitime certaverit. I Cor. IX,
26 : sic pugno, non quasi aerem verberans, sed castigo corpus meum, et
cetera. Tertio,
propter difficultatem certaminis. Sap. X, 12 : et certamen forte dedit
illi, ut vinceret. Secundum
quod est profectus in bonis dicitur cursus, unde sequitur cursum
consummavi. I Cor. IX, 24 : sic currite, ut comprehendatis. Et dicitur
cursus profectus sanctorum, quia cum festinatione currunt, ut meliorantes
consumment, agitati stimulis charitatis. Hebr. IV, 11 : festinemus ergo ingredi in
illam requiem. Ps. CXVIII, 32 : viam mandatorum tuorum cucurri. Sed adhuc
certamen et cursus mortis restabat : ergo non consummaverat cursum, nec
certaverat. Dicendum est quod sicut homo qui bene incipit et intendit finire,
habet opus perfecte, sic et apostolus : iam enim incoeperat, et finire
intendebat. Bonus usus
donorum Dei est duplex, scilicet conservatio fidei et ideo dicit fidem
servavi, quod facit qui utitur donis Dei ad gloriam Dei et salutem
proximorum. Matth. XXIV, v. 45 : quis, putas, est fidelis servus et
prudens, quem constituit dominus super familiam suam ? I Tim. I, 12 : fidelem me existimavit
ponens in ministerio. Vel servavi in me virtutem fidei. Rom. XIV, 23 : omne quod non est ex fide,
peccatum est. Propter quod Matth. X, 16 : estote prudentes sicut
serpentes, id est, custodite fidem, tamquam caput et fundamentum
virtutum. Deinde cum
dicit in reliquo, ponitur spes de praemio, quod primo ponit; secundo
ostendit datorem eius, ibi quam reddet; tertio ponit participes
praemii, ibi qui diligunt. Dicit ergo
: ex quo pugnavi et cursum consummavi, nihil restat nisi quod coroner. Corona
iustitiae dicitur quam Deus ex sua iustitia reddet. Sed contra : quia vita
aeterna ex gratia datur. Rom. VI, 23 : gratia Dei vita aeterna, et
cap. VIII, 18 : non sunt condignae passiones huius temporis ad futuram
gloriam; non ergo ex iustitia. Respondeo. Dicendum est, quod est tibi
gratia quantum ad radicem merendi; iustitia quantum ad actum, qui procedit ex
voluntate. Vel corona
iustitiae est, quae datur ex iustitia, quia datur iustis secundum opera
iusta. Is. III, 10 : dicite
iusto, quoniam bene fructum adinventionum suarum comedet, et cetera. Haec
corona duplex est : quaedam principalis, quaedam secundaria. Prima est
praemium essentiale, quae nihil est aliud quam gaudium de veritate. Is.
XXVIII, 5 : in illo die erit dominus exercituum corona gloriae, et sertum
exultationis residuo populi sui. Deus est ergo corona nostra. Secunda est
corona, quae debetur specialibus operibus, et haec est aureola, et una
debetur martyribus. Supra II, 5 : non coronabitur, nisi qui legitime
certaverit. Et ad hoc est quod dicit bonum certamen certavi. Alia debetur virginibus. Sap. IV, 2 : in
perpetuum coronata triumphat, incoinquinatorum certaminum praemium vincens.
Et ad hoc est cursum
consummavi. Apoc. XIV, 4 : hi sequuntur agnum, et cetera. Tertia est
doctorum. Prov. IV, 9 : dabit capiti tuo augmenta gratiarum, et corona
inclyta proteget te. Et ad hoc dicit fidem servavi. Et dicit reposita,
id est, secundum aeternam praedestinationem reservata. Supra I, v. 12 : scio
cui credidi, et certus sum quia potens est depositum meum servare in illum
diem. Dator
huius est Deus, ideo dicit quam reddet mihi dominus, scilicet per suam
iustitiam, in illa die. Nam haec est corona gloriae, et haec duplex,
scilicet animae; et haec redditur sanctis in illa die, scilicet in
morte. Unde hic dicit tempus meae resolutionis instat. II Cor. V, 1 : si
terrestris domus nostra huius habitationis dissolvatur, aedificationem
habemus ex Deo. Alia est
corporis, et haec reddetur in illa die, scilicet iudicii. I Cor. XV,
43 : seminatur in ignobilitate, et cetera. Participes
huius sunt omnes sancti, unde dicit non solum autem mihi, scilicet
reponitur. Apoc. ult., 20 : veni, domine Iesu. Cant. V, 1 : veniat
dilectus meus in hortum suum, ut comedat fructum pomorum suorum. Qui non
diligunt Deum, nihil habent ut diligant adventum eius. Amos V, 18 : vae
desiderantibus diem domini. Quia corona solum charitati debetur. Io. XIV,
21 : qui diligit me, diligetur a patre meo, et ego diligam eum, et
manifestabo ei meipsum. |
L’Apôtre, dans ce qui précède,
a averti Timothée de s’occuper instamment de la doctrine, et ce dans
l’intérêt de ceux qui la reçoivent, et dans le sien propre ; il en apporte
ici une troisième raison, prise du côté de Paul Lui-même. C’est que bientôt
il devait être retiré de cette vie. Et d’abord il lui annonce que sa mort
n’est pas éloignée; en second lieu, il lui mande de venir le visiter (verset
9) : "Hâtez-vous [de venir me trouver au plus tôt]." Sur le premier
de ces points, l’Apôtre I° révèle sa mort prochaine; II°
il dit sa sécurité aux approches de sa mort (verset 7) : "J’ai bien
combattu, etc." Dans la première division, il
rend compte I°
des souffrances qu’il a endurées ; II° il prédit la mort qu’il attend (verset 6) :
"Le temps de ma mort approche." I° De ses souffrances, il dit (verset 6) : "Car pour moi, je suis comme une victime…;" en d’autres termes : Je suis comme déjà effleuré par la mort. La mort des saints s’appelle immolation (Philipp., II, 17) : "Mais si je devais être immolé dans le sacrifice et dans le service de votre foi, je m’en réjouirais;" (Psaume CXV, 17) : "Je vous offrirai un sacrifice de louanges," à savoir, en souffrant pour vous. Autrefois, dans les sacrifices qui consistaient en corps liquides, on prenait d’abord les prémices, ce qui s’appelait faire des libations ; (Rom., XI, 16) : « Si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi. » Voilà pourquoi l’Apôtre appelle ses souffrances imminentes des libations. II. Et bien qu’il les endure
depuis longtemps, il dit (verset 6) : "Et le temps de ma mort
approche." Or, il y a deux sortes de mort, l’une qui sépare l’âme
d’avec le corps ; (Ecclésiastique, XII, 7) : "Et que la
poussière rentre dans la terre d’où elle avait été tirée, et que l’esprit
revienne à Dieu qui l’a donné;" l’autre, qui réduit le corps en
poussière ; (Gen., III, 19) : "Vous êtes poussière, et
vous retournerez en poussière." II° Quand l’Apôtre dit ensuite
(verset 7) : "J’ai bien
combattu," il
exprime sa sécurité à l’approche de la mort. Il faut observer quelle est la
différence entre la mort du juste et celle du pécheur, car, ainsi qu’il est
dit au livre des Proverbes (XI, 7) : "A la mort du méchant il ne lui
restera plus d’espérance." Il a mis, en effet, ses espérances dans
les choses qui passent, il n’en a pas dans celles qui sont éternelles. Le
juste, au contraire, a placé ses espérances dans les choses éternelles et non
dans celles d’ici-bas. Paul exprime donc I. le mérite qui fait sa sécurité. II.
