PSAUME XLVIII

EXPLICATION SUR LE PSAUME XLVIII. 1. POUR LA FIN, AUX ENFANTS DE CORÉ. — SUIVANT UN AUTRE : CHANT DE TRIOMPHE. — 2. PEUPLES, ÉCOUTEZ TOUTES CES CHOSES. — UN AUTRE : ÉCOUTEZ CECI. PRÊTEZ L'OREILLE, VOUS TOUS QUI HABITEZ LA TERRE. — UN AUTRE : L'OCCIDENT. ON LIT DANS LE TEXTE HÉBREU, OLD. — 3. ET CEUX QUI SONT NÉS DE LA TERRE ET CEUX QUI SONT FILS DES HOMMES. — UN AUTRE : ET L'HUMANITÉ, ET EN OUTRE LES FILS DE CHAQUE HOMME, LE RICHE EN MÊME TEMPS QUE LE PAUVRE. UN AUTRE : (LE RICHE ET LE PAUVRE) ENSEMBLE.

 

ANALYSE.

 

1. Ls Prophète adresse son enseignement à tous les hommes sans distinction aucune.

2. Versets 4 et 5. — Ce n'est pas de lui-même, mais de Dieu que le Prophète tire l'enseignement qu'il va publier.

3. L'obscurité de l'Eeriture excite l'attention du lecteur. — R est nécessaire de discerner ce qui est à craindre de ce qui ne l'est pas : le péché seul est terrible et à craindre.

4. Qui craint le péché ne craint rien autre chose. — Versets 7-9.

5. Prières des saints. — Dignité de l'âme. —Nécessité des oeuvres- La mort ne détruit pas la substance. — Résurrection universelle.

6. Faste inutile des tombeaux. — La vertu procure l'immortalité. — Le pêcheur Pierre s'est emparé de Rome.

7 et 8. Que la nature de l'homme est glorieuse. — Dignité de l'âme. — L'homme comparé aux brutes.

9. Ce qu'il faut entendre par ces mots : l'âme périra. — Châtiment des avares.

10. Que la vertu est libre et le vice esclave. — Le luxe des monuments accuse les morts.

11. Les puissants de ce monde ne sont pas à craindre. — La vertu est la gloire de l'homme.

 

1. Le Prophète va nous révéler d'importants secrets. Car il n'aurait pas convoqué les hommes, de tous les points de la terre, pour venir l'entendre, il ne les aurait pas invités à venir s'asseoir comme dans un théâtre, s'il n'avait à nous raconter quelque chose de grand, d'éclatant, quelque nouvelle digne d'une si vaste assemblée. Car il ne parle plus comme s'il ne voulait prophétiser que pour les Juifs, pour les habitants de la Palestine. On dirait un apôtre, un évangéliste qui adresse ses paroles à tout le genre humain. La loi ne formait qu'un peuple, dans un coin reculé de la terre, mais la parole évangélique a retenti de la Judée sur toute la surface du globe, elle s'est étendue, et a parcouru autant de pays que le soleil en éclaire. La première était comme une institution d'enfants, un règlement élémentaire, un ministère de condamnation et de mort: la seconde n'est que grâce et que paix. Puisqu'il a convoqué tout le genre humain pour l'écouter, approchons, nous aussi, et voyons ce que veut nous dire le Psalmiste, qui préside cette immense réunion de tout le genre humain: As-tu invité tous les hommes à venir, sans te préoccuper de savoir s'il y en a parmi eux qui soient d'origine étrangère, s'il y en a d'instruits, s'il y en a d'ignorants? — Oui, tous. Et c'est pour cela qu'il a dit dès le début : « Peuples, écoutez tous, » et qu'il ai nsisté encore en ces termes: « et ceux qui sont nés de la terre, et ceux qui sont fils des hommes; » adressant son appel à l'humanité tout entière. Oh ! quel enseignement ! Comme il est fait pour tous, commun à (69) tous ! Aussi ce n'est pas un simple appel fait à tous les hommes, il les invite encore à écouter ses paroles avec beaucoup de zèle et de recueillement. Car il ne s'est pas contenté de dire

« Peuples, écoutez toutes ces choses : Prêtez « l'oreille, » ajoute-t-il. Or, prêter l'oreille, ce n'est pas autre chose que d'écouter avec recueillement, et avec une attention soutenue. Car prêter l'oreille se dit spécialement de ceux qui se parlent à l'oreille, et font grande attention, l'un à ce qu'il dit, l'autre à ce qu'il entend « Prêtez l'oreille , vous tous qui habitez la « terre, » et s'il y en a parmi vous qui ne sont pas comptés au rang des nations, qui vivent pêle-mêle ou dispersés par tribus comme les nomades, ceux-là aussi je les convoque pour venir entendre mes paroles.

Voyez comme l'orateur est habile. Tout d'abord il éveille l'attention des auditeurs, et les tient en suspens par cet appel en masse. Après quoi il les humilie afin de prévenir le sentiment d'orgueil qui pourrait s'élever chez eux, à la vue de leur grand nombre. Voilà surtout les auditeurs qu'il faut à celui qui va parler le langage de la sagesse, des auditeurs contrits et humiliés, dépourvus d'orgueil et d'arrogance. Comment donc a-t-il rabattu leur orgueil? en leur rappelant ce qu'ils sont. Car après avoir dit « Peuples, » il ajoute : « et ceux qui sont nés de la terre, et ceux qui « sont les fils des hommes, » nommant ainsi la substance de laquelle nous tirons notre origine, rappelant que la terre est notre mère commune à tous. Pourquoi cette expression « ceux qui sont les fils des hommes? » Après avoir prononcé ces mots « ceux qui sont nés « de la terre, » il ajoute « et ceux qui sont les « fils des hommes, » afin qu'on n'aille pas croire avec les mythologues païens que les hommes ont pris naissance dans la terre comme les plantes, explication donnée par quelques-uns d'entre eux qui ont imaginé une certaine race d'hommes nés d'une semence jetée en terre. Les hommes sont vos pères, mais eux et vous, vous avez pour origine la terre. « Pourquoi » donc « la terre et la cendre s'enorgueillissent-elles? » (Eccli. X, 9.) Songe à ta mère, et humilie-toi, foule aux pieds ton arrogance; « Songe que tu es terre et que tu retourneras en terre (Gen. III, 19), » et rejette tout sentiment d'orgueil. Voilà l'auditeur qu'il me faut. Je te soumets à cette préparation, afin de te rendre propre à recevoir mes paroles. « Le riche en même temps que le pauvre. » Voyez combien l'Eglise est généreuse ! Comment en effet ne serait-elle pas généreuse elle qui admet ses auditeurs sans distinction de rang, qui donne tous ses enseignements avec une égale libéralité, qui fait asseoir à la même table et le riche et le pauvre? Le Prophète, en disant que nous sommes nés de ta terre et que nous sommes fils des hommes, signale l'unité de notre race, et de plus, fait ressortir que nous sommes tous de même nature. S'il fait intervenir cette différence, et cette inégalité qui résultent de nos conditions, c'est pour dire qu'il l'exclut, puisqu'il nous convoque tous sans exception, car tous sans exception nous sommes de même nature. Je vous convoque tous indistinctement, parce que nous sommes tous citoyens d'une même patrie qui est la terre habitée. (Act. XVII, 26.) Mais vous songez encore à la différence que mettent entre les hommes la richesse et la pauvreté, et vous faites intervenir l'inégalité. Eh bien ! je ne veux pas non plus de cela. On ne me verra pas admettre les riches et rebuter les pauvres, ou bien appeler les pauvres et repousser les riches. Loin de là ! qu'ils viennent les uns et les autres; et je ne dis pas seulement les uns et les autres, faisant entre ceuxci les premiers, et ceux-là les derniers, ou bien au contraire faisant entrer ceux-ci les derniers et ceux-là les premiers; non, non, qu'ils viennent en même temps. Qu'il n'y ait de distinction ni dans l'assemblée, ni dans mon langage, ni dans l'auditoire. Quoique riche tu es sorti de la même argile que le pauvre, tu es venu au monde de la même manière, tu as la même origine. Tu es fils d'un homme, et lui aussi.

2. Puisque vous êtes égaux sur les points essentiels, et qu'il n'est pas dû plus d'honneurs à l'un qu'à l'autre, pourquoi t'enfler de je ne sais quelle vaine et chimérique supériorité, pourquoi diviser ce qui est commun, d'après des distinctions qui ne reposent sur rien ? Tout est commun entre vous : nature, origine, parenté. Pourquoi donc ces costumes destinés à marquer la distinction des rangs? Voilà ce que je ne tolère pas. C'est pour cela que je t'appelle avec le pauvre en disant : « le riche en même temps que le pauvre. » Pour toute autre chose on ne saurait voir réunis le riche et le pauvre : on ne les voit ensemble, ni dans les tribunaux, ni dans la cour des rois, ni sur (70) les places publiques, ni dans les banquets : à l'un les honneurs, à l'autre le mépris; à l'un pleine liberté de parole, à l'autre la réserve timide, « car la sagesse du pauvre est comptée pour rien, et ses discours ne sont pas écoutés. » (Ecclé. IX, 16.) Le riche parle, et on l'approuve : le pauvre ouvre la bouche, et on ne lui permet pas de parler. Mais ici il n'en est pas de même. Je ne tolère pas dans l’Eglise ces folles prétentions, mon enseignement est commun à tous.

