HOMÉLIE XLVIII

QUARANTE-HUITIÈME HOMÉLIE. Les fils de Chet répondirent à Abraham, et lui dirent . « Vous êtes parmi nous un roi qui nous vient de Dieu ; enterrez dans nos plus beaux sépulcres, la personne qui vous est morte. » (Gen. XXIX, 5, 6.)

 

ANALYSE.

 

1-5. Les richesses ne doivent pas servir à se procurer des superfluités. — 6. Histoire de Rébecca poursuivie jusqu'à la fin. Exhortation à imiter Isaac et Rébecca, et à éviter, dans la célébration des mariages, les usages païens qui duraient encore en ce temps-là.

 

1. Vous avez vu hier, mes bien-aimés, le courage du patriarche ; vous avez vu cette âme plus solide que le diamant ; vous avez vu comment il n'a rien refusé de ce qui dépendait de lui, comment il s'est fait, par son ardent amour pour Dieu, le sacrificateur de son fils; d'intention. il a ensanglanté sa main, et il a offert le sacrifice; mais, par l'ineffable miséricorde de Dieu, il a ramené son fils sain et sauf et plein de vie ; il a mérité, par l'excellence de sa volonté, d'être un sujet de louanges ; il a ceint son front d'une couronne éclatante; dans tout ce qu'il a fait, il a manifesté la piété de son âme. Voyons, aujourd'hui, toute l'affection de ce juste pour son enfant. Après ce sacrifice étrange, incroyable, le patriarche eut à subir la douleur de perdre Sara ; il demanda aux fils de Chet la concession d'une sépulture ; il acheta le terrain , y déposa le corps, et ce fut là, pour le patriarche, sa première possession dans le pays. Il la dut à la perte de Sara. La divine Ecriture, voulant nous montrer la vertu de l'homme juste, tenant à nous faire savoir qu'il a toujours été un voyageur, un étranger, a voulu aussi nous faire savoir que cet homme qui jouissait, d'une manière si glorieuse, du secours d'en-haut, dont le nom est si fameux, qui est devenu le père d'un si grand peuple, ne possédait pas un terrain en propre; et ce n'est pas ce que nous font voir aujourd'hui tant de riches, qui achètent des champs, des domaines ; qui sont avides de posséder, de posséder encore et toujours à l'infini. Comme il avait 'en suffisance les richesses de l'âme il ne désirait nullement les autres. Ecoutez tous, vous qui emportez tout d'un coup, en un instant, tout ce que les autres possèdent, qui vous drapez dans les dépouilles d'autrui, qui étendez partout, pour ainsi dire, la concupiscence de votre avarice. Imitez ce patriarche, (324) qui n'avait pas même un terrain pour y déposer les restes de Sara; mais qui alors, poussé par la nécessité, acheta un champ, une caverne, aux fils de Chet. Vous faut-il la preuve qu'il était considéré des Chananéens, écoutez ce que lui disent les fils de Chet : Vous êtes parmi nous un roi qui nous vient de Dieu; enterrez dans nos plus beaux sépulcres la personne qui vous est morte. Nul d'entre nous ne pourra vous empêcher de mettre dans son tombeau la personne qui vous est morte. Voyez d'ailleurs la conduite même du juste, qui est pour ces peuples l'enseignement de la véritable sagesse. Il n'accepte pas le monument sans en compter le juste prix : Permis à vous, leur dit-il, de me témoigner ainsi votre bienveillance; mais moi je ne l'accepterai pas, sans commencer par vous payer le prix qui vous est dû. (Ibid. 13.) C'est à ces conditions que je reçois la sépulture; il compta ensuite l'argent, dit le texte, et prit possession du monument. Abraham enterra donc sa femme Sara, dans la caverne double du champ qui regarde Mambré. (Ibid. 19.) Et cet homme illustre, honoré de tous, qui jouissait auprès de Dieu d'une si grande faveur, qui était auprès des habitants de cette contrée, en si grand honneur que les fils de Chet le nommaient un roi, ne possédait pas même ce qu'il fallait de terre pour y poser son pied. Voilà pourquoi le bienheureux Paul, célébrant les vertus de ce juste, écrivait : C'est par la foi qu'Abraham demeura dans la terre qui lui avait été promise, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, avec Isaac et Jacob, qui devaient être héritiers avec lui de celle promesse. (Hébr. XI, 9.) Ensuite, pour nous apprendre comment c'est par la foi qu'il demeura étranger, Paul ajoute : Car il attendait cette cité, bâtie sur un ferme fondement, de laquelle Dieu même est le fondateur et l'architecte. (Ibid. 10.) C'est, dit-il, par l'espérance des biens à venir, qu'il méprisait les choses présentes; dans (attente de biens plus,considérables, il dédaignait ceux de la vie présente; et cela, avant la loi, avant la grâce. Quelle sera donc notre excuse, répondez-moi, je vous en prie, nous qui, après tant de promesses pour nous garantir, pour nous assurer des biens ineffables, demeurons ébahis, n'admirant que le présent, et qui achetons des domaines, et qui voulons , avant tout et partout, briller, et qui amassons par avarice et à force de rapines ? Et c'est là ce qui inspirait, au bienheureux prophète , ce cri lamentable : Malheur à vous, qui joignez maison à maison, et qui ajoutez terre à terre, pour dépouiller le prochain ! (Isaïe, V, 8.) N'est-ce pas là ce que nos oeuvres accomplissent? Ne voyons-nous pas chaque jour, que l'on pille les veuves, que l'on dépouille les orphelins; que les plus faibles sont foulés sous les pieds des plus forts? Mais ce juste n'agissait pas ainsi; voulant acheter une sépulture, et voyant le bon vouloir de ceux à qui il la demandait, il ne l'accepta pas avant d'avoir payé le juste prix. C'est pourquoi, mes bien-aimés, gardant ces pensées dans nos esprits, nous qui vivons sous la grâce, imitons celui qui vivait avant la loi; n'allons pas, embrasés du désir de posséder, attiser une flamme bien plus dévorante encore, la flamme inextinguible, la flamme qu'on ne peut supporter.; car nous nous entendrons dire, si nous persistons dans cette rapine, dans cette avarice, les paroles qui furent dites à l'ancien riche : Insensé, cette nuit même, on va te redemander, ton âme; ce que tu as amassé, pour qui sera-ce? (Luc, XII, 20.) Pourquoi, réponds-moi, t'inondes-tu de sueur? afin d'amasser ce que bientôt, quand on t'arrachera d'ici, tu y laisseras; ce qui, non-seulement t'est parfaitement inutile, mais ne fait qu'aggraver; le poids des péchés qui chargent tes épaules, el que n'allégera pas un repentir inutile? Les trésors rassemblés par ton avariée, tu les verras souvent tomber en des mains ennemies, et cependant il te faudra rendre compte pour ces trésors et subir ton châtiment. Quel est donc ce délire de travailler pour les autres et de ne préparer pour toi que le supplice?

