SUPPLÉMENT À LA SOMME THÉOLOGIQUE
SAINT THOMAS D’AQUIN, Docteur
des docteurs de l'Eglise
La pénitence, l'extrême
onction, l'ordre, le mariage, le traité des fins dernières
Suppl., Questions 1 à 99
Suivie du Supplementum réalisé par frère Reginald
Edition numérique pour les
œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin
https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique, 2017
Saint Thomas d’Aquin n’a jamais
terminé sa Somme de théologie. Surpris par une apparition du Christ alors qu’il
célébrait la messe, il n’a jamais voulu reprendre sa dictée. Ce Supplément
n’est donc pas directement de lui. Il est une compilation effectuée après sa
mort par son secrétaire particulier, Frère Réginald, à partir d’œuvres de
jeunesse du Maître, le Commentaire des Sentences de Pierre Lombard.
Sur bien des points de ce Supplément, l’Eglise n’a pas suivi saint Thomas d’Aquin :
-
L'Ordre des évêques est un
ordre indépendant, radicalement non réductible à l'Ordre des prêtres, quoiqu'en
dise saint Thomas d'Aquin (Voir Constitution Dogmatique Lumen Gentium).
-
Le mariage est ordonné de
manière indissociable à l'amour réciproque des époux et au don de la vie (et
non à la procréation et à l'assouvissement du désir, comme l'enseignait saint
thomas d'Aquin).
- Nous devons tenir que Dieu proposera à tous, sans exception, la
possibilité d'être sauvé. (C’est
le seul dogme à forme solennelle, voir constitution pastorale Gaudium et Spes 22, 5). La théorie des
limbes éternels des enfants morts avec le péché originel est donc
définitivement rejetée par l’Eglise à partir de 2007.
TABLE DES MATIERES
QUESTION 1 — DES PARTIES DE LA PÉNITENCE EN PARTICULIER.
TOUT D'ABORD DE LA CONTRITION
ARTICLE 2 — La contrition est-elle un acte de vertu ?
ARTICLE 3 — L’attrition peut-elle devenir contrition ?
QUESTION 2 — L’OBJET DE LA CONTRITION
ARTICLE 2 — Devons-nous avoir la contrition du péché
originel ?
ARTICLE 3 — Devons-nous avoir la contrition de tout péché
actuel ?
ARTICLE 4 — Devons-nous avoir la contrition de nos péchés
futurs ?
ARTICLE 5 — Devons-nous avoir la contrition du péché
d’autrui ?
ARTICLE 6 — La contrition de chaque péché mortel en
particulier est-elle requise ?
QUESTION 3 — L’INTENSITÉ DE LA CONTRITION
ARTICLE 1 — La contrition est-elle la plus grande douleur
qui puisse être dans la nature ?
ARTICLE 2 — La douleur de contrition peut-elle être
excessive ?
ARTICLE 3 — Devons-nous avoir plus de douleur d’un péché
que d’un autre ?
QUESTION 4 — DU TEMPS DE LA CONTRITION
ARTICLE 1 — La contrition doit-elle durer toute la vie ?
ARTICLE 2 — Est-il bon de continuellement pleurer le
péché ?
ARTICLE 3 — Les âmes, après cette vie, ont-elles encore
la contrition de leurs péchés ?
QUESTION 5 — L’EFFET DE LA CONTRITION
ARTICLE 1 — La rémission du péché est-elle l’effet de la
contrition ?
ARTICLE 2 — La contrition peut-elle enlever toute dette
de peine ?
ARTICLE 3 — Une faible contrition suffit-elle à la
rémission de grands péchés ?
QUESTION 6 — NÉCESSITÉ DE LA CONFESSION
ARTICLE 1 — La confession est-elle nécessaire au salut ?
ARTICLE 2 — La confession est-elle de droit naturel ?
ARTICLE 3 — La confession est-elle obligatoire pour tous
?
ARTICLE 4 — Est-il permis de confesser un péché qu’on n’a
pas commis ?
ARTICLE 5 — Le pécheur est-il tenu de se confesser
immédiatement ?
ARTICLE 6 — Est-il possible qu’un pécheur soit dispensé
de se confesser ?
QUESTION 7 — LES ÉLÉMENTS ESSENTIELS DE LA CONFESSION
ARTICLE 1 — Saint Augustin donne-t-il une bonne
définition de la confession ?
ARTICLE 2 — La confession est-elle un acte de vertu ?
ARTICLE 3 — La confession est-elle un acte de la vertu de
pénitence ?
QUESTION 8 — LE MINISTRE DE LA CONFESSION
ARTICLE 1 — Est-il nécessaire de se confesser à un prêtre
?
ARTICLE 2 — Est-il permis, en certains cas, de se
confesser à d’autres qu’à des prêtres ?
ARTICLE 4 — Est-il nécessaire qu’on se confesse à son
propre prêtre ?
ARTICLE 6 — Tout prêtre peut-il absoudre un pénitent à
l’article de la mort ?
ARTICLE 7 — La peine temporelle à imposer doit-elle être
proportionnée à la gravité de la faute ?
QUESTION 9 — DES QUALITÉS DE LA CONFESSION
ARTICLE 1 — La confession peut-elle être informe ?
ARTICLE 2 — La confession doit-elle être intégrale ?
ARTICLE 3 — La confession peut-elle se faire par
intermédiaire ou par écrit ?
ARTICLE 4 — La confession exige t-elle les seize
conditions que les docteurs lui assignent ?
QUESTION 10 — L’EFFET DE LA CONFESSION
ARTICLE 1 — Est-ce que la confession nous libère de la
mort du péché ?
ARTICLE 2 — La confession nous libère-t-elle en quelque
façon de la peine du péché ?
ARTICLE 3 — La confession ouvre-t-elle le Paradis ?
ARTICLE 4 — La confession donne-t-elle l’espérance du
salut ?
ARTICLE 5 — Une confession par formule générale
suffit-elle à effacer les péchés mortels oubliés ?
QUESTION 11 — LE SECRET DE LA CONFESSION
ARTICLE 3 — Le prêtre est-il seul tenu au secret de la
confession ?
QUESTION 12 — LA NATURE DE LA SATISFACTION
ARTICLE 1 — La satisfaction est-elle une vertu ou un acte
de vertu ?
ARTICLE 2 — La satisfaction est-elle un acte de justice ?
QUESTION 13 — POSSIBILITÉ DE LA SATISFACTION
ARTICLE 1 — L'homme peut-il offrir satisfaction à Dieu ?
ARTICLE 2 — Peut-on satisfaire pour autrui ?
QUESTION 14 — DES QUALITES DE LA SATISFACTION
ARTICLE 1 — Peut-on satisfaire pour un seul péché
séparement ?
ARTICLE 2 — Peut-on, sans être en état de charité,
satisfaire pour des péchés delà remis ?
QUESTION 15 — DES OEUVRES DE SATISFACTION
ARTICLE 1 — Les œuvres satisfactoires doivent-elles être
pénales ?
ARTICLE 2 — Les peines de la vie présente sont-elles
satisfactoires ?
QUESTION 16 — DES SUJETS DU SACREMENT DE PÉNITENCE
ARTICLE 1 — La pénitence peut-elle se trouver dans les
innocents ?
ARTICLE 2 — La pénitence se trouve-t-elle chez les saints
glorifiés ?
ARTICLE 3 — Le bon ange ou le mauvais ange sont-ils, eux
aussi, capables de pénitence ?
QUESTION 17 — DU POUVOIR DES CLEFS
ARTICLE 1 — Doit-il y avoir des clefs dans l’Eglise ?
ARTICLE 2 — La clef est-elle un pouvoir de lier ou de
délier ?
ARTICLE 3 — Y a-t-il deux clefs ou une seule ?
QUESTION 18 — L’EFFET DES CLEFS
ARTICLE 1 — Le pouvoir des clefs s’étend-il jusqu’à la
rémission de la faute ?
ARTICLE 2 — Le prêtre peut-il remettre la peine due au
péché ?
ARTICLE 3 — Le prêtre peut-il lier par le pouvoir des
clefs ?
ARTICLE 4 — Le prêtre peut-il à volonté lier ou délier ?
QUESTION 19 — DES MINISTRES DU POUVOIR DES CLEFS
ARTICLE 1 — Les prêtres de l’Ancienne Loi avaient-ils le
pouvoir des clefs ?
ARTICLE 2 — Le Christ a-t-il eu le pouvoir des clefs ?
ARTICLE 3 — Les prêtres ont-ils seuls le pouvoir des
clefs ?
ARTICLE 4 — Les saints, qui ne sont pas prêtres, ont-ils
aussi le pouvoir des clefs ?
ARTICLE 5 — Les mauvais prêtres ont-ils l’usage des clefs
?
QUESTION 20 — CEUX SUR LESQUELS PEUT S’EXERCER LE POUVOIR
DES CLEFS
ARTICLE 1 — Le prêtre peut-il exercer sur tout homme le
pouvoir des clefs qu’il détient ?
ARTICLE 2 — Le prêtre peut-il toujours absoudre son sujet
?
ARTICLE 3 — Peut-on exercer le pouvoir des clefs sur son
supérieur ?
QUESTION 21 — L’EXCOMMUNICATION
ARTICLE 2 — L’Église doit-elle excommunier quelqu’un ?
ARTICLE 3 — Peut-on être excommunié pour un dommage
temporel qu'on aurait causé ?
ARTICLE 4 — Une excommunication portée injustement
a-t-elle quelque e
QUESTION 22 — CEUX QUI PEUVENT EXCOMMUNIER ET DE CEUX QUI
PEUVENT ÊTRE L’OBJET D’UNE EXCOMMUNICATION
ARTICLE 1 — Tout prêtre a-t-il le pouvoir d’excommunier ?
ARTICLE 2 — Celui qui n’est pas prêtre peut-il porter une
excommunication ?
ARTICLE 3 — Celui qui est excommunié ou suspens peut-il à
son tour excommunier ?
ARTICLE 4 — Peut-on s’excommunier soi-même, ou
excommunier son égal, ou bien son supérieur ?
ARTICLE 6 — Celui qui est déjà l’objet d’une
excommunication peut-il être excommunié à nouveau ?
QUESTION 23 — DES RAPPORTS QUE L’ON PEUT AVOIR AVEC LES
EXCOMMUNIÉS
ARTICLE 1 — Est-il permis d’avoir des rapports avec un
excommunié au plan purement matériel ?_
ARTICLE 2 — Celui qui communique avec un excommunié
encourt-il une excommunication ?
QUESTION 24 — L’ABSOLUTION DE L’EXCOMMUNICATION
ARTICLE 1 — Tout prêtre peut-il absoudre de
l'excommunication celui qui lui est soumis ?
ARTICLE 2 — Quelqu’un peut-il être absous contre sa
volonté ?
ARTICLE 3 — Peut-on être absous d’une excommunication
sans l’être de toutes les autres ?
ARTICLE 1 — L’indulgence peut-elle remettre quelque chose
de la peine satisfactoire ?
ARTICLE 2 — Les indulgences valent-elles autant qu’il est
dit dans leur énoncé ?
ARTICLE 3 — Convient-il d’accorder des indulgences pour
des choses temporelles ?
QUESTION 26 — CEUX QUI PEUVENT ACCORDER DES INDULGENCES
ARTICLE 1 — Un curé peut-il accorder des indulgences ?
ARTICLE 2 — Un diacre ou quelqu’un qui n’est pas prêtre
peut-il accorder des indulgences ?
ARTICLE 3 — Un évêque peut-il accorder des indulgences ?