Voyez l'habileté du Prophète, comment, avant même de commencer sa harangue, il fait pressentir par son seul appel, la vaste étendue de ses enseignements. Car en appelant tous les hommes ensemble, il ne permet ni à l'un de s'enorgueillir, ni à l'autre de s'humilier, mais il leur montre que la richesse n'est pas plus un bien que la pauvreté n'est un mal, mais que ce sont des accessoires empruntés au monde extérieur. Et que m'importe que tu sois ceci ou cela. Je ne vois pas que toi, riche, tu aies plus que le pauvre, et que le pauvre ait moins que toi. Mais peut-être dira-t-on. Et toi qui n'es qu'un homme et qui participes de la, même nature que nous, d'où vient que tu as de toi une si bonne opinion que. tu.t'imagines être capable d'instruire toute, la terre, et que tu appelles à toi tous les hommes des extrémités de ta terre ? Tes paroles sont-elles donc dignes d'une telle assemblée? — Oui, répond-il. Car après avoir convoqué tous les hommes, écoutez ce qu'il dit pour qu'on ajoute foi à ses paroles : « Ma bouche proférera des paroles de Sagesse, et la méditation de mon cœur des paroles de prudence (4). » Un autre: « et mon cœur fredonnera des paroles de prudence, » ce que le texte hébreu rend par « ovagith. » Voyez-vous comme son discours va droit au but? Je ne parlerai ni des richesses, dit-il, ni des dignités, ni de la puissance, ni de la force du corps, ni d'aucune autre chose périssable c'est de la sagesse que je vais parler, j'en parlerai consciencieusement, et non pas à la légère, en homme qui ne la connaît que d'hier. « Je prêterai l'oreille pour entendre la parabole (5). » Un autre: «Je prêterai l'oreille à la parabole, » ce que le texte hébreu rend par « Lamasal. Je découvrirai sur la harpe ce que j'ai à proposer. » Un autre : « l'énigme que j'ai à proposer; — Idathei, » en hébreu.

Comment relier ces phrases aux précédentes? Ce n'est plus un maître, c'est un disciple que je vois. Tu nous as appelés, ô Prophète, pour nous faire entendre d'utiles leçons, et après que nous sommes tous arrivés, que nous sommes tous réunis, après nous avoir prévenus que tu allais prononcer de sages paroles, voilà que tu quittes, sans avoir rien dit encore, le rôle de maître pour celui de disciple. — N'a-t-il pas dit en effet : « Je prêterai l'oreille pour entendre la parabole ? » Pourquoi cela? — Pourquoi? parce qu'il est vraiment habile, et qu'il veut mettre de la suite entre ses paroles. Après avoir dit: « Je proférerai des paroles de sagesse, » afin qu'on ne croie pas que ses paroles sont simplement celles d'un homme, et : « la méditation de mon cœur des paroles de prudence, » afin qu'on ne le soupçonne pas d'avoir inventé ce qu'il veut avancer, il montre par ces réflexions que ses paroles viennent de Dieu, qu'il ne dit rien qui lui appartienne en propre, et qu'il ne fait que répéter ce qu'il a entendu dire. J'ai prêté l'oreille, dit-il, aux paroles de Dieu, je les ai entendues, et je ne fais que vous révéler la communication qui m'est venue d'en-haut. Ce qui faisait dire à Isaïe : « Le Seigneur me donne une langue savante quand je dois parler: de plus il m'a donné des oreilles capables de l'entendre. » (Isaïe, L, 4. ) Paul à son tour a dit: « La foi vient de ce qu'on a ouï; et on a ouï parce que la parole de Jésus-Christ a été prêchée. » (Rom. X, 17.) Vous le voyez, il a été disciple avant d'enseigner. Aussi un autre interprète a-t-il dit: « et mon cœur fredonnera. » Que signifie ce mot fredonnera ? Il chantera, il récitera un psaume inspiré par le Saint-Esprit. S'il parle de méditation, n'en soyez pas troublé: il a constamment médité et repassé en lui-même les paroles de l'Esprit-Saint, et ce n'est qu'après cela qu'il les a communiquées aux autres hommes. Pourquoi parle-t-il de parabole? Voilà un mot qui a bien des significations. La parabole est une causerie, un exemple, un reproche, comme quand on dit: « Tu nous as fait devenir la fable des nations, et les a peuples secouent la tête en nous regardant. » (Ps. XLIII, 15. ) La parabole est encore un discours énigmatique, ce que beaucoup appellent une question à deviner, qui contient bien un sens, mais dont les paroles sont obscures et renferment une pensée cachée, comme lorsque Samson dit : « La nourriture est sortie de celui qui mangeait, et la douceur est sortie du fort (Juges, XIV, 14) , » et Salomon : « Il (71) pénétrera les paraboles et leur sens mystérieux. » (Proverb. I, 6. ) La comparaison s'appelle aussi parabole : « Il leur proposa une autre parabole, en disant : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait « semé de bon grain dans son champ. » (Matth. XIII, 214. ) On dit aussi qu'il y a parabole quand on parle par figures : « Fils de l'homme, dis-leur cette parabole : un grand aigle à la vaste envergure. » (Ezéch. XVI, 1, 3. ) Par l'aigle c'est le roi qu'on désigne. La parabole est encore une figure et une image comme le montre saint Paul par ces paroles : «C'est par la foi qu'Abraham offrit Isaac, lorsque Dieu le voulut tenter; car c'était son fils unique qu'il offrait, celui qui avait reçu les promesses de Dieu. C'est pourquoi il le recouvra en parabole (Héb. XI, 17,19 ), » c'est-à-dire en figure et en image (de la résurrection).

3. Que vient donc faire ici la parabole? Il me parait bon de vous l'expliquer. Si le Prophète se sert d'un langage énigmatique et difficile à entendre, n'en soyez pas troublés : il agit ainsi pour éveiller l'auditeur, car souvent une trop grande facilité énerve l'attention, et voilà pourquoi il parle par paraboles. D'ailleurs le Christ parlait souvent par paraboles, puis il les expliquait à ses disciples quand il était seul avec eux. La parabole sert à faire distinguer celui qui est digne de celui qui ne l'est pas celui qui est digne en effet cherche à trouver le sens des paroles qu'on lui adresse, celui qui est indigne passe à côté et les néglige. C'est ce qui arrivait alors. Les difficultés que contenaient les paraboles imaginées par le Christ ne réveillaient pas l'esprit des Juifs, et ne les amenaient pas à lui faire des questions, tellement ils écoutaient peu ce qu'il leur disait. Cependant il y a de quoi éveiller l'esprit de recherche, là où l'on peut distinguer une esquisse. C'est ce que faisait alors Jésus-Christ, et il parlait par paraboles, pour exciter les Juifs et les réveiller de leur engourdissement et de leur assoupissement; mais ils n'en étaient pas plus attentifs, tandis que ses disciples s'attachaient à lui quoiqu'ils ne comprissent pas, et restaient à ses côtés précisément parce qu'ils ne comprenaient pas. Aussi, quand il était seul avec eux, leur expliquait-il ses paraboles. Voilà ce qui fait dire au Psalmiste : « Je prêterai l'oreille pour entendre la parabole ; je découvrirai sur la harpe ce que j'ai à proposer. » Ce qu'il veut proposer est une question obscure et énigmatique, c'est ainsi qu'il dit ailleurs : « Je vous parlerai en énigmes de ce qui s'est fait depuis la création du monde.» (Psal. LXXVII, 2. ) Voilà pourquoi il annonce qu'il proférera des paroles de sagesse, car il est plein de confiance dans la révélation divine; voilà pourquoi il dit : « Je découvrirai sur la harpe ce que j'ai à vous proposer,» afin de montrer que sa doctrine lui a été inspirée par le Saint-Esprit, et qu'elle lui vient d'en-haut, et voilà pourquoi il présente ses conseils sous forme de chant, afin de donner plus de douceur à ses paroles.

Voyez-vous quel est son exorde ? Il a convoqué toute la terre , il a exclu l'inégalité qui règne ici-bas, il nous a fait ressouvenir de notre nature, il a rabattu notre orgueil, il a promis de dire quelque chose des grand et de généreux, il a déclaré que ses paroles ne lui appartenaient point, qu'il n'était que l’écho de Celui qui règne dans les cieux, il nous a fait entendre que son langage serait très-obscur, afin de nous rendre plus attentifs : il a promis de ne nous enseigner que des principes de sagesse inspirés par le Saint-Esprit, et qu'il n'avait cessé de méditer. Ecoutons-le donc, et ne soyons pas inattentifs. Car si sa parole est sage, qu'il s'agisse de parabole ou de question à deviner, il faut que notre intelligence se tienne en éveil. Quel est donc ce conseil, quelle est cette question, quelle est cette parabole, quelle est cette sagesse qui lui vient d'en-haut? « Quel sujet aurai-je de craindre au jour mauvais? « (6). » Un autre: « aux jours du méchant, » ce que le syriaque, rend parce mot « Rha. Ce sera si je me trouve enveloppé dans l’iniquité de mon talon. » Un autre : « de mes pas. » Ce que le texte hébreu rend par « Aon acoubbei isoubboundi. » Voyez-vous comme il présente sa question, son exigence, combien son langage est obscur et mystérieux? Mais, si vous le voulez bien, sachons d'abord ce qu'il entend par ce jour mauvais. Que désigne ordinairement l'Ecriture par ce jour mauvais? Elle désigne le jour des malheurs, le jour des châtiments, le jour des épreuves. C'est aussi ce que le Psalmiste dit ailleurs : « Heureux celui qui a l'intelligence du pauvre et de l'indigent ! Dieu le sauvera au jour mauvais.» (Ps. XL, 1.) Le jour mauvais, c'est ce jour terrible, redoutable, ou on fera le compte des péchés. Avez-vous vu d'abord les limites  précises posées par cette philosophie venue (72) d'en-haut, comme la parole du Prophète définit heureusement ce qui doit exciter la crainte, ce qui mérite condamnation? Si l'on ne fait pas cette distinction essentielle, on est réduit à errer comme dans une obscurité profonde, et dans un véritable chaos.

