GALATES III

CHAPITRE III. O GALATES INSENSÉS, QUI VOUS A ENSORCELÉS, VOUS A QUI ON A MIS DEVANT LES YEUX JÉSUS-CHRIST CRUCIFIÉ.

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Analyse.

 

1. Que l'apôtre laisse éclater enfin son indignation qu'il avait jusqu'ici contenue.

2. Ne pas flair par la chair après avoir commencé par l'esprit.

3. C'est par la foi qu'Abraham et ses vrais enfants sont justifiés. — La loi ne justifie pas : le juste vit de la foi.

4. C'est par la foi que les promesses faites à Abraham seront accomplies.

5. Que le Fils est vrai Dieu. — Contre les Anoméens. — Tous un eu Jésus-Christ.

 

1. Dès lors il passe à un autre ordre d'idées. D'abord il avait prouvé qu'il n'était apôtre ni par les hommes, ni de la part des hommes, et qu'il n'avait pas eu besoin des enseignements des autres apôtres : puis, après avoir bien établi qu'il était lui aussi digne d'enseigner, il s'exprime avec une assurance encore plus grande, compare et discute la foi et la loi. Au début il dit : « Je m'étonne que vous ayez changé si promptement » (Gal. I, 6), et maintenant il s'écrie : « O Galates insensés ! » C'est qu'alors l'indignation couvait chez lui, mais après s'être justifié, il la laisse éclater, une fois ses preuves données. S'il traite les Galates d'insensés, ne vous en étonnez pas, car en agissant ainsi il ne viole pas la loi de Jésus-Christ qui défend de traiter son frère de fou, il l'observe avec soin au contraire. Car il n'a pas été dit purement et simplement : « Celui qui appelle son frère fou », mais bien : « Celui qui sans nécessité appelle son frère «fou ». (Matth. V, 22.) Or, qui, plus que les Galates, méritait cette épithète, eux qui après tant et de si grands miracles, restaient attachés à l'ancienne loi, comme si de rien n'était? Si pour cela vous regardez Paul comme un insulteur, vous traiterez Pierre d'homicide pour ce qui est arrivé à Saphire et à Ananie. Si c'est être absurde que de parler ainsi, ce serait l'être encore bien plus que d'en dire autant de Paul. Examinez, je vous prie, comme il se garde bien de montrer cette âpreté dans son exorde. Il ne le fait qu'après avoir donné ses preuves et ses arguments, et quand le reproche qui les frappe vient non pas directement de lui, mais des preuves mêmes. Car c'est après leur avoir démontré qu'ils repoussaient la foi, et qu'ils rendaient inutile le sacrifice que Jésus-Christ avait fait de sa vie, c'est alors qu'il fait intervenir les reproches, et encore pas autant qu'ils le méritaient, car ils méritaient certes de s'entendre traiter bien plus durement. Mais voyez comme il adoucit aussitôt le coup qu'il a porté. Il n'a pas dit : Qui vous a trompés? qui vous a abusés? qui a troublé votre jugement? Mais : « Qui vous a fascinés? » Parole de blâme qui emporte en même temps une idée d'éloge, car elle montre que leur conduite antérieure était digne d'envie, et que la perte de leur bonheur était le fait du démon , qui avait déchaîné la tempête sur la sérénité de leurs âmes.

Quand vous entendez ici parler de l'envie, et dans l'Evangile « De l'oeil mauvais» (expressions synonymes), (Matth. VI, 23), n'allez pas croire que le regard ait la propriété de nuire, car l'oeil, considéré comme un organe de notre corps, ne saurait être mauvais. Mais le Christ se sert de cette expression pour désigner l'envie. Les yeux ont seulement la (602) faculté de voir, mais le regard mauvais n'appartient qu'à la pensée dépravée qui est en nous. Comme c'est par le sens de la vue que les objets que nous regardons laissent leur empreinte dans notre âme, et que le plus souvent la richesse engendre l'envie, et que la richesse se voit par le ministère des yeux, et, qu'il en est de même de la puissance et du brillant entourage de la puissance, il disait que celui-là avait l'oeil mauvais qui, non-seulement regardait, mais encore regardait avec envie par suite d'une disposition mauvaise de son âme. En disant : « Quel envieux vous a « fascinés? » il fait entendre que ceux qui ont ainsi agi n'avaient en vue ni de pourvoir à leurs intérêts, ni de compléter leur bonheur, mais voulaient au contraire le diminuer et le gâter. Car le propre de l'envie est non pas d'ajouter à ce qui manque, mais de soustraire une partie de ce qui est complet, et de gâter le tout. Il dit cela, non pour faire croire que l'envie puisse agir par elle-même, mais pour leur faire comprendre que ceux qui leur ont donné de, tels enseignements étaient poussés par l'envie. « Après que je vous ai fait voir « Jésus-Christ crucifié devant vous ». Mais il a été crucifié à Jérusalem et non dans le pays des Galates. Pourquoi donc dit-il : « Crucifié devant vous? » Il montre la puissance de la foi qui est capable de voir même ce qui se passe au loin. Et` il ne dit pas : « Qui a été crucifié », mais : « Qui a été mis sous vos a yeux crucifié », indiquant ainsi que les yeux de la foi sont de plus fidèles témoins que ceux des quelques hommes qui étaient présents à la mise en croix du Sauveur, et .qui avaient vu ce spectacle. Car bon nombre d'entre .eux n'en. avaient retiré aucun profit, tandis que les, premiers qui n'avaient pas vu avec les yeux du corps avaient cependant mieux vu par les yeux de la foi. Ce langage contient à la fois le blâme et l'éloge : l'éloge, parce qu'ils avaient accepté avec une foi complète tout ce qui leur avait été répété à ce sujet; le blâme, parce que, après avoir vu, mieux que les assistants, Jésus mis à nu, étendu et cloué sur la croix, sali de crachats, bafoué, forcé de boire du vinaigre, insulté par des malfaiteurs, percé d'un coup de lance (et ce spectacle, il le leur peignait par ces mots : « Que je vous ai fait voir crucifié devant vous »), ils l'avaient abandonné pour retourner à la loi, sans rougir au souvenir des souffrances qu'il avait endurées. D'un autre , côté, remarquez comment lorsqu'il publie la puissance de Jésus, Paul laisse de côté le ciel et la terre, et la mer et le reste, pour ne parler que de la croix, de cette croix le signe le plus éclatant de l'amour de Dieu pour nous.