ARTICLE 4 — Celui qui est en état de péché mortel peut-il
accorder des indulgences ?
QUESTION 27 — CEUX A QUI LES INDULGENCES PEUVENT PROFITER
ARTICLE 1 — Les indulgences peuvent-elles profiter à ceux
qui sont en état de péché mortel ?
ARTICLE 2 — Les indulgences peuvent-elles profiter aux
religieux ?
ARTICLE 4 — Une indulgence peut-elle profiter à celui qui
l’a établie ?
QUESTION 28 — LA PÉNITENCE SOLENNELLE
ARTICLE 1 — Certaine pénitence doit-elle être rendue
publique ou solennelle ?
ARTICLE 2 — La pénitence solennelle peut-elle se réitérer
?
ARTICLE 3 — Le rite de la pénitence solennelle est-il
convenable ?
QUESTION 29 — LE SACREMENT DE L’EXTRÊME ONCTION
ARTICLE 1 — L’extrême-onction est-elle un sacrement ?
ARTICLE 2 — L’extrême-onction n’est-elle qu’un seul
sacrement ?
ARTICLE 3 — Ce sacrement a-t-il été institué par le
Christ ?
ARTICLE 4 — L’huile d’olive est-elle la matière qui
convient tour ce sacrement ?
ARTICLE 5 — Est-il nécessaire que l’huile soit consacrée
?
ARTICLE 6 — Faut-il que la matière de ce sacrement soit
consacrée par l’évêque ?
ARTICLE 7 — Ce sacrement a-t-il une forme quelconque ?
ARTICLE 9 — La formule dont on vient de parler est-elle
la forme qui convient pour ce sacrement ?
QUESTION 30 — L’EFFET DU SACREMENT DE L’EXTRÊME-ONCTION
ARTICLE 1 — L’extrême-onction procure-t-elle la rémission
des péchés ?
ARTICLE 2 — La guérison corporelle est-elle un effet de
ce sacrement ?
ARTICLE 3 — Ce sacrement imprime- un caractère ?
QUESTION 31 — LE MINISTRE DU SACREMENT DE
L’EXTRÊME-ONCTION
ARTICLE 1 — Si même un laïc peut conférer ce sacrement ?
ARTICLE 2 — Les diacres peuvent-ils conférer ce sacrement
?
ARTICLE 3 — Si l’évêque seul peut conférer ce sacrement ?
QUESTION 32 — A QUI CE SACREMENT DOIT-IL ÊTRE CONFÉRÉ, ET
EN QUELLE PARTIE DU CORPS ?
ARTICLE 1 — Doit-on donner aussi ce sacrement à ceux qui
se portent bien ?
ARTICLE 2 — Ce sacrement doit-il être donné en n’importe
quelle maladie ?
ARTICLE 3 — Doit-on donner ce sacrement aux tous et à
ceux qui sont dépourvus de raison ?
ARTICLE 4 — Doit-on donner ce sacrement aux enfants ?
ARTICLE 5 — Faut-il dans ce sacrement faire des onctions
sur tout le corps ?
QUESTION 33 — LA RÉITÉRATION DE L’EXTRÊME-ONCTION
ARTICLE 1 — Ce sacrement doit-il être réitéré ?
ARTICLE 2 — Doit-on réitérer ce sacrement au cours d’une
même maladie ?
QUESTION 34 — LE SACREMENT DE L’ORDRE -SA NATURE - SES
ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS
ARTICLE 1 — Doit-il y avoir un ordre dans l’Église ?
ARTICLE 2 — La définition de l’ordre que donne le Maître
des Sentences est-elle bonne ?
ARTICLE 3 — L’Ordre est-il un sacrement ?
ARTICLE 4 — La forme de ce sacrement est-elle
convenablement exprimée ?
ARTICLE 5 — Y a-t-il une matière du sacrement de l’ordre
?
QUESTION 35 — L’EFFET DU SACREMENT DE L’ORDRE
ARTICLE 1 — Le sacrement de l’ordre confère-t-il la grâce
sanctifiante ?
ARTICLE 2 — Tous les ordres donnent-ils un caractère ?
ARTICLE 3 — Le caractère de l’ordre présuppose-t-il le
caractère baptismal ?
ARTICLE 4 — Le caractère de l’ordre présuppose-t-il
nécessairement le caractère de la confirmation ?
ARTICLE 5 — Le caractère d’un ordre présuppose-t-il
nécessairement celui d’un autre ordre ?
QUESTION 36 — DES QUALITÉS REQUISES CHEZ CEUX QUI DOIVENT
ÊTRE ORDONNÉS
ARTICLE 1 — La sainteté de vie est-elle requise chez ceux
qui doivent recevoir les ordres ?
ARTICLE 2 — La science de toute l’Ecriture est-elle
requise chez l’ordinand ?
ARTICLE 3 — Suffit-il d’avoir une vie pleine de mérite
pour être ordonné ?
ARTICLE 4 — Commet-il un péché, celui qui con/ère les
ordres à des hommes qui en sont indignes ?
QUESTION 37 — LA DISTINCTION DES ORDRES, DE LEURS ACTES
ET DU CARACTÈRE QU’ILS IMPRIMENT
ARTICLE 1 — Doit-on distinguer plusieurs ordres ?
ARTICLE 2 — Compte-t-on sept ordres ?
ARTICLE 3 — Doit-on distinguer les ordres en sacrés et en
non sacrés ?
ARTICLE 4 — Le livre des Sentences assigne-t-il justement
sa jonction à chaque ordre ?
ARTICLE 5 — Le caractère sacerdotal s’imprime-t-il à la
porrection du calice ?
QUESTION 38 — CEUX QUI CONFÈRENT CE SACREMENT
ARTICLE 1 — L’évêque est-il l’unique ministre de ce
sacrement ?
ARTICLE 2 — Les hérétiques et les excommuniés peuvent-ils
conférer les ordres ?
QUESTION 39 — DES EMPÊCHEMENTS A LA RÉCEPTION DE CE
SACREMENT
ARTICLE 1 — Le sexe féminin est-il un empêchement à la
réception du sacrement de l’ordre ?
ARTICLE 3 — Le servage est-il un empêchement à la
réception des ordres ?
ARTICLE 4 — L’homicide est-il un motif d’écarter
quelqu’un des ordres ?
ARTICLE 5 — La naissance illégitime peut-elle être un
empêchement à la réception de l’ordre ?
ARTICLE 6 — Un défaut corporel est-il un empêchement à la
réception de l’ordre ?
QUESTION 40 — QUESTIONS ANNEXES AU SACREMENT DE L’ORDRE
ARTICLE 1 — Les clercs doivent-ils porter lu tonsure ?
ARTICLE 2 — La tonsure est-elle un ordre ?
ARTICLE 3 — Le fait de recevoir la tonsure entraîne-t-il
la renonciation aux biens temporels ?_
ARTICLE 4 — Doit-il y avoir un pouvoir épiscopal
supérieur à l’ordre sacerdotal ?
ARTICLE 5 — L’Épiscopat est-il un ordre ?
ARTICLE 6 — Dans l’Église peut-il se trouver quelqu’un
qui soit supérieur aux évêques ?
ARTICLE 7 — Convenait-il que dans l’Église soient
assignés des vêtements pour les ministres ?
QUESTION 41 — LE MARIAGE, INSTITUTION NATURELLE
ARTICLE 1 — Le mariage est-il de droit naturel ?
ARTICLE 2 — Le mariage est-il obligatoire ?
ARTICLE 3 — L’acte conjugal est-il licite ?
ARTICLE 4 — L’acte conjugal est-il méritoire ?
QUESTION 42 — LE SACREMENT DE MARIAGE
ARTICLE 1 — Le mariage est-il un sacrement ?
ARTICLE 2 — N’aurait-on pas dû instituer ce sacrement
avant le péché ?
ARTICLE 3 — Le mariage confère-t-il la grâce ?
ARTICLE 4 — L’union charnelle est-elle nécessaire au
mariage ?
QUESTION 43 — DU MARIAGE ET DES FIANÇAILLES
ARTICLE 1 — Les fiançailles consistent-elles dans la
promesse d’un mariage futur ?
ARTICLE 2 — convenait-il de fixer l’age de sept ans pour
le contrat de fiançailles ?
ARTICLE 3 — Les fiançailles peuvent-elles lire rompues ?
QUESTION 44 — LA DÉFINITION DU MARIAGE
ARTICLE 1 — Le mariage est-il une union ?
ARTICLE 2 — Le mariage porte-t-il le nom qui lui convient
?
ARTICLE 3 — Le Maître des Sentences a-t-il bien défini le
mariage ?
QUESTION 45 — LE CONSENTEMENT MATRIMONIAL
ARTICLE 1 — Le consentement est-il la cause efficiente du
mariage ?
ARTICLE 2 — Est-il nécessaire d’exprimer le consentement
de vive voix ?
ARTICLE 3 — Le consentement, exprime sous forme de
promesse pour l’avenir, est-il cause du mariage ?
ARTICLE 5 — Suffit-il de consentir en secret au mariage
immédiat pour être marié ?
QUESTION 46 — DU CONSENTEMENT SUIVI D’UN SERMENT OU DE
RELATIONS SEXUELLES
ARTICLE 1 — Y a-t-il mariage quand, à la promesse de le
contracter, on ajoute un serment ?
QUESTION 47 — DU CONSENTEMENT FORCÉ ET DU CONSENTEMENT
SOUS CONDITION
ARTICLE 1 — Le consentement forcé est-il possible ?
ARTICLE 2 — Y a-t-il une forme de violence que puisse
subir un homme résolu ?
ARTICLE 3 — Le consentement forcé rend-il le mariage nul
?
ARTICLE 5 — Le mariage est-il valide quand le consentement
a été donné sous condition ?
ARTICLE 6 — Un père peut-il imposer le mariage à son
enfant ?
QUESTION 48 — L’OBJET DU CONSENTEMENT
ARTICLE 1 — Le consentement qui constitue le mariage
a-t-il pour objet l’union charnelle ?_
ARTICLE 2 — Y a-t-il mariage quand le consentement a été
motivé par un but déshonnête ?
QUESTION 49 — DES BIENS DU MARIAGE
ARTICLE 1 — Le mariage doit-il être justifié par les
biens qu’il procure ?
ARTICLE 2 — La fidélité, l’enfant, le sacrement, sont-ils
les seuls biens du mariage ?
ARTICLE 3 — Le sacrement est-il le bien principal du
mariage ?
ARTICLE 4 — Les biens du mariage justifient-ils l’acte
conjugal ?
ARTICLE 5 — Sans les biens du mariage, l’acte conjugal
peut-il se justifier ?
QUESTION 50 — DES EMPÊCHEMENTS DE MARIAGE
ARTICLE UNIQUE — Convient-il d’assigner des empêchements
au mariage ?
QUESTION 51 — L’EMPÊCHEMENT D’ERREUR
ARTICLE 1 — convient-il de considérer l’erreur comme un
empêchement de mariage ?
ARTICLE 2 — Toute erreur empêche-t-elle le mariage ?
QUESTION 52 — L’EMPÊCHEMENT DE CONDITION SERVILE
ARTICLE 1 — La condition servile est-elle un empêchement
de mariage ?
ARTICLE 2 — Un serf peut-il contracter mariage sans le
consentement de son maître ?
ARTICLE 3 — Un homme peut-il se vendre comme serf après
son mariage ?
ARTICLE 4 — Les enfants doivent-ils hériter de la
condition du père ?
