HOMÉLIE VIII

HOMÉLIE VIII. CHARGÉS DE CE MINISTÈRE, SELON LA MISÉRICORDE QUI NOUS A ÉTÉ FAITE, NOUS NE LE NÉGLIGEONS POINT ; MAIS NOUS AVONS DÉPOSÉ TOUTE HONTE CACHÉE. (IV, 1-7.)

 

 Analyse.

 

1 et 2. Mauvaise foi des faux apôtres.

3. Aveuglement des Juifs.

4. Preuves de la divinité du Christianisme.

 

1. L'apôtre a dit de grandes choses; il s'est mis, lui et, tous .les fidèles, avant Moïse lui-même. S'apercevant qu'il vient encore de faire de lui-même un éloge magnifique, il se hâte de parler le langage de l'humilité. Il devait se louer de la sorte à cause des faux apôtres et de ceux auxquels il s'adressait, et ensuite tempérer son langage, sans se contredire pourtant c'eût été de la comédie. Il procède donc maintenant d'une autre minière, et il, fait voir qu'il faut rapporter toute cette gloire, non pas à nos mérites et à nos vertus, mais à la bonté de Dieu. C'est pourquoi il dit : « Chargés de ce ministère ». Tous les biens que nous vous avons distribués, c'est en qualité de ministres du Seigneur que nous vous les avons distribués ; nous n'avons fait que prêter notre ministère aux dons qui venaient du ciel. Aussi ne dit-il point : largesse ou donation, mais bien, ministère. Et encore cela ne lui suffit-il pas, il ajoute : « Selon la miséricorde qui nous a été faite ». Ce ministère lui-même dont nous (56) sommes chargé, c'est de la divine Bonté que nous l'avons reçu. Le propre de la pitié, c'est, de délivrer du mal, non pas de faire du bien mais la divine miséricorde va jusqu'à combler de bienfaits. « Nous ne le négligeons point ». C'est encore à la bonté de Dieu qu'il faut attribuer cet effet. Car ces paroles : «Selon la miséricorde qui nous a été faite », elles se rapportent à la fois à ceci: « nous ne le négligeons point », et au ministère apostolique.

Voyez comme il s'applique à, rabaisser son propre mérite. Après avoir été comblé de tels bienfaits, et cela uniquement par pure bonté, par pure miséricorde de la part de Dieu, est-ce faire beaucoup que de se charger de ces quelques travaux, que de courir ces dangers, que de soutenir ces tentations ? Et c'est pourquoi nous ne nous décourageons point, mais au contraire nous nous réjouissons, nous agissons avec confiance. A ces mots : « Nous ne le négligeons point », il rattache les suivants : « mais nous avons déposé toute honte cachée, ne marchant point dans la ruse, et ne corrompant point la parole de Dieu ». Que veulent dire ces paroles : « Une honte cachée?» Nous n'annonçons point, nous ne promettons point de grandes choses; dit-il, pour n'en réaliser que de faibles, comme font les faux apôtres. Aussi disait-il : « Vous lisez sur notre visage ». (II Cor. X, 7.) Tels vous nous voyez, tels nous sommes : nulle duplicité dans notre âme; nous ne parlons pas d'une façon pour agir d'une autre, pour faire ce que la honte contraint à cacher et à couvrir d'un voile. C'est pour développer cette pensée qu'il ajoute: « Nous ne marchons point avec ruse ». Ce dont ils se glorifiaient, il le regarde, lui, comme honteux et misérable.

