ANALYSE.
1. Saint Chrysostome rappelle d'abord que la punition de nos
premiers parents doit nous rendre attentifs et vigilants à éviter le péché, puis il
explique pourquoi Adam donna à son épouse le nom d'Eve. 2.-3. Les habits de peaux
dont le Seigneur les revêtit, attestent sa bonté, et nous avertissent d'éviter le luxe
et la somptuosité des vêtements. L'orateur prend l'occasion d'une sévère leçon
aux riches, puis il explique, comme un ironique accomplissement des promesses du démon,
cette parole : « Voilà qu'Adam est comme l'un de nous. » Ce fut aussi par un effet de
miséricorde que Dieu chassa Adam du paradis terrestre, avant qu'il eût mangé du fruit
de l'arbre de vie; parce que l'immortalité l'eût conduit toujours à pécher. Il
l'obligea aussi à demeurer vis-à-vis du paradis terrestre, afin que la vue de ce lieu
lui rappelât sa faute , et il l'assujettit à un dur travail pour qu'il ne s'attachât
pas trop à la vie. 4. Au sujet de ces mots : « Adam connut son épouse, » saint
Chrysostome fait observe que la virginité fut le premier état d'Adam et d'Eve, et il en
relève l'excellence. 5. Il dit ensuite que si Dieu agréa les présents d'Abel, et
rejeta ceux de Caïn, ce fut par suite de leurs dispositions intérieures, et il s'étend
longuement sur la bonté avec laquelle le Seigneur parla à Caïn et chercha à lui
inspirer de meilleurs sentiments. 6. Il termine enfin par quelques mots sur le:
soin que bous devons avoir de fuir le péché dans lequel tomba Caïn.
1. Hier, vous avez pu apprécier
l'indulgence du juge supérieur, et la bienveillance de ses paroles. Vous avez vu
également la diversité des châtiments infligés aux coupables. Ainsi le tentateur a
été puni tout autrement que ceux qu'il avait séduits; et la miséricorde divine a
éclaté éminemment même dans la sentence rendue contre nos premiers parents. Il nous a
donc été utile d'assister à ce solennel jugement, et d'en suivre tous les détails. Car
nous avons connu de quels biens Adam et Eve se sont eux-mêmes privés par leur
désobéissance; et nous avons appris comment le péché les a dépouillés d'une gloire.
toute céleste et d'une existence tout angélique. Enfin, nous avons admiré la patience
du Seigneur, et nous avons compris quel grand mal est la faiblesse puisqu'elle a
entraîné pour l'homme la perte de si précieux avantages, et l'a plongé dans une
humiliante dégradation. C'est pourquoi je vous en supplie, veillons sur nous-mêmes, afin
que cette chute nous soit un salutaire avertissement, et que ce châtiment nous retienne
dans une sage défiance. Nous serons en effet punis très-sévèrement, si ce terrible
exemple ne nous détourne pas d'offenser Dieu. Car tout péché de rechute mérite d'être
châtié plus rigoureusement. C'est ce que nous apprend l'illustre docteur des nations, le
bienheureux Paul, quand il nous dit que tous ceux qui ont péché sans la loi,
périront sans la loi, et que tous ceux qui ont péché sous la loi, seront jugés par la
loi. (Rom. II, 12.) Le sens de ce passage est que ceux qui ont péché avant la loi
évangélique seront traités avec plus d'indulgence que nous qui vivons sous cette loi,
et qui mériterons un plus rigoureux châtiment parce que nous péchons après l'avoir
reçue. Car tous ceux qui ont péché sans la loi, périront sans la loi; et ce leur
sera un avantage par rapport au châtiment de n'avoir reçu ni la connaissance, ni les
secours de la loi... Mais tous ceux qui ont péché sous la loi, seront jugés
parla loi; parce qu'elle leur enseignait, (106) dit l'Apôtre, ce qu'ils devaient
faire, et qu'ils n'ont point voulu suivre ses prescriptions. Aussi seront-ils, pour les
mêmes péchés, punis plus sévèrement que les infidèles.
Mais expliquons le passage qui vient
d'être lu. Et Adam donna à sa femme le nom d'Eve, qui signifie vie, parce qu'elle est
la mère de tous les vivants. Observez ici le soin que prend, l'écrivain sacré de
nous transmettre ces détails. Nous apprenons ainsi qu'Adam donna un nom à son épouse,
et qu'il l'appela Eve, c'est-à-dire vie, parce qu'elle est la mère de tous les
vivants. Elle est en effet la tige du genre humain et comme la racine et le principe
de toutes les générations. Mais après nous avoir instruit de quelle manière Adam donna
un nom à son épouse, Moïse nous fait connaître de nouveau la bonté de Dieu qui
n'abandonna pas ses créatures dans la honteuse nudité où elles s'étaient plongées. Et
le Seigneur Dieu, dit-il, fit à Adam et à sa femme des tuniques de peau, et il les en
revêtit. Le Seigneur agit alors comme un bon père se conduit envers un enfant prodigue.