QUESTION 53 — DES EMPÊCHEMENTS DU VOEU ET DE L’ORDRE
ARTICLE 1 — Le voeu simple entraîne-t-il nécessairement
la rupture du mariage ?
ARTICLE 2 — Le voeu solen rompt-il le mariage ?
ARTICLE 3 — L’Ordre est-il un empêchement de mariage ?
ARTICLE 4 — Après le mariage, peut-on recevoir un ordre
sacré ?
QUESTION 54 — L’EMPÊCHEMENT DE CONSANGUINITÉ
ARTICLE 1 — La définition de la consanguinité est-elle
empêchement au mariage ?
ARTICLE 2 — Peut-on diviser la consanguinité par degrés
et par lignes ?
ARTICLE 3 — La parenté est-elle un empêchement de droit
naturel ?
QUESTION 55 — L’EMPÊCHEMENT D’AFFINITÉ
ARTICLE 1 — Le mariage est-il cause d’affinité ?
ARTICLE 3 — L’affinité provient-elle de relations
illicites ?
ARTICLE 4 — L’affinité résulte-t-elle des fiançailles ?
ARTICLE 5 — L’affinité peut-elle se multiplier par
elle-même ?
ARTICLE 6 — L’affinité est-elle un empêchement de mariage
?
ARTICLE 7 — L'affinité a-1-elle, par elle-même des degrés
?
ARTICLE 8 — Les degrés d’affinité s’étendent-ils aussi
loin que les degrés de consanguinité ?_
ARTICLE 9 — Doit-on toujours rompre le mariage contracté
entre parents et alliés ?
QUESTION 56 — L’EMPÊCHEMENT DE PARENTÉ SPIRITUELLE
ARTICLE 1 — La parenté spirituelle est-elle un e de
mariage ?
ARTICLE 2 — Contracte-t-on la parenté spirituelle par le
baptême seulement ?
ARTICLE 3 — Y a-t-il parenté spirituelle entre le baptise
et son parrain ou sa marraine ?
ARTICLE 4 — La parenté spirituelle se transmet-elle de
l’époux à l’épouse ?
QUESTION 57 — LA PARENTÉ LÉGALE, EFFET DE L’ADOPTION
ARTICLE 1 — La définition de l’adoption est-elle exacte ?
ARTICLE 2 — L’adoption entraîne t elle un lien qui soit
empêchement au mariage ?
ARTICLE 3 — Ce lien spécial de parenté n’existe-t-il
qu’entre l’adoptant et l’adopté ?
QUESTION 58 — DES EMPÊCHEMENTS D’IMPUISSANCE, DE
MALÉFICE, DE FOLIE, D’INCESTE, D’AGE
ARTICLE 1 — L'impuissance est-elle un empêchement de
mariage ?
ARTICLE 2 — Le maléfice est-il un empêchement de mariage
?
ARTICLE 3 — La démence est-elle un empêchement de mariage
?
ARTICLE 4 — L’inceste commis avec la soeur de l’épouse
annule-t-il le mariage ?
ARTICLE 5 — Le défaut d’âge est-il un empêchement de
mariage ?
QUESTION 59 — L’EMPÊCHEMENT DE DISPARITÉ DE CULTE
ARTICLE 1 — Un fidèle peut-il contracter mariage avec un
infidèle ?
ARTICLE 2 — Le mariage des infidèles est-il un vrai
mariage ?
ARTICLE 6 — Les autres vices rompent-ils le mariage comme
celui de l’infidélité ?
QUESTION 60 — DU MEURTRE DE L’ÉPOUSE
ARTICLE 1 — Un homme peut-il tuer sa femme surprise dans
l’acte d’adultère ?
ARTICLE 2 — Le meurtre de l’épouse est-il un empêchement
de mariage ?
QUESTION 61 — L’EMPÊCHEMENT DE VOEU SOLENNEL
ARTICLE 1 — Un mari peut-il renvoyer sa femme pour cause
de fornication ?
ARTICLE 2 — Le mari est-il obligé de renvoyer sa femme
coupable de fornication ?
ARTICLE 3 — Le mari peut-il, de sa propre autorité,
renvoyer sa femme en cas de fornication ?
ARTICLE 4 — Peut-on mettre le mari et la femme sur le
pied de l’égalité dans la cause de divorce ?
ARTICLE 5 — Après le divorce, l’homme peut-il ébouser une
autre femme ?
ARTICLE 6 — Après le divorce, le mari et la femme peuvent-ils
se réconcilier ?
QUESTION 63 — DES SECONDES NOCES
ARTICLE 1 — Les secondes noces sont-elles permises ?
ARTICLE 2 — Le second mariage est-il un sacrement ?
QUESTION 64 — CERTAINES QUESTIONS ANNEXES AU MARIAGE. 1°
DU DEVOIR CONJUGAL
ARTICLE 2 — Le mari est-il tenu de rendre le devoir à son
épouse lorsqu'elle ne le demande pas ?_
ARTICLE 3 — Le mari et la femme jouissent-ils des mêmes
droits pour l’acte du mariage ?
ARTICLE 5 — Est-il défendu de demander le devoir conjugal
les jours de fêtes ?
ARTICLE 6 — commet-on un péché mortel en demandant le
devoir conjugal un jour de fête ?
ARTICLE 7 — Y a-t-il obligation de rendre le devoir
conjugal un jour de fêle ?
ARTICLE 1 — La polygamie est-elle contraire à la loi
naturelle ?
ARTICLE 2 — La polygamie a t-elle pu parfois être permise
?
ARTICLE 3 — La loi naturelle interdit-elle d’avoir une
concubine ?
ARTICLE 4 — Est-ce un péché mortel que d’avoir rapport
avec une concubine ?
ARTICLE 5 — A-t-il été parfois permis d’avoir une
concubine ?
QUESTION 66 — LA BIGAMIE ET DE L’IRRÉGULARITÉ QUI EN
RÉSULTE
ARTICLE 3 — Encourt-on l’irrégularité en épousant une
femme qui a perdu sa virginité ?
ARTICLE 4 — La bigamie est-elle détruite par le baptême ?
ARTICLE 5 — Est-il permis de dispenser un bigame ?
QUESTION 67 — LA LETTRE DE DIVORCE
ARTICLE 1 — L’indissolubilité du mariage est-elle de
droit naturel ?
ARTICLE 2 — La répudiation de l’épouse a-t-elle pu être
permise par dispense ?
ARTICLE 3 — La loi de Moïse permettait-elle la
répudiation de l’épouse ?
ARTICLE 4 — L’épouse renvoyée pouvait-elle prendre un
autre mari ?
ARTICLE 5 — Le mari pouvait-il reprendre l’épouse qu’il
avait renvoyée ?
ARTICLE 6 — La haine de l’épouse était-elle la cause de
son renvoi ?
ARTICLE 7 — Les causes du renvoi devaient-elles être
inscrites dans la lettre de divorce ?_
QUESTION 68 — DES ENFANTS ILLÉGITIMES
ARTICLE 1 — Les enfants qui naissent en dehors d’un vrai
mariage sont-ils illégitimes ?
ARTICLE 2 — Les enfants illégitimes doivent-ils subir un
dommage par suite de leur illégitimité ?
ARTICLE 3 — Peut-on légitimer un enfant illégitime ?
QUESTION 69 — LA DEMEURE DES ÂMES APRÈS LA MORT
ARTICLE 1 — Y a-t-il certaines demeures assignées aux
âmes après la mort ?
ARTICLE 2 — Y a-t-il des âmes qui aillent au ciel ou en
enfer aussitôt après la mort ?
ARTICLE 3 — Les âmes qui sont au ciel ou en enfer
peuvent-elles en sortir ?
ARTICLE 4 — Cette expression "le sein
d’Abraham" désigne-t-elle un limbe de l’enfer ?
ARTICLE 5 — Le limbe des Patriarches est-il la autre
chose que l’enfer des damnés ?
ARTICLE 6 — Le limbe des enfants est-il le même que celui
des Patriarches ?
ARTICLE 7 — Faut-il distinguer cinq demeures, ni plus ni
moins ?
ARTICLE 1 — Les puissances sensibles demeurent-elles dans
l’âme séparée ?
ARTICLE 2 — Les actes des puissances sensibles
demeurent-ils dans l’âme séparée ?
ARTICLE 3 — L’âme se peut-elle souffrir d’un feu corporel
?
QUESTION 70 bis — LA CONDITION DES AMES EN ÉTAT DE PÉCHÉ
ORIGINEL
ARTICLE 1 — Le péché originel mérite-t-il par lui-même la
peine du sens ?
ARTICLE 2 — La peine du dam fait-elle souffrir l’âme des
enfants morts sans baptême ?
QUESTION 70 ter — LE PURGATOIRE
ARTICLE 1 — Y a-t-il un purgatoire après cette vie ?
ARTICLE 2 — Est-ce dans le même lieu que les âmes sont
purifiées et les damnés punis ?
ARTICLE 3 — Les souffrances du purgatoire
surpassent-elles toutes celles d’ici-bas ?
ARTICLE 4 — Les souffrances du purgatoire sont-elles
volontaires ?
ARTICLE 5 — Les âmes du purgatoire sont-elles tourmentées
par les démons ?
ARTICLE 6 — Le péché véniel comme péché, est-il expié par
les souffrances du purgatoire ?
ARTICLE 7 — Les flammes du purgatoire libèrent-elles de
la peine due au péché ?
ARTICLE 8 — Les âmes du purgatoire sont-elles délivrées
plus vite les unes que les autres ?
QUESTION 71 — LES SUFFRAGES POUR LES DÉFUNTS
ARTICLE 1 — Les suffrages d’un fidèle peuvent-ils être
utiles à un autre ?
ARTICLE 2 — Les morts peuvent-ils être aidés par les œuvres
des vivants ?
ARTICLE 3 — Les suffrages des pécheurs sont-ils utiles
aux défunts ?
ARTICLE 4 — Les suffrages des vivants pour les défunts
sont-ils utiles à leurs auteurs ?
ARTICLE 5 — Les suffrages sont-ils utiles aux damnés ?
ARTICLE 6 — Les suffrages sont-ils utiles aux âmes du
purgatoire ?
Q. 71, ARTICLE 7 — Les suffrages sont-ils utiles aux
enfants morts sans baptême ?
ARTICLE 8 — Les suffrages sont-ils utiles de quelque
manière aux âmes qui sont au ciel ?
ARTICLE 10 — Les indulgences accordées par l’Église
sont-elles utiles aux défunts ?
ARTICLE 11 — Les cérémonies des obsèques sont-elles
utiles aux défunts ?
QUESTION 72 — LA PRIÈRE DES SAINTS QUI SONT AU CIEL
ARTICLE 1 — Les saints connaissent-ils les prières que
nous leur adressons ?
ARTICLE 2 — Devons-nous demander aux saints de prier pour
nous ?
ARTICLE 3 — Les prières des Saints en notre faveur
sont-elles toujours exaucées ?
QUESTION 73 — LES SIGNES PRÉCURSEURS DU JUGEMENT
ARTICLE 1 — Y aura-t-il des si précurseurs de l’avènement
du Souverain Juge ?
ARTICLE 2 — Le soleil et la lune doivent-ils réellement
cesser de briller, à l’époque du Jugement ?
ARTICLE 3 — A l’avènement du Seigneur, les vertus des
cieux seront-elles ébranlées ?
QUESTION 74 — LA CONFLAGRATION DE L’UNIVERS À LA FIN DES
TEMPS
ARTICLE 1 — Le monde doit-il être purifié ?
