PSAUME CXXXIII

EXPLICATION DU PSAUME CXXXIII. « MAINTENANT DONC BÉNISSEZ LE SEIGNEUR, VOUS TOUS QUI ÊTES LES SERVITEURS DU SEIGNEUR, VOUS QUI VOUS TENEZ DANS LA MAISON DU SEIGNEUR. »

 

ANALYSE.

 

Quelle grande sainteté est requise pour la réception de la sainte Eucharistie. La nuit ne doit pas être employée tout entière à dormir. Les chrétiens peuvent honorer Dieu partout.

 

Ici le Psalmiste termine les psaumes des degrés, et pour les couronner dignement, il conclut par la louange et la bénédiction. Il veut que l'on se montre serviteurs du Seigneur non-seulement par la croyance aux dogmes, mais aussi par la pratique des vertus, c'est ce qu'il fait entendre lorsqu'il ajoute : « Vous qui demeurez dans la maison du Seigneur, dans les parvis de la maison de notre Dieu. » Car à celui qui est impur et profane , il n'est pas permis de franchir même le seuil de l'enceinte sacrée. En sorte que quiconque est digne d'entrer, est digne aussi de chanter les louanges. La maison de Dieu est comme le ciel, et non moins que le ciel , la maison de Dieu est fermée à toute puissance ennemie.

Considère, ô homme , quelle est ta dignité, et puisque tu es devenu toi-même un temple, quelle pureté tu ne devrais pas présenter ? Et en quoi consiste cette pureté? à rejeter toute pensée mauvaise, à rendre la forteresse de ton coeur inaccessible aux forces diaboliques, à demeurer comme dans un inviolable sanctuaire, tout occupé d'orner ton coeur. Dans le temple juif, tout lieu n'était pas accessible à tout homme, mais il y avait plusieurs enceintes différentes: une pour les prosélytes , une pour les Juifs d'origine, une pour les prêtres, une pour le grand-prêtre , et encore dans laquelle celui-ci n'entrait pas tous les jours, mais seulement une fuis l'année; s'il en était ainsi pour ce temple matériel, quelle sainteté ne te faut-il pas à toi dépositaire de sacrements bien plus granas que les symboles que renfermait le Saint des saints ! Tu as pour résider en toi non les chérubins , mais le Maître même des chérubins; ni l'urne d'or , ni la manne, ni les tables de pierre, ni la verge d'Aaron, mais le corps et le sana du Seigneur, et au lieu de la lettre, l'esprit, et une grâce surpassant toute pensée humaine, un don inénarrable. Plus sont, grands les sacrements , et redoutables les mystères dont tu as été honoré, plus doit l'être aussi la sainteté exigée de toi , et plus le sera certainement ta punition si tu transgresses les commandements. — « Durant les nuits, élevez vos mains vers le sanctuaire (2). » Une autre version: « Saintement; » une autre : « d'une manière sainte et bénissez le Seigneur. »

Pourquoi dit-il: « Durant les nuits? » Pour nous apprendre à ne pas donner toute la nuit au sommeil , et pour nous faire entendre que (215) les prières sont plus pures, alors que l'esprit est plus prompt, et le repos plus profond. S'il est recommandé de venir dans le sanctuaire jusque pendant la nuit, songez quelle sera l'excuse de celui qui durant ce temps ne prie pas même dans sa maison. Le Prophète veut que vous quittiez votre couche, que vous vous renfliez au temple, que vous y passiez la nuit en prière, et vous, vous ne priez pas même en ressaut dans l'intérieur de votre maison. « Saintement; » est bien dit, cela nous montre qu'il faut prier sans aucune mauvaise pensée dans l'esprit , pensée de rancune , pensée d'avarice, pensée d'un péché quelconque de nature à donner la mort à l'âme. — « Et bénissez le Seigneur. » La bénédiction parfaite est celle qui résulte de la parfaite harmonie des paroles et de la vie ; elle demande que vous glorifiez aussi par vos actions le Dieu qui vous a créés, selon cette parole de l'évangile: « Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos belles actions et qu'ils glorifient votre Père qui est aux cieux. » (Matth. V, 16.) —  « Qu'il vous bénisse de Sion, le Seigneur qui a créé le ciel et la terre (3).»

C'est-à-dire si vous faites ces choses, vous obtiendrez en retour la bénédiction de Dieu, c'est-à-dire si vous vous levez la nuit, si vous priez saintement, si vous êtes digne d'entrer dans la maison du Seigneur, si vous faites en sorte d'être vous-mêmes des temples convenables. Avant donc exhorté comme il fallait, le Psalmiste clot son discours par une prière. C'est le propre d'un excellent maître de redresser le disciple par le conseil et de le fortifier ensuite par la prière. Que veut-il montrer en disant : « De Sion ? » C'était un nom agréable à entendre pour les Israélites, c'était le lieu exclusif où s'accomplissaient tous les rites sacrés. C'est pourquoi le Prophète souhaite à ses compatriotes de recouvrer leur premier état religieux, ainsi que la pratique de leurs cérémonies saintes, afin d'obtenir par là les bénédictions de Dieu. Puis pour les élever à des dogmes plus hauts et leur apprendre que Dieu est partout, que c'est pour condescendre à leur faiblesse qu'il a décrété la construction du temple, mais qu'il convient de l'invoquer partout, le Psalmiste a ajouté : «Qui a créé le ciel et la terre. »

Dans ce temps-là c'était à Sion que les fidèles invoquaient Dieu, nous, nous l'honorons en tout lieu, en tout endroit, à la maison, sur la place publique, dans la solitude, en vaisseau, dans les hôtelleries, partout. Rien de ce qui est du lieu n'empêche la prière, pourvu que la manière de vivre soit convenable à la prière. Réalisons cette condition, et invoquons Dieu partout, et il viendra, et il nous secourra, et tout ce qui sera difficile il nous le rendra aisé et facile, et il daignera nous mettre en possession de., biens éternels, à la jouissance desquels puissions-nous tous parvenir, par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l'empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles! Ainsi soit-il.

 

 

 

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