2. Quoi qu'il en soit, c'est bien, nous avons été jusqu'ici victimes de notre négligence; mais dès ce jour au moins, délibérons, voyons ce que nous devons faire, n'ayons pas pour uni. que souci de nous enrichir à l'extérieur; attachons-nous à la justice; notre vie ne se borne pas aux limites du temps présent, nous ne serons pas toujours dans une terre étrangère, mais, bientôt, nous retournerons dans notre vraie patrie. Faisons donc tout de manière à ne pas nous trouver, là-bas, dans l'indigence, Quel profit de laisser dans la terre étrangère de grandes richesses, et; dans son propre pays, dans sa vraie patrie de manquer du nécessaire? C'est pourquoi, je volis en prie, il en est temps encore ; transportons dans cet autre séjour; même ce que nous possédons ici, dans (325) un séjour étranger. Et en vérité , quelque grande que soit la distance , le transport est facile. Car ceux qui transporteront, sont tout prêts, et le transport présente toute garantie; et les richesses sont mises en réserve dans un trésor que nul ne peut piller; quelle que soit la fortune que nous enverrons devant nous, par les mains de ceux à qui nous nous serons confiés, je dis les mains des pauvres; ce sont eux qui reçoivent nos dons pour les mettre dans les réserves du ciel. Eh bien donc ! puisqu'il y a à la fois facilité si grande et sécurité complète, que tardons-nous ?pourquoi ne pas nous appliquer, de toutes nos forces, à mettre notre fortune en réserve où elle nous sera le plus nécessaire ? Voilà pourquoi ce patriarche habite la terre de Chanaan, comme un pays qui lui est étranger: Il attendait cette cité bâtie sur un ferme fondement : de laquelle Dieu même est le fondateur et l'architecte. Si nous voulons imiter ce juste, nous aussi, nous la verrons cette cité, et nous irons dans le sein du patriarche; car la communion dans les oeuvres, procure aussi la communion dans la jouissance. Mais reprenons, s'il vous est agréable, la suite de notre discours, et voyons, après la mort de Sara, quel soin vigilant le juste prit de son fils, je parle d'Isaac. Voici ce que nous dit la divine Écriture: Abraham était vieux et fort avancé en âge, et le Seigneur l'avait béni en toutes choses. (Gen. XXIV, 1.) Pourquoi ce que nous dit la divine Écriture ? C'est que le patriarche était fort préoccupé de faire venir, pour Isaac, une épouse. En effet, dit le texte Quand Abraham fut parvenu au terme de la vieillesse, voulant détourner Isaac d'une alliance avec les Chananéens, l'empêcher de prendre une épouse parmi eux, il appela, dit le texte, un de ses serviteurs; le plus doué de sagesse, et lui confia cette affaire, en disant : Mettez votre main sous ma cuisse. (Ibid. 2.) Le texte grec porte sous ma cuisse; le texte hébreu sous mes reins; et pourquoi ? c'était l'habitude des anciens, parce que Isaac avait pris de là son origine. Et pour vous apprendre que c'était alors un usage, remarquez qu'il lui commande de mettre la main en cet endroit, et qu'aussitôt il ajoute : Afin, dit le texte, que je vous fasse jurer par le Seigneur, le Dieu du ciel et de la terre. Voyez comme il apprend à son serviteur à reconnaître le créateur de tous les êtres. En effet, celui qui dit: le Dieu du ciel et de la terre, comprend toutes les créatures. Or , quel était ce serment? Que vous ne prendrez aucune des filles des Chananéens, parmi lesquels j'habite, pour la faire épouser à mon fils; mais que vous irez dans mon, pays, où sont mes parents, afin d'y prendre une femme pour mon fils Isaac. (Ibid. III , 4.) Avez-vous compris ce- que recommande le patriarche à son serviteur? Mais, ne vous contentez pas d'entendre la Parole pour l'acquit de votre conscience; méditez sur la pensée de l'homme juste, sur ce qu'il se propose ; remarquez que les anciens ne recherchaient pas une grande fortune, ni les richesses; ni les esclaves, ni tant et tant d'arpents de terre, ni la beauté extérieure, mais la beauté de l'âme et la noblesse des moeurs. Comme il voyait la malignité de ceux qui habitaient dans la terre de Chanaan ; comme il connaissait l'importance, pour l'époux, de trouver une femme douée des mêmes moeurs que lui, le patriarche prescrit à son serviteur, et il y ajoute le serment, d'amener, pour épouse à Isaac, une femme du pays de ses parents. Et ni la distance des lieux, ni les autres difficultés ne ralentissent ses soins; il sait combien la chose est nécessaire, et il y applique tout son zèle, et il envoie son serviteur. Il n'est pas étonnant, d'ailleurs, que le patriarche, ne cherchant que la vertu de l'âme, ayant horreur de la malignité de ses voisins, tienne cette conduite. Mais, aujourd'hui , on n'y penserait même pas; quels que soient les vices qui pullulent autour de vous, on ne se soucie que de l'abondance de l'argent; tout le reste vient après, et l'on ne sait pas que la perversité de l'âme, quand même les richesses vous inondent à flots, produit bientôt la dernière indigence, et que l'opulence ne sert de rien, sans la sagesse qui en fait un bon usage.