ARTICLE 2 — Cette purification se fera-t-elle par le feu
?
ARTICLE 3 — Ce feu sera-t-il de même nature que celui qui
est l’un des quatre éléments ?
ARTICLE 4 — Ce feu purifiera-t-il aussi les cieux
supérieurs ?
ARTICLE 5 — Ce feu doit-il consumer les autres éléments ?
ARTICLE 6 — Tous les éléments seront-ils purifiés par ce
feu ?
ARTICLE 7 — La dernière conflagration suivra- t-elle le
Jugement ?
ARTICLE 8 — Ce feu produira-t-il sur les hommes les
effets indiques par le Maître des Sentences ?
ARTICLE 9 — Ce feu engloutira-t-il les réprouvés ?
ARTICLE 1 — La résurrection des corps doit-elle avoir
lieu ?
ARTICLE 2 — Tous les hommes ressusciteront-ils ?
ARTICLE 3 — La résurrection est-elle naturelle ?
QUESTION 76 — LA CAUSE DE LA RÉSURRECTION
ARTICLE 1 — La résurrection du Christ est-elle la cause
de la nôtre ?
ARTICLE 2 — La voix de la trompette sera-t-elle la cause
de notre résurrection ?
ARTICLE 3 — Les anges coopéreront-ils à la résurrection ?
QUESTION 77 — LE TEMPS ET LE MODE DE LA RÉSURRECTION
ARTICLE 2 — Le temps de la résurrection est-il caché ?
ARTICLE 3 — La résurrection aura-t-elle lieu pendant la
nuit ?
ARTICLE 4 — La résurrection sera-t-elle instantanée ?
QUESTION 78 — LE POINT DE DÉPART DE LA RESURRECTION
ARTICLE 1 — La mort sera-t-elle pour tous les hommes le
point de d de la résurrection ?
ARTICLE 2 — Tous les hommes ressusciteront- ils de leurs
cendres ?
QUESTION 79 — L’ÉTAT DES RESSUSCITÉS ET D’ABORD LEUR
IDENTITÉ
ARTICLE 1 — L’âme reprendra-t-elle le même corps ?
ARTICLE 2 — L’homme ressuscité sera-t-il le même homme ?
QUESTION 80 — L’INTÉGRITÉ DU CORPS RESSUSCITÉ
ARTICLE 1 — Tous les membres du corps humain
ressusciteront-ils ?
ARTICLE 2 — Les cheveux et les ongles ressusciteront-ils
?
ARTICLE 3 — Les humeurs du corps humain
ressusciteront-elles ?
ARTICLE 4 — Tout ce qui, dans le corps, fut vraiment
humain ressuscitera-t-il ?
ARTICLE 5 — Tous les éléments matériels qui ont fait
partie du corps ressusciteront-ils ?
QUESTION 81 — LA QUALITE DU CORPS DES RESSUSCITES
ARTICLE 1 — Tous les ressuscités auront-ils le même âge,
celui de la pleine jeunesse ?
ARTICLE 2 — Tous les ressuscités auront-ils la même
taille ?
ARTICLE 3 — Tous les ressuscités auront-ils le même sexe,
le sexe masculin ?
ARTICLE 4 — Les ressuscités exerceront-ils les deux
principales fonctions de la vie animale ?
QUESTION 82 — L’ETAT CORPOREL DES ELUS
ARTICLE 1 — Le corps des élus sera-t-il impassible ?
ARTICLE 2 — L’impassibilité sera-t-elle en tous les élus
?
ARTICLE 3 — L’impassibilité empêchera-t-elle l’activité
des sens ?
ARTICLE 4 — Tous les sens des élus exerceront-ils leurs
fonctions ?
QUESTION 83 — LA SUBTILITÉ DU CORPS DES ÉLUS
ARTICLE 1 — La subtilité est-elle une propriété du corps
glorieux ?
ARTICLE 3 — Deux corps peuvent-ils, par miracle, occuper
le même lieu ?
ARTICLE 4 — Deux corps glorieux peuvent-ils occuper le
même lieu ?
ARTICLE 6 — Lu subtilité rend-elle palpable le corps
glorieux ?
QUESTION 84 — L’AGILITÉ DU CORPS DES ÉLUS
ARTICLE 1 — Le corps des élus sera-t-il doué d’agilité ?
ARTICLE 2 — Les élus feront-ils usage de leur agilité ?
ARTICLE 3 — Leur mouvement sera-t-il instantané ?
QUESTION 85 — LA CLARTÉ DU CORPS DES ÉLUS
ARTICLE 1 — La clarté est-elle une prérogative du corps
glorieux ?
ARTICLE 2 — La clarté du corps glorieux peut-elle être
vue par un oeil non glorifié ?
ARTICLE 3 — Le corps glorieux est-il nécessairement vu
par un oeil non glorifié ?
QUESTION 86 — L’ÉTAT CORPOREL DES DAMNÉS
ARTICLE 1 — Les damnés ressusciteront-ils avec leurs
difformités corporelles ?
ARTICLE 2 — Le corps des damnés sera-1-il incorruptible ?
ARTICLE 3 — Le corps des damnés sera-t-il impassible ?
ARTICLE 1 — Chaque homme connaîtra-t-il, après la
résurrection, les péchés qu’il a commis ?
ARTICLE 2 — Chacun pourra-t-il lire dans la conscience
d’autrui tout ce qu’elle renferme ?
QUESTION 88 — DU JUGEMENT GÉNÉRAL, DE SA DATE ET DE SON
LIEU
ARTICLE 1 — Le jugement général aura-t-il lieu ?
ARTICLE 2 — Ce jugement aura-t-il lieu oralement ?
ARTICLE 3 — La date du jugement général est-elle inconnue
?
ARTICLE 4 — Le jugement aura-t-il lieu dans la vallée de
Josaphat ?
QUESTION 89 — JUGES ET JUGÉS AU JUGEMENT GÉNÉRAL
ARTICLE 1 — Y a-t-il des hommes qui jugeront avec le
Christ ?
ARTICLE 2 — Le pouvoir judiciaire appartient-il à la
pauvreté volontaire ?
ARTICLE 3 — Les anges doivent-ils juger ?
ARTICLE 4 — Les démons exécuteront-ils la sentence du
juge à l’égard des damnés ?
ARTICLE 5 — Tous les hommes comparaîtront-il en jugement
?
ARTICLE 6 — Les bons seront-ils jugés en ce dernier
jugement ?
ARTICLE 7 — Les méchants seront-ils jugés ?
ARTICLE 8 — Les anges seront-ils jugés au jugement
dernier ?
QUESTION 90 — LA FORME SOUS LAQUELLE LE JUGE VIENDRA
ARTICLE 1 — Le Christ nous jugera-t-il sous la forme de
son humanité ?
ARTICLE 2 — Le Christ au jugement apparaîtra-t-il sous la
forme de son humanité glorieuse ?
ARTICLE 3 — La divinité peut-elle être vue sans
jouissance par les méchants ?
QUESTION 91 — L’ÉTAT DU MONDE APRÈS LE JUGEMENT
ARTICLE 1 — Le monde sera-t-il renouvelé ?
ARTICLE 2 — Le mouvement des corps célestes cessera-t-il
?
ARTICLE 3 — La clarté des corps célestes sera-t-elle
augmentée en cette rénovation ?
ARTICLE 4 — Les éléments seront-ils renouvelés par la
réception d’une clarté ?
ARTICLE 5 — Les plantes et les animaux demeureront-ils
dans cette rénovation ?
QUESTION 92 — LA VISION DE L’ESSENCE DIVINE
ARTICLE 1 — L'intelligence humaine peut-elle parvenir à voir
Dieu en son essence ?
ARTICLE 2 — Les saints, après la résurrection,
verront-ils Dieu avec les yeux du corps ?
ARTICLE 3 — Les saints en voyant Dieu voient-ils tout ce
que Dieu voit ?
QUESTION 93 — LA BÉATITUDE DES SAINTS ET LEURS DEMEURES
ARTICLE 1 — La béatitude des saints sera-t-elle plus
grande après le jugement qu’auparavant ?
ARTICLE 2 — Les degrés de béatitude doivent-ils être
appelés demeures ?
ARTICLE 3 — Les diverses demeures se distinguent-elles
selon les degrés de charité ?
QUESTION 94 — LE COMPORTEMENT DES SAINTS ENVERS LES DAMNÉS
ARTICLE 1 — Les saints dans le ciel verront-ils les
souffrances des damnés ?
ARTICLE 2 — Les bienheureux ont-ils de la compassion pour
les souffrances des damnés ?
ARTICLE 3 — Les bienheureux se réjouiront-ils des peines
des impies ?
QUESTION 95 — LES DOTS DES BIENHEUREUX
ARTICLE 1 — Doit-on attribuer des dots aux hommes
bienheureux ?
ARTICLE 2 — La dot est-elle ta même chose que ta
béatitude ?
ARTICLE 3 — Convient-il au Christ d’avoir des dots ?
ARTICLE 4 — Les anges ont-ils des dots ?
ARTICLE 5 — Convient-il d’attribuer à l’âme trois dots ?
Article 2 — L’auréole digère-t-elle du fruit ?
Article 3 — Le fruit est-il réservé à la vertu de
continence ?
Article 4 — Convient-il d’assigner trois couronnes aux
trois parties de la partie de la continence ?
Article 5 — Une auréole est-elle due à la virginité ?
Article 6 — Une auréole est-elle due aux martyrs ?
Article 7 — Les docteurs ont-ils droit à une auréole ?
Article 8 — Une auréole est-elle due au Christ ?
Article 9 — Une auréole est-elle due aux anges ?
Article 11 — L’auréole des vierges est-elle supérieure
aux autres ?
Article 12 — Un bienheureux possède-t-il plus qu’un autre
une auréole ?
QUESTION 97 — LE CHATIMENT DES DAMNÉS
ARTICLE 1 — Les damnés, en enfer, ne souffrent-ils que de
la peine du feu ?
ARTICLE 2 — Le ver des damnés est-il corporel ?
ARTICLE 3 — Les pleurs des damnés sont-ils corporels ?
ARTICLE 4 — Les damnés sont-ils en des ténèbres physiques
?
ARTICLE 5 — Le feu de l’enter est-il physique ?
ARTICLE 6 — Le feu de l’enfer est-il de même nature que
le nôtre ?
ARTICLE 7 — Le feu de l’enfer est-il souterrain ?
QUESTION 98 — LA VOLONTÉ ET L’INTELLIGENCE DES DAMNÉS
ARTICLE 1 — Tout vouloir des damnés est-il mauvais ?
ARTICLE 2 — Les damnés se repentent-ils du mal qu’ils ont
accompli ?
ARTICLE 3 — Les damnés voudraient-ils, d’une volonté
droite et délibérée, ne pas exister ?_
ARTICLE 4 — Les damnés voudraient-ils ta damnation des
non damnés ?
ARTICLE 5 — Les damnés haïront-ils Dieu ?
ARTICLE 6 — Les damnés déméritent-ils encore ?
ARTICLE 7 — Les damnés peuvent-ils se servir des
connaissances acquises en ce monde ?
ARTICLE 8 — Les damnés penseront-ils parfois à Dieu ?
ARTICLE 9 — Les damnés voient-ils la gloire des
bienheureux ?
QUESTION 99 — LA MISÉRICORDE ET LA JUSTICE DE DIEU À
L’ÉGARD DES DAMNÉS
ARTICLE 1 — Est-ce la justice divine qui inflige aux
pécheurs une peine éternelle ?