Ce fils de famille était doué d'un bon naturel et avait été élevé avec soin. Il
jouissait dans la maison paternelle d'une riche abondance, portait des vêtements de soie,
et avait à sa disposition un opulent patrimoine. Mais voilà que l'excès même de la
prospérité le précipite dans le mal; et alors son père lui retranche tous ces divers
avantages, le retient de plus près sous sa dépendance, et remplace ses somptueux
vêtements par un habit simple et commun qui cache seulement sa nudité. C'est ainsi
qu'Adam et Eve s'étant rendus indignes de cette gloire brillante qui les couvrait et qui
les affranchissait de tous les besoins du corps, Dieu leur retira cet éclat ainsi que la
possession de tous les biens dont ils jouissaient avant cette épouvantable chute.
Cependant, il eut compassion d'une si grande infortune, et les voyant honteux d'une
nudité qu'ils ne pouvaient ni couvrir, ni cacher, il fit des tuniques de peau et les en
revêtit.
Voilà donc où aboutissent les artifices
du démon. Dès que nous prêtons l'oreille à ses suggestions, il nous séduit par
l'amour de quelque plaisir passager, et nous entraîne dans l'abîme du péché. Puis il
nous abandonne, tout couverts de honte et de confusion, à la pitié et aux regards de
tous. Mais le Seigneur, qui s'intéresse toujours au salut de nos âmes, ne détourna
point ses yeux du triste état où nos premiers parents étaient réduits, et il leur
donna un vêtement dont la simplicité seule était un souvenir de leur chute. Et le
Seigneur Dieu fit donc à Adam et à son épouse des tuniques de peau, et il les en
revêtit. Observez ici, je vous le demande, avec quelle condescendance l'Ecriture se
proportionne à notre faiblesse. Mais, je l'ai dit, et je le répète, il faut toujours
lui donner un sens digne de Dieu. Ainsi ce mot : Dieu fit des tuniques, doit être
pris dans ce sens qu'il commanda que ces tuniques existassent; et il voulut que nos
premiers parents s'en couvrissent, afin que ce vêtement leur rappelât sans cesse leur
désobéissance.
2. Ecoutez, ô riches ! ô vous qui
vous enorgueillissez du travail des vers à soie, et qui vous parez des plus superbes
étoffes ! écoutez cette leçon de modestie que le Seigneur nous a donnée dès les
premiers jours de la création. L'homme avait mérité la mort par son péché, et il
avait besoin d'un vêtement pour cacher sa nudité; et voilà que Dieu se borne à le
revêtir d'une tunique de peau. Il voulut ainsi nous apprendre à fuir une vie molle et
voluptueuse, et à embrasser de préférence une vie dure et austère. Mais peut-être les
riches, rebutés de cette morale sévère, me diront-ils Eh quoi ! voulez-vous que
nous nous habillions de peaux de bêtes? Je ne dis point cela; et nos premiers parents
eux-mêmes n'ont pas toujours porté cette sorte de vêtements, car la bonté divine ne
cesse jamais de se montrer généreuse et bienfaisante. C'est ainsi que du jour où Adam
et Eve furent soumis aux besoins de la nature, et qu'ils perdirent cette douce et
angélique existence dans laquelle ils avaient été créés, le Seigneur leur permit de
tisser la laine pour s'en faire des vêtements. Il convenait en effet que l'homme, être
raisonnable, fût vêtu, et qu'il ne vécût point, comme un animal, dans la honte et la
nudité. Nos habits nous rappellent donc les biens que nous avons perdus, et le châtiment
que, par leur désobéissance, Adam et Eve, ont attiré sur tout le genre humain.
Mais comment excuser ce luxe effréné qui
rejette l'usage de la laine, pour ne porter que de la soie, et qui même pousse
l'extravagance jusqu'à la rehausser de broderies d'or. Ce sont principalement les femmes
qui s'adonnent à ces vanités; et moi, je leur dis : pourquoi parer ainsi votre corps? et
pourquoi vous (107) enorgueillir de ce pompeux attirail? Vous oubliez donc que les habits
sont une suite du châtiment infligé à nos premiers parents. Aussi l'Apôtre nous dit-il
: Ayant de quoi nous nourrir et de quoi nous couvrir, nous devons être contents.
(I Tim. 6, 8.) Ainsi il faut borner notre sollicitude au strict nécessaire; et il suffit
que notre corps soit couvert, sans nous inquiéter de la beauté, ni de la variété des
habits. Mais poursuivons le récit de la Genèse.