3. Mais notre patriarche prit soin de donner à son serviteur ses instructions, et il exigea de lui le serment. Voyons maintenant la sagesse du serviteur, comment il rivalisa de piété avec son maître. Quand il vit que l'homme juste lui donnait cette commission, sur laquelle il insistait si fortement, il lui dit : Si la fille ne veut pas venir en ce pays-ci avec moi, voulez-vous que je ramène votre fils au lieu d'où vous êtes sorti? (Ibid. 5.) Voulez-vous, dit-il, si quelque difficulté se,présente; que je ne sois pas exposé à enfreindre vos ordres? Je vous demande ce qu'il faudra que je fasse. Vous plaît-il qu'Isaac s'en aille au lieu où je dis, et revienne, après y avoir trouvé une épouse, si l'épouse que vous (326) m'envoyez chercher ne veut pas venir avec émoi? Eh bien! que dit le juste? Il refuse, et prononce ces paroles : Gardez-vous bien de ramener jamais mon fils en ce pays-là. (Ibid. 6.) Vous n'aurez pas besoin d'y penser; car Celui qui m'a fait tant de promesses, qui m'a dit que ma race se multiplierait, Celui-là prendra soin aussi de faire réussir cette affaire. Ne conduisez donc pas mon fils dans ce pays-là. Le Seigneur Dieu du ciel, qui est aussi le Dieu de la terre... (Ibid. 7.) Voyez comme, en liant son serviteur par le serment, il l'instruit, il lui fait connaître le Créateur de tous les êtres, et comme en ce moment, sur le point de renouveler ses prières, il se sert des mêmes paroles. Toutes ses expressions ont pour but de faire que son serviteur se mette en voyage plein de confiance en Dieu, assuré que tout réussira. En effet, il lui apprend quelle grande bienveillance Dieu lui a témoignée dès le commencement; Dieu qui l'a fait venir de sa patrie, qui l'a gouverné jusqu'à ce jour, qui, dans une vieillesse si avancée, lui a donné Isaac, fera réussir encore les événements qui ne sont pas accomplis. Le Seigneur, dit-il, le Dieu du ciel et de la terre, qui m'a tiré de la maison de mon père et du pays où je suis né, Celui qui m'a parlé en me disant: Je donnerai ce pays à vous et à votre race; Celui qui m'a montré tant de, bienveillance et d'intérêt enverra lui-même son ange devant vous, afin que vous preniez une femme de ce pays-là pour mon fils. Partez donc, lui dit-il, avec confiance, car j'ai la certitude que Celui qui, jusqu'à ce jour, m'a comblé de tant de bienfaits, ajoutera encore, à tant de preuves de sa bonté passée, une autre preuve, et enverra son ange devant vous. C'est lui-même, dit-il, qui vous préparera la voie en toutes choses, qui vous fera connaître l'épouse, de telle sorte que vous reveniez ici avec elle. Que s'il arrive, loin de moi cette pensée, que l'épouse refuse devenir ici, vous serez dégagé de votre serment. Seulement, ne ramenez jamais mon fils en ce pays-là. (Ibid. 8.) Je ne fais aucun doute que Dieu ne vous accorde que tout réussisse. Il montre toute sa confiance en la puissance du Seigneur, en défendant à son serviteur de conduire son fils dans l'autre pays. Ensuite, après avoir donné ses ordres avec tout ce soin et prévenu les inquiétudes de son serviteur, car celui-ci avait peur qu'en ne remplissant pas sa commission, il ne devînt parjure : Ce serviteur, dit le texte, mit donc sa main sous la cuisse d'Abraham,

