Docteur de l'Eglise
Commentaire des m้t้orologiques dAristote
ฉ
Livres 1, 2 et 3, Copyright et traduction par Barbara Ferr้, 2020
Edition num้rique https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique 2020
Les uvres compl่tes de saint
Thomas d'Aquin
Livre 1 ─ [Les ph้nom่nes c้lestes]
Chapitre 1 ─ [Objet du livre des
m้t้orologiques]
Chapitre 2 [Recherche sur les principes des
transformations c้lestes]
Chapitre 3 [Etude de ces principes]
Chapitre 4 [Rapport du feu et de lair au premier
corps]
Chapitre 5 [La condensation des nuages]
Chapitre 6 [Les corps c้lestes, com่tes et galaxies]
Chapitre 7 [Les ้toiles filantes]
Chapitre 8 [Les ph้nom่nes c้lestes lumineux]
Chapitre 9 [Les com่tes et la voie lact้e]
Chapitre 10 [La th้orie des astres]
Chapitre 11 [Aristote et sa th้orie des com่tes]
Chapitre 12 [La Voie lact้e]
Chapitre 13 [Aristote et sa th้orie de la voie
lact้e]
Chapitre 14 [Les nuages et lhumidit้]
Chapitre 16 [Les sources et les fleuves]
Chapitre 17 [La dur้e des fleuves]
Livre 2 ─
[Les ph้nom่nes m้t้orologiques terrestres]
Chapitre 1 [Plan Lorigine des mers]
Chapitre 2 [Pourquoi la mer est-elle sal้e ?]
Chapitre 3 [Lorigine des fleuves]
Chapitre 4 [La mer a-t-elle toujours exist้ ?]
Chapitre 5 [Hypoth่ses sur lorigine du sel de la
mer]
Chapitre 6 [La cause du sel dans la mer]
Chapitre 7 [La cause et les effets des vents]
Chapitre 8 [Le mouvement des vents]
Chapitre 9 [Laugmentation et la diminution des
vents]
Chapitre 10 [Les vents (suite)]
Chapitre 13 [par un commentateur inconnu]
Chapitre 16 Commentateur inconnu [ ]
Livre 3 ─
Commentateur inconnu [ ]
Livre 4 ─
Commentateur inconnu [ ]
Traduction par Barbara Ferr้, 2012. |
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Liber 1 |
Livre 1
─ [Les ph้nom่nes c้lestes]
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Caput 1 |
Chapitre 1 ─ [Objet du livre des m้t้orologiques] |
[80063] Super Meteora, lib. 1 cap.
1 n. 1 Sicut in rebus naturalibus nihil est perfectum dum est
in potentia, sed solum tunc simpliciter perfectum est, quando est in ultimo
actu; quando vero medio modo se habens fuerit inter puram potentiam et purum
actum, tunc est quidem secundum quid perfectum, non tamen simpliciter; sic et
circa scientiam accidit. Scientia
autem quae habetur de re tantum in universali, non est scientia completa
secundum ultimum actum, sed est medio modo se habens inter puram potentiam et
ultimum actum. Nam aliquis sciens aliquid in universali, scit quidem aliquid
eorum actu quae sunt in propria ratione eius: alia vero sciens in universali
non scit actu, sed solum in potentia. Puta, qui cognoscit hominem solum
secundum quod est animal, solum scit sic partem definitionis hominis in actu,
scilicet genus eius: differentias autem constitutivas speciei nondum scit
actu, sed potentia tantum. Unde manifestum est quod complementum scientiae
requirit quod non sistatur in communibus, sed procedatur usque ad species:
individua enim non cadunt sub consideratione artis; non enim eorum est
intellectus, sed sensus. |
1. De m๊me que, parmi les choses naturelles, aucune nest
parfaite tant quelle est en puissance, mais quelle est alors seulement
parfaite de fa็on absolue lorsquelle est dans son acte ultime ; et que,
quand elle se trouve, dans un mode interm้diaire, entre pure puissance et pur
acte, elle est alors parfaite de fa็on relative, et non cependant de fa็on
absolue ; il en est de m๊me pour la science. La science qui porte sur la
chose seulement de fa็on universelle nest pas une science compl่te selon
lacte ultime, mais se trouve, dans un mode interm้diaire, entre pure
puissance et pur acte. Car quelquun qui sait une chose de fa็on universelle
sait une chose parmi celles qui sont en acte dans sa propre raison ;
mais celui qui sait dautres choses de fa็on universelle ne sait pas en acte,
mais seulement en puissance. Par exemple, celui qui conna๎t lhomme en tant
quil est un animal sait seulement une partie de la d้finition de lhomme en
acte, เ savoir son genre ; il ne sait pas encore en acte les diff้rences
constitutives de son esp่ce, mais seulement en acte. De fait, il est
manifeste que compl้ter la science demande de ne pas sarr๊ter aux choses
communes, mais de progresser jusquaux esp่ces ; en effet, les individus
ne tombent pas sous la consid้ration de lart ; car deux il nest de compr้hension
non par lintellect, mais par les sens. |
[80064] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 2 Quia igitur Aristoteles in
libro de generatione determinavit de transmutationibus elementorum in
communi, necessarium fuit ad complementum scientiae naturalis, determinare de
speciebus transmutationum quae accidunt circa elementa: et de his determinat
in hoc libro, qui intitulatur Meteorologicorum. Est igitur intentio eius
in hoc libro determinare de transmutationibus quae accidunt circa elementa,
secundum singulas species. Et ad manifestandam suam intentionem, praemittit
prooemium. In quo tria facit: primo enim enumerat ea de
quibus tractatum est in libris scientiae naturalis praecedentibus hunc
librum; secundo manifestat de quibus in hoc libro sit agendum, ibi: reliqua autem pars huius etc.; tertio
ostendit de quibus in sequentibus libris restat agendum, ibi: pertranseuntes autem de his et cetera.
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2. Donc puisquAristote a d้termin้, dans le livre sur La G้n้ration, sur les changements
des ้l้ments en commun, il ้tait n้cessaire, pour compl้ter la science
naturelle, de d้terminer sur les esp่ces de changement qui arrivent aux
้l้ments ; et il d้termine sur cela dans ce livre, qui est intitul้ M้t้orologiques. Son intention est donc de d้terminer dans ce livre sur les changements
qui surviennent aux ้l้ments, selon chacune de leurs esp่ces. Et, pour
montrer quelle est son intention, il pr้sente une introduction. Dans cette derni่re, il fait trois choses : premi่rement, il
้num่re ce qui a ้t้ trait้ dans les livres de science naturelle pr้c้dant ce
livre-ci ; deuxi่mement, il montre ce dont il doit ๊tre question dans ce
livre, lเ : il reste เ
examiner, etc. ; troisi่mement,
il montre ce dont il reste เ traiter dans les livres suivants, lเ : Apr่s avoir pass้ cela en revue, etc. |
[80065] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 3 Praecedunt autem
hunc librum, secundum ordinem, in scientia naturali tres libri. Unde tria facit. Primo ponit de quo sit
actum in libro physicorum. In quo quidem, quantum ad duos primos libros eius,
agitur de causis naturae: et hoc tangit, concludens ex determinatione
praecedentium librorum, cum dicit: de
primis quidem igitur causis naturae; ut intelligantur primae causae
naturae prima principia, quae sunt materia, forma et privatio, et etiam
quatuor genera causarum, scilicet materia, forma, agens et finis, in
sequentibus autem libris physicorum agitur de motu in generali: et hoc est
quod subdit: et de omni motu naturali.
Secundus scientiae naturalis liber est liber
de caelo et mundo. In cuius prima parte, scilicet in duobus eius primis
libris, agitur de caelo et stellis, quae moventur motu circulari: et quantum
ad hoc dicit: adhuc autem de secundum superiorem lationem perornatis
astris; perornatis, idest valde ornate dispositis, secundum superiorem
lationem, idest secundum motum circularem, quo moventur omnia corpora
caelestia. In secunda autem parte huius libri, scilicet tertio et quarto
libro, determinat de numero elementorum et de motu locali eorum: et quantum
ad hoc dicit: et de elementis corporalibus, quot et quae sint. Dicit
autem elementa corporalia, ad differentiam primorum principiorum,
scilicet materiae et formae, quae non sunt corpora, sed corporum elementa seu
principia: ignis autem et aqua et terra corpora sunt, et sunt aliorum
corporum elementa. Tertius liber scientiae naturalis est liber
de generatione: in quo determinat de permutatione elementorum in invicem, in
secundo libro, et de generatione et corruptione in communi in primo libro. Et
hoc tangit consequenter, cum dicit: et de ea quae invicem et cetera. |
3. Trois livres pr้c่dent ce livre-ci en science naturelle, selon
lordre. De ce fait, il fait trois choses. Premi่rement, il pose ce dont il
est question dans le livre de la Physique.
Dans ce dernier, en ce qui concerne ses deux premiers livres, il est question
des causes de la nature : et il aborde ce sujet, en tirant une
conclusion เ partir de ce qui a ้t้ d้termin้ dans les livres pr้c้dents,
lorsquil dit : on a donc
parl้ auparavant des causes premi่res de la nature ; afin que lon
comprenne les premiers principes de la nature, qui sont la mati่re, la forme
et la privation et aussi les quatre genres de cause, เ savoir la mati่re, la
forme, lagent et la fin ; mais dans les livres suivants de la Physique, il est question du moteur en
g้n้ral : et cest la raison pour laquelle il ajoute : et de tout mouvement naturel. Le second livre de science naturelle est le livre Sur le ciel et le monde. Dans sa premi่re partie, เ savoir dans les deux premiers livres, il est question du ciel et des ้toiles, qui se meuvent par un mouvement circulaire ; et cest เ propos de cela quil dit : mais encore des astres rehauss้s selon la translation sup้rieure ; rehauss้s, cest-เ-dire dispos้s de fa็on fort ้l้gante, selon la translation sup้rieure, cest-เ-dire selon le mouvement circulaire selon lequel tous les corps c้lestes sont mus. Dans la deuxi่me partie de ce livre, เ savoir dans les livres trois et quatre, il d้termine sur le nombre des ้l้ments et sur leur mouvement local ; et cest เ propos de cela quil dit : et des ้l้ments corporels, combien ils sont et quels ils sont. Il parle d้l้ments corporels, เ la diff้rence des premiers principes, เ savoir la mati่re et la forme, qui ne sont pas des corps, mais les ้l้ments ou les principes des corps : le feu, leau, la terre sont des corps, et les ้l้ments des autres corps. Le troisi่me livre de
science naturelle est le livre sur La
G้n้ration : il y d้termine sur le changement des ้l้ments les uns
en les autres, dans le second livre, et sur la g้n้ration et la corruption en
commun, dans le premier livre. Et par cons้quent il aborde ce sujet quand il
dit : et du changement les uns en
les autres. |
[80066] Super Meteora, lib.
1 cap. 1 n. 4 Deinde cum
dicit: reliqua autem pars huius
etc., manifestat de quo sit in hoc agendum. Et circa hoc duo facit: primo ponit nomen
consuetum huius doctrinae; secundo enumerat ea quae in hac doctrina
continentur. Dicit ergo primo quod reliqua pars huius
methodi, idest scientiae naturalis, quam prae manibus habemus, restat
adhuc consideranda, quam omnes priores philosophi vocabant meteorologiam,
a meteoron, quod est excelsum vel elevatum, et logos, quod est sermo vel
ratio: considerantur enim in hac doctrina ea quae in excelsis generantur,
sicut stellae cadentes, stellae cometae, pluviae, nives, et alia huiusmodi.
Quamvis et alia quaedam considerentur quae fiunt in imo, sicut fulmina,
terraemotus, et alia huiusmodi: sed quia ea quae fiunt in alto, sunt
mirabiliora et magis desiderata, ideo ab eis tota doctrina nomen accepit. |
4. Ensuite, quand il dit : il reste เ examiner encore la partie, etc., il montre ce dont il est question dans ce livre-ci. Et concernant cela il fait trois choses : premi่rement, il donne
le nom habituel de cette discipline ; deuxi่mement, il ้num่re ce qui y
est contenu. Il dit donc premi่rement que la partie restante de cette m้thode, cest-เ-dire de la science naturelle, que nous
avons devant nos mains, doit ๊tre encore examin้ ; tous les philosophes
qui nous ont devanc้s lappelaient m้t้orologie,
de meteoron, ce qui est ้lev้ ou en
haut, et de logos, qui est le
discours ou la raison : on ้tudie en effet, dans cette discipline, ce
qui est engendr้ dans les cieux, comme les ้toiles filantes, les com่tes, la
pluie, la neige et autres ph้nom่nes de ce genre. Cependant, on y ้tudie
aussi certains autres ph้nom่nes qui se produisent tout en bas, comme les
้clairs, les tremblements de terre, et autres ; mais puisque ceux qui se
produisent en haut sont plus ้tonnants et plus attrayants, cest deux que la
discipline tout enti่re a re็u son nom. |
[80067] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 5 Secundo ibi: haec autem sunt etc., enumerat ea de
quibus in hac doctrina consideratur. Quae videntur in quatuor distingui.
Quaedam enim sunt quae fiunt in loco supremo propinquo corpori caelesti: et
haec primo tangit, cum dicit: haec autem sunt, scilicet de quibus
adhuc restat considerandum, quaecumque accidunt quidem secundum naturam,
sed inordinatam, et casualiter, ut quidam putabant. Natura tamen inordinatior non est natura
illa quae est primi elementi corporum, idest corporis caelestis; quod
dicitur elementum, quia est pars totius universi corporalis, licet non
veniat in compositionem corporis mixti, sicut elementa. Est autem natura
secundum quam haec accidunt, inordinatior natura caelestis corporis: quia ea
quae sunt in caelesti corpore, semper similiter se habent, in huiusmodi autem
transmutationibus inferiorum corporum, accidit multa varietas. Propter quam
quidam crediderunt quod haec non a natura, sed a casu acciderent, non considerantes
quod naturaliter fiunt non solum ea quae sunt semper, sed etiam quae sunt ut
in pluribus. Haec, inquam, accidunt circa
locum maxime propinquum lationi astrorum, idest astris
circulariter motis. Et hoc ponit ad differentiam subsequentium. Et exemplificat,
dicens: puta de lacte, idest de lacteo circulo qui Galaxia dicitur, et stellis quae cometae dicuntur, et
phantasmatibus, idest apparitionibus, ignitis et motis,
quae dicuntur stellae cadentes. |
5. Deuxi่mement, lเ : il sagit de, etc., il ้num่re les choses qui sont ้tudi้es dans
cette discipline. Elles semblent ๊tre divis้es en quatre. En effet, certaines
sont celles qui se produisent dans le lieu le plus ้lev้, proche du corps
c้leste : et ce sont les choses quil aborde en premier quand il dit :
il sagit de, เ savoir celles quil
reste encore เ ้tudier, tout ce qui
arrive selon une nature, mais d้sordonn้e, et par hasard, comme certains
le pensaient. Pourtant, la nature d้sordonn้e nest pas la nature du premier
้l้ment des corps, cest-เ-dire du corps c้leste ; ce dernier est appel้
้l้ment, parce quil est une partie
de tout lunivers corporel, bien quil nentre pas dans la composition du
corps mixte, comme les ้l้ments. La nature selon laquelle ces choses se
produisent est plus d้sordonn้e que la nature du corps c้leste : puisque
les choses qui se trouvent dans le corps c้leste sont toujours de la m๊me
mani่re, tandis que, dans les transformations des corps inf้rieurs, il se
produit beaucoup de vari้t้. Cest en raison de cette vari้t้ que certains
ont cru que ces choses ne se produisent pas par nature, mais par hasard, sans
prendre en consid้ration que se font naturellement non seulement les choses
qui sont toujours, mais aussi celles qui sont la plupart du temps. Ces
choses, dis-je, arrivent dans le lieu
le plus proche de la translation des astres, cest-เ-dire des astres mus
circulairement. Il avance cela pour ้tablir une diff้rence avec ce qui suit.
Et il donne des exemples, en disant : par exemple au sujet de la Voie lact้e, cest-เ-dire du cercle
lact้ appel้ Galaxie, et au sujet des ้toiles appel้es com่tes et des fantasmes, cest-เ-dire des
apparitions, ign้s et mobiles, appel้es ้toiles filantes. |
[80068] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 6 Secundo cum dicit: et quaecumque ponemus etc., enumerat
ea quae sub praedictis fiunt; scilicet quaecumque
ponuntur esse passiones communes aeris et aquae, quia ex materia aquea in
loco aeris generantur, vaporibus in aquam transmutatis. |
6. Ensuite, quand il dit : et tout ce dont nous ้tablirons, etc.,
il ้num่re ce qui entre dans les cat้gories pr้c้dentes, เ savoir tout ce dont on ้tablit que ce sont des
accidents communs เ lair et เ leau, puisquils sont engendr้s เ partir
dune mati่re aqueuse dans la r้gion de lair, une fois que les vapeurs se
sont chang้es en eau. |
[80069]
Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 7 Tertio cum dicit: adhuc
autem terrae etc., enumerat ea quae in infimo sunt. Et dicit: adhuc autem oportet dicere de his quae
sunt partes terrae, puta oriens, occidens, Septentrio, meridies; et quae sunt species, puta quod
quaedam terra est calida et arenosa, quaedam frigida et calcata; et passiones partium terrae, puta quod
quaedam est sulphurea, quaedam lapidosa, vel aliquo modo dissoluta. Ex
quibus terrae rationibus considerabimus omnes causas spirituum, idest
ventorum, quorum differentia attenditur secundum diversitatem terrae. Similiter de terraemotibus, quorum
etiam causae assignantur ex diversa specie terrae; et de omnibus quae
fiunt secundum motus horum, idest ventorum et terraemotuum. In quibus non
omnia perfecte et secundum certitudinem tradere possumus, sed quaedam sub
dubitatione relinquemus, ad utramque partem rationem inducentes: in
quibusdam vero veritatem attingemus aliquo modo. |
7. Troisi่mement quand il dit : et encore etc., il ้num่re ce qui se trouve tout en bas. Et il dit : il faut encore parler des parties de la terre, par exemple lorient, loccident, le nord, le sud, et des esp่ces, par exemple dire quune terre est chaude et sablonneuse, une autre est froide et compress้e, et des accidents des parties de la terre, par exemple dire que lune est sulfureuse, une autre pierreuse, ou d้sagr้g้e de quelque mani่re. ภ partir de quoi nous examinerons toutes les causes des souffles, cest-เ-dire des vents, dont les diff้rences sont dues เ la diversit้ de la terre. De m๊me pour les tremblements de terre, dont les causes sont attribu้es aux diverses esp่ces de la terre ; et pour tout ce qui se produit selon leurs mouvements, cest-เ-dire selon ceux des vents et des tremblements de terre. Sur ces sujets, nous ne pouvons pas tout enseigner เ la perfection et avec certitude, mais nous laisserons certains points en suspens, en avan็ant une raison pour les deux parties : sur certains sujets nous atteindrons la v้rit้ de quelque mani่re. |
[80070]
Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 8 Quarto ibi: adhuc
autem de fulminum casu etc., enumerat ea quae ex alto in infimum
descendunt, ex ventis causata, dicens: adhuc autem dicemus de casu
fulminum et typhonibus (qui dicuntur siphones), et incensionibus
quae circa huiusmodi typhones accidunt, et aliis circularibus, quaecumque
propter coagulationem accidunt passiones ipsorum corporum, scilicet
elementorum. Dicit autem hoc, quia typhones ex materia compacta generantur
cum quadam rotatione; et multa alia similia accidunt typhonibus, ex materia
coagulatione compacta, cum quadam circulatione. Vel potest hoc referri ad
iridem et halonem (idest circulum continentem solem et lunam et stellas),
quae accidunt ex reverberatione radiorum ad aliquam materiam spissam. |
8. Quatri่mement, lเ : et encore la chute des ้clairs, il ้num่re les ph้nom่nes qui
descendent du haut vers le bas caus้s par les vents, en disant : nous
parlerons encore de la chute des ้clairs, des typhons (qui sont appel้s siphons), des incendies qui se produisent
aux environs des typhons de ce genre, et des autres ph้nom่nes cycliques,
ainsi que tous les accidents des corps qui se produisent en raison de la
coagulation des corps eux-m๊mes, cest-เ-dire des ้l้ments. Il affirme cela
parce que les typhons sont g้n้r้s par la compression de la mati่re sous
leffet dune rotation ; et bien dautres ph้nom่nes semblables aux
typhons se produisent en raison de la coagulation et de la compression de la
mati่re sous leffet dun mouvement circulaire. Ou bien cela peut faire
r้f้rence เ larc-en-ciel et au halo (cest-เ-dire le cercle qui contient le
Soleil, la Lune et les ้toiles), qui arrivent du fait de la r้verb้ration des
rayons sur quelque mati่re dense. |
[80071]
Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 9 Deinde cum dicit: pertranseuntes
autem de his etc., ponit de quo restat agendum in libris sequentibus. Et
dicit quod postquam pertransiverimus de his quae dicta sunt, tunc
speculabimur, secundum nostrum posse, modo inducto in libris praecedentibus,
scilicet non tantum recitando opiniones aliorum sed etiam causas inquirendo,
de animalibus et plantis, et in universali et secundum singulas species. Et
tunc fere erit finis scientiae naturalis, quam a principio elegimus tradere.
Dicit autem fere, quia non omnia naturalia ab homine cognosci possunt. |
9. Ensuite, quand il dit : apr่s avoir pass้ cela en revue, il
pose ce qui reste เ traiter dans les livres suivants. Et il dit que, apr่s
avoir pass้ en revue ce qui a ้t้ dit, nous examinerons les animaux et les
plantes, de fa็on universelle et esp่ce par esp่ce, selon notre capacit้, en
suivant la m้thode introduite dans les livres pr้c้dents, เ savoir non
seulement en citant les opinions des autres, mais aussi en recherchant les
causes. Et ce sera alors pratiquement la fin de la science naturelle, que
nous avons choisi denseigner depuis le commencement. Il dit pratiquement parce que toutes les
choses naturelles ne peuvent ๊tre connues par lhomme. |
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Caput 2 |
Chapitre 2 [Recherche sur les principes des transformations c้lestes] |
[80072] Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 1 Completo prooemio,
in quo philosophus suam intentionem manifestavit, hic incipit procedere ad
suum propositum ostendendum. Et dividitur in duas
partes: in prima resumit ea quae sunt necessaria ad cognoscendum principia
transmutationum de quibus in hoc libro tractaturus est; in secunda incipit de
eis tractare, ibi: resumentes igitur
eas et cetera. Circa primum duo
facit: primo enumerat principia harum transmutationum, et differentiam eorum
ad invicem; secundo ostendit quomodo se habeant ad invicem in causando, ibi: est autem ex necessitate continuus et
cetera. |
10. Apr่s avoir termin้ son introduction, o๙ il a montr้ son intention, le philosophe commence ici เ proc้der เ la d้monstration de sa proposition. Cette derni่re se divise en deux parties : dans la premi่re, il reprend ce qui est n้cessaire pour conna๎tre les principes des changements dont il va ๊tre question dans ce livre-ci ; dans la seconde, il commence เ traiter de cela, เ cet endroit : donc en reprenant, etc. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il ้num่re les principes de ces changements et leurs diff้rences les uns avec les autres ; deuxi่mement, il montre quelles sont leurs relations en tant que causes, lเ : il est, n้cessairement, en continuit้, etc. |
[80073]
Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 2 Dicit ergo primo quod
prius determinatum est, tam in libro de caelo quam in libro de generatione,
quod inter alia principia corporalia quae sunt principia aliorum corporum,
unum est principium illorum corporum ex quibus constituitur natura corporum
circulariter motorum, scilicet sphaerarum et stellarum: hoc autem principium
dicit ipsam quintam essentiam, ex quo omnia huiusmodi formantur. Alia vero principia corporum inferiorum sunt
quatuor, propter primas tangibiles qualitates, quae sunt principia agendi et patiendi, scilicet calidum,
frigidum, humidum et siccum, quarum sunt tantum quatuor possibiles
combinationes: nam calidum et siccum est ignis, calidum et humidum est aer,
frigidum et humidum aqua, frigidum et siccum terra; calidum vero et frigidum,
vel humidum et siccum aliquid esse, impossibile est. Horum autem quatuor corporum sunt duo motus:
unus quidem qui est a medio mundi sursum, qui est motus levium, scilicet
ignis et aeris; alius autem motus est ad medium, qui est motus gravium,
scilicet terrae et aquae. Et sic est triplex motus corporum: scilicet ad
medium, qui est gravium; a medio, qui est levium; et circa medium, qui est
corporum caelestium, quae neque sunt gravia neque levia. Levium autem et
gravium est quaedam differentia. Nam aliquid est leve simpliciter, scilicet
ignis, qui supereminet omnibus; aliquid autem est grave simpliciter, scilicet
terra, quae subsidet omnibus; alia vero duo sunt secundum quid gravia et levia:
nam aer est levis respectu terrae et aquae, gravis vero respectu ignis; aqua
autem est levis respectu terrae, gravis autem respectu ignis et aeris. Et
ideo haec duo ad alia duo extrema proportionaliter se habent, ut scilicet
sicut aer est propinquior igni, ita aqua est propinquior terrae. Sic igitur
patet quod iste mundus qui est circa terram, constat ex quatuor corporibus:
et huius mundi oportet nos in hoc libro passiones considerare, quae sunt transmutationes variae in
elementis inventae. |
11. Il rappelle donc premi่rement ce qui a ้t้ d้termin้ aussi bien dans le livre Du ciel que dans le livre De la g้n้ration : parmi les autres principes corporels qui sont ceux des autres corps, il existe un unique principe pour les corps dont la nature des corps mus circulairement est constitu้e, เ savoir les sph่res et les ้toiles : il appelle quintessence ce principe m๊me, qui permet de former tous les corps de ce genre. Les autres principes des corps inf้rieurs sont au nombre de quatre, en raison de leurs premi่res qualit้s tangibles, qui sont les principes de laction et de laccident, cest-เ-dire le chaud, le froid, lhumide et le sec, dont quatre combinaisons seulement sont possibles : car chaud et sec est le feu, chaud et humide est lair, froide et humide est leau, froide et s่che est la terre ; mais il est impossible que quelque chose soit chaud et froid, ou bien humide et sec. Les mouvements de ces quatre corps sont au nombre de deux : lun qui va du centre du monde vers le haut, celui des corps l้gers, เ savoir le feu et lair ; lautre qui va vers le centre, celui des corps lourds, เ savoir la terre et leau. Et ainsi le mouvement des corps est triple : cest-เ-dire vers le centre, celui des lourds, เ partir du centre, celui des corps l้gers, et autour du centre, celui des corps c้lestes, qui ne sont ni lourds, ni l้gers. Il existe une diff้rence chez les l้gers et les lourds. En effet, lun est l้ger de fa็on absolue, เ savoir le feu, qui s้l่ve au-dessus de tous ; lautre est lourd de fa็on absolue, เ savoir la terre, qui se place au-dessous de tout ; et les deux autres sont lourds et l้gers de fa็on relative : car lair est l้ger par rapport เ la terre et เ leau, mais lourd par rapport au feu ; leau est l้g่re par rapport เ la terre, mais lourde par rapport au feu et เ lair. Et cest pourquoi ces deux corps sont dans le m๊me rapport avec les autres extr๊mes, เ savoir que, de m๊me que lair est plus proche du feu, de m๊me leau est plus proche de la terre. Ainsi donc, il est ้vident que le monde qui entoure la terre est constitu้ de quatre corps ; et nous devons examiner dans ce livre les ph้nom่nes de ce monde, qui sont les diff้rents changements d้couverts dans les ้l้ments. |
[80074]
Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 3 Deinde cum dicit: est
autem ex necessitate continuus etc., ostendit quomodo principia praedicta
se habeant adinvicem in causando. Et dicit quod necessarium est quod iste
mundus inferior consistat ex quatuor elementis, sic continuatis superioribus
lationibus, idest corporibus circulariter motis: continuum autem
hic accipit pro contiguo, ut scilicet nihil sit medium inter ea. Cuius quidem
necessitatis ratio est, non solum quia impossibile est locum vacuum esse,
unde corpora oportet corporibus contiguari: sed etiam propter finem, ut
scilicet tota virtus inferioris mundi gubernetur a superioribus corporibus,
quod non esset nisi se tangerent; oportet enim quod agens corporale tangat
passum et motum ab ipso. |
12. Ensuite, quand il dit : il est, n้cessairement, en continuit้, etc., il montre quelles relations les principes susdits entretiennent en tant que causes. Et il dit quil est n้cessaire que le monde inf้rieur soit constitu้ des quatre ้l้ments, qui sont en continuit้ avec les translations sup้rieures, cest-เ-dire les corps se mouvant circulairement : par continu il entend ici contigu, เ savoir quil ny a rien entre eux. Cette n้cessit้ sexplique non seulement par le fait quil est impossible quil y ait un lieu vide, si bien que les corps doivent ๊tre contigus aux corps, mais aussi par la fin, เ savoir que toute la puissance du monde inf้rieur est gouvern้e par les corps sup้rieurs, ce qui ne pourrait ๊tre sils ne se touchaient pas ; car il faut que lagent corporel touche le corps passif qui est m๛ par lui. |
[80075] Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 4 Quod autem inferior mundus
regatur a superioribus corporibus et moveatur, probat duabus rationibus.
Quarum prima talis est. Causa
movens, unde scilicet est principium motus, necesse est quod sit prima causa.
Et hoc intelligitur per respectum ad causam formalem et materialem: nam
materia patitur ab agente,
agens autem naturaliter est prius patiente; forma etiam est effectus
moventis, qui educit materiam de potentia in actum. Sed finis est prior
agente, quia movet agentem: non tamen semper est prior in esse, sed solum in
intentione. Manifestum est autem corpus caeleste inter naturalia esse primam
causam: quod eius incorruptibilitas et nobilitas demonstrat. Oportet igitur quod
corpus caeleste, respectu horum corporum inferiorum, sit causa unde principium
motus. |
13. Il prouve par deux raisons que le monde inf้rieur est r้gi et m๛ par les corps sup้rieurs. La premi่re est la suivante. La cause motrice, cest-เ-dire celle qui est เ lorigine du principe du mouvement, est n้cessairement la cause premi่re. Et cela se comprend par rapport aux causes formelle et mat้rielle : car la mati่re subit en raison de lagent, et lagent est naturellement ant้rieur au patient ; la forme est aussi un effet de la cause motrice, qui tire la mati่re de la puissance vers lacte. Mais la fin est ant้rieure เ lagent, puisquelle le meut ; cependant, elle nest pas toujours ant้rieure en ๊tre, mais seulement en intention. Or, il est manifeste que le corps c้leste est la premi่re cause parmi les choses naturelles : son incorruptibilit้ et sa noblesse le d้montrent. Il faut donc que le corps c้leste, par rapport เ ces corps inf้rieurs, soit la cause qui est เ lorigine du principe de leur mouvement. |
[80076]
Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 5 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem etc.: quae talis est. Motus caelestis corporis est
perpetuus. Et hoc apparet ex ipsa dispositione loci: nam in linea recta est
accipere finem in actu, scilicet extremum ipsius lineae, in circulo vero non
est accipere finem: et ideo dicit quod motus circularis non habet finem
secundum locum. Et ne aliquis crederet propter hoc, quod motus circularis
esset imperfectus, sicut motus rectus antequam perveniat ad finem, subiungit
quod motus circularis semper est in fine: quodlibet enim signum datum in circulo
est principium et finis; et motus circularis in qualibet parte ita est
perfectus, sicut motus rectus quando est in fine. Sic igitur apparet ex ipsa
dispositione loci, quod motui caelesti competit perpetuitas. Motus autem inferiorum corporum non possunt
esse perpetui: quia inferiora corpora moventur motibus rectis, motus autem
rectus non durat unus continuus nisi secundum mensuram magnitudinis rectae
per quam transit; motus autem reflexus non est continuus, ut in VIII Physic.
probatum est. Unde cum omnia corpora inferiora distent finitis locis
abinvicem, et nullum eorum sit infinitum, ut probatum est in III Physic. et
in I de caelo, necesse est quod motus eorum sint finiti, et non perpetui.
Illud autem quod est perpetuum et semper, consequenter est motivum eorum quae
non sunt semper. Unde elementa inferiora, scilicet ignem et terram et alia syngenea
his, idest congenerabilia eis, scilicet aerem et aquam, et quae ex eis
componuntur, oportet putare causas accidentium circa ipsum mundum inferiorem,
ut in specie materiae, idest per modum causae materialis: quia hoc
modo dicimus subiectum et patiens
esse causam rerum. Sed quod est causa dictorum ut unde
principium motus, idest per modum causae moventis, causandum est,
idest existimandum est esse causam, eam virtutem quae est semper motorum,
idest corporum caelestium, quae semper moventur: quod enim semper movetur,
comparatur ad id quod non semper movetur, sicut agens ad patiens. |
14. Il avance ici la deuxi่me raison : en outre, etc. La voici. Le mouvement dun corps c้leste est ้ternel. Et cela appara๎t เ partir de la disposition de lespace : car, sur une ligne droite, il est possible datteindre la fin en acte, เ savoir lextr้mit้ de cette ligne, mais, sur une ligne circulaire, ce nest pas possible ; et cest pourquoi il dit que le mouvement circulaire na pas de fin dans lespace. Et de peur que lon en d้duise que le mouvement circulaire est imparfait, comme le mouvement rectiligne avant quil ne parvienne เ sa fin, il ajoute que le mouvement circulaire est toujours เ sa fin : car nimporte quel point donn้ sur un cercle en est le d้but et la fin ; et le mouvement circulaire, เ nimporte quelle partie, est parfait, tout comme le mouvement rectiligne quand il est เ sa fin. Ainsi donc, il appara๎t, dapr่s la disposition de lespace, que l้ternit้ convient au mouvement c้leste. Or, les mouvements des corps inf้rieurs ne peuvent ๊tre ้ternels, puisquils se meuvent avec des mouvements rectilignes, et que le mouvement rectiligne ne reste pas unique et continu si ce nest en suivant la mesure de la grandeur rectiligne par o๙ il passe ; or le mouvement r้trograde nest pas continu, comme il est prouv้ dans le livre VIII de la Physique. De ce fait, comme tous les corps inf้rieurs sont ้loign้s les uns des autres par des espaces finis et quaucun dentre eux nest fini, comme lont prouv้ le livre III de la Physique et le livre I Du ciel, il est n้cessaire que leurs mouvements soient finis et non ้ternels. En cons้quence, ce qui existe ้ternellement et toujours est le moteur de ce qui nexiste pas toujours. Et cest pourquoi les ้l้ments inf้rieurs, cest-เ-dire le feu, la terre et les autres du m๊me genre, cest-เ-dire pouvant ๊tre engendr้s en m๊me temps queux, เ savoir lair et leau, et ceux qui en sont compos้s, doivent ๊tre consid้r้s comme les causes de ce qui se produit autour de notre monde inf้rieur, comme dans une esp่ce de mati่re, cest-เ-dire เ la fa็on dune cause mat้rielle : en effet, cest de cette mani่re que nous disons que le sujet et le patient sont causes des choses. Mais ce qui constitue la cause de ce qui a ้t้ dit, do๙ provient le principe du mouvement, cest-เ-dire เ la mani่re de la cause motrice, doit ๊tre attribu้ cest-เ-dire consid้rer comme cause, เ la puissance des corps toujours mus, cest-เ-dire des corps c้lestes qui se meuvent toujours ; en effet, ce qui se meut toujours est dans la m๊me relation avec ce qui ne se meut pas toujours que lagent avec le patient. |
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Caput 3 |
Chapitre 3 [Etude de ces principes] |
[80077] Super Meteora, lib.
1 cap. 3 n. 1 Ostenso
quae sunt principia activa et quae sunt principia materialia passionum de quibus intendit
tractare, incipit nunc determinare de eis. Et dividitur in partes duas: in prima
determinat de particularibus transmutationibus elementorum quibus secundum se
transmutantur; in secunda determinat de transmutationibus eorum secundum quod
veniunt in compositionem mixti, in quarto libro, ibi: quoniam autem quatuor et cetera. Prima autem pars dividitur in duas: in prima
enim determinat de transmutationibus seu passionibus elementorum quae in alto
accidunt; in secunda de his quae accidunt in infimo, et hoc in secundo libro,
ibi: de mari autem et cetera. Prima autem pars dividitur in tres: in prima
dicit de quo est intentio; in secunda praemittit quaedam quae sunt necessaria
ad subsequentium determinationem, ibi: dicimus
itaque ignem et aerem etc., in tertia incipit determinare de principali
proposito, ibi: his autem determinatis et
cetera. Dicit ergo primo quod dicendum est de phantasia
lactis, idest de apparitione lactei circuli, et de cometis, et de aliis
omnibus huiusmodi quae sunt his syngenea, idest congenerabilia; ita
tamen quod resumamus positiones a nobis positas in prioribus libris, et
determinationes in eis prius determinatas, ut eis utamur ad propositum
manifestandum, cum opus fuerit. |
15. Apr่s avoir montr้ quels sont les principes actifs et quels sont les principes mat้riels des accidents dont il a lintention de traiter, il commence maintenant เ d้terminer เ leur sujet. Et ce d้veloppement se divise en deux parties : dans la premi่re, il d้termine au sujet des transformations particuli่res des ้l้ments par lesquelles ils se transforment deux-m๊mes ; dans la seconde, il traite de leurs transformations selon quils interviennent dans la composition dun corps mixte, dans le quatri่me livre, lเ : puisque, au nombre de quatre, etc. La premi่re partie se divise en deux : dans la premi่re, en effet, il d้termine au sujet des transformations ou des accidents des ้l้ments qui se produisent en haut ; dans la seconde, de ceux qui ont lieu tout en bas, et cela dans le second livre, lเ : sur la mer, etc. La premi่re partie se divise en trois : dans la premi่re, il dit sur quoi porte son intention ; dans la seconde, il donne certaines raisons qui sont n้cessaires pour d้terminer les cons้quences, lเ : cest pourquoi nous disons que le feu, lair, etc., dans la troisi่me partie, il commence เ d้terminer au sujet de la principale proposition, lเ : apr่s avoir d้termin้ เ ce sujet, etc. Il dit donc premi่rement quil faut parler de la phantasia de la lact้e, cest-เ-dire de lapparence de la Voie lact้e, des com่tes et de tous les autres ph้nom่nes de ce genre qui leur sont syngenea, cest-เ-dire susceptibles d๊tre engendr้s en m๊me temps queux ; et cest ainsi que nous reprendrons les th่ses ้tablies par nous dans les livres pr้c้dents, et les d้terminations effectu้es pr้c้demment, afin de les utiliser dans la d้monstration de cette proposition, quand le besoin sen fera sentir. |
[80078] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 2 Deinde cum dicit: dicimus itaque ignem et aerem etc.,
praemittit quaedam quae sunt necessaria ad subsequentia. Et circa hoc duo facit:
primo praemittit aliquid quod pertinet ad transmutationem elementorum
adinvicem; secundo dicit de ordinatione eorum in mundo, et specialiter de
aere, ibi: primum quidem igitur
dubitabit et cetera. Dicit ergo primo quod ignis et aer et aqua
et terra fiunt ex invicem, quamvis Empedocles contrarium senserit: et hoc
resumit ut probatum in II de Generat.
Et huius rationem assignat, quia unumquodque elementorum est in alio in
potentia; et quae sic se habent, adinvicem generari possunt. Ulterius huius
rationem assignat, quia communicant in una materia prima, quae eis
subiicitur, et in quam sicut in ultimum resolvuntur: omnia enim quorum
materia est una communis, sic se habent quod unum eorum est potentia in alio;
sicut cultellus est potentia in clavi, et clavis in cultello, quia utriusque
materia communis est ferrum. |
16. Ensuite, quand il dit : cest pourquoi nous disons que le feu, lair, etc., il avance certaines propos n้cessaires เ ce qui suit. Et concernant cela, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il avance quelque chose qui concerne la transformation des ้l้ments les uns เ partir des autres ; deuxi่mement, il traite de leur ordre dans le monde, et sp้cialement de lair, lเ : on se demandera donc premi่rement, etc. Il dit donc premi่rement que le feu, lair, leau et la terre sont form้s les uns เ partir des autres, bien quEmp้docle pensโt le contraire ; et il reprend cela tel quil lavait prouv้ dans le livre II de la G้n้ration. Et il en donne la raison suivante : chacun des ้l้ments est dans lautre en puissance ; et les choses qui sont ainsi peuvent ๊tre engendr้es les unes par les autres. Il en donne une derni่re raison : elles partagent une mati่re premi่re unique, qui est plac้e sous elles, et dans laquelle elles se r้solvent เ la fin, pour ainsi dire : car toutes les choses dont la mati่re est unique et commune sont telles que lune est en puissance dans lautre, tout comme le couteau est en puissance dans la cl้, et la cl้ dans le couteau, puisque la mati่re commune aux deux objets est le fer. |
[80079]
Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 3 Deinde cum dicit: primum
quidem igitur dubitabit etc., inquirit de ordine elementorum, et
praecipue aeris. Et circa hoc tria facit. Primo movet
quaestionem: et dicit quod primo dubitatur circa corpus quod vocatur aer,
quam naturam habeat in mundo qui ambit terram, utrum scilicet totum sit aer;
et si non, quomodo ordinetur ad alia elementa. Secundo ibi: moles quidem enim etc., proponit quaedam circa ordinem
elementorum manifesta. Quorum primum est de terra: scilicet quod non est
immanifestum quanta sit moles terrae, per comparationem ad magnitudines
ambientes, scilicet caelestium corporum et aliorum elementorum. Iam enim
apparuit per considerationes astrologicas, quod terra est multo minor
quibusdam astris, et quod in comparatione ad ultimam sphaeram obtinet vicem
puncti. Secundum proponit de aqua, ibi: aquae autem naturam et cetera. Et
dicit quod non videmus aquam per se constantem, et separatam a corpore locato
circa terram, scilicet a mari et fluminibus, quae sunt manifesta nobis, et a
congregationibus aquarum, si quae sunt in profundo terrae immanifestae nobis,
ut quidam posuerunt. Nec etiam contingit aquam sic congregatam esse: eo quod
humidum aqueum non terminatur nisi termino alieno. |
17. Ensuite, quand il dit : on se demandera donc premi่rement, etc., il sinterroge sur lordre des ้l้ments et principalement sur la place de lair. Et, sur ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il soul่ve la question, et il dit que lon peut premi่rement se demander, เ propos du corps appel้ air, quelle nature il poss่de dans le monde qui entoure la terre, เ savoir si tout est de lair ; et si ce nest pas le cas, quelle est sa place par rapport aux autres ้l้ments. Deuxi่mement, lเ : en effet, la masse, etc., il avance certaines ้vidences sur lordre des ้l้ments. La premi่re dentre elles concerne la Terre, เ savoir que la masse de la Terre en comparaison des grandeurs qui lentourent, cest-เ-dire des corps c้lestes et des autres ้l้ments, nest pas inconnue. En effet, il a d้jเ ้t้ montr้ par des consid้rations astronomiques que la Terre est beaucoup plus petite que certains astres et quelle obtient le rang de point en comparaison de la derni่re sph่re. Deuxi่mement, il fait un expos้ เ propos de leau, lเ : et nous ne voyons pas que la nature de leau, etc. Et il dit que nous ne voyons pas deau existant par elle-m๊me et s้par้e du lieu plac้ autour de la Terre, เ savoir de la mer et des fleuves, qui nous sont visibles, et de laccumulation des eaux, celles qui nous sont cach้es dans les profondeurs de la Terre, comme certains lont ้tabli. Et il nest pas non plus possible que leau se soit ainsi accumul้e, ้tant donn้ que lhumidit้ de leau nest d้limit้e que par une autre limite. |
[80080] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 4 Iterum ibi: intermedium autem terrae etc., hic
prosequitur quaestionem suam iam motam, qua quaerit quid est inter praedicta
medium. Et circa hoc duo facit.
Primo enim ostendit quod non totum spatium quod est a supremis stellis usque
ad terram, est plenum uno aliquo corpore, scilicet igne vel aere, aut
utroque; sed supra hoc est aliquod corpus praeter ista. Secundo ostendit
quomodo ad illud supremum corpus ordinentur alia corpora secundum positionem,
ibi: reliquum est autem et cetera. Circa primum sic procedit.
Primo dicit quod dubium est
utrum inter terram et inter astra ultima, quae dicuntur non errantia sed
fixa, sit putandum esse unum corpus, secundum proprietatem naturae, vel
plura: et si plura, quot sunt, et ubi terminentur secundum locum. |
18. De nouveau, lเ : entre la Terre, etc., il poursuit la question quil avait d้jเ soulev้e, o๙ il demande quel corps se trouve au centre parmi ceux quil a mentionn้s. Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. En effet, il montre premi่rement que lespace qui va des ้toiles les plus lointaines jusquเ la Terre nest pas tout entier rempli dun seul corps, เ savoir du feu ou de lair, ou bien des deux ; mais quau-dessus de lui se trouve un autre corps en dehors de ceux-lเ. Deuxi่mement, il montre dans quel ordre sont les autres corps par rapport เ ce corps supr๊me, selon leur position, lเ : le reste est, etc. Concernant le premier point, voici comment il proc่de. Il dit, premi่rement, quon peut se demander sil faut penser quentre la Terre et les derniers astres, qui ne sont pas dits errants mais fixes, il ny a quun corps, selon la propri้t้ de la nature, ou plusieurs ; et sils sont plusieurs, combien ils sont, et o๙ ils sont d้limit้s dans lespace. |
[80081] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 5 Secundo ibi: nobis
quidem igitur etc., resumit quoddam in libro de caelo determinatum: quod
est, quale est, secundum virtutem, primum elementum, scilicet caeleste
corpus; et quod totus ille mundus qui est circa superiores lationes,
idest qui movetur motu circulari, est plenus illo corpore; omnia enim corpora
caelestia ad naturam illius primi elementi pertinent. Et quia philosophi
ponebant contrarium, ideo, ne sua opinio nova videretur, subiungit quod hanc
opinionem non solum ipse habuit, sed fuit etiam antiqua opinio priorum
hominum. Illud enim corpus quod dicitur aether, quod nos caelum
dicimus, antiquam habet appellationem. Sed Anaxagoras
videtur putasse quod significaret idem quod ignis: accepit enim quod aether
dicitur non propter semper currere, idest continue moveri, sed ab
aethein, quod est ardere; quia superiora corpora credidit esse plena igne. Et
quamvis in hoc male diceret, ut ibi probatum est, tamen hoc recte putavit,
quod nomen aetheris conveniret alicui potentiae corporali quae est praeter
ista corpora. Omnes enim antiqui visi sunt opinari, et determinaverunt illud
corpus nominari aethera, quod semper currit, idest movetur, et quod
est quoddam divinum, idest perpetuum, secundum suam naturam; tanquam
illud corpus nulli corporum quae sunt apud nos, sit idem. Nec est mirum si
hanc opinionem, quam nos de novo videbamur assumpsisse, etiam antiqui
habuerunt: quia nos dicimus quod eaedem opiniones sunt reiteratae in
hominibus, postquam desierunt propter negligentiam studii, non tantum bis vel
ter, sed infinities. Hoc autem dicit
secundum suam opinionem, qua putavit mundum et generationem hominum fuisse ab
aeterno, ut apparet in prioribus libris: hoc enim supposito, manifestum fit
quasdam opiniones et artes a quibusdam certis temporibus incoepisse; et
oportet dicere quod multoties, vel magis infinities, sunt destructae, propter
bella vel alias corruptiones, et iterum reinventae. |
19. Deuxi่mement, lเ : nous avons donc, etc., il reprend quelque chose qui avait ้t้ d้termin้ dans le trait้ Du ciel : quel est le premier ้l้ment, เ savoir le corps c้leste, quelle est sa propri้t้, selon sa puissance ; et que le monde qui est autour des translations sup้rieures, cest-เ-dire qui se meut dun mouvement circulaire, est enti่rement plein de ce corps ; car tous les corps c้lestes participent de la nature de ce premier ้l้ment. Et puisque des philosophes ้tablissaient le contraire, pour cette raison, afin que son opinion ne paraisse pas nouvelle, il ajoute quil nest pas le seul เ avoir cette id้e, mais que c้tait aussi une opinion ancienne des hommes davant. En effet, le corps appel้ ้ther, que nous, nous nommons ciel, a une appellation ancienne. Mais Anaxagore semble avoir pens้ quil signifiait la m๊me chose que le feu : car il pensait que l้ther tirait son nom non pas de toujours courir, cest-เ-dire de se mouvoir contin๛ment, mais dซ aethein ป, qui signifie ซ br๛ler ป, puisquil croyait que les corps sup้rieurs ้taient pleins de feu. Et bien quil se f๛t tromp้ en cela, comme on la prouv้ lเ, il a pourtant eu raison de penser que le nom ซ ้ther ป conviendrait เ quelque puissance dot้e dun corps qui se trouve en dehors de ces corps-ci. En effet, tous les auteurs anciens semblaient penser, et d้terminaient que ce corps est nomm้ ้ther parce quil court, cest-เ-dire se meut, toujours, et quil est de quelque mani่re divin, cest-เ-dire ้ternel, selon sa nature, comme si ce corps ne ressemblait เ aucun de ceux qui sont pr่s de nous. Et il nest pas ้tonnant que les auteurs anciens eux aussi aient eu lopinion que nous avions lair dadopter de nouveau, puisque nous disons que les m๊mes opinions reviennent chez les hommes, apr่s quils les ont abandonn้es pour en avoir n้glig้ l้tude, non seulement deux fois ou trois, mais un nombre infini de fois. Il dit cela en suivant son opinion, selon laquelle il pensait que le monde et la g้n้ration des hommes ont exist้ de toute ้ternit้, comme il appara๎t dans les livres pr้c้dents : en effet, en partant de cette hypoth่se, il devient ้vident que certaines opinions et certains arts ont commenc้ เ partir de certaines ้poques d้finies ; et il faut dire que cest tr่s souvent, ou plut๔t un nombre infini de fois, quelles ont ้t้ ruin้es, en raison de guerres ou dautres causes de destruction, et de nouveau r้invent้es. |
[80082] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 6 Tertio ibi: quicumque autem ignem etc., ostendit
quod non est unum horum corporum inferiorum, corpus quod circulariter
movetur. Et circa hoc tria facit:
primo ostendit hoc quantum ad ignem; secundo quantum ad aerem, ibi: at vero neque aere etc.; tertio
quantum ad utrumque, ibi: et etiam si
duobus et cetera. Circa primum sciendum est
quod aliqui putaverunt solum corpora caelestia delata, idest solem, lunam et
stellas, esse naturae igneae; quod vero est inter eas, est naturae aereae:
quidam vero posuerunt totum esse naturae igneae, sicut Anaxagoras dixit. Dicit ergo quod quicumque posuerunt non
solum corpora delata ignem purum, sed totum ambiens, scilicet omnes sphaeras;
et id quod est intermedium terrae et astrorum est aer, scilicet a terra usque
ad orbem lunae, et quod est desuper, totum est ignis; qui, inquam, sic
dicunt, si considerarent ea quae nunc sunt sufficienter ostensa per
mathematicam de magnitudinibus corporum, forte desisterent ab hac puerili
opinione. Valde enim simplicis hominis est et ineruditi putare stellas esse
parvas magnitudinibus, quia videntur parvae nobis tam a remotis
aspicientibus. Dictum est autem de
his in superioribus theorematibus, scilicet in II de caelo: sed etiam nunc
eadem ratione dicemus ad destructionem praedictae positionis. Cum enim
corpora astrorum et sphaerarum quasi improportionaliter excedant quantitatem
terrae et eorum quae sunt circa terram, si non solum corpora stellarum
constarent ex igne, sed etiam distantiae quae sunt inter eas essent plenae
igne, iam olim annihilatum esset unumquodque aliorum elementorum, propter
excessum ignis super ea. |
20. Troisi่mement lเ : mais tous ceux qui, etc., il montre que lun de ces corps inf้rieurs nest pas un corps qui se meut circulairement. Et sur ce point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il le montre เ propos du feu ; deuxi่mement, เ propos de lair, lเ : mais ils ne sont, etc. ; troisi่mement, เ propos des deux, lเ : m๊me si, etc. Concernant le premier point, il faut savoir que quelques-uns pensaient que seuls les corps c้lestes transport้s, cest-เ-dire le Soleil, la Lune et les ้toiles, sont dune nature ign้e ; et ce qui est entre eux est de la nature de lair : or certains ้tablissaient que tout est dune nature ign้e, comme Anaxagore. Il dit donc que tous ceux qui ้tablissaient que non seulement les corps transport้s sont du feu pur, mais aussi tout ce qui les entoure, เ savoir toutes les sph่res, quentre la Terre et les astres il se trouve de lair, เ savoir de la Terre เ la sph่re de la Lune, et que tout ce qui est au-dessus est du feu, ceux qui, dis-je, parlent ainsi, sils consid้raient ce qui a d้sormais ้t้ suffisamment d้montr้ par les math้matiques เ propos des dimensions des corps, abandonneraient peut-๊tre cette opinion pu้rile. En effet, cest ๊tre tout เ fait na๏f et ignare que penser que les ้toiles sont de petite taille, sous pr้texte quelles nous semblent petites เ nous qui les regardons de loin. Il en a ้t้ question dans les r้flexions pr้c้dentes, เ savoir dans le livre II Du ciel : mais maintenant avan็ons de nouveau le m๊me raisonnement pour ruiner lopinion d้jเ mentionn้e. En effet, comme les corps des astres et des sph่res d้passent incommensurablement la taille de la Terre et des corps qui se trouvent autour delle, si non seulement les corps des ้toiles ้taient constitu้s de feu, mais aussi les intervalles qui sont entre eux, chacun des autres ้l้ments aurait d้jเ ้t้ annihil้ depuis longtemps, en raison de la quantit้ excessive de feu situ้ au-dessus deux. |
[80083] Super Meteora, lib.
1 cap. 3 n. 7 Deinde cum
dicit: at vero neque aere etc.,
ostendit idem quantum ad aerem, dicens quod non est possibile quod istae
distantiae sint plenae aere. Manifestum est enim quod adhuc quantitas aeris
multum excederet aequalitatem analogiae, idest proportionis, quae
debet esse communis inter elementa, ad hoc quod elementa conserventur. |
21. Ensuite, quand il
dit : mais ils ne sont, etc.,
il montre la m๊me chose เ propos de lair, affirmant quil nest pas possible
que ces intervalles soient remplis dair. Car il est ้vident que la quantit้
dair exc่derait encore de beaucoup l้galit้ de lanalogie, cest-เ-dire de la proportion, qui doit ๊tre commune
entre les ้l้ments pour quils soient pr้serv้s. |
[80084] Super Meteora,
lib. 1 cap. 3 n. 8 Deinde cum
dicit: et etiam si duobus etc.,
ostendit idem quantum ad utrumque. Et circa hoc duo facit: primo ponit
rationem; secundo excludit quandam cavillationem, ibi: differt autem nihil et cetera. Dicit ergo primo quod proportio
debita elementorum non servatur, si totus locus qui est medius inter terram
et supremum caelum, est plenus duobus elementis, scilicet igne et
aere. Quia moles terrae, in qua continetur etiam omnis aquae multitudo, quasi
nulla pars est, habens proportionem ad totam magnitudinem ambientium
corporum, cum ad solam ultimam sphaeram obtineat vicem puncti, secundum
astronomos. Videmus autem quod, cum ex aqua per disgregationem sive
rarefactionem fit aer, aut ex aere ignis, non est tam immensus excessus
quantitatis. Oportet autem ad hoc quod conservetur debita proportio in
elementis, quod eandem rationem, idest proportionem, habeat haec parva
aqua ad aerem factum ex ipsa, et tota aqua ad totum aerem; ut videlicet
quantum excedit quantitas aeris quantitatem aquae ex qua fit, tantum excedat
in mundo quantitas totius aeris quantitatem totius aquae. |
22. Ensuite, quand il dit : m๊me si le lieu, il montre la m๊me chose concernant les deux ้l้ments. Et sur ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il expose la raison ; deuxi่mement, il rejette un sophisme, lเ : cela ne fait aucune diff้rence, etc. Il dit donc premi่rement que la proportion n้cessaire aux ้l้ments nest pas pr้serv้e, si le lieu qui se trouve au centre entre la Terre et le dernier ciel est enti่rement rempli par deux ้l้ments, เ savoir le feu et lair. En effet, la masse de la Terre, qui contient aussi toute la quantit้ deau, est pour ainsi dire une partie nulle, par rapport เ toute la grandeur des corps qui lentourent, comme elle occupe la place dun point par rapport เ la seule sph่re ultime, selon les astronomes. Or nous voyons que, comme lair est cr้้ เ partir de leau, soit par d้sagr้gation, soit par rar้faction, ou bien que le feu est cr้้ เ partir de lair, il ny a pas un exc่s en quantit้ aussi immense. Pour que la proportion n้cessaire dans les ้l้ments soit pr้serv้e, il faut que cette petite quantit้ deau ait la m๊me raison, cest-เ-dire proportion, avec lair cr้้ เ partir delle, que leau tout enti่re avec lair tout entier ; autrement dit, la quantit้ de lair tout entier d้passe celle de toute leau dans le monde dautant que la quantit้ dair d้passe celle de leau เ partir de laquelle il est cr้้. |
[80085]
Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 9 Deinde cum dicit: differt
autem nihil etc., excludit quandam cavillationem: dicens quod nihil
differt ad propositum si quis dicat, secundum opinionem Empedoclis, quod
elementa non generantur ex invicem. Oportet enim, secundum eius opinionem,
elementa esse aequalia proportione virtutis. Unde sic oportet quod
conservetur aequalitas proportione virtutis in magnitudinibus elementorum, si
non generantur ex invicem, sicut si generarentur. Deinde recolligit quod dictum est,
concludens ex dictis manifestum esse quod neque aer tantum replet medium
locum qui est inter terram et supremas stellas, neque ignis: sed praeter haec
duo elementa, oportet super ipsa esse corpus caeleste, quod nullum inferiorum
est elementorum. |
23. Ensuite quand il dit : cela ne fait aucune diff้rence, etc., il rejette un sophisme, affirmant que cela ne fait aucune diff้rence pour la proposition si quelquun dit, selon lopinion dEmp้docle, que les ้l้ments ne sont pas engendr้s les uns par les autres. Car il faut, selon cette opinion, que les ้l้ments soient ้gaux en puissance selon la proportion. De ce fait, il faut que l้galit้ en puissance selon la proportion soit pr้serv้e dans les grandeurs des ้l้ments, sils ne sont pas engendr้s les uns par les autres, comme sils l้taient. Ensuite, il rassemble ce qui a ้t้ dit, concluant quil est ้vident, dapr่s les propos tenus, que ce ne sont ni lair, ni le feu qui remplissent le si vaste lieu interm้diaire qui se trouve entre la Terre et les ้toiles les plus lointaines : mais en dehors de ces deux ้l้ments, il faut quil y ait au-dessus deux un corps c้leste, qui ne soit aucun des ้l้ments inf้rieurs. |
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Caput 4 |
Chapitre 4 [Rapport du feu et de lair au premier corps] |
[80086] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 1 Postquam philosophus
ostendit ignem et aerem non esse corpus caeleste, quod vocatur primum
elementum sive primum corpus, nunc intendit ostendere quomodo ignis et aer se
habeant ad illud primum corpus. Et circa hoc duo facit:
primo movet hanc quaestionem, et duas alias necessarias ad propositum;
secundo solvit eas, ibi: nos autem
dicamus et cetera. Prima dividitur in tres, secundum tres
quaestiones quas movet: secunda incipit ibi: et propter quam causam etc.; tertia ibi: de aere igitur et cetera. Dicit ergo primo quod post praedicta
relinquitur perscrutari de ordine aeris et ignis ad primum corpus, scilicet
caeleste, ex quo ostensum est ipsum esse aliud praeter ista. |
24. Apr่s que le philosophe a montr้ que le feu et lair ne sont pas le corps c้leste qui est appel้ premier ้l้ment ou premier corps, il a maintenant lintention de montrer comment le feu et lair se trouvent par rapport เ ce premier corps. Et sur ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il pose cette question, ainsi que deux autres n้cessaires เ sa proposition ; deuxi่mement, il les r้sout, lเ : parlons, etc. Il divise la premi่re en trois parties, suivant les trois questions quil pose : la seconde commence lเ : et pour quelle raison, etc. ; la troisi่me, lเ : parlons donc de lair, etc. Il dit donc premi่rement quapr่s les propos tenus il reste เ examiner attentivement la place de lair et du feu par rapport au premier corps, เ savoir c้leste, ้tant donn้ quil a ้t้ montr้ quil est diff้rent deux. |
[80087] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 2 Deinde cum dicit: et propter quam causam etc., movet
secundam quaestionem: scilicet, propter quam causam a superioribus stellis causetur
caliditas in his locis quae sunt circa terram. Et haec etiam quaestio habet ortum ex praemissis.
Videtur enim secundum naturam esse quod simile generet sibi simile: si igitur
corpus caeleste non est calidum, quia non est ignis neque aer, ut supra habitum
est, remanet in dubio quomodo a corpore caelesti possit causari calor in
istis inferioribus. |
25. Ensuite, quand il dit : et pour quelle raison, etc., il pose la seconde question, เ savoir pour quelle raison les ้toiles sup้rieures causent de la chaleur dans les lieux qui sont autour de la Terre. Et cette question tire son origine de ce qui pr้c่de. En effet, il semble conforme เ la nature que le semblable engendre ce qui lui est semblable ; donc si un corps c้leste nest pas chaud, puisquil nest ni feu, ni air, comme on la dit ci-dessus, on se demande encore comment la chaleur peut ๊tre caus้e par un corps c้leste chez ces corps inf้rieurs-ci. |
[80088] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 3 Deinde cum dicit: de aere igitur etc., movet tertiam dubitationem, quae etiam ex
praemissis ortum habet. Dixerat enim prius quod oportebat considerare quomodo
sit accipienda natura aeris in universo: et hoc ideo, quia multa eorum de
quibus determinaturus est, generationem habent in aere. Dicit ergo quod,
sicut supra supposuimus, oportet primo aliquid dicere de aere: et sic erit
dicendum de aliis duobus quaestionibus motis. Unde statim incipit movere
dubitationem ad naturam aeris pertinentem. Ostensum est enim in libro de Generat. quod
aqua fit ex aere, et e converso. Cum autem ex condensationibus nubium
generatur pluvia, hoc est aerem converti in aquam. Quaerit ergo, si aqua fit
ex aere et aer ex aqua, quare in superiori parte aeris non inspissentur nubes
ad generationem aquae. Et inducit rationem ad ostendendum quod hoc
fieri deberet. Manifestum est enim quod condensatio nubium fit ex
frigiditate: nam sicut calidi est rarefacere, ita frigidi inspissare. Locus
autem aeris qui est remotior a terra, videtur esse frigidior: quia videntur
ibi cessare duae causae calefactionis. Quarum una est propinquitas ad astra,
ex quibus causatur calor: et hoc tangit cum dicit quod neque ille locus
aeris, superior scilicet, est sic prope astra existentia calida,
scilicet secundum effectum, ut caliditas astrorum possit impedire inspissationem
nubium. Alia causa calefactionis est reverberatio radiorum solis a terra: et
hoc tangit cum dicit: neque iterum ille locus superioris aeris est prope
radios refractos, idest reverberatos, a terra, qui prohibent
congregari nubes prope terram, per hoc quod sua caliditate disgregant
consistentias vaporum. Et quod haec secunda causa non impediat congregationem,
manifestat per signum. Manifestum est enim quod congregationes nubium fiunt
ibi, ubi radii repercussi a terra iam desinunt habere virtutem calefaciendi,
propter hoc quod in immensum sparguntur, et sic multum distant a radiis
cadentibus; unde non multiplicatur causa caloris. Ad huius autem intelligentiam, sciendum est
quod radii procedentes a sole ad terram sunt causa caliditatis. Cum autem
radius in terram cadens repercutitur, fit iterum alius radius a terra quasi
resursum tendens. Quanto ergo hi duo radii fuerint magis sibi invicem
propinqui, tanto plus de calore causatur: quia virtus utriusque radii,
scilicet cadentis et reflexi, pertingit ad eandem partem aeris. Et inde est
quod ubi radius solis cadens super terram facit angulum rectum, ibi est
maximus calor, quia reflexio fit in eandem partem: quanto vero radius cadens
in aliquo loco fecerit angulum maiorem recto, tanto est minus de calore; quia,
cum repercussio fiat secundum pares angulos, radius repercussus, propter
amplitudinem anguli, multum distat a radio primo cadente. Manifestum est
autem quod quanto duae lineae continentes angulum magis procedunt, tanto
magis distant abinvicem. Unde quanto magis receditur a terra, ubi fit
reverberatio, tanto praedicti duo radii magis distant abinvicem, et est minor
calor. Et ideo propter immensam separationem praedictorum radiorum abinvicem
in loco superiori, desinit calor, et condensantur ibi nubes propter frigus.
Et hoc est quod dicit: nubium congregationes fiunt ubi desinunt iam radii
propter spargi in immensum. Sic igitur utraque causa quae posset
impedire congregationem nubium in superiori parte aeris, cessat, ut dictum
est. Et cum ibi non condensentur nubes, oportet dicere quod aqua non sit nata
fieri ex omni aere: aut si similiter se habet omnis aer ad hoc quod generetur
ex eo aqua, oportet quod iste aer qui est circa terram, non solum sit aer,
sed sicut vapor, et ex hac causa congregetur ad generationem aquae; superior
autem, qui est purus aer, non posset condensari in aquam. Sed hoc non potest
esse: quia si totus iste aer qui est circa terram, cum sit tam magnus, vapor
est, videtur sequi quod natura aeris et aquae multum excedat alia elementa. Quia
superiores distantiae, quae scilicet sunt inter stellas, sunt plenae aliquo
corpore, cum nihil sit vacuum, ut in IV Physic. probatum est: impossibile est
autem quod sint plenae igne, quia sic omnia alia exsiccarentur, ut supra
probatum est: relinquitur ergo quod sint plenae aere, et illud quod est circa
terram sit plenum aqua. Sed hic aer est vapor: quia vapor est quaedam disgregatio
aquae, idest aqua rarefacta. Et sic positis tribus quaestionibus, quasi
colligens subdit quod de praedictis dubitatum sit hoc modo. |
26. Ensuite, quand il dit : parlons donc de lair, etc., il soul่ve la troisi่me interrogation, qui tire elle aussi son origine des propos pr้c้dents. Car il avait pr้c้demment affirm้ quil fallait consid้rer comment la nature de lair dans lunivers doit ๊tre comprise : et cela parce quune grande partie des choses au sujet desquelles il va d้terminer trouve sa g้n้ration dans lair. Il dit donc que, comme nous lavons suppos้ ci-dessus, il faut premi่rement parler de lair : et ainsi nous devrons parler des deux autres questions soulev้es. De ce fait, il commence aussit๔t เ soulever une interrogation concernant la nature de lair. En effet, il a ้t้ d้montr้ dans le livre sur la G้n้ration que leau se forme เ partir de lair et inversement. Or, comme la pluie est engendr้e par la condensation des nuages, cela revient เ ce que de lair soit transform้ en eau. Il demande donc pour quelle raison, si de leau se forme เ partir de lair et de lair เ partir de leau, dans la partie sup้rieure de lair les nuages ne se condensent pas pour engendrer de leau. Et il avance une raison pour montrer que cela devrait se produire. En effet, il est ้vident que la condensation des nuages est caus้e par le froid : car de m๊me que la chaleur a pour caract้ristique de rar้fier, de m๊me celle du froid est de condenser. Or lair qui est situ้ เ un endroit plus ้loign้ de la Terre semble ๊tre plus froid, puisque les deux causes de r้chauffement semblent cesser lเ. La premi่re des deux est la proximit้ avec les astres, sources de chaleur ; et il aborde ce sujet quand il dit que le lieu o๙ se situe lair, เ savoir sup้rieur, nest pas pr่s des astres, qui sont chauds, cest-เ-dire suivant leur effet, au point que leur chaleur puisse emp๊cher l้paississement des nuages. Lautre cause de r้chauffement est la r้flexion des rayons du Soleil par la Terre ; et il aborde ce sujet quand il dit : de nouveau, le lieu o๙ se situe la partie sup้rieure de lair ne se trouve pas pr่s des rayons r้fract้s, cest-เ-dire r้fl้chis, par la Terre, lesquels emp๊chent les nuages de sassembler pr่s de la Terre, du fait quils d้sagr่gent les vapeurs en formation sous leffet de leur chaleur. Et il montre par une preuve que cette seconde cause nemp๊che pas lassemblement. En effet, il est ้vident que les assemblements des nuages se produisent lเ o๙ les rayons renvoy้s par la Terre cessent d้sormais davoir le pouvoir de r้chauffer, ้tant donn้ quils se dispersent dans limmensit้ et quils sont ainsi tr่s ้loign้s des rayons qui tombent ; de ce fait, la cause de chaleur ne se multiplie pas. Pour comprendre cela, il faut savoir que les rayons venant du Soleil vers la Terre sont la cause de la chaleur. Comme le rayon tombant sur la Terre est renvoy้, il se produit de nouveau un autre rayon qui part de la Terre pour se diriger derechef vers le haut, pour ainsi dire. Donc, plus ces deux rayons ont ้t้ proches lun de lautre, plus ils causent de chaleur, puisque la puissance des deux rayons, เ savoir celui qui tombe et celui qui est r้fl้chi, touche cette partie de lair. Et cest la raison pour laquelle lเ o๙ le rayon qui tombe du Soleil sur la Terre forme un angle se trouve la plus forte chaleur, puisque la r้flexion se produit au m๊me endroit : plus le rayon qui tombe dans un lieu a form้ un angle plus grand que le droit, moins il y a de chaleur, puisque, comme la r้flexion se fait avec des angles ้gaux, le rayon r้fl้chi, en raison de lamplitude de langle, est tr่s ้loign้ du premier rayon qui ้tait tomb้. Il est ้vident que plus deux lignes contenant un angle savancent, plus elles sont ้loign้es lune de lautre. De ce fait, plus on s้carte de la Terre, lเ o๙ la r้flexion a lieu, plus les deux rayons mentionn้s sont ้loign้s lun de lautre, et moindre est la chaleur. Et เ cause de cela, en raison de limmense distance entre les rayons mentionn้s dans le lieu sup้rieur, la chaleur cesse et les nuages sont condens้s lเ du fait du froid. Et cest ce quil dit : les nuages sassemblent lเ o๙ les rayons disparaissent parce quils se dispersent dans limmensit้. Ainsi donc, les deux causes qui pourraient emp๊cher lassemblement des nuages dans la partie sup้rieure de lair cessent, comme on la dit. Et comme les nuages ne se condensent pas เ cet endroit, il faut dire que leau nest pas de nature เ ๊tre form้e par nimporte quel air : ou bien si nimporte quel air est tel quil engendre de leau, il faut que lair qui entoure la Terre soit non seulement de lair, mais une sorte de vapeur et que, pour cette raison, il sassemble pour engendrer de leau ; or, la partie sup้rieure, qui est de lair pur, ne pourrait pas se condenser en eau. Mais cela ne peut ๊tre, puisque, si tout lair qui entoure la Terre est vapeur, comme il est si vaste, il semble sensuivre que la nature de lair et de leau exc่de de beaucoup les autres ้l้ments. En effet, les intervalles sup้rieurs, เ savoir ceux qui se trouvent entre les ้toiles, sont remplis de quelque corps, comme rien nest vide, ainsi que le livre IV de la Physique la montr้ : or il est impossible quils soient remplis de feu, ้tant donn้ que, dans ce cas, tout le reste serait dess้ch้, comme on la montr้ ci-dessus ; il en r้sulte donc quils sont remplis dair et que ce qui entoure la Terre est rempli deau. Mais cet air est vapeur, puisque la vapeur est la d้sagr้gation de leau, cest-เ-dire de leau rar้fi้e. Et ainsi apr่s avoir pos้ trois questions, en guise de conclusion il ajoute quil sest interrog้ de cette mani่re เ propos de ce dont il a ้t้ question. |
[80089] Super Meteora, lib.
1 cap. 4 n. 4 Deinde cum
dicit: nos autem dicamus etc.,
solvit propositas quaestiones: et primo eam quae est de ordinatione
elementorum; secundo eam quae est de generatione nubium, ibi: eius quidem igitur etc.; tertio eam
quae est de caliditate a stellis in inferioribus causata, ibi: de facta autem caliditate et cetera. Circa primum tria facit. Primo resumit quod
dictum est de natura primi corporis: dicens quod, ad intellectum et eorum
quae nunc quaesita sunt, et eorum quae postmodum sunt dicenda, oportet
determinando dicere quod supremum corpus usque ad lunam est alterum ab igne
et aere, sicut iam ostensum est; et quod in ipso supremo corpore est aliquid
purius, et aliquid minus purum vel sincerum: non quod ibi sit aliqua
compositio vel mixtio extraneae naturae; sed magis purum dicitur quod est
magis nobile, magis virtuosum, magis formale. Unde et habet differentias in
virtute et nobilitate: et maxime ista differentia manifesta est ex illa parte
qua desinit ad aerem et ad mundum inferiorem qui est circa terram; in luna enim
apparet defectus luminis, et quando est plena, apparent in ea quaedam
umbrositates. |
27. Ensuite, quand il dit : parlons, etc., il r้sout les questions pos้es : et premi่rement celle qui concerne lordre des ้l้ments ; deuxi่mement celle qui concerne la g้n้ration des nuages, lเ : donc, etc. ; troisi่mement celle qui concerne la chaleur caus้e par les ้toiles sur les corps inf้rieurs, lเ : de la chaleur engendr้e, etc. ภ propos du premier point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il reprend ce qui a ้t้ dit sur la nature du premier corps, affirmant que, pour comprendre เ la fois ce qui vient d๊tre recherch้ et ce qui doit ๊tre dit par la suite, il faut dire, en d้terminant, que le corps supr๊me jusquเ la Lune est autre que du feu et de lair, comme on la d้jเ d้montr้, et que dans le corps supr๊me m๊me se trouve quelque chose de plus pur et quelque chose de moins pur ou sans m้lange : non pas quil y ait lเ quelque composition ou m้lange dune nature ้trang่re, mais ซ plus pur ป signifie ซ plus noble, plus puissant, plus formel ป. De ce fait, il poss่de aussi des diff้rences en puissance et en noblesse ; et cette diff้rence est surtout manifeste dans la partie o๙ il c่de la place เ lair et au monde inf้rieur qui entoure la Terre ; en effet, dans la Lune appara๎t un d้faut de lumi่re, et quand elle est pleine, apparaissent certaines ombres. |
[80090] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 5 Secundo ibi: lato autem primo elemento etc.,
ostendit effectum quem habet corpus superius in inferiora. Et dicit quod primo elemento, idest
caelo, circulariter moto, et motis corporibus quae sunt in ipso, idest sole
et stellis, illa pars inferioris mundi quae est ei propinquior, quasi
disgregata seu rarefacta per motum superioris corporis, accenditur: et sic
fit caliditas. Et subiungit rationem, dicens quod hoc oportet intelligere
incipiendo. Tota enim natura corporalis quae est sub
corpore circulariter moto, est sicut quaedam materia existens in potentia ad
caliditatem, frigiditatem, siccitatem et humiditatem, et ad alias passiones et formas quae
consequuntur ad haec: et quia materia reducitur in actum a primo agente,
natura etiam corporalis fit talis actu per hoc quod participat de motu vel
non participat, sed immobilis permanet, a corpore caelesti, quod supra
diximus esse causam et principium unde est motus in istis inferioribus. Non
est autem intelligendum quod corpora inferiora recipiant huiusmodi passiones
a superioribus tanquam accidentaliter, et non secundum naturam, sicut aqua
cum calefit ab igne: sed ipsam naturam vel formam, secundum quam naturaliter
sunt calida vel frigida, a superiori corpore recipiunt multo principalius
quam a generante; nam primum generationis principium est corpus caeleste. |
28. Deuxi่mement, lเ : comme le premier ้l้ment, etc., il montre leffet qua le corps sup้rieur sur les inf้rieurs. Et il dit que, le premier ้l้ment, cest-เ-dire le ciel, s้tant m๛ circulairement, tout comme les corps qui sont en lui, cest-เ-dire le Soleil et les ้toiles, la partie du monde inf้rieur qui est plus proche de lui, comme d้sagr้g้e et rar้fi้e par le mouvement du corps sup้rieur, prend feu : et cest ainsi que se produit la chaleur. Et il ajoute une raison, disant quil faut le comprendre par le commencement. En effet, toute la nature corporelle qui se trouve au-dessous du corps se mouvant circulairement est une sorte de mati่re qui est en puissance chaleur, froid, s่cheresse et humidit้, et les autres propri้t้s et formes qui sensuivent : et puisque la mati่re est r้duite en acte par le premier agent, la nature corporelle elle aussi devient telle en acte du fait quelle participe ou non au mouvement, mais demeure immobile, en raison du corps c้leste, qui est la cause et le principe do๙ est issu le mouvement chez ces corps inf้rieurs, comme on la dit ci-dessus. Or il ne faut pas comprendre que les corps inf้rieurs re็oivent les propri้t้s de ce genre des corps sup้rieurs par accident et non naturellement, comme leau lorsquelle est chauff้e par le feu, mais ils re็oivent leur nature ou leur forme m๊me, selon laquelle ils sont naturellement chauds ou froids, du corps sup้rieur beaucoup plus que de celui qui les engendre ; car le premier principe de la g้n้ration est le corps c้leste. |
[80091]
Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 6 Tertio ibi: in medio quidem igitur etc., ostendit
ordinem elementorum. Si enim per participationem motus fit calor in istis
inferioribus, et per elongationem a motu caelesti e converso fit frigus,
necesse est quod illud quod est frigidissimum et gravissimum, idest aqua et
terra, sit magis remotum a motu caelesti, existens in medio quantum ad
terram, et circa medium quantum ad aquam. Vel dicit circa medium, eo
quod medium, cum sit indivisibile, non potest esse locus corporis: sed circa medium,
idest centrum mundi, est terra et aqua, centrum autem terrae est in centro
totius. Circa haec autem,
scilicet terram et aquam, et habita his, idest consequenter ordinata
post ipsa, est aer et id quod consueto nomine vocamus ignem, in quibus
abundat calor. Exponit autem quod dixerat, dicens quod quartum
elementum supra aerem ordinatum non proprie vocatur ignis. Ignis enim
significat excessum calidi, et est quasi quidam fervor et accensio quaedam;
sicut glacies non est elementum, sed est quidam excessus frigoris ad aquam
congelatam. Id autem ad quod sic se habet ignis sicut glacies ad aquam, non
est nominatum, et ideo nominamus ipsum nomine ignis: sicut si aqua non
haberet nomen, et nominaremus elementum aquae glaciem. Sed oportet intelligere quod de toto isto
corpore quod a nobis dicitur aer, una pars, quae est propinqua terrae, est
quasi calida et humida, propter id quod habet de vapore et exhalatione
terrae. Sic enim elementa sunt ordinata, secundum quod eorum naturae
competit: unde quia aer secundum naturam suam est calidus et humidus, sic est
dispositus ut vaporem terrae suscipiat, ad eius calorem et humiditatem
servandam. Sed illa pars corporis quod communiter vocatur aer, quae est
superior, est calida et sicca; et hanc partem vocamus elementum ignis. Et sic
aer nomen commune est duobus elementis. Et quia dixerat de vapore et exhalatione
terrae, ostendit differentiam inter ea. Et dicit quod natura vaporis est esse
humidum et calidum, natura autem exhalationis est esse calidum et siccum: et
sic vapor, propter humiditatem, est quasi in potentia ad aquam; exhalatio
autem, propter siccitatem, est quasi in potentia ut igniatur. |
28 bis. Troisi่mement, lเ : donc, au centre, etc., il montre lordre des ้l้ments. En effet, si la chaleur se forme chez les corps inf้rieurs par participation au mouvement et que le froid lest par ้loignement du mouvement c้leste, au contraire, il est n้cessaire que ce qui est le plus froid et le plus lourd, cest-เ-dire leau et la terre, soient plus ้loign้s du mouvement c้leste, se trouvant au centre, en ce qui concerne la terre, et autour du centre, en ce qui concerne leau. Ou bien il dit autour du centre, parce que le centre, comme il est indivisible, ne peut ๊tre le lieu dun corps : mais autour du centre, cest-เ-dire du centre du monde, se trouvent la terre et leau, mais le centre de la terre est au centre de tout. Autour delles, เ savoir la terre et leau, et de ce qui est tenu เ elles, cest-เ-dire ce qui est plac้ apr่s elles de fa็on contigu๋, se trouvent lair et ce que nous appelons ซ feu ป suivant lusage, o๙ la chaleur abonde. Il explique ce quil avait dit, เ savoir que le quatri่me ้l้ment plac้ au-dessus du feu ne sappelle pas ซ feu ป เ proprement parler. Car le feu d้signe un exc่s de chaleur et constitue, pour ainsi dire, une certaine ardeur et un certain allumage, de m๊me que la glace nest pas un ้l้ment, mais un certain exc่s de froid produisant de leau congel้e. Or ce qui est au feu ce que la glace est เ leau nest pas nomm้, et cest pourquoi nous lappelons du nom de ซ feu ป : cest comme si leau navait pas de nom et que nous appelions l้l้ment de leau glace. Mais il faut comprendre quau sein de ce corps tout entier que nous nommons ซ air ป, une partie, qui est proche de la terre, est comme chaude et humide, parce quelle tient de la vapeur et de lexhalaison de la terre. En effet, les ้l้ments sont ordonn้s, selon ce qui revient เ leur nature : de ce fait, puisque lair est chaud et humide selon sa nature, il est dispos้ เ accueillir la vapeur de la terre, pour pr้server sa chaleur et son humidit้. Mais la partie du corps qui est appel้ commun้ment ซ air ป, laquelle est sup้rieure, est chaude et s่che ; et cest cette partie que nous lappelons ้l้ment du feu. Et ainsi ซ air ป est un nom commun aux deux ้l้ments. Et puisquil avait parl้ de la vapeur et de lexhalaison de la terre, il montre la diff้rence qui se trouve entre elles. Et il dit que la nature de la vapeur est d๊tre humide et chaude mais que celle de lexhalaison est d๊tre chaude et s่che ; et ainsi la vapeur, en raison de lhumidit้, est comme de leau en puissance ; mais lexhalaison, en raison de sa s่cheresse, est comme du feu en puissance. |
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Caput 5 |
Chapitre 5 [La condensation des nuages] |
[80092]
Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 1 Soluta quaestione de ordinatione elementorum, solvit
quaestionem de inspissatione nubium. Et ponit duas solutiones. Quarum primam
concludit ex praedictis, dicens quod hanc existimandum est esse causam quare
in superiori parte aeris non congregantur nubes, quia pars eius superior,
quae communiter vocatur aer, non solum est aer, sed magis est quasi ignis, ut
dictum est. Sed quia etiam multo inferius infra illam partem adhuc non
generantur nubes, necesse fuit ut poneret aliam solutionem. |
29. Apr่s avoir r้solu la question de lordre des ้l้ments, il r้sout celle de la condensation des nuages. Et il donne deux solutions. Il tire la premi่re dentre elles des propos pr้c้dents, en disant quil faut estimer que la cause pour laquelle les nuages ne sassemblent pas dans la partie sup้rieure de lair est que cette partie sup้rieure, qui est appel้e commun้ment ซ air ป, est non seulement de lair, mais est aussi une sorte de feu, comme on la dit. Mais puisque les nuages ne sont pas non plus engendr้s m๊me beaucoup plus bas que cette partie, il ้tait n้cessaire de proposer une autre solution. |
[80093] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 2 Unde secundam solutionem
ponit ibi: nihil autem prohibet et
cetera. Et dicit quod nihil prohibet etiam propter motum aeris in circuitu,
prohiberi quod nubes non congregentur in superiori loco: quia necessarium est
quod totus aer qui est in circuitu terrae, fluat circulariter motus. Sed ab isto fluxu excipit
illum aerem qui capitur inter peripheriam, idest circumferentiam, definitam,
idest quae continetur infra partes terrae, ut sic tota terra inveniatur esse
sphaerica cum aere incluso inter partes terrae. Et sic ille aer qui excedit omnem altitudinem montium,
in circuitu fluit: aer autem qui continetur infra montium altitudinem,
impeditur ab hoc fluxu ex partibus terrae immobilibus. Et propter hoc
generatio ventorum videtur esse nunc in locis terrae stagnantibus,
idest in aere qui continetur infra partes terrae, ac si essent stagna aeris
quiescentis. Si enim aer in quo generantur venti,
moveretur circulariter, oporteret quod omnes venti cum eo circulariter
circumferrentur: nunc autem videmus ex diversis partibus ventos flare. Et
quia in aere fluenti non generantur venti, sed in quiescenti, propter hoc
venti non excedunt montes altos: dicitur enim ab antiquis quod, sacrificiis factis
in altissimis montibus, post annum inveniebatur cinis adhuc salvus, in eodem
loco manens. Et hoc quod venti non generantur ibi, est signum quod etiam
nubes ibi non condensantur in pluvias. Quare autem aer qui excedit montes
fluat, ostendit, subdens quod ideo fluit in circuitu, quia simul trahitur cum
circulatione caeli: ignis enim est continuus, idest contiguus, cum
corpore caelesti, aer autem cum igne. Quia ergo superior
aer fluit, per eius motum prohibetur congregari in aquam: quia motus
rarefacit et congregationem impedit. Sed si qua pars illius aeris aliquo modo
condensetur, aut aliquod spissum aliquo modo feratur per aliquam violentiam,
feretur deorsum, idest in locum aeris propinqui terrae: et si quid
calidum erat in ea, feretur sursum. Et alia pars illius aeris, quae non
gravatur, feretur sursum simul cum igne exhalato. Et sic, dum eorum quae
resolvuntur a terris et aquis aliquid manet in loco aeris, aliquid autem
fertur ad locum ignis, continue unus locus manet plenus aere, et alius plenus
igne: non tamen ita quod semper maneat idem aer et ignis numero incorruptus;
sed semper, corrupta una parte aeris vel ignis, vel per violentiam ad terram
expulsa, generatur alia, quae sursum a terra et aqua elevatur. Et ita, licet
semper maneat in loco aeris aer, et in loco ignis ignis, tamen semper
unumquodque ipsorum fit aliud et aliud per continuam generationem et
corruptionem; sicut in fluvio decurrenti patet, in quo semper manet aqua, non
tamen eadem numero, sed una defluente et alia succedente. |
30. De ce fait, il donne la solution suivante, lเ : rien ninterdit, etc. Et il dit que rien ninterdit aussi que le mouvement de lair en cercle emp๊che les nuages de sassembler dans le lieu sup้rieur : en effet, il est n้cessaire que lair qui se trouve dans le cercle de la Terre s้coule tout entier circulairement. Mais il exclut de ce flux lair qui est compris เ lint้rieur de la p้riph้rie, cest-เ-dire de la circonf้rence, d้finie, cest-เ-dire contenue dans les parties de la terre, de telle sorte que la totalit้ de la terre se trouve ๊tre sph้rique avec lair inclus entre ses parties. Et ainsi lair qui d้passe toute la hauteur des montagnes s้coule en cercle ; lair qui est contenu sous la hauteur des montagnes est ้cart้ de ce flux par les parties immobiles de la terre. Et cest pour cette raison que la g้n้ration des vents semble ๊tre maintenant dans les lieux stagnants de la terre, cest-เ-dire dans lair qui est contenu sous les parties de la terre, m๊me si ce sont des nappes dair immobile. En effet, si lair dans lequel les vents sont engendr้s se mouvait circulairement, il faudrait que tous les vents soient entra๎n้s avec lui circulairement ; or maintenant nous voyons que les vents soufflent de diff้rentes parties. Et puisque les vents ne sont pas engendr้s dans lair en flux, mais dans lair immobile, les vents ne d้passent pas les hautes montagnes ; car les Anciens disent que, lorsque des sacrifices avaient eu lieu sur les plus hautes montagnes, on trouvait un an plus tard des cendres encore intactes et demeur้es au m๊me endroit. Et le fait que les vents ne sont pas engendr้s เ cet endroit est la preuve que les nuages ne sy condensent pas non plus en pluie. Il montre pourquoi lair qui d้passe les montagnes s้coule, ajoutant quil s้coule en cercle parce quil est entra๎n้ avec le mouvement circulaire du ciel : car le feu est continu, cest-เ-dire contigu, avec le corps c้leste, et lair avec le feu. Donc, puisque lair sup้rieur s้coule, ce mouvement lemp๊che de sassembler en eau parce que le mouvement le rar้fie et emp๊che lassemblement. Mais si une partie de cet air se condensait de quelque mani่re, ou bien si quelque chose de dense ้tait emport้ de quelque mani่re par quelque violence, il le serait vers le bas, cest-เ-dire เ lendroit o๙ lair est proche de la terre : et si quelque chose de chaud sy trouvait, il serait emport้ vers le haut. Et une autre partie de cet air, qui nest pas alourdie, serait emport้e vers le haut en m๊me temps que le feu exhal้. Et ainsi, pendant que, parmi les choses qui sont d้sagr้g้es par les terres et les eaux, lune reste เ la place de lair, et quune autre est entra๎n้e เ la place du feu, un lieu demeure continuellement rempli dair, un autre rempli de feu, mais sans que lair reste toujours le m๊me et que le feu demeure intact en nombre ; mais toujours, apr่s quune partie de lair ou du feu a ้t้ corrompue ou bien expuls้e violemment vers la terre, une autre est engendr้e, et s้l่ve vers le haut au-dessus de la terre et de leau. Et ainsi, bien que lair demeure toujours เ la place de lair, et le feu เ la place du feu, chacun dentre eux devient toujours un autre et un autre par g้n้ration et corruption continues, comme on le voit dans le cours dun fleuve, dans lequel il reste toujours de leau, pourtant pas la m๊me en nombre, mais une partie s้coulant et une autre lui succ้dant. |
[80094] Super Meteora, lib.
1 cap. 5 n. 3 Deinde
recolligit ea quae dicta sunt, ibi: de
eo quidem igitur etc., et dicit: tanta sunt dicta a nobis de eo quod non
fiunt nubes, neque inspissatio vaporum in aquam, in superiori parte aeris; et
etiam de hoc, quomodo oporteat accipere de loco qui est inter suprema astra
et terram, quo scilicet corpore plenus est. |
31. Ensuite, il rassemble ce quil a dit, lเ : donc sur labsence, etc., et il dit : nous avons assez parl้ du fait que les nuages et la condensation de la vapeur en eau ne se font pas dans la partie sup้rieure de lair, et aussi de la fa็on dont il faut concevoir le lieu qui se trouve entre les derniers astres et la terre, cest-เ-dire de quel corps il est rempli. |
[80095]
Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 4 Deinde cum dicit: de
facta autem caliditate etc., solvit tertiam quaestionem. Et circa hoc duo facit. Primo dicit de quo
est intentio: dicens quod de caliditate quam sol facit in istis inferioribus,
magis conveniret dicere secundum se et diligenter, idest perfecte, in
his quae dicenda sunt in libris de sensu: quia calidum est quaedam sensuum
passio, est enim obiectum sensus tactus; sensus autem et sensibile habent
eandem scientiam, cum adinvicem dicantur quodammodo. Sed quia materia
praesens hoc requirit, dicendum est nunc propter quam causam, cum corpora
caelestia non sint calida in sui natura, fit ab eis caliditas in istis
inferioribus. |
32. Ensuite quand il dit : au sujet de la chaleur produite, etc., il r้sout la troisi่me question. Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il dit quelle est son intention, d้clarant quil serait pr้f้rable de parler de la chaleur que produit le Soleil dans ces corps inf้rieurs en soi et diligemment, cest-เ-dire parfaitement, dans les d้veloppements qui doivent ๊tre faits dans les livres sur la sensation, puisque le chaud est une certaine affection des sens, car cest lobjet de la sensation du toucher ; la sensation et le sensible concernent la m๊me science ้tant donn้ quils sont utilis้s lun pour lautre dune certaine mani่re. Mais puisque la mati่re pr้sente le requiert, il faut maintenant dire pour quelle raison, alors que les corps c้lestes ne sont pas chauds par nature, ils produisent de la chaleur dans ces corps inf้rieurs. |
[80096]
Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 5 Secundo ibi: videmus
itaque etc., solvit quaestionem. Et dividitur in duas partes: primo ponit
quaestionis solutionem; secundo probat verum esse quod in quaestione
supponebatur, ibi: signum autem
sufficiens et cetera. Prima dividitur in duas, secundum duas
causas quas assignat: secunda incipit ibi: et quia ambiens et cetera. Circa primum tria facit. Primo assignat
causam propter quam a corporibus caelestibus non calidis existentibus, calor
in istis inferioribus generatur. Et dicit quod sensibiliter videmus quod
motus, quia potest disgregare aerem et rarefacere, potest etiam eum ignire:
nam raritas et igneitas se consequuntur, sicut frigiditas et spissitudo; et
propter hoc ea quae feruntur, sicut sagittae, si habeant plumbum et ceram,
saepe videntur liquefieri, quasi motu ea calefaciente. Unde nihil
inconveniens est, si caelum suo motu calefacit ista inferiora. |
33. Deuxi่mement, lเ : de fait, nous voyons, etc., il r้sout le probl่me. Et elle se divise en deux parties : premi่rement, il donne la solution de la question ; deuxi่mement, il prouve quest vrai ce qui ้tait suppos้ dans la question, lเ : une preuve suffisante, etc. La premi่re se divise en deux, selon les deux causes quil avance ; la seconde commence lเ : et aussi parce que, etc. Concernant le premier point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il avance la cause pour laquelle la chaleur est engendr้e dans ces corps inf้rieurs par des corps c้lestes qui ne sont pas chauds. Et il dit que notre vue nous montre que le mouvement, puisquil peut d้sagr้ger lair et le rar้fier, peut aussi lenflammer : car la raret้ et linflammation sencha๎nent tout comme le froid et la condensation ; et cest pour cette raison que les choses qui sont entra๎n้es, comme des fl่ches, si elles comportent du plomb et de la cire, semblent souvent se liqu้fier, comme si le mouvement les r้chauffait. De ce fait, nul inconv้nient เ ce que le ciel r้chauffe ces corps inf้rieurs par son mouvement. |
[80097] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 6 Secundo ibi: eius quidem igitur etc., assignat
causam quare calor in istis inferioribus causatur magis ex motu solis, quam
ex motu alicuius alterius corporis superioris. Et dicit quod sol solus sufficiens est facere
aestuantem calorem in istis inferioribus: nam calor qui fit ex aliis
corporibus caelestibus, est quasi insensibilis respectu caloris qui fit a
sole. Huius autem ratio est, quia motus qui causat vehementem calorem, oportet
quod sit velox, et quod propinquus nobis. Motus autem astrorum tam fixorum
quam quinque errantium quae sunt supra solem, secundum opinionem Aristotelis,
scilicet Saturni, Iovis, Martis, Veneris et Mercurii, est quidem velox,
remotus tamen a nobis longe; motus autem lunae, licet sit propinquus, est
tamen tardus; motus autem solis habet utrumque sufficienter ad causandum
calorem in istis inferioribus, scilicet et velocitatem et propinquitatem. Quod autem hic dicitur de velocitate motus
solis, referendum est ad motum quo movetur secundum motum diurnum, non ad
proprios motus stellarum. Manifestum est enim quod motum diurnum omnia astra
eodem temporis spatio peragunt: quanto autem aliquod caelestium corporum est
propinquius centro, tanto minorem circumferentiam circuit, unde tardius
movetur. Secundum autem proprios motus, luna velocissime movetur. |
34. Deuxi่mement, lเ : donc le, etc., il avance la raison pour laquelle la chaleur est caus้e dans ces corps inf้rieurs plus par le mouvement du Soleil que par celui de quelque autre corps sup้rieur. Et il dit que le Soleil suffit เ lui seul เ produire une chaleur ardente chez ces corps inf้rieurs ; en effet, la chaleur qui est cr้้e par dautres corps c้lestes est quasiment imperceptible au regard de celle qui est cr้้e par le Soleil. La raison en est que le mouvement qui cause une forte chaleur doit ๊tre rapide et proche de nous. Or le mouvement des astres fixes aussi bien que celui des cinq qui errent au-dessus du Soleil, selon lopinion dAristote, เ savoir Saturne, Jupiter, Mars, V้nus et Mercure, est certes rapide, mais tr่s ้loign้ de nous ; le mouvement de la Lune, bien que proche, est pourtant lent ; celui du Soleil poss่de les deux caract้ristiques de fa็on suffisante pour causer la chaleur chez ces inf้rieurs, เ savoir la rapidit้ et la proximit้. Ce quil dit ici de la rapidit้ du mouvement du Soleil doit ๊tre rapport้ au mouvement qui se fait selon la translation diurne, non aux mouvements propres des ้toiles. Car il est ้vident que tous les astres parcourent le mouvement diurne pendant la m๊me dur้e : plus un des corps c้lestes est proche du centre, plus la circonf้rence quil parcourt est petite, si bien quil se meut plus lentement. Selon les mouvements propres, la Lune se meut tr่s rapidement. |
[80098]
Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 7 Tertio ibi: fieri
autem magis etc., assignat causam quare magis generatur calor ex motu
ipsius solaris corporis, quam ex motu sphaerae eius. Et dicit quod
rationabile est quod caliditas fiat magis cum ipso solari corpore. Et huius
simile possumus sumere ex his quae sunt apud nos: quia etiam hic, aer vicinus
rebus spissis quae feruntur per violentiam, maxime fit calidus. Et hoc
accidit etiam rationabiliter: quia maxime motus corporis solidi disgregat
aerem; unde cum ipsum corpus solare sit magis solidum quam ceterae partes
sphaerae ipsius, cum non sit diaphanum, magis ex motu eius generatur calor,
quam ex motu sphaerae eius. Sic igitur propter causam istam caliditas a sole
pertingit ad locum istum, quamvis sol non sit calidus. Nec huic causae
impedimentum praestat quod luna est inter solem et nos, quae calefieri non
potest: quia licet non calefiat a sole, aliquo tamen modo immutatur ab eo,
videmus enim quod illuminatur ab eo; non semper autem eadem specie
immutationis immutatur medium et extremum, sicut radius solis non inflammat
vas vitreum plenum aqua, sed stupam oppositam. Apparet etiam ratio quare, ubi
est umbra, non est tantus calor quantus est in loco ubi radii solares
proiiciuntur: quia scilicet umbra causatur ex aliquo corpore opposito soli,
quod interrumpit continuationem transmutationis quae est a sole; sed actio
solis pertingit ad locum umbrae per quandam reflexionem. Nec tamen putandum est quod motus solis,
inquantum est motus tantum, causet calorem: sed inquantum est motus talis
corporis, in sua natura habentis virtutem calefaciendi. Omnes enim formae
corporum inferiorum reducuntur in corpora caelestia sicut in quaedam
principia: et inde est quod diversa corpora caelestia diversos effectus in
rebus corporalibus habent, non solum secundum calidum, sed etiam secundum
alias passiones et formas. |
35. Troisi่mement, lเ : il est logique que, etc., il donne la raison pour laquelle la chaleur est engendr้e par le mouvement du corps solaire m๊me plut๔t que par celui de sa sph่re. Et il dit quil est logique de penser que la chaleur est plut๔t produite avec le corps solaire m๊me. Et nous pouvons prendre un exemple de ce ph้nom่ne chez ce qui se trouve chez nous : en effet, ici aussi cest lair proche des choses compactes mues par la force qui devient le plus chaud. Et il est ้galement logique que cela se produise, puisque cest surtout le mouvement du corps solide qui d้sagr่ge lair ; de ce fait, comme le corps solaire lui-m๊me est plus solide que toutes les autres parties de sa sph่re m๊me, puisquil nest pas diaphane, la chaleur est engendr้e par son mouvement, plut๔t que par celui de sa sph่re. Ainsi donc, cest pour cette raison que la chaleur quitte le Soleil pour atteindre ce lieu, bien quil ne soit pas chaud. Et le fait que la Lune se trouve entre le Soleil et nous ne fait pas obstacle เ ce raisonnement, puisquelle ne peut ๊tre r้chauff้e : en effet, bien quelle ne soit pas r้chauff้e par le Soleil, elle est cependant transform้e de quelque mani่re par lui, car nous voyons quelle est ้clair้e par lui ; son centre et son extr้mit้ ne sont pas toujours transform้s de la m๊me fa็on, de m๊me quun rayon de Soleil nenflamme pas un vase en verre rempli deau, mais l้toupe เ loppos้. Est aussi ้vidente la raison pour laquelle, lเ o๙ il y a de lombre, il ny a pas autant de chaleur aussi forte quเ lendroit o๙ les rayons du Soleil sont projet้s, cest-เ-dire que lombre est caus้e par un corps oppos้ au Soleil, qui interrompt la continuit้ de la transformation qui provient du Soleil ; mais laction de ce dernier atteint le lieu o๙ se trouve lombre par r้flexion. Et pourtant il ne faut pas penser que le mouvement du Soleil, en tant que mouvement seul, cause la chaleur, mais en tant que mouvement dun tel corps, poss้dant naturellement la capacit้ de r้chauffer. Car toutes les formes des corps inf้rieurs sont ramen้es aux corps c้lestes comme เ des principes ; et de lเ vient que diff้rents corps c้lestes produisent diff้rents effets sur les choses corporelles, non seulement en ce qui concerne la chaleur, mais aussi les autres affections et formes. |
[80099] Super Meteora, lib.