« Je ne veux savoir de vous qu'une seule chose. Est-ce par les oeuvres de la loi que vous avez reçu le Saint-Esprit, ou par l'audition de la foi. (2) ? » Puisque vous ne prêtez point votre attention à de longs discours, dit-il, et que vous ne voulez pas voir la grandeur de l'oeuvre de Jésus, je veux, maintenant que je vous vois descendus au plus bas degré de l'ingratitude, vous persuader en peu de mots et par la démonstration la plus rapide. Plus haut il répétait dans ce but les observations qu'il avait fait entendre à Pierre, maintenant, il s'adresse directement à eux, et fait servir à son argumentation non ce qui s'est passé ailleurs, mais ce qui s'est passé chez eux, et non pas seulement les bienfaits dont ils avaient profité tous ensemble, mais encore ceux qu'ils avaient reçus chacun en particulier. Voilà sur quoi il s'appuie pour les persuader. Et c'est pour cela qu'il dit : « Je ne veux savoir de vous qu'une seule chose. Est-ce par les oeuvres de la loi que vous avez reçu le Saint-Esprit, ou par l'audition de la foi? » Vous avez reçu le Saint-Esprit, dit-il, vous avez fait de grandes choses, vous avez opéré des miracles en ressuscitant des morts, en guérissant des lépreux, en prophétisant, en parlant toutes les langues: sans doute vous teniez cette puissance de la loi ? Mais elle n'avait jamais rien produit de semblable auparavant. Vous la teniez donc de la foi ?

2. Eh bien, n'est-ce pas le comble de la démence que d'abandonner la foi après qu'elle a opéré en vous de tels prodiges, et de vous enfuir comme des transfuges auprès de cette loi qui n'a pu rien faire de pareil ? — « Etes-vous si insensés qu'après avoir commencé par l'esprit vous finissiez maintenant par la chair {3) ? » Il emploie de nouveau .les paroles amères et avec le même à propos. Au lieu d'augmenter, comme vous le deviez, ce précieux trésor avec le temps, non-seulement, leur dit-il, vous ne l'avez pas fait, mais encore vous êtes-revenus sur vos pas. Ceux qui commencent avec peu, savent augmenter leur richesse avec le temps, tandis que vous qui avez commencé avec des trésors, vous arrivez (603) au résultat contraire. Si vous n'aviez d'abord obtenu que les biens de la chair, vous auriez dû vous élever vers les biens de l'esprit maintenant , après avoir commence par les biens de l'esprit, vous les perdez pour vous en tenir à ceux de la chair, car faire des miracles provient de l'Esprit, et la circoncision ne concerne que la chair. Vous, après avoir fait des miracles, vous recherchez la circoncision; après avoir possédé la réalité, vous revenez aux figures; après avoir aperçu la lumière du soleil, vous recherchez celle de la lampe; après avoir vécu d'aliments solides, vous recourez au lait. Et il n'a pas dit: « Vous finissez par la chair », mais : « Vous finissez ensuite par la chair », montrant qu'après s'être emparés d'eux comme de bêtes brutes ces faux apôtres, auxquels ils s'étaient livrés pour souffrir toutes leurs volontés, les mutilaient à leur gré. Ce serait comme si un général ou un homme distingué pour son courage venait après des milliers de trophées et de victoires, s'offrir pour partager le déshonneur des déserteurs, et soumettre son corps aux marques infamantes qu'on voudrait y graver.