son assurance de la récompense (verset 8) : "Il me reste [la couronne
de justice], etc." I. Le mérite de cette vie consiste en trois choses, à savoir résister au mal, avancer dans le bien et user comme on le doit des dons de Dieu. 1° Le premier de ces mérites
suppose une sorte de combat, c’est pour cela que Paul dit (verset 7) : "J’ai
bien combattu." Or, pour que ce combat soit bon, il faut d’abord
qu’on le livre pour le bien, par exemple pour la foi et la justice, comme ont
fait les apôtres ; (Jude, I, 3) : "Ayant souhaité avec une
grande ardeur de vous écrire touchant le salut qui nous est commun, je m’y
trouve maintenant obligé, pour vous exhorter à combattre pour une foi qui a
été une foi laissée par tradition aux saints;" (Ecclésiastique, IV,
33) : "Prenez la défense de la justice pour sauver votre âme, et
combattez pour la justice jusqu’à la mort." Ensuite il faut observer
la manière de combattre, c’est-à-dire, combattre avec vigilance et selon la
loi (ci-dessus, II, 5) : "[Celui qui combat dans les jeux publics] ne
sera couronné qu’après avoir combattu selon la loi;" (1 Co X, 26) : "Je
combats, mais pas comme si je donnais des coups en l’air; mais je traite
rudement mon corps, etc." Enfin, la difficulté du combat ;
(Sag., X, 12) : "Elle (la sagesse) l’a engagé dans un rude combat,
afin qu’il demeurât victorieux." 2° La seconde condition du mérite
est l’avancement dans le bien; on l’appelle ici course. L’Apôtre dit
donc à la suite (verset 7) : "J’ai achevé ma course." (1 Co IX,
24) : "Courez de telle sorte que vous remportiez le prix."
L’avancement des saints dans le bien est appelé une course, parce qu’ils courent
avec empressement afin que, poussés par l’aiguillon de la charité, ils
dépassent même ceux qui sont les premiers ; (Hébr., IV, 11) : "Efforçons-nous
d’entrer dans ce repos;" (Psaume CXVIII, 32) : "J’ai couru
dans la voie de vos commandements." Cependant puisqu’il lui restait encore et le combat et la course de la mort, l’Apôtre n’avait donc ni terminé sa course, ni fini son combat. Il faut dire que, de même que celui qui a bien commencé et se propose de finir de même est dans la perfection de son oeuvre, ainsi en était-il de Paul ; car déjà il avait bien commencé et il se proposait de bien finir. 3° Le bon usage des dons de Dieu comprend deux choses : la conservation de la foi ; Paul dit donc (verset 7) : "J’ai gardé la foi." C’est ce que fait celui qui se sert des dons de Dieu, pour la gloire de Dieu et le salut du prochain ; (Mt XXIV, 45) : "Quel est à votre avis, le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi sur ses domestiques ?" ; (I Timothée 1, 12) : "Il m’a jugé fidèle en m’établissant dans son ministère." Ou bien encore il a conservé en moi la vertu de foi ; (Rom., XIV, 23) : "Tout ce qui ne se fait pas selon la foi, est péché." C’est pourquoi il est dit en Matthieu (X, 16) : "Soyez prudents comme des serpents," c’est-à-dire gardez la foi, comme la tête et le fondement de toutes les vertus. II. Quand l’Apôtre dit ensuite
(verset 8) : "Il me reste [la couronne de justice]," il
exprime son espérance à l’égard de la récompense. Et d’abord il dit quelle
est cette récompense; en second lieu, il précise qui la lui donnera (verset
8) : "Que [le Seigneur qui est un juste juge] me rendra, etc.;"
enfin avec qui il doit la partager (verset 8) : "Et encore à tous
ceux qui attendent son avènement." 1° Il dit donc : Dès lors que j’ai combattu et que j’ai achevé ma course, ce qui reste, c’est que je reçoive ma couronne, la couronne de justice que Dieu rendra dans sa justice. On objecte que la vie éternelle
est gratuitement donnée ; (Rom., VI, 23) : "La grâce de Dieu,
c’est la vie éternelle, [en Jésus-Christ];" et (Rom., VIII, 18) : "Les
souffrances de la vie présente, n’ont pas de proportion avec cette gloire qui
sera un jour révélée en nous", et non de par la justice de Dieu. Il
faut dire que le terme "Grâce" est employé ici pour indiquer
la source du mérite, et celui de "Juste" pour l’acte qui
émane de la volonté. Ou encore, la couronne de justice est celle qui est
décernée d’après la règle de la justice, parce qu’elle est accordée aux
justes pour les oeuvres accomplies dans la justice ; (Isaïe, III, 10) : "Dites
au juste qu’il [est heureux], parce qu’il recueillera le fruit de ses œuvres.