1 cap. 5 n. 8 Deinde cum
dicit: et quia ambiens etc., ponit
propriam causam caliditatis generatae ex motu solis: quae tamen non est
universalis, sed particularis. Unde dicit quod frequenter ignis qui ambit
inferiores partes mundi, ex motu corporis caelestis, fertur quadam violentiam
deorsum, et spargitur per aerem: quia, sicut supra dictum est, superior pars
aeris et ignis quendam fluxum habet ex motu caeli. |
36. Ensuite, quand il dit : et aussi parce que, etc., il donne la raison sp้cifique qui fait que la chaleur est engendr้e par le mouvement du Soleil, laquelle nest pourtant pas universelle, mais particuli่re. De ce fait, il dit que le feu qui entoure les parties inf้rieures du monde est fr้quemment entra๎n้ vers le bas avec force par le mouvement du corps c้leste et dispers้ dans lair : car, comme on la dit ci-dessus, la partie sup้rieure de lair et du feu a une sorte de flux เ cause du mouvement du ciel. |
[80100] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 9 Deinde cum dicit: signum autem sufficiens etc., manifestat quod quaestio
supponebat, scilicet quod corpora caelestia non sunt calida aut ignita: et
hoc per duo signa. Primum est quia ibi non apparent discursus astrorum quae
videntur cadentia, quae ex ignitione generantur in inferiori loco: quod non
esset si corpora caelestia essent calida aut ignita; quia ubi est motus maior
et velocior, ibi citius aliquid ignitur. Secundum signum est quod sol, qui maxime
videtur esse calidus ex effectu, videtur coloris albi et non ignei. |
37. Ensuite, quand il dit : une preuve suffisante, etc., il d้montre ce que la question supposait, เ savoir que les corps c้lestes ne sont pas chauds ou en feu : et cela grโce เ deux preuves. La premi่re est quici napparaissent pas les pluies dastres qui semblent tomber et qui sont engendr้es par inflammation dans un lieu inf้rieur, ce qui ne serait pas le cas si les corps c้lestes ้taient chauds ou en feu, ้tant donn้ que lเ o๙ le mouvement est plus grand et plus rapide, un objet senflamme plus vite. La seconde preuve est que le Soleil, qui para๎t ๊tre effectivement le plus chaud, semble de couleur blanche et non ign้e. |
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Caput 6 |
Chapitre 6 [Les corps c้lestes, com่tes et galaxies] |
[80101] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 1 Positis his quae ad manifestationem sequentium
philosophus induxerat, incipit primo determinare de his quae in alto ex
materia sicca generantur; secundo de his quae generantur ex materia humida in
alto, ibi: de loco autem positione
et cetera. Prima dividitur
in tres: primo determinat de stellis cadentibus, et his quae similem habent
causam; secundo determinat de cometis, ibi: de cometis autem etc.; tertio de lacteo circulo, qui dicitur
Galaxia, ibi: qualiter autem et propter
quam causam et cetera. Circa primum
duo facit: primo enim determinat de stellis cadentibus et aliis huiusmodi;
secundo determinat de quibusdam aliis apparitionibus quae in aere videntur,
ibi: apparent autem aliquando nocte
et cetera. Circa primum
duo facit. Primo dicit de quo est intentio. Et dicit quod post
determinationem praedictorum, dicendum est propter quam causam apparent in
caelo flammae accensae, et sidera discurrentia, et vocati a quibusdam dali,
idest titiones, et aeges, idest caprae. Ideo autem dicendum est simul
de omnibus istis, quia omnia huiusmodi sunt idem secundum speciem, et
secundum eandem causam fiunt; sed differunt per magis et minus, ut infra
patebit. |
38. Apr่s avoir ้tabli ce quil avait introduit pour montrer ce qui suit, le philosophe commence premi่rement par d้terminer au sujet des choses engendr้es en haut เ partir dune mati่re s่che ; deuxi่mement au sujet des choses engendr้es en haut เ partir dune mati่re humide, lเ : เ propos du lieu, etc. La premi่re partie se divise en trois : il d้termine premi่rement au sujet des ้toiles filantes et des ph้nom่nes qui ont les m๊mes causes quelles ; il d้termine deuxi่mement au sujet des com่tes, lเ : เ propos des com่tes, etc. ; troisi่mement de la Voie Lact้e, appel้e ซ Galaxie ป, lเ : de quelle mani่re et pour quelle raison, etc. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : en effet, il d้termine premi่rement au sujet des ้toiles filantes et autres corps de ce genre ; deuxi่mement, il d้termine au sujet de certains autres ph้nom่nes que lon voit dans lair, lเ : apparaissent parfois de nuit, etc. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il dit quelle est son intention. Et il d้clare quapr่s la d้termination de ce qui pr้c่de, il faut dire pour quelle raison apparaissent dans le ciel des flammes ardentes, des ้toiles filantes et ce que certains appellent dali, cest-เ-dire torches, et aeges, cest-เ-dire ch่vres. Il faut parler en m๊me temps de tous ces ph้nom่nes, parce quils sont tous identiques en esp่ce et se produisent suivant la m๊me cause ; mais ils diff่rent en degr้, comme on le verra ci-dessous. |
[80102] Super Meteora, lib.
1 cap. 6 n. 2 Secundo
ibi: principium autem et horum
etc., determinat propositum. Et circa hoc duo facit. Primo praemittit
causas generationis praedictorum. Et
dicit quod principium praedictarum passionum et multarum aliarum, tam activum
quam materiale, est quod dicetur. Cum enim terra
calefacta fuerit per motum solis, oportet aliquam exhalationem resolvi a
terra. Quae non est uniusmodi, ut quidam putant, sed est duplex: quaedam enim
est magis vaporosa et humida, quaedam vero est magis spumosa et sicca: nam ab
humido aqueo quod est super terram, resolvitur et elevatur vaporosa exhalatio
et humida; ab ipsa autem terra, quae est siccae naturae, elevatur exhalatio
fumosa sive spumosa. Harum
autem exhalationum, spumosa quidem supereminet propter calidum, quod in ea
dominatur et magis ipsam subtiliat: siccum enim et calidum leve est, et talis
est ignis natura. Vaporosa autem exhalatio, quae est magis humida, subest
spumosae propter pondus, non enim ita rarefit: calidum enim et humidum
pertinent ad naturam aeris, qui subest igni calido et sicco existenti. Et huic attestatur ordo elementorum quae
sunt circa terram. Nam sub circulari motu caeli primo est locatum id quod est
calidum et siccum, quod communiter dicitur ignis, licet non sit nomen
proprium, ut supra dictum est: quia enim id quod est commune omni fumosae
exhalationi, est innominatum, et quod tale est maxime natum est exuri,
propter hoc sic necessarium fuit uti nominibus, ut talis fumosa exhalatio
ignis diceretur. Sub fumosa autem exhalatione est aer. Sic ergo posita est
causa et effectiva praedictarum passionum, quae est latio solis, et causa materialis,
quae est fumosa exhalatio. |
39. Deuxi่mement, lเ : voici le principe de ces ph้nom่nes, etc., il d้termine la proposition. Et concernant ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il avance les causes de la g้n้ration des ph้nom่nes mentionn้s. Et il dit que le principe des accidents mentionn้s et de nombreux autres, aussi bien actif que mat้riel, est le suivant. En effet, comme la terre a ้t้ r้chauff้e par le mouvement du Soleil, il faut quune exhalaison se d้gage de la terre. Et celle-ci nest pas uniforme, comme certains le pensent, mais double : car lune est plus vaporeuse et humide, et lautre plus ้cumeuse et s่che ; en effet, une exhalaison vaporeuse et humide se d้gage et monte de lhumidit้ aqueuse qui est sur la terre ; une exhalaison fumeuse ou ้cumeuse s้l่ve de la terre m๊me, qui est dune nature s่che. Parmi ces exhalaisons, l้cumeuse s้l่ve au-dessus de lautre en raison de la chaleur qui domine en elle et qui la rend plus subtile ; car ce qui est sec et chaud est l้ger, et telle est la nature du feu. Lexhalaison vaporeuse, qui est plus humide, se place sous l้cumeuse เ cause de son poids, car elle ne se rar้fie pas เ ce point : en effet, le chaud et lhumide caract้risent la nature de lair, qui est plac้ sous le feu, qui est chaud et sec. En atteste lordre des ้l้ments qui entourent la terre. Car sous le mouvement circulaire du ciel est plac้ en premier lieu ce qui est chaud et sec, appel้ commun้ment ซ feu ป, bien que ce ne soit pas le nom appropri้, comme on la dit ci-dessus : en effet, puisque ce qui est commun เ toute exhalaison fumeuse na pas de nom et que ce qui est ainsi est par nature destin้ au plus haut point เ br๛ler, il ้tait n้cessaire dutiliser des noms, si bien quune telle exhalaison fumeuse a ้t้ appel้e ซ feu ป. Sous lexhalaison fumeuse se trouve lair. Ainsi donc, on a ้tabli et la cause effective des accidents d้jเ mentionn้s, qui est la translation du Soleil, et la cause mat้rielle, qui est lexhalaison fumeuse. |
[80103] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 3 Secundo ibi: oportet
autem intelligere etc., determinat de generatione praedictarum passionum.
Et circa hoc
duo facit: primo assignat rationem generationis harum passionum; secundo
assignat rationem quorundam accidentium circa ipsas, ibi: propter positionem et cetera. Circa primum
tria facit: primo assignat causam praedictarum passionum in communi; secundo
assignat differentiam earum adinvicem, ibi: quacumque igitur se habeat maxime etc.; tertio movet dubitationem
circa determinata, ibi: dubitabit
utique quis et cetera. Dicit ergo
primo quod, secundum praedicta, oportet intelligere hoc quod nunc diximus
ignem, scilicet fumosam exhalationem, esse ut quoddam hyppeccauma,
idest quandam materiam incendii; et quod ordinatur in rotunditate quae est circa
terram ultimo (incipiendo scilicet a terra); ita quod propter propinquitatem
ad motum caelestem, saepe exuratur, sortiens augmentum caloris, modico
motu, idest cum parum movetur ex motu superioris corporis; sicut accidit
de fumo, dum incenditur et fit flamma: nihil enim est aliud flamma quam ardor
spiritus, idest fumi, sicci. Ipsa ergo flammatio praedicti
hypeccaumatis, communiter loquendo, est generatio praedictarum passionum, ex
appropinquatione materiae praeparatae causae efficienti. |
40. Deuxi่mement lเ : il faut maintenant comprendre, etc., il d้termine au sujet de la g้n้ration des accidents d้jเ mentionn้s. Et sur ce point il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il avance la raison de la g้n้ration de ces accidents ; deuxi่mement, il donne la raison de ceux qui arrivent autour deux, lเ : en raison de la position, etc. Concernant le premier point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il avance la cause commune des accidents mentionn้s ; deuxi่mement il pr้sente la diff้rence qui se trouve entre les uns et les autres, lเ : donc, lเ o๙ une telle substance rencontre, etc. ; troisi่mement, il soul่ve une question sur les points qui ont ้t้ d้termin้s, lเ : on se demandera, etc. Il dit donc premi่rement que, selon les propos tenus, il faut comprendre que ce que nous venons dappeler ซ feu ป, เ savoir lexhalaison fumeuse, est une sorte dhyppeccauma, cest-เ-dire de combustible, qui est dispos้ sur la sph่re qui entoure la terre en dernier lieu (cest-เ-dire en partant de la terre) ; par cons้quent, en raison de sa proximit้ avec le mouvement c้leste, il br๛le souvent, obtenant une plus forte chaleur, avec un mouvement mod้r้, cest-เ-dire lorsquil se meut un peu sous leffet du mouvement du corps sup้rieur, comme il arrive เ la fum้e quand elle br๛le et devient une flamme ; en effet, une flamme nest rien dautre que lardeur dun souffle - autrement dit de la fum้e - sec. Donc lembrasement m๊me de lhyppeccauma susdit, pour parler commun้ment, g้n่re les accidents dont il a ้t้ question, lorsque la mati่re pr้par้e sapproche de la cause efficiente. |
[80104]
Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 4 Deinde cum dicit: quacumque
igitur se habeat maxime etc., assignat differentiam praedictarum
passionum. Et circa hoc duo facit. Primo ostendit unde
sit accipienda differentia. Et dicit quod ex qua parte se habet praedicta
materia (quocumque modo se habeat talis consistentia, idest praedicta
materia incendii) optime disposita ad hoc quod igniatur, tali modo exuritur,
quando fuerit mota per calefactionem a circulari motu caeli: et differt
passio exignita secundum positionem praedictae materiae et multitudinem. |
41. Ensuite, quand il dit : donc, lเ o๙ une telle substance rencontre, il pr้sente la diff้rence entre les accidents mentionn้s. Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il montre comment il faut comprendre cette diff้rence. Et il dit que, dans la mesure o๙ la mati่re en question (quelle que soit une telle consistance, cest-เ-dire la mati่re de ladite combustion) est dans les meilleures dispositions pour prendre feu, elle br๛le dune telle mani่re, quand elle a ้t้ mue par le r้chauffement d๛ au mouvement circulaire du ciel ; et cet accident de combustion diff่re selon la position de la mati่re en question et selon sa quantit้. |
[80105]
Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 5 Secundo ibi: si
quidem enim etc., assignat differentiam praedictarum passionum. Et dicit
quod si praedicta materia habeat magnam latitudinem et longitudinem, videtur
esse quaedam flamma accensa in caelo, sicut cum stipula ardet in area. Si
vero non habeat multum in latitudine, sed solum in longitudine, generantur et
apparent illic dali, idest titiones, et aeges, idest caprae, et
sidera discurrentia. Quia si praedicta materia fuerit plus secundum
longitudinem quam latitudinem, et quando simul dum comburitur, ignis scintillat,
idest videtur salire et discurrere quasi aeges, idest sicut caprae
(quod quidem fit propter hoc quod incipit igniri non tota materia simul, sed
secundum aliquas parvas partes, incipiens ex aliquo principio illius
materiae): quando inquam hoc fit, tunc vocatur aeges, idest capra. Sed quando fit incensio praedictae materiae
sine praedicta passione, idest sine scintillatione, eo quod materia tota
accenditur simul, tunc vocatur dalus, idest titio. Sed quando
exhalatio non fuerit continua, sed frequens et dispersa per modicas partes et
multis modis, tam secundum longitudinem quam secundum latitudinem, quam etiam
secundum profunditatem, tunc fiunt sidera quae putantur volare: eo quod illa
materia cito consumitur, et desinit esse ibi ubi prius accensa fuerat, sicut
accidit de stuppa, si modicum de ea per longitudinem disponatur et
accendatur: currit enim combustio, et videtur similis esse motui alicuius
corporis ignei. Sic igitur patet quod plurimum habet de materia flamma
accensa; mediocriter (propter quod vocantur) titiones et caprae; minimum
autem stellae discurrentes, et propter hoc frequentius apparent. |
42. Deuxi่mement, lเ : en effet, si, etc., il pr้sente la diff้rence entre les accidents mentionn้s. Et il dit que, si la mati่re mentionn้e a une grande largeur et une grande longueur, elle semble ๊tre une flamme qui sembrase dans le ciel, เ limage du chaume br๛lant sur une aire. Si elle na pas beaucoup de largeur, mais seulement de la longueur, des dali, cest-เ-dire des torches, des aeges, cest-เ-dire des ch่vres, et des ้toiles vagabondes sont engendr้s et apparaissent เ cet endroit. En effet, si la mati่re en question s้tend plus en longueur quen largeur, quand le feu scintille tout en se consumant, cest-เ-dire quil semble bondir et vagabonder comme des aeges, cest-เ-dire เ la mani่re des ch่vres (cela se produit parce que la mati่re ne commence pas เ br๛ler tout enti่re en m๊me temps, mais par parcelles, d้butant par une extr้mit้ de la mati่re) ; quand, dis-je, cela arrive, alors on lappelle aeges, cest-เ-dire ch่vre. Mais lorsque lembrasement de la mati่re en question se fait sans ledit accident, cest-เ-dire sans ้tincelle, du fait que la mati่re tout enti่re prend feu, alors on lappelle dalus, cest-เ-dire torche. Mais quand lexhalaison nest pas continue, mais quelle repr้sente de grandes quantit้s dispers้es en parcelles et cela de multiples mani่res, en longueur aussi bien quen largeur et aussi en profondeur, alors naissent des ้toiles qui ont lair de voler : car cette mati่re se consume rapidement et elle cesse d๊tre lเ o๙ elle avait auparavant pris feu, comme il arrive เ la paille, si on en dispose un peu en longueur et quelle prend feu ; en effet, la combustion court et semble ๊tre pareille au mouvement dun corps en feu. Ainsi donc, il est ้vident que la flamme allum้e a une tr่s grande quantit้ de mati่re, que les torches et les ch่vres en ont peu (ce qui explique leur nom) et les ้toiles filantes, tr่s peu, et cest pourquoi elles apparaissent plus souvent. |
[80106] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 6 Sed quia sidera volantia
habent aliam causam suae generationis, ideo subiungit quod aliquando
exhalatio exusta a motu solis generat ea; aliquando autem, inspissato aere
propter frigus, illud quod est ibi calidum, inspissatum extruditur inferius
et separatur a frigido; et propter hoc illud inspissatum ignitur, et videtur
stella cadens. Propter quod et
motus siderum sic cadentium non assimilatur exustioni, sed magis proiectioni.
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43. Mais puisque les ้toiles filantes sont engendr้es pour une autre raison, il ajoute que lexhalaison br๛l้e เ cause du mouvement du Soleil les engendre parfois ; mais que, เ dautres occasions, lorsque lair sest ้paissi เ cause du froid, ce qui est chaud เ cet endroit, une fois ้paissi, est expuls้ plus bas et s้par้ du froid ; et cest pourquoi cet air ้paissi prend feu et semble ๊tre une ้toile filante. Cest pour cette raison que le mouvement des ้toiles tombant ainsi ne ressemble pas เ une combustion, mais plut๔t เ une projection. |
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Caput 7 |
Chapitre 7 [Les ้toiles filantes] |
[80107] Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 1 Quia assignavit duas
causas generationis siderum discurrentium, hic movet quandam dubitationem
circa ea. Et circa hoc duo facit.
Primo movet dubitationem: quae est utrum discursus siderum currentium fiat
hoc modo, sicut cum fumosa exhalatio inferioris candelae incenditur a flamma
superioris candelae vel lucernae (tunc enim videtur ignis descendere cum
mirabili velocitate, et videtur proiectio unius et eiusdem ignis, et non
videtur quod ignis fiat in alio et alio corpore); aut secundum veritatem
discursus siderum cadentium sunt proiectiones alicuius eiusdem corporis
cadentis. |
44. Puisquil a pr้sent้ les deux causes de la g้n้ration des ้toiles filantes, il pose ici une question เ leur propos. Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il pose la question, qui est si la course errante des ้toiles filantes se fait de la mani่re dont lexhalaison fumeuse dune chandelle plac้e dessous est allum้e par la flamme dune chandelle ou dune lampe plac้e dessus (en effet, le feu semble alors descendre เ une vitesse remarquable et para๎t la projection dun seul et m๊me feu, et il ne semble pas que le feu se produise dans deux corps diff้rents), ou bien si les courses de ces ้toiles en chute sont en v้rit้ les projections dun m๊me corps en chute. |
[80108] Super Meteora, lib.
1 cap. 7 n. 2 Secundo
ibi: videtur itaque etc., solvit
propositam dubitationem. Et circa hoc duo facit. Primo dicit quod
propter utramque causam videtur esse discursus siderum cadentium. Quandoque
enim sic fit talis discursus per continuam ignitionem materiae, sicut dictum
est de fumo lucernarum: quandoque autem aliqua ignita proiiciuntur, propter
hoc quod expelluntur a superiori frigore, sicut cum aliqua cadunt expulsa ex
digitis, ut nux cerasii. Unde et in terram et in mare videntur cadentia, et
hoc tam in die quam in nocte, serenitate existente. Dicit autem de die,
et non solum per noctem, quia huiusmodi ignis cadens, nisi appropinquaret
terrae per motum, non appareret de die. Dicit autem serenitate existente,
quia tempore nebuloso talis ignis ab humiditate nubium et aeris
extingueretur. Sed licet ista quae cadunt expulsa sint ignita, et ita, ut
videtur, deberent esse levia et ascendere, tamen deorsum iaciuntur, quia
coagulatio frigoris impellens ea inclinat deorsum. Et propter hanc causam
fulmina cadunt deorsum, licet sint ignita: quia generatio omnium horum sic
cadentium non est per exustionem ab aliquo calido igniente, sed per
separationem ab aliquo frigido expellente; quia omne calidum secundum naturam
habet ferri sursum. |
45. Deuxi่mement, lเ : les deux semblent, etc., il r้sout la question propos้e. Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Il dit premi่rement que la course des ้toiles filantes semble avoir les deux causes. En effet, tant๔t une telle course se produit de cette mani่re par combustion permanente de la mati่re, comme on la dit เ propos de la fum้e des lampes ; tant๔t quelques-unes sont projet้es en feu, parce quelles sont expuls้es par le froid situ้ au-dessus, de m๊me que des objets press้s par les doigts tombent, comme les noyaux de cerise. De ce fait, on les voit tomber vers la terre et vers la mer, et cela aussi bien de jour que de nuit, si le ciel est serein. Il dit de jour, et non seulement la nuit, puisquun feu tombant de ce genre nappara๎t pas de jour, เ moins de sapprocher de la terre par un mouvement. Il dit si le ciel est serein, puisque, par un temps nuageux, un tel feu serait ้teint par lhumidit้ des nuages et de lair. Mais bien que les choses qui tombent apr่s avoir ้t้ expuls้es soient en feu, et, เ ce quil para๎t, doivent ๊tre l้g่res et monter, elles sont pourtant jet้es vers le bas, puisque la densification du froid qui les pousse les incline vers le bas. Et cest pour cette raison que la foudre tombe vers le bas, bien quelle soit en feu ; en effet, ce qui engendre tous ces ph้nom่nes tombant ainsi nest pas la combustion par un autre corps chaud, mais la s้paration dun corps froid sous leffet dune expulsion, ้tant donn้ que tout corps chaud est de nature เ ๊tre entra๎n้ vers le haut. |
[80109]
Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 3 Secundo ibi: quaecumque
quidem igitur etc., assignat differentiam inter discursus siderum ex
duabus causis provenientes. Et dicit quod quaecumque siderum discurrentium
magis generantur in supremo loco, fiunt per adustionem exhalationis:
quaecumque vero demissius generantur, fiunt propter hoc quod humidior
exhalatio concernitur, idest inspissatur, et infrigidatur. Haec enim
humida exhalatio congregata deorsum tendens, impellit et quasi proiicit
calidum deorsum, cum aliqua materia inspissata. |
46. Deuxi่mement, lเ : donc tous les ph้nom่nes, etc., il pr้sente la diff้rence qui se trouve entre les courses des ้toiles issues de deux causes. Et il dit que toutes les ้toiles filantes qui sont plut๔t engendr้es dans le lieu le plus ้lev้ se forment sous leffet de la combustion de lexhalaison ; mais que toutes celles qui sont engendr้es plus bas se produisent parce quune exhalaison plus humide se m๊le, cest-เ-dire s้paissit et se refroidit. En effet, apr่s que cette exhalaison humide sest assembl้e et quelle a tendu vers le bas, elle pousse le chaud et le projette, pour ainsi dire, vers le bas, avec quelque mati่re condens้e. |
[80110] Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 4 Deinde cum dicit: propter
positionem etc., assignat rationem quorundam accidentium circa praedicta.
Et circa hoc
duo facit: primo assignat rationem de modo motus huiusmodi astrorum
cadentium, secundum dispositionem ipsorum; secundo determinat locum
generationis eorum, ibi: omnia autem
haec sub luna et cetera. Dicit ergo
primo quod secundum diversam positionem exhalationis in latitudine et
profunditate, secundum hoc diversimode fertur stella cadens, aut sursum aut
deorsum aut ad latus expulsionis a frigore. Quia si materia frigida
inspissata expellens fuerit adunata sursum, stella cadens per expulsionem
fertur deorsum; si autem fuerit adunata inferius, fertur sursum; cum autem ex
neutra parte adunatur, tunc fertur ad latus, quasi oblique et in diametrum.
Et hoc pluries evenit: quia calidum expulsum fertur duabus lationibus;
naturaliter enim, inquantum est calidum, fertur sursum, sed per violentiam
expulsionis fertur deorsum; omnia autem talia, quorum motus sic compositi
sunt, feruntur secundum diametrum, idest oblique, quia talis motus est
quasi medius inter ascensum et descensum. Et ideo motus discurrentium siderum
ut plurimum fit obliquus. His autem
dictis, epilogat quae dicta sunt. Et dicit quod omnium praedictorum causa
materialis est exhalatio: causa autem movens est duplex; quandoque quidem
motus superioris corporis, quandoque autem condensatio aeris inspissati ex
frigore, et ex hoc expellentis calidum. |
47. Ensuite quand il dit : cest เ cause de la position, etc., il pr้sente la raison de certains accidents เ propos de ce qui a ้t้ dit. Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne la raison pour laquelle les astres de ce genre tombent selon leur disposition ; deuxi่mement, il d้termine le lieu o๙ ils sont engendr้s, lเ : tous ces ph้nom่nes se produisent sous la Lune, etc. Il dit donc premi่rement que cest selon les diff้rentes positions de lexhalaison en largeur et en profondeur que l้toile filante est entra๎n้e de diff้rentes fa็ons, soit vers le haut, soit vers le bas, soit vers le c๔t้ de son expulsion par le froid. En effet, si la mati่re froide condens้e qui lexpulse sest amass้e en haut, l้toile filante est entra๎n้e vers le bas par lexpulsion ; mais si elle sest amass้e plus bas, elle est entra๎n้e vers le haut ; mais lorsquelle ne sest amass้e ni en haut, ni en bas, elle est alors entra๎n้e sur le c๔t้, de fa็on quasiment oblique et en diagonale. Et cela se produit assez souvent, puisque le chaud expuls้ est entra๎n้ par une double translation ; en effet, par nature, dans la mesure o๙ il est chaud, il est entra๎n้ vers le haut, mais, เ cause de la violence de lexpulsion, il est entra๎n้ vers le bas ; tous les corps de ce genre, dont les mouvements sont ainsi compos้s, sont entra๎n้s selon le diam่tre, cest-เ-dire obliquement, puisquun tel mouvement est pour ainsi dire linterm้diaire entre lascension et la descente. Et cest pourquoi le mouvement des ้toiles filantes est le plus souvent oblique. Apr่s avoir tenu ces propos, il tire une conclusion sur ce quil avait dit. Et il d้clare que la cause mat้rielle de tous les ph้nom่nes susdits est lexhalaison ; mais que leur cause motrice est double ; tant๔t le mouvement du corps sup้rieur, tant๔t la condensation de lair ้paissi par le froid, qui en expulse le chaud. |
[80111] Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 5 Deinde cum dicit: omnia autem haec sub luna etc.,
determinat locum generationis praedictorum. Et dicit quod omnia praedicta
generantur sub luna. Cuius signum est quod apparent nobis valde velociter
moveri, sicut illa quae proiiciuntur a nobis, utpote sagittae et alia
huiusmodi, quae propter propinquitatem ad nos videntur excedere velocitatem
astrorum et solis et lunae; quamvis manifestum sit quod, secundum rei
veritatem, superiora corpora multo velocius moventur quam aliquid quod sit
hic. |
48. Ensuite, quand il dit : tous ces ph้nom่nes se produisent sous la Lune, etc., il d้termine le lieu de la g้n้ration des ph้nom่nes susnomm้s. Et il dit que tous ceux-lเ sont engendr้s sous la Lune. La preuve en est quils nous semblent se mouvoir tr่s rapidement, comme les choses qui sont lanc้es par nous, telles que les fl่ches et autres projectiles de ce genre, qui, en raison de leur proximit้ avec nous, paraissent d้passer en v้locit้ les astres, le Soleil et la Lune, bien quil soit ้vident que, en v้rit้, les corps sup้rieurs se meuvent beaucoup plus vite quun objet qui est ici. |
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Caput 8 |
Chapitre 8 [Les ph้nom่nes c้lestes lumineux] |
[80112] Super Meteora, lib. 1 cap. 8 n. 1 Postquam philosophus
assignavit causam accensionum quae videntur moveri in aere, hic assignat
causam quorundam aliorum nocte apparentium. Et circa hoc duo facit. Primo proponit illa
quorum causas assignare intendit. Et dicit quod aliquando apparent in nocte,
cum fuerit serenitas, phantasmata, idest apparitiones, in caelo; sicut
hiatus, idest quaedam aperturae, ac si caelum esset apertum, et bothyni,
idest voragines, quasi profundae aperturae, et etiam sanguinei colores.
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49. Apr่s que le philosophe a donn้ la cause des feux que lon voit se mouvoir dans lair, il expose ici celle de certains autres ph้nom่nes qui apparaissent la nuit. Et sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il propose ce dont il a lintention de pr้senter les causes. Et il dit que lon voit parfois dans la nuit, quand il fait beau, des phantasmata, cest-เ-dire des apparitions, dans le ciel, telles que des hiatus, cest-เ-dire des ouvertures, m๊me si le ciel est ouvert, des bothyni, cest-เ-dire des gouffres, comme de profondes ouvertures, et aussi des couleurs sanglantes. |
[80113] Super Meteora, lib. 1 cap. 8 n.
2 Secundo ibi: causa autem et in his etc., assignat causas horum. Et circa hoc duo facit: primo assignat causam quare
appareant praedicta; secundo quare multa alia fiunt quae non apparent, ibi:
omnino autem in nigro album et cetera. Circa primum duo facit: primo assignat causam colorum;
secundo assignat causam hiatus et voraginis, ibi: hiatus autem et cetera. Dicit ergo primo quod eadem causa est in his
apparitionibus, quae etiam est ignitionum de quibus supra dictum est. Cum
enim manifestum sit quod aer superior (quem supra dixit hypeccauma)
sic disponitur quod in eo fiat ignitio; quae quidem aliquando talis est ut
videatur ardere flamma, quandoque autem taliter fit ignitio ut videantur
ferri titiones et sidera; nullum est inconveniens, cum incensiones fiant in
aere multiformes, quod ille aer superior coloratus appareat omni genere
colorum. Duobus enim modis contingit quod aer aliquatenus
inspissatus omnes modos colorum repraesentet: uno modo quando aliquod minus
lumen, quod non sufficit totaliter illuminare, transparet per aliquem fumum
aut vaporem spissiorem; alio modo quando fit repercussio luminis ad aliquem
aerem aliquatenus inspissatum. Sed maxime ex istis duabus causis apparent in
aere color puniceus et purpureus, idest rubeus et subrubeus:
quia maxime hi colores apparent ex aliquo igneo et albo mixtis nigro. Quae quidem mixtio potest fieri secundum duas supradictas
causas: scilicet secundum superappositiones (quod supra dixit transparentiam
minoris luminis per aliquod spissius), sicut sol et luna et alia astra
apparent punicea in ortu et occasu et quasi subrubea, quando eorum lumen non
est perfectum. Sed hoc dico si fuerit calor: quia quando est frigus, vapores
sunt condensati, et magis obscurant lumen astrorum orientium vel occidentium,
ut transparere non possit; quando autem est calor, exhalationes sunt
rariores, et sic per eas lumen astrorum transparere potest. Et similiter si
astra videantur mediante fumo, videntur talis coloris. Et secundum etiam aliam praedictam causam fit praedicta
mixtio, scilicet per refractionem; cum illud ad quod fit refractio luminis
(quod hic speculum dicit), sive sit nubes aquosa sive aliquid
huiusmodi, fuerit tale ut non repraesentet figuram, sed colorem. Haec autem
exponet cum de iride agetur. Assignat autem causam consequenter quare huiusmodi
colores cito disparent et non multo tempore manent: quia scilicet causa
apparitionis ipsorum est velox, idest cito pertransiens; aer enim non
multo tempore manet similis, sed de facili ingrossatur vel subtiliatur. |
50. Deuxi่mement, lเ : la cause en, etc., il donne leurs causes. Et concernant cela, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne la raison pour laquelle les ph้nom่nes susdits apparaissent ; deuxi่mement, la raison pour laquelle beaucoup dautres ph้nom่nes qui napparaissent pas se produisent, lเ : de fa็on g้n้rale, le blanc sur fond noir, etc. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : il expose premi่rement la cause des couleurs ; deuxi่mement celle du hiatus et du gouffre, lเ : le hiatus, etc. Il dit donc premi่rement que ces apparitions ont la m๊me cause, qui est aussi celle des embrasements dont il a ้t้ question ci-dessus. En effet, puisquil est manifeste que la couche sup้rieure de lair (quil a nomm้e ci-dessus hypeccauma) est dispos้e de telle fa็on que sy produit un embrasement, que ce dernier est parfois tel que tant๔t une flamme semble y br๛ler, tant๔t un embrasement sy fait au point que des torches et des ้toiles semblent ๊tre entra๎n้es, il ny a pas dinconv้nient เ ce que cette couche sup้rieure de lair paraisse teint้e de couleurs de toute sorte, ้tant donn้ que des feux polymorphes y naissent. En effet, il arrive que lair ้paissi jusquเ un certain point pr้sente toutes les sortes de lumi่re, de deux fa็ons : dune part quand une lumi่re plus faible, qui ne suffit pas เ illuminer totalement, transpara๎t เ travers une fum้e ou une vapeur plus dense ; dautre part lorsque la r้flexion de la lumi่re se produit sur lair ้paissi jusquเ un certain point. Mais des couleurs vermeille et pourpre, cest-เ-dire rouge vif et rouge fonc้, apparaissent dans lair surtout pour ces deux raisons : parce que ce sont principalement ces couleurs qui naissent du flamboyant et du blanc m้lang้ au noir. Et ce m้lange peut se produire pour les deux causes susdites, เ savoir par suraddition (ce quil a appel้ ci-dessus apparition dune lumi่re plus faible เ travers un air plus ้paussi), de m๊me que le Soleil, la Lune et dautres astres semblent rouge vif au lever et au coucher, et comme rouge fonc้, lorsque leur lumi่re nest pas parfaite. Mais cela est valable sil fait chaud, puisque quand il fait froid, les vapeurs sont condens้es et obscurcissent davantage la lumi่re des astres qui se l่vent ou qui se couchent, si bien quelle ne peut plus transpara๎tre ; mais quand il fait chaud, les exhalaisons sont moins denses, et la lumi่re des astres peut ainsi percer เ travers elles. Et de la m๊me mani่re si des astres apparaissent au centre de la fum้e, ils semblent de cette couleur. Et le m้lange mentionn้ se produit suivant lautre cause susdite, เ savoir par r้fraction, ้tant donn้ que ce sur quoi la lumi่re se r้fracte (quil appelle ici miroir), que ce soit un nuage charg้ de pluie ou quelque chose de ce genre, est tel quil ne repr้sente pas la forme, mais la couleur. Il lexpliquera quand il traitera de larc-en-ciel. Par cons้quent, il donne la raison pour laquelle les couleurs de ce genre disparaissent et ne demeurent pas longtemps : la cause de leur apparition est rapide, cest-เ-dire quelle passe vite ; en effet, lair ne reste pas tr่s longtemps semblable, mais s้paissit ou se rar้fie ais้ment. |
[80114] Super
Meteora, lib. 1 cap. 8 n. 3 Deinde cum dicit: hiatus
autem etc., assignat causam hiatus et voraginis. Et dicit quod cum lumen
quod apparet in aere, discontinuatur ex aliquo obscuro et nigro, quod
scilicet est propter aliquem vaporem magis spissum, apparet quod sit aliqua
profunditas et apertura in caelo. Et huius signum est quod, cum ille vapor
qui interrumpit lumen, magis inspissatur, ex talibus hiatibus exeunt vel
excidunt titiones ignei, quasi calido expulso a frigore vaporem inspissante.
Sed quando ille vapor obscurus, discontinuans lumen, concretus et inspissatus
fuerit magis, facit videri maiorem profunditatem, quia album superatur a
nigro: cum autem fuerit e converso, tunc videtur solum hiatus vel apertura. Patet ergo quod utraque apparitio, et colorum
et hiatuum, habent similem causam, scilicet admixtionem adinvicem albi et
nigri: sed color purpureus aut puniceus fit ex albo transparente per nigrum;
hiatus autem et vorago ex nigro interrumpente album. |
51. Ensuite, quand il dit : le hiatus, etc., il donne la cause du hiatus et du gouffre. Et il d้clare que, lorsque la lumi่re qui appara๎t dans lair est travers้e par quelque chose dobscur et de noir, caus้ par une vapeur plus ้paisse, on voit quil y a de la profondeur et une ouverture dans le ciel. Et la preuve en est que, lorsque cette vapeur qui interrompt la lumi่re est plus dense, des torches de feu sortent ou jaillissent de tels hiatus, comme si la chaleur expuls้e par le froid condensait la vapeur. Mais quand cette vapeur obscure, coupant la lumi่re, est devenue plus compacte et ้paisse, elle fait voir une plus grande profondeur, puisque le blanc est domin้ par le noir ; mais lorsque cest le contraire, on voit alors seulement un hiatus ou une ouverture. Il est donc ้vident que les deux apparitions, et de couleurs et de hiatus, ont une cause identique, เ savoir le m้lange du blanc et du noir ; mais la couleur rouge vif ou rouge fonc้ est cr้้e par le blanc transparaissant เ travers le noir ; quant au hiatus et au gouffre, ils le sont par le noir traversant le blanc. |
[80115]
Super Meteora, lib. 1 cap. 8 n. 4 Deinde cum dicit: omnino
autem in nigro album etc., ostendit quod multa huiusmodi fiunt quae non
apparent. Et dicit quod album coniunctum nigro multas facit differentias
colorum; sicut apparet de flamma in fumo, quae facit diversos colores,
secundum quod fumus fuerit densior vel rarior. Sed de die sol sua claritate
prohibet huiusmodi colores apparere: de nocte vero non apparent nisi rubeus,
quia alii colores, sicut viridis et alii obscuriores, sunt similes colori
noctis, propter obscuritatem. Ultimo epilogat praedeterminata. Et dicit quod
praedictas causas oportet existimare de astris discurrentibus et ignitis, et
de aliis huiusmodi apparitionibus, quaecumque festinas faciunt phantasias,
idest quaecumque pertranseuntes videntur absque magna mora temporis. |
52. Ensuite quand il dit : de fa็on g้n้rale, le blanc sur fond noir, etc., il montre quil se produit beaucoup de ph้nom่nes de ce genre qui ne sont pas visibles. Et il dit que le blanc uni au noir cr้e de nombreuses variations de couleurs, comme la flamme dans la fum้e, qui cr้e diverses couleurs, selon que la fum้e est plus ou moins dense. Mais, de jour, le Soleil emp๊che par sa clart้ que des couleurs de ce genre napparaissent ; et, de nuit, aucune couleur nappara๎t en dehors du rouge, puisque les autres couleurs, comme le vert et dautres plus sombres, sont semblables เ la couleur de la nuit, en raison de lobscurit้. Enfin, il conclut sur ce quil avait d้termin้ avant. Et il dit quil faut consid้rer ces causes en ce qui concerne les ้toiles filantes et en feu et les autres ph้nom่nes de ce genre, qui font de br่ves apparitions cest-เ-dire qui semblent passer sans durer longtemps. |
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Caput 9 |
Chapitre 9 [Les com่tes et la voie lact้e] |
[80116]
Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 1 Postquam philosophus determinavit de stellis cadentibus
et similibus, hic determinat de cometis. Et primo dicit de quo est intentio: dicens
quod nunc dicendum est de cometis et lacteo circulo, hoc ordine servato circa
utrumque, ut primo inferamus dubitationes, idest obiectiones, ad ea
quae dicta sunt ab aliis, et postea determinemus quod nobis videtur. Secundo ibi: Anaxagoras quidem igitur etc., prosequitur propositum ordine
praemisso. Unde primo ponit opiniones aliorum de cometis; secundo determinat
de eis secundum opinionem suam, ibi: quoniam
autem de immanifestis et cetera. Prima dividitur in duas: in prima ponit
opiniones; in secunda improbat eas, ibi: omnibus
autem et cetera. Prima dividitur in tres, secundum tres
opiniones quas ponit. |
53. Apr่s que le philosophe a d้termin้ au sujet des ้toiles filantes et ph้nom่nes semblables, il d้termine ici au sujet des com่tes. Et il dit premi่rement quelle est son intention : il d้clare quil faut maintenant parler des com่tes et de la Voie lact้e, respectant cet ordre pour les unes et lautre, afin de soulever dabord des doutes, cest-เ-dire des objections, sur ce qui a ้t้ dit par dautres, et de d้terminer ensuite ce qui nous semble vrai. Deuxi่mement, lเ : Anaxagore donc, etc., il expose la proposition suivant lordre annonc้. De ce fait, il ้tablit premi่rement les opinions des autres savants sur les com่tes ; deuxi่mement, il d้termine เ leur sujet selon sa propre opinion, lเ : puisque sur ce qui nest pas manifeste, etc. Cette premi่re partie se subdivise en deux : dans la premi่re il expose les opinions ; dans la seconde, il les r้fute, ici : เ tous, etc. La premi่re partie se divise en trois, suivant les trois opinions quil pr้sente. |
[80117]
Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 2 Primo ergo ponit opinionem
Anaxagorae et Democriti, qui dixerunt cometas esse symphasim, idest
coapparitionem, stellarum errantium. Quae sunt quinque, scilicet Saturnus, Iupiter, Mars,
Venus et Mercurius; quarum aliquae, cum appropinquant adinvicem, videntur se
tangere; et ita videtur una stella, et apparet ei coma, propter augmentum
luminis. |
54. Il expose donc en premier lieu lopinion dAnaxagore et de D้mocrite, qui disaient que les com่tes sont des symphasis, cest-เ-dire des apparitions concomitantes aux ้toiles errantes. Lesquelles sont cinq, เ savoir Saturne, Jupiter, Mars, V้nus et Mercure ; certaines dentre elles, lorsquelles sapprochent les unes des autres, semblent se toucher ; cest ainsi quune ้toile est vue et quune chevelure lui appara๎t, en raison de lintensification de sa lumi่re. |
[80118]
Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 3 Secundam opinionem ponit ibi: Italicorum autem et cetera. Et fuit quorundam Pythagoricorum in
Italia commorantium, qui dixerunt cometam esse unam de stellis errantibus;
sed non esse phantasiam, idest visionem, eius, nisi post multum
tempus, propter hoc quod excedit, idest recedit a sole, modicum; sicut
et accidit circa stellam Mercurii, quae quia modicum digreditur, idest
elongatur a sole, frequenter non apparet, ita quod post longum tempus
appareat, cum diu non apparuit. |
55. Il expose la deuxi่me opinion lเ : certains, parmi les Italiens, etc. Et, parmi certains Pythagoriciens qui ont s้journ้ en Italie, il y en eut pour dire que la com่te fait partie des ้toiles errantes, mais quil ny en a de phantasia, cest-เ-dire dapparition, quapr่s un long intervalle, parce quelle d้passe peu, cest-เ-dire s้loigne peu du Soleil, comme il arrive aussi เ l้toile Mercure, qui, puisquelle s้carte peu, cest-เ-dire s้loigne peu du Soleil, nappara๎t pas souvent, si bien quelle appara๎t apr่s un long intervalle lorsquon ne la pas vue depuis longtemps. |
[80119] Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 4 Tertiam opinionem ponit
ibi: similiter his etc.: quae fuit
quorundam sequentium Hippocratem et Aeschylum eius discipulum. Quae quidem
opinio in hoc similis est secundae, quod posuit stellam cometam esse unam de
errantibus: sed in hoc differt ab ea, quod secunda opinio posuit quod illa
stella erratica habet comam ex se; sed ista tertia opinio ponit quod non
habet comam ex seipsa, sed cum sit errans, ex loco aliquando accipit comam.
Quia dicebant quod ab ipsa stella attrahitur quidam humor; et cum ponerent
quod visus fieret extramittendo, posuerunt quod radius visualis pertingens ad
illum humorem attractum ab ea, repercutitur usque ad solem; et sic ille vapor
attractus est quasi quoddam speculum igneum solis (nam repercussio est causa
quod aliquid in speculo videatur); et ita dicunt fieri comam. |
56. Il pr้sente la troisi่me opinion lเ : il en est de m๊me, etc., qui appartenait เ certains de ceux qui suivaient Hippocrate et son disciple Eschyle. Et cette opinion est semblable เ la deuxi่me en ce quelle ้tablissait que la com่te est lune des ้toiles errantes ; mais elle en diff่re en ce que la deuxi่me opinion consid้rait que cette ้toile errante tient sa chevelure delle-m๊me, tandis que la troisi่me affirmait quelle ne la tient pas delle-m๊me, mais la re็oit parfois เ travers lespace en errant. En effet, ils disaient que lhumidit้ est attir้e par l้toile elle-m๊me ; et comme ils ้tablissaient que notre vision se fait en s้lan็ant vers lext้rieur, ils consid้raient que le rayon visuel, atteignant lhumidit้ attir้e par elle, se r้fl้chissait jusquau Soleil ; et ainsi cette vapeur attir้e est, pour ainsi dire, le miroir enflamm้ du Soleil (car la r้flexion est la cause qui fait que lon voie quelque chose dans un miroir) ; et cest ainsi que na๎t la chevelure, selon eux. |
[80120] Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 5 Assignat autem
consequenter causam de tempore apparitionis. Et dicit quod stella cometa apparet
post plurimum tempus aliorum astrorum, idest magis occultatur quam
aliquae aliae stellae, quia tardissime discedit a sole secundum tempus,
videlicet cum peregerit totum suum circulum. Quod appellat subdeficere:
dicuntur enim stellae errantes subdeficere respectu primi motus; vel
quia moventur motu contrario, et sic videntur secundum proprium motum
posteriorari; vel quia, sicut quidam dixerunt, tardius moventur quam primum
caelum, quod revolvit omnia motu diurno. Sic autem dicebant quod stella
cometa subdeficit a sole, totum suum circulum peragendo: et ideo, cum
redierit ad illum terminum ex quo incoepit discedere, iterum apparet,
quousque iterum coniungatur soli. Et dicebant etiam quod ista stella in suo
motu recedit a sole, non tantum secundum longitudinem, sed etiam secundum
latitudinem, declinans ad arctum et Austrum, idest ad Septentrionem et
meridiem. |
57. Il donne, en cons้quence, la cause du rythme de son apparition. Et il dit que la com่te appara๎t apr่s le plus long intervalle de temps parmi les autres astres, cest-เ-dire quelle est plus cach้e que les autres ้toiles, puisquelle met un temps tr่s long เ s้loigner du Soleil, assur้ment lorsquelle a parcouru tout son cercle. Cela, il lappelle se laisser distancer : on dit, en effet, que les ้toiles errantes se laissent distancer par rapport au premier mouvement, soit quelles se meuvent dun mouvement contraire, et quelles semblent ainsi ๊tre devanc้es suivant leur propre mouvement, soit que, comme certains laffirmaient, elles se meuvent plus lentement que le premier ciel, qui fait tourner toute chose par son mouvement diurne. Cest ainsi quils affirmaient quune com่te se laisse distancer par le Soleil, en accomplissant tout son cercle ; et cest pourquoi, lorsquelle est revenue au point do๙ elle avait commenc้ เ s้loigner, elle r้appara๎t, jusquเ ce quelle rejoigne le Soleil. Et ils d้claraient aussi que cette ้toile s้carte du Soleil par son mouvement, non seulement en longueur, mais aussi en largeur, d้viant vers lOurse et lAuster, cest-เ-dire vers le nord et le sud. |
[80121] Super Meteora,
lib. 1 cap. 9 n. 6 Assignat etiam consequenter causam
circa locum apparitionis huius stellae. Et dicit quod haec stella non apparet
in medio duorum tropicorum, scilicet cancri et Capricorni: quia per illam
partem caeli movetur sol et consumit humiditatem, unde in ea parte caeli non
potest praedicta stella attrahere aquam. Sed cum declinat ad Austrum,
recedens a via solis, invenit copiam ibi talis humiditatis, eo quod non est
consumpta a sole. Sed propter
obliquitatem horizontis, nobis qui habitamus in parte Septentrionali, pars
circuli paralleli quae est supra terram est parva, quae autem est sub terra
est maior: et sic sol, qui de nocte, cum videtur cometa, est sub terra,
tantum distat ab humore attracto a stella, quod non potest visus hominum
repercuti ab humore ad solem; neque si sol sit propinquus tropico,
scilicet Capricorno, neque si sit in aestivis versionibus, idest in
tropico aestivo, qui est cancer. Ubicumque enim fuerit sol sub terra, erit
maior distantia eius ad vaporem contractum quam sit conveniens repercussioni,
vel ex circulo, vel ex latitudine zodiaci. Sed quando stella illa relinquitur
a sole versus Boream, idest ad Septentrionalem partem, tunc potest
recipere comam: quia ibi est multum de humiditate, et peripheria circuli quae
est super horizontem est ibi magna, et quae est subtus est parva, et sic de
facili visus hominum refractus potest pertingere ad solem. |
58. Par cons้quent, il donne aussi la cause pour laquelle cette ้toile appara๎t เ tel endroit. Et il dit quelle nappara๎t pas au centre des deux tropiques, เ savoir du Cancer et du Capricorne, puisque le Soleil se meut dans cette partie du ciel et quil en absorbe lhumidit้, si bien que, dans cette partie du ciel, l้toile susdite ne peut attirer deau. Mais lorsquelle d้vie vers lauster, s้cartant du trajet du Soleil, elle y trouve une telle humidit้ en abondance, ้tant donn้ quelle nest pas consum้e par le Soleil. Mais, en raison de lobliquit้ de lhorizon, pour nous qui habitons dans la partie nord, la partie du cercle parall่le qui est au-dessus de la Terre est petite, et celle qui est au-dessous est plus grande ; et ainsi le Soleil, qui, de nuit, lorsque lon voit une com่te, est sous la Terre, est si distant de lhumidit้ attir้e par l้toile que la vision des hommes ne peut ๊tre r้fl้chie par lhumidit้ vers le Soleil, m๊me si le Soleil est proche du tropique, เ savoir du Capricorne, m๊me sil est dans ses tours d้t้, cest-เ-dire sur le tropique d้t้, celui du Cancer. En effet, quel que soit le lieu sous la Terre o๙ le Soleil se trouve, la distance qui le s้pare de la vapeur contract้e est plus grande quil ne convient เ la r้flexion, que ce soit sur le cercle ou sur la largeur du zodiaque. Mais quand cette ้toile se laisse devancer par le Soleil du c๔t้ du bor้e, cest-เ-dire dans la partie septentrionale, alors elle peut recevoir une chevelure : en effet, il y a beaucoup dhumidit้ เ cet endroit, et la circonf้rence du cercle qui est au-dessus de lhorizon est grande เ cet endroit, tandis que celle qui est au-dessous est petite ; et la vision des hommes peut ainsi ais้ment se r้fl้chir jusquau Soleil |
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Caput 10 |
Chapitre 10 [La th้orie des astres] |
[80122] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 1 Positis opinionibus,
hic improbat eas. Et primo ponit modum improbandi: et dicit
quod quaedam intendit inducere quae sunt communiter contra omnes praedictas
opiniones, quaedam vero quae sunt contra aliquam earum specialiter tantum. Secundo ibi: primo quidem igitur etc., disputat contra positas opiniones: et
primo contra secundam, quae fuit Pythagoricorum; secundo contra tertiam, quae
fuit Hippocratis, ibi: adhuc autem si
propter etc.; tertio contra primam, quae fuit Democriti et Anaxagorae,
ibi: commune autem et his et
cetera. |
59. Apr่s avoir expos้ ces opinions, il les r้fute ici. Et, premi่rement, il pr้sente sa m้thode pour les r้futer : il dit quil a lintention de pr้senter certains arguments qui sont contre toutes les opinions susdites de fa็on commune et certains autres qui sont contre lune dentre elles en particulier seulement. Deuxi่mement, lเ : premi่rement donc, etc., il raisonne contre les opinions expos้es : et premi่rement contre la seconde, qui ้tait celle des Pythagoriciens ; deuxi่mement contre la troisi่me, qui ้tait celle dHippocrate, lเ : de plus, si, etc. ; troisi่mement, contre la premi่re, qui ้tait celle de D้mocrite et dAnaxagore, lเ : une premi่re objection commune, etc. |
[80123] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 2 Circa primum ponit duas rationes: quarum prima talis
est. Omnes stellae erraticae subdeficiunt, idest moventur quasi
subdeficiendo, sicut expositum est, in circulo animalium qui dicitur
zodiacus; sed multi cometae visi sunt extra hunc circulum; ergo non omnes
cometae sunt stellae erraticae. Secunda ratio talis est. Saepe visi sunt
cometae plures uno simul facti: non igitur cometa est una stellarum
errantium. Harum rationum prima est communis contra has opiniones: secunda
est propria contra secundam et tertiam opinionem. |
60. Concernant le premier point, il avance deux raisons : la premi่re dentre elles est la suivante. Toutes les ้toiles errantes se laissent distancer, cest-เ-dire se meuvent comme si elles se laissaient distancer, comme on la expos้, sur le cercle des animaux qui est appel้ zodiaque ; mais beaucoup de com่tes sont visibles en dehors de ce cercle ; donc aucune com่te nest une ้toile errante. La seconde raison est la suivante. On a souvent vu plusieurs com่tes se produire en m๊me temps : donc une com่te nest pas lune des ้toiles errantes. La premi่re de ces raisons r้fute ces opinions de fa็on commune ; la seconde r้fute la deuxi่me et la troisi่me opinion en particulier. |
[80124] Super Meteora, lib.
1 cap. 10 n. 3 Deinde
cum dicit: adhuc autem si propter
etc., improbat opinionem Hippocratis per tres rationes. Circa quarum primam
dicit quod, si aliquis planetarum propter refractionem visus habet comam,
sicut dixit Hippocrates, oporteret quod aliquando haec stella erratica
appareret sine coma. Et hoc ideo, quia non ubique habet comam, ut dictum est,
sed solum cum est extra tropicos, declinans ad Septentrionem: manifestum est
autem quod etiam in aliis locis subdeficit, quasi discedens a sole; et ita
oportet quod aliquando videatur sine coma. Sed nulla stella visa est sine
coma errans praeter quinque stellas supra nominatas; quae quandoque omnes
apparent simul elevatae super horizontem, et omnibus eis existentibus super
horizontem, vel etiam quibusdam earum apparentibus super horizontem et
quibusdam existentibus cum sole, nihilominus apparent cometae. Et sic
manifestum est quod non semper cometa est una quinque stellarum errantium. Et
nulla est alia sine coma praeter has. Ergo cometa non est stella errans,
quandoque sine coma apparens: quod oporteret si comam ex seipso non haberet,
sed ex aliquo loco determinato, ut ipsi dicunt. |
61. Ensuite quand il dit : de plus, si, etc., il conteste lopinion dHippocrate pour trois raisons. ภ propos de la premi่re dentre elles, il dit que, si lune des plan่tes que lon voit grโce เ la r้fraction avait une chevelure, comme lavan็ait Hippocrate, il faudrait que cette ้toile errante apparaisse parfois sans chevelure. Et cela parce quelle na pas partout de chevelure, comme on la dit, mais seulement lorsquelle est dehors des tropiques, en d้viant vers le nord : or il est manifeste que, m๊me dans les autres lieux, elle se laisse distancer, comme si elle s้cartait du Soleil ; et ainsi il faut quon la voie parfois sans chevelure. Mais on na vu aucune ้toile errer sans chevelure เ lexception des cinq nomm้es ci-dessus ; et elles apparaissent toutes en m๊me temps, un jour ou lautre, ้lev้es au-dessus de lhorizon, et, soit quelles soient toutes au-dessus de lhorizon, soit que certaines dentre elles apparaissent au-dessus de lhorizon, soit que certaines se trouvent pr่s du Soleil, des com่tes apparaissent n้anmoins. Et il est ainsi clair quune com่te nest pas toujours lune des cinq ้toiles errantes. Et il ny en a pas dautres sans chevelure, เ part ces derni่res. Par cons้quent, une com่te nest pas une ้toile errante qui appara๎t parfois sans chevelure, ce qui serait in้vitable, si elles ne tenaient pas leur chevelure delles-m๊mes, mais dun lieu d้termin้, comme ils le disent eux-m๊mes. |
[80125] Super Meteora,
lib. 1 cap. 10 n. 4 Secundam
rationem ponit ibi: at vero neque hoc
verum et cetera. Et dicit quod non est verum quod cometa fiat solum in
loco qui declinat ad Septentrionem, hoc simul observato quod sol tunc sit
circa tropicos aestivales, quasi propinquius stellae. Quia magnus cometes qui
factus est eo tempore quo fuit factus terraemotus magnus in Achaia et
supergressio fluctuum, ortus fuit ab occasibus aequinoctialibus: et ita
manifestum est quod fuit infra tropicos. Et iam etiam multi facti sunt ad
Austrum. Falsum est ergo quod dicunt, quod fiat tantum ad Septentrionem. |
62. Il donne la deuxi่me raison lเ : mais il nest pas vrai, etc. Et il dit quil nest pas vrai que les com่tes ne se forment que dans lespace qui va vers le nord, au moment o๙ on observe le Soleil non loin des tropiques d้t้, comme sil sapprochait de l้toile. En effet, la grande com่te qui sest form้e lorsquun grand tremblement de terre et un raz de mar้e ont eu lieu en Acha๏e sest lev้e du couchant d้quinoxe ; et ainsi il est manifeste quelle sest trouv้e เ lint้rieur des tropiques. Et en outre beaucoup se sont form้es au sud ้galement. Il est donc faux de dire quune com่te ne se forme quau nord. |
[80126]
Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 5 Tertiam rationem ponit ibi: sub principe autem et cetera. Et dicit quod tempore cuiusdam
principis Atheniensium, facta fuit stella cometa, sole existente circa
tropicos hiemales, idest circa Capricornum, et hoc mense Gamelione,
idest Decembri vel Ianuario. Et hoc videtur esse impossibile, sicut etiam
ipsi dicunt, quod fiat tanta refractio visus nostri ad solem, propter
distantiam eius quae est tunc temporis de nocte ad solem, et propter
magnitudinem decisionis circuli qui est sub horizonte. Falsum est ergo quod
dicunt, quod non appareat cometa nisi sole existente circa tropicum
aestivalem. |
63. Il donne la troisi่me raison lเ : une ้toile com่te, etc. Et il dit quau temps dun archonte ath้nien une com่te sest form้e, alors que le Soleil ้tait autour des tropiques dhiver, cest-เ-dire du Capricorne, et cela au mois de Gam้lion, cest-เ-dire en d้cembre ou en janvier. Et il semble impossible, comme ils le disent eux-m๊mes, que notre vision se r้fracte si loin sur le Soleil, en raison de la distance เ laquelle ce ph้nom่ne se produit เ ce moment-lเ de nuit sur le Soleil, et เ cause de la grandeur de la section du cercle qui se trouve sous lhorizon. Il est donc faux de dire que les com่tes napparaissent que si le Soleil est pr่s du tropique d้t้. |
[80127] Super Meteora, lib.
1 cap. 10 n. 6 Deinde
cum dicit: commune autem et his
etc., improbat primam opinionem per quatuor rationes. Quarum prima est contra
omnes praedictas opiniones dicentes cometas esse stellas erraticas: quia
etiam quaedam stellarum non errantium accipiunt comam. Et hoc non solum
oportet credere Aegyptiis studentibus in mathematicis, qui hoc dicunt; sed
ipse Aristoteles dicit se hoc vidisse, quod una stellarum quae est in
figuratione canis, apud femur eius, comam habuit, sed debilem: quod patuit
quia, quando aliquis fortiter intendebat in ipsam, debilitabatur lumen comae;
sed quando aliquis iaciebat visum in stellam non nimis intense et remissius,
plus apparebat lumen comae. |
64. Ensuite quand il dit : une premi่re objection commune, etc., il r้fute la premi่re opinion par quatre raisons. La premi่re dentre elles sattaque เ toutes les opinions mentionn้es qui disent que les com่tes sont des ้toiles errantes : car certaines des ้toiles non errantes re็oivent aussi une chevelure. Et il ne faut pas seulement croire les ษgyptiens vers้s en math้matiques, qui le disaient ; mais Aristote lui-m๊me dit avoir vu que lune des ้toiles qui se trouve dans la constellation du Chien, sur sa cuisse, avait une chevelure, mais faible : et c้tait ้vident, puisque, lorsquon la fixait intens้ment, la lueur de la chevelure faiblissait, mais que, lorsquon lan็ait son regard sur elle non moins attentivement mais avec moins de tension, la lueur de la com่te apparaissait davantage. |
[80128]
Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 7 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem omnes et
cetera. Et dicit quod omnes cometae qui suo tempore fuerunt visi,
disparuerunt in loco super horizontem sine occasu, idest sine
appropinquatione ad solem. Tunc enim dicitur occasus stellarum, quando
intrant sub radiis solis: sed cometae apparentes suo tempore, disparuerunt
sine hoc quod appropinquarent ad solem, adhuc super horizontem existentes
longe a sole. Et disparuerunt quasi paulatim consumpti, ita quod non
derelinqueretur neque corpus unius stellae neque plurium. Quia magna stella
de qua supra diximus quod fuit tempore terraemotus in Achaia, apparuit
tempore hiemis in vespere, existente gelu et serenitate, sub Astio principe
Atheniensium; et primo die non apparuit ipsa stella, sed solum coma eius,
quasi occidens ante solem; secundo autem die apparuit quantum possibile fuit,
quia per modicum tempus remansit post solem et mox occubuit; sed lumen cometa
extendit usque ad tertiam partem caeli, quasi simul et non paulatim crescens
in lumine, ita ut ille ascensus luminis vocatus fuerit via cometae; et
ascendit etiam, retrocedens a sole, usque ad quasdam stellas quae vocantur
zona Orionis, et ibi fuit dissoluta, non appropinquando ad solem, sed magis
ac magis discedendo ab eo. Haec etiam ratio est contra omnes opiniones
praedictas, quae dicunt cometam esse unam vel plures stellarum errantium. Et
sic patet per hanc rationem quod illud quod Democritus dixit ad confirmandam
suam opinionem, non fuit sufficiens. Dixit enim quod, dissolutis cometis,
aliquando apparuerunt stellae quaedam remanentes: quod ideo est insufficiens,
quia oportebat ipsum probare quod, non aliquando, sed semper remanserunt
stellae dissolutis cometis; quod apparet esse falsum ex eo quod dictum est. |
65. Il donne la seconde raison lเ : en outre, toutes, etc. Et il dit que toutes les com่tes qui ont ้t้ vues เ son ้poque ont disparu dans un lieu situ้ au-dessus de lhorizon sans se coucher, cest-เ-dire sans sapprocher du Soleil. En effet, on parle de coucher des ้toiles lorsquelles entrent sous les rayons du Soleil ; mais les com่tes qui apparaissaient เ son ้poque ont disparu sans sapprocher du Soleil, de plus en ้tant au-dessus de lhorizon loin du Soleil. Et elles ont disparu comme si elles s้taient peu เ peu consum้es, au point de ne pas laisser derri่re elles le corps dune ้toile, ni celui de plusieurs. De fait, la grande ้toile dont nous avons dit ci-dessus quelle s้tait produite au moment dun tremblement de terre en Acha๏e est apparue en hiver, le soir, lors dune gel้e et par temps serein, sous larchontat de lAth้nien Astius ; et, le premier jour, ce nest pas l้toile elle-m๊me qui est apparue, mais seulement sa chevelure, comme si elle s้tait couch้e avant le Soleil ; or, le second jour, elle est apparue autant que possible, puisquelle est rest้e derri่re le Soleil pendant un court instant et quelle sest bient๔t couch้e ; mais la com่te a ้tendu sa lueur jusquau tiers du ciel, comme si elle croissait dun coup en lumi่re et non petit เ petit, si bien que laugmentation de sa lueur a ้t้ appel้e ซ la voie de la com่te ป ; et elle sest lev้e de nouveau, s้loignant เ reculons du Soleil, jusquaux ้toiles appel้es ซ la ceinture dOrion ป, et a disparu เ cet endroit, sans sapprocher du Soleil, mais en s้cartant de plus en plus de lui. Cette raison sattaque aussi เ toutes les opinions mentionn้es affirmant quune com่te est lune ou plus des ้toiles errantes. Et ainsi il est ้vident, grโce เ cette raison, que ce que D้mocrite disait pour confirmer son opinion n้tait pas suffisant. En effet, il d้clarait quau moment de la disparition des com่tes il apparaissait parfois certaines ้toiles qui restaient : et cette explication nest pas suffisante puisquil fallait quil prouve que ce nest pas parfois, mais toujours, que des ้toiles restaient au moment de la disparition des com่tes, ce qui est, de toute ้vidence, faux, dapr่s ce qui a ้t้ dit. |
[80129]
Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 8 Tertiam rationem ponit ibi: adhuc autem et Aegyptii etc.: quae talis est. Aegyptii dicunt quod
fiunt coniunctiones stellarum errantium adinvicem et ad alias stellas fixas. Et dicit se vidisse stellam Iovis se
supposuisse cuidam stellae quae est in geminis, ita quod fecit eam disparere.
Sed tamen non fuit factus cometa: quod oporteret secundum opinionem Democriti
et Anaxagorae. |
66. Il donne la troisi่me raison ici : en outre, les ษgyptiens, etc. : la voici. Les ษgyptiens disent que des conjonctions d้toiles errantes se produisent les unes avec les autres, et avec les autres ้toiles fixes. Et il dit avoir vu la plan่te Jupiter se joindre เ une ้toile appartenant aux G้meaux au point de lavoir fait dispara๎tre. Mais il ny a pourtant pas eu de com่te, ce qui aurait d๛ ๊tre le cas selon lopinion de D้mocrite et dAnaxagore. |
[80130]
Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 9 Quartam rationem ponit ibi: adhuc autem et ex ratione etc.: quae talis est. Quamvis stellarum
quaedam videantur esse maiores et quaedam minores adinvicem comparatae, tamen
unaquaeque secundum se considerata videtur quasi punctalis et indivisibilis.
Sed si essent vere indivisibiles, se invicem tangentes non facerent maiorem
magnitudinem, ut probatum est in VI Physic. Ergo quando videntur
indivisibiles licet non sint, quando coniunguntur adinvicem, non debent
videri maiores secundum apparentem magnitudinem. Et ita ex contactu stellarum
non debet videri coma, quasi propter augmentum luminis. Hae autem duae
ultimae rationes sunt proprie contra opinionem Democriti. Ultimo autem recolligit illud quod dictum
est: et patet in littera. |
67. Il donne la quatri่me raison lเ : de plus, cest aussi, etc. : la voici. Bien que certaines ้toiles semblent ๊tre plus grandes et dautres plus petites, compar้es les unes aux autres, chacune consid้r้e en elle-m๊me semble n้anmoins ๊tre comme un point indivisible. Mais si elles ้taient vraiment indivisibles, elles ne formeraient pas une grandeur sup้rieure, en se touchant les unes les autres, comme la montr้ le livre VI de la Physique. Donc, quand on les voit indivisibles sans quelles ne le soient, lorsquelles sont en conjonction les unes avec les autres, on ne doit pas les voir plus grandes. Et ainsi, lors dune conjonction d้toiles, on ne doit pas voir de chevelure, comme produite par une augmentation de la lumi่re. Ces deux derni่res raisons sattaquent en particulier เ lopinion de D้mocrite. Enfin, il r้sume ce quil a dit, comme le montre le texte. |
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Caput 11 |
Chapitre 11 [Aristote et sa th้orie des com่tes] |
[80131]
Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 1 Postquam philosophus reprobavit opiniones aliorum, hic
incipit ponere opinionem propriam de cometis. Et primo ostendit modum certitudinis qui est
in hac materia exquirendus. Et dicit quod de talibus, quae sunt immanifesta
sensui, non est exquirenda certa demonstratio et necessaria, sicut in
mathematicis et in his quae subiacent sensui; sed sufficit per rationem
demonstrare et ostendere causam, ita quod quaestionem solvamus per aliquam
solutionem possibilem, ex qua non sequatur aliquod inconveniens, per ea quae
hic apparent secundum sensum. Unde hoc modo in proposito ad
habendam causam est procedendum. |
68. Apr่s que le philosophe a r้fut้ les opinions des autres, il commence ici เ exposer sa propre opinion sur les com่tes. Et il montre premi่rement le type de certitude quil faut rechercher เ ce propos. Et il dit que, sur de tels ph้nom่nes, qui demeurent cach้s เ notre sens, on ne doit pas rechercher une d้monstration certaine et n้cessaire, comme en math้matiques et pour ce qui est soumis เ notre sens ; mais il suffit de d้montrer la cause et de la mettre en ้vidence par un raisonnement, de mani่re เ r้soudre la question par une solution possible, de telle sorte quaucun inconv้nient ne sensuive par rapport เ ce que notre sens nous donne ici เ voir. De ce fait, cest ainsi quil faut proc้der pour obtenir la cause dans cette proposition. |
[80132] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 2 Secundo ibi: supponitur enim nobis etc., secundum
praedictum modum incipit assignare causam de apparitione cometae. Et circa hoc duo facit: primo assignat
causam de apparitione cometae; secundo de loco et tempore apparitionis, ibi: eius autem quod est et cetera. Prima dividitur in duas: in prima assignat
causam apparitionis cometae; secundo hoc manifestat per signum, ibi: de eo autem quod est et cetera. Circa primum duo facit: primo ostendit
cometas apparere ex duabus causis; secundo ostendit differentiam inter
cometas ex diversis causis apparentes, ibi: quando quidem igitur et cetera. |
69. Deuxi่mement, lเ : en effet, nous supposons, etc., il commence เ exposer la cause de lapparition de la com่te en suivant la m้thode susdite. Et, concernant ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne la cause de lapparition de la com่te ; deuxi่mement, celle du lieu et du temps de son apparition, lเ : la raison pour laquelle, etc. La premi่re se divise en deux parties : dans la premi่re, il expose la cause de lapparition de la com่te ; deuxi่mement, il la montre par une preuve, lเ : il faut trouver, etc. Concernant le premier point il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il montre que les com่tes apparaissent pour deux raisons ; deuxi่mement, il montre la diff้rence entre les com่tes qui apparaissent pour les deux raisons, lเ : donc, quand, etc. |
[80133]
Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 3 Circa primum tria facit. Primo resumit quaedam superius
dicta, ad manifestandum propositum. Et dicit quod oportet supponere
supradicta, quod huius inferioris mundi qui est circa terram, prima pars et
suprema, sub corporibus circulariter motis, est exhalatio calidi et sicci.
Iterum oportet supradicta supponere, quod ista exhalatio calida et sicca, et
multa pars aeris, qui continuatur ad ignem, simul circumducitur circa terram
sub sphaera caelesti, motu circulari, quasi delata et tracta a circulatione
caeli. Et tertio oportet supponere quod exhalatio praedicta sic mota,
frequenter ignitur, quocumque modo sit disposita ad hoc quod ignis in ea bene
dominetur: propter quam causam fiunt discursus siderum, ut dictum est. |
70. Concernant le premier point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement il r้sume certains propos tenus plus haut, pour d้montrer la proposition. Et il dit quil faut supposer les propos susdits, เ savoir que la premi่re partie du monde inf้rieur qui entoure la Terre, celle qui est tout en haut, sous les corps qui se meuvent circulairement, est une exhalaison de chaud et de sec. Il faut une deuxi่me fois supposer les propos susdits, เ savoir que cette exhalaison chaude et s่che et une grande partie de lair, qui est contigu au feu, sont entra๎n้es en m๊me temps autour de la Terre sous la sph่re c้leste, par le mouvement circulaire, comme si elles ้taient emport้es et tra๎n้es par la r้volution du ciel. Et, troisi่mement, il faut supposer que lexhalaison susdite ainsi mue senflamme fr้quemment, quelle que soit la mani่re dont elle est dispos้e เ ce que le feu domine bien en elle : cest pour cette raison que se produisent les courses ้parses des astres, comme on la dit. |
[80134] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 4 Secundo ibi: cum igitur in talem etc., assignat
causam apparitionis cometae. Et dicit quod quando talis exhalatio fuerit
condensata, et propter motum superioris corporis inciderit in ipsam
exhalationem aliquod principium igneum, ita scilicet quod ex aliqua parte
incipiat exuri; sic quod ignis non sit tam multus ut cito exurat materiam,
neque etiam sit ita debilis ut cito extinguatur priusquam accendatur, sed sit
talis quod plus et diu possit permanere, cum quantitate ignis et dispositione
materiae inspissatae; cum hoc etiam quod simul de inferioribus ascendat
continue exhalatio bene disposita ad hunc modum exustionis, ut scilicet diu
duret; tunc fit stella cometa: quia illud quod iam ignitum est videtur quasi
stella, reliqua autem exhalatio, quae nondum est perfecte ignita, sed apta
ignitioni, videtur coma eius. Quia
qualitercumque figuretur talis exhalatio, huiusmodi figura videbitur. Quia si
exhalatio sit undique circumposita stellae, idest principio vel parti
ignitae, videtur quasi coma, unde et cometes dicitur: si autem
disponatur ad longitudinem principii igniti, videtur exhalatio esse quasi
barba stellae, et ideo vocatur pogonias, idest quasi barbatus. |
71. Deuxi่mement, lเ : lorsque, dans une telle, etc., il expose la raison de lapparition de la com่te. Et il dit que, lorsquune telle exhalaison sest condens้e et quun principe ign้ a atteint cette exhalaison m๊me en raison du mouvement du corps sup้rieur, de telle sorte quelle commence เ se consumer en partie ; เ la condition que le feu ne soit pas abondant au point de consumer rapidement la mati่re, quil ne soit pas non plus trop faible pour s้teindre rapidement avant de s๊tre embras้, mais quil soit tel quil puisse durer sur une grande distance et longtemps, avec la quantit้ de feu et la disposition de la mati่re condens้e ; et quen m๊me temps que monte continuellement den bas une exhalaison qui est bien apte เ ce mode de combustion, เ savoir dune longue dur้e, alors il na๎t une com่te ; car ce qui est d้jเ enflamm้ semble ๊tre une sorte d้toile, et le reste de lexhalaison, qui nest pas encore parfaitement enflamm้e, mais propre เ l๊tre, semble sa chevelure. En effet, quelle que soit la forme que prend telle exhalaison, cest une forme de ce genre que lon verra. Car si lexhalaison est plac้e tout autour de l้toile, cest-เ-dire autour de son d้but ou de sa partie enflamm้e, elle ressemble เ une sorte de chevelure, si bien quon lappelle chevelue ; mais si elle est dispos้e dans le sens de la longueur de son d้but enflamm้, lexhalaison semble ๊tre comme la barbe de l้toile et cest pourquoi elle est appel้e ซ pogonias ป, cest-เ-dire barbue, pour ainsi dire. |
[80135] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 5 Tertio ibi: sicut
autem talis latio etc., manifestat quod dictum est de cometa, per
comparationem ad stellam cadentem. Dictum est enim supra quod motus ignis
accensi in tali materia, cum fuerit motus per expulsionem, videtur esse motus
stellae: et similiter mansio vel quies igniti principii in praedicta materia,
videtur esse mansio vel quies stellae. Dicit autem stellam cometam quiescere,
ad excludendum motum qui apparet in stellis cadentibus; non autem ad
excludendum motum cometae secundum quod circumvolvitur simul cum caelo, de
quo post dicet. Huiusmodi autem mansio praedicti principii accidit propter
hoc, quod materia non statim consumitur; tum propter multitudinem et
spissitudinem, et ignis debilitatem; tum propter aliam materiam succedentem,
ut dictum est. Et est simile
sicut si aliquis in magnum cumulum palearum immiserit titionem, aut aliud
quodcumque ignitum principium: non enim statim discurret, quasi exurens
paleam, sed videtur ignitio diu in uno loco manere. Et ita, si quis recte
consideret, videtur similitudinem quandam habere discursus stellarum
cadentium apparitioni cometae. Quia in stellis discurrentibus cito procedit
ignitio in longitudinem, propter dispositionem scilicet hypeccaumatis ad hoc
quod de facili aduratur: sed si ignitio maneret, et non pertransiret
consumendo materiam, aut materia esset multum densa, ut non posset cito
consumi, tunc, quasi subtracto medio discursu, remaneret solummodo stella
manens, sicut est in principio discursus et in termino. Et tale quid
est cometa: ut imaginemur quod cometa sit quasi stella discurrens, prout
talis stella est in principio et in fine discursus, subtracto motu
discursionis. Sic igitur concludit quod,
quando principium consistentiae ipsius fuerit in inferiori loco, idest
sub globo lunari, dicitur cometa per se apparens, sine aliqua stella errante
vel fixa. |
72. Troisi่mement lเ : de m๊me quune telle translation, etc., il montre ce quil a dit sur les com่tes, en comparaison des ้toiles filantes. En effet, il a dit ci-dessus que le mouvement du feu allum้ dans une telle mati่re, lorsquil a ้t้ expuls้, semble ๊tre celui dune ้toile ; et, de la m๊me fa็on, la station ou limmobilit้ du d้but enflamm้ dans la mati่re susdite semble ๊tre la station ou limmobilit้ dune ้toile. Or il dit quune com่te est immobile, pour exclure le mouvement qui appara๎t chez les ้toiles filantes, non pour exclure celui de la com่te dans la mesure o๙ elle tourne en m๊me temps que le ciel, ce dont il parlera ensuite. Une station de ce genre, celle du d้but susdit, se produit parce que la mati่re ne se consume pas sur-le-champ, tant๔t en raison de sa quantit้, de sa condensation et de la faiblesse du feu, tant๔t en raison de lautre mati่re qui est dessous, comme on la dit. Et cest comme si on enfon็ait un tison ou nimporte quelle source de feu dans un grand tas de paille : en effet, il nerre pas aussit๔t ็เ et lเ, comme sil incendiait la paille, mais la combustion semble demeurer longtemps เ un seul endroit. Et ainsi, si on r้fl้chit correctement, la course des ้toiles filantes para๎t avoir une ressemblance avec lapparition dune com่te. En effet, la combustion se r้pand rapidement en longueur chez les ้toiles filantes, en raison de la disposition de lhypeccauma เ br๛ler ais้ment ; mais si la combustion restait et ne passait pas en consumant la mati่re, ou bien si la mati่re ้tait dense au point de ne pouvoir ๊tre consum้e rapidement, alors, comme si le centre de son parcours avait disparu, l้toile demeurerait seulement immobile, comme elle lest au d้but et เ la fin de sa course. Et telle est la com่te : ainsi imaginons-nous que cest une sorte d้toile filante, dans la mesure o๙ une telle ้toile est au d้but et la fin de son parcours, abstraction faite du mouvement de sa course. Ainsi donc, il conclut que, lorsque le principe de sa consistance m๊me se trouve dans le lieu inf้rieur, cest-เ-dire sous le globe de la Lune, on dit quune com่te appara๎t delle-m๊me, sans une ้toile filante ou fixe. |
[80136] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 6 Deinde cum dicit: quando autem sub astrorum aliquo etc.,
assignat alium modum apparitionis cometae. Et dicit quod quando sub aliqua
stellarum errantium vel non errantium, exhalatio adunatur per motum illius
stellae, tunc aliqua stellarum dictarum fit cometa: non quod stella quae
apparet sit aliquod igneum in aere, sicut in superiori modo dictum est, sed est verax stella,
errans vel non errans; non tamen coma eius fit in loco caelesti ubi sunt
astra, sed est sub caelo in aere. Et ponit exemplum de halo, idest de
aere qui videtur aliquando circumstare solem et lunam, etiam sole et luna
motis. Huiusmodi enim halo non est in loco solis et lunae, licet sequatur
solem et lunam, etiam sole et luna motis: haec enim passio fit in aere
condensato sub motu solis et lunae, ut infra dicetur. Sicut igitur halo se
habet ad solem et lunam, ita coma se habet ad stellas fixas vel erraticas,
quando apparent cum comis: et est aliqua exhalatio inferius, scilicet in
superiori loco aeris, consequens motum illarum stellarum. Sed tamen haec est
differentia inter halo et comam, quia color eius quod dicitur halo, non est
in ipso vapore, sed est ex reverberatione ad nubem, ut infra ostendetur: sed
hoc quod videtur de comis, est proprie color ipsarum exhalationum fumosarum. |
73. Ensuite quand il dit : quand cest sous lun des astres, etc., il pr้sente lautre mode dapparition des com่tes. Et il dit que lorsque, sous lune des ้toiles errantes ou non errantes, une exhalaison sagr่ge เ cause du mouvement de cette ้toile, alors lune des ้toiles mentionn้es devient une com่te, non que l้toile qui appara๎t soit un corps enflamm้ dans lair, comme on la dit pour le mode pr้c้dent, mais cest une v้ritable ้toile, errante ou non ; cependant la chevelure ne se forme pas เ lendroit du ciel o๙ sont les astres, mais sous le ciel, dans lair. Et il donne lexemple du halo, cest-เ-dire de lair qui semble parfois entourer le Soleil et la Lune, m๊me quand ils se meuvent. En effet, un halo de ce genre ne se trouve pas เ la place du Soleil et de la Lune, bien quil les suive, m๊me quand ils sont en mouvement : car ce ph้nom่ne se produit dans un air condens้, sous le mouvement du Soleil et de la Lune, comme on le dira ci-dessous. Donc, de m๊me que le halo appartient au Soleil et เ la Lune, de m๊me la chevelure appartient aux ้toiles fixes ou errantes, lorsquelles apparaissent avec des chevelures ; et il se trouve ainsi une exhalaison plus bas, เ savoir dans la partie sup้rieure de lair, เ la suite du mouvement de ces ้toiles. Mais pourtant voici une diff้rence entre le halo et la chevelure : la couleur de ce qui est appel้ ซ halo ป ne se trouve pas sur la vapeur elle-m๊me, mais elle est caus้e par la r้verb้ration sur les nuages, comme on le montrera ci-dessous ; mais ce que lon voit sur les com่tes est la couleur des exhalaisons fumeuses elles-m๊mes, เ proprement parler. |
[80137]
Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 7 Deinde cum dicit: quando
quidem igitur etc., ostendit differentiam inter cometas secundum duos
dictos modos apparentes. Et dicit quod quando adunatio exhalationis fit
secundum aliquam stellam fixam vel errantem, necesse est quod in cometa manifeste
videatur ille motus qui est stellae cui adhaeret coma: sed quando stella
cometa est per se ignis existens in aere, sine aliqua superiorum stellarum,
tunc videntur subtardantes. Et hoc manifestat per hoc quod latio
inferioris mundi qui est circa terram, talis est, scilicet tardior
motu caelesti: quamvis enim circumvolvatur ignis et magna pars aeris per
motum firmamenti, non potest tamen attingere ad velocitatem motus caelestis.
Exhalatio igitur ignita existens in superiori parte aeris, circumvolvitur
solum cum aere et igne: sed quia motus horum corporum est tardior motu
firmamenti, ideo cometa existens in aere remanet post corpora caelestia, quae
velocissime moventur; et sic videtur habere motum contrarium firmamento,
sicut et planetae, ex sola retardatione. Quod etiam quidam opinati sunt circa
planetas: et inde est etiam quod praedictae opiniones posuerunt cometas esse
planetas. Sed hoc quod cometa saepe fit per se, et
frequentius quam circa aliquam stellarum determinatarum, idest
fixarum, quae habent esse fixum et determinatum in caelo, maxime manifestat
quod cometa non est repercussio facta in exhalatione (quam nominat hypeccauma)
ad ipsam stellam cui adhaeret coma, sicut est in halo. Si autem esset sicut
est in halo, fieret repercussio visus ab exhalatione ad ipsam stellam, et non
ad solem, sicut dicunt sequaces Hippocratis. Sed de halo posterius dicetur. |
74. Ensuite quand il dit : donc, quand, etc., il montre la diff้rence entre les com่tes qui apparaissent selon les deux modes mentionn้s. Et il dit que, lorsque lagr้gation dune exhalaison se forme sous linfluence dune ้toile fixe ou errante, il est n้cessaire que lon voie clairement la com่te se mouvoir selon le mouvement qui est celui dune ้toile เ laquelle adh่re une chevelure ; mais lorsque la com่te est un feu qui existe par lui-m๊me dans lair, sans lune des ้toiles sup้rieures, alors on les voit se laisser distancer. Et ce qui le montre, cest que la translation du monde inf้rieur qui est autour de la Terre, est telle, cest-เ-dire plus lente que le mouvement c้leste ; en effet, bien que le feu et une grande partie de lair accomplissent une r้volution en suivant le mouvement du firmament, ils ne peuvent pourtant pas atteindre la vitesse du mouvement c้leste. Donc lexhalaison enflamm้e qui se trouve dans la partie sup้rieure de lair accomplit une r้volution seulement en m๊me temps que lair et le feu ; mais puisque le mouvement de ces corps est plus lent que celui du firmament, la com่te qui se trouve dans lair reste derri่re les corps c้lestes, qui se meuvent tr่s vite ; et ainsi, elle semble avoir un mouvement contraire เ celui du firmament, tout comme les plan่tes, du fait de son retard seulement. Et cest aussi ce que certains ont pens้ des plan่tes ; et cest ้galement la raison pour laquelle les opinions pr้c้dentes ้tablissaient que les com่tes sont des plan่tes. Mais le fait quune com่te se forme souvent delle-m๊me, et cela plus fr้quemment quautour dune des ้toiles d้termin้es, cest-เ-dire fixes, qui ont une existence fixe et d้termin้e dans le ciel, montre surtout quelle nest pas une r้flexion faite dans une exhalaison (quil appelle hypeccauma) en direction de l้toile m๊me เ laquelle adh่re une chevelure, comme dans un halo. Or si c้tait comme dans un halo, la r้flexion de la vue se ferait de lexhalaison vers l้toile m๊me et non vers le Soleil, comme le disent les disciples dHippocrate. Mais du halo il sera question plus loin. |
[80138]
Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 8 Deinde cum dicit: de
eo autem quod est etc., manifestat quod dixerat, per signum. Et dicit
quod huius quod est consistentiam cometarum esse igneam, vel quantum ad comam
apparentem, argumentum est hoc, quod plures cometae significant spiritus et
siccitates. Manifestum est enim quod venti et siccitates fiunt propter hoc,
quod multa exhalatio sicca est segregata a terra; unde necesse est aerem esse
sicciorem, et humidum quod evaporat ab aquis, rarefieri et dissolvi, propter
multitudinem calidae exhalationis, ita quod non de facili vapores in aquam condensentur,
sed magis generentur venti, qui causantur ex exhalationibus siccis; hoc autem
erit manifestius quando dicetur de ventis. Sic igitur, quando apparent
frequentes et multi cometae, quod accidit propter multitudinem exhalationis
siccae, oportet quod anni sint notabiliter sicci et ventosi. Sed quando
rarius fiunt cometae, et non ita magni fiunt, non sunt anni notabiliter sicci
et ventosi; sed tamen, ut frequenter, fit excessus venti, aut secundum
tempus, quia diu durat, aut secundum magnitudinem, quia vehementer flat. Et ponit exempla. Aliquando enim in
quibusdam fluviis cecidit lapis ex aere per diem, elevatus a vento; et tunc
fuit factus quidam cometa circa vesperum. Et similiter circa illum magnum
cometam de quo supra dixit, fuit hiems sicca et borealis, et propter
contrarietatem ventorum factus fuit superexcessus fluctuum, ita quod propter
hoc destructae dicuntur quaedam civitates; quia extra in pelago flabat magnus
Auster, sed in sinu vincebat Boreas. Similiter sub principe Nicomacho
apparuit quidam cometa, et tunc etiam fuit factus magnus ventus apud
Corinthum. |
75. Ensuite quand il dit : il faut trouver, etc., il montre ce quil avait dit, par un signe. Et il dit que ce qui prouve que la consistance des com่tes est ign้e, ou mieux en ce qui concerne leur chevelure apparente, cest quun assez grand nombre de com่tes annoncent des souffles et des s้cheresses. En effet, il est ้vident que les vents et les s้cheresses se produisent parce quune importante exhalaison s่che sest s้par้e de la Terre ; de ce fait, il est n้cessaire que lair soit plus sec et que lhumidit้ qui s้vapore des eaux se rar้fie et se dissolve en raison de la grande quantit้ de lexhalaison chaude, de telle sorte que les vapeurs ne se condensent pas ais้ment en eau, mais que ce sont plut๔t des vents caus้s par les exhalaisons s่ches qui sont engendr้s ; cela sera plus ้vident quand on parlera des vents. Ainsi donc, quand les com่tes apparaissent souvent et en grand nombre, ce qui arrive en raison dune grande quantit้ dexhalaison s่che, il faut que les ann้es soient s่ches et venteuses de fa็on notable. Mais quand les com่tes se forment plus rarement, et quelles sont dune taille moindre, les ann้es ne sont pas s่ches et venteuses de fa็on notable ; mais pourtant, comme souvent, il se produit un exc่s de vent, soit dans le temps, puisquil dure longtemps, soit en quantit้, puisquil souffle avec violence. Et il donne un exemple. En effet, une pierre est parfois tomb้e de lair dans certains fleuves de jour, apr่s avoir ้t้ soulev้e par le vent ; et cest alors quune com่te sest form้e vers le soir. Et, de la m๊me fa็on, lors de la grande com่te dont il a parl้ ci-dessus, il sest produit un hiver sec et marqu้ par le bor้e et, parce que les vents ้taient contraires, un raz-de-mar้e a eu lieu, de telle sorte que, dit-on, des cit้s ont ้t้ d้truites เ cause de cela ; en effet, เ lext้rieur, sur la mer, un fort auster soufflait, mais lauster lemportait dans le golfe. De la m๊me mani่re, sous larchontat de Nicomaque, une com่te est apparue et alors il sest aussi produit un grand vent เ Corinthe. |
[80139]
Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 9 Deinde cum dicit: eius
autem quod est etc., assignat causam de loco et tempore apparitionis
cometae. Et dicit quod causa eius quod non fiant multi neque saepe, et magis
extra tropicos, idest extra viam solis, quam intra, est quod per motum
solis et astrorum non solum sunt exhalationes calidae a terra resolutae, sed
etiam, si aliquid est in huiusmodi exhalationibus consistens et spissum, per
motum solis et stellarum disgregatur; et sic impeditur causa apparitionis
cometae, nisi quando fuerit superabundans talis exhalationis multiplicatio,
quod raro accidit. Et maxime etiam causa est rarae apparitionis cometarum,
quia plurimum de materia tali ex qua causatur apparitio cometae, adunatur in
regione lactei circuli, ut infra dicetur: unde raro tantum multiplicatur
exhalatio, quod sufficiat apparitioni cometae et lactei circuli. |
76. Ensuite, quand il dit : la raison pour laquelle, etc., il pr้sente la raison pour laquelle une com่te appara๎t เ tel endroit et เ tel moment. Et il dit que, si les com่tes ne se forment pas en grand nombre ni souvent, et davantage en dehors des tropiques, cest-เ-dire en dehors de la voie du Soleil, quen dedans, cest non seulement que les exhalaisons chaudes r้solues เ partir de la Terre sont caus้es par le mouvement du Soleil et des astres, mais aussi que, si quelque chose, dans les exhalaisons de ce genre, est consistant et dense, il se d้sagr่ge du fait de leur mouvement ; et ainsi la cause de lapparition de la com่te est entrav้e, sauf parfois, en cas daccumulation en surabondance dune telle exhalaison, ce qui arrive rarement. Et surtout, la cause de la raret้ de lapparition des com่tes est aussi que la plus grande partie de la mati่re qui cause une apparition de com่te saccumule dans la r้gion de la Voie lact้e, comme on le dira plus bas : de ce fait, lexhalaison se multiplie rarement en assez grande quantit้ pour suffire เ lapparition dune com่te et de la Voie lact้e. |
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Caput 12 |
Chapitre 12 [La Voie lact้e] |
[80140]
Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 1 Postquam philosophus determinavit de stellis cadentibus
et cometis, nunc determinat de lacteo circulo. Et primo
ostendit de quo est intentio. Et dicit quod iam dicendum est de lacteo
circulo, qualiter et propter quam causam est apparitio eius, et quid est illa
claritas quae est quasi lac; hoc servato ordine, ut primo discutiamus ea quae
ab aliis dicta sunt. Secundo ibi: vocatorum quidem igitur etc., exequitur propositum. Et primo ponit opiniones aliorum; secundo
opinionem propriam, ibi: nos autem
dicamus et cetera. Prima dividitur in tres, secundum tres
opiniones quas ponit: secunda incipit ibi: qui autem circa Anaxagoram etc.; tertia ibi: amplius autem est tertia et cetera. |
77. Apr่s que le philosophe a d้termin้ au sujet des ้toiles filantes et des com่tes, il d้termine maintenant au sujet du cercle lact้. Et il montre premi่rement ce เ quoi il pr๊te attention. Et il dit quil faut d้sormais parler du cercle lact้, ce quil est, quelle est la cause de son apparition, et quelle est cette clart้ qui rappelle le lait, en respectant lordre selon lequel nous discutons en premier lieu de ce qui a ้t้ dit par les autres. Deuxi่mement lเ : certains de ceux, il ex้cute la proposition. Et il pr้sente premi่rement les opinions des autres, deuxi่mement la sienne, lเ : disons, pour notre part, etc. La premi่re partie se divise en trois, selon les trois opinions quil expose : la deuxi่me commence lเ : les disciples dAnaxagore, etc. ; la troisi่me, lเ : en outre, il existe une troisi่me, etc. |
[80141]
Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 2 Circa primum duo facit. Primo ponit opinionem. Et dicit
quod quidam de numero philosophorum qui vocantur Pythagorici, dixerunt quod
lacteus circulus est quaedam via. Sed in hoc diversificati sunt: quidam enim
dixerunt quod erat via alicuius stellae quae per hanc partem caeli transivit,
derelicto proprio cursu, tempore exorbitationis caeli, quae dicitur in
fabulis fuisse facta sub Phaetonte; sed alii dicunt quod per istum circulum
quandoque transivit sol. Et ita per motum solis vel stellae, locus iste caeli
est quasi exustus, vel passus aliquam talem passionem, ut videatur ibi
quaedam albedo. |
78. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il expose lopinion. Et il dit que certains des philosophes du nombre de ceux qui sont appel้s Pythagoriciens affirmaient que le cercle lact้ est une voie. Mais leurs avis diff้raient sur ce point : en effet, certains disaient que c้tait la voie dune ้toile qui ้tait pass้e par cette partie du ciel, apr่s avoir abandonn้ sa propre course, au moment o๙ le ciel a quitt้ son orbite, ce qui, dit-on dans les mythes, a eu lieu sous Pha้ton ; mais dautres disent que le Soleil est parfois pass้ par ce cercle. Et ainsi, en raison du mouvement du Soleil ou de l้toile, cette partie du ciel est comme br๛l้e ou a subi un tel accident quil semble y avoir lเ une blancheur. |
[80142]
Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 3 Secundo ibi: inconveniens
autem etc., improbat hanc opinionem. Et dicit quod inconveniens fuit quod
ponentes hanc opinionem non simul intelligebant quod, si transitus solis vel
stellae esset causa huius claritatis in hac parte caeli, multo magis
oportebat quod haec dispositio esset in circulo zodiaco, quam in circulo
lacteo: quia non solum sol, sed omnes stellae errantes feruntur per zodiacum.
Circulus autem zodiacus totus manifestus est nobis, diversis temporibus, quia
de nocte semper apparet medietas zodiaci super terram (terra enim obtinet
vicem puncti respectu sphaerae stellarum fixarum: unde per grossitiem terrae
nihil occultatur nobis de zodiaco): sed quamvis totus zodiacus sit a nobis
visibilis, tamen non videtur in eo aliqua talis dispositio, nisi in parte qua
coniungitur lacteo circulo. |
79. Deuxi่mement lเ : il est absurde, etc., il r้fute cette opinion. Et il dit quil ้tait absurde que ceux qui ้tablissaient cette opinion naient pas en m๊me temps compris que, si le passage du Soleil ou dune ้toile ้tait la cause de cette clart้ dans cette partie du ciel, il serait in้vitable que cette disposition se trouve dans le cercle du zodiaque, plut๔t que dans le cercle lact้ : en effet, non seulement le Soleil, mais aussi toutes les plan่tes sont emport้es par le zodiaque. Or le cercle du zodiaque nous est compl่tement visible, เ diff้rents moments, puisque, de nuit, une moiti้ du zodiaque appara๎t toujours au-dessus de la Terre (car la Terre occupe la place dun point par rapport เ la sph่re des ้toiles fixes ; de ce fait, rien ne nous est cach้ du zodiaque par la grosseur de la terre) ; mais bien que le zodiaque tout entier nous soit visible, cependant on ny voit pas une telle disposition, sauf dans la partie o๙ il touche le cercle lact้. |
[80143]
Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 4 Deinde cum dicit: qui
autem circa Anaxagoram etc., ponit secundam opinionem. Et primo recitat
eam. Et dicit quod sectatores Anaxagorae et Democriti dixerunt claritatem
lacteam quae apparet in caelo, esse lumen quarundam stellarum. Cum enim sol fertur
sub terra, dicebant quod umbra terrae pertingit usque ad sphaeram stellarum
fixarum, et occultat quasdam stellas, ne recipiant radios solis; non autem
omnes, quia propter parvitatem terrae, umbra eius non occupat totum caelum,
sed aliquam parvam partem. Dicebant enim quod claritas stellarum quae
respiciuntur a sole, non apparet, quia prohibetur apparere a radiis solis ad
eas pertingentibus; et sic circa eas non videtur claritas lactis. Sed illarum
stellarum ad quas non pertingunt radii solis, impediente terra, apparet
proprium lumen; quod dicebant esse claritatem lactis. |
80. Ensuite, quand il dit : les disciples dAnaxagore, etc., il expose la deuxi่me opinion. Et il commence par la citer. Et il dit que les disciples dAnaxagore et de D้mocrite affirmaient que la clart้ lact้e qui appara๎t dans le ciel est la lumi่re de certaines ้toiles. En effet, ils disaient que, lorsque le Soleil est entra๎n้ sous la Terre, lombre de cette derni่re atteint la sph่re des ้toiles fixes et cache certaines ้toiles, afin quelles ne re็oivent pas les rayons du Soleil ; mais non pas toutes, puisque, en raison de la petite taille de la Terre, son ombre noccupe pas tout le ciel, mais une petite partie. Ils disaient, en effet, que la clart้ des ้toiles qui sont regard้es par le Soleil nappara๎t pas, puisque les rayons du Soleil qui les atteignent lemp๊chent dappara๎tre ; et ainsi on ne voit pas la clart้ du cercle lact้ autour delles. Mais appara๎t la lumi่re propre des ้toiles que les rayons du Soleil natteignent pas car la Terre fait obstacle, ce qui, selon eux, constitue l้clat de la Voie lact้e. |
[80144]
Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 5 Secundo ibi: manifestum
est autem etc., reprobat hanc opinionem per duas rationes. Quarum primam
ponit, dicens manifestum esse hoc quod dictum est esse impossibile. Quia
claritas lactis semper apparet in eisdem stellis: quia circulus lacteus
videtur esse unus de maximis circulis sphaerae, qui dividit eam per medium.
Sed quia sol non semper manet in eodem loco caeli, oportet quod semper sint
alia et alia astra quae occultantur radiis solis per umbram terrae: quia
oportet imaginari motum umbrae in oppositum motui solis. Si igitur occultatio
stellarum per umbram terrae esset causa apparitionis lacteae claritatis,
oporteret, moto sole, transferri et lacteam claritatem. Sed hoc non videtur
fieri, quia semper apparet in eodem loco et in eisdem stellis, ut dictum est.
Falsa est igitur praedicta opinio. |
81. Deuxi่mement lเ : or il est manifeste, etc., il rejette cette opinion pour deux raisons. Il expose la premi่re dentre elles, en disant quil est manifeste que ce qui a ้t้ dit est impossible. En effet, la clart้ de la Voie lact้e se montre toujours dans les m๊mes ้toiles, puisque le cercle lact้ semble ๊tre lun des plus grands cercles de la sph่re, celui qui la divise par le centre. Mais ้tant donn้ que le Soleil ne reste pas toujours au m๊me endroit du ciel, il faut quil y ait toujours de nouveaux astres qui soient cach้s aux rayons du Soleil par lombre de la Terre : en effet, il faut se figurer le mouvement de lombre เ loppos้ de celui du Soleil. Donc, si loccultation des ้toiles par lombre de la Terre ้tait la cause de lapparition de la clart้ lact้e, il faudrait que, lorsque le Soleil est en mouvement, elle se meut aussi. Mais on ne voit pas que cela se produise, puisquelle appara๎t toujours au m๊me endroit et dans les m๊mes ้toiles, comme on la dit. Par cons้quent lopinion pr้c้dente est fausse. |
[80145] Super Meteora, lib.