son maître, et s'engagea par. serment à faire ce qu'il lui avait ordonné (Ibid. 9), c'est-à-dire à ne pas conduire Isaac dans cet autre pays. Avez-vous bien, vu comment, tout d'abord, ce serviteur a montré son affection envers son maître? Voyez maintenant comment, instruit par le patriarche, il a grandi clans la vertu et a imité la piété du juste et son culte pour Dieu. En même temps, dit le texte, il prit dix chameaux du troupeau de son maître; il porta avec lui de tous ses biens, et, s'étant mis en chemin, il alla droit en Mésopotamie, en la ville de Nachor. Etant arrivé, sur le soir, près d'un puits hors de la ville, au temps où les filles avaient accoutumé de sortir pour puiser de l'eau, et, ayant fait reposer ses chameaux, il dit : Seigneur , Dieu d'Abraham, mon maître... (Ibid. 10, 11, 12.) Voyez la vertu de l'esclave; il nomme le Seigneur de l'univers en disant le nom du patriarche. En effet, il dit : Seigneur, Dieu d'Abraham, mon maître, vous qui l'avez comblé de tant de bienfaits... Et qu'y a-t-il d'étonnant que le serviteur l'appelle ainsi : le Dieu d'Abraham? Ce Dieu de toutes les créatures, montrant lui-même combien il estime la vertu des justes, dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. (Exode, III, 6.) Et il dit: Seigneur, Dieu d'Abraham, mon seigneur, assistez-moi aujourd'hui; et faites miséricorde à Abraham, mon seigneur; comme s'il disait : Faites que ses désirs s'accomplissent, faites que tout succède au gré de ses voeux, faites miséricorde à Abraham , mon maître. Qu'est-ce à dire Faites miséricorde? Que ses voeux soient accomplis. Ensuite il dit : Me voici près de cette fontaine; et les filles des habitants de cette ville vont sortir pour puiser de l'eau. Faites que la fille à qui je dirai : Baissez votre vase afin que je boive, et qui me répondra: Buvez, et je donnerai aussi à boire à vos chameaux, soit celle que vous avez destinée à Isaac, votre serviteur. Et je connaîtrai par là que vous aurez fait miséricorde à mon seigneur Abraham. (Gen, 13, 14.) Voyez la sagesse du serviteur : il connaissait l'hospitalité du patriarche; il était juste que la nouvelle épouse fût douée des mêmes vertus que lui. Pour la reconnaître, il ne veut aucun autre caractère que celui de l'hospitalité, et il dit : Si, quand je lui demanderai de l'eau, elle baisse son vase et non seulement m'accorde ce que je demande, mais encore me montre la générosité de son âme; (327) si elle me dit : Je donnerai aussi à boire à vos chameaux, elle me montrera suffisamment, en leur donnant cette eau, la bonté de ses moeurs.