Que signifie ce mot : « Avec ruse ? » Ils passaient pour ne recevoir aucun présent; mais ils en recevaient en secret; on les regardait comme de saints , comme d'irréprochables apôtres, et pourtant ils étaient tout pleins de vices. Pour nous, dit-il, nous avons horreur de ces procédés (et c'est là ce qu'il appelle une turpitude secrète) », et nous nous montrons tels que nous sommes. Il n'y a rien de caché non-seulement dans notre vie et dans nos moeurs, mais nul voile ne recouvre, notre enseignement. C'est là le sens de ces paroles : « Ne corrompant point la parole  de Dieu, mais « annonçant toujours la vérité ». C'est-à-dire l'annonçant non par notre visage et en apparence, mais en proposant une doctrine solide et substantielle: «. Nous recommandant nous« mêmes à la conscience de tous les hommes». Ce ne sont pas seulement les fidèles, mais encore les infidèles qui peuvent nous connaître: nous nous montrons à tous de manière que tous puissent nous examiner comme ils voudront. C'est ainsi que nous savons nous recommander, et non pas au mayen de l'hypocrisie ou d'un masque brillant. Nous disons donc que nous ne recevons point de présents, et nous vous prenons à témoin. Nous disons que notre conscience ne nous reproche rien, et ici encore nous invoquons votre témoignage : eux au contraire, c'est en se cachant sous le voile de l'hypocrisie, qu'ils en trompent un si. grand nombre. Nous, nous soumettons notre vie aux regards de tous, nous prêchons à découvert : tous peuvent nous comprendre. — Cependant les infidèles ne connaissaient point la force de la prédication de l'apôtre ; et c'est pourquoi il ajoutait que ce n'était pas à lui, mais bien à eux qu'on devait l'imputer. « Si notre Evangile est couvert d'un voile, il l'est dans ceux qui périssent. Le Dieu de ce siècle a aveuglé les âmes des infidèles (3, 4) ». C'est une pensée qu'il exprimait déjà plus haut: « Nous sommes pour les uns une odeur de mort. pour la- mort; aux autres une odeur de vie pour la vie ». (II Cor. II, 16.)

2. Que signifient ces mots : « Le Dieu de ce siècle? » Les Marcionites prétendent que l'apôtre veut parler du Créateur, qui a la justice en partage, sans,avoir la bonté. Les Manichéens soutiennent qu'il est question du démon; et ils imaginent follement un autre créateur que le seul véritable. L'Ecriture, disent-ils, donne le nom de Dieu, non-seulement à celui qui possède la nature divine, mais à tout ce Uni exerce un véritable empire sur la faiblesse des hommes : c'est ainsi qu'elle appelle de ce nom la richesse et le ventre. Non pas  que ni l'un ni l'autre aient cette dignité; mais ils exercent une entière puissance sur ceux qui se sont rendus leurs esclaves. Quant à nous, il nous semble qu'il ne s'agit nullement ici du démon, tuais bien du Dieu créateur de toutes choses, et qu'il faut lire: « Dieu a frappé d'aveuglement les âmes des infidèles de ce siècle ». Il n'y aura point d'infidèles dans le siècle futur; il ne peut y en avoir que dans celui-ci. Et quand même on lirait : « Le Dieu de ce siècle », il ne (57) saurait y avoir de difficulté: Ces mots ne peuvent servir à prouver que le Dieu dont parle l'apôtre n'est que le Dieu du siècle présent. Ne dit-on pas aussi : Le Dieu du ciel? Et Dieu cependant n'est pas, seulement le Dieu du ciel. Ne dit-on pas encore : Le Dieu du jour présent? Mais, en le disant, nous n'entendons point circonscrire la puissance de Dieu dans les bornes d'un seul jour. Dieu est encore appelé le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob; et cependant il n'est pas seulement le Dieu de ces trois patriarches. On trouverait dans les Ecritures beaucoup d'autres témoignages.

Mais comment Dieu les a-t-il frappés d'aveuglement ? Il n'a pas agi d'une manière positive ; il l'a seulement souffert et permis C'est la façon ordinaire de parler de la sainte Ecriture, comme quand elle dit :.«Dieu les a livrés à leur sens réprouvé ». (Rom. I, 28.) D'abord ils ont cessé de croire ; ils se sont ensuite montrés indignes de voir les mystères, et ensuite il a permis qu'ils fussent frappés d'aveuglement. Qu'eût fait le Seigneur? Les eût-il amenés à lui par force ? Eût-il révélé ses mystères à des hommes qui ne voulaient point les contempler? Mais ils les eussent méprisés, sans daigner les apercevoir. Aussi l'apôtre ajoute-t-il : « En sorte que la lumière glorieuse de l'Evangile du Christ ne rayonne « pas à leurs yeux »: Ce qu'il dit non pas en ce serfs qu'ils ne croiront pas en Dieu, mais en ce sens que l'âme infidèle ne pénétrera point ses mystères. Ne nous fait-il pas, à nous, la même recommandation, quand il nous dit de ne pas jeter les pierres précieuses devant les pourceaux? Révéler ses mystères aux incrédules, t'eût été accroître encore leur incrédulité. Forcez un homme qui a mal aux yeux à regarder les rayons du soleil, n'augmenterez-vous pas encore sa maladie ? Aussi les médecins les tiennent-ils dans les ténèbres, pour ne pas aggraver leur état. Comprenons donc ce passage en ce sens qu'ils sont devenus incrédules par leur faute. Une fois incrédules, ils n'ont pu contempler les mystères de l'Evangile : car Dieu leur a dérobé ses rayons. C'est ce qu'il disait à ses disciples : « Voilà pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu'ils entendent, sans entendre ». (Matth. XIII, 13.)