1 cap. 12 n. 6 Secundam
rationem ponit ibi: adhuc autem si
quemadmodum etc., dicens quod probatum est per astrologicas rationes et
considerationes, quod sol est maior terra, et quod plus distant astra fixa a
terra quam sol, sicut et sol plus quam luna. Quando autem corpus lucidum est
maius corpore opaco ex cuius oppositione fit umbra, umbra non ascendit in
immensum, sed pyramidaliter ascendit in conum usque ad aliquam quantitatem;
et tanto minorem, quanto corpus lucidum minus distat a corpore opaco, et
quanto magis excedit ipsum. Unde manifestum est quod non multum longe conus
umbrae terrae proiicitur ad radios qui sunt a sole, neque umbra terrae, quae
vocatur nox, est apud astra fixa: sed necesse est quod sol prospiciat omnia
astra fixa, et quod nulli eorum obsistat terra. Obsistit autem lunae eclipsans
ipsam, quia est inferior sole, ut dictum est. Et sic patet quod praedicta
opinio falsum supponebat. |
82. Il donne la seconde raison lเ : en outre, comme, etc., disant quil est prouv้ dans les raisonnements et les observations astronomiques que le Soleil est plus grand que la Terre et que les astres fixes sont plus distants de la Terre que le Soleil ne lest, de m๊me que le Soleil est plus ้loign้ que la Lune. Or, quand le corps lumineux est plus grand que le corps opaque dont linterposition cr้e lombre, lombre ne monte pas vers limmensit้, mais monte en pyramide sous la forme dun c๔ne jusquเ une certaine hauteur, qui est dautant plus petite que le corps lumineux est moins ้loign้ du corps opaque et quil le d้passe. De ce fait, il est manifeste que le c๔ne de lombre de la Terre nest pas projet้ tr่s loin vers les rayons qui proviennent du Soleil et que lombre de la Terre, qui est appel้e ซ nuit ป, natteint pas les astres fixes ; mais il est n้cessaire que le Soleil ait vue sur tous les astres fixes et que la Terre ne fasse obstacle เ aucun dentre eux. Elle fait obstacle เ la Lune en l้clipsant, puisquelle est plus petite que le Soleil, comme on la dit. Et ainsi il est ้vident que lopinion pr้c้dente pr้sentait une hypoth่se erron้e. |
[80146] Super
Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 7 Tertiam opinionem ponit ibi: amplius autem est tertia et cetera. Et primo recitat ipsam,
dicens quod quaedam tertia opinio fuit de circulo lacteo. Dixerunt enim
quidam quod claritas lactea est ex eo quod visus noster repercutiebatur a
stellis quibusdam ad solem; et ideo apparebat claritas circa illas stellas
repercutientes visum, ita quod sunt quasi quoddam speculum claritatis
solaris, sicut et Hippocrates dixit de apparitione cometae. |
83. Il expose la troisi่me opinion lเ : en outre, il existe une troisi่me, etc. Et il la cite, en disant quil existait une troisi่me opinion sur le cercle lact้. En effet, certains affirmaient que son clart้ laiteuse sexplique par le fait que notre vision ้tait r้fl้chie par certaines ้toiles vers le Soleil, et que, pour cette raison, une clart้ apparaissait autour des ้toiles r้fl้chissant notre vision, de telle sorte quelles sont comme un miroir de la clart้ solaire, comme Hippocrate le disait de lapparition dune com่te. |
[80147]
Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 8 Secundo ibi: impossibile
autem etc., improbat hanc opinionem per duas rationes. Quarum primam
ponit, dicens quod impossibile est quod praedicta opinio ponit. Et praemittit
hanc propositionem. Si omne, idest totum hoc, scilicet videns et
speculum et res quae videtur per speculum, immobilis maneat, necesse est quod
eadem pars emphaseos, idest formae apparentis, appareat in eodem
signo speculi, idest in eodem puncto ad quod fit repercussio lineae
visualis. Sed si speculum moveatur, et similiter res visa per speculum,
videns autem quiescat; et illa duo quae moventur, semper remaneant in eadem
distantia ad videntem, sed adinvicem comparata neque aequali velocitate
moventur, neque sunt semper in eadem distantia; impossibile est quod eadem
apparitio fiat in eadem parte speculi. Quia nihil differt quod speculum et
res visa moveantur diversa velocitate, quam si unum moveretur et alterum
quiesceret: quod si esset, manifestum est quod videretur in alia et alia
parte speculi forma rei visae, propter diversam oppositionem secundum situm.
Et hoc dico si videns quiescat: quia si videns moveatur, et speculum
quiesceret, et res visa moveatur, posset forma rei visae apparere in eadem
parte speculi; quia per motum videntis recompensaretur quod deesset motu rei
visae, si sic proportionaliter moverentur. Unde oportet quod, quando videns
quiescit, et speculum et res visa moventur inaequali velocitate, quod forma
non appareat in eadem parte speculi. Sed astra quae sunt in circulo lacteo
existentia, quae ponuntur quasi speculum, moventur; et similiter sol movetur,
ad quem ponitur fieri repercussio visus, et sic obtinet locum rei visae; nos
autem, qui sumus videntes, quiescimus, propter quietem terrae (motus autem
quo movemur per terram, non facit aliquam sensibilem differentiam respectu
tantae magnitudinis); astra autem praedicta et sol moventur aequaliter nobis
quidem, et distantia eorum semper (est) aequalis nobis. Quod non est sic
intelligendum, quod aequalis sit distantia a nobis ad solem, distantiae quae
est a nobis ad stellas, cum supra dictum sit quod stellae sunt supra solem;
sed quod sol per motum suum non fit a nobis magis vel minus distans. Et
similiter convenit stellae: ut intelligatur maior vel minor distantia, quae
sit notabilis respectu distantiae quae est inter solem et stellas; et hoc
propter parvitatem terrae. Sed a seipsis sol et stellae non semper distant
aequaliter: quia Delphis, hoc est constellatio delphini, quae est in
lacteo circulo, quandoque oritur in media nocte, quandoque autem diluculo; et
manifestum est quod plus distat a sole quando oritur in media nocte, quam
quando oritur diluculo. Sed partes lactei circuli semper manent in eodem
loco: quod non oportebat si esset apparitio ex repercussione proveniens; non
enim esset haec claritas in eisdem locis, ut ostensum est. Unde patet
praedictam opinionem esse falsam. |
84. Deuxi่mement lเ : cela aussi est impossible, etc., il r้fute cette opinion pour deux raisons. Il donne la premi่re dentre elles, en disant que ce que lopinion pr้c้dente ้tablit est impossible. Et il expose cette proposition. Si tout, cest-เ-dire tout ceci, เ savoir lobservateur, le miroir et la chose qui est vue dans le miroir, demeure immobile, il est n้cessaire que la m๊me partie de lemphasis, cest-เ-dire de la forme apparaissant, apparaisse au m๊me signe du miroir, cest-เ-dire au m๊me point o๙ la ligne visuelle vient se refl้ter. Mais si le miroir se meut, tout comme lobjet vu dans le miroir, mais que lobservateur reste immobile, que les deux objets qui se meuvent restent toujours เ la m๊me distance par rapport เ lobservateur, mais se meuvent เ une vitesse in้gale, lun par rapport เ lautre, et quils ne sont pas toujours เ la m๊me distance, il est impossible que la m๊me apparition se produise dans la m๊me partie du miroir. En effet, cest la m๊me chose si le miroir et lobjet vu se meuvent เ des vitesses diff้rentes que si lun se meut et lautre reste immobile ; sil en ้tait ainsi, il est ้vident que lon apercevrait la forme de lobjet vu dans telle ou telle partie du miroir, en raison de lopposition qui varie selon la position. Et je le dis เ la condition que lobservateur soit immobile, puisque, sil bougeait, que le miroir restait immobile et que lobjet vu se mouvait, la forme de lobjet vu appara๎trait dans la m๊me partie du miroir : en effet ce qui manquerait au mouvement de lobjet vu serait compens้ par le mouvement de lobservateur, sils se mouvaient en proportion. De ce fait, il faut que, lorsque lobservateur est immobile, et que le miroir et lobjet vu se meuvent เ une vitesse in้gale, la forme napparaisse pas dans la m๊me partie du miroir. Mais les astres qui sont dans le cercle lact้, lesquels sont consid้r้s comme un miroir, se meuvent, tout comme le Soleil, vers lequel, pense-t-on, la r้flexion de la vue se fait, et ainsi il occupe la place de lobjet vu ; mais nous, qui sommes les observateurs, nous sommes immobiles, en raison de limmobilit้ de la Terre (le mouvement avec lequel nous nous mouvons sur la Terre ne fait pas une diff้rence sensible par rapport เ une telle grandeur) ; or les astres mentionn้s et le Soleil se meuvent de fa็on ้gale pour nous, cest certain, et leur distance (est) toujours ้gale pour nous. Cela, il ne faut pas le comprendre de la fa็on suivante : la distance entre nous et le Soleil est ้gale เ celle qui se trouve entre nous et les ้toiles, puisque lon a dit ci-dessus que les ้toiles sont au-dessus du Soleil ; mais il faut comprendre que le mouvement du Soleil ne le rend pas plus ou moins distant de nous. Et cela sapplique aussi เ une ้toile : on comprend donc par ซ distance plus ou moins grande ป celle qui est notable par rapport เ la distance qui se trouve entre le Soleil et les ้toiles ; et cela en raison de la petite taille de la Terre. Mais le Soleil et les ้toiles ne sont pas toujours เ ้gale distance, puisque le Delphis, cest-เ-dire la constellation du dauphin, qui se trouve dans le cercle lact้, se l่ve tant๔t au milieu de la nuit, tant๔t au point du jour ; et il est manifeste quil est plus ้loign้ du Soleil quand il se l่ve au milieu de la nuit que quand il se l่ve au point du jour. Mais les parties du cercle lact้ demeurent toujours au m๊me endroit : ce ne serait pas le cas, si cette apparition provenait dune r้flexion ; car cette clart้ ne se trouverait pas aux m๊mes endroits, comme on la montr้. Il est donc ้vident que lopinion susdite est fausse. |
[80148]
Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 9 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem nocte et cetera. Et dicit quod de nocte in aqua et
aliis huiusmodi corporibus specularibus aspicitur forma lactei circuli. Sed
inconveniens est dicere quod tunc visus repercutiatur ab aqua ad solem: vel
propter distantiam enim videtur valde inconveniens quod sint ibi duae
repercussiones, una scilicet ab aqua ad lacteum circulum, et alia a lacteo
circulo ad solem. Ultimo autem epilogando concludit quod
lacteus circulus neque est via alicuius planetarum, ut prima opinio dixit;
neque est lumen stellarum quae non respiciuntur a sole, ut dixit secunda
opinio; neque est repercussio visus a stellis ad solem, ut dixit tertia
opinio. Hae enim opiniones fuerunt ante eum de Galaxia. |
85. Il pr้sente la deuxi่me raison lเ : en outre, de nuit, etc. Et il dit que, de nuit, on contemple la forme du cercle lact้ dans leau et dans dautres corps sp้culaires de ce genre. Mais il est absurde de dire que la vision est alors r้fl้chie par leau en direction du Soleil ; ou bien, en raison de la distance, il semble en effet tout เ fait absurde quil y ait lเ deux reflets, เ savoir lun de leau vers le cercle lact้, et lautre du cercle lact้ vers le Soleil. Enfin, en guise d้pilogue, il conclut que le cercle lact้ nest pas la voie de lune des plan่tes, comme le disait la premi่re opinion, quelle nest pas la lueur des ้toiles qui ne sont pas vues par le Soleil, selon la seconde opinion, ni la r้flexion de la vue par les ้toiles vers le Soleil, selon la troisi่me opinion. En effet, telles ้taient les opinions sur la Voie lact้e avant lui. |
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Caput 13 |
Chapitre 13 [Aristote et sa th้orie de la voie lact้e] |
[80149] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 1 Reprobatis opinionibus
aliorum de circulo lacteo, hic ponit propriam opinionem. Et circa hoc duo facit:
primo resumit quaedam superius dicta, quae sunt utilia ad propositum
manifestandum; secundo manifestat propositum, ibi: quod itaque secundum unum astrorum accidit et cetera. Resumit autem duo: primo quidem quod supra
dictum est de positione siccae exhalationis, et eius inflammatione. Unde dicit quod vult
resumere id quod supra posuit tanquam principium. Dictum est enim supra quod
communiter vocatur aer totum hoc quod est intra terram et globum lunarem;
huius autem suprema pars, licet non proprie possit dici ignis, quia ignis
significat excessum in caliditate, sicut glacies in frigore, tamen illa pars
superior aeris habet virtutem ignis, quia est calida et sicca; ita quod, cum
aer per motum caelestem disgregatur, talis consistentia exhalationis
praedictae segregatur a terra et ab aere inferiori, et elevatur sursum, et ex
hoc dicimus apparere stellas cometas. |
86. Apr่s avoir condamn้ les opinions des autres sur le cercle lact้, il expose ici sa propre opinion. Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il reprend certains des propos tenus plus haut, qui sont utiles pour montrer sa proposition ; deuxi่mement, il montre la proposition, lเ : Ainsi donc, ce qui arrive เ un seul astre, etc. Il rappelle deux choses : premi่rement, ce qui a ้t้ dit ci-dessus sur la position de lexhalaison s่che et son inflammation. De ce fait, il dit quil veut rappeler ce quil avait pos้ ci-dessus comme principe. Car il avait dit ci-dessus que lon appelle commun้ment ซ air ป tout ce qui est entre la Terre et le globe lunaire ; sa partie sup้rieure, bien quon ne puisse pas lappeler ซ feu ป เ proprement parler, puisque ซ feu ป d้signe un exc่s de chaleur, comme la glace pour le froid, pourtant cette partie sup้rieure de lair a la vertu du feu, puisquelle est chaude et s่che ; par cons้quent, lorsque lair est d้sagr้g้ par le mouvement c้leste, une consistance du genre de lexhalaison s่che se s้pare de la Terre et de lair inf้rieur et s้l่ve, et cest pour cette raison que nous disons que des com่tes apparaissent. |
[80150] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 2 Secundo ibi: tale
itaque oportet etc., resumit quod dictum est supra de uno modo
apparitionis cometae. Et dicit quod oportet intelligere aliquid simile esse
in lacteo circulo, quod fit in cometis, quando cometa non fuerit aliqua
exhalatio elevata et ignita per se existens absque aliqua stella, sed fit
eius apparitio ab aliqua stellarum fixarum vel errantium, sicut dictum est. Quia tunc apparent
cometae propter hoc, quod tales exhalationes elevatae consequuntur motum
stellarum quae videntur cometae; sicut etiam solem sequitur talis adunata
exhalatio, ex qua, propter repercussionem radiorum, apparet halo, cum aer ad
hoc fuerit dispositus. |
87. Deuxi่mement, lเ : ainsi donc, il faut, etc., il rappelle ce quil avait dit ci-dessus sur lun des modes dapparition des com่tes. Et il dit quil faut comprendre quil arrive au cercle lact้ un ph้nom่ne semblable เ celui qui arrive aux com่tes, lorsque la com่te nest pas une exhalaison ้lev้e et enflamm้e qui existe par elle-m๊me sans ้toile, mais que son apparition est produite par lune des ้toiles fixes ou errantes, comme on la dit. Alors, en effet, des com่tes apparaissent parce que de telles exhalaisons, une fois quelles se sont ้lev้es, suivent le mouvement des ้toiles qui semblent des com่tes, de m๊me quune telle exhalaison, une fois assembl้e, suit aussi le Soleil, เ la suite de quoi, en raison de la r้flexion des rayons, appara๎t un halo, lorsque lair est dispos้ เ cela. |
[80151]
Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 3 Deinde cum dicit: quod
itaque secundum unum astrorum accidit etc., manifestat propositum,
ostendens quae sit causa apparitionis lactei circuli. Et circa hoc tria facit: primo proponit
causam apparitionis lactei circuli; secundo inducit signum eorum quae dicta
sunt, ibi: signum autem etc.;
tertio concludit propositum, ibi: quare
si quidem et cetera. Circa primum duo facit. Primo ostendit
causam apparitionis lactei circuli. Et dicit quod illud quod accidit in
apparitione secundum unam stellam, oportet accipere esse factum circa totum
caelum et circa totum motum ipsius: quia rationabile est quod, si motus unius
stellae attrahit et circumducit aliquam exhalationem, quod multo magis hoc
possit facere motus omnium stellarum; et praecipue in loco illo caeli, ubi
apparent frequentissimae stellae et plurimae et maximae. |
88. Ensuite, lorsquil dit : ainsi donc, ce qui arrive เ un seul astre, etc., il d้montre la proposition, exposant la cause de lapparition du cercle lact้. Et, sur ce point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il donne la cause de lapparition du cercle lact้ ; deuxi่mement, il avance une preuve de ce quil a dit, lเ : en voici la preuve, etc. ; troisi่mement il conclut la proposition, lเ : par cons้quent, si, etc. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il montre la cause de lapparition du cercle lact้. Et il dit que ce qui arrive lors de lapparition avec une ้toile, on doit admettre que cela se produit pour le ciel tout entier et pour tout son mouvement : en effet, il est logique que, si le mouvement dune seule ้toile attire et fait tourner une exhalaison, le mouvement de toutes les ้toiles puisse le faire bien davantage, et surtout dans un endroit du ciel o๙ apparaissent les ้toiles les plus denses, les plus nombreuses et les plus grandes. |
[80152] Super Meteora,
lib. 1 cap. 13 n. 4 Secundo
ibi: qui quidem igitur animalium
etc., ostendit causam quare in hac determinata parte caeli circuli lactei
claritas apparet. Et dicit quod circulus animalium, qui dicitur zodiacus,
dissolvit adunationem praedictae exhalationis, propter hoc quod per zodiacum
movetur sol et alii planetae. Et haec est etiam causa propter quam, ut
plurimum, cometae non apparent in zodiaco, sed extra tropicos, ut dictum est.
Et haec est etiam causa propter quam circa solem et lunam non fit coma: quia
videlicet per motum solis et lunae citius disgregatur exhalatio (quam diximus
esse causam apparitionis cometae et lactei circuli), quam ut possit adunari
ad causandum apparitiones praedictas. Sed iste circulus in quo apparet nobis
videntibus lactea claritas, et est unus maximorum circulorum, quia dividit
sphaeram per medium; et est sic dispositus secundum situm, ut ex utraque
parte multum excedat utrumque tropicum, scilicet hiemalem et aestivum, licet
intersecetur a zodiaco. Et etiam hic locus istius circuli est plenus magnis stellis
fulgidis, et quae propter frequentiam et spissitudinem vocantur sporadicae,
idest seminatae in caelo (quod etiam manifeste oculis videri potest); ita
quod propter huiusmodi causam semper in tali parte caeli adunetur exhalatio;
quia videlicet in hac parte caeli est efficax virtus stellarum ad attrahendam
exhalationem, et non est causa vehemens quae impediat eius adunationem, sicut
accidit sub zodiaco circulo. Ista igitur exhalatio adunata sub tali parte
caeli, facit ibi videri lacteam claritatem, sicut et exhalatio consequens
aliquam stellam, facit ibi videri comam. |
89. Deuxi่mement, lเ : donc le cercle du zodiaque, etc., il montre la raison pour laquelle la clart้ du cercle lact้ appara๎t dans cette partie d้termin้e du ciel. Et il dit que le cercle des animaux, qui est appel้ zodiaque, dissout la condensation de lexhalaison mentionn้e, parce que le Soleil et les autres plan่tes se meuvent sur le zodiaque. Et cest aussi la raison pour laquelle, le plus souvent, les com่tes napparaissent pas sur le zodiaque, mais en dehors des tropiques, ainsi quon la dit. Et cest ้galement la raison pour laquelle il ny a pas de chevelure autour du Soleil et de la Lune : en effet, de toute ้vidence, lexhalaison est trop vite d้sagr้g้e par le mouvement du Soleil et de la Lune (laquelle est, selon nous, la cause de lapparition des com่tes et du cercle lact้) pour pouvoir se condenser afin de causer les ph้nom่nes mentionn้s. Mais ce cercle o๙ la clart้ lact้e appara๎t เ nous qui lobservons, est lun des plus grands cercles, puisquil divise la sph่re en son centre ; et il se trouve dispos้ dans lespace de fa็on เ largement d้passer les deux tropiques, เ savoir celui dhiver et celui d้t้, des deux c๔t้s, bien quil soit divis้ par le zodiaque. Et cette partie du cercle est ้galement remplie de grandes ้toiles lumineuses et qui, en raison de leur grand nombre et de leur densit้, sont dites sporades, cest-เ-dire sem้es dans le ciel (ce que lon peut aussi voir clairement de ses yeux) ; par cons้quent, lexhalaison se condense toujours dans cette partie du ciel pour une raison de ce genre : en effet, de toute ้vidence, dans cette partie du ciel, la vertu des ้toiles est capable dattirer lexhalaison, et il ny a pas de raison assez puissante pour emp๊cher sa condensation, comme cest le cas sous le cercle du zodiaque. Donc cette exhalaison condens้e sous cette partie du ciel y fait voir une clart้ lact้e, tout comme lexhalaison qui suit une ้toile y fait voir une chevelure. |
[80153] Super Meteora, lib.
1 cap. 13 n. 5 Deinde
cum dicit: signum autem etc.,
manifestat quod dictum est, per signum: dicens quod signum praedictorum est,
quod in ipso lacteo circulo unus eius semicirculus duplatur, et habet amplius
de lumine. Cuius causa est, quia in illo semicirculo sunt plures stellae et
magis frequentes quam in alio, ac si nulla esset alia causa claritatis
apparentis, quam motus astrorum plurimorum frequentium. Quia si in isto
circulo apparet claritas in quo plures stellae ponuntur, et in illa eius
parte plus apparet in qua sunt stellae plures et magis frequentes, verisimile
est multitudinem stellarum esse causam huius apparitionis. Quod autem dictum
est de isto circulo et de stellis in eo existentibus, potest considerari ex
descriptione: quia astrologi describunt totam sphaeram cum stellis in ea
existentibus. |
90. Ensuite, quand il dit : en voici la preuve, etc., il montre ce quil avait dit par une preuve, affirmant que la preuve de ce qui pr้c่de est que dans le cercle lact้ lui-m๊me un des deux demi-cercles se d้double et produit plus de lumi่re. La raison en est que, dans ce demi-cercle, les ้toiles sont en plus grand nombre et plus denses que dans lautre, comme sil ny avait aucune autre cause de la clart้ apparente que le mouvement dastres plus nombreux et plus denses. En effet, si la clart้ appara๎t dans le cercle o๙ les ้toiles sont plus nombreuses, et quelle appara๎t davantage dans la partie o๙ les ้toiles sont plus nombreuses et plus denses, il est vraisemblable que la masse des ้toiles soit la cause de son apparition. Or ce qui a ้t้ dit sur ce cercle et sur les ้toiles qui sy trouvent peut ๊tre observ้ sur une carte, ้tant donn้ que les astronomes repr้sentent toute la sph่re avec les ้toiles qui sy trouvent. |
[80154] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 6 Exponit autem consequenter
quare stellae in circulo lacteo existentes vocantur sporadicae, idest
seminatae: quia videlicet sic sunt dispersae per illam partem caeli, quod non
contingit eas ordinare sub aliqua figuratione, sicut stellas existentes in
aliis partibus caeli; quia unaquaeque earum non habet aliquam determinatam
positionem, ut possit ad similitudinem alicuius figurae reduci. Et hoc
manifestum est aspicienti in caelo: quia in solo hoc circulo spatia
intermedia inter stellas maiores, sunt plena quibusdam parvis stellis; sed in
aliis locis caeli manifeste deficiunt stellae, quapropter intermedia apparent
vacua a stellis. |
91. Par cons้quent, il explique pourquoi les ้toiles qui se trouvent dans ce cercle sont dites sporades, cest-เ-dire diss้min้es : parce que, de toute ้vidence elles ont ้t้ ainsi dispers้es sur cette partie du ciel, vu quil nest pas possible de les mettre en ordre dans une repr้sentation quelconque, tout comme les ้toiles qui se trouvent dans les autres parties du ciel ; car aucune dentre elles na de position d้termin้e, permettant de les assimiler เ une figure. Et cest ้vident pour quiconque l่ve les yeux au ciel : en effet, cest seulement dans ce cercle que les intervalles entre ces ้toiles plus grandes sont remplis de petites ้toiles ; mais, dans les autres lieux du ciel, les ้toiles sont manifestement absentes, cest pourquoi les intervalles paraissent vides d้toiles. |
[80155]
Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 7 Deinde cum dicit: quare
si quidem etc., concludit ex supradictis suam intentionem. Et dicit quod
si causa supra assignata de apparitione cometae, acceptanda est tanquam
mediocriter dicta (quia scilicet nullum habet inconveniens manifestum),
existimandum est etiam sic se habere de circulo lacteo: quia quod in cometis
est coma circa unam stellam, eandem passionem accidit fieri circa quendam
circulum. Ita quod lactea claritas, ut ita dicatur quasi definiendo, nihil
aliud sit (lactea via) quam coma eiusdem maximi circuli, in caelo apparens
propter segregationem, idest elevationem a terra, exhalationis ad
illam partem adunatae. Et ideo, sicut prius dictum est, non fiunt multi
cometae neque frequenter, quia talis adunatio exhalationis quae elevata est a
terra, elevatur secundum unamquamque circulationem, et adunatur maxime in loco
lactei circuli; ita quod a lacteo circulo exhalatio superabundans non
relinquitur, quae possit esse materia apta ad cometae apparitionem. |
92. Ensuite, lorsquil dit : par cons้quent, si, etc., il conclut sur son intention เ partir des propos pr้c้dents. Et il dit que, si la cause avanc้e ci-dessus เ propos de lapparition de la com่te doit ๊tre consid้r้e comme dite avec mesure (puisquelle ne contient rien qui soit manifestement inconvenant), il faut aussi consid้rer quil en est ainsi pour le cercle lact้ : en effet, le ph้nom่ne qui cr้e une chevelure autour dun unique astre chez les com่tes est susceptible de se produire autour dun cercle. Par cons้quent, la clart้ lact้e, pour donner une forme de d้finition, nest rien dautre (la Voie lact้e) que la chevelure dun tr่s grand cercle, apparaissant dans le ciel en raison de la s้paration, cest-เ-dire de l้l้vation, เ partir de la Terre, de lexhalaison condens้e เ cette partie. Et cest pourquoi, comme on la dit ci-dessus, les com่tes ne se forment pas en grand nombre ni fr้quemment, puisquune exhalaison ainsi condens้e, s้levant de la Terre, le fait เ chaque r้volution, et se condense surtout เ cet endroit du cercle lact้, de telle sorte quune exhalaison surabondante ne se s้pare pas du cercle lact้ pour pouvoir donner mati่re เ lapparition dune com่te. |
[80156] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 8 Ultimo autem
recapitulat ea quae dicta sunt. Et
dicit quod dictum est de his quae fiunt in hoc mundo qui est circa terram,
qui scilicet est suppositus generationi et corruptioni, quantum ad illum
locum qui est continuus, idest contiguus, motibus caelestibus:
scilicet de discursu astrorum, et de ignita flamma, et de cometis et lacteo
circulo; quia huiusmodi passiones apparent circa locum istum superiorem. |
93. Enfin il r้capitule ce qui a ้t้ dit. Et il dit ce qui a ้t้ avanc้ sur ce qui se produit dans le monde qui est autour de la Terre, เ savoir celui qui est soumis เ la g้n้ration et เ la corruption, concernant le lieu qui est en continuit้, cest-เ-dire contigu aux mouvements c้lestes : เ savoir sur les ้toiles filantes, sur les flammes qui br๛lent, les com่tes et le cercle lact้ ; en effet, les ph้nom่nes de ce genre apparaissent autour de cet espace sup้rieur. |
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Caput 14 |
Chapitre 14 [Les nuages et lhumidit้] |
[80157] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 1 Postquam philosophus
determinavit de his quae causantur ex exhalatione sicca ad supremum locum
aeris elevata, hic determinat de his quae causantur ex exhalatione humida. Et primo de his quae causantur ex
exhalatione humida super terram; secundo de his quae causantur ex exhalatione
humida in terra, ibi: de ventis autem
et cetera. |
94. Apr่s que le philosophe a d้termin้ au sujet des ph้nom่nes qui sont caus้s par une exhalaison s่che qui sest ้lev้e vers le lieu le plus ้lev้ de lair, il d้termine ici au sujet de ceux qui sont caus้s par une exhalaison humide. Et, premi่rement, de ceux qui sont caus้s par une exhalaison humide au-dessus de la Terre ; deuxi่mement, de ceux qui sont caus้s par une exhalaison humide sur la Terre, lเ : เ propos des vents. |
[80158] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 2 Circa primum duo facit.
Primo ostendit de quo est intentio: dicens quod nunc dicendum est de his quae
fiunt in loco qui secundum situm, descendendo, est secundus post locum
supremum aeris, in quo fiunt ea quae dicta sunt, sed ascendendo est primus,
immediatus circa terram; quae inferior pars aeris est. Iste enim locus est communis et aquae et
aeri: quia in eo aer est secundum naturalem ordinem elementorum, et aqua ex
vaporibus elevatis ibi generatur. Unde non solum est communis aquae et aeri,
sed etiam eis quae accidunt circa generationem ipsius aquae et aeris, quae
fiunt superius dum aqua resolvitur in vapores, qui pertinent ad naturam
aeris, et vapores congregantur in aquam. Ostendit etiam modum determinandi de
istis, dicens quod debemus sumere primo principia communia et causas omnium
horum accidentium. |
95. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Il montre premi่rement ce sur quoi porte son attention, disant quil faut maintenant parler des ph้nom่nes qui se produisent dans lespace qui, par sa position, en descendant, est le second apr่s lespace le plus ้lev้ de lair, dans lequel se produisent les ph้nom่nes mentionn้s, mais qui est le premier, en montant, imm้diatement apr่s la Terre, ce qui constitue la partie inf้rieure de lair. En effet, cet espace est commun et เ leau et เ lair, puisque lair sy trouve dans lordre naturel des ้l้ments et que leau y est engendr้e par les vapeurs qui se sont ้lev้es. De ce fait, il est commun non seulement เ leau et เ lair, mais aussi aux ph้nom่nes qui arrivent lors de la g้n้ration de leau elle-m๊me et de lair, qui se produisent plus haut pendant que leau se d้sagr่ge en vapeurs, qui participent de la nature de lair, et que les vapeurs se condensent en eau. Il montre aussi quelle m้thode permet de d้terminer เ leur sujet, disant que nous devons comprendre premi่rement les principes communs et les causes de tous ces ph้nom่nes. |
[80159] Super
Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 3 Secundo ibi: quod
quidem igitur etc., determinat propositum. Et primo ponit ea quae
communiter pertinent ad causam omnium huiusmodi passionum; secundo determinat
de singulis passionibus, ostendens differentiam inter eas, ibi: elevato autem humido et cetera. Circa primum tria facit. Primo ponit causam
effectivam harum passionum. Et dicit quod illud quod est causa sicut movens
et principale et primum principium omnium harum passionum, est circulus
zodiacus, in quo manifeste movetur sol, qui et disgregat resolvendo vapores a
terra, et congregat eos per suam absentiam: frigore enim invalescente in aere
per absentiam solis, nubes condensantur in aquam. Et ideo subiungit quod ex
hoc quod quandoque fit prope nos, quandoque autem elongatur a nobis, existit
causa generationis et corruptionis. Fit prope autem nobis secundum proprium
motum, quando accedit ad signa Septentrionalia: elongatur autem a nobis, dum
moratur in signis meridionalibus. |
96. Deuxi่mement, lเ : donc le principe, etc., il d้termine la proposition. Et, premi่rement, il ้tablit les principes qui sont communs เ la cause de tous les ph้nom่nes de ce genre ; deuxi่mement, il d้termine au sujet de chaque ph้nom่ne, montrant les diff้rences que lon trouve entre eux, lเ : lhumide s้levant, etc. Concernant le premier point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il pose la cause efficiente de ces ph้nom่nes. Et il dit que ce qui constitue la cause, เ titre de principe moteur, principal et premier de tous ces ph้nom่nes, est le cercle du zodiaque, dans lequel le Soleil se meut manifestement, เ la fois en s้parant les vapeurs de la Terre par dissolution et en les agr้geant par son absence ; en effet, alors que le froid prend de la vigueur dans lair en labsence du Soleil, les nuages se condensent en eau. Et cest pourquoi il ajoute que le fait que tant๔t il sapproche de nous, tant๔t il sen ้loigne est la cause de la g้n้ration et de la corruption. Or il se rapproche de nous de son propre mouvement, quand il se dirige vers la constellation de la Grande Ourse ; il s้loigne de nous pendant quil sattarde dans les signes du sud. |
[80160] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 4 Secundo ibi: manente autem terra etc., ostendit
causam materialem harum passionum. Et dicit quod, cum terra quiescat in
medio, illud humidum aqueum quod est circa ipsam, tum a radiis solis tum ab
alia caliditate quae est a superioribus corporibus, resolvitur in vaporem, et
sic subtiliatum per virtutem calidi sursum fertur. |
97. Deuxi่mement ici : la Terre ้tant immobile, etc., il montre la cause mat้rielle de ces ph้nom่nes. Et il dit que, comme la Terre est immobile au centre, lhumidit้ aqueuse qui se trouve autour delle se r้sout en vapeur tant๔t sous leffet des rayons du Soleil, tant๔t sous celui du reste de la chaleur qui est produite par les corps sup้rieurs, et est ainsi entra๎n้e vers le haut, apr่s ๊tre devenue plus subtile sous linfluence de la chaleur. |
[80161] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 5 Tertio ibi: caliditate
autem etc., ostendit modum generationis horum de quibus intendit. Et circa hoc
tria facit. Primo ponit in communi modum generationis harum passionum. Et
dicit quod vapor qui sursum fertur per virtutem caloris, deseritur a
caliditate quae sursum eum ferebat. Quod quidem contingit dupliciter: uno
modo per hoc quod id quod erat subtilius et calidius in vapore, elevatur
ulterius ad superiorem locum exhalationis siccae, et sic residua pars vaporis
remanet frigida; alio modo per hoc quod calor qui est in vapore extinguitur,
propter hoc quod longe elevatur a terra in aere qui est supra terram, ubi
deficit calor propter hoc quod radii reverberati a terra in immensum
sparguntur, ut supra dictum est. Sic igitur deficiente calore calefaciente et
elevante vaporem aqueum, vapor aqueus redit ad suam naturam, coadunante etiam
frigiditate loci; et sic infrigidatur, et infrigidatus inspissatur, et
inspissatus cadit ad terram. |
98. Troisi่mement ici : quand la chaleur, etc., il montre la fa็on dont sont engendr้s les ph้nom่nes sur lesquels il porte son attention. Et, sur ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il expose, de mani่re g้n้rale, comment ces ph้nom่nes sont engendr้s. Et il dit que la vapeur qui est entra๎n้e vers le haut sous leffet de la chaleur est abandonn้e par la chaleur qui lentra๎nait vers le haut. Cela se produit de deux mani่res : dune part parce que ce qui ้tait plus subtil et plus chaud dans la vapeur s้l่ve plus loin vers lespace sup้rieur de lexhalaison s่che, et quainsi la partie r้siduelle de la vapeur demeure froide ; dautre part parce que la chaleur qui se trouve dans la vapeur s้teint, du fait quelle s้l่ve loin de la Terre dans lair qui se trouve au-dessus delle, lเ o๙ la chaleur fait d้faut, puisque les rayons r้fl้chis par la Terre sont ้parpill้s dans limmensit้, comme on la dit ci-dessus. Ainsi donc, comme la chaleur qui r้chauffe et fait s้lever la vapeur m๊l้e deau manque, cette derni่re retourne เ sa nature, la froidure du lieu lagr้geant aussi ; et ainsi elle se refroidit, se condense, apr่s s๊tre refroidie, et tombe sur Terre, apr่s s๊tre condens้e. |
[80162] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 6 Secundo ibi: est autem quae quidem etc., ostendit
quid sit medium in praedictis transmutationibus. In prima enim
transmutatione, secundum quam aqua subtiliatur et elevatur, medium est vapor:
nam ipsa exhalatio resoluta ab aqua vocatur vapor, qui est medius inter aerem
et aquam. In illa autem transmutatione secundum quam aer condensatur in
aquam, medium est nubes, quae est via generationis aquae. Sed cum nubes
condensatur in aquam, id quod est residuum de nube, quod scilicet in aquam
condensari non potuit, est caligo nebulae. Et ideo nebula magis est signum serenitatis quam
pluviae: quia nebula est quasi quaedam nubes sterilis, idest sine
pluvia, quae est naturalis effectus nubis. Contingit tamen aliquando nebulam
elevari in ipsa exhalatione vaporum, antequam condensentur in nubem perfecte:
et tunc nebula potest esse signum pluviae. |
99. Deuxi่mement, lเ : lexhalaison qui, etc., il montre quel est l้tat interm้diaire dans les transformations pr้c้dentes. En effet, dans la premi่re transformation, dans laquelle leau devient plus subtile et s้l่ve, linterm้diaire est la vapeur : en effet, lexhalaison elle-m๊me dissolue เ partir de leau sappelle vapeur, qui est l้tat interm้diaire entre lair et leau. Or, dans la transformation o๙ lair se condense en eau, l้tat interm้diaire est le nuage, qui est la voie que prend la g้n้ration de leau. Mais lorsque le nuage se condense en eau, ce qui reste du nuage, เ savoir ce qui na pas pu se condenser en eau est le brouillard de la brume. Et cest pourquoi la brume est signe de beau temps plut๔t que de pluie : en effet, la brume est comme un nuage st้rile, cest-เ-dire sans pluie, laquelle est un effet naturel du nuage. Pourtant, il arrive parfois que de la brume s้l่ve dans lexhalaison m๊me des vapeurs, avant quelles ne se condensent parfaitement en nuage ; et alors la brume peut ๊tre signe de pluie. |
[80163] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 7 Tertio ibi: fit autem circulus iste etc., ostendit
quomodo in praedictis transmutationibus representatur similitudo primae
causae moventis, scilicet circulationis solis. Attenditur enim quaedam
circulatio in praedictis transmutationibus, dum aqua resolvitur in vapores,
qui condensantur in nubes, et nubes in aquam, quae cadit in terram. Dicit
ergo quod ista circularis transmutatio imitatur circularem motum solis: sol
enim permutatur ad diversas partes caeli, puta ad Septentrionem et meridiem,
et circulatio ista completur in hoc quod vapores ascendunt sursum et
descendunt deorsum. Sed oportet intelligere quod iste fluxus vaporum
ascendentium et descendentium, sit quasi quidam fluvius circularis communis
aeri et aquae: nam quod aqua resolvitur in vaporem, ad aerem attinet, quod
autem nubes in aquam condensantur, ad aquam. Cum ergo sol prope existit, iste fluvius vaporum
ascendit sursum; cum autem elongatur sol, descendit deorsum; et hoc
indesinenter fit secundum ordinem praedictum. Unde concludit quod forte
antiqui dicentes Oceanum esse quendam fluvium circumdantem terram, occulte
loquebantur de hoc fluvio, qui circulariter fluit circa terram, ut dictum
est. |
100. Troisi่mement, lเ : ce cycle de leau, etc., il montre comment on discerne, dans les transformations pr้c้dentes, une ressemblance avec la premi่re cause motrice, เ savoir le cycle du Soleil. En effet, on remarque un cycle dans les transformations pr้c้dentes, tandis que leau se r้sout en vapeurs, qui sont condens้es en nuages, et les nuages en eau, qui tombe sur la Terre. Il dit donc que cette transformation cyclique imite le mouvement cyclique du Soleil : car le Soleil change aux diff้rentes parties du ciel, เ savoir au nord et au sud, et ce cycle est complet en ce sens que les vapeurs montent en haut et descendent en bas. Mais il faut comprendre que ce flux de vapeurs ascendantes et descendantes est, pour ainsi dire, un fleuve circulaire commun เ lair et เ leau ; en effet, le fait que leau se r้solve en vapeur concerne lair et le fait que les nuages se condensent en eau concerne leau. Donc lorsque le Soleil est proche, ce fleuve de vapeurs monte vers le haut ; or lorsque le Soleil s้loigne, il descend vers le bas ; et cela se produit incessamment dans lordre mentionn้. Il en conclut que les Anciens, qui disaient que lOc้an est un fleuve entourant la Terre, parlaient peut-๊tre de fa็on occulte de ce fleuve qui coule en cercle autour de la Terre, comme on la dit. |
[80164] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 8 Deinde cum dicit: elevato autem humido etc., determinat
de praedictis passionibus in speciali, ostendendo differentias earum
adinvicem. Et dividitur in duas partes: in prima
determinat de generatione illorum quae manifestiorem habent causam; in
secunda de generatione grandinis, circa quam est maior difficultas, ibi: ipsa autem aqua et cetera. |
101. Ensuite, lorsquil dit : lhumide s้levant, etc., il traite des ph้nom่nes pr้c้dents en particulier, en montrant les diff้rences qui se trouvent entre eux. Et ce d้veloppement se divise en deux parties : dans la premi่re, il traite de la g้n้ration de ceux qui ont une cause ้vidente ; dans la seconde, de la g้n้ration de la gr๊le, qui cause une difficult้ plus grande, lเ : leau elle-m๊me, etc. |
[80165] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 9 Circa primum duo facit.
Primo determinat de pluviis: dicens quod cum humidum aqueum elevatur ex
virtute calidi, et iterum fertur deorsum propter infrigidationem, secundum
quasdam differentias, huiusmodi passionibus aeris diversa nomina imponuntur.
Quia quando per modicas partes vapores inspissati in aquam cadunt, tunc
dicuntur psecades, idest guttae, sicut aliquando contingit quod parvae
guttae decidunt: quando vero secundum maiores partes decidunt guttae ex
vaporibus generatae, vocatur pluvia. |
102. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il d้termine au sujet de la pluie, disant que, lorsque lhumide gonfl้ deau s้l่ve du fait de la puissance de la chaleur et quil est entra๎n้ de nouveau vers le bas en raison du refroidissement, divers noms sont donn้s aux ph้nom่nes de ce genre affectant lair, selon certaines diff้rences. En effet, lorsque les vapeurs condens้es en particules tombent en eau, on les appelle alors psecades, cest-เ-dire ซ gouttes ป, de m๊me quil arrive parfois que de petites gouttes tombent ; mais quand des gouttes engendr้es par des vapeurs tombent en particules plus grandes, on les appelle ซ pluie ป. |
[80166] Super Meteora,
lib. 1 cap. 14 n. 10 Secundo
ibi: ex eo autem quod de die etc.,
determinat de rore et pruina. Et circa hoc tria facit. Primo determinat
modum generationis eorum. Et dicit quod
ros et pruina contingunt ex hoc quod de die, sole existente super terram,
aliquid evaporat ex humido aqueo propter solis calorem; quod quidem
evaporatum non multum suspenditur vel elevatur super terram, propter hoc quod
ignis, idest calor elevans huiusmodi vaporem, est parvus in
comparatione ad humorem aqueum qui elevatur. Et ita, cum de nocte
infrigidatus fuerit aer, inspissatur ille vapor elevatus de die, et cadit in
terram, et vocatur ros vel pruina: ut ita se habeat accessus solis et
recessus secundum motum diurnum ad generationem roris et pruinae, secundum
quod se habet ad generationem pluviae secundum motum proprium, secundum quod
accedit et recedit in aestate et hieme. |
103. Deuxi่mement, lเ : ce qui s้vapore le jour, etc., il traite de la ros้e et de la gel้e blanche. Et sur ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il d้termine leur mode de g้n้ration. Et il dit que la ros้e et la gel้e blanche se produisent parce que, le jour, alors que le Soleil est au-dessus de la Terre, une partie de lhumide charg้ deau s้vapore en raison de sa chaleur ; du moins ce qui sest ้vapor้ reste suspendu ou s้l่ve en petite quantit้ au-dessus de la Terre, parce que le feu, cest-เ-dire la chaleur qui fait s้lever la vapeur de ce genre, est en faible quantit้ en comparaison de lhumeur aqueuse qui s้l่ve. Et ainsi, lorsque lair sest refroidi la nuit, la vapeur qui sest ้lev้e le jour se condense et tombe sur la Terre, et sappelle ซ ros้e ป ou ซ gel้e blanche ป ; par cons้quent, larriv้e et l้loignement du Soleil suivant le mouvement diurne produisent sur la g้n้ration de la ros้e et de la gel้e blanche le m๊me effet que son mouvement propre sur la g้n้ration de la pluie, selon quil arrive et s้loigne en ้t้ et en hiver. |
[80167] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 11 Secundo ibi: pruina quidem etc., ostendit
differentiam eorum: dicens quod pruina fit, quando vapor prius congelatur
quam condensetur in aquam; et propter hoc fit in hieme et in hiemalibus
locis, idest in frigidis locis. Sed ros fit, quando vapor inspissatur in aquam, et neque est tantus
aestus quod vapor elevatus desiccetur, neque est tantum frigus quod vapor
congeletur. Et ideo oportet quod sit aut in tempore aut in loco calido: quia
ros semper fit in tempore temperato et in locis temperatis, sed pruina, sicut
dictum est, fit in tempore et loco magis frigidis. Cum enim vapor sit
calidior aqua, quia adhuc est in eo aliquid de calore elevante, maior
frigiditas requiritur ad congelationem vaporis quam aquae; et sic pruina
nunquam fit nisi in magno frigore. |
104. Deuxi่mement lเ : on parle de gel้e, etc., il montre leur diff้rence, disant que la gel้e blanche se forme lorsque la vapeur est gel้e avant de se condenser en eau ; et cest pourquoi il appara๎t en hiver et dans les lieux hivernaux, cest-เ-dire dans les r้gions froides. Mais la ros้e se forme lorsque la vapeur se condense en eau, que la chaleur nest pas assez forte pour dess้cher la vapeur qui sest ้lev้e et que le froid nest pas assez vif pour la congeler. Et cest pourquoi il faut que ce soit lors dune saison chaude ou dans des lieux chauds : car la ros้e se produit toujours lors dune saison et dans des r้gions temp้r้es, mais la gel้e blanche, comme on la dit, se forme lors dune saison et dans des lieux plus froids. En effet, comme la vapeur est plus chaude que leau, puisquil y a encore en elle quelque trace de la chaleur qui la fait s้lever, la cong้lation de la vapeur requiert un froid plus vif que celle de leau ; et ainsi la gel้e blanche se forme seulement lors dun grand froid. |
[80168]
Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 12 Deinde cum dicit: fiunt
autem ambo etc., ostendit qualiter existente aere disposito, fit ros et
pruina. Et primo ostendit hoc communiter quantum ad
utrumque; secundo specialiter de rore, ibi: fit autem ros ubique et cetera. Circa primum duo facit: primo ostendit quod
proponit; secundo ponit quoddam signum praedictorum, ibi: signum autem et cetera. Dicit ergo primo quod tam ros quam pruina
fiunt cum aer fuerit serenus absque nubibus et pluvia, et tranquillus absque
vento. Quia si non sit serenus, non possunt elevari vapores de die, propter
defectum caloris: si autem non fuerit tranquillitas, vento flante, non
poterunt vapores condensari, ut generetur ros; nam ventus, commovendo aerem,
impedit congregationem vaporum. |
105. Ensuite, quand il dit : toutes deux se forment, etc., il montre par quelle disposition de lair la ros้e et la gel้e blanche se forment. Et, premi่rement, il le montre เ propos des deux ph้nom่nes en g้n้ral ; deuxi่mement, เ propos de la ros้e en particulier, lเ : or, la ros้e se forme, etc. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il montre ce quil propose ; deuxi่mement, il donne une preuve sur ses propos pr้c้dents, lเ : la preuve, etc. Il dit donc premi่rement quaussi bien la ros้e que la gel้e blanche se forment lorsque le temps a ้t้ beau, sans nuage, ni pluie, et calme, sans vent. En effet, sil nest pas beau, les vapeurs ne peuvent s้lever le jour, en raison du manque de chaleur ; or si le temps na pas ้t้ calme, le vent soufflant, les vapeurs ne pourront pas se condenser pour engendrer la ros้e ; en effet, le vent, en faisant bouger lair, emp๊che les vapeurs de sagr้ger. |
[80169]
Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 13 Deinde cum dicit: signum
autem etc., manifestat per signum quod supra posuerat de generatione
roris et pruinae. Et dicit quod signum huius quod ros et pruina causentur ex
hoc quod vapor non longe elevatur a terra, est hoc quod in montibus non fit
pruina, cum tamen ibi magis videatur fieri propter loci frigiditatem. Huius
ergo sunt duae causae. Una quidem, quia vapor ex quo generatur ros et pruina,
elevatur ex locis infimis et humefactis, ex quibus multi vapores generantur
et elevantur: unde caliditas quae eos elevavit, non potuit elevare eos ad
multam altitudinem, quasi portans onus quod excedit suam virtutem; sed prope
loca infima dimittit calor vapores, et cadit ros et pruina. Unde in montibus
altis pruina esse non potest. Secunda autem causa est, quia sicut supra
dictum est, aer superior excedens montes, fluit quasi tractus ex motu caeli;
et ideo suo fluxu dissolvit huiusmodi adunationem vaporum, quae est causa
roris et pruinae. Plus autem de motu requiritur ad multam materiam vaporosam
disgregandam, quam disgregandam parvam: materia autem pluviae et nivis est
multa, materia autem roris et pruinae est pauca simpliciter, licet sit multa
in comparatione ad calorem parvum elevantem ipsam: unde in montibus
altissimis, propter maiorem fluxum aeris, neque pluvia neque ros neque pruina
cadit; in montibus autem non ita altis cadit pluvia et nix, propter minorem
fluxum, non autem ros et pruina. |
106. Ensuite, quand il dit : la preuve, etc., il montre par une preuve ce quil avait ้tabli sur la g้n้ration de la ros้e et de la gel้e blanche. Et il dit que la preuve que la ros้e et la gel้e blanche sont dues au fait que la vapeur ne s้l่ve pas loin de la Terre, cest que la gel้e blanche ne se forme pas dans les montagnes, alors quon pourrait plut๔t penser quelle sy forme en raison de la froideur du lieu. Les causes sont donc au nombre de deux. Lune est que la vapeur qui engendre la ros้e et la gel้e blanche monte des lieux les plus bas et devenus humides, do๙ naissent et s้l่vent de nombreuses vapeurs ; de ce fait, la chaleur qui les a fait monter ne peut pas le faire sur une altitude ้lev้e, comme si elle portait une charge qui d้passe sa force ; mais la chaleur relโche les vapeurs pr่s des lieux les plus bas, et la ros้e et la gel้e blanche tombent. De ce fait, dans les hautes montagnes, il ne peut y avoir de gel้e blanche. La seconde cause est que, comme on la dit ci-dessus, lair sup้rieur quittant les montagnes coule comme sil ้tait entra๎n้ par le mouvement du ciel ; et cest pourquoi il dissout par son flux une telle condensation de vapeurs, qui est la cause de la ros้e et de la gel้e blanche. Or, la d้sagr้gation dune grande quantit้ de mati่re vaporeuse requiert plus de mouvement que celle dune petite quantit้ ; la mati่re de la pluie et de la neige est en abondance, mais celle de la ros้e et de la gel้e blanche est, dans labsolu, en petite quantit้, bien quelle soit importante en comparaison de la faible quantit้ de chaleur qui la soul่ve ; de ce fait, sur les plus hauts reliefs, en raison dun plus grand flux dair, ni la pluie, ni la ros้e, ni la gel้e blanche ne tombent ; sur les reliefs moins ้lev้s, la pluie et la neige tombent, en raison dun plus petit flux, mais non la ros้e et la gel้e blanche. |
[80170]
Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 14 Deinde cum dicit: fit
autem ros ubique etc., ostendit specialiter de rore quali dispositione
fiat. Et circa hoc tria facit. Primo proponit
veritatem: dicens quod ros fit in omnibus locis, flantibus Australibus
ventis, non tamen ita validis quod impediant congregationem vaporum. Non
autem fit flantibus borealibus ventis, nisi in regione Ponti, quae est
frigidissima: ibi enim contrarie accidit, nam tempore boreali fit ros, non
autem tempore Australi. |
107. Ensuite quand il dit : or, la ros้e se forme, etc., il montre en particulier comment la ros้e se produit. Et, concernant ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il ้nonce la v้rit้, disant que la ros้e se forme partout lorsque les austers soufflent, mais pas assez fort pour emp๊cher la condensation des vapeurs. Elle ne se forme pas quand soufflent les bor้es, sauf dans la r้gion du Pont, qui est la plus froide : en effet, lเ cest le contraire qui arrive, car la ros้e na๎t quand le vent est orient้ au nord, mais non quand il est orient้ au sud. |
[80171] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 15 Secundo ibi: causa autem similiter etc., assignat
causam eius quod communiter accidit. Et dicit quod causa huius est similis ei
quod dictum est: quia scilicet ros fit in tempore temperato, sed non fit in hieme,
idest in tempore valde frigido. Et rationem similitudinis ostendit: quia
Auster facit temperiem, sed Boreas facit hiemem et frigus, est enim frigidus;
et ideo ex hieme, idest ex frigiditate, extinguit caliditatem
exhalationis, ut scilicet non possint vapores elevari ad generationem roris. |
108. Deuxi่mement, lเ : la cause est la m๊me, etc., il donne la cause de ce qui arrive commun้ment. Et il dit que la cause de ce ph้nom่ne est semblable เ ce quil avait dit : en effet, la ros้e se forme par temps doux, mais non en hiver, cest-เ-dire par un temps tr่s froid. Et il montre la raison de cette similitude : en effet, lauster produit un temps doux, mais le bor้e cr้e lhiver et le froid, car il est froid ; et cest pourquoi avec lhiver, cest-เ-dire le froid, il ้teint la chaleur de lexhalaison, de fa็on เ ce que les vapeurs ne puissent pas s้lever pour engendrer la ros้e. |
[80172] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 16 Tertio ibi: in Ponto autem etc., assignat causam
eius quod accidit in Ponto. Et est quod ibi, propter magnam frigiditatem,
Auster non sufficit ad facere tantam temperiem quae sufficiat ad elevationem
vaporis; et ideo tempore Australi ibi non fit ros. Sed Boreas, propter suam
frigiditatem, congregat calidum quod est in locis humectis, antiperistasim
faciens, idest cum quadam contrarietate circumstans calidum: cum enim
frigidum circumstat calidum, si non omnino possit extinguere ipsum, congregat
illud. Et sic ex congregatione
calidi vigoratur effectus eius, et ideo magis resolvitur vapor. Et hoc non
tantum in Ponto accidit, sed etiam in aliis locis frequenter videtur factum:
quia putei magis vaporant flantibus ventis borealibus quam Australibus,
propter calorem congregatum interius ex frigore circumstante. Sed tamen in
aliis locis frigiditas Boreae extinguit caliditatem vaporum, antequam aliqua
multitudo possit adunari ad generationem roris: sed quando fiunt venti
Australes, non impeditur congregatio vaporum ut generetur ros. Sed in Ponto etiam
aliquando propter Boream extinguitur calor vaporum, et impeditur eorum
elevatio: sed aliquando, propter multitudinem frigoris, multum de calido
includitur intra terram, et fit multa exhalatio vaporum; ita quod ad modicum
tempus resistit frigiditati aeris, donec congregetur tantum quod sufficiat ad
generationem roris. |
109. Troisi่mement, lเ : or, dans le Pont, il pr้sente la cause de ce qui arrive dans le Pont. Et il y a que lเ, en raison du grand froid, lauster ne suffit pas เ rendre le temps assez doux pour que de la vapeur s้l่ve ; et cest pourquoi, quand le vent est orient้ au sud, il ne sy produit pas de ros้e. Mais le vent du nord, en raison de sa froidure, concentre le chaud qui se trouve dans les lieux humides, cr้ant une antip้ristase, cest-เ-dire en entourant le chaud par un principe contraire : en effet, lorsque le froid entoure le chaud, sil ne peut absolument pas le faire dispara๎tre, il le concentre. Et ainsi son effet est renforc้ par la concentration du chaud, et cest pourquoi il se d้gage plus de vapeur. Et cela narrive pas seulement dans le Pont, mais semble aussi se produire fr้quemment dans dautres lieux : en effet, les puits d้gagent davantage de vapeur par bor้es que par austers, parce que la chaleur est concentr้e plus เ lint้rieur par le froid qui se trouve autour. Mais pourtant, dans les autres lieux, la froidure du bor้e ้teint la chaleur des vapeurs, avant quune certaine quantit้ puisse se condenser pour engendrer la ros้e ; mais lorsque les austers se l่vent, rien nemp๊che la concentration de vapeurs dengendrer de la ros้e. Mais, dans le Pont aussi, la chaleur des vapeurs s้teint parfois en raison du bor้e et leur mont้e sarr๊te ; mais parfois, en raison dune grande quantit้ de froid, beaucoup de chaleur est enferm้e dans la Terre, et une grande exhalaison de vapeurs se forme, au point de r้sister pendant un temps bref เ la froidure de lair, jusquเ ce que se concentre seulement ce qui suffit เ engendrer de la ros้e. |
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Caput 15 |
Chapitre 15 [La gr๊le] |
[80173]
Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 1 Postquam philosophus
determinavit de generatione pluviae, roris et pruinae, hic incipit
determinare de generatione grandinis. Et circa hoc tria facit:
primo ostendit locum generationis grandinis; secundo enumerat quaedam
accidentia circa grandinem, quae faciunt difficultatem circa generationem
ipsius, ibi: oportet autem accipere
etc.; tertio assignat causam generationis eius, ibi: his quidem igitur et cetera. Dicit ergo primo
quod, licet vapor congeletur in hoc inferiori aere vicino terrae, tamen aqua
non coagulatur hic ad generationem grandinis, sicut coagulatur in loco
nubium. Ex illo enim loco
veniunt tria corpora inspissata propter infrigidationem, scilicet aqua
pluviae et nix et grando. Sed duobus horum corporum quaedam proportionalia
fiunt in loco inferiori vicino terrae, quae ex eisdem causis generantur, sed
differunt a pluvia et nive secundum magis et minus, prout scilicet citius vel
tardius fit generatio, et secundum multitudinem et paucitatem. Nix enim et pruina proportionaliter sunt
idem, et similiter pluvia et ros: sed differunt secundum multum et paucum.
Quia pluvia fit ex multo vapore infrigidato: huius autem multitudinis causa
est et locus magnus et spatiosus, et multum tempus in quo vapor adunatur et
colligitur, et multus etiam locus ex quo colligitur; quia enim in alto
generantur pluviae, ex multis partibus illuc concurrunt vapores. Ros autem
habet paucum de vapore, quia tempus in quo colligitur est paucum
(consistentia enim illius vaporis est ephemeros, idest unius diei), et
locus in quo congregatur parvus est, quia congregatur in propinquo terrae: et
hoc manifestum fit per hoc quod generatio roris est velox, et multitudo eius
est parva. Et sicut se habet de rore et pluvia, ita se habet de nive et pruina:
quando enim tota nubes congelatur, fit nix; quando vero aliquis parvus vapor
circa terram congelatur, tunc fit pruina. Et ideo utrumque eorum est signum
temporis aut regionis frigidae: quia cum in vapore et nube adhuc sit aliquid
de caliditate, non congelaretur nisi esset magnum frigus supervincens
caliditatem ipsam; quia in nube adhuc multum residuum est de calore qui fecit
evaporare humidum aqueum a terra, in vapore autem adhuc magis. Sic ergo,
sicut pluvia et nix fiunt superius, ita ros et pruina inferius. Sed tamen,
licet grando fiat superius, non convenit ei proportionale inferius: et huius
causa erit manifesta, cum exposita fuerit causa generationis grandinis. |
110. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la g้n้ration de la pluie, de la ros้e et de la gel้e blanche, il commence ici เ la d้terminer sur la g้n้ration de la gr๊le. Et, concernant ce point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il montre le lieu o๙ la gr๊le est engendr้e ; deuxi่mement, il ้num่re certains des ph้nom่nes qui laccompagnent et qui font difficult้ concernant sa g้n้ration, lเ : il faut consid้rer, etc. ; troisi่mement, il avance la cause de sa g้n้ration, lเ : pour ceux-ci, etc. Il dit donc premi่rement que, bien que la vapeur soit congel้e dans la partie inf้rieure de lair au voisinage de la Terre, leau nest pourtant pas fig้e เ cet endroit pour engendrer la gr๊le, comme elle lest dans les nuages. En effet, de ce lieu viennent trois corps condens้s เ cause du refroidissement, เ savoir leau de pluie, la neige et la gr๊le. Mais certains corps se forment de fa็on analogue เ deux dentre elles dans lespace inf้rieur, au voisinage de la Terre, lesquels sont engendr้s par les m๊mes causes, mais diff่rent de la pluie et de la neige par le plus et le moins, cest-เ-dire dans la mesure o๙ la g้n้ration se fait plus ou moins vite et en plus ou moins grande quantit้. La neige et la gel้e blanche, en effet, sont analogues, tout comme la pluie et la ros้e ; mais diff่rent par le plus et le moins. En effet, la pluie se forme เ partir dune grande quantit้ de vapeur refroidie ; or la cause de cette quantit้, cest เ la fois un lieu grand et spacieux, un temps long pendant lequel la vapeur se condense et se concentre et aussi un vaste espace o๙ se concentrer ; en effet, puisque les pluies sont engendr้es en altitude, les vapeurs sy rassemblent en venant de tous les c๔t้s. Or la ros้e contient peu de vapeur, puisque le temps de sa concentration est bref (car la consistance de cette vapeur est ้ph้m่re, cest-เ-dire dune seule journ้e), et que le lieu de sa concentration est petit, puisquelle sassemble pr่s de la Terre ; et cela devient manifeste du fait que la g้n้ration de la ros้e est rapide et que sa quantit้ est petite. Et il en est de m๊me pour la neige et la gel้e blanche que pour la ros้e et la pluie : en effet, lorsque le nuage est enti่rement gel้, de la neige se forme ; mais quand un peu de vapeur est gel้e autour de la Terre, cest alors de la gel้e blanche. Et cest pourquoi tous deux sont le signe dune saison ou dune r้gion froide : en effet, comme il y a encore de la chaleur dans la vapeur et le nuage, il ne pourrait pas geler, เ moins quun grand froid ne lemporte sur la chaleur m๊me ; car, dans le nuage, il reste encore beaucoup de la chaleur qui a fait s้vaporer de la Terre lhumidit้ charg้e deau, tandis que, dans la vapeur, il y en a encore plus. Ainsi donc, de m๊me que la pluie et la neige se forment en haut, de m๊me la ros้e et la gel้e blanche se forment en bas. Mais pourtant, bien que la gr๊le se forme en haut, il nest pas de ph้nom่ne qui lui soit analogue en bas ; et la cause en sera manifeste, lorsque celle de la g้n้ration de la gr๊le aura ้t้ expos้e. |
[80174] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 2 Deinde cum dicit: oportet autem accipere etc., proponit
quaedam accidentia quae accidunt circa grandinem, et faciunt difficultatem
circa generationem ipsius. Et proponit duas difficultates circa
generationem grandinis: secundam ponit ibi: inconveniens autem et cetera. Dicit ergo primo quod oportet accipere ea
quae accidunt circa generationem grandinis, quae putantur esse rationabilia,
et non sunt falsa. Et primo proponit quod grando est sicut crystallus
quidam, idest aqua vehementer congelata: et proponit iterum quod aqua maxime
congelatur in hieme: ex quibus videtur sequi quod grando maxime fiat in
hieme. Sed contrarium videtur accidere: quia grandines maxime fiunt in vere
et in autumno; et post hoc, tempore fructuum, idest in aestate et circa
principium autumni; minus autem in hieme, et tunc quando fuerit minus frigus
hiemis. Et universaliter grandines fiunt in locis magis temperatis: nives
autem in frigidioribus locis et temporibus. Unde et grandines, in quibus
apparet maior congelatio, magis deberent fieri locis et temporibus frigidis. |
111. Ensuite, quand il dit : il faut consid้rer, etc., il pr้sente des ph้nom่nes qui arrivent au sujet de la gr๊le et qui posent des difficult้s concernant sa g้n้ration. Et il expose deux difficult้s autour de la g้n้ration de la gr๊le : il pr้sente la seconde lเ : or il ne convient pas, etc. Il dit donc premi่rement quil faut consid้rer les ph้nom่nes qui arrivent au sujet de la g้n้ration de la gr๊le, qui sont consid้r้s comme logiques et qui ne sont pas faux. Et il avance premi่rement que la gr๊le est comme du cristal, cest-เ-dire de leau fortement gel้e ; et il expose encore que leau est surtout gel้e en hiver ; il semble sensuivre que la gr๊le se produit surtout en hiver. Mais cest le contraire que lon voit se produire ; en effet, les chutes de gr๊le ont surtout lieu au printemps et en automne ; et apr่s cela, เ la saison des fruits, cest-เ-dire en ้t้ et au d้but de lautomne ; mais moins en hiver, et au moment o๙ le froid hivernal est moins fort. Et, en g้n้ral, les chutes de gr๊le se produisent dans des lieux plus temp้r้s ; mais les neiges dans des lieux et des saisons plus froids. De ce fait, les chutes de gr๊le, o๙ la cong้lation appara๎t plus importante, devraient, elles aussi, se produire plut๔t dans des saisons et des lieux froids. |
[80175] Super
Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 3 Deinde cum dicit: inconveniens
autem etc., ponit secundam difficultatem. Et circa hoc tria facit. Primo
ponit difficultatem. Et dicit quod inconveniens videtur quod aqua congeletur
superius: quia non potest congelari antequam sit facta; neque postquam est
facta, remanere elevata, quoniam statim cadit. Unde non videtur quod possit
dari tempus in quo congeletur ad generationem grandinis. |
112. Ensuite, quand il dit : or il ne convient pas, etc., il expose la seconde difficult้. Et, concernant ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il pr้sente la difficult้. Et il dit quil ne semble pas convenir que leau g่le en haut : en effet, elle ne peut pas geler avant d๊tre devenue de leau, et elle ne peut pas rester en hauteur apr่s ๊tre devenue telle, puisquelle tombe aussit๔t. De ce fait, il ne semble pas possible de pr้ciser le moment o๙ elle g่le pour engendrer de la gr๊le. |
[80176]
Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 4 Secundo ibi: at
vero neque quemadmodum etc., ponit quandam apparentem solutionem huius
difficultatis. Posset enim aliquis dicere quod aqua, divisa in partes
minimas, remanet in aere quasi ei commixta; et non cadit statim, sed
immoratur in aere. Et per hunc modum accidit quando cadunt psecades,
de quibus supra dictum est. Et simile est etiam de terra respectu aquae, quae
ita se habet ad terram sicut aer ad aquam: frequenter enim aurum vel terra
supernatat aquae propter parvitatem partium; sed si congregarentur illae
partes terrae vel auri, caderent sub aqua. Unde, congregatis parvis partibus
aquae quae resident in aere, fiunt magnae guttae, et sic deorsum feruntur psecades. Et ita posset aliquis dicere
non esse inconveniens quod aqua insidens aeri congelaretur ad generationem
grandinis. |
113. Deuxi่mement, lเ : ce nest pas comme, etc., il donne une solution apparente เ cette difficult้. En effet, on pourrait dire que leau, divis้e en tr่s petites parties, demeure dans lair comme si elle ้tait m้lang้e เ lui ; et elle ne tombe pas aussit๔t, mais sattarde en lair. Et cest ce qui arrive quand tombent les psecades dont il a ้t้ question ci-dessus. Il en est de m๊me pour la terre par rapport เ leau, qui se trouve dans le m๊me rapport avec la terre que lair par rapport เ leau ; en effet, de lor ou de la terre flottent fr้quemment sur leau en raison de la petitesse de leurs parties ; mais si ces parties de terre ou dor sagr้geaient, elles tomberaient au fond de leau. De ce fait, lorsque de petites parties deau r้sidant dans lair se sont agr้g้es, de grosses gouttes se forment, et ainsi des psecades sont entra๎n้es vers le bas. Et lon pourrait ainsi dire quil nest pas inconvenant de penser que de leau demeurant dans lair se fige pour engendrer de la gr๊le. |
[80177]
Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 5 Tertio ibi: hoc enim non contingit etc., excludit
dictam solutionem: dicens quod non contingit fieri in grandine, sicut
contingit in psecadibus. Quia partes aquae congelatae, si essent
parvae, non possent uniri ut facerent aliquod magnum, sicut est grando, sicut
continuantur partes aquae humidae existentis: quia duriora, ut sunt
congelata, non ita adunantur sicut humidiora. Unde oporteret quod tanta aqua
quanta est magnitudo grandinis, sursum maneret in aere non cadens: quod
patet, quia non esset tanta post congelationem, si non fuisset tanta ante
congelationem; ex multis enim parvis non possunt fieri multa magna continua.
Sed quod tanta aqua sursum maneat non cadens, videtur impossibile. |
114. Troisi่mement, lเ : mais cela ne peut pas, etc., il rejette la solution pr้c้dente, disant que ce qui peut se produire pour les psecades ne le peut pas pour la gr๊le. En effet, les parties deau congel้es, si elles ้taient petites, ne pourraient pas sunir pour en former une grande, comme la gr๊le, เ la mani่re dont se rejoignent les parties deau liquide : car les solides, comme les corps congel้s, ne sunissent pas comme les liquides. De ce fait, il faudrait quune quantit้ deau aussi grande que celle de la gr๊le reste en haut dans lair sans tomber ; et il est ้vident quon ne pourrait trouver une aussi grande quantit้ apr่s cong้lation sil ny en avait pas eu autant avant cong้lation ; en effet, une grande quantit้ continue ne peut se former เ partir de nombreuses petites parties. Mais il semble impossible quune aussi grande quantit้ deau demeure en haut sans tomber. |
[80178] Super Meteora, lib. 1 cap.
15 n. 6 Deinde cum dicit:
his quidem igitur etc.,
assignat causam generationis grandinis. Et primo ponit opinionem
aliorum; secundo opinionem propriam, ibi: sed
quoniam videmus et cetera. Circa primum duo facit.
Primo proponit opinionem aliorum. Et dicit quod quibusdam videtur quod, cum
nubes ex magno calore fuerit impulsa in locum superiorem, qui est valde
frigidus ex eo quod ibi desinunt radii refracti a terra, aqua veniens ibi
coagulatur, propter frigiditatem loci. Et ideo in aestate et in regionibus
calidis fiunt grandines, quia magnus calor multum impellit nubes in
superiorem locum sursum longe a terra. |
115. Ensuite, quand il dit : pour ceux-ci, il avance la cause de la g้n้ration de la gr๊le. Et il expose premi่rement lopinion des autres savants ; deuxi่mement sa propre opinion, lเ : mais puisque nous voyons, etc. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il expose lopinion des autres. Et il dit que certains sont davis que, lorsque le nuage a ้t้ chass้ par une grande chaleur vers lespace sup้rieur, qui est extr๊mement froid du fait que les rayons renvoy้s par la Terre cessent เ cet endroit, leau venant lเ se solidifie, en raison du froid de ce lieu. Et cest pourquoi les chutes de gr๊le se produisent en ้t้ et dans les r้gions chaudes, ้tant donn้ quune forte chaleur repousse violemment les nuages dans le lieu sup้rieur, vers le haut, loin de la Terre. |
[80179] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 7 Secundo ibi: accidit autem etc., impugnat
praedictam positionem tribus rationibus. Quarum prima est, quod videmus in
altis montibus non fieri grandines: quod tamen oportebat, si per elevationem
vaporis in locum multum altum generarentur grandines; sicut etiam videmus in
montibus altis fieri nives, quae generantur in alto. |
116. Deuxi่mement, lเ : cest sur les lieux, etc., il attaque la th่se pr้c้dente pour trois raisons. La premi่re dentre elles est que nous ne voyons pas les chutes de gr๊le se produire sur les hauteurs des montagnes ; il faudrait pourtant que ce soit le cas, si elles ้taient engendr้es par la mont้e de la vapeur dans un espace tr่s ้lev้, tout comme nous voyons aussi tomber sur les hauteurs des montagnes les chutes de neige, qui sont engendr้es en altitude. |
[80180]
Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 8 Secundam rationem ponit ibi : adhuc autem saepe et cetera. Et dicit quod saepe visae sunt nubes
quae feruntur prope terram cum multo sono, ita ut quidam audientes cadentes
terreantur, ac si aliquod maius futurum portendatur. Aliquando etiam, talibus
nubibus visis prope terram sine sono, fit multa grando, incredibilis
magnitudinis et figurae non rotundae. Hoc autem, scilicet quod grando non sit
figurae rotundae et quod sit magnae quantitatis, accidit ex hoc quod
congelatio grandinis est facta prope terram, et ideo parvo tempore fit motus
ipsius: quia si multo tempore fieret, deminuta fuisset quantitas grandinis,
et figura fuisset facta rotunda, motu dissolvente praecipue partes angulares,
fortius dividentes aerem et magis ei resistentes. Non ergo verum est quod
generatio grandinis fit multum longe a terra. |
117. Il pr้sente la deuxi่me raison lเ : en outre, on a souvent, etc. Et il dit que lon a souvent vu des nuages se mouvoir pr่s de la Terre เ grand fracas, si bien que certains, en les entendant tomber, sont terrifi้s, comme sils annon็aient larriv้e de quelque plus grand danger. Quelquefois aussi, apr่s que lon a vu de tels nuages se mouvoir pr่s de la Terre sans bruit, a lieu une grande chute de gr๊le, en quantit้ incroyable et de forme non ronde. Or ce ph้nom่ne, เ savoir que la gr๊le nest pas de forme ronde et quelle est en grande quantit้, arrive parce que la cong้lation de la gr๊le sest faite pr่s de la Terre, ce qui explique que son mouvement dure peu de temps : en effet, sil avait dur้ longtemps, la quantit้ de gr๊le aurait diminu้, et la forme se serait arrondie, ้tant donn้ que le mouvement dissout surtout les parties anguleuses, qui coupent lair avec plus de force et lui r้sistent davantage. Il nest donc pas vrai que la g้n้ration de la gr๊le se produise tr่s loin de la Terre. |
[80181] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 9 Tertiam rationem
ponit ibi: at vero necessarium et
cetera. Et dicit quod necesse
est quod magnitudo grandinis contingat ex fortitudine causae coagulationis
grandinis: quia grando est quoddam congelatum sicut crystallus, ut est
cuilibet manifestum. Sed magnitudo grandinis maior est in grandinibus quae
non sunt rotundae: ex quo potest concludi quod grandines quae non sunt
figurae rotundae, habeant fortem causam congelationis. Sed hoc quod grando
non sit figurae rotundae, est signum quod sit congelata prope terram: quia si
venirent de longe, circumquaque essent attritae, propter motum a longinquo,
et sic essent figurae rotundae et magnitudine minores. Unde concludit quod
coagulatio grandinis non accidit propter hoc quod vapores propellantur in
locum frigidum supremum, multum remotum a terra. |
118. Il donne la troisi่me raison lเ : mais il est n้cessaire, etc. Et il dit quil est n้cessaire que la quantit้ de gr๊le soit li้e เ la force de sa solidification : en effet, la gr๊le est un corps congel้ comme le cristal, ce qui est ้vident pour quiconque. Mais la quantit้ de gr๊le est plus grande dans les gr๊lons qui ne sont pas ronds : on peut en conclure que les gr๊lons qui ne sont pas de forme ronde ont ้t้ congel้s sous une forte contrainte. Mais le fait quun gr๊lon ne soit pas dune forme ronde est le signe quil a ้t้ congel้ pr่s de la Terre : en effet, sils venaient de loin, ils seraient frott้s de tout c๔t้, en raison de leur mouvement parti de loin, et ils seraient ainsi de forme arrondie et dune taille plus petite. Il en conclut que la solidification de la gr๊le nest pas caus้e par une pouss้e des vapeurs vers un lieu froid situ้ tout en haut, tr่s ้loign้ de la Terre. |
[80182] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 10 Deinde cum dicit: sed quoniam videmus etc., assignat
causam generationis grandinis. In quo primo excludit unam difficultatem superius
motam; secundo excludit aliam, ibi: accidit
autem hoc et cetera. Dicit ergo primo quod per experimentum
videmus quod calidum et frigidum sua contrarietate circumstant se invicem et
aggregant. Et hoc manifestum est in terra. Nam in aestu
interiora terrae sunt frigida, propter hoc quod caliditas aeris frigiditatem
terrae circumstat; unde congregatur interius. E converso autem tempore
frigoris interiora terrae sunt calida, propter hoc quod frigus concludit
interius calorem qui erat in terra. Et inde est quod aqua fontium in aestate est frigida, et in hieme
calida. Et hoc oportet putare fieri etiam in superiori loco. Unde in tempore
calido frigidum, contrarietate calidi circumstantis inclusum, vehementius
operatur: unde aliquando valde cito ex nube facit aquam. Et propter hoc multo
maiores guttae fiunt in calidis diebus quam in hieme, et aquae pluviae fiunt labroterae,
idest violentiores : quae quidem magnitudo et violentia accidunt ex eo
quod quasi subito simul tota descendit pluvia, quod accidit propter
celeritatem congelationis. Et sic contrarium accidit ei quod dixit
Anaxagoras. Dicebat enim hoc accidere, quando vapor ex quo generatur pluvia,
ascendit in aerem valde frigidum: sed nos e converso dicimus quod hoc
accidit, cum vapor descendit in aerem calidum; et tanto magis, quanto in
magis calidum. Sic igitur ex calido circumstante frigidum et congregante
ipsum, fiunt magnae guttae pluviarum et violentae. Sed cum frigidum magis
congregatur conclusum ab exteriori calido, non solum subito condensantur nubes
in aquam, sed ulterius aqua congelatur ex vehementi virtute frigidi inclusi,
et sic fit grando. Unde patet solutio primae difficultatis: quare scilicet
aqua congelatur in grandinem magis tempore aestatis quam hiemis. |
119. Ensuite, lorsquil dit : mais puisque nous voyons, etc., il donne la cause de la g้n้ration de la gr๊le. Premi่rement, il y rejette une difficult้ soulev้e plus haut ; deuxi่mement, il en rejette une autre, lเ : cest ce qui arrive, etc. Il dit donc premi่rement que nous voyons par exp้rience que le chaud et le froid sentourent lun lautre et sagr่gent en raison de leur caract่re oppos้. Et cest ้vident sur la Terre. En effet, lors dune grande chaleur les souterrains sont froids, parce que la chaleur de lair entoure le froid de la Terre ; il se condense donc เ lint้rieur. ภ linverse, par temps froid, les souterrains sont chauds, ้tant donn้ que le froid comprime เ lint้rieur la chaleur qui se trouvait sur la Terre. Et cest la raison pour laquelle leau des sources est froide en ้t้ et chaude en hiver. Et il faut penser que cela se produit aussi dans le lieu sup้rieur. De ce fait, par temps chaud, le froid, enferm้ par le chaud qui lentoure parce quil lui est oppos้, exerce une plus forte contrainte, si bien que parfois il forme tr่s vite de leau dans le nuage. Et cest pourquoi il se forme de bien plus grosses gouttes pendant les jours chauds quen hiver, et les eaux de pluie deviennent labroterae, cest-เ-dire plus violentes : cette grande quantit้ et cette violence arrivent parce que la pluie tombe soudain tout enti่re en m๊me temps, ce qui est d๛ เ la rapidit้ de la condensation. Et ainsi cest le contraire de ce qui disait Anaxagore qui se produit. Car il affirmait que cela arrive lorsque la vapeur qui engendre la pluie monte dans lair tr่s froid ; mais nous, nous disons au contraire que cela se produit quand la vapeur descend dans lair chaud ; et cela dautant plus que lair est plus chaud. Ainsi donc le chaud qui entoure le froid et qui le condense produit de grosses gouttes de pluie violente. Mais lorsque le froid, comprim้ par la chaleur ext้rieure, sagr่ge davantage, ce sont non seulement les nuages qui se condensent soudain en eau, mais cest aussi leau qui se cong่le en raison de la violence de la force du froid enferm้, et il se produit ainsi de la gr๊le. De ce fait, on voit ici se r้soudre la premi่re difficult้, เ savoir pourquoi leau se cong่le en gr๊le plus souvent en ้t้ quen hiver. |
[80183] Super Meteora, lib. 1 cap. 15
n. 11 Deinde cum dicit: accidit autem hoc etc., solvit
secundam difficultatem. Et circa hoc tria facit: primo solvit difficultatem;
secundo assignat rationem de tempore generationis grandinis, ibi: minus autem aestate etc.; tertio ponit
quoddam conferens ad celeritatem generationis grandinis, ibi: confert autem et cetera. Fuit autem secunda difficultas ex hoc quod non
videbatur posse dari tempus in quo superius aqua congelaretur in grandinem ;
quia statim dum aqua generatur, cadit ; et antequam generetur, congelari
non potest. Ad solvendam igitur hanc difficultatem, dicit quod generatio
grandinis accidit, quando est velocior aquae congelatio, propter virtutem
frigoris congregati, quam motus aquae pluviae deorsum. Et quod hoc sit possibile, ostendit. Cum enim omnis
motus localis sit in tempore, manifestum est quod in aliquo determinato
tempore aqua pluviae fertur deorsum; contingit autem quod in minori tempore
frigiditas, propter suam vehementiam, congelat aquam, quam sit tempus
descensus eius; unde nihil prohibet si congelatio fiat in minori tempore quam
motus deorsum aquae, si frigidum existat fortius et vehemens. Et hinc est
quod quanto propinquius nobis fit generatio aquae vel grandinis, tanto magis
subito congeletur, calido existente fortiori prope terram, et vehementius
expellente et concludente frigidum. Et ideo oportet quod et aquae pluviae
fiant violentiores, et tam guttae pluviarum quam grandinum sint maiores,
propter hoc quod per minus spatium feruntur, et minus ex eis dissolvitur.
Illae autem guttae quae cadunt magnae, non sunt crebrae, propter eandem
causam: quia enim subito et simul congelantur in magnas, non in multas partes
dividuntur, et subito etiam cadunt; sicque materia pluviae et grandinis non
tam spissim cadit. |
120. Ensuite, quand il dit : cest ce qui arrive, etc., il r้sout la seconde difficult้. Et, sur ce point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il r้sout la difficult้ ; deuxi่mement, il explique pour quelle raison la gr๊le est engendr้e เ tel moment, lเ : la gr๊le a lieu moins souvent en ้t้, etc. ; troisi่mement, il expose un ph้nom่ne qui contribue เ la rapidit้ de la g้n้ration de la gr๊le, lเ : ce qui contribue, etc. La seconde difficult้ venait de ce quil ne semblait pas possible de pr้ciser le moment o๙ leau se cong่le plus haut en gr๊le, puisque leau tombe d่s quelle est engendr้e et quelle ne peut se congeler avant davoir ้t้ engendr้e. Donc, pour r้soudre cette difficult้, il dit que la g้n้ration de la gr๊le se fait lorsque la cong้lation de leau est plus rapide que le mouvement de leau de pluie vers le bas, en raison de la force de condensation du froid. Et il montre que cest possible. En effet, comme tout mouvement local se fait dans le temps, il est manifeste que leau de pluie est entra๎n้e vers le bas เ un moment donn้ ; or il arrive que le froid g่le leau, en raison de sa violence, pendant un temps plus court que celui de sa chute ; de ce fait, rien nemp๊che que sa cong้lation se produise dans un temps plus court que celui du mouvement de leau vers le bas, dans la mesure o๙ le froid est plus fort et violent. Et cest la raison pour laquelle plus la g้n้ration de leau ou de la gr๊le est proche de nous, plus vite ces derni่res se cong่lent, ้tant donn้ que le chaud est plus fort pr่s de la Terre et quil repousse et enferme le froid plus violemment. Et cest pourquoi il faut เ la fois que les eaux de pluie deviennent plus imp้tueuses et que les gouttes de pluie tout comme les gr๊lons soient plus gros du fait quils sont entra๎n้s sur un plus court espace et quils sont moins d้sagr้g้s. Or les grosses gouttes qui tombent ne sont pas denses, pour la m๊me raison : en effet, comme elles se solidifient en grosses gouttes tout เ coup et en m๊me temps, elles ne divisent pas en de multiples particules et tombent aussi tout เ coup ; et ainsi la mati่re de la pluie et de la gr๊le ne tombe pas avec une telle densit้. |
[80184]
Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 12 Deinde cum dicit : minus autem aestate etc., assignat rationem de tempore
generationis grandinis. Et dicit quod minus cadunt grandines in aestate quam
in vere et in autumno, sed magis quam in hieme. Ideo autem minus in aestate
quam in vere et autumno, quia in aestate est siccior aer; in vere autem est
adhuc humidus, propter hiemem praecedentem, et in autumno iam incipit
humectari. Et sic in aestate non est tanta materia vaporum humidorum ad
generationem grandinis, sicut in vere et in autumno, licet sit maior calor.
In hieme autem, licet abundet materia, deficit tamen calor qui sit potens
concludere frigidum ad generationem grandinis. Fiunt etiam grandines tempore
maturationis fructuum, idest in fine aestatis, propter eandem causam: quia
tunc calor adhuc viget, et etiam aer iam incipit humectari. |
121. Ensuite, quand il dit : la gr๊le a lieu moins souvent en ้t้, etc., il donne la raison de la g้n้ration de la gr๊le เ tel moment. Et il dit quelle tombe moins en ้t้ quau printemps et en automne, mais plus quen hiver. Moins en ้t้ quau printemps et en automne parce quen ้t้ lair est plus sec ; or au printemps lair est encore humide, en raison de lhiver qui le pr้c่de, et en automne il commence d้jเ เ shumidifier. Et ainsi, en ้t้, les vapeurs humides ne fournissent pas assez de mati่re pour engendrer de la gr๊le, comme au printemps et en automne, bien que la chaleur soit plus forte. Or, en hiver, bien que la mati่re soit abondante, la chaleur qui est susceptible denfermer le froid pour engendrer la gr๊le fait pourtant d้faut. Les chutes de gr๊le se produisent aussi เ l้poque de la maturation des fruits, cest-เ-dire เ la fin de l้t้, pour la m๊me raison : parce que la chaleur est alors encore forte et que lair commence aussi d้jเ เ devenir humide. |
[80185] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 13 Deinde cum dicit: confert autem etc., quia difficultatem
superius motam solverat propter velocitatem generationis grandinis,
contingentem ex vehementia frigoris, ponit hic quoddam aliud conferens ad
celeritatem eandem. Et dicit quod confert ad celeritatem coagulationis, quod
aqua fuit praecalefacta, adiuvante materia vaporosa caliditatem temporis: et
ideo citius infrigidatur, quia frigus vehementius agit in ipsam, et potest
intrinsecus penetrare aquam rarefactam per calorem. Et ideo multi, cum
volunt infrigidare calidam aquam, ponunt eam ad solem primo. Et illi etiam
qui piscantur in regione Ponti, cum fecerint habitacula tempore glaciei ad
venandum pisces, quos venantur scindentes glaciem fluviorum vel maris,
circumfundunt aquam calidam calamis quibus venantur, ut citius coaguletur; et
sic utuntur glacie quasi plumbo, ut calami firmiter quiescant. Sed et in
regionibus et in temporibus calidis aqua calida fit cito frigida, eo quod
cito inspissatur, propter praedictam causam. Et ideo in Arabia et Aethiopia fiunt pluviae aestate et
non hieme : quia scilicet vapores cito infrigidantur ex contrarietate calidi
circumstantis, cum regio illa sit valde calida. Ultimo autem epilogat quae dicta sunt :
et est planum in littera. |
122. Ensuite, quand il dit : ce qui contribue, etc., puisquil a r้solu la difficult้ soulev้e plus haut en raison de la rapidit้ de la g้n้ration de la gr๊le, laquelle se forme du fait de la violence du froid, il expose ici un autre ph้nom่ne qui contribue เ cette m๊me rapidit้. Et il dit que le fait que leau ait ้t้ pr้alablement chauff้e contribue เ la rapidit้ de sa solidification, alors que la substance vaporeuse renforce la chaleur de la saison ; et elle se refroidit plus vite, ้tant donn้ que le froid agit plus violemment sur elle et quil peut p้n้trer dans leau rar้fi้e par la chaleur. Et cest pour cela que beaucoup de gens, lorsquils veulent refroidir de leau chaude, la placent dabord au Soleil. Et aussi ceux qui p๊chent dans la r้gion du Pont, apr่s avoir fabriqu้ des huttes เ la saison des glaces pour chasser le poisson, quils p๊chent en per็ant la glace des fleuves ou de la mer, r้pandent de leau chaude sur les cannes avec lesquelles ils p๊chent, pour quelle se solidifie plus vite ; et ainsi ils se servent de la glace comme du plomb, pour que les cannes restent solidement immobiles. Mais leau chaude se refroidit rapidement dans les r้gions et les saisons chaudes aussi, du fait quelle se condense vite, pour la raison pr้c้dente. Et cest pour cela quen Arabie et en ษthiopie les pluies se produisent en ้t้ et non en hiver : en effet, les vapeurs sy refroidissent rapidement เ cause de linfluence contraire du chaud qui les entoure, ้tant donn้ que cette r้gion est extr๊mement chaude. Enfin il donne un ้pilogue เ ses propos ; et cest ้vident dans le texte. |
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Caput 16 |
Chapitre 16 [Les sources et les fleuves] |
[80186] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 1 Postquam philosophus
determinavit de his quae generantur in alto ab exhalatione humida, hic
determinat de his quae generantur in terra ex eadem materia, scilicet de
fontibus et fluminibus. Et dividitur in partes
duas: in prima determinat de causa generationis fluviorum; in secunda de
duratione eorum, ibi: non semper autem
eadem loca et cetera. Circa primum tria facit. Primo dicit de quo
est intentio. Et dicit quod est de ventis et omnibus quae ex ventis
causantur, et de fluviis et de mari. De quibus hoc ordine dicetur, quod primo
proponemus dubitationes ad nosipsos, et postea declarabimus veritatem ad
nosipsos, et non ad alios: quia de talibus nihil accepimus dictum ab aliis,
quod non quilibet possit dicere, sicut et circa alias materias contingit. |
123. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur ce qui est engendr้ en haut par lexhalaison humide, il la d้termine ici เ propos de ce qui est engendr้ sur terre par la m๊me mati่re, เ savoir les sources et les fleuves. Et ce d้veloppement se divise en deux parties : dans la premi่re il traite de la cause de la g้n้ration des fleuves ; dans la seconde de leur dur้e, lเ : ce ne sont pas toujours les m๊mes lieux, etc. Concernant le premier point il proc่de en trois ้tapes. Il dit premi่rement quelle est son intention. Et il dit quil va ๊tre question des vents et de tout ce qui est caus้ par les vents, ainsi que des fleuves et de la mer. On parlera de ces ph้nom่nes dans cet ordre, parce que nous nous poserons dabord les probl่mes เ nous-m๊mes et que nous d้clarerons ensuite la v้rit้ เ nous-m๊mes et non aux autres : en effet, concernant de tels ph้nom่nes nous navons recueilli aucun propos tenu par dautres que nimporte qui ne puisse avancer, comme cest le cas pour dautres sujets aussi. |
[80187]
Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 2 Secundo ibi: sunt
autem quidam etc., ponit opiniones quorundam de ventis. Et dicit quod
quidam dixerunt quod corpus quod dicitur aer, dum fluit et movetur, est
ventus; dum autem constat et inspissatur, est nubes et aqua; ac si eadem
natura sit aquae, aeris et venti, et nihil aliud sit ventus quam aer et aqua.
Et quia aer totus est unus, ideo quidam, volentes multum sapienter loqui,
dixerunt quod non est nisi unus ventus; et quod videantur venti differre, hoc
non est nisi ex differentia locorum ex quibus moventur. Quod est simile ac si
dicerent quod omnes fluvii sunt unus fluvius, et quod omnis aqua est una:
quod manifeste falsum est. Unde multitudo hominum, qui vulgariter et sine
inquisitione philosophiae loquuntur de ventis, melius loquuntur quam isti,
qui sic inquirendo erraverunt. Quia si hoc esset verum, quod omnes fluvii
fluerent ex uno principio, et hoc etiam posset aliquo modo esse verum, quod
omnes venti essent ex uno principio: sed de ventis etiam, sicut de fluviis,
manifestum est quod id quod dixerunt, leviter et mendaciter dixerunt. Opportunum est autem de hoc considerare in
proprio tractatu, quid est ventus, et quomodo generatur, et quid movet ipsum,
et unde est principium ventorum; et utrum oporteat accipere ventum fluentem
sicut ex aliquo vase, qui tandiu fluat donec illud evacuetur, ac si esset
emissum ab aliquo utre, ut fabulatur Homerus; aut non est ex uno principio
sed ex multis, sicut pictores pingunt diversos ventos emittentes ex seipsis
principium flatuum. |
124. Deuxi่mement, lเ : il y en a certains, etc., il pr้sente les opinions de certains savants sur les vents. Et il dit que daucuns affirmaient que le corps appel้ air, pendant quil s้coule et se meut, est le vent ; mais quand il est arr๊t้ et quil se condense, il est nuage et eau ; comme sil ้tait de la m๊me nature que leau, lair et le vent, et que le vent nest rien dautre que de lair et de leau. Et puisque lair tout entier est un, certains, d้sireux de parler fort sagement, ont avanc้ quil ny a quun vent ; et que si les vents semblent diff้rents, ce nest quen raison de la diff้rence des lieux do๙ ils proviennent. Cest comme sils disaient que tous les fleuves sont un seul fleuve et que toute leau est une, ce qui manifestement faux. De ce fait, la majorit้ des hommes, qui parlent des vents de fa็on commune et sans faire de recherche philosophique, parlent mieux que ceux-lเ, qui se sont tromp้s en effectuant de telles recherches. En effet, sil ้tait vrai que tous les fleuves s้coulent เ partir dun seul principe, il pourrait aussi ๊tre vrai, de quelque mani่re, que tous les vents viennent dun seul principe ; mais m๊me en ce qui concerne les vents, tout comme pour les fleuves, il est manifeste que ce quils ont dit ils lont dit avec l้g่ret้ et faussement. Or, ce quil est opportun dexaminer เ ce propos dans ce trait้ particulier, cest ce quest le vent, comment il est engendr้, ce qui le meut, do๙ vient le principe des vents, et sil faut consid้rer que le vent s้coule dun vase, cest-เ-dire quil s้coule jusquเ ce que ce r้cipient soit vid้, comme sil ้tait sorti dune outre, เ ce quimagine Hom่re, ou bien sil ne provient pas dun principe unique mais de beaucoup, comme les peintres repr้sentent diff้rents vents expulsant deux-m๊mes le principe du souffle. |
[80188]
Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 3 Tertio ibi: similiter
autem de generatione etc., inducit similes opiniones de generatione
fluviorum: propter hoc enim induxerat quod dictum est de ventis. Et circa hoc
tria facit: primo ponit quorundam falsam opinionem; secundo reprobat eam,
ibi: quamvis manifestum etc.;
tertio excludit quandam rationem ipsorum, ibi: non solum sed et talia et cetera. Dicit ergo primo quod similiter videtur
quibusdam se habere de generatione fluviorum, sicut dictum est de generatione
ventorum. Dicunt enim quod, cum aqua elevatur a terra per vaporationem, et
iterum fluit deorsum, congregatur sub terra, et sic fluit ad generationem
fontium et fluviorum; sicut si intelligantur exire ex aliquo magno ventre,
idest ex aliqua magna voragine, ubi sit congregata multa aqua; sive ita sit
quod omnes fluvii fluant ex uno principio tali, sive ex diversis talibus
principiis diversi fluvii fluant. Et secundum hoc, aqua non generatur sub
terra de novo ad fluxum fontium et fluviorum; sed illa quae prius fuit
collecta in praedicta receptacula, est principium multitudinis aquarum et
fluviorum. Et huius signum dicebant esse, quod in hieme
est maior fluxus fluviorum quam in aestate. Et hinc assignant causam quare
quidam fluviorum sunt perpetui, et quidam non perpetui. Quando enim, propter
magnitudinem voraginis, tanta aqua congregatur in hieme sub terra, ut
sufficiat ad perpetuitatem fluvii, ita quod non deficiat aqua fluens
priusquam iterum superveniat in nova hieme, tunc fluvius fit perpetuus usque
in finem: si autem receptaculum sit parvum, tunc propter paucitatem aquae
deficit origo fluvii, quasi evacuato vase, antequam iterum fluat aqua de
caelo; et ideo fluvius non perenniter fluit. |
125. Troisi่mement, lเ : certains croient, etc., il introduit des opinions semblables sur la g้n้ration des fleuves ; cest, en effet, la raison pour laquelle il avait introduit ce qui a ้t้ dit sur les vents. Et concernant cela, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il expose lopinion erron้e de certains auteurs ; deuxi่mement, il la condamne, lเ : pourtant une chose est ้vidente, etc. ; troisi่mement, il rejette lun de leurs raisonnements, lเ : non seulement, mais aussi, etc. Il dit donc premi่rement que certains savants sont davis quil en est de m๊me pour la g้n้ration des fleuves que pour ce qui avait ้t้ dit de la g้n้ration des vents. En effet, ils affirment que, lorsque leau s้l่ve de terre par ้vaporation et quelle s้coule de nouveau vers le bas, elle saccumule sous la terre et coule ainsi pour engendrer sources et fleuves ; cest comme si on entendait quils sortent dun grand ventre, cest-เ-dire dun grand gouffre, o๙ une grande quantit้ deau sest accumul้e, soit que tous les fleuves s้coulent เ partir dun m๊me principe semblable, soit que diff้rents fleuves s้coulent เ partir de diff้rents principes de ce genre. Et selon cette opinion, leau nest pas de nouveau engendr้e sous terre pour que s้coulent sources et fleuves ; mais celle qui a ้t้ dabord collect้e dans les r้ceptacles mentionn้s est le principe des multiples eaux et fleuves. Et, selon eux, la preuve en est quen hiver le cours des fleuves est plus abondant quen ้t้. Et pour eux cest la raison pour laquelle certains des fleuves coulent de fa็on continue et certains autres non. En effet, lorsque, en raison de la profondeur du gouffre, en hiver sous terre saccumule une quantit้ deau telle quelle suffit เ rendre le cours des fleuves perp้tuel, de sorte que leau qui coule ne fait pas d้faut avant que leau de pluie ne revienne lors dun nouvel hiver, alors le cours du fleuve se met เ couler en permanence jusquเ la fin ; mais si le r้ceptacle est petit, alors la source du fleuve se tarit en raison de la faible quantit้ deau, comme si le vase ้tait vid้, avant que ne coule de nouveau leau tomb้e du ciel ; et cest pourquoi ce fleuve ne coule pas constamment. |
[80189] Super Meteora, lib.