ARTICLE 3 — La miséricorde divine supporte-t-elle que les
hommes soient punis éternellement ?
ARTICLE 4 — La miséricorde divine mettra-t-elle fin au
châtiment des chrétiens damnés ?
Nous allons maintenant traiter de chacune des parties de la Pénitence :
1° la contrition ;
2° la confession ;
3° la satisfaction.
Au sujet de la contrition, cinq questions se posent : -1° qu’est-elle ? -2° quel doit être son objet ? -3° quelle doit être son intensité ? -4° quelle doit être sa durée ? -5° quel est son effet ?
Quant au premier point, il y a trois doutes à discuter 1. La définition ordinairement donnée de la contrition lui convient-elle ? -2. La contrition est-elle un acte de vertu ? 3. L’attrition peut-elle devenir contrition ?
Objections
:
1. Il semble que la contrition ne soit pas "une douleur voulue de
nos p jointe à la résolution de nous confesser et de donner satisfaction"
comme quelques-uns la définissent, car, ainsi que le dit saint Augustin "la
douleur a pour objet les choses qui nous arrivent contrairement à notre volonté".
Or il n’en va pas ainsi des péchés. Donc la contrition n’est pas une douleur de
nos péchés.
2. La contrition nous est donnée par Dieu, mais ce qui nous est donné
ne dépend pas de notre volonté ; donc la contrition n’est pas une douleur
voulue.
3. La satisfaction et la confession sont nécessaires à la rémission de la peine qui n’a pas été remise dans la contrition. Mais parfois il arrive que toute la peine est remise par la contrition. Il n’est donc pas toujours nécessaire que le pénitent contrit ait la résolution de se confesser et de donner satisfaction.
Cependant
:
La proposition contestée est bien la définition même de la contrition.
Conclusion
:
Comme le dit le livre de l’Ecclésiastique "le commencement de tout péché est l’orgueil" par lequel l’homme, s’attachant à son propre sentiment, se soustrait aux ordres de Dieu. Il faut donc que ce qui détruit le péché arrache l’homme à son propre sentiment. Or, de celui qui reste persévéramment attaché à son propre sentiment, on dit par métaphore qu’il est inflexible et dur. De là vient qu’on dit quelqu’un brisé, quand il est arraché à son propre sentiment. Mais entre le brisement et l’émiettement ou le broyage, dans les choses matérielles auxquelles on emprunte ces images pour les choses spirituelles, il y a de la différence. On dit brisé ce qui est partagé en gros morceaux et l’on dit émiettée ou broyée la matière solide qui a été réduite en parties tout à fait minimes. Or comme la rémission du péché exige que l’homme abandonne complètement toute cette affection pour le péché que son propre sentiment retenait à la manière d’une solide continuité, l’acte par lequel le péché est remis s’appelle métaphoriquement contrition.
Dans cette contrition, il y a plusieurs éléments à considérer, d’abord la substance de l’acte, puis son mode d’activité, son principe et ses effets. Selon ces diverses considérations, on a donné différentes définitions de la contrition.
Celle que nous avons citée vise la substance même de l’acte. Cet acte est à la fois acte de vertu et partie du sacrement de pénitence. La définition précitée nous manifeste donc son caractère d’acte vertueux en indiquant son genre, "une douleur", son objet, pour nos péchés, et l’acte d’élection requis pour l’acte vertueux, une douleur voulue. Elle nous le montre aussi comme partie du sacrement, en mentionnant sa relation avec les autres parties, quand elle dit : jointe à la résolution de nous confesser, etc.
On trouve aussi une autre définition de la contrition, qui la définit en tant qu’elle est simplement acte de vertu, mais ajoute à cette définition, la mention de la différence spécifique qui fait, de la contrition, un acte de la vertu spéciale de pénitence. Elle dit en effet que la contrition est "une douleur volontaire du péché, par laquelle le pénitent châtie en lui-même ce qu’il regrette d’avoir Commis". La mention du châtiment détermine le caractère spécifiquement Pénitentiel de la contrition.
Voici une autre définition donnée par saint Isidore : "La contrition est une componction et une humilité d’esprit accompagnée de larmes et venant du souvenir du péché et de la crainte du jugement". Cette définition indique la raison du nom de la contrition, en ce qu’elle la dit "humilité d’esprit" car de même que l’orgueil fait qu’une âme s’attache avec raideur à son propre sentiment, ainsi cette âme contrite s’humilie-t-elle en se détachant de son propre sentiment. Le mode extérieur de la contrition est aussi mentionné dans les mots : "accompagnée de larmes" et son principe, indiqué dans les paroles finales : venant du souvenir du péché et de la crainte du jugement.
Une autre définition tirée des paroles mêmes de saint Augustin, mentionne l’effet de la confession : "La contrition est une douleur qui remet le péché".
En voici encore une autre tirée textuellement de saint Grégoire : "La contrition est une humilité d’esprit anéantissant le péché entre l’espérance et la crainte." Cette définition nous donne la raison du nom de contrition, en disant : humilité d’esprit. L’effet de la contrition, en disant "anéantissant le péché" et son origine, en ajoutant : entre l’espérance et la crainte. Elle ne dit pas seulement la cause principale qui est la crainte, mais aussi la cause simultanée qui est l’espérance, sans laquelle la crainte pourrait conduire au désespoir.
Solutions
:
1. Bien que les péchés aient été volontaires au moment où il nous est
arrivé de les commettre, ils ne sont plus volontaires dès que nous en avons la
contrition, mais accidents contraires à notre volonté, non pas il est vrai à la
volonté que nous avons eue quand nous les voulions, mais à celle que nous avons
présentement et par laquelle nous voudrions que ces 1 n’aient jamais existé.
2. La contrition est de Dieu seul, quant à la forme qui l’anime, mais
quant à la substance de l’acte, elle est à la fois du libre arbitre et de Dieu
qui opère dans toutes nos œuvres de nature et de volonté.
3. Bien que toute la peine puisse être remise I°'la contrition, la confession et la satisfaction restent cependant nécessaires, soit parce que l’homme ne peut pas être certain que la contrition ait été suffisante pour tout effacer, soit aussi parce que la confession et la satisfaction sont de précepte. On deviendrait donc transgresseur du précepte, en refusant de se confesser et de satisfaire.
Objections
:
1. La contrition ne semble pas être un acte de vertu. Les passions en
effet ne sont pas des actes de vertu car "elles ne nous méritent ni
louanges, ni reproches" comme dit Aristote. Or la douleur est une passion.
La contrition étant donc une douleur, il ne semble pas qu’elle soit un acte de
vertu.
2. Les mots contrition et attrition viennent également du latin "tritum" broyé. Mais, de l’aveu de tous, l’attrition n’est pas un acte de vertu, donc la contrition non plus.
Cependant
:
Rien n’est méritoire que l’acte de vertu. Or la contrition est un acte méritoire, donc aussi un acte de vertu.
Conclusion
:
La contrition, à nous en tenir au sens propre de son nom, ne signifie pas un acte de vertu, mais une passion corporelle. Ce n’est pas cependant de sa signification nominale, qu’il est ici question, c’est de la réalité que vise la signification métaphorique du nom. Or, de même que l’enflure de la volonté propre, qui nous fait commettre le mal, comporte par elle-même un désordre qui est génériquement un mal, ainsi le fait d’annihiler, de broyer cette volonté propre comporte-t-il une réparation qui est génériquement un bien. Car il y a là une détestation de la propre volonté par laquelle le péché a été commis. La contrition, qui signifie cette annihilation de la volonté propre, comporte donc une certaine droiture de volonté. C’est pour cela qu’elle est un acte de vertu, de cette vertu qui a pour objet propre la détestation et la destruction du péché, à savoir de la pénitence, comme on le voit par ce qui a été dit dans la r Distinction du IV° Livre des Sentences.
Solutions
:
1. Dans la contrition, il y a une double douleur du péché. L’une, qui est dans la sensibilité, est une passion, mais n’est pas essentiellement la contrition, en tant qu’acte de vertu ; elle est plutôt son effet. De même que la pénitence inflige au corps une peine extérieure en compensation de l’offense que nous avons commise contre Dieu en nous servant de nos membres, ainsi inflige-t-elle la peine de la susdite douleur au concupiscible qui, lui aussi, a coopéré au péché. Cette douleur peut cependant appartenir à la contrition, en tant que la contrition est partie du sacrement, car les sacrements, de par leur nature de signes, ne sont pas constitués seulement par des actes intérieurs, mais aussi par des actes extérieurs et des choses sensibles.
Il y a, dans la volonté, une autre douleur, qui n’est pas autre
chose que le déplaisir d’un mal et qui est ainsi nommée en tant qu’on peut
appliquer aux affections de la volonté, les noms des passions, comme on l’a dit
dans le III° livre des Sentences, dist. 26. C’est à ce titre que la contrition
est essentiellement une douleur, en même temps qu’un acte de la vertu de
pénitence.
2. L’attrition marque une étape vers la contrition parfaite. C’est ainsi que dans les choses corporelles on dit : brisées, attrita, les choses qui sont déjà en morceaux, mais pas encore tout à fait en poussière. On les dit broyées, contrita, lorsque toutes les parties sont si bien écrasées que la division en est poussée à l’extrême. L’attrition signifie donc, dans les choses spirituelles, un certain déplaisir des péchés commis, qui est encore imparfait, tandis qu’il est parfait dans la contrition.
Objections
:
1. Il semble bien que l’attrition puisse devenir contrition. La
contrition, en effet, diffère de l’attrition, comme la réalité, qui a sa forme,
de celle qui ne l’a pas encore. Or la foi passe de l’état de foi sans forme, à
celui de foi animée par sa forme. Donc l’attrition peut devenir contrition.
2. La matière reçoit sa perfection, quand dis-. paraît la privation (du bien que comporte cette perfection). Or la douleur est, pour la grâce, ce qu’est la matière pour la forme, puisque c’est la grâce qui donne à la douleur son efficacité spi rituelle. La douleur qui, tant qu’existait le péché, était d’abord sans forme c’est-à-dire privée de la grâce, reçoit donc, dès que le péché a disparu, la parfaite information de la grâce, et nous revenons ainsi à la même conclusion que dans l’objection précédente.
Cependant
:
De deux choses qui ont des principes différents, l’une ne peut pas devenir l’autre. Or le principe de l’attrition est la crainte servile, celui de la contrition, la crainte filiale ; l’attrition ne peut donc pas devenir contrition.
Conclusion
:
Sur cette question, il y a deux opinions. Certains théologiens disent que l’attrition devient contrition comme la foi sans forme devient foi vivifiée par sa forme. Mais c’est là, semble-t-il, une impossibilité. La disposition habituelle de foi qui n’a pas encore sa forme, peut bien, à la vérité, la recevoir ; mais jamais l’acte même d’une foi sans forme ne peut devenir l’acte d’une foi vivifiée par sa forme ; car l’acte de foi privé de forme passe et n’est plus, quand vient la charité. Or l’attrition et la contrition ne signifient pas une disposition habituelle, mais seulement un acte. De plus, les dispositions habituelles des vertus infuses, qui appartiennent à la volonté, ne peuvent pas exister sans leur forme, puisqu’elles suivent la charité. D’où il sait qu’avant l’infusion de la grâce, on n’a pas dans l’âme cette disposition habituelle d’où sortira l’acte de contrition, quand la grâce sera là. L’attrition ne peut donc d’aucune façon devenir contrition. C’est ce que soutient la seconde opinion
Solutions
:
1. Il n’y a point parité entre la foi et la contrition, comme nous
l’avons dit (dans la conclusion).