4. Remarquez, je vous en prie, mon bien-aimé, l'importance de cette action : Une jeune fille, partie pour aller à la fontaine, non-seulement lui accorde sa demande, abaisse le vase qu'elle portait sur l’épaule, donne à boire à satiété à celui qui le lui demande , et cet homme est un étranger, absolument inconnu; non-seulement elle lui donné à boire à lui-même, mais elle désaltère tous ses chameaux; elle lui montre, par des faits réels, par sa conduite, ce qu'elle a de générosité dans l'âme. Ignorez-vous qu'un grand nombre de personnes répondent souvent par des refus à de pareilles demandes? Et à quoi bon parler ici de l'eau qui se donne? Parfois des personnes tiennent des flambeaux; on s'approche d'elles; on leur demande d'attendre un instant; de permettre qu'on allume son flambeau à leur lumière; et elles refusent, quoiqu'il n'y ait là aucune diminution de flamme, quand vous multiplieriez à l'infini le nombre de ceux qui veulent allumer leur flambeau. Maintenant, au contraire, nous voyons une femme, une jeune fille, son vase sur l'épaule, qui, non-seulement ne s'indigne pas de ce qu'on lui demande, mais accorde plus qu'on ne lui avait demandé. Elle donne à boire selon la demande qui lui est faite, et, en outre , d'elle-même, elle se hâte d'abreuver les chameaux. C'est que le Dieu plein de bonté avait entendu les prières du patriarche, et il avait envoyé son ange, et tout disposé selon la prière du serviteur. Ensuite, quand ce serviteur eut vu, par la réalité des faits, l'efficacité des prières du patriarche, eut rencontré la jeune fille qu'il désirait, reconnu la distinction de son zèle à l'égard des étrangers, voyez ce qui arrive. En effet, l'Ecriture dit: Aussitôt, ayant versé dans les canaux Peau de son vase, elle courut au puits pour en tirer d'autre, qu'elle donna ensuite à tous les chameaux. (Ibid. 20.) Voyez l'excès d'empressement. En effet, ces paroles : Aussitôt, ayant versé l'eau de son vase, elle courut au puits, marquent le zèle ardent de la jeune fille; elle ne prend pas la fuite comme une étrangère ; elle ne se fait pas, de la modestie, un prétexte pour refuser, mais elle lui répond avec une grande douceur : Buvez, mon seigneur. (Ibid. 18. ) Réfléchissez, je vous en prie, sur le soin qu'on apportait, dans ces temps antiques, à pratiquer la modestie, ,jusqu'où allait l'humilité, la grande place que l'hospitalité tenait dans les moeurs d'alors. Dites-moi, quelle fortune n'est pas au-dessous de telles moeurs ? Quels sont les trésors que de telles moeurs ne surpassent pas? Voilà la dot par excellence; voilà les richesses infinies; voilà le trésor inépuisable ! Donc, le sage serviteur reconnaissant la providence divine, manifeste ici : l'étudiait, dit le texte, sans rien dire, pour savoir si le Seigneur avait rendu son voyage heureux ou non. (Ibid. 21.) Qu’est-ce à dire, l'étudiait? Il  considérait avec soin le langage même de la jeune fille, son aspect, sa démarche et tout le reste, et il attendait , pour savoir si le Seigneur avait rendu son voyage heureux ou non. Tout jusque-là, voilà ce que le texte veut dire, montrait la parfaite vertu de la jeune fille. Aussi, pour répondre à sa complaisance, au service qu'elle lui avait rendu en lui donnant de l'eau, il lui met, dit le texte : Des pendants d'oreilles et deux bracelets. (Ibid. 22.) Et il s'informait avec soin de ce qui la concernait, et il lui demandait : De qui êtes-vous fille? Et, Y a-t-il dans la maison de votre père un lieu pour me loger? (Ibid. 23.) Considérez, encore ici, la réponse de la jeune fille : Quand il lui demanda de l'eau, non-seulement elle lui en donna, mais elle abreuva aussi ses chameaux; de même ici, quand le serviteur lui demande s'il y a un lieu pour le loger, et de qui elle est fille, elle dit : Je suis fille de Bathuel; fils de Melcha et de Nachor. (Ibid. 24: ) Elle lui dit et le nom de son père, et le nom de son grand-père, afin que ces renseignements lui donnent plus de confiance. Voyez la candeur de la jeune fille : on lui demande le nom de son père , et elle ne se contente pas de le dire, mais elle fait connaître aussi le père de son père. —Et le serviteur lui demandait seulement s'il y avait un endroit pour le loger, elle dit, non-seulement qu'il y a un endroit, mais, de plus, beaucoup de paille et de foin se trouve chez nous. (Ibid. 25.) A ces paroles, le serviteur admira la générosité de l'accueil fait par la jeune fille aux étrangers. Et, quand il apprit qu'il ne s'était pas adressé à des inconnus, mais qu'il venait dans la maison de Nachor frère du patriarche : Le serviteur satisfait, dit le texte, s'inclina profondément et adora le Seigneur. (ibid. 26.) C'est parce qu'il était content des renseignements qu'il venait d'entendre, des paroles que (328) lui avait dites la jeune fille, qu'il adora le Seigneur, lui rendant grâces de ce qu'il avait si bien montré sa providence à l'égard du patriarche; de ce qu'il lui avait rendu tout aisé et facile. Et il dit : Béni soit le Seigneur, le Dieu de mon seigneur Abraham, qui, n'a pas manqué de lui faire miséricorde, selon la vérité de ses promesses. (Ibid. 27.) Après avoir vu les bonnes dispositions de la jeune fille, et avoir tout appris d'elle, de manière à ne plus avoir d'incertitude, il se fait connaître à son tour, et, tout en rendant à Dieu ses actions de grâces, il montre qu'il ne vient pas d'une maison étrangère, que c'est le frère de Nachor qui l'a envoyé dans ce pays. A ces paroles, la jeune fille, pénétrée d'une grande joie, courut, dit le texte. Voyez comme chaque mot de l’Ecriture nous montre l'empressement de l'hospitalité : la course de la jeune fille, ses ,paroles, sa douceur. En effet, dit le texte : Elle courut à la maison de sa mère, et alla dire à ses parents, tout ce qu'elle avait entendu de la bouche du serviteur. (Ibid. 28.) Et Laban, dit le texte, courut, pour aller trouver l'homme près de la fontaine. (Ibid. 29.) Voyez comment, ici encore, la course de Laban montre son empressement. Et, quand il vit l'homme qui se tenait auprès de la fontaine, avec ses chameaux, il lui dit : Entrez, béni soit le Seigneur! pourquoi êtes-vous resté dehors? j'ai préparé la maison, et un lieu pour vos chameaux. (Ibid. 30 , 31.) Voyez , ici encore, cet homme qui bénit, Dieu à l'arrivée d'un voyageur. Voyez comme , avant d'accomplir Pieuvre de l'hospitalité, il se sert de paroles pressantes : Venez, dit-il, entrez, déjà, en effet, j'ai préparé la maison et un lieu pour vos chameaux. Et ensuite, quand il est entré, le texte dit: Il déchargea ses chameaux, leur donna de la paille et du foin, et fit laver les pieds de cet homme. (Ibid. 32.)