" Or, cette couronne est double :
l’une principale, l’autre secondaire. La première est la récompense
essentielle, qui n’est autre chose que la joie issue de la vérité ;
(Isaïe, XXVIII, 5) : "En ces jours là, le Seigneur des armées sera
une couronne de gloire, et comme un bouquet pour le reste de son
peuple." Dieu est donc notre couronne. La seconde est la couronne
qui est due pour des oeuvres spéciales; c’est l’auréole, dont une est
destinée aux martyrs (ci-dessus, II, 5) : "Nul n’est couronné
qu’après avoir combattu selon la Loi;" et c’est pour cela que Paul
dit : « j’ai bien combattu » ; une autre est due aux
vierges ; (Sag., IV, 2) : "[La race injuste] est couronnée pour
jamais comme victorieuse, après avoir remporté le prix dans les combats sans
souillure." C’est pourquoi l’Apôtre dit : "J’ai achevé ma
course" ; (Ap XIV, 4) : "Ceux-là suivent l’Agneau
[partout où il va], etc…" La troisième est celle des docteurs ;
(Prov., IV, 9) : "Elle (la sagesse) mettra sur votre tête un
accroissement de grâce et elle vous couvrira d’une éclatante
protection." C’est ce qui fait dire à Paul : "J’ai gardé la
foi." II ajoute (verset 8) : "Qui m’est réservée," à
savoir selon la prédestination éternelle (ci-dessus, I, 12) : "Je
sais à qui je me suis confié et je suis persuadé qu’il est assez puissant
pour me garder mon dépôt jusqu’à ce jour." 2° Celui qui donne cette
couronne, c’est Dieu. C’est ce qui fait dire à Paul (verset 8) : "Que
le Seigneur me rendra, par sa justice," en ce jour." Car
c’est là cette couronne de gloire. Elle est double, à savoir, d’abord pour
l’âme, et elle est décernée aux saints, "en ce jour,"
c'est-à-dire à la mort. Il dit donc ici : "Le temps de ma mort
approche" ; (2 Co V, 1) : "Si cette maison de terre où
nous habitons vient à se dissoudre, Dieu nous donnera [dans le ciel] une
autre maison." Ensuite pour le corps, et elle sera décernée "en
ce jour," c’est-à-dire au jugement ; (1 Co XV, 43) : "Il
est mis en terre tout difforme, etc." 3° Tous les saints la reçoivent, c’est pourquoi l’Apôtre dit (verset 8) : "Et non seulement à moi " elle est réservée ; (Ap XX, 20) : "Venez Seigneur Jésus;" (Cant., V, 1) : "Que mon bien-aimé vienne donc dans son jardin, et qu’il mange du fruit de ses arbres." Quant à ceux qui n’aiment pas Dieu, ils n’ont pas de motif pour aimer son avènement ; (Amos V, 18 : "Malheur à ceux qui désirent le jour du Seigneur," car la couronne n’est due qu’a la charité seule ; (Jean, XIV, 21) : "Celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et je l’aimerai aussi et je me découvrirai à lui." |
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Lectio 3 |
Leçon 3 — 2 Timothée IV, 8-22 : Appel à Timothée |
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SOMMAIRE : L’Apôtre mande vers lui Timothée, parce que sa mort est proche et que déjà tous l’avaient abandonné. Il lui fait ses souhaits, et en particulier celui de la grâce de Dieu. |
[9] festina venire ad me cito [10] Demas enim me dereliquit diligens hoc saeculum et abiit
Thessalonicam Crescens in Galliam Titus in Dalmatiam [11] Lucas est mecum solus Marcum adsume et adduc tecum est
enim mihi utilis in ministerium [12] Tychicum autem misi Ephesum [13] paenulam quam reliqui Troade apud Carpum veniens adfers et
libros maxime autem membranas [14] Alexander aerarius multa mala mihi ostendit reddat ei
Dominus secundum opera eius [15] quem et tu devita valde enim restitit verbis
nostris [16] in prima mea defensione nemo mihi adfuit sed omnes
me dereliquerunt non illis reputetur [17] Dominus autem mihi adstitit et confortavit me ut
per me praedicatio impleatur et audiant omnes gentes et liberatus sum de ore
leonis [18] liberabit me Dominus ab omni opere malo et salvum
faciet in regnum suum caeleste cui gloria in saecula saeculorum amen [19] saluta Priscam et Aquilam et Onesifori domum [20] Erastus remansit Corinthi Trophimum autem reliqui
infirmum Mileti [21] festina ante hiemem venire salutat te Eubulus et
Pudens et Linus et Claudia et fratres omnes [22] Dominus Iesus cum spiritu tuo
gratia nobiscum amen |
8. Hâtez-vous de me venir trouver au plus
tôt. 9. Car Démas m’a abandonné, s’étant laissé
emporter à l’amour du siècle, et il s’en est allé à Thessalonique; 10. Crescent en Galatie, Tite en Dalmatie. 11. Luc est seul avec moi. Prenez Marc avec
vous et amenez-le : car il peut beaucoup me servir pour le ministère de l’Evangile. 12. J’ai aussi envoyé à Tychique, à Ephèse. 13. Apportez-moi en venant le manteau que
j’ai laissé à Troade, chez Carpus, et mes livres, surtout mes papiers. 14. Alexandre, l’ouvrier en cuivre, m’a fait
beaucoup de mal; le Seigneur lui rendra selon ses oeuvres. 15. Gardez-vous de lui, parce qu’il a
fortement combattu la doctrine que nous enseignons. 16. La première fois que j’ai défendu ma
cause, personne ne m’a assisté, et tous m’ont abandonné. Je prie Dieu de ne
le leur pas imputer. 17. Mais le Seigneur m’a assisté et m’a
fortifié, afin que j’achevasse la prédication de l’Evangile, et que toutes
les nations l’entendissent; et j’ai été délivré de ta gueule du lion. 18. Le Seigneur me délivrera de toute action
mauvaise, et, me sauvant, me conduira dans son royaume céleste. A lui soit
gloire dans les siècles des siècles Amen. 19. Saluez Prisque et Aquilas, et la famille
d’Onésiphore. 20. Eraste est demeuré à Corinthe. J’ai
laissé Trophime malade à Milet. 21. Hâtez-vous de venir avant l’hiver.