2. C’est la même matière qui reçoit la forme dont elle était privée, quand il s’agit d’une matière qui demeure au moment où la perfection qui lui arrive en chasse la privation. Mais la douleur de l’acte de contrition, qui était sans forme, est un acte passé, quand la charité arrive et ne peut donc plus en recevoir sa forme.
Ou bien il faut faire cette autre réponse. La matière ne recevant pas son essence, de la forme, comme l’acte la reçoit de la disposition habituelle qui détermine sa forme, il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’une matière reçoive une nouvelle forme qu’elle n’avait pas auparavant. Mais quand il s’agit d’un acte, c’est aussi impossible qu’il est impossible à une réalité individuelle, de recevoir l’être d’un principe dont elle ne l’avait d’abord pas reçu, car une réalité n’est amenée à l’être qu’une seule fois.
Ayant maintenant à traiter de l’objet de la contrition, nous avons six questions à résoudre L’homme doit-il avoir la contrition : 1. des peines du péché ? -2. du péché originel ? -3. de tout péché actuel commis par lui-même ? -4. du péché actuel qu’il commettra à l’avenir ? -5. du péché commis par d’autres ? 6. de chaque péché mortel en particulier
Objections
:
1. Il semble bien que l’homme doive avoir la contrition des peines du
péché et non seulement de la faute. Saint Augustin dit, en effet, dans le livre
De Paenitentia : "Personne ne désire la vie éternelle, s’il
ne regrette pas cette vie mortelle". Or la mortalité de notre vie est une
peine. C’est donc que le pénitent doit regretter aussi les peines du péché.
2. Nous avons dit (IV° Livre des Sentences, Dist. 16, c. i), d’après les textes de saint Augustin, que le pénitent doit regretter de s’être privé de vertu. Or cette privation de vertu est une peine. La contrition est donc une douleur qui a aussi les peines pour objet.
Cependant
:
Nul ne garde ce dont il gémit. Or le pénitent, d’après la signification même de son nom, garde sa peine. Il ne la regrette donc pas et la contrition, qui est une douleur pénitentielle, n’a point pour objet la peine du péché.
Conclusion
:
L’idée de contrition implique l’émiettement de quelque chose de dur et d’entier. Or ce bloc et cette dureté se trouvent dans le mal de faute, parce que la volonté, qui en est cause dans celui qui agit mal, s’entête en ses déterminations, sans vouloir céder aux préceptes de la loi. C’est pourquoi le déplaisir de ce mal s’appelle métaphoriquement contrition. Mais cette métaphore ne peut pas s’appliquer au mal de peine, parce que la peine dit simplement une diminution de bien. C’est pourquoi les maux de peine peuvent être sujet de douleur, mais non de contrition.
Solutions
:
1. D’après saint Augustin, on doit regretter cette vie mortelle, non
pas précisément parce qu’elle est mortelle, à moins que le regret ne soit pris
au sens large de douleur quelconque, mais à cause des péchés auxquels nous
conduit l’infirmité de cette vie.
2. Cette douleur, qui nous fait regretter la perte de la vertu par le péché, n’est pas essentiellement la contrition elle-même, mais son principe. De même, en effet, qu’on est amené à désirer quelque chose à cause du bien qu’on en attend, ainsi est on amené à regretter quelque chose, à cause du mal qui s’en est suivi.
Objections
:
1. Il semble que nous devions avoir la contrition du péché originel. Si
nous devons avoir la contrition du péché actuel, ce n’est pas à cause de son
acte en tant qu’il est une certaine réalité, niais à cause de sa difformité, car
l’acte, dans sa substance, est un bien et vient de Dieu. Or le péché originel
implique une difformité tout comme le péché actuel. Il peut donc être, lui
aussi, objet de contrition.
2. Par le péché originel, l’homme a été détourné de Dieu, puisque sa peine était la privation de la vision divine. Or nous devons tous regretter d’avoir été séparés de Dieu. L’homme doit donc regretter le péché originel et par conséquent en avoir la contrition.
Cependant
:
Le remède doit être proportionné à la maladie. Or c’est sans acte de notre volonté, que nous avons contracté le péché originel. L’acte de volonté, qu’est la contrition, n’est donc pas requis pour que nous en soyons purifiés.
Conclusion
:
La contrition, avons-nous dit, est une douleur qui vise et, chine certaine façon, brise la dureté de la volonté. Elle ne peut donc avoir pour objet que les péchés qui proviennent en nous, de la dureté de notre volonté. Et comme le péché originel n’est pas entré en nous par un acte de notre volonté, mais a été contracté à raison de l’origine de notre nature viciée, nous ne Pouvons pas en avoir la contrition proprement dite, mais seulement du déplaisir et de la douleur.
Solutions
:
1. La contrition n’a pas pour objet, dans le péché, la seule substance de l’acte qui, à ce titre, n’a pas raison de mal, ni la seule difformité, car la difformité n’a pas en elle-même raison de faute, et peut être quelquefois simplement une peine. Mais on doit avoir la contrition du péché, en tant que la double difformité (de faute et de peine) qu’il implique, provient d’un acte de volonté. Comme cela ne se trouve pas dans le péché originel, il n’est pas objet de contrition.
On doit répondre de même à la seconde objection, car c’est de l’aversion volontaire, qu’on doit avoir la contrition.
Objections
:
1. Il semble que nous ne devions pas avoir la contrition de tous les
péchés actuels que nous avons commis. En effet, les contraires sont guéris par
leurs contraires. Or certains péchés, comme ceux d’acédie et d’envie, sont des
péchés de tristesse. Leur remède doit donc être dans la joie et non point dans
la tristesse qu’est la contrition.
2. La contrition est un acte de volonté qui ne peut voir pour objet ce
qui ne tombe pas sous notre connaissance. Or il y a des péchés dont flous
n’avons plus la connaissance, comme les péchés oubliés. Nous n’en pouvons donc
pas avoir la contrition.
3. La contrition volontaire efface les péchés qui sont commis par la
volonté. Or l’ignorance supprime le volontaire, comme le montre Aristote. Nous
n’avons donc pas à nous repentir de ce qui nous arrive par ignorance.
4. Nous n’avons pas à nous repentir des péchés que la contrition n’enlève pas. Or la contrition n’enlève pas certains péchés, tels les péchés véniels, qui demeurent après la grâce de la contrition. Nous n’avons donc pas à nous repentir de tous nos péchés passés.
Cependant
:
La pénitence est le remède de tous les péchés actuels. Or il n’y a pas de pénitence sans la contrition qui en est la première partie. C’est donc que nous devons avoir la contrition de tous nos péchés.
D’ailleurs aucun péché n'est remis à moins qu’on en soit justifié. Or pour la justification, il faut la contrition, comme on l’a déjà dit. C’est donc de tout péché, qu’il nous faut avoir la contrition.
Conclusion
:
Toute faute actuelle vient de ce que notre volonté ne cède pas à la pression la loi de Dieu, soit en transgressant ses défense soit en omettant ce qu’elle commande, soit agissant en dehors de ses directions. Or le dur est précisément ce qui a la puissance de ne pas se laisser impressionner facilement. Il y a donc dans tout péché actuel, une certaine dureté de la volonté. C’est pour cela que, si le péché doit guéri, il ne peut l’être que par une contrition qui broie la volonté.
Solutions
:
1. Ainsi que nous venons de le voir, la contrition est le contraire du
péché, en tant qu’il procède d’une élection volontaire refusant de suivre la
direction impérative de la loi divine, et non pas en tant qu’il est acte matériel.
C’est ce qu’il y a de volontaire qui est précisément l’objet de l’élection. Mais
l’élection volontaire n’a pas seulement pour objet les actes des autres
facultés que la volonté emploie à ses propres fins, mais aussi l’acte propre de
la volonté elle-même, car la volonté veut vouloir telle ou telle chose. C’est
ainsi que la volonté peut vouloir cette douleur ou tristesse qui se trouve dans
le péché d’envie ou d’autres de même genre, douleur de la sensibilité ou de la
volonté elle- même. Voilà pourquoi la douleur de la contrition s’oppose à ces
péchés.
2. On peut oublier une chose de deux façons. L’oubli peut être tel que le souvenir en soit complètement effacé de la mémoire. Tout effort pour le rappeler est alors inutile. Il peut au contraire n’être que partiel, comme lorsque nous nous rappelons avoir entendu parler d’une chose dont nous avons retenu le genre, mais dont nous ne savons plus l’espèce. Alors nous cherchons à préciser ce souvenir.
Ces deux sortes d’oubli se retrouvent, quand il s’agit du péché. Parfois nous en avons gardé un souvenir confus, mais nous n’en avons plus de souvenir précis. Nous devons alors nous efforcer de retrouver ce souvenir précis du péché, car nous devons avoir la contrition de chaque péché mortel en particulier. Si l’on n’arrive pas à préciser ce souvenir, il suffit d’avoir la contrition de ce péché comme on le connaît. On doit alors gémir non seulement sur le péché, mais encore sur cet oubli qui provient de la négligence.
Cependant si le souvenir d’un péché a complètement
disparu de la mémoire, l’impuissance de faire la réparation qui serait
strictement due nous en excuse et il nous suffit alors d’avoir la contrition
générale de tout ce en quoi nous avons offensé Dieu. Mais quand cette impuissance
disparaît, comme lorsque le souvenir de ce péché se réveille, nous sommes tenus
alors d’en faire acte spécial de contrition. C’est ainsi que le pauvre, excusé
par son impuissance de payer ses dettes, y est tenu dès qu’il le pourra.
3. Si l’ignorance supprimait tout à fait la volonté de mal agir, nous
serions excusés et il n’y aurait pas de péché. Mais parfois l’ignorance ne
supprime pas complètement le volontaire et alors elle n’excuse pas complètement
du péché ; elle en diminue seulement la gravité, auquel cas l’homme doit avoir
la contrition du péché ainsi commis par ignorance.
4. Le péché véniel peut rester, après que nous avons eu la contrition d’un péché mortel, mais non pas après la contrition de ce péché véniel. C’est pourquoi nous devons avoir la contrition des péchés véniels, de la même façon que nous en devons faire pénitence, comme on l’a dit précédemment.
Objections
:
1. Il semble que nous devions avoir aussi la contrition de nos péchés
futurs. La contrition est en effet un acte du libre arbitre. Or le libre
arbitre a beaucoup plus à faire futur qu’au passé, puisque l’élection qui est
un acte du libre arbitre, a pour objet les futurs contingents, comme il est dit
au III° livre des Ethiques. On doit donc avoir la contrition des péchés
futurs plus que des péchés passés.
2. Le péché s’aggrave de ses conséquences : d’où ce dire de saint Jérôme, que la peine d’Arius n’est pas encore déterminée, parce qu’il est encore possible que son hérésie fasse de nouvelles victimes, dont la ruine augmentera sa peine. Il faut dire autant de celui qui est reconnu homicide par sentence judiciaire, même avant que mort celui qu’il a frappé, si la blessure est mortelle. Or dans le temps qui s’écoule entre le péché et ses conséquences, le pécheur doit avoir la contrition de son péché, par conséquent non seulement de la gravité qu’il a en fonction de l’acte passé, mais aussi de celle que doit lui donner l’avenir et c’est ainsi que la contrition s’intéresse à l’avenir.
Cependant
:
La contrition est une partie de la pénitence. Or la pénitence a toujours pour objet des faits passés, donc aussi la contrition, qu’on ne saurait avoir d’un péché futur.
