ENCYCLIQUE
"STUDIORUM DUCEM", 1923
LA CONDUITE DES ETUDES
AVEC SAINT THOMAS D'AQUIN
PIE XI, PAPE
LETTRE ENCYCLIQUE AUX
PATRIARCHES, PRIMATS, ARCHEVÊQUES, EVÊQUES ET AUTRES
ORDINAIRES EN PAIX ET EN COMMUNION AVEC LE SIÈGE APOSTOLIQUE à l’occasion
du VIe centenaire de la canonisation de saint Thomas d’Aquin.
Numérisation
Laurent Cadiet, 2004
Edition numérique https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique 2004
Les œuvres complètes de saint Thomas
d'Aquin
VÉNÉRABLES FRÈRES,
SALUT ET BÉNÉDICTION APOSTOLIQUE.
Le guide à suivre dans l’étude
des hautes disciplines ecclésiastiques, Nous l’avons assigné aux jeunes clercs
par une récente lettre apostolique qui confirmait les prescriptions du Droit
canonique : c’est saint Thomas d’Aquin.
Pour pénétrer plus profondément
encore les âmes de Nos étudiants des motifs qui ont inspiré ce choix et
leur exposer à quelles conditions ils pourront retirer tout le profit
possible des enseignements d’un si grand Docteur, une très heureuse
circonstance s’offre à Nous : la célébration prochaine
du sixième centenaire de sa canonisation.
Il existe, en effet, un merveilleux
rapport de parenté entre la science digne de ce nom et la piété, cette
compagne de toutes les vertus; et, Dieu étant la vérité et la bonté
mêmes, il s’ensuit que la recherche de la gloire de Dieu par le salut des
âmes - oeuvre principale et mission propre de l’Eglise - exige autre chose des ministres sacrés que des connaissances suffisantes : il leur
faut posséder en abondance les vertus de
leur état.
Cette union de la doctrine et de
la piété, de la science et de la vertu, de la vérité et de
la charité, nous la trouvons réalisée à un degré tout à fait exceptionnel chez le Docteur
angélique, et c’est à bien juste titre qu’on
lui a donné comme attribut un soleil, puisque en même temps qu’il
diffuse dans les esprits la lumière de la science, il pénètre les cœurs des chauds rayons de la vertu. Ainsi Dieu,
source de la sainteté et de la
sagesse, semble avoir voulu montrer en saint Thomas comment elles se complètent l’une l’autre, comment la
pratique des vertus prépare à la
contemplation de la vérité, et comment à son tour la méditation approfondie de la vérité donne à la vertu
son éclat et sa perfection. De fait, une vie pure, des passions entièrement
domptées par la vertu, donnent une grande liberté à l’âme, lui permettent un
essor plus aisé vers les choses célestes, et une pénétration plus intime des secrets divins, suivant la remarque de Thomas
lui-même : « D’abord la vie,
ensuite la doctrine ; car c’est la vie qui mène à la science de la vérité » ; pareillement,
une étude assidue des vérités surnaturelles est un vigoureux ferment de vie parfaite ; et elle n’est pas égoïste
et stérile, mais au contraire puissamment
active, la science de ces sublimes réalités,
dont la beauté captive et absorbe l’homme tout entier.
Voilà donc, Vénérables Frères, un
premier aperçu des leçons que l’on peut tirer de ce centenaire ; mais pour
les mettre en lumière mieux encore, Nous croyons utile d’étudier
brièvement dans cette Lettre la sainteté et la doctrine de Thomas d’Aquin, de montrer ensuite les enseignements
pratiques qui en découlent pour le clergé, surtout pour
les étudiants ecclésiastiques, comme
aussi pour l’ensemble du peuple chrétien.
Toutes les vertus morales furent
excellemment réunies en saint Thomas et on observait entre elles cette
harmonieuse union et connexion qu’il demande lui-même, car elles ne formaient
qu’un seul faisceau dans la charité « qui donne
la forme aux actes de toutes les vertus ».
Mais si nous recherchons les
caractères propres et distinctifs de la sainteté de Thomas, nous trouvons au premier rang de
toutes ses vertus celle qui lui a donné une certaine ressemblance avec les
natures angéliques, la chasteté ; et c’est pour l’avoir gardée inviolée,
lors d’un danger très pressant, qu’il mérita d’être ceint par les anges d’un
cordon mystérieux.
Ce culte
si parfait de la pureté allait de pair avec la fuite des biens qui passent et
un dédaigneux mépris des honneurs ; chacun sait que son inlassable
persévérance brisa les efforts opiniâtres de ses proches, qui s’évertuaient par
tous les moyens à lui faire accepter une situation très avantageuse dans le
monde, et que, plus tard, par ses instances auprès du Souverain Pontife, qui
lui offrait l’épiscopat, il obtint de n’être point chargé du fardeau qu’il
redoutait.
L’élément le plus caractéristique de la sainteté de
Thomas, c’est ce que saint Paul appelle la parole de sagesse, cette
alliance des deux sagesses, acquise et infuse, auxquelles font le plus
harmonieux cortège l’humilité, le culte de l’oraison, l’amour de Dieu.