Et le Seigneur Dieu dit : Voici Adam
devenu comme l'un de nous, sachant le bien et le mal; maintenant donc craignons qu'il
n'avance la main et ne prenne aussi de l'arbre de vie, et qu'il n'en mange et ne vive
éternellement. Et le seigneur Dieu le mit hors du jardin de délices, pour qu'il
cultivât la terre d'où il avait été tiré. (Gen. III, 22, 23.) Ici encore le
Seigneur use d'expressions proportionnées à notre faiblesse : Et le Seigneur Dieu dit :
voici Adam devenu comme l'un de nous, sachant le bien et le mal. Quelle simplicité de
langage ! mais comprenons-le dans un sens digne de Dieu. Il nous rappelle donc de
quelle manière le démon, par l'organe du serpent, trompa nos premiers parents. Il leur
avait dit : Si vous mangez de ce fruit, vous serez comme des dieux; et ils en mangèrent
dans le fol espoir de s'égaler à la divinité. C'est pourquoi Dieu, voulant de nouveau
leur faire sentir la grièveté de leur faute, et l'illusion de leurs espérances, dit
ironiquement: Voici Adam devenu comme lun de nous.
Cet amer reproche était tout personnel et
ne pouvait que jeter Adam dans une extrême confusion. C'est comme si le Seigneur lui eût
dit : tu as transgressé mon commandement pour t'égaler à moi. Eh bien! ce que tu as
désiré est arrivé, ou plutôt ce que tu ne désirais pas, mais ce que tu méritais
justement. Car tu es devenu comme l'un de nous, sachant le bien et le mal. Le démon avait
encore dit à Eve, par l'organe du serpent : Vos yeux seront ouverts, et vous serez
comme des dieux, sachant le bien et le mal. Aussi le Seigneur ajouta-t-il : Et
maintenant craignons qu'il n'avance la main, et ne prenne de l'arbre de vie, et qu'il n'en
mange et ne vive éternellement. Ici encore se manifeste la miséricorde divine; mais
il nous faut approfondir chacune de ces paroles pour n'en rien perdre, et en découvrir
toutes les richesses cachées. Lorsque Dieu fit un commandement à Adam, il lui permit
l'usage de tous les fruits, à l'exception d'un seul, le menaçant de mort, s'il osait y
toucher. Mais en lui faisant ce commandement et cette menace, il ne lui dit rien de
l'arbre de vie. Adam, créé immortel, pouvait donc, selon moi, et autant que je comprends
ce passage, manger du fruit de cet arbre, comme de tous les autres; et ainsi il eût pu
s'assurer l'immortalité, puisqu'il n'avait reçu aucune défense touchant cet arbre.
3. Si l'on me demandait curieusement
pourquoi cet arbre est appelé l'arbre de vie, je répondrais que la raison humaine est
incapable par elle-même de comprendre toutes les oeuvres de Dieu. Nous savons seulement
qu'il a plu au Seigneur que, dans le paradis terrestre, l'homme eût comme une matière à
la vertu d'obéissance et au péché de désobéissance. C'est pourquoi il planta ces deux
arbres, l'un de vie et l'autre de mort, pour ainsi parler. Car c'est pour avoir mangé du
fruit de ce dernier contre l'ordre de Dieu, que l'homme a été assujetti à la mort. Mais
dès l'instant ou il toucha au fruit défendu, le péché entra dans le monde et l'homme
devint sujet à la mort, et à toutes les infirmités de la nature. Cependant cette mort
était dans les conseils divins une grâce plus encore qu'un châtiment; aussi le Seigneur
ne voulut-il plus qu'Adam habitât le paradis terrestre. Il l'en chassa donc, lui
prouvant, par cette rigueur même, qu'il n'agissait que par bonté et dans son intérêt.
Mais cette doctrine exige un examen plus approfondi de ce passage.
Et maintenant, dit le Seigneur, craignons
qu'Adam n'avance la main, et ne prenne aussi du fruit de l'arbre de vie, et qu'il n'en
mange et ne vive éternellement. C'est comme s'il eût dit : Un excès d'intempérance
a porté l'homme à transgresser mon commandement, et son péché l'a soumis à la mort.
Aujourd'hui donc, s'il osait toucher au fruit de l'arbre de vie, il acquerrait
l'immortalité et ne cesserait de pécher. C'est pourquoi il lui est avantageux que je le
chasse du paradis terrestre; et je lui donnerai en cela plutôt une marque de bonté que
de colère et de vengeance. Ainsi parla le Seigneur; et il est vrai de dire que ses
châtiments comme ses bienfaits font éclater sa miséricorde. Ainsi ce dur exil devint
pour Adam une salutaire leçon. Car si Dieu n'eût prévu que l'impunité rendrait les
hommes plus coupables, il n'eût point chassé Adam du paradis terrestre. (108) Mais ce
fut pour empêcher en eux les progrès du vice et fermer la voie à une malice qui
n'aurait point su s'arrêter, qu'il châtia Adam dans une pensée toute de miséricorde;
et c'est ce qu'il fait encore chaque jour à l'égard des pécheurs.