5. Voyez comme ces peuples,. encore en proie à l'erreur, pratiquaient avec soin l'hospitalité. Et il fit laver les pieds de cet homme, et les pieds des hommes qui étaient venus avec lui; et il leur servit des pains pour manger. (Ibid. 33.) Mais, attention ici, je vous en prie; considérez la grande sagesse du serviteur. En effet, que dit-il ? Je ne mangerai point jusqu'à ce que je vous aie proposé ce que j'ai à vous dire. Vous, dit-il, vous avez rempli vos devoirs; mais moi, je ne veux pas penser à prendre du repos avant de vous avoir appris pourquoi j'ai fait un si grand voyage; pourquoi je suis venu du pays des Chananéens ici; comment j'ai été con. duit dans votre maison; et, quand vous saurez tout, vous pourrez alors montrer tout votre bon, vouloir envers mon seigneur, et il commence son récit : Je suis serviteur d’Abraham; le Seigneur a comblé mon seigneur de ses bénédictions, et il lui a donné des brebis, des veaux, de l'or et de l'argent , des serviteurs et dés servantes, et des chameaux, et des ânes. Et Sara, l'épouse de mon seigneur; a donné un fils à mon seigneur dans sa vieillesse; et il lui a donné tout ce qu'il avait. (Ibid. 34, 33, 36.) Voyez l'exactitude. avec laquelle il dit tout. Je suis, dit-il, serviteur, de cet Abraham que vous connaissez. Apprenez donc toutes les bénédictions dont l’a comblé le Seigneur de toutes les créatures, qui l'a rendu puissamment riche. Ensuite, il lui montre en quoi consiste celte opulence, et il dit : Des brebis, des veaux, de l'argent et de l'or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes.