1 cap. 16 n. 4 Deinde
cum dicit: quamvis manifestum etc.,
improbat praedictam positionem quadrupliciter: primo quidem dicens quod, si
aliquis velit prae oculis considerare multitudinem aquae quae continue fluit
per fluvios per totum universum, excederet totam quantitatem terrae, vel
parum ab ea deficeret, si oporteret esse aliquod receptaculum sub terra, vel
unum vel plura, unde flumina fluerent. Et sic oporteret totam terram interius
esse concavam, ad capiendam tantam multitudinem aquae; et hoc ipsum non
sufficeret. Hoc autem patet esse falsum. Cum enim terra naturaliter sit in medio,
et naturaliter partes tendant ad medium, non potest dici quod terra sit
tantum concava interius ad suscipiendam aquam; licet non sit inconveniens
quod in multis locis terrae sint aliqua receptacula aquarum. |
126. Ensuite, lorsquil dit : pourtant une chose est ้vidente, etc., il condamne lopinion pr้c้dente pour quatre raisons : premi่rement, en disant que, si on voulait se mettre sous les yeux la grande masse deau qui coule continuellement dans les fleuves dans tout lunivers, elle exc่derait la masse de la Terre enti่re ou bien elle lui serait de peu inf้rieure, sil fallait quil y ait sous la Terre un ou plusieurs r้ceptacles do๙ les fleuves couleraient. Et il serait ainsi n้cessaire que la Terre enti่re soit concave เ lint้rieur, pour recevoir une quantit้ deau aussi importante ; et cela m๊me ne suffirait pas. Or, il est ้vident que cest faux. En effet, comme la Terre est naturellement au centre, et que ses parties tendent naturellement vers le centre, on ne peut pas dire que la Terre soit seulement concave เ lint้rieur pour recueillir leau ; pourtant, il nest pas absurde de croire quil y a des r้ceptacles deau dans bien des endroits de la Terre. |
[80190] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 5 Secundo ibi: non
solum sed et inconveniens etc., ponit secundam rationem. Et dicit quod
inconveniens est, si quis non putet quod ex aere evaporato intra terram fiat
aqua, propter eandem causam propter quam fit etiam supra terram in aere. Unde si supra terram
in aere aer evaporatus propter frigiditatem condensatur in aquam, oportet
putare quod etiam a frigiditate terrae hoc idem fiat. Et sic non solum aqua
separatim existens in terra quasi in aliquo receptaculo, fluet per fluvios;
sed continue infra terram generatur per infrigidationem vaporum, et haec effluet
per fluvios. |
127. Deuxi่mement, lเ : non seulement, mais aussi (sic) il est inconvenant, etc., il donne la deuxi่me raison. Et il dit quil est absurde de ne pas penser que leau se forme เ partir de lair ้vapor้ dans la terre, pour la m๊me raison quelle se forme aussi au-dessus de la terre dans lair. De ce fait, si de lair ้vapor้ se condense en eau au-dessus de la terre, dans lair, en raison du froid, il faut penser que ce m๊me ph้nom่ne se produit aussi sous leffet du froid de la terre. Et ainsi non seulement leau qui existe s้par้ment dans la terre comme dans un r้ceptacle coulera en fleuves ; mais elle est continuellement engendr้e sous terre par le refroidissement des vapeurs, et cette eau s้coulera en fleuves. |
[80191]
Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 6 Sed quia posset aliquis
dicere quod ex vaporibus infra terram generatur quaedam aqua, sed tota simul
colligitur in aliquibus receptaculis, ex quibus fluvii fluunt, quod esset
simile et quasi idem positioni praedictae, ideo tertio hoc excludit per
quoddam signum, ibi: adhuc autem et
cetera. Et dicit quod adhuc non est intelligendum
tale esse principium fluviorum, quod aqua quidem generetur infra terram, sed
existat ibi quotidie dum flumina fluunt, ac si essent quaedam stagna aquarum
sub terra, ut quidam dicunt: sed oportet intelligere sic fieri intra terram,
sicut fit supra terram. Supra terram enim, dum primo condensatur vapor, fiunt
parvae guttae, quae adunantur cum aliis; et sic facile aqua fluens descendit
cum quadam multitudine. Ita etiam fit infra terram: primo enim parvae guttae
generantur; et sic principia fluviorum sunt quaedam scaturigines paulatim
scaturientes in imo terrae. Et hoc manifestatur per opus: qui enim
volunt ducere aquas, puta facientes puteos vel aliquid tale, colligunt aquas
in locis infimis et defossis, ac si fieret quaedam resudatio terrae per aquam
a locis excelsis ad infima. Et ex hoc apparet quod aqua guttatim profluit a
terra ad generationem fluviorum et fontium; non autem ita quod infra terram
sint loca quae sint quasi stagna aquarum actu existentium. |
128. Mais puisque lon pourrait dire que leau est engendr้e par des vapeurs souterraines, mais quelle saccumule tout enti่re dans des r้ceptacles do๙ coulent les fleuves, ce qui ressemblerait fort เ la th่se pr้c้dente, il rejette troisi่mement cette affirmation par une preuve, lเ : de plus, etc. Et il dit que, de plus, il ne faut pas comprendre que les fleuves tirent leur origine du fait que leau est certes engendr้e sous terre, mais quelle se trouve lเ chaque jour tant que coulent les fleuves, comme sil se trouvait des nappes deau sous terre, เ ce quaffirment certains ; mais il faut comprendre quil en est sous terre comme sur terre. En effet, sur terre, tandis que la vapeur commence เ se condenser, de petites gouttes se forment et sagglom่rent les unes aux autres ; et ainsi leau qui coule descend facilement en grande quantit้. Et voici comment cela se passe sous terre : en effet, de petites gouttes sont dabord engendr้es et les origines des fleuves sont ainsi des sources qui jaillissent peu เ peu au fond de la terre. Cest ce que certains travaux montrent : car ceux qui veulent construire des conduites deau, par exemple en creusant des puits ou faisant des ouvrages semblables, collectent les eaux dans des lieux plac้s tout en bas et enfouis, comme si la terre transpirait de leau venue du haut vers le bas. Il est donc clair que leau s้coule goutte เ goutte pour engendrer les fleuves et les sources ; mais cela ne veut pas dire que se trouvent sous terre des lieux qui soient comme des eaux stagnantes existant en acte. |
[80192] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 7 Quarto ibi: propter quod et rheumata etc., ponit
aliud signum ad idem, sumptum ex naturali fluxu aquarum: nam praecedens
signum fuit sumptum ex opere. Et
dicit quod propter eandem causam rheumata, idest fluviorum fluxus,
videntur esse ex montibus, et maximi fluvii fluunt ex maximis montibus; et
fontes, ut plurimum, sunt vicini montibus et locis altis; sed in campestribus
sunt pauci fontes separati a fluviis. Et hoc ideo est, quia loca montana et
alta sunt sicut quaedam spongia spissa, propter soliditatem lapidum, ad
eiiciendam aquam; et sunt suspensa, ad hoc quod aqua possit fluere; et sic
producunt aquam in multis locis; et colligunt etiam aquam desuper complutam.
Sed hoc secundum modicas partes, non tamen ita quod infra montes sint
voragines in quibus congregatur aqua. Et ideo dicit quod colligunt aquam,
quia suscipiunt magnam multitudinem aquae desuper advenientis per pluviam. Et
ad hoc cooperatur figura montium: nam figura rotunda est capacissima
figurarum. Nihil autem differt ad recipiendam
multitudinem aquae, an circumferentia sit disposita supreme secundum
concavitatem, an secundum convexam gibbositatem: quia utroque modo aequalem
quantitatem capiet. Unde licet montes non sint positi secundum concavitatem,
sed magis secundum gibbositatem, tamen multitudinem aquarum recipere possunt.
Et non solum colligunt multitudinem aquarum ut aliunde receptam, propter
figuram, sed etiam producunt eam ut interius generatam propter frigiditatem:
quia vaporem resolutum a terra, et ascendentem propter caliditatem innatam,
frigiditas terrae infra terram partim coagulat, et sic iterum condensat ipsum
in aquam. Et ideo, ut dictum est, maximi fluviorum fluunt ex maximis
montibus. Et hoc manifestum est, si quis consideret
circularem descriptionem terrae: qui enim sic descripserunt terram, vel ipsi
viderunt flumina et regiones, vel ab aliis inquisiverunt. Ponit ergo exemplum
primo quidem in Asia de Parnaso, qui est ad ortum hiemalem, et de Caucaso,
qui est ad ortum aestivalem, ex quibus, cum sint maximi montes, multi et
maximi fluvii oriuntur; in Europa autem de monte Pyrenaeo, qui est ad occasum
aequinoctialem, et de quibusdam aliis montibus qui sunt ad Septentrionem in
Scythia, ex quibus etiam fiunt magna flumina; et in Africa, sive in Libya, de
quibusdam aliis magnis montibus, ex quibus alia magna flumina fluunt. Et
similiter dicit esse de aliis montibus et fluviis: et quod, quicumque alii
fluvii fluunt ex paludibus, paludes istae sunt positae prope montes, et sic
in idem redit. Et sic, exemplis positis, concludit
propositum, dicens: quod quidem igitur
non oportet et cetera. Et repetit quod supra dictum est: unde planum est
in littera. |
129. Quatri่mement, lเ : et cest pourquoi on voit les ้coulements, etc., il donne une autre preuve, tir้e du flux naturel des eaux : car la preuve pr้c้dente a ้t้ tir้e de travaux. Et il dit que cest pour la m๊me raison que ซ des ้coulements ป, cest-เ-dire les flux des fleuves, semblent venir des montagnes et que les plus grands fleuves s้coulent เ partir des plus hautes montagnes ; et que les sources, le plus souvent, sont voisines des montagnes et des lieux en altitude ; mais que dans les plaines il y a peu de sources, ind้pendamment des fleuves. Et la raison en est que les lieux montagneux et ้lev้s sont comme des ้ponges denses, en raison de la solidit้ des pierres, afin de faire jaillir leau ; ils sont suspendus de telle sorte que leau peut s้couler ; ils produisent ainsi de leau en de nombreux endroits ; et ils en rassemblent aussi lorsquil a plu den haut. Mais cela en petites quantit้s, sans quil y ait sous les montagnes des tourbillons o๙ leau se rassemble. Et cest pourquoi il dit quils recueillent leau, ้tant donn้ quils re็oivent une grande quantit้ deau venue den haut en pluie. Et la forme des montagnes facilite cela, car la forme ronde est celle qui a la plus grande capacit้. Cela ne fait nulle diff้rence, pour recevoir une grande quantit้ deau, que la circonf้rence se trouve au sommet avec une forme concave ou avec une bosse convexe : en effet elle recevra une quantit้ ้gale des deux mani่res. De ce fait, bien que les montagnes naient pas une forme concave, mais plut๔t gibbeuse, elles peuvent cependant recevoir une grande quantit้ deau. Et non seulement elles collectent la grande quantit้ deau quelles ont re็ue dun autre lieu grโce เ leur forme, mais elles la produisent aussi une fois quelle a ้t้ engendr้e en elles par le froid ; en effet, le froid de la terre coagule en partie sous terre la vapeur que la terre a dissoute et en train de s้lever เ cause de la chaleur qui se trouve en elle, et elle la condense ainsi de nouveau en eau. Et cest pourquoi, comme on la dit, les plus grands des fleuves s้coulent เ partir des plus grandes montagnes. Et cest manifeste si on examine une carte circulaire de la Terre : car ceux qui lont repr้sent้e, soit ont vu eux-m๊mes les fleuves et les r้gions, soit ont interrog้ dautres personnes. Il donne donc premi่rement lexemple du Parnasse en Asie, qui est situ้ vers le lever hivernal, et du Caucase, qui se trouve en direction du coucher estival, o๙ naissent un grand nombre de tr่s grands fleuves, comme ce sont de tr่s hautes montagnes ; en Europe du mont Pyr้n้e, qui se trouve vers le coucher ้quinoxial et de certaines autres montagnes qui sont en direction du septentrion en Scythie, o๙ naissent aussi dautres grands fleuves ; et en Afrique, ou Libye, de certaines autres grandes montagnes, do๙ dautres grands fleuves s้coulent. Et il dit quil en est de m๊me pour les autres fleuves et les autres montagnes ; et que concernant tous les autres fleuves qui s้coulent เ partir de mar้cages, ce sont des mar้cages situ้s pr่s de montagnes, ce qui revient au m๊me. Et cest ainsi quil conclut la proposition, apr่s avoir donn้ des exemples, par ces mots : il est donc ้vident quil ne faut pas, etc. Et il r้p่te ce quil avait dit plus haut : de ce fait le texte est clair. |
[80193]
Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 8 Deinde cum dicit: non
solum sed et talia etc., excludit rationem ponentium praedictam
positionem. Et dicit quod non est inconveniens quod inveniantur aliqua loca
habentia actu multitudinem aquae, ac si essent stagna; sed non ad tantum hoc
valet, ut ex hoc possit accidere fluxus fluviorum. Non enim magis possumus
dicere quod aquae, si quae collectae inveniuntur sub terra vel in montibus,
contineant totam aquam fluviorum, quam si quis dicat quod fontes qui
manifeste apparent extra terram, totam aquam fluviorum actu contineant:
plurimi enim fluviorum fluunt ex fontibus (quod dicit propter hoc quod aliqui
fluunt ex paludibus, ut dictum est). Unde simile est putare quod contineant
totum corpus aquae quae fluit per flumina, illae collectiones subterraneae,
ut existimare quod ipsam contineant istae collectiones aquarum quae
inveniuntur extra terram in fontibus. Unde, cum de fontibus manifestum sit
hoc esse falsum, per simile potest cognosci hoc etiam esse falsum de
collectionibus aquarum quae sunt sub terra. Quod autem sint tales
collectiones aquarum sub terra, manifestum esse potest per hoc quod multa
flumina absorbentur a terra. Et hoc manifestat per multa exempla: et est
planum in littera. |
130. Ensuite, quand il dit : non seulement, mais aussi (sic), etc., il rejette le raisonnement des auteurs qui posent la th่se pr้c้dente. Et il dit quil nest pas inconvenant de consid้rer que certains lieux ont une grande quantit้ deau en acte, comme sils ้taient des eaux stagnantes ; mais cela ne suffit pas pour que le flux des fleuves puisse venir de lเ. En effet, nous ne pouvons pas plus dire que les eaux qui se trouvent avoir ้t้ collect้es sous terre ou dans les montagnes contiennent toute leau des fleuves, que les sources qui apparaissent manifestement hors de la terre contiennent toute leau des fleuves en acte : car la plus grande partie des fleuves s้coulent เ partir de sources (il dit cela parce que quelques-uns coulent เ partir de mar้cages, voir ci-dessus). De ce fait, cest la m๊me chose de penser que ces r้serves deau souterraines contiennent tout le corps de leau qui coule par les fleuves et destimer que les r้serves deau qui se trouvent hors de terre dans les sources le contiennent. Par cons้quent, puisque cette conception est de toute ้vidence fausse concernant les sources, on peut reconna๎tre par un raisonnement semblable quelle est aussi fausse เ propos des r้serves deau qui sont sous terre. Que de telles r้serves deau se trouvent sous terre, le fait que de nombreux fleuves sont engloutis par la terre peut le prouver. Il le montre par beaucoup dexemples ; et le texte est clair. |
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Caput 17 |
Chapitre 17 [La dur้e des fleuves] |
[80194]
Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 1 Postquam philosophus
ostendit causam generationis fluviorum, hic determinat de duratione eorum. Et circa hoc duo facit.
Primo ponit opinionem suam circa hoc. Et dicit quod non semper eadem loca
terrae sunt aquosa vel arida; sed hoc permutatur secundum quod fluvii
generantur de novo vel deficiunt. Propter
quam causam fit permutatio circa terram, ut quae nunc est arida, aliquando
fiat mare, et e converso; et non semper in una et eadem parte terrae sint
mare vel terra sicca. Sed hoc non accidit casu, sed secundum quendam ordinem,
et secundum aliquam circulationem caeli; sicut et omnes transmutationes quae
fiunt in istis inferioribus, ordinantur secundum motum caeli. |
131. Apr่s que le philosophe a d้montr้ la cause de la g้n้ration des fleuves, il traite ici de leur dur้e. Et sur ce point il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement il expose son opinion sur cette question. Et il dit que ce ne sont pas toujours les m๊mes lieux de la terre qui sont humides ou secs ; mais que cela change selon que les fleuves sont engendr้s de nouveau ou quils disparaissent. Cest la raison pour laquelle un changement a lieu concernant la terre, de telle sorte que celle qui est maintenant s่che se transforme un jour en mer, et inversement ; et la mer ou la terre s่che ne se trouvent pas toujours dans la seule et m๊me partie de la terre. Cependant cela narrive pas par hasard, mais selon un certain ordre et une certaine r้volution c้leste, de m๊me que toutes les transformations qui se font dans ces r้gions inf้rieures sont ordonn้es selon le mouvement du ciel. |
[80195]
Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 2 Secundo ibi: principium autem etc., manifestat quod
dixerat. Et circa hoc duo facit: primo assignat
causam unam eius quod dictum est; secundo excludit quandam causam ab aliis
opinatam, ibi: qui quidem igitur
respiciunt et cetera. Circa primum duo facit: primo assignat causam
praedictae transmutationis; secundo assignat causam quare praedicta
transmutatio lateat, ibi: sed propterea
quod fit et cetera. Dicit ergo primo quod causa et principium
transmutationis praedictae hoc est, quod virtus terrae habet suo modo statum
et senectutem, sicut corpora animalium et plantarum. In hoc tamen est
differentia, quod animalia et plantae patiuntur statum et senectutem, non
successive secundum diversas partes, sed simul secundum totum: sed in terra
haec transmutatio est secundum partem et partem, propter caliditatem et
frigus, crescente una parte in caliditate vel frigore, et alia deminuta,
propter motum solis et alias circulationes caelestium corporum. Et inde est quod secundum diversum situm in
aspectu solis et stellarum, partes terrae recipiunt diversam virtutem; ita
quod aliquae partes terrae possunt diu permanere in humiditate et aquositate,
secundum aliquod determinatum tempus, quod est eis quasi iuventus vel status;
et postmodum siccari, quod est terrae quasi senectus, quae naturaliter
propter defectum humorum habet desiccare. Et dum hae partes terrae
exsiccantur, alia loca terrae vivificantur, et fiunt aquosa secundum aliquam
partem. Quod patet per hoc, quia in vere omnia quasi
iuvenescunt per humiditatem; quae in hieme postea senescunt propter nimiam
siccitatem. Et in vere etiam nostrae partes terrae sunt in vigore, alibi vero
sunt iam desiccata omnia. Et sic patet quod senectus et iuventus non accidunt
secundum totum in terra, sicut in animalibus et plantis; sed secundum partem
et partem. Sic igitur in aliquibus partibus terrae,
desiccatae modo praedicto fontes destruuntur: et ex hoc sequitur quod fluvii
primo quidem ex magnis rediguntur in parvos, et tandem totaliter exsiccantur,
propter siccitatem fontium ex quibus oriebantur. Et sic in una parte terrae,
quae iam senuit, exsiccantur; in alia autem, quae facta est aquosa,
proportionaliter de novo fiunt fontes et flumina. Et ita facta transmutatione
circa flumina, ut scilicet in una parte terrae deficiant et in alia de novo
esse incipiant, transmutatur per consequens mare; et ubi abundaverat primo
per excrescentiam fluviorum, siccatis fluviis, recedit mare et remanet arida;
ubi vero mare exsiccabatur per aliquam atterrationem causatam ex aliquibus
fluxibus supervenientibus terrae, iterum ibidem stagnat, aquae abundantia
congregata. |
132. Deuxi่mement, lเ : le principe, etc., il montre ce quil avait dit. Et sur ce point il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne une cause เ ce qui a ้t้ dit ; deuxi่mement, il exclut une certaine cause conjectur้e par dautres, lเ : donc ceux qui voient, etc. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne la cause de la transformation pr้c้dente ; deuxi่mement, il donne la raison pour laquelle la transformation pr้c้dente est cach้e, ici : mais ้tant donn้ que, etc. Il dit donc premi่rement que la cause et le principe de la transformation pr้c้dente est que la vertu de la Terre a une apog้e et une vieillesse เ sa mani่re, comme les corps des animaux et des plantes. Sur ce point, il existe pourtant une diff้rence, เ savoir que les animaux et les plantes subissent leur apog้e et leur vieillesse, non pas partie par partie successivement, mais dans leur totalit้ simultan้ment ; mais, pour la Terre, cette transformation se fait partie par partie, en raison de la chaleur et du froid, เ savoir quune partie conna๎t une chaleur ou un froid croissant et une autre, une chaleur ou un froid diminuant, en raison du mouvement du Soleil et des r้volutions des autres corps c้lestes. Et cest la raison pour laquelle les parties de la Terre re็oivent diff้rentes vertus selon la diff้rence de leur situation au regard du Soleil et des ้toiles ; par cons้quent, quelques parties de la Terre peuvent rester longtemps dans un ้tat humide et aqueux, pendant un temps d้termin้, qui est pour elles une sorte de jeunesse ou dapog้e, et, bient๔t apr่s, elles peuvent sass้cher, ce qui est, pour ainsi dire, la vieillesse de la Terre, qui tend naturellement เ se dess้cher en raison de la disparition des liquides. Et pendant que ces parties de la Terre s่chent, dautres lieux se vivifient, et deviennent aqueux en partie. Cest ้vident parce quau printemps toutes les choses acqui่rent la force de la jeunesse, pour ainsi dire, grโce เ lhumidit้ ; et ensuite, en hiver, elles vieillissent en raison dune trop grande s้cheresse. Et au printemps aussi nos parties de la Terre sont en pleine vigueur, mais ailleurs tout est d้jเ dess้ch้. Et il est ainsi clair que la vieillesse et la jeunesse narrivent pas sur toute la Terre, comme chez les animaux et les plantes, mais partie par partie. Ainsi donc, dans certaines parties de la Terre, les sources dess้ch้es de la fa็on susdite sont d้truites ; et il sensuit que les fleuves, de grands, redeviennent petits et se dess่chent enfin totalement, en raison de la s้cheresse des sources do๙ ils jaillissaient. Et ainsi dans une partie de la Terre, qui a d้jเ vieilli, ils se dess่chent ; mais dans une autre, qui est devenue humide, les sources et les fleuves jaillissent de nouveau de fa็on analogue. Et ainsi, puisque cette transformation concernant les fleuves a eu lieu, เ savoir quils disparaissent dans une partie de la Terre et quils recommencent เ ๊tre dans une autre, la mer se transforme en cons้quence ; et lเ o๙ la mer avait dabord ้t้ profuse en raison de la crue des fleuves, une fois les fleuves dess้ch้s, elle se retire et reste ass้ch้e ; mais lเ o๙ elle se dess้chait เ cause dune s้dimentation due เ des ้coulements de terre qui la recouvrent, elle est de nouveau inond้e เ cet endroit m๊me par les flots qui se sont accumul้s en abondance. |
[80196] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 3 Secundo ibi: sed propterea quod fit etc., assignat
rationem quare praedictae transmutationes latent. Et dicit quod praedictae
transmutationes maris et aridae latent, quia omnis naturalis transmutatio non
fit subito, sed successive; et praedictae transmutationes, quae accidunt
circa magnas partes terrae, fiunt in temporibus longissimis; et prius fit
interitus et corruptio omnium gentium, quam maneat memoria transmutationis
talis a sui principio usque in finem. Si enim semper eaedem gentes remanerent
in eisdem partibus terrae, posset remanere aliqua memoria rerum etiam
antiquissimarum, et transmutationum: sed quando aliqua gens deletur, et
supervenit nova in locum eius, non remanet in secunda gente memoria
antiquitatum quae fuerunt in prima gente; et multo minus in tertia vel
quarta. Corruptiones autem gentium quae novissimae
sunt, fiunt per praelia, aliae autem fiunt per infirmitates et epidemias,
aliae autem per sterilitates; et harum corruptionum quaedam sunt magnae
simul, quaedam vero fiunt paulatim; ut etiam transmutationes gentium de loco ad locum lateant, eo quod
aliqui a principio, ex eo quod incipit terra fieri sterilis vel infirma, vel
propter guerras, relinquunt regionem, alii autem permanent quandiu possunt
ibi nutriri; ita quod a primo
discessu usque ad ultimum, quandoque est magnum tempus, et non est memoria
primi recessus, etiam si homines non moriantur sed transmigrant. Et sicuti
est de desertione terrarum, ita etiam est de habitatione earum: quia non est
memoria, propter longinquitatem temporis, quando et a quibus gentibus primo
inhabitari coeperunt, et quando sunt immutata ex paludosis in siccitatem, ut
habitari possint; quia hoc paulatim factum est et in multo tempore. Et ponit
exemplum de terra Aegypti, quae paulatim exsiccata est quasi a fluvio; et de
quibusdam aliis terris, quae sunt transmutatae et desiccatae ab aquositate,
et e converso; et est planum in littera. |
133. Deuxi่mement, lเ : mais ้tant donn้ que, etc., il donne la raison pour laquelle les transformations pr้c้dentes sont cach้es. Et il dit que les transformations pr้c้dentes affectant la mer et la terre ferme sont cach้es, puisque toute transformation naturelle ne se fait pas soudainement, mais successivement ; et les transformations pr้c้dentes, qui arrivent เ de grandes parties de la Terre, se produisent dans des temps tr่s longs ; et lan้antissement et la d้cadence de tous les peuples ont lieu avant que ne demeure le souvenir dune telle transformation, de son d้but jusquเ sa fin. En effet, si les m๊mes peuples restaient toujours dans les m๊mes parties de la Terre, le souvenir des choses m๊me les plus anciennes et des transformations pourrait demeurer ; mais lorsquun peuple est d้truit et quun nouveau prend sa place, le souvenir des ้v้nements anciens qui ont eu lieu chez le premier peuple ne reste pas chez le second ; et bien moins chez un troisi่me ou un quatri่me. Les d้cadences des peuples qui sont les plus r้cents sont caus้es par des batailles, dautres par des maladies et des ้pid้mies, dautres par des disettes ; et certaines de ces d้cadences sont massives et simultan้es, mais dautres se font petit เ petit ; par cons้quent les migrations des peuples dun lieu vers un autre nous ้chappent aussi, ้tant donn้ que quelques-uns abandonnent leur pays d่s que la terre commence เ devenir st้rile ou faible, ou bien en raison de guerres, mais que dautres restent tant quils peuvent se nourrir เ cet endroit ; en cons้quence, du premier d้part au dernier, il se passe parfois un temps long, et le souvenir du premier exil dispara๎t, m๊me si les hommes ne meurent pas, mais ้migrent. Et il en est de m๊me pour labandon des terres que pour leur occupation, puisque on ne se souvient pas, en raison de la longueur de la dur้e, de l้poque เ laquelle elles ont commenc้es เ ๊tre habit้es ni par quel peuple, ni de l้poque o๙ elles ont commenc้ เ se changer de marais en terres s่ches, de mani่re เ pouvoir ๊tre habit้es ; en effet, cela se fait peu เ peu et dans un temps long. Et il donne lexemple de la terre dษgypte, qui sest peu เ peu dess้ch้e quasiment เ partir dun fleuve et de certaines autres terres, qui se sont transform้es et dess้ch้es เ partir dun ้tat humide, et inversement ; et le sens du texte est clair. |
[80197]
Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 4 Deinde cum dicit: qui
quidem igitur respiciunt etc., excludit causam a quibusdam opinatam. Et
circa hoc tria facit. Primo excludit causam falsam. Et dicit quod aliqui,
respicientes ad aliquid modicum, volunt iudicare de toto caelo: putant enim
causam talium transmutationum esse mutationem totius mundi, ac si caelum et
mundus de novo sit generatus. Et ex hac causa dicunt quod mare est minoratum,
quia a principio coepit desiccari a sole: unde plura loca apparent modo
desiccata, quae prius non erant. Sed hoc partim est verum, partim non. Quod
enim aliqua loca sint desiccata, quae erant prius aquosa, verum est: licet
etiam contrarium verum sit, quia in aliquibus locis invenitur supervenisse
mare ubi prius erat arida. Sed hoc est falsum, quod causa huius
transmutationis sit mundi generatio. Derisibile enim videtur ponere
transmutationem in toto, propter transmutationes in parvis partibus;
magnitudo autem terrae quasi nihil est in comparatione ad totum caelum;
obtinet enim vicem puncti. |
134. Ensuite, quand il dit : donc ceux qui voient, etc., il rejette la cause conjectur้e par certains auteurs. Et sur ce point il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement il rejette la cause erron้e. Et il dit que quelques-uns, qui ont une vue ้troite, veulent porter un jugement sur le ciel tout entier ; car ils pensent que la cause de telles transformations est un changement du monde entier, comme si le ciel et le monde ้taient engendr้s de nouveau. Et ils disent que la mer sest amoindrie puisquelle a commenc้ d่s le d้but เ ๊tre dess้ch้e par le Soleil ; de ce fait, un plus grand nombre de lieux apparaissent bient๔t dess้ch้s alors quils ne l้taient pas avant. Mais cest en partie vrai, en partie faux. En effet, il est vrai que certains lieux qui ้taient auparavant humides se sont dess้ch้s, bien que le contraire soit aussi vrai, puisquil se trouve que la mer est survenue en des lieux o๙ auparavant se trouvait la terre s่che. Mais il est faux de dire que la cause de cette transformation est la g้n้ration du monde. En effet, il semble ridicule d้tablir que tout sest transform้ en raison de changements concernant de petites parties ; la taille de la Terre nest, pour ainsi dire, rien en comparaison du ciel tout entier : car elle remplit le r๔le dun point. |
[80198] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 5 Secundo ibi: sed horum omnium etc., resumit veram
causam. Et dicit quod vera causa istarum transmutationum est quod, sicut unus
annus dividitur per diversa tempora, scilicet per hiemem et aestatem et
consueta, sic et magna aliqua circulatio dividitur secundum statuta tempora,
per magnam hiemem, in qua est multus excessus imbrium, et magnam aestatem, in
qua est siccitas magna: non autem ita quod simul fiat iste magnus excessus
imbrium vel siccitatis secundum totam terram, vel semper secundum easdem
partes, sed in diversis partibus. Et
ponit exemplum de diluvio facto tempore Deucalionis, in quadam determinata
parte Graeciae. |
135. Deuxi่mement, lเ : mais il faut penser que la cause de tous ces ph้nom่nes, etc., il reprend la vraie cause. Et il dit que la vraie cause de ces transformations est que, de m๊me quune ann้e se divise en diff้rents temps, cest-เ-dire en hiver, en ้t้ et saisons habituelles, de m๊me une grande r้volution se divise aussi en temps d้termin้s, en grand hiver, o๙ les pluies sont en grand exc่s, en grand ้t้, o๙ r่gne une grande s้cheresse, sans que ce grand exc่s de pluie ou de s้cheresse ne se fasse en m๊me temps sur toute la Terre ou toujours sur les m๊mes parties, mais sur diff้rentes parties. Et il donne lexemple du d้luge survenu เ l้poque de Deucalion, dans une partie d้termin้e de la Gr่ce. |
[80199] Super Meteora, lib.
1 cap. 17 n. 6 Tertio
ibi: cum igitur talis factus fuerit
etc., assignat ex praedictis causam diuturnitatis fluviorum. Et dicit quod
cum in aliqua terra factus fuerit magnus excessus imbrium, ita imbibitur
terra humiditate, quod sufficit ad multum tempus ad generationem fluviorum.
Quod quidem commune est diversis opinionibus: sive dicatur quod perpetuitas
fluviorum est ex magnitudine voraginum continentium multam aquam, ut quidam
dicunt, sicut praedictum est; sive dicatur, secundum nostram opinionem
superius positam, quod causa perpetuitatis fluviorum est magnitudo et
spissitudo et frigiditas altorum locorum, ita quod huiusmodi loca possunt
recipere multam aquam, et continere eam, et generare. Sed illa loca in quibus sunt parvae
substantiae montium et non multum elevatae in altum, aut sunt quasi
spongiosae, ut non possit in eis conservari humiditas, et sunt lapidosae, ut
non possint recipere aquam, et sunt argillosae, ut non possint eam generare:
in talibus, inquam, locis deficit fluxus fluviorum, quoadusque iterum loca
humectentur. Sic ergo oportet putare quod in quibuscumque locis advenerit
abundantia imbrium in magna hieme, humiditates locorum erunt magis perpetuae,
idest diuturnae. Sed tamen tempore procedente exsiccantur, et quaedam eorum
fiunt minus humida, donec iterum revertatur periodus secundum quam fiat
excessus imbrium. Et sic ultimo concludit quod, quia in toto universo necesse
est fieri permutationem; non tamen ita quod generetur et corrumpatur, si
totus mundus est perpetuus; necesse est, sicut dictum est, quod non semper
eadem loca sint humida per mare vel flumina, aut etiam sicca; sed quae prius
fuerunt humida, fiunt sicca, et e converso. |
136. Troisi่mement lเ : donc, lorsque se font de telles, etc., il tire des propos pr้c้dents la cause de la dur้e des fleuves. Et il dit que, lorsque sur une terre sont tomb้es des pluies en exc่s, cette terre est si imbib้e dhumidit้ quelle suffit pour une longue p้riode เ engendrer des fleuves. Et cette conception est commune aux diff้rentes opinions, soit que lon dise que la perp้tuit้ des fleuves vient de la grandeur des gouffres renfermant beaucoup deau, comme certains le disent, เ ce que lon a vu, soit que lon dise, selon notre opinion expos้e plus haut, que la cause de la continuit้ des fleuves est la grandeur, la densit้ et le froid des lieux situ้s en altitude, si bien que des endroits de ce genre peuvent recevoir beaucoup deau, la contenir et lengendrer. Mais les lieux dans lesquels les substances des montagnes sont petites et peu ้lev้es en hauteur, sont soit, en quelque sorte, spongieuses, au point de ne pouvoir conserver de lhumidit้ en elles, soit pierreuses, au point de ne pouvoir recevoir deau, soit argileuses, de mani่re เ ne pouvoir en engendrer ; dans de tels lieux, dis-je, le cours des fleuves sarr๊te, jusquเ ce que ces lieux shumidifient de nouveau. Ainsi donc il faut penser que dans tous les lieux o๙ la pluie est tomb้e en abondance lors du grand hiver, lhumidit้ sera davantage ซ perp้tuelle ป, cest-เ-dire durable. Mais pourtant, le temps passant, ils se dess่chent et certains dentre eux deviennent moins humides, jusquเ ce que revienne de nouveau la p้riode o๙ se produisent des pluies excessives. Et ainsi il conclut enfin que, puisque dans tout lunivers il est n้cessaire quun changement se fasse, mais sans quil y ait g้n้ration et corruption, si le monde entier est ้ternel, il est n้cessaire, comme on la dit, que ce ne soient pas toujours les m๊mes lieux qui soient inond้s par la mer ou les fleuves, ou bien secs, ้galement, mais que ceux qui ont ้t้ dabord humides deviennent secs, et inversement. |
[80200]
Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 7 Deinde cum dicit: manifestat
autem quod etc., manifestat quod dictum est, per exempla. Et circa hoc
tria facit. Primo ponit tria exempla. Quorum primum est de terra Aegypti,
quae invenitur demissior mari circumstante: propter quam causam impediti sunt
quidam reges ne coniungerent duo maria, videntes per hoc destrui fluxum
fluvii. Secundum exemplum est de Maeotide palude, in qua, propter fluxus
fluviorum, semper maior atteratio facta est: ita quod poterat ferre multo
minores naves tempore suo, quam ante sexaginta annos. Tertium exemplum est de
Bosphoro dividente Europam ab Asia, qui invenitur minoratus et semper tendens
in angustum, propter eandem causam. |
137. Ensuite, lorsquil dit : il est manifeste que, etc., il montre ce quil a dit par des exemples. Et il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il donne trois exemples. Le premier dentre eux porte sur la terre dษgypte, qui se trouve plus bas que la mer qui lentoure ; cest pour cette raison que certains rois nont pas pu relier les deux mers, en voyant que le cours du fleuve serait gโt้ par cette op้ration. Le second exemple porte sur le Palus M้otide, dans lequel, en raison du cours des fleuves, les alluvions sagrandissent toujours ; par cons้quent, il pouvait transporter des navires beaucoup plus petits เ cette ้poque-lเ que soixante ans auparavant. Le troisi่me exemple concerne le Bosphore qui s้pare lEurope de lAsie, et qui diminue et devient toujours plus ้troit, pour la m๊me raison. |
[80201] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 8 Secundo ibi: manifestum igitur etc., inducit
conclusionem principaliter intentam: dicens quod, ex quo tempus non deficit
et totum universum est aeternum (quod dicit secundum opinionem suam positam
in libro physicorum et de caelo et mundo), sequitur quod neque Tanais neque
Nilus, qui sunt maximi fluvii, semper fluxerunt, sed aliquando locus unde
fluunt erat siccus: quia opus eorum, scilicet fluxus ipsorum, habet
terminum. Et similiter est in
aliis fluviis. Et si hoc est de fluviis, oportet quod idem sit de mari, in
quod intrant fluvii: et sic secundum diversa tempora permutatur mare et
arida. Hoc tamen quod supponit mundum et tempus
aeternum, est erroneum et alienum a fide; nec rationes quibus hoc probavit,
sunt demonstrationes, ut alibi est ostensum. Tertio ibi: quia quidem igitur, recapitulat quod dixerat: et est planum in
littera. |
138. Deuxi่mement lเ : il est donc manifeste, etc., il tire la conclusion recherch้e principalement, disant que, puisque le temps ne manque pas et que tout lunivers est ้ternel (ce quil avance suivant lopinion quil avait ้tablie dans les livres sur La Physique, Le Ciel et Le Monde), il sensuit que ni le Tana๏s, ni le Nil, qui sont les plus grands des fleuves, nont toujours coul้, mais que parfois le lieu do๙ ils s้coulent ้tait sec ; en effet leur ซ uvre ป, เ savoir leur cours, a un terme. Et il en est de m๊me pour les autres fleuves. Et sil en est ainsi pour les fleuves, il faut quil en soit de m๊me pour la mer, o๙ se jettent les fleuves ; et ainsi la mer et les zones s่ches se transforment selon les ้poques. Cependant, supposer que le monde et le temps sont ้ternels est erron้ et ้tranger เ la foi ; et les raisons qui lui ont permis de le prouver ne sont pas des d้monstrations, comme on la montr้ ailleurs. Troisi่mement lเ : nous avons donc dit que, etc., il r้capitule ce quil avait dit ; et le sens du texte est clair. |
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Liber 2 |
Livre 2
─ [Les ph้nom่nes m้t้orologiques terrestres]
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Caput 1 |
Chapitre 1 [Plan Lorigine des mers] |
[80202] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 1 Postquam philosophus
determinavit de his quae generantur in alto, sive ab exhalatione sicca sive a
vapore humido, adiungens etiam de generatione fluviorum, propter
similitudinem ad generationem pluviarum, nunc incipit determinare de his quae
fiunt in parte inferiori ab exhalatione sicca. Et dividitur in partes duas: in prima
determinat de quibusdam principalibus passionibus; in secunda de quibusdam
consequentibus, et hoc in tertio libro, ibi: de residuis autem et cetera. Prima dividitur in duas: in prima determinat
de mari, cuius salsedo ex siccitate causatur; in secunda determinat de ventis
et his quae ex eis causantur, ibi: de
spiritibus autem dicamus et cetera. |
139. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur les ph้nom่nes qui sont engendr้s en altitude, soit par exhalaison s่che, soit par vapeur humide, leur ajoutant aussi la g้n้ration des fleuves, en raison de sa ressemblance avec celle des pluies, il commence maintenant เ d้terminer la v้rit้ sur ceux qui sont produits dans la partie inf้rieure par lexhalaison s่che. Et cela se divise en deux parties : dans la premi่re, il d้termine la v้rit้ sur les principaux accidents ; dans la deuxi่me, sur certaines cons้quences, et cela dans le troisi่me livre, lเ : sur ce qui reste, etc. La premi่re partie se divise en deux : dans la premi่re, il d้termine la v้rit้ sur la mer, dont le caract่re sal้ est caus้ par la s้cheresse ; dans la deuxi่me, il la d้termine sur les vents et les ph้nom่nes caus้s par eux, lเ : parlons maintenant des souffles, etc. |
[80203] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 2 Satis autem apparet
conveniens ordo quem philosophus observat. Nam post ea quae in suprema parte
aeris generantur ab exhalatione sicca, quae stellae cadentes, cometae,
lacteus circulus, et similia sunt, in secundo loco determinavit de his quae
in inferiori loco generantur ab exhalatione humida, scilicet de pluviis et
huiusmodi; et quia eodem modo habent flumina causam generationis in terra,
sicut pluviae in aere, post pluvias de fluminibus determinavit; post quae
determinat de mari, in quod omnia flumina decurrunt. Circa hoc ergo primo manifestat de quo est
intentio. Et dicit quod dicendum est de mari: quae scilicet sit natura
ipsius, utrum sit naturalis locus aquae, vel accidentaliter ibi aqua
congregetur; et propter quam causam tanta multitudo aquae est salsa; et de
prima generatione maris, utrum scilicet habeat principium suae generationis,
et quomodo. |
140. Lordre que suit le Philosophe para๎t convenable. En effet, apr่s les ph้nom่nes engendr้s dans la partie sup้rieure de lair par lexhalaison s่che, qui sont les ้toiles filantes, les com่tes, le cercle lact้ et autres ph้nom่nes semblables, il d้termine en second lieu la v้rit้ sur ceux qui sont engendr้s dans la r้gion inf้rieure par lexhalaison humide, เ savoir la pluie et les ph้nom่nes de ce genre ; et puisque les fleuves trouvent la cause de leur g้n้ration sur la terre, comme la pluie dans lair, il d้termine la v้rit้ sur eux apr่s les pluies ; apr่s cela, il la d้termine sur la mer, dans laquelle tous les fleuves se jettent. Concernant cela il manifeste donc premi่rement quelle est son intention. Et il dit quil faut parler de la mer : เ savoir quelle est sa nature, si cest le lieu naturel de leau ou bien si leau se rassemble ici par accident ; et pour quelle raison une aussi grande quantit้ deau est sal้e ; et il dit quil sinterroger sur la premi่re g้n้ration de la mer, เ savoir si elle a un principe de g้n้ration, et comment. |
[80204] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 3 Secundo ibi: antiqui quidem igitur etc.,
exequitur propositum. Et circa hoc
duo facit: primo ponit opiniones aliorum de mari; secundo inquirit veritatem,
ibi: quod quidem igitur fontes et cetera. Circa primum
duo facit: primo ponit opiniones antiquorum theologorum; secundo naturalium,
ibi: qui autem sapientiores et cetera. Circa primum
sciendum est quod ante tempora philosophorum, fuerunt quidam qui vocabantur
poetae theologi, sicut Orpheus, Hesiodus et Homerus: quia sub tegumento
quarundam fabularum, divina hominibus tradiderunt. De his ergo dicit quod
posuerunt quod mare habeat fontes proprios ex quibus causatur. Et hoc
posuerunt ut terrae et mari non ponerent extranea principia sed propria: putaverunt
enim quod terra et aqua sint reverendissima, quasi haec sit magna pars totius
universi; et dicebant totum caelum esse propter terram et aquam, et ideo
circumdari terram et aquam ab aliis corporibus et ab ipso, ac si haec pars
esset honoratissima, et primum principium inter omnia corpora mundi. |
141.
Deuxi่mement lเ : donc, les
auteurs anciens, etc., il
poursuit son projet. Et, sur ce point, il fait deux
choses : premi่rement, il expose les opinions des autres sur la
mer : deuxi่mement, il recherche la v้rit้, lเ : donc les sources, etc. Concernant le premier point, il fait deux choses : premi่rement, il expose les opinions des anciens th้ologiens ; deuxi่mement, celle des naturalistes, lเ : ceux qui sont plus savants, etc. Concernant le premier point, il faut savoir que, avant les temps des philosophes, ont exist้ des po่tes appel้s th้ologiens, comme Orph้e, H้siode et Hom่re : en effet, sous lenveloppe de certaines fables, ils ont transmis aux hommes des choses divines. Il dit donc deux quils posaient que la mer avait ses sources propres dont elle tirait sa cause. Et ils le posaient de telle sorte que terre et mer navaient pas de principes ext้rieurs, mais des principes propres : car ils posaient que la terre et la mer ้taient les plus v้n้rables, comme si elles constituaient une grande partie de tout lunivers ; ils ajoutaient que le ciel tout entier existait pour la terre et leau et que, pour cette raison, elles ้taient entour้es par les autres corps et par lui, comme si cette partie ้tait la plus honorable et le premier principe entre tous les corps du monde. |
[80205]
Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 4 Deinde cum dicit: qui autem sapientiores etc.,
ponit opiniones philosophorum naturalium de mari. Et ponit tres opiniones. Quarum prima est de
generatione maris. Et dicit quod illi qui fuerunt sapientiores praedictis
poetis sapientia humana (quod dicit quia isti naturales non
tractaverunt de divinis, ut illi, sed de naturalibus; quae est sapientia
proprie humana, idest conformis humano intellectui): isti ergo dixerunt quod
mare habet generationem. Quia a principio totus locus qui est circa terram,
erat humidus et plenus aqua, sed est desiccatus a sole per evaporationem
humidi; et illud quidem quod evaporavit, secundum eos, causavit aerem et ventos
(et ex hoc dicunt causari motum solis et lunae et stellarum); illud autem
quod est relictum nondum exsiccatum, est mare. Unde putant quod per continuam
exsiccationem semper minoretur, et tandem aliquando totum exsiccabitur, et
mare iam non erit. Haec dicitur fuisse opinio Anaxagorae et Diogenis. Secunda opinio est de salsedine maris.
Empedocles enim dixit quod terra, calefacta a sole, emittit quendam sudorem,
quem credidit esse aquam maris. Et propterea dicit quod mare est salsum, quia
etiam sudor animalium invenitur salsus. Tertia opinio est Anaxagorae etiam de
salsedine maris. Qui dixit quod terra per quam transit aqua, vel quae
admiscetur aquae, est causa salsedinis maris : sicut enim illud quod
colatur per cinerem, fit salsum, sic et aqua maris per admixtionem terrae fit
salsa. |
142. Ensuite, quand il dit : ceux qui sont plus savants, il pr้sente les opinions des philosophes de la nature sur la mer. Et il expose trois opinions. La premi่re dentre elles porte sur la g้n้ration de la mer. Et il dit que ceux qui ้taient plus instruits que les po่tes pr้c้dents en savoir humain ‒ il dit cela parce que ces philosophes de la nature nont pas trait้ de choses humaines comme les po่tes, mais de choses naturelles, ce qui est le savoir humain เ proprement parler, cest-เ-dire conforme เ lintellect humain ‒, ceux-ci ont donc dit que la mer a une g้n้ration. En effet, le lieu qui entoure la terre ้tait enti่rement humide et rempli deau, mais a ้t้ dess้ch้ par le Soleil grโce เ l้vaporation de lhumide ; et ce qui a cr้้ l้vaporation est, selon eux, la cause de lair et des vents (cest par cela, disent-ils, que le mouvement du Soleil, de la Lune et des ้toiles est caus้) ; ce qui reste et qui nest pas encore dess้ch้, cest la mer. De ce fait, ils pensent quelle diminue toujours en raison dun dess้chement continu et quun jour elle se dess้chera en totalit้ et quil ny aura plus de mer. On dit que c้tait lopinion dAnaxagore et de Diog่ne. La seconde opinion porte sur la salure de la mer. Emp้docle disait, en effet, que la Terre, r้chauff้e par le Soleil, ้met une sorte de sueur, qui, croyait-il, est leau de mer. Et cest pourquoi il dit que la mer est sal้e, puisque la sueur des animaux aussi se trouve ๊tre sal้e. La troisi่me opinion est celle dAnaxagore, ้galement sur la salure de la mer. Il dit que la terre, เ travers laquelle leau passe, ou qui est m้lang้e เ leau, est la cause de la salure de la mer : en effet, de m๊me que ce qui est filtr้ par des cendres devient sal้, de m๊me leau de mer devient elle aussi sal้e en raison dun ajout de terre. |
[80206]
Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 5 Deinde cum dicit: quod quidem igitur fontes
etc., inquirit veritatem circa praedictas opiniones: et primo circa opinionem
poetarum theologizantium; secundo circa opiniones philosophorum naturalium,
ibi: de generatione autem ipsius, si factum est et cetera. Circa primum duo facit: primo ostendit quod
mare non habet fontes, ut illi dixerunt; secundo removet quoddam quod videtur
suae rationi contrarium, ibi: fluens autem mare videtur et cetera. Circa primum ponit duas rationes. Quarum
prima est, quod aquarum quae sunt circa terram, quaedam sunt fluxibiles,
quaedam stationariae. De his quae fluunt, manifestum est quod omnes
derivantur ex fontibus. Quod non oportet sic intelligere, quod fontium sit
aliquod principium quasi vas continens multitudinem aquae, ex quo flumina
deriventur: sed oportet intelligere, ut prius dictum est, quod ex multis
partibus, in quibus paulatim generatur, aqua ad unum concurrit, et confluendo
primum sibi occurrit ut in tanta multitudine sit. Sed aquarum stationariarum quaedam sunt collectae et sustentatae ab aliquo
impediente fluxum earum, vel per artem vel per naturam; quae dicuntur
paludosae vel stagnales. Differunt autem haec multitudine et paucitate: nam
si fuerint multae aquae sic collectae, dicuntur stagna; si autem paucae,
paludes. Quaedam autem aquae
stationariae sunt fontanae,
idest in ipso suo fonte stant: et omnes istae sunt manufactae, sicut illae
quae dicuntur puteales. Omnium enim harum aquarum sic per artem stantium,
oportet esse aliquem fontem, qui esset principium fluxus, nisi impediretur
per artem. Unde patet quod omnes aquae fontales et fluviales sponte fluunt
secundum impetum naturae, vel indigent operatione artis ad hoc quod stent. Quibus determinatis, patet quod aqua maris
non est de fontibus, quia in nullo duorum dictorum generum continetur: quia
nec fluit, ut fluvialis, nec potest dici quod sit manufacta, ut putealis.
Omnes autem aquae quae sunt ex fontibus, vel fluunt, vel stant per artem:
nisi forte aliquae sint parvae aquae quae sponte stent non per artem, sicut
contingit cum aqua fluens invenit aliquam concavitatem aut aliquod
obstaculum. Sed hoc non potest esse in magna quantitate: quia dum
multiplicatur aqua fluens, oportet quod vel supergrediatur obstaculum et
iterum fluat, vel submergatur in terra, sicut in multis locis accidit, ut
supra dictum est. Unde non potest dici quod tanta aqua sicut aqua maris,
possit spontanee stare, si sit ex fontibus. Relinquitur ergo quod mare non
habeat fontes. |
143.
Ensuite, quand il dit : donc, le
fait quil est impossible, etc., il recherche la v้rit้ concernant les opinions
pr้c้dentes : et premi่rement เ propos de celles des po่tes
th้ologisants ; deuxi่mement เ propos des opinions des philosophes de la
nature, lเ : sur sa
g้n้ration, si elle a ้t้ form้e, etc.
Concernant le premier point, il fait deux
choses : premi่rement, il montre que la mer na pas de sources, comme
ceux-lเ laffirmaient ; deuxi่mement, il ้carte quelque chose qui semble
contraire เ son raisonnement, lเ : la mer s้coulant semble,
etc. Concernant le premier point, il pose deux
raisons. La premi่re dentre elles est que, parmi les eaux qui entourent la
terre, les unes sont courantes, les autres, dormantes. Au sujet de celles qui
coulent, il est manifeste quelles d้rivent toutes de sources. Il ne faut pas
entendre par lเ que les sources ont comme principe une sorte de vase
contenant la masse de leau, do๙ les fleuves d้rivent : mais il faut
comprendre que, comme il a ้t้ dit auparavant, leau se rassemble en un point
เ partir de nombreuses parties dans lesquelles elle se forme petit เ petit, et
quen confluant elle se pr้sente en premier lieu de mani่re เ ๊tre dans une
telle masse. Mais certaines des eaux dormantes sont r้unies et conserv้es par
quelque entrave เ leur cours, soit par lart, soit par la nature ; ces
eaux, on les appelle mar้cageuses ou stagnantes. Elles diff่rent selon leur
quantit้ plus ou moins grande : car si de nombreuses eaux se r้unissent
ainsi, on les appelle ้tangs ; si elles sont peu nombreuses, on les
appelle marais. Certaines eaux dormantes sont de source, cest-เ-dire
quelles restent immobiles dans leur propre source : et toutes celles-ci
sont fa็onn้es par la main de lhomme, comme celles qui sont appel้es eaux de
puits. En effet, pour toutes ces eaux qui restent ainsi immobiles
artificiellement, il faut quil y ait une source qui soit le principe de ce
qui serait leur flux, sil n้tait pas entrav้ par artifice. De ce fait, il
appara๎t que toutes les eaux de source et de fleuve coulent delles-m๊mes
suivant une impulsion naturelle ou bien quelles n้cessitent un ouvrage dart
pour demeurer immobiles. Apr่s que lon a d้termin้ la v้rit้ sur
cela, il est clair que leau de mer ne vient pas de sources, puisquelle
nest contenue par aucun des deux genres susdits : en effet, elle ne
coule pas, comme leau des fleuves, et il ne peut ๊tre dit quelle est
fa็onn้e par la main de lhomme, comme celle des puits. Toutes les eaux qui
viennent de sources coulent ou bien dorment par artifice : เ moins quil
ny ait quelques petites quantit้s deau qui dorment delles-m๊mes sans
artifice, comme lorsque leau qui coule rencontre une concavit้ ou un
obstacle. Mais ce ph้nom่ne nest pas possible en grande quantit้ :
puisque, pendant que leau courante se multiplie, il faut soit quelle
d้passe un obstacle et recommence เ couler, soit quelle soit engloutie dans
la terre, comme cela se produit en bien des endroits, comme on la d้jเ dit.
De ce fait, on ne peut dire quune aussi grande quantit้ deau puisse dormir
spontan้ment si elle provient de sources. Il en r้sulte donc que la mer na
pas de sources. |
[80207]
Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 6 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem quoniam
plura sunt et cetera. Et dicit quod multa maria sunt quae in nullo loco
adinvicem commiscentur. Nam mare rubrum coniungitur quidem secundum modicum
ad mare Oceanum, quod est extra columnas Herculis; a quo mari omnino separata
sunt mare Hyrcanum et Caspium (quod est mare Ponticum); et habitantur undique
per circuitum, ita quod non laterent fontes illius maris, si illud mare
fontes haberet. Non ergo verum est quod maris sint aliqui fontes. |
144. Il pose la deuxi่me raison lเ : de plus, puisque plusieurs, etc. Et il dit quil y a de nombreuses mers qui ne sont reli้es les unes aux autres en aucun lieu. Car la mer Rouge nest que peu jointe เ lOc้an, qui se trouve au-delเ des Colonnes dHercule ; la mer Hyrcanienne comme la mer Caspienne (qui est la mer Pontique) en sont totalement s้par้es ; et elles sont habit้es sur tout leur pourtour, de telle sorte que les sources de cette mer-lเ ne seraient pas cach้es, si elle en avait. Donc il nest pas vrai que la mer ait des sources. |
[80208]
Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 7 Deinde cum dicit: fluens autem mare videtur
etc., quia in quibusdam maribus apparet communis fluxus, ne credatur mare
esse fluxibile tanquam ex fontibus procedens, cuius contrarium in prima
ratione supposuerat, assignat causam fluxus qui videtur in mari. Et circa hoc tria facit: primo ostendit
quare aliquod mare fluat; secundo manifestat quoddam quod supponit, per
signum, ibi: de eo autem etc.; tertio recapitulat, ibi: quod quidem
igitur et cetera. Assignat autem fluxus maris tres causas.
Quarum prima est, quod mare fluit propter eius angustiam, ubi ex magno pelago
restringitur in modicum spatium, propter hoc quod coarctatur ab adiacente
terra. Aqua autem maris saepe movetur huc et illuc, et maxime secundum
consequentiam ad motum lunae, quae secundum naturam propriam habet commovere
humidum: haec autem aquae commotio in magno mari et amplo est immanifesta;
sed ubi obtinent parvum locum propter angustiam terrae, magis apparet. Secunda causa est, quod illud mare quod
continetur infra Heracleas columnas, et non continuatur alicui, sicut de mari
Pontico iam dictum est: istud, inquam, fluit propter multitudinem fluviorum. Et propter eandem
causam unum mare decurrit in aliud: nam Maeotis fluit in mare Ponticum,
Ponticum fluit in Aegeum. In aliis autem maribus minus hoc videtur: sed in
praedictis maribus hoc accidit propter multitudinem fluviorum, quia in
praedicta maria multa flumina intrant. Tertia ratio fluxus est propter hoc quod
mare occupat multum de terra secundum proportionem quantitatis aquae, et unum
est minus profundum quam aliud: illud autem quod est minus profundum, semper
decurrit ad profundius. Unde illud mare semper videtur profundius, ad quod
aliud decurrit, sicut Ponticum est profundius Maeotide, et Pontico mare
Aegeum, et Aegeo Siculum; Sardicum autem et Tyrrhenum sunt profundissima. Sed
mare quod est extra columnas, non est profundum: quod apparet ex luto
apparente in aqua quae fluit ex ipso; et huius signum est quod sunt sine
vento, ac si existant in aliqua concavitate. Sicut igitur particulariter
fluvii videntur fluentes ex altioribus locis ad demissiora, sic in mari
fluxus fit ex altioribus locis terrae, quae sunt ad Septentrionem: ut sic
maria Septentrionalia, quae emittunt aquam, non sint ita profunda sicut maria
meridionalia, quae recipiunt. |
145.
Ensuite, quand il dit : on voit un
courant marin, puisque dans
certaines mers appara๎t un courant commun, de peur que lon ne croie que la
mer a un courant comme si elle provenait de sources, ce dont il avait suppos้
le contraire dans le premier raisonnement, il donne la cause du courant qui
est vu dans la mer. Et, sur ce point, il fait trois
choses : premi่rement, il montre pourquoi la mer a un courant ;
deuxi่mement, il manifeste une certaine supposition, par une preuve,
lเ : sur cela, etc. ; troisi่mement, il
r้capitule, lเ : donc ce
qui, etc. Il donne donc les trois causes du courant
marin. La premi่re dentre elles est que ce courant est caus้ par son
้troitesse lเ o๙, de vaste ้tendue, elle est resserr้e en un espace ้troit,
้tant donn้ quelle est press้e par la terre qui la borde. Leau de mer se
meut souvent ็เ et lเ, et surtout sous leffet du mouvement de la Lune, qui a
comme nature propre de mettre en branle ce qui est humide : cet
้branlement de leau nest pas visible dans une mer haute et vaste ;
mais lเ o๙ elle occupe un lieu de petite dimension en raison du resserrement
de la terre, ce ph้nom่ne appara๎t. La seconde cause est que la mer qui est
contenue sous les Colonnes dHercule nest pas contigu๋ เ une autre, comme on
la d้jเ dit de la mer Pontique : cette derni่re, dis-je, a un courant
en raison de la multitude des fleuves. Et, pour la m๊me cause, une mer se
jette dans une autre : car le M้otide coule dans la mer Pontique, la mer
Pontique dans la mer ษg้e. Ce ph้nom่ne est moins visible dans les autres
mers : mais dans les mers mentionn้es il se produit en raison de la
multitude des fleuves, puisque bien des fleuves entrent dans ces mers. La troisi่me raison du courant est que la mer occupe une grande partie de la Terre en proportion de la quantit้ deau et que telle mer est moins profonde que telle autre : ce qui est moins profond se pr้cipite toujours vers ce qui est plus profond. De ce fait, telle mer semble toujours plus profonde lเ o๙ une autre se pr้cipite, comme le Pont est plus profond que le M้otide, la mer ษg้e lest plus que le Pont, la mer de Sicile que la mer ษg้e, tandis que la mer de Sardaigne et la mer Tyrrh้nienne sont les plus profondes. Mais la mer qui se trouve au-delเ des Colonnes nest pas profonde : on le voit เ la vase qui appara๎t dans leau qui coule de lเ ; et la preuve en est que ces r้gions sont d้pourvues de vent, comme si elles ้taient dans une concavit้. Donc, de m๊me que les fleuves semblent couler de lieux plus ้lev้s vers des lieux plus bas, de m๊me le courant marin se fait เ partir de lieux plus ้lev้s de la Terre, lesquels se trouvent vers le septentrion : ainsi, les mers septentrionales, qui laissent leau s้chapper, ne sont pas aussi profondes que les mers m้ridionales, qui la re็oivent. |
[80209] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 8 Deinde cum dicit: de eo autem etc., manifestat
per signum quoddam quod dixerat, scilicet quod terra ex parte Septentrionis
sit altior. Et huius signum accipit ex hoc quod quidam antiquorum crediderunt
quod sol non iret sub terra, sed solum circa terram, et dispareret de nocte
propter altitudinem Septentrionalis partis occultantis. Deinde cum
dicit: quod quidem igitur etc., recapitulat quod dixerat: et est
planum in littera. |
146.
Ensuite, quand il dit : ce qui
prouve, etc., il montre par une certaine preuve ce quil avait dit, เ savoir que la
terre est plus ้lev้e เ partir du septentrion. Et il en tire la preuve de ce
que certains des anciens croyaient que le Soleil nallait pas sous terre,
mais seulement dans ses environs, et quil disparaissait de nuit en raison de
laltitude de la partie septentrionale qui loccultait. Ensuite, quand il dit : voilเ donc, etc., il r้capitule ce quil a dit : et le texte est clair. |
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Caput 2 |
Chapitre 2 [Pourquoi la mer est-elle sal้e ?] |
[80210]
Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 1 Hic incipit inquirere veritatem circa opiniones quas
habuerunt antiqui naturales de mari. Et primo ostendit de quo est intentio:
dicens quod est de generatione maris, si est factum; et de sapore eius, quae
sit causa salsedinis et amaritudinis ipsius. Secundo ibi: causa quidem igitur
etc., exequitur propositum. Et dividitur in partes tres: in prima
determinat de natura maris, utrum scilicet sit naturalis locus aquae; in
secunda determinat de generatione eius, utrum scilicet sit factum vel non,
ibi, de salsedine autem etc.; in tertia determinat de sapore maris,
quare scilicet sit salsum, ibi: de salsedine autem his quidem et
cetera. Prima autem pars dividitur in partes duas:
in prima ostendit opinionem antiquorum de natura maris; in secunda obiicit
contra eam, ibi: opponitur autem et cetera. |
147. Il commence ici เ rechercher la v้rit้ sur les opinions que les anciens philosophes de la nature avaient eues sur la mer. Et il montre premi่rement quelle est son intention, disant quelle porte sur la g้n้ration de la mer, pour savoir si elle a ้t้ cr้้e, et sur sa saveur, afin de conna๎tre quelle est la cause de sa salure et de son amertume. Deuxi่mement, lเ : donc la cause, etc., il poursuit sa proposition. Et elle se divise en trois parties : dans la premi่re, il d้termine la v้rit้ sur la nature de la mer, เ savoir si le lieu o๙ se trouve leau est naturel ; dans la seconde, il la d้termine sur sa g้n้ration, เ savoir si elle a ้t้ cr้้e ou non, lเ : sur la salure, etc. ; dans la troisi่me, il d้termine la v้rit้ sur la saveur de la mer, เ savoir pourquoi elle est sal้e, lเ : sur la salure par ces propos certes, etc. La premi่re partie se divise en deux : dans la premi่re il montre lopinion des anciens sur la nature de la mer ; dans la seconde, il lui fait des objections, lเ : on oppose, etc. |
[80211]
Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 2 Dicit ergo primo quod antiqui putaverunt quod mare sit
principium omnis aquae, et quod sit substantia et corpus totius aquae, quasi
mare sit naturalis locus aquae. Et causa inducens eos ad hoc fuit, quod
videbatur rationabile esse quod, sicut omnium aliorum elementorum magnitudo
est congregata in unum locum, et est unum principium unde derivatur
partialiter elementum et commiscetur aliis elementis, propter multitudinem
substantiae elementaris in illo loco existentis, ita est in aqua. Videmus enim quod multitudo ignis est in
superiori loco huius inferioris mundi, qui est naturalis locus eius; et
similiter multitudo aeris est sub loco ignis, quasi in proprio loco
congregata; et manifestum est quod corpus terrae est in medio, circa quod
omnia alia corpora sunt ordinata. Unde manifestum est quod necesse est etiam,
secundum eandem rationem, esse aliquem locum ubi sit congregata multitudo
aquae, quasi in loco proprio et naturali. Huiusmodi autem non potest esse aliud quam
mare: quia aquae fluviorum non sunt omnes simul, cum tamen oporteat unius
elementi esse unum locum continuum. Iterum aqua fluviorum non est stabilis,
sed fluens, cum tamen oporteat omne elementum stare in proprio loco: fluit
autem fluviorum aqua, utpote quae videtur semper generari, et non quiescere
in eodem loco. Propter hanc igitur dubitationem, putaverunt
quod mare esset principium omnis aquae et omnium humidorum. Et propter hoc
putaverunt quod omnia flumina non solum intrant in mare, sed etiam fluunt a
mari: quia locus naturalis alicuius elementi videtur esse principium et
terminus motus omnium illorum quae sunt de natura illa, quia omnia
naturaliter tendunt ad locum proprium. Et secundum antiquos erat etiam principium:
quia ponebant quod elementa erant ingenerabilia et incorruptibilia, unde aqua
non generabatur de novo; et sic oportebat quod, ubicumque aqua extra locum
proprium inveniretur, quod influeret a naturali loco aquae. Et quia posset aliquis obiicere quod mare
est salsum, et aqua fluviorum est dulcis, et sic non videtur fluens a mari;
ad hanc obiectionem excludendam, subditur quod illud quod est salsum, quando
colatur, fit dulce; et sic aqua maris, quando colatur per terram, efficitur
potabilis in fluviis. |
148. Il dit donc premi่rement que les anciens pensaient que la mer est le principe de toute leau et quelle est la substance et le corps de leau tout enti่re, comme si la mer ้tait le lieu naturel de leau. Et la cause qui les conduisait เ le penser ้tait quil semblait raisonnable que, de m๊me que la masse de tous les autres ้l้ments est rassembl้e dans un seul lieu, et quil existe un seul principe do๙ d้rivent les parties de l้l้ment qui se m้langent aux autres ้l้ments, en raison de la quantit้ de substance ้l้mentaire qui existe en ce lieu, il en soit de m๊me pour leau. En effet, nous voyons que la quantit้ de feu se trouve dans la r้gion sup้rieure de ce monde inf้rieur, laquelle est son lieu naturel, et ้galement que la quantit้ dair se situe sous lemplacement du feu, comme si elle avait ้t้ rassembl้e dans le lieu qui lui est propre ; et il est manifeste que le corps de la Terre est au centre, autour duquel tous les autres corps sont ordonn้s. De ce fait, il est ้vident quil est n้cessaire, suivant le m๊me raisonnement, quil y ait aussi un lieu o๙ se trouve rassembl้e la quantit้ deau, comme dans le lieu qui est propre et naturel. Or, il ne peut y avoir dautre lieu de ce genre que la mer : puisque les eaux des fleuves ne forment pas un tout agglom้r้, alors quil faut quเ un ้l้ment soit un seul lieu continu. De plus, leau des fleuves nest pas immobile, mais courante, alors quil faut que tout ้l้ment reste dans le lieu qui lui est propre : or leau des fleuves coule, comme elle semble toujours ๊tre engendr้e et non ๊tre au repos au m๊me endroit. Cest donc เ cause de ce doute quils pensaient que la mer est le principe de toute leau et de tous les liquides. Et cest pourquoi ils jugeaient non seulement que tous les fleuves entraient dans la mer, mais aussi quils en d้coulaient : en effet, le lieu naturel dun ้l้ment semble ๊tre le principe et le terme du mouvement de tous ceux qui sont de sa nature, ้tant donn้ que tous tendent naturellement vers le lieu qui leur est propre. Et, selon les anciens, c้tait ้galement le principe do๙ ils tiraient que les ้l้ments ้taient inengendrables et incorruptibles, si bien que leau n้tait pas engendr้e de nouveau : et ainsi il fallait que, partout o๙ lon trouvait de leau en dehors du lieu qui lui est propre, elle coule dun lieu naturel เ leau. Et puisque lon pourrait objecter que la mer est sal้e et que leau des fleuves est douce, et quainsi elle ne semble pas couler de la mer, pour rejeter cette objection, il est ajout้ que ce qui est sal้, quand on le filtre, devient doux ; et ainsi leau de mer, quand elle est filtr้e par la terre, se fait potable dans les fleuves. |
[80212]
Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 3 Deinde cum dicit: opponitur autem etc., movet
quasdam dubitationes circa praedeterminata: et primo unam contra hoc quod
mare est locus naturalis aquae; secundo contra hoc quod dictum est quod mare
est terminus aquarum currentium, ibi: quaerere autem antiquam et
cetera. Circa primum duo facit. Primo movet dubitationem:
quae talis est. Si mare est principium omnis aquae, quasi naturalis locus
aquae existens, quare aqua maris non est dulcis et potabilis, sed salsa? Omne
enim elementum in primo loco videtur esse intransmutatum, et naturaliter se
habens: salsedo autem non est naturalis proprietas aquae, sed ex aliqua
transmutatione ei accidit. |
149. Ensuite, quand il dit : or, un autre doute, etc., il soul่ve certains doutes sur ces points pr้d้termin้s : et un premier contre laffirmation selon laquelle la mer est le lieu naturel de leau ; un deuxi่me contre ce qui a ้t้ dit, เ savoir que la mer est le terme des eaux courantes, lเ : rechercher lancienne, etc. Concernant le premier point, il fait deux choses. Premi่rement, il soul่ve le doute : le voici. Si la mer est le principe de toute leau, comme si elle ้tait le lieu naturel de leau, pourquoi leau de mer nest-elle pas douce et potable, mais sal้e ? En effet, dans son premier lieu, tout ้l้ment semble ๊tre non transform้ et เ l้tat naturel : or, la salure nest pas la propri้t้ naturelle de leau, mais elle lui arrive apr่s transformation. |
[80213] Super Meteora, lib.
2 cap. 2 n. 4 Secundo
ibi: causa autem simul etc., solvit praedictam dubitationem. Et circa hoc tria facit: primo praemittit
quoddam, resumens ex praedeterminatis, quod est necessarium ad solutionem;
secundo ex hoc quod propositum est, excludit quandam falsam opinionem, ibi: propter
quod et deridendi etc.; tertio solvit dubitationem, ibi: potabile
quidem igitur et cetera. Dicit ergo primo quod
assignando causam praedictae dubitationis, non solum solvetur haec dubitatio,
sed necessarium erit per hoc accipere rectam opinionem de mari. Resumit ergo
quod aqua est ordinata circa terram, sicut sphaera ignis super aerem, et
sphaera aeris super aquam. Ignis enim est supremum elementorum, sive ignis
existimetur esse corpus caeleste, ut plurimi dicunt, sive sit quoddam corpus
ordinatum sub caelesti corpore, sicut ipse supra dixit. Cum igitur ex solis motu causetur generatio
et corruptio, et omnes permutationes in istis inferioribus, oportet quod
illud quod est subtilissimum et dulcissimum in aqua rarefacta, evaporans
continue feratur in superiorem locum; et ibi iterum condensatum ex virtute
frigoris, feratur deorsum in terram. Et hoc semper fit secundum naturam, ut
prius dictum est. |
150. Deuxi่mement, lเ : la cause sera en m๊me temps, il l่ve le doute susdit. Et, sur ce point, il fait trois choses : premi่rement, il avance un certain point n้cessaire เ la solution, en le tirant de ce qui a ้t้ pr้d้termin้ ; deuxi่mement, เ partir de ce qui a ้t้ propos้ il rejette une opinion fausse, lเ : cest la raison pour laquelle il faut railler, etc., troisi่mement, il dissipe le doute, lเ : donc leau potable, etc. Il dit donc premi่rement quen donnant une cause au doute susdit, non seulement on le dissipe, mais il sera n้cessaire de concevoir par lเ une opinion correcte sur la mer. Il r้p่te donc que leau est ordonn้e autour de la terre, comme la sph่re du feu au-dessus de lair, et la sph่re de lair au-dessus de leau. En effet, le feu est le dernier des ้l้ments, quon le consid่re comme un corps c้leste, comme beaucoup le disent, ou bien quil soit un corps ordonn้ sous le corps c้leste, comme Aristote la lui-m๊me affirm้. Donc comme la g้n้ration et la corruption sont caus้es par le mouvement du Soleil, ainsi que tous les changements des corps inf้rieurs ici-bas, il faut que ce qui est le plus l้ger et le plus doux de leau rar้fi้e soit continuellement emport้ vers le lieu sup้rieur en s้vaporant ; et lเ, de nouveau condens้e en vertu du froid, cette partie de leau est emport้e vers le bas. Et cest toujours ce qui se produit selon la nature, comme on la d้jเ dit. |
[80214]
Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 5 Deinde cum dicit: propter quod et deridendi etc.,
excludit quandam falsam opinionem per praemissa. Et primo ponit opinionem. Et
dicit quod per praedicta patet quod deridendi sunt antiqui, qui dixerunt quod
sol cibaretur humido aquoso, et ob hanc causam circumiret, quia idem locus
non potest semper praebere huiusmodi alimentum; quod est necessarium ipsum
habere, aut, nisi ipsum haberet, corrumperetur. Putabant enim quod sol esset
naturae igneae: manifestum est autem quod quandiu ignis habuerit nutrimentum,
tandiu durat; solum autem humidum est nutrimentum ignis. Unde, consumpto
totaliter humido, extinguitur ignis. |
151. Ensuite, quand il dit : cest pourquoi il faut aussi railler, il rejette une opinion fausse en sappuyant sur les propos d้jเ avanc้s. Et, premi่rement, il expose cette opinion. Et il dit que dapr่s ce qui pr้c่de il est clair quil faut railler les anciens qui disaient que le Soleil se nourrit de lhumide aqueux et que cest la raison pour laquelle il tourne, ้tant donn้ que le m๊me lieu ne peut pas toujours offrir une nourriture de ce genre ; et il est n้cessaire quil lobtienne, faute de quoi, il est corrompu. En effet, ils pensaient que le Soleil est dune nature ign้e : il est manifeste que le feu dure tant quil a de quoi se nourrir ; or, lhumide est la seule nourriture du feu. De ce fait, une fois que lhumidit้ est totalement consum้e, le feu s้teint. |
[80215]
Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 6 Secundo ibi: tanquam pertingat etc., improbat
praedictam positionem quinque rationibus. Quarum prima est, quod vapor qui
sursum elevatur, non ascendit usque ad locum solis, ut exinde possit cibari.
Et hoc satis ex praedictis potest esse manifestum. Secundam rationem ponit ibi: aut ascensus
et cetera. Quae est quod ponentes hoc quod dictum est, videntur existimare
quod talis sit ascensus vaporis ad solem, qualis est ascensus fumi ad
flammam; ex qua acceperunt signum ad sic opinandum de sole. Sed non est
simile. Quia flamma non semper manet eadem, sed continue fit nova, per hoc
quod materia alia et alia continue inflammatur; quae quidem prius est humida,
apta inflammationi, et per ignem totaliter desiccatur, et desinit inflammari,
et succedit alia. Et sic patet quod flamma non nutritur: quia quod nutritur
oportet manere idem, ut patet in animalibus et plantis; sed flamma quasi
nullo tempore permanet, ut dictum est. Sed hoc non potest accidere circa
solem: quia si sic nutriretur secundum quod ipsi dicunt, continue
innovaretur, et non solum semel in die, sicut posuit Heraclitus. Tertiam rationem ponit ibi: adhuc autem
et cetera. Et dicit quod elevatio vaporis humidi ad solem, similis est
calefactioni aquarum in ollis igne supposito. Ignis autem ardens sub olla non
nutritur ab aqua evaporante. Unde nec etiam sol, si faciat evaporare tantam
aquam. Quartam rationem ponit ibi: inconveniens
autem et cetera. Et dicit quod inconveniens fuit quod attribuerent tantum
soli nutrimentum, et non aliis stellis, ad eorum salutem, cum tamen ponantur
ab eis igneae naturae. Quae quidem astra sunt tot et tam magna, quod tota
aqua non sufficeret ad nutrimentum eorum. Quintam rationem ponit ibi: idem autem
accidit et cetera. Et dicit hanc rationem esse communiter et contra istam
opinionem, et contra illos qui dixerunt quod a principio tota terra erat
cooperta aquis, et postea, aqua vaporante ex calore solis, esse factum aerem;
et sic totum caelum est augmentatum, per hoc quod aer, cum sit rarior, plus
occupat de loco quam aqua ex qua generatur; et hoc quod sic est resolutum ab
aquis, causat ventos et motum caeli. Utraque igitur harum opinionum
destruitur per hoc quod manifeste videmus illud quod elevatur sursum ab
aquis, iterum redire ad terram; et si non per eundem locum et similiter per
omnes regiones (quia aliquando, et in quibusdam regionibus, plus evaporat
quam pluat ibi), sed tamen in aliquibus locis, per aliquam ordinationem
temporis, omne quod sursum elevatur, redit iterum ad terram. Et sic patet
quod neque superiora corpora aluntur ex vaporibus ; neque aliqua pars
vaporis remanet aer, et alia iterum redit in aquam. |
152. Deuxi่mement, lเ : comme si la partie humide, il condamne la position pr้c้dente pour cinq raisons. La premi่re dentre elle est que la vapeur qui s้l่ve ne monte pas jusquau lieu o๙ se trouve le Soleil pour quil puisse sen nourrir. Il donne la deuxi่me raison, lเ : ou si une telle ascension, etc. La voici : ceux qui posent ce qui a ้t้ dit semblent penser que lascension de la vapeur vers le Soleil est semblable เ celle de la fum้e vers la flamme ; de lเ ils tiraient une preuve qui leur permettait de faire de telles conjectures sur le Soleil. Mais ce nest pas la m๊me chose. Puisque la flamme ne reste pas toujours la m๊me, mais se renouvelle continuellement, du fait quelle est enflamm้e par une mati่re toujours autre ; la mati่re qui est dabord humide, apte เ senflammer, est totalement dess้ch้e par le feu, cesse de senflammer, et une autre lui succ่de. Et il est ainsi ้vident que la flamme nest pas nourrie : puisque ce qui est nourri doit rester le m๊me, comme on le voit chez les animaux et les plantes ; mais la flamme ne demeure quasiment เ aucun moment, comme on la dit. Cependant, cela ne peut pas arrivez au Soleil : puisque sil ้tait nourri comme ils le disent eux-m๊mes, il se renouvellerait continuellement, et cela plus dune fois par jour, comme H้raclite le posait. Il donne la troisi่me raison, lเ : de plus, etc. Et il dit que l้l้vation de la vapeur humide vers le Soleil ressemble au r้chauffement de leau dans une marmite lorsquun feu est plac้ sous elle. Le feu qui br๛le sous la marmite nest pas nourri par leau qui s้vapore. De ce fait, le Soleil non plus, m๊me sil fait s้vaporer une aussi grande quantit้ deau. Il donne la quatri่me raison, lเ : il est inconvenant, etc. Et il dit quil ้tait inconvenant quils attribuent seulement de la nourriture au Soleil, et non aux autres astres, pour leur salut, alors quils avancent quils sont de nature ign้e. Et ces astres sont si nombreux et si grands que la totalit้ de leau ne pourrait suffire เ les nourrir. Il donne la cinqui่me raison, lเ : et il leur arrive la m๊me, etc. Et il dit que cette raison est เ la fois contre cette opinion et contre ceux qui disaient quau d้but toute la terre ้tait couverte deau et quensuite, leau s้vaporant sous leffet de la chaleur du Soleil, lair a ้t้ form้ ; quainsi le ciel tout entier a augment้, du fait que lair, ้tant moins dense, occupe plus de place que leau เ partir de laquelle il est engendr้ ; et que ce qui est ainsi d้sagr้g้ เ partir des eaux cause les vents et le mouvement du ciel. Les deux opinions sont ruin้es par le fait que nous voyons clairement ce qui s้l่ve เ partir des eaux retourner เ la terre ; m๊me si ce nest pas au m๊me endroit et ้galement dans les m๊mes r้gions (puisque parfois, et dans certaines r้gions, il s้vapore une plus grande quantit้ deau quil ne pleut), mais cependant dans quelques lieux, pendant un temps d้termin้, tout ce qui s้l่ve retourne เ la terre. Et ainsi il est ้vident que les corps sup้rieurs ne sont pas nourris par les vapeurs et quune partie de la vapeur ne reste pas de lair, tandis que lautre retourne เ l้tat deau. |
[80216]
Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 7 Deinde cum dicit: potabile quidem igitur etc.,
ex eo quod supra praemissum est, concludit solutionem praedictae
dubitationis. Et dicit quod cum vapor elevetur superius, illud quidem quod
est dulce et potabile, totum elevatur superius, propter id quod est levius:
illud autem quod est salsum, quia gravius est, manet deorsum, quasi in
proprio loco. Hoc enim videtur rationabiliter et convenienter esse dictum in
praemissa dubitatione, scilicet quod mare est locus naturalis aquae:
irrationabile enim est si aqua non habeat proprium locum naturalem, sicut
alia elementa. Sed solutio motae dubitationis contra hoc ex salsedine aquae,
est quod locus quem mare occupat, est locus naturalis aquae, inquantum aqua:
sed tamen videtur esse locus naturalis aquae maris solum, propter hoc quod
salsum manet deorsum propter gravitatem, dulce autem evaporavit sursum
propter levitatem. Et ponit exemplum de eo quod accidit in
corporibus animalium. Quia, cum cibus assumptus sit dulcis et humidus,
hypostasis quae remanet ex cibo, et superfluum alimenti, apparet amarum et
salsum, propterea quia illud quod est dulce est attractum a calore naturali
ad carnem et ad quamlibet partem corporis, sicut quaelibet apta nata est
nutriri. Per hoc ergo concludit a simili quod, sicut inconveniens esset si
quis putaret quod venter non esset locus cibi, sed solum superfluitatis, quia
dum nutriuntur membra, cito sumitur materia cibi, et superfluum remanet; sed
tamen iste non bene existimaret, quia, ut prius diximus, iste est locus
naturalis cibi, inquantum cibus, et non solum cibi in ventre existentis:
similiter et in proposito iste locus occupatus a mari, est locus naturalis
aquae. Et omnis aqua movetur ad ipsum tanquam ad locum proprium: fluxus enim
aquae est ad id quod est magis concavum, et talis est locus maris. Sed
quamvis locus iste sit naturalis aquae, tamen illud quod est dulce, cito
fertur sursum, propter solem elevantem vaporem: illud autem quod est salsum,
remanet inferius propter praedictam causam. |
153. Ensuite, quand il dit : donc la totalit้ de leau potable, etc., เ partir de ce qui a ้t้ avanc้ ci-dessus il conclut la solution du doute pr้c้dent. Et il dit que, comme la vapeur s้l่ve vers la r้gion sup้rieure, ce qui est doux et potable s้l่ve tout entier vers la r้gion sup้rieure, du fait de sa plus grande l้g่ret้ : or, ce qui est sal้, puisque cest plus lourd, reste en bas, comme dans le lieu qui lui est propre. En effet, il semble avoir ้t้ dit de fa็on raisonnable et convenable dans le doute soulev้ pr้c้demment que la mer est le lieu naturel de leau : car il nest pas raisonnable de dire que leau na pas un lieu naturel qui lui est propre, comme les autres ้l้ments. Mais la solution du doute soulev้ contre cela เ partir de la salure de leau est que le lieu que la mer occupe est le lieu naturel de leau en tant queau : mais il semble ๊tre le lieu naturel de leau de mer seulement du fait que le sal้ demeure en bas en raison de sa pesanteur, tandis que le doux s้vapore vers le haut เ cause de sa l้g่ret้. Et il donne lexemple de ce qui arrive dans les corps des animaux. En effet, comme la nourriture ing้r้e est douce et liquide, la substance qui reste de la nourriture et le reliquat de laliment apparaissent amers et sal้s, parce que ce qui est doux est attir้ par la chaleur naturelle vers la chair et nimporte quelle partie du corps, comme nimporte laquelle est naturellement apte เ ๊tre nourrie. Il conclut donc de cette analogie que, de m๊me quil ne serait pas convenable de penser que le ventre nest pas le lieu de la nourriture, mais seulement de ce qui en reste, sous pr้texte que, pendant que les membres sont nourris, la mati่re de la nourriture est vite prise et que le reste demeure ‒ mais pourtant cette pens้e ne serait pas correcte, puisque, comme on la dit auparavant, le ventre est le lieu naturel de la nourriture, en tant que nourriture, et non seulement celui de la nourriture qui se trouve dans le ventre ‒, de m๊me, dans la proposition, le lieu occup้ par la mer est le lieu naturel de leau. Et toute leau sy dirige, comme vers le lieu qui lui est propre : car le courant de leau va vers ce qui est plus concave, et tel est le lieu de la mer. Mais bien que ce lieu soit le lieu naturel de leau, ce qui est doux est pourtant vite emport้ vers le haut, en raison du Soleil, qui fait s้lever la vapeur, tandis que ce qui est sal้ reste plus bas pour la raison susdite. |
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Caput 3 |
Chapitre 3 [Lorigine des fleuves] |
[80217] Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 1 Hic philosophus movet
aliam dubitationem, contra hoc quod dictum est quod mare est terminus
fluviorum. Et circa hoc tria facit. Primo movet
dubitationem, quam dicit esse antiquam: propter quid scilicet, cum singulis
diebus flumina et innumerabilia numero et immensa magnitudine intrent in
mare, non tamen videtur crescere; et hoc in ipso non apparet, quod tanta
multitudo aquae ad ipsum deveniat. |
154. Ici le philosophe soul่ve un autre doute contre ce qui a ้t้ dit, เ savoir que la mer est le terme des fleuves. Et, concernant ce point, il fait trois choses. Premi่rement, il soul่ve le doute, quil dit ๊tre ancien : pour quelle raison, alors que, chaque jour, des fleuves innombrables et immenses entrent dans la mer, on ne la voit pas cro๎tre ; et pourquoi il nappara๎t pas quune aussi grande quantit้ deau se d้verse en elle. |
[80218] Super Meteora, lib.
2 cap. 3 n. 2 Secundo
ibi: hoc quidem nullum etc., solvit dubitationem. Et dicit quod, licet
non sit inconveniens quod sint aliqui qui circa hoc dubitent, tamen, si quis
recte consideret, non est difficile videre solutionem huius. Quia si aliqua
aqua diffundatur per aliquam latitudinem, supposito quod sit eadem multitudo
aquae in diversis locis diffusa, si non sit eadem quantitas latitudinis, non
est aequale tempus desiccationis aquae effusae; sed erit differentia ex
diversitate latitudinis in qua aqua diffunditur, quod aliquando manet aqua et
non exsiccatur per totum diem, aliquando autem statim ad oculum exsiccatur;
sicut si aliquis unum scyphum aquae diffunderet super magnam mensam, statim
tota aqua assiccaretur, si autem in aliquo parvo loco tantum de aqua
proiiceretur, diu conservaretur. Sic igitur accidit circa fluvios et mare:
nam totum quod ex fluviis ad mare pervenit, dispergitur in locum maximae
latitudinis, et cito insensibiliter desiccatur per continuam evaporationem
aquae, de qua supra dictum est. |
155. Deuxi่mement, lเ : il nest nullement, il dissipe le doute. Et il dit que, bien quil ne soit pas incoh้rent quil y en ait quelques-uns qui soient ind้cis sur cette question, cependant, si on r้fl้chit correctement, il nest pas difficile den voir la solution. En effet, si de leau se r้pand sur une surface large, เ supposer quil y ait la m๊me quantit้ deau r้pandue dans divers lieux, si les dimensions de la surface large ne sont pas les m๊mes, le temps pendant lequel leau vers้e sass่che nest pas ้gal ; mais il y aura une diff้rence suivant la largeur de la surface sur laquelle leau est r้pandue, เ savoir que parfois leau reste et ne sass่che pas de toute la journ้e, et que parfois elle sass่che aussit๔t เ vue dil ; cest comme si on versait une coupe deau sur une grande table et quelle se dess้chait sur-le-champ, alors que, si on lan็ait la m๊me quantit้ deau sur une petite surface, elle serait longtemps conserv้e. Ainsi donc cest ce qui arrive aux fleuves et เ la mer : car tout ce qui parvient des fleuves เ la mer se disperse dans un lieu dune tr่s grande largeur et sass่che vite insensiblement en raison de l้vaporation continue de leau, dont on a parl้ ci-dessus. |
[80219] Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 3 Tertio ibi: quod autem
scriptum est in Phaedone etc., excludit quandam falsam solutionem
praedictae dubitationis. Et
primo ponit ipsam solutionem. Et dicit quod impossibile est esse verum quod a
Platone de mari et fluviis dicitur in libro suo qui intitulatur Phaedo. Dicit
enim ibi quod omnia flumina et mare concurrunt sub terra ad aliquod
principium, quasi terra sit perforata a mari et fluviis. Hoc autem
principium, quod secundum ipsum est principium aquarum omnium, vocatur
Tartarus, qui est quaedam magna multitudo aquae existens circa medium mundi:
ex quo quidem principio dicit prodire omnes aquas quae non fluunt, sicut sunt
mare et stagna, et quae fluunt, sicut fontes et flumina. Dicit autem quod
Tartarus undique fluit ad singula rheumatum, idest ad singulos
discursus aquarum: quod ideo contingit, quia illud principium aquarum semper
movetur. Et hoc ideo, quia non habet aliquem locum fixum in quo quiescat, sed
semper movetur circa medium, quasi vacillans hinc inde. Et sic, dum movetur sursum, facit effusionem
rheumatum, idest discursus marium et fluviorum, non tantum versus istam
partem terrae quam nos habitamus; sed ex multis aliis partibus terrae
effundit et alia stagna, quale est mare quod est apud nos. Sed omnia maria et flumina quadam
circulatione reducuntur ad illud principium unde primo effluxerunt, sed
diversimode. Nam quaedam redeunt secundum eundem locum secundum quem
effluxerunt, ut sit quidam motus reflexus: quaedam vero ex contraria parte
redeunt parti unde effluxerant, ut, puta, si effluxerunt de subtus,
reingrederentur desuper. Non est tamen sic intelligendum de subtus et
desuper, quod aliquid possit esse subtus respectu medii, in quo ponitur
primum principium aquarum: quia a superficie terrae usque ad medium, est
descensus, sed de cetero, si secundum rectam lineam ultra procederet aqua,
esset motus ad sursum; idem enim est moveri a medio, et moveri sursum. Et
secundum hoc facile est assignare causam diversitatis colorum et saporum in
aquis: quia aqua fluens recipit colorem et saporem secundum modum terrae per
quam effluit. |
156. Troisi่mement, lเ : ce qui est ้crit dans le Ph้don, etc., il rejette une solution erron้e au doute pr้c้dent. Et, premi่rement, il expose cette solution m๊me. Et il dit quil est impossible que ce qui est avanc้ par Platon sur la mer et les fleuves dans son livre intitul้ Ph้don soit vrai. Car il dit lเ que tous les fleuves et la mer se rejoignent sous terre en un principe, comme si la terre ้tait trou้e par les conduits de la mer et des fleuves. Ce principe, qui est, selon lui, celui de toutes les eaux, est appel้ Tartare, lequel est une grande quantit้ deau se trouvant au centre du monde : de ce principe, dit-il, proviennent toutes les eaux qui ne coulent pas, comme les mers et les ้tangs, et toutes les eaux qui coulent, comme les sources et les fleuves. Or, il dit que le Tartare coule de tous c๔t้s vers chacun des flots, cest-เ-dire vers chacun des cours des eaux, ce qui se produit parce que ce principe des eaux est toujours en mouvement. Et cela parce quil na pas de lieu fixe o๙ ๊tre au repos, mais quil se meut toujours autour du centre, comme sil vacillait dici de lเ. Et ainsi, pendant quil se meut vers le haut, il cr้e l้coulement des flots, cest-เ-dire les cours des mers et des fleuves, non seulement vers cette partie de la Terre que nous habitons ; mais, เ partir des nombreuses autres parties de la Terre, il remplit aussi les autres ้tendues stagnantes, telles que la mer qui est chez nous. Mais toutes les mers et tous les fleuves sont reconduits par un parcours circulaire au principe do๙ ils s้taient dabord ้coul้s, mais de mani่re diff้rente. Car certains reviennent au m๊me endroit do๙ ils s้taient ้coul้s, comme dans un mouvement de r้trogradation, tandis que dautres reviennent en suivant une route contraire เ celle do๙ ils s้taient ้coul้s, par exemple, sils s้taient ้coul้s en partant du bas, ils reviennent par le haut. Cependant, par ซ bas ป et ซ haut ป, il ne faut pas comprendre que quelque chose pourrait ๊tre en bas par rapport au centre, o๙ est plac้ le premier principe des eaux ‒ puisque, de la surface de la terre jusquau centre, il y a une descente ‒, mais pour tout le reste, si leau allait plus loin selon une ligne droite, son mouvement se dirigerait vers le haut ; car se mouvoir en partant du centre et se mouvoir vers le haut revient au m๊me. Et, suivant cela, il est facile de trouver la cause de la diversit้ des couleurs et des saveurs des eaux : car leau courante re็oit la couleur et la saveur des caract้ristiques de la terre par laquelle elle coule. |
[80220] Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 4 Secundo ibi: accidit ergo fluvios etc., improbat
praedictam positionem quinque rationibus. Quarum prima est quod, cum quandoque
flumina redeant per eandem viam, quandoque autem per contrariam, sequitur
secundum hanc positionem quod fluviorum fluxus non semper fit ad eandem
partem. Quia enim redeunt ad medium a quo fluxerunt, non magis fluent subtus
quam supra, comparando superficiem terrae ad medium, quod semper
intelligitur: a superficie terrae vocatur aliquid sursum et aliquid deorsum,
propter altitudinem et demissionem. Si enim motus fluviorum causatur ex
effluentia Tartari, effluentia autem Tartari est ad omnem partem, sequitur
quod aqua, quasi impulsa a Tartaro, indifferenter fluat ad quamlibet partem,
sicut et Tartarus fluctuans tendit ad omnem partem. Et sic accidet illud quod
dicitur in proverbio, sursum fluviorum, scilicet quod flumina sint
superiora fontibus, vel quod sursum fluant: et hoc est impossibile. Secundam
rationem ponit ibi: adhuc quae fit aqua etc.: quae talis est. Secundum
praedictam positionem, videtur quod oporteat semper aequalem aquam salvari:
quia quantum fluit de aqua a Tartaro, tantum ponit quod iterum refluat ad
principium. Et sic oportet totaliter excludere generationem aquae in aere, et
elevationem aquae a terra per evaporationem: quod patet esse falsum. Tertiam
rationem ponit ibi: quamvis omnes fluvii et cetera. Et est quod omnes
fluvii terminantur ad mare, quicumque non terminantur ad alios fluvios; et
nullum flumen est sic terminatum ad terram, quasi terram perforans, quod
vadat ad Tartarum; sed si sunt aliqua flumina intrantia in concavitatem
terrae, iterum exeunt in aliquo loco. Et sic non videtur verum quod flumina
iterum redeant ad Tartarum. Quartam
rationem ponit ibi: magni autem fiunt etc.: quae talis est. Si cursus
fluviorum causatur ex effluentia Tartari, oporteret quod ab ipso sui
principio flumina multitudinem aquae haberent. Sed hoc non videmus: quia
inter fluvios illi inveniuntur magni, qui per longam viam fluunt, eo quod
recipiunt discursiones multorum fluviorum, et detruncant vias eorum et
secundum locum, quia sunt profunda magis et magis concava, et secundum
longitudinem, quia longiorem viam currunt. Et ideo Ister, idest Danubius, et
Nilus sunt maximi fluviorum qui in mare Mediterraneum exeunt; et de fontibus
eorum diversi diversa dicunt, propter diversitatem fluviorum qui in hos
intrant. Quintam
rationem ponit ibi: haec itaque et cetera. Et est quod, ultra
praedicta inconvenientia, est etiam hoc, quod sequeretur quod mare habeat
principium a Tartaro. Quod inconveniens est: quia mare videtur esse locus
naturalis aquarum, sicut supra dictum est. |
157. Deuxi่mement, lเ : il arrive donc que les fleuves, etc., il condamne la position pr้c้dente pour cinq raisons. La premi่re dentre elles est que, comme les fleuves reviennent tant๔t par le m๊me chemin, tant๔t par un chemin contraire, il sensuit, selon cette position, que le cours des fleuves ne va pas toujours dans la m๊me direction. En effet, puisquils reviennent au centre, do๙ ils s้taient ้coul้s, ils ne couleront pas plus en bas quen haut, si on compare la surface de la terre au centre, comme on le comprend toujours : une chose est dite en haut et une autre en bas par rapport เ la surface de la terre en raison de la hauteur et de la profondeur. En effet, si le mouvement des fleuves est caus้ par l้panchement du Tartare, tandis que cet ้panchement va dans toutes les directions, il sensuit que leau, pouss้e pour ainsi dire par le Tartare, coule indiff้remment dans nimporte quelle direction, comme le Tartare, dans son agitation, tend vers toute direction. Et ainsi arriverait ce qui est appel้ dans le proverbe ซ la remont้e des fleuves ป, เ savoir que les fleuves sont plus hauts que les sources ou quils coulent vers le haut, ce qui est impossible. Il donne la deuxi่me raison, lเ : de plus, do๙ viendra leau qui se forme, etc., la voici. Selon la position pr้c้dente, il semble quune quantit้ ้gale deau soit toujours conserv้e : car il s้coule du Tartare autant deau quil en revient de nouveau au principe. Et ainsi il faut totalement rejeter la g้n้ration de leau dans lair et l้l้vation de leau เ partir de la terre par ้vaporation, ce qui est clairement faux. Il donne la troisi่me raison, lเ : bien que lon voie tous les fleuves, etc., เ savoir que tous les fleuves qui ne finissent pas dans dautres fleuves finissent dans la mer ; et aucun fleuve ne finit dans la terre au point davoir lair de la perforer pour aller au Tartare ; mais sil existe quelques fleuves qui entrent dans la concavit้ de la terre, ils en ressortent เ tel endroit. Et ainsi il ne semble pas vrai que les fleuves reviennent au Tartare. Il donne la quatri่me raison, lเ : grands deviennent les fleuves, etc., la voici. Si le cours des fleuves ้tait caus้ par l้panchement du Tartare, il faudrait quils tirent une grande quantit้ deau d่s le principe m๊me. Mais cela, nous ne le voyons pas : puisque, parmi les fleuves, ceux qui coulent en un long chemin se trouvent ๊tre grands, du fait quils re็oivent les cours de nombreux affluents et quils coupent leurs chemins, เ la fois quant au lieu, puisquils sont plus profonds et plus concaves, et quant เ la longueur, puisquils parcourent un plus long trajet. Et cest pourquoi lIster, cest-เ-dire le Danube, et le Nil sont les plus grands des fleuves qui vont dans la mer M้diterran้e ; et sur leurs sources les uns disent telle chose, les autres telle autre, en raison de la diversit้ des cours deau qui se jettent en eux. Il donne la cinqui่me raison, lเ : cest pourquoi il est, etc., เ savoir que, au-delเ des inconv้nients pr้c้dents, il y a aussi quil sensuivrait que la mer tirerait son principe du Tartare. Cest un inconv้nient puisque la mer est visiblement le lieu naturel des eaux, comme on la dit ci-dessus. |
[80221]
Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 5 Tertio ibi: quod quidem igitur etc., recolligit
quae supra dicta sunt. Et dicit quod tanta dicta sint de hoc quod locus iste
quem mare occupat, est locus naturalis aquae, et non solum locus naturalis maris,
idest aquae salsae existentis. Et dictum est quare illud quod est potabile et
dulce, non manifestatur in mari, sed in aquis fluentibus; illud autem quod
salsum est, subsidet in mari, quasi derelictum post evaporationem eius quod
erat potabile et dulce. Et dictum est etiam quod mare magis est terminus
aquarum quam principium: quia scilicet aqua extra mare generatur, et sursum
in aere, ut dictum est de generatione pluviarum, et intra terram, ut dictum
est de generatione fontium et fluviorum; et tamen, ubicumque generatur aqua,
fluit ad mare, nisi impediatur. Et sic aqua salsa se habet sicut illud quod
est superfluum alimenti in corporibus animalium: nam superfluum alimenti est
salsum vel amarum. Quod verum est de superfluo cuiuslibet alimenti, sed
maxime de superfluo alimenti humidi, sicut urina, quae est magis indigesta,
et ideo est magis amara et salsa, ut patet. |
158. Troisi่mement, lเ : donc les propos tenus, etc., il reprend ce qui a ้t้ dit ci-dessus. Et il d้clare quil en a ้t้ assez dit sur le fait que le lieu que la mer occupe est le lieu naturel de leau, et non seulement celui de la mer, cest-เ-dire de leau sal้e. Et il a ้t้ dit pourquoi ce qui est potable et doux nappara๎t pas dans la mer, mais dans les eaux courantes : or le sal้ demeure dans la mer comme sil avait ้t้ abandonn้ apr่s l้vaporation de ce qui ้tait potable et doux. Et il a ้t้ ้galement affirm้ que la mer est plus le terme des eaux que leur principe : puisque leau est engendr้e en-dehors de la mer, เ la fois en haut dans lair, comme on la dit sur la g้n้ration des pluies, et เ lint้rieur de la terre, comme on la dit sur la g้n้ration des sources et des fleuves ; et pourtant, quel que soit lendroit o๙ leau est engendr้e, elle coule vers la mer, เ moins den ๊tre emp๊ch้e. Et ainsi leau sal้e est comme le r้sidu des aliments dans le corps des animaux : car il est soit sal้, soit amer. Cest vrai du r้sidu de nimporte quel aliment, mais surtout de celui des aliments liquides, comme lurine, qui est plus indigeste, et cest pourquoi elle est plus am่re et sal้e, comme on peut le constater. |
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Caput 4 |
Chapitre 4 [La mer a-t-elle toujours exist้ ?] |
[80222]
Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 1 Postquam philosophus determinavit de natura maris,
ostendens quod est locus naturalis aquae, hic inquirit de generatione ipsius.
Et primo dicit de quo est intentio. Et dicit
quod dicendum est de salsedine maris; et iterum utrum mare est sempiternum,
aut fuit aliquod tempus quando non erat mare, et erit aliquod tempus quo non
erit, sed totaliter deficiet. |
159. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la nature de la mer, montrant que cest le lieu naturel de leau, il senquiert ici de sa g้n้ration. Et, premi่rement, il dit quil faut traiter de la salure de la mer ; et aussi se demander si la mer est ้ternelle ou bien sil y a eu un temps o๙ il ny avait pas de mer, et sil y aura un temps o๙ il ny en aura pas, mais o๙ elle dispara๎tra totalement. |
[80223] Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 2 Secundo ibi: etenim sic
putant quidam etc., prosequitur propositum, destruendo opiniones aliorum
circa hoc. Et primo destruit
opiniones antiquorum; secundo excludit rationem eorum, ibi: acceperunt
autem suspicionem hanc et cetera. Circa primum duo facit. Primo destruit
opiniones antiquorum de incoeptione maris. Et dicit quod quidam putaverunt
quod mare non semper fuit, sed quandoque incoepit: et posuerunt etiam quod
totus mundus esse incoepit per generationem quandam, dicentes quod simul
generatum est mare cum mundo. Et hoc rationabiliter: quia cum mare sit aliquo
modo locus aquae, quae est unum elementum, oportet quod sit de principalibus
partibus mundi; et ideo quandocumque fuit mundus, fuit mare. Et ideo, sicut
illi argumentantur quod, quia mundus genitus est, et mare sit generatum, ita
possumus e converso argumentari quod, si mundus est perpetuus, et mare sit
perpetuum. Quod autem mundus sit perpetuus, praesupponit ex his quae probavit
in libro Physic. et in libro de caelo; quamvis hoc sit falsum et alienum a
fide, ut supra dictum est. |
160. Deuxi่mement, lเ : en effet, certains pensent ainsi, etc., il poursuit la proposition, en ruinant les opinions des autres sur cette question. Et, premi่rement, il ruine les opinions des anciens ; deuxi่mement, il rejette leur raisonnement, lเ : ils ont re็u ce soup็on, etc. Concernant le premier point, il fait deux choses. Premi่rement, il ruine les opinions des anciens sur le commencement de la mer. Et il dit que certains pensaient que la mer na pas toujours ้t้, mais quelle a commenc้ un jour : et ils ont ้galement pos้ que le monde entier a commenc้ เ ๊tre en raison dune certaine g้n้ration, disant que la mer a ้t้ engendr้e en m๊me temps que le monde. Et cela de fa็on rationnelle : puisque, comme la mer est, de quelque mani่re, le lieu de leau, qui est un ้l้ment, il faut quelle fasse partie des principales parties du monde : et cest pourquoi chaque fois que le monde a exist้, la mer a exist้. Et, เ cause de cela, comme ils produisent comme preuve que, ้tant donn้ que le monde a ้t้ engendr้, la mer la ้t้ aussi, nous pouvons ainsi avancer เ titre de preuve, apr่s conversion, que, si le monde est ้ternel, la mer lest aussi. Il pr้suppose le fait que le monde est ้ternel เ partir de ce quil a prouv้ dans le livre de La Physique et dans le livre Du ciel ; bien que ce soit faux et ้tranger เ la foi, comme on la dit ci-dessus. |
[80224] Super Meteora, lib.