Il ordonna donc, par bienfaisance et par
bonté, que l'homme fût chassé du paradis terrestre. Et le Seigneur Dieu, dit
l'Ecriture, mit Adam hors du jardin de délices, pour qu'il labourât la terre d'où il
avait été tiré. Remarquez ici l'exactitude de l'écrivain sacré. Il nous apprend
que le Seigneur Dieu mit Adam hors du jardin de délices, pour qu'il labourât la terre
d'où il avait été tiré. L'arrêt divin reçoit dès lors son exécution, et l'homme,
chassé du jardin de délices, fut contraint de travailler la terre. Ce n'est pas non plus
sans raison que l'Ecriture ajoute : d'où il avait été tiré. Car ce travail
devait être pour lui une leçon continuelle d'humilité, en lui rappelant que son corps
avait été formé du limon de la terre. Aussi est-il dit expressément : Pour qu'il
travaillât la terre d'où il avait été tiré. C'est encore comme la conséquence de
cette autre parole du Seigneur : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front
, qu'Adam reçut alors l'ordre de travailler la terre d'où il avait été tiré.
L'Ecriture nous apprend ensuite à quelle
distance du paradis terrestre Dieu l'établit, puisqu'elle ajoute que le Seigneur Dieu
chassa Adam, et le fit habiter en face du jardin de délices. Mais ici observons comme
dans toutes ses couvres Dieu se montre plein de miséricorde, même quand il nous châtie.
Ainsi c'est par bonté et par miséricorde qu'il châsse Adam du paradis terrestre; et
s'il l'établit ensuite en face de ce même séjour, c'est afin que chaque jour il
conçoive un nouveau regret de son ancien état, et une douleur nouvelle de ses malheurs
présents. Sans doute cette vue lui était bien triste et bien amère, et toutefois il y
trouvait une utile leçon; car elle le rendait plus sage et plus vigilant, et l'empêchait
de pécher. Il n'est en effet que trop ordinaire à l'homme d'abuser des biens dont il
jouit, et de ne se corriger que quand il les a perdus. Car l'expérience lui révèle sa
faute, et son infortune lui fait apprécier le bonheur dont il est déchu et ressentir les
maux qui l'environnent. Ce fut donc de la part de Dieu un trait de providence et de bonté
que d'établir Adam en face du paradis terrestre, puisque la vue de ce lieu devait
entretenir en lui de salutaires remords. Enfin pour l'empêcher que par un trop grand
attachement à la vie, il n'essayât de rentrer dans le jardin de délices et de manger du
fruit de l'arbre de vie, le Seigneur, selon le récit de l'Ecriture, récit
proportionné à notre faiblesse, le Seigneur plaça un chérubin avec un glaive
flamboyant qui s'agitait toujours, pour garder la voie de l'arbre de vie.
La négligence de nos premiers parents à
observer le commandement divin, fut cause que le Seigneur fit garder avec tant de
précaution l'entrée du paradis. Et il est juste d'observer que si sa bonté et sa
miséricorde avaient déjà paru lorsqu'il bannit Adam, elles n'éclatèrent pas moins
quand il plaça un chérubin avec un glaive flamboyant qui s'agitait sans cesse pour
garder l'entrée du jardin de délices. Ce n'est pas sans raison aussi qu'il est dit de
ce glaive qu'il s'agitait sans cesse. Car nous comprenons par là que tous les chemins
qui pouvaient conduire à ce jardin étaient fermés, et que ce glaive flamboyant en
défendait toutes les approches. Mais quels souvenirs il rappelait, et quelle terreur il
inspirait à Adam !
4. Or, Adam connut Eve, son épouse.
(Gen. IV, 1.) Remarquez la date précise de ce fait. Ce ne ne fut qu'après leur
désobéissance et leur exil qu'Adam et Eve eurent commerce ensemble. Auparavant ils
vivaient comme des anges, et ils ignoraient les plaisirs de la chair. Ah ! comment
les eussent-ils connus, puisqu'ils n'étaient point assujettis aux besoins du corps !