Eubule, Pudent, Lin, Claudie et tous les frères vous saluent. 22. Que le Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit. La grâce soit avec vous. Amen. |
[87913] Super II Tim., cap. 4 l. 3 Rogat visitari, et primo vocat eum ad se;
secundo significat suum statum, ibi Alexander; tertio concludit
epistolarem salutationem, ibi salutant te. Item primo
mandat ut veniat : secundo assignat ei socium, ibi Marcum assume;
tertio ostendit quid deferat, ibi penulam. Circa
primum duo facit, quia primo vocat eum; secundo causam vocationis assignat,
ibi demas. Dicit ergo : quia in brevi sum recessurus de mundo, festina
ad me venire cito. Et hoc ut
invicem consolarentur, et ut iuvarent eum in praedicatione Evangelii, pro quo
erat sollicitus in vinculis existens. Prov. c. XVIII, 19 : frater qui
adiuvatur a fratre, quasi civitas firma. Causa
vocationis est, quia societate debita erat destitutus. Et primo a quodam qui
propter suam culpam recesserat; secundo, quia quosdam miserat ad
praedicandum. Dicit ergo demas enim, etc., id est, praeposuit amorem
huius saeculi, amori meo. I Io. II, 15 : si quis diligit mundum, non est
charitas patris in eo. Crescens, quidam discipulus, abiit in Galatiam,
missus ab apostolo. Titus etiam missus ab eo, abiit in Dalmatiam,
ubi finaliter dicitur fuisse episcopus. Iob
XXXVIII, 35 : numquid mittes fulgura, et ibunt ? Lucas est mecum solus,
hunc retinuit in praedicatione Evangelii, in qua fuit gratiosus. II Cor.
VIII, 18 : cuius laus est in Evangelio per omnes Ecclesias. Deinde cum
dicit Marcum assume, et adduc, assignat ei socium; et circa hoc duo
facit. Primo assignat ei socium; secundo huius rationem. Hic Marcus alio
nomine dicitur Ioannes, et consobrinus Barnabae. Act. XV, 37 s. dicitur quod
Barnabas volebat assumere Marcum, sed Paulus nolebat. Et
propter hoc dissensio facta est inter eos, ita ut discederet ab eis. Col.
ult. : Marcus consobrinus Barnabae. Ratio est, quia est mihi utilis, et
cetera. Deinde cum
dicit penulam, etc., dicit quid portet. Carpus est sanctus
quidam. Penula secundum Hieronymum erat volumen legis, quod habebant
in charta per modum rotuli, et hoc vocat penulam. Vel penula dicitur
vestis aliqua; sed, secundum Chrysostomum, erat vestis communis. Et quia
apostolus Romae erat pauper, non accipiens ab aliis, ideo voluit ut sibi
vestis portaretur. Haymo dicit, quod erat specialis vestis in signum
nobilitatis. Unde Act. XXII, 25,
Paulus dixit se civem Romanum. Pater enim Pauli serviebat Romanis in Tarso
Ciliciae; et ex hoc factus fuit civis Romanus : et penula erat vestis in
signum consulis. Et forte
pater suus erat ibi consul. Vel penula dicitur mantica ubi erant
libri, quod videtur, quia sequitur et libros. Sed quid
apostolo de libris pleno spiritu sancto ? Item instabat sua resolutio. Respondeo. Dicendum
est, quod propter duo. Primo ut in legendo haberet solatium. I Mac. XII, 9 : habentes
solatio sanctos libros. In libris enim est remedium contra tribulationes.
Vel dicit hoc ne perderentur, sed remanerent
fidelibus. Item quanto magis appropinquabat morti, tanto magis instabat
servitio Scripturarum; sicut de Ambrosio dicitur quod usque ad ultimam
aegritudinem non cessavit scribere; unde scribens illum Ps. XLVII, 2 : magnus dominus, et laudabilis
nimis, etc., mortuus est. Maxime autem membranas. Membranae sunt chartae non scriptae, vel schedulae,
ubi scripserat epistolas, vel praedicationes suas. Deinde cum
dicit Alexander, etc., ostendit quae apud ipsum fuerunt, et quae apud
ipsum sunt. Et primo ex parte
hominum; secundo ex parte Dei, ibi dominus autem mihi astitit. Iterum
prima in duas; quia primo significat ei de quodam, qui ei adversabatur;
secundo de negligentia eorum qui eum non iuvabant, ibi in prima mea
defensione, et cetera. Item,
primo; praemittit culpam inique impugnantis; secundo ostendit poenam eius
futuram, ibi reddet ei, etc.; tertio ostendit quomodo sit etiam
secundum Ecclesiam puniendus, ibi quem et tu devita. Videtur
quod hic Alexander fuit artifex aeris, vel custos aerarii; et erat de his qui
dixerunt legalia esse de necessitate salutis servanda. I Tim. I, 19 : circa fidem naufragaverunt, ex
quibus est Hymenaeus et Alexander. Et dicunt quidam, quod iste est de quo
dicitur Act. XIX, 24, quia concitavit seditionem in apostolum; sed nomen
dissonat, quia ille Demetrius, hic Alexander, et Lucas; quia ille Ephesi,
iste Romae fuit. Et subiungit multa mala mihi ostendit. Et nota quod
non dicit fecit, sed quod ostendit, quia impii adversus iustos animum
ostendere possunt, sed non semper explent, Ier. c. I, 19. Ier. XV, 20 : bellabunt
adversum te, et non praevalebunt, quia ego tecum sum. Iob V, 12 : qui
dissipat cogitationes malignorum, ne possint adimplere manus eorum quod
coeperunt. Qui apprehendit sapientes in astutia eorum, et consilium pravorum
dissipat. Deinde cum
dicit reddet illi dominus, etc., ponit poenam eius futuram. Sed nota
quod non ponit verbum optativum, reddat, sed dicit, reddet; quia
significatur poenam esse paratam a Deo, quod praevidebat apostolus ex eius