2 cap. 4 n. 3 Secundo
ibi: putare autem minus etc., destruit opiniones antiquorum de defectu
maris. Et primo comparat opinionem istam opinionibus fabulosis. Et dicit quod
putare hoc quod mare fiat minus secundum quantitatem, et tandem deficiat,
secundum quod dixit Democritus, non differt a fabulosis opinionibus Aesopi,
qui dixit fabulose quod Charybdis, quae est quaedam vorago in mari, bis
absorbuit mare; ita quod ante aqua totam terram circumdabat, vorago autem
tantum de aqua absorbuit, quod montes apparuerunt discooperti ab aquis, et
terra quae interiacet montibus; secundo autem tantum de aqua absorbuit, quod
apparuerunt insulae; ultimo autem absorbebit totam aquam maris, et sic
undique remanebit terra arida sine mari. Sed licet componere fabulam talem
congrueret Aesopo fabularum inventori, qui hoc dixit dum forte esset iratus
ad porthmeum, idest ad quendam portum vel litus maris, ut, iratus
aquis, quasi fingeret eas omnes esse absorbendas; tamen talia dicere
philosophis inquirentibus veritatem minus convenit. |
161. Deuxi่mement, lเ : Or, penser quelle diminue, etc., il ruine les opinions des anciens sur la disparition de la mer. Et, premi่rement, il compare cette opinions aux affabulations. Il dit que penser que la mer diminue en quantit้ et finit par dispara๎tre, เ ce quaffirme D้mocrite, ne diff่re point des affabulations dษsope, qui racontait que Charybde, qui est un tourbillon marin, avait aval้ la mer deux fois ; et cest ainsi quauparavant leau entourait la terre enti่re, et que le tourbillon a aval้ tant deau que le montagnes sont apparues, d้couvertes par les eaux, tout comme la terre qui se trouvait entre elles ; en second lieu, il a aval้ tant deau que des ๎les sont apparues ; เ la fin, il avalera toute leau de la mer, et ainsi il restera partout une terre aride sans mer. Mais, bien quil convienne เ un ษsope auteur de fables de composer une telle fable, lui qui a dit cela quand il ้tait en col่re contre un porthmeus, cest-เ-dire contre un port ou un bord de mer, เ tel point que, irrit้ contre les flots, il avait imagin้ quils devaient ๊tre tous aval้s, cependant il sied moins เ des philosophes เ la recherche de la v้rit้ de dire de telles choses. |
[80225] Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 4 Secundo ibi: propter
quam causam etc., improbat praedictam positionem per rationem. Et dicit
quod propter quamcumque causam aqua maris primo mansit circa terram,
oportebit quod semper maneat: sive dicatur quod hoc accidit propter
gravitatem aquae, quae pondere suo hoc habet quod subsideat aeri et
praeemineat terrae, (quae quidem causa est vera et manifesta); sive
quaecumque alia causa sit, propter hoc oportet quod, si aliquando fuit aqua
maris super terram, quod semper maneat. Quia aliter, si hoc non esset,
oporteret eos dicere quod aqua quae elevatur a sole evaporata, non redeat
iterum ad terram; cuius contrarium manifeste videmus in pluviis. Aut si aqua elevata redit, necesse est vel
quod semper duret mare, si aqua semper elevatur et redit; aut quod remaneat
quandiu hoc fuerit, quod aqua redit. Et iterum oportebit ferri sursum per
evaporationem illud quod est potabile in aqua. Et sic nunquam exsiccabitur
mare in tali alternatione: quia iterum aqua descendet in mare. Et non differt utrum hoc semel fiat,
scilicet quod aqua elevata iterum descendat, aut fiat saepe: quia utroque
modo non minuitur aliquid de aqua. Quia scilicet posset dici quod haec
alternatio non semper erit, motu solis cessante, ideo subiungit quod si
aliquis dicat quod motus solis cesset, non remanebit aliquid quod possit
exsiccare aquam maris: si autem motus solis semper maneat, oportebit quod
semper sol, appropinquans ad aliquam partem terrae, elevet per evaporationem
aquam; et quando longius recedit, eam cadere propter frigiditatem. Et sic non
potest dici quod mare totaliter exsiccetur, sive motus solis cesset sive non.
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162. Deuxi่mement lเ : en effet, cest pour cette raison, etc., il condamne la position pr้c้dente au moyen dun raisonnement. Et il dit que, quelle que soit la raison pour laquelle leau de mer est dabord rest้e autour de la terre, il faudra quelle y demeure toujours : que lon dise que ce soit en raison du poids de leau, qui fait quelle est plac้e sous lair et au-dessus de la terre (ce qui est la cause v้ritable et manifeste) ; ou bien que lon avance nimporte quelle autre cause, il faut que, si leau de mer sest parfois trouv้e sur la terre, quelle y demeure toujours. En effet, autrement, si ce n้tait pas le cas, il faudrait quils disent que leau qui sest ้lev้e sous laction du Soleil par ้vaporation ne revient pas de nouveau sur la terre ; cest manifestement le contraire que nous voyons dans les pluies. Ou bien si leau qui sest ้lev้e revient, il est n้cessaire soit que la mer dure toujours, si leau s้l่ve et revient toujours, soit quelle demeure tant que dure le ph้nom่ne qui fait revenir leau. Et il faudra de nouveau que soit entra๎n้ vers le haut par ้vaporation ce qui est potable dans leau. Et ainsi la mer ne sass่chera jamais dans une telle alternance : puisque leau descendra de nouveau dans la mer. Et peu importe si ce ph้nom่ne ‒ เ savoir que leau qui sest ้lev้e redescend ‒ a lieu une seule fois, ou sil a lieu souvent, puisque dans lun et lautre cas aucune quantit้ deau nest diminu้e. Comme on pourrait dire que cette alternance ne durera pas toujours, si le mouvement du Soleil cesse, il ajoute que, si lon disait que le mouvement du Soleil cesse, il ne resterait rien qui puisse ass้cher leau de mer : mais si le mouvement du Soleil demeure toujours, il faudra que le Soleil, sapprochant de quelque partie de la terre, fasse toujours s้lever leau par ้vaporation, et que, quand il s้loignera, elle tombe เ cause du froid. Et ainsi on ne peut pas dire que la mer sass่chera totalement, que le mouvement du Soleil cesse ou non. |
[80226]
Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 5 Deinde cum dicit: acceperunt
autem suspicionem hanc etc., excludit rationem moventem eos ad hoc
ponendum. Et dicit quod acceperunt hanc opinionem, quod scilicet totaliter
exsiccaretur mare, et quod quandoque incoeperit, propter hoc quod multa loca
apparent magis sicca nunc quam prius. Sed causa propter quam accidit haec
passio, dicta est prius, quia scilicet secundum quaedam determinata tempora
fiunt excessus aquarum: sed non accidit propter hoc quod totum universum
generetur; sed eius partes generantur. Et iterum secundum alia
determinata tempora erit contrarium, scilicet quod erit magnus excessus
siccitatis; quod cum factum fuerit, iterum desiccabitur terra, quae erat
cooperta aquis propter excessum aquarum prius factum. Et necesse est quod hoc semper procedat
circulariter, scilicet quod post excessum aquarum, determinato tempore, fiat
excessus siccitatis, et e converso. Rationabilius enim est sic opinari, quam
ponere quod totum caelum permutetur, propter quasdam particulares
permutationes existentes circa terram. Et quia praedicta positio, contra quam locutus
est, in superficie rationabilis apparet, subiungit quod circa hoc immoratus
est eius sermo plus quam dignum fuerit. |
169. Ensuite, quand il dit : ils ont con็u cette conjecture, etc., il rejette le raisonnement qui les pousse เ exposer cela. Et il dit quils ont con็u lopinion selon laquelle la mer sass่che totalement et quelle a commenc้ เ exister un jour, เ partir de ce que de nombreux lieux apparaissent plus secs maintenant quavant. Mais la raison pour laquelle ce ph้nom่ne se produit a ้t้ dite plus haut : cest parce quil y a de leau en exc่s เ certaines ้poques d้termin้es, mais non parce que lunivers tout entier est engendr้, mais parce que ses parties le sont. Et le contraire aura de nouveau lieu เ dautres ้poques d้termin้es, เ savoir quil y aura une s่cheresse excessive ; et lorsque ce sera le cas, la terre, qui avait ้t้ recouverte par les eaux en raison des exc่s qui ont pr้c้demment eu lieu, sass่chera de nouveau. Et il est n้cessaire que cela proc่de toujours en cycle, เ savoir quapr่s un exc่s deau, เ un temps d้termin้, se fasse un exc่s de s่cheresse, et inversement. En effet, il est plus rationnel davoir une telle opinion que de poser que le ciel tout entier se transforme, en raison des transformations particuli่res qui existent autour de la terre. Et puisque la position pr้c้dente, contre laquelle il sest exprim้, appara๎t rationnelle de fa็on superficielle, il ajoute quil a consacr้ เ ce sujet plus de temps quil nen m้ritait. |
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Caput 5 |
Chapitre 5 [Hypoth่ses sur lorigine du sel de la mer] |
[80227] Super
Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 1 Postquam philosophus determinavit de natura maris et
eius generatione, nunc determinat de eius salsedine. Et primo inquirit de ea secundum opiniones
aliorum; secundo ponit suam opinionem, ibi: nos autem dicamus et
cetera. Circa primum, prosequitur de salsedine maris
secundum tres opiniones philosophorum naturalium, in principio huius
tractatus de mari positas. |
164. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la nature de la mer et sa g้n้ration, il la d้termine maintenant sur sa salure. Et, premi่rement, il se livre เ une enqu๊te sur cette question en suivant les opinions des autres ; deuxi่mement, il expose sa propre opinion, lเ : parlons, quant เ nous, etc. Concernant le premier point, il sattache เ pr้senter la salure de la mer suivant trois opinions de philosophes de la nature, plac้es au d้but de ce trait้ sur la mer. |
[80228] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 2 Dicit ergo primo quod illi
qui dixerunt quod mare semel generatum est, vel qualitercumque posuerunt ipsius
generationem, non possunt assignare causam salsedinis. Dicunt enim isti quod a principio aqua
circumdabat totam terram, et sol elevavit magnam partem aquae, ex quo
contingit quod magna pars terrae remansit discooperta ab aquis; et illud quod
fuit residuum et nondum desiccatum a sole, factum est mare. Si ergo in multitudine aquae maris, quae
secundum naturam suam deberet esse dulcis, facta est causa salsedinis propter
admixtionem alicuius terrae ad aquam quae remansit, quae potuit dulce
convertere in tantam salsedinem; cum, redeunte per pluvias aqua quae
evaporavit, necesse sit quod aequalis multitudo aquae conservetur supra
terram, ut supra dictum est; necesse est quod etiam primo, antequam sol
incoeperit desiccare, mare esset salsum; vel, si prius non fuit salsum, neque
posterius salsum erit, ex quo tota aqua quae elevata est, redit. Et sic non
potest dici quod terra admixta facit aquam existentem nunc minoris
quantitatis salsam, quod non poterat facere salsam totam, cum sit aequalis
quantitatis nunc et prius. Si autem etiam a principio mare erat salsum,
remanebit assignare causam salsedinis. Et etiam dicendum est quare, si a
principio non ferebatur sursum aqua per evaporationem, nunc hoc accidit. |
165. Il dit donc premi่rement que ceux qui disaient que la mer a ้t้ engendr้e une fois ou de quelque mani่re que ce soit ne peuvent attribuer une cause เ la salure. En effet, ils affirment quau d้but leau entourait toute la terre, que le Soleil a fait s้lever une grande partie de leau, do๙ il arrive quune grande partie de la terre est rest้e d้couverte par les eaux, et que la partie r้siduelle et non encore ass้ch้e par le Soleil est devenue la mer. Donc si, dans la grande quantit้ deau de mer, qui devait ๊tre douce selon sa nature, la cause de la salure ้tait un ajout de terre เ leau qui est rest้e, laquelle ้tait capable de transformer leau douce en une aussi grande quantit้ deau sal้e, comme il est n้cessaire que, leau ้vapor้e revenant sous forme de pluies, une quantit้ ้gale deau soit conserv้e sur terre, comme on la dit ci-dessus, il est n้cessaire quau d้but aussi, avant que le Soleil ne commence เ lass้cher, la mer soit sal้e ; ou bien si elle n้tait pas sal้e auparavant, elle ne le sera pas ensuite, du fait que toute leau qui sest ้lev้e revient. Et ainsi on ne peut dire que le m้lange de terre rende sal้e une eau qui est maintenant en plus petite quantit้, alors quil ne pouvait pas la rendre sal้e tout enti่re, comme sa quantit้ est ้gale maintenant et auparavant. Si la mer est ้galement sal้e d่s le d้but, il restera เ attribuer une cause เ la salure. Et il faut aussi dire pourquoi, si leau nest pas entra๎n้e en haut d่s le d้but par ้vaporation, ce ph้nom่ne se produit maintenant. |
[80229]
Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 3 Deinde cum dicit: at vero et quicumque terram
etc., prosequitur secundam opinionem. Et dicit quod illi etiam qui dixerunt
admixtionem terrae esse causam salsedinis maris, non sufficienter ostendunt
quare mare est salsum. Dicunt enim quod terra habet multos sapores secundum
diversas sui partes; ita quod terra quam flumina deferunt ad mare, admiscetur
mari, et facit ipsum salsum. Sed hoc inconveniens videtur, quod mare sic
fiat salsum per admixtionem terrae, et fluvii non sint salsi, qui sunt
minoris quantitatis. Si ergo magna multitudo aquae maris permutatur ad
salsedinem ex admixtione terrae, multo magis immutaretur aqua uniuscuiusque
fluvii. Manifestum est enim quod mare est
congregatio omnium fluvialium aquarum: in nullo enim differt aqua maris ab
aquis fluminum, nisi per salsedinem aquae; quae non accidit in aquis
fluminum, sed solum in loco in quo omnia flumina congregantur. Et hoc non
videtur possibile, si sola admixtio terrae a fluminibus delatae, salsedinem
causaret. |
166. Ensuite, quand il dit : Quant เ tous ceux qui, etc., il d้veloppe la deuxi่me opinion. Et il dit que ceux qui affirment que le m้lange de terre ้tait la cause de la salure de la mer ne montrent pas suffisamment pourquoi la mer est sal้e. Car ils disent que la terre a de nombreuses saveurs dans ses diff้rentes parties, si bien que la terre que les fleuves emporte vers la mer se m๊le เ la mer et la rend sal้e. Mais il ne semble pas convenir de dire que la mer devient sal้e เ cause dun m้lange avec la terre et que les fleuves ne sont pas sal้s, eux qui ont une quantit้ moindre. Donc si une grande quantit้ deau de mer ้volue vers la salure en raison dun m้lange de terre, ce sera dautant plus le cas pour leau de chaque fleuve. En effet, il est manifeste que la mer rassemble toutes les eaux des fleuves : car il nest nulle diff้rence entre leau de mer et celle des fleuves, si ce nest la salure de leau ; cette derni่re ne se produit pas dans les eaux des fleuves, mais seulement lเ o๙ les fleuves se rassemblent. Et cela ne semble pas possible si le seul m้lange de la terre emport้e par les fleuves cause la salure. |
[80230] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 4 Tertio ibi: similiter
autem derisibile etc., improbat tertiam opinionem tribus rationibus.
Quarum prima est sumpta ex hoc quod immanifeste causam salsedinis assignavit.
Et dicit quod derisibile est,
si quis putet aliquid planum dixisse, dicens mare esse sudorem terrae, et ob
hoc esse salsum, sicut Empedocles dixit. Forte enim sufficienter dixit, si
intendit metaphorice dicere, secundum modum poeticum: dicere enim aliquid per
metaphoras pertinet ad poetas, et probabile est quod Empedocles, qui metrice
scripsit, ut dicitur, multa metaphorice protulerit. Sed tamen sic aliquid
dicere non sufficit ad cognoscendam naturam rei: quia res naturalis per
similitudinem quae assumitur in metaphora, non est manifesta. Quomodo enim, cum
illud quod homo potat, sit dulce, sudor exinde generatus fiet salsus? Non enim fit
manifestum per metaphoram: utrum scilicet sudor remaneat salsus per
separationem alicuius quod erat dulcissimum in poculo; aut efficiatur salsus
per commixtionem alicuius, sicut accidit in aquis quae colantur per cinerem,
quia per admixtionem cineris efficiuntur salsae vel amarae. Et eadem causa videtur esse de sapore
urinae, quae est superfluitas collecta in vesica: quia huiusmodi superfluum
fit amarum et salsum, cum humidum potatum sit dulce. Si igitur ita est, quod aqua colata per
calcem fit amara; et similiter etiam cum urina defertur aliqua res
talis virtutis, quod possit ipsam salsam facere (nam in vasis in quibus residens
conservatur urina, subsidere invenitur quaedam limositas salsa); et
similiter est in sudore, quod adhaeret ei aliquid simile, cum sudor
resolvitur a carnibus, quod facit ipsum salsum, tanquam si hoc humidum, quod
exit a corpore per sudorem, abluat a carnibus illam superfluitatem quae facit
sudorem salsum: si inquam ita est in istis tribus rebus, et metaphora de
sudore est bene accepta, manifestum est quod etiam in mari erit causa
salsedinis aliquid terrestre admixtum aquis. Quid autem sit quod facit
salsedinem in corpore animalis, in sudore et urina, cognoscitur: quia est hypostasis
alimenti, idest illud quod subsidet residuum ab eo quod attrahitur in
usum alimenti nutriti. Et hoc quidem est causa salsedinis, quia non est
digestum. Sed quid sit illud quod hoc modo possit facere salsedinem in mari,
adhuc esset dicendum Empedocli, cum non sit manifestum. Et sic patet quod in
hoc peccavit Empedocles, quod non manifeste assignavit causam. |
167. Troisi่mement, lเ : Il est ้galement ridicule, il condamne la troisi่me opinion pour trois raisons. La premi่re dentre elles est tir้e du fait quelle attribue une cause เ la salure sans clart้. Et il dit quil est ridicule de penser avoir dit quelque chose d้vident en avan็ant que la mer est la sueur de la terre et que cest la raison pour laquelle elle est sal้e, comme Emp้docle la affirm้. Car ce dernier en a peut-๊tre suffisamment dit, sil avait lintention de parler de fa็on m้taphorique, de mani่re po้tique : en effet, dire quelque chose par m้taphore est le propre des po่tes, et il est probable quEmp้docle, qui ้crivait par m่tres, comme il est dit, sest beaucoup exprim้ par m้taphores. Mais il ne suffit pourtant pas de dire quelque chose de cette fa็on pour conna๎tre la nature de la chose : puisque la chose naturelle ne se manifeste pas par la similitude qui est pr้sente dans la m้taphore. En effet, alors que ce que boit lhomme est doux, comment se fait-il que la sueur engendr้e ensuite deviendra sal้e ? Car il ne devient pas manifeste par m้taphore si la sueur reste sal้e par s้paration avec quelque chose qui ้tait tr่s doux dans le breuvage ou si elle est rendue sal้e par un m้lange avec quelque chose, comme il arrive aux eaux qui sont filtr้es par de la cendre, puisquelles sont rendues sal้es ou am่res par ajout de cendre. Et il semble que ce soit la m๊me cause pour la saveur de lurine, qui est le superflu collect้ dans la vessie : puisque le superflu de ce genre devient amer et sal้ alors que le liquide bu est doux. Donc, si les choses sont telles que leau filtr้e par la chaux devient am่re ; et ้galement si descend avec lurine quelque chose qui puisse la rendre sal้e (car dans les vases o๙ est conserv้ un r้sidu durine, une sorte de boue sal้e se trouve subsister) ; et ้galement sil y a dans la sueur quelque chose de semblable qui y adh่re, lorsquelle se d้gage de la chair, ce qui la rend sal้e, comme si le liquide qui sort du corps par la sueur lavait la chair du r้sidu qui la rend sal้e : si, dis-je, il en est ainsi pour ces trois choses, et si la m้taphore sur la sueur est bien prise, il est manifeste que pour la mer aussi la cause de la salure sera quelque chose de terreux m้lang้ aux eaux. Or ce qui produit la salure dans les corps des animaux, dans la sueur et lurine est connu : puisque cest lhypostase de laliment, cest-เ-dire le r้sidu qui subsiste de ce qui est assimil้ en guise de nutriment. Et cest la cause de la salure, puisque non dig้r้. Mais ce qui peut produire la salure dans la mer de cette mani่re, Emp้docle devrait encore le dire, comme ce nest pas manifeste. Et ainsi il est clair quEmp้docle a p้ch้ en ceci : il na pas indiqu้ la cause de fa็on manifeste. |
[80231] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 5 Secundam rationem ponit
ibi: omnino autem quomodo possibile etc.: quia, desiccata et calefacta
tanta multitudine aquae, quanta a mari segregatur, tamen tota aqua maris
salsa remanet; pars autem quae elevatur a terra per evaporationem, est
submultiplex illius aquae quae in terra relinquitur (dicitur autem submultiplex,
quae comparatur ad aliud sicut dimidium ad duplum, vel sicut subtriplum ad
triplum, et sic de aliis). Unde non videtur quod aqua maris, cum sit maior
pars quam aqua elevata per evaporationem, ex hoc possit fieri salsa: nam
sudor et urina, quae fiunt salsa, sunt multo minora quam humiditas in corpore
remanens. |
168. Il pose la deuxi่me raison, lเ : de fa็on g้n้rale, comment est-il possible, etc. : puisque, bien quune quantit้ deau aussi grande que celle qui se s้pare de la mer se soit dess้ch้e et r้chauff้e, la totalit้ de leau de mer reste pourtant sal้e ; tandis que la partie qui sest ้lev้e de la terre par ้vaporation est le sous-multiple de leau qui est laiss้e dans la terre (on appelle sous-multiple ce qui est par rapport เ autre chose comme le demi au double, ou bien le tiers au triple et ainsi de suite). De ce fait, il ne semble pas que leau de mer, comme elle constitue une plus grande partie que leau qui sest ้lev้e par ้vaporation, puisse devenir sal้e pour cela : car la sueur et lurine, qui deviennent sal้es, sont en bien moindre quantit้ que lhumidit้ qui reste dans le corps. |
[80232]
Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 6 Tertiam rationem ponit ibi: adhuc autem propter quid
et cetera. Et dicit quod quaerendum est ab Empedocle quare nunc terra,
postquam desiccata est a sole in aliqua parte sui, sive maiori sive minori,
non sudat, ita quod sudor eius appareat amarus: si enim hoc fuit a principio,
quod terra sudaret humorem amarum, et nunc deberet fieri. Sed hoc non videtur
nunc accidere: videmus enim quod terra, cum est humida, siccari potest, et
postquam est sicca, non patitur aliquid tale, scilicet ut sudet. Neque igitur
possibile fuit quod in prima generatione mundi, terra existens humida, quia
circumdata aquis, sudaret per exsiccationem: sed magis verisimilis est opinio
illorum qui dixerunt quod mare non est sudor terrae, sed aqua relicta post
exsiccationem alicuius partis terrae: quod enim terra humida existens sudet,
videtur impossibile. Et sic ultimo concludit quod causae quae
adducuntur de salsedine maris, videntur effugere rationem. |
169. Il donne la troisi่me raison lเ : de plus, pour quelle raison, etc. Et il dit quil faut demander เ Emp้docle pourquoi la terre ne sue pas maintenant, apr่s quelle a ้t้ dess้ch้e par le Soleil dans lune de ses parties, quelle soit grande ou petite, au point que sa sueur apparaisse am่re : car si cest d่s le d้but que la terre a su้ une humeur am่re, cela doit se produire maintenant aussi. Mais cela ne semble pas arriver maintenant : car nous voyons que la terre, quand elle est humide, peut s้cher et que, une fois quelle est s่che, ne subit rien de tel, เ savoir suer. Donc il n้tait pas possible que, lors de la premi่re g้n้ration du monde, la terre qui ้tait humide, puisquentour้e par les eaux, suโt par ass่chement : mais est plus vraisemblable lopinion de ceux qui disaient que la mer nest pas la sueur de la terre, mais leau laiss้e apr่s lass่chement dune partie de la terre : car il semble impossible que la terre humide sue. Et ainsi il conclut เ la fin que les causes qui sont avanc้es sur la salure de la mer semblent mettre la raison en fuite. |
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Caput 6 |
Chapitre 6 [La cause du sel dans la mer] |
[80233] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 1 Reprobatis opinionibus de
salsedine maris, hic ponit opinionem propriam. Et circa hoc tria facit:
primo praemittit quaedam quae sunt necessaria ad propositum manifestandum;
secundo assignat causam salsedinis maris, ibi: his autem sic se habentibus
etc.; tertio manifestat quod dixerat per signa, ibi: quod autem est in
commixtione et cetera. Circa primum duo facit. Quorum primum
resumit ex praedictis, videlicet quod est duplex exhalatio, una humida et
alia sicca: et hanc putandum est esse principium horum, scilicet salsedinis
maris. Secundum est, quod movet dubitationem, de
qua oportet primo videre veritatem, antequam propositum manifestet. Et est
ista quaestio: utrum partes maris semper maneant eaedem numero; aut
permutentur secundum numerum, et maneant eaedem secundum quantitatem, sicut
accidit in aere et in aqua potabili fluminum et in igne. In his enim omnibus
partes fiunt aliae et aliae numero, sed species vel forma multitudinis harum
partium manet eadem: et hoc apparet maxime in aquis fluentibus et in fluxu
flammae, quae per successionem fumi semper innovatur, ut supra dictum est, et
tamen flamma semper manet eadem in numero. Unde probabile est non esse eandem
rationem in his omnibus: nam ad minus differentia est secundum velocitatem
permutationis; manifestum est enim quod citius permutantur partes aquae
fluentis, quam partes terrae. In omnibus tamen est generatio et corruptio
secundum partes per aliquem ordinem. |
170. Apr่s avoir rejet้ les opinions sur la salure de la mer, il pose ici la sienne propre. Et sur ce point il fait trois choses : premi่rement, il avance certains points qui sont n้cessaires pour montrer la proposition ; deuxi่mement, il donne la cause de la salure de la mer, lเ : cela ้tant, etc. ; troisi่mement, il montre ce quil avait dit par des indices, lเ : ce qui est dans le m้lange, etc. Concernant le premier point, il fait deux choses. Il tire la premi่re dentre elles de ce qui pr้c่de, เ savoir quil y a une double exhalaison, lune humide et lautre s่che : et il faut penser que cest le principe de ces ph้nom่nes, เ savoir la salure de la mer. La seconde est quil soul่ve une interrogation, เ propos de laquelle il faut dabord voir la v้rit้, avant de manifester la proposition. Voici cette question : les parties de la mer demeurent-elles toujours les m๊mes en nombre ou bien se transforment-elles selon le nombre, tout en demeurant les m๊mes en quantit้, comme il arrive pour lair, leau potable des fleuves et le feu ? En effet, pour tous ceux-ci les parties deviennent autres en nombre, mais lesp่ce ou forme de la masse de ces parties demeure la m๊me : et cest surtout visible dans les eaux courantes et le flux de la flamme, qui se renouvelle toujours dans la fum้e qui se succ่de, comme on la dit, bien que la flamme demeure toujours la m๊me en nombre. De ce fait, il est probable que ce ne soit pas la m๊me raison pour tous ces ้l้ments : car la diff้rence est au moins selon la rapidit้ de la transformation : en effet, il est manifeste que les parties de leau courante se transforment plus vite que les parties de la terre. Cependant, pour tous la g้n้ration et la corruption se font selon les parties suivant un ordre. |
[80234] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 2 Deinde cum dicit: his autem sic se habentibus
etc., assignat causam salsedinis maris. Et circa hoc
duo facit: primo ostendit in generali unde causetur sapor salsus; secundo
unde causetur salsedo in mari, ibi: propter quod et mare et cetera. Dicit ergo
primo quod, cum praemissa sic se habeant ut dictum est, oportet reddere
causam de salsedine maris. Manifestum est autem per multa signa quod sapor
salsus causatur ex admixtione alicuius. Videmus enim quod in corporibus
animalium illud quod est indigestissimum, est salsum et amarum: hoc autem
maxime est superfluitas alimenti, et maxime quae congregatur in vesica. Et
quod haec sit indigestissima, significatur per hoc quod est subtilissima
inter omnes superfluitates; omnia autem digesta videntur inspissata esse a
calore. Et sicut est de urina, ita est de sudore: similiter enim cum sudore
segregatur aliquid indigestum, quod facit talem saporem. Similiter est in
adustis: quia illud quod est residuum ab actione caloris, inquantum calor non
potest vincere, in corporibus animalium fit superfluitas, in adustis autem
fit cinis, per cuius admixtionem aqua etiam redditur salsa et amara. |
171. Ensuite, quand il dit : cela ้tant, etc., il donne la cause de la salure de la mer. Et, concernant cela, il fait deux choses : il montre premi่rement do๙ vient la cause de la saveur sal้e en g้n้ral ; deuxi่mement do๙ vient la cause de la salure marine, lเ : cest pourquoi certains, etc. Il dit donc premi่rement que, comme les pr้misses sont telles quon la dit ci-dessus, il faut rendre la cause de la salure marine. Or, il est manifeste dapr่s de nombreux indices que la saveur sal้e est caus้e par lajout de quelque chose. En effet, nous voyons que ce qui est le plus indigeste dans les corps des animaux est sal้ et amer : cest surtout le cas du r้sidu de laliment et de ce qui sassemble dans la vessie. Et ce qui indique que ce r้sidu est le plus indigeste, cest cest le plus subtil de tous les r้sidus ; or tous les r้sidus digestes semblent avoir ้t้ ้paissis par la chaleur. Et il en est de la sueur comme de lurine : en effet, quelque chose dindigeste sassemble avec la sueur et produit une telle saveur. Il en est de m๊me pour les corps br๛l้s : puisque ce qui reste apr่s laction de la chaleur, dans la mesure o๙ elle ne peut lemporter, devient un r้sidu dans les corps des animaux et dans les corps br๛l้s de la cendre, qui rend leau sal้e et am่re, quand on ly ajoute. |
[80235] Super Meteora, lib.
2 cap. 6 n. 3 Deinde cum
dicit: propter quod et mare etc., assignat specialiter causam
salsedinis maris. Et circa hoc tria facit: primo facit quod
dictum est; secundo hoc manifestat per quaedam signa, ibi: et propter hoc
Australes etc.; tertio excludit quasdam obiectiones, ibi: fit igitur
semper alterum et cetera. Dicit ergo primo, quod propter hoc quod
sapor salsus et amarus invenitur causari ex admixtione alicuius indigesti vel
adusti, quidam dixerunt quod mare erat factum ex terra adusta. Quod quidem
inconveniens est, si intelligatur secundum quod dicitur: sed si intelligatur
dictum per similitudinem, ut scilicet salsedo in mari causetur per
admixtionem alicuius quod est simile cum terra adusta, sic verum est. Sicut
enim contingit in praedictis, scilicet urina, sudore et cinere, sic oportet
intelligere et in tota terra: sicuti enim ex ignitis relinquitur aliquid quod
non potuit ignis dissolvere, ita oportet intelligere relinqui circa terram ab
actione caloris aliquid simile cineri relicto ab actione ignis. Et huius similitudinem habet exhalatio quae
fit ex arida, cuius multitudinem terra exhibet. Huiusmodi igitur exhalatio
sicca cum admiscetur vaporosae exhalationi, quae condensatur in nubes et
pluviam, necesse est quod semper in illa exhalatione humida contineatur
aliquid virtutis huius, scilicet exhalationis siccae; et sic simul utrumque
commixtum fertur deorsum, aqua pluente. Hoc autem fit secundum quendam
ordinem semper, ut scilicet exhalationes commixtae eleventur, et iterum
cadant per pluviam. Dico autem hoc secundum ordinem fieri, secundum quod ea
quae hic inferius fiunt, possunt participare ordinem: non enim sic pure
participant ordinem ut sint semper eodem modo, sicut est de corporibus
caelestibus, sed accidunt ut frequenter. Et sic concludit quod dictum est
unde fiat generatio salsi in aqua maris. |
172. Ensuite, quand il dit : cest pourquoi certains, etc., il donne la cause de la salure de la mer en particuli่re. Et, concernant cela, il fait trois choses : premi่rement, il fait ce quil a dit ; deuxi่mement, il montre cela par certains indices, lเ : et cela explique pourquoi les ond้es du sud, etc. ; troisi่mement, il rejette certaines objections, lเ : ce ph้nom่ne est donc toujours autre, etc. Il dit donc premi่rement que, ้tant donn้ que la saveur sal้e et am่re se trouve caus้e par lajout de quelque chose dindigeste ou de br๛l้, certains ont affirm้ que la mer a ้t้ faite เ partir de terre br๛l้e. Cette affirmation ne convient certes pas, si on la comprend au sens propre : mais si on la comprend par analogie, เ savoir que la salure de la mer est caus้e par lajout de quelque chose qui est semblable เ de la terre br๛l้e, elle devient vraie. En effet, il faut comprendre quil en est de toute la terre comme de ce dont on a parl้ ci-dessus, lurine, la sueur et la cendre : car, de m๊me que des corps br๛l้s il reste quelque chose que le feu ne peut d้sagr้ger, de m๊me il faut comprendre quil reste, pour la terre, sous laction de la chaleur, quelque chose de semblable เ la cendre sous laction du feu. Et lexhalaison qui se forme sous leffet de la s้cheresse a une ressemblance avec ce dont la terre cause une grande masse. Donc comme une exhalaison s่che de ce genre est m้lang้e เ lexhalaison vaporeuse qui se condense en nuages et en pluie, il est n้cessaire que soit toujours contenu dans lexhalaison humide quelque chose de cette vertu, เ savoir de lexhalaison s่che ; et ainsi les deux choses m้lang้es sont emport้es en bas en m๊me temps, avec leau de la pluie. Ce ph้nom่ne se produit toujours selon un certain ordre, เ savoir que les exhalaisons m้lang้es s้l่vent et retombent sous forme de pluie. Or je dis quil se produit selon un ordre dans la mesure o๙ ce qui se produit ici-bas peut participer เ un ordre : en effet, ces ph้nom่nes ne participent pas purement เ un ordre au point d๊tre toujours de la m๊me mani่re, comme cest le cas des corps c้lestes, mais ils arrivent fr้quemment. Et ainsi il conclut que lon a dit do๙ provient la g้n้ration du sal้ dans leau de mer. |
[80236]
Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 4 Deinde cum dicit: et propter hoc Australes etc.,
manifestat quae dixerat per quaedam signa. Et dicit quod propter hoc quod
exhalatio sicca admiscetur evaporationi humidae, aquae Australes et aquae
quae primo cadunt in autumno, sunt latiores, idest graviores et magis
ad salsedinem tendentes. Et primo manifestat hoc de aquis Australibus,
idest quae cadunt Austro flante. Auster enim et flatu et magnitudine est
valde calidus: flat enim a locis calidis et siccis, in quibus est parum de
vapore humido, et ideo est calidus. Sed quia posset aliquis dicere quod flat
a locis frigidis, scilicet a polo Antarctico, quem oportet esse frigidum
propter distantiam a sole, ideo subiungit quod, etsi hoc dicatur quod non
flat a locis calidis sed a frigidis, tamen oportet quod transeat ad nos per
loca calida et sicca, ex locis propinquis; et ideo est calidus. Sed Boreas,
qui venit ad nos immediate ex locis frigidis, congregat multos vapores
humidos et frigidos; et propter hoc est frigidus. Sed tamen nobis est
serenus, quia impellit huiusmodi vapores ad partem oppositam: sed in locis et
regionibus meridionalibus est aquosus, quia illuc impellit vapores. Et e
converso Auster est serenus illis qui habitant in meridionalibus, scilicet
circa Lybiam, cum nobis sit pluviosus. Sic igitur quia Auster colligit multum
de exhalatione sicca, talis ventus confert multum ad hoc quod descendat aqua
salsa. Et sic patet ratio unius eorum quae dicta sunt, scilicet quare aquae
Australes sunt latiores. Sed quia hoc etiam dixerat de primis aquis
autumnalibus, assignat etiam huius causam: quia scilicet necesse est quod ea
quae sunt gravissima in vaporibus elevatis, prius deorsum ferantur;
gravissima autem sunt in quibus est plurimum de terrestri; et ideo aquae
primo cadentes in autumno post aestatem, sunt latiores, valde plurimum de
terrestri habentes. Aliud etiam signum assignat praedictae
rationi assignatae de salsedinis causa: quia scilicet propter hoc mare est
calidum, et regiones propinquae mari sunt calidiores, propter abundantiam
scilicet praedictae exhalationis mixtae aquae maris. Quaecumque enim fuerint
ignita, etiam post extinctionem videntur habere virtutem caloris in seipsis,
ut patet in cinere et calce et superfluitate animalium habentium calidos
ventres. Et huius ratio est, quia in huiusmodi manet virtus caloris
alterantis cum exhalatione sicca. Unde, cum exhalationem siccam resolutam a
terra desiccata, dixerit esse causam salsedinis maris, consequens est ut
etiam in mari caliditas ex hoc abundet. |
173. Ensuite, quand il dit : et cela explique pourquoi les ond้es du sud, etc., il montre ce quil avait dit par certains indices. Et il dit que, puisque lexhalaison s่che sajoute เ l้vaporation humide, les eaux australes et celles qui tombent premi่rement en automne sont plus larges, cest-เ-dire plus lourdes et tendent davantage vers la salure. Et il montre premi่rement ce ph้nom่ne เ propos des eaux australes, cest-เ-dire de celles qui tombent quand lauster souffle. En effet, lauster est fort chaud เ la fois par son souffle et son ampleur : car il souffle เ partir de r้gions chaudes et s่ches dans lesquelles il y a peu de vapeur humide, et cest pourquoi il est chaud. Mais puisque quelquun pourrait dire quil souffle เ partir de lieux froids, เ savoir le p๔le antarctique, qui doit ๊tre froid en raison de sa distance par rapport au Soleil, il ajoute que, m๊me si on disait quil ne souffle pas เ partir de lieux chauds, mais froids, il faut pourtant quil traverse des endroits chauds et secs pour venir jusquเ nous, dans les lieux voisins ; et pour cette raison il est chaud. Mais le bor้e, qui vient imm้diatement เ nous en partant de lieux froids, assemble de nombreuses vapeurs humides et froides ; et cest la raison pour laquelle il est froid. Mais il am่ne pourtant le beau temps chez nous puisquil repousse les vapeurs de ce genre dans la partie oppos้e : mais un temps humide dans les r้gions m้ridionales aussi puisquil y repousse les vapeurs. Et, inversement, lauster apporte le beau temps เ ceux qui habitent les r้gions du sud, เ savoir les environs de la Libye, alors quil nous donne de la pluie. Ainsi donc, puisque lauster recueille beaucoup dexhalaison s่che, un tel vent contribue beaucoup เ ce que de leau sal้e descende. Et la raison dun des propos tenus, เ savoir pourquoi les eaux australes sont larges, devient ้vidente. Mais puisquil avait ้galement dit cela des premi่res ond้es dautomne, il en donne aussi la raison : cest quil est n้cessaire que ce qui est le plus lourd dans les vapeurs qui se sont ้lev้es soit entra๎n้ en premier vers le bas ; or le plus lourd est ce qui contient la plus grande quantit้ de terre ; et cela explique que les eaux qui tombent en automne sont plus larges apr่s l้t้, car elles ont une fort grande quantit้ de terre. Il donne aussi un autre indice เ la raison avanc้e pour la cause de la salure : cest que la mer est chaude et que les r้gions proches de la mer sont plus chaudes en raison de labondance de lexhalaison mentionn้e m๊l้e เ leau de mer. En effet, tout ce qui a ้t้ br๛l้ semble avoir la vertu du feu en soi, m๊me apr่s son extinction, comme on le voit pour la cendre, la chaux et les excr้tions des animaux qui ont un ventre chaud. Et cest la raison pour laquelle la vertu de la chaleur qui alt่re avec lexhalaison s่che demeure dans les corps de ce genre. De ce fait, comme il a dit que lexhalaison s่che qui sest d้gag้e de la terre dess้ch้e est la cause de la salure de la mer, il sensuit que la chaleur est importante dans la mer ้galement. |
[80237]
Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 5 Deinde cum dicit: fit igitur semper alterum etc.,
excludit quasdam dubitationes circa praedicta. Et circa hoc duo facit: primo excludit
dubitationes; secundo concludit ex praemissis causam salsedinis maris, ibi: nunc
autem tantum et cetera. Prima dividitur in duas, secundum duas
dubitationes quas solvit. Est autem prima dubitatio: cum aqua maris
non continue maneat eadem numero secundum partes, sed evaporet et iterum
cadat, non videtur esse causa salsedinis maris exhalatio sicca admixta, sed
magis evaporatio ab aqua salsa. Et ad hanc dubitationem tollendam, dicit
quod aqua maris semper fit altera et altera secundum partes, et quaelibet
pars habet in sui generatione praedictam causam salsedinis, idest admixtionem
terrestris exhalationis. Verum est etiam quod semper aliqua pars aquae salsae
elevatur per evaporationem cum dulci: sed cum citius evaporet subtile quam
grossum, et dulce est subtilius quam salsum, oportet quod minus de salso
elevetur quam de dulci; sed per admixtionem exhalationis siccae, illud dulce
accrescit iterum in salsedinem; et sic mare semper conservatur aequale et in
quantitate et in salsedine. Et hoc ut ad totum, idest per
comparationem ad totum mare, conservatur aequale vel quasi aequale: non enim
semper punctalis conservatur praedicta quantitas. |
174. Ensuite, quand il dit : elle devient donc de plus en plus diff้rente, etc., il rejette certaines interrogations concernant les propos mentionn้s. Et, เ propos de cela, il fait deux choses : premi่rement, il rejette les interrogations : deuxi่mement, il conclut, เ partir de ce qui a d้jเ ้t้ avanc้, la cause de la salure de la mer, lเ : nous disons seulement maintenant, etc. La premi่re se divise en deux, selon les deux doutes quil r้sout. Voici le premier : comme leau de mer ne demeure pas continuellement la m๊me en nombre selon ses parties, mais quelle s้vapore et retombe, la cause de la salure de la mer ne semble pas ๊tre lexhalaison s่che m้lang้e, mais plut๔t l้vaporation เ partir de leau sal้e. Et, pour ๔ter ce doute, il dit que leau de mer devient toujours diff้rente selon ses parties, et que nimporte laquelle de ses parties contient dans sa g้n้ration la cause mentionn้e de salure, cest-เ-dire le m้lange avec lexhalaison terrestre. Il est ้galement vrai quune partie de leau sal้e s้l่ve toujours en s้vaporant avec leau douce : mais comme ce qui est subtil s้vapore plus vite que ce qui est gros et que le doux est plus subtil que le sal้, il faut que s้l่ve une partie sal้e moins importante que la partie douce : mais en raison dun m้lange avec lexhalaison sal้e leau douce cro๎t de nouveau en sal้ ; et ainsi la mer conserve toujours une quantit้ et une salure ้gales. Et cela au total, cest-เ-dire en comparaison avec la mer tout enti่re, se conserve ้gal ou quasi ้gal : en effet, la quantit้ mentionn้e ne se conserve pas toujours au point pr่s. |
[80238]
Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 6 Secundam dubitationem solvit ibi: quod autem fit
vaporans et cetera. Et est haec dubitatio: cum aqua maris sit salsa, unde
contingit quod e vaporibus resolutis ab aqua maris generatur aqua dulcis? Et ad hoc solvendum dicit: iterum dicendum
est quod illud quod evaporat in mari, quando condensatur, fit aqua potabilis
et dulcis; et ideo non convertitur in mare, idest in aquam salsam, sed
in aquam simpliciter. Et hoc idem patiuntur alia; sicut vinum et omnes
humores, cum condensantur, convertuntur in aquam simpliciter; cum enim
evaporant, vapores illi condensati convertuntur in aquam. Et huius ratio est,
quia principium omnium humorum est aqua; resolvuntur autem omnia in sua
principia. Omnia autem alia humida generantur ex aqua per aliquam passionem
vel alterationem; quae passiones variantur propter admixtionem, et fit sapor
eius secundum conditionem eius quod miscetur. Et propter hoc in generatione
variatur aqua, et fit salsa. Sed quia unumquodque resolvitur in suum
principium simpliciter, ut dictum est, consequens est ut tam ex aqua maris
salsa, quam ex omnibus humoribus, cuiuscumque sint vaporis, per evaporationem
generetur aqua simpliciter. |
175. Il dissipe le deuxi่me doute, lเ : nous pourrions affirmer, etc. Et voici ce doute : ้tant donn้ que leau de mer est sal้e, do๙ vient que leau douce soit engendr้e par de leau de mer เ partir de vapeurs d้sagr้g้es ? Et, pour dissiper ce doute, il d้clare : il faut dire que ce qui s้vapore dans la mer, quand cela se condense, devient de leau potable et douce : et, pour cette raison, cela ne se change pas en mer, cest-เ-dire en eau sal้e, mais en eau simplement. Et dautres choses subissent cette m๊me modification, comme le vin et dautres liquides : lorsquils se condensent, ils se changent en eau simplement ; en effet, lorsquils s้vaporent, ces vapeurs, apr่s condensation, se changent en eau. Et la raison en est que le principe de ces liquides est leau ; toutes les choses se r้solvent en leur principe. Toutes les autres choses humides sont engendr้es เ partir de leau เ la suite dune affection ou dune alt้ration ; ces affections varient en raison du m้lange et la saveur na๎t de la condition de ce qui est m้lang้. Et cest pourquoi leau varie เ sa g้n้ration et devient sal้e. Mais puisque chaque chose se r้sout en son principe, comme on la dit, il sensuit que de leau simplement est engendr้e aussi bien เ partir de leau sal้e de la mer que des autres liquides, quelle que soit leur vapeur. |
[80239]
Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 7 Deinde cum dicit: nunc autem tantum etc., ex
omnibus praemissis colligit causam de salsedine maris. Et dicit quod nunc
dicendum est quod semper aliqua pars aquae maris sursum ducitur per
evaporationem, et fit potabilis quando condensatur: et iterum cum aqua
desursum pluente descendit aliquid terrestre, quod non fuit sursum ductum ex
aqua maris, sed ex arida. Et hoc terrestre, propter pondus, subsidet potabili
et dulci; ut sic quod est subtilius, magis evaporet. Et ideo, propter
continuam generationem et corruptionem, non deficit mare, sicut nec fluvii;
nisi forte hoc accidat in aliquibus locis, tam in mari quam in fluviis,
secundum aliquas determinatas periodos, ut supra dictum est. Nec tamen semper
eaedem partes remanent aut maris aut terrae, sed solum tota moles utriusque.
Sic enim oportet existimare de terra, sicut de mari, quod una pars sursum elevatur
per exhalationem, et alia descendit; et quod etiam illa quae supernatant et
quae descendunt, transmutant loca, ut sic quaelibet pars utriusque corrumpi
et generari possit. Considerandum est autem quod supra
Aristoteles, causam salsedinis maris assignans, ubi tractavit de loco
naturali aquae, dixit quod salsedo maris causatur per evaporationem eius quod
est subtile et dulce. Haec autem causa nulla esset, si in aqua maris nihil
alienum admisceretur: quia oporteret hoc etiam quod remanet, esse dulce et potabile,
secundum simplicis aquae naturam. Et ideo, ad ostendendum quomodo aqua maris
sit salsa, ostendit quod sit aliquid extraneum admixtum, quod subsidens post
elevationem dulcis potabilis, reddit aquam maris salsam: et propter hoc dicit
terrestre adustum esse admixtum vaporibus ex quibus generatur aqua. Unde, cum
quaelibet pars maris sic generetur, relinquitur quod singulis partibus maris
sit huiusmodi terrestre admixtum, quod secundum plurimum subsidet dulci et
subtili, in maiori parte elevato. Et quia ex eo quod evaporat generatur aqua
dulcis, omnis autem aqua fontium et fluviorum ex eo quod evaporat generatur,
vel supra terram vel infra terram, consequens est ut aqua fontium et
fluviorum sit dulcis, utpote propinqua principio generationis; aqua autem
maris sit salsa, utpote residuum existens vaporum elevatorum a sole, et
ultimus terminus in quem aquae generatae colliguntur. |
176. Ensuite, quand il dit : nous disons seulement maintenant, il rassemble la cause de la salure de la mer เ partir des pr้misses. Et il d้clare quil faut maintenant dire quune partie de leau de mer est toujours entra๎n้e vers le haut par ้vaporation, et devient potable quand elle se condense, et quavec leau de pluie redescend quelque chose de terreux qui na pas ้t้ entra๎n้ vers le haut เ partir de leau de mer, mais เ partir de lexhalaison s่che. Et cette partie terreuse, en raison de son poids, se place sous leau potable et douce, comme ce qui est plus subtil s้vapore davantage. Et cest la raison pour laquelle la mer ne dispara๎t pas, en raison dune g้n้ration et dune corruption continues, tout comme les fleuves, เ moins que cela narrive par hasard เ quelques endroits, tant dans la mer que dans les fleuves, เ des p้riodes d้termin้es, comme on la dit ci-dessus. Et les parties soit de mer, soit de terre ne restent pas toujours les m๊mes, contrairement เ la masse totale de chacune des deux. En effet, il faut penser, เ propos de la terre comme de la mer, quune partie s้l่ve vers le haut par exhalaison et quune autre descend, et que les lieux changent, tant ceux qui viennent เ la surface que ceux qui descendent, comme nimporte quelle partie dentre eux peut ๊tre corrompue et engendr้e. Or il faut consid้rer quAristote, donnant ci-dessus la cause de la salure de la mer, lเ o๙ il traitait du lieu naturel de leau, disait que la salure de la mer est caus้e par l้vaporation de ce qui est subtil et doux. Cette cause serait nulle, si rien dautre n้tait m้lang้ เ leau de mer, puisquil faudrait que ce qui reste soit aussi doux et potable, selon la nature de leau simple. Et cest pourquoi, pour montrer comment il se fait que leau de mer soit sal้e, il montre quil y a quelque chose d้tranger qui y est m้lang้ et qui, se pla็ant sous l้l้vation de leau douce, rend la mer sal้e ; et cela explique quil dise quune substance br๛l้e et terreuse est m้lang้e aux vapeurs เ partir desquelles leau est engendr้e. De ce fait, comme nimporte quelle partie de la mer est engendr้e ainsi, il reste quเ chaque partie de la mer est m้lang้e une substance terreuse de ce genre, qui se place sous leau douce et subtile, en grande partie ้lev้e. Et puisque leau douce est engendr้e เ partir de ce qui s้vapore, et que toute leau des sources et des fleuves est engendr้e เ partir de cela, soit sur la terre, soit au-dessous, il sensuit que leau des sources et des fleuves est douce, en tant que proche du principe de la g้n้ration, mais que leau de mer est sal้e, en tant que r้sidu des vapeurs qui sont ้lev้es par le Soleil, et en tant que fin ultime o๙ les eaux engendr้es se rassemblent. |
[80240]
Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 8 Deinde cum dicit: quod autem est in commixtione etc.,
manifestat quod ex commixtione terrestris causatur salsus sapor. Et ponit
multa signa. Quorum primum est de vase cereo, quod si
claudatur et ponatur in aqua, quod resudat interius efficitur dulce, tanquam
depurato terrestri per ceram. Aliud signum est, quod aqua maris plus
ponderat quam dulcis. Tertium signum est, quod aqua maris est
grossior quam aqua fluviorum, ita quod naves oneratae plus profundantur in
aquis fluviorum quam maris. Quartum signum est, quod ova, si sint plena,
supernatant in aqua quae fit salsa per admixtionem salis, et etiam
supernatant in mari. Unde et mare videtur sicut lutum, propter grossitiem. Et
hoc faciunt salientes, ut accipiant signum si sal sit bene mixtum aqua, ex
hoc quod ova supernatant. Igitur et aqua maris est grossa per admixtionem
alicuius terrestris ingrossantis. Quintum signum est, quod in stagno
Palestinae, quod est salsum vel amarum, si quis immerserit hominem vel
asinum, non submergitur; et vestimenta ibi perfusa foedantur. Sextum autem signum est de quodam fonte
aquae latae, idest salsae, in provincia Chaoniae, qui effluit in
quendam fluvium dulcem, sed non habentem pisces; in quo quidem fluvio,
propter admixtionem fontis, inventi sunt aliquando sales pro piscibus; cuius
quidem aqua vertitur per decoctionem in sales, evaporante calido et humido.
Huiusmodi autem sales non sunt spissi, sed subtiles sicut nix; et sunt
debiliores aliis, et isti in cibariis magis delectant. Septimum autem signum est, quod in quodam
loco calami et scirpi comburuntur, et eorum cinis, dum in aqua decoquitur,
post infrigidationem efficitur sal, secundum terrestris combusti mixtionem,
quam dixerat esse causam salsedinis. Unde oportet quod
tam in aqua horum cinerum quam in aqua maris, combustio sit quae causet
salsedinem. Et hinc est quod
universaliter quaecumque aqua fluens fontium vel fluviorum est salsa,
aliquando fuit calida, utpote ex terra ignita procedens: sed postea ignis
extinguitur infra terram, et terra quae ex combustione fit sulphurea vel
aliquid huiusmodi, remanet adhuc combusta ad modum calcis vel cineris: unde
aqua transiens per eam fit salsa. Et non solum fit salsa, et salsedinem
recipit aqua ex terra per quam transit, sed etiam alios sapores, ut
manifestat per quaedam exempla: et littera plana est. Ultimo autem recapitulat ea quae dicta sunt:
et hoc etiam est planum in littera. |
177. Ensuite, quand il dit : il est clair que cela se produit, il montre que la saveur sal้e est caus้e par un m้lange avec une substance terreuse. Et il pose de nombreux indices. Le premier dentre eux concerne le vase de cire : sil est ferm้ et plac้ dans leau, ce qui suinte se fait doux, comme si la substance terrestre ้tait nettoy้e par la cire. Un autre indice est que leau de mer est plus lourde que leau douce. Le troisi่me indice est que leau de mer est plus ้paisse que celle des fleuves, เ tel point que les bateaux charg้s senfoncent plus dans les eaux des fleuves que dans la mer. Le quatri่me indice est que les ufs, sils sont pleins, surnagent dans leau sal้e par ajout de sel, et surnagent aussi dans la mer. De ce fait, la mer ressemble aussi เ la boue, en raison de son ้paisseur. Et on fait cela pour recevoir la preuve que les ufs surnagent เ la condition davoir bien m้lang้ du sel เ leau. Par cons้quent leau de mer est ้paisse เ cause de lajout dune substance terrestre qui l้paissit. Le cinqui่me indice est que, dans un lac de Palestine, qui est sal้ ou amer, si on y immerge un homme ou un โne, ils ne sont pas submerg้s ; et les v๊tements que lon y trempe sont souill้s. Le sixi่me indice concerne une source deau large, cest-เ-dire sal้e, dans la province de Chaonie, qui se jette dans un fleuve deau douce, mais sans poisson ; dans ce fleuve, en raison de lajout de la source, on a parfois trouv้ du sel au lieu de poisson ; son eau se change en sel quand on la fait bouillir, une fois que ce qui est chaud et liquide sest ้vapor้. Le sel de ce genre nest pas compact, mais subtil comme la neige ; son go๛t est moins fort que les autres et il est davantage appr้ci้ pour la cuisine. Le septi่me indice est que dans un certain endroit les roseaux et les joncs sont enti่rement br๛l้s et leur cendre, pendant quelle est cuite dans de leau, se transforme en sel apr่s refroidissement, suivant lajout dune substance terreuse br๛l้e, qui est la cause de la salure, comme on lavait dit. Et de lเ vient que, de fa็on universelle, toute leau de sources ou de fleuves qui est sal้e a ้t้ un jour chaude, parce quelle provient dune terre br๛l้e : mais par la suite le feu s้teint sous la terre, et la terre qui devient sulfureuse ou quelque chose dautre apr่s combustion demeure encore enti่rement br๛l้e เ la mani่re de la chaux ou de la cendre : de ce fait, leau qui passe เ travers elle devient sal้e. Et non seulement elle devient sal้e et re็oit la salure de la terre par laquelle elle passe, mais elle re็oit aussi dautres saveurs, comme il le montre par certains exemples ; et le texte est clair. ภ la fin il r้capitule ce qui a ้t้ dit : et cest tout aussi clair dans le texte. |
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Caput 7 |
Chapitre 7 [La cause et les effets des vents] |
[80241]
Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 1 Postquam philosophus determinavit de mari, cuius
salsedo causatur ex admixtione exhalationis siccae terrestris, consequenter
determinat de ventis, qui ab eadem exhalatione sicca causantur. Et dividitur in partes duas: in prima
determinat de ipsis ventis; in secunda de quibusdam passionibus ex ventis
causatis, ibi: de agitatione autem et motu et cetera. Prima iterum dividitur in duas: in prima
determinat de ventis in communi; in secunda de speciebus ventorum, ibi: de
positione et cetera. Prima dividitur in tres partes: in prima
determinat de generatione ventorum; in secunda de motu locali eorum, ibi: latio
autem ipsorum etc.; in tertia de augmento et quietatione ipsorum, ibi: sol
autem et cessare et cetera. Circa primum tria facit: primo praemittit
principia generationis ventorum; secundo ponit modum generationis eorum, ibi:
exhalatione autem sicut etc.; tertio manifestat quod dictum est, ibi: hoc
autem quod isto modo et cetera. |
178. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la mer, dont la salure est caus้e par lajout de lexhalaison s่che terreuse, il traite cons้quemment des vents, qui sont caus้s par la m๊me exhalaison s่che. Et cela se divise en deux parties : dans la premi่re il traite des vents eux-m๊mes ; dans la seconde, de certains accidents caus้s par eux, lเ : de lagitation et du mouvement, etc. La premi่re se divise de nouveau en deux : dans la premi่re il d้termine la v้rit้ sur les vents en g้n้ral ; dans la seconde sur les esp่ces des vents, lเ : sur la position, etc. La premi่re se divise en trois parties : dans la premi่re il d้termine la v้rit้ sur la g้n้ration des vents ; dans la deuxi่me sur leur mouvement local, lเ : leur translation, etc. ; dans la troisi่me sur leur augmentation et leur repos, lเ : or le Soleil, etc. Concernant le premier point il fait trois choses : premi่rement il avance les principes de la g้n้ration des vents ; deuxi่mement il pose le mode de leur g้n้ration, lเ : par lexhalaison comme, etc. ; troisi่mement il montre ce qui a ้t้ dit, lเ : ce qui est de cette mani่re, etc. |
[80242] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 2 Circa primum duo facit. Primo assignat principium
materiale ventorum. Et dicit quod, cum dicendum est de spiritibus,
idest de ventis, oportet resumere hoc principium, quod iam prius dictum est,
scilicet quod sunt duae species exhalationis: una quidem humida, quae vocatur
vapor; alia autem sicca, quae, quia non habet nomen commune, a quadam sui
parte vocetur fumus; nam fumus proprie dicitur exhalatio sicca
lignorum ignitorum. Duae autem hae exhalationes non sic discretae sunt
ad invicem, quod humidum sit sine sicco, et siccum sine humido: sed ab eo
quod excedit, utraque denominatur. |
179. Concernant le premier point il fait deux choses. Premi่rement il donne le principe mat้riel des vents. Et il dit que, lorsque l'on doit parler des souffles, c'est-เ-dire des vents, il faut partir du principe qui a d้jเ ้t้ dit auparavant, เ savoir qu'il y a deux esp่ces dexhalaison : l'une humide, qui est appel้e vapeur ; l'autre s่che qui, puisqu'elle n'a pas de nom commun, est appel้e fum้e เ partir d'une certaine de ses parties ; car la fum้e, เ proprement parler, d้signe lexhalaison s่che des bois br๛l้s. Ces deux exhalaisons ne sont pas s้par้es l'une de l'autre, เ savoir qu'il n'y a pas dhumide sans sec, ni de sec sans humide : mais les deux sont nomm้es เ partir de ce qui est en exc่s. |
[80243]
Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 3 Secundo ibi: lato autem sole etc., ponit
principium efficiens, quod est motus solis. Et dicit quod cum sol suo motu
appropinquat ad aliquam partem terrae, sua caliditate elevat humidum: eo
autem elongato, vapor elevatus, propter frigiditatem, condensatur in aquam.
Et inde est quod in hieme magis pluit quam in aestate, et in nocte quam in
die, licet aquae nocturnae lateant propter somnum. Aqua autem pluens
dividitur per terram, et bibitur ab ea. In terra autem est multum de calore,
ex actione solis et aliorum corporum caelestium; et sol desuper eam
calefaciens, non solum attrahit per evaporationem humidum quod supernatat
terrae, ut puta aquam maris, fluviorum et stagnorum, sed etiam ipsam terram
desiccat, attrahens humorem imbibitum in terra. Quod ergo exhalat ab humido
supernatante, dicitur vapor: quod autem exhalat per desiccationem terrae,
dicitur fumus; sicut in simili dicitur fumus, quod exhalat a lignis calefactis.
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180. Deuxi่mement lเ : comme le Soleil se meut, Il pose le principe efficient, qui est le Soleil. Et il dit que, lorsque le Soleil s'approche de son propre mouvement dune partie de la terre, il fait s'้lever l'humide par sa chaleur : mais lorsqu'il s'est ้loign้, la vapeur qui s'est ้lev้e, en raison du froid, se condense en eau. Cest la raison pour laquelle en hiver il pleut plus qu'en ้t้ et la nuit plus que le jour bien que les eaux nocturnes soient cach้es en raison du sommeil. L'eau de pluie s'infiltre dans la terre et est bue par elle. Dans la terre il y a beaucoup de chaleur sous l'action du Soleil et des autres corps c้lestes ; et le Soleil, la r้chauffant d'en haut, non seulement attire par ้vaporation lhumide qui se trouve เ la surface de la terre, comme par exemple l'eau de mer, des fleuves et des lacs, mais dess่che aussi la terre elle-m๊me, attirant le liquide bu par la terre. Donc ce qui sexhale เ partir de l'humide qui se trouve เ la surface est appel้ vapeur : ce qui sexhale par ass่chement de la terre est appel้ fum้e, comme on appelle fum้e par analogie ce qui sexhale เ partir des bois br๛l้s. |
[80244]
Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 4 Deinde cum dicit: exhalatione autem sicut etc.,
determinat generationem ventorum. Et dicit quod, cum exhalatio duplex sit, ut
dictum est, una vaporosa et alia fumosa, necesse est quod ex motu solis fiat
utraque. Ea autem quae plus habet de humido, est principium pluentis aquae,
ut supra dictum est (quod dicit propter hoc, quia supra dixerat ei admisceri aliquid
de exhalatione sicca): sicca autem exhalatio est principium ventorum. |
181. Ensuite lorsquil dit : puisque lexhalaison, comme, Il d้termine la v้rit้ sur la g้n้ration des vents. Et il dit que, comme lexhalaison est double, ainsi quon la dit, l'une vaporeuse et l'autre fumeuse, il est n้cessaire que les deux soient produites par le mouvement du Soleil. Celle qui a le plus d'humidit้ est le principe de l'eau de pluie, comme on l'a dit ci-dessus (il dit cela parce quil avait dit ci-dessus que quelque chose de lexhalaison s่che y ้tait m๊l้), tandis que lexhalaison s่che est le principe des vents. |
[80245]
Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 5 Deinde cum dicit: hoc autem quod isto modo etc.,
manifestat quod dictum est de generatione ventorum. Et circa hoc tria facit: primo hoc
manifestat per rationem; secundo ex hoc quod dictum est, excludit falsas
opiniones de ventis, ibi: quoniam autem altera etc.; tertio hoc
manifestat per signa, ibi: attestantur autem quae fiunt et cetera. Dicit ergo primo quod, cum sit duplex
exhalatio, propter duo ex quibus consurgit, scilicet terram et aquam,
possibile est, immo necessarium, quod sol et caliditas quae est circa terram,
possit causare resolutionem utriusque exhalationis. |
182. Ensuite, quand il dit : les uvres elles-m๊mes, etc., il montre ce qui a ้t้ affirm้ sur la g้n้ration des vents. Et, sur ce point, il fait trois choses : premi่rement il le montre par un raisonnement ; deuxi่mement, en sappuyant sur ce qui a ้t้ affirm้, il rejette les opinions erron้es sur les vents, lเ : puisque lautre, etc. ; troisi่mement, il le montre par des indices, lเ : ce qui est fait latteste, etc. Il dit donc premi่rement que, comme lexhalaison est double, เ cause des deux ้l้ments do๙ elle s้l่ve, เ savoir la terre et leau, il est possible, ou mieux n้cessaire, que le Soleil et la chaleur qui est autour de la terre puissent causer la r้solution des deux exhalaisons. |
[80246] Super Meteora, lib.
2 cap. 7 n. 6 Deinde cum
dicit: quoniam autem altera etc., excludit falsas opiniones de ventis.
Et primo quantum ad hoc, quod dicebant quod eadem natura est venti et
pluviae. Quod quidem excludit per hoc, quod diversorum diversi sunt effectus:
unde, cum exhalationes differant secundum siccum et humidum, necesse est quod
non sit eadem natura venti et natura aquae pluentis, ut quidam posuerunt,
dicentes quod idem aer quando movetur, est ventus, quando autem condensatur,
fit aqua. Sed, sicut dictum est in libro de Generatione,
aer habet aliquid vaporis et aliquid fumi. Vapor eius est frigidus et
humidus, et bene terminabilis, propter grossitiem: et hoc convenit aeri
inquantum est humidus. Sic etiam vapor, qui elevatur ab aqua, est frigidus
secundum suam naturam, sicut et aqua non calefacta: sicut autem aqua
calefacta remanet frigida secundum naturam, ita et vapor. Sed fumus est
calidus et siccus: siccus quidem propter terram, calidus autem propter ignem.
Unde manifeste patet quod superior aer, qui est calidus et humidus, habet
similitudinem cum utroque. |
183. Ensuite, quand il dit : puisque lesp่ce des deux, il rejette les opinions erron้es sur les vents. Et premi่rement lopinion de ceux qui affirmaient que le vent et la pluie ont la m๊me nature. Il la rejette parce que diverses choses ont divers effets : de ce fait, comme les exhalaisons diff่rent en s้cheresse et en humidit้, il est n้cessaire que la nature du vent et celle de leau de pluie ne soient pas les m๊mes, comme certains lont pos้, en disant que lair, quand il est m๛, est le vent, alors quil devient de leau quand il est condens้. Mais, comme il a ้t้ dit dans le livre de la G้n้ration, lair a quelque chose de la vapeur et quelque chose de la fum้e. Sa vapeur est froide et humide, et bien d้limitable, en vertu de son ้paisseur : et cela convient เ lair dans la mesure o๙ il est humide. Ainsi, la vapeur, qui s้l่ve de leau, est, elle aussi, froide par nature, comme leau qui na pas ้t้ chauff้e : il en est pour la vapeur que pour leau qui, chauff้e, reste froide par nature. Mais la fum้e est chaude et s่che : elle est s่che เ cause de la terre, et chaude เ cause du feu. D่s lors il est manifestement clair que la partie sup้rieure de lair, qui est chaude et humide, a une ressemblance avec les deux. |
[80247] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 7 Secundo ibi: etenim
inconveniens etc., excludit falsam opinionem quantum ad hoc, quod
dicebant quod ventus nihil aliud est quam aer motus. Et dicit quod inconveniens est, si quis existimet quod
iste aer qui circumstat unumquemque nostrum, quando movetur est ventus; vel
quod unusquisque motus qui accidit in aere, sit ventus; sicut etiam non
existimamus fluvium esse aquam qualitercumque fluentem, etiam si multa sit,
sed solum quando fluit ex aliquo principio determinato, quod est fons ex
terra scaturiens. Sic etiam est de ventis: non enim est ventus, si aer
moveatur aliquo modo casu, etiam in magna multitudine, nisi habeat
principium, quasi fontem, exhalationem siccam elevatam. Sic igitur non est
verum quod aer motus est ventus: tum quia quandoque parvus aer movetur, tum
quia non habet principium. |
184. Deuxi่mement, lเ : et en outre il est inconvenant, il rejette lopinion erron้e de ceux qui disaient que le vent nest rien dautre que de lair en mouvement. Et il dit quil est inconvenant daffirmer que lair qui entoure chacun de nous est un vent quand il est m๛ ou bien que chaque mouvement qui se produit dans lair est un vent ; de m๊me que nous ne consid้rons pas comme un fleuve leau qui coule de quelque mani่re que ce soit, m๊me si elle est abondante, mais seulement quand elle coule dun principe d้termin้, qui est une source jaillissant de terre, de m๊me pour les vents : en effet, ce nest pas un vent si lair est m๛ de quelque mani่re par hasard, m๊me en grande quantit้, เ moins davoir comme principe, comme source pour ainsi dire, lexhalaison s่che qui sest ้lev้e. Ainsi donc, il nest pas vrai que le vent soit de lair mis en mouvement : dune part parce quun peu dair est parfois m๛, dautre part parce quil na pas de principe. |
[80248]
Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 8 Deinde cum dicit: attestantur autem quae fiunt etc.,
manifestat quod dictum est de generatione ventorum, per signa. Et dividitur in partes tres, secundum tria
signa quae ponit: secunda pars incipit ibi: adhuc autem post imbres
etc.; tertia ibi: adhuc autem fiendi et cetera. Dicit ergo primo quod ea quae fiunt circa
ventos et pluvias, attestantur his quae dicta sunt de generatione eorum. Quia
enim continue fit exhalatio, licet quandoque magis et quandoque minus,
propter hoc nubes, ex quibus causantur pluviae, et venti semper fiunt,
secundum quod natura temporis habet: quia quandoque magis fit, quandoque
minus, secundum diversam temporis conditionem. Et quia quandoque exhalatio
vaporosa plus elevatur, quandoque autem plus de fumosa, secundum diversos
effectus solis et stellarum, ideo quandoque fiunt anni magis pluviosi et
humidi, quandoque autem magis ventosi et sicci. Quod quidem contingit dupliciter: uno modo
secundum unam totam regionem continuam, in qua aliquo tempore multiplicantur
pluviae, et aliquo tempore venti; alio modo fit secundum partes. Quandoque
enim in una parte unius regionis accidunt multi imbres, in alia vero parte
eiusdem regionis accidit multa siccitas: quandoque etiam contingit
contrarium, quod tota regio circumstans habet mediocres aquas, vel etiam
excedit in siccitate, alia vero abundat multitudine aquarum. Et huius causam
assignat, dicens quod causa huius est, quod verisimile est quod eadem passio
vel siccitatis vel humiditatis, pertingat frequentius ad multam regionem, ex
hoc quod loca quae sunt prope, eandem habent positionem vel situm respectu
solis, qui est causa pluviarum et ventorum: nisi forte aliqua habeat aliquid
proprium quod immutet dispositionem eius, ut puta montes vel aquas. Sed
quamvis ut plurimum hoc accidat, quod tota regio eandem participet passionem,
tamen quandoque contingit quod secundum unam partem unius regionis abundet
exhalatio sicca, ad generandum ventos, aliquando autem humida, ad generandum
pluvias: et quandoque contingit contrarium, ut scilicet ubi olim abundavit
pluvia, ibi nunc abundet ventus. Et huiusmodi diversitatis causa est, quia
contingit de utraque exhalatione quod transeat in exhalationem alterius
regionis habitae, idest consequenter se habentis: ut puta, quandoque
sicca exhalatio facit fluxum ventorum in illa regione unde elevatur, sed
exhalatio humida a ventis impellitur ad aliquam regionem propinquam terrae
ventosae; et aliquando remanet humida, et transfertur sicca. Sicut enim in
corpore animalis aliquando superior ventositas, quae ex stomacho exhalat,
contrarie disponitur inferiori, quae exhalat ex intestinis; sic et circa loca
accidit quod patiuntur quandam contraiacentiam ex permutatione exhalationum;
scilicet dum in regione ex qua transfertur exhalatio humida, abundat
siccitas, et in illa ad quam transfertur, abundat humiditas. |
185. Ensuite, quand il dit : ce qui se produit atteste, il montre ce qui a ้t้ dit sur la g้n้ration des vents par des indices. Et cela se divise en trois parties, suivant les trois indices quil pose : la seconde commence lเ : en outre apr่s les pluies, etc. ; la troisi่me, lเ : en outre, etc. Il dit donc premi่rement que ce qui se produit pour les vents et les pluies atteste ce qui a ้t้ avanc้ sur leur g้n้ration. En effet, puisque lexhalaison se forme continuellement, bien quelle soit plus ou moins grande, les nuages, qui sont les causes de la pluie, et les vents se forment toujours, dans la mesure o๙ la nature du temps la tient : car elle se forme plus ou moins suivant les divers ้tats du temps. Et puisque cest tant๔t lexhalaison vaporeuse qui s้l่ve en plus grande quantit้, tant๔t lexhalaison fumeuse, selon les diff้rents effets produits par le Soleil et les ้toiles, les ann้es se font tant๔t plus pluvieuses et humides, tant๔t plus venteuses et s่ches. Cela arrive de deux mani่res : dune part dans l้tendue de toute une r้gion, o๙ les pluies se multiplient เ un moment donn้, et les vents เ un autre ; dautre part dans ses parties. En effet, tant๔t dans une partie dune r้gion tombent des pr้cipitations en abondance, tandis que dans une autre partie de la m๊me r้gion r่gne une forte s้cheresse ; tant๔t cest le contraire qui se produit : toute la r้gion qui se trouve autour re็oit une faible quantit้ deau ou m๊me un exc่s de s้cheresse, alors quune autre a une abondante quantit้ deau. Et il donne la cause de ce ph้nom่ne : il dit quil est vraisemblable que le m๊me accident soit de s้cheresse, soit dhumidit้ s้tende plus fr้quemment เ une vaste r้gion du fait que les lieux qui sont proches ont la m๊me position ou situation par rapport au Soleil, qui est la cause des pluies et des vents, เ moins quelle nait quelque particularit้ qui modifie sa disposition, comme par exemple les montagnes ou les eaux. Mais quoiquil arrive le plus souvent que la m๊me r้gion partage tout enti่re le m๊me accident, tant๔t il advient que, dans une seule partie dune r้gion, cest lexhalaison s่che qui abonde, pour engendrer les vents, mais parfois lexhalaison humide, pour engendrer les pluies ; tant๔t cest le contraire qui advient : lเ o๙ la pluie abondait, cest maintenant le vent qui abonde. Et la cause dune diversit้ de ce genre est quil arrive เ chacune des deux exhalaisons de remplacer celle de la r้gion occup้e, cest-เ-dire suivante : par exemple tant๔t lexhalaison s่che cr้e le flux des vents dans la r้gion do๙ elle s้l่ve, tandis que lexhalaison humide est pouss้e par les vents vers une r้gion voisine dune terre venteuse ; tant๔t lexhalaison humide reste et cest lexhalaison s่che qui est transport้e. En effet, de m๊me que dans un corps danimal les flatuosit้s sup้rieures qui sexhalent de lestomac sont parfois dispos้es de mani่re contraire aux flatuosit้s inf้rieures qui sexhalent de lintestin, de m๊me il arrive เ ces lieux de subir une certaine antip้ristase เ la suite de la permutation des exhalaisons, เ savoir que, pendant que la s้cheresse r่gne dans la r้gion do๙ lexhalaison humide est transport้e, lhumidit้ abonde dans celle o๙ elle est transport้e. |
[80249]
Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 9 Deinde cum dicit: adhuc autem post imbres etc.,
ponit secundum signum. Et dicit quod pluries fit ventus post pluvias in locis
in quibus pluit; et e converso venti cessant aqua pluente. Et hoc accidit
propter hoc quod dictum est de principiis pluviae et ventorum, quia scilicet
unum eorum fit ex exhalatione sicca, aliud ex humida. Quia cum pluvia
ceciderit et humectaverit terram, iterato a terra exhalat exhalatio sicca,
quae est materia ventorum, desiccata ipsa terra tum a caliditate intrinseca,
tum a superiori caliditate solis. Et haec est causa quare post pluvias fiunt
venti: cum scilicet venti invalescant per separationem talis elevationis a
terra. Et cessant propter hoc, quod ex virtute caloris iterato separatur
calidus vapor a terra, et elevatur in superiorem locum, et propter
frigiditatem ibi condensatur, et fit pluvia: et haec est causa quare post
ventos pluviae superveniunt. Nec solum pluviae succedunt ventis, sed etiam
destruunt eos: quia cum nubes a vento adunentur in unum locum, frigiditas
circumstans condensat eas, et generantur aquae; aqua vero infrigidat et
humectat exhalationem siccam, quae erat materia ventorum. Unde manifestum est
quod aquae fluentes faciunt cessare ventos, et succedunt, ipsis cessantibus,
pluviae, propter praedictas causas. Et hoc accipit ut signum ad ostendendum
quod ventus et pluvia fiunt ex causis contrariis. |
186. Ensuite, quand il dit : de plus, apr่s les pluies, etc., il donne le second indice. Et il dit que le vent se l่ve plusieurs fois apr่s les pluies dans les endroits o๙ il pleut ; et inversement les vents cessent quand la pluie tombe. Et cela arrive en raison de ce qui a ้t้ dit sur les principes de la pluie et des vents, เ savoir que lun est produit par lexhalaison s่che et que lautre lest par lexhalaison humide. En effet, lorsque la pluie est tomb้e et a humidifi้ la terre, lexhalaison s่che, qui est la mati่re des vents, sexhale une seconde fois de la terre, cette derni่re s้tant dess้ch้e sous leffet dune part de la chaleur intrins่que, dautre part de la chaleur sup้rieure du Soleil. Et cest la raison pour laquelle les vents se l่vent apr่s la pluie : les vents sintensifient เ la suite de la s้paration dune telle ้l้vation de la terre. Et ils cessent parce que la vapeur chaude est une seconde fois s้par้e de la terre sous leffet de lintensit้ de la chaleur, s้l่ve dans la partie sup้rieure, sy condense เ cause du froid et devient de la pluie : et cest la raison pour laquelle les pluies surviennent apr่s les vents. Non seulement les pluies succ่dent aux vents, mais elles les an้antissent aussi, puisque, lorsque les nuages sont rassembl้s par le vent en un seul endroit, le froid qui les enveloppe les condense et les eaux sont engendr้es ; or leau refroidit et humidifie lexhalaison s่che, qui est la mati่re des vents. De ce fait il est manifeste que les eaux qui tombent font cesser les vents et que les pluies leur succ่dent, quand ils cessent, pour les raisons d้jเ mentionn้es. Et il admet cela comme indice pour montrer que le vent et la pluie naissent de causes contraires. |
[80250]
Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 10 Deinde cum dicit: adhuc autem fiendi etc., ponit tertium
signum quod venti generentur ab exhalatione sicca. Haec enim est causa quare fiunt venti maxime ab ursa,
idest a Septentrione (quod vocatur ab ursa, eo quod duae ursae, maior
et minor, circumeunt polum Septentrionalem de propinquo), et iterum a
meridie: inter omnes enim ventos magis abundant Boreae, qui sunt a
Septentrione, et Austri, qui sunt a meridie. Et huius causa est, quia super ista loca non
movetur sol, sed accedit ad ea et recedit ab eis. Ad polum quidem
Septentrionalem maxime accedit, cum pervenit ad principium cancri: et tunc
incipit ab eo recedere continue magis, quousque perveniat ad principium
Capricorni; tunc enim maxime accedit ad polum contrarium, a quo iterum
recedens circulariter redit ad principium cancri. Et propter hoc haec duo
puncta, scilicet principium cancri et Capricorni, dicuntur tropica,
idest conversiva: et quando est in principio cancri, fit versio aestiva, quando
autem est in principio Capricorni, versio hiemalis. Ultra autem haec duo
signa non accedit ad alterutrum polorum. Sed super orientem et occidentem
semper fertur. Et ideo in locis qui lateraliter se habent ad viam solis,
multae nubes congregantur: quia appropinquante sole, fit exhalatio humidi
propter calorem; recedente autem sole ad locum contrarium, fiunt pluviae et
hiemalia frigora. Sic igitur propter hoc quod sol accedit ad
tropicos vel recedit, fit aestas et hiems, et elevatur aqua per evaporationem,
et iterum pluit. Quia cum in caelo accedit sol ad principium
cancri, fit aestas nobis, et elevantur plurimi vapores propter calorem ex
vicinitate solis: cum autem accedit ad principium Capricorni, fit nobis
frigus et hiems, et multitudo pluviarum, propter elongationem solis a nobis.
E converso autem accidit in illa parte terrae sita ad alium polum. Quia
igitur in istis locis qui sunt ad meridiem et Septentrionem, plurima aqua
descendit, oportet quod ibi etiam plurima fiat exhalatio; sicut ex lignis viridibus
et humidis maior exhalat fumus quam ex siccis. Unde, cum exhalatio talis sit
principium ventorum, rationabile est quod plures et maximi ventorum sint, qui
flant a meridie et vocantur Austri, et qui a Septentrione et vocantur Boreae.
Considerandum est tamen quod Aristoteles hic
dicit Austrum flare ab alio polo, secundum aliorum opinionem: sed contrarium
infra dicet secundum suam opinionem, et aliam causam assignabit de vehementia
huius venti. |
187.
Ensuite quand il dit : la raison pour laquelle les souffles, etc., il donne le troisi่me indice
selon lequel les vents sont engendr้s par lexhalaison s่che. En effet, cest
la raison pour laquelle les vents se l่vent surtout เ lOurse, cest-เ-dire au nord (ce qui est appel้ เ lOurse, du fait que
les deux Ourses, la grande et la petite, tournent autour du p๔le nord de
pr่s) et encore au sud : en effet, parmi tous les vents les plus
abondants sont les bor้es, qui viennent du nord, et les austers, qui partent
du sud. Et la raison en est que le Soleil ne se
meut pas au-dessus de ces lieux, mais quil sen approche et sen ้loigne. Il
sapproche surtout du p๔le nord lorsquil arrive au d้but du Cancer ;
alors il commence เ sen ้loigner de plus en plus jusquเ ce quil parvienne
au d้but du Capricorne ; car il sapproche เ ce moment-lเ du p๔le
contraire, do๙ il s้loigne de nouveau pour revenir en cercle au d้but du
Cancer. Et cest pourquoi ces deux points, เ savoir le d้but du Cancer et du
Capricorne, sont appel้s tropiques, cest-เ-dire conversives. Et quand il se
trouve au d้but du Cancer, la conversion d้t้ se produit, mais quand il se
trouve au d้but du Capricorne, cest celle de lhiver. Au-delเ de ces deux
constellations il ne parvient pas เ aucun des deux p๔les. Mais il est
toujours emport้ au-dessus de lorient et de loccident. Et de nombreux
nuages saccumulent dans les lieux qui se trouvent lat้ralement sur le chemin
du Soleil, parce que, quand il sapproche, se forme une exhalaison dhumidit้
en raison de la chaleur, mais que, quand il s้loigne vers le lieu contraire,
se forment des pluies et des froids hivernaux. Ainsi donc, du fait que le Soleil
sapproche des tropiques ou sen ้loigne, l้t้ et lhiver se font, et leau
s้l่ve par ้vaporation, puis il pleut de nouveau. En effet, lorsque dans le
ciel le Soleil sapproche du d้but du Cancer, cest l้t้ pour nous et les
vapeurs s้l่vent en plus grand nombre en raison de la chaleur au voisinage
du Soleil ; mais lorsquil sapproche du principe du Capricorne, cest
pour nous le froid et lhiver, ainsi quune grande quantit้ de pluie, du fait
que le Soleil sest ้loign้ de nous. Cest linverse qui arrive dans cette
partie de la terre situ้e เ lautre p๔le. Donc, puisquune tr่s grande
quantit้ deau tombe dans les r้gions qui sont au sud et au nord, il faut que
la plus grande quantit้ dexhalaison sy produise aussi, de m๊me quune plus
grande quantit้ de fum้e sexhale de bois verts et humides que de bois secs.
De ce fait, comme une telle exhalaison est le principe des vents, il est
rationnel que les plus nombreux et les plus forts des vents soient ceux qui
soufflent du sud, et qui sont appel้s austers, et ceux qui soufflent du nord,
et qui sont appel้s bor้es. Il faut pourtant remarquer quAristote dit
ici que lauster souffle de lautre p๔le selon lopinion dautres savants,
mais il dira le contraire ci-dessous suivant sa propre opinion, et il
attribuera une autre cause เ la violence de ce vent. |
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Caput 8 |
Chapitre 8 [Le mouvement des vents] |
[80251]
Super Meteora, lib. 2 cap. 8 n. 1 Postquam determinavit de generatione ventorum, hic
determinat de motu ipsorum. Et circa hoc duo facit : primo ostendit
qualis sit motus eorum ; secundo inquirit de principio motus eorum, ibi:
propter quod et dubitabit et cetera. Dicit ergo primo quod, quamvis exhalatio
quae est principium ventorum, sursum elevetur in rectum, tamen motus eorum
non est in rectum: flant enim venti circa terram ab una parte in aliam
procedentes, sicut ab oriente in occidentem, vel e converso. Et causa talis
motus est quod, ut supra dictum est, superior pars aeris fertur circulariter
secundum motum caeli; et licet in illo superiori aere non flant venti, ut
supra dictum est, sed in aere inferiori qui est infra altitudinem montium
supremorum, tamen iste etiam aer aliquid participat de motu superioris, licet
ista circulatio non compleatur. Et ex hoc contingit quod exhalationes
commoventes aerem, non movent ipsum in sursum aut in deorsum, quod videtur
exigere subtilitas exhalationis calefactae, aut frigiditatis iam condensatae;
sed commovent aerem in obliquum, quasi aere retinente aliquid de utroque
motu. Unde non oportet quod semper motus venti sit ad occidentem, sicut est
motus caeli, sed fit in oppositum exhalationis compellentis; quae tamen
impulsio ex motu caeli habet quod sit obliqua. Nec propter hoc sequitur quod motus venti
non sit naturalis, quia obliquitas eius causatur ex motu corporis caelestis:
tum quia motus qui fiunt in inferioribus a corpore caelesti, dicuntur
naturales, licet non sint secundum naturam corporis inferioris, ut patet in
fluxu et refluxu maris, quia corpora inferiora naturaliter subduntur
superioribus; tum quia naturale est unicuique, quod consequitur ipsum ex
causa suae generationis; unde, cum causa activa ventorum sit motus solis, ut
supra dictum est, sequitur quod obliquitas motus ex motu caeli causata, sit
ei naturalis. |
188. Apr่s quil a d้termin้ la v้rit้ sur la g้n้ration des vents, il la d้termine ici sur leur mouvement. Et sur ce point il fait deux choses : premi่rement, il montre quel est leur mouvement ; deuxi่mement, il enqu๊te sur le principe de leur mouvement, lเ : et cest pourquoi il doutera, etc. Il dit donc que, bien que lexhalaison qui est le principe des vents s้l่ve vers le haut en ligne droite, leur mouvement nest pourtant pas en ligne droite : les vents soufflent, en effet, autour de la terre en progressant dune partie เ une autre, par exemple dorient en occident, ou le contraire. Et la cause dun tel mouvement est que, comme on la dit ci-dessus, la partie sup้rieure de lair est transport้e circulairement selon le mouvement du ciel ; et bien que les vents ne soufflent pas dans cette partie sup้rieure de lair, mais dans la partie inf้rieure qui se trouve sous la hauteur des montagnes les plus ้lev้es, cet air participe pourtant lui aussi du mouvement de lair sup้rieur, encore que cette circulation ne soit pas parfaite. Et, เ partir de lเ, il arrive que les exhalaisons qui font bouger lair ne le meuvent pas vers le haut ou vers le bas, ce que semble exiger la subtilit้ de lexhalaison r้chauff้e ou du froid d้jเ condens้, mais quelles le fassent bouger de mani่re oblique, comme si lair retenait quelque chose des deux mouvements. De ce fait, il ne faut pas que le mouvement du vent soit toujours vers loccident, comme lest celui du ciel, mais il se fait เ loppos้ de lexhalaison qui le pousse ; cette impulsion venue du mouvement du ciel a de quoi ๊tre oblique. Et il ne sensuit pas que le mouvement du ciel ne soit pas naturel, puisque son obliquit้ est caus้e par le mouvement dun corps c้leste, dune part parce que les mouvements qui sont faits par un corps c้leste chez les corps inf้rieurs sont dits naturels, quoiquils ne soient pas selon la nature du corps inf้rieur, comme on le voit avec le flux et le reflux de la mer, ้tant donn้ les corps inf้rieurs sont naturellement soumis aux sup้rieurs, dautre part parce quest naturel pour chaque chose ce qui vient apr่s elle เ cause de sa g้n้ration ; d่s lors, comme la cause active des vents est le mouvement du Soleil, ainsi quon la dit ci-dessus, il en r้sulte que lobliquit้ du mouvement, caus้e par le mouvement du ciel, lui est naturelle. |
[80252] Super Meteora, lib. 2 cap. 8 n. 2 Deinde cum dicit: propter quod et dubitabit
etc., inquirit de principio motus ventorum: et primo unde incipiant moveri;
secundo qualiter ex illo principio procedant, ibi: quod autem
exhalationibus et cetera. Dicit ergo
primo quod, quia non est motus venti in rectum, scilicet neque sursum neque
deorsum, sed in obliquum, dubitabit utique quis unde sit principium motus
ventorum, utrum sursum aut deorsum. Sed quod principium motus ventorum sit
sursum, manifestat ipse aer, in quo apparet motus venti, antequam ventus
flaverit in terra. Nam si apparuerit aliqua nubes aut caligo, videtur moveri
a vento iam existente in aere, antequam manifeste veniat circa terram,
tanquam vento habente principium motus sursum. Sed quia ventus generatur ex
multitudine exhalationis siccae resolutae a terra, manifestum est quod, licet
principium motus sit desuper, tamen materiale principium generationis est de
subtus. Et hoc ideo, quia ab illo loco incipit motus venti, in quem tendit
exhalatio sicca elevata; sicut ab illo loco incipit descendere pluvia, quo
ascendit vapor. Et hoc apparet ex hoc quod motus venti magis dominatur in
locis altis remotis a terra; et etiam, cum exhalatio in rectum sursum
feratur, ibi incipit motus; et in loco ubi appropinquat illi principio, magis
potest ventus. Sed tamen manifestum est quod principium generationis venti
est ex terra. |
189. Ensuite, quand il dit : cest pourquoi on se demandera, etc., il enqu๊te sur le principe du mouvement des vents : et premi่rement เ partir do๙ ils commencent เ se mouvoir ; deuxi่mement de quelle mani่re ils progressent เ partir de ce principe, lเ : ce qui par les exhalaisons, etc. Il dit donc premi่rement que, puisque le mouvement du vent nest pas en ligne droite, cest-เ-dire ni vers le haut, ni vers le bas, mais oblique, on se demandera quelle est lorigine du mouvement des vents, si cest den haut ou den bas. Mais ce qui manifeste que le principe du mouvement des vents vient den haut, cest lair lui-m๊me, o๙ ce mouvement appara๎t, avant que le vent nait souffl้ sur la Terre. Car si un nuage ou un banc de brouillard est apparu, on le voit ๊tre m๛ par le vent, qui existe d้jเ dans lair, avant quil ne vienne manifestement sur la Terre, comme si le vent tenait le principe de son mouvement den haut. Mais puisque le vent est engendr้ par une grande quantit้ dexhalaison s่che s้tant d้gag้e de la terre, il est manifeste que, quoique le principe du mouvement provienne den haut, le principe mat้riel de la g้n้ration vient den bas. Et cela parce que le mouvement du vent commence เ lendroit vers lequel tend lexhalaison s่che qui sest ้lev้e, tout comme la pluie commence เ tomber du lieu o๙ la vapeur est mont้e. Ce qui le montre, cest que le mouvement du vent est dominant dans les lieux situ้s en altitude et ้loign้s de la terre, que, lorsque lexhalaison est entra๎n้e vers le haut, cest lเ que commence son mouvement, et quเ lendroit o๙ le vent sapproche de cette origine il a plus de force. Mais il est cependant manifeste que le principe de la g้n้ration du vent provient de la terre. |
[80253]
Super Meteora, lib. 2 cap. 8 n. 3 Deinde
cum dicit: quod autem exhalationibus etc., ostendit quomodo venti
procedunt a suo principio. Et dicit quod sicut principia fluviorum paulatim
congregantur ex diversis partibus terrae, ita etiam paulatim ab
exhalationibus adunatis congregatur ventus. Et hoc manifestat per duo signa.
Quorum unum est, quod venti minimi apparent in locis in quibus oriuntur, sed
procedentes fiunt maximi. Aliud signum est, quod in partibus
Septentrionalibus, in hieme est tranquillitas, et loca illa sunt sine vento
boreali; sed secundum quod receditur ab eis, paulatim crescit ventus, et fit
maximus. Ultimo
recolligit quod dictum est: et est manifestum in littera; sed oportet
attendere quod eosdem ventos hic notos vocat, quos supra dixit
Austros. |
190. Ensuite, quand il dit : il est clair dapr่s les faits, etc., il montre comment les vents savancent เ partir de leur principe. Et il dit que, comme les principes des fleuves se rassemblent peu เ peu เ partir des diff้rentes parties de la terre, le vent se rassemble aussi petit เ petit เ partir dexhalaisons qui se sont r้unies. Et il le manifeste par deux indices. Le premier dentre eux est que les vents apparaissent tr่s faibles dans les lieux o๙ ils se l่vent, mais quils deviennent tr่s forts en savan็ant. Lautre indice est que, dans les r้gions septentrionales, le calme r่gne en hiver et ces lieux sont d้pourvus de vent du nord, mais que, selon quil sen ้loigne, il cro๎t peu เ peu et devient tr่s violent. Pour terminer il rassemble ce qui a ้t้ dit : et le texte est clair, mais il faut faire attention เ ce quil appelle ici notos les vents quil avait nomm้ ci-dessus auster. |
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Caput 9 |
Chapitre 9 [Laugmentation et la diminution des vents] |
[80254]
Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 1 Postquam philosophus determinavit de generatione et
motu ventorum, hic determinat de eorum augmento et deminutione. Et dividitur in partes duas: in prima
determinat de deminutione ventorum; in secunda de augmento eorum, ibi: indiscretus
autem et difficilis et cetera. Circa primum duo facit: primo ostendit
quomodo sol sit causa deminutionis ventorum; secundo universaliter colligit
causas ex quibus contingit ventos cessare vel deminui, ibi: universaliter
autem fiunt et cetera. Dicit ergo primo quod, sicut sol movet
ventos, ita etiam eos cessare facit. Cum enim sunt paucae exhalationes et
debiles, caliditas solis quod est magis calidum in exhalatione distrahit,
ipsum consumendo et dissolvendo exhalationes, sicut maior flamma exterminat
minorem, consumendo materiam eius: et sic cessant venti. Nec solum facit eos
cessare iam existentes, sed etiam impedit eos ne fiant; dum scilicet praevenit,
exsiccando terram, congregationem exhalationis, quae est materia ventorum (et
hoc contingit maxime temporibus et locis calidis et siccis); ut si quis
proiiceret modicum cumbustibile in magnum ignem, ex vehementia ignis
desiccatur prius humiditas combustibilis, quam fumus inde exhalare possit. Sic igitur sol et cessare facit ventos,
consumendo materiam iam recollectam; et impedit ne fiant, velociter
desiccando terram. Et ideo circa ortum Orionis, idest ante tempus in quo
constellatio Orionis incipit apparere, exiens de sub radiis solis, tempore
ferventis aestatis, fit maxima tranquillitas in aere a ventis, usque ad Etesias,
idest ad ventos annuales, qui annuatim consueverunt flare in aestate, et prodromos,
idest praecursivos: quia Etesias aliquando aliqui venti praecurrunt, propter
hoc quod aliquando aliqua materia velocius praeparatur. |
191. Apr่s que le Philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la g้n้ration et le mouvement des vents, il la d้termine ici sur leur augmentation et leur diminution. Et cela se divise en deux parties : dans la premi่re il la d้termine sur la diminution des vents ; dans la deuxi่me sur leur augmentation, lเ : indiscret et difficile, etc. Concernant le premier point, il fait deux choses : premi่rement, il montre comment le Soleil est la cause de la diminution des vents ; deuxi่mement, il rassemble tout เ la fois les causes pour lesquelles il arrive que les vents cessent ou diminuent, lเ : ils se forment universellement, etc. Il dit donc premi่rement que, de m๊me que le Soleil met les vent en branle, de m๊me il les fait aussi cesser. En effet, lorsque les exhalaisons sont peu nombreuses et faibles, la chaleur du Soleil d้sunit ce qui est plus chaud dans lexhalaison, en le consumant et en dissolvant les exhalaisons, tout comme une flamme plus grande an้antit une plus petite, en consumant sa mati่re : et cest ainsi que cessent les vents. Et non seulement il fait cesser les vents qui existent d้jเ, mais il les emp๊che aussi de se former, เ savoir quil pr้vient laccumulation de lexhalaison, qui est la mati่re des vents en dess้chant la terre (et cela se produit surtout aux saisons et aux endroits chauds et secs) ; cest comme si lon projetait un peu de combustible dans un grand feu, lhumidit้ du combustible se dess้cherait sous la violence du feu avant que de la fum้e puisse sen exhaler. Ainsi donc, le Soleil fait cesser les vents, en consumant la mati่re d้jเ rassembl้e ; et il les emp๊che de se former, en ass้chant la terre. Et, เ cause de cela, aux alentours du lever dOrion, cest-เ-dire avant le moment o๙ la constellation dOrion commence เ appara๎tre, lors du br๛lant ้t้, le calme le plus grand est fait dans lair par les vents, jusquaux ้t้siens, cest-เ-dire aux vents annuels, qui ont lhabitude de souffler chaque ann้e en ้t้, et jusquaux prodromes, cest-เ-dire aux pr้curseurs : en effet, quelques vents pr้c่dent parfois les ้t้siens, du fait que quelque mati่re se pr้pare parfois plus vite. |
[80255] Super Meteora, lib.