« Est-ce donc en vain que vous avez tant souffert? Si toutefois c'est en vain (4) ». Cet argument devait avoir bien plus d'effet que les précédents. Car la simple mention es miracles opérés ne pouvait pas produire autant d'effet que le récit des luttes qu'ils avaient soutenues, des souffrances qu'ils avaient endurées pour Jésus-Christ. Après que vous avez souffert toutes ces épreuves, les faux apôtres veulent vous en faire perdre le fruit et vous ravir la couronne que vous avez méritée. Ensuite , pour ne pas bouleverser leur âme , et pour soulager leur inquiétude , il n'insiste pas sur l'arrêt qu'il vient de prononcer, et ajoute: « Si toutefois c'est en vain ». Si vous voulez, dit-il, revenir à résipiscence et reprendre possession de vous-mêmes , ce, ne sera pas en vain. Où sont-ils maintenant ceux qui nient les effets du repentir? Voilà des hommes qui avaient reçu le Saint-Esprit, qui avaient fait des miracles, avaient confessé le Christ, et supporté pour lui mille dangers et mille persécutions, et qui après tant de prodiges s'étaient laissé priver de la grâce. Cependant, leur dit-il, si vous le voulu, vous pouvez reprendre possession de vous-mêmes.

« Celui donc qui vous communique son  Esprit, et qui fait des miracles parmi vous, le fait-il par les couvres de la loi ou par la foi que vous avez ouï prêcher (5) ? » Ces dons abondants dont vous avez été comblés, tous ces prodiges que vous avez accomplis, en êtes-vous redevables à la loi ou bien à la foi ? — A la foi , évidemment. Comme les faux apôtres s'étaient ingéniés à leur faire croire que la' foi n'a point de puissance, si la loi ne se joint à elle, il prouve au contraire qu'en s'adjoignant les prescriptions de la loi , la foi n'aura plus aucune efficacité ; la foi a précisément toute son efficacité lorsqu'elle est pure de tout mélange avec la loi : « Vous qui voulez être justifiés parla loi, vous êtes déchus de la grâce ». (Gal. V, 4.) Mais cette parole il ne la prononce que plus tard, quand il s'exprime plus librement, et qu'il s'appuie sur les résultats qu'il a déjà produits, pour en obtenir de nouveaux : jusque-là il ne prend pour texte de ses observations que les événements passés. Car, leur dit-il , quand vous vous montriez fidèles non à la loi , mais à la foi , alors vous receviez le Saint-Esprit et vous faisiez des miracles. Ensuite, comme il était question de la Loi , il mettait en avant un argument qui était une arme excellente, et faisait intervenir Abraham avec beaucoup d'à-propos et une grande autorité, et disait : « Selon qu'il est écrit d'Abraham : qu'il crut ce que Dieu lui :avait dit, et que sa foi lui fut imputée à justice (6) ».

Les prodiges opérés par vous., dit-il, montrent bien la puissance de la foi, mais, si vous le voulez; je vous la démontrerai aussi d'après les anciens textes. Comme on leur avait souvent parlé de ce patriarche, il le fait intervenir dans le débat, et montre que lui aussi a opéré, sa justification par la fui. S'il a pu être justifié avant la grâce qui résulte de la foi, (il est vrai qu'il était riche en bonnes oeuvres) , combien cela vous est-il plus facile à vous ! Quel dommage a-t-il éprouvé pour n'avoir pas vécu sous la foi ! Aucun, mais sa foi a suffi pour le justifier. Car la loi n'existait pas alors, dit-il, et elle n'existe pas plus aujourd'hui qu'elle n'existait alors. Pour démontrer l'inefficacité de la loi, il présente Abraham justifié avant l'établissement de la loi, et il gagne à cela de n'avoir pas à se défendre contre cette objection. S'il est vrai que la loi n'avait pas encore été donnée alors , et qu'elle ne le fut que depuis , il est vrai aussi que son règne a cessé maintenant. Voyant qu'ils (604) étaient fiers d'appartenir à la postérité d'Abraham, et qu'ils craignaient, en abandonnant la loi, de lui devenir étrangers, Paul se sert de cet argument pour les ramener à des sentiments tout contraires, il met fin à leurs craintes, et montre que la foi est le meilleur moyen de se rapprocher de lui. Et cela il l'avait déjà prouvé avec beaucoup d'évidence dans son épître aux Romains (Rom. IV, 3) ; il revient à la même démonstration dans l'épître de ce jour et avec autant de force : « Sachez donc », dit-il, « que ceux qui sont enfants  de la foi sont les vrais enfants d'Abraham (7)». Cette assertion même il l'appuie sur le témoignage de l'Ancien Testament : « Aussi Dieu dans l'Écriture prévoyant qu'il justifierait les nations parla foi, l'a annoncé par avance comme une bonne nouvelle à Abraham , en lui disant : Toutes les nations de la terre seront bénies en vous (8) ». Si donc ceux qui lui sont attachés par les liens de la parenté physique, ne sont pas en réalité ses enfants, et si ce privilège appartient à ceux qui imitent sa foi (tel est en effet le sens de ces mots, « Toutes les nations de la terre seront bénies  en vous) », il est évident que les nations entrent par la foi dans la postérité d'Abraham.