Un exemple vous, le montrera plus clairement. Supposez un gentil qui traite de fables les dogmes chrétiens. Vaudra-t-il mieux pour lui entrer dans nos temples, assister à nos mystères que rester dehors? C'est pourquoi l'apôtre dit : « En sorte que la lumière de « l'Evangile ne rayonne pas à leurs yeux ». Il fait encore allusion à l'histoire de Moïse. Ce qui alors arriva aux Juifs, arrive à tous les infidèles depuis l'Evangile. Quels mystères sont voilés pour eux, quels mystères ne leur s'ont point révélés ? Ecoutez ce que dit l'apôtre : « En sorte que la lumière glorieuse de l'Evangile du Christ ne brille point à leurs yeux, de l'Evangile du Christ, qui est l'image de Dieu ». C'est là ce qui ne leur avait pas été découvert: que la croix est le salut du monde et sa gloire; que Celui qui a été crucifié reviendra entouré de splendeur; et .qu'avec lui apparaîtront le présent,,.l'avenir, ce qui est visible, ce qui est invisible; et la manifestation d'un grand nombre de mystères qui sont l'objet de nôtre espérance et de notre attente: C'est pourquoi l'apôtre dit : « Afin que la lumière ne rayonne pas », pour que vous ne cherchiez point tout ici-bas, où l’on vous envoie seulement les rayons de l'Esprit-Saint. C’est dans le même dessein que plus haut il disait : « le parfum », ou « le gage » : la réalité, nous la trouverons dans, le ciel. Or tout cela leur est caché; et c'est une conséquence de leur incrédulité. Ensuite pour montrer que ce n'est pas seulement la gloire du Christ qu'ils ignorent, mais aussi celle du Père, saint Paul ajoute : « Lequel est l'image de Dieu ». Ne vous arrêtez pas au Christ. Par lui vous voyez. le Père; et si vous ne connaissez point sa gloire, vous rie connaîtrez point non plus la gloire du Père. « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes,. mais nous prêchons Jésus-Christ et nous nous déclarons vos serviteurs par Jésus-Christ (5) ».

3. Voyons la suite des idées. Comment ceci peut-il se rattacher à ce qui précède? Peut-être fait-il encore allusion à, ces faux apôtres qui cherchent leur propre gloire, et qui persuadent à leurs. disciples de se recommander de leurs noms, comme il disait dans sa première épître : « Moi, je suis de Paul, moi, au contraire, je suis d'Apollon ». (I Cor. III., 4.) Peut-être aussi a-t-il en vue quelque chose de très-sérieux. Quoi donc? Ne veut-il pas dire que cab faux apôtres lui faisaient une guerre acharnée et lui dressaient de toutes parts des embûches : Est-ce contre nous que vous combattez, dit-il. N'est-ce pas plutôt contre Celui que nous prêchons ? Car nous ne nous prêchons pas (58) nous-même; je ne suis qu'un serviteur, je remplis auprès de ceux qui reçoivent ma prédication le ministère qu'un autre m'a confié, et tout ce que je fais, je le fais pour sa gloire. Donc en me faisant la guerre, vous renversez ce qui appartient à mon maître. Bien loin de rien m'arroger à moi-même des succès de ma prédication, je ne refuse pas d'être votre serviteur à cause du Christ, puisqu'il lui a plu de vous combler d'honneur, de vous environner de son amour, de faire tant de choses pour vous. C'est pourquoi il dit : « Nous nous déclarons nous-même votre serviteur à cause du Christ ». Voyez-vous quelle abnégation ? Non-seulement, . dit-il, nous n'usurpons point ce. qui appartient au Seigneur, mais nous nous faisons serviteur à cause de lui.

