ANALYSE.
1. Les juifs et les païens confondus par l'Ancien Testament.
Différence des prophètes et des devins profaner.
2. Explication de la parole d'Isaïe : Il n'avait pas de beauté.
3. Miracles de l'Esprit-Saint : ses dons divers.
Différence du langage des Prophètes et de celui des Evangéli
tes.
4. Deux langages, suivant que le Prophète considère la divinité
en elle-même, ou comme incarnée. Malédiction assumée par le Christ.
5. Figures, expressions de condescendance.
6. Union de la douceur et de la vérité : Exemple de Moïse et de
David.
7. Comment le Prophète s'y prend pour atténuel
la grossièreté nécessaire de son langage.
8. Diversité de méthode chez les Evangélistes : accord. quant au but.
9. Que la curiosité humaine serait mieux employée à l'enquête,
sur soi-même qu'à des questions téméraires touchant les desseins de Dieu. De
l'onction en Jésus-Christ.
10. Gloire de l'épouse.
11. Signification mystique de ce passage.
12. Bonheur de la vierge , même
ici-bas.
13. Royauté des apôtres : actions de grâces.
1. Je voudrais voir dans cette assemblée
tous les Juifs et tous les païens , et recevoir de la main des
Juifs le saint livre où je dois lire ce psaume. En effet, vous n'ignorez pas sans cloute
que devant les tribunaux et partout, les témoignages les moins suspects sont ceux qui
sont rendus par des ennemis. Or l'Ancien Testament nous fournit aujourd'hui un témoignage
propre à confondre païens et juifs : les Juifs qui le
1. Plat. Ap. Socrat. p. 22; et Men. p. 99. D.
n'est pas ainsi qu'agit l'Esprit-Saint; il permet au coeur de connaître les paroles proférées par la bouche. Sinon, comment le Prophète aurait-il pu dire : « Une bonne parole? » Le démon, comme un ennemi armé en guerre, livre combat à la nature humaine. L'Esprit-Saint, au contraire, dans sa bienfaisance et sa sollicitude,.communique sa pensée à ceux qui le reçoivent, et leur permet d'avoir conscience de ses révélations. « Je dis mes ouvrages au Roi: » .suivant un autre, « Mes uvres. » De quels ouvrages s'agit-il? De la prophétie. De même que c'est l'ouvrage d'un forgeron de fabriquer des cognées, l'ouvrage d'un architecte de bâtir, l'ouvrage d'un constructeur de vaisseaux de façonner des charpentes de navire: de même c'est l'ouvrage d'un prophète de prophétiser. C'est bien un ouvrage en effet: écoutez plutôt ce que le Christ dit des apôtres: « L'artisan mérite son salaire. » (Luc, X, 7.) Et Paul « Surtout ceux qui travaillent à la parole et à la doctrine. » (I Tim. V, 17.) Si ce n'était pas un ouvrage, comment serait-il question de travail? Et quel ouvrage est plus honorable ou plus utile que celui-là? Point d'industrie qui ne lui soit inférieure. Eh bien ! quel est donc cet ouvrage , qu'il dit au Roi ? Entendez cet hymne, cette prophétie. Il ne dit pas quel est ce Roi : Par là il montre qu'il s'agit du Dieu de l'univers. Quand nous voulons parler du roi des Perses, nous ne disons pas simplement le roi , mais bien le roi des Perses; et de même pour le roi des Arméniens : mais quand nous parlons du monarque qui nous gouverne, ce nom seul nous suffit pour le désigner. De même le Prophète, voulant parler du roi véritable se contente de dire: « Le Roi. » Ainsi qu'en disant le Tout-Puissant nous disons assez pour nous faire entendre, vu qu'il n'y a pas deux Tout-Puissants : de même il suffit ici de dire le Roi, parce qu'il n'y a pas d'autre roi qui soit Dieu. Aussi bien celui qui parlait était-il roi lui-même. D'où il résulte qu'il ne veut point parler en cet endroit d'un homme, ruais bien du Dieu de l'univers. Voilà pourquoi il ne dit pas aux rois, mais au roi ; l'adjonction de l'article fait voir de quelle souveraineté il s'agit.
2. Après cela , voulant montrer encore que ces paroles ne proviennent point d'une pensée humaine , d'un travail , d'une méditation, mais de la grâce de Dieu , et que;.pour sa part il n'a fait que prêter sa langue, il ajoute: « Ma (38) langue est la plume d'un écrivain alerte. » La plume écrit ce que lui commandent les doigts qui la tiennent. pourquoi: « Alerte? » Afin de montrer ici encore l'opération de la grâce. Celui qui parle en son propre nom est lent; il perd du temps à réfléchir, à composer; l'ignorance, l'inexpérience l'entravent et le retardent: mille choses mettent obstacle à la rapidité du discours. Mais quand l'Esprit-Saint agit sur une intelligence, rien ne vient ralentir son action : comme un fort courant d'eau s'élance avec fracas, la grâce de l'Esprit court avec une incomparable vitesse, aplanissant, unissant tout sur son passage. Puis revenant sur ses paroles pour les purger de ce qu'elles peuvent. avoir d'humain , il ajoute: « Autrement beau que les fils des hommes.»
Quelques-uns font rapporter ceci à la langue, croient que cette beauté est celle de la plume. Moi, je crois que le Psalmiste a maintenant en vue le Christ : de là cette traduction d'un autre interprète : « Vous avez été paré de beauté par les fils des hommes. » Dans sa ferveur, dans la violence de son amour, il apostrophe subitement le Christ, ainsi que Jacob dit : « Tu es sorti du germe, mon fils. « Tu t'es couché et endormi comme un lion. » Saisi d'enthousiasme, c'est au Christ désormais qu'il s'adresse. Ne voyez-vous pas ici une comparaison? il ne dit pas a plus beau, « mais autrement, beau que les fils des hommes. » Ce sont, veut-il dire, des beautés différentes. Considérez maintenant comment, tout en commençant ; il aborde le mystère de l'incarnation. C'est ce que 1a suite rend manifeste. Car, après avoir dit : « Autrement beau que les fils des hommes, » il ajoute : « la grâce a été répandue sur vos lèvres. » Dieu n'a pas de lèvres : ce langage suppose l'Incarnation. Un autre interprète a rendu la chose encore plus claire, en disant : « La grâce est remontée sur tes lèvres. » Que signifie, en effet, cette expression, est remontée, sinon en d'autres termes : la grâce qui était- en toi a jailli au dehors? Comment donc un autre prophète peut-il dire « Nous l'avons vu, et il n'avait ni éclat, ni beauté : mais son apparence était humble, inférieure à celle des fils des hommes? » (Is. LIII , 2, 3.) Ce n'est point la laideur, à Dieu ne plaise ! qu'il veut désigner par là, mais la bassesse de condition. Une fois qu'il eut consenti à devenir homme, il vécut sans cesse dans l'abaissement : il ne voulut point d'une reine pour mère , d'une couche dorée pour berceau; il naquit dans une crèche; il fut élevé non pas dans un palais magnifique, mais dans l'humble échoppe d'un artisan. Puis quand il choisit des disciples, ce ne furent point des rhéteurs, des philosophes, des rois, mais des pécheurs et des publicains : telle est l'humble existence qu'il rechercha, sans maison, sans riches vêtements, sans table somptueuse, vivant aux dépens d'autrui, insulté, dédaigné, chassé, persécuté. Par là il se proposait de mieux abattre l'orgueil humain. C'est donc parce qu'il écartait de lui toute pompe, tout appareil, parce qu'il n'avait ni suivants, ni satellites, que même il allait quelquefois seul comme un homme du vulgaire, qu'Isaïe a dit : « Nous l'avons vu, et il n'avait ni éclat, ni beauté, » tandis que le Psalmiste dit : « Autrement beau que les fils des hommes, » par allusion à la grâce, à la sagesse qui étaient en lui, à sa doctrine, à ses miracles. Puis il ajoute, pour donner une idée de cette beauté : « La grâce a été répandue sur vos lèvres. » Voyez-vous qu'il s'agit de l'incarnation? Mais de quelle grâce est-il question ici? De celle qui inspirait la prédication de Jésus et ses miracles. Il parle ici de la grâce descendue dur la chair : « Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre comme une colombe et se reposer c'est celui-là qui baptise. » (Jean, I, 33.) Car il n'est pas de grâce qui n'ait été répandue dans ce temple. L'Esprit-Saint ne lui mesure pas ses dons : « Nous, nous avons reçu de sa plénitude (Jean, I, 16); » mais ce temple-là reçut la grâce sans restriction. Isaïe a exprimé la même chose en disant: « L'Esprit de sagesse et d'intelligence se reposera sur lui, l'Esprit de conseil et de force, l'Esprit de science et de piété, l'Esprit de la crainte de Dieu le remplira. » (Isaïe, XI, 2, 3.) Mais en lui la grâce est complète; chez les hommes, il n'en existe qu'une goutte, une parcelle. Aussi n'est-il pas écrit: je donne l'Esprit, mais bien: « Je répandrai de mon Esprit sur toute chair. » (Joël, II, 28.)
