SEPTIÈME HOMÉLIE. LE FILS EST CONSUBSTANTIEL AU PÈRE.
ANALYSE. Nécessité de prêter une oreille attentive à la parole
de Dieu. Le Fils est consubstantiel au Père. Les expressions qui dans
l'Écriture semblent rabaisser le Fils, trouvent leur explication dans l'Incarnation.
Autres motifs du langage de l'Écriture. Il y a deux volontés en Jésus-Christ.
Exhortation à la prière.
1. Encore les jeux du cirque, encore
l'église déserte; ou plutôt non, puisque vous êtes venus, l'église n'a rien perdu. Le
laboureur à la vue de sa récolte en pleine maturité, s'inquiète peu des feuilles qui
tombent; c'est le sentiment que j'éprouve, car je vous regarde comme des fruits, et ces
déserteurs de l'église comme des feuilles; ils ont été emportés par le vent des
plaisirs, mais la perte est médiocre puisque vous nous restez. A la vérité leur
négligence m'attriste, mais votre assiduité me console. Au reste, ces gens-là, même
lorsqu'ils viennent, ne sont pas présents; leur corps est ici, leur esprit divague au
dehors. Pour vous, même en votre absence, vous êtes présents; votre corps est ailleurs,
votre esprit est ici. Je voulais ne les pas épargner aujourd'hui. Mais réprimander des
absents qui ne m'entendent pas, ce serait combattre des fantômes. J'attendrai pour cela
qu'ils soient ici, et avec la grâce de Dieu, j'essayerai de vous conduire aux pâturages
accoutumés de la sainte Écriture. On a beau y puiser, c'est un océan quine tarit
jamais. Soyez dociles et attentifs. Sur mer tous les passagers peuvent dormir; pourvu que
le pilote veille, il n'y a aucun danger; sa vigilance, son habileté suffisent à tout. Il
n'en est pas de même ici; l'orateur a beau s'appliquer: si les auditeurs n'apportent pas
la même attention, la parole tombe inutilement, ne trouvant pas de coeurs préparés à
la recevoir.
Il faut donc être attentif et vigilant;
car il s'agit d'une affaire importante. Ce n'est pas pour de l'or, de l'argent, des
richesses périssables que nous naviguons, mais pour la vie future et les trésors du
ciel; les voies différentes par lesquelles les hommes peuvent s'avancer dans la vie, sont
plus nombreuses encore que sur terre ou sur mer; et quiconque ne saura pas se diriger
sûrement fera un funeste naufrage. Vous tous qui voguez avec nous, montrez, non
l'insouciance des passagers, mais le zèle et la vigilance des pilotes. Pendant que les
autres dorment, les pilotes, assis au gouvernail, examinent les routes de la mer et les
profondeurs du ciel, et guidés par le cours des astres, ils dirigent les navires en toute
sûreté; un autre ne pourrait (240) naviguer plus intrépidement en plein jour, qu'ils ne
le font au milieu de la nuit, lorsque la mer paraît le plus terrible; ils manoeuvrent
attentifs et impassibles; ils considèrent non-seulement les voies de l'océan et le cours
des astres, mais aussi la direction des vents ; et telle est leur habileté, que souvent,
lorsque la tempête se lève plus violente et prête à engloutir les vaisseaux, ils
savent par la disposition des voiles, éviter tout danger; leur science triomphe des
efforts des vents, et arrache les passagers au naufrage. Si ces pilotes, parcourant la mer
pour des richesses temporelles, montrent une telle vigilance, à plus forte raison,
doit-il en être ainsi de nous. Car la négligence aurait des conséquences plus graves,
et la vigilance, un résultat plus heureux pour nous que pour eux. Notre barque n'est pas
formée de planches, mais des saintes Ecritures; ce ne sont pas les astres du ciel qui
nous conduisent, c'est le soleil de justice qui dirige notre course; assis au gouvernail
nous n'attendons pas le souffle du zéphyr, mais la douce influence du Saint-Esprit.