3. Cette argumentation le conduit à un autre résultat très-important. Comme ils se troublaient en songeant que la loi était plus ancienne, que la foi était venue après elle, il dissipe encore ces craintes, en leur faisant voir, par l'exemple d'Abraham, que la foi est plus vieille que la loi, puisque ce patriarche a été justifié avant que celle-ci n'ait été établie. Il montre que ce qui arrive maintenant est conforme aux prophéties : « Car Dieu dans l'Écriture , prévoyant qu'il justifierait les nations par la foi , l'a annoncée par avance comme une bonne nouvelle à Abraham ». Quel est le sens de ces paroles ? Celui-là même, dit-il, qui a donné la loi, avait décidé, avant même de la donner, que les nations se justifieraient parla foi. Et l'Écriture n'a pas dit: « L'annonça par avance », mais « L'annonça par avance comme une bonne nouvelle », afin de nous faire comprendre que le patriarche se réjouissait de ce moyen de justification, et qu'il en désirait l'avènement. Comme ils étaient obsédés par une autre crainte (car il était écrit : « Maudit soit quiconque ne demeure pas dans les préceptes de cette loi et ne les accomplit pas dans ses oeuvres) » (Deut. XXVII, 26) ; il les rassure encore et fait servir simplement et habilement ce passage à leur prouver le contraire, en leur démontrant qu'ils sont bénis au lieu d'être maudits pour avoir abandonné la loi, tandis que ceux qui l'observent toujours ne sont pas bénis, mais maudits. Les faux apôtres prétendaient que celui qui n'observe pas la loi est maudit, et lui, prouve que celui qui l'observe est maudit, que celui qui ne l'observe pas est béni. Les faux apôtres prétendaient. encore que celui qui s'en tient uniquement à la foi est maudit; lui, prouve que celui qui s'en tient uniquement à la foi est béni. Comment donc vient-il à bout de prouver tout cela? Car il ne faut pas supposer que nous avancions cela à la légère. Pour vous en convaincre, écoutez avec soin ce qui va suivre.

Cette preuve, il l'avait déjà donnée auparavant quand il avait fait remarquer que l'Ecriture avait dit au patriarche: «Toutes les nations de la terre seront bénies en vous ». Alors ce n'était pas la loi, mais la foi qui agissait; aussi poursuit-il son raisonnement en disant: « Ceux qui s'appuient sur la fui sont donc bénis avec le fidèle Abraham (9) ». Afin qu'on ne retourne pas cet argument contre lui et qu'on ne lui dise pas : Il était naturel qu'il fût justifié par la foi, puisque la loi n'existait pas encore ; montre-nous la foi justifiant après que la loi a été établie, il va doit de ce côté, et prouve plus qu'on ne lui demande, en faisant voir que non-seulement la foi justifiait, mais que la loi était une cause de malédiction pour ceux qui l'observaient. Et pour vous bien pénétrer de ce que j'avance, écoutez les propres paroles de l'apôtre : « Au lieu que tous ceux qui s'appuient sur les oeuvres de la loi sont dans la malédiction (10) ». Mais ce n'est là qu'une affirmation, ce n'est pas encore une preuve. Vous demandez la preuve ? La loi elle-même nous la fournit : « Maudit soit quiconque ne demeure pas dans les préceptes de cette loi et ne les accomplit pas dans ses oeuvres. Et il est clair que nul par la loi n'est justifié devant Dieu (11) ». Car tous ont péché, et tous sont sous le coup de la malédiction. Mais il ne s'exprime pas en ces termes, pour ne pas paraître se contenter d'une simple affirmation, il a de nouveau recours au témoignage de l'Écriture qui, en peu de mots, porte une double conclusion, à savoir que nul n'a strictement observé la loi (ce qui entraîne comme conséquence la malédiction), et que la (605) foi a le pouvoir de justifier. Ce témoignage où le prend-il? Chez le prophète Habacuc, qui a dit: « Le juste vivra de la foi ». (Habac. II, 4.) Ce passage montre non-seulement que la foi a le pouvoir de justifier, mais encore que la loi n'a pas le pouvoir de sauver. Nul, dit Paul, n'avait observé la loi, et tous par cela même étaient sous le coup de la malédiction, c'est alors que la foi vint nous offrir un moyen facile d'échapper au sort qui nous menaçait: et c'est là une preuve considérable que la loi était impuissante à nous fournir des moyens de justification. Car le prophète n'a pas dit : Le juste vivra de la loi, mais bien : « Vivra de la foi ».