pertinacia. Ps. LXI, 13 : quia tu reddes unicuique iuxta opera sua. Tamen cum
hoc quod reservatur ei poena in futurum, Ecclesia debet etiam eum punire
excommunicando. Unde subiungit quem et tu devita, scilicet tamquam
haereticum. Tit. III, 10 : haereticum hominem post unam et secundam
correctionem devita. Cuius etiam dicti reddit rationem, dicens valde
enim restitit verbis nostris. Act. VII, 51 : vos semper spiritui
sancto restitistis. Consequenter
ponit negligentiam non iuvantium eum; et primo reprehendit eorum culpam;
secundo petit eis veniam, ibi non illis imputetur. Dicit ergo
in prima mea, et cetera. Glossa dicit, quod apostolus saepe contra
Alexandrum prave docentem pugnavit, et in persona nullus ei affuit. Sed hic
non videtur esse sensus eius, quia iste Alexander non erat tantus, quod
apostolus indigeret aliis ad disputandum cum eo. Sed dicendum est, quod,
sicut dicitur Act. XXV, 21 : Paulus appellans missus est Romam, et
ideo oportuit quod praesentaretur Caesari, ut discuteretur missionis suae
causa, et Iudaei venerunt contra eum. Et hoc apostolus appellat suam primam
defensionem. In qua discipuli defuerunt ei, timentes ne a crudeli Nerone
punirentur. Eccli. LI,
10 : respiciens eram ad adiutorium hominum, et non erat. Is. LXIII, v.
3 : torcular calcavi solus, et de gentibus non est vir mecum. Sed
posset dici, quod hoc fuit, quia a principio nullus scivit. Sed hoc est
falsum, immo ex quadam pusillanimitate recesserunt. Ps. LXXXVII, 19 : elongasti
a me amicum, et proximum, et notos meos a miseria. Iob VI, v. 15 : fratres
mei praeterierunt me, et cetera. Sed quia
fecerunt ex infirmitate, orat pro eis, et non excommunicat, dicens non
illis imputetur. Lc. VI, 28 : orate pro calumniantibus vos. Deinde
cum dicit dominus autem, ostendit quid agitur circa eum ex parte Dei,
cuius auxilium primo ponit; secundo huius effectum, ibi et audiant. Dicit ergo
: omnes me dereliquerunt, sed ubi deest homo, offert se Deus. Ps. XXIV : quoniam
pater meus et mater mea dereliquerunt me, dominus autem suscepit me. Unde
dicit dominus mihi astitit, scilicet ad adiuvandum me. Ier. XX, 11 : dominus
mecum est tamquam bellator fortis. Ps. XV, 8 : providebam dominum in
conspectu meo semper, quoniam a dextris est mihi ne commovear. Et quomodo
? Et confortavit me, fortitudinem animi dando, ut non stupescerem
coram Caesare. Ez. III, 14 : manus domini erat mecum, me confortans. Et hoc ut
per me, etc. quod impletur quando ad plures diffunditur, et quando quod
ore dicitur, opere impletur. Act. IX,
15 : vas electionis, et cetera. Deinde cum dicit et audiant,
ponitur effectus auxilii divini. Et primo
quantum ad praeterita; secundo quantum ad futura; tertio agit gratias. Sed duplex
est beneficium circa praeterita, scilicet liberationis a culpa et a poena.
Dicit ergo : dominus mihi astitit, et ideo in illa vocatione liberatus fui,
quia non fui condemnatus a Caesare; sed permissum est mihi, quod irem quo
vellem. Et ideo dicit et
audiant omnes gentes, ut scilicet alii secum confortentur ad veniendum.
Ps. XCV, 3 : annuntiate inter gentes gloriam eius. Et ut Iudaeorum
insultatio deprimeretur. Et subdit liberatus sum de ore leonis, id
est, de crudelitate Neronis. Prov. XIX, 12 : sicut fremitus leonum, ita
ira regis. Prov. XXVIII, 15 : leo rugiens, et ursus esuriens princeps
impius super populum pauperem. Secundo
liberatus fuit a culpa; unde dicit liberavit me dominus ab omni opere malo.
Aliqui vero liberantur a poena, incidentes in culpam negationis a fide. Ps. XVII, 18 : eripuit me de inimicis meis
fortissimis, et ab his qui oderunt me, et cetera. Et hoc per Deum. Sap.
VIII, 21 : non possum esse continens nisi Deus det. In futuro salvum faciet. Is. XLV, 17
: Israel salvatus est in domino salute aeterna. Et dicit in regnum
caeleste. Lc. XXII, 29 : ego dispono vobis sicut disposuit mihi pater
meus regnum. Matth. V, 12 : merces vestra copiosa est in caelis. Et ideo
agit gratias, cui gloria. I Tim.
I, v. 17 : regi saeculorum. Deinde cum
dicit saluta, etc., iniungit ei aliorum salutationem; secundo eum
salutat ex parte aliorum; tertio ex parte sua. Item circa
primum primo iniungit aliorum salutationem; secundo determinat tempus
veniendi. Dicit ergo saluta
Priscam, scilicet quae est mulier, et aquilam, virum Priscae, quos
praemittit, quia forte devotiores, et Onesiphori domum. Sed quare non eum, sed domum ? Quia forte mortuus erat, et ideo salutat
familiam; vel forte quia erat cum eo Romae. Determinans tempus veniendi,
primo ostendit necessitatem; secundo prosequitur propositum. Necessitas est
propter alios remanentes in aliis locis. Item propter turbationem maris. Deinde
ponit personas salutantes, ut patet. Et modo consueto, ne corrumpatur
epistola scribit manu sua : gratia vobiscum. Amen. |
Paul prie Timothée de venir le
voir : I°
il l’appelle près de lui; II° il lui fait connaître l’état où il se
trouve (verset 14) : "Alexandre, etc…" ; III°
enfin, il conclut par la solution usitée dans ses épîtres : « [tous
les frères] vous saluent ». I° Il lui mande donc I. de
venir II.