Faute de distinguer ce qu'il faut craindre et ce qu'il faut mépriser, notre vie sera exposée à bien des erreurs et à bien des dangers. Car s'il est d'une souveraine démence de craindre ce qui n'est pas redoutable , il en est de même quand on se rit de ce qu'il faut craindre. Les hommes diffèrent des enfants en ce que ceux-ci, à cause de l'imperfection de leur intelligence , ont peur des masques et des hommes qui s'affublent d'un sac, tandis qu'ils s'imaginent que ce n'est rien d'insulter son père ou sa mère ; ils mettent les pieds dans le feu et sur les lampes allumées, et craignent certains bruits qui n'ont rien de redoutable, toutes choses qui ne font même pas tourner la tête à un homme. C'est donc parce qu'il y a beaucoup d'hommes qui ont moins de bon sens que les enfants, que le Prophète fait cette distinction, et qu'il nous dit ce que nous devons craindre. Il ne veut point parler de ce qui paraît redoutable au vulgaire, c’est-à-dire de la pauvreté , de l’humilité, de la maladie, choses que la plupart trouvent non-seulement redoutables, mais encore pesantes et intolérables, il ne parle de rien de tout cela, c'est le péché seul qu'il désigne. Tel est le sens de ces mots : « Je me trouverai enveloppé dans l'iniquité de mon talon. » Tel est le sens de cette parole énigmatique, de cette figure neuve et singulière. Car ce doit être bien neuf et bien singulier pour le vulgaire que de dire qu'il ne faut rien craindre de ce qui attriste là vie d'ici-bas. Que craindrai-je donc, dit-il, dans le jour mauvais ? Une seule chose, c'est que je ne sois enveloppé dans l'iniquité de ma voie et de ma vie. Car l'Ecriture, par le talon, désigne la tromperie. « Celui qui mangeait mon pain, dit-elle, a levé le talon contre moi.» Esaü dit de Jacob : « Voilà la seconde fois qu'il me supplante comme avec le talon. » (Gen. XXVII, 36.) Tel est le péché, il est trompeur et sait s'emparer des hommes. Voilà ce que je crains, dit le Psalmiste, le péché qui me trompe, qui m'enveloppe.

4. C'est pourquoi saint Paul appelle le péché (Hébr. XII, 1) d'un nom qui signifie qu'il nous entoure constamment, aisément, facilement. Dans les tribunaux d'ici-bas les hommes redoutent bien des choses, l'influence de la richesse, la puissance des grands, l'insulte, la fraude. Là rien de pareil : le péché seul est à redouter, car il enveloppe de tous côtés ceux dont il s'empare, et sa puissance est plus irrésistible que celle des armées. Il faut donc tout faire pour ne pas nous laisser envelopper par lui. Quand nous voyons qu'il veut nous circonvenir, il faut éviter de lui donner prise, comme font les bons soldats. S'il nous a saisis, il faut le combattre sans hésiter, ce que fit David qui brisa sa puissance par la force de son repentir. (II Rois, XII, 13.) Il avait été enveloppé par lui , mais il sut lui échapper promptement. Celui qui a cette crainte, ne craindra jamais autre chose : il se rira des biens de la vie présente, méprisera les ennuis qu'elle recèle et ne laissera son âme accessible qu'à la crainte du péché. Il n'y a plus rien, rien de redoutable pour celui qui possède cette crainte, pas même la mort; ce résumé de toutes les épouvantes : il ne craindra que le péché. Comment cela ? Parce que c'est le péché qui nous livre à la géhenne, qui nous envoie subir lès peines éternelles. Si au contraire nous le combattons avec succès, ce triomphe amène toutes les vertus à sa suite. Songez combien il est beau de ne pas s'enorgueillir de ses avantages, de n'être pas humilié de ses malheurs, de ne tenir aucun compte des choses présentes, de ne regarder que l'avenir, d'attendre le grand jour et de vivre avec cette crainte. Ce sera un ange qu'un tel homme , qui n'aura craint que le péché, sans se préoccuper du reste. Car il ne craindra rien autre chose, s'il craint seulement ce qu'il faut craindre ; au contraire celui qui n'éprouvera pas cette crainte-là , sera exposé à bien des dangers redoutables. « Ceux qui mettent leur confiance dans leurs propres forces, et qui se glorifient de la grandeur de leurs richesses. » Un autre : « Ceux qui se vantent (7). Le frère ne rachètera pas «son frère, l'homme ne rachètera pas l'homme, il ne pourra se rendre Dieu favorable (8), ni payer la rançon de son âme (9). »

Mais où est la suite des idées ? dira-t-on. Ces idées ont beaucoup de suite, une suite non interrompue, elles se rattachent étroitement à ce qui précède. Comme le Prophète parle du tribunal suprême, du compte redoutable qu'il faudra rendre de ses actions, de la justice incorruptible de Dieu, et que, dans les tribunaux (73) d'ici-bas, on a bien souvent corrompu la justice, acheté les juges, échappé au. châtiment, il proclame bien haut que la justice divine est incorruptible; en ajoutant ces paroles, il augmente la crainte dont il nous parlait d'abord, et il montre par là qu'il avait raison de dire que nous n'avons à craindre que le péché, et pas autre chose. Là, il n'est pas possible de corrompre la justice à prix d'argent, ni de s'arracher aux tourments de la géhenne en prodiguant les Présents; il n'y a plus ni protection, ni plaidoirie, ni rien de semblable qui puisse nous sauver. Soyez riche, soyez puissant, soyez connu, tout cela est vain et inutile. Là, chacun est puni ou couronné selon ses actes. Le riche qui vivait du temps de Lazare était bien riche, à quoi lui a servi sa richesse? (Luc, XVI.) Les vierges folles étaient connues des vierges sages (Matth. XXV), eh bien ! ces relations ne leur ont été d'aucune utilité; là, en effet, on ne demande qu'une chose. Vous donc, dit le Prophète, qui êtes fiers de votre richesse, qui êtes puissants, vous vous enorgueillissez en pure perte; car rien de tout cela ne vous suivra par devant l'auguste tribunal, ni l'immensité de vos richesses, ni votre puissance. II n'y aura ni alliance de famille, ni parenté, ni rien de pareil qui puisse vous délivrer du danger. Là on ne peut se sauver ni en prodiguant l’argent, ni en achetant la miséricorde de Dieu, ni en payant la rançon de son âme. Que dit donc l'Écriture? « Servez-vous de l'inique Mammon pour vous faire des amis, afin qu'il vous fasse recevoir dans les tentes éternelles. (Luc, XVI, 9.) Quel est le sens de ces paroles? Il n'est nullement contraire, nullement opposé à ce qui précède: loin de là, il s'y rapporte parfaitement. Dans la vie présente, il faut se faire des amis en donnant de l'argent, en dépensant sa fortune pour ceux qui sont dans le besoin. Dans ce passage, l'Évangéliste n'a donc en vue que l'aumône et la libéralité. De sorte que si vous vous en allez dans l'autre monde sans avoir rien fait de tout cela, nul ne vous protégera. Car ce n'est pas l'amitié de ces gens-là qui peut vous protéger, mais bien le fait même d'avoir employé l'inique Mammon à vous procurer des amis. C'est pour cela que l'Évangéliste ajoute ces mots « se servir de l'inique Mammon pour acquérir des amis, » voulant vous faire entendre que vous serez protégé par vos propres actions, par vos aumônes, par votre amour pour vos semblables, par votre empressement à secourir ceux qui sont dans le besoin. Pour preuve que la parenté, que les alliances de famille ne peuvent rien sans les actes, écoutez ce que dit le Prophète. « Quand même Noë, Job et Daniel, se tiendraient là en personne, ils ne délivreraient ni leurs fils, ni leurs filles. » (Ezéch. XIV, 14-18.) Et que parlé-je de la vie future, lorsque l'amitié ne sert de rien, même dans la vie présente ? Combien Samuel n'a-t-il pas pleuré, n'a-t-il pas gémi, sans pouvoir arracher Saül à sa condamnation? Combien Jérémie n'a-t-il pas prié pour les Juifs, et ses prières n'ont pas eu d'autre effet que de lui attirer les reproches du Seigneur? Et pourquoi vous étonner si Jérémie n'a pu rien faire, lui qui avoue que Moise lui-même, s'il eût vécu à cette époque, indurait pas été assez puissant pour sauver les Juifs d'alors, tellement ils s'étaient laissé dominer, absorber par le péché? (Jér. XV, 1.)