Que l’humilité fût le fondement sur quoi s’appuyaient
les autres vertus de saint Thomas, cela ne fait point de doute pour qui observe
avec quelle obéissance il se soumettait à un
frère lai pour les détails pratiques
de la vie. On ne le constate pas avec moins d’évidence à la lecture de ses écrits, qui respirent des
sentiments de si humble respect pour
les Pères de l’Eglise ; ne semble-t-il pas que c’est « sa très profonde
vénération pour les anciens Docteurs qui l’a fait en quelque sorte hériter de leur intelligence à tous » ?
Nous en avons enfin une preuve
éclatante dans le fait qu’il ne détourna pas la moindre parcelle des
ressources de son divin génie pour sa gloire personnelle, mais les mit
toutes au service de la vérité. Ainsi, à l’encontre des philosophes qui ne s’occupent guère
que de briller eux-mêmes, Thomas, dans son enseignement, tâche de disparaître pour que seule resplendisse la lumière de la
vérité divine.
Cette humilité, jointe à la pureté du cœur que Nous
avons rappelée, et à une prière incessante,
donnait à l’âme de saint Thomas une souple docilité pour s’ouvrir et
correspondre aux inspirations et aux lumières de l’Esprit-Saint,
qui constituent les principes mêmes de la contemplation. Pour obtenir ces grâces du ciel, il se prive fréquemment de toute
nourriture, passe souvent des nuits entières en oraison ; parfois même, dans l’élan de sa piété naïve, il appuie la
tête contre le tabernacle où réside le
Très Saint Sacrement ; constamment, il tourne avec douleur ses regards et son cœur vers le crucifix,
avouant à son ami saint Bonaventure
que c’était surtout dans ce livre qu’il avait appris tout ce qu’il savait. On peut donc en toute vérité
appliquer à saint Thomas ce qui est
communément rapporté du fondateur saint Dominique : il n’a jamais parlé qu’avec Dieu ou de Dieu.
Accoutumé à envisager toutes
choses en Dieu, cause première et fin dernière du monde, Thomas était naturellement enclin à
se guider dans sa vie, comme dans sa Somme
théologique, d’après les deux sagesses dont nous avons parlé et qu’il décrit en ces
termes : « La sagesse que l’homme acquiert par l’étude… le met à même de
porter sur les choses divines le jugement sain que dicte l’usage parfait
de la raison… Mais l’autre sagesse est un
don qui descend du ciel…, et elle juge des choses divines en vertu d’une certaine communauté de
nature avec elles. Elle est un don de l’Esprit-Saint…
par lequel l’homme est rendu parfait dans
l’ordre des choses divines, qui sont pour lui à la fois objet de science et d’expérience. »
Cette sagesse émanant de Dieu ou
infuse, accompagnée des autres dons du Saint-Esprit,
fit chez saint Thomas de continuels progrès, dans la même mesure
que la charité, maîtresse et reine de toutes les vertus. Il tenait, en effet,
pour un principe incontestable que l’amour de Dieu ne doit jamais
cesser de se développer, « comme l’implique l’énoncé mémé du
précepte : Tu
aimeras le Seigneur ton
Dieu de tout ton cœur ; « de tout ton cœur » ou
« parfaitement », c’est tout un… La charité, comme dit l’Apôtre, est la
fin de la loi : or, ce n’est pas la fin qui admet de limite, mais seulement les moyens qui y
conduisent ». C’est précisément pour ce motif que la perfection dans la
charité est incluse dans le précepte, comme la fin à quoi nous devons
tous tendre, chacun suivant sa condition.
Mais « l’effet propre de la
charité est de faire tendre à Dieu, à qui elle unit le cœur
de l’homme, en sorte que l’homme ne vive plus pour lui-même mais
pour Dieu » ; et voilà pourquoi, en se développant sans cesse
parallèlement à la double sagesse, l’amour de Dieu déterminait chez saint
Thomas l’oubli total de lui-même ; et lorsque Jésus crucifié lui demanda : Thomas,
tu as bien écrit de moi, quelle récompense attends-tu de moi pour tes efforts ? le Saint répondit : Vous
seul, Seigneur. Aussi, sous l’impulsion de la charité, Thomas se
dévoue sans compter au service du
prochain, composant des ouvrages de très haute valeur, aidant ses frères dans leurs travaux, se
dépouillant de ses vêtements en
faveur des pauvres, et même rendant
la santé aux malades, comme ce fut le
cas d’une femme qui, ayant touché la frange de son habit dans la basilique vaticane, où il prêchait à
l’occasion des solennités pascales, se trouva subitement délivrée d’un flux
de sang invétéré.
Et ce langage de sagesse célébré par saint Paul, en qui a-t-il eu plus d’éclat
que chez le Docteur angélique ? Dans son enseignement, c’est trop peu pour lui d’éclairer les esprits ; de
tous ses efforts il excite les cœurs
à rendre amour pour amour à Dieu, Créateur de l’univers. « C’est l’amour de Dieu qui dépose et crée la
bonté dans les êtres », telle est sa magnifique expression, et dans
l’examen de chacun des mystères, il ne se
lasse pas de mettre en lumière cette diffusion de la bonté divine.