Ecoutez, riches, qui achetez tant, et oui achetez, chaque jour, tant de domaines, et qui construisez des bains, des promenades et de splendides demeures. Voyez-vous en quoi consistaient les richesses de l'homme juste? De champ, nulle part; de maison, nulle part; point de vaine somptuosité : Des brebis, des veaux, des chameaux et des ânes, des serviteurs et des servantes. Et, pour que vous sachiez bien d'où lui venait cette multitude de serviteurs, l'Ecriture dit, dans un autre endroit, qu'ils étaient nés à la maison, tous. (Gen. XVII, 23.) Eh bien donc, mon seigneur, le maître de tant de richesses, et qui jouit à un si haut degré de la grâce divine, étant devenu vieux, a eu de Sara un fils; et ce fils unique; il le fait héritier, dès ce moment, de tous ses biens, et il lui a donné tout ce qu'il avait. Ensuite, après avoir raconté la gloire de son seigneur, et la naissance d'Isaac, il fait connaître, en outre, la commission qu'il a reçue pour aller à Charran : Et il m’a fait jurer, dit-il, en me disant; vous ne prendrez, pour mon fils Isaac, aucune des. filles des Chananéens dans le pays desquels j'habite; mais vous irez dans la maison de mon père, et vous prendrez, parmi ceux de ma parenté, une épouse pour mon fils. (Ibid. 37, 38.) Voilà les ordres qu'il m'a donnés ; quant à moi, prévoyant quelque difficulté dans l'affaire, je demandais à mon Seigneur : mais si la femme ne voulait pas venir avec moi? Et (329) il m'a dit : Le Seigneur Dieu, devant lequel je marche, enverra son ange avec vous, et vous conduira dans votre chemin, afin que vous preniez , pour épouse de mon fils , une femme de ma parenté, et de la maison de mon père. (Ibid. 39, 40.) Que si la femme ne consent pas à partir avec vous , Alors vous ne serez plus obligé à votre serment. (Ibid. 41.) Donc, voilà les ordres que m'a donnés mon seigneur; voilà la provision de prières qu'il m'a donnée, pour mon, voyage. Et moi, fort de ses prières, quand je suis arrivé auprès de la fontaine, j'ai prononcé ces paroles, et j'ai dit : Seigneur, Dieu d'Abraham, mon seigneur, si c'est vous qui m'avez conduit dans le chemin où j'ai marché jusqu'à présent, me voici près de cette fontaine. Que la fille donc qui sera sortie pour puiser de l'eau, à qui je dirai: donnez-moi un peu de l'eau que vous portez dans votre vase, et qui répondra buvez et je vais en puiser aussi pour vos chameaux, soit celle que vous avez préparée pour votre serviteur Isaac. Et en cela je connaîtrai que vous avez. fait miséricorde â mon seigneur Abraham. (Ibid. 42, 43, 44.) Voilà donc la prière, dit-il, qu'en moi-même j'ai adressée à Dieu, et je ne l'avais pas encore achevée, que déjà mes paroles étaient devenues la réalité. Car, avant que f eusse fui de parler, voici que Rébecca est sortie, son vase d'eau sur l'épaule, et ; je lui ai dit : donnez-moi à boire, et elle s'est empressée d'abaisser son vase, et elle m'a dit : buvez et j'abreuverai vos chameaux. ( Ibid. 45.) Et quand je voyais se manifester , avec évidence, l'oeuvre de Dieu, je lui demandai de qui elle était fille; ses paroles m'ayant appris que je n'étais pas venu vers des étrangers, mais auprès de Nachor, frère de mon seigneur, j'ai eu confiance: Je lui ai mis ces pendants d'oreilles et ces bracelets; et, satisfait de ce que, je voyais, j'ai adoré et béni le Seigneur, le Dieu de mon seigneur Abraham, qui m'a conduit heureusement, de manière à prendre la fille du frère de mon seigneur. (Ibid. 47, 48.) Il est manifeste que, ces choses ont été disposées par Dieu; les prières de mon maître sont arrivées jusqu'à lui : Pour vous, maintenant, si vous faites ce qui dépend de vous, faites miséricorde et justice à mon seigneur; sinon, dites-le-moi. (Ibid. 49.) C'est-à-dire, dites-moi , dit-il, oui, clairement, afin que je sache ce que j'ai à faire; si c'est non, dites-le moi, afin que je me dirige ailleurs, et que Je me tourne soit à droite soit à gauche. Alors, comme c'était Dieu qui favorisait toute cette affaire, à cause des prières du patriarche , le père et le frère de la jeune fille lui disent : C'est Dieu qui parle en cette rencontre, nous ne pouvons vous contredire , soit en mal, soit en bien. (Ibid. 50.) Votre récit nous fait assez comprendre que tout cela est l'oeuvre de la divine sagesse. Donc, ne croyez pas que nous veuillons nous opposer à ce que Dieu approuve. Car , nous ne pouvons pas faire cela: Voici que nous mettons la jeune fille entre vos mains; prenez-la et partez. Elle sera l'épouse du fils de votre seigneur, comme a dit le Seigneur.