3. C'est, en effet, ce qui arriva. Toute la terre entra en participation de cet Esprit. Le bienfait commença par la Palestine : il passa de là en Egypte, en Phénicie, en Syrie, en Cilicie, dans la région de l'Euphrate, ta Mésopotamie, la Cappadoce, la Galatie, la Scythie, la Thrace, la Grèce, la Gaule, l'Italie, la Libye (39) entière, l'Europe, l'Asie, jusqu'à l'Océan. Et à quoi bon cette longue énumération? Tous les lieux qu'éclaire le soleil furent visités par cette grâce : il suffit de cette goutte, de cette parcelle de l'Esprit, pour répandre la doctrine dans l'univers entier. Par elle se montrèrent des signes, par elle lés péchés de tous furent rachetés. Néanmoins cette grâce distribuée dans tant de climats n'est qu'une partie, et pour ainsi dire, un arrhe du présent total : « Donnant, est-il écrit, les arrhes de l'Esprit dans nos coeurs. » (II Cor. 1, 22.) C'est l'opération, ici, qui est dite partielle : car le Paraclet est indivisible. Mais voyez quelle source inépuisable : « A l'un est donnée par l'Esprit, la parole de sagesse; à un autre la parole de science selon le même Esprit; à un autre la foi; à un autre la grâce de guérir; à un autre la vertu d'opérer des miracles dans le même Esprit; à un autre la prophétie; à un autre, le discernement des esprits; à un autre, le don des langues diverses. » Voilà les grâces innombrables que la grâce du baptême a répandues parmi tant de nations, sur toute la terre : tout cela est l'oeuvre de cette goutte tombée de l'Esprit. C'était bien une goutte en effet : c'est ce que prouve lexpression : « Je répandrai de mon Esprit, » et cette autre : « Les arrhes. » De là il résulte clairement qu'une faible partie du tout, seulement, a été donnée. Voilà pourquoi Jean a dit, faisant voir la même chose : « Nous avons tous reçu de sa plénitude : » en d'autres termes,. de ce qui déborde, du trop plein de ce qui tombe du vase. Songez donc combien elle est inépuisable cette grâce de l'Esprit, qui suffit durant tant d'années à tout ce vaste univers : et elle ne se trouve point par là réduite ni tarie : elle comble tous les hommes de trésors et de grâces, sans jamais s'épuiser. Ensuite, comme ce mot Esprit s'applique à beaucoup de choses, aux anges, aux âmes, aux vents, et à d'autres objets encore, le Psalmiste a soin de dire mon Esprit. L'esprit de l'homme tient à l'homme même : il en est de même de l'Esprit de Dieu, malgré la distinction des personnes. De là ces mots de Paul : « Qui des hommes sait ce qui est dans l'homme, sinon l'esprit de l'homme, qui est en lui? Ainsi, ce qui est en Dieu, personne ne le connaît que l'Esprit de Dieu (I Cor. II,11) :» il ne confond pas les personnes, à Dieu ne plaise ! mais il fait voir la noblesse de l'Esprit.
Aussi grand est l'accord de l'âme avec elle-même, aussi grande la parenté de l'Esprit avec le Père. En conséquence, de même que le Fils est appelé Verbe, non qu'il ne soit pas une personne, mais afin de montrer sa parenté avec le Père : de même l'Esprit de Dieu porte le simple nom d'Esprit, tout en restant une Personne. Et, ainsi que le Fils, en sa qualité de Fils par naissance, fait de nous des fils par adoption : de même l'Esprit, comme étant de substance divine, nous octroie les grâces. Si un homme peut tracer une image d'homme, n'est-ce point comme étant homme lui-même? « A cause de cela Dieu vous a béni pour l'éternité. Pour cela, » dit un autre.