« Parce que le même Dieu qui a dit à la lumière de resplendir du sein des ténèbres, a lui-même brillé dans vos coeurs ». Ils désiraient voir le merveilleux éclat de cette gloire de Moïse, il la leur montre toute brillante d'une splendeur encore plus vive. La gloire brillait sur le visage de Moïse, elle brille aussi dans vos coeurs. Et d'abord il rappelle la première oeuvre de la création, la lumière sensible et les ténèbres, et il montre que ce second ouvrage de- Dieu l'emporte sur le premier. Quand est-ce que Dieu dit : « Que la lumière brille du sein des ténèbres! » Au premier jour de la création : « Les ténèbres», dit l'Ecriture, « étaient étendues sur l'abîme; et Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut». (Gen. I, 2, 3.) Alors il disait: « Qu'elle soit, et elle fut ». Il ne le dit plus maintenant, mais c'est lui-même qui est notre lumière. L'apôtre ne dit pas en effet que Dieu ait parlé, mais qu'il a resplendi. lui-même dans les coeurs. Ce ne sont donc point les choses sensibles que nous contemplons dans cette lumière, mais c'est Dieu lui-même par Jésus-Christ. Voyez-vous comme il n'y a aucune différence entre les personnes de la Trinité? En parlant de l'Esprit-Saint l'apôtre dit : « Pour nous, contemplant sans voile la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image de la gloire pour la gloire, comme par l'Esprit qui est le Seigneur ». (II Cor. III, 18.) Et en parlant du Fils : « Afin que la glorieuse lumière de l'Evangile du Christ, qui est l'image du Père, ne brille pas à leurs records ». Enfin en parlant du Père : « Celui qui a dit à la lumière de resplendir du sein des ténèbres, a lui-même brillé dans vos coeurs, pour vous éclairer de l'éclat de la science de Dieu par le visage du Christ (6) ». Après avoir dit : « L'Evangile du Christ », il ajoute : « Qui est l'image de Dieu», pour faire voir que les incrédules ont été privés aussi de la gloire de Dieu. De même après avoir dit : « La science de Dieu », il ajoute : « par le visage du Christ», pour montrer que c'est par Jésus-Christ que nous parvenons à la connaissance du Père, comme par l'Esprit-Saint nous arrivons à la connaissance du Fils ».

« Ce trésor, nous le portons dans des vases d'argile, afin que notre élévation soit l'oeuvre de la puissance de Dieu, et non pas notre ouvrage (7) ». Après tant de beaux développements sur cette gloire ineffable, l'apôtre craint qu'on aie lui dise : Et comment pouvons-nous jouir d'une telle gloire, et vivre dans un corps mortel? Oui, sans doute, reprend-il, c'est chose merveilleuse, et la plus grande preuve de la puissance divine, qu'un misérable vase déterre comporte tant d'éclat, et garde un tel trésor. Aussi l'apôtre s'écrie-t-il, saisi d'admiration : « Afin que notre grandeur soit l'oeuvre de la puissance de Dieu, et non pas notre propre ouvrage », faisant allusion encore à ceux qui recherchaient leur propre gloire. La. grandeur des dons, et la faiblesse de ceux qui les reçoivent font éclater la puissance de Dieu : il montre sa puissance non-seulement en faisant des largesses, mais encore en les faisant à des êtres de si peu de prix. L'apôtre, par ces vases d'argile, représente la fragilité de la nature humaine et la faiblesse de notre chair. Elle ne vaut pas mieux en effet qu: un vase d'argile : elle est exposée à tant d'attaques; la mort, les maladies, l'intempérie des saisons, mille autres maux, la détruisent si facilement ! Tout cela, saint Paul le disait tant pour rabattre l'orgueil des faux apôtres, que pouf montrer qu'en nous, chrétiens, il n'y a plus rien d'humain.