5. Combien saint Paul n'a-t-il pas déploré le sort des Juifs, lui qui disait : « Il est vrai, mes frères, que je sens dans mon coeur une grande affection pour leur salut, et que je le demande à Dieu par mes prières ! » (Rom. X, 1.) Ces prières, quel résultat ont-elles eu ? Aucun. Que dis-je ? des prières ! Il souhaitait même d'être anathème pour leur salut. (Rom. IX, 3.) Quoi donc ? Les instances des saints sont donc superflues? Non pas. Elles ont au contraire une singulière efficacité quand on leur vient en aide soi même. C'est ainsi que Pierre ressuscita Tabitha, résurrection opérée non-seulement parses prières, mais aussi par les aumônes de cette femme. (Act. IX, 36, et suiv.) C'est ainsi que les saints en protégèrent d'autres par leurs prières. Et cela a lieu ici-bas, dans le séjour du travail et de la lutte ; mais là-haut rien de pareil, les actes seuls peuvent contribuer au salut. Il me semble que le Prophète poursuit de ses railleries ceux qui sont riches sur cette terre, et ceux qui sont fiers. Car il ne dit pas ceux qui ont de la fortune, ou bien ceux qui possèdent une grande puissance, mais « ceux qui se confient dans l'étendue de leur richesse, et qui sont fiers de leur puissance. » Il se moque d'eux et s'attaque à eux parce qu'ils mettent leur confiance dans des ombres, et qu'ils s'enorgueillissent pour de la fumée. Il a dit avec raison : « Il ne donnera pas la rançon de son âme, » car le monde entier ne suffirait pas pour payer cette rançon. Aussi est-il dit : « Et que servirait-il à un homme de gagner le monde entier, et de perdre son âme ? » (74) (Matth. XVI, 26.) Afin de comprendre que le monde entier n'est pas suffisant pour payer la rançon de l'âme, écoutez ce que dit saint Paul de quelques autres saints : « Ils étaient vagabonds, couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvres, abandonnés, affligés, persécutés, eux dont le monde n'était pas digne. » (Hébr. XI, 37 et 38.) Le monde est fait pour l'âme. De même qu'un père ne préférerait pas sa maison à son fils, dé même Dieu ne préfère pas le monde à l'âme : ce qu'il faut, c'est agir, et bien agir. Voulez-vous savoir ce que valent nos âmes ? Le Fils unique, quand vint le moment de les racheter, ne donna ni 1e monde, ni un homme, ni la terre, ni la mer, mais son sang, ce sang si précieux. Ce qui a fait dire à saint Paul : « Vous avez été achetés d'un grand prix ; ne vous rendez pas esclaves des hommes. » (I Cor. VII, 23.) Vous voyez combien l'âme est précieuse. Quand donc vous aurez perdu cette âme achetée si cher, comment désormais pourrez-vous la racheter ? «Car le Christ ressuscité d'entre les morts ne meurt plus. » (Rom. VI, 9.) Vous avez vu tout ce que coûte l'âme, vous avez vu tout ce qu'elle vaut. Ne la méprisez donc pas, ne la laissez pas au pouvoir de l'ennemi. «L'homme se consume dans des travaux sans fin, et il vivra jusqu'à la fin (10). » Un autre interprète dit : « Il s'est reposé pour toujours… » Un autre dit : « Il s'est reposé dans ce temps-ci, et il a continuera de vivre pendant les siècles. »

Après avoir parlé des riches, après avoir parlé des puissants, et montré qu'il n'y a rien à gagner aux richesses ni à la puissance, il ne s'adresse plus qu'à ceux qui ont vécu dans la vertu, à ceux qui sont dans la peine. et dans la misère, pour les préparer air combat comme lés athlètes de la philosophie. N'allez pas m'objecter, dit-il, qu'il n'y a là que fatigues et travaux : songez au résultat, songez que l'homme devient immortel, qu'une vie éternelle le recevra; une vie qui n'a pas de fin. Combien n'est-il pas préférable, après avoir souffert un peu ici-bas, de jouir d'un délassement perpétuel, plutôt que dé s'exposer à vivre toujours dans les tourments pour avoir eu la faiblesse de céder un instant à ses passions ? Ensuite montrant que ce n'est pas seulement là-haut que se trouve ce qui concerne les récompenses et les couronnes, mais que dès cette vie on peut y préluder, voici ce qu'il ajoute :  « Il ne verra pas l'oeuvre de la mort, quand il verra les sages trépasser (11). » Ne me dites pas : Tu parles seulement des choses futures. Je vous donne sur cette terre le gage de la couronne à venir, ou plutôt je vous donne les arrhes mêmes et les récompenses. Comment, et de quelle manière? Parce que celui qui pratique cette philosophie, et qui s'appuie sur l'espérance de la vie future, ne croira même pas que la mort soit la mort. En voyant étendu sous ses yeux le corps d'un homme qui vient d'expirer, il n'éprouvera pas les mêmes impressions que la foule : il songera aux couronnes, aux prix décernés au vainqueur, à ces biens ineffables que l'oeil n'a pas vus, que l'oreille n'a pas entendus, à cette rie de bonheur passée en compagnie des anges. De même que le laboureur en voyant le grain se dissoudre, loin de tomber dans l'abattement se réjouit surtout alors et se félicite, parce qu'il sait que cette dissolution est le principe d'une reproduction nouvelle et meilleure, et le point de départ d'une récolte plus abondante, de même le juste, fier de ses bonnes actions, attendant chaque jour le royaume des cieux, ne se décourage pas, comme le vulgaire, ne s'émeut pas, ne se trouble pas en présence de la mort. Il sait que, pour ceux qui ont bien vécu, la mort est un acheminement à une vie meilleure, un départ pour un pays plus beau, une course triomphale pour aller recevoir la couronne. De quels sages est-il question? Non pas des vrais sages, mais de ceux qu'on regarde comme tels. Il me semble que le Psalmiste désigne les sages selon le monde, et qu'il se moque d'eux précisément parce qu'avec leur prétendue sagesse ils n'ont été que des insensés qui n'ont jamais pris la résurrection pour sujet de leurs méditations philosophiques. (Rom. I, 22).

Quand donc l'homme dont nous parlons verra mourir ces philosophes, qu'il les verra porter au tombeau avec des lamentations, des larmes et des plaintes, il n'éprouvera aucune de ces tristes impressions. Il sera au-dessus de telles atteintes, parce qu'il s'appuie sur de solides et bonnes espérances et qu'il sait que cette destruction du corps n'est pas celle de la substance même, mais que c'est la dissolution de la partie mortelle, la suppression de la partie corruptible. Cette mort ne détruit pas le corps, elle n'en détruit que la partie périssable, si bien que la substance reste pour ressusciter avec une gloire plus grande, ce qui toutefois (75) n'aura pas lieu pour tous. Sa résurrection s'étendra bien à tous, mais la résurrection glorieuse rie sera le partage que de ceux qui auront bien vécu. « L'homme sans raison et l'homme sans intelligence périront en même temps, et ils laisseront leurs richesses à des étrangers. Leur sépulture sera leur demeure de siècle en siècle, et ils avaient appelé leurs terres de leur nom (12). » Un autre dit, « l'intérieur de leurs maisons de siècle en siècle. » Un autre, « leurs demeures de génération en génération, et ils ont appelé la terre de leur nom. » Ce que l'hébreu rend par ces mots « ale adomoth. »

6. Avez-vous vu comme il nous éloigne du vice et de la cupidité, et nous conduit vers la vertu , non-seulement en nous parlant des avantages de la vie future, mais encore en faisant ressortir les avantages de la vie présente, en éteignant notre folle passion pour les richesses, en traitant d'insensés ceux qui n'ont d'yeux que pour les biens d'à présent, et en le prouvant par des faits? Quoi de plus insensé, dites-moi, qu'un homme qui se fatigue et se tourmente, et amasse tant de richesses, pour qu'un autre jouisse du fruit de ses peines? Quoi de plus triste que cette inutile dépense de travail ? Cet homme, après avoir versé sa sueur et supporté tant de fatigues, s'en va de ce monde, et laisse à d'autres la jouissance de ses biens, non pas toujours à ses parents et à ceux qu'il connaît, mais bien souvent à ses adversaires, à ses ennemis ! Aussi le Prophète n'a-t-il pas dit : Ils laisseront leurs biens à d'autres, mais : « Ils laisseront leurs biens à des étrangers. » Que veut-il dire par ces mots - « L'homme sans raison et l'homme sans intelligence périront en même temps? » Ces paroles, sont une suite de ce qui précède. il me paraît que dans ce passage il fait allusion aux impies, à ceux qui n'ont d'yeux que pour les biens présents, qui ne songent pas à l'avenir et qu'il appelle pour cela des insensés. Si vous croyez, qu'il n'y a plus rien après cette vie, pourquoi vous fatiguer et vous rendre malheureux pour amasser de tous côtés d'immenses richesses, pourquoi supporter les travaux, et ne pas jouir des résultats qu'ils amènent? «Et leurs tombeaux seront leurs demeurés de siècle en siècle. » Le Psalmiste, en parlant ainsi, ne fait qu'exprimer, la secrète pensée de ces hommes-là. « Ce sera leur séjour de génération en génération : ils ont appelé leurs terres de leur nom. » Quelle pire folie que de nous dire qu'on tombeau sera notre demeure éternelle, et de mettre notre amour-propre à nous élever de beaux monuments funèbres !

Bien des hommes se sont fait construire des tombeaux plus magnifiques que des maisons. En faisant ces dépenses, qui ne sont pas nécessaires, ils se fatiguent et se donnent de la peine soit pour leurs ennemis, soit pour les vers et pour la poussière. Telles sont les préoccupations de ces hommes qui n'espèrent pas en la vie future. Et à ce propos, l'idée me vient de déplorer le sort de ce grand nombre d'hommes qui, tout en conservant l'espoir d'une vie future, imitent en cela ceux qui ne partagent nullement le même espoir, et se montrent pires qu'eux en bâtissant des tombeaux, en faisant construire de superbes monuments, en enfouissant de l'or, et en transmettant leurs biens à d'autres hommes. Celui qui n'attend plus rien après cette vie, s'il se donne de la peine pour les biens de ce monde, agit déraisonnablement sans doute, mais agit conformément à sa croyance qui lui interdit l'espoir d'une autre vie. Mais toi, ô homme, qui connais la vie future , et ces biens ineffables qu'annonce l'Évangile lorsqu'il dit que « les justes alors brilleront comme le soleil (Matth. XIII, 43), » sur quel pardon comptes-tu, sur quelle excuse? Que! châtiment ne mériterais-tu pas, toi qui dépenses toute ton énergie pour de la poussière, pour de la cendre, pour des tombeaux, pour des adversaires, pour des ennemis?