2 cap. 9 n. 2 Deinde cum
dicit: universaliter autem fiunt etc., colligit causas cessationis
ventorum. Et dicit quod tranquillitas a ventis fit propter duas causas: aut
propter magnum frigus extinguens caliditatem resolventem exhalationem, sicut
accidit tempore quo est magnum gelu, cum supra dictum sit quod pruina
impeditur a ventis, et ideo cum est magnum frigus et pruina, non sunt venti;
aut etiam accidit propter maximum calorem, qui suffocat et extinguit
exhalationem, ut supra dictum est. Sed etiam temporibus intermediis, scilicet
inter maximum frigus et maximum calorem, fiunt plurimae tranquillitates: vel
quando nondum facta est exhalatio post impedimentum frigoris aut caloris; aut
quando iam facta est aliqua exhalatio et praeteriit, et alia nondum advenit,
postquam ex praeterita generati sunt venti. |
192. Ensuite, quand il dit : en g้n้ral, les p้riodes calmes ont lieu, etc., il rassemble les causes de larr๊t des vents. Et il dit que les vents se calment pour deux raisons : soit เ cause dun grand froid qui an้antit la chaleur lib้rant lexhalaison, ainsi quau temps o๙ il est vif en raison dune gel้e, comme on a dit ci-dessus que le givre est emp๊ch้ par les vents ˗ et cest pourquoi, lorsquil y a un grand froid et du givre, il ny a pas de vents ˗, soit เ la suite dune tr่s forte chaleur, qui ้touffe et an้antit lexhalaison, comme on la d้jเ dit. Mais aussi, aux saisons interm้diaires, เ savoir entre le plus grand froid et la plus forte chaleur, se produisent la plupart des calmes plats : soit quand lexhalaison ne sest pas encore form้e parce le froid ou le chaud len ont emp๊ch้e ; soit quand elle sest d้jเ form้e et est pass้e, et quune autre nest pas encore arriv้e, apr่s que les vents ont ้t้ engendr้s par lexhalaison pass้e. |
[80256]
Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 3 Deinde cum dicit: indiscretus autem et difficilis
etc., determinat de augmento ventorum: et primo de augmento quod accidit
in ortu Orionis; secundo de augmento quod accidit post ortum canis, ibi: Etesiae
autem et cetera. Dicit ergo primo quod figuratio Orionis in
suo ortu et occasu, idest quando incipit apparere et quando incipit
disparere, est indiscreta, sive intolerabilis, et difficilis,
idest habet graves et tempestuosos ventos. Nec est contrarium ei quod supra
dixit: nam ante ortum Orionis est quaedam tranquillitas, ut supra dixit, sed
in ipso ortu et occasu est tempestas. Causa autem huius
est, quia ortus ipsius accidit in permutatione aestatis ad autumnum, occasus
autem in permutatione autumni ad hiemem. Utrumque autem tempus, et ortus et occasus, per plures
dies durat, propter multitudinem constellationis, quae non tota simul incipit
apparere vel disparere. In permutationibus autem temporum accidunt multae
perturbationes: quia quando tempus non est determinatum ad unum, modo
declinat ad hoc, modo ad contrarium. Et ideo multiplicantur pluviae et venti propter
exhalationes. |
193. Ensuite, quand il dit : Orion semble ๊tre interminable et difficile, etc., il d้termine la v้rit้ sur laugmentation des vents : et premi่rement sur celle qui arrive au lever dOrion ; deuxi่mement sur celle qui se produit apr่s le lever du Chien, lเ : les vents ้t้siens, etc. Il dit donc premi่rement que la figure dOrion, เ son lever et เ son coucher, cest-เ-dire quand elle commence เ appara๎tre et quand elle commence เ dispara๎tre, est interminable, soit intol้rable, et difficile, cest-เ-dire quelle soul่ve des vents p้nibles et violents. Ce nest pas contraire เ ce quil a dit ci-dessus : car il r่gne un certain calme avant le lever dOrion, comme il la dit plus haut, mais cest la temp๊te เ son lever lui-m๊me et เ son coucher. La raison en est que son lever se produit au moment du passage de l้t้ เ lautomne, tandis que son coucher a lieu lors du passage de lautomne เ lhiver. Les deux p้riodes, aussi bien le lever que le coucher, durent plusieurs jours เ cause de la grande dimension de la constellation, qui nappara๎t ni ne dispara๎t tout enti่re en m๊me temps au d้but. Lors des changements de saison arrivent de nombreuses perturbations : puisque quand la saison nest pas d้termin้e, elle incline tant๔t vers tel temps, tant๔t vers le contraire. |
[80257]
Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 4 Deinde cum dicit: Etesiae autem etc., determinat
de augmento venti post ortum canis. Et circa hoc tria facit: primo proponit
propositum; secundo assignat causam, ibi: causa autem etc.; tertio
circa praedicta movet dubitationem, ibi: dubitant autem quidam et
cetera. Dicit ergo primo quod Etesiae, idest
venti quidam annuales, quasi semper flantes in eodem tempore, flant post conversiones,
idest post solstitium aestivale; et non solum statim post ipsum solstitium,
sed etiam post ortum caniculae. Et hoc ideo, quia non flant quando sol maxime
appropinquat nobis, scilicet in prima versione, scilicet in principio cancri;
neque quando est longe, utpote quando est in signis meridionalibus. Et
iterum, Etesiae flant diebus, et noctibus cessant. |
194. Ensuite, quand il dit : les vents ้t้siens, etc., il d้termine la v้rit้ sur laugmentation du vent apr่s le lever du Chien. Et, concernant cela, il fait trois choses : premi่rement, il expose la proposition ; deuxi่mement il donne la cause, lเ : la cause, etc. ; troisi่mement il soul่ve un doute, lเ : certains doutent, etc. Il dit premi่rement que les ้t้siens, cest-เ-dire certains vents annuels, comme sils soufflaient toujours เ la m๊me ้poque, soufflent apr่s les conversions, cest-เ-dire apr่s le solstice d้t้, et non seulement juste apr่s le solstice lui-m๊me, mais aussi apr่s le lever du Petit Chien. Et ce parce quils ne soufflent pas lorsque le Soleil sapproche le plus de nous, เ savoir lors de la premi่re conversion, เ savoir au d้but du Cancer, ni quand il est loin, soit dans les signes du sud. En outre, les vents ้t้siens soufflent le jour et cessent la nuit. |
[80258]
Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 5 Deinde cum dicit: causa autem etc., assignat
causam praedictorum. Et primo, quare de die flant Etesiae, et maxime in mane
et circa vesperum: dicens quod quando sol est maxime propinquus, exsiccat
humorem, ex quo posset congregari materia venti, si resolvi posset; sed
quando aliquantulum recedit, tunc exhalatio resolvitur et fit mediocris; et
caliditas etiam est mediocris, ita quod aquae congelatae liquescunt; et
terra, dum exsiccatur tum a caliditate solis tum a caliditate intrinseca,
quasi turgescit, et dum multiplicatur humiditas resoluta, exhalat; et sic
generantur venti. |
195. Ensuite, quand il dit : la cause, etc., il donne la cause des ph้nom่nes pr้c้dents. Et, premi่rement, pourquoi les ้t้siens soufflent le jour, et surtout le matin et vers le soir : il dit que, lorsque le Soleil est le plus proche, il ass่che ce qui est humide, si bien que la mati่re du vent pourrait saccumuler, เ la condition de pouvoir se d้gager ; mais lorsquil s้loigne un petit peu, alors lexhalaison se d้gage et devient dintensit้ moyenne ; et la chaleur est elle aussi dintensit้ moyenne, de telle sorte que les eaux gel้es se liqu้fient ; et la terre, pendant quelle se dess่che sous leffet dune part de la chaleur solaire, dautre part de sa chaleur intrins่que, semble enfler et, tandis que lhumidit้ qui sest d้gag้e se multiplie, produit une exhalaison ; et cest ainsi que sont engendr้s les vents. |
[80259] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 6 Secundo ibi: nocte
autem deficiunt etc., ostendit causam quare nocte deficiunt Etesiae. Et
dicit quod hoc ideo accidit, quia frigiditas noctium congelat humores
liquescentes, ut sic exhalatio cesset. Manifestum est enim quod neque id quod
est congelatum exhalat, neque siccum non habens humiditatem; sed siccum
habens humiditatem calefactum exhalat. Et ideo neque in maxima propinquitate
solis flant Etesiae, propter desiccationem; neque in noctibus, propter
congelationem. Licet etiam huius possit assignari alia ratio: quia scilicet
in nocte sol maxime distat a nobis, et ideo exhalationem elevare non potest. |
196. Deuxi่mement lเ : la nuit, les vents sarr๊tent, etc., il montre la raison pour laquelle les vents ้t้siens sarr๊tent la nuit. Et il dit que cela arrive parce que le froid des nuits g่le les eaux en fonte, เ tel point que lexhalaison cesse ainsi. En effet, il est manifeste que ni ce qui est gel้, ni ce qui est sec sans humidit้ ne s้vapore ; mais un corps sec contenant de lhumidit้ s้vapore une fois r้chauff้. Et cest pourquoi les vents ้t้siens ne soufflent ni lors de la plus grande proximit้ du Soleil, en raison du dess่chement, ni la nuit, en raison du gel. Cependant une autre raison pourrait ๊tre aussi donn้e, เ savoir que cest la nuit que le Soleil est le plus ้loign้ de nous, et cest pourquoi il ne peut faire s้lever lexhalaison. |
[80260]
Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 7 Deinde cum dicit: dubitant autem quidam etc.,
movet dubitationem circa praedeterminata. Et circa hoc tria facit: primo
movet dubitationem; secundo solvit, ibi: habet autem non irrationabiliter
etc.; tertio excludit quoddam quod videtur solutioni contrarium, ibi: Auster
autem ab aestiva et cetera. Dicit ergo primo quod quidam dubitant quare
sic venti boreales continue flant post solstitium aestivale, et Noti,
idest Austri, non sic flant post solstitium hiemale. Videtur enim quod, sicut
post appropinquationem solis ad polum Septentrionalem, flant venti ex illa
parte, ita post appropinquationem solis ad polum contrarium, deberent flare
venti ex parte opposita. |
Ensuite,
quand il dit : certains se demandent, etc., il soul่ve un doute
concernant ce qui a ้t้ d้jเ d้termin้. Et เ ce propos il fait trois
choses : premi่rement, il soul่ve le doute ; deuxi่mement, il le
r้sout, lเ : il ny a lเ rien dirrationnel, etc. ;
troisi่mement, il rejette une affirmation qui semble contraire เ la solution,
lเ : lauster souffle เ partir de la conversion d้t้, etc. Il
dit donc premi่rement que certains se demandent pourquoi les bor้es soufflent
ainsi en continu apr่s le solstice d้t้ et les Notus, cest-เ-dire
les austers, ne soufflent pas de la m๊me mani่re apr่s le solstice dhiver.
En effet, il semble que, de m๊me que, apr่s que le Soleil sest approch้ du
p๔le nord, les vents soufflent de cette partie, de m๊me, apr่s quil sest
approch้ du p๔le contraire, ils doivent souffler de la partie oppos้e. |
[80261]
Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 8 Deinde
cum dicit: habet autem non irrationabiliter etc., solvit praedictam
dubitationem. Et dicit quod opposito tempore fiunt quidam venti qui vocantur leuconoti,
sic dicti quia in sereno flant (nam leucos in Graeco album
significat); sed non sic fiunt continui, sicut Etesiae boreales, et ideo,
quia latent, latentia causat praedictam dubitationem. Causa autem quare non
flant continue, est ista. Quia Boreas flat a locis qui sunt sub polo Arctico,
in quibus est abundantia aquarum et nivium; quae quidem liquefiunt a sole
magis post versiones aestivas quam in primis versionibus, licet tunc sol
maxime appropinquet nobis; et ideo post aestivas versiones, et non in ipsis
versionibus flant Etesiae. Ita etiam maxime suffocationes caliditatum fiunt,
non quando sol maxime appropinquat nobis, qui sumus in parte Septentrionali;
sed post est maior calor, propter continuationem calefactionis in longo
tempore. Primo enim,
quando sol accedit versus tropicum, invenit materiam dispositam: sed paulatim
dominando in ipsam, magis imprimit effectum suum postquam incipit recedere,
cum tamen adhuc sit prope. Et ideo post
ortum canis, in diebus scilicet canicularibus, est maior calor quam ante
solstitium vel in ipso solstitio. Et magis etiam tunc liquefiunt et aquae et
nives: et ideo tunc plures fiunt exhalationes, et magis flant venti. Sed
verum est quod in ipso solstitio, quando est magis prope, magis exsiccat, ut
supra dixit, et magis disponit materiam ad exhalationem: sed exhalatio maior
fit post ortum canis; et tunc flant Etesiae continue. Et similiter post
versiones hiemales flant Ornithiae, dictae ab ave vel gallina: quia
oriente aliqua constellatione avis flant, sicut Etesiae post ortum canis (has
autem Ornithias supra dixit leuconotos). Et dicit quod Ornithiae sunt
debiles, quia sunt minores: et tardius flant quam Etesiae; incipiunt enim
flare septuagesimo die post versionem hiemalem, quasi circa principium veris.
Et hoc ideo,
quia necesse est quod sol multum elongetur et minus invalescat, et non
totaliter exurat regionem illam ex qua flant venti Australes, ut possint
aliquae exhalationes elevari ad generationem ventorum. Et haec est ratio
quare non continue flant: quia quaedam humiditates in superficie terrae
existentes et debiles, exhalant ex illa parte terrae, sole sic elongato, ex
quibus non potest generari continuus ventus; aliae autem humiditates, quae
sunt magis congelatae, indigent maiori caliditate ad hoc quod exhalent; cum
scilicet caliditas quam tunc exhibet sol, sit parva, quia sol est distans. Et
ideo isti venti non continue, sed interpolate flant, donec iterum post
versiones aestivas flaverint Etesiae ex parte Septentrionis: huiusmodi enim
venti aquilonares magis habent aptitudinem ut continue flent, propter
supradictam causam. |
Ensuite, quand il dit : Il ny a lเ rien dirrationnel, etc., il dissipe le doute d้jเ mentionn้. Et il dit quเ la saison oppos้e se l่vent certains vents qui sont appel้s ซ blancs du midi ป, ainsi nomm้s parce quils soufflent par temps serein (car leucos signifie ซ blanc ป en grec), mais quils ne se forment pas en continu, comme les ้t้siens du nord, et le fait quils soient cach้s cause le doute d้jเ mentionn้. La raison pour laquelle ils ne soufflent pas en continu est la suivante. Le bor้e souffle เ partir de lieux qui sont sous le p๔le arctique, o๙ se trouvent eaux et neige en abondance ; ces derni่res se liqu้fient sous laction du Soleil plus apr่s la conversion d้t้ quaux premiers temps de cette conversion, bien quเ ce moment-lเ le Soleil soit au plus pr่s de nous ; et cest pourquoi les ้t้siens soufflent apr่s la conversion d้t้ et non au moment m๊me de la conversion. Les chaleurs deviennent aussi les plus ้touffantes non pas lorsque le Soleil est au plus pr่s de nous qui sommes dans la partie septentrionale, mais la chaleur est la plus forte apr่s, parce que le r้chauffement continue pendant une longue dur้e. Premi่rement en effet, lorsque le Soleil arrive au tropique, il trouve une mati่re bien dispos้e : mais en la dominant peu เ peu sur elle, il imprime davantage son effet apr่s avoir commenc้ เ reculer bien quil soit encore proche. Et cest pourquoi la chaleur est plus forte apr่s le lever du Chien, เ savoir pendant les jours de la Canicule, quavant le solstice ou au moment m๊me du solstice. Et les eaux et les neiges se liqu้fient davantage เ ce moment-lเ : et cest la raison pour laquelle les exhalaisons deviennent plus nombreuses et les vents soufflent plus fort. Mais il est vrai quau moment m๊me du solstice, lorsquil est plus proche, il dess่che davantage, comme il la dit ci-dessus : mais lexhalaison devient plus grande apr่s le lever du Chien ; et cest เ ce moment-lเ que les ้t้siens soufflent en continu. Et de la m๊me fa็on cest apr่s la conversion dhiver que soufflent les vents ornithiens, nomm้s เ partir des oiseaux ou des poules, puisquils soufflent au lever dune constellation de loiseau, comme les ้t้siens apr่s le lever du Chien (il a appel้ ci-dessus ces vents ornithiens ซ blancs du midi ป). Et il dit que les ornithiens sont faibles, puisquils sont moindres : et ils soufflent plus tard que les ้t้siens ; car ils commencent เ souffler soixante-dix jours apr่s la conversion dhiver, quasiment au d้but du printemps. Et cela parce quil est n้cessaire que le Soleil soit tr่s loin, quil prenne moins de force et quil ne br๛le pas totalement la r้gion do๙ soufflent les austers, afin que quelques exhalaisons puissent s้lever pour engendrer les vents. Et voici la raison pour laquelle ils ne soufflent pas en continu : certaines zones humides qui se trouvent เ la surface de la terre et et qui sont faibles sexhalent de cette partie de la terre, au moment o๙ le Soleil est ainsi ้loign้, et le vent ne peut ๊tre engendr้ en continu เ partir delles ; mais dautres zones humides, qui sont plus gel้es, ont besoin dune plus grande chaleur pour sexhaler, เ savoir que la chaleur que produit alors le Soleil est faible, puisquil est distant. Et cest pourquoi ces vents ne soufflent pas en continu, mais par intermittence, jusquเ ce que les ้t้siens aient commenc้ เ souffler apr่s la conversion d้t้ เ partir du septentrion : en effet, les bor้es sont plus aptes เ souffler en continu, pour la cause susdite. |
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Caput 10 |
Chapitre 10 [Les vents (suite)] |
[80262]
Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 1 Quia in solutione praedictae dubitationis posuerat quod
venti Australes non flant continue post hiemales versiones, sicut aquilonares
post aestivas; et causa quam assignavit, supponebat quod venti Australes non
flarent a locis in quibus abundant aquae et nives; quod esset falsum, si
Auster flaret ab altero polo, quia etiam ibi abundat talis materia, ut supra
dictum est; ideo nunc intendit ostendere quod Auster non flat ab altero polo,
sed a loco qui est sub tropico aestivali. Et circa hoc tria facit: primo proponit quod
intendit; secundo manifestat dispositionem terrae habitabilis, ut melius
accipiatur quod intendit, ibi: duabus enim existentibus etc.; tertio
manifestat quod proponit, ibi: quoniam autem similiter et cetera. Dicit ergo primo quod Auster flat nobis ab
aestiva versione, idest a loco qui est sub tropico aestivali, scilicet
sub cancro; et non ab altera ursa, idest ab altero polo immanifesto
nobis. Utitur autem tali modo loquendi, quia polum Arcticum, qui nobis apparet,
circumeunt constellationes ursae, maioris scilicet et minoris. |
199. Puisquil avait pos้ pour dissiper le doute pr้c้dent que les austers ne soufflent pas en continu apr่s la conversion dhiver, comme les bor้es apr่s celle d้t้, et que la cause quil avait donn้e supposait que les austers ne soufflent pas เ partir de lieux o๙ les eaux et les neiges abondent ‒ ce qui serait faux si lauster soufflait de lautre p๔le, puisque lเ aussi une telle mati่re abonde, comme on la dit ci-dessus ‒, il cherche เ montrer maintenant que lauster ne souffle pas de lautre p๔le, mais du lieu qui est sous le tropique d้t้. Et, concernant cela, il fait trois choses : premi่rement, il propose ce quil vise ; deuxi่mement, il montre la disposition de la terre habitable, afin que lon comprenne mieux ce quil vise, lเ : comme deux existent, etc. ; troisi่mement, il manifeste ce quil propose, lเ : or puisque, de la m๊me mani่re, etc. Il dit donc premi่rement que lauster souffle de la conversion d้t้, cest-เ-dire du lieu qui est sous le tropique d้t้, เ savoir sous le Cancer, et non de lautre Ourse, cest-เ-dire sous lautre p๔le, qui nous est cach้. Il utilise une telle mani่re de parler parce que les constellations de lOurse, เ savoir la grande et la petite, tournent autour du p๔le arctique, qui nous est visible. |
[80263] Super Meteora, lib.
2 cap. 10 n. 2 Deinde
cum dicit: duabus enim existentibus etc., ostendit dispositionem
terrae habitabilis. Et primo ostendit quod figura terrae
habitabilis est sicut tympani; secundo autem excludit opinionem contrariam
quorundam, ibi: propter quod et ridicule et cetera. Dicit ergo primo quod duae partes sunt quae
possunt habitari: una quidem quae est versus superiorem polum Arcticum, in
qua scilicet nos habitamus; altera vero est versus alterum polum, et est
nobis ad meridiem, sicut et nostra habitabilis est eis ad meridiem ipsorum.
Sed utrum illa terra habitetur, relinquit immanifestum. Utriusque tamen
partis est figura ad modum tympani. Cuius imaginationem oportet sic accipere
ex eis quae ponit. Manifestum est enim quod aliqua pars
caelestis sphaerae est nobis semper apparens, scilicet a polo Arctico usque
ad aliquam quantitatem, quae tanto minor est, quanto ad polum oppositum polo
Arctico aliquis magis appropinquat. Alia autem pars est nobis semper
immanifesta, scilicet a polo contrario usque ad aliquam quantitatem, quae
etiam tanto maior est, quanto est maior propinquitas ad polum Arcticum. In
medio autem inter utrumque polum est circulus aequinoctialis, quem intersecat
zodiacus, declinans ad utramque partem. Ubi ergo zodiacus maxime declinat ab
aequinoctiali versus polum Arcticum, est tropicus aestivalis, idest
principium cancri: ubi autem maxime declinat versus polum occultum nobis, est
tropicus hiemalis, idest principium Capricorni. Haec ergo est tertia pars caelestis
sphaerae, quae est inter duos tropicos. Duae autem aliae partes
considerantur: una scilicet inter tropicum aestivalem et id quod est semper
nobis manifestum; alia inter tropicum hiemalem et id quod est nobis occultum
de caelo. Et quia tota terra sphaerica est, et in centro caelestis sphaerae
locata, necesse est quod sub singulis partibus sphaerae caelestis
considerentur singulae partes sphaerae terrestris. In puncto igitur terrae
qui est sub polo Arctico, describatur a; in puncto vero qui est sub termino
partis semper manifestae, describatur b; in puncto vero qui est sub aestivo
tropico, describatur c; in puncto vero qui est sub hiemali tropico,
describatur d; in puncto autem qui est sub termino partis semper occultae,
describatur e; in puncto autem qui est sub polo Antarctico, describatur f; in
puncto autem qui est in centro terrae, describatur z; et producantur rectae
lineae a centro terrae, scilicet in b et in c. (Lineae zb et zc) faciunt duos
angulos cum linea ducta per superficiem terrae, quos angulos hic conos
vocat. Et quia linea ducta per superficiem terrae est curva, eo quod terra
est sphaerica, manifestum est quod duae praedictae lineae faciunt figuram
tympani, descindentes superficiem terrae in figuram non circularem. Et hoc
est, quod dicit: talem enim figuram, idest tympani, terrae
habitabilis excidunt duae lineae ductae ex centro ipsius, idest
terrae, et faciunt duos conos, idest duos angulos, cum linea ducta per
superficiem terrae, hunc quidem habentem basim tropicum, idest
existentem in basi in tropico puncto, hunc vero semper manifestum,
idest alium angulum apud terminum partis caelestis semper nobis manifestae; verticem
autem, idest caput trianguli zbc, cuius basis est bc, faciunt in medio
terrae, idest in centro. Et eodem modo ex alia parte versus inferiorem
polum: quia illam partem excidunt duae lineae ductae a centro, scilicet in d
et in e. Et hae duae partes solae possunt habitari.
Nam illa pars quae est inter duos tropicos, videtur inhabitabilis propter
immensitatem caloris: eo quod sol pertransit quasi directe super eam, et
super summitatem capitis habitantium, si habitaretur. Aliae vero partes, quae
sunt sub parte caeli semper manifesta et occulta nobis, prope utrumque polum,
sunt inhabitabiles propter immensitatem frigoris ex distantia solis. Et quod
illa pars quae est ultra tropicum aestivalem, non habitetur, ostendit quia,
si habitaretur, non semper apud omnes homines versus polum Arcticum
habitantes umbra fieret versus Septentrionem. Si enim sol aliquando esset inter eos et
Septentrionem, fieret aliquando eis umbra ad meridiem, in oppositum scilicet
solis; si autem aliqui habitarent ultra tropicum aestivum, prope polum
Arcticum, tunc quando sol est in tropico aestivo, esset inter eos et polum
Arcticum; unde umbra tunc fieret eis versus meridiem. Sed hoc non invenitur
ad loca habitabilia, quod deficiat umbra aut permutetur ad meridiem. Ibi
quidem deficit umbra, ubi sol existit super summitates capitum, ut sic in
nullam partem umbra fieri possit: ibi autem umbra fit ad meridiem, ubi sol
declinat magis ad Septentrionem. Talia autem loca dicit esse inhabitabilia,
quia etsi aliqui habitent ibi, propter aliquam contemperantiam aut aquarum
aut montium, tamen rarae sunt habitationes et graves. Sicut autem praedicta loca inhabitabilia
sunt propter nimium aestum, ita loca quae sunt sub constellatione ursae, quae
quidem pars caeli semper nobis apparet, sunt inhabitabilia propter frigus,
causatum ex distantia solis. Similiter ergo pars ista terrae in qua nos
habitamus, est inter utrumque circulum, scilicet inter eum qui transit per
tropicum aestivalem, et eum qui terminat partem caeli semper nobis
manifestam. Et hoc evidenter apparet ex hoc quod
constellatio coronae, quae quidem est inter utrumque dictorum circulorum, fit
nobis super summitatem capitum, quando fuerit in circulo meridiano,
idest in circulo qui transit per polos mundi et per punctum qui est supra
caput nostrum. |
200. Ensuite, quand il dit : en effet, il existe deux, il montre la disposition de la terre habitable. Et, premi่rement, il montre que la figure de la terre habitable est comme un tambourin ; deuxi่mement, il rejette lopinion contraire de certains, lเ : cest pourquoi il est ้galement ridicule, etc. Il dit donc premi่rement quil y a deux parties qui peuvent ๊tre habit้es : lune qui est vers le p๔le sup้rieur arctique, เ savoir celle dans laquelle nous habitons ; lautre est vers lautre p๔le et au sud pour nous, de m๊me que notre partie habitable est pour eux au sud. Mais il ne montre pas si cette terre est habit้e. Cependant, la figure des deux parties ressemble เ un tambourin. Il faut ainsi comprendre cette repr้sentation เ partir de ce quil pose. En effet, il est manifeste quune partie de la sph่re c้leste nous est toujours apparente, เ savoir du p๔le nord jusquเ une distance qui est dautant plus petite que lon sapproche du p๔le oppos้ เ partir du p๔le nord. Lautre partie nous est toujours invisible, เ savoir du p๔le contraire jusquเ une distance qui est aussi dautant plus grande que la proximit้ du p๔le nord est grande. Au milieu, entre les deux p๔les, se trouve le cercle de l้quinoxe, qui coupe le zodiaque, qui est inclin้ des deux c๔t้s. Donc lเ o๙ le zodiaque est le plus inclin้, du cercle ้quinoxial vers le p๔le nord, se trouve le tropique d้t้, cest-เ-dire le d้but du Cancer ; lเ o๙ il est le plus inclin้ vers le p๔le qui nous est cach้ se trouve le tropique dhiver, cest-เ-dire le d้but du Capricorne. Cest donc le tiers de la sph่re c้leste qui est entre les deux tropiques. Or deux autres parties sont consid้r้es : เ savoir lune entre le tropique d้t้ et ce qui nous est toujours manifeste ; lautre entre le tropique dhiver et ce qui nous est toujours cach้ du ciel. Et puisque toute la Terre est sph้rique et plac้e au centre de la sph่re c้leste, il est n้cessaire que chaque partie de la sph่re terrestre soit consid้r้e sous chaque partie de la sph่re c้leste. Par cons้quent, en un point de la Terre qui est sous le p๔le arctique notons A ; en un point qui est sous la limite de la partie toujours manifeste, notons B ; en un point qui est sous le tropique d้t้, notons C ; en un point qui est sous le tropique dhiver, notons D ; en un point qui est sous la limite de la partie toujours cach้e, notons E ; en un point qui est sous le p๔le antarctique, notons F ; en un point qui est au centre de la Terre, notons Z ; et tra็ons les lignes droites partant du centre de la Terre, เ savoir vers B et C. [Les lignes ZB et ZC] forment deux angles avec la ligne trac้e sur la surface de la Terre, angles quil appelle ici c๔nes. Et puisque la ligne trac้e sur la surface de la Terre est courbe, du fait que la Terre est sph้rique, il est manifeste que les deux lignes susdites forment la figure dun tambourin, d้coupant la surface de la Terre en une figure non circulaire. Et cest ce quil dit : car les deux lignes trac้es เ partir de son centre, cest-เ-dire celui de la Terre, en d้coupent une telle figure, cest-เ-dire un tambourin, et forment deux c๔nes, cest-เ-dire deux angles, avec une ligne trac้e sur la surface de la Terre, lun ayant pour base le tropique, cest-เ-dire ้tant sur la base sur un point du tropique, lautre le cercle qui est toujours visible, cest-เ-dire un autre angle เ la limite de la partie du ciel toujours visible pour nous ; ils forment un sommet, cest-เ-dire la t๊te du triangle ZBC, dont la base est BC, au centre de la Terre, cest-เ-dire au centre. Et de la m๊me mani่re de lautre partie vers le p๔le inf้rieur : puisque deux lignes trac้es เ partir du centre, เ savoir en D et en E, d้coupent cette partie. Et seules ces deux parties peuvent ๊tre habit้es. Car la partie qui se trouve entre les deux tropiques semble inhabitable en raison de limmensit้ de la chaleur : du fait que le Soleil passerait quasiment directement au-dessus delle et เ la verticale de la t๊te des habitants, sil y en avait. Les autres parties, qui sont sous la partie du ciel qui est toujours visible et toujours cach้e pour nous, pr่s de chaque p๔le, sont inhabitables en raison de limmensit้ du froid, เ distance du Soleil. Et il montre que la partie qui se trouve au-delเ du tropique d้t้ nest pas habit้e par le fait que, si elle l้tait, lombre ne se ferait pas toujours vers le nord chez tous les hommes demeurant vers le p๔le arctique. En effet, si le Soleil se trouvait parfois entre eux et le nord, lombre se ferait parfois au sud pour eux, เ savoir เ loppos้ du Soleil ; mais si quelques-uns habitaient au-delเ du tropique d้t้, pr่s du p๔le arctique, dans ce cas, lorsque le Soleil serait sur le tropique d้t้, il serait entre eux et le p๔le arctique ; de ce fait lombre serait en direction du sud pour eux. Mais on ne constate pas dans les lieux habitables que lombre fasse d้faut ou quelle se tourne vers le sud. Lombre fait d้faut lเ o๙ le Soleil est situ้ au sommet des t๊tes si bien quelle ne puisse ainsi se faire nulle part ; lombre soriente vers le sud lเ o๙ le Soleil sinfl้chit davantage vers le nord. Or il dit que de tels lieux sont inhabitables parce que, m๊me si quelques-uns y demeurent, les habitations sont rares et p้nibles เ cause dun temp้rament semblable des eaux ou des montagnes. De m๊me que les lieux d้jเ mentionn้s sont inhabitables en raison dune trop grande chaleur, de m๊me les lieux qui sont sous la constellation de lOurse ‒ du moins la partie du ciel qui nous est toujours visible ‒ le sont เ cause du froid, caus้ par la distance เ laquelle se trouve le Soleil. Donc, de la m๊me fa็on, la partie de la Terre que nous habitons se trouve entre les deux cercles, เ savoir entre celui qui passe par le tropique d้t้ et celui qui limite la partie du ciel qui nous est toujours apparente. Et cela appara๎t avec ้vidence du fait que la constellation de la Couronne, qui est du moins entre les deux cercles susdits, se trouve pour nous au-dessus de nos t๊tes lorsquelle est sur le cercle m้ridien, cest-เ-dire sur le cercle qui passe par les p๔les du monde et le point qui est situ้ au-dessus de notre t๊te. |
[80264]
Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 3 Deinde cum dicit: propter quod et ridicule etc.,
excludit quorundam falsam opinionem. Et dicit quod per praedicta apparet quod
deridendi sunt describentes terram habitatam a nobis quasi circularem: hoc
enim apparet impossibile et secundum rationem, et secundum signa apparentia.
Ratio enim ostendit quod habitatio terrae determinatur secundum latitudinem,
ex una parte ad loca inhabitabilia propter aestum, et ex alia parte
inhabitabilia propter frigus. Sed quantum ad longitudinem posset copulari
circulus, ut tota pars terrae praedicta undique habitaretur, propter eius
temperantiam: non enim invenitur excessus frigoris et caloris secundum
distantiam orientis et occidentis, secundum quam longitudo terrae attenditur,
sed secundum latitudinem, quae attenditur secundum distantiam Poli ad
circulum aequinoctialem; eo quod in superficie maior dimensio vocatur
longitudo, minor vero latitudo, ab oriente vero in occidentem designatur
totus semicirculus, a polo autem Arctico usque ad aequinoctialem circulum,
quarta pars circuli. Rationabiliter etiam distantia orientis et occidentis
non diversificat calorem et frigus, quia per hoc non fit maior aut minor
appropinquatio ad viam solis, sicut fit per distantiam latitudinis. Unde,
nisi alicubi prohiberet multitudo maris, totum esset perambulabile quod est
ab occidente in orientem, et iterum ab oriente in occidentem, quia totum
videtur esse temperatum. Non tamen invenitur habitatum de terra, nisi
secundum quantitatem semicirculi ab oriente in occidentem: ad alium enim
semicirculum prohibet accessum nobis multitudo maris. Sic igitur ratio
ostendit sufficienter quod superficies terrae habitabilis non est circularis
vel sphaerica. Et hoc etiam apparet per signa apparentia circa navigationes
et itinera: quia multum differt secundum quantitatem longitudo a latitudine,
et sic superficies terrae habitabilis non est sphaerica. Et quod multum
differat, patet quia illud quod est a columnis Herculis, quae sunt in ultimis
partibus Hispaniae, quasi in ultimo termino occidentis, usque ad Tanaim
Indicum, quae est longitudo, plus excedit secundum magnitudinem id quod est
ab ultimis terminis Ethiopiae usque ad extrema Scythiae loca, quae est
latitudo nostrae habitabilis, quam sit proportio quinque ad tria. Si quis
ratiocinetur navigationes et itinera, prout convenit, talium distantiarum
accipiet certitudinem. Sed in hoc differt secundum longitudinem et
latitudinem, quia scimus totum illud quod est habitabile de terra secundum
latitudinem esse habitatum usque ad loca inhabitabilia, quae non habitantur
vel propter frigus vel propter aestum: sed non est ita de longitudine, quia
id quod est circa terminum Indicum ex parte orientis, et quod est circa
columnas Herculis ex parte occidentis, non videntur posse copulari adinvicem,
ut sit reditus ex alia parte, et sic tota ista portio terrae sit habitabilis
continue, quia impeditur accessus propter mare. Unde non est nobis certum,
utrum aliqui habitent ibi vel non. |
Ensuite, quand il dit : cest pourquoi on trace de nos jours, il rejette lopinion erron้e de certains. Et il dit quil est clair, dapr่s ce qui vient d๊tre avanc้, quil faut se moquer de ceux qui repr้sentent la terre que nous habitons de fa็on quasiment circulaire. En effet, cest de toute ้vidence impossible เ la fois selon la raison et selon les preuves apparentes. Car la raison montre que le fait dhabiter la terre est d้termin้ selon la latitude, dun c๔t้ vers les lieux inhabitables en raison du chaud, et dun autre c๔t้ vers les lieux inhabitables en raison du froid. Mais le cercle pourrait ๊tre uni en longueur, de telle sorte que toute la partie de la terre mentionn้e serait habit้e de tout c๔t้ เ cause de son climat temp้r้. En effet, on ny trouve pas dexc่s de froid et de chaleur de lorient vers loccident, distance qui correspond เ la longueur de la terre, mais en largeur, qui correspond เ la distance du p๔le au cercle ้quinoxial, du fait que la dimension la plus grande en surface est appel้e longueur et la plus petite largeur, et que lon trace tout un demi-cercle de lorient vers loccident et un quart de cercle du p๔le arctique jusquau cercle ้quinoxial. De plus, la distance dorient en occident ne montre raisonnablement pas de variation de chaleur et de froid, puisque par lเ on ne sapproche pas du trajet du Soleil, comme il se fait sur la distance de la largeur. D่s lors, เ moins quune vaste ้tendue de mer ne forme un obstacle en quelque endroit, il serait possible de parcourir tout le territoire qui va de loccident เ lorient et de revenir de lorient เ loccident, puisquil semble enti่rement temp้r้. On ne trouve pourtant de terre habit้e que sur le demi-cercle qui va dorient en occident : en effet, une grande ้tendue de mer nous interdit lacc่s เ lautre demi-cercle. Ainsi donc, la raison montre suffisamment que la surface de la terre nest pas circulaire ou sph้rique. Et cela est aussi clair par des preuves venant des voyages maritimes et terrestres : puisque la longueur est tr่s diff้rente de la largeur en quantit้, et quainsi la surface de la terre habitable nest pas sph้rique. Et ce qui montre que la diff้rence est grande, cest que ce qui va des Colonnes dHercule, qui se situent dans les derni่res parties de lEspagne, pour ainsi dire เ la derni่re limite de loccident, jusquau Tana๏s indien, cest-เ-dire la longueur, a un rapport sup้rieur en grandeur เ cinq tiers avec ce qui va des derni่res limites de lษthiopie aux extr้mit้s de la Scythie, cest-เ dire la largeur de notre terre habitable. Si lon calcule les voyages maritimes et terrestres, comme il convient, on obtiendra le compte exact de telles distances. Mais il y a une diff้rence concernant la longueur et la largeur en cela, parce que nous savons que tout ce qui est habitable sur la Terre est habit้ jusquaux lieux inhabitables, qui ne sont pas peupl้s soit เ cause du froid, soit เ cause de la chaleur : mais il nen est pas ainsi pour la longueur, puisque ce qui se trouve aux environs de la limite de lInde en orient et ce qui est aux environs des Colonnes dHercule en occident ne semblent pas pouvoir se rejoindre lun เ lautre de mani่re เ ce quon revienne de lautre c๔t้ et quainsi toute cette portion de terre soit habitable de fa็on continue, ้tant donn้ que lacc่s en est impossible เ cause de la mer. De ce fait, nous ne sommes pas certains quil y ait quelques habitants เ cet endroit ou non. |
[80265] Super Meteora, lib.
2 cap. 10 n. 4 Deinde
cum dicit: quoniam autem similiter etc., ostendit propositum de
principio Austri. Et circa hoc tria facit: primo ostendit quod
Auster non flat ab altero polo; secundo quod non flat a tropico hiemali, sed
aestivo, ibi: quoniam autem neque ille etc.; tertio ostendit causam
vehementiae Austri, ibi: ille autem et cetera. Dicit ergo primo quod sicut ista pars terrae
in qua habitamus, se habet ad polum Arcticum, ita etiam necesse est quod
aliqua alia se habeat ad polum oppositum. Unde oportet quod
proportionabiliter sit ibi flatus ventorum sicut et hic. Unde sicut flat
Boreas a polo Arctico, ita ibi flat aliquis ventus a polo opposito (quem
nominat aliam ursam). Sed ille ventus qui flat ab alio polo, non potest
pertingere huc: quia Boreas non solum non potest pertingere ad aliam partem
terrae habitabilem, sed nec etiam in totam istam habitabilem nostram
pertingere potest; est enim Boreas ventus apogeios, quod non multum
procedere potest. Sed propter hoc quod ista nostra habitabilis posita est ad
arctum, plurimi Boreae flant nobis: sed sicut hic flant plurimi Boreae et
Austri, ita et extra mare Libycum, quod est ad Austrum, flant plurimi Euri et
Zephyri. Sic igitur manifestum est quod Auster non flat ab alio polo. |
202. Ensuite, quand il dit : puisquil y aura n้cessairement, il montre ce quil sest propos้ sur lorigine de lauster. Et sur ce point il fait trois choses : premi่rement, il montre que lauster ne souffle pas de lautre p๔le ; deuxi่mement, quil ne souffle pas du tropique dhiver, mais d้t้, lเ : puisque celui-lเ non plus, etc. ; troisi่mement, il montre la cause de la violence de lauster, lเ : mais celui-lเ, etc. Il dit donc premi่rement que, de m๊me que la partie de la terre dans laquelle nous habitons se trouve vers le p๔le arctique, de m๊me il est n้cessaire quune autre partie se trouve vers le p๔le oppos้. De ce fait, il faut que le souffle des vents pr้sente เ cet endroit une sym้trie avec celui dici. D่s lors, de m๊me que le bor้e souffle du p๔le arctique, de m๊me un vent souffle lเ-bas du p๔le oppos้ (quil appelle lautre Ourse). Mais le vent qui souffle de lautre p๔le ne peut parvenir jusquici : puisque non seulement le bor้e ne peut parvenir jusquเ lautre partie de la terre habitable, mais il ne peut pas non plus arriver jusquเ la totalit้ de notre terre habitable ; en effet, le bor้e vient de la terre, ce qui fait quil ne peut aller loin. Mais ้tant donn้ que notre terre habitable est plac้e au nord, les vents les plus nombreux เ souffler chez nous sont les bor้es. Mais de m๊me quici les vents les plus nombreux เ souffler sont les bor้es et les austers, de m๊me au-delเ de la mer de Libye, qui est au sud, les vents les plus nombreux sont les eurus et les z้phyrs. Ainsi donc, il est manifeste que lauster ne souffle pas de lautre p๔le. |
[80266]
Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 5 Deinde cum dicit: quoniam autem neque ille etc.,
ostendit quod non flat a tropico hiemali. Quia si Auster flaret a tropico
hiemali, alium oporteret dare ventum qui flaret a tropico aestivali, cum ista
duo loca sibi proportionaliter correspondeant. Sed hoc non contingit: solus
enim unus ventus flat nobis ex illa parte. Quare necesse est quod Auster sit
ventus flans a tropico aestivali, ubi est exusta regio. |
211. Ensuite, quand il dit : car ce nest pas un vent, il montre quil ne souffle pas du tropique dhiver. Parce que si lauster soufflait de ce tropique, il faudrait donner un autre vent qui souffle du tropique d้t้, puisque ces deux lieux se correspondent de fa็on sym้trique. Mais cela narrive pas : en effet, un seul vent souffle pour nous de ce c๔t้. D่s lors, il est n้cessaire que le vent du sud soit celui qui souffle du tropique d้t้, o๙ se trouve la r้gion br๛l้e. |
[80267]
Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 6 a Deinde
cum dicit: ille autem etc., quia
supra assignaverat causam vehementiae boreae et austri, supponendo quod flant
a duobus polis oppositis, secundum aliorum opinionem, quae supra impugnata
est ; ideo hic ostendit veram causam vehementiae austri, secundum
opinionem propriam. Dicit ergo quod licet in illo loco, id est sub tropico
aestivali, non sit multa materia fumans, sicut est circa polum, quia propter
vicinantiam solis non sunt ibi multae aquae, neque pascua, idest loca herbosa et humida, ex quibus possint pervenire
etesiae, idest venti
continui ; tamen ad illum locum, propter eius magnitudinem, congregatur
ex diversis regionibus materia austri; qui propter magnitudinem locorum ex
quibus per longum tempus adunata est materia eius in magna abundantia, est
ventus magis stabilis et fortis quam boreas. Et ex consequenti magis durare
potest, et pertingere ad locum boreae, quam boreas possit pertingere illuc,
idest ad locum austri. Hic explicit expositio S. Thomae. |
204. Ensuite, lorsquil dit : or ce lieu, comme il avait ci-dessus donn้ la cause de la violence du bor้e et de lauster, en supposant quils soufflent des deux p๔les oppos้s, selon lopinion des autres, laquelle est attaqu้e plus haut, il montre ici la vraie cause de la violence de lauster, suivant sa propre opinion. Il dit donc que, bien que dans ce lieu, cest-เ-dire sous le tropique d้t้, il ny ait pas de mati่re fumante, comme aux environs du p๔le, puisque, en raison du voisinage du Soleil, il ne se trouve เ cet endroit pas beaucoup deau, ni de pโturages, cest-เ-dire de lieux couverts dherbe et humides, do๙ puissent venir les ้t้siens, cest-เ-dire les vents continus, cependant en ce lieu se rassemble la mati่re de lauster เ partir de diff้rentes r้gions, en raison de sa grandeur ; celui-ci est un vent plus stable et fort que lauster, เ cause de la grandeur des r้gions o๙ sa mati่re se r้unit en grande abondance pendant une longue p้riode. Et par cons้quent il peut durer plus longtemps et il peut davantage atteindre la r้gion du bor้e que ce dernier ne peut parvenir jusque-lเ, cest-เ-dire la r้gion de lauster. |
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Caput 13 |
Chapitre 13 [par un commentateur inconnu] |
[91887] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 1 De agitatione autem et motu terre et cetera. Postquam Philosophus determinauit
de uentis in aere flantibus, hic determinat de effectibus uentorum. Et primo
de terremotu, qui causatur ex uento infra terram generato; secundo de
tonitruo, qui causatur ex uento in nubibus, ibi: de coruscatione autem et
tonitruo et cetera. |
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[91888] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 2 Circa primum duo facit. Primo dicit de quo
est intentio. Et dicit quod post uentos dicendum est de motu
et agitatione terre. Et rationem ordinis assignat quia causa huius
passionis, scilicet terremotus, est habita, id est consequens
et proxima, huic generi, scilicet uentorum: quod enim uentum causat in
aere, hoc causat infra terram terre agitationem. |
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[91889] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 3 Secundo cum dicit, sunt
autem tradita, exequitur propositum. Et primo secundum opinionem aliorum;
secundo secundum ueritatem, ibi: set quoniam manifestum. |
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[91890] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 4 Circa primum duo facit. Primo enumerat
opiniones et opinantes. Et dicit quod usque ad tempus suum tres
opiniones fuerant de terremotu trium philosophorum, quorum unus fuit Anaxagoras,
alius fuit Anaximenes predecessor eius, qui et magister ipsius fuisse
dicitur, tercius autem post eos fuit Democritus; et nominat eos a
locis unde fuerunt. |
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[91891] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 5 Secundo ibi: Anaxagoras
quidem igitur etc., prosequitur opiniones. Et primo opinionem Anaxagore;
secundo opinionem Democriti, ibi: Democritus autem ait etc.; tercio
opinionem Anaximenis, ibi: Anaximenes autem ait et cetera. |
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[91892] Super Meteora,
lib. 2 cap. 13 n. 6 Circa primum duo facit. Primo
ponit opinionem. Circa quam sciendum est quod Anaxagoras estimauit quod
sursum et deorsum distinguerentur in uniuerso secundum positionem hominis, ut
scilicet quicquid est in uniuerso supra caput nostrum sit sursum, quicquid
autem est uersus pedes nostros totum sit deorsum; et secundum hoc sequitur
quod sicut terra est inferior ad unam partem celestis spere, ita sit superior
respectu partis opposite. |
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[91893] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 7 Quia igitur ether, quem dicebat Anaxagoras
ignem ex quo ponebat totum celum consistere, naturaliter fertur sursum,
terra autem est sursum respectu alicuius partis celi, sequitur quod ether
naturaliter feratur uersus terram. Et ita dicebat quod incidit in
concauitates que sunt in inferiori parte terre, et sic ether inclusus
in terram mouet ipsam; dicebat enim quod naturaliter tota terra est
sompha, id est concaua et spongiosa, set ista concauitas non apparet ita in
superiori parte terre, quoniam partes terre superiores concluduntur et non
sunt concaue propter ymbres humefacientes terram: manifestum est enim
quod propter siccitates fiunt yatus et concauitates in terra, unde propter
ymbres huiusmodi concauitates impediuntur. Et hoc idem dicebat Anaxagoras ac
si una pars tocius spere mundialis sit inferior, que est uersus pedes
nostros, et alia superior, scilicet in qua nos habitamus. |
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[91894] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 8 Secundo ibi: ad
hanc quidem autem causam, inprobat hanc opinionem quatuor rationibus. Circa quarum primam dicit quod cum ista
causa sit simpliciter et irrationabiliter assignata, non esset multum
oportunum aliquid contra eam dicere eo quod manifeste continet
inconueniens: stultum enim est putare quod sursum et deorsum
determinentur sic in uniuerso quod non dicatur esse deorsum
respectu tocius uniuersi locus terre, ad quem feruntur grauia, et sursum
locus oppositus, ad quem feruntur leuia, cuius contrarium ipse ponit. |
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[91895] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 9 Secundam rationem ponit ibi: et hoc
uidentes et cetera. Ad cuius intelligenciam considerandum est quod cum
Anaxagoras poneret ignem naturaliter ferri ad terram ex alia parte spere
uelud sursum cogebatur, eadem ratione ponere quod tota terra naturaliter
tenderet uersus celum quasi deorsum; set dicebat hoc impediri propter
latitudinem terre, unde non ponebat terram esse sperice figure, set late, ut
quasi nataret in aere ad modum quo corpora lata natant in aqua, rotunda uero
submerguntur. |
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[91896]
Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 10 Hoc autem dicere stultum est, cum uideamus in tota
terra quam nos scimus habitatam quod transeuntibus de loco ad locum semper
orizon uariatur, quia semper polus articus uel magis uel minus eleuatur super
orizontem, et hoc non esset si terra esset late figure uel concaue, set per
hoc ostenditur quod est sperice figure et gibbose ex parte nostra. |
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[91897] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 11 Terciam rationem ponit ibi: et dicere
quidem. Et dicit quod etiam stultum est dicere quod terra quiescat
in aere propter suam magnitudinem, et quod tamen ab ethere
agitetur totaliter uersus sursum quasi desubtus percussa: hec
enim uidentur esse contraria, quod quiescat et moueatur. |
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[91898]
Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 12 Quartam rationem ponit ibi: adhuc autem nullum
reddunt. Et dicit quod per hanc causam quam assignant de terremotu non
potest assignari ratio eorum que accidunt circa terremotus: non enim
omnes regiones nec omnia tempora participant hac passione, quod
oporteret si terremotus accideret ex causa predicta. |
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[91899] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 13 Deinde cum dicit: Democritus autem ait,
ponit opinionem Democriti. Et dicit eum dixisse quod terra intrinsecus erat
plena aqua, et tamen ab extrinseco superuenit ei multa alia aqua
pluuialis a qua mouetur: dum enim aqua crescit, uoragines que sunt sub
terra, quas uentres uocat, non possunt faciliter suscipere
aquam superuenientem cum quadam uiolencia, et ex hoc accidit terremotus; et
simul etiam aqua superueniens trahit partes terre que propter siccitatem
inueniuntur aperte; et sic dum tam aqua quam terra superueniens ex
plenis locis tendit in uacua, facit agitationem terre. |
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[91900] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 14 Hanc autem opinionem
specialiter non reprobat, tum quia eius reprobatio apparet ex hiis que supra
dicta sunt de fluminum generatione et fontium, tum etiam quia quantum ad
aliquid conuenit cum sequenti opinione. |
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[91901] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 15 Deinde cum dicit: Anaximenes
autem, ponit opinionem Anaximenis. Et circa hoc duo facit. Primo narrat
eam. Et dicit eum dixisse quod
terra postquam fuerit compluta desiccatur et rumpitur ita quod apparent
quedam aperture, et ab hiis aperturis cadunt quedam frusta inferius a
quibus terra concutitur. Et huius signum accipiebat ex hoc quod terremotus
fiunt tam in temporibus siccis quam pluuiosis: in siccis quidem
quia terra per exsiccationem rumpitur, in pluuiosis autem quia aque
humectantes terram faciunt terram decidere inferius; et quantum ad hoc
concordabat etiam Democritus. |
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[91902] Super Meteora,
lib. 2 cap. 13 n. 16 Secundo ibi: oportebat autem
etc., inprobat predictam opinionem tripliciter. Primo quidem quia si ex hac
causa accideret terremotus, oporteret quod in multis locis appareret terre
subuersio propter partes terre que iam ceciderunt inferius in precedentibus
terremotibus. |
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[91903] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 17 Secundo ibi: adhuc
autem etc., inprobat per hoc quod in quibusdam locis sepe fit
terremotus in quibus tamen non apparet excessus talis rupture per
differenciam ad alia loca, quod tamen oporteret si hoc quod dictum est
esset causa terremotus, quia multiplicatio effectus ex multiplicatione cause
procedit. |
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[91904] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 18 Tercio ibi: omnino autem etc., inprobat per hoc
quod oporteret semper minus et minus fieri terremotus, et tandem
omnino aliquando cessaret, quia si partes superiores decidunt
inferius, oportet quod quandoque repleant partes inferiores ut non sit ultra
decidere; unde si hoc est inpossibile, inpossibile est hoc quod
dictum est esse causam terremotus. |
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Caput 14 |
Chapitre 14 [ ] |
[91905]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 1 Set quoniam manifestum et cetera. Postquam Philosophus reprobauit opiniones
aliorum de terremotu, hic determinat de eo secundum suam opinionem. |
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[91906] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 2 Et primo assignat causam
terremotus; secundo causam quorundam accidencium circa ipsum, ibi: cum
autem fortis factus fuerit et cetera. |
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[91907] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 3 Circa primum duo facit:
primo assignat causam terremotus; secundo ostendit causam esse bene
assignatam, ibi: existit enim terra. |
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[91908] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 4 Dicit ergo primo quod
dictum est in precedentibus duplicem esse exalationem: unam
uaporosam que resoluitur ab humido, alteram fumosam que resoluitur a
sicco, et ex hac causatur terremotus. |
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[91909] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 5 Secundo ibi: existit enim terra etc.,
probat causam bene esse assignatam. Et primo per rationem; secundo per signa,
ibi: propter quod fiunt et cetera. |
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[91910] Super Meteora,
lib. 2 cap. 14 n. 6 Vtitur autem tali ratione:
exalatio sicca uentum causat, unde cum infra terram retinetur causat uentum
infra terram; uentus autem maxime est motiuus corporum; a uento igitur
rationabile est fieri terremotum. |
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[91911]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 7 Circa hanc rationem tria facit. Primo manifestat quod
exalatio sicca causet uentum infra terram. Et dicit quod licet terra per
se sit sicca, tamen propter ymbres quos recipit multam
humiditatem habet, ut sic tum ex calore solis, tum ex calore
incluso in terra qui est a sole et stellis, causatur multa fumositas
exalata ex terra ex qua multum de uento causatur. Et aliquando tota
materia uenti a terra eleuatur et causatur uentus in aere; aliquando autem
tota materia retinetur intus infra terram et causat infra terram uentum; aliquando
autem partim retinetur infra terram et partim eleuatur supra, et sic
utrobique uentus causatur. |
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[91912] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 8 Secundo ibi: si itaque hoc etc.,
ostendit quod uentus maxime habet uirtutem ad mouendum corpora. Et dicit quod
cum predicte inpossibile sit aliter se habere, oportet
considerare quid sit maxime motiuum corporum. Ad quod duo requiruntur,
quorum unum est quod possit ad multam distanciam moueri: cum
enim corporalia mouencia non moueant nisi moueantur, oportet quod maxime
motiuum est ad multum moueri; secundo oportet quod sit uehemens et uiolentum
ad hoc quod fortiter impellat. Set quod aliquid sit uehementissimum ad
uiolenter impellendum conuenit ex uelocitate motus, quia quod uelociter
fertur fortiter percutit; set quod aliquid ad magnam distanciam
possit transire conuenit ex subtilitate ratione cuius potest per omnia
penetrare. Hec autem duo conueniunt uento, scilicet uelocitas motus et
subtilitas, unde sequitur quod uentus maxime possit mouere corpora. Et
hoc non solum per rationem, set etiam ad sensum apparet, quia quando
igni adhibetur uentus, fit inflammatio et uelociter fertur.
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[91913] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 9 Tercio ibi: non igitur aqua, inducit
conclusionem principaliter intentam, scilicet quod causa terremotus
non est neque aqua, ut dixit Democritus, neque terra, ut dixit
Anaximenes, set uentus, quando scilicet fluxus exalationis infra
terram retinetur. |
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[91914]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 10 Deinde cum dicit: propter quod fiunt etc.,
manifestat causam assignatam per signa. Et primo per signa accepta ab ipsis
uentis; secundo per signa accepta ab inferioribus rebus, ibi: adhuc autem
circa loca; tercio a rebus in alto existentibus, ibi: adhuc solem
fieri caliginosum. |
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[91915]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 11 Circa primum tria facit. Primo ponit signum a uentis
sumptum generaliter. Et dicit quod quia terremotus fit a uento infra terram
retento, plurimi et maximi terremotuum fiunt quando aer est
tranquillus a uentis, quia cum tota exalatio que resoluitur a terra et
est materia uenti sit quasi aliquid unum continuum, ut in pluribus
sequitur impetum principii; unde si id quod id quod primo exalat
feratur infra terram, tota exalatio infra terram continebitur, et sic omnes
uenti erunt infra terram causantes terremotum et extra erit tranquillitas; e
conuerso autem erit si principium exalationis feratur extra. |
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[91916] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 12 Secundo ibi: quosdam
autem fieri, excludit quandam obiectionem que posset fieri ex hoc quod
aliquando terremotus accidunt etiam uentis in aere existentibus. Et dicit quod hoc non est irrationabile:
uidemus enim quod etiam in aere quandoque flant plures uenti simul,
sicut ex superioribus patet, unde cum causentur duo uenti quorum
unus feratur infra terram faciens terremotum et alius sit in aere,
sequetur quod terremotus sit simul cum uento in aere. Set tamen
necesse est quod huiusmodi terremotus sint minores, quia exalatio que
est causa et principium est diuisa, partim fluens extra et partim
retenta intus. |
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[91917] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 13 Tercio ibi: nocte
autem, prosequitur istud signum quod a uentis assumpsit in quibusdam
specialibus. Et dicit quod in nocte
fiunt plures et maiores terremotus quam in die, set illi qui fiunt
de die sunt maiores qui sunt circa meridiem. Et assignat causam
quare diurnorum terremotuum sunt maximi qui sunt circa meridiem, quia
scilicet hec hora diei ut in pluribus est maxime tranquilla a uentis,
quia quando sol maxime habet uictoriam super terram, facit exalationem
causantem uentos declinare infra terram: illud enim quod tunc eleuatur
in altum propter uictoriam solis rarefactum consumitur et dispergitur; set
quia non habet tantam uictoriam infra terram, resoluit quidem exalationem,
set non consumit eam; et inde est quod quando maxime sol obtinet super
terram, maxime exalatio includitur infra terram. Vnde cum maxime
habeat uictoriam in hora meridiei, tunc maxime exalatio declinat infra terram
tranquillitate in aere existente, et ideo diurnorum terremotuum maximi fiunt
in meridie. Set in nocte fiunt adhuc magis, quia in nocte fit tranquillitas
in aere, quia exalationes causantes uentos non ita eleuantur propter
absenciam solis sicut in die, etsi aliquando contingant in nocte uenti
propter exalationes prius eleuatas; et ideo facta resolutione exalationum in
die apud presenciam solis, quia cessat causa eleuans in nocte, recurrunt
exalationes in contrarium, scilicet infra terram, et ideo terremotus
causantur in noctibus; et maxime circa diluculum, quia de nocte
exalationes infra terram retente quasi congelantur, set circa diluculum
propter appropinquationem solis resoluuntur exalationes et excitantur uenti;
unde si principium uentorum inueniatur sub terra, faciet fortiorem
terremotum propter multitudinem materie recurrentis infra terram, sicut
accidit de motu Eurippi, qui propter recursum aque fortiter mouetur. |
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[91918] Super Meteora, lib. 2 cap.
14 n. 14 Deinde cum dicit: adhuc autem circa loca,
manifestat predictam causam terremotus per signa a rebus inferioribus
accepta. Et primo ponit signa
generalia; secundo quedam signa specialia, ibi: signa autem horum. |
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[91919] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 15 Circa primum tria facit:
primo ponit signa accepta a locis; secundo signa accepta a temporibus, ibi: et
uere autem et autumpno; tercio signa accepta a nostris corporibus, ibi: oportet
enim intelligere. |
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[91920] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 16 Dicit ergo primo quod quia
terremotus causantur ex uento infra terram retento, inde est quod circa
illa loca fiunt maximi terremotus in quibus uel mare habet
magnum fluxum uel terra est spongiosa et cauernosa. Et ponit exemplum de quibusdam locis, sicut
est in Ellesponto et in Achaia et in Sicilia, et circa
quedam alia loca in quibus uidetur mare penetrare sub terra
propter cauernositatem terre. Et ex ista causa, quia scilicet terra
est subantrosa et mare fortiter impellit, dicit esse factas in quodam loco
thermas, id est emanationes aquarum calidarum: nam propter impulsionem que
fit ex motu maris infra terram, excitatur calor et ignitio interius, et
maxime si sint loca cauernosa in quibus aer contineatur, et per huiusmodi
adustionem redditur terra sulfurea. Dicit autem quod circa loca
predicta que sunt uicina mafi fluxili maximi fiunt terremotus propter
angustationem interioris uenti ab impulsu maris ipsum exalare non
permittentis, quia uentus uehemens qui natus erat exire a terra
repellitur iterum in terram propter multitudinem maris que impellitur a
uento exteriori uersus terram. Assignat etiam causam quare in locis
cauernosis fiunt terremotus. Et dicit quod quecunque regiones habent
sub terra loca cauernosa que dicuntur inania, quia non sunt
plena corpore solido, magis concutiuntur per terremotus, quia in
huiusmodi cauernis recipiunt multum de uento. |
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[91921] Super Meteora, lib.
2 cap. 14 n. 17 Deinde
cum dicit: et uere autem et autumpno, ponit signa sumpta ex
temporibus. Et dicit quod maxime fiunt terremotus in uere et in
autumpno, et fiunt etiam in siccitatibus et in temporibus pluuiosis
propter eandem causam, scilicet quia terremotus ex uentis causantur, unde
maxime fiunt in uere et in autumpno: in hyeme enim propter
frigiditatem et gelu inmobilitantur uenti quia frigiditas impedit
resolutionem exalationum que est materia uentorum; in estate uero propter
inmensum estum et siccitatem, ita quod non est materia in terra ex qua
exalatio resoluatur (sicut ex lignis ualde siccis resoluitur modicus fumus),
quia tunc maxime obtinet sol super terram. |
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[91922] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 18 Posset autem obici de hoc quod supra dixit
quod in meridie maximi fiunt terremotus quia tunc maxime obtinet sol super
terram, unde si in estate maxime obtinet, uidetur quod tunc maxime debeant
fieri terremotus. |
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[91923] Super Meteora,
lib. 2 cap. 14 n. 19 Set non est simile, quia uictoria
solis que est in meridie licet sufficiat ad desiccandum superficiales
humiditates terre ut non possint exalationes congregari ad exalationem uenti,
non tamen sufficit ad totalem desiccationem terre qualis accidit in estate,
per quam etiam nec interiores humiditates supersunt ex quibus materia
uentorum resolui possit. |
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[91924]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 20 Assignat etiam causam quare in temporibus siccis
fiunt terremotus, quia tunc aer est uentosus: hoc enim,
scilicet aer, est achimos, id est sine humore, quando plus fit
de exalatione sicca quam de humida, que quidem exalatio sicca est
uentorum materia; set tamen intelligendum est: quando non est tanta siccitas
que humiditatem terre consumat ut exalatio impediatur, ut accidit aliquando
in estate. Set in temporibus pluuiosis fit terremotus propter
multitudinem exalationis que concluditur in locis artis sub terra et
constringitur in minorem locum propter hoc quod concauitates terre
temporibus pluuiosis replete sunt aqua; et ideo cum exalatio
multiplicata inceperit habere uictoriam, uentus ex ea generatus
propter constrictionem impingit ad partes terre et fortiter mouet. |
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[91925]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 21 Deinde cum dicit: oportet enim intelligere,
ponit signa que accipiuntur ex corporibus nostris. Et dicit, quod sicut in
corpore nostro tremor et pulsus accidit ex spiritu incluso qui non
habet liberum exitum, similiter facit spiritus inclusus in terram; unde
aliquis terremotus est sicut tremor et aliquis sicut pulsus. Et dicit quod sicut
post urinationem frequenter accidit in corpore tremor eo
quod subito uentus ab exteriori intrat interius permeatus unde exit
urina, sic accidit et circa terram, nam uentus interius inclusus facit
terre tremorem. Quod autem
uentus habeat magnam uirtutem ad mouendum apparet non solum
ex hiis que facit in aere, ubi potest dici quod magna facit propter
suam magnitudinem, set etiam ex hiis que facit in corporibus
nostris modicus spiritus in nobis inclusus: manifestum est enim quod spasmi
et tetani, qui accidunt ex contractione neruorum, sunt propter
motus spiritus qui retrahitur et retractus retrahit neruos; huiusmodi autem
spasmi tam uiolentum motum habent ut multi congregati aliquando
temptauerunt per uiolenciam retinere ne nerui contraherentur, et tamen non
potuerunt uincere motum infirmancium. Et sic oportet intelligere,
ut fiat comparatio minoris ad maius, quod uentus inclusus in terra cum
magna uiolencia terram mouet. |
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[91926] Super Meteora, lib.
2 cap. 14 n. 22 Deinde
cum dicit: signa autem horum, ponit signa ex quibusdam particularibus
accidentibus. Quorum primum est quod dicit quendam terremotum in
aliquibus locis factum fuisse qui non desiit quousque erumperet
uentus qui mouebat terram manifeste extra terram ad modum quo
uentus qui uocatur enefias, de quo infra dicetur, exit a nube. Et hoc
dicit suo tempore accidisse in Ponto circa Eracleam, et prius dicit
hoc accidisse in insula sacra, hoc est Vulcani, in qua intumuit
quandoque terra et eleuata est cum sono quedam moles ad
modum collis, que tandem propter uiolenciam uenti interioris rupta
fuit, et exiuit inde multus uentus eleuans fauillam et
cinerem, propter quod repleta fuit ciuitas Lipareorum cinere, et
cinis ille peruenit ad multas ciuitates Ytalie. Et dicit apparuisse
illius facti uestigia usque ad tempus suum: causa enim est illius ignis
qui in illa insula apparet, uel in aliqua alia terra, quod aer
infra terram in paruas partes diuiditur, et ex motu ignitur, et ex
tali ignitione primo terra accenditur, et istius accensionis diu durat
effectus. |
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[91927]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 23 Secundum autem signum particulare ponit ibi: Argumentum
autem est. Et dicit quod possumus accipere argumentum quod uenti fluant
sub terra illud quod accidit circa has insulas, scilicet Vulcanum
et alias insulas dictas Eoli, quia huiusmodi insule presignificant quando debeat
auster flare quodam sono qui causatur ex hoc quod quando modicum
incipit auster flare a remotis et a mari, illud quod debebat extra terram exsufflare
de uento iterum repellitur intus propter mare quod
superuenit, et sic fit sonus, tamen quandoque sine seismo, id est
terremotu, tum propter hoc quod loca cauernosa infra terram sunt ampla
ita quod uentus interius conclusus dispergitur in inmensum, tum etiam propter
paucitatem que est exalationis repulse, que quandoque pauca est et non
sufficit facere terremotum. |
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[91928] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 24 Deinde cum dicit: adhuc
solem fieri caliginosum, ponit signa accepta a rebus que fiunt in alto. Et diuiditur in tres partes secundum tria
signa que ponit: secunda pars incipit ibi: idem autem causa; tercia
ibi: propter eandem autem. |
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[91929]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 25 Dicit ergo primo quod oportet pro signo accipere cause
assignate de terremotu hoc quod circa terremotum fit sol caliginosus et
obscurus sine nube manifesta, et quod ante terremotus
qui fiunt de mane aliquando accidit tranquillitas in aere et
magnum frigus. Ideo enim sol circa terremotum apparet caliginosus et
obscurus, quia uentus qui poterat rarefacere aerem et disgregare
exalationes incipit subintrare terram circa tempus terremotus.
Similiter etiam ante matutinos terremotus fit tranquillitas, quia
sicut dictum est, ut plurimum accidit tranquillitas ante terremotus
uento incluso infra terram, et maxime hoc accidit circa magnos terremotus,
quia quando principium uenti non diuiditur ut una pars eius procedat
infra terram et alia extra terram, set totum simul feratur,
tunc necesse est quod magis ualeat uentus ad mouendum uel aerem uel
terram. Ideo autem accidit frigus ante terremotus, quia exalatio
que secundum naturam suam calida est, utpote adhuc aliquid retinens de
uirtute caloris resoluentis ipsam, non est in aere, set conuertitur infra
terram. Licet autem exalatio secundum se sit calida, tamen uenti
non uidentur esse calidi, quia commouent aerem plenum multo uapore
frigido cuius uaporis frigiditas magis sentitur per huiusmodi
commotionem, sicut etiam spiritus per os exsufflatus secundum
se calidus est et sic sentitur de prope, sicut cum hyamus, set de
longe frigidus sentitur propter eandem causam, scilicet propter
uaporem frigidum quem commouet, licet non sit similiter manifestum
de flatu nostro sicut de uento propter paucitatem. Quando igitur talis
exalatio concluditur infra terram terremotu instante, rationabile est quod
circa illa loca in quibus accidit terremotus uapores humidi resoluti
in aere existentes faciant frigus. |
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[91930]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 26 Deinde cum dicit: idem autem causa etc., ponit
aliud signum. Et dicit quod hoc quidem, scilicet uentum concludi infra terram
et cessare in aere, est causa eius quod consueuit accipi ut signum
precedens terremotum, quia ante terremotum de nocte, per diem uel post
solis occasum, si sit serenitas, apparet quedam nubecula
subtilis in longum porrecta et directa, per quod significatur quod
uentus defecerit in aere et sit inclusus infra terram. Sicut enim circa
litora maris, quando fuerit magnus uentus fluctuare faciens mare, fiunt
grosse et distorte regmines, id est undositates, cum autem mare
fuerit placatum, fiunt subtiles et recte propter paruam commotionem
maris a uento; sic accidit in aere circa caliginem quod quando
est tranquillitas in aere, derelinquitur recta et subtilis, tanquam
talis nubecula sic se habeat ad aerem sicut regmis ad mare. |
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[91931]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 27 Deinde cum dicit: propter eandem autem, ponit
tercium signum. Et dicit quod propter eandem causam, scilicet
tranquillitatem existentem in aere, aliquando fit terremotus circa
eclipsim lune, id est quam luna facit per sui interpositionem inter
nos et solem, quod fit in eclipsi solis, quia quando iam prope est
tempus quod luna interponatur inter nos et solem, et lumen et
caliditas solis nondum est deficiens ex aere, set iam
est marcefactum, id est debilitatum, tunc fit tranquillitas in
aere, quia cum calor debilis non possit eleuare exalationes in altum,
feruntur infra terram, et tunc spiritus intra terram retentus facit
terremotum ante eclipses. Set et aliquando fiunt uenti ante eclipses
lunares, in principio quidem noctis ante eclipses que fiunt in media
nocte, in media autem nocte ante eclipses que fiunt diluculo. Et hoc
accidit propter hoc quod calor qui est in aere a luna debilitatur cum
luna appropinquat loco eclipsis; uirtute autem caloris lunaris detinetur aer
ne perturbetur et quiescit: luna enim habet manifestum effectum in
conseruatione rerum inferiorum et precipue humidarum; et ideo diminuto calore
lune turbatur aer et fit uentus. Et si eclipsis fit tardior,
id est maiorem moram habens, uentus etiam est durabilior. |
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[91932]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 28 Vel potest aliter exponi ut hoc etiam quod supra dictum
est, quod circa eclipses lune accidit fieri terremotum, intelligatur
de eclipsibus lunaribus; et quod dicit quod cum iam prope fuerit
interpositio, non intelligatur de interpositione lune inter nos et solem,
set de interpositione umbre terre; et quod dicit lumen el calidum quod
est a sole nondum deficere ex aere, intelligendum est de lumine
et calido quod luna recipit a sole. |
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[91933] Super Meteora,
lib. 2 cap. 14 n. 29 Set tunc uidetur duo contraria
dicere: primo quidem enim dixit quod ante eclipses lunares fit tranquillitas
deficiente calido, postea uero dixit quod ante eclipses lunares diminuto eius
calido fit turbatio aeris. |
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[91934] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 30 Potest autem ad hoc dici quod diminutio
calidi quod est a luna quandoque facit tranquillitatem, quando scilicet calor
lune erat moderatus et contemperatus ad mouendum exalationes ad generationem
uentorum, unde diminutio caloris facit uentos cessare; quando autem caliditas
lune erat maior, quasi uincens exalationes et disgregans eas, tunc calor lune
facit tranquillitatem et diminutio eius caloris facit uentos. |
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[91935]
Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 31 Potest etiam dici quod parum ante eclipses lunares fit
tranquillitas propter magnam diminutionem lunaris caliditatis; dicit autem
philosophus uentos fieri non inmediate ante eclipses, set per mediam noctem
ante, quia tunc aliquantulum remissus est calor lune, et non totaliter
marcefactus, id est debilitatus. |
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Caput 15 |
Chapitre 15 [ ] |
[91936] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 1 Cum autem fortis factus fuerit et cetera. Postquam philosophus
assignauit causam terremotus, hic assignat causam accidencium circa ipsos. Et
circa hoc duo facit: primo assignat causam generalium accidencium; secundo
causam quorundam particularium, ibi: in insulis autem ponticis. |
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[91937] Super Meteora,
lib. 2 cap. 15 n. 2 Circa primum tria facit: primo
assignat causam durationis terremotuum; secundo causam quorundam effectuum,
eius, ibi: facit autem et sonos; tercio assignat causam diuersimode
habitudinis ipsius ad terram, ibi: secundum autem partem. |
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[91938] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 3 Dicit ergo primo quod
quando fuerit fortis terremotus, non statim cessat, neque ad
primam agitationem, set aliquando quod est primum in eius
duratione agitat usque ad quadraginta dies interpolatis noctibus, et
post hoc usque ad unum uel duos annos. Cuius causa ex duobus sumitur, scilicet ex
multitudine uenti et ex figura locorum per que fluit uentus.
Quando enim loca subterranea sunt arta et solida ut spiritus repulsus
non facile pertranseat, tunc maxime concutit et intus maxime
retinetur, sicut aqua non potens transire. Et ideo sicut quando
ab aliqua passione, puta ire, incitatur pulsus in corpore humano, non
repente cessat, neque in paruo tempore, set post magnam
horam debilitata passione, sic accidit in uento mouente terram. Sic
igitur accidit duratio terremotus propter figuram loci. Accidit etiam propter
multitudinem materie, quia illud principium ex quo facta fuit
exalatio ex qua natus est uentus concutiens terram non statim
totam materiam exalationis expendit per resolutionem; quousque
ergo illa materia consumatur, reliquie illius materie faciunt
agitationem, set semper debilius, quousque ueniat ad hoc quod sit
ita modica exalatio quod non possit mouere terram. |
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[91939]
Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 4 Deinde cum dicit: facit autem et sonos, assignat
causam quorundam effectuum terremotus. Et primo sonorum qui causantur in
terra; secundo aquarum que erumpunt a terra propter terremotum, ibi: iam
autem et aque; tercio fluctuum qui fiunt in mari, ibi: ubi autem simul.
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[91940]
Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 5 Dicit ergo primo quod uentus inclusus sub terra
qui causat terremotum aliquando facit sonos ante terremotum, et
aliquando etiam fiunt soni sine terremotu. Sicut enim aer percussus,
utpote uirga uel corrigia discussa in aere, facit sonos, ita etiam
quando ipse percutit ad aliquod corporum: non enim est
differencia quantum ad hoc utrum ipse uerberet uel uerberetur, quia omne
quod uerberat uerberatur propter resistenciam uerberati. Huiusmodi autem
sonus a spiritu infra terram incluso causatus precedit terremotum, licet
simul fiat cum ipso, quia est subtiliorum parcium, et quia sonus magis
potest penetrare per totum quam spiritus, id est uentus. Quod non est
sic intelligendum quasi sonus sit corpus partes et subtilitatem habens, set
quia in subtiliori aere potest fieri sonus quam uentus. Et ideo etiam fiunt
aliquando huiusmodi soni sine terremotu, quia aliquando uentus est minor
causans sonum quam sufficiat ad mouendum terram, et propter
subtilitatem de facili potest penetrare ut perueniat ad auditum
nostrum, licet non possit mouere. Ideo autem causantur diuerse
maneries sonorum, quia spiritus inclusus impingit ad moles solidas
et concauas et diuersis figuris figuratas, ex qua diuersitate causatur
diuersus modus sonorum, ita quod aliquando uideatur terra mugire,
secundum quod dicunt illi qui antiquitus uulgabant prodigia, ut
aliquibus sacrificiis expiarentur: consuetum enim erat apud antiquos ut
quando inconsueta acciderent in aliqua regione, principibus regionis
nunciarentur ut a diuinis perquirerent quid pretenderent. |
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[91941]
Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 6 Deinde cum dicit: iam autem et aque eruperunt,
assignat rationem de alio effectu terremotus. Et dicit quod aliquando factis
terremotibus eruperunt aque de terra. Non tamen propter hoc
credendum est quod aqua sit causa terremotus, sicut Democritus
dixit, set uentus inclusus in terra qui cum quadam uiolencia mouet
aquam, si sit in superficie terre, uel etiam sub terra et
subuertendo terram, facit eam apparere, sicut et fluctuatio accidit in
mari propter uentos, non tamen fluctus sunt causa uentorum:
hac enim ratione posset aliquis etiam terram dicere causam terremotus,
quia terra agitata euertitur propter terremotum, sicut aqua
effunditur: effusio enim aque est quedam euersio ipsius. Set
tamen hec duo, scilicet terra et aqua, in hoc se habent ut materia,
quia paciuntur et non agunt. |
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[91942] Super Meteora,
lib. 2 cap. 15 n. 7 Deinde cum dicit: ubi autem
simul, assignat causam alterius effectus. Et dicit quod quando simul
cum terremotu fiunt fluctus in mari, causa est contrarietas
uentorum: hoc enim fit quando uentus inclusus in terra qui
agitat terram non potest repellere totaliter mare quod
contrafertur a contrario uento, set tamen impellendo et coartando
congregatur multum de aqua maris circa eundem locum. Cum ergo interior uentus uincatur ab
exteriori, tunc necesse est quod mare erumpat super terram et
faciat quasi diluuium. Et hoc dicit fuisse factum circa Achaiam,
quia in mari fiabat auster, infra terram autem erat quasi
uentus borealis, set quando fuit facta tranquillitas, scilicet contraria
impugnatione uentorum et uento boreali recurrente infra terram quasi
repulso, accidit simul et fluctuatio et terremotus, et maxime propter
hoc quod mare obsistebat et non dabat locum perflandi uento
subterraneo qui impetum faciebat; et sic dum contra se inuicem uim
inferent mare et subterraneus uentus, uentus quidem subterraneus fecit
terremotum, set ypostasis spiritus, id est mare quod subsistebat
interiorem uentum, obtinendo fecit cataclismum. |
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[91943] Super Meteora,
lib. 2 cap. 15 n. 8 Deinde cum dicit: secundum
partem autem, assignat rationem quorundam accidencium terremotus ex
habitudine ipsius ad terram. Et primo quantum ad hoc quod terremotus accidunt
secundum partem; secundum quantum ad diuersos motus quibus terra mouetur,
ibi: quando quidem igitur. |
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[91944] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 9 Dicit ergo primo quod terremotus
non fiunt ita quod tota terra commoueatur, set secundum aliquam
partem, et frequenter usque ad modicum locum, set non
est ita de uentis. Ideo autem terremotus accidit secundum partes, quia
exalationes que fiunt in illo loco et in uicinis locis
conueniunt in unum, sicut et supra diximus quod siccitates
aliquando accidunt in aliqua parte, uel etiam pluuie, propter congregationem
exalationum humidarum in unum locum, et eadem ratione terremotus
fiunt in aliqua modica parte terre. Set de uentis qui flant in aere non est sic,
quia magis exalationes causantes eos disperguntur; uenti enim qui
causant terremotus habent sub terra principium, ita quod omnes
faciunt impetum ad unum locum; sol enim non tantum potest
infra terram quantum potest supra terram, ut scilicet possit impedire
dissoluendo congregationem exalationum sub terra sicut impedit supra terram;
set super exalationes suspensas, id est eleuatas, in aere magis potest
sol, ita ut cum acceperint principium a motu solis resoluente
et eleuante eas, tunc fluant ad aliquod unum secundum
differenciam locorum; et sic quandoque fit boreas, quandoque auster,
quandoque autem aliquis alius uentus. Fluxus autem subterranei uenti, cum
confluit ad unum ut post congregationem possit facere terremotum, non est
nobis manifestus sicut fluxus uenti in aere ad unum tendentis; unde uenti
apparent diffusi et ad longum spatium flantes, terremotus autem ad modicum. |
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[91945] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 10 Deinde cum dicit: Quando quidem igitur,
assignat causam de diuerso modo agitationis terre. Et dicit quod quando
fuerit multus spiritus congregatus, tunc mouet terram, et si sit
motus in latum, fit quasi tremor; aliquando autem fit,
set raro, in aliquibus locis motus terre per modum pulsus, quasi
aliquid desubtus impellat terram sursum. Set hoc minus
fit, quia non est facile quod tantum de exalatione conueniat in
unum locum ut possit sic terram sursum impellere: multo enim
est maior exalatio que colligitur secundum longitudinem et
latitudinem terre quam que potest colligi a profundo. Set ubicunque
factus fuerit terremotus per modum pulsus, egreditur ibi multitudo
lapidum bulliencium sicut bulliencium in caldariis, eo quod
propter uehemenciam motus causatur interius aliqua ignitio; et hoc modo
dicit accidisse in subuersione quarundam terrarum. |
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[91946] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 11 Deinde cum dicit: in insulis autem
ponticis, assignat causam quorundam particularium accidencium. Et dicit
quod in insulis ponticis, id est que sunt in profundo maris, minus
fiunt terremotus quam in insulis que sunt prope terram,
quia multitudo maris infrigidat exalationes ut non resoluantur ad
generationem uentorum; et iterum mare suo pondere prohibet et uim
infert terre subsidenti ne possit moueri; iterum mare fluit
propter uentos hac et illac, et sic non agitatur terra ei
subposita a uentis; et quia etiam mare multum locum occupat
secundum altitudinem et profunditatem, exalationes maris non
concluduntur in terra, set eleuantur sursum, exalationes autem
terre subsidentis mare consequuntur etiam exalationes maris in
tendendo sursum, et ita non inclusis exalationibus sub terra non fiunt ibi
terremotus. Set insule que sunt prope terram sunt quasi partes terre,
unde eadem ratio est et de illis et de terra, ut in eis possit accidere
terremotus: mare enim quod est intermedium propter suam paruitatem
nullam habet uirtutem ad impediendum terremotum. Set insulas que sunt
infra mare multum non contingit moueri nisi totum mare moueretur quod
eas circumstat, et hoc est difficile propter causas predictas. |
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[91947] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 12 Vltimo recapitulat quod dictum est; et est
manifestum in littera. |
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Ignoti Auctoris
Sentencia super Meteora a libro II capite XVI ad librum IV |
A partir dici, le commentaire est dun auteur inconnu. |
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Caput 16 |
Chapitre 16 Commentateur inconnu [ ] |
[90893] Inserta super Meteora, lib. 2 cap.
16 n. 1 Postquam
philosophus determinavit de his quae generantur ex exhalatione sicca circa
terram et in terra, sicut de ventis et terraemotu, hic determinat de his quae
generantur ex eadem in nube. Et circa hoc duo facit: primo praemittit
intentionem suam, et dicit quod determinato de vento et terraemotu restat consequenter
dicendum de coruscatione et tonitruo, et de typhone, idest de vento
circulari expulso ex nube, et de incensionibus et fulminibus, et simul de
omnibus, quia omnium est idem principium, scilicet exhalatio sicca, et omnia
etiam sunt substantialiter exhalatio, quae differt secundum motus et
passiones diversas. |
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[90894] Inserta super
Meteora, lib. 2 cap. 16 n. 2 Deinde cum dicit:
exhalatione enim etc., prosequitur intentum suum. Et circa hoc duo facit:
primo praemittit quaedam necessaria ad propositum; secundo determinat de
coruscatione et tonitruo secundum opinionem propriam, ibi: segregata quidem
igitur et cetera. Circa primum
praemittit tria. Primum est, quod sicut saepe dictum est prius, cum aqua et
terra calefactae fuerint virtute solis, elevatur duplex exhalatio, una quidem
humida, quae est principium pluviae, nivis et grandinis, et similium, alia
autem sicca, quae est principium propositorum sicut videbitur, et etiam
quorundam prius determinatorum. Et ambae illae exhalationes simul elevantur,
quia nec humida nec sicca sola sine alia ascendit, sicut supra declaratum
est. Secundum est, quod aggregatum ex istis duabus exhalationibus si sit
humidum a praedominio, tunc propter frigiditatem convertitur in nubem, sicut
dictum est in praecedentibus. Tertium est, quod nubes est densior in parte
superiori quam in inferiori; et huius ratio est, quia necesse est nubem esse
frigidiorem, et ex consequenti densiorem, in ea parte ubi deficit caliditas
disgregans nubem; in parte autem superiori magis deficit caliditas, quia pars
superior mediae regionis magis distat a puncto reflexionis: igitur ibi nubes
est spissior. Sed in parte inferiori nubes est rarior, quia est minus
frigida, et propterea, quia est minus densa, fulmina, Ecnephiae et omnia
huiusmodi quae fiunt ex sicca exhalatione, propulsa a frigido moventur
inferius, quamvis exhalatio sicca sit nata moveri sursum propter naturam
caliditatis. Sicut in simili accidit, quia nuclei et parvi lapilli, dum
comprimuntur inter digitos ex una parte, exeunt ex alia quae est minus
compressa et densa. |
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[90895] Inserta super Meteora,
lib. 2 cap. 16 n. 3 Deinde cum dicit: segregata quidem
igitur etc., inquirit causas et principia aliquorum propositorum, scilicet
tonitrui et coruscationis, quae sunt nobis magis manifesta; sed in principio
tertii libri reddit causam aliorum minus manifestorum. Circa hoc autem tria facit: primo ostendit
causam et modum generationis tonitrui; secundo manifestat causam
coruscationis, ibi: spiritus autem extrusus etc.; tertio comparat illa duo simul,
ibi: fit autem post percussuram et cetera. Dicit ergo primo quod exhalatio
calida et sicca, elevata cum vapore humido iuxta primum suppositum, quantum
ad partes subtiles dispergitur in aere supra locum frigidum per virtutem
calidi, sed alia pars quae est grossior, quae propter grossitiem non elevatur
in altum, includitur in partibus aeris frigidi coagulantis nubem, et in nube,
segregata tamen a frigiditate partium nubis. Et illa exhalatio sic in nube
inclusa, propter frigiditatem nubis exitum petit, et movetur huc et illuc, et
facit magnam percussionem frangendo latera nubis. Et ex tali percussione et
fractione causatur sonus, qui vocatur tonitruum. Et hoc declarat per simile:
quia fumus existens intra lignum viride, aliquando resolvitur et subtiliatur
a calido ignis, et sic subtiliatum quaerit maiorem locum et petit exitum, et
sic percutiendo lignum vel corticem per violentiam, causat diversum sonum
secundum diversam dispositionem materiae et exhalationis moventis; de quo
sono dicunt vulgares, fabulas et prodigia sectantes, quod est risus Vulcani,
quem dicebant esse Deum ignis: alii autem dicunt quod est risus Vestae, quae
secundum eos est dea ignis; aliquando etiam, cum scilicet sonus est magnus et
subitus, dicunt quod est comminatio utriusque ad circumstantes. Huic etiam
simile apparet in castanea non scissa, et posita ad ignem: cum enim exhalatio
per calorem subtiliata exitum quaerit, tunc frangit castaneam cum magno sono.
Et eodem modo exhalatio subtiliata quaerens exitum ex nube, et percutiens cum
violentia latera nubis habentia spissitudinem, et frangens ea, facit sonum
quem vocamus tonitruum. Causa autem diversitatis sonorum est ex diversitate
percussionum et ex diversitate et irregularitate partium nubis, quarum
quaedam sunt frigidiores et spissiores, propter quod fortius repercutiuntur
et sonant, aliae vero sunt minus spissae, et ex hoc remissius sonant.
Tonitruum igitur est sonus factus propter causam dictam, scilicet propter
collisionem violentam exhalationis siccae ad latera nubis a frigido propellente. |
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[90896] Inserta super Meteora, lib. 2 cap.
16 n. 4 Deinde cum
dicit: spiritus autem extrusus etc., ostendit causam coruscationis. Et dicit
quod eadem exhalatio sicca quae ex collisione sua causat tonitruum, extrusa
et propulsata inferius secundum multas partes, ignitur debiliter in partibus
subtilioribus et coloratur: sicut etiam apparet in corpore ignibili violenter
ac fortiter moto, quod propter motum ignitur. Et hoc dicimus coruscationem
extrusam a nube, et coloratam sive ignitam a calido igniente. |
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[90897] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 16 n. 5 Deinde cum dicit: fit autem post percussuram etc.,
comparat ista duo quantum ad tempus apparitionis et generationis. Et dicit
quod coruscatio secundum naturam posterius generatur quam tonitruum: quia
tonitruum causatur ex violenta percussione ad latera nubis, coruscatio autem
est ignitio exhalationis extrusae a nube: extrusio autem et ignitio sunt
posteriores percussura. Sed quod coruscatio prius videatur quam audiatur
tonitruum ideo est, quia visus in apprehendendo anticipat auditum: quia
auditus indiget tempore ut sonus cum motu locali veniat ad ipsum, sed
perfectio visus a visibili non est in tempore, sed in indivisibili. Et ex hoc
sensus visus perfectior est auditu, ut patet in I Metaphys., quia citius et
immaterialius immutatur ab obiecto. Et hoc manifestat Aristoteles in motu triremium,
idest navium quae habent tres ordines remorum: quia quando remigantes elevant
remos a prima percussione, prius videtur elevatio remorum quam audiatur sonus
ex percussione praecedenti. Patet etiam quod in ripa Sequanae, ab
existentibus de longe prius videtur elevatio percussorii lotri, cum purgant
pannos, quam audiatur sonus. Et qui intuentur de longe lapidicidas, vel
incidentes ligna, prius vident elevationem securis vel mallei, immo prius
vident secundam percussuram, quam audiant sonum primae. Sic etiam licet
tonitruum et percussura prius generetur quam coruscatio, tamen prius apparet
coruscatio, quia visus praevenit auditum. |
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Caput
17 |
Chapitre 17 [ ] |
[90898] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 17 n. 1 Postquam philosophus determinavit de coruscatione et
tonitruo secundum opinionem propriam, hic ostendit opiniones aliorum suae
opinioni contrarias, et improbat eas. Circa hoc autem duo facit, secundum
quod duae sunt opiniones quas ponit. Primo ergo dicit quod quidam, scilicet
Empedocles et Anaxagoras, ponunt in nubibus esse aliquem ignem, qui sit causa
coruscationis et tonitrui. Sed illum ignem dicebat Empedocles esse
interceptum a radiis solaribus descendentibus deorsum, quos existimabat esse
corpora; sed Anaxagoras dixit illum ignem esse aliquam partem aetheris, idest
ignis, extrusam a superioribus: quia opinabatur superiora esse de natura
ignis. Et utrique dixerunt micationem, idest illustrationem, ipsius
ignis esse coruscationem; sed sonum et sixim, idest stridorem illius
ignis extincti, sicut apparet in titione extincto in aqua, vocant tonitruum. Quantum autem ad
comparationem eorum, dicunt quod ambo generantur secundum illum ordinem quo
apparent. Sed opinio utriusque videtur irrationabilis; magis tamen
irrationabilis est opinio Anaxagorae, qui dixit ignem esse interceptum per
detractionem ab aethere superiori, propter duas rationes. Prima est, quia de natura ignis est ascendere et non
descendere, ideo irrationabile est dicere illum ignem descendere a sua
sphaera: aut saltem debebat reddere causam quare descendat, cum natus sit
ascendere. Secunda ratio est, quia si ignis descendit per impossibile, non
est maior ratio quare descendat uno tempore quam alio, et sic non magis
descenderet tempore nubis quam serenitate existente. Similiter etiam non est
probabilis opinio Empedoclis propter duas rationes. Prima, quia secundum
opinionem Empedoclis eodem modo deberet fieri tonitruum in qualibet parte
nubis, vel semper oporteret reponere in nube aliquod determinatum per se
existens in actu, puta ignem in actu, qui sit causa illorum, et a quo
separentur. Sed hoc multum differt a veritate: quia oporteret idem dicere de
nive, aqua et grandine et similibus, cum ista etiam generentur in
superioribus, sicut tonitruum et coruscatio; et sic, si omnia ista essent
prius in actu in superioribus, non generarentur ibi, sed quasi in quadam
apotheca conservarentur, et tempore quo descendunt segregarentur ab aliis:
quod est derisibile. Secunda ratio est, quia si nubes inspissata interciperet
ignem, eadem ratione aqua calefacta a sole vel ab igne, quando postea
infrigidatur pateretur idem, interciperet ignem, et haberet eosdem effectus:
quia ubi est una causa, ibi est unus et idem effectus; quod tamen non
apparet. Quamvis autem verum sit, quod spiritus, idest calida exhalatio,
facta ab igne in aqua, faciat aliquem fervorem, idest sonum
consequentem ebullitionem, non tamen facit sixim, idest stridorem
causatum ab extinctione ignis. Illi autem non dicunt quod ille ignis faciat
fervorem vel ebullitionem, sed sixim, idest stridorem. Est autem
differentia inter ebullitionem et sixim, quia ebullitio causatur in frigido
humido a calido evaporante et resolvente spiritum, sed sixis causatur a frigido
calidum extinguente, vel est sonus consequens ipsum; quamvis et sixis
videatur esse quaedam parva ebullitio: quia in qua parte inciderit ignis qui
extinguitur, illam partem parvo tempore ebullire facit, et causat sonum. Est
autem hoc quod dicitur de extinctione ignis in nube, manifeste contra
experientiam sensus. Si enim ille ignis extingueretur in nube, et ex hoc
causaret tonitruum, coruscatio non appareret nobis tam manifeste ignita, sed
extincta: sicut titio extinctus in aqua et extractus non videtur incensus. [90899] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 17 n. 2 Secundo
ibi: sunt autem quidam etc., ponit secundam opinionem, et reprobat eam. Dicit
ergo quod quidam fuerunt, qui dixerunt coruscationem non esse aliquod reale,
sed phantasiam et apparentiam quandam; sicut dixit Clidemus, qui probabat hoc
per simile de illo, qui de nocte percutit supra mare: tunc enim apparet in
mari ex aqua elevata quidam fulgor sicut in igne. Et ita similiter etiam
dicebant, quod in nube velociter mota a vento vel aliquo huiusmodi, apparet
quidam fulgor, quem dixerunt esse coruscationem; ex percussione autem nubis
dixerunt causari tonitruum. Hanc autem opinionem reprobat philosophus, et
dicit quod antiqui dixerunt hoc, quia nondum erant bene assueti scientiae de
refractionibus radiorum, quae videtur esse causa immutationis apparentis in
aqua percussa. Cum enim percutitur aqua et aliqualiter elevatur aliqua pars
eius, visus ab ipsa refrangitur ad aliquod corpus fulgidum. In puncto autem
reflexionis apparet color, mixtus ex colore corporis fulgentis et aquae a qua
fit refractio: et ideo magis apparet de nocte quam de die, quia lumen solis
ratione magnitudinis obumbrat illam apparitionem. Sed ista causa non potest
esse in apparitione coruscationis. Deinde recolligit ea quae dicta sunt de
coruscatione et tonitruo, tam secundum opinionem aliorum quam propriam: et
omnia sunt clara in littera. Deinde addit quod omnia ista, scilicet ventus,
terraemotus, tonitruum et coruscatio, sunt idem secundum substantiam, quia
omnia sunt exhalatio sicca: quae quidem lateraliter mota et fluens circa
terram, est ventus, sed propulsa infra terram et ibi angustiam passa, est
terraemotus, in nubibus autem subtiliata, et propulsa a frigido quando nubes
congregantur in aquam, facit tonitruum, coruscationem, et cetera quae sunt
eiusdem generis. Sicut enim omnia quae generantur ex vapore humido per
coagulationem a frigido, sunt idem secundum speciem, differentia secundum
magis et minus et secundum diversas passiones vel diversos modos patiendi,
sic etiam omnia quae generantur ex sicca exhalatione a calido inflammante vel
frigido propellente, sunt idem secundum speciem, sed differunt secundum quod
diversimode patiuntur a calido secundum plus et minus, et secundum diversam
repulsionem a frigido. Considerandum tamen est, quod terraemotus, tonitruum,
coruscatio et alia huiusmodi, dupliciter considerari possunt. Primo
formaliter, scilicet inquantum terraemotus est formaliter quidam motus,
tonitruum est sonus factus ab exhalatione, unde et nomen sumpsit, coruscatio
vero est illuminatio facta ab exhalatione incensa, etc.: et sic manifestum
est quod sunt diversarum specierum. Alio modo considerantur fundamentaliter,
quantum scilicet ad fundamentum essentiale ex quo talia immediate generantur:
et hoc modo sunt idem secundum speciem, quia omnia immediate fiunt ex
exhalatione sicca, licet diversimode et secundum diversos modos generandi,
sicut superius dictum est. |
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Liber 3 |
Livre 3
─ Commentateur inconnu [ ]
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Caput 1 |
Chapitre 1 [ ] |
[90900] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 1 Postquam philosophus
determinavit de tonitruo et coruscatione in fine praecedentis libri, in
principio huius tertii intendit consequenter determinare de aliis, quae
generantur ex eadem exhalatione sicca extrusa ex nubibus, puta de Ecnephia,
typhone et huiusmodi. Et
dividitur in partes duas. In prima praemittit intentionem suam, et dicit,
quod postquam determinatum est de tonitruo et coruscatione, quae sunt
principales passiones in aere generatae ex materia ventorum, dicendum est
consequenter de residuis effectibus sive passionibus, quae sunt minus
principales, scilicet de Ecnephia, typhone, incensione et fulmine, secundum
modum prius inductum, scilicet accipiendo pro principio quod duplex sit
exhalatio ex terra, una humida et alia sicca, et ostendendo quomodo et unde
sit in ipsis principium motus et generationis. |
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[90901] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 2 Secundo ibi: spiritus enim hic etc.,
prosequitur intentum. Et dividitur in quatuor partes, secundum quod quatuor
sunt passiones de quibus determinat: primo enim determinat de Ecnephia;
secundo de typhone, ibi: quando autem segregatus etc.; tertio de incensione,
ibi: cum autem detractus igniatur etc.; quarto determinat de fulmine, ibi: si
autem in ipsa nube et cetera. Circa primum duo facit: primo ostendit quid sit
principium generationis Ecnephiae; secundo ostendit causam continuitatis et
magnitudinis eius, ibi: quando quidem igitur et cetera. Dicit ergo primo quod
spiritus iste qui exhalatio sicca vocatur, habens partes subtiliores, fluens
ex ipsa nube per interpolationem, et dispersus in multa loca, est principium
tonitrui et coruscationis, sicut prius dictum est. Sed si eadem exhalatio spissior
fuerit et minus subtilis, et segregetur ex nube multa simul absque
interpolatione, et feratur deorsum velociter, tunc fit Ecnephias, qui est
spiritus fluens ex nube secundum rectum deorsum velociter, propter velocem
segregationem quae fit a magnitudine frigidi. Propter quod Ecnephias est
ventus violentus: quia velocitas segregationis facit motum velocem, velox
autem motus non est sine violentia; segregatur autem celeriter propter
fortitudinem frigidi segregantis. |
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[90902] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1
n. 3 Deinde cum
dicit: quando quidem igitur etc., ostendit causam multitudinis et
continuitatis Ecnephiae. Et dicit quod, quando exhalatio sicca, grossa et
compacta, segregatur ex nube et est multa, ita quod longo tempore una pars
sequatur aliam, tunc spiritus Ecnephiae fit magnus et continuus, propter
multitudinem materiae continuae exeuntis: sicut et contraria exhalatio,
scilicet humida, cum movetur, et incipiunt segregari partes et cadere pluvia,
si sit multa, una pars continue cadit post aliam, et fiunt magni et continui
imbres. Quod autem rationabilis sit similitudo inter istas duas contrarias
exhalationes, declarat per hoc quod utrumque horum est in potentia in eadem
nube; quia unumquodque est in potentia in materia ex qua fit: Ecnephias autem
fit ex exhalatione sicca inclusa in nube, et pluvia generatur ex vapore
ipsius nubis. Et similiter utrumque fit ab eodem principio activo, scilicet a
vehementi frigiditate: eadem enim frigiditas loci et nubis concernit vaporem
in aquam, et expellit violenter contrariam exhalationem calidam ex nube.
Propter quod etiam multoties, cum tale principium fuerit applicatum nubi in
qua utrumque est in potentia, generatur utrumque simul; et si in nube fuerit
maior multitudo exhalationis siccae, fit maior ventus quam pluvia; si vero e
converso plus fuerit de vapore humido, generatur maior pluvia: simul tamen
fiunt Ecnephiae. |
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[90903] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1
n. 4 Deinde cum
dicit: quando autem segregatus etc., determinat de typhone. Et circa hoc duo
facit: primo determinat de ipso typhone; secundo de effectu eius, ibi: fit
quidem igitur et cetera. Prima iterum in tres: primo enim determinat de
principio generationis eius; secundo de motu ipsius, ibi: deorsum autem
fertur etc.; tertio de tempore et loco generationis eius, ibi: borealibus
autem non et cetera. Circa primum duo facit: primo facit quod dictum est;
secundo comparat typhonem ad Ecnephiam quantum ad generationem eorum, ibi:
veruntamen quia sicut et cetera. Dicit ergo primo quod, quando spiritus inclusus
in nube segregatur et expellitur a frigiditate loci et superioris partis
nubis ex amplo ventre nubis per angustum exitum et parvam scissuram, et
repercutitur ad aliquod corpus solidum, tunc fit quidam ventus in portis et
viis flans per modum turbinis, qui dicitur typho. Et hoc fit ex eo, quod
prima pars repercutitur ad terram, sive ad aliud corpus solidum, vel aliqua
alia ratione impeditur anterius procedere, et revolvitur in partem
subsequentem, et pars sequens continue impellit priorem. Ideo cum pars prior
non possit procedere ante, quia impeditur, neque possit retroverti, quia
impellitur a sequenti, involvitur in sequenti, et reflectit se ad latus ubi
non invenit prohibens: et sic causat motum quasi circularem. Motus enim qui
est una latio, idest unus motus localis, si non est motus rectus,
scilicet sursum aut deorsum, sicut iste, oportet quod sit circularis. Sicut
autem movetur prima pars, ita similiter moventur omnes subsequentes: et
propter hoc fit ista revolutio super terram, quae habet principium in
nubibus. |
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[90904] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 5 Deinde cum dicit:
veruntamen quia sicut etc., comparat typhonem ad Ecnephiam. Et dicit quod
similiter generantur, scilicet per continuam segregationem nubis a spiritu,
sive ab exhalatione sicca; quod propterea necessarium est, quia typho
velocius movetur circulariter, quam nubes nata sit ex seipsa moveri, et ex
hoc nubes continue separatur ab exhalatione, ita tamen quod semper aliqua
pars nubis sequitur exhalationem. Et sic etiam
generatur Ecnephias; sed tamen ista duo differunt in motu: quia Ecnephias
movetur motu recto, typho autem movetur secundum circulum, propter causam iam
dictam. |
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[90905] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1
n. 6 Deinde cum
dicit: deorsum autem fertur etc., determinat de motu eius. Et dicit quod
typho licet sit generatus superius, tamen movetur deorsum sicut Ecnephias,
quia fertur in contrarium eius a quo expellitur: expellitur autem a superiori
parte nubis, quae est magis frigida, propter hoc quod ibi deficit caliditas
causata a reflexione radiorum solarium, sicut supra dictum est: et ex
consequenti movetur inferius. Et vocatur ille spiritus typho, quando movetur
deorsum circulariter, et non est coloratus, nec a calido ignitus, sicut
multae aliae impressiones; quod accidit ex hoc, quia ille spiritus est
indigestus, et non est totaliter separatus a nube, sed semper trahit secum
aliquam partem nubis, et eius humiditas impedit eius colorationem vel
ignitionem. |
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[90906] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1
n. 7 Deinde cum
dicit: borealibus autem etc., determinat de loco et tempore generationis
typhonis. Et dicit quod typho non generatur in temporibus et locis
borealibus, idest vehementer frigidis, nec etiam in locis vel temporibus
nivosis et congelatis, sicut nec Ecnephias. Et huius ratio est, quia ista duo
in hoc conveniunt, quod utrumque est spiritus, idest exhalatio sicca.