Conclusion
:
Dans toutes les associations ordonnées de moteurs et de mobiles, le moteur inférieur a son mouvement propre en plus duquel il suit le mouvement du moteur supérieur, comme on le voit dans le mouvement des planètes qui, en plus de leur mouvement propre, suivent le mouvement du premier monde. Or dans toutes les vertus, le premier moteur est la prudence qu’on appelle la conductrice des vertus. Toute vertu morale a donc, en plus de son mouvement propre, quelque chose du mouvement de la prudence. D’où la pénitence, qui est une vertu morale, étant partie de la justice, suit, elle aussi, le mouvement de la prudence tout en ayant son acte propre.
Mais on acte propre s’exerce sur son objet propre qui est le péché déjà commis. Cet acte l)1 et principal, qui est la contrition, a donc seulement pour objet spécial le péché passé. C’est par voie de conséquence et en tant qu’à son acte propre se joint quelque chose de celui de la prudence, que la pénitence s’intéresse à l’avenir.
Mais ce n’est point en vertu de son activité proprement spécifique, qu’elle s’occupe de cet avenir. Voilà pourquoi celui qui a la contrition regrette le péché passé et prend garde au futur. Mais on ne dit pas qu’il a la contrition du péché futur, on dit plutôt qu’il se met en garde, ce qui est une partie de la prudence s’ajoutant à l’acte propre de la contrition.
Solutions
:
1. On dit que le libre arbitre a pour objet les futurs contingents, en
tant qu’il s’agit d’actes et non pas de l’objet de ces actes. L’homme peut en
effet délibérer, avec son libre arbitre, sur des choses passées et nécessaires,
l’acte de sa délibération restant cependant, en tant qu’objet du libre arbitre,
un futur contingent. C’est ainsi que l’acte de contrition est un contingent en
tant qu’il est objet du libre arbitre, alors que son objet, à lui, peut être le
passé.
2. Ces conséquences, qui aggravent le péché, étaient déjà dans son acte, comme dans leur cause ; cet acte a donc eu toute sa gravité au moment où il a été commis, l’effet qui s’en suit n’ajoute rien à la gravité essentielle de la faute elle-même, bien qu’il ajoute quelque chose à la peine accidentelle de cette faute, en tant que le pécheur aura, en enfer, de plus nombreuses raisons de regretter les maux plus nombreux qui auront été la conséquence de son péché. Voilà ce que veut dire saint Jérôme. On ne doit donc avoir la contrition que des péchés passés.
Objections
:
1. Il semble que nous devrions avoir la contrition du péché d’autrui. On
ne demande point pardon, si ce n’est du péché dont on a la contrition. Or au
Psaume 18, 13, on demande pardon des péchés d’autrui "Des péchés d’autrui,
donne le pardon à ton serviteur". Nous devons donc avoir la contrition des
péchés d’autrui.
2. La charité nous fait un devoir d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Or à cause de cet amour de nous-mêmes, nous pleurons nos maux et désirons le bien. Etant donc tenus de désirer pour le prochain les mêmes biens de grâce que nous désirons pour nous, nous devrions, semble-t-il, pleurer ses péchés comme les nôtres. Mais la contrition n’est pas autre chose que le douloureux regret du péché. Nous devons donc avoir la contrition des péchés d’autrui.
Cependant
:
La contrition est un acte de la vertu de pénitence. Or personne ne fait pénitence que de ce qu’il a fait lui-même. Personne donc n’a la contrition des péchés d’autrui.
Conclusion
:
Ce qui est broyé par la contrition est le même vouloir qui était auparavant dur et entier. Il faut donc que la contrition du péché soit dans le même vouloir que raidissait auparavant la dureté du péché. Il n’y a donc pas de contrition des péchés d’autrui.
Solutions
:
1. Le prophète demande qu’on lui pardonne les péchés d’autrui, en tant
que celui qui est associé aux pécheurs peut contracter quelqu’impureté par
l’assentiment qu’il leur donne, ainsi qu’il est écrit au psaume 17, V. 27 : "Avec
le pervers, tu deviens pervers".
2. Nous devons pleurer les péchés des autres, mais nous n’avons pas à en éveiller en nous la contrition, car toute douleur du péché passé n pas de la contrition.
Objections
:
1. Il semble que la contrition de chaque péché mortel en particulier
ne soit pas requise. Dans la justification, en effet, le mouvement de
contrition est instantané. Or l’homme ne peut pas, en un instant, se remettre
en mémoire chacun de ses péchés en particulier.
2. Nous devons avoir la contrition de nos péchés en tant qu’ils nous
détournent de Dieu, car la contrition n’est pas exigée, quand nous allons à la
créature, sans nous détourner de Dieu. Or tous les péchés mortels se
ressemblent du côté de l’aversion. Il suffit donc de leur opposer une seule et
même contrition.
3. Les péchés mortels actuels se ressemblent plus entre eux que le péché actuel et l’originel. Or un seul baptême efface tous les péchés actuels et le péché originel. Donc une seule contrition générale efface tous les péchés mortels.
Cependant
:
Des maladies différentes il faut des remèdes différents, car "ce qui guérit l’oeil ne guérit pas le talon", comme dit saint Jérôme dans son commentaire sur ce passage de Marc "Ce genre de démon ne peut s’en aller que dans le jeûne et la prière". Or la contrition est un remède particulier pour un péché mortel en particulier. Il ne suffit donc pas d’une contrition commune pour tous les péchés.
D’ailleurs, la contrition se manifeste par la confession. Or il faut confesser chaque péché mortel, donc aussi avoir la contrition de chacun de ces péchés.
Conclusion
:
On peut considérer la contrition sous deux aspects, dans son principe et dans son terme ; et j’appelle principe de la contrition, la pensée que quelqu’un donne à son péché, pour le regretter, sinon avec une douleur de contrition, du moins avec une douleur d’attrition. La contrition est à son terme, quand la grâce donne à cette douleur, sa forme. S’il s’agit donc d principe de la contrition, ce mouvement de contrition doit porter sur chacun des péchés dont on a le souvenir, mais quant au terme de la contrition, il suffit qu’on ait une contrition commune de tous ses péchés, car ce mouvement agit en vertu de toutes les dispositions précédentes.
Solutions
:
1. L’exposé de notre conclusion donne réponse à la première objection.
2. Si tous les péchés se ressemblent quant au mouvement d’aversion, ils
diffèrent cependant quant à la cause et au mode de cette aversion et quant au
degré d’éloignement à l’égard de Dieu, et ces différences viennent de la
diversité du mouvement de conversion au bien créé.
3. Le baptême agit en vertu du mérite du Christ, dont la vertu infinie s’étend à la rémission de tous les péchés. C’est pourquoi un seul baptême suffit contre tous les péchés. Mais, dans la contrition, il faut qu’au mérite du Christ se joigne notre acte à nous et que cet acte, par conséquent, réponde à chaque péché en particulier, puisqu’il n’a pas une vertu infinie pour la contrition.
Ou bien il faut dire que le baptême est une génération spirituelle, tandis que la pénitence, quant à la contrition et à ses autres parties, n’est qu’une guérison spirituelle qui agit par manière de Changement d’accident. Or il est évident que la génération corporelle d’un être, génération qui implique la corruption de l’être précédent, fait disparaître tous les accidents de l’être détruit, qui étaient contraires à ceux de l’être produit. Le changement accidentel, au contraire, ne fait disparaître que le seul accident contraire à l’accident nouveau qui est le terme de cette altération. C’est ainsi qu’un seul baptême efface tous les péchés par la vie nouvelle qu’il engendre ; tandis que la pénitence n’efface que chacun des péchés sur lesquels elle porte. C’est pourquoi chacun d’eux doit être l’objet de la contrition et de la confession.
Au sujet de l’intensité de la contrition dont nous devons parler maintenant trois questions se posent : 1. La douleur de la contrition est-elle la plus grande qui puisse être dans la nature ? -2. Peut-elle être excessive ? -3. Doit-elle être plus grande pour un péché que pour l’autre ?
Objections
:
1. Il semble bien que la contrition ne soit pas la plus grande douleur
qui puisse être dans la nature. La douleur est le sentiment d’une lésion. Mais
certaines lésions sont plus vivement senties que la lésion du péché, telle, celle
d’une blessure. La contrition n’est donc pas la plus grande douleur.
2. Nous devons juger de la cause par son effet. Or l’effet de la
douleur, ce sont les larmes ; et puisqu’il arrive qu’un homme cependant contrit
ne verse pas les larmes que lui font verser la mort d’un ami, une blessure ou
quelque peine de ce genre, c’est que la contrition ne paraît pas être la plus
grande des douleurs.
3. Plus une qualité reste mêlée à son contraire, moins elle est
intense. Or la douleur de la contrition est mélangée de beaucoup de joie, car
l’homme contrit se réjouit de sa libération du péché, de l’espérance de son
pardon et de beau coup de choses de ce genre. Il n’a donc qu’un minimum de
douleur.
4. La douleur de la contrition est un certain déplaisir. Mais il y a beaucoup de choses qui déplaisent plus à l’homme contrit, que ses péchés passés ; car il ne voudrait pas souffrir la peine de l’enfer, plutôt que de pécher, ni avoir souffert, ou souffrir toutes les peines temporelles. Autrement on trouverait bien peu d’hommes contrits. La douleur de contrition n’est donc pas la plus grande des douleurs.
Cependant
:
D’après saint Augustin "toute douleur est fondée sur l’amour". Or l’amour de charité, sur lequel est fondée la douleur de contrition, est le plus grand des amours. La douleur de contrition doit donc être, elle aussi, la plus grande des douleurs.
D’ailleurs, la douleur a pour objet le mal. Si donc le mal est plus grand, plus grande doit être la douleur. Or la faute est un plus grand mal que la peine. Cette douleur de la faute, qu’est la contrition, doit donc surpasser toute autre douleur.
Conclusion
:
Il y a, dans la contrition, une double douleur. L’une, qui est essentiellement la contrition, affecte la volonté et n’est pas autre chose qu’un déplaisir du péché passé. Cette douleur, dans la contrition, surpasse toutes les autres douleurs ; car plus une chose nous plaît, plus son contraire nous déplaît. Or la fin dernière nous plaît par-dessus tout, puisque c’est pour cette fin dernière, que nous désirons tout le reste. D’où le péché, qui nous détourne de cette fin dernière, doit nous déplaire par-dessus tout.
Il y a, dans la sensibilité, une autre douleur (lui vient de cette première douleur de volonté, soit par une conséquence naturelle et nécessaire, en tant que les facultés inférieures suivent le mouvement des supérieures, soit par élection de volonté, en tant que le pénitent excite en lui cette douleur pour pleurer ses péchés. Mais il n’est pas nécessaire que cette douleur de sensibilité, de quelque façon qu’elle soit produite, soit la plus grande des douleurs ; car les facultés inférieures sont plus fortement émues par leurs objets propres, que par le retentissement du mouvement des facultés supérieures. C’est pourquoi, plus l’opération des facultés supérieures se rapproche des objets des facultés inférieures, plus ces dernières suivent le mouvement des premières. Il s’en suit que la douleur provenant d’une lésion sensible est plus grande dans la sensibilité que celle qui peut s’éveiller sous le retentissement de la douleur de raison. De même la douleur excitée dans la sensibilité par une délibération rationnelle sur des choses corporelles est plus grande que celle provenant de la raison considérant les choses spirituelles. En conséquence, la douleur de la sensibilité provenant du déplaisir que la raison conçoit du péché n’est pas une douleur plus grande que les autres douleurs qui affectent cette même sensibilité. Il en va de même de la douleur volontairement excitée, soit parce que la faculté inférieure n’obéit pas parfaitement à la faculté supérieure, en sorte que l’intensité et la qualité de la passion dans l’appétit inférieur soient exactement ce qu’ordonne l’appétit supérieur, soit aussi parce que les passions voulues par la raison, dans les actes de vertu, gardent une certaine mesure que ne garde pas et que dépasse la douleur qui ne dépend pas de la vertu.