« Ainsi, de sa nature, le bien parfait se communique d’une manière
parfaite, et c’est une communication de cet ordre que Dieu réalise… par l’Incarnation. » Rien ne manifeste avec autant d’éclat la puissance de son génie et l’affection de
son cœur que son office du Très-Saint-Sacrement ; l’amour que toute sa vie il
porta à l’Eucharistie se reflète en ce
mot, prononcé à son lit de mort au
moment de recevoir le saint Viatique : Je vous reçois, vous, la rançon de
mon âme ; c’est pour l’amour de
vous que j’ai étudié, veillé et travaillé.
Après cette revue rapide des
grandes vertus de Thomas, on comprend aisément la prééminence de sa doctrine, qui jouit dans
l’Eglise d’une prodigieuse autorité. De
fait, Nos prédécesseurs n’ont jamais eu qu’une voix pour en faire l’éloge.
De son vivant même, il reçut
d’Alexandre IV une lettre où le Pape n’hésitait pas à écrire : « A Notre cher Fils
Thomas d’Aquin, homme éminent par la noblesse
du sang et l’éclat des vertus, à qui la grâce de
Dieu a accordé le trésor de la science des Ecritures. » Après sa mort, Jean XXII parut consacrer non seulement ses
vertus, mais encore sa doctrine
quand, dans une allocution consistoriale aux cardinaux, il fit cette déclaration mémorable : « Thomas
a plus éclairé l’Eglise que tous les autres
Docteurs ; en un an on apprend davantage dans ses livres que dans ceux des autres maîtres en toute
une vie. »
Devant le prestige de ce génie
pénétrant et de cette science plus qu’humaine, Pie V rangea officiellement
Thomas au nombre des saints Docteurs et consacra son nom d’
« angélique ».
D’autre part, est-il indice plus
formel de la très haute estime en laquelle l’Eglise tient ce Docteur que le fait que les Pères
du Concile de Trente n’ont voulu voir
déposés avec honneur sur l’autel et ouverts devant eux, au cours de leurs délibérations, que deux livres : la
Sainte Ecriture et la Somme
théologique ?
Dans cet ordre d’idées, Nous ne
passerons point ici en revue un à un les innombrables documents du Saint-Siège ; rappelons du moins - c’est
pour Nous un heureux souvenir - que Léon XIII, par ses prescriptions
réitérées, remit en honneur la doctrine de saint Thomas ; le mérite
qui en revient à Notre illustre prédécesseur est tel que,
comme Nous l’avons dit ailleurs, si
même Léon XIII n’était pas l’auteur de tant de prescriptions et d’actes
d’une sagesse éclatante, cette réforme seule suffirait à l’immortaliser.
Le Pape Pie X, de sainte mémoire,
ne tarda pas à s’engager dans la même voie, notamment par le Motu proprio Doctoris angelici, qui contient
ce magnifique éloge : « Depuis la bienheureuse mort
du saint Docteur, l’Eglise n’a pas tenu un seul Concile auquel Thomas
n’ait participé par les trésors de sa doctrine. »
Plus près de nous, enfin, Notre très regretté
prédécesseur Benoît XV déclarait à plusieurs
reprises professer les mêmes sentiments ; il eut la gloire de promulguer le Code de Droit canonique,
qui consacre sans réserve « la méthode, la doctrine et les
principes » du Docteur angélique.
Quant à Nous, Nous trouvons si justifiés les
magnifiques hommages rendus à ce génie
vraiment divin que, à Notre avis, il convient d’appeler non seulement Docteur angélique, mais encore le
docteur commun ou universel de l’Eglise, celui dont l’Eglise a fait
sienne la doctrine, comme
le prouvent tant de documents de toute sorte.
Il ne serait pas possible de
reprendre une à une toutes les considérations émises à ce sujet par Nos
prédécesseurs ; il suffira de montrer l’esprit surnaturel qui anime ses
ouvrages comme sa vie, et que ses écrits,
où se trouvent formulés les principes et les lois de toutes les sciences sacrées, valent pour tous les temps et
tous les lieux.
Lorsqu’en effet, par la parole ou
par la plume, il traite des choses divines, saint Thomas est pour les
théologiens un illustre modèle de l’union très étroite
qui doit régner entre les sentiments de l’âme et la vie d’étude. On
ne dit pas d’un homme qu’il connaît à fond
tel pays lointain pour cela seul qu’il en connaît une description, même
détaillée, mais bien s’il y a vécu un certain temps ; de même, nul n’acquiert
une connaissance profonde de Dieu par la seule recherche
scientifique, s’il ne vit également dans l’union la plus intime avec lui.