Cum autem obtinet excellens frigus, idest quando est tempus vel locus
excellentis frigoris, tunc exhalatio calida statim in sui principio extinguitur
a magno frigore. Et propter eandem causam, in eisdem locis raro aut nunquam
fit tonitruum et terraemotus. |
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[90907]
Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 8 Deinde cum dicit: fit quidem igitur etc., ostendit
effectum mirabilem huius venti. Et dicit, quod sicut descendendo semper ducit
secum aliquam partem nubis, ita quando reflectitur a terra involvit secum
omnia super quae cadit, eradicando scilicet arbores, quandoque evertendo
domos, elevando saxa. Et cum inciderit ad mare, elevat secum et involvit magnitudinem
aquae maris: quandoque autem elevat naves, propter quod multum timetur a
nautis; quia super quaecumque incidit, illa motu circulari circumeundo et vim
faciendo evertit, et revertendo elevat ea sursum. |
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Caput
2 |
Chapitre 2 [ ] |
[90908] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2
n. 1 Deinde cum
dicit: cum autem detractus igniatur etc., determinat de incensione. Et dicit,
quod cum spiritus subtilior quam ille ex quo generatur typho, segregatus
fuerit ex nube, et ignitus propter suam subtilitatem et motum violentum
calidi, tunc fit passio quae dicitur incensio. Et haec exhalatio sic incensa,
cadendo coincendit aerem per quem cadit; sed quia illa incensio non est
fortis sed debilis, videtur potius quaedam coloratio aeris ad modum albi. |
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[90909] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2
n. 2 Deinde cum
dicit: si autem in ipsa etc., determinat de fulmine. Et circa hoc tria facit:
primo determinat de fulmine; secundo de effectu eius, ibi: hic quidem enim
etc.; tertio concludit quoddam corollarium ex dictis, ibi: quare et quod
spiritus et cetera. De primo ergo dicit, quod si spiritus subtilis secundum
substantiam et multus in quantitate, extrudatur a frigido quod est in ipsa
nube, generatur fulmen, quod penetrat et frequenter adurit illud cui incidit.
Quod quidem est duplex: nam si spiritus fuerit magis subtilis quam calidus,
fit fulmen vehementer penetrans, sed non adurit; si autem exhalatio fuerit
minus subtilis et magis calida, fit fulmen quod tardius penetrat, et maiorem
moram faciendo adurit. Primum poetae vocant argeta, secundum vero psoloenta. |
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[90910] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2
n. 3 Deinde cum
dicit: hic quidem enim etc., determinat de efficacia sive effectu fulminis.
Et dicit quod primum fulmen, quod scilicet est magis subtile quam calidum,
propter eius subtilitatem velocissime movetur, et penetrat illa super quae
cadit antequam ipsa igniat, et est adeo subtile, quod penetrat intra res per
parvos poros et insensibiles. Ex quo etiam ratio reddi potest multorum
effectuum mirabilium, qui efficiuntur ab hoc fulmine. Aliquando enim visum
est, quod ictu fulminis liquefacta est pecunia in marsupio, illaeso marsupio:
et hoc propter eius magnam subtilitatem, propter quam per poros aut parva
foramina, aut per os marsupii penetravit ad pecuniam, illaeso marsupio. Et
simili ratione inventi sunt homines mortui a fulmine, vestimentis
exterioribus illaesis; puer etiam in utero matris exterminatus est, matre
remanente intacta. Dicit etiam Seneca, quod vinum quandoque sine combustione
mansit, et remansit in dolio, adustis asseribus et ad terram proiectis. Et
huius ratio esse potest, quia virtus penetrativa fulminis per quam confregit
asseres et latera dolii, multo maior est quam virtus vini, per quam natum est
effundi deorsum: ideo in minori tempore frangit latera vasis, quam vinum
natum sit moveri deorsum; quapropter confracto vase vinum stare potuit per
modicum tempus, maxime si sit vinum viscosum et grossum, et vas sit porosum,
quia tunc facilius fulmen pertransit vas quod est porosum, quam vas in quo
non inveniuntur pori. Sua etiam caliditate fulmen facit vinum grossum et
viscosum, maxime in superficie facere potest quasi crustam, ut patet de sapa,
propter quod vinum tardius effunditur. Sed aliud fulmen, quia est grossius,
propter nimiam eius tarditatem non ita penetrat: et quia est calidius quam
subtile, prius adurit et colorat quam penetret, ita quod adustio praevenit
motum localem eius in penetrando. Hoc autem fulmen, quia propter suam
grossitiem non multum penetrat, ideo minus laedit dura et resistentia quam
rara. Unde aliquando inventum est, quod excussit aliquando vestem, aliquando
pilos et barbam hominis, homine in nullo penitus laeso. Sed primum fulmen ea
quae parum resistunt non colorat aut adurit, sed cito penetrat, sicut prius
dictum est. Ea vero quae resistunt, ut sunt corpora dura, magis patiuntur ab
hoc fulmine, quia ea adurit propter duas rationes; primo quia ea quae
sustinent fixionem fulminis maiori tempore, magis patiuntur ab eo: sed fulmen
agit in resistentia maiori tempore; secundo quia quando resistitur spiritui,
tunc spiritus fortificatur et multiplicatur et fortius agit. Et hoc etiam
manifestat duobus exemplis. Primo quia visum est quandoque, quod clypeus a
parte interiori erat coopertus aere in aliqua parte, vel etiam a parte
exteriori, et iste clypeus ictus fulmine et lignum nihil passum fuit, quia
propter raritatem cito ipsum penetravit fulmen, sed aes, quod magis
resistebat, liquefactum fuit. Temporibus etiam nostris miles, qui percussus
est a fulmine, habebat scutum ligneum suspensum humeris, et sub scuto arma
ferrea: fulmen confregit et partim liquefecit ferrum sub scuto, lignum autem
scuti in nullo laesum inventum est. Secundo dicit, quod sicut dictum est,
fulmen aliquando interfecit hominem propter resistentiam, vestimenta vero propter
minorem resistentiam pertransivit. Ex quo concludi potest, quod primum fulmen
magis periculosum est quam secundum. Si autem verum sit quod fulmen habet
alios effectus, qui proferuntur vulgo, ut puta quod magis percutiunt
campanilia Ecclesiae et loca sacra quam alia loca, dicendum quod non est
inconveniens, quod Daemones utantur virtute sua circa hos mirabiles effectus
naturae, ut ipsi rerum mirabilium auctores videantur: sicut aliquando se
immiscent nobilissimo effectui naturae, scilicet generationi et propagationi
humanae. Nos tamen hic non quaerimus quid Deus permittat, sed quid natura
faciat. Et de facili dicere possumus, quod magis tangit campanilia et
Ecclesias, quia sunt altiores, et citius ei occurrunt. Sciendum est etiam
quod Seneca tres species fulminis dicit esse; sed istae de facili reducuntur
ad duas praedictas, ut patet intuenti. |
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[90911] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2
n. 4 Deinde cum
dicit: quare et quod spiritus etc., concludit corollarie ex dictis, quod
fulmen non est lapis vel aliquod corpus solidum, sicut tamen multi
crediderunt, sed est spiritus, idest exhalatio sicca, incensa et subtilis. Et
hoc quod dicit philosophus, declarat per ea quae patent oculis; quia combusto
templo in Epheso a fulmine, ibi, quia materia fulminis erat multa, videri
poterat quod fulmen est spiritus: quia quando templum percussum est, flamma
exhalationis incensae ferebatur hac illac ad multas partes templi, et denique
cum fumo templi ferebatur sursum, incensa sicut fumus propter admixtionem
humidi grossi quod exibat ex combustione templi. Sed accidit de huiusmodi
exhalatione sicut de fumo, quia etiam fumus est quidam spiritus, et ardet
sicut exhalatio, sicut prius dictum est. Quando igitur materia est multa quae
comburitur, tunc fit multus fumus incensus, et manifeste videtur, sicut in
incensione fornacis: quando autem materia est pauca, non ita videtur fumus.
Sic etiam quando materia fulminis est multa, manifeste apparet quod fulmen
est exhalatio incensa, sicut accidit in fulmine percutiente praedictum templum:
quando vero materia est pauca, non ita videtur; quod tamen videtur in uno,
iudicandum est etiam in altero. Quod autem fulmen non sit corpus solidum vel
lapis, patet: quia tale corpus non potest habere effectus, qui superius dicti
sunt procedere a fulmine. Non enim posset penetrare ad interiora, nisi prius
ruptis exterioribus: alioquin duo corpora essent simul in eodem loco, quod
naturaliter non potest fieri. Videtur etiam inconveniens esse, quod tam
parvus lapis evertat turres et domos. Considerandum tamen est, quod quandoque
cum fulmine antefertur lapis vel aliud huiusmodi deorsum, quod vel est
generatum in nube ab exhalatione calida, digerente humidum aqueum nubis,
sicut patet in decoctione laterum: qui lapis etiam quandoque antefertur
tonitruo, vel a vento circulari sursum est elevatum. Sed iste lapis non est
fulmen, ut dictum est, neque semper fit quando fit fulmen. |
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[90912] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 2 n. 5 Deinde cum dicit: semper
enim oportet etc., reddit rationem cuiusdam accidentis circa fulmen, quare
scilicet illa quae percutiuntur a fulmine, videntur moveri antequam
percutiantur. Et huius ratio est sicut ipse dicit, quia aliquis spiritus,
velut fumus vel aer motus ab ipso fulmine, semper praecedit et semper
sequitur exhalationem incensam, quae est fulmen: qui spiritus propulsus ante
fulmen suo motu movet corpora, quae patiuntur a fulmine. Et propter hanc
causam animalia fulmine percussa ut in pluribus inveniuntur habere caput
conversum ad fulmen, quia sentientes hunc motum qui praecedit fulmen,
naturaliter convertunt caput ad illam partem, ut cognoscant quid sit, et sic
percutiuntur fulmine. |
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[90913] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2
n. 6 Deinde cum
dicit: et tonitrua autem etc., comparat fulmen ad tonitruum. Et dicit, quod
sicut fulmen deiicit et dividit corpora quae tangit, ita similiter tonitruum
quandoque dividit corpora. Sed tamen non est imaginandum quod tonitruum
dividat corpora mediante sono, sed dividit mediante spiritu, idest
exhalatione segregata a nube, quae incidens alicui corpori plerumque dividit
illud, sed non exurit, quia non est ita subtilis et incensa sicut fulmen.
Ipsum vero fulmen dividit mediante motu exhalationis, exurit autem et colorat
propter ignitionem. Deinde recapitulat ea quae dicta sunt, dicens quod de tonitruo
et coruscatione et Ecnephia, iterum de typhonibus et incensione et fulminibus
dictum est quid sit unumquodque eorum secundum substantiam: quia sunt
exhalatio sicca. Sed differentia eorum est secundum magis et minus subtile,
et secundum alia accidentia consequentia. |
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Caput 3 |
Chapitre 3 [ ] |
[90914] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 1 Postquam philosophus
determinavit de his quae generantur ex exhalatione elevata a terra per motum
et alterationem, consequenter intendit determinare de his quae fiunt per
refractionem luminis ab exhalatione humida constante superius. Et circa hoc duo facit. Primo ponit
intentionem suam, et dicit quod cum superius determinatum sit de his quae
fiunt ex exhalatione humida per motum et alterationem, consequenter dicendum
est de his quae fiunt per refractionem luminis ab eodem vapore humido,
consistente in nube vel caligine, puta de halo, iride et virgis, et pareliis.
Et circa hoc considerandum est quid sit unumquodque eorum, et propter quam
causam fiunt, quia unumquodque eorum fit propter eandem causam. |
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[90915] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 2 Secundo ibi: ipsius quidem igitur etc.,
prosequitur intentum. Et circa hoc duo facit: primo determinat in generali de
accidentibus et causis halo et iridis, et quorundam aliorum quae fiunt per
refractionem luminis; secundo determinat de causa et principio illorum magis
in speciali, ibi: quod quidem igitur visus et cetera. Prima iterum dividitur
in duas partes: primo enumerat accidentia circa halo et iridem; secundo
determinat de causis dictarum apparentiarum, ibi: causa autem horum et
cetera. Circa primum duo facit: primo determinat de accidentibus halo;
secundo de accidentibus iridis, ibi: iridis autem nunquam et cetera. Primo
ergo dicit quod halo saepius apparet secundum circulum perfectum: dicit autem
saepe, quia quandoque propter interruptionem caliginis a qua fit
refractio, circulus interrumpitur. Fit etiam halo circa solem et lunam, et
circa astra multum luminis habentia. Adhuc non minus apparet de nocte circa
lunam et stellas, quam de die circa solem: immo magis apparet de nocte quam
de die, quia in die lumen solis obscurat apparentiam eius. Et indifferenter
fit in meridie et in sero, sed in mane et circa occasum minus fit. Vocat
autem hic philosophus occasum, non illud tempus vespertinum quod communiter
sero dicitur: alias sibi contradiceret, dicendo quod halo fit in sero et non
fit circa occasum; sed vocat occasum declinationem solis a meridie, quae est
ante illud tempus vespertinum et post meridiem. Et non fit halo circa
occasum, quia tunc propter moram solis calor est ferventior, et dissipat eius
apparentiam. |
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[90916] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3
n. 3 Deinde cum
dicit: iridis autem nunquam etc., ostendit accidentia circa alias
apparentias. Et circa hoc duo facit: primo ostendit accidentia circa iridem;
secundo accidentia circa virgas et parelios, ibi: parelii autem et cetera.
Circa primum tria facit: primo ostendit accidentia iridis quantum ad
figurationem; secundo ostendit accidentia quantum ad tempus apparitionis,
ibi: et post autumnale etc.; tertio quantum ad colores et numerum, ibi: neque
duabus plures et cetera. Dicit ergo primo quod iris nunquam apparet secundum
circulum perfectum, neque apparet in maiori portione circuli decisi per
diametrum, sed sole oriente aut occidente apparet sub figura semicirculi
completa, quae est maior portio circuli sub qua possit apparere; ille tamen
circulus est minor quam circulus quem facit in meridie. Cum autem sol
elevatur supra horizontem, apparet minor pars semicirculi; circulus tamen
quem tunc facit, est maior quam ille quem faciebat oriente vel occidente
sole. |
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[90917] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 4 Deinde cum dicit: et post autumnale etc.,
enumerat accidentia iridis quantum ad tempus apparitionis. Et dicit quod post
aequinoctium autumnale existentibus diebus brevioribus, iris potest apparere
in qualibet hora diei, quia tunc sol non multum elevatur super horizontem:
sed in aestate, sole existente circa tropicum, non fit in meridie. Et hoc
maxime in regionibus, in quibus sol multum accedit ad Zenith capitum: quia
tunc basis pyramidis sub qua videtur iris, aut directe iacet supra terram,
aut modica portio eius est per eam. Et tunc ad videndam apparentiam iridis,
oporteret quod homo iaceret quasi resupinus in terra, et oculus non esset
elevatus. |
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[90918] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3
n. 5 Deinde cum
dicit: neque duabus plures etc., ostendit quot sint irides secundum numerum,
et accidentia eius quantum ad colores. Et dicit de primo quod aliquando
videntur duae irides (sed plures duabus non apparent nisi raro), quarum
altera continet alteram. Et utraque earum habet tres colores principales,
eosdem quidem secundum speciem et aequales secundum numerum, sed eius quae
est extra et continet aliam, colores sunt obscuriores et minus apparentes
quam illius quae est intra et continetur. Et isti colores secundum situm sunt
positi modo contrario; quia iris interior et quae continetur, habet in maiori
peripheria, idest circumferentia, colorem puniceum, in media autem
viridem, et in minori halurgum, idest subalbum: sed maior exterior
habet in minori circulo puniceum, et alios proportionaliter, scilicet in
medio viridem, et in supremo halurgum. Et hi colores, quos dicimus esse in
iride, sunt tales quod eos non possunt facere pictores: ipsi enim faciunt
colores per admixtionem aliorum colorum, sed isti tres colores quos habet
iris, non fiunt per aliquam commixtionem. |
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[90919] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3
n. 6 Deinde cum
dicit: parelii autem etc. determinat de accidentibus circa virgas et
parelios. Et dicit quod parelii et virgae apparent tantum circa solem, et
ideo non fiunt nocte, sole existente sub nostro hemisphaerio. Et quando
contingit eos apparere, tunc solum apparent ex latere solis, scilicet ex parte
Septentrionis vel meridiei: et non apparent supra solem, quia impressiones
existentes supra solem non essent visibiles. Neque apparent directe subtus
solem versus terram, neque ex opposito, puta in oriente unde movetur sol, vel
in occidente ad quem tendit. Et iterum apparent parelii sole ascendente ab
oriente, vel descendente ad occidentem: sed raro apparent ipso existente in
meridie, quia tunc sol propter nimium calorem dissolvit materiam. Accidit
tamen aliquando in Bosphoro, quod est mare dividens Asiam ab Europa, quod ibi
apparuerunt duo parelii ex duobus lateribus solis, ab ortu eius usque ad
occasum per totam diem. Accidentia igitur manifesta circa unumquodque
istorum sunt haec quae determinata sunt. |
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[90920] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3
n. 7 Deinde cum
dicit: causa autem horum etc., determinat de causis dictarum impressionum. Et
dicit quod causa et principium omnium praedictorum est una et eadem secundum
substantiam, quia omnia secundum substantiam sunt refractio. Quod
intelligendum est non formaliter, sed causaliter: non enim istae impressiones
sunt formaliter refractio, quia iris formaliter est quaedam figura etc., sed
sunt refractio causaliter, quia omnia causantur ex refractione aliqua; sed
differenter fiunt secundum diversos modos refractionis sive reflexionis ad
solem vel ad aliquod aliud astrorum fulgidorum. Sed qualis fit refractio, et
qualiter fiat, et ad quid, et a quo, et quae sit causa eorum quae accidunt
circa ipsam refractionem, consequenter ostendit philosophus, licet textus nostri
communiter hoc non habeant. Dicit ergo quod radii visuales refranguntur ab
omnibus corporibus quae habent aliquam virtutem opaci, quod impedit
illuminationem secundum directum, et ab habentibus planam et lenem
superficiem, sicut est aqua quae est grossior, et aer qui est subtilior. Et
illud quod refrangitur secundum veritatem, est lumen generatum a corpore
lucido secundum directum, sed colores qui movent perspicuum quando est
illuminatum, colorant ipsum. |
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[90921] Inserta super Meteora,
lib. 3 cap. 3 n. 8 Deinde cum dicit: et per diem
quidem etc., regreditur ad numerandum quaedam alia accidentia circa iridem.
Ex quo patet quod haec pars continuari debet ad illam partem in qua enumerat
alia accidentia iridis: sed est huc transposita propter aliquod accidens. Dicit igitur quod iris de die apparet,
propter refractionem luminis solis a nube rorida sibi opposita. Sed de nocte
dixerunt quidam antiquorum ipsam non apparere per refractionem luminis: quia
in nocte raro fit, propter quod latebat ipsos. Sunt autem tres causae propter
quas raro apparet de nocte. Prima est, quia colores obscurantur de nocte
propter obscuritatem noctis. Secunda causa est, quia iris non potest apparere
neque fieri de nocte, nisi solum in uno die naturali mensis. Tertia est, quia
iris non fit de nocte nisi luna existente plena in oriente, et in occidente
nube opposita existente densa. Et illa raro simul contingunt. Signum autem
rarae apparitionis eius dicit esse, quia in quinquaginta annis non percepit
eam nisi bis fieri. |
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[90922] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 9 Deinde cum dicit: quod quidem igitur etc., postquam
philosophus determinavit de causis praedictorum in generali, determinat de
eis magis in speciali. Et dividitur in partes duas: in prima praemittit
quasdam suppositiones necessarias ad propositum; secundo declarat intentum,
ibi: primo autem de figura et cetera. Circa primum ergo dicit, quod oportet
supponere aliqua. Et primo, quod radii visuales procedentes ab oculo,
refranguntur ab aliquo prohibente eorum directam alterationem propter
grossitiem, sicut ab aqua, et aere ingrossato propter humiditatem et
frigiditatem, et universaliter ab omnibus corporibus grossis habentibus
planam et lenem superficiem, propter quam uniformiter recipiuntur et
refranguntur ad aliquod corpus lucidum. Secundo supponere oportet, quod
corpora specularia a quibus fit refractio, in quibus apparet species
visibilis, sunt duplicia: quaedam sunt in quibus apparet figura et color
obiecti determinate, quaedam autem sunt in quibus apparent colores, non autem
figura determinata, sicut sunt illa quae sunt valde parva, et non possunt
dividi in partes quae comprehendantur a visu: quare relinquitur quod in
talibus solus color apparebit. Tertio supponendum est, quod in corporibus
specularibus aliquando apparet color clarus, quando scilicet speculum est
purum et mundum, non habens aliquem colorem extraneum, et medium similiter
est purum, et visus est fortis, idest bene dispositus. Aliquando autem color
corporis clari apparet obscurus propter defectum alicuius istorum trium. De
his autem demonstratum est in libro de sensu et sensato, vel in libro de
sensu, idest in perspectiva communi: nunc autem istis suppositis dicendum est
de aliis. Intelligendum est autem circa primam suppositionem, quod visio non
fit extramittendo, sed intus accipiendo, idest radii visuales per quos
videntur res ab extra, non procedunt ab oculo ad obiectum sed ab obiecto ad
oculum. Et ideo radii visuales refranguntur a speculo ad
visum, non autem ad solem vel aliud obiectum, quia non refranguntur ad id a
quo procedunt. Sed Aristoteles loquitur hic secundum communem opinionem
perspectivorum sui temporis, qui habebant contrariam opinionem dictis. Nec
refert ad propositum, quodcumque istorum dicatur, quia eodem modo accidunt
omnia circa halo et iridem, quocumque istorum posito. Ad maiorem autem
claritatem dictorum et dicendorum notanda sunt duo. Primum est quod ad
quamlibet refractionem tria concurrunt de necessitate: primum est obiectum
quod imprimit similitudinem suam in speculum, puta lumen solis, et hoc habet
rationem refracti; speculum quod determinat actionem obiecti et recipit
similitudinem eius, quod habet rationem refrangentis; et visus, qui habet
rationem eius ad quod fit refractio. Secundo notandum est, quod radius
visualis est triplex: scilicet rectus, qui per medium uniforme libere
procedit a corpore lucido ad visum; secundo reflexus, qui propter densitatem
alicuius medii non potest ulterius transire, sed reflectitur et revertitur ad
corpus luminosum a quo procedit: sicut accidit de radiis solaribus, qui
reflectuntur a terra sursum versus solem, sicut visum est supra; tertio est
radius refractus, qui propter occursum alicuius medii non quidem impeditur
totaliter ulterius procedere, immo procedit usque ad visum, sed non recte,
quia recedit a perpendiculari. Aristoteles tamen indifferenter utitur istis
nominibus, cum dicit quod visus refrangitur ad aliquod corpus lucidum. |
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Caput
4 |
Chapitre 4 [ ] |
[90923] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 1 Deinde cum dicit: primo
autem de figura etc., praemissis suppositionibus necessariis ad declarationem
tam dictorum quam dicendorum, consequenter prosequitur de halo, iride et
reliquis. Et primo determinat
de halo; secundo de iride, ibi: iris autem etc.; et tertio de pareliis et
virgis, ibi: easdem autem dictas et cetera. Circa primum duo facit: primo
assignat causam generationis et modum; secundo reddit causam cuiusdam
accidentis halo, ibi: saepius autem et cetera. Prima iterum in tres: primo
ostendit modum generationis halo; secundo ostendit causam figurae eius, ibi:
undique autem etc.; tertio ostendit causam coloris illius, ibi: oportet autem
et cetera. Quantum ad primum igitur primo praemittit intentionem suam. Et
dicit quod primo dicendum est de halo et de figura eius in speciali, quare scilicet
fit circularis figurae, et utrum fiat circa solem et lunam, et similiter
circa alia astra, et non ex opposito vel ex latere alicuius: quia eadem est
ratio de omnibus. |
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[90924] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 2 Secundo ibi: fit quidem igitur etc., quia
halo apparet ex refractione visus consistente vapore vel aere, ideo
philosophus declarat, quomodo se habeat vapor huiusmodi a quo fit refractio.
Et dicit quod refractio visus in apparitionibus halo fit a vapore vel aere,
idest ab aere vaporoso, ingrossato a frigido in nubem tenuem parvarum et
regularium partium. Et hoc manifestat per signum: quia si ille vapor in quo
apparet halo, ingrossetur, tunc est signum pluviae; si autem distrahatur et
disgregetur, tunc est signum venti; si vero evanescat et exterminetur, tunc
est signum serenitatis. Probat autem primum: quia talis ingrossatio vaporis
ostendit continuam inspissationem nubis, quam tandem necessarium est
permutari in aquam; et propter hoc huiusmodi nubes continue fiunt nigriores,
quoadusque finaliter dispareat halo. Secundum vero manifestatur: quia illa
distractio non potest fieri nisi a vento, qui iam incipit flare. In signum
cuius, quando distrahitur halo, ventus incipit manifeste apparere ex illa
parte in qua incoepit illa distractio; ex quo possumus etiam concludere, quod
ventus prius flabat, et distrahebat halo, sed nondum erat nobis praesens et
manifestus: vel prius flabat in aliis partibus, sed nondum erat praesens illi
parti in qua fit halo. Marcefacta autem sive evanescens est signum serenitatis:
quia non distrahitur nisi a calido disgregante vaporem nubis, et sic aer vel
vapor propter tale calidum non potest condensari in nubem, ex quo fit
serenitas. Unde relinquitur, quod halo fiat in nube tenui et densata a
frigido, ut dictum est. |
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[90925] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4
n. 3 Deinde cum
dicit: refrangitur autem a consistente etc., ostendit quomodo et qualiter se
habente nube secundum positionem ad astrum fulgidum, fiat refractio. Et dicit
quod visus refrangitur a caligine existente inter ipsum et solem vel lunam,
et propter hoc non apparet ex opposito, sicut iris, quae apparet in nube
opposita soli vel lunae, visu existente in medio, nec etiam apparet ex
lateribus, sicut virgae et parelii. Ad cuius intelligentiam considerandum est,
quod in apparitione halo inter visum et astrum mediat nubes tenuis, a qua fit
refractio, ita quod astrum videtur per ipsam; propter quod etiam videtur in
eadem superficie cum ipsa: quia quando aliquod corpus remotum videtur per
aliquod corpus medium distans a visu, tunc obiectum videtur esse simul cum
medio, quia visus propter distantiam improportionatam sibi non diiudicat
remotionem unius ab altero. Et propter eandem causam corpus sphaericum a
remotis visum semper apparet planae superficiei, quia visus propter
improportionatam distantiam, sicut dictum est, non diiudicat distantiam,
neque figuram et maximum circulum eius. |
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[90926] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4
n. 4 Deinde cum
dicit: undique autem similiter etc., ostendit quae sit figura halo. Et dicit
quod nube sic se habente ut dictum est, necesse est quod talis refractio fiat
secundum circulum; et ideo necesse est halo esse circulum, si nubes sit
continua et regularis, vel partem circuli si nubes sit discontinua et
irregularis. Quod quidem facile est probare, si supponamus secundum veritatem
quod refrangatur obiectum, non visus. Nam visibile producit radios suos
pyramidaliter: cuius pyramidis basis est in ipso obiecto, conus vero
pyramidis terminatur ad visum si radii sint recti, vel si sint refracti conus
est in puncto refractionis, licet sit magis obtusus; in fine autem pyramidis
semper apparet figura similis obiecto, sicut experientia testatur. Tum etiam,
quia omne agens naturaliter imprimit suam similitudinem in passum secundum
esse perfectum, nisi impediatur; cum igitur astrum sit circularis figurae,
eius similitudo impressa tum in caligine tum etiam in oculo, erit figurae
circularis. Sed Aristoteles hic non accipit astrum in alterando refrangi, sed
visum, sicut dictum est prius, non quidem secundum radium perpendicularem,
sed secundum radios declinantes a perpendiculari. Assumptum vero sic probat
per rationem mathematicalem. Radii qui aequaliter distant a perpendiculari,
et refranguntur ad angulos aequales, facientes scilicet angulos aequales in
puncto refractionis, faciunt figuram circularem; sed radii quibus videtur
halo, aequaliter distant a perpendiculari, et refranguntur in aequali
distantia ad perpendicularem ad angulos aequales; ergo faciunt circulum.
Maior est manifesta: quia astrum aequaliter agit et illuminat partes
existentes inter extremos radios refractos, quia aequaliter distant. Minorem
vero probat in terminis communibus hoc modo. Sit a visus qui refrangitur, b
autem sit astrum ad quod fit refractio secundum antiquos, et protrahatur
linea perpendicularis ab a in b per medium caliginis refrangentis visum, in
puncto c, et signentur tria puncta aeque distantia a c in peripheria, sive
circumferentia, nubis, scilicet g d z, in quibus franguntur radii luminosi ad
lineam perpendicularem, et concurrunt in puncto a. Tunc ibi intelliguntur
tres trianguli maiores, scilicet agb, adb et azb, qui sunt aequales, ut
potest practicari per propositiones mathematicas, et maxime per quartam primi
Euclidis: quae dicit quod duorum triangulorum, quorum duo latera unius sunt
aequalia duobus lateribus alterius, et duo anguli duobus angulis, toti
trianguli erunt aequales. Ducantur igitur tres lineae perpendiculares super
lineam ab ad punctum c ab illis tribus punctis g d z in peripheria nubis
signatis: tunc constituuntur tres parvi trianguli, scilicet agc, adc et azc,
et isti trianguli etiam sunt aequales, sicut probari potest per eandem
quartam, et per octavam primi Euclidis. Sed istae tres lineae ducuntur
directe ex diversis partibus in eundem punctum, et sunt plures quam duae:
igitur talis punctus est centrum circuli, et linea tangens extremitates
illarum linearum erit circulus, ut dicit vigesimatertia propositio tertii
Euclidis. Et ista magis patebunt in sequenti figura. (Figura). |
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[90927] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4
n. 5 Deinde cum
dicit: oportet autem intelligere etc., determinat de colore halo. Et dicit
quod in nube clara et subtili, quae incipit converti in aquam et dicitur
nubes rorida, in qua apparet halo, sunt quaedam parvae guttulae indivisibiles
secundum sensum, quae sunt parva specula, in quibus apparet tantum color
corporis obiecti, non figura: ex quo in illis simul sumptis apparet color,
mixtus ex lumine stellae et colore nubis a qua fit refractio. Et hoc ideo,
quia nubes non est speculum purum: nam si esset speculum purum, non admixtum
alteri colori, pure representaret colorem obiecti. Et quia color albus est
propinquior lumini ipsius stellae, ideo in illa parte halo quae plus obtinet
de lumine, scilicet in medio, apparet color albus; sed in parte remotiori,
scilicet in circumferentia, apparet maior nigredo, tum propter minus lumen
ibi existens, tum etiam propter maiorem albedinem alterius partis: quia
opposita iuxta se posita maiora videntur. Est autem maius lumen in medio,
quia radii luminosi super illam partem cadunt perpendiculariter versus
terram, quo quidem modo habent causare maius lumen. |
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[90928] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 6 Deinde cum dicit: saepius autem fit etc., ostendit
causam unius accidentis circa halo, scilicet quare halo saepius apparet circa
lunam quam circa solem. Et huius ratio est, quia sol propter maiorem
caliditatem citius disgregat humorem consistentem in nube, quam luna quae
habet minorem virtutem calefaciendi. Sed circa alia astra apparet eadem halo propter
easdem causas, vel propter causas proportionales dictis; sed tamen non eodem
modo significat: quia circa lunam vel solem est signum pluviae, vel venti,
aut serenitatis, sed circa alia astra est signum tenuis et debilis caliginis,
non habentis fecunditatem. Considerandum est autem quod halo fit etiam circa
lucernas de nocte tempore hiemali, et tunc lumen lucernae habet rationem
obiecti refracti, aer circumstans humidus et ingrossatus a frigore est quasi
speculum, oculus vero est id ad quod fit refractio. Apparet etiam tempore
magni caloris circa oculum et circa lumina, propter humiditatem existentem in
oculo, maxime quando homo surgit a somno et fricat oculos: tunc enim
evaporare facit humorem existentem in oculo extrinsecus. Apparet autem et
videtur esse prope circa lumen: quia propter parvam distantiam lumen alterat
totum medium usque ad oculum, et ideo visus totum continuum iudicat unum cum
lumine. Quare autem appareat circularis figurae, cum tamen
flamma sit figurae ovalis et oblongae, ad perspectivam communem pertinet. |
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Caput
5 |
Chapitre 5 [ ] |
[90929] Inserta super Meteora,
lib. 3 cap. 5 n. 1 Postquam philosophus determinavit
de halo in speciali, determinat nunc de iride etiam in speciali. Et circa hoc duo facit: primo praemittit
intentionem suam, et dicit quod dictum est prius, quod iris est quaedam
refractio, scilicet causaliter, ut dictum est; sed qualis sit refractio, et
propter quam causam, et quomodo fiant singula accidentia circa iridem,
dicimus nunc. |
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[90930] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 2 Secundo ibi: refractus
quidem igitur etc., prosequitur intentionem suam. Et circa hoc tria facit:
primo ostendit causam et modum generationis colorum in iride; secundo
determinat de ea quantum ad figuram et consequentia figuram eius, ibi:
quoniam autem neque circulum etc.; tertio determinat de tempore et modo
apparitionis eius, ibi: quod autem in minoribus et cetera. Prima iterum
dividitur in duas partes: in prima determinat de generatione colorum
principalium; in secunda de generatione colorum minus principalium, ibi:
xanthos autem et cetera. Circa primum tria facit: primo determinat de
generatione colorum iridis in generali; secundo de generatione primi coloris
in speciali, ibi: quod quidem igitur iris etc.; tertio de generatione aliorum
colorum, ibi: quoniam autem color et cetera. Circa primum iterum duo facit:
primo ponit quandam suppositionem necessariam ad propositum; secundo
concludit modum generationis colorum iridis, ibi: quoniam autem et
manifestum et cetera. Dicit
ergo primo quod radius visualis natus est refrangi ab omni corpore plano et
terminato, sicut sunt aer et aqua. Quod autem refrangatur ab aere probat
quatuor signis. Primum est quia Antipheronti propter debilitatem sui visus
accidit, quod semper videbat similitudinem suae faciei in aere ipso
aspiciendo, propter refractionem suae faciei in aere: signum est igitur quod
refractio fiat in aere. Intelligendum est autem circa istud primum signum,
quod Aristoteles hic loquitur secundum opinionem antiquorum mathematicorum,
ut dictum est supra, sed secundum veritatem illa est causa passionis
accidentis circa Antipherontem, quod circa pupillam eius erat humor
innaturalis grossus, alterans visum, et ipse propter infirmitatem iudicabat
de isto humore et de idolo in eo impresso, sicut de quodam extrinseco: quia
utebatur pupilla quasi speculo, et humore quasi obiecto, et iudicabat ipsum
esse hominem ambulantem, propter similitudinem passionis apparentis in colore
et lineatione. Sicut aliis laborantibus infirmitate oculorum apparet tela aranearum
ante oculos, quibusdam autem muscae volantes etc., cum tamen sit humor in
pupilla respersus. Secundum signum est, quia summitates navium, scilicet
summitas arboris navis, et etiam montes alti in mare, videntur breviores et
grossiores: quia aer supra mare existens magis accedit ad dispositionem
opaci, quia est ingrossatus ab humiditate et frigiditate maris, ex quo potest
esse speculum, quod non posset esse nisi aer esset aliquo modo inspissatus et
ingrossatus. Tertium signum quod refractio fiat ab aere ita consistente et
inspissato, est quia cum flant Euri, qui sunt venti Orientales humidi, omnia
videntur maiora propter refractionem ad aerem ingrossatum a flatu Euri.
Quartum signum est, quia tempore caliginis, scilicet in mane quando sol adhuc
non rarefecit aerem, et in sero et aliis temporibus nebulosis, sol et alia
astra orientia vel occidentia videntur maiora quam in medio caeli, propter
talem refractionem ad aerem istum caliginosum et grossum. Quod autem ab aqua
fiat refractio manifestat, quia si sit ab aere, multo magis fiet ab aqua,
quae est planae superficiei et est magis densa quam aer, et ex consequenti
magis potest esse speculum quam aer vel caligo. Et adhuc magis fit a caligine
incipiente converti in aquam quam a simplici aere, quia etiam talis caligo
magis accedit ad rationem speculi quam aer. |
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[90931] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 3 Deinde cum dicit: quoniam
autem et manifestum etc., concludit modum generationis colorum iridis in
generali. Et dicit quod, sicut dictum est prius, si fuerit nubes rorida,
idest habens parvas guttulas semilucidas ad modum roris, sicut accidit cum
incipit pluere antequam pluat, vel etiam cum desinit, et talis nubes posita
fuerit ex opposito solis vel alterius astri fulgidi, ita ut fiat speculum
refrangens visum ad oppositum, scilicet ad astrum, tunc fiunt colores iridis
in tali speculo. Sed quia illae parvae guttulae nubis sunt specula parva, et
indivisibilia secundum sensum, ideo in illis apparet color tantum, non autem
figura obiecti. Quia autem sunt continuatae adinvicem, ideo in illis apparet
color continuus, non interruptus. Sed ista reverberatio colorum solum
contingit, quando nubes et astrum ponuntur ex opposito, et visus noster est
in medio ipsorum. |
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[90932] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 4 Deinde cum dicit: quod quidem igitur iris
etc., ponit in speciali modum generationis coloris punicei, qui est primus
inter principales colores iridis. Et circa hoc tria facit: primo praemittit
quasdam suppositiones necessarias ad propositum; secundo ostendit causam
coloris punicei, ibi: propter quod iridis etc.; tertio ponit modum
generationis talis coloris, declarando ipsum per quaedam signa, ibi: apparet
utique iris et cetera. Ponit ergo primo tres suppositiones. Quarum prima est
quod iris est refractio, idest apparitio ex refractione causata, et quia
causatur ex refractione a nube opposita, ideo semper fit ex opposito ad
astrum: halo autem fit circa ipsum; conveniunt tamen in hoc quod utrumque fit
ex quadam refractione. Secundum quod supponit, est quaedam differentia inter
halo et iridem: quia in halo non est illa varietas colorum quae est in iride;
iterum in iride est refractio a longe et a nigro, sed halo fit de prope et ab
aere albiori secundum naturam. Tertia suppositio est, quod
fulgidum seu lucidum, visum in nigro vel per nigrum, apparet puniceum. In signum cuius ignis lignorum viridium
habet flammam rubeam, quia magna multitudo fumi, qui est niger, miscetur tali
igni lucido. Sol etiam, visus per caliginem vel fumum, apparet puniceus,
idest subrubeus, tendens ad albedinem. Sciendum est autem, quod quando aer
vel aliud perspicuum est in propria natura purum, et non aliquo colore
coloratum, tunc habet solum rationem medii per quod videtur obiectum, non
autem habet rationem obiecti. Quando autem est impurum et coloratum aliquo
colore, tunc habet rationem medii et obiecti, et ex colore utriusque,
scilicet medii et obiecti, componitur unum obiectum completum visus. Ex hoc,
quando lucidum vel obiectum transit per fumum vel caliginem vel aliud nigrum,
tunc ex utroque componitur tertius color qui dicitur puniceus: et hic tanto
magis accedit ad album, quanto magis in tali mixtione dominatur lucidum; et
ita similiter de nigro. Et huius signum evidens potest esse, quod radius
solaris transiens per amphoram vini nigri, videtur puniceus, secundum modum
praedictum. |
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[90933] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 5 Deinde cum dicit: propter
quod iridis etc., ponit causam coloris punicei in iride, dicens quod prima
refractio, idest primus color ex refractione causatus, apparet propter
refractionem luminis solis a guttis parvis, quae sunt in nube nigra et
aquosa: quia fulgidum visum in nigro apparet puniceum. Sic autem non est de
halo. Non est autem tanta diversitas colorum in halo sicut in iride: quia
nubes in qua videtur halo, non est tantae permanentiae circa solem sicut
nubes in qua apparet iris: quia nubes circa solem vel convertitur in pluviam,
vel cito dissolvitur propter calorem solis, sed nubes existens in opposito
solis facit aliquam moram, saltem per totum tempus in quo generatur aqua ex
nube: quod si esset in nube in qua generatur halo, tunc utique halo appareret
colorata sicut iris. Et eadem
etiam causa, quia iris fit ex opposito, non fit sub figura circuli completi,
sed est figura eius parva: quia non est maior semicirculo, divisa per quasdam
virgas, quae apparent in medio praedictorum colorum. Et si talis caligo
aliter poneretur circa solem, esset maioris figurae iris. |
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[90934]
Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 6 Deinde cum dicit: apparet utique iris etc., declarat
modum generationis coloris punicei per quaedam signa. Et primum, per quod
demonstratur quod iris fiat per refractionem ad aerem grossum et caliginosum,
est quia in hieme circa lucernas de nocte apparet circulus habens colorem
puniceum iridis, quod fit propter refractionem luminis lucernae ad aerem
circumstantem, qui est ingrossatus a frigido, vel etiam est terminatus per
admixtionem fumi egredientis a lucerna, et ita est nigrefactus a fumo. Hoc
autem fit maxime flantibus ventis Australibus, quia tunc aer est magis
ingrossatus propter humorem quem secum adducunt venti Australes. Et hoc
maxime accidit his qui habent oculos debilitatos propter nimiam humiditatem:
tum quia aer etiam tunc magis ingrossatur propter humorem evaporantem ab oculis;
tum quia visus facile refrangitur ab aere grosso propter debilitatem,
supposito secundum antiquos, quod visus sit qui refrangatur, sicut supra
dictum est. Sed tamen possumus dicere quod huius ratio est, quia visus
debilis non potest operari circa obiectum forte, cuiusmodi est lumen, propter
debilitatem: sicut accidit noctuae, quae propter debilitatem visus non potest
aspicere lumen solis. Et ideo propter infirmitatem, quae quasi velat oculum,
intuetur lumen lucernae sub quadam caligine, et videtur ei lumen etiam magis
obscurum quam sit. Assignat autem duas rationes, quare lumen lucernae non
facit colorem puniceum in sua iride, sicut lumen solis. Prima est, quia visus
debiliter alteratur a lumine lucernae debili existente, et ideo lumen non
apparet ita album, sicut appareret in alteratione forti. Secunda autem est,
quia speculum in quo lumen videtur, scilicet aer circumstans, est nigrum
propter fumum lucernae, et propter hoc ostendit colorem solis non puniceum,
sed purpureum, qui magis accedit ad nigrum quam puniceus. Secundum signum
est, quia in aqua maris sursum elevata a remis nautarum, apparent tales
colores, propter refractionem luminis ad aerem ingrossatum propter
frigiditatem et humiditatem aquae maris, et terminatum etiam et aliquo modo
denigratum ab umbra quam faciunt latera navis; et propter hoc tales colores
sunt similiores coloribus iridis lucernae quam iridis caelestis, quia talis
iris non habet colorem puniceum, sed purpureum. Refractio autem in tali iride
fit a guttis parvis et continuis, quae elevantur a remis. Tertium signum est,
quia quando aliquis est in aliquo loco, qui ex una parte est tenebrosus et ex
alia, scilicet ex opposita parte, irradiatur a sole, et rorat, idest
distillat, humorem aqueum, sive manu sive ore sive alio instrumento, subtili
stillatione, tunc apparent similes colores iridis, propter refractionem
luminis ad talem aquam stillantem et nigram apparentem propter umbram. Hoc
autem manifeste videtur in hominibus velociter loquentibus: ab ore enim eorum
dum loquuntur, saepe egreditur quidam humor aqueus, rotundus et inflatus, in
quo apparent colores iridis, si homo fuerit versus solem. Pueri etiam
quibusdam instrumentis vitreis ori suo appositis, emittunt tales inflationes
rotundas ad modum vesicarum, in quibus apparent colores iridis. Hoc etiam
apparet in aqua dum percutitur, et in sapone quando lotrices ipsum manibus
liquefaciunt, et in multis aliis, a quibus elevantur huiusmodi inflationes
rotundae, et in eis apparent colores iridis. Signum est ergo quod
iris caelestis generetur per refractionem luminis a nube rorida, quia etiam
praedicta iris causatur per refractionem ab aqua rorida. |
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Caput
6 |
Chapitre 6 [ ] |
[90935] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 1 Postquam philosophus
ostendit causam et modum generationis coloris punicei, consequenter assignat
causam et modum generationis aliorum. Et circa hoc duo facit: primo assignat causam colorum
principalium; secundo cuiusdam alterius coloris minus principalis, ibi:
xanthos autem et cetera. Circa primum duo facit: primo praemittit quasdam
suppositiones necessarias ad propositum; secundo ex talibus suppositionibus
concludit propositum, ibi: qui quidem igitur et cetera. Circa primum igitur
dicit, quod postquam dictum est de uno colore, simul etiam ex dicendis
manifestum erit de aliis. Sed oportet prius supponere quaedam. Et primo, quod
sicut dictum est, lucidum sive fulgidum, apparens in nigro per refractionem,
sive per nigrum tanquam per medium, facit apparitionem coloris punicei,
maxime si alteratio fulgidi sit fortis. Secundo supponendum est, quod visus
de longe videns obiectum, debilius et minus videt quam videns de prope. Et
huius ratio est, quia omne agens naturale debilius agit in multum distans
quam in propinquum, et ex consequenti visibile debilius alterat visum a remotis
quam de propinquo, convenienti scilicet propinquitate. Tertia suppositio est,
quod nigrum in genere colorum est velut privatio, respectu albi praesertim:
contraria enim reducuntur ad privativa, et semper alterum contrariorum habet
rationem habitus et perfectioris respectu alterius, alterum vero rationem
privationis et imperfecti respectu primi, sicut declaratur X Metaphys. Ex quo
sequitur, quod illud quod videtur visu existente debili et deficiente,
apparet nigrum; quia sicut se habet album ad nigrum, ita se habet visio albi
ad visionem nigri, et visus comprehendens unum ad visum comprehendentem
reliquum: igitur si unum est velut privatio, reliquum etiam erit tale. Quarta
suppositio, quae est magis propinqua proposito, est quia omnia quae videntur
a longe, apparent nigriora quam si viderentur de prope. Cuius causa est
secundum mathematicos, quia visus non pertingit ad illa, aut debiliter
pertingit. Sed secundum veritatem causa est, quia visibile a remotis minus
movet quam de propinquo, sicut dictum est in secunda suppositione, ex qua
quasi corollarie concluditur ista. Dicit tamen Aristoteles quod de his
diligentius considerandum est in libris de sensu et sensato, et in
perspectivis, quia illorum est proprium facere considerationem de istis.
Propter causam praedictam igitur ea quae videntur de longe, apparent
nigriora, minora et planiora. Causa primi dicta est. Sed causa secundi est,
quia sicut supra dictum est, visibile emittit radios ad visum quasi
pyramidaliter, et basis pyramidis est in ipso visibili, conus autem, qui, est
ille angulus acutus pyramidis, terminatur ad visum. Quanto autem magis
obiectum distat a visu, tanto magis pyramis protrahitur et fit longior, et
facit minorem angulum in oculo, et ex consequenti videtur minor. Causa autem
tertii est, quia visus a remotis non potest percipere modicam supereminentiam
vel concavitatem, propter debilem alterationem: ex quo omnia astra apparent
planae figurae. Et nubes visae per refractionem in aqua tanquam in
quodam speculo, nigriores videntur quam visae in seipsis. Quod est signum
quod ea quae videntur per refractionem, videntur nigriora: quia scilicet
debilius immutant visum. Addit autem quod nihil differt quantum ad praesens
propositum, dicere quod visibile immutat visum in visione, quod verum est, aut
dicere quod visus permutat visibile, sicut dicebant mathematici antiqui: quia
utroque modo accidit idem quod dictum est. Quinta suppositio est, quod nubes
quanto fuerit propinquior soli, tanto minus est colorata colore iridis, sed
apparet alba, quia tunc magis recipit lumen; sed visa in aqua per
refractionem apparet nigrior propter distantiam, et ideo tunc videtur habere
aliquem colorem iridis. Ex quibus omnibus ultimate concludit, manifestum esse
quod alba visa per refractionem, tum propter maiorem distantiam obiecti, tum
quia radii refracti sunt debiliores quam directi, videntur minus alba et
quasi tendentia ad nigredinem, quia debilitatio radii facit apparere minus
colorem album. |
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[90936] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6
n. 2 Deinde cum
dicit: qui quidem igitur etc., ex dictis suppositionibus concludit causam
aliorum colorum apparentium in iride. Et dicit quod ubi est fortior et
intensior actio fulgidi in nubem propter minorem distantiam, ibi permutatur
color clarus solis in puniceum, qui est propinquior albo: fulgidum enim visum
in nigro videtur puniceum, sicut dicit secunda suppositio. Et talis refractio
fit in prima peripheria iridis. Sed refractio facta a secunda peripheria
adhuc est debilior propter maiorem distantiam, et ideo in ea apparet color
viridis, qui est propinquior nigro quam puniceus. Et in tertia circumferentia
apparet halurgus, quia etiam est propinquior nigro quam viridis, propter
eandem causam. |
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[90937] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6
n. 3 Deinde cum
dicit: quoniam autem quod etc., assignat rationem numeri colorum iridis. Et
dicit quod numerus colorum iridis statum habet in tribus, et non procedit
ultra: sicut in pluribus aliis naturalibus terminus est in tribus, ut patet I
caeli. Permutatio autem si qua alia fit in aliis partibus nubis, est
insensibilis, et non facit apparere alium colorem praeter istos. Ratio autem
quare sunt tantum tres colores in iride, est quia tot sunt ibi colores, quot
sunt loca in nube a quibus fit diversa refractio: sed illa sunt tantum tria,
ut iam declaratum est, scilicet supremus, medius et infimus, a quibus
diversimode refrangitur lumen. |
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[90938] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6
n. 4 Deinde cum
dicit: propter quod et iris etc., ostendit ordinem et positionem colorum in
iride. Et dicit quod quandoque apparent duae irides, et utraque habet
praedictos colores, licet e contrario positos: quia interior et contenta,
quae est principalior, habet in maiori peripheria colorem puniceum, in media
viridem, in infima halurgum, idest caeruleum; sed exterior propter
maiorem propinquitatem ad solem, ut dictum est, in minori peripheria habet
puniceum, in media viridem, et in suprema halurgum. Deinde recapitulat ea
quae dicta sunt, et dicit quod si, pro quia, ea quae prius supposita
sunt de apparitione coloris, sunt bene dicta, necesse est in iride apparere
tres colores tantum, et nubem colorari solum tribus coloribus, propter
rationes quae dictae sunt. |
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[90939] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6
n. 5 Deinde cum
dicit: xanthos autem etc., determinat de causa apparitionis cuiusdam coloris
minus principalis, qui apparet aliquando inter puniceum et viridem, et est
propinquior albo quam puniceus. Dicitur autem Graece xanthos, Latine autem
citrinus. Dicit ergo quod xanthos apparet interdum in iride, non quidem per refractionem:
quia tunc essent plures colores principales quam tres, et etiam talis color
tunc deberet apparere plus niger quam albus; sed causatur ille color per
iuxtapositionem punicei et viridis, quia puniceum positum iuxta viride album
videtur: contraria enim iuxta se invicem posita videntur maiora et
manifestiora. Hoc autem probat philosophus per quatuor signa. Et primo, quia
quando apparet iris in nube spissa et valde nigra, tunc colores videntur
maxime puri, et propter hoc xanthos apparet intensior: quod signum est quod
xanthos fit per iuxtapositionem punicei et viridis. Et tunc etiam xanthos
magis apparet quam puniceus, ex eo quod nubes in parte exteriori per
circuitum nigra, propter iuxtapositionem punicei et nigri facit apparere
puniceum album, et ex consequenti xanthos positus inter album et viridem,
magis apparet, et puniceus magis occultatur. Secundum signum est, quia
marcescente nube, idest evanescente, quia tunc rarefit et perdit obscuritatem
et nigredinem, tunc puniceus fit albior et mutatur in xanthos, propter
iuxtapositionem albi et viridis. Tertium et maximum signum est, quia in iride
facta a luna in nocte, omnes colores apparent albiores, et maxime apparet
xanthos; quia tunc propter obscuritatem noctis additam nigredini nubis,
colores nigri maxime videntur obscuri, et ideo per iuxtapositionem nigri
maioris color puniceus videtur albior et citrinus: quia nigrum additum nigro
facit album iuxtapositum apparere magis album, sicut ignis vel lumen additum
lumini facit e converso nigrum iuxtapositum apparere magis nigrum. Quartum
signum est, quia textores texentes flores in pannis sericeis vel alterius
generis, diversimode ponunt iuxta se colores, secundum quod volunt causare
apparentias diversas in diversis floribus vel figuris. Et hoc etiam observant
pictores: nam aliam apparentiam habet color purpureus positus in lana vel
serico albo quam positus in nigro, et melius apparet aurum positum in
azzurino quam in albo: quod non esset, nisi colores iuxtapositi aliis
coloribus magis apparerent et variarent in apparentiis. Colores etiam aliter
et aliter positi ad lucernam, idest ad lumen, secundum experientiam variantur
propter diversam iuxtapositionem luminis: propter quod saepe accidit quod
homines decipiuntur circa colores, propter diversam positionem colorum iuxta
se invicem. Deinde epilogat, dicens quod dictum est propter quid iris habet
tres colores principales, et quartum minus principalem, et quare iste, vel
quartus, appareat inter praedictos colores. |
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[90940] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6
n. 6 Deinde cum
dicit: dupla autem etc., assignat causam quorundam dictorum prius de iride.
Dictum est enim supra, quod irides sunt duae tantum, quarum una est
continens, altera contenta: sed continens, idest exterior, habet colores
obscuriores, et modo contrario positos. Ratio primi est, quia reflexio iridis
superioris est remotior, tum a sole illuminante tum etiam ab oculo, sicut
dictum est: ideo est debilior, et colores videntur obscuriores. Causa autem
secundi, quia quanto magis reflexio est debilis, tanto color est nigrior, et
e converso; sed maior circumferentia exterioris iridis est remotior, et ex
consequenti reflexio est debilior; et ideo in ea est color halurgus, quia est
magis obscurus, in secunda vero eiusdem iridis, quae est minus remota, est
color viridis, in tertia adhuc minus remota, puniceus. Sed in interiori maior
peripheria est propinquior: ideo in ea est color puniceus, in secunda, quae
est minus propinqua, est viridis, in tertia vero adhuc magis remota, est
color halurgus. Quae omnia satis manifesta sunt absque alia deductione in
terminis communibus. Dicit autem quod ut in pluribus non apparent plures
irides duabus: quia ascendendo et descendendo a medio nubis, propter nimiam
elongationem semper refractio debilitatur, ita quod ultra tres colores
refractio non pertingit ad visum nostrum, quia a remotiori semper fit
debilior refractio. |
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[90941] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 7 Sed ad maiorem evidentiam
illorum quae Aristoteles dixit de coloribus iridis, oportet quaedam
considerare. Primo quidem, utrum colores iridis sint colores
secundum rei veritatem, an tantum secundum apparentiam. Secundo, in quo sint
colores iridis sicut in subiecto. Tertio, utrum id quod continetur inter
minorem peripheriam iridis et maiorem, sit coloratum vel non. Quarto, utrum
medium quod interiacet duabus iridibus, sit coloratum colore puniceo. Quinto, utrum possibile sit aliquando
tertiam apparere iridem, et propter quam causam. Sexto videndum est de causa
cuiusdam iridis quae apparet, alio modo se habente nube ad solem quam
Aristoteles dixit, sicut videbitur. Et ad evidentiam primi, quia colores
iridis causantur ex refractione luminis a corporibus specularibus, primo
videndum est utrum lumen in medio sit aliqua qualitas, an non. Secundo, utrum
lumen refractum in corpore speculari, faciat in ipso a quo refrangitur
apparentiam alicuius coloris non existentis prius in eo secundum quod
huiusmodi, aut recipiat ab eo, vel non. Primo ergo quaerendum est, utrum
lumen sit in medio secundum esse reale, aut tantum secundum esse
intentionale. Et videtur quod tantum habeat esse intentionale: quia quod
habet esse reale in alio, manet in ipso post absentiam generantis, sicut in
simili, calidum et frigidum manent in eis in quibus fiunt, in absentia
generantis; sed amoto corpore luminoso, lumen non remanet in medio; ergo et
cetera. Secundo: sensibile positum supra sensum secundum esse reale, nullam
facit sensationem, sicut habetur in II de anima; sed lumen in medio existens
vel in sensu, facit sensationem in actu; ergo non habet ibi esse reale. Praeterea: omnis
forma realiter recepta in materia inferiorum, habet contrarium; sed luminis
in medio nihil est contrarium; ergo non est realiter receptum in medio. Maior
probatur: quia in hoc differunt materia corporum superiorum et inferiorum,
quia materia superiorum habet formam quae complet totum eius appetitum, et
ideo non est susceptiva contrariorum, sed materia inferiorum recipit formam
non complentem totum eius appetitum: ergo est susceptiva contrariorum, et
forma recepta in ea realiter, habet contrarium. Pro huius igitur intelligentia sciendum est, quod lumen
in medio habet esse intentionale, quia causat sensationem; sed non solum
habet ibi esse intentionale, sed etiam habet esse reale et naturale, licet
tale esse reale debilius sit et minus permanens in medio quam in corpore
luminoso. Et hoc multipliciter probari potest. Primo: quia quae habent unum
receptivum secundum naturam, habent etiam idem esse reale et eundem modum
essendi; sed lumen in corpore luminoso et in medio illuminato ab eo, habet
idem receptivum, scilicet perspicuum: quia lumen per se est actus diaphani
secundum quod huiusmodi; ergo habet idem esse; ergo si in uno habet esse
reale, et in reliquo. Maior probatur: quia ad unitatem unius per se relativi
sequitur unitas alterius; sed receptibile et receptum dicuntur relative; ergo
si susceptibile luminis est unum, et lumen erit unum, et habebit unum esse.
Confirmatur minor primi argumenti: quia diaphanum in corporibus inferioribus
est eiusdem naturae, differens solum secundum magis et minus, sicut in
simili, in corporibus superioribus diaphanum in parte stellata et in parte
non stellata est idem secundum naturam, differens secundum magis et minus
densum. Praeterea secundo: quorum est una operatio prima, horum est una
natura, et ex consequenti unum esse; sed lucis in corpore luminoso et in
medio illuminato est una operatio prima, illuminare scilicet perspicuum; ergo
si lux in uno est qualitas realis, et in altero. Maior patet: quia
operatio consequitur formam, sicut transmutatio materiam. Praeterea: forma
aliqua in eo habet esse reale et naturale, in quo generatur ab agente
secundum naturam, secundum quod huiusmodi, per reductionem de potentia
naturali ad actum; sed lumen est tale in medio; ergo habet ibi esse reale. Maior est nota, et manifeste ostendit a
priori aliquid habere esse reale. Minor vero probatur: quia lumen causatur ab
agente naturali, scilicet a corpore lucido, per reductionem medii de potentia
naturali, qua erat lucidum in potentia, ad esse lucidum in actu. Deinde:
illud quod habet operationem realem et naturalem secundum quod huiusmodi,
videtur habere etiam esse reale et naturale: quia unumquodque operatur
secundum quod est (IX Metaphys.), et operatio consequitur esse; sed lumen in
medio habet operationem realem et naturalem, sicut illuminare, calefacere et
huiusmodi: sicut sensus docet, et scientia de speculis comburentibus
supponit. Quod autem lumen in medio habeat debilius esse quam in corpore
lucido, satis manifestum est: quia medium quod est perspicuum, est rarum, et
lumen propter raritatem medii facile pertransit, et non est multae
permanentiae in eo; sed in corpore illuminato est densitas, quae corpus
lucidum et etiam lumen aliqualiter terminat, et propter densitatem talis
corporis lumen in eo est maioris permanentiae. Et in signum huius,
lumen existens in medio debilius operatur quam existens in corpore lucido vel
illuminato; debilior autem operatio consequitur debilius esse: quia modus
operandi consequitur modum essendi. Et propter hoc, si aliquis huiusmodi esse debilius vocet esse
intentionale, coincidit secundum rem nobiscum, et nomine tantum differens
est: de qua differentia non est curandum inquirentibus veritatem. Ad primum autem in
oppositum dicendum est, quod sensibile extra sensum habens esse firmum, quia
excellenter movet sensum, ideo positum supra sensum non movet sensum ad
actum, sed magis ipsum corrumpit propter suam disproportionem ad sensum: quia
sensus consistit in quadam medietate vel harmonia; sed tamen sensibile
receptum in medio, sub esse reali debiliori quod proportionatur sensui,
potest in ipso habere esse etiam intentionale, et movere ipsum ad sensationem
in actu. De sensibili autem
primo modo, cuiusmodi est lumen in corpore lucido, loquebatur philosophus. Ad
secundum, non est difficile illud solvere, quia est duplex generans: unum
quod est principium transmutationis rei generatae tantum, et non
conservationis ipsius esse, sicut domificator est causa factionis domus:
aliud est generans, quod cum hoc est causa conservationis rei generatae, quemadmodum
locus est causa rei locatae per se; effectus autem manet post absentiam
generantis primo modo, non autem post absentiam generantis secundo modo.
Eiusmodi est corpus lucidum. Ad tertium dicendum, quod contraria dicuntur
dupliciter. Uno modo sumitur contrarietas proprie, pro repugnantia duarum
formarum aequaliter et maxime distantium sub eodem genere: sicut calidum et
frigidum distant et per se contrariantur. Alio modo accipiuntur contraria,
prout extendunt se ad principia opposita: sicut forma et privatio interdum
dicuntur contraria; et hoc modo intelligitur quod forma recepta in materia
horum inferiorum habet contrarium, non autem primo modo. Sed hoc modo lumen
habet contrarium, quia habet privationem oppositam. |
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[90942] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 8 Secundo videndum est,
utrum lumen in eo corpore a quo refrangitur, sit principium alicuius coloris
non praeexistentis. Et videtur quod non: quia si lumen refractum in eo a quo
refrangitur, esset per se principium alicuius coloris, sequeretur quod a
quocumque fieret refractio et in quocumque situ, semper causaret talem
colorem; sed hoc est falsum, ut ad sensum videtur; ergo lumen refractum per
se non est principium alicuius talis coloris. In contrarium est, quia sensus
docet quod lumen incidens corpori pervio spisso, colorato aliquo colore, puta
rubeo, facit ea a quibus refrangitur apparere per illud colore vergente ad
colorem illius. Etiam ea quae videntur in speculis viridibus, videntur sub
lumine refracto consimilis coloris. Sed tamen quomodo hoc fiat intelligendum
est, quod color causatur ex praesentia luminis in perspicuo terminato per
opacum, et secundum diversam proportionem luminis ad opacum in perspicuo
diversificantur colores, quia ex multo lumine et pauco opaco causatur color
albus, et e converso color niger; sed medii colores fiunt secundum
proportiones medias: propinquiores quidem albo in plus habendo de lumine et
minus de opaco, et propinquiores nigro causantur opposito modo. Ex quibus patet, quod appositio luminis ad
opacum, vel e contra, secundum aliam et aliam quantitatem, variat colores. Ex
quo sequitur ad propositum, quod lumen generatum a corpore luminoso, secundum
rectum incidens alicui corpori aspero habenti aliquem colorem in actu vel in
virtute, ita quod a profundo eius refrangitur, si fuerit multum lumen,
illuminat tale corpus secundum partem cui incidit, fortius quam esset
illuminatum ante, et mutat in ipso colorem praeexistentem sensibiliter
secundum diversam proportionem eius ad opacum, et per consequens facit ibi apparitionem
alicuius coloris non praeexistentis. Sed quando lumen refrangitur a prima
superficie talis corporis propter lenitatem, ita quod lumen non recipiatur in
profundo, tunc generatur phantasia, idest apparitio coloris, debilior tamen:
quia in parte in qua incidit lumen, fit fortior illuminatio corporis a quo
fit refractio luminis ad visum, et propter huiusmodi fortificationem
coloratur non tantum corpus sed etiam lumen colore proprio corporis, vergente
aliquantulum ad clarum, propter adiunctionem luminis ipsius. Et secundum hunc
modum corpus a quo fit refractio, videtur alterius coloris quam fit
ordinarie. Si vero corpus cui incidit lumen, non habeat aliquem colorem
proprium, sed solum naturam perspicui, tunc nulla fiet phantasia coloris,
propter defectum opaci. Ad rationem autem in oppositum dicitur quod verum
concludit, quando lumen in corpore a quo refrangitur, invenit opacum actu vel
virtute. Sed hoc opacum non invenit in omni eo a quo refrangitur: et ideo non
causat in omnibus talem apparentiam colorum, quia sine opaco non possunt
fieri. Quare autem lumen faciat
magis apparere colores quam magnitudinem vel figuram corporis a quo
refrangitur, partim patet ex dictis, et melius manifestabitur in sequentibus.
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[90943] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 9 Quaeritur tertio, utrum
colores iridis habeant rationem veri coloris. Et primo arguitur quod non:
quia quod causatur ex sola refractione luminis ad visum, non videtur verus
color, sed apparens tantum; colores autem iridis secundum Aristotelem causantur
ex sola refractione; ergo non sunt veri colores. Praeterea: si tales apparentiae essent veri colores,
deberent apparere in quocumque situ, sicut apparet de his quae colorantur
secundum veritatem; sed sic non est de coloribus iridis; ergo non sunt veri colores.
Praeterea: quod causatur ex debilitate visus, non est color secundum
veritatem; sed colores iridis causantur ex debilitate visus; ergo non sunt
colores secundum veritatem. Intelligendum igitur est, quod colores iridis
habent essentiam veri coloris, debiliter tamen et imperfecte, sicut lumen in
medio respectu luminis in corpore luminoso; quia quod est motivum visus
secundum se, hoc est color secundum veritatem: quia color secundum
philosophum II de anima, est quod est motivum visus secundum se; sed colores
iridis sunt huiusmodi, sicut sensus iudicat; ergo sunt veri colores. Secundo:
quia veritas rei idem est quod essentia rei, differens solum secundum
rationem; sed colores iridis habent essentiam et formam coloris, licet
secundum esse debile; ergo habent veritatem coloris. Minor probatur: quia
sensus visus qui hoc iudicat, non decipitur circa proprium sensibile. Tertio:
id quod visus iudicat se apprehendere per se primo, est color secundum
veritatem, qui est obiectum visus: quia sensus proprius circa proprium et per
se obiectum non decipitur; sed in visione iridis visus iudicat se videre
verum colorem; ergo et cetera. Amplius: ubicumque sunt principia veri coloris
secundum veritatem, ibi est forma et essentia veri coloris secundum
veritatem; sed in iride actu concurrunt omnia principia coloris secundum
veritatem; ergo et cetera. Maior est nota: quia causa et effectus in actu
sunt simul in actu (II Physic.). Minor probatur: quia principium veri coloris
in actu, est perspicuum aliquo modo terminatum in ratione materiae, et lumen
ibi existens actu in ratione formae; sed ista ambo sunt actu in iride, sive
in eo in quo apparet iris: quia perspicuum aequaliter est terminatum per
opacum in roratione descendente sub nube, in qua generatur iris, aliter non
haberet rationem speculi refrangentis: lumen vero a sole vel a luna incidens
illi, habet rationem formae; ergo sequitur, quod cum in iride sint actu omnia
principia veri coloris, sint ibi veri colores: licet color ibi habeat esse
debile, sicut dictum est, quia principia eius non sunt ita permanentia sicut
in corporibus mixtis terminatis, in quibus principia coloris consequuntur
principia intrinseca corporis mixti, et sunt ei intrinseca: consequuntur enim
ipsa miscibilia, quae sunt permanentia actu vel virtute, et per consequens et
color ex ipsis causatus est permanens et perfectus. Sed non est sic de
coloribus iridis, quia lumen ibi est extrinsecum, et solum incidit secundum
determinatum situm ad visum, et secundum quod incidit diversimode causat
diversos colores, qui apparent transferri per motum ipsius visus; et tamen
secundum veritatem non transferuntur, quia in aliis partibus rorationis de
novo continue generantur. Ad obiecta autem dicendum est: et ad primum, quod
color potest causari ex refractione, vel ex concurrentibus ad refractionem
luminis ad visum, sicut dictum est: sed non color secundum esse perfectum et
fixum, propter variationem refractionis. Sed si staret corpus luminosum et
nubes in eadem distantia et dispositione, iris haberet esse permanens. Ad secundum
dicendum est, quod assumptum verum est de coloribus habentibus esse firmum et
fixum in subiecto, non autem de coloribus apparentibus per refractionem, quae
non fit nisi ex opposito, vel quasi ex opposito, existente luminoso. Ad
tertium dico quod color qui totaliter causatur ex debilitate visus, non est
verus color: quia tale est pura privatio, sicut remotio luminis est privatio.
Sed falsum est quod colores iridis causentur totaliter ex debilitate visus,
quia causantur primo ex lumine incidente rorationi. Est tamen verum quod
debilitas visus, sicut et remotio luminis, facit ad hoc quod colores
appareant obscuriores. |
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[90944] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6
n. 10 Quarto
quaeritur, utrum colores iridis sint subiective in partibus specularibus rorationis.
Et videtur quod non: quia color videtur esse ibi, ubi visus iudicat ipsum
esse; sed visus eum iudicat esse in nube, non in partibus rorationis; ergo et
cetera. Secundo: simile iudicium videtur esse de idolo apparente in speculo,
et de colore iridis, quia ambo apparent per refractionem; sed idolum apparens
in speculo non dicitur esse in eo, sed in corpore; ergo color iridis non est
in corporibus specularibus, sed in sole vel astro, ex quorum refractione
apparet. In oppositum est tamen, quod in illo sunt colores iridis sicut in
subiecto, in quo concurrunt actu principia ipsorum, sicut in simili, in eo
sunt sapores sicut in subiecto, in quo concurrunt principia saporis actu; sed
principia coloris iridis sunt perspicuum partium rorationis aliquo modo terminatum
per opacum, et lumen incidens ei et refractum ab ipso, quae simul concurrunt
in dictis partibus rorationis sub nube existentis; ergo colores sunt ibi
sicut in subiecto, et non sunt in ipsa nube nigra: licet appareant secundum
sensum ibi esse, quia visus propter nimiam distantiam eorum ab oculo non
percipit remotionem unius ab altero. Quando enim aliquod corpus distans
videtur per alterum vel iuxta alterum, tunc apparet esse in eadem superficie
cum ipso, et propter eandem causam omnia a remotis visa videntur plana, sicut
dicebatur prius; sed nubes videtur per iridem, vel iuxta iridem: et per
consequens videtur in eadem superficie cum ipsa. Ad primum dicitur, quod
aliud est subiectum colorum iridis et idolorum universaliter apparentium ex
refractione, secundum veritatem, et aliud locus in quo apparent esse secundum
sensum: quia colores iridis sunt in partibus rorationis specularibus sicut in
subiecto, secundum veritatem, sed sunt in nube solum secundum apparentiam,
quod concessum est. Ad secundum dicitur, quod similitudo potest concedi, sed
illud quod assumitur, quod idolum non sit in superficie speculari a qua fit
refractio, sed sit in corpore obiecto, negandum est: quia species visibilis,
vel figura visibilis illius cuius est idolum, in quod fertur visus mediante
specie, est in eo secundum esse fixum et permanens, sed tamen est in
superficie speculi a quo fit refractio, secundum aliud esse, et est
quodammodo in medio secundum lineam rectam. Sic in proposito, lumen ex cuius
refractione generatur iris, secundum esse magis reale est in corpore
luminoso, sed secundum aliud esse eius est in corpore illuminato, et in
corpore a quo refrangitur, in quo per admixtionem perspicui terminati facit
aliquem colorem ibi existentem. |
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[90945] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 11 Quinto quaeritur, utrum
illud quod continetur intra minorem peripheriam iridis, et id quod est supra
maiorem, sit coloratum vel non. Videtur quod sic: quia ubi est eadem causa,
ibi est idem effectus; sed causa coloris videtur esse eadem intra minorem et
supra maiorem peripheriam iridis, sicut in illa parte ubi apparet iris,
scilicet refractio luminis stellae a roratione descendente sub nube; ergo
videtur quod illa pars sit colorata. Respondetur quod illud est coloratum colore nigro
nubis, quia halurgus, qui est in minori peripheria iridis et est propinquior
nigro, disparet in nigrum: et hoc etiam sensus docet; sed non est coloratum
aliquo colore iridis sensibiliter diverso a colore nubis. Cuius ratio est,
quia ad hoc quod appareat aliquis color irialis sensibilis ex refractione
luminis solis a roratione opposita, oportet refractionem esse multam et
fortem secundum philosophum; sed ab illo loco non fit multa refractio et
fortis: non multa, propter parvitatem illius intermedii, nec fortis, quia a
partibus perpendicularibus vel propinquioribus perpendiculari, debilius
refranguntur radii et ad minorem angulum. Et propter hoc philosophus, ubi dat
naturam colorum iridis, dicit quod ab illa parte est permutatio insensibilis
colorum. Ad rationem in contrarium dicendum est, quod minor est falsa: non
enim quaecumque refractio est causa coloris iridis, sed oportet ipsum lumen
multiplicatum esse forte: refractio autem quae fit ab illo loco, est debilis.
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[90946] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 12 Sexto quaeritur, utrum
medium duarum iridum sit puniceum. Ad quod respondet Alexander in commento,
quod non est ibi aliquis color: quia color in iride causatur a determinata
distantia et situ determinato inter solem et visum; sed talis secundum eum
non est in tali parte intermedia; ergo ab ipsa non est talis refractio, et
per consequens non mutat ipsam ad aliquem colorem. Et confirmatur: quia sensus non iudicat de illo colore
intermedio; ergo videtur quod non sit ponendus. Sciendum est tamen, quod
maior nunc assumpta vera est, sed falsa est minor: quia non videtur
rationabile neque consonans rationi, quod a superiori iride et remotiori, et
similiter ab inferiori et propinquiori possit fieri refractio sensibilis, et
quod non fiat a parte intermedia, si fuerit materia disposita, sicut hic
supponitur; sicut in simili, si accipiantur tria specula, in tali distantia
ad se invicem et ad corpus obiectum secundum aliquam proportionem, qualis est
distantia duarum iridum et partis intermediae ad se invicem et ad solem et ad
visum, si fit refractio corporis obiecti a duobus speculis extremis ad visum,
et apparitio idoli, tunc etiam fit a speculo intermedio, ut patet ad sensum.
Et confirmatur: quia omnia ad colorem talem requisita possunt concurrere in
tali intermedio, scilicet refractio fortis et multum luminis, si sit roratio
disposita in medio sicut in extremis: immo fit maior quam in peripheria
maiori minoris iridis, et etiam fit propinquior et maior quam in peripheria
minori exterioris iridis. Est ergo dicendum, quod in illa parte intermedia
non est color puniceus, sed est alius color secundum aliquid propinquior albo
vel clarior quam sit puniceus, quia plus obtinet de lumine per
iuxtapositionem illorum duorum puniceorum, quam puniceus in minori peripheria
superioris vel in maiori inferioris. Et ex hoc iste color in parte intermedia
est albior et clarior. Ad id autem quod in oppositum inducebatur de sensu,
dicendum quod iste color, propter eius claritatem et non multam differentiam
a puniceo, vix discernitur a visu in tanta distantia, nisi subtiliter
intuenti: sed tamen sensus non iudicat oppositum. Et hoc apparet ex eo, quia
in medio duarum iridum apparet quaedam citrinitas clara valde; sed color
citrinus est propinquior claro et albo quam puniceus, sicut dictum est prius,
et inter duos puniceos positus adhuc magis claret. |
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[90947] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6
n. 13 Septimo
videndum est, utrum possibile sit apparere simul plures irides duabus. Et
videtur quod non: quia Aristoteles supra dixit, quod propter remotionem
secunda iris habet colores debiliores quam prima; sed situs tertiae est multo
remotior; ergo etiam refractio erit debilior, adeo quod non poterit causare
apparentiam alicuius coloris sensibilis. Dicimus tamen ad quaestionem, quod
non est impossibile apparere tertiam iridem, licet hoc raro contingat. Et
talis iris se habet secundum situm ad secundam, sicut secunda ad primam, et
habet obscuriores colores coloribus secundae, sicut secunda respectu primae,
propter eandem causam. Et talis iris apparet propter eandem causam propter
quam duae aliae apparent, scilicet propter refractionem luminis ad visum. Et
tunc causatur, quando nubes opposita soli est multum nigra et spissa, quia
tunc potest facere multam et bene dispositam rorationem ad refractionem. De ordine
autem colorum istius iridis experimentum non habui; rationabiliter tamen
videtur quod haberet colores ordine contrario cum coloribus secundae,
scilicet halurgum in minori peripheria, viridem in secunda et puniceum in
maiori, sicut prima: quia omnis processus fit per assimilationem secundorum
ad prima; sed halurgus qui est in maiori peripheria secundae, est propinquior
nigro; igitur rationabiliter in minori peripheria tertiae deberet apparere
color halurgus, qui est propinquior nigro: et deinde in secunda viridis, qui
est propinquior huic: deinde in tertia puniceus, qui disparet in albo vel
claro nubis subtilioris in extremitate. Ad rationem in contrarium dicitur,
quod dictum Aristotelis intelligendum est ut in pluribus, quia raro videtur
tertia. Consequentia autem absolute non valet: quia potest esse quod
refractio continue fiat debilior, quanto nubes est remotior, et tamen roratio
in qua fit tertia iris, non sit ita remota quod non possit colorari a lumine
refracto in ipsa. |
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[90948] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6
n. 14 Quaeritur
octavo, utrum non existente nube possit interdum apparere iris in superficie
maris. Videtur quod non: iris enim causatur ex refractione luminis a
roratione sub nube opposita, visu existente in medio; sed in ista apparitione
navigantibus facta, talia non habent locum, ut suppositum est; ergo non
potest ibi fieri iris. Sciendum est autem quod quandoque, existente caligine
in superficie maris non multum elevata, apparuit iris navigantibus
lateraliter, habens omnes colores iridis: et tamen erat nubes. Videbatur
autem navigantibus transferri, semper apparens ipsis in eadem distantia et
situ ad ipsos, usque ad defectum caliginis, quia semper ab alia et alia parte
fiebat continue alia et alia refractio ad visum. Ad rationem in oppositum
dicitur, quod omnia ista in praedicta apparitione assignari possunt: quia
superior pars caliginis, incidentibus radiis solaribus antiperistasim passa,
convertebatur in subtilem rorationem, cuius partes habent rationem speculi,
in quo possibile est apparere colorem corporis obiecti, non autem figuram,
sicut dicebatur prius. Sed mare ex opposito navigantium existens, apparens
navigantibus altius, et habens circa terram figuram circularem, non planam,
cum sit aqua pura et a remotis videatur repraesentare colorem nigrum,
quemadmodum nubes, habet rationem nubis; lumen vero factum a sole vel ab
aliqua stella, et refractum ad visum a nigredine maris altioris per subtilem
rorationem caliginis, habebat rationem refracti ad visum: et propter hoc
causabat figuram iridis et colores. |
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Caput
7 |
Chapitre 7 [ ] |
[90949] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 7
n. 1 Postquam
philosophus determinavit de causa generationis iridis et de coloribus eius,
determinat consequenter de figura eius, et de his quae consequuntur ipsam
quantum ad figuram. Et circa hoc primo praemittit intentionem suam, et dicit
quod ex figurali descriptione iridis, quantum ad situm eius et solis et
visus, potest esse manifestum considerantibus, quod iris non potest apparere
secundum circulum perfectum, neque secundum proportionem maiorem semicirculo;
et etiam manifestum erit de aliis accidentibus circa ipsam. |
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[90950] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 7
n. 2 Secundo ibi:
hemisphaerio enim existente etc., prosequitur propositum suum. Et circa hoc
sciendum est, quod Aristoteles intendit probare unam conclusionem
quadrimembrem: scilicet quod iris non est maior semicirculo; sed quando
astrum refractum est in oriente vel occidente, tunc figura iridis est
semicirculi completi; quando autem supra horizontem elevatum, tunc iris
apparet nobis minoris figurae quam semicirculus; quando vero astrum est in
meridie, tunc apparet minimae figurae quam possit apparere. Quam conclusionem
ipse probat multis suppositionibus ac propositionibus mathematicalibus praemissis,
quas si clare deducere vellem, oporteret multum digredi a physico proposito,
et ideo videantur in littera. Ratio autem physica huius est, quia astrum
quodlibet naturaliter emittit radios suos in directum, quoadusque non invenit
corpus opacum prohibens processum radiorum in directum: unde etiam tales
radii quoadusque non reflectuntur, dicuntur radii recti, quasi in rectum
tendentes. Ex quo patet ratio illius quod supra dictum est, quod iris fit ex
opposito astri: quia illud agit in partem sibi diametraliter oppositam, et ab
ea reflectitur. Astrum autem in nube opposita causat quidem figuram
circularem, nisi impediatur: quia omne agens intendit per suam actionem
inducere similitudinem suam in passum; sed apparet nobis tantum semicirculus,
quia reliqua pars nubis vel rorationis in qua fit iris, occultatur sub
horizonte. Cum igitur astrum est in oriente, nubes ei opposita est in
occidente, dimidia sub horizonte et dimidia supra, et ex consequenti apparet
nobis tantum semicirculus refractionis irialis: quia reliqua dimidia pars
rorationis occultatur sub horizonte, ut dictum est. Quanto autem magis
elevatur astrum super horizontem, tanto magis pars ei opposita in qua fit
iris, occultatur sub ea; et ideo minor pars circuli refractionis apparet
nobis: quia roratio opposita astro magis occultatur. Quando autem astrum est
elevatissimum, et est in meridie, tunc minima portio circuli irialis apparet:
quia roratio opposita astro in qua fit iris, maxime occultatur. Nunquam
igitur apparet maior portio quam semicirculus, et saepe apparet minor. |
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[90951] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 7 n. 3 Quod autem in minoribus et cetera. Postquam
determinavit de figura iridis, hic determinat de quibusdam aliis
accidentibus. Et dicit quod colores iridis apparent fortiores in extremitatibus
iridis circa terram quam in medio, eo quod in corpore densiori lumen fortius
retinetur et fortificatur magis: nubes autem est densior in extremitatibus
quam in medio. Secundum accidens est, quod iris raro fit a luna: quod probat
dupliciter. Primo, quia nunquam fit a luna nisi in plenilunio, propter
debilitatem sui luminis in aliis temporibus. Secundo, quia luna propter
debilitatem sui luminis non sufficit elevare tantos vapores, quod super eos
possit causari iris. Tertium accidens, quod accidit propter eandem causam,
scilicet propter elevationem vaporum, est quod in ea parte hemisphaerii
maxime fit iris, in qua sol elevat maiores vapores: quia ex eis generatur
nubes sub qua debet fieri iris. Quartum vero est, quia in diebus brevioribus
post aequinoctium autumnale, quando dies sunt minores noctibus, iris apparere
potest omni hora diei; sed post aequinoctium vernale, quando dies sunt
maiores noctibus, iris non potest apparere omni hora: quia non apparet circa
meridiem his quibus solstitium multum elevatur in meridie. Et huius ratio
est, quia portiones circuli quas sol describit in diebus longioribus super
horizontem, sunt minores semicirculo, sed portiones quas describit quando
accedit ad tropicum hiemalem, sunt maiores: quia quanto plus sol elevatur
supra horizontem vel supra terram, tanto depressior est polus et arcus iridis
in parte ei opposita sub terra, sicut dictum est; magis autem elevatur sol in
vere et in aestate quam in autumno et hieme: et ex hoc etiam maiores causat
calores, et arcus iridis causatus ab eo in parte opposita, est magis
depressus, intantum ut propter parvitatem non appareat, quia quod est parvum,
videtur immanifestum. Portio autem circuli iridis in diebus longioribus est
parva: in diebus autem brevioribus, quia sol non multum elevatur a terra,
ideo decisio circuli iridis non multum deprimitur, et maior pars remanet
super terram, et ex consequenti iris tunc magis apparet. Ex quo corollarie
concludi potest, quod defectus integri circuli in iride non est ex parte
radii luminosi incidentis, sed est ideo, quia nubes vel roratio in qua fit
iris, occultatur secundum partem sub horizonte. |
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Caput
8 |
Chapitre 8 [ ] |
[90952] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8 n. 1 Postquam philosophus determinavit de halo et
iride, nunc consequenter determinat de virgis et pareliis. Et circa hoc duo
facit: primo determinat de generatione virgarum et pareliorum; secundo de
accidentibus circa ea, ibi: fiunt autem sicut diximus et cetera. Circa primum
iterum duo facit: primo ostendit modum et causam generationis virgarum et
pareliorum in communi; secundo ostendit eam in speciali de utroque eorum,
ibi: virgae autem propterea et cetera. Dicit ergo primo, quod existimandum
est quod parelii et virgae fiant propter easdem causas sicut halo et iris,
quia omnia haec sunt refractio quaedam, licet differant secundum diversam
dispositionem et situm caliginis a qua fit refractio: quia parelius generatur
ex refractione visus a nube aliqua ad solem, et virgae similiter. Et iterum utitur hic
philosophus opinione mathematicorum sui temporis, qui dicebant visum refrangi
ab obiecto ad solem: sed tamen secundum veritatem lumen refrangitur ab
obiecto ad visum. |
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[90953] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8
n. 2 Deinde cum
dicit: virgae autem propterea etc., assignat causam et modum generationis
ipsorum. Et circa hoc duo facit: primo ostendit causam generationis virgarum;
secundo generationis pareliorum, ibi: parelius et cetera. Prima iterum in
duas: in prima comparat virgas ad ea quae apparent ex refractione in aliis; secundo
declarat modum generationis virgarum, ibi: fit autem hoc cum irregularis et
cetera. Dicit ergo primo quod virgae generantur propterea, quod visus qui
refrangitur ex nube in latere solis existente, est talis secundum effectum,
qualis est quando refrangitur ab aqua vel ab aliquo alio humidorum ad nubem
visam, sicut diximus prius. Nam nubes prope solem existentes, visae secundum
rectum aspectum, non videntur coloratae diversis coloribus apparentibus et
propriis, ut frequenter, sed quando aspiciuntur per refractionem ab aqua vel
ab aliquo humidorum, tunc apparent coloratae vel virgulatae ad modum
virgularum. Et tamen in hoc est differentia: quia in aliis apparentiis illa
diversitas coloris nubis apparet in ipsa nube, sed in virgis apparet
quodammodo supra ipsam. Et huius ratio est, quia albo et nigro apparentibus
in eadem superficie, nigrum videtur longius, sicut e converso remotius visum
apparet nigrum, eo quod minus alterat: sed colores virgarum sunt nigri vel
propinquiores nigro, et sunt in eadem superficie cum fulgido nubis, et per
consequens apparent remotiores quam fulgidum nubis. |
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[90954] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 8 n. 3 Deinde cum dicit: fit
autem hoc etc., assignat modum generationis virgarum in speciali. Et dicit
quod generatio virgarum fit a nube, quando nubes a qua fit refractio est
irregularis: scilicet non unius dispositionis per totum, sed in una parte
rarior, in alia densior, et in una propinquior aquae, in alia remotior. Radii
ergo incidentes super partes rariores, transeunt per illas tanquam per
foramina, et colorantur reflexis radiis super parte aquosa et rorida, in qua
apparet color sine figura. Et propter irregularitatem illius nubis ad quam
refranguntur radii solares albi et clari, apparent diversi colores virgarum:
scilicet puniceus in parte clariori nubis et magis propinqua ad album,
viridis autem in parte magis densa, et per consequens etiam magis nigra,
xanthos vero apparet vel per iuxtapositionem duorum praedictorum, sicut
dictum est supra, vel etiam apparet in parte proportionaliter densa. Licet autem in
generatione virgarum lumen aliquo modo transeat per partes nubis, tamen fiunt
diversi colores in virgis, sicut in iride, in qua lumen immediate refrangitur
a nube rorida: quia ut dicit, nihil differt quantum ad generationem colorum
diversorum, videre solem per nubem transparentem aliquo modo, et videre ipsum
immediate refractum a nube. Deinde quasi recapitulando dicit, quod virgae
generantur propter irregularitatem speculi, idest nubis roridae, non secundum
figuram, idest non repraesentando figuram obiecti, sed colorem: quia scilicet
nubes non est nata facere unum colorem. |
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[90955] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8
n. 4 Deinde cum
dicit: parelius autem etc., ostendit modum generationis pareliorum. Et dicit
quod parelii fiunt, quando aer, idest nubes subtilis a qua fit refractio, est
maxime regularis, uniformis et spissa, et lumen solis fortiter refrangitur a
tali nube: tunc apparet ibi color albus ad similitudinem coloris solis, quasi
alter sol; quia regularitas speculi facit colorem apparentem esse unum et
regularem, sicut diversa dispositio partium nubis facit colores esse
diversos. Hoc autem declarat per exemplum: sicut enim lumen quod refrangitur
ab aere polito sive ferro, puta ab armis militum, est coloris clari et albi,
et est fulgidum, sic lumen quod refrangitur a nube, vel caligine spissa et
existente propinqua ad hoc quod convertatur in aquam, nondum tamen in eam
conversa (quae dicitur nubes rorida), est album et clarum. Ex isto concludit
duo corollaria. Primum, quod parelius est magis signum pluviae quam virgae,
quia generatur per refractionem a nube regulari et spissa, quae est propinqua
ad dispositionem aquae: et ideo citius ex ea generatur aqua. Secundum est,
quod parelius Australis, idest qui apparet quando flant venti Australes, vel
etiam qui apparet ex parte Australi, est magis signum pluviae quam borealis:
quia ventus Australis propter calidum temperatum elevat multos vapores, et
congregat eos in nubes, et etiam nubes permutat in aquas, sed Boreas propter
frigiditatem et siccitatem propellit nubes et prohibet elevationem vaporum,
sicut superius dictum est. |
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[90956] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8 n. 5 Deinde cum dicit: fiunt autem sicut diximus etc.,
assignat philosophus causam accidentium circa virgas et parelios. Et pro
primo dicit, quod virgae et parelii maxime accidunt circa occasum et ortum
solis; cuius ratio est, quia tunc nubes non disperguntur calore solis ita de
facili, cum calor solis non sit multum vehemens. Secundum accidens est, quod
non fiunt supra solem, neque desubtus. Et ratio est, quia si fierent supra
solem, non viderentur propter distantiam (licet impossibile sit, quod ibi
fiant, cum supra solem non fiant nubes vel roratio); et si sub sole fierent,
dissolverentur propter radios directe incidentes sub sole: et etiam radii
solares non venirent ad nos, sed propter reflexionem potius reverterentur ad
caelum. Tertium est, quod fiunt a latere solis, puta nube existente ex parte
meridiei vel Boreae: quia quando nubes stant a latere, tunc sol non dissolvit
eas, si sint in debita distantia a sole, et tunc visus potest ad illas
pertingere propter convenientem proportionem distantiae. Quartum est, quod
non fiunt multum prope solem, nec etiam multum longe. Et huius ratio est,
quia prope solem sol dissolvit consistentiam nubis sua caliditate; de longe
autem non videretur: quia a parvo speculo fit debilis refractio, ut patet,
nubes autem remota a sole, ubi sol habet paucam virtutem elevandi vapores a
terra, est parva, et ex consequenti non videretur in ea refractio. Non fiunt
etiam ut in pluribus sole existente in meridie: quia tunc nubes sursum
elevata prope solem, est multum remota a visu, et propter hoc color nubis non
fertur ad eum in superficie terrae, sed movetur per aerem supra terram et
prope solem, et ibi propter excellentem fulgorem dispergitur: et ex hoc non
facit virgas et parelios. Finaliter recapitulat dicta in praecedentibus,
dicens quod omnia opera, quae generantur in locis supra terram per motum et
alterationem, et etiam in terra ex segregatione humida et sicca, fere sunt
tot et talia. Dicit autem fere, propter quaedam accidentia quorum
causas non dixit expresse, quae tamen ex praedictis reddi possunt: sicut sunt
quidam ignes qui videntur volitare in superficie terrae, et lapides et alia quaedam
cadentia ex nubibus, et coloratio aquae descendentis, puta quando pluit aqua
sanguinea. |
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Caput
9 |
Chapitre 9 [ ] |
[90957] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 9 n. 1 Postquam philosophus in
superioribus determinavit de his quae generantur ex exhalatione humida et
sicca per motum et alterationem, aut etiam per refractionem luminis supra
terram, et etiam de aliis quae causantur per motum ab exhalatione sicca in
ipsa terra, scilicet de agitatione et motu terrae, hic determinare intendit
breviter de his, quae generantur in profundo ipsius terrae principaliter per
alterationem. Et circa hoc duo facit. Primo praemittit distinctionem eorum
quae fiunt in ipsa terra, et dicit quod sicut in alto, idest supra terram,
est duplex exhalatio, una vaporosa, idest humida, ex qua generantur ea quae
generantur per ingrossationem a frigido, alia autem fumosa et sicca, ex qua
fiunt ea quae generantur per subtiliationem vel inflammationem, ita similiter
in partibus terrae est duplex exhalatio, ex qua generantur duo genera
corporum, quorum quaedam dicuntur fossibilia, eo quod fodiuntur in terra, et
sunt similia terrae defossae: et generantur ex sicca exhalatione; alia vero
dicuntur metallica, quae magis generantur per coagulationem. |
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[90958] Inserta super
Meteora, lib. 3 cap. 9 n. 2 Secundo ibi: sicca quidem
etc., assignat causam praedictorum. Et primo assignat causam fossibilium, et
dicit quod exhalatio sicca a dominio, secundum quod est ignita a calido, est
principium omnium fossibilium: ita quod exhalatio sit materia ex qua fiunt.
Sed calidum igniens, secundum quod commensuratur frigido a virtute caelesti,
mediante continuitate, est quodammodo principium activum; ita quod principium
activum principale est virtus caelestis, quae dicitur virtus mineralis: a qua
habent fossibilia quaedam, puta lapides pretiosi, quandam virtutem caelestem
et occultam, per quam occultas operationes vere exercent; principium autem
instrumentale est caliditas, quae humidum desiccat, et generat omnia
fossibilia. Huiusmodi autem fossibilia sunt genera lapidum non liquabilium:
quod dicit ad differentiam quorundam fossibilium quae sunt liquabilia, ut
vernix, oricella et sulphur, et alia huiusmodi; quae omnia generantur a
calido exsiccante exhalationem et consumente humidum et aliqualiter colorante.
Et horum fossibilium quaedam
fiunt sicut pulvis coloratus: sicut illa quae generantur a calido fortiter
consumente humidum et aliqualiter adurente, ut sunt omnia supradicta; alia
autem sunt quasi lapides aggregati per condensationem ex pluribus partibus,
et generantur ex eadem exhalatione a calido exhalante humidum superfluum, et
fortiter terminante humidum cum sicco. |
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[90959] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 9 n. 3 Secundo ibi: exhalationis autem etc., determinat de his
quae fiunt ab exhalatione humida. Et circa hoc duo facit: primo assignat
causam generationis eorum; secundo ostendit modum et locum generationis
eorum, ibi: facit autem et cetera. Dicit ergo primo, quod illa quae metallantur,
idest habent formam metalli, generantur materialiter ex vaporosa exhalatione,
et a frigido commensurato coagulante effective instrumentaliter: principale
autem agens est virtus caelestis mineralis, sicut supra diximus. Et istorum
quaedam sunt fusibilia, et quaedam ductibilia: fusibilia seu liquabilia sunt,
quae plus accedunt ad naturam humidi quam sicci, sicut stannum aut plumbum;
sed ductibilia sunt, quae habent humidum magis reductum ad medium per siccum,
ut sunt ea in quibus est bona terminatio sicci et humidi, sicut in auro etc.,
aut in quibus est humidum viscosum non bene separabile a sicco, sicut ferrum,
quod calefactum ictu mallei extenditur. Sciendum est autem, quod corpora quae
hic dicuntur fusibilia, seu liquabilia, non ita sunt fusibilia, quod non sint
etiam ductibilia, quamvis in hoc loco contra ductibilia distinguantur: sed
ideo dicuntur esse liquabilia, quia melius et facilius liquantur quam
ducantur, et ductibilia e converso dicuntur, quae facilius ducuntur, quamvis
etiam liquari et fundi possint, ut ferrum et aes. |
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[90960] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 9 n. 4 Deinde cum dicit: facit autem haec etc., assignat modum
et locum generationis praedictorum. Et dicit quod huiusmodi generantur ex
exhalatione vaporosa inclusa in partibus terrae, et praecipue in lapidibus,
propter siccitatem lapidum bene coarctantem humidum vaporosae exhalationis,
et propter fortiorem et maiorem coagulationem factam a frigido commensurato
formae metalli virtute caelesti, quae dicitur virtus mineralis, ut supra
dictum est: sicut ab eodem frigido generantur supra terram ros et pruina,
quando a vapore segregata est exhalatio calida et sicca, quae sursum movebat.