de prendre avec lui un compagnon (verset 11) : "Prenez Marc avec
vous;" III. Il lui désigne un objet à apporter (verset
13) : "Apportez-moi, en venant, le manteau, etc." I. Dans la première partie, il le
mande d’abord ; ensuite il lui en donne le motif (verset 9) : "Car
Démas m’a abandonné" 1° Il dit donc : Puisque bientôt
je dois sortir de ce monde (verset 8) : "Hâtez- vous de venir me
trouver, au plus tôt." C’était afin de se consoler mutuellement et
pour que [les frères] l’aident dans la prédication de l’Evangile pour
laquelle, même chargé de chaînes, il était plein de sollicitude ;
(Proverbes XVII, 19) : "Le frère aidé par son frère, est comme une
ville forte." 2° Le motif pour lequel l’Apôtre
fait venir Timothée c’est parce qu’il était privé de la société de ceux qui
devaient être avec lui. Et d’abord de celle d’un frère qui s’en était allé par
sa propre faute; ensuite parce qu’il avait envoyé quelques-uns de ses
disciples prêcher l’Evangile. Il dit donc (verset 9) : "Car Démas,
etc…" c’est-à-dire a préféré l’amour du siècle à l’affection qu’il
devait avoir pour moi ; (I Jean, II, 15) : "Si quelqu’un aime le
monde, l’amour du Père n’est pas en lui." "Crescent," autre
disciple, "s’est rendu en Galatie," par l’ordre de l’Apôtre;
"Tite," aussi envoyé par Paul, "est allé en
Dalmatie;" où l’on croit qu’il fut évêque dans la suite ; (Job,
XXXVIII, 35) : "Commanderez-vous aux éclairs, pour qu’ils partent
dans l’instant ?" ; (verset 11) : "Luc est seul avec
moi." Paul l’avait retenu pour prêcher l’Evangile, et Luc le fit
avec succès ; (2 Co VIII, 18) : "…, qui est devenu célèbre dans
toutes les églises, par l’Evangile." II. Quand l’Apôtre ajoute (verset
41) : "Prenez avec vous Marc, et l’amenez," il désigne à
Timothée un compagnon. Il le lui nomme d’abord; ensuite il en donne la
raison. Ce Marc est aussi appelé Jean; il était parent de Barnabé. Il est dit
aux Actes (XV, 37) que Barnabé voulait prendre avec lui Marc, et que Paul ne
voulait pas, et que pour cette raison, il se forma une contestation qui fut
cause qu’ils se séparèrent ; (Coloss., IV, 10) : "Marc, le
cousin de Barnabé." La raison de la demande de Paul, c’est (verset
11) que "Marc peut beaucoup me servir, etc…". III. Par ces mots (verset 13) : "[Apportez-moi
aussi, en venant], le manteau, etc…", il lui dit ce qu’il doit
apporter. Carpus était un des fidèles. Ce « manteau » était,
suivant Jérôme, un volume de la Loi, écrit sur un parchemin qu’on roulait.
Paul l’appelle du nom équivalent à manteau. Ou bien, ce que Paul désigne par
ce nom, était un certain vêtement, et même suivant saint Jean Chrysostome, un
vêtement commun. Et parce que l’Apôtre, pendant son séjour à Rome, était
pauvre, ne recevant rien de qui que ce soit, il souhaita qu’on le fournît de
vêtements. Haymon prétend que c’était un vêtement spécial, en signe de
noblesse, car Paul, au ch. XXII, 25, des Actes, se déclare citoyen romain. Le
père de l’Apôtre était, en effet, au service des Romains, à Tarse en Cilicie,
ce qui lui obtint le titre de citoyen romain. Or, ce manteau était un des
signes de la dignité consulaire. Peut-être même le père de Paul était-il
consul. Ou bien était-ce le sac où l’on serrait les livres; il le semblerait,
puisque Paul ajoute (verset 14) : "Et mes livres." Mais l’Apôtre, rempli de l’Esprit-Saint, qu’avait-il besoin de livres, surtout quand le moment de sa mort était proche ? Il faut répondre qu’il avait besoin de livres pour deux raisons. D’abord pour se consoler dans la lecture ; (I Maccabées XII, 9) : "Ayant pour notre consolation les livres saints," car dans les livres se trouve le remède contre les tribulations. Ou bien encore Paul réclama ses livres pour qu’ils ne fussent pas perdus, mais qu’ils restassent aux fidèles. Ensuite plus le moment de la mort approchait, plus il se donnait au travail des Ecritures ; c’est ainsi qu’il est dit de Ambroise, que jusqu’au dernier moment de sa maladie il ne cessa pas d’écrire, de telle sorte qu’au moment où il écrivait le psaume XLVII, 2 : "Le Seigneur est digne de toute louange, etc…" il mourut[4]. (verset 13) : "Et surtout mes papiers." Ce devait être des feuilles non écrites, ou des petites feuilles sur lesquelles il avait écrit ses épîtres ou ses prédications. II° Quand il dit (verset 14) : "Alexandre, etc…" il rend
compte de ce qui s’est passé et de ce qui se passe encore à son égard.