Or, toute la théologie
de saint Thomas vise à nous faire vivre dans l’intimité de Dieu. Enfant, au Mont-Cassin,
il demande sans relâche : « Qu’est-ce que Dieu ? » ;
écrivain, qu’il traite de la création du monde, de l’homme, des lois, des vertus, des sacrements, il rapporte
tout à Dieu auteur du salut éternel.
Aussi, quand il examine les causes de la stérilité
intellectuelle - curiosité, désir effréné de savoir, lenteur
d’esprit, peur de l’effort et inconstance, - il ne trouve à leur opposer
qu’un remède : une grande ardeur
au travail, qui puise sa sève dans une piété fervente et qui est comme
l’épanouissement de la vie spirituelle.
Le triple flambeau qui oriente
les études sacrées, droite raison, foi infuse et dons du Saint-Esprit qui perfectionnent l’intelligence, ne brilla
jamais avec plus d’éclat que chez saint Thomas : après
avoir, dans une question particulièrement difficile, laborieusement
déployé les ressources de son esprit, il demandait la solution à Dieu
avec la plus profonde humilité, par le jeûne et la prière la plus humble, et
Dieu se plaisait
à exaucer avec tant de bonté ses supplications qu’il lui envoya parfois les princes des apôtres pour l’éclairer.
Dès lors, il n’est pas étonnant
que, vers la fin de sa vie, il se fût élevé à un tel degré de
contemplation que tous ses écrits lui paraissaient n’avoir pas plus de poids qu’un fétu
de paille, et qu’il se déclarait incapable de dicter encore quoi que ce
fût ; il n’avait plus de regard que pour
les choses éternelles, il n’aspirait plus qu’à voir Dieu. Tel est bien, en
effet, d’après saint Thomas, le fruit qu’avant tout autre on doit retirer des études sacrées : un grand
amour de Dieu et un vif désir des choses éternelles.
Tout en montrant par son exemple
avec quelles dispositions nous devons étudier les différentes sciences, Thomas
établit les principes solides et définitifs de chacune d’elles.
Et tout d’abord, qui mieux que lui a
expliqué la nature de la philosophie, sa méthode, ses diverses parties et leur valeur ?
Avec quelle pénétrante finesse il montre l’harmonieux ajustement des membres dont se compose le corps de cette science !
« Le sage met de l’ordre. En effet, la sagesse est au premier chef une
perfection de la raison, dont la
fonction est de connaître l’ordre ; bien que les puissances sensitives connaissent certaines choses, il
n’appartient qu’à l’intelligence ou à la raison de saisir leurs rapports. On distingue
les sciences d’après les différents
ordres dont l’examen est du domaine propre de la raison.
» L’ordre que la
raison en exercice crée dans son acte propre relève de la
philosophie rationnelle (ou logique), qui considère l’ordre des parties du discours entre elles ainsi
que l’ordre des principes entre eux et avec les conclusions.
» La philosophie naturelle (ou physique) considère l’ordre que la raison humaine saisit dans les choses, mais
sans le créer ; et c’est pourquoi nous
rangeons également sous le nom de philosophie naturelle la métaphysique.
» Quant à l’ordre des actions
volontaires, il est du domaine de la philosophie morale, subdivisée
elle-même en trois parties : la première considère les opérations de l’individu
par rapport à la fin, c’est la monastique (éthique
individuelle) ; la deuxième étudie les opérations du groupe familial,
c’est l’économique ; la troisième s’occupe de la marche de la cité, et c’est la politique. »
Toutes ces parties de la
philosophie, saint Thomas les a étudiées à fond, chacune avec sa méthode particulière, partant
de ce qui est le plus étroitement lié à la raison humaine, puis s’élevant
graduellement, pour s’arrêter enfin « au dernier sommet de toutes
choses ».
L’enseignement de Thomas touchant la puissance ou la
valeur de l’esprit humain est définitivement acquis. « Naturellement,
notre intelligence connaît l’être et les choses qui en soi tiennent de l’être
comme tel, et c’est sur cette connaissance que se fonde la notion des premiers
principes. » Ces principes réduisent à néant les erreurs et théories
modernes qui prétendent que, dans l’acte d’intelligence, ce n’est pas l’être
même qui est perçu, mais l’impression subjective ; erreurs qui aboutissent
à l’agnosticisme, si énergiquement condamné par l’Encyclique Pascendi.
Quant aux arguments par lesquels Thomas établit que
Dieu existe et que lui seul est l’Etre subsistant en soi, ils sont
aujourd’hui encore, comme au moyen âge, la démonstration la plus solide de ces
vérités ; ils confirment clairement le dogme catholique, solennellement
promulgué au Concile du Vatican et que Pie X énonce en cette magnifique
formule : « Dieu, en tant que principe et fin de toutes choses, peut
être connu avec certitude et même démontré par la lumière naturelle de la
raison au moyen de ce qui a été fait, c’est-à-dire des œuvres visibles de la création, comme la cause l’est par
ses effets. » Sa doctrine métaphysique, qui a pourtant été souvent
jusque de nos jours en butte aux amères railleries de critiques injustes, garde
cependant aujourd’hui encore, tel l’or que
n’attaque aucun acide, toute sa force et son plein éclat. Notre
prédécesseur avait donc bien raison d’affirmer : « S’écarter de Thomas d’Aquin,
surtout en métaphysique, ne va pas sans grave préjudice. »
Certes, la philosophie est la plus
noble parmi les sciences humaines ; mais, dans l’ordre établi par la
divine Providence, on ne peut dire qu’elle ait le pas sur toutes les autres,
vu qu’elle n’embrasse pas l’universalité des choses. Et de fait, au
début même de la Somme contre les Gentils et de la Somme théologique, le saint Docteur décrit un autre ordre de choses,
supérieur à la nature, dépassant les forces de la raison, et que l’homme, sans le bienfait de la
révélation divine, n’aurait jamais soupçonné.