Est tamen differentia in generatione istorum, quia in generatione roris et
pruinae prius segregatur siccitas, antequam materia coaguletur et ros
descendat: et ex hoc ros et pruina sunt liquida; sed metalla generantur in
partibus terrae ex eadem exhalatione, antequam separetur siccitas: et ideo
sunt dura, et quanto plus est in eis de siccitate, tanto sunt magis dura. Et
propter hoc verum est dicere, quod metalla sunt aqua secundum unum modum,
quia scilicet fiunt ex vapore humido a dominio, qui est in potentia aqua, et
est materia aquae: et secundum alium modum non sunt aqua, quia scilicet
siccitas in eis non est segregata. In cuius signum metalla igniuntur,
comburuntur et reducuntur in pulverem et terram: et hoc convenit eis solum
propter siccam exhalationem, quae sola exuritur, quia est materia apta
ignitioni propter siccitatem. Et ipsa etiam post exustionem reducuntur in
minorem quantitatem, propter separationem alicuius grossi et impuri per
exhalationem vel evaporationem humidi grossi, quae fit a calido exurente:
unde etiam post exustionem vel liquationem metalla sunt duriora, quia tunc
humidum metalli est magis separatum. Aurum autem solum non fit minus nec
minoris ponderis quando exuritur, quia est genitum ex sicco et humido
subtilissimis, et non habentibus aliquid impurum admixtum quod per ignitionem
separari possit. Ipsum etiam de difficili solvitur et liquatur, licet
reducatur in partes minimas, quia in ipso est optime commixtum siccum cum
humido: et ideo propter fortem commixtionem de difficili separantur. Unde ex
his patet, quod aurum non solum secundum opinionem hominum, sed secundum
naturam rerum est nobilius et purius quam cetera metalla. Quod etiam patet ex
virtute quam habet, in operando mirabiles et nobiliores operationes quam
alia. Deinde recapitulando dicit, quod communiter et universaliter dictum est
de omnibus fossibilibus et metallicis, quomodo generentur et quae sit eorum
differentia; sed si quis velit particulariter de eis intendere, et
considerare circa unumquodque eorum, quae scilicet sint principia
generationis et accidentia et differentiae eorum, hoc facere habebit in eo
qui de metallicis inscribitur, et in aliis, circa quae Theophrastus
negotiatus est secundum Alexandrum et Commentatorem. Considerandum est autem
circa principia materialia metallorum, quod sunt in duplici differentia:
quaedam enim sunt materia remota talium metallicorum, sicut est vapor
inclusus in locis lapidosis terrae, sicut supra declaratum est; alia autem
sunt materia propinqua eorum, et haec sunt sulphur et argentum vivum, sicut
alchimistae dicunt: ita quod in praedictis locis lapidosis terrae per
virtutem mineralem primo generatur sulphur et argentum vivum, deinde ex ipsis
generantur diversa metalla, secundum diversam commixtionem eorum. Unde etiam
ipsi alchimistae per veram artem alchimiae (sed tamen difficilem, propter
occultas operationes virtutis caelestis quae mineralis dicitur: quae ex eo
quod sunt occultae, difficulter a nobis imitari possunt per praedicta
principia, vel per principiata ab ipsis) faciunt aliquando veram generationem
metallorum, aliquando quidem ex sulphure et argento praedictis sine
generatione exhalationis, aliquando autem faciendo exsudare praedictam exhalationem
vaporosam ab aliquibus corporibus, per applicationem caliditatis
proportionatae quae est agens naturale. |
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Liber 4 |
Livre 4
─ Commentateur inconnu [ ]
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Caput
1 |
Chapitre 1 [ ] |
[90961] Inserta super Meteora,
lib. 4 cap. 1 n. 1 Postquam philosophus in
superioribus determinavit de particularibus transmutationibus elementorum,
quibus secundum se transmutantur tam in alto quam infra terram, hic
determinat de passionibus seu transmutationibus eorum, secundum quod veniunt
in compositionem mixti. Et quia
elementa agunt mediantibus qualitatibus activis, et patiuntur mediantibus
passivis, determinat de actione primarum qualitatum activarum, et de passione
passivarum in mixtis. Convenienti autem ordine iste liber sequitur tertium,
quia in fine tertii determinatum est de mineralibus: haec autem scientia
multum valet ad scientiam de mineralibus. Licet aliqui dicant, quod iste liber
est magis continuus cum libro de generatione, quamvis inscribatur quartus
liber Meteororum. |
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[90962] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 1
n. 2 Considerandum
est autem quod scientia istius libri, et similiter omnis scientia naturalis,
non est ab homine despicienda: immo qui eam despicit, despicit seipsum. Et
licet multi dicant quod scientia naturalis non debet appretiari, eo quod non
sit utilis ad speculationem divinorum, in qua vita beatissima et felicitas
hominis consistit, sicut dicit philosophus in X Ethicorum, tamen isti
decipiunt seipsos, quia non solum scientia istius libri, sed etiam tota
scientia naturalis, in qua non solum oportet considerare communia, sed etiam
specialia et propria unicuique, deservit ad huiusmodi speculationem
divinorum: quia per manifesta et naturalia tanquam per effectus in
cognitionem causarum pervenimus. Propter quod philosophus in libro
metaphysicae incipit a substantiis sensibilibus, et in duodecimo naturam
substantiarum separatarum probat per astronomicas rationes. Et ideo
quamcumque aliam scientiam addiscimus, hoc facimus ut ad cognitionem
divinorum veniamus, et qui alia intentione scientias acquirit, perversus est
in intentione, nisi necessitate detineatur. Neque vile est cognoscere haec
particularia naturalia, quia sicut inspicere picturam turpium animalium, ut
melius cognoscantur pulchra per oppositionem turpium, non est vile, item nec
causas horum cognoscere, ut veniamus in cognitionem primarum causarum: immo
multo minus hoc est vile, quia res multo immaterialius sunt apud intellectum
quam apud sensum. Est autem utilis scientia istius libri, non solum ad
cognitionem divinorum sicut dictum est, sed fere ad totam scientiam
naturalem, et maxime ad scientiam de mineralibus, quae ab Aristotele
composita nondum pervenit ad nos. Est etiam utilis ad
medicinam: quia hic dicitur propter quid multorum, quorum quia
tantum consideratur in medicina. Et propter hoc aliqui voluerunt exponere
librum istum modo medicinali sine logica: sicut Galenus recitat de quodam,
quod cum quaesitum esset ab eo quid esset calidum, bene respondit, et cum
contrarium argueretur, statim sibi contradixit, non cognoscens suam
contradictionem, propter defectum logicae. Debet igitur iste liber exponi
modo naturali, non medicinali: quia secundum Avicennam medicina versatur
solum circa corpus humanum ad infirmitatem removendam et sanitatem
inducendam, sed illa quae in hoc libro determinantur sunt communia omnibus
mixtis, sicut patet per processum. Igitur haec scientia potius applicatur ad
medicinam quam e converso, quia commune applicatur ad speciale. Est insuper utilis ad scientiam alchimiae:
quia tantummodo alchimistarum est transmutare metalla secundum veritatem, et
non secundum sophisticationem; quod licet sit difficile et dispendiosum,
sicut supra dictum est, non tamen est impossibile. Et propter hoc intentio
aliquorum est, quod metalla non differunt secundum speciem, sed secundum
sanum et infirmum, vocantes metallum sanum, durum, et alia, infirma: sic
facile esset metalla adinvicem transmutare. Sed credo quod differunt secundum
speciem, et nihilominus transmutari possent adinvicem, quia sunt naturalia et
materia eorum est una. Quod autem hoc fiat per artem est difficile, non
impossibile. Non tamen intelligi debet quod artifices principaliter
transmutent, sed agunt quasi instrumenta, applicando propria agentia propriis
passivis: quia materia propinqua omnium metallorum est argentum vivum et
sulphur, sicut dictum est, quorum naturas artifices transmutare possunt
conglutinando et congelando. Vel etiam alio modo evaporatio est materia
praedictorum: et de hac determinatur in isto libro, et ex consequenti iste
liber est utilis ad scientiam alchimiae. |
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[90963] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 1 n. 3 Circa determinationem igitur de qualitatibus primis duo
facit. Primo resumit tria superius determinata in II de generatione et III
caeli: quorum primum est quod quatuor sunt causae elementorum, per quas
intelligit quatuor primas qualitates, calidum et frigidum, siccum et humidum.
Et non sunt causae materiales, quia quaedam sunt actionis principia: nec sunt
agentes, aut fines, quia praedicantur de suis causatis; ergo relinquitur,
quod erunt causae ut formales. Et dicitur notanter ut formales, non absolute
formales, ad denotandum quod non sunt formae substantiales elementorum.
Secundum quod resumit, est quod quatuor sunt elementa, secundum quatuor
combinationes possibiles harum qualitatum, quia in simplicibus humidum non
potest uniri cum sicco, nec frigidum cum calido. Et de istis elementis, sicut
dicit Commentator, medicus debet credere naturali, scilicet quod sunt
quatuor, et quod magnas habent commoditates et operationes in mixto: quarum
aliquas medicus inquirere debet, ad conservandum contemperamentum elementorum
et qualitatum praedictarum in corpore humano. Tertium est, quod istarum
qualitatum duae sunt activae, scilicet calidum et frigidum, et duae passivae,
scilicet siccum et humidum; hoc autem intelligi debet quantum ad victoriam
unius supra alteram in corpore mixto: quia secundum se quaelibet sunt activae
et quaelibet passivae, cum sint contraria adinvicem. Et hoc philosophus
probat primo per inductionem in omnibus, quia in omnibus dicimus calidum et
frigidum terminare, coagulare etc., siccum vero et humidum terminari et
coagulari: terminare autem est agere, terminari vero est pati. Secundo probat
idem ratione, scilicet per definitionem eorum, quia calidum est, quod est
congregativum similium, frigidum vero est congregativum similium et
dissimilium: humidum est, quod est male terminabile termino proprio, bene
autem alieno, siccum vero e converso, quod est bene terminabile termino
proprio, male alieno; quod autem est congregativum, est activum, quod est
terminabile, est passivum. |
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Caput 2 |
Chapitre 2 [ ] |
[90964] Inserta super
Meteora, lib. 4 cap. 2 n. 1 Secundo cum dicit:
determinatis autem his etc., prosequitur propositum, determinando de
operationibus sive passionibus praedictarum qualitatum. Et dividitur in tres
partes: in prima determinat de actione qualitatum activarum in mixto; in
secunda determinat de passione passivarum, ibi: passivorum autem etc.; in
tertia determinat de homoeomeris quantum ad praedictas qualitates, ibi:
quoniam autem de his et cetera. Circa primum duo facit: primo determinat de
operationibus consequentibus rem in constitutione et destitutione rei;
secundo de operationibus consequentibus rem iam in esse constitutam, ibi:
reliquum autem et cetera. Circa
primum iterum duo facit: primo determinat de simplici generatione; secundo de
corruptione ei opposita, ibi: putrefactio autem et cetera. Dicit ergo primo,
quod post determinata dicendum est de operibus praedictarum qualitatum, et
primo de simplici generatione quae fit ab istis virtutibus, sicut
declarabitur, et est in plantis et aliis naturalibus. Est ergo simplex et
naturalis generatio, permutatio facta ab istis virtutibus activis, cum istae
virtutes in materia subiecta habent rationem, idest proportionem, ad
unamquamque naturam. Dicit autem generatio simplex et naturalis, ut
excludat permutationem violentam et artificialem ab his virtutibus activis. Per permutationem
tangit genus, reliquum autem totum sequens ostendit differentias ad alias
permutationes: per materiam autem subiectam intelligit qualitates passivas,
vel materiam affectam his qualitatibus, quae est materia generationis. Dicit
ergo quod hae sunt virtutes dictae contra se invicem, idest contrariae. Cum
igitur activae obtinent supra passivas, tunc sequitur generatio: quando autem
passivae vincunt activas ita quod non sequatur actio activarum, tunc sequitur
indigestio, quae est via ad corruptionem. Dicitur autem generatio dupliciter:
primo mutatio a non esse ad esse, sicut de ea determinatur in V Physic., et
hoc modo sive obtineant qualitates activae sive passivae, sequitur generatio,
et una et eadem mutatio est generatio unius et corruptio alterius. Alio modo dicitur generatio, quando id quod
ponitur in esse est nobilius, et e converso dicitur corruptio, quando quod
ponitur in esse est ignobilius: et hoc modo loquitur hic Aristoteles de
generatione; quia calidum generat aliud calidum sibi simile: cum ergo
obtinent qualitates activae, quod ponitur in esse est nobilius, quia
qualitates activae sunt nobiliores quam passivae. Corruptio autem opposita
simplici generationi est putrefactio: quod probat duplici ratione. Primo quia
illa corruptio ad quam omnia terminantur naturaliter, opponitur generationi
simplici et naturali; sed ad putrefactionem terminantur omnia, ut animalia
quae naturaliter senescunt, et plantae et artificialia quae veterascunt:
omnia denique orta occidunt, et aucta senescunt (nisi forte talia violenter
corrumpantur et comburantur, quia tunc corruptio eorum non terminatur ad
senectutem vel vetustatem): senectus autem et vetustas sunt quaedam
putrefactiones. Secundo probat idem: quia illae transmutationes opponuntur,
quae sunt ex contrariis in contraria; generatio autem et putrefactio sunt
huiusmodi: quia generatio incipit ab humido et sicco interminatis, et finitur
ad terminationem ipsorum, putrefactio autem e converso incipit ab humido et
sicco terminatis, et finitur ad divisionem ipsorum: nam quando virtutes
activae obtinent passivas, calidum educendo humidum a sicco causat
putrefactionem. Quod etiam apparet in aliis tribus elementis ab igne, quae
putrescunt propter humidi eductionem factam a calido ignis; solus autem ignis
non putrescit, quia nec habet humiditatem quae educatur a sicco, neque
invenitur caliditas vincens caliditatem ignis. |
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[90965]
Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 2 n. 2 Deinde cum dicit: putrefactio autem etc., determinat de
corruptione opposita generationi simplici, quae est putrefactio. Et dicit
quod putrefactio est corruptio propriae et naturalis caliditatis, facta a
caliditate extrinseca, scilicet continentis, in humido naturali. Patitur
autem res naturalis et putrefit a calido extrinseco, quia habet debilem
caliditatem intrinsecam et est indigens caliditatis, et frigidum vincit
caliditatem naturalem: ex quo sequitur quod tam caliditas extranea quam
frigiditas intrinseca est causa putrefactionis; sed caliditas extrinseca est
causa principalis, frigiditas est causa secundaria: quia quod patitur a
calido extrinseco, patitur propter defectum caliditatis propriae, defectus
autem caliditatis ponit frigiditatem contrariam abundantem, quae etiam agit
ad expulsionem caliditatis intrinsecae. Quod autem putrefactio sit corruptio
propriae caliditatis, probat: quia calido extrinseco educente humidum
naturale per exsudationem, educit etiam caliditatem intrinsecam existentem in
humido naturali: sunt enim coniuncta et trahunt se invicem propria caliditas
et humidum naturale. Propter quod putrefacta prius, desiccantur interius et
madescunt exterius, quia humidum foras educitur: deinde totaliter exterius
desiccantur a calido totaliter resolvente humidum, et finaliter efficiuntur
sicca, et ultimo resolvuntur in terram et fimum. Sed quod putrefactio sit a
caliditate continentis, probat quinque signis sumptis ab his quae impediunt
putrefactionem. Quorum primum est, quod in frigoribus res minus putrescunt
quam in aestate, quia in hieme minor est caliditas continentis aeris vel
aquae quam in aestate, et ideo minus potest putrefacere. Secundum est, quod
id quod est coagulatum sive congelatum forti frigido, sicut sunt metalla, non
putrescit, quia vehementia frigoris intrinseci vincit caliditatem
extrinsecam. Tertium est, quod ea quae habent magnam caliditatem intrinsecam,
non putrescunt, sicut piper et galanga, praecipue cum exsiccantur: quia tunc
non est ibi humidum admixtum quod educi possit, quia caliditas intrinseca
fortiter resistit extrinsecae. Quartum est, quod id quod movetur minus
putrescit quam id quod stat, ut aqua fluvii minus putrescit quam aqua
paludis: et ratio est, quia motus causat caliditatem in re mota, et ideo
augetur et vigoratur caliditas rei motae et vincit caliditatem extrinsecam.
Quinto, multum simul minus putrescit quam paucum: quia id quod est magnum
sive multum habet maiorem ignem, idest maiorem caliditatem, quam quod est
parvum, ut in pluribus, et etiam maiorem frigiditatem ceteris paribus, et
ideo fortius resistit actioni caliditatis extrinsecae. Propter quod pauca
aqua in lacuna citius putrescit quam magna aqua maris quae non putrescit, tum
propter multitudinem, tum propter continuum motum. Quod autem dicitur hic,
debet intelligi in continuis, et praesertim in simplicibus: quia multa
frumenta citius putrescunt quam pauca. Quod autem putrefactio sit in humido
probatur: quia animalia et cetera genita ex putrefactis generantur ex humido;
ergo putrefactio fit in humido. Cum enim caliditas naturalis educitur, educit
secum humidum subtile et segregat ipsum a re putrefacienda. Virtus autem
caelestis tanquam principale agens, sed calor et humidum segregatum quod
circumstat putrefactum loco virtutis formativae, generant animalia ex
putrefactis. |
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Caput
3 |
Chapitre 3 [ ] |
[90966] Inserta super
Meteora, lib. 4 cap. 3 n. 1 Postquam philosophus
determinavit de operationibus qualitatum primarum in constitutione et
destitutione rei, nunc determinat de operationibus quae eius consequuntur rem
in esse iam constituto. Et
circa hoc duo facit: primo determinat de talibus operationibus secundum se;
secundo de speciebus earum, ibi: pepansis autem et cetera. Circa primum duo
facit: primo determinat de digestione quae est prima; secundo de indigestione
ei opposita, ibi: indigestio autem et cetera. Circa primum iterum duo facit:
primo definit digestionem; secundo ostendit quando et quomodo fiat, ibi:
accidit autem hoc et cetera. Dicit ergo primo, quod post determinata reliquum
est dicere de operationibus talium qualitatum, quae consequuntur res iam
constitutas in esse, quae sunt istae. Calidi enim operatio
in mixto est digestio. Digestionis autem species sunt pepansis, hepsesis et
optesis. Frigiditatis autem operatio est indigestio: cuius indigestionis
species sunt omotes, molynsis, et stateusis. Considerandum est autem sicut ipse
dicit, quod haec nomina non sunt propria speciebus digestionis, sed sunt
accommodata per quandam similitudinem et proportionem. Considerandum est iterum quod indigestionis
est duplex causa: una per se, et haec est frigiditas: quia contrariarum
causarum sunt effectus per se contrarii, si igitur caliditas est causa
digestionis, frigiditas erit causa indigestionis; alia per accidens, et haec
est remotio caliditatis: sicut enim praesentia caliditatis faciebat
digestionem, ita ea remota remanet res indigesta. Sed quia remotio
caliditatis ponit frigiditatem, absolute dicitur quod causa indigestionis est
frigiditas. Est itaque digestio perfectio quaedam, idest transmutatio ducens
ad esse perfectum, causata effective a proprio et naturali calido quod agit
in virtute formae substantialis ex oppositis passivis, idest facta in
qualitatibus passivis quae sunt oppositae isti, tanquam in materia. Fit enim
digestio a proprio et naturali calido principaliter, secundario autem fit ab
extrinsecis, sicut a balneis, ab exercitio moderato, et aliis fomentis calidi
intrinseci et naturalis. Sed finis principalis istius digestionis est
introductio naturae, idest formae nutriti, in materia quae digeritur: quia
tunc dicimus esse factam digestionem cum in materia est introducta forma
nutriti. Alius autem finis, et quasi secundarius, est quaedam forma
accidentalis, scilicet calor introductus in materia digesta, qui facit
evaporare humidum subtile et terminat grossum, sicut apparet in carne elixata
et in musto: cum enim evaporavit humidum subtile, et grossum est terminatum
et quasi induratum a calido, tunc dicimus ipsa esse digesta et cocta. Simile
etiam apparet de lacrima et apostematibus: cum enim lacrima et putredo
apostematis terminata fuerit a calido vincente et quasi ingrossata et facta
quaedam lippitudo grossa, tunc dicimus ea esse digesta. Idem etiam ostendit
superfluitas quae emittitur ex corpore, quae dum est liquida et subtilis,
dicitur esse indigesta, cum autem est terminata per calidum et ingrossata,
tunc est digesta et signum sanitatis. |
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[90967] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 3
n. 2 Deinde cum
dicit: accidit autem hoc etc., ostendit quomodo et quando fiat digestio. Et
dicit quod digestio accidit quando calidum vincit humidum, quod est materia
digestionis, quia solum humidum est quod naturaliter terminatur a calido:
sicut accidit in superfluitatibus emissis, sicut supra dictum est; et propter
hoc necesse est, ea quae sunt digesta esse sicciora et grossiora, propter
evaporationem et terminationem humidi factam a calido. |
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[90968] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 3
n. 3 Deinde cum
dicit: indigestio autem etc., definit indigestionem oppositam digestioni. Et
dicit quod indigestio est imperfectio facta in qualitatibus passivis propter
indigentiam caliditatis propriae et naturalis: sed quia talis indigentia
caliditatis est frigiditas, idest ponit frigiditatem, ideo indigestionis
causa per se est frigiditas, causa vero per accidens est remotio caliditatis,
sicut supra declaratum est. Quia autem contrariorum contrariae sunt definitiones,
ideo sicut supra in definitione digestionis posuit perfectionem loco generis,
caliditatem propriam ut efficiens, ita hic ponitur imperfectio loco generis,
quia indigestio est via ad imperfectionem, scilicet ad putrefactionem, et
ponitur frigiditas impediens digestionem ut efficiens: sed quia contrariorum
est eadem materia, ideo utrobique ponitur qualitas passiva, idest humidum, ut
materia. Non autem assignat aliquem finem indigestionis, quia indigestio non
fit ad aliquem finem, sed praeter intentionem naturae: cum sit imperfectio,
et finis habeat rationem boni et perfecti. |
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Caput
4 |
Chapitre 4 [ ] |
[90969] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 4
n. 1 Agit de
speciebus digestionis et indigestionis sibi oppositae. Et primo agit de pepansi,
quae sola est naturalis species digestionis, aliae vero sunt magis
artificiales; secundo agit de aliis speciebus, ibi: hepsesis autem et cetera.
Circa primum duo facit: primo determinat de pepansi; secundo de omote
ei opposita, ibi: omotes autem et cetera. Dicit ergo primo
quod pepansis est digestio quaedam in pericarpiis, idest in illo
tegmine sive cooperimento quod cooperit semen vel fructum, sive sit pellis in
animalibus, sive cortex in fructibus. Et quia digestio ut dictum est, est perfectio, ideo et
pepansis quae est eius species, est perfectio quaedam. Tunc enim res dicitur
pepansim passa, quando semen in pericarpio potest efficere et generare tale,
quale est id a quo procedit: in aliis enim perfectum etiam dicimus, quod
potest generare tale quale est ipsum, ut declaratum est in II de anima. Est
autem pepansis ab eodem agente, scilicet a naturali calido principaliter, et
in eadem materia, scilicet in humido naturali, sicut superius dictum est de
digestione in universali. Alio autem modo dicitur pepansis metaphorice: quia
non eodem modo univoce, neque etiam pure aequivoce, sed analogice praedicatur
pepansis de suis subiectis, sicut ridere de animali et prato viridi. Est
autem pepansis metaphorice non solum in nutrimento viventium, sed etiam circa
alia: ut circa nascentias, idest apostemata, et phlegmatica, ut
sunt catarrhi, et circa urinas et secessiones. Et universaliter dicitur
digestio pepansis metaphorice omnis maturatio et terminatio huiusmodi a
naturali calido, quod fit, sicut dictum est, quando calidum obtinet super
humidum: impossibile enim esset quod terminaret, nisi obtineret victoriam
supra ipsum. Fit autem hoc modo. Nam primo calor digerens agit in humidum
aereum, quod est spumosum, faciendo evaporare subtiliores partes, et
ingrossando reliquas ac convertendo in humorem aquosum. Deinde subtiliando
humorem aquosum facit ipsum evaporare, reliquum ingrossat, terminat et
digerit, et ipsum coniungit cum sicco: et tunc convertitur in semen. Iste
autem ordo apparet in animalibus et plantis. Nam in prima digestione
separantur faeces: quando autem humidum cibi est reductum ad humorem aquosum,
tunc in secunda digestione separatur urina: in tertia vero et quarta fit
maturatio cibi, et conversio in semen. Hoc etiam apparet in omnibus pomis, et
clare in amygdala, in qua prius a calido separatur humidum aereum, et
convertitur flos in corticem viridem et aquosum, postea separatur humidum
aquosum et convertitur in corticem osseum, et tertio semen intra formatur. Et
ex hoc quasi in omnibus seminibus invenimus corticem extrinsecam magis
aeream, secundam magis aqueam, et intra semen bene maturatum et digestum. |
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[90970] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 4
n. 2 Deinde cum
dicit: omotes autem etc., determinat de omote opposita pepansi. Et
dicit quod est indigestio in pericarpio, sicut pepansis est digestio in eo:
ut quando semina non possunt efficere tale quale ipsa sunt; et habet fieri
circa humidum interminatum: quia illa quae patiuntur omoten, sunt spumosa aut
aquosa, sive mixta ex his. Sicut autem pepansis est perfectio, sic et omotes
est imperfectio, quae accidit propter indigentiam calidi et abundantiam
frigidi. Cum enim calidum non est commensuratum et proportionatum humido,
tunc sequitur omotes: quia nunquam fit pepansis in humido solo sine
siccitate, quae fit a calido proportionato; et ex hoc sola aqua inter omnia
humida non ingrossatur, quia caret siccitate. Fit autem omotes propter duas
causas: aut scilicet propter defectum caliditatis, sicut dictum est: aut
propter excessum humidi digerendi; tunc enim calor proprius non potest
obtinere humidum, et sequitur indigestio. Signum autem huius est, quod omnes
fructus et poma parva in suo genere et humida, sunt indigesta et non bene
matura: calida vero et grossa sunt bene digesta, et talia sunt apta ad esum
humanum. Et universaliter quaecumque patiuntur omoten, sunt magis frigida et
subtilia et humida. Sicut autem pepansis non dicitur uno modo sed multis, et
dicitur quandoque metaphorice, sic et omotes dicitur quandoque metaphorice,
et est indigestio quae apparet in catarrhis senum, infirmorum et mulierum, et
in pustulis et huiusmodi. Adhuc etiam dicitur omotes magis metaphorice in
lateribus et lacte: quando enim calidum non obtinet super humidum in talibus,
tunc dicuntur indigesta, sicut sensus manifestat. Digestio igitur fit a
calido naturali primo et per se, a frigido autem per accidens. Frigidum enim
extrinsece circumstans calidum concludit ipsum interius et non permittit
ipsum evaporare, et sic retinendo calidum naturale interius, causat
digestionem. In cuius signum ventres animalium sunt calidiores et magis
digerunt in hieme, quam in aestate. Indigestio autem fit a frigido per se, a
calido autem per accidens, sicut supra dictum est. |
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Caput 5 |
Chapitre 5 [ ] |
[90971] Inserta super
Meteora, lib. 4 cap. 5 n. 1 Determinat de alia specie
digestionis quae dicitur hepsesis, et fit tam ab arte quam a natura.
Et dicit quod hepsesis secundum totum, idest uniformiter facta in
omnibus partibus, ad differentiam aliarum digestionum quae non fiunt
aequaliter omnibus partibus, vel secundum totum, idest in universali,
est digestio humidi interminati et subtilis, facta a caliditate extrinseca
existente in humido exteriori: propter quod nomen et ratio hepsesis convenit
solis elixatis. Patet autem ex ista definitione quod superior species
digestionis est magis naturalis, sicut diximus, quam sequentes; quia ille
motus dicitur naturalis, qui est a principio intrinseco, sicut patet in II
Physic.: pepansis autem est a caliditate intrinseca, reliquae autem ab
extrinseca. Humidum vero interminatum circa quod fit hepsesis, est magis
aqueum vel spumosum, quod digeritur per caliditatem humidi extrinseci, sicut
patet quando carnes decoquuntur elixae. Digestio autem hepsesis fit ab humido
extrinseco: ea enim quae elixantur, patiuntur a tali humido; sicut e converso
ea quae assantur in frixoriis, agunt in ipsum humidum unctuosum, ipsum in se
absorbendo: patiuntur autem a sicco calido ignis. Et in signum huius frixa sunt magis sicca exterius et
humida interius: elixa vero e contrario sunt humida exterius, quia humefiunt
ab humiditate circumstante, et magis sicca interius, quia per actionem humidi
extrinseci, sive caliditatis eius, perdunt humidum proprium et non recipiunt
alienum: frixa vero retinent proprium et suscipiunt alienum. Omnia igitur
corpora quae habent multum humidum, et bene passibile a calido quod est in
humido extrinseco, sunt elixabilia, ut carnes, pisces, olus et huiusmodi:
quaecumque vero non habent multum humidum, ut lapides, aut si habent illud,
non est bene passibile et educibile a caliditate extrinseca, sicut ligna, non
sunt elixabilia. Quamvis metaphorice multa alia dicantur pati hepsesim et
elixari, sicut aurum et ligna et multa alia: quae licet proprie non
elixentur, tamen vocantur elixa per quandam similitudinem, eo quod non sunt adhuc
imposita nomina omnibus differentiis rerum. Dicitur autem elixari aurum vel
lignum, inquantum virtute ignis humidum extrinsecum exhalat et separatur ab
eis. Eodem modo elixantur humida, scilicet mustum et lac, inquantum virtute
ignis a musto separatur humidum aereum, et a lacte separatur serum. Dicit autem quod
finis non est idem in omnibus elixatis, sicut erat superius in alia
digestione: quia alia elixantur ad esum, alia ad sorbitionem et cetera.
Notandum est autem diligenter quod in fine textus ultimo concludit, quod ista
digestio fit tam a natura quam ab arte propter eandem causam. Nam sicut per
artem carnes elixantur ab humido circumstante, ita natura humidum
nutrimentale in pueris digerit per humidum et calidum circumfusum. Ad sensum enim manifestum est quod in pueris
et mulieribus est maior humiditas, quae quasi elixat humidum cibi. Et hoc
etiam accidit in phlegmaticis. |
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[90972] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 5 n. 2 Deinde cum dicit: molynsis autem etc., determinat de
specie indigestionis opposita hepsesi, quae dicitur molynsis. Et dicit
quod molynsis est indigestio humidi interminati (quod dictum est esse
elixabile), causata propter defectum caliditatis existentis in humido
circumstante: talis autem defectus caliditatis est frigiditas, sicut supra
dictum est. Et ista indigestio accidit propter duas causas: aut scilicet
propter parvitatem caloris in humido circumstante, aut propter multitudinem
humidi digerendi, quod a parvo calore non potest obtineri. Et propter hoc
duriora sunt quae patiuntur molynsim, quam quae patiuntur hepsesim; quia
parvus calor dissolvit humidum, sed non educit: et ideo iterum magis
congelatur et quasi conglutinatur, et duriores res facit. |
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Caput
6 |
Chapitre 6 [ ] |
[90973] Inserta super
Meteora, lib. 4 cap. 6 n. 1 Determinat de optesi,
quae est alia species digestionis, et definit eam. Et dicit quod optesis est
digestio a caliditate sicca (ad differentiam hepsesis, quae est digestio a
caliditate humida) et aliena: quod dicit ad differentiam pepansis, quae non
est a caliditate aliena, idest extranea, sed est ab intrinseca: vel quia
omnis digestio est a caliditate aliena ei quod digeritur, non ei quod
digerit. Et ex hoc, si quis
digerat carnes vel aliud per optesim, cum consummata fuerit digestio, illud
tale erit assum et non elixum, et si talis caliditas sicca fuerit excessiva,
dicetur adustum. Quod autem fiat a sicca caliditate, probat: quia ista
digestio quae dicitur assatio, quae citius consummatur quam elixatio,
desiccat partes extrinsecas, remanentibus humidis partibus interioribus;
cuius ratio est, quia caliditas sicca sine humiditate, desiccando primo
partes exteriores, constringit poros rei digerendae, et propter hoc humiditas
resoluta interius non potest exire: et ideo non parvam subtilitatem dicit
esse bene assare, ita quod exteriora et interiora regulariter et pariformiter
sint decocta ab igne. Dicit autem quod optesis et hepsesis fiunt, non solum
ab arte, sed a natura, sicut superius diximus. Et hoc probat: primo, quia ars
in suis effectibus imitatur naturam; sicut ergo ars operatur in assando, ita
prius didicit a natura. Secundo, quia sicut in corpore humano fit digestio
similis hepsesi, ut apparet in pueris, ita etiam fit in eo digestio optesis:
sicut est in iuvenibus, in quibus propter fortitudinem caloris, nutrimentum
magis assatur quam elixetur; cuius signum est, quod superfluitates eorum sunt
siccae adustae. Deducit autem corollarie ex dictis, quod animalia, idest
vermes, non generantur in superiori ventre, scilicet stomachi, sed in
inferiori. Et ratio est, quia talia animalia non generantur nisi in loco
putrefactionis superfluitatum cibi, cum sint animalia genita per
putrefactionem: superfluitates autem non putrefiunt in superiori ventre, sed
in inferiori. Cuius ratio ut ipse dicit, dicta est alibi: colligi tamen
potest ex superioribus. Putrefactio enim fit propter defectum caliditatis
digerentis, et ex hoc debet fieri in illo loco in quo est talis defectus
caliditatis, in superiori autem ventre non est defectus caliditatis, cum sit
propinquus cordi in quo est sedes caliditatis naturalis, sed talis defectus
est in ventre inferiori, qui magis distat a proprio loco caliditatis
naturalis. Sciendum tamen est quod id quod hic dicitur, intelligi debet ut in
pluribus, quia quandoque propter debilitatem virtutis digestivae, scilicet
calidi naturalis, ex infirmitate provenientem, cibus non digeritur, sed
putrefit in stomacho: quod patet ex foetore proveniente ex stomacho per
eructationem, sive alia via; et ideo ibi etiam quandoque generantur vermes,
qui aliquando eiiciuntur per os. |
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[90974] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 6 n. 2 Deinde cum dicit: molynsis quidem igitur etc.,
determinat finaliter de indigestione opposita optesi, quae dicitur stateusis.
Et dicit quod ista indigestio, licet sit parum nota, tamen eam definiendo
dicimus, quod est indigestio facta propter defectum caliditatis siccae. Et
fit propter duas causas, sicut supra in aliis declaravimus, scilicet aut
propter parvitatem sicci caloris, aut propter multitudinem humidi digerendi.
Deinde epilogat, et est clarum in littera. |
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Caput
7 |
Chapitre 7 [ ] |
[90975] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 7
n. 1 Determinat de
passionibus qualitatum passivarum. Et circa hoc duo facit: primo determinat
de eis secundum se; secundo determinat de eis per comparationem ad corpora,
ibi: his autem passionibus et cetera. Et circa primum iterum duo facit: primo
determinat de eis in generali; secundo determinat de singulis secundum
speciem, ibi: corporalium autem passionum et cetera. Dicit ergo primo, quod
dicendum est de passionibus primarum qualitatum passivarum et de speciebus
earum. Hae autem qualitates sunt humidum et siccum, quorum passiones sunt
primo determinandae, quia humidum et siccum sunt prima principia passiva
omnium corporum mixtorum. Quod intelligendum est inquantum sunt passiva:
calidum enim et frigidum, humidum et siccum, sunt prima principia corporum
inquantum sunt substantiae, materia prima est primum principium passivum
corporum, forma substantialis est primum principium activum. Omnia autem corpora
aut sunt primo humida, sicut est aqua, aut primo sicca, sicut terra, aut sunt
mixta ex his. Sed eorum quae sunt mixta ex his duobus, sicut medium ex
extremis, sicut sunt composita ex elementis, quaedam magis accedunt ad unum
extremum, quaedam vero ad alterum: et quae magis accedunt ad siccum,
denominantur sicca a praedominio, ut ligna et lapides, quae autem magis
accedunt ad humidum, dicuntur a praedominio humida. Talia autem dupliciter
dicuntur, sicut omnia alia entia existentia in genere: quaedam enim sunt
talia actu, sicut ea quae sunt liquida actu, dicuntur actu humida; quaedam
vero sunt opposito modo, scilicet in potentia, ut id quod non est actu
liquidum, sed est liquabile, sicut sunt metalla. Ratio autem quare ex ambobus
composita sunt omnia elementata, est quia unum non potest bene consistere et
terminari sine alio: quia humidum est male terminabile proprio termino et
intrinseco, sed bene terminatur alieno et extrinseco termino, et ideo non
potest terminari sine sicco, quod est bene terminabile proprio termino, idest
intrinseco, et male alieno; similiter etiam siccum non terminatur sine
humido, sed unum est alteri velut colla. Cuius simile accidit in pulmentis:
ex farina enim sicca et aqua humida fit et conglutinatur panis; et Empedocles
etiam physicus fecit collam tenacem ex farina et aqua, conglutinans unum
alteri per calorem. Quod autem aqua sit primo humida et terra sit primo
sicca, ipse probat per duas rationes: quarum prima talis est. Illud enim
dicitur primo tale, ratione cuius alia sunt talia, sicut ad longum declaratum
est in I posteriorum; sed omnia corpora terminata sive elementata, sunt
humida vel sicca, inquantum sunt ex aqua vel ex terra: quia nullum talium
corporum est sine aqua et terra; ergo aqua et terra sunt primo talia. Dicit
autem omnia corpora terminata hic, scilicet inferius apud nos, ad
differentiam corporum superiorum, quae sunt composita ex materia et forma,
non tamen sunt terrea vel aquea, sed sunt terminata aequivoce cum istis
inferioribus. Secunda vero ratio est, quia omnia naturaliter appetunt locum
consimilem et proportionatum suae naturae, et naturaliter quiescunt in eo:
quia locus naturaliter est conservativus locati, sicut patet in IV Physic.;
igitur omnia animalia manent in terra et aqua naturaliter, ut in simili suae
naturae loco, et ut nutriri et conservari possint ab elemento, quod primo
habet qualitatem passivam quae praedominatur in eis. Licet autem aliqua
animalia dicantur nutriri in alio elemento, ut aves in aere et salamandra in
igne, tamen haec omnia nutriuntur ex terra et aqua, vel ex his quae nascuntur
in eis, ut manifestum est in avibus. Salamandra autem per longum tempus
nutritur in igne ex sicco terreo adusto et fumoso, propter convenientem
similitudinem ad complexionem suam, quae maxime invenitur in nostro igne
inferiori: quia non habemus hic ignem purum, sed admixtum terreo; non autem
nutriretur in igne puro. |
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[90976] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 7 n. 2 Deinde cum dicit: corporalium autem etc., determinat de
speciebus qualitatum passivarum provenientibus ex humido et sicco: quarum
primae sunt durum et molle. Et ideo primo determinat de duro et molli, et
dicit quod omnia corpora quae generantur ex humido et sicco, sunt aut dura
aut mollia: et ideo de eis primo dicendum est. Definit autem durum et molle,
dicens quod durum est illud quod non cedit in seipsum tangenti secundum
superficiem, ut lapis et lignum. Quod intelligendum est de tangente
naturaliter et sine magna violentia: quia licet lignum cedat securi et ferrum
malleo tangenti cum violentia, tamen dicitur durum quia non cedit tangenti
naturaliter. Molle autem est, quod e converso cedit tangenti naturaliter sine
magna violentia, et non circumstat tactui, sed cedit in profundum sui ipsius,
sicut cera. Aqua autem non dicitur mollis, neque alia liquida, quia non
deprimitur in profundum illa pars quae supponitur tactui, sed quasi diffugit
ad latus: quod ipse vocat circumstare. Sed durum et molle dupliciter
dicuntur, scilicet absolute et simpliciter, et per comparationem ad alterum,
sicut lignum quod respectu cerae est durum, et per comparationem ad ferrum
est molle. Quia autem in definitionibus praedictis cadit sensus tactus, ideo
dicit quod durum et molle definivit per respectum ad tactum, quia
universaliter omne sensibile definitur per comparationem ad sensum: sunt enim
sensus et sensibile correlativa. Cognoscit autem sensus tactus qualitates
mixtorum, secundum quod excedunt aut deficiunt a media qualitate organi
tactus. Non enim potest eas cognoscere inquantum sunt omnino similes tactui,
sicut probant rationes Alexandri; sed tamen illa qualitas quae non
cognoscitur ab uno tactu propter omnimodam similitudinem, cognoscitur ab alio
propter dissimilitudinem aliquam: quia non est omnino eadem qualitas media in
organo tactus diversorum animalium. Et sic universaliter omnis qualitas
tangibilis cognoscitur ab aliquo tactu. |
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Caput
8 |
Chapitre 8 [ ] |
[90977] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 8
n. 1 Determinat de
coagulatione et liquefactione et aliis passionibus, quibus differunt corpora
secundum quod tangibilia sunt. Et circa hoc duo facit: primo determinat de
siccari et humectari, quia omnis coagulatio est quaedam siccatio, liquefieri
autem est humectari; secundo determinat de ipsa coagulatione et liquefactione
et aliis speciebus, ibi: de liquefactione autem et cetera. Prima iterum in
duas: primo enim determinat de siccatione; secundo de humectatione, ibi:
humectari autem et cetera. Circa primum duo facit: primo praemittit
intentionem suam; secundo exsequitur propositum, ibi: desiccantur autem et
cetera. Dicit ergo primo quod, quia sicut dictum est, omne corpus terminatum
est durum aut molle, si sit terminatum proprio termino (quod dicit propter
liquida, quae non terminantur proprio termino, nisi ex magna violentia
frigidi), terminatio autem non fit sine coagulatione quadam, ideo omnia
corpora composita, scilicet ex elementis, non sunt sine coagulatione. Ideo
prius de ea dicendum est. Sed tamen, quia sicut dictum est, praeter materiam
sunt duae causae entium, scilicet faciens, idest qualitas activa, et passio,
idest qualitas passiva, quae est quasi materia ex qua educitur forma et
species, licet non sit proprie materia, sed instrumentum materiae quo materia
patitur, sicut qualitates activae sunt instrumenta quibus agens agit, et
talia instrumenta materiae sunt duo, scilicet humidum et siccum, sicut et
instrumenta agentis sunt duo, scilicet calidum et frigidum, ideo prius de
humectari et siccari dicendum est quam de coagulatione. Primum enim quo
materia patitur est humidum et siccum: et prima corpora passibilia sunt terra
et aqua, quae sunt sicca et humida. Et propter hoc frigidum quod convenit
terrae et aquae, est minus activum et magis passibile quam calidum, quod
convenit aeri et igni. Quomodo autem frigidum sit activum ostendit, dicens
quod est activum dupliciter. Primo quia corrumpere est quoddam agere:
frigidum autem est corruptivum, quia corrumpit calidum, quae est qualitas
generativa; secundo dicitur agere per accidens, quia circumstat calidum, et
ex hoc calidum per antiperistasim, hoc est contrasistentiam frigidi,
fortificatur, et sic frigidum fortificando calidum per accidens agit ad
generationem. Sed considerandum est quantum ad hoc quod dicitur, quod
frigiditas est per se corruptiva et per accidens generativa, quod generatio
dupliciter dicitur, sicut supra dictum est: primo inquantum est mutatio a non
esse ad esse absolute; secundo dicitur generatio, quando id quod producitur
in esse, est nobilius, et e converso quod corrumpitur, est ignobilius:
corruptio vero dicitur, quando quod corrumpitur, est nobilius, licet etiam
ibi generetur aliquid aliud absolute; ut generatio dicitur, quando ex terra
vel aqua generatur aer vel ignis, corruptio, quando e contrario ex igne vel
aere generatur aqua vel terra. Et hoc modo agitur de generatione in I de
generatione. Loquendo igitur de generatione primo modo, frigiditas est per se
generativa, et non solum per accidens, quia corruptio unius est generatio
alterius, et quod per se corrumpit unum, eadem actione generat per se
reliquum: natura enim non operaretur per se intendens ad solam corruptionem,
quae est quoddam malum, nisi eadem actione aliquid generaret. Sed de
generatione secundo modo verum est quod frigidum per se est solummodo
corruptivum: quia frigiditas corrumpit ignem et aerem, quae sunt nobiliora,
et generat terram et aquam, quae sunt ignobiliora. |
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[90978] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 8
n. 2 Deinde cum
dicit: desiccantur autem etc., determinat de siccari exsequendo intentionem
propositam. Et dicit quod omnia illa dicuntur desiccari quae sunt aqua aut
aquae species, sicut vinum, serum et huiusmodi, aut quae habent humiditatem
connaturalem, ut lac, vel superinductam, velut lana madefacta, et
universaliter omnia humida, quae non faciunt residentiam in fundo propter
puritatem, et non propter viscositatem. Quod dicit, quia sunt quaedam quae
sunt terrea et grossa, et tamen partes terreae non resident in profundo
propter viscositatem continentem siccum terrestre, sicut oleum et pix. Omnia
autem ista aut desiccantur a calido exteriori foras educente humidum, sicut
patet in carne elixata: aut a calido interiori et a frigore circumstante,
quod fortificat calidum interius per antiperistasim, sicut apparet in
indumentis desiccatis in hieme a vento frigido. Et sic omnia desiccantur aut
a frigido per accidens, aut per se a calido, sive interiori sive exteriori. |
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[90979] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 8 n. 3 Deinde cum dicit: humectari autem etc., ostendit quid
sit humectari. Et dicit quod humectari dicitur dupliciter: uno quidem modo
est fieri aquam, sicut cum ex nube generatur aqua pluviae; secundo modo
humectari est liquefieri, sicut cum glacies vel metalla liquescunt. Hoc autem
provenit non ab eadem causa, sed a diversis: humectantur enim res primo modo
a frigido condensante vaporem in aquam, sicut supra dictum est, humectatio
autem secundo modo fit a calido resolvente. |
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Caput
9 |
Chapitre 9 [ ] |
[90980] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9
n. 1 Prosequitur de
coagulabili et liquefactibili, et dicit quod omnia quae coagulantur, aut sunt
aqua, aut composita ex aqua et terra: haec autem omnia coagulantur aut a
calido, aut a frigido, aut a sicco. Et hoc ipse probat: quia contrariorum
effectuum per se sunt contrariae causae; sed coagulata dissolvuntur aut a
frigido, aut a calido, ut patet; quae ergo dissolvuntur a frigido,
coagulantur a calido, et e converso: quia dissolutio et coagulatio sunt
effectus per se contrarii. Sed videtur quod quaedam coagulentur ab humido:
quia mel elixatum coagulatur in aqua, ergo videtur coagulari ab humido.
Dicendum quod ab humido ut sic nihil coagulari potest effective: primo quia
humidum est materia coagulationis, idem autem non potest esse eidem materia
et efficiens; secundo quia in motu coagulationis humidum est terminus a quo:
humidum enim superfluum expellitur, et reliquum terminatur cum sicco, et sic
fit coagulatio. Sed mel elixatum coagulatur ab aqua calida, non inquantum est
humida, sed inquantum est frigida, non actu, sed virtute. Vel potest etiam
dici quod mel coagulatur ab aqua calida inquantum est calida, si mel praesupponatur
esse terreum a praedominio. Quaecumque igitur sunt aquea, non coagulantur ab
igne, idest a calido. Quod probat: quia talia dissolvuntur ab igne, ut patet
in glacie; igitur non coagulantur ab igne, scilicet a calido, quia idem eidem
non potest esse causa contrariorum. Quod igitur in abscessu calidi et
ingressu frigoris coagulatur, dissolvetur e converso in ingressu caloris et
abscessu frigoris. Et propter hoc talia aquea non ingrossantur cum
coagulantur: quia ingrossatio fit per separationem humidi superflui, quo
separato reliquum humidum constat et terminatur cum sicco, et sic sequitur
ingrossatio; sed aquea siccum non habent quod separari possit. Quaecumque
autem sunt terrea, coagulantur a calido, sicut sal et lac etc.: quod patet,
quia talia solvuntur ab aqua. Si autem sint aliqua, quae sint
proportionabiliter commixta ex utroque, talia coagulantur ab utroque, sicut
lutum: quando enim sunt humida, et magis praedominatur aqua, coagulantur a
frigido, quando autem praedominatur terreum, tunc coagulantur a sicco calido
ignis. Sed tamen ista coagulatio diversimode fit a calido et a frigido: nam
calidum extrinsecum coagulat educendo humidum intrinsecum, ut patet in ovo
decocto; frigidum vero extrinsecum expellit calidum intrinsecum, quod secum
educit humidum intrinsecum, et sic desiccat et coagulat. Dicit autem quod
sunt quaedam, quae non coagulantur in principio a calido, sicut lateres primo
indurati a frigore, et postea positi in igne: nam cum ponuntur in igne, fit
separatio humidi indurati, postea finaliter desiccantur per separationem
humidi superflui. Et propter hoc multi lateres corrumpuntur in fornacibus
propter nimiam appropinquationem vel remotionem ab igne: quia tunc aut parum
separatur de humiditate, et non sunt decocti, aut separatur nimis ex ea, et
de facili franguntur. |
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[90981] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9
n. 2 Deinde cum
dicit: quaecumque quidem etc., determinat de liquabili. Et dicit quod
quaecumque coagulantur a frigido, sive sint aquea, sive mixta ex aqua et
terra, etiam si habeant in sui compositione plus terrae quam aquae, secundum
quantitatem, non secundum proportionem virtutis, talia liquantur a calido.
Sed ista sunt in duplici differentia: quaedam enim coagulantur a frigido non
educente totum humidum superfluum cum calido intrinseco, et ista solvuntur de
facili a calido, sicut lutum et glacies, et huiusmodi; quaedam autem
coagulantur a frigido educente totum humidum superfluum cum calido
intrinseco, et ista non possunt solvi nisi a fortissimo igne: sicut sunt
metalla, et maxime duriora, in quibus partes terrestres subtiles sunt optime
commixtae cum humidis remanentibus, et cornua, in quibus est humidum
viscosum, quod continet siccum ne defluat. Quod autem ita sit quod coagulatio
fiat per separationem humidi, et liquatio fiat per separationem sicci terrei,
patet triplici signo. Primo, quia ferrum in quo relictum est parum de
humiditate, et illa est fortiter commixta cum sicco terrestri, de difficili
solvitur, et quando solvitur et fit humidum, purificatur, quia scoria
terrestris subsidet in profundo, et separatur. Et ita multoties faciendo
artifices faciunt chalybem, quod est ferrum depuratum; sed nolunt depurare
ipsum multoties, et facere perfectum chalybem, tum quia nimis de ferro
perditur in igne, tum quia multiplicando purificationem, pondus nimis
deminuitur, tum etiam, quia melius est ferrum quod est minus purificatum:
quia coagulatum quanto pluries dissolvitur, tanto fit durius quando iterum
coagulatur, et ideo ferrum minus purificatum est melius, quia facilius
ducitur et magis obedit malleo et manibus artificum. Secundum signum est,
quia et lapis qui dicitur pyrimachus, liquescit propter eandem causam, ita ut
etiam distillet, quia scilicet continue separatur siccum terrestre. Tertium
est, quod plumbum quod in sua natura multum habet de opaco terrae, et ideo
est nigrum, quando liquatur eadem causa efficitur coloris albi ad modum
calcis, quia in liquatione separatur siccum terrestre, et humidum aereum
supernatat secundum superficiem planam, et recipitur lux ubique, et ita
recipit album colorem. |
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[90982] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9
n. 3 Deinde cum
dicit: quaecumque autem etc., ostendit quae sint incoagulabilia et
illiquefactibilia. Et dicit quod omnia quae coagulantur a sicco calido, sunt
in duplici differentia: quaedam enim prius desiccantur a calido sicco per
humidi superflui eductionem, et postea ultimo congelantur a frigido per
fortem terminationem humidi cum sicco, ut lapides et dentes molares: et ista
sunt insolubilia; quaedam autem coagulantur absolute a calido ignis, ut
nitrum et sal: et talia liquantur ab aqua frigida et humida. Et huius ratio
est, quae supra dicta est, quia contrariorum effectuum sunt contrariae
causae: si igitur calidum coagulavit, frigidum solvet. Universaliter itaque
coagulantur ea quae sunt terrea vel aquea a praedominio: aquea coagulantur a
frigido, sicut glacies, terrea autem coagulantur a calido, ut nitrum, sales,
lapides et lateres: propter quod talia sunt magis terrea, quod eorum salsedo
ostendit. Quae autem sunt aerea a praedominio, non possunt coagulari neque
liquefieri, ut argentum vivum et oleum, quod non coagulatur neque a frigido
neque a calido, tum propter suam viscositatem, tum etiam quia est naturae
aereae, cuius humiditas de difficili desiccatur. Et propter hoc oleum
supernatat super aquam, quia aer naturaliter fertur sursum. Ingrossatur
itaque ab ambobus, scilicet calido et frigido, sed a neutro coagulatur.
Ingrossatur etiam oleum et albescit, si duret per longum tempus et fiat
antiquum: ingrossatur quidem, quia recedente calido intrinseco aer
convertitur in elementum grossius, scilicet aqueum, albescit autem, quia
evaporat aqueum et terreum quod inerat prius. Aerea etiam liquari non
possunt. Cuius ratio est, quia sicut humidum aqueum defluendo intra se facit
fluere partes terrae, et mollificat et liquefacit eas, ita humidum aereum e
converso adunat siccum terreum et continet intra. Unde ligna propter hanc
causam non liquantur. Quod autem ligna sint aerea a praedominio patet, tum
quia sunt materia ignis, ut oleum, tum quia supernatant in aqua, praeter
ebenum quod est magis terrestre, quod nigredo eius et pondus ostendit. |
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[90983] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9
n. 4 Deinde cum
dicit: quaecumque autem mixta etc., determinat de ingrossabili et non
ingrossabili. Et dicit quod ab igne ingrossantur ea, quae habent in sui
compositione plus terrae quam aquae, ut lac et sanguis, et quoddam vinum
grossum et calidum, in quo siccum terreum et humidum aqueum sunt
proportionaliter commixta, sicut est vinum Cretense. Abscedit autem ab his
omnibus aqua dum ingrossantur, quia ingrossatio est quaedam desiccatio
imperfecta. In cuius signum a tali vino dum decoquitur et ingrossatur ab
igne, evaporat humidum aqueum subtile valde: quod si recolligatur in vase
tortuoso ad modum stillae, fit aqua, quae dicitur aqua vitis. Quod ergo
relinquitur in tali ingrossato, est magis terreum: nam ingrossatio fit per
separationem humidi superflui, et terminationem humidi derelicti cum sicco.
Et ideo omnia aquea a praedominio impinguari et ingrossari non possunt, ut vinum,
universaliter serum et cetera similia. Quod autem lac et sanguis sint terrea
a praedominio apparet. De lacte quidem, quia si non separetur serum, et
coquatur in igne, exuritur serum, et id quod restat, constat et ingrossatur
et efficitur stypticum valde, et valet contra fluxum ventris: quod etiam
potest esse signum quod ingrossatio fit per separationem aquei, quia serum
est aqueae naturae, substantia autem caseata est magis terrea. Si autem lac
non habeat substantiam caseatam, tunc ingrossari non potest et non est aptum
ad esum, sicut lac cameli, suis et asinae: et tale est aqueum a praedominio.
Et propter hoc artifices ultra substantiam caseatam lactis apponunt coagulum,
quando volunt ingrossare ipsum: quod est etiam magis terreum. De sanguine
etiam apparet, quia repositus desiccatur propter paucitatem humidi aquei, et
habet quosdam magnos poros propter partes terrestres restringentes se, et
continentes humidum ne fluat ad centrum. Si autem sanguis sit indigestus
propter frigiditatem complexionis, tunc non desiccatur repositus, nec habet
poros, quia partes humidae praedominantur et fluunt undique: sed magis est
languorosus et fluidus ad modum humoris phlegmatici. Et ex hoc sanguis
humanus extractus ex venis si non desiccatur, est signum malae dispositionis
et infirmitatis, sicut in venis existens si congeletur, est signum eiusdem,
quia significat, quod caliditas naturalis est debilis in tali patiente. Quaedam autem
ingrossantur etiam a frigido, ut aerea, sicut oleum. Frigidum enim non solum
ingrossat, sed etiam desiccat et coagulat, sicut dictum est: desiccat enim
aquam, ut in glacie apparet, ingrossat autem aerem, et convertit in aquam,
sicut patet in oleo. Frigus enim aerem existentem in poris convertit in aquam
et ingrossat oleum; calor vero intrinsecus facit evaporare humidum aqueum
ipsum subtiliando, reliquum terminat cum sicco. Et ideo albescit oleum perspicuo subtiliato. |
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[90984]
Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9 n. 5 Deinde cum dicit: adhuc autem haec etc., agit de
mollificabili et non mollificabili. Mollificatio enim
est quaedam via ad liquefactionem, sicut ingrossatio est via ad
coagulationem, sive coagulatio imperfecta. Et dicit quod mollificabilia sunt,
quae coagulantur sive etiam ingrossantur a calido tantum, vel a frigido
tantum: nam quae coagulantur a calido tantum, solvuntur sive mollificantur a
frigido, quae autem coagulantur sive ingrossantur a frigido, solvuntur et
mollificari possunt a calido, quia contrariorum contrariae sunt causae, sicut
dictum est. Sed quae coagulantur ab ambobus, scilicet a calido et frigido,
haec sunt maxime insolubilia: sicut sunt lapides et lateres, quae primo
desiccantur a calido per humidi abstractionem, et postea coagulantur a
frigido, terminante reliquum humidum cum sicco. Et huius ratio est, quia cum
sit coagulatum tam a calido quam a frigido, a neutro dissolvi potest:
contrariorum enim effectuum non potest esse eadem causa, sed ut supra dictum
est, debet esse contraria. Et propter hanc
causam ferrum, quod primo liquefit a calido et magis purificatur, deinde a
frigido coagulante induratur, non mollificatur, licet a forti calido
liquefiat. Ligna autem et etiam lateres non mollificantur neque liquescunt
propter causam superius assignatam, et inferius etiam melius declarandam,
quia de mollificabili iterum magis in speciali tractabit; sed de coagulatione
et liquefactione, de ingrossatione, et de mollificabili, inquantum
mollificatio est via ad liquefactionem, dictum est in superioribus. |
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Caput
10 |
Chapitre 10 [ ] |
[90985] Inserta super Meteora, lib. 4 cap.
10 n. 1 Postquam
philosophus determinavit de principalibus speciebus qualitatum passivarum
consequentibus primo primas qualitates passivas, scilicet de coagulabili et
non coagulabili, de liquabili et illiquabili, et de ingrossabili et
mollificabili, inquantum sunt quasi via ad coagulationem vel liquefactionem,
nunc determinat de aliis speciebus minus principalibus. Et circa hoc duo
facit. Primo quasi corollarie concludit quoddam superius determinatum, et
dicit quod ex dictis est manifestum, quod corpora scilicet inferiora constant
et coagulantur a calido et frigido. Et propter hoc corpora ingrossantia et
coagulantia, scilicet corpora calida et frigida, faciunt operationem calidi
et frigidi, quasi ab eis constituta sint in esse, scilicet activo. Propter hoc
etiam in omnibus talibus corporibus est caliditas, quae est magis activa, vel
ad minus est in eis frigiditas, inquantum deficiunt a caliditate. Alterum
enim contrariorum semper est deficiens et imperfectum respectu alterius, ut
frigiditas respectu caliditatis. Et ex hoc quod istae sunt primae qualitates
activae, humidum autem et siccum sunt primae passivae, ideo haec conveniunt
et sunt communia omnibus. Et ideo ex aqua et terra constituta sunt omnia
corpora, tam homoeomera quam plantarum et animalium, et metallorum, sicut
auri et argenti, et omnium aliorum quae nascuntur ex exhalatione inclusa in
utroque, sicut alibi ipse declaravit. Sed differentia est in hoc inter ea,
quod operatio primarum duarum, scilicet calidi et frigidi, consistit in
agere, et movere sensus: unde dicuntur qualitates sensibiles; album enim,
odor, sonus, dulce, et calidum et frigidum, naturaliter habent facere
sensationem, et agere in sensum. Alia autem duo et consequentia magis
consistunt in pati, ut liquabile, coagulabile, flexibile et alia, quibus
differunt multa corpora naturalia, sicut os, caro, nervus et cetera. Et de
his nunc est agendum, quia aliae dictae qualitates activae in aliis
declaratae sunt. Quae autem et quot sint istae de quibus est agendum, est
clarum in littera. |
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[90986]
Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 10 n. 2 Secundo ibi: de coagulabili quidem igitur etc., dicit
quod de coagulabili et non coagulabili, liquabili et non liquabili dictum est
prius universaliter; sed tamen propter maiorem claritatem tam dictorum quam
dicendorum dicamus iterum, quod coagulatorum quaedam coagulantur a calido,
quaedam a frigido: calidum quidem coagulat, quia exprimit humidum superfluum,
frigidum vero, quia expellit calidum, quod secum evaporare facit humidum.
Quae igitur coagulantur a calido per absentiam humidi, solvuntur a frigido,
quod humidum iterum ingredi facit: quae autem coagulantur a frigido per
expulsionem calidi, solvuntur a calido iterum ingrediente, sicut glacies et
cetera. Aliqua autem non solvuntur a frigido, quae sunt coagulata a calido:
quia coagulatio fuit fortis, et pori relicti sunt parvi, adeo ut humiditas
dissolutiva ingredi non possit, sicut sunt lateres. Incoagulabilia autem sunt
quae non habent humiditatem aquosam, sed sunt magis terrea, ut mel et mustum:
et ratio est, quia talia sunt vehementer calida, et talis caliditas fortiter
resistit, et continet humidum intra; et quae sunt aerea a praedominio, sicut
oleum, argentum vivum, et viscosa, ut colla. |
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Caput
11 |
Chapitre 11 [ ] |
[90987] Inserta super
Meteora, lib. 4 cap. 11 n. 1 Determinat de
mollificabili magis in speciali, et ponit sex conditiones quas habere debet
coagulatum ad hoc quod mollificetur. Et prima est, quod tale coagulatum non sit aqua vel
aqueum a praedominio, sed si est in eo excessus unius super alterum, sit
magis terreum: et propter defectum huius, glacies non est mollificabilis.
Secunda conditio est, quod totum humidum non sit evaporatum per
coagulationem, quia mollificabile debet esse tam aqueum quam terreum, vel non
multum plus terreum: et propter hoc nitrum et sal non sunt mollificabilia,
sed statim solvuntur. Tertia conditio est, quod non habeant siccum
inaequaliter dispositum, ne pori sint strictiores quam humidum aqueum, quod
est quasi materia mollificationis, diffundi possit: et propter hoc lateres et
lapides non mollificantur. Quarta vero est, quod non sint trahibilia in
longum vel ad latus, ut corrigia et nervus; et ratio est, quia talia sunt
viscosa, quae non cedunt tactui in profundum sui, sed extra se trahuntur in
longum: mollificabile autem debet cedere tactui in se, sicut manifestum fuit
superius in definitione mollis. Quinta est, quod non sint humectabilia,
humido scilicet alieno et extrinseco, ut lana, sed mollificabile debet habere
humidum proprium: est enim humidi quod ubique fluat, et ita mollificet. Sexta
conditio est, quod non sint ductibilia: et ratio est, quia talia habent plus
aquae quam terrae, sicut metalla. Si autem sint aliqua quae cum magno labore
liquentur et ducantur, et tamen non habeant multum plus aquae quam terrae,
immo forte minus, sicut ferrum, talia mollificantur. Fit autem mollificatio
tanquam a causa efficiente ut in pluribus ab igne, sicut ligna et cornu
mollificantur ab igne. |
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[90988] Inserta super Meteora, lib. 4 cap.
11 n. 2 Deinde cum
dicit: sunt autem liquabilium etc., prosequitur de intingibili et non
intingibili. Ad cuius evidentiam sciendum est, quod intingibile hic dicitur,
quod est susceptivum humidi extrinseci per poros amplos et duros. Ratione
primi ea quae sunt aquea, non madefiunt neque intinguntur, quia aquea non
habent poros, sicut glacies; metalla autem non intinguntur, quia licet sint
porosa, non tamen habent poros amplos sed strictos, ita quod humidum non
potest ingredi et madefacere; ratione tertii multa quae liquantur ab aqua,
non sunt intingibilia, sicut nitrum et sal, quia licet talia habeant poros
amplos, non tamen pori sunt duri sed molles et passibiles, ita quod humidum
ingrediens non madefacit sed corrumpit illud in quod intrat. Quae autem
habent poros amplos et duros, sicut lana, pannus, et multa alia, intinguntur:
quia humidum ingrediens per poros amplos madefacit siccum terrestre, et non
corrumpit ipsum propter duritiem. Ex his autem patet
quod intingibilia sunt terrea a praedominio, quia in eis dominatur siccum
terrestre, et coagulata sunt a calido per abstractionem humidi: ideo
intinguntur per novam humidi introductionem. Patet etiam ratio quare terra intingitur, nitrum autem
et sal quae sunt terrea, non intinguntur. Primo scilicet quia terra habet
poros duriores quam talia, propter maiorem admixtionem humidi fluidi in
talibus quam in terra; secundo etiam quia talia sunt porosa per totum, et ex
hoc humidum per totum ingrediens et defluens cito dividit ea in partes et
corrumpit: terra autem habet poros non per totum, sed hic illic, et ideo
partes magis continentur. |
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[90989] Inserta super Meteora, lib. 4 cap.
11 n. 3 Deinde cum
dicit: sunt autem et haec quidem etc., ostendit quae sint flexibilia et quae
dirigibilia, dicens quod quaedam corpora sunt flexibilia et dirigibilia, ut calamus
et virga, quaedam vero non sunt flexibilia neque dirigibilia, sicut lateres
et lapides. Ad intelligendum autem quae sint flexibilia et dirigibilia, et
quae non, sciendum est quod flexio vel etiam rectificatio, est motus a
circulari peripheria in rectitudinem, vel a rectitudine in peripheriam
circularem, manente eadem longitudine flexi. Omnia igitur corpora quae
possunt moveri ex rectitudine in peripheriam circularem, vel e converso ex
peripheria circulari, sive sit concava sive convexa, in rectitudinem, sunt
flexibilia vel dirigibilia: quae autem non possunt ita moveri, non sunt
flexibilia neque dirigibilia. Non tamen est idem flexio et rectificatio, immo
sunt motus contrarii: quia flexio est motus ad concavitatem vel convexitatem,
rectificatio autem est motus ad rectitudinem. Sed philosophus hic non
assignat causam praedictorum: et ideo sciendum est, quod humidum fluens,
sicut superius declaravimus, quaerit terminos alienos, quia non bene
terminatur terminis propriis, siccum vero quaerit terminos proprios, quibus
bene terminatur. Flexio igitur est motus ad terminos alienos, quia res quando
est flexa, non habet proprios terminos suae longitudinis, sed potest amplius
elongari si dirigatur: rectificatio vero est motus ad terminos quasi proprios
et sibi convenientes secundum suam longitudinem; et ideo res ratione humidi
fluentis flectuntur, sed ratione sicci retrahentis habent dirigi et
rectificari. Quae igitur sunt coagulata per eductionem humidi, non sunt
flexibilia neque dirigibilia, sed potius franguntur, ut lateres et ligna
sicca. Quae autem habent humidum viscosum grossum, flectuntur de facili, et
semper flectuntur ad illam partem in qua est maior humiditas, sicut tabulae
calefactae ad ignem, flectuntur versus ignem, quia ignis calefaciendo eas
educit humiditatem ad illam partem. Sed quae habent humidum viscosum magis
subtile, et bene commixtum cum sicco aereo subtili, non flectuntur ita de
facili: sed tamen flexa cito redeunt ad rectitudinem, sicut boni enses; vel
si non possunt redire ad perfectam rectitudinem, redeunt ad illam partem
rectitudinis quam habuerunt in sui coagulatione, sicut bonae balistae, et
arcus emissa sagitta. Sed quae habent humiditatem grossam, et non bene
commixtam cum sicco, non redeunt ad rectitudinem, sicut pravi enses, arcus et
similia. |
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[90990] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 11 n. 4 Deinde cum dicit: et haec quidem frangibilia etc.,
determinat de frangibili et comminuibili, quae sunt passiones procedentes ex
eisdem causis, scilicet humido et sicco. Nam quae habent parum aut nihil de
sicco, et multum de humido, neque sunt frangibilia neque comminuibilia, sicut
liquida. Quae autem habent multum de sicco, sunt in tribus differentiis:
quaedam enim sunt frangibilia, et non comminuibilia, ut lignum; quaedam sunt
comminuibilia et non frangibilia, sicut lapis, qui a scalpentibus dividitur
in partes minutas, non autem frangitur in magnas partes, et paucas numero;
quaedam vero sunt comminuibilia et frangibilia, sicut lateres. Et ratio huius
differentiae est, quia quaedam ita coagulantur quod habent parvos poros,
numero multos, et propinquos situatione, et ista comminuuntur; quia
comminutio est divisio in parvas partes, et divisio rei fit in poris ipsius,
nisi scindantur: si ergo pori sunt multi, divisio fiet secundum multas
partes. Aliqua vero habent poros magnos, paucos numero et distantes situ: et
talia sunt frangibilia, quia fractio est divisio rei in magnas partes et
paucas. Alia vero habent utrumque, scilicet quosdam poros magnos et reliquos
parvos: et talia sunt frangibilia et comminuibilia, sicut lateres.
Considerandum est autem ad evidentiam praedictorum, quod porus hic vocatur
illa pars rei porosae, quae est non quidem vacua, sicut dicebant antiqui
credentes vacuum dari, sed plena corpore subtili, sive tale corpus subtile sit
eiusdem naturae cum reliquo, sive alienae, puta aqueae vel aereae. |
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Caput
12 |
Chapitre 12 [ ] |
[90991] Inserta super Meteora, lib. 4 cap.
12 n. 1 Ostendit
quae sunt impressibilia et quae non. Et dicit quod sunt quaedam corpora
impressibilia, idest apta nata recipere impressionem, quorum quaedam sunt
mollia, sicut cera, quaedam vero sunt dura, sicut aes. Alia autem non sunt
impressibilia: et horum etiam aliqua sunt mollia, sicut aqua, aliqua autem
sunt dura, velut later et lapis. Nam impressio passive sumpta est cessio in
profundum secundum partem superficiei, non e contra circumstando (quod
dicitur propter aquam, quae cedit imprimenti secundum superficiem, non tamen
suscipit impressionem, quia contra circumstat, sicut supra dictum est in
definitione mollis). Et ista fit dupliciter: aut per solam pulsionem tactus,
ut in cera et in omnibus mollibus, aut per percussionem, ut in metallis et
aliis duris. Universaliter igitur eorum quae sunt impressibilia, quaedam sunt
mollificabilia sive mollia actu, ut cera, quaedam vero sunt dura, ut metalla:
sed tamen talia sunt, in quibus est humiditas fortis et bene permixta cum
sicco terrestri. Alia autem dura, in quibus non est fortis humiditas sed est
educta a coagulante, et etiam illa debilis quae remansit non est bene
commixta cum sicco terrestri, talia non sunt impressibilia, sicut later et
lapis. Non est etiam impressibilis aqua, propter rationem superius
assignatam, propter quam etiam non est mollis. Manifestum est autem ex
dictis, quod humiditas non fluens sed bene permixta cum sicco terrestri, est
materia impressionis. |
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[90992] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 2 Deinde cum dicit: impressibilium autem etc.,
determinat de formabili manu et non formabili. Et dicit quod impressibilia
sunt duplicia: quaedam enim sunt impressibilia, quae non tantum suscipiunt
impressionem de facili, sed etiam retinent eam: et talia sunt etiam
formabilia manu, sicut pasta et cera; quaedam vero sunt quae bene retinent
impressionem, sed non recipiunt eam de facili, sicut metalla, quae non
recipiunt impressionem nisi per fortem percussionem: et talia non sunt
formabilia manu, sed tamen formantur per artem, fundendo scilicet ea. Quaedam
etiam sunt quae de facili recipiunt impressionem, sed eam non retinent, sicut
lana aut spongia: et haec non sunt manu formabilia, ita scilicet quod
retineant formationem. Quae autem non sunt impressibilia, non sunt etiam manu
formabilia, licet formentur per artem, puta per sculptoriam, sicut lateres et
lapides. Ex quibus patet quod materia impressibilium, etiam manu formabilium,
est eadem, non differens nisi secundum magis et minus: quia manu formabilia
debent esse paulo plus humida quam impressibilia; et ex hoc res fere eodem
modo sunt manu formabilia quo sunt impressibilia, scilicet permanenter aut
non permanenter. |
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[90993] Inserta super Meteora, lib. 4 cap.
12 n. 3 Deinde cum
dicit: sunt autem capibilia etc., agit de capibili et non capibili. Et dicit
quod capibilia sunt, quae pulsa possunt convenire, idest contrahi et reverti,
intra se in profundum sui, superficie mutata de maiore in minorem, sicut cum
stringitur spongia, et non divisa aut translata in aliam partem, sicut
accidit in aqua, quae quando comprimitur manibus, quasi effugit ad aliam
partem. Et quia multoties in superioribus et nunc in isto loco fecit
mentionem de pulsione et percussione, ideo declarat quid sint, et dicit quod
pulsio est motus factus per solum tactum, scilicet sine magna violentia:
percussio autem est motus factus cum elevatione vel manus vel alterius
instrumenti percutientis, sicut quando faber elevat malleum et percutit.
Ratio autem quare talia sunt capibilia, est quia habent poros plenos
subtiliori corpore, sive tale corpus subtile sit eiusdem naturae cum reliquo,
sive alterius. Nam tale corpus subtile aut egreditur quando capitur, si est
alterius naturae, sicut patet in spongia, aut ingrossat et comprimitur, si
est eiusdem naturae, sicut in carne. Quae igitur habent tales poros, sunt
capibilia: quae autem non habent poros, ut aqua et liquida, non capiuntur:
quae vero habent poros, sed plenos corpore duro, ut ferrum, illa etiam non
sunt capibilia. Ex quibus manifestum est quod capibile hic vocatur, non
quodcumque accipi potest, prout nomen sonat, sed quod potest restringi et
reduci ad minorem superficiem. Ferrum enim capi, idest accipi, potest
manibus: tamen dicit quod non est capibile, quia non potest restringi ad
minorem superficiem. Est autem materia capibilium siccum terrestre a
praedominio, sicut ex dictis est manifestum. |
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[90994] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 4 Deinde cum dicit: trahibilia autem etc.,
determinat de trahibili. Et dicit quod trahibilia sunt, quorum superficies
potest mutari de loco ad locum, sicut corrigia. Est enim tractio motus
corporis secundum longitudinem vel latitudinem, ita quod ex illa parte qua
movetur, extenditur, ex alia per accidens restringitur: sicut corrigia cum
trahitur per longum, extenditur, et restringitur secundum latitudinem.
Quaedam autem sunt trahibilia et etiam capibilia, ut cera et lana: aliqua
vero sunt trahibilia et non capibilia, ut phlegma et sputa, quae trahuntur ad
modum fili: aliqua sunt capibilia et non trahibilia, sicut spongia. Sed quae
carent sicco, sicut aqua, vel quae non habent humiditatem viscosam, sicut
lapis et metalla, non sunt trahibilia vel extensibilia, neque etiam
capibilia. Ex quibus est manifestum quod illa dicuntur universaliter
trahibilia, quorum materia est humidum viscosum a praedominio: et tale
humidum propter viscositatem continet siccum terrestre. Non dicitur etiam hic
trahibile secundum usum vocabuli apud nos: Latini enim grammatici vocant
trahibilia, omnia quae possunt moveri de loco ad locum, vel per violentiam,
sicut homo dicitur trahi ad carcerem, vel saltem per motum qui non est
naturalis talibus, sicut currus et ligna dicuntur trahi. Sed hic vocatur
trahibile tantummodo illud, cuius partes mutant locum per extensionem, sicut
accidit in corrigia vel pelle molli: quia trahi est transferri de loco ad
locum secundum partes manente continuitate totius. |
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[90995] Inserta super Meteora, lib. 4 cap.
12 n. 5 Deinde cum
dicit: sunt autem et haec quidem ductilia etc., ostendit quae sint ductilia
et quae non. Et dicit quod ductilia sunt ea, quae transferuntur secundum
partem superficiei in profundum et ad latus per unam et eandem percussionem,
sicut aes, idest species simplices metallorum, ut stannum vel plumbum,
quae per unam et eandem percussionem, quando percutiuntur, deprimuntur in
profundum secundum partem superficiei, et etiam extenduntur secundum latera:
vel etiam deprimuntur et extenduntur secundum totam superficiem, si
instrumentum percutiens sit aequale vel maius ipsa superficie. Quae autem non
possunt deprimi et extendi, sicut dictum est, talia non sunt ductilia, sicut
lapis et lignum. Causa autem quare talia cedunt percutienti in profundum et
ad latus, est humiditas bene commixta cum sicco terrestri, quae calefacta et
commota per percussionem facit secum fluere aliqualiter siccum terrestre. Et
quia tale humidum est valde constrictum et proportionabiliter commixtum cum
sicco, non habens magnos poros interceptos, ideo facit siccum fluere ad omnem
partem. Ex quo sequitur, quod meliora sunt metalla quae ducuntur aequaliter
ab omni parte, quam quae ducuntur ex una parte, ex alia autem crepant vel
minus ducuntur, quia in talibus humidum est melius permixtum cum sicco. Dicit
autem quod omnia quae sunt ductilia, sunt etiam impressibilia, sed ut est
dicere ad omne, idest universaliter loquendo, non convertitur
consequentia, quod scilicet omne impressibile sit ductile: quia lignum est
impressibile, non tamen est ductile. Similiter capibilium quaedam sunt
ductilia sicut cera, quaedam vero non, sicut aqua, quae non est ductilis
propter nimiam humiditatem continue fluentem. |
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[90996] Inserta super Meteora, lib. 4 cap.
12 n. 6 Deinde cum
dicit: sunt autem et haec quidem scissibilia etc., determinat de scissibili
et detruncabili simul, quia ambae sunt species divisionis. Et dicit quod
scissibilia sunt illa, quae prius dividuntur quam a dividente tangantur, in
illa scilicet parte secundum quam dividuntur: sicut asseres ex abiete, quae
quando tanguntur ut dividantur in longum, scinduntur remotius quam tangantur
a dividente, ita quod divisio praecedit tactum. Quae autem non ita
dividuntur, non sunt scissibilia. Et ex hoc quae sunt mollia non sunt
scissibilia, quia non sic dividuntur. Neque etiam omnia dura sunt
scissibilia, ut ea quae sunt comminuibilia: sed scissibilia sunt ea quae sunt
sicca, non ratione qua sicca, sed inquantum habent poros dispositos secundum
longitudinem, plenos corpore passibili et subtili, et adnatos, idest
propinquos unum alteri. Humida autem vel mollia non scinduntur, quia carent
poris, sicut aqua, pasta et cera, et huiusmodi. Comminuibilia autem non
scinduntur, quia non habent poros dispositos secundum longitudinem, sed
secundum omnem partem, sicut vitrum: frangibilia autem, quia non habent poros
adnatos unum alteri. Multa enim dura non scinduntur, quia pori in eis non
sunt pleni corpore subtili et passibili, sed duro et impassibili.
Detruncabilia autem sunt, quae quando dividuntur, neque divisio praecedit
tactum, sicut in scissione, neque etiam comminuuntur. Et talia sunt quae non
sunt humida carentia poris, sed magis habent poros dispositos secundum
latitudinem; et quia aliqua habent multos poros dispositos secundum utramque
partem, ideo sunt scissibilia et detruncabilia. Et quia viscositas impedit
scissionem ratione humiditatis, ideo ut sciatur quomodo fit viscosum, dicit
quod viscosum, quod non frangitur sed est trahibile, sicut dictum est
superius, est humidum et molle. Talia autem fiunt viscosa propter
concatenationem partium adinvicem. Quae colligatio aut fit a calido movente,
quod fortiter unit siccum cum humido terminato, sicut in oleo et pice, aut
fit a frigido, quod fortiter et inseparabiliter comprimit humidum cum sicco.
Non determinat autem de divisione simpliciter, quae est genus talium: quia
divisio ut sic accidit potius ratione materiae et quantitatis, quam ratione
qualitatum passivarum. |
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[90997] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 7 Deinde cum dicit: commassabilia autem etc.,
determinat de commassabilibus. Et dicit quod commassabilia sive infiltrabilia
sunt ea, quae sunt capibilia, sed non habent capturam mansivam, idest
non retinent figuram, quam habent quando capiuntur; quod enim talia sint
capibilia, convenit eis ratione pororum interceptorum in partibus eius: quod
autem redeant ad primam figuram, convenit eis ratione sicci praedominantis.
Incommassabilia autem dicuntur propter causas oppositas. |
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Caput
13 |
Chapitre 13 [ ] |
[90998] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 13 n. 1 Ostendit quae sint ustibilia et quae non
ustibilia. Et dicit quod quaedam corporum coagulatorum sunt ustibilia, sicut
lignum et ossa, quaedam vero sunt inustibilia, sicut lapides et glacies.
Ustibilia autem sunt quaecumque habent poros susceptivos ignis, et
humiditatem superabilem ab igne. Talia autem sunt quae habent poros plenos
humiditate aerea bene passibili. Dico quod debent habere poros: quia carentia
poris non sunt ustibilia, ut glacies, quae propter defectum siccitatis caret
poris. Debent etiam esse pleni humiditate aerea, quia aer est nutrimentum
ignis: et propter hoc ebenus, qui inter omnia ligna est minus aereus et magis
terrestris (quod ostendit pondus et nigredo eius), non est ustibilis. Debet
etiam talis humiditas esse bene passibilis: quia habentia humiditatem grossam
et fortem, non sunt bene ustibilia, sicut ligna multum viridia. Universaliter
etiam carentia humiditate aerea non sunt ustibilia, sicut lapides, quia talis
humiditas est materia ustionis. |
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[90999] Inserta super Meteora, lib. 4 cap.
13 n. 2 Deinde cum
dicit: exhalabilia autem etc., determinat de exhalabilibus et vaporabilibus
simul. Ad cuius evidentiam sciendum est, quod aliter locutus est superius de
exhalatione et vapore, et aliter in isto loco. Nam superius dixit quod
exhalatio est segregatio sicca et calida, sive segregaretur a calido ustivo
sive ab alio: et haec est principium venti; vapor autem est segregatio
humida, et talis est principium pluviae. Hic autem dicit quod exhalabilia
sunt, quae habent humiditatem non evaporabilem a calido ustivo posito sub
eis, quia talia dicuntur vaporabilia: sed potius exhalabilia dicuntur, quae
processu temporis paulatim segregantur in aerem, sicut apparet in pomis
antiquis, in quibus separato paulatim humido aereo, ipsa remanent sicca
contrahentia rugas. Vapor autem est segregatio facta virtute calidi ustivi:
et ideo vapor humectat vaporabile propter humiditatem segregatam foris, et
colorat ipsum ratione calidi ustivi; et est principium spiritus, idest
venti, si sit vapor sive segregatio sicca praedominio. Sed exhalatio non
madefacit neque colorat sensibiliter, propter paucitatem et debilitatem sui,
neque etiam est principium venti. Differt autem talis segregatio in diversis;
quia in lignis, et his similibus, sicut sunt pili et cornua et alia, quae
sunt similiter spissa et fumabilia, vocatur fumus; quia non est impositum
nomen talibus diversis segregationibus, sicut dicebat Empedocles, licet
secundum rem alius sit fumus lignorum et cornuum. In pinguibus autem
vocatur in Graeco lignys, in unctuosis autem dicitur knisa. Et ex hoc oleum est exhalabile, quia est
unctuosum; non tamen est vaporabile, quia eius humiditas non permittit: et
ideo elixari non potest, quia elixata evaporant. Aqua autem est vaporabilis a
calido propter humiditatem: non tamen est exhalabilis, quia caret siccitate,
quae est materia exhalationis siccae et calidae. Simile est etiam de vino
dulci quod est pingue et grossum, quod patitur exhalationem sicut oleum: nam
sicut oleum non coagulatur a calido neque a frigido, ingrossatur tamen ab
utroque, sic et istud vinum. Et si figantur calami parvi in ipso,
inflammantur. Et si sublimetur, et permisceatur cum pulvere sulphuris et
sale, praestat fomentum flammae subtili: quia a sulphure augetur in eo
unctuositas, a sale augetur siccitas. Et ideo est vinum solo nomine, quia
vini operationem non habet, quae est inebriare: eo quod non potest evaporare.
Non est autem intelligendum quod tempus sit, illud quod per se facit sive
segregat exhalationem: quia tempus nullius actionis potest esse per se causa,
sed solum est per se mensura aliquarum actionum. Segregatur autem talis
exhalatio vel a caliditate intrinseca, vel a caliditate solis, sive
continentis, non cito et in magna multitudine sicut vapor, sed paulatim et
quasi insensibiliter. Et ideo dicitur fieri a tempore, quia non fit nisi in
multo et longo tempore. |
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[91000]
Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 13 n. 3 Deinde cum dicit: ustibilia autem etc., ostendit quae
sunt inflammabilia, et quae non. Sed quia inflammabilia sunt quaedam pars
ustibilium, ut melius cognoscatur quae sint inflammabilia, iterum repetit sub
brevitate quae sint ustibilia. Et dicit quod talia videntur esse quaecumque
possunt resolvi in cinerem: huiusmodi autem sunt quae fuerunt coagulata a
solo calido, vel ab utroque, scilicet a calido et frigido, in quibus abundat
siccitas propter caliditatem quae in coagulatione evaporare fecit
humiditatem. Non autem sunt inflammabiles lapides, et maxime lapis
carbunculus qui vocatur sigillum lapidum (licet videatur ardere propter
fulgorem suae lucis), quia in ipso est fortiter commixtum humidum cum sicco,
ita quod non potest resolvi in cinerem. Sed ustibilium quaedam sunt
inflammabilia et quaedam non: omnia enim corpora communia terrae et aquae,
quae non habent multam humiditatem aqueam sed aeream, et sunt exhalabilia,
inflammantur; nam talia exhalabilia exhalant fumum, qui accensus dicitur
flamma. Istorum autem quaedam faciunt per se flammam, sicut ligna, quae
habent siccitatem sufficientem et exhalant fumum. Aliqua vero per se quidem
non faciunt flammam, sed apposita siccis faciunt, sicut oleum, pix et
huiusmodi: et ratio huius est, quia talia unctuosa, licet habeant humiditatem
aeream multam quae est bene inflammabilis, deficiunt tamen in sicco. E converso autem
sunt aliqua quae abundant in sicco, sed deficiunt in humido unctuoso, et ideo
apposito eis unctuoso faciunt flammam meliorem. Sunt etiam quaedam quae sunt
liquabilia et non inflammabilia, sicut metalla: quaedam sunt e converso
inflammabilia et non liquabilia, sicut ligna: aliqua autem patiuntur
utrumque, sicut thus. Causa autem quare ligna sunt inflammabilia, est quia
habent humidum aereum bene diffusum et continuum in toto ligno: hoc autem
humidum est materia ignis. Non sunt autem liquabilia, tum quia coagulata sunt
ab utroque, tum quia liquabilium materia est humidum aqueum, non aereum quod
praedominatur in lignis. Metalla autem non
inflammantur, quia habent humidum aqueum multum quod repugnat igni, et aereum
paucum quod est materia ignis: et propter eandem rationem sunt liquabilia.
Thus autem patitur utrumque: nam ratione humidi aerei inflammatur, ratione
vero humidi aquei quod in ipso est commixtum cum aereo, liquatur.
Universaliter igitur quae sunt sicca, sive terrea sive etiam humida
humiditate aerea, sunt bene inflammabilia; et propter hoc flamma non est
aliud quam spiritus sive fumus ardens: fumus enim est segregatio aerea, et
ideo est materia flammae. Eorum autem quae sunt ustibilia et non sunt
inflammabilia, quaedam sunt carbonabilia: et talia sunt quaecumque habent
plus terrae quam aeris, sive fumi qui est exhalatio aerea, sicut ligna
viridia et ossa. Nam talia ratione sicci terrestris sunt passibilia ab igne,
propter defectum vero humidi aerei non inflammantur. |
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Caput 14 |
Chapitre 14 [ ] |
[91001] Inserta super
Meteora, lib. 4 cap. 14 n. 1 Postquam philosophus
determinavit de qualitatibus activis et passivis secundum se, tam in generali
quam in speciali de singulis speciebus eorum, nunc determinat de eis per
comparationem ad corpora. Et
circa hoc duo facit: primo determinat de qualitatibus passivis; secundo de
qualitatibus activis, ibi: qualia autem calida et cetera. Circa primum duo
facit: primo praemittit quaedam necessaria ad propositum; secundo determinat
de qualitatibus passivis per comparationem ad corpora, ibi: humidorum quidem
igitur et cetera. Quantum ad primum igitur, primum quod reassumit ex
superioribus, est quod corpora sunt in duplici differentia. Quaedam enim sunt
homoeomera sive homogenea: et talia sunt in quibus partes sunt eiusdem rationis
et nominis cum toto, sicut aqua, terra, lignum, lapis, et in animalibus caro,
sanguis et huiusmodi; alia autem sunt anomoeomera sive heterogenea, quae sunt
diversarum rationum in toto et in partibus, sicut animal, homo, facies, manus
et similia: partes enim hominis aut manus non sunt homo aut manus. Et omnia
talia differunt abinvicem qualitatibus passivis, et maxime tangibilibus;
differunt etiam odoribus, saporibus et coloribus et similibus: quamvis istis
qualitatibus magis differant corpora homoeomera quam anomoeomera. Secundum
quod reassumit, est quod causa talium corporum instrumentalis est duplex.
Causa enim instrumentalis ex parte materiae est humidum et siccum: et ex
consequenti causa materialis istorum est aqua et terra, quia aqua est primo
humida, et terra est primo sicca. Causae vero ex parte agentis sunt calidum
et frigidum: quia talia faciunt constare et coagulant talia corpora, et ex
consequenti sunt activa. Et ideo considerandum est qualia sunt corpora
homoeomera, scilicet species terrae et aquae et communes utrique, inquantum
substant talibus qualitatibus. Tertium vero est, quod corporum constantium
alia sunt humida, alia sunt dura, alia mollia. Sed de duro et molli superius
satis dictum est, quomodo scilicet coagulentur: nunc autem restat dicendum de
reliquis. |
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[91002] Inserta super Meteora,
lib. 4 cap. 14 n. 2 Deinde cum dicit: humidorum quidem
igitur etc., prosequitur intentum suum, et determinat de qualitatibus
corporum mixtorum per comparationem ad talia corpora. Primo ergo determinat de qualitatibus
passivis, ostendendo quae corpora sunt magis humida, et quae magis sicca a
praedominio. Et dicit quod omnium corporum mixtorum est triplex diversitas:
nam quaedam sunt humida, ut species aquae: aliqua sunt mollia, sicut caro et
nervus: aliqua autem sunt sicca vel dura, ut ossa. Et istorum ea quae
coagulantur vel ingrossantur, aut coagulantur sive ingrossantur a calido, aut
a frigido, aut ab utroque. Similiter etiam dicendum est de liquefactis
humidorum. Igitur quaedam sunt vaporantia: et talia sunt aquea a praedominio,
nam vapor est humor aqueus resolutus a calido; aut non vaporantia: et talia
sunt communia terrae et aquae, ut lac, aut sunt communia terrae et aeri,
sicut ligna, aut aquae et aeri, sicut oleum. Quae autem ingrossantur a
calido, sunt communia terrae et aquae: nam ingrossatio facta a calido est
separatio humidi superflui, et terminatio humidi derelicti cum sicco
terrestri. Ingrossata vero a frigido sunt terrea a praedominio: nam in
talibus est parva humiditas compressa cum multo sicco terrestri. Quae autem
ingrossantur ab utroque, aut sunt communia terrae et aquae, aut terrae et
aeris, sicut apparet de oleo, melle et dulci vino. Sed dubitatio oritur de
vino. Nam ex ea parte qua evaporat, videtur aqueum a praedominio: ex ea vero
parte qua ingrossatur a calido, videtur terreum a praedominio. Sed dicendum
quod de vino tripliciter loquimur. Nam quoddam vinum est grossum terrestre,
ratione cuius ingrossatur et etiam coagulatur a calido: unde si ponatur ad
fumum vel solem, humido resoluto desiccatur ad modum salis; est etiam
calidum, ratione cuius a frigido coagulari non potest. Et tale est vinum quod
nascitur in Corinthio et apud Arcadas, et est terreum a praedominio. Quoddam
vero est vinum album et debile: et istud est aquae magis. Vina vero nova ante
purificationem, quae faciunt faeces, sunt communia terrae et aquae secundum
magis et minus, sicut musta. Coagulata vero, aut coagulantur a frigido, et
sunt aquea a praedominio, sicut nix, glacies et grando: coagulata vero a
calido sunt terrea, sicut later, caseus et similia: coagulata autem ab
ambobus, sunt communia terrae et aquae; quia coagulata a frigido coagulantur
per solam privationem calidi, et talia sunt aquea: calido coagulantur per
privationem humidi, et sunt terrea: ab ambobus autem coagulata coagulantur
per privationem utriusque, et ideo sunt communia terrae et aquae. Sed
coagulata ab utroque differunt inter se: quia quaedam sunt in quibus totum
humidum exhalavit relicto solo humido continuante, sicut in lapidibus. Et
ista sunt magis terrea et mollificari non possunt, sicut lapides et electrum:
nam et electrum videtur esse huius generis coagulatorum ab utroque; sed
lacrimae, et similia, sicut myrrha, thus, gumma et pori, qui sunt quasi
lapides geniti ex humiditate montium distillante in speluncis, coagulantur
magis per infrigidationem. Quaedam autem sunt a quibus non totum humidum
exhalavit, sed aliquid remansit quod siccum fluere facit: et talia non sunt
totaliter terrea, et mollificari possunt, sicut ferrum et cornu. Liquabilia
vero aut liquantur ab igne, idest a calido: et talia aut sunt aquea a
praedominio, sicut glacies, aut sunt communia terrae et aquae, sicut cera.
Liquata autem ab aqua sunt terrea, sicut sal, liquata ab utroque sunt aut
terrea aut communia, sicut sulphur. Epilogat autem quae dicta sunt de humidis
et coagulatis etc., dicens quod hoc modo, scilicet sicut supra dictum est,
cognoscemus quae istorum sint terrea, et quae sint aquea. Deinde quasi
corollarie concludit ex dictis, quod aurum et argentum, et tam metalla quam
multa alia, quae cito liquescunt ab igne, sunt aquea a praedominio, sicut
urina, vinum et cetera similia: ferrum autem et cornu, et talia quae aut non
liquescunt per ignem, aut non cito liquescunt, sunt terrea magis. Adhuc
legumina, lacrimae, electrum, myrrha et omnia huiusmodi quae mollificantur
per aquam, sunt terrea: sed inter ipsa aliqua sunt magis terrea, aliqua
minus, et quae sunt magis terrea, sunt exhalabilia, quae autem minus, sunt
mollificabilia. Et universaliter sunt terrea omnia, quae non coagulantur a
frigido. Sanguis vero, et ea quae liquefiunt humido et coagulantur frigido,
ut semen animalis, sunt communia terrae et aquae; sed aliqua ipsorum sunt
magis terrea, aliqua magis aquea: quae enim habent vias, idest poros, intra
se sunt magis terrea, sed tamen habent multum de aqua, et ideo coagulantur,
sive ingrossantur a frigido, sicut sanguis. Quae autem non habent vias, sunt
magis aquea, sicut semen: quod tamen non coagulatur a frigido, propter
viscositatem continentem humidum ne exeat. |
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Caput 15 |
Chapitre 15 [ ] |
[91003] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 15 Determinat de qualitatibus
activis per comparationem similiter ad corpora, ostendens quae sint calida et
quae frigida a praedominio. Et dicit quod omnia quae sunt aquea a
praedominio, sunt universaliter frigida, nisi recipiant caliditatem aliunde:
sicut urina, quae recipit caliditatem a digerente caliditate, lixivium, quod
recipit caliditatem a cineribus calidis per quos colatur, et vinum ab aere
calido circumstante. Terrea
autem universaliter sunt calidiora, sicut calx et cinis. Non est autem
intelligendum, quod terrea sint calida ab intrinseco et secundum naturam
suam, quia ratione materiae, scilicet tam terrae quam aquae, omnia mixta sunt
frigida; quia materia mixtorum sunt humidum et siccum, sicut supra dictum
est: humidum autem attribuitur aquae, quae est frigida et humida, siccum vero
terrae, quae est frigida et sicca; et ita semper materia mixtorum est
frigida, sive sit terra, sive aqua. Sed terra dicitur calidior aqua: tum quia
frigidum convenit aquae per se primo, terrae autem per participationem: tum
quia utrumque ipsorum recipit alienam caliditatem, sed aqua non ita cito
transmutatur ab igne sicut terra, quia terra convenit cum igne in siccitate,
aqua vero in nullo, et quia aqua est rarior terra, ideo calorem non recipit
in cumulo nec receptum sic fortiter tenet, ut terra; et propter hoc
universaliter omnia aquea et humida sunt minus calida quam sicca et terrea.
Licet autem terra et aqua, sicut dictum est, ex natura sua sint frigida,
tamen in omnibus tam terreis a praedominio quam aqueis est recepta aliqua
caliditas extrinseca. In cuius signum in talibus generantur animalia ex
putrefactione, quorum generatio non posset esse, nisi in tali materia esset
recepta aliqua caliditas particularis coagens, et simul disponens materiam ad
influxum caelestem, qui est universale generans talia animalia. Quaedam autem terrea
vel aquea sunt sine putrefactione, ut metalla, et ideo in his non generantur
animalia. Quae autem sunt communia terrae et aquae, sunt calida: quia talia
coagulantur a calido separante humidum, terminando humidum cum reliquo sicco;
et ideo talia quandiu retinent mixtam naturam a generantibus data, sunt
calida. Corrupta vero et perdentia naturam sunt frigida magis, praesertim cum
perditur natura nobilior et acquiritur forma ignobilior, sicut in mortuis
hominibus apparet; et non solum perdentia naturam, sed etiam separata a
proprio loco naturali sunt frigidiora, sicut semen, sanguis et lac, quando
sunt extra propria loca. Et rationem huius reddit, quia talia per
corruptionem revertuntur in naturam elementi praedominantis, scilicet aquae
vel terrae, quae sicut dictum est, sunt frigida. Non autem determinat de
igneis vel aereis, ostendendo utrum sint calida vel frigida, tum primo, quia
fere in omnibus mixtis praedominatur aqua vel terra secundum existentiam vel
quantitatem: licet in aliquibus praedominetur ignis aut aer secundum
virtutem; tum secundo, quia manifestum est, quod talia in quibus
praedominatur ignis vel aer, sunt calida, cum haec duo elementa respectu
aliorum sint activa: calidum vero est maxime activum; propter quod etiam
ignea sunt magis calida quam aerea. |
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Caput
16 |
Chapitre 16 [ ] |
[91004] Inserta super
Meteora, lib. 4 cap. 16 Determinat de homoeomeris,
idest homogeneis corporibus, ostendendo quomodo differant per passiones
determinatas, et magis continuando ea quae determinata sunt ad libros
sequentes. Primo igitur
praemittit duo. Quorum primum est, quod determinando de homoeomeris de facili
cognoscemus reliqua, quia omnia constant ex homoeomeris tanquam ex partibus.
Ipsa autem homoeomera possunt cognosci ex dictis: quia determinatum est a
quibus generentur tanquam ab agente, quia scilicet a calido et frigido, et ex
quibus fiant tanquam ex materia, quia ex humido et sicco, et ex consequenti
ex aqua et terra, quae sunt materia omnium mixtorum. Secundum est, quod
formae homoeomerorum substantiales sunt nobis ignotae: et ex consequenti
talia corpora non sunt nobis cognita, nisi per accidentia praedeterminata,
quia cognitionis quidditativae principium est forma substantialis. Quod autem
tales formae sint nobis ignotae manifestat, quia formae quanto sunt
posteriores in via generationis, tanto magis sunt notae: sicut anima quae est
ultima in via generationis et est principium diversarum operationum, est nota
valde, et ideo discernimus inter animalia viva et mortua; sed forma carnis
non est sic nobis nota, et ideo non ita bene discernimus inter carnem vivam
et mortuam: adhuc etiam formae ignis et aeris sunt nobis minus notae. Quod
autem ita sit, dupliciter probat. Primo, quia materia quae de se est pura
potentia, non est cognoscibilis nisi per analogiam ad formam, forma vero quae
est actus et perfectio, est cognoscibilis per se: formae igitur intermediae
quanto sunt remotiores a materia et propinquiores ultimae formae, tanto magis
sunt notae; sed formae homoeomerorum sunt propinquae materiae et elementis;
igitur sunt minus notae. Secundo, omne corpus quod generatur ex materia,
habet aliquam formam per quam determinatur ad speciem, et talis forma
cognoscitur per propriam operationem: quia unumquodque tunc vere dicimus esse
tale, quando potest facere proprium opus illius, sicut vere dicimus esse
oculum cum videt, eum autem qui non videt, sicut oculus lapideus aut mortuus,
non vocamus oculum nisi aequivoce et metaphorice, ut serra lapidea vel lignea
quae non potest secare, est serra aequivoce; operationes autem animae sunt
nobis magis notae quam operationes carnis vel ignis, et operationes plantarum
sunt magis cognitae quam operationes inanimatorum, ut metallorum et aliorum
homoeomerorum: quia omnia habent aliquam formam et virtutem, sed non
cognoscimus recte rationem et formam ipsorum, quia operatio earum est nobis
incognita. Ex hoc sequitur, quod omnis nostra cognitio quam habemus de formis
substantialibus, est per operationem sive per alia accidentia et figuras, et
ideo discernimus inter hominem mortuum et vivum; non autem discernimus ita bene
inter carnem vivam et mortuam, quia operatio eius non est cognita, et figura
videtur esse eadem: cuius autem operatio est incognita, illud non cognoscitur
nisi per figuram, sicut antiquorum mortuorum corpora quae sunt redacta in
cinerem, non cognoscimus nisi per aliquam figuram. Concludit igitur quod
homoeomera, idest corpora quae habent partes eiusdem rationis cum toto, sicut
caro, nervus, pili, fiunt tanquam ab agente, scilicet instrumentali, a
caliditate et frigiditate per motum factum ab ipsis, tanquam ex materia fiunt
ex humido et sicco, et differunt inter se per praedeterminatas passiones,
scilicet duritie, mollitie, tractione, comminutione etc.: et ex hac oportet
ea cognoscere quale sit unumquodque, ex talibus praedeterminatis, postquam
forma substantialis est nobis incognita. Sed corpora dissimilium partium, ut
facies, manus, non differunt per tales qualitates nisi ratione eorum ex
quibus componuntur, sicut phialae vel arcae non est causa calidum vel
frigidum, nisi inquantum sunt causa argenti vel ligni ex quibus talia
componuntur: sed differunt formis naturalibus existentibus in eis, sicut
artificialia differunt formis artis, licet materia eorum, ut metalla,
differant passionibus istis. Deinde epilogat, dicens quod isto modo
cognoscimus quid sint homoeomera, quia tunc cognoscimus aliquid, cum
cognoscimus causam materialem eius vel formalem, et melius cum cognoscimus
utramque. Maxime autem cognoscimus aliquid, cum cognoscimus omnes eius
causas, quia perfecta cognitio habetur de rebus per omnes causas earum. Cum
autem cognoscimus homogenea, quae sunt partes aliorum, considerandum erit de
aliis, ut de animalibus et plantis, quae constituuntur ex his partibus. |
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