Solutions
:
1. De même que la douleur sensible a pour objet la sensation de la
lésion, ainsi la douleur intérieure a-t-elle pour objet la connaissance de
quelque chose de nuisible. C’est pourquoi la lésion du péché, bien qu’elle ne
soit pas perçue par le sens extérieur, est perçue comme souverainement grande
par le sens intérieur de la raison.
2. Les modifications de notre état corporel dépendent immédiatement
des passions de la sensibilité, et, seulement par leur intermédiaire, des
affections de la volonté. De là vient que la douleur de sensibilité ou même le
simple mal sensible font couler les larmes corporelles, plus vite que la
douleur spirituelle.
3. La joie, que le pénitent a de sa douleur, ne diminue pas son déplaisir
du péché, parce qu’elle n’est pas contraire à ce déplaisir. Bien plus, elle
l’augmente en tant que toute opération s’intensifie par le plaisir qui lui est
attaché, comme le dit Aristote dans les Ethiques, L. 10. C’est ainsi que celui
qui prend plaisir à l’étude d’une science, l’apprend mieux. De même celui qui
se réjouit de son déplaisir, sent ce déplaisir augmenter. Mais il peut arriver
que cette joie tempère la douleur, en débordant de la raison sur la sensibilité.
4. Le degré de déplaisir qu’on a d’une chose, doit correspondre au degré de la malice de cette chose. Or la malice du péché mortel se mesure à la dignité de celui qu’il outrage et au mal qu’il fait à celui qui pèche. De plus, l’homme devant aimer Dieu plus que lui-même, il doit, dans sa faute, haïr l’offense de Dieu plus que le mal que cette faute lui fait à lui-même.
Mais c’est surtout en le séparant de Dieu, que la faute nuit au pécheur, et, de ce point de vue, cette séparation d’avec Dieu, qui est une peine, doit plus déplaire que la faute elle-même en tant qu’elle nous cause ce mal, parce que ce qui nous est odieux à cause d’une autre chose, nous est moins odieux que cette autre chose. Toutefois cette peine de la séparation doit nous être moins odieuse que la faute elle-même, en tant qu’elle est offense de Dieu.
Mais entre toutes les peines de la malice du péché, il y a une gradation mesurée par la gravité du dommage qu’elles nous causent. D’où, le plus grand dommage étant celui qui nous prive du plus grand bien, la plus grande des peines est la séparation d’avec Dieu.
Il y a aussi une autre mesure de malice accidentelle qu’il nous faut considérer dans cette question du déplaisir du péché, c’est celle qui vient de la différence entre le présent et le passé. Ce qui est passé n’est plus, d’où la diminution de sa raison de malice ou de bonté. De là vient que l’homme a plus horreur d’un mal à souffrir dans le présent ou dans l’avenir, que d’un mal passé. C’est pourquoi il n’y a pas, dans l’âme, de passion correspondant directement au mal passé, comme la douleur répond au mal présent ou futur. Il s’en suit que, de deux maux passés, le plus odieux pour l’esprit est celui dont l’effet se fait sentir davantage dans le présent ou inspire plus de crainte pour l’avenir, même si, dans le passé, c’était le moindre mal. De plus, l’effet de la faute précédente est parfois moins vivement perçu que l’effet de la peine passée, soit parce que la faute est plus parfaitement guérie que certaine peine, soit parce qu’un mal corporel est plus manifeste qu’un mal spirituel. Il s’en suit que même un homme bien disposé sent parfois en lui plus d’horreur de la peine précédente, que de la faute précédente, bien qu’il soit prêt à souffrir cette même peine, plutôt que de commettre cette même faute.
Il faut aussi considérer, dans cette comparaison de la faute et de la peine, que certaines peines, comme la séparation d’avec Dieu, impliquent inséparablement une offense de Dieu et que d’autres, comme la peine de l’enfer, ont aussi, en plus, le caractère de peines perpétuelles. De la peine qui implique une offense de Dieu, on doit donc se garder de la même façon que de la faute. Quant à celle qui ajoute à cela un caractère de perpétuité, on doit la fuir absolument plus que la faute. Si cependant on sépare de ces peines leur caractère d’offense et que l’on regarde seulement ce qu’elles ont de pénal, elles ont alors moins de malice que la faute en tant qu’elle est offense de Dieu, et, pour cela, doivent causer moins de déplaisir.
On doit savoir aussi, que, bien que telle doive être la disposition du pécheur contrit, il ne faut pas le tenter à ce sujet, car l’homme ne peut pas facilement mesurer ses affections et quelquefois ce qui lui déplaît le moins paraît lui déplaire le plus, parce qu’il s’agit d’une chose plus voisine du dommage sensible qui nous est plus connu.
Objections
:
1. Il semble que la douleur de contrition ne puisse pas être excessive.
Aucune douleur en effet ne peut être plus immodérée que celle qui détruit le
sujet qu’elle affecte. Or la douleur de la contrition est louable, quand elle
est si grande, qu’elle amène la mort ou la n Voici en effet ce que dit saint
Anselme : "Plaise à Dieu que les entrailles de mon âme soient telle- tuent
pénétrées de componction, que la moelle de mon corps en soit desséchée", et
saint Augustin dit "qu’il mérite de pleurer jusqu’à en devenir aveugle".
C’est donc que la douleur de contrition ne peut être excessive.
2. La douleur de contrition procède de l’amour de charité. Or l’amour de charité ne peut pas être excessif, donc la douleur non plus.
Cependant
:
Toute vertu morale est sujette à la corruption par excès ou par défaut. Or la contrition est un acte de vertu morale, à savoir de la pénitence qui est partie de la justice. Donc il peut y avoir excès dans la douleur du péché.
Conclusion
:
La contrition, du côté de la douleur qui est dans la raison, c’est-à-dire du déplaisir que nous avons du péché, en tant qu’il est offense de Dieu, ne peut pas être excessive, pas plus que ne peut être excessif l’amour de charité dont l’intensité fait celle de ce déplaisir. Mais quant à la douleur sensible, elle peut être excessive, comme peut l’être toute mortification corporelle.
En tout ceci, on doit prendre, pour mesure, la conservation du sujet qu’affecte la contrition et d’un bon état habituel qui suffise aux occupations obligatoires du pénitent. C’est pourquoi l’Epître aux Romains nous dit "Que votre service soit raisonnable".
Solutions
:
1. Saint Anselme désirait que l’ardeur de la dévotion desséchât les moelles
de son corps, non pas quant à la moelle matérielle de la nature corporelle, mais
quant aux désirs et concupiscences de ce corps. Quant à saint Augustin, il se
jugeait vraiment digne de perdre les yeux du corps, à cause de ses péchés, Car
tout pécheur mérite la mort corporelle et non seulement l’éternelle, mais il
n’avait nul désir de s’enlever la vue.
2. La raison donnée dans cette objection se rapporte à la douleur qui est dans la raison.
Quant à la raison du celle s’applique à la douleur de sensibilité.
Objections
:
1. Il semble que nous ne devions pas avoir plus de douleur d’un péché
que d’un autre. Saint Jérôme loue sainte Paule de ce qu’elle pleurait les plus
petits péchés tout comme les grands. C’est donc que nous ne devons pas pleurer
un péché plus qu’un autre.
2. Le mouvement de contrition est instantané. Or un seul mouvement ne
peut pas avoir en même temps divers degrés d’intensité. La contrition ne doit
donc pas être plus grande pour un péché que pour un autre.
3. C’est surtout en tant que le péché nous détourne de Dieu, qu’on en a la contrition. Or, en ce mouvement d’aversion, tous les péchés se ressemblent, puisque tous enlèvent la grâce qui unit l’âme à Dieu. On doit donc avoir égale contrition de tous les péchés mortels.
Cependant
:
On dit dans le Deutéronome : "A la mesure du péché, sera la mesure des coups". Or c’est dans la contrition, que s’établit la proportion des coups avec le péché, puisque la contrition implique la résolution de satisfaire. La contrition doit donc être plus grande pour un péché que pour l’autre.
D’ailleurs, l’homme doit avoir la contrition de ce qu’il devait éviter. Or si l’homme se trouvait clans l’alternative de faire l’un ou l’autre de deux péchés, il devrait éviter le plus grave, plutôt que l’autre. Ainsi donc doit-il de même avoir plus de contrition d’un péché, que d’un autre.
Conclusion
:
De la contrition nous pouvons parler de deux façons : 1° en tant qu’elle correspond à chaque péché pris en particulier Ainsi considérée, la douleur de contrition, en tant qu’elle est douleur de volonté, doit être plus grande pour un péché plus grave, parce que la raison de cette douleur, l’offense de Dieu, est plus grande dans un péché que dans l’autre, un acte plus désordonné offensant Dieu davantage. De même aussi la douleur de sensibilité, en tant qu’elle est volontairement excitée comme expiation du péché, doit être plus grande pour un plus grand péché qui mérite une plus grande peine. Cependant le degré de cette même douleur, en tant qu’elle résulte de l’impression de l’appétit supérieur sur l’inférieur, dépend de la disposition de la sensibilité à recevoir l’impression de la volonté et non pas de la gravité du péché. 2° La contrition peut être considérée en tant qu’elle porte sur tous les péchés en même temps, comme dans l’acte de la justification. Cette contrition générale elle-même, ou bien procède d’une considération distincte de chaque péché, auquel cas, son acte bien qu’il soit Un, contient virtuellement cette distinction des péchés ; ou bien elle implique au moins la volonté de penser à chacun des péchés et par conséquent une disposition habituelle à regretter l’un plus que l’autre.
Solutions
:
1. Sainte Paule n’est pas louée de ce qu’elle pleurait également tous
les péchés, mais de ce qu’elle pleurait de petits péchés autant que d’autres en
auraient pleuré de grands. Quant à elle-même, elle eût pleuré beaucoup plus
encore des fautes plus graves.
2. Dans cet acte instantané de contrition, bien qu’on ne puisse pas
trouver actuellement la distinction d’intentions portant sur chacun des
différents péchés, on l’y trouve virtuellement, comme on l’a dit dans la
conclusion. On l’y trouve aussi d’une autre façon, en tant que chaque péché a
une certaine relation avec l’offense de Dieu qui, dans cette contrition
générale, est l’objet du regret du coeur contrit. Celui qui aime un tout, aime
en puissance ses parties, bien qu’il ne les aime pas en acte, et de cet amour en
puissance, il les aime plus ou moins selon la relation qu’elles ont avec le
tout. C’est ainsi que celui qui aime une communauté, aime chacun de ses membres,
mais plus ou moins, selon les relations de chacun avec le bien de la communauté.
De même, celui qui regrette d’avoir offensé Dieu, a un regret implicitement
différent de ses différents péchés, selon que, par eux, il a plus ou moins
offensé Dieu.
3. Bien que tout péché mortel nous détourne de Dieu en nous enlevant la grâce, cependant l’un nous éloigne de Dieu plus que l’autre, en tant que son désordre est plus en désaccord que celui de l’autre péché, avec l’ordre de la divine bonté.
Ayant maintenant à traiter du temps de la contrition,