Cette sphère est le domaine de la foi, et la science de la foi s’appelle
la théologie.
Celui-là aura nécessairement une
science plus parfaite de la théologie qui possédera mieux les données de
la foi et aura un esprit philosophique plus étendu et plus pénétrant. Il
n’est donc pas douteux que la théologie ait été portée à sa plus haute
perfection par saint Thomas, chez qui on trouve une connaissance
absolument parfaite des choses divines et une intelligence merveilleusement
douée pour la philosophie. Aussi n’est-ce pas tant par son enseignement
philosophique que par son oeuvre théologique, que dans nos écoles saint Thomas
est le maître.
Il n’est pas, en effet, une seule
partie de la théologie où il n’ait mis en œuvre avec un rare succès les
richesses merveilleuses de son génie. Et tout d’abord, il a établi sur
ses véritables bases l’apologétique, fixant nettement la distinction entre les vérités de la
raison et celles de la foi, entre l’ordre
naturel et l’ordre surnaturel. Aussi, lorsqu’il définit la possibilité de connaître certaines vérités religieuses par
les lumières de la raison, la
nécessité morale d’une révélation divine pour les connaître toutes avec
certitude et sans erreur, enfin la nécessité absolue d’une révélation pour
connaître les mystères, le Concile du Vatican n’emploie que des arguments
empruntés à saint Thomas. Il entend que
tous les apologistes du dogme catholique tiennent pour sacré ce
principe : « Donner son assentiment aux vérités de la foi, ce n’est pas faire preuve de légèreté, bien qu’elles
dépassent la raison. » Il montre,
en effet, que, si mystérieuses et obscures que soient les vérités de la foi, les raisons du moins sont
claires et évidentes qui poussent
l’homme à croire, au point
« qu’il ne croirait pas s’il ne voyait pas
qu’il faut croire ». Il ajoute même que, loin de considérer la foi comme
une entrave ou un joug d’esclave imposé à l’humanité, il la faut tenir pour un
bienfait très précieux, étant donné que « la foi est en nous comme les prémices de la vie
éternelle ».
La seconde partie de la théologie,
qui s’occupe de l’explication des dogmes, est aussi étudiée par saint
Thomas avec une ampleur exceptionnelle. Personne n’a pénétré plus profondément ni exposé
avec plus de sagacité tous les mystères sacrés, notamment la vie intime de
Dieu, le problème de la prédestination
éternelle, le gouvernement surnaturel du monde, la faculté accordée aux
êtres raisonnables d’atteindre leur fin, la rédemption du genre humain opérée
par Jésus-Christ et continuée par l’Eglise
et les sacrements, ces deux « reliques de l’Incarnation divine », suivant l’expression du saint
Docteur.
En morale également, Thomas a
formulé une solide doctrine théologique qui dirige tous nos actes d’une
manière appropriée à notre fin surnaturelle. Et parce qu’il possède - comme
Nous le disions - une connaissance parfaite de la théologie,
il donne des règles sûres qui doivent guider
non seulement l’individu dans sa vie personnelle, mais aussi la famille et la
société, objet de la morale politique.
Et nous avons alors, dans la
deuxième partie de la Somme
théologique, ces magnifiques enseignements sur le gouvernement paternel ou domestique, le pouvoir légitime dans les cités
ou les Etats, le droit naturel et le
droit des gens, la paix et la guerre, la justice et la propriété, les lois et leur observation, le devoir de
soulager la misère privée et de collaborer à la prospérité publique,
dans l’ordre naturel et surnaturel.
Le jour où, dans la vie privée,
dans la vie publique et dans les rapports qui s’imposent de nation à nation,
ces règles seraient religieusement et inviolablement observées, rien
ne manquerait plus pour assurer aux hommes cette « paix du
Christ par le règne du Christ » à laquelle le monde entier aspire
si ardemment. Il est donc à souhaiter qu’on prenne de plus en plus en
considération les enseignements de Thomas d’Aquin,
spécialement sur le droit des gens et les lois qui règlent les
relations internationales, car on y trouve les bases de la véritable Société des Nations.