6. Avez-vous bien vu comment on s'attachait autrefois à choisir des épouses pour ses fils; comment, au lieu de la fortune, on recherchait la noblesse de l'âme. Nulle trace de contrat, nulle trace de conventions écrites, et de toutes ces choses ridicules qui se font chez nous, aujourd'hui, et de ces conditions qui s'enregistrent sur les parchemins. Si , dit l'un, elle meurt sans enfants; si ceci, si cela arrive? Allons donc ! autrefois , rien de tel. Leur magnifique contrat , leur sûreté infaillible, c'était la vertu de la jeune fille; et, nulle part, de cymbales et de choeurs de danse. Pour que vous le sachiez bien , vous allez voir comment la jeune fille est menée à son fiancé. Le serviteur d'Abraham, dit le texte, ayant entendu ces paroles du père et du frère, adora Dieu en s'inclinant jusque sur la terre. (Ibid. 52.) Voyez, à chaque, instant, à chaque chose qui arrive, des actions de grâces au Seigneur de toutes les créatures. C'était lui, en effet, qui selon la parole du patriarche, envoyait son ange devant le serviteur, qui disposait tout pour la réussite. Enfin n'ayons plus à douter du complet succès de sa mission : Il tira, dit le texte, des vases d'or et d'argent, et un. vêtement qu'il donna à Rébecca. (Ibid. 53.) Dès ce moment il la traite avec des égards pleins de confiance ; elle est déjà , en paroles, fiancée à Isaac. Il offre dés présents à son frère et à sa mère; et, quand il voit que l'affaire est terminée, qu'il a rempli la mission reçue de son maître, c'est alors seulement, enfin, qu'il consent à se reposer. Ils firent ensuite le festin, dit le texte, et ils burent ensemble , lui et les hommes qui étaient avec lui, et ils dormirent; et le lendemain , s'étant levé de bon matin , il dit : congédiez-moi pour que j'aille retrouver mon seigneur. Puisque tout m'a réussi, dit-il, et que je (330) n'ai plus rien à faire, et que la chose se passe selon votre gré, congédiez-moi afin que j'aille retrouver mon seigneur. (Ibid. 54.) Les frères, dit le texte, et la mère lui dirent : Que notre fille demeure avec nous, environ dix jours, et, après cela; vous partirez. Mais lui, leur dit Ne me retenez pas, puisque le Seigneur m'a conduit dans tout mon chemin; congédiez-moi afin que j'aille retrouver mon seigneur. (Ibid. 66.) Pourquoi, leur dit-il, différer, ajourner, puisque Dieu m'a rendu tout si facile ? ne me retenez pas, afin que j'aille retrouver mon seigneur. Ils lui dirent: Appelons la jeune fille, et interrogeons-la ; et ils l'appelèrent, et ils lui dirent: Vous en irez-vous avec l'homme? Elle répondit : Je m'en irai. Et ils laissèrent partir Rébecca, leur soeur, avec ce qui lui appartenait, en compagnie du serviteur d'Abraham, et de ceux qui étaient avec lui, et ils bénirent Rébecca, et ils lui dirent: Vous êtes notre soeur. Croissez en mille et mille générations, et que votre race se mette en possession des villes de ses ennemis. (Ibid. 60.) Voyez comment, dans leur ignorance, ils prédisent l'avenir à la jeune fille, parce que Dieu dirige leur pensée. En effet, ils lui prédisent deux choses: d'une part, qu'elle croîtra en mille et mille générations; d'autre part, que sa race possédera en héritage les villes des ennemis. Voyez-vous comme ici se manifeste, de tout côté, la divine providence? comme le Seigneur a soin de faire prédire l'avenir par des infidèles. Rébecca et ses servantes montèrent donc sur des chameaux. (Ibid. 61.) Avez-vous bien compris quelle est l'épouse que prend le patriarche ? Une femme qui va à la fontaine, qui porte un vase d'eau sur l'épaule, et la voici maintenant montant sur un chameau. Nulle part, de mule aux harnais resplendissant d'argent, ni de troupeaux de serviteurs, ni le luxe, et toutes les délicatesses qu'il déploie de nos jours; telle était la force virile des femmes antiques, qu'on les voyait monter d'elles-mêmes sur des chameaux, et c'est ainsi qu'elles voyageaient. Et elles partirent, dit le texte, avec l'homme. En ce même temps, Isaac se promenait dans son champ, le jour étant sur son déclin; il leva les yeux et vit venir les chameaux. (Ibid. 63.) C'est pendant qu'il était dans son champ, dit le texte, qu'Isaac vit les chameaux. Rébecca, ayant aussi aperçu Isaac, descendit de dessus son chameau, et dit au serviteur: Quel est cet homme qui vient le long du champ, au-devant de nous? (Ibid. 65.) Voyez la belle âme de la jeune fille; elle voit Isaac et demande qui il est. Et aussitôt qu'elle a appris que c'est, son époux, elle s'enveloppe de son voile. Le serviteur annonce à Isaac tout ce qui s'est passé. (Ibid. 66.) Considérez ici, je vous en prie, l'absence parfaite de tout ce qui est inutile et superflu. Ici, aucune de ces pompes inventées par les démons; ni cymbales, ni flûtes; ni choeurs de danse; ni banquets sataniques, ni plaisanteries obscènes, tout est pureté, tout est sagesse, tout est modestie. Alors Isaac la fit entrer dans la tente de Sara, sa mère, et prit Rébecca, et elle fut sa femme, et il la chérit, et Isaac se consola de la perte de Sara sa mère. (Ibid. 67.) Imitez-la, ô femmes, imitez-le, ô hommes. Voilà comme il convient de recevoir les épouses; car enfin, répondez-moi, pourquoi, sans plus attendre, dès la première heure, souffrez-vous qu'on remplisse l'oreille virginale de chansons obscènes? pourquoi cette pompe honteuse et intempestive? Ignorez-vous donc que la jeunesse d'elle-même court trop vite à sa perte? Pourquoi cette honteuse révélation des augustes mystères du mariage, quand il faudrait repousser loin de vous toutes ces profanations? Commencez par enseigner la pudeur à la jeune femme; appelez les prêtres, et cimentez par leurs prières, par leurs bénédictions, la concorde du mariage, pour augmenter l'amour de l'époux; pour contenir, pour accroître la chasteté; pour que tout conspire à faire entrer, dans la nouvelle demeure, la vertu et ses oeuvres ; pour exterminer le démon, ruiner tous ses efforts, et assurer aux époux l'union, fruit du divin secours, et qui produit la vie bienheureuse. Puissions-nous tous en jouir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

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