« Ils ont appelé leurs terres de leur nom. » Voici un autre genre de folie : ils donnent leur nom à des maisons, à des propriétés, à des salles de bains, et croient gagner à cela un beau sujet de satisfaction, et poursuivent l'ombre à la place de la vérité. Si tu désires laisser une mémoire durable, ne donne pas ton nom à des maisons, ô homme, mais dresse un trophée de bonnes actions, qui protégeront ton nom dès cette vie, et qui te procureront la vie future avec un repos éternel. Si tu tiens à laisser ton souvenir, je vais t'enseigner la vraie route et la plus facile à suivre : pratique la vertu. Bien ne rend notre nom immortel comme la vertu. Et pour preuve, vois les martyrs, vois les reliques des apôtres, vois quels souvenirs ont laissés ceux qui ont bien vécu. Que de rois ont fondé des villes, creusé des ports, et s'en sont allés après leur avoir donné leur nom? Ils n'y ont rien gagné, le silence et l’oubli ont dévoré   (76)  leur mémoire. tandis que le pêcheur Pierre, qui n'avait rien fait de tout cela, s'empare de la reine des villes, et brille, même après son trépas, d'une lumière plus vive que celle du soleil, parce qu'il se mit à la recherche de la vertu, ta conduite est ridicule et honteuse. Car tes monuments funèbres, loin de te rendre fameux, feront de toi un objet de ridicule, et provoqueront le rire de tous les hommes. Le temps aurait pu livrer ta cupidité à l'oubli, mais partout s'élèvent tes vastes constructions comme des colonnes et des trophées de ton avarice. — « Mais l'homme , au milieu de sa grandeur, ne l'a pas comprise : il s'est ravalé au rang des animaux privés de raison, et s'est fait semblable à eux (13). »

Il me paraît que dans ce passage le Prophète ne songe plus qu'à déplorer le malheur de cet être doué de raison, aux mains duquel est confiée la royauté de la terre, et qui s'abaisse au niveau de la bête de somme en s'épuisant à d'inutiles travaux, en produisant des oeuvres contraires à son salut, en poursuivant la vaine gloire, en recherchant avidement les richesses, en se livrant à des efforts sans résultat. Ce qui fait la grandeur de l'homme, c'est la vertu, c'est la faculté de méditer l'avenir, c'est de faire toutes choses en vue de la vie future, c'est de mépriser les choses présentes. Pour les animaux, la vie ne dépasse pas le cercle de la vie présente, tandis que nous, notre vie d'ici-bas n'est qu'un passage à une autre vie meilleure et qui n'a pas de fin. Ceux qui ne savent rien des choses futures sont au-dessous de la brute, et non-seulement ceux-là, mais encore ceux qui vivent dans la corruption ; ce sont des serpents, des scorpions et des loups pour la méchanceté, des boeufs pour la stupidité, des chiens pour l'impudeur.

7. Quoi de plus stupide, dites-moi, que de passer son temps à s'occuper de tombeaux et de mausolées, que de rester bouche béante en apprenant que d'autres hommes ont donné leur nom à ces monuments ! Si notre mémoire reste, nous le devrons à la vertu seule, et non à des maisons, à des statues, à des enfants ni à rien de pareil. Les maisons sont l'oeuvre d'un architecte, un produit de son habileté, les statues sont l'oeuvre du statuaire, et les enfants sont du fait de la nature : dans tout cela tu n'as nul souvenir à revendiquer. Aussi le Prophète traite-t-il d'insensé l'homme qui a de telles pensées ; et qui, après avoir plié sa tête sous le joug de la stupidité, se conduit avec moins d'intelligence encore que la brute. La brute du moins est utile et sert pour l'agriculture, mais l'homme, en s'abandonnant à la stupidité, est en cela même devenu l'inférieur de la brute. Le Prophète, après avoir dit plus haut combien était épaisse, grossière et basse, l'intelligence de ces hommes, après avoir dit combien était inutile la peine qu'ils prenaient pour acquérir des richesses, le Prophète, voulant rendre encore plus accablantes les charges qui pèsent sur eux, place en regard les bienfaits de Dieu. Ce que font souvent les prophètes. Ainsi Isaïe, au moment d'accuser les Juifs, dit d'abord que Dieu les a comblés d'honneurs, et voici en quels termes : « J'ai nourri des enfants, je les ai élevés, et ils  m'ont méconnu. » (Isaïe,1, 2.) Et dans ce passage de notre psaume, le Prophète, voulant montrer en un seul mot les bienfaits que Dieu a accordés aux hommes de son propre mouvement, dit : « L'homme, au milieu de sa grandeur, ne l'a pas comprise. » Quelle est cette grandeur? Ecoutez ce qu'il dit dans un autre psaume : « Vous l'avez mis un peu au-dessous des anges, vous l'avez couronné de gloire et d'honneur. » (Ps. VII, 6.) Ensuite, décrivant ces honneurs, il ajoute : « Vous avez tout mis à ses pieds, les brebis, les boeufs, le bétail qui paît dans les plaines; les oiseaux du ciel, les poissons de la mer et tout ce qui parcourt les sentiers de la mer. » (Ps. VII, 78.) C'était là le plus grand honneur qu'on pût faire à l'homme que de lui confier le sceptre et de lui soumettre tout ce que l'œil peut voir, et cela sans qu'il y eût encore droit par ses mérites. Car Dieu, avant de créer l'homme, a dit : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance. » (Gen. I, 26.) Ensuite le Prophète explique cette expression « à notre « image » en ajoutant ces mots : « Que les hommes commandent aux poissons de la mer, aux animaux de la terre, aux oiseaux du ciel. »

Et cet avorton, haut de trois coudées, qui est si inférieur aux autres animaux pour la force du corps, il l'a mis au-dessus de tous en lui donnant la raison, en daignant lui accorder une âme raisonnable, ce qui est la plus grande marque d'honneur. Par la raison, l'homme a bâti des villes, a traversé les murs, a embelli la terre , a fait des milliers d'inventions, a dompté les animaux les plus sauvages, et ce qu'il y a de plus grand, de plus beau, il a connu Dieu , son créateur, il n'a eu qu'à se laisser conduire comme par la main pour arriver à la vertu, il a eu la connaissance de ce qui est bien, et de ce qui ne l'est pas. Seul de tous les êtres que nous voyons, il adore Dieu, il est aussi le seul qui jouisse de ses révélations, il a été initié à des mystères, et il est instruit des choses du ciel. C'est pour lui que la terre, pour lui que le ciel, pour lui que le soleil et les astres ont été faits; c'est pour lui que la lune suit son cours, que les différentes saisons et les solstices se succèdent; c'est pour lui que les fruits, que les végétaux, que les innombrables espèces des animaux se reproduisent; c'est pour lui qu'ont été faits le jour et la nuit; c'est pour lui que les apôtres et les prophètes, pour lui que les auges ont été souvent envoyés. A quoi bon entrer dans tant de détails? Les faire connaître tous est impossible. C'est pour lui que Dieu le Fils unique s'est fait homme, qu'il a été crucifié, qu'il a été mis au tombeau, et les effrayants prodiges qui ont suivi la Résurrection, c'est pour lui qu'ils ont eu lieu. C'est pour lui que la loi, pour lui que le paradis ont été faits, pour lui que le déluge a eu lieu. Et ceci même est un des plus grands honneurs qu'on pût lui faire, que de travailler à sa perfection par les bienfaits et par les châtiments. C'est pour lui que pendant tous les siècles antérieurs la Providence divine s'est déployée à l'infinie. Il n'y a pas jusqu'au jugement dernier qui ne soit une marque d'honneur pour lui. Ce qui fait dire à Job : « Qu'est-ce que l'homme pour que tu aies daigné le soumettre à un jugement?» (Job, XIV, 3.) C'est aussi ce que dit ailleurs le même Psalmiste : « Qu'est-ce que l'homme pour que tu te sois souvenu de lui ? » (Ps. VIII, 5. ) C'est encore pour lui que le Fils unique viendra les mains pleines de biens infinis. De ces biens il nous a déjà donné une partie par la grâce du baptême, par les mystères et les autres cérémonies du culte, et il a rempli la terre de beaucoup d'autres merveilles : il a promis de nous donner l'autre, le royaume des cieux, et la vie éternelle, il a promis de nous laisser son héritage, et de nous faire régner avec lui. Aussi saint Paul a-t-il dit . « Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui. » (II Tim. II, 12. ) C'est à tout cela que songe le Prophète quand il compare aux brutes ceux qui renient la noblesse de leur origine pour se livrer au vice, et qui désertent leur poste pour vivre de la vie des bêtes. Procédé familier à d'autres prophètes qui veulent confondre par ces comparaisons l'impudence de leurs auditeurs. L'un dit : « Les voilà devenus comme des étalons en rut. » (Jér. V, 8. ) L'autre : « Le boeuf reconnaît celui à qui il appartient, l’âne reconnaît la crèche de son maître (Isaïe , I , 3), » et ses paroles sont encore plus amères que celles de David : « Il est tombé au rang des animaux privés de raison, et il est devenu semblable à eux, » car il dit que les hommes sont devenus plus stupides que ces animaux qui, eux du moins, reconnaissent leur maître, « tandis qu'Israël « ne me reconnaît pas, » dit le Seigneur.