Ainsi, dans l'ordre des temps, la virginité possède la palme de la priorité; mais
lorsque la faiblesse de l'homme eut introduit la désobéissance et le péché, elle se
retira, parce que la terre n'était plus digne de la posséder; et alors s'établit la loi
de la concupiscence. Comprenez donc, mon cher frère, quelle est la dignité de
la,virginité. Elle est une vertu bien élevée et bien sublime, et sa possession est trop
au-dessus des forces humaines pour que nous puissions l'acquérir sans un secours tout
spécial de la puissance divine. Et, en effet, Jésus-Christ lui-même nous déclare que
les vierges sont dans un corps mortel les émules des anges. Les Sadducéens
l'interrogèrent un jour surfa résurrection et lui dirent : Maître, il y avait parmi
nous sept frères; et le premier ayant épousé une femme, est mort, et, n'ayant point eu
d'enfants, il laissa sa femme à son frère. Il en fut de même du second, du troisième,
et de tous jusqu'au septième. Au jour de la résurrection, duquel des sept sera-t-elle
femme ? car (109) tous l'ont eue pour épouse. Mais Jésus-Christ leur
répondit : Vous êtes dans l'erreur, ne sachant ni les Ecritures, ni la puissance de
Dieu. Car au jour de la résurrection les hommes n'auront point de femmes, ni les femmes
de maris; mais ils seront comme les anges. (Matth. XXII, 25-30.) Comprenez-vous
maintenant que ceux qui, par amour pour Jésus-Christ, embrassent la sainte virginité,
mènent sur la terre et dans un corps mortel la vie des anges? Mais plus cet état est
grand et élevé, et plus brillantes sont les couronnes, plus magnifiques les récompenses
et plus abondants les biens qui sont promis à tous ceux qui joignent à la chasteté la
pratique des autres vertus.
Or, Adam connut son épouse qui conçut
et enfanta Caïn. Le péché était entré dans le monde par la désobéissance de nos
premiers parents, et l'arrêt divin les avait soumis à la mort. C'est pourquoi le
Seigneur, qui veillait à la conservation du genre humain, permit qu'il se propageât par
l'union de l'homme et de la femme. Et Eve dit : J'ai possédé un homme par la grâce
de Dieu. Voyez-vous comme le châtiment infligé à la femme l'a rendue meilleure et
plus réservée? Car elle n'attribue point aux seules lois de la nature la naissance de
cet enfant; mais elle la rapporte à Dieu et lui en fait hommage. Ainsi le châtiment a
été pour elfe une utile leçon. Car J'ai possédé un homme, dit-elle, par la grâce
de Dieu, et je le tiens plutôt de sa bonté que de la nature.
Et de nouveau elle enfanta Abel, son
frère. La naissance de ce second fils fut la récompense de sa vive reconnaissance
pour celle du premier. Car c'est ainsi que le Seigneur nous traite; et quand nous le
remercions d'un premier bienfait, il paie nos hommages par de nouvelles faveurs. Eve
devint donc mère une seconde fois, parce que dans la première elle avait reconnu la main
du Seigneur. Or, cette fécondité, depuis que le péché l'avait soumise à la mort, lui
était une bien grande consolation. Aussi Dieu voulut-il dès le principe diminuer pour
nos premiers parents la sévérité du châtiment, et comme effacer l'image de la mort
sous le tableau de générations nouvelles. Et, en effet, ces générations qui se
succèdent les unes aux autres, sont un emblème de l'immortalité. Et Abel, dit
l'Ecriture, fut pasteur de brebis, et Caïn laboureur. Nous apprenons ainsi que chacun des deux frères exerça un art
différent; l'un embrassa la vie pastorale, et l'autre s'adonna à l'agriculture.
Mais il arriva, longtemps après, que
Caïn offrit au Seigneur un sacrifice des fruits de la terre. (Gen. IV, 3.) Observez
ici quelles lumières le Créateur avait répandues dans la conscience de l'homme. Car qui
avait révélé à Caïn la notion du sacrifice? La voix de sa conscience ; il offrit donc
au Seigneur un sacrifice des productions de la terre, parce qu'il ne pouvait méconnaître
qu'il devait lui faire hommage des fruits de son travail. Ce n'est pas que Dieu eût
besoin de ses sacrifices; mais il convenait que, recevant ses bienfaits, il lui
témoignât sa reconnaissance. Et en effet, Dieu, qui se suffit à lui-même et qui ne
réclame rien de nous, veut bien, dans son extrême bonté, s'abaisser jusqu'à notre
pauvreté, et permettre par intérêt pour notre salut, que la connaissance de ses
attributs nous soit une école de vertus.
Et Abel offrit aussi les premiers-nés
de son troupeau. Ce n'est pas sans raison que dans notre précédent entretien je vous
disais que Dieu, qui ne fait acception de personne, sonde les volontés et récompense
l'intention du coeur. Cette remarque trouve ici sa juste application. C'est pourquoi ce
passage de la Genèse mérite un profond examen, et il convient de s'y arrêter
sérieusement pour bien comprendre ce qui est dit de Caïn et d'Abel. Car il n'y a rien
d'inutile dans l'Ecriture, et une syllabe, une lettre même recèle un riche trésor,
puisqu'on peut toujours en tirer un sens moral. Or que nous dit-elle? Et il arriva,
longtemps après, que Caïn offrit au Seigneur un sacrifice des fruits de la terre, et
Abel offrit aussi les premiers-nés de son troupeau et les plus gras.