« Or, la loi ne s'appuie point sur la foi; au contraire elle dit : Celui qui observera ces préceptes y trouvera la vie (12) ». La loi, dit-il, n'exige pas seulement la foi, mais aussi les oeuvres, tandis que la grâce résultant de la foi sauve et justifie. Avez-vous remarqué comme il a prouvé que ceux qui s'attachent à la loi se trouvent, par l'impossibilité où ils sont de l'observer exactement, sous le coup de la malédiction? Comment se fait-il que la foi ait cette puissance de justifier? C'est ce qu'il a expliqué auparavant, et en s'appuyant sur des considérations très-fortes. Comme la loi ne pouvait fournir à l'homme les moyens de se justifier, la foi vint nous offrir un remède singulièrement efficace en rendant possible ce qui par l'effet de la loi ne l'était pas. Si donc l'Ecriture dit que « Le juste vivra de la foi », dénonçant ainsi l'insuffisance de la loi pour ce qui concerne le salut, et si Abraham a pu se justifier par la foi, il est évident que l'efficacité de la foi est grande. Il est clair aussi que celui qui ne sort pas de la loi est maudit, et que celui qui s'attache à la fui est justifié. Mais, dira-t-on , comment pourras-tu nous prouver que la malédiction ne subsiste plus? — Abraham vivait avant la loi, mais nous qui avons été ses, esclaves, qui avons vécu sous son joug, nous avons à lui rendre compte de notre conduite et nous méritons d'être frappés de la, malédiction. Quel est donc celui qui nous a soustrait à ce danger? — Voyez comme il s'empresse de répondre à cette observation ; et sa réponse est décisive. Celui qui a été une fois justifié, qui est mort à la loi, qui s'est fait une vie nouvelle, comment pourrait-il encourir la malédiction ? Cependant il ne se contente pas de cette réponse, et s'y prenant d'une autre manière pour réfuter ses adversaires, il écrit : « Mais Jésus-Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, s'étant rendu lui-même malédiction pour nous, selon qu'il est écrit : Maudit est celui qui est pendu au bois (13) ».

Le peuple pouvait encourir une autre malédiction, celle qui est conçue en ces termes « Maudit soit quiconque ne demeure pas dans les préceptes de cette loi, et qui ne les accomplit pas dans ses oeuvres ». (Dent. XXVII, 26.) Que prouve cela? Que le peuple avait encouru la malédiction, car il n'était pas resté dans les préceptes de la loi, et il n'y avait pas un homme qui l'eût observée en entier. A la place de cette malédiction le Christ a substitué l'autre : « Maudit soit celui qui est pendu au bois ». Celui qui était pendu au bois était maudit, celui qui transgressait la loi était aussi maudit ; or Jésus qui se préparait à nous délivrer de la malédiction ne devait pas l'encourir, et à la place de celle-ci, il fallait qu'il en encourût une autre. Ce qu'il fit : il se soumit à la première et par elle détruisit la seconde, celle qui résultait de la non-observation de la loi. Et, de même qu'un homme innocent s'offrant pour mourir à la place d'un homme condamné à mort, le soustrait au châtiment, de, même Jésus s'est dévoué pour nous. Comme il n'avait pas encouru la malédiction. de la transgression de la loi, il se soumit à l'autre genre de malédiction pour délivrer les hommes de celte qu'ils avaient encourue : « Car il n'avait pas commis de péché, et la ruse n'avait pas trouvé place sur ses lèvres». (Isaïe, LIII, 9.)

4. De même que par sa mort il a préservé de la mort ceux qui allaient mourir, de même en attirant sur lui-même la malédiction, il l'a détournée de dessus la tête des hommes. « Afin que la bénédiction donnée à Abraham fût communiquée aux gentils (14). » Comment aux gentils? « En ta postérité », dit le Seigneur, « toutes les nations seront bénies » (Gen. XXII, 18), c'est-à-dire en Jésus-Christ. Si cela était dit des Juifs, serait-il rationnel que ceux qui, ont encouru la malédiction pour avoir violé la loi pussent transmettre la bénédiction aux autres hommes? Car nul parmi ceux qui sont maudits ne peut communiquer la bénédiction dont lui-même est exclu. Il est donc évident que ces paroles se rapportent entièrement à Jésus-Christ : c'est, lui qui est (606) la postérité d'Abraham, c'est par lui que les gentils ont été bénis, c'est ainsi que se réalise la promesse qui nous avait été faite au sujet du Saint-Esprit, et c'est ce que Paul voulait faire entendre quand il ajoutait : « Afin, qu'ainsi nous reçussions par la foi le Saint-Esprit qui avait été promis ». Comme il n'était pas possible que la grâce du Saint-Esprit parvînt aux gentils qui n'étaient en état ni de la recevoir, ni de la comprendre, Jésus commencé par les bénir et par les délivrer de la malédiction après quoi, une fois qu'ils sont justifiés par la foi, ils attirent à eux la grâce du Saint-Esprit. Ainsi donc la croix a détruit la malédiction, la foi a introduit la justification, et la justification nous a procuré la grâce du Saint-Esprit.