Thomas n’est pas moins éminent par
sa science ascétique et mystique. Ramenant toute la science morale à la
théorie des vertus et des dons, il définit excellemment l’une et l’autre pour les différentes
catégories de chrétiens, ceux qui veulent
vivre en suivant les règles ordinaires et
communes, ceux qui tendent à la perfection spirituelle dans sa plénitude sous
la forme de la vie active ou de la vie contemplative. Extension du
précepte de l’amour divin, lois du développement de la charité et des dons du Saint-Esprit qui l’accompagnent,
différents états de vie, tels que vie
parfaite, vie religieuse, vie apostolique, caractères distinctifs de ces états,
leur nature et leur valeur : pour posséder à fond ces questions et autres analogues de la théologie
ascétique et mystique, on devra
nécessairement recourir tout d’abord au Docteur angélique.
D’autre part, Thomas s’est appliqué à baser et édifier toute sa doctrine sur les Saintes Ecritures. Convaincu que,
dans toutes et chacune de ses
parties, l’Ecriture est vraiment la parole de Dieu, il en soumet soigneusement l’interprétation aux lois mêmes que
devaient consacrer tout récemment Nos
prédécesseurs Léon XIII dans l’Encyclique Providentissimus Deus, et Benoît XV dans l’Encyclique Spiritus Paraclitus. Il part de ce principe : « l’auteur
principal de la Sainte Ecriture, c’est le
Saint-Esprit… L’homme n’en est que l’auteur
instrumental », et il n’admet pas de doute sur l’absolue valeur
historique de la Bible ; mais, du sens des mots, ou sens littéral, il tire
les richesses fécondes du sens spirituel,
dont les trois formes allégorique, tropologique,
anagogique, lui suggèrent d’habitude
les commentaires les plus ingénieux.
Enfin, le saint Docteur a eu comme
le don et le privilège unique de traduire sa propre doctrine en prières et
hymnes liturgiques, au point de devenir le poète et chantre incomparable de la divine
Eucharistie. Partout, en effet, chez toutes
les nations où elle est établie, l’Eglise catholique est heureuse d’employer et
emploiera toujours dans sa liturgie
les cantiques de saint Thomas, qui sont en même, temps l’effusion la plus ardente de l’âme en prière et la
plus parfaite expression de la
doctrine transmise par les apôtres touchant l’auguste sacrement, celui qu’on appelle plus spécialement le mystère
de foi. Si l’on pense à ce que Nous venons de rappeler et à l’éloge fait de lui par le Christ et que Nous avons déjà rapporté, on ne s’étonnera
certes pas que Thomas ait reçu
également le titre de Docteur eucharistique.
Et maintenant, de tout ce que
Nous avons exposé jusqu’ici Nous recueillons les conclusions très
opportunes que voici.
Tout d’abord, c’est particulièrement nos jeunes gens
qui doivent tourner leurs regards vers saint
Thomas et s’efforcer de reproduire ses grandes et éclatantes vertus, avant tout
l’humilité, fondement de la vie spirituelle, et la chasteté. Qu’ils sachent, en
imitant ce merveilleux génie et sublime Docteur, fuir l’orgueil avec horreur,
par d’humbles prières attirer sur leurs études les riches effusions de
la lumière divine ; qu’à son exemple ils veillent avant tout à éviter les
appâts du plaisir, afin que dans la
contemplation de la sagesse aucune obscurité n’affaiblisse leurs regards. Ce
qu’il a lui-même pratiqué, il l’a confirmé par son enseignement :
« Si quelqu’un s’abstient des voluptés charnelles pour vaquer plus librement à la contemplation de la vérité, sa conduite
est conforme à la droite raison. »
Dans le même ordre d’idées, les
divines Ecritures nous donnent cet avertissement : « La sagesse
n’entrera pas dans une âme qui aime le mal ; elle n’habitera point
dans un corps esclave du péché. » Si la pureté de saint Thomas avait sombré dans
l’extrême péril que Nous avons mentionné, il est vraisemblable que l’Eglise
n’aurait jamais eu son Docteur angélique.
Aussi, voyant la plus grande
partie de la jeunesse, séduite par les attraits des passions, perdre si
prématurément la sainte pureté et devenir esclave des plaisirs, Nous vous
demandons instamment, Vénérables Frères, de propager partout,
principalement parmi les étudiants ecclésiastiques, l’association de la Milice Angélique, qui a
pour but la sauvegarde de la chasteté sous
la protection de saint Thomas ; et Nous tenons à confirmer les faveurs de la bienveillance pontificale dont
cette confrérie a été comblée par
Benoît XIII et Nos autres prédécesseurs. Pour que les fidèles s’inscrivent plus volontiers encore dans cette
Milice, Nous permettons à ses membres
de remplacer le cordon par une médaille
suspendue au cou, représentant au revers saint Thomas et les anges
le ceignant du cordon, et portant à l’avers l’effigie de Notre-Dame, Reine du Très Saint Rosaire.