5. Un esprit pénétrant comprend à la
simple lecture le sens de ce passage. Mais je me dois à tous, et la doctrine
évangélique s'adresse également à tous; je vais donc entrer dans quelques
explications, afin que vous en soyez mieux instruits. Caïn, dit l'Ecriture, offrit
au Seigneur un sacrifice des fruits de la terre. Quant à Abel il choisit pour
matière du sien les productions de l'art pastoral. Et il offrit les premiers-nés de son
troupeau et les plus gras. Déjà ces seuls mots nous montrent toute la piété d'Abel,
car il n'offre pas seulement quelques brebis prises au hasard dans son troupeau, mais les
premiers-nés, c'est-à-dire les plus beaux et les plus précieux; et même parmi ceux-ci
les (110) plus gras, c'est-à-dire tout ce qu'il y avait de meilleur et de plus excellent.
Mais à l'égard de Caïn , l'Écriture n'entre dans aucun détail ; elle se contente de
nous dire qu'il offrit un sacrifice des fruits de la terre et nous laisse ainsi supposer
qu'il prit les premiers qui lui tombèrent sous la main, et qu'il dédaigna de choisir les
plus beaux.
Je l'ai déjà dit, et je ne cesserai de
le redire. Si Dieu reçoit nos sacrifices, ce n'est pas qu'il en ait besoin. Il veut
seulement nous faciliter les moyens de lui témoigner notre reconnaissance. C'est pourquoi
l'homme qui offre en sacrifice les biens mêmes qu'il tient de Dieu, doit, pour remplir ce
devoir religieux, choisir tout ce qu'il a de meilleur. Autrement, il ne comprendrait pas
combien Dieu lui est supérieur et combien il est lui-même honoré de remplir ces
fonctions sacerdotales. Observez aussi, mon cher frère , et concluez de cet exemple quels
rigoureux châtiments mérite le chrétien qui, par lâcheté, néglige son salut.
J'ajoute que nul docteur n'instruisit Caïn et Abel et que nul conseiller ne leur suggéra
l'idée d'offrit un sacrifice : leur conscience seule les en avertit, et les lumières que
le Seigneur avait répandues dans l'esprit de l'homme. Ce fut aussi la pureté de
l'intention qui fit agréer le sacrifice de l'un et la malice de la volonté qui fit
rejeter celui de l'autre.
Et Dieu, dit l'Écriture,
regarda Abel et ses dons. Voyez-vous comme s'accomplit ici cette parole de
l'Évangile: les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers?
(Matth. XIX, 30.) Car celui qui avait le privilège du droit d'aînesse, et qui le premier
offrit son sacrifice, fut mis au-dessous de son frère, parce que son intention n'était
pas droite. Tous deux offrirent un sacrifice; mais c'est seulement d'Abel que l'Écriture
dit : le Seigneur regarda Abel et ses dons. Que signifie ce mot , regarda ?
il marque que Dieu approuva l'action d'Abel , loua son intention, couronna sa bonne
volonté et, en un mot, fut satisfait de sa conduite. Car si nous osons dire quelque chose
de Dieu et ouvrir la bouche pour parler de cet Etre éternel, nous ne pouvons le faire,
parce que nous sommes hommes , que dans un langage humain. Mais, ô prodige ! Dieu
regarda Abel et ses dons, c'est-à-dire l'offrande qu'il lui fit de ses brebis les
plus grasses et les meilleures. Ainsi Dieu regarda Abel, parce que son sacrifice partait
d'un coeur pur et sincère. Il regarda aussi ses dons, parce que les brebis étaient sans
tache et précieuses, soit par rapport à l'intention de celui qui les offrait, soit en
elles-mêmes, puisqu'elles avaient été prises parmi les premiers-nés du troupeau, et
qu'elles en étaient les plus grasses, c'est dire qu'elles étaient un choix fait dans
tout ce qu'il y avait de meilleur.
Et Dieu regarda Abel et ses dons; mais
il ne regarda ni Caïn ni ses sacrifices. (Gen. VII, 5.) Le sacrifice qu'Abel offrit,
avec un coeur pur et une volonté droite, fut donc agréable au Seigneur,qui l'agréa et
qui daigna même le. louer. Ainsi il appela dons l'offrande d'Abel pour mieux honorer la
sincérité de son intention. Mais il ne regarda ni Caïn ni ses sacrifices.