« Mes frères, je vais me servir du langage des hommes : Lorsqu'un homme a fait un  contrat en bonne forme, nul ne peut ni le casser, ni y introduire de nouveaux articles (15) ». Que signifie ces mots : « Je vais me servir du langage des hommes? » Cela signifie qu'il va emprunter ses exemples à la vie commune. Comme il a jusqu'à présent appuyé ses raisonnements sur les Écritures, sur les miracles opérés par eux-mêmes, sur les épreuves du Christ, et sur les actes du patriarche Abraham, il va désormais prendre ses exemples dans la vie commune. C'est son invariable habitude : il donne ainsi plus de charme à sa parole, la rend plus accessible, plus intelligible pour les intelligences obtuses. Tel est aussi le tour qu'il prend dans sa lettre aux Corinthiens : « Quel est celui qui mène paître un troupeau, et n'en mange pas du lait? Qui est-ce qui plante une vigne et n'en mange point du fruit? » (I Corinth. IX, 7.) C'est encore de la même manière qu'il parle aux Hébreux : « Parce que le testament n'a lieu que par la mort, n'ayant point de force tant que le testateur est encore en vie». (Hébr. IX, 17.) Il serait facile de s'assurer qu'il s'est plu souvent à- employer ce genre de preuves. C'est aussi de ce procédé que se sert continuellement le Seigneur dans l'Écriture, comme quand il dit : « Est-ce que la femme pourrait oublier son fils? » Et ailleurs : « Le vase dit-il au potier : Que fais-tu?» (Isaïe XLIX, 45, et XXIX, 16.) Dans le livre d'Osée il parle comme un époux dédaigné par sa femme (Osée, I, 2). Souvent il emprunte ses images à la vie humaine, comme lorsque le prophète reçoit une ceinture, ou pénètre sous le toit du potier (Jéré. XVIII, 2). Que peut donc prouver Paul par cet exemple? Que la foi est plus ancienne, la loi plus nouvelle et seulement provisoire, et donnée aux hommes pour frayer la route à la foi. Voilà pourquoi il dit : « Frères, je vais me servir du « langage des hommes». Plus haut, il les traitait d'insensés, et maintenant il les appelle ses frères, les consolant en même temps qu'il les frappe. « Lorsqu'un homme a fait un contrat en bonne forme ». Si un homme, dit-il, fait un testament, se trouvera-t-il quelqu'un qui vienne ensuite le modifier ou y ajouter quelque chose?, car tel est le sens de ces mots :... « On y introduit de nouveaux articles ». Si cela est vrai des hommes, combien plus quand il s'agit de Dieu ! Et en faveur de qui Dieu avait-il fait son testament?

« Or les promesses de Dieu ont été faites à Abraham et à sa race. L'Écriture ne dit pas:  A ceux de sa race, comme s'il en eût voulu  marquer plusieurs; mais, à sa race, c'est-à-dire à l'un de sa race, qui est Jésus-Christ. Ce que je veux donc dire est que Dieu ayant fait et autorisé comme un contrat en faveur de Jésus-Christ, la loi qui n'a été donnée que quatre cent trente ans après, n'a pu le rendre nul, ni en abroger la promesse. Car si c'est par la loi que l'héritage nous est donné; ce n'est donc plus par la promesse. Or, c'est , par la promesse que Dieu l'a donné à Abraham (16-18) ». Vous le voyez donc, Dieu a fait un contrat en faveur d'Abraham, en disant que les bénédictions parviendraient aux gentils par l'intermédiaire de sa race. Eh bien ! comment la loi peut-elle le défaire? Comme cet exemple ne convenait au sujet qu'en partie, l'apôtre avertit pour cette raison qu'il va « Se servir du langage des hommes ». C'est-à-dire, ne jugez pas de la générosité de Dieu par cet exemple seul, vous vous en feriez une idée trop étroite. Examinez et remontez plus haut; Dieu n'a-t-il pas annoncé à Abraham que les gentils seraient bénis par l'intermédiaire de sa race? Et sa race selon la chair, n'est-elle pas représentée par Jésus-Christ ? La loi n'est-elle pas venue quatre cent trente ans après? Or, si 1a loi transmet la bénédiction, et la vie, et la justification, la promesse reste sans effet. Quoi ! nul ne pourra casser le testament fait par un homme, et le testament du Seigneur sera cassé au bout de quatre cent trente ans ! Car si (607) les dispositions contenues dans ce testament ne se réalisent pas par l'effet de ce testament, mais par une autre cause, c'est qu'il a été annulé, ce testament. Cela est-il admissible?

« Pourquoi donc », dit-il, « la loi a-t-elle été établie? à cause des prévarications (19) ». Car la loi non plus n'a pas été créée en vain. Voyez-vous comme ses regards embrassent tout? On dirait qu'il a des yeux par milliers. Après avoir exalté la foi , et avoir montré qu'elle est plus ancienne, il ne veut pas que les Galates regardent la loi comme ayant été inutile, et il rectifie leur opinion à ce sujet, en expliquant qu'elle avait eu sa raison d'être et qu'elle avait eu une véritable utilité, à cause des prévarications . c'est-à-dire, parce qu'elle empêchait les Juifs de vivre sans rien qui les retînt, et de se laisser entraîner aux derniers excès du vice. Elle leur servait de frein; elle les formait, réglait leur conduite, les empêchait de violer, sinon toutes, au moins quelques-unes de ses prescriptions. De sorte que la loi n'a pas procuré peu d'avantages aux hommes. Mais jusqu'à quelle époque cela doit il durer? « Jusqu'à l'avènement de ce Fils que la promesse regarde », et ce Fils, c'est Jésus-Christ. Si donc elle a été donnée pour durer jusqu'à l'avènement de Jésus-Christ, pourquoi vouloir mal à propos lui faire dépasser ce terme ? « Et cette loi a été donnée par les anges par l'entremise d'un médiateur ». Ou bien ce sont les prêtres qu'il appelle des anges, ou bien il veut dire que les anges eux-mêmes ont prêté. leur ministère à l'établissement de la loi. Pour lui le médiateur est le Christ, et il fait entendre qu'il existait avant la loi, et que c'est lui-même qui l'a donnée. « Or, un médiateur n'est pas d'un seul, et il n'y a qu'un, seul Dieu (20) ».