8. Ailleurs un autre sage voulant montrer que le fainéant, l'homme abattu, flétri par la paresse, est inférieur même à la fourmi, le renvoie auprès d'elle pour apprendre à aimer le travail : « Va, » dit-il, « paresseux, vers la fourmi, et prends-la pour modèle. » (Prov. VI, 6, 8.) « Car celle-ci, sans avoir de terre à cultiver, sans que personne la force, sans avoir « à obéir à aucun maître, prépare sa nourriture durant l'été, et pendant la moisson met « de côté d'abondantes provisions. » Il lui recommande encore de se rendre auprès de l'abeille : « Va auprès de l'abeille, et apprends combien elle est bonne ouvrière : son fruit l'emporte sur les fruits les plus doux : les princes et les simples particuliers recherchent pour leur santé le produit de ses travaux. » (Eccl. XI, 3.) Un autre dit : « Tes princes sont comme des loups d'Arabie. » (Sophron. III, 3.) Un autre encore : « Tu es resté assis dans le désert, comme une corneille. » (Jér. III, 2.) Et le fils de Zacharie s'écrie : « Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui doit tomber sur vous ? » (Matth. III, 7.) Un autre dit encore: « Ils ont brisé les oeufs d'aspic, et ourdi des toiles d'araignée. » (Is. LIX, 5.) Le même Psalmiste a dit ailleurs : « Le venin de l'aspic dégoutte de leurs lèvres. » (Ps. CXL, 3.) Et ailleurs encore : « Leur colère est comme celle des serpents. » (Ps. LVII, 5.) Telle est la puissance du vice : cet homme si grand, si noble, au front chargé de diadèmes, il le ravale au niveau des êtres privés de raison. C'est pour cela que dans le présent psaume, le Prophète, après avoir choisi deux sortes de vices, et avoir laissé aux auditeurs le soin de réfléchir sur les autres, stigmatise ainsi ceux qui se laissent (78) prendre à leurs pièges. Quoi de plus insensé que l'homme qui, en pure perte et pour le malheur de sa tête, parcourt toute la terre, et amasse d'immenses richesses, non pas pour lui-même, mais pour d'autres qu'il ne connaît pas, et souvent pour ses ennemis, pour ceux qui trament sa ruine ! Oui, il a eu raison de dire : « Ils laisseront leurs biens à des étrangers. » Quoi de plus insensé que de s'exposer aux fatigues et aux péchés qui sont la suite de la poursuite des richesses, pour laisser à d'autres la jouissance de ces mêmes richesses !

Ensuite le Psalmiste, en même temps que leur cupidité; met en scène leur amour de la vaine gloire qu'il stigmatise avec une grande véhémence en disant : « Ils ont appelé leurs terres de leur nom. » Quoi de plus stupide que ces gens qui confient leur mémoire à des. pierres, à des poutres, à la matière inanimée, qui leur remettent le soin de leur propre gloire ! Ces mêmes hommes ont renversé des familles de fond en comble, ont dépouillé des veuves, pillé des orphelins afin de bâtir pour les vers une superbe demeure, et de construire pour la pourriture et pour la corruption de superbes enceintes, et tout cela dans l'idée que ces monuments rendront leur mémoire éternelle, monuments qui n'ont pas même pu arrêter un instant la dissolution de leur corps ! — Leur propre voie est un scandale pour eux, (14). »

Quelle est cette voie, dites-moi ? C'est l'empressement que l’on met à s’occuper de pareilles choses, c'est ce travail inutile, c'est cette ardente passion des richesses et cette soif insatiable de gloire. De là, dit le Prophète, du scandale et des empêchements pour eux dès cette vie, en attendant le châtiment que leur réserve l'avenir. Cette voie n'est donc pas un petit scandale, un petit empêchement, un petit obstacle pour la pratique de la vertu. Aussi le Prophète dit-il : « Leur voie est un scandale pour eux. » Et il a bien fait d'appeler leur voie, un scandale. Ils s'enchaînent eux-mêmes, ils se mettent eux-mêmes des entraves : « Et après cela leur bouche répétera leurs propres louanges. » Ces paroles nous signalent la plus fâcheuse des inconséquences humaines, celle qui entraîne tous les autres maux à sa suite. En effet, ceux qui commettent une telle erreur, qui commettent un tel péché et tombent dans une telle observation, se félicitent; s'admirent eux-mêmes, se posent comme des modèles à imiter; et se complaisent dans leurs actions : or, songez quelle excitation c'est pour les mauvais désirs, que de voir le vice vanté par ceux qui s'y livrent. Si le vice honni, insulté, confondu, si le vice flagellé, déchiré, détesté par la conscience de ceux qui sont encore un peu maîtres d'eux-mêmes, s'épanouit avec tant d'impudeur et s'il grandit de jour en jour : dans quels excès les hommes dont nous parions ne tomberont-ils pas, quand ils verront que, bien loin d'opposer comme une digue aux débordements du vice, les reproches, le témoignage de la conscience, le blâme, le repentir, la honte, le désir de se soustraire aux regards, les gémissements, les plaintes, ceux qui se livrent au vice font tout le contraire, qu'ils se comblent eux-mêmes de louanges, qu'ils se prétendent par leurs vices mêmes supérieurs aux autres hommes, et qu'ils se vantent de ce qu'ils ont fait, car tel est le sens de cette parole : « Et après cela leur bouche répétera leurs propres louanges, » ces hommes-là, je le répète, dans quels excès une tomberont-ils pas ? Car ils sont tellement dévoyés, ils ont si bien perdu tout sens moral-, que même après avoir assouvi leurs désirs; dans de moment, où voyant le mieux leur crime, ils devraient rougir, ils sont tout fiers, portent la tête haute et se complaisent dans ce qu'ils ont fait. Tel est le péché : avant l'action il se dissimule sa propre laideur, et l'ivresse du plaisir fait disparaître ce qu'il a de repoussant; après l'action, quand le plaisir que nous causent nos désirs satisfaits va s'affaiblissant peu à peu, que la conscience commence à: se faire . entendre, et qu'elle flagelle nos sophismes réduits à leurs seules forces, alors surtout nous voyons les funestes conséquences. du péché. Mais eux ne sentent rien de tout cela, même après que leurs désirs sont satisfaits. Loin de là, c'est précisément après avoir vu leurs richesses s'accumuler, leurs tombeaux s'élever, leurs vaines et fastueuses constructions s'achever, lorsqu'ils .devraient s'attrister et gémir, c'est alors, c'est après tout cela, après l'action, après la satiété qu'ils sont plus malades encore. Ainsi donc puisqu'il n'y a plus rien de sain chez eux, il ne reste plus qu'à laisser intervenir la Providence.

9. Si ceux qui se condamnent eux-mêmes pour les fautes qu’ils ont commises, préviennent ainsi la justice de Dieu, comme l'a dit saint Paul : « Si nous, nous jugions nous-mêmes,  (79) nous ne serions pas jugés » (I Cor. XI, 31), ceux qui ont la maladie du péché au point de ne s'en pas repentir, et qui ne se reprochent pas leurs erreurs, ne font qu'attirer sur eux-mêmes , et bâter la vengeance du Seigneur. Puisque ces hommes, tout en pillant les biens d'autrui , ou en prodiguant les leurs qu'ils devraient employer à secourir les pauvres, ne dépensent que pour des tombeaux, pour les vers et la corruption, et que loin de se repentir de ce qu'ils font ils continuent d'être malades, d'une maladie incurable, écoutez quelles sont les conséquences de leur aveuglement. — Ces conséquences, quelles sont-elles donc ? — Ils sont livrés à la vengeance de Dieu ; aussi le Prophète a-t-il ajouté : « Ils seront entassés comme des brebis, la mort sera leur pasteur (15). » S'il les compare à des brebis, ce n'est point à cause de leur douceur (quoi de plus féroce que ces hommes qui voient d'un oeil sec la nudité des pauvres, et leur ventre creusé par la faim, et qui embellissent leurs tombeaux , séjour de la corruption, des vers et de la pourriture !), c'est parce que leur ruine sera facile, parce qu'ils seront anéantis tout à coup , et qu'ils offrent une proie facile aux embûches de leurs ennemis. Rien de plus faible en effet que l'homme qui vit dans le péché. Telle sera aussi leur condition : ils seront frappés, ils seront anéantis aussi complètement, ils seront précipités en enfer avec autant d'aisance , de facilité, de promptitude , avec aussi peu de peine que des brebis qu'on immole. Ce sera la mort , où plutôt quelque chose de bien plus redoutable que la mort qui les frappera. Car après cette fin, une mort immortelle s'emparera d'eux, ils ne reposeront jamais dans le sein d'Abraham, et on ne lés verra jamais aller ailleurs que dans l'enfer, ce séjour des vengeances, des châtiments et de l'extermination. Ici-bas leur fin aura été vile, méprisable, et là-haut ils ne connaîtront que les châtiments. On a coutume de dire : on l'a égorgé comme un mouton, quand on veut parler d'un homme facile à tuer. Après avoir vécu comme des brutes, ils périssent comme des brutes sans l'espoir consolant de la vie future, et ce ne sera pas tout, « la mort sera leur pasteur ! »