Observez ici avec quelle exactitude s'exprime lécrivain sacré. En disant que Dieu
ne regarda point Caïn, il nous apprend qu'il rejeta ses présents, et en appelant ceux-ci
du nom de sacrifices, il nous donne une utile leçon. L'action et la parole divine nous
apprennent donc que le Seigneur exige nos sacrifices comme un témoignage extérieur des
sentiments de notre âme et comme une protestation publique que nous le reconnaissons pour
notre Maître et pour le Créateur qui nous a tirés du néant. Et en effet,
lEcriture, qui nomme dons l'offrande de quelques brebis, et sacrifices
celle de quelques fruits de la terre, nous enseigne que le Seigneur recherche la pureté
de l'intention bien plus qu'il ne se soucie qu'on lui offre des animaux ou des fruits.
C'est donc cette pureté qui rendit le sacrifice d'Abel agréable à Dieu; et c'est une
disposition toute contraire qui fit rejeter celui de Caïn.
Il faut également entendre dans un sens
digne de Dieu ces paroles : Le Seigneur regarda Abel et ses dons; mais il ne garda
ni Caïn, ni ses sacrifices. Elles signifient que le Seigneur fit comprendre à l'un qu'il
approuvait sa bonne volonté, et à l'autre qu'il repoussait son ingratitude. Telle fut la
conduite de Dieu; et maintenant expliquons le verset suivant. Et Caïn fut violemment
attristé, et son visage fut abattu. D'où provenait cette violente tristesse ? d'un
double principe : Le Seigneur avait rejeté son sacrifice, et il avait agréé celui
d'Abel. Voilà donc pourquoi Caïn fut violemment attristé, et pourquoi son visage fut
abattu. Ces deux causes se réunissaient pour aggraver sa tristesse; le Seigneur avait
repoussé son offrande, et il avait reçu celle d'Abel. Or, (111) puisqu'il avait péché,
il devait faire pénitence et se corriger, car notre Dieu est toujours plein de
miséricorde, et il hait en nous moins le péché que (endurcissement dans le péché.
Mais Caïn n'en tint aucun compte.
6. Au reste, la conduite du Seigneur
montra bien alors toute la grandeur de sa miséricorde, non moins que l'excellence de sa
bonté, et même l'excès de sa patience. Et en effet, quand il vit Caïn violemment
attristé, et comme submergé par les flots de la douleur , il ne détourna point ses
regards de dessus lui, mais il se souvint qu'il avait agi envers Adam avec une tendre
compassion, qu'il lui avait facilité après son crime l'occasion d'en obtenir le pardon,
et qu'il lui avait comme ouvert la porte d'un humble aveu par cette interrogation : Adam,
où es-tu? Aussi le voyons-nous témoigner à cet ingrat la même bonté, et lui
tendre, sur le bord de l'abîme, une main secourable. C'est ainsi que pour lui aplanir les
voies de la pénitence et du repentir, il lui adressa ces paroles : Pourquoi es-tu
triste, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Ton offrande était bonne en elle-même,
mais n'as-tu pas péché dans le choix des fruits ? apaise donc ton irritation; son
recours sera en toi et tu le domineras. Considérez ici, mon cher frère, l'indulgente
et ineffable bonté du Seigneur. Il vit que Caïn était en proie à un mal violent, et
qu'une noire jalousie l'assaillait fortement; et voilà qu'il se hâte, dans sa
miséricordieuse tendresse, de lui présenter un salutaire remède. Bien plus, il lui tend
une main secourable pour l'arracher aux flots qui menacent de le submerger.
Pourquoi es-tu triste, lui dit-il; et
pourquoi ton visage est-il abattu? D'où vient cette tristesse si grande qu'on lit sur
ton front les signes d'un profond chagrin ? Pourquoi ton visage est-il tout abattu ? et
quelle est la cause de cette mélancolie ? Pourquoi n'as-tu pas réfléchi à ce que tu
faisais ? et croyais-tu offrir tes sacrifices à un homme qu'on peut tromper ? Enfin
ignores-tu que je n'ai nul besoin des présents de l'homme, et que je ne considère dans
le sacrifice que l'intention de celui qui l'offre ? Pourquoi donc es-tu triste ? et
pourquoi ton visage est-il abattu ? ton offrande était bonne en elle-même; mais n'as-tu
pas péché dans le choix des fruits? Oui, la pensée de m'offrir un sacrifice était
louable; et le choix mauvais des fruits offerts m'a seul fait rejeter ce sacrifice.
L'oblation d'un sacrifice exige de grandes précautions, et la distance infinie qui
sépare le Dieu qui le reçoit de l'homme qui le lui présente, commande à. celui-ci une
sévère attention dans le choix de la matière. Mais tu n'as fait aucune de ces
réflexions, et tu m'as offert les premiers fruits que tu as trouvés sous ta main. Aussi
n'ai-je pu agréer ton sacrifice.