Voyez-vous comment, dans sa ferveur, il continue de s'adresser à lui. C'est par le même motif qu'ailleurs il revêt sa prophétie des formes du reproche, par exemple quand il dit : « Pourquoi les nations ont-elles frémi, les peuples ont-ils médité des choses vaines (Psal. II, 1) ? » il dit ici : « A cause de cela Dieu vous a béni pour l'éternité. » Sans avoir rien dit de sa naissance, de son éducation, des autres événements de sa vie, il se met brusquement à parler de lui. Pourquoi cela? Parce que raconter les faits dans leur ordre, c'est l'affaire des évangélistes. Voilà pourquoi le Prophète leur réserve ces sujets, qui appartiennent à leur relation. Quant à la prophétie, son rôle est de détacher certaines parties et de s'y arrêter. Aussi les prophètes font-ils partout de même; ils s'emparent de quelques faits historiques, en tracent une esquisse, et passent. C'est pourquoi le Psalmiste se borne à dire : « Dieu vous a béni pour l'éternité, » indiquant ainsi la grâce infinie qui remplissait ses paroles. Observez maintenant le pouvoir de la grâce : « Jésus marchait un jour sur le rivage de la mer; il trouve Jacques et Jean, et leur dit : Venez derrière moi, et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes. » (Matth. IV, 21,22.) Et eux, ayant laissé leur père et leurs filets, ils le suivirent. Une autre fois, il dit à tous ses disciples : « Est-ce que vous voulez, vous aussi, vous en aller? » Pierre lui répondit . Seigneur, vous avez des paroles de vie éternelle, et nous avons cru, et nous avons connu que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant; et à qui irions-nous? » (Jean, VI, 68, 74). Et pourquoi citer les disciples? Les pharisiens mêmes ayant envoyé des archers, en reçurent cette réponse : « Jamais homme n'a parlé (40) comme cet homme.» ( Ib. VII, 46.) Et d'autres encore disaient: « Jamais rien de semblable ne s'est vu dans Israël. Et ils étaient dans l'admiration, parce qu'il les instruisait comme ayant autorité, et non comme leurs scribes et les pharisiens. »
4. Que si vous voulez connaître la grâce
par vous-mêmes, écoutez ses préceptes, pesez-les, et vous verrez la force de la grâce
: « Si quelqu'un ne renonce pas à tout, et, en outre, s'il ne hait pas sa propre âme,
il n'est pas digne de moi. » (Luc, XIV, 33.) Néanmoins, cette parole fut accomplie, tant
il possédait de grâce. Et pourtant quoi de plus intime que l'âme? Eh' bien ! l'âme même, on la méprise pour obéir au précepte du Christ. Mais
vous, en entendant ces mots « Dieu vous a béni, » n'allez point vous scanda
Afin que ces paroles ne vous inspirent point de mépris, le Psalmiste vous montre la puissance de la divinité. Car il ne sépare pas la chair de la divinité, ni la divinité de la chair, non qu'il confonde les substances (à Dieu ne plaise !) mais afin d'en montrer l'union. De là ces paroles : « Dieu vous a béni pour l'éternité. » Comment s'opère cette bénédiction ? par les louanges des anges, des archanges, des trônes, des dominations, des puissances, toute la terre, d'un bout à t'autre, rend gloire et hommage au Dieu fait chair. Adam, le premier homme, fut chargé d'imprécations; celui-ci, au contraire, est chargé de bénédictions. Au premier, il fut dit : « Tu es maudit dans tes oeuvres, » et ses enfants furent frappés à leur tour de semblables malédictions : « Maudit celui qui fait négligemment les oeuvres du Seigneur; maudit celui qui ne reste pas fidèle à toutes les choses écrites dans ce livre; maudit celui qui est pendu au bois. » (Gen. III, 17; Jér. XLVIII, 10; Deut. XXVII 26; Ib. XXI, 26.) Voyez-vous que de malédictions ? Le Christ nous en délivra, en les assumant sur sa tête. De même qu'il s'est humilié pour nous relever, qu'il est mort pour vous rendre immortels; de même il a assumé les malédictions afin que vous fussiez comblés de bénédictions. Qu'y a-t-il de comparable à une bénédiction achetée au prix d'une malédiction? Le Christ n'avait pas besoin de bénédictions pour lui-même; c'est pour vous qu'il les a gagnées. Quand je dis qu'il s'est humilié, je rie parle pas d'un changement réel, je fats seulement allusion à la condescendance de l'Incarnation; de même, quand je dis qu'il a été béni, je n'entends pas indiquer qu'il eût besoin de bénédiction; je désigne encore par là la condescendance de son incarnation. La nature humaine, donc, a été bénie. Le Christ, ressuscité d'entre les morts, ne meurt plus, n'est plus en butte à la malédiction, ou plutôt il n'y était pas davantage en butte auparavant; il s'en est (41) seulement chargé, afin de vous en délivrer. « Ceignez votre épée sur votre cuisse, puissant, dans voire jeunesse et votre beauté (4). » D'après un autre : « Votre louange et votre dignité. » Suivant un autre : « Dans votre gloire et votre majesté. » Que signifie ce changement de ton et de langage ? Tout à l'heure il parlait d'un docteur; c'est ce que veut dire, en effet : « La grâce a été répandue sur vos lèvres;» et voici que subitement il nous dépeint un roi en armes, et cela non plus en forme de prophétie, mais en forme de supplication. Il ne dit pas, en effet : il ceindra son épée; il demande : « Ceignez, dit-il, votre épée. » Ensuite, il revient à la beauté, et nous dépeint son héros, tantôt comme un guerrier, tantôt comme un beau jeune homme : « Dans votre jeunesse et votre beauté. » Puis, comme un archer : « Vos traits sont aiguisés, puissant. » Ensuite, comme un vainqueur, un triomphateur : « Les peuples tomberont sous vous, au coeur des ennemis du roi. » Enfin, il nous montre les parfums que répand sur son corps ce guerrier, ce roi, cet archer, ce vainqueur : « La myrrhe, l'aloès et la cannelle parfument vos habits. »
5. Quel rapport entre ces armes et ces odeurs, ces parfums et cette épée, entre l'enseignement et la guerre, les flèches et la beauté? D'une. part, des symboles de paix; de l'autre des emblèmes de guerre et de combat. Qui est-ce donc, qui est fait à la fois pour la paix et pour la guerre? qui exhale l'odeur des parfums, et se revêt d'une -armure; qui habite des palais d'ivoire, et extermine des milliers d'ennemis? Comment venir à bout de cette difficulté? En considérant qu'il est ici question du Père en même temps. Ailleurs encore le Prophète le montre armé, lorsqu'il dit, par exemple : « Si vous ne vous convertissez pas, il fera briller son glaive; il a tendu son arc, il l'a préparé, et y a disposé les instruments de mort. » (Ps. XVI, 3.) Et ailleurs encore: « Il revêtira la cuirasse de l'équité.» (Sag. V, 19.) Observez que c'est toujours de son propre mouvement qu'il agit. De même qu'il est dit dans un de ces passages : « Il fera briller son glaive, » sans que personne l'y pousse lui-même de son plein gré: de même on lit ici : « Les traits du puissant ont été aiguisés, les peuples tomberont sous vous au coeur des ennemis du roi. » Puis afin de montrer que Dieu n'obéit en cela à aucune impulsion étrangère, le Psalmiste ajoute : « Votre main vous guidera miraculeusement. » C'est comme s'il disait: Ce n'est pas d'autre part que vous recevez l'impulsion; vous vous suffisez à vous-même. Ecoutez encore le Dieu de paix parler ainsi à ses disciples : « Je ne suis pas venu jeter la paix sur la terre, mais le glaive. » (Matth. X, 34.) Et encore : « Je suis venu jeter un feu sur la terre ; et qu'est-ce que je veux, sinon qu'il s'allume ? » Notre Psalmiste parlant également de celui qui doit venir, prédit comment il viendra: « Il descendra comme une pluie sur une toison, et comme une goutte qui tombe sur la terre.» (Ps. LXXI,6.) Je vous entretiens de ces choses, afin d'éveiller votre attention, et de vous exciter à chercher en vous-mêmes la solution, et le sens enfermé sous l'apparence des mots. Ces