D’abord de la part des hommes; ensuite du côté de Dieu ; (verset 17) : "Mais
le Seigneur m’a assisté et m’a fortifié." I. La première partie se
subdivise. L’Apôtre premièrement apprend à Timothée ce qui lui était arrivé
de la part d’un homme qui lui était opposé; secondement, la négligence de
ceux qui ne l’avaient pas aidé (verset 16) : "La première fois que
j’ai défendu ma cause, etc." 1° II fait connaître d’abord le crime de celui qui le combattait d’une manière inique ; ensuite le châtiment qui attend cet adversaire dans l’avenir ; (verset 14) : "Le Seigneur lui rendra selon ses oeuvres;" enfin il déclare qu’il doit aussi être puni selon les lois de l’Eglise ; (verset 15) : "Gardez- vous de lui, etc." On croit que cet "Alexandre"
était un ouvrier en cuivre ou le gardien du Trésor ; qu’il était du nombre de
ceux qui prétendirent qu’il fallait, de nécessité de salut, garder les
observances légales ; (I Timothée., I, 20) : " (de ceux qui ont
fait naufrage dans la foi) sont Hyménée et Alexandre". Quelques
auteurs disent que cet Alexandre est celui dont il est dit, au ch. XIX, 24
des Actes, qu’il excita une sédition contre l’Apôtre. Mais le nom n’est plus
le même : là c’est Demétrius, ici Alexandre; de plus Luc dit qu’alors ce fut
à Ephèse, ici c’est à Rome. L’Apôtre ajoute (verset 14) : "Il m’a
fait beaucoup de mal." Remarquez qu’il ne dit pas, il m’a fait, mais
"il m’a fait voir," parce que les impies peuvent montrer
leur mauvais vouloir contre les justes, mais ne peuvent pas toujours le
satisfaire ; (Jérémie, I, 19, et XV, 20) : "Ils vous feront la
guerre, et ils n’auront sur vous aucun avantage, parce que je suis avec vous
" ; (Job, V, 12) : "Il dissipe les pensées des
méchants, et il empêche leurs mains d’achever ce qu’ils avaient commencé; il
surprend les faux sages dans leur propre ruse; il renverse les desseins des
injustes." 2° A ces mots (verset 14) : "Le
Seigneur lui rendra [selon ses œuvres]," il annonce le futur
châtiment d’Alexandre. Observez qu’il n’emploie pas le mode optatif,
« qu’il rende » ; il se sert du futur, "il lui
rendra," donnant à entendre par là que le châtiment de Dieu est
certain, ce que l’Apôtre prévoyait à raison de l’opiniâtreté du
coupable ; (Psaume LXI, 13) : "C’est vous, Seigneur, qui rendez
à chacun selon ses œuvres. " 3° Cependant, bien qu’un
châtiment lui soit réservé dans l’avenir, l’Eglise doit encore le punir par
l’excommunication ; c’est pourquoi Paul ajoute (verset 15) : "Gardez-vous
de lui," comme d’un hérétique ; (Tite III, 10) : "Fuyez
celui qui est hérétique, après l’avoir repris une et deux fois."
L’Apôtre donne aussitôt la raison de cette parole, en disant (verset 15) : "Car
il a fortement combattu la doctrine que nous enseignons." (Act., VII,
51) : "Vous résistez toujours au Saint-Esprit." II. Paul fait ensuite connaître
la négligence de ceux qui ne l’aident pas. Et d’abord il condamne leur faute;
ensuite il demande pardon pour eux (verset 16) : "[Je prie Dieu] de
ne le leur pas imputer." 1° Il dit donc (verset 16) : "La première fois que j’ai défendu ma cause, etc…" La Glose dit que l’Apôtre combattit souvent contre Alexandre qui enseignait l’erreur, et que nul ne l’assista personnellement. Mais il semble que ce n’est pas le véritable sens des paroles de Paul, car cet Alexandre n’était pas un personnage si important, que l’Apôtre eût besoin d’aides, pour discuter avec lui. Il faut dire, qu’ainsi qu’il est rapporté au ch. XXV, 21 des Actes, Paul, ayant appelé à César, fut envoyé à Rome ; il était donc nécessaire qu’il fût présenté à l’empereur, afin que la cause de sa mission fût discutée en présence des Juifs venus pour l’accuser. Voilà ce que l’Apôtre appelle sa première défense, dans laquelle il ne reçut aucun secours de la part des disciples, qui craignaient d’être punis par le cruel Néron ; (Ecclésiastique, LI, 10) : "J’attendais des hommes quelques secours, et il ne m’en venait pas;" (Isaïe LXIII, 3) : "J’ai été seul à fouler le vin, sans qu’aucun homme d’entre tous les peuples fût avec moi." On pourrait dire que s’il en fut ainsi, c’est parce que tout d’abord nul ne le sut, mais ceci est faux ; il y a plus, c’est que les disciples se retirèrent par je ne sais quelle pusillanimité ; (Psaume LXXXVII, 19) : "Vous avez éloigné de moi mes amis et mes proches, et vous avez fait que ceux qui me connaissent m’ont quitté à cause de ma misère;" (Job, VI, 15) : "Mes propres frères ont passé devant moi, etc…" 2° Mais parce qu’ils ont agi aussi par faiblesse, l’Apôtre prie pour eux, sans les excommunier, en disant (verset 17) : "[Que cette faute] ne leur soit pas imputée." (Luc, VI, 28) : "Priez pour ceux qui vous calomnient." Quand Paul ajoute (verset 17) : "Mais le Seigneur, etc…", il rend témoignage de ce qui s’est fait à son égard du côté de Dieu. Il fait connaître d’abord le secours qu’il en a reçu; ensuite l’effet que ce secours a produit (verset 17) : "Et que toutes les nations l’entendissent, etc." 1° Il dit donc : Tous m’ont délaissé, mais quand l’homme manque, Dieu s’offre ; (Psaume XXVI, 10) : "Mon frère et ma mère m’ont abandonné, mais le Seigneur m’a pris sous sa protection." C’est ce qui fait dire à l’Apôtre (verset 17) : "le Seigneur m’a assisté," à savoir pour me porter secours ; (Jérémie, XX, 11) : "Le Seigneur est avec moi comme un guerrier invincible;" (Psaume XV, 8) : "Je regardais le Seigneur, et je l’avais toujours devant mes yeux, parce qu’il est à ma droite, pour empêcher que je ne sois ébranlé." Et comment Dieu l’a-t-il assisté ? (verset 17) : "Et il m’a fortifié," en donnant à mon âme le courage, afin que je ne demeurasse pas interdit devant César ; (Ezéch., III, 14) "La main du Seigneur était avec moi qui me fortifiait." Le Seigneur a agi ainsi (verset 17) : "Afin que j’achevasse, etc…". Ce qui s’accomplit quand cette prédication s’étend à un plus grand nombre, et quand ce qu’on prêche de bouche, on l’accomplit dans les œuvres ; (Actes IX, 25) : "Cet honneur est un instrument, etc…" II° En disant à la suite (verset 17) : "Et que toutes les nations l’entendissent," l’Apôtre exprime l’effet du secours divin. Et d’abord quant au passé ; en second lieu quant à l’avenir ; enfin il rend grâce. I. Or il y a à l’égard du passé,
un double bienfait : La délivrance de la faute et la délivrance de la peine.