Il me semble que dans ce passage le Prophète, en parlant de la mort, veut parler des châtiments et de l'extermination qui attendent le coupable là-bas; c'est ainsi qu'il dit ailleurs : « L'âme qui pèche, périra elle-même (Ezéch. XVIII, 20), » pour nous faire comprendre, non

qu'elle sera détruite en réalité, mais qu'elle sera punie. C'est une suite de là même figuré, car après avoir parlé des brebis, il nous montre leur pasteur. Quel est-il ce pasteur ? C'est le ver venimeux, ce sont les ténèbres sans fin, les chaises qui ne se délient jamais, les grincements de dents. Voyez que de châtiments les pressent de toutes parts ! Dans cette vie, ils ne peuvent arriver à la vertu, ils sont les esclaves, les captifs du péché, ils se livrent à des travaux vains et ridicules : à la fin de cette vie, ils meurent comme la première brute venue après la lin de cette vie, ils sont voués pour toujours à l'extermination: « Et, quand le jour se lèvera; il seront dominés par les justes. » Comme beaucoup; parmi ceux qui ont l'esprit le plus épais et dont l'insensibilité égale presque celle des pierres, n'ont aucune idée nette et précise de la vie future .qu'ils doivent espérer, et qu'ils restent bouche béante à admirer les biens présents, les biens qu'ils voient, il cherche à les épouvanter par le sens caché de ses reproches. Ensuite, après avoir en quelques mots, fait allusion à ce que l'avenir leur réserve, il insiste de nouveau sur le mépris et sur les châtiments qui les atteignent dès cette vie, et il fait cela pour leur montrer combien ils sont faibles, vils et méprisables, et que, fussent-ils dix mille fois plus riches, hissent-ils au comble de la puissance, ils n'en sont pas moins de véritables esclaves à côté de ceux qui suivent les traces de la vertu. Aussi dit-il : « Et, quand le jour se lèvera, ils seront dominés par les justes, » c'est-à-dire, les justes les domineront immédiatement, et toujours, et pour cela ils n'auront besoin ni dé faire un effort , ni d'attendre longtemps , ni même d'attendre un instant. Car telle est la nature des choses, le vice est l'esclave de la vertu, il la craint, il là redoute, malgré son fard et tous ses brillants. déguisements, et quoique la vertu toute nue ne combatte qu'avec ses seules forces. Et cependant nous voyons le contraire, dit-on, nous voyons les méchants dominer les bons. Mais ne nous en rapportons pas à l'erreur du Vulgaire, erreur née d'un faux jugement.. Examinons les choses suivant la droite raison et vous verrez se réaliser ce que j'ai avancé. Supposons un maître pervers avec un esclave vertueux : ou plutôt, si vous l'aimez mieux, choisissons un exemple plus relevé. Supposons (80) un roi qui soit pervers et un de ses sujets qui soit vertueux, et voyons quel est celui qui est le maître, quel est celui des deux chez qui éclate le signe de la domination, quel est le supérieur, quel est l'inférieur. Comment donc nous en assurer? Supposons que le roi ordonne à son sujet de faire quelque chose de mal, de commettre un péché : que va faire ce sujet vertueux et fidèle? Non-seulement il ne cédera pas, non-seulement il n'obéira pas, mais il essayera même de faire revenir le prince sur son ordre, et cela au péril de sa vie. Quel est donc l'homme vraiment libre, de celui qui ne fait que ce qu'il veut et qui ne craint pas son roi, ou de celui qui voit ses ordres méprisés par son sujet ? Et, pour ne pas nous borner à une vague supposition, cette égyptienne, la femme de Putiphar, n'était-ce pas une reine ? Ne commandait-elle pas à toute l'Egypte ? N'avait-elle pas un roi pour époux ? N'était-elle pas environnée d'une grande puissance ? Or qu'était Joseph ? N'était-ce pas un esclave, un captif? N'était-ce pas un serviteur acheté à prix d'argent? Ne vint-elle pas attaquer ce jeune homme avec toutes ses armes, et non par procuration, mais par elle-même ? Eh bien ! qui des deux était libre ou esclave? Celle qui était forcée de prier, de faire des avances et de supplier, celle qui était l'esclave non d'un homme, mais d'une, passion détestable, ou celui qui méprisait et diadème, et sceptre, et manteau de pourpre, et tout cet attirail de la royauté, et qui brisait les artifices de cette femme ? L'une ne se retira-t-elle pas avec la honte d'un échec, et dominée par une nouvelle passion, par la colère aveugle, par le désir du meurtre, tandis que l'autre sortait de cette épreuve la tête couverte de mille et mille couronnes, après avoir montré que la servitude même ne faisait que rehausser davantage la fierté de l'homme libre ?

10. Il n'y a rien de plus libre que la vertu, rien de moins libre que le vice. Aussi est-il dit ailleurs : « Le serviteur sage dominera les maîtres insensés. » (Prov. XVII, 2.) Le captif, eût-il des richesses infinies, n'en serait que plus près de tomber au pouvoir de tous les autres hommes; il en est de même de celui qui est subjugué par les passions, il est plus vil que l'araignée. Dans la guerre, ne voyons-nous pas que ce sont les hommes sages qui triomphent ? Quand il faut agir ou délibérer, la raison n'est-elle pas toujours de leur côté, même quand nul ne les écoute? Et après cette vie, n'avons-nous pas vu le riche demander une goutte d'eau comme un mendiant, sans pouvoir l'obtenir? Le pauvre au contraire, après avoir vécu sagement et vertueusement, n'a-t-il pas obtenu le bonheur suprême, n'a-t-il pas partagé le sort d'Abraham ? Et si nous nous reportons au temps des apôtres, tout enchaînés, tout flagellés qu'ils étaient et quoique soumis à des supplices de toutes sortes, n'étaient-ils pas supérieurs à ceux qui les traitaient ainsi ? Songez combien ils avaient frappé l'esprit de leurs persécuteurs pour les avoir amenés à dire : « Que faire à de tels hommes? » (Act. IV, 16.) Et ces hommes, ils les tenaient enchaînés, ils les tenaient sous leur main, en plein tribunal ! D'un côté des juges et des princes, de l'autre des accusés, et pourtant ce sont ceux-ci qui out vaincu. Partout, si nous voulions entrer dans le détail, nous verrions l'homme vertueux supérieur au méchant , supérieur de cette vraie supériorité et non de cette supériorité menteuse et selon les idées du vulgaire, supériorité fausse et facile à confondre, supérieur de cette supériorité solide que rien ne peut ébranler. « Et leur puissance vieillira dans l'enfer, » c'est-à-dire s'affaiblira. Voici ce que signifient ces paroles : non-seulement ils seront ici-bas faciles à vaincre, car nul ne prendra leur défense, nul ne leur tendra la main, et ils seront exposés aux attaques de tous, mais, ce qu'il y a de plus terrible, ils ne trouveront là-bas personne pour les assister, personne pour les secourir, personne pour leur tendre la main, personne pour adoucir leurs châtiments par des paroles de consolation. C'est ainsi que les vierges sages n'ont été d'aucun secours aux vierges folles, Abraham d'aucun secours au mauvais riche, Noé, Job et Daniel d'aucun secours à leurs fils et à leurs filles. « Leur puissance vieillira, » cela veut dire qu'elle s'affaiblira, qu'elle disparaîtra. « Ce qui passe et vieillit, est près de sa fin. Ils ont été précipités hors de leur gloire. » (Hébr. VIII, 13.)

L'objet de leurs plus vifs désirs, l'objet de tous leurs efforts et de toutes leurs préoccupations, c'était de jouir d'une gloire durable après leur mort parle moyen de leurs richesses, de leurs vastes constructions, de leurs tombeaux et de leurs noms qu'ils y faisaient inscrire : voici que cette gloire même ils ne l'obtiendront pas, dit le Prophète , et c'était ce qui excitait le (81) plus leurs soucis tandis qu'ils vivaient, parce qu'ils savaient cela. Ces constructions sont des accusations contre ceux qui ne sont plus. Et même, si le corps est caché sous terre, les pierres du tombeau prennent une voix pour accuser chaque jour leur cruauté, leur impudeur, pour les dénoncer comme des ennemis publics, pour appeler sur eux les imprécations, les plaintes et les insultes des passants. Quelle est donc cette gloire qui consiste à laisser après soi ces monuments accusateurs qui, loin de garder le silence, appellent la parole sur les lèvres de tous ceux qui les voient et qui semblent solliciter les parents à s'indigner coutre ceux qui les ont fuit bâtir? Où trouver une folie égale à celle de ces hommes qui font tout ce qu'il faut pour être châtiés, pour être couverts de confusion, pour se susciter des accusateurs, pour s'exposer à voir leur sépulture violée ; qui font tout pour accumuler sur eux les imprécations, les insultes, les plaintes sans nombre, et cela non-seulement de la part de ceux à qui ils ont fait du mal, mais encore de la part de ceux à qui ils n'en ont pas fait? « Mais Dieu rachètera mon âme des mains de l'enfer, lorsqu'il me recevra (16). »