mots sont destinés à exprimer les opérations de la puissance divine. De même ici, quand vous entendez ces mots: « Ceignez votre épée sur votre cuisse; » voyez là un mot destiné à marquer le pouvoir : de même pour l'arc et les flèches. Ainsi que l'Ecriture dit de Dieu qu'il se met en colère, non qu'elle lui attribue une passion, mais afin de représenter par là le pouvoir de punir qui lui appartient, et de frapper l'esprit des hommes grossiers: ainsi elle parle ici d'armes, toujours dans le même but. En effet, comme les hommes pour se venger empruntent le secours de certains instruments, l'écrivain sacré, voulant montrer la puissance vengeresse de Dieu, a recours à des noms qui nous sont familiers, non pas pour que nous nous représentions le Seigneur en armes, mais pour que nous soyons plus, effrayés de ses châtiments. Mais beaucoup d'hommes, dira-t-on, ont trouvé là un sujet de scandale: c'est un simple effet de leur déraison, de leur étourderie : car, ait seul nom de Dieu, ils auraient dû comprendre que ces expressions étaient figurées. Et d'ailleurs l'Ecriture, en d'autres endroits, ne se fait pas faute de témoigner par son langage de l'impassibilité divine. Ecoutez comment ailleurs apparaît la facilité avec laquelle Dieu punit: « Que Dieu se lève, que ses ennemis soient dissipés. » (Ps. LXVII, 2.) Est-il besoin d'armes? est-il besoin d'épée ? Qu'il se lève, cela suffit. Mais ceci même est encore un peu grossier: de là ces expressions plusieurs fois répétées: « Celui qui regarde sur la terre, et qui la fait trembler. » Et encore: « Par son aspect fut ébranlée la terre. » Mais ici même il reste de (42) la grossièreté. Ecoutez un langage plus relevé « Il a fait tout ce qu'il a voulu. » (Ps. CXXXIV, 6.) C'est qu'il lui suffit de vouloir: observez d'ailleurs comment, même quand son langage s'abaisse, l'Ecriture atteste l'absolue plénitude de la nature divine. La mention des armes n'arrive qu'après l'appellation de Puissant et après l'énumération des armes, c'est au bras de Dieu seul, qu'est attribuée la victoire, en d'autres termes, à sa nature, à sa puissance: ce qu'un autre prophète indique en disant : « Son pouvoir est sur son épaule. » (Isaie, IX, 6.) Noir pour que vous vous représentiez une épaule véritable, à Dieu ne plaise ! mais pour que vous sachiez que Dieu n'a pas besoin de l'assistance d'autrui. « Ceignez votre épée sur votre cuisse, puissant, dans votre jeunesse et votre beauté. » Que veut-il dire ici? Il emploie ces expressions peu relevées pour faire voir la puissance avec laquelle Dieu a gouverné le monde, mis fin à la guerre, et consommé son triomphe. C'était une guerre en effet, une guerre affreuse, la plus cruelle de toutes: il n'avait point à lutter contre une armée de barbares, mais contre les. piéges des démons qui corrompaient l'univers entier. De là ces paroles d'Isaïe : « Il partagera les dépouilles des forts (Isaïe, LIII, 12) ; » et encore a l'Esprit de Dieu est sur moi : pour cette raison il m'a oint, m'a envoyé annoncer la « bonne nouvelle aux pauvres, proclamer la « délivrance des captifs. » (Ib. LXI,1.) C'est encore pour cela que Paul écrit en général au commencement de ses épîtres: « Grâce à vous et paix par Dieu notre Père. » Et ailleurs : « Car c'est lui qui est notre paix, lui qui des deux choses en a fait une seule.»(Ephés. II, 14.) Mais, afin que ces mots « Ceignez votre épée,» ne vous fassent pas croire qu'il s'agit d'une épée sensible, écoutez ce qui suit: « Dans votre jeunesse , » poursuit-il, et, « dans votre beauté. » L'épée, la voilà: c'est sa jeunesse, sa beauté, sa majesté, sa grandeur, sa magnificence. En effet, son essence n'a besoin de rien pour accomplir ses desseins, puisque rien ne lui manque. Le Prophète l'invoque donc, le pousse à la guerre dans l'intérêt de l'univers. Puis de ces sublimités il redescend à un langage plus humble; après avoir dit l'épée,, la cuisse, il avait haussé le ton, et nommé la jeunesse , de là il redescend à des objets plus charnels, et reprend: «Tends, dirige et règne.» Par ce mot tends, il nous rappelle l'arc et la flèche. Mais aussitôt et après, voulant nous montrer que Dieu n'a pas besoin d'armes, il ajoute: Dirige et règne. » Avance, suivant un autre interprète. Quant à la royauté dont il parle ici, c'est celle que le Rédempteur, après sa venue, a exercée dans les derniers temps, celle qui résulte de l'union intime et de la doctrine.
6. Ces paroles attestent admirablement le désir allumé chez le Prophète par la vue des victoires futures et du inonde amené à la vérité. Voilà pourquoi il emploie les formes de l'exhortation. Les petits emploient de pareilles expressions vis-à-vis des grands, quand ils sont transportés de zèle pour eux. « A cause de la vérité, de la douceur et de la justice. » Il ajoute ce mot « vérité. » Voyez-vous comment l'Ecriture s'explique elle-même , et montre qu'il s'agit d'une victoire purement intelligible et spirituelle? Comment ce même auteur qui parlait tout à l'heure d'armes, de glaive et d'arc, peut-il ici nommer la douceur? qu'y a-t-il de commun entre la douceur et la guerre, entre la clémence et le combat? Le rapport est grand , si l'on y fait attention. David et Moïse étaient doux. L'Ecriture dit du premier: « Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur. » (Ps. CXXXI, 1); et de Moïse: Moïse était le plus doux de tous les hommes qui sont sur la terre. (Nomb. XII, 3.) Néanmoins ces hommes si doux savaient punir mieux que personne. Mais parlons d'abord , si vous le voulez, de leur douceur. Plusieurs fois David avait tenu Saül en son pouvoir; il aurait pu le tuer; il ne porta pas la main sur lui, en dépit des conseils d'autrui, il l'épargna et dompta sa propre colère. Quand Séméi l'abreuvait d'outrages et insultait à son infortune, quand ses généraux voulaient courir sus à ce furieux, et lui donner la mort, quelle n'est pas la sagesse de ses paroles ! Voyez encore comment il recommande à ses généraux un fils parricide et perverti.: « Epargnez , » leur dit il, « mon enfant Absalon. » Et tout au commencement, quand il répond à ses frères envieux et jaloux de sa future victoire, rappelez-vous quelle est la douceur de son langage: « N'est-il pas permis de parler? » dit-il. (I Rois, XVII, 29.) Et Moïse? Ecoutez comment il plaide la cause de ceux qui avaient tenté de le lapider, et l'auraient tué, s'il n'avait tenu qu'à eux: « Si vous leur remettez leur péché, remettez-le:» sinon, « rayez-moi aussi du livre que vous avez écrit.» (43) (Exod. XXXII, 31, 32.) Une autre fois, on l'excitait à la jalousie , on cherchait à provoquer son indignation: il ne répondit que ces sages paroles: « Qui fera que tout ce peuple soit prophète du Seigneur? » (Nomb. XI, 29.) Sa soeur elle-même l'insulte : avec quelles instances ne prie-t-il pas poutrelle? En bien d'autres choses on peut voir paraître sa douceur, par exemple lorsque repoussé de la Terre promise, et se voyant refuser l'entrée de la Palestine , il s'entretient si paisiblement avec les Juifs. Cependant ce même homme, si plein de douceur, demanda que Dathan, Abiron et Coré, fussent engloutis sous la terre le jour où ils usurpèrent le sacerdoce, et que les autres fussent brûlés, en punition de ce qu'ils avaient offert le feu d'autrui. Ce David si clément tua Goliath, repoussa son armée, et remporta la victoire. En effet, ce qui caractérise par-dessus tout la douceur, c'est le pardon des injures dont on a été victime soi-même, en même temps que l'assistance prêtée aux opprimés. Telle fut la conduite du Christ lui-même, qui disait sur la croix: « Mon père, pardonnez-leur , car ils ne savent ce qu'ils font. » (Luc, XXIII, 34.) Puis il ajoutait, pleurant sur Jérusalem : « Combien de fois j'ai voulu rassembler vos enfants, et vous ne l'avez pas voulu : voici que votre maison est laissée déserte. » (Matth. II, 3, 37, 38.) Souffleté, au lieu de rendre l'affront, il s'excusait à l'insolent: traité de démoniaque, il chassait les démons; appelé charlatan , ennemi de Dieu , il acheminait vers le Royaume ceux qui l'injuriaient ainsi. Il ne cessait de recommander à ses disciples de se laisser fouetter, persécuter, proscrire, et de rechercher la dernière place: « Que celui qui veut être le premier parmi vous, » dit-il, « soit votre serviteur. » (Matth. XX, 26.) Et se prenant lui-même pour exemple, il ajoutait: « Comme le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner son. âme en rançon pour plusieurs. » (Ib. 28.) S'il chasse les démons, s'il fait la guerre aux diables, s'il ruine l'erreur, c'est encore un trait de mansuétude que de guérir tous les vices et d'affranchir ainsi les pécheurs, que de réprimer les entreprises des démons, et de tirer de peine les persécutés. Mais qu'est-ce à dire : « A cause de la vérité , de la douceur et de la justice? » Il a parlé de la guerre, du combat, il a montré le guerrier: il parle maintenant des exploits de son règne, de l'espèce de trophée qu'il a élevé , de la (43) nature de sa victoire. Ici-bas, tous les rois font la guerre ou pour des villes, ou pour de l'argent, ou par haine, ou par vanité: rien de pareil chez lui : il combat pour la vérité afin de l'implanter sur la terre; pour la douceur, afin d'adoucir des êtres plus farouches que des bêtes sauvages, et pour la justice, afin de rendre justes les âmes soumises à la tyrannie de l'iniquité, de les rendre justes d'abord par la grâce, ensuite par les bonnes oeuvres. « Et votre main vous guidera miraculeusement. » Suivant un autre : « Et votre main vous éclairera sur les choses terribles. » D'après un autre encore : « Et votre main vous montrera des choses terribles (7). » Voyez-vous comment ici encore, il nous fait entrevoir la majesté propre à l'auteur de tant d'exploits? De même que, plus haut, après avoir parlé d'armes et d'épée, il était revenu à la jeunesse, et avait ainsi élevé ses auditeurs aux pures contemplations de l'esprit : de même ici, après être descendu à ce détail grossier d'arc et de flèches, il relève peu à peu notre pensée, en nous exposant les, motifs de cette guerre, à. savoir la vérité, la douceur, la justice. Après cela il nous fait connaître la manière dont la victoire a été remportée. « Et votre bras vous guidera miraculeusement. » Voici le sens de cette phrase: Sa nature se suffit à elle-même , sa puissance n'a pas besoin d'aide pour voir ce qu'il faut faire , et pour l'accomplir.
7. Un autre dit fort bien : « Votre bras est terrible. » Rien de plus terrible en effet, de plus effrayant que ces exploits : la mort vaincue, les portes de l'enfer forcées, le paradis, le ciel ouvert, les démons bâillonnés, les choses d'en-haut mêlées à celles d'ici-bas, un Dieu fait homme, un homme assis sur le trône royal ; espérances de résurrection , attentes immortelles, jouissance de biens ineffables, que sais-je encore? autant de fruits de sa venue. De là ces mots : « Votre main vous guidera vers les choses terribles; » il veut montrer que la nature de ce Sauveur, que sa puissance lui suffit pour former, pour accomplir ses desseins. Les Septante traduisent : « Votre main vous guidera miraculeusement, » c'est-à-dire qu'il ne faut pas admirer seulement ces effets, mais la façon miraculeuse dont ils se sont produits. Une mort a vaincu la mort, une malédiction a anéanti la malédiction et y a substitué la bénédiction : un aliment nous avait fait exclure autrefois, un aliment nous (44) vaut notre rappel. Une vierge nous avait fait chasser du paradis, une vierge nous procure la pie éternelle. Ce qui nous avait fait condamner nous fait couronner. Voilà ce que le Prophète a en vue, lorsqu'il dit : « Votre main vous guidera merveilleusement. » A quoi bon des armes, une épée, un arc, des flèches? voyez-vous que sa nature , sa puissance se suffisent à elles-mêmes? Mais voici que pareil à un bon danseur, il quitte les hauteurs pour descendre à des choses plus humbles. « Vos traits dont aiguisés, puissant. Les peuples tomberont sous vous au coeur des ennemis du roi (6). » Un autre dit : « Dans le coeur, les ennemis du roi. »
Considérez comment, en faisant mention des traits, il a soin de nommer « Puissant » celui à qui il s'adresse, afin de vous faire comprendre que les traits lui sont inutiles. Qu'il se suffit à lui-même. Voici la suite des idées ; « Vos traits sont aiguisés , puissant, dans le cur des ennemis du roi. » Quant au membre de phrase : « Les peuples tomberont sous vous, » c'est une parenthèse. Je vois deux manières d'expliquer ce passage, ou bien il s'agit de l'asservissement des Juifs, de la prise et de la ruine de leur capitale, ou bien les traits sont une figure pour désigner le pouvoir de la parole. La parole, en effet, plus vite que la flèche , a fait le tour de l'univers entier, elle a frappé au coeur ceux qui jusque-là avaient été les ennemis du Roi, non pour les faire périr, mais pour les gagner : c'est ce qui arriva pour Paul. Car ce ne serait point se tromper que d'appeler trait cette parole qui, lancée du ciel, toucha ce coeur jusqu'alors hostile, et le rendit ami: « Les peuples tomberont sous cous. »Voyez-vous le succès de la guerre, la soumission des révoltés, la prédication, l'initiation? Car telle est la soumission dont il s'agit ici : être soumis à Dieu, c'est le fondement et le principe de toute élévation. Ainsi donc, il les a délivrés de tout orgueil, de toute vaine gloire, des' erreurs suggérées Par les démons, et se les est soumis. C'est dans le même sens qu'un autre prophète nous le l'ait voir ensanglanté : voici ses paroles : Quel est cet homme qui arrive d'Edon ? la « rougeur de ses vêtements vient-elle de Boror ? » (Isaïe, LXIII, 1) Point d'armes ici, d'arc, de flèches, mais des vêtements. L'expression est grossière encore , moins cependant que l'autre : et cependant jusque dans l'insuffisance de ce langage le Prophète trouve moyen d'élever notre pensée peu à peu aux choses incorporelles. En effet, à cette question, d'où vient la rougeur de ses vêtements, voici la réponse : « J'ai foulé un pressoir tout seul. » C'est indiquer la facilité de la victoire, l'absence de tout auxiliaire, la force suffisante que le combattant a trouvée en lui-même. De même qu'il dit ici : « Votre bras vous guidera miraculeusement, » de même en cet endroit : « J'ai foulé un pressoir tout seul. » Autant il est facile, en effet, à un vendangeur d'écraser des raisins, autant il est aisé à Dieu d'accomplir ses volontés : ou plutôt, cela lui est beaucoup plus aisé. « Votre trône, Seigneur, subsistera éternellement. Le sceptre de votre règne est un sceptre de droiture (7) » Vous « avez aimé la justice et haï l'iniquité. C'est « pour cela que Dieu, votre Dieu vous a oint d'une huile de joie entre tous ceux qui y ont part avec vous (8). » Un autre traduit : « Votre trône, ô Dieu est éternel, et au delà. » Le texte hébreu pour « Dieu , votre Dieu » pour Eloïm, Eloach. A cela que peut objecter le Juif? A qui s'appliquent ces paroles? Et l'hérétique? Prétendra-t-il que c'est (lu Père qu'il est dit : « Votre trône, ô Dieu, subsiste éternellement. » Mais alors comment accorder avec cela ce, qui suit : « Pour cette raison, Dieu, votre Dieu vous a oint? » Le Père n'est pas oint, il n'est pas oint comme le Christ. Il est donc évident qu'il s'agit ici du Fils unique, à qui s'applique déjà ce qui précède. C'est la même pensée qu'Isaïe exprime en disant : « Son règne n'aura pas de fin. » (Isaïe, IX, 7.)