Saint Thomas a été officiellement
proclamé patron de toutes les écoles catholiques parce qu’il a
merveilleusement uni en lui, comme Nous le disions, les
deux sagesses, celle qui s’acquiert par la raison et celle qui est
surnaturellement infuse ; parce qu’il avait recours aux jeûnes et aux
prières pour résoudre les problèmes les plus difficiles, et parce qu’il
remplaçait tous les livres par l’image de Jésus crucifié. La jeunesse cléricale
apprendra à son école la manière la plus sage et la plus féconde de se livrer à l’étude des
plus hautes disciplines.
Quant aux membres des familles
religieuses, ils regarderont comme leur idéal la vie de Thomas, lequel refusa les dignités les
plus hautes afin de pouvoir vivre dans la pratique de l’obéissance la plus
parfaite et mourir dans l’intégrité de sa
profession religieuse.
Tous les fidèles enfin pourront
trouver dans le Docteur angélique un modèle de piété envers l’auguste
Reine du ciel, dont il avait accoutumé de répéter la salutation angélique
et d’écrire le doux nom en ses ouvrages, et demander au docteur
eucharistique l’amour du divin Sacrement.
Et ce qui suit s’adresse
naturellement tout d’abord aux prêtres : « Tous les jours il
célébrait la messe, à moins d’en être empêché par la maladie, et en
entendait une autre, celle de son compagnon ou d’un autre Père, qu’il
servait très souvent lui-même » ; c’est ce que rapporte l’historien
très attentif de sa vie. Mais qui trouvera des mots pour dire avec
quelle ferveur il célébrait les saints mystères, avec quel soin il s’y
préparait, et quelles actions de grâces, après la messe, il offrait à la
divine Majesté ?
D’autre part, si l’on veut se
mettre en garde contre les erreurs qui sont la source et l’origine de
tous les malheurs de notre époque, il faut rester plus que jamais fidèle à la
doctrine de saint Thomas. Dans tous les domaines, Thomas réfute
péremptoirement les théories imaginées par les
modernistes : en philosophie, en sauvegardant, comme Nous l’avons dit, la
valeur et la force de l’intelligence humaine et en établissant par des
arguments irréfutables l’existence de Dieu ; en dogmatique, en distinguant
l’ordre surnaturel de l’ordre naturel et en mettant en lumière les raisons de croire et les
dogmes mêmes ; en théologie, en montrant que
toutes nos croyances reposent non sur une simple opinion, mais sur la vérité, et qu’elles sont immuables ;
en science biblique, en établissant
la vraie notion de l’inspiration divine ; en morale, en sociologie et
en droit, en formulant avec exactitude les principes de justice légale ou sociale, de justice commutative ou
distributive, et en exposant les rapports
de la justice avec la charité ; en ascétique, en donnant les règles de la vie parfaite, comme aussi en réfutant
ceux de ses contemporains qui attaquaient les Ordres religieux. Enfin, à
l’encontre de l’autonomie si vantée de la
raison humaine, notre Docteur proclame les droits de la Vérité première
et l’autorité du Maître souverain sur nous. On
voit par là que les modernistes ont des motifs suffisants de ne craindre aucun Docteur de l’Eglise autant que
Thomas d’Aquin.
Aussi, comme il a été dit autrefois aux Egyptiens lors
d’une extrême disette : Allez à
Joseph,
ce Joseph qui devait leur fournir le
blé nécessaire à nourrir leur
corps ; de même, à tous ceux sans exception qui sont aujourd’hui en
quête de vérité, Nous disons : Allez à
Thomas,
allez lui demander l’aliment de la saine doctrine, dont il est si riche et qui nourrit les âmes pour la vie éternelle. Aliment à
la portée de tous et facilement accessible,
on l’affirma sous la foi du
serment au cours du procès de béatification de Thomas : « La doctrine
claire et facile de ce Docteur a formé un grand nombre de maîtres brillants,
réguliers et séculiers ; à cause de sa manière synthétique, limpide, aisée…,
même les laïques et personnes de moyenne
intelligence désirent posséder ces écrits. »
Pour Nous, Nous ordonnons que les
prescriptions de Nos prédécesseurs, en particulier de Léon XIII et de
Pie X, comme également les directions que Nous donnions l’année
dernière, soient méditées avec soin et scrupuleusement observées, par tous ceux surtout qui
occupent dans les écoles ecclésiastiques les
chaires les plus importantes. Qu’ils s’en
persuadent bien, ils ne s’acquitteront de leur charge et ne répondront à Notre
attente que si, après s’être faits les disciples fervents du saint
Docteur par une étude assidue et approfondie de ses ouvrages, ils communiquent
à leurs élèves leur ardent amour pour ce Docteur en leur commentant ses écrits,
et les rendent capables d’allumer cette même
flamme chez les autres.