4. Dieu fait éclater surtout sa puissance, en accomplissant de grandes choses au moyen uns plus faibles instruments. C'est pourquoi l'apôtre dit dans un autre endroit : « Ma puissance se montre tout entière dans la faiblesse ». (II Cor. XII, 9.) Dans l'Ancien Testament ne se servait-il pas de moucherons et de mouches pour mettre en fuite des armées de barbares? [Il appelle « la Chenille », sa grande puissance.] (Joel, II, 25.) Et par la confusion (59) des langages ne détruisait-il pas cette immense tour de Babel? Trois cents hommes lui suffisaient pour mettre en déroute une innombrable armée, et le son de quelques trompettes pour renverser les villes: David encore enfant, si petit et si faible, triomphait de toute une armée. De même dans ces derniers temps il envoie douze hommes, et par eux soumet l'univers, et cela quand tout le monde tes persécute et leur fait-la guerre. Admirons donc la puissance du Seigneur, admirons-la, adorons-la. Demandons aux Juifs, demandons aux Gentils quels hommes ont persuadé aux peuples d'abandonner leurs moeurs pour embrasser un autre genre de vie? Est-ce un pêcheur ou un faiseur de tentes? Est-ce un publicain ou un ignorant, un homme étranger à toute espèce de connaissances? Comment expliquer un pareil changement, si la puissance de Dieu n'eût opéré, ces merveilles tsar leur ministère? Que disaient-ils pour persuader le monde? Soyez baptisés au nom du Crucifié. — Quel est donc ce Crucifié? — Un homme qu'ils n'avaient jamais vu : voilà ce qu'ils leur disaient, ce qu'ils leur prêchaient; et ils persuadaient à leurs auditeurs, que ces .dieux qui rendaient des oracles et qui avaient été transmis jusqu'à eux d'âge en âge comme des dieux, n'étaient pas dieux. Le Christ, qui avait été cloué à la croix, attirait tout le monde à lui.

On savait bien qu'il .avait été crucifié et enseveli; mais un bien petit nombre seulement . l'avaient vu après sa résurrection. Cette résurrection du Sauveur, les apôtres la firent croire à ceux mêmes qui n'en avaient pas été les témoins; bien plus ils leur persuadèrent qu'il était monté aux cieux et qu'il viendrait juger les vivants et les morts. Qu'y a-t-il de si persuasif dans de pareils discours, dites-moi? Cette persuasion leur venait de la puissance divine. Et d'abord c'étaient des nouveautés capables de blesser les esprits : quoi de plus grave que d'innover en pareille matière, puisque c'est saper les, fondements des vieilles institutions, détruire les lois jusque dans leurs racines? Et les prédicateurs, quelle confiance inspiraient-ils? lis étaient d'une nation détestée des autres nations, et de plus timides et ignorants. Comment purent-ils donc triompher de, l'univers? Comment vous out-ils mis en fuite, vous, vos ancêtres , ces grands philosophes, vos dieux eux-mêmes? Bien évidemment parce que Dieu était avec eux. Non, ce n'est point là un effet de la puissance humaine, mais bien d'une ineffable, d'une divine puissance.

Mais, dites-vous, n'ont-ils pas eu recours à la magie? — Alors il eût fallu fortifier l'empire des démons et propager le culte des idoles. Comment se fait-il donc qu'il ait disparu, et qu'il ait été remplacé par notre religion ? C'est une preuve de plus que tout s'est accompli par la puissance de Dieu même. Elle se montre cette puissance, non-seulement dans les résultats de la prédication, mais encore dans la conduite même des chrétiens. La virginité fut-elle jamais aussi fréquente? Professa-t-on jamais tant de mépris pour les richesses, pour la vie, pour tous les biens de la terre? Des hommes débauchés , des magiciens n'eussent jamais produit de tels sentiments dans les âmes; ils auraient développé les sentiments contraires. Mais les apôtres nous apprirent à mener une vie digne des anges, ils nous en donnèrent les premiers l'exemple et dans notre pays, et sur la terre étrangère, et jusqu'aux extrémités du monde. Il est donc bien évident que tous ces changements ont été opérés par la puissance du Christ, par cette puissance qui envoie partout ses rayons et les répand plus prompts que l'éclair dans les intelligences. Pénétrés de ces pensées, trouvant dans les merveilles du passé une sûre garantie de la promesse des biens futurs, adorez avec nous l'invincible puissance du Crucifié. Ainsi pourrez-vous échapper aux affreux tourments de l'enfer et parvenir au royaume des Cieux. Daigne le Seigneur nous en faire la grâce, par bonté, etc.

 

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