8. Mais peut-être demandera-t-on comment il se fait que le prophète parle ici de la Divinité même, lui qui précédemment ne parlait que de la Divinité incarnée? Saint Matthieu «ne fait pas autrement. Il commence suivant la chair, et voici son début: « Livre de la généalogie de Jésus-Christ. » De même saint Luc et saint Marc; saint Jean seul procède autrement : il commence par placer sur le terrain de la Divinité : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. » Puis il ajoute : « Et le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi nous (14). » S'il s'y est pris autrement que ses autres dans la rédaction de l'Evangile, cela ne l'a pas empêché de se montrer tout à fait d'accord avec eux. Et comment, dira-t-on, peut-il y avoir (45) accord, là où il existe contradiction ? Est-ce que vous ne savez pas que manger est le contraire de ne point manger, boire de ne pas boire, donner de ne pas donner ? Pourtant il arrivé souvent qu'un médecin a recours successivement à ces moyens divers ; non qu'il se contredise : il est au contraire parfaitement d'accord avec lui-même, car il ne vise qu'à un but, la guérison du malade: C'est la même chose pour les évangélistes; l'été est le contraire de l'hiver, cependant il conspire à un même huit, la maturité des fruits, l'abondance. Le monde tout entier est composé de contraires mais il montre un parfait accord pour aider à notre vie. Le Christ lui-même suivit une voie opposée à celle de Jean : il mangeait, tandis que Jean ne mangeait pas. « Jean est venu, qui ne mangeait, ni ne buvait, et l'on dit : il a un démon en lui. Le Fils de l'homme est venu, qui mange et boit, et l'on dit: c'est un homme de bonne chère, et qui aime le vin. » (Luc, VII, 33, 34.) Mais malgré cette différence de conduite; l'un et l'autre conspiraient à un même but, à savoir le salut de ceux qui devaient être pêchés. De même pour l'ordre oit sont placées la Divinité et l'Incarnation : Jean s'accorde avec les autres, bien qu'il prenne une voie contraire. Comment? je vais le dire. Au commencement, quand la parole n'était pas encore répandue, il était naturel d'insister sur l'In car nation,.et de consacrer tous ses efforts à établir ce dogme, en préludant parce qu'il y avait de plus matériel et de plus accessible aux sens. Mais une fois que la doctrine fut enracinée, quand les hommes eurent reçu la nouvelle, alors il devint à propos de remonter plus haut. Voilà pourquoi les prophètes, quand ils viennent à parler du Christ commencent, débutent par l'Incarnation. Voyez par exemple comment Michée prend les choses du plus bas : « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es aucunement petite parmi les princes de Juda. « De toi, en effet, sortira le chef qui sera pasteur de mon peuple Israël. » (Mich. V, 2.) Cependant ce qui devait sortir de Bethléem, ce n'était point la divinité, mais la chair. Mais il ne s'en tient pas là, il remonte jusqu'à la divinité, en disant : « Et sa sortie est du commencement des jours de l'éternité. » Isaïe dit aussi : « Voici que la vierge concevra, et enfantera un fils, et on l'appellera de son nom Emmanuel, ce qui veut dire Dieu avec nous. » (Isaïe, VII, 1,4.) Voyez-vous comment Isaïe aussi remonte de la chair à la divinité? Ailleurs, c'est encore la même chose; il dit : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et il est appelé de son nom Ange de grand conseil, admirable conseiller, Dieu fort, puissant, prince de paix, père du siècle futur. » (Is. X, 6.) Il a commencé par l'enfance, par l'incarnation, et voici que, montant par degrés il arrive à la divinité. C'est ainsi que le père s'était révélé d'abord par la création : « Ses perfections invisibles, » dit Paul, « rendues compréhensibles depuis la création du monde par les choses qui ont été faites, sont devenues visibles. » (Rom. I, 20.) Aussi se représente-t-il souvent lui-même sous des apparences sensibles, afin d'amener peu à peu le genre humain à la conception des choses incorporelles. Et pourquoi vous étonner de retrouver dans les dogmes cette marche que sa Providence suit dans les préceptes qu'elle nous donne ? Voilà pourquoi le Prophète parle ici comme il fait, s'élevant de la chair à la divinité (car les lèvres sont de la chair,) et redescendant après cela de la divinité à la chair: la diversité de son langage n'est qu'un moyen dont il se sert pour le salut de ceux qu'il instruit. « Votre trône, ô Dieu, subsiste éternellement : » trône en cet endroit ne signifie point ce qu'on entend généralement par là, mais la royauté. Ici, ce trône est qualifié d'éternel, ailleurs de sublime : « J'ai vu le Seigneur assis sur un trône sublime. » (Is. VI, 1.) Et ailleurs : « Parce que votre trône est sublime. » Un autre prophète voit Dieu assis sur un trône de gloire. David montre que c'est aussi un trône de bonté : « Miséricorde et jugement sont le redressement de son trône. » (Ps. XCVI, 2.)
9. Tout cela doit être entendu de la
royauté c'est elle qui est impérissable sans fin, glorieuse, sublime, forte et solide.