Entre les amis fervents de saint Thomas - comme
doivent l’être tous les fils de
l’Eglise qui se livrent aux études supérieures, - Nous désirons que
s’établisse une noble émulation, respectueuse d’une juste liberté et propice au progrès de la science ;
mais Nous condamnons tout esprit de
dénigrement : il ne profite en rien à la vérité et n’aboutit qu’à relâcher les liens de la charité. Que chacun s’en
tienne donc fidèlement à cette prescription du droit canonique :
« Dans l’étude de la philosophie rationnelle et de la théologie comme dans
l’enseignement de ces sciences aux élèves, les professeurs suivront en tous
points la méthode, la doctrine et les principes du Docteur angélique, et ils se
feront un devoir de conscience de s’y tenir » ; et tous observeront
cette règle avec une fidélité telle qu’ils puissent l’appeler leur
maître en toute vérité. On évitera pourtant
d’exiger les uns des autres plus que ne réclame de tous l’Eglise, maîtresse et mère de tous ; et sur les points où
les auteurs plus autorisés des écoles
catholiques se partagent ordinairement en
avis contraires, chacun sera laissé libre de suivre l’opinion qui lui paraît
plus vraisemblable.
La chrétienté tout entière se
doit de célébrer dignement ce centenaire, car les honneurs décernés à saint
Thomas ne visent pas seulement à glorifier le saint Docteur, mais plus encore à
exalter l’autorité de l’Eglise enseignante.
En conséquence, Nous désirons
très vivement que, entre le 18 juillet de l’année courante et la fin de
l’année prochaine, ce centenaire soit célébré dans le monde entier, par
tous les établissements où les jeunes clercs reçoivent leur formation
régulière : non pas seulement chez les Frères Prêcheurs, dont l’Ordre - suivant
la remarque de Benoît
XV - « doit
être félicité moins d’avoir élevé le Docteur angélique que de ne s’être jamais écarté, dans la suite, fût-ce d’une
ligne, de son enseignement »,
mais aussi dans les autres familles religieuses et dans tous les Séminaires, collèges et écoles catholiques, qui ont
saint Thomas pour Patron.
Il convient que la Ville
Eternelle, où Thomas fut quelque temps maître du Sacré Palais, ait le
premier rang dans la célébration de ces fêtes ; il sera juste que, par
leurs manifestations de sainte allégresse, le
Collège pontifical angélique, où saint Thomas est en quelque sorte chez lui, et les autres Instituts ecclésiastiques
de Rome se distinguent entre toutes
les maisons où l’on étudie les sciences sacrées.
Pour accroître l’éclat de ce
centenaire et le rendre plus fécond, en vertu de Notre autorité
apostolique Nous concédons ce qui suit :
1. Dans toutes les églises de
l’Ordre des Prêcheurs et dans toute autre église ou
chapelle où le public a ou peut avoir accès, notamment dans les
Séminaires, collèges ou écoles cléricales, des prières pourront avoir lieu sous
forme de triduum, d’octave ou de neuvaine, avec concession, par
faveur pontificale, des indulgences accordées pour les solennités habituelles
en l’honneur des saints et des bienheureux ;
2. Dans les églises tant des
Frères que des Sœurs de l’Ordre de Saint-Dominique, tous les fidèles pourront, au cours des fêtes du centenaire, durant un seul jour, laissé à leur choix, après
s’être dûment confessés et nourris de
l’aliment eucharistique, gagner une indulgence plénière chaque fois qu’ils
feront une prière devant l’autel de saint Thomas ;
3. De plus, dans les églises de
l’Ordre de Saint-Dominique, les prêtres du grand
Ordre ou du Tiers-Ordre pourront, au cours de l’année
centenaire, tous les mercredis ou le premier jour libre de chaque
semaine, célébrer la messe en l’honneur de saint Thomas comme au jour
de sa fête - avec ou sans Gloria et Credo, suivant le rite du jour - et gagner une indulgence plénière ; ceux qui
assisteront à cette messe pourront gagner la même indulgence aux conditions
ordinaires.
En outre, au cours de l’année
centenaire, les Séminaires et autres maisons de formation cléricale
organiseront, en l’honneur du Docteur angélique, une discussion solennelle (disputatio) sur un point de philosophie ou d’autres sciences importantes. Et pour
qu’à l’avenir saint Thomas soit
honoré comme il convient au patron de toutes les écoles catholiques,
Nous décidons que le jour de sa fête sera un jour de congé pour les étudiants
et qu’on la célébrera non seulement par une messe solennelle, mais encore - au moins dans les Séminaires et les Instituts
religieux - par une disputatio comme celle que Nous venons de prescrire.
Enfin, en vue d’obtenir que les
études auxquelles se livrent Nos fils avec Thomas d’Aquin
pour maître portent des fruits chaque jour plus abondants pour la
gloire de Dieu et de l’Eglise, Nous annexons à cette Lettre la
formule de prière qu’il récitait lui-même et Nous vous demandons instamment de la répandre. A
quiconque la récitera avec piété, Nous
accordons, en vertu de Notre autorité, une indulgence toties quoties de 7 ans et 7 quarantaines.
Comme gage des divines faveurs et
en témoignage de Notre paternelle bienveillance, Nous vous accordons
de tout cœur, à vous, Vénérables Frères, au clergé et aux fidèles
confiés à chacun de vous, la Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 29 juin 1923, fête des Princes des apôtres, de Notre Pontificat la deuxième
année.
PIE
XI, PAPE.