5. Que vont répondre à cela les hérétiques? Si ces mots : « Le seul vrai Dieu » (Jean, XVII, 3) ne permettent pas de croire que le Fils soit le vrai Dieu, il faut aussi en conclure qu'il n'est pas Dieu, puisqu'il a été dit : « Il n'y a qu'un seul Dieu ». (Deut. VI, 4:) Mais si, malgré ces mots : « Un seul Dieu, le Père » (I Cor. VIII, 6), le Fils ne laisse pas d'être Dieu, il est évident que le Père étant le vrai Dieu , le Fils est aussi-le vrai Dieu. Mais un médiateur, dit-il, est le médiateur de deux personnes. De qui donc le Christ était-il le médiateur ? Bien évidemment il servait de médiateur entre Dieu et les hommes. Voyez-vous comme Paul démontre que le Christ lui-même a donné la loi? Si donc il a donné la loi lui-même, il a le droit de l'annuler. — « La loi donc est-elle contre les promesses de Dieu (21)? » Car si les bénédictions nous ont été données. par l'intermédiaire de la race d'Abraham, et que la loi ait fait peser sa malédiction sur elle, elle s'est mise en contradiction avec les promesses de Dieu. Comment réfute-t-il cette objection ? D'abord il la repousse avec dégoût et s'écrie : « Loin de nous une telle supposition », puis il continue l'enchaînement de ses preuves et dit : « Car si la loi qui a été donnée avait pu donner la vie, on pourrait dire alors avec vérité que la justification s'obtiendrait par la loi ». Voici le sens de ses paroles : Si nous avions compté sur elle, dit-il, pour obtenir la vie, et si elle avait eu le pouvoir d'opérer notre salut, on aurait peut-être raison de parler ainsi ; mais si c'est la foi qui sauve, et que la loi attire la malédiction, nous ne pourrions rien perdre à l'avènement de la foi qui nous affranchit de tout. Si la promesse devait s'accomplir par l'intermédiaire dé la loi, on n'aurait pas tort de croire que s'écarter de la loi serait s'écarter de la justification. Mais si elle à été donnée pour nous circonscrire tous dans de certaines limites, c'est-à-dire, pour confondre notre négligence, pour nous faire sentir nos fautes, non-seulement elle n'empêche pas l'effet de la promesse, ruais encore elle en favorise l'accomplissement. C'est ce qu'il veut prouver quand il dit : « Mais l'Écriture a comme renfermé tous les hommes sous le péché, afin que ce que Dieu avait promis fût donné par la foi de Jésus-Christ à ceux qui croiraient en lui (22) ».

Comme les Juifs n'avaient pas conscience de leurs propres péchés, et que dans cet état ils ne. désiraient pas s'en faire absoudre, Dieu leur donna la loi qui leur révéla leurs blessures, et leur fit désirer l'intervention du médecin. « L'Écriture », dit-il, « les enferma sous le péché », c'est-à-dire, qu'elle les convainquit de péché, et les retint, en faisant naître la crainte chez eux. Vous voyez donc que la loi, au lieu d'être contraire aux promesses de Dieu, n'a fait qu'en hâter l'accomplissement. Si la loi en revendiquait pour elle seule l'exécution et la responsabilité, on serait fondé à présenter cette objection; mais si elle ne fait qu'obéir à une autre influence , à (608) laquelle son action tout entière soit subordonnée, en quoi est-elle contraire aux promesses de Dieu? Sans elle, tous les hommes auraient abouti au vice, et parmi les Juifs il n'y en aurait pas eu un seul qui eût voulu écouter le Christ; tandis que, du jour où elle leur a été donnée, elle a produit un double résultat : elle a développé chez ceux qui l'observaient des germes suffisants de vertu, elle leur a donné conscience de leurs péchés, ce qui était le meilleur moyen de leur faire désirer la venue du Fils de Dieu. Aussi ceux qui n'ont pas cru en lui, n'ont pas cru, parce qu'ils ignoraient leurs propres péchés. Et voilà pourquoi Paul disait : « Parce que ne connaissant point la justification qui vient de Dieu, et s'efforçant d'établir leur propre justification, ils ne se sont point soumis à Dieu pour recevoir cette justification qui vient de lui ». (Rom. X, 3.)