De plus elle n'a pas eu de commencement, comme le prouvent ces mots: «Votre royauté est
une royauté de tous les siècles. » (Ps. CXL,V, 13.) Si le
trône est un emblème de la royauté, le sceptre symbo
Puisqu'il en est ainsi, n'hésitez pas à lui donner ce nom de Christ ou d'oint qu'ont porté avant lui Abraham et les prophètes, bien qu'ils n'eussent pas tous reçu l'onction de l'huile. Par exemple, il est écrit : « Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes.» (Ps. CIV,15.) Mais quand donc le Christ a-t-il reçu l'onction ? Quand l'Esprit descendit sur lui sous la forme d'une colombe. Par ces mots « Ceux qui y ont eu part, » entendez tous les hommes spirituels. Jean dit de même : « Nous avons tous reçu de sa plénitude ; » et en parlant de Jésus : « Dieu ne lui mesure pas le don de l'Esprit. » (Jean, I, 16, et III, 34.) Ailleurs il dit : « Je répandrai de mon Esprit sur toute chair. » Mais en cette occasion ce n'est pas une effluve de l'Esprit, c'est tout l'Esprit, qui est descendu; d'où ces paroles : « Dieu ne lui mesure pas le don de l'Esprit. La myrrhe, l'aloès et la cannelle parfument vos vêtements (9). » Suivant un autre: « coulent sur vos habits;» un autre traduit: « tous vos vêtements. »
10. Quelques-uns prétendent que le Prophète , par là , désigne allégoriquement la sépulture ; d'autres y voient une allusion au changement survenu dans l'onction. En effet, ce n'étaient pas ces parfums, mais d'autres, que les anciens employaient pour oindre. Afin de montrer que le mode d'onction est différent, le Psalmiste a déguisé, sous une diversité de substances, une différence d'opération. Quant à ces mots « Vos vêtements, » ils signifient que les vêtements mêmes du vainqueur étaient tout pleins de grâce. C'est ainsi que l'hémorrhoïsse n'eut qu'à toucher la frange du vêtement de Jésus pour arrêter ses pertes de sang. Rien n'empêche d'adopter ou ce sens ou l'autre; je les juge également acceptables. En conséquence, ainsi qu'en entendant parier d'arc et d'épée (pourquoi craindre de le redire ?) ou d'autres choses pareilles, vous ne vous arrêtez pas à la lettre : de même ici, sous ces mots « myrrhe et cannelle » cherchez un sens mystique, au lieu de vous figurer des réalités : sensibles. « Vos palais d'ivoire, ce qui a engagé des filles de rois à vous procurer de la joie dans l'éclat de votre gloire. » Suivant un autre : « Dans votre illustration. »
Il a dit ses victoires : il dit maintenant
les honneurs qui s'ensuivent: il sera honoré dans des temples magnifiques. Autrefois
l'ivoire était la matière la plus précieuse et la plus recherchée ; d'où ce cri d'un
autre prophète : « Malheur à vous qui dormez sur des lits d'ivoire ! » (Amos, VI,
4.) Et il montre ensuite que la bonne nouvelle n'arrivera pas seulement aux simples
particuliers, niais amènera des royaumes entiers à la soumission, et que des palais
précieux seront élevés pour le triomphateur. Toutes ces prédictions sont aujourd'hui
réalisées. Voulant montrer la puissance de la révélation, le Prophète dit comment
elle conquit, subjugué hommes, femmes, pauvres, riches, rois au front ceint du diadème,
reines, et les détermina à bâtir de toutes parts des temples à Dieu. Une fois engagé
dans ce propos, il s'y étend, et s'arrête à décrire les serviteurs de Dieu et ses
suppliants. Pour montrer comment les peuples se soumirent à lui, comment il toucha leur
coeur, comment il triompha de ses ennemis, vit son bras partout victorieux, implanta
partout vérité, douceur et justice , il recourt encore une fois au langage
métaphorique, et trace une figure de l'Eg
Si, quand il était question du roi, il ne fallait pas nous figurer un arc et des flèches, de même ici n'allez pas vous figurer des vêtements de fiancée : ne voyez dans ces expressions que des symboles matériels recouvrant des idées dignes de Dieu. Pour prévenir une pareille erreur, le Prophète lui-même a soin d'ajouter : « Toute la gloire de la fille du roi lui vient du dedans (4). » Or les vêtements sont ce qu'il y a au monde de plus extérieur, de plus visible, du moins les vêtements du corps: mais quand il s'agit de choses spirituelles, c'est au dedans qu'il faut porter les regards de son esprit. Ce vêtement est l'ouvrage du roi, c'est lui qui en a revêtu la fiancée par le baptême:. « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Gal. III, 27.) Avant cela, elle était nue; repoussante, offerte en spectacle à tous les passants. Mais du jour où elle a revêtu cet habit, elle est montée à ce degré d'élévation, elle a été jugée digne de se tenir à la droite. C'est à propos aussi qu'il parle de parure diverse. Le vêtement, en,.effet, n'est pas uni. Le salut ne vient pas seulement de la grâce : il nécessite aussi la foi, et après la foi, la vertu. Mais ici il ne s'agit pas de vêtements. L'Esprit s'inquiétait peu de décrire les habits dorés d'une femme. Si Isaïe s'élève contre les femmes parées, si toute l'Ecriture proscrit le luxe comment le Psalmiste aurait-il pu. ici faire l'éloge d'une femme parée ? « Ecoute; ma fille, et vois; incline ton a oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père (12). Et le roi désirera ta beauté, » ou « afin que le roi désire. Parce qu'il est ton Seigneur; » suivant un autre « car il est ton Seigneur. Et ils l'adoreront. » Un autre traduit : « Et adore-le. Et la fille de Tyr avec des présents (13). » D'après un autre : « Et la fille forte apportera des présents. Les riches du peuple supplieront ton visage. »
11. Rien ici de sensible, vous le voyez, rien de matériel ; font s'adresse a l'esprit seuil. Comment s'expliquer en effet cette fiancée, fille de son fiancé, cette fille fiancée de son père ? Au point de vue de la chair cela est impossible, les deux choses ne s'accordent point; mais au point de vue de la divinité, elles sont conciliables. Celui qui lui a donné par le baptême une vie nouvelle, est aussi celui qui l'a prise pour fiancée. «Ecoute, ma fille, et vois. » Elle lui doit deux choses, l'enseignement par l'entremise de la parole, et la vue par l'entremise des miracles et de la foi ; elle a reçu de lui et des dons et des promesses. Ecoute donc fines paroles, vois mes miracles et mes oeuvres et reçois patiemment mes exhortations. Et voyez par quelle exhortation préalable il commence : « Oublie ton peuple et la maison de ton père.» Comme il l'a prise parmi les Gentils, il commence par lui prescrire de renoncer à ses habitudes d'enfance, de les chasser de son souvenir, de les bannir de sa pensée; il ne veut pas seulement qu'elle les fuie, il lui défend même d'en garder le souvenir. Et oublie ton peuple et la maison de, ton père. En disant le peuple et la maison, il désigne tout ce qui occupe les Gentils, leur vie comme leurs doctrines. « Et le roi désirera ta beauté. » Vous voyez qu'il n'est pas question de beauté corporelle; si tu agis ainsi, lui dit-il, alors tu seras belle, alors le Roi désirera ta beauté. Or ce n'est pas là ce qui fait la beauté corporelle. Elle se rencontre chez les infidèles et il va de belles femmes qui sont païennes. Mais pour mieux vous convaincre qu'il n'est pas question de beauté sensible, le Prophète fait consister dans l'obéissance la beauté dont il parle ; or, l'obéissance ne produit pas la beauté du corps, mais celle de l'âme. Si tu agis ainsi, alors tu seras belle, tu deviendras un objet d'amour pour ton époux. « Parce qu'il est ton Seigneur. » Voici que le père se révèle comme époux et maître. Après avoir enjoint à la jeune femme de renoncer à ses parents, d'oublier son peuple, de renoncer à ses habitudes, il fait voir que l'a raison de ces préceptes est des plus fortes, que son langage se suit parfaitement, que l'obligation d'y obéir est impérieuse. En effet, si ton père est en même temps ton époux et en même temps ton maître, tu dois renoncer à tout pour te consacrer uniquement à lui. Et il ne dit point, parce qu'il est ton père, mais bien « parce qu'il est ton (49) Seigneur, » afin de la toucher davantage; c'est lui ton seigneur, ton maître, ton père, (lui a voulu en outre devenir ton époux, ou plutôt ce fait seul d'être devenu son seigneur atteste une sollicitude et une bonté infinies, puisqu'il a fallu l'arracher au joug des démons et à la tyrannie de l'erreur pour l'attacher à son service. Mais il n'en a pas fait seulement sa servante, il en a fait sa fille et sa femme. « Oublie ton peuple et la maison de ton père. » Car tu ne vas pas habiter chez un étranger, tu ne fais que retourner chez celui qui t'a engendrée, qui te touche de plus près que, personne, qui veille sur toi et te protége. Car il est à la fois ton maître, ton père et celui à qui tu dois tout. « Et ils l'adoreront, et la fille de Tyr avec des « présents. » - Quelle suite y a-t-il entre ces idées? Une suite parfaite. Il n'y a pas de meilleure méthode pour exhorter. Approche, dit-il, car sa puissance est grande et tous lui obéiront: Et omettant de parler de l'univers, le Prophète désigne seulement une ville voisine, alors plongée dans l'impiété, vraie citadelle du diable, grandement renommée pour son luxe; c'est la partie prise pour le tout.