L’Apôtre dit donc : Le Seigneur m’a assisté, et grâce à ma vocation d’Apôtre "j’ai
été délivré," car je n’ai pas été condamné par César, mais il m’a
été permis d’aller où bon me semblait. C’est ce qui fait dire (verset 17) : "Afin
que toutes les notions l’entendissent," c’est-à-dire en sorte que
les apôtres fussent comme lui remplis de courage pour venir ; (Psaume
XCV, 3) : "Annoncez sa gloire parmi les nations." Afin aussi
que l’insolence des juifs fût réprimée : "J’ai été délivré,"
ajoute-t-il, "de la gueule du lion," c’est-à-dire de la
cruauté de Néron. (Prov., XIX, 12) : "La colère du roi est comme le
rugissement du lion;" (Prov., XXVIII, 15) : "Un méchant
prince est pour le peuple pauvre un lion rugissant et un ours affamé." II. En second lieu, il a été
délivré de la faute. Il dit donc (verset 18) : "Le Seigneur me
délivrera de toute action mauvaise." Il en est qui sont délivrés de
la peine et qui tombent dans la faute, en niant la foi ; (Psaume XVII,
18) : "II m’a arraché des mains de mes puissants ennemis, et de ceux
qui me haïssaient, etc…;" Ce fut là l’oeuvre de Dieu ;
(Sagesse, VIII, 21) : "Comme je savais que je ne pouvais être
continent si Dieu ne me donnait de l’être, etc." Dans l’avenir
(verset 18) : "Il me sauvera" ; (Isaïe XLV, 17) : "Israël
a reçu de Dieu un salut éternel." Il ajoute (verset 18) : "Il
me conduira dans son royaume céleste ; (Luc, XXII, 29) : "Je
vous prépare le royaume, comme mon Père me l’a préparé;" (Mt V, 12)
: "Une grande récompense vous est réservée dans les cieux." III. Et ainsi Paul rend grâces
(verset 18) : "A lui donc soit gloire, etc…" (I Tim I, 17) :
"Au roi des siècles, etc…" III° A ces mots (verset 19) : "Saluez, etc.," Paul charge Timothée de saluer d’autres fidèles ; ensuite il le salue lui-même de la part d’autres personnes ; enfin de sa part à lui-même. I. Il lui enjoint donc de saluer d’autres fidèles, II. en second lieu il détermine
le temps où il doit venir le trouver. Il dit (verset 19) : "Saluez
Prisque;" c’était une dame chrétienne, "et Aquila, le mari
de Prisque." Il les nomme les premiers, peut-être comme les plus
pieux. "Et la famille d’Onésiphore." Pourquoi pas
Onésiphore, mais sa famille ? C’est que peut-être Onésiphore était mort.
Voilà pourquoi il salue sa famille; peut-être encore était-il avec l’Apôtre à
Rome. En fixant ensuite à Timothée l’époque où il doit venir, il en explique
d’abord la nécessité ; ensuite il poursuit sa pensée. La nécessité c’est à
cause de la dispersion des autres disciples en divers lieux ; c’est aussi le
danger de la navigation. II. Ensuite il nomme les personnes
qui saluent ; c’est clair. III. Et suivant sa coutume, de
peur qu’on n’altérât la lettre qu’il envoyait, il écrit de sa main : "La
grâce soit avec vous." |
[1] L’Apôtre exprime immédiatement quelle fut
l’hérésie d’Hyménée et de Philète. Ce Philète vivait au premier siècle. Sans
nier formellement la resurrection, il soutint qu’elle était déjà opérée, et
qu’elle n’était que le passage de l’état, du péché à l’état de grâce. Il
admettait que le Christ était ressuscité, mais il prétendait que les fidèles ne
reprendraient pas leurs corps et qu’ils ressusciteraient spirituellement par le
baptême, qui nous fait renaitre pour la vie nouvelle. Ainsi s’explique sur ce
passage même le saint docteur. Hyménée fut converti par Paul en 65 de. J.-C. Il
est inconnu.
[2] Il semble que le texte latin porte
« eum » et non « Deum » ?
[3] Le sens du contexte impose de traduire
« nocumentum » la première fois par « dommage » et la
seconde fois par « nécessité » ; mais il y a là une anomalie…
[4] Quelques jours avant sa maladie, saint
Ambroise avait prédit sa mort, annonçant en même temps qu’il vivrait jusqu’à
Pâque il n’interrompit pas ses études ordinaires, et entreprit l’explication du
psaume XVII. Le saint était déjà malade quand il la commença, puisque contre
son habitude pour tous ses ouvrages il ne l’écrivit pas de sa propre main.
Pendant qu’il dictait à Paulin, son secrétaire, celui-ci vit sur la tête du
saint une flamme qui représentait un petit bouclier, et qui entrait peu à peu
dans sa bouche. Son visage devint blanc comme la neige, et ce ne fut que
quelque temps après qu'il parut dans son état ordinaire." Je fus, dit,
Paulin, tellement effrayé, que je "restai sans mouvement," et qu’il
ne me fut pas possible d’écrire ce qu’Ambroise me dictait, tant que dura la
vision. Il répétait alors un passage de l’Ecriture que je me rappelle
bien. Ce jour-là il cessa de lire et d'écrire, en sorte qu’il ne put finir
d’expliquer le psaume." Nous avons encore cette explication. Saint
Ambroise avait commenté quelques psaumes qui suivaient le psaume XLIII. Il
était revenu à celui-ci.