« Or, avant que la foi fût venue, nous étions sous la garde de la loi, qui nous tenait renfermés pour nous disposer à cette foi qui devait nous être. révélée un jour (23) ». Voyez-vous avec quelle clarté il résume nos explications? S'il se sert de ces expressions : « Nous étions sous la garde..., qui nous tenait renfermés », c'est qu'il ne veut pas prouver autre chose que ceci, à savoir qu'en observant les prescriptions de la loi on était en sûreté. Car la loi, en retenant les Juifs derrière la crainte, comme derrière un rempart, et en leur imposant un genre de vie en rapport avec elle-même, les conservait pour la foi. « Ainsi la loi nous a servi de conducteur, pour nous mener comme des enfants à Jésus-Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi (24) ». Celui qui conduit les enfants. n'est pas le rival de celui qui les instruit, mais son coopérateur, car il préserve de tous les vices le jeune homme qui lui est confié, et fait tous ses efforts pour le rendre apte à profiter des leçons du maître. Mais quand le jeune homme est arrivé en pleine possession de lui-même, celui qui le conduisait s'éloigne pour toujours. Ce qui fait dire à Paul : « Mais la foi étant venue, nous ne sommes plus sous un conducteur comme des enfants ; puisque vous êtes tous enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ (25, 26) ». Si donc la loi remplissait l'office de pédagogue, et si elle nous a gardés et contenus, elle n'a pas été l'ennemie de la grâce, elle l'a aidée au contraire, mais si, après la venue de la grâce, elle persistait à nous garder sous sa direction, c'est alors qu'elle serait son ennemie. Si elle nous tenait enfermés, quand nous devons nous éloigner d'elle, c'est alors qu'elle nuirait à notre salut. Qu'une lampe, après nous avoir éclairés pendant la nuit, continue de briller pendant le jour de manière à nous empêcher de voir le soleil, elle nous importunera au lieu de nous rendre service; il en serait de même de la loi, si elle nous empêchait d'acquérir des biens plus grands. Par conséquent ceux qui l'observent aujourd'hui sont ceux qui la déprécient le plus. En effet, le pédagogue rend son élève ridicule quand il s'obstine, hors de propos, à le retenir près de lui. C'est pourquoi Paul a dit : « Mais la foi étant venue, vous n'êtes plus sous un conducteur comme des enfants ». Ainsi donc nous ne sommes plus sous un conducteur comme des enfants. « Car vous êtes tous enfants de Dieu ». Oh ! combien est grande la puissance de la foi, et comme il l'a fait ressortir à mesure qu'il avance ! D'abord il a prouvé aux Galates que la foi les rendait enfants d'Abraham : « Vous savez », leur dit-il, « que ceux qui observent la foi sont les fils d'Abraham ». Et maintenant il leur déclare qu'ils sont aussi les enfants de Dieu : « Car tous vous êtes enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ »,  par la foi et non par la loi. Ensuite, après avoir prononcé cette grande et admirable parole, il expose de quelle manière ils sont devenus les enfants de Dieu.

Car vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous avez été revêtus de Jésus-Christ (27) ». Pourquoi n'a-t-il pas dit Vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous êtes nés de Dieu? Car il semble que cela eût dû faire suite aux raisonnements par lesquels il leur prouve qu'ils sont enfants de Dieu. — Parce qu'il veut faire sur eux une impression plus forte. Car si Jésus-Christ est le Fils de Dieu, et que vous, vous soyez revêtus de Jésus-Christ, vous le possédez en vous-mêmes, vous devenez semblables à lui, vous êtes réunis dans une seule et même parenté, sous une seule et même forme. « Il n'y a plus maintenant ni Juif ni gentil, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme; mais vous n'êtes tous qu'un en Jésus-Christ (28) ». Voyez-vous l'inépuisable ambition de ce grand coeur ? Il a dit : « Nous sommes les enfants de (609) « Dieu par le moyen de la foi», il ne s'en tient pas là, il s'efforce à trouver quelque choie de plus, une parole qui exprime plus clairement notre étroite union avec Jésus-Christ. Il a dit « Vous avez été revêtus de Jésus-Christ»; cela ne lui suffit pas, il développe encore sa pensée, il resserre encore plus cette intime communion du chrétien avec Jésus-Christ, et dit « Vous n'êtes tous qu'un en Jésus ». C'est-à-dire, vous n'êtes qu'une seule forme, qu'un seul type en Jésus-Christ. Quoi de plus imposant qu'une telle parole? Le gentil et le Juif, et celui qui naguère encore était esclave, se trouvent posséder la même forme, non pas que celle de l'ange ou celle de l'archange, mais que celle du Maître du inonde , et portent en eux Jésus-Christ. « Que si vous êtes à Jésus-Christ, vous êtes donc la race d'Abraham, et les héritiers selon la promesse (39) ». Voyez-vous comme il fait ressortir maintenant ce qu'il disait d'abord au sujet de la race d'Abraham , que les bénédictions de Dieu lui avaient été données à lui, ainsi qu'à sa race ?

 

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