Après avoir dit le salaire des méchants et le prix dont on payera leurs péchés, il parle des récompensés réservées aux hommes vertueux. C'est son habitude et c'est aussi celle des autres prophètes, afin que l'auditeur puisse peser sa décision en se rendant compte et du châtiment destiné au péché, et des récompenses promises à la vertu. Voici la part des pécheurs, dit le Prophète : le déshonneur, les vains travaux, la stupidité, le ridicule, la honte, l'extermination, la mort, le châtiment , les vengeances éternelles, la faiblesse qui expose aux mauvais traitements, la privation de la gloire et de la sécurité, les insultes, les accusations, l'absence de toute consolation au milieu de leurs maux soit pendant cette vie, soit après. Pour nous ce sera tout le contraire, noua n'aurons pas de châtiments à craindre, notre âme sera libre, en sûreté, glorieuse et Honorée. Tout cela en effet est sous-entendu dans ces paroles : « Cependant Dieu rachètera mon âme des mains de l'enfer lorsqu'il me recevra. » Par l'enfer, il désigne les châtiments, les supplices terribles de la vie future. Or jugez quels honneurs nous attendent non-seulement d'après cela, mais encore d'après ce qui suit. Quand Dieu m'aura reçu, dit-il, je le verrai plus distinctement que je ne fais aujourd'hui. Aujourd'hui c'est la foi qui dirige nos pas, et non la vue même de la divinité alors nous verrons Dieu face à face. ( I Cor. XIII, 12.) On payera la rançon de mon âme, et mon corps jouira du même privilège. « Ne craignez pas l'homme quand il aura multiplié ses richesses et étendu la gloire de sa « maison (17). » Puisqu'il en est ainsi, dit le Prophète, pourquoi craindre les choses présentes, pourquoi vous soucier de la pauvreté? pourquoi avoir peur de celui qui est riche? On vous a enseigné tout ce qui a trait à la résurrection et à la répartition des biens éternels, et au châtiment des pervers; pourquoi donc ensuite trembler devant des chimères? Les seuls biens stables et solides, ce sont ceux-là : les autres, les biens de la terre, sont semblables à des fleurs qui se flétrissent. Aussi le Prophète, lassant de côté tout le reste, s'est élancé contre la citadelle de tous les maux, contre la passion des richesses : celle-là détruite, tout le reste tombe en même temps.

11. Et comment n'aurais-je pas peur, dit l'homme, devant ceux qui disposent d'une telle puissance? — La puissance est le jouet du sort, la force ne dure qu'un instant, la prospérité ne fait que passer, les richesses, la fortune et ces grands honneurs, tout cela ressemble à des ombres, à des rêves. Aussi le Prophète dit-il encore : « Parce qu'à sa mort il n'emportera pas ses richesses, et que sa gloire ne descendra pas avec lui dans le tombeau (18), » — nous donnant ainsi un motif de ne pas craindre ce qui dure si peu. La mort est venue, dit-il, elle a coupé la racine, et voilà que ses feuilles tombent, voilà que sa maison devient une proie offerte à qui veut la prendre. Les brebis et les chèvres portent la dent sur l'arbre qu'on vient de couper et qui est étendu par terre, il en est de même des riches dont nous parlons: parmi leurs ennemis, parmi leurs amis et parmi ceux à qui ils ont rendu service, combien ne s'en trouve-t-il pas qui viennent prendre part à la curée? Et cet homme environné d'une si grande puissance, qui possédait tant d'échansons, de cuisiniers, de cratères d'or et d'argent, tant et tarit d'arpents de terre, qui avait des maisons, des esclaves, des chevaux, des mules, des chameaux, des armées de serviteurs, il s'en va seul, nul ne l'accompagne, et il n'emporte même pas ses vêtements. avec lui. Plus est grand le luxe qui l'entoure, (82) plus sera riche le festin  que sa mort prépare aux vers, plus il excitera les convoitises des malfaiteurs qui violent les sépultures, plus il provoquera de mauvais desseins contre ses restes infortunés. Toute cette magnificence ne sert qu'à l'exposer plus encore aux outrages, en appelant, en armant contre lui les mains de ceux qui ouvrent les tombeaux pour leur reprendre le dépôt qui leur a été confié. — Et qu'est-ce que cela ? dira-t-on. Il n'en triomphe pas moins ici-bas, et il jouira de son triomphe jusqu'à sa mort. — Dites plutôt que beaucoup n'en jouiront pas même jusqu'à leur mort: exposés sans cesse aux mauvais desseins, ils sont mille fois plus malheureux que les condamnés, quand on leur ravit leurs richesses, quand ils retombent dans une honteuse obscurité, quand ils sont jetés en prison. Tel trônait hier sur un char, qui est aujourd'hui dans les fers: tel était hier courtisé par des flatteurs, qui se voit aujourd'hui entouré de bourreaux: tel exhalait l'odeur des parfums, qui est souillé de son propre sang: tel s'étendait sur une couche délicate, qui se voit jeté sur la dure: tel était adulé de tous, qui se voit méprisé de tous. — Mais, dira-t-on encore, à sa mort même on l'entoure d'une pompe magnifique. — Et que lui fait cela, à lui qui ne le sent plus? La mauvaise odeur qu'il exhale, l'horreur, qu'il inspire, la haine qu'il excite font plus d'impression sur les assistants que ces pompes brillantes; car ce faste et ces dépenses lui attirent immédiatement et pour toujours la haine de ses enfants. Voyez combien est juste l'expression dont se sert le Prophète, et combien sa sagesse est profonde. Non content «'intimider le riche en lui montrant qu'il n'emportera rien avec lui; il le dépouille dès cette vie de tout cet imposant appareil, et lui prouve que sa richesse n'existe pas, même lorsqu'il la possède et qu'il en jouit. Car, il ne dit pas: « Quand il aura étendu sa gloire, » mais bien, « quand il aura étendu la gloire de sa maison. » Car toutes ces choses que j'ai énumérées, ces fontaines, ces promenades, ces bains, cet or et cet argent, ces chevaux et ces mules, ces tapis, ces étoffes, font la gloire de la maison et non celle de l'homme qui l'habite.

La vertu est la gloire de l'homme, aussi accompagne-t-elle celui qui la possède, tandis que la gloire de la maison reste, ou plutôt elle ne reste même pas, mais disparaît avec la maison, sans avoir servi de rien à celui qui l'habitait, car cette gloire ne lui appartient pas en propre. « Parce que son âme sera bénie pendant sa vie (19). » Après avoir parlé de sa richesse et de sa gloire, il passe à ses flatteurs. Ce que recherchent surtout les riches, ce sont les flatteries de la place publique, les hommages du peuple, les louanges décernées par la multitude, et les éloges menteurs, et ils regardent comme un grand bien d'être accueillis par des applaudissements au théâtre, dans les banquets et dans les tribunaux, d'entendre leur nom répété par toutes les bouches, de se croire un objet d'envie pour les autres: aussi voyez comme il leur ravit encore cette jouissance en en limitant la durée. « Pendant sa vie », dit-il, c'est-à-dire, ces hommages, ces bonnes paroles qu'on lui adresse ne dureront pas plus que la vie d'ici-bas: cela périra en même temps que le reste, comme tout ce qui relève du temps et de la fortune. Bien plus, lorsqu'il cessera de pouvoir mettre à contribution le zèle de ses flatteurs, après sa mort, ce sera le contraire qui aura lieu, car sa présence n'intimidera plus personne. « Il te rendra hommage quand tu lui auras fait du bien. » Voyez comme il critique la bienfaisance des gens riches. Toi, tu flattes et tu fais des avances, feignant une bienveillance menteuse et de courte durée : mais celui auquel tu t'adresses, dit-il, quand même il se déclarerait ton obligé, ne te sera reconnaissant qu'autant qu'il aura acheté de toi, et cela bien cher, le droit de te faire faire ce qui lui convient. Car « il te rendra hommage, » remarque bien cela, « quand tu lui auras fait du bien. » Il ne dit pas, quand tu lui auras été utile, quand ta loi aura rendu service, mais : quand tu lui auras procuré ce qui lui fait plaisir, ce qui lui convient. Le Prophète montre ainsi que cette bienfaisance est pernicieuse à deux points de vue, et parce qu'elle provoque de fausses démonstrations de reconnaissance, et parce qu'elle nous attache des serviteurs dangereux. « Il ira rejoindre les générations de ses pères, il cessera de voir la lumière pendant l’éternité (20). Et l'homme, au milieu de sa grandeur, ne l'a pas comprise : il s'est ravalé au niveau des animaux privés de raison, et s'est fait semblable à eux. Il ira rejoindre ses pères (21), » autrement dit, il les imitera, et étant fils de pervers, il héritera de leur perversité; ou bien encore c'est comme si l'on disait: s'il n'a fait aucun bien, il se trouvera (83) que sa richesse lui a été inutile: ceux qui sont morts avant lui il les laissera couchés dans la poussière, jusqu'au Jour du jugement, sans pouvoir même contempler la lumière suivant la loi de la nature. Ensuite le Prophète se répète en disant: « Et l'homme, au milieu de sa grandeur, ne l'a pas comprise; il s'est ravalé au niveau des animaux privés de raison et s'est fait semblable à eux. » Cet homme, dit-il, cet homme qui est mort de la sorte, et qui n'a pas usé de ses richesses comme il devait le faire, ne différera en rien de la brute, car il n'a pas connu l'honneur que Dieu lui a fait, et il s'est rendu semblable aux bêtes, pour qui la vie n'a d'autre but et d'autre fin que la mort. Puissions-nous tous être délivrés de ces erreurs, et ceux qui s'instruisent et ceux qui enseignent, en Jésus-Christ, Notre-Seigneur, à qui appartiennent la gloire et la puissance, dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

 

 

Haut du document

 

 

 

 

 

 

 
Capturé par MemoWeb à partir de http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/psaumes/psaume048.htm  le 19/09/03