Il me
semble aussi désigner par là en général la débauche et l'impiété
. car l'Ecriture est dans lusage de caractériser
la conduite humaine par des noms de ville. C'est ainsi qu'elle dit, par exemple : «
Ecoutez la parole du Seigneur, princes de Sodome : ayez la loi de votre Dieu, peuple de
Gomorrhe. » (Isaïe, I, 10.) C'est aux Juifs que parle Isaïe : mais comme leur conduite
rappelait Sodome, il leur applique le nom de cette ville. Et faut-il s'étonner qu'il leur
attribue ainsi fine patrie , quand ailleurs de la même façon
on leur prête des parents . « Ton père est Amorrhéen, et
ta mère Hettéenne. » (Ezéch.
XVI, 3.) Et là ne s'arrête point l'invective : quelquefois des, noms d'animaux leur sont
appliqués, comme dans ce passage du Nouveau Testament : « Serpents, progéniture de
vipères (Luc, III, 7) ; »,et dans l'Ancien : « Ils ont
brisé des oeufs d'aspics, et ils tissent une toile d'araignée.» (Isaïe, LIX, 5.)
Ailleurs il est dit : «.N'êtes-vous pas pour moi comme des fils d'Ethiopiens ? » (Amos,
IX, 7.) C'est ainsi que dans l'endroit qui nous occupe, sont désignés par le nom de Tyriens ceux qui passent leur vie dans l'incontinence et
limpiété: Mais je triompherai de ces hommes, dit-il, je les vaincrai, je les
forcerai d'adorer, et non pas seulement d'adorer, mais encore d'offrir des présents et
des prémices, ce qui est le culte par excellence, et la marque d'une obéissance sans
limites. Les riches du peuple supplieront ton visage. Qu'est-ce à dire, Supplieront?
C'est-à-dire, les grands, les puissants d'aujourd'hui. t'honoreront,
te glorifieront. C'est ainsi, en effet, que les choses se passent dans l'Eg
12. Vous avez sous les yeux l'Eg
13. Si je ne me trompe, il s'agit ici des apôtres, qui furent ses docteurs. Ensuite dépeignant leur force, leur puissance et leur gloire, il dit : « Tu les établiras princes sur toute la terre. » Ces paroles ont-elles besoin d'explication? Ne le pense pas; la lumière du soleil, dans tout son éclat, n'est pas plus claire que ces mots. En effet, les apôtres ont visité toute la terre, ils ont été des princes plus puissants que les plus augustes monarques. Les rois dominent de leur vivant, et perdent leur pouvoir avec la vie. Mais la mort des apôtres n'a fait qu'ajouter à leur empire. Les décrets des rois sont sans force hors de leur royaume; les préceptes donnés par ces pécheurs se sont répandus sur toute la surface de la terre. L'empereur des Romains ne saurait imposer des lois aux Perses, ni le roi de Perse aux Romains: les habitants de la Palestine ont imposé les leurs aux Perses, aux Romains, aux Thraces, aux Scythes, aux Indiens, aux Maures, au monde entier: et ces lois sont restées en vigueur non-seulement tant qu'ils ont vécu, mais encore après leur mort: et ceux qui y sont assujétis aimeraient mille fois mieux perdre la vie que d'en secouer l'autorité. « Je me souviendrai de votre nom dans la suite de toutes les races : et c'est pour cela que les peuples publieront vos louanges, dans les siècles des siècles (18). » Un autre traduit « Je rappellerai votre nom à chaque génération. Et c'est pour cela que les peuples vous « célébreront éternellement. » Il a fait voir la grandeur de cette puissance d'après l'étendue de la terre, les dimensions du monde, le nombre des peuples qui y seront soumis: Il se fonde maintenant sur une autre considération pour en montrer la majesté: c'est qu'elle s'étendra non-seulement sur toute la terre, mais encore dans tous les siècles. Votre mémoire sera éternelle, dit-il, en tant qu'elle sera consignée dans nos livres, lisible dans notre conduite, inscrite dans nos maximes. Voyez comment il prédit en même temps la durée de sa propre prophétie, en disant: « Je me souviendrai de votre nom dans la suite de toutes les races. » Quand je serai mort, je chanterai vos louanges jusque dans le sein de la mort. Car si le corps se dissout, l'Ecriture subsiste, et la loi dure. « C'est pour cela que les peuples publieront vos louanges. » Il finit par où il a commencé, à savoir, par un hommage au Christ. Qu'est-ce à dire pour cela? Entendez : parce que vous vous êtes (51) signalé par de si grands bienfaits; parce que vous avez donné au monde de pareils chefs, parce que vous avez chassé le vice, implanté la vertu, que vous vous êtes fiancé notre nature; que vous avez répandu ici-bas tant de biens ineffables. Voilà pourquoi le monde entier vous rendra hommage, non pas durant un espace de temps limité, durant dix, ou vingt, ou cent années; non pas dans une région seulement de la terre : mais la terre et la mer, les déserts et les pays habités vous chanteront durant l'éternité entière, et vous rendront grâces pour les bienfaits dont vous les avez comblés. Et nous aussi remercions de tout cela la bonté du Christ, par qui et avec qui gloire au Père et au Saint-Esprit , maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M. X***.