Les dispositions mauvaises avec lesquelles
tu as offert ton sacrifice, me l'ont fait rejeter; et au contraire la pureté du coeur et
le choix exquis des victimes m'ont fait accepter celui de ton frère. Toutefois je ne me
hâte pas de punir ton péché, et je ne veux en ce moment que te le remettre sous les
yeux, et te donner un bon conseil. Si tu le suis, tu obtiendras ton pardon, et tu
éviteras d'affreux malheurs. Quel est donc ce conseil ? tu as péché, et grièvement;
mais je punis moins le crime que l'endurcissement dans le crime, car je suis bon, et je
neveux point la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. (Ezéch.
XVIII, 27.) Aussi parce que tu as péché, apaise ton ressentiment, rends le calme à tes
pensées, bannis de ton esprit le trouble et l'inquiétude, et arrache ton âme aux flots
tumultueux qui menacent de l'engloutir, mais surtout garde-toi de tomber dans un péché
plus grave encore, et de te précipiter dans un désespoir irrémédiable. Tu as péché,
apaise donc ta colère.
Le Seigneur savait bien que Caïn
s'élèverait contre son frère, et c'est pourquoi il s'efforçait de prévenir en lui
cette coupable résolution. Car tous les secrets de nos coeurs lui sont connus, et il
découvrait les mouvements qui agitaient celui de Caïn. Aussi cherche-t-il à le guérir
par de paternels avis, et par un langage plein de condescendance pour ses coupables
dispositions. Il n'omet donc nulle tentative qui eût pu ramener Caïn à de meilleurs
sentiments; mais le malheureux repoussa le remède, et se précipita dans l'abîme du
fratricide. Tu as péché, lui disait le Seigneur, apaise donc ta colère.
Sans doute j'ai rejeté ton sacrifice à cause de tes mauvaises dispositions, et j'ai
agréé celui de ton frère par suite de son intention pure et droite; mais ne pense pas
que je veuille pour cela te priver de l'honneur et des privilèges du droit d'aînesse. Apaise
ta colère, car quoique j'aie honoré Abel, et reçu ses dons; tu n'en seras pas
moins son aîné, et il te sera soumis. Ainsi, même après ton péché, je (112)
maintiens à ton égard les privilèges du droit d'aînesse, et je veux que ton jeune
frère reconnaisse ta supériorité et ton autorité.
Admirez donc avec quelle bonté le
Seigneur cherche à modérer la fureur et l'irritation de Caïn, et par quelles douces
paroles il s'efforce de calmer l'emportement de sa colère ! Il voit le trouble et
l'agitation de son coeur, et il n'ignore pas ses projets cruels et homicides; c'est
pourquoi il essaie d'éclairer sa raison; et pour ramener dans son âme le calme et la
sérénité, il l'assure que son frère lui sera soumis, et qu'il ne perdra rien de son
autorité. Mais tant de bontés et de prévenances furent inutiles; Caïn n'en profita
point, et il s'opiniâtra dans sa malice et son obstination.
7. Je m'arrête, car je craindrais qu'un plus long discours ne fatiguât vos oreilles, et que mes paroles ne devinssent un fardeau et peut-être un ennui pour votre bienveillante attention. Je termine donc en vous exhortant à ne point imiter ce malheureux. Notre devoir est de renoncer au péché, et d'observer fidèlement les préceptes divins, surtout après ces grands et fameux exemples. Car désormais qui pourrait s'excuser sur son ignorance ! Caïn n'avait sous les yeux aucun exemple précédent qui pût le retenir, et néanmoins il fut condamné à ce terrible et affreux châtiment que nous connaissons tous. Quel sera donc celui des chrétiens qui, comblés de grâces, commettent les mêmes péchés, et de plus énormes encore ! Ne méritent-ils pas le feu éternel, le ver qui ne meurt point, le grincement des dents, les ténèbres extérieures, les flammes de l'enfer, et tous les supplices qui nous sont inévitablement réservés? Eh ! de quelles excuses pourrions-nous pallier notre négligence et notre lâcheté ! Ne savons-nous pas ce que nous devons faire, et ce que nous devons omettre? D'ailleurs, ignorons-nous que ceux qui pratiquent la vertu, obtiendront des couronnes immortelles, et que ceux qui commettent le mal, sont destinés a des supplices éternels? Je vous en conjure donc, ne rendez pas nos assemblées inutiles, mais traduisez en actions les paroles que vous y entendez. C'est ainsi que, rassurés par le bon témoignage de notre conscience, et appuyés sur l'espérance chrétienne, nous traverserons la mer orageuse de cette vie, et arriverons au port de l'heureuse éternité. Puissions-nous y jouir de ces biens ineffables que le Seigneur a promis à ceux qui l'aiment ! Et puissions-nous les obtenir, par la grâce et la miséricorde de son Fils unique, à qui soient, avec son saint et adorable Esprit, la gloire, l'honneur et l'empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par DUCHASSAING.