2. Veillons donc, examinons attentivement
toutes les voies. Nous allons encore parler de la gloire du Fils unique. Naguère nous
avons montré que la compréhension de l'essence divine surpasse infiniment la science de
l'homme, des anges, des archanges et de toute créature; et que le Fils unique et le
Saint-Esprit seuls connaissent clairement cette essence. Maintenant transportons la lutte
sur un autre terrain. Nous cherchons si le Fils a la même vertu, la même puissance, la
même substance que le Père, ou plutôt nous ne le cherchons pas; car, par la grâce de
Jésus-Christ, nous l'avons trouvé et nous le croyons fermement; mais nous voulons le
démontrer à ceux qui ont l'impudence de le nier. J'ai honte, je rougis d'aborder ce
sujet: qui de vous ne rirait de nous voir occupés à prouver et démontrer des- choses si
évidentes. N'est-ce pas se condamner soi-même que de chercher si le Fils est
consubstantiel au Père ? Car une telle conduite est en contradiction non-seulement avec
l'Ecriture, mais avec l'opinion générale des hommes et la nature des choses. Que
l'engendré soit de la même substance que l'engendrant, cela se voit, non-seulement pour
les hommes, mais pour les animaux, pour les arbres mêmes. N'est-il pas absurde quand
cette loi est immuable parmi les plantes, les hommes et les animaux, de vouloir la violer
et la renverser en Dieu seul, Cependant, ne nous contentons pas de ces raisons tirées de
la nature des choses, et passons aux saintes Ecritures, dont les paroles prouveront ce
dogme. Ce n'est pas nous, fidèles, ce sont ces incrédules qui sont dignes de risée, eux
qui repoussent des choses si claires et qui résistent à la vérité.
Quelles objections élèvent-ils contre la
croyance universelle? Si, de ce que Jésus-Christ est appelé Fils, il s'ensuit qu'il est
con. substantiel, nous sommes aussi consubstantiels, nous tous; car nous sommes appelés
fils. N'est. il, pas écrit : Jai dit : Vous êtes tous des dieux et les fils du
Très-Haut. (Ps. LXXXI, 6.) O imprudence ! ô folie extrême ! Comme ces
hérétiques mettent à nu leur démence ! Quand nous parlions de l'Incompréhensible,
ils s'arrogeaient ce qui est le propre du Fils, et prétendaient connaître Dieu aussi
parfaitement qu'il se con. naît lui-même. Maintenant que nous parlons de la gloire du
Fils, ils veulent le rabaisser à leur niveau. Nous aussi, disent-ils, nous sommes
appelés fils, et nous ne sommes pas pour cela consubstantiels à Dieu. Vous êtes
appelés fils, oui, mais le Christ est Fils; vous en avez le nom; lui, la réalité. Vous
êtes appelés fils, mais non comme lui, fils unique; vous n'habitez pas le sein du Père,
vous n'êtes pas la splendeur de la gloire, ni la figure de la substance, ni la forme
de Dieu. (Hébr. I, 13.) Si notre premier raisonnement ne suffit pas,. laissez-vous du
moins persuader par les passages de l'Ecriture, qui prouvent la noble origine de notre
Sauveur. Dans les textes suivants, Jésus-Christ montre qu'il ne diffère en rien du Père
, quant à la substance ; Celui qui me voit, voit mon Père (Jean, XIV, 9); Mon
Père et moi nous sommes un (Jean, X, 30) ; quant à la puissance : Comme le Père
ressuscite les morts et leur donne la vie, ainsi le Fils vivifie qui il veut (Jean, V,
21); quant au culte : Afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père
(Ibid. 23) ; quant à l'autorité de législateur : Mon père agit et moi aussi.
(Ibid. 17.) Mais laissant de côté tous ces textes, ils refusent de prendre le mot Fils
dans son sens propre, par la raison qu'ils sont eux-mêmes honorés de ce nom, et ils
rabais. sent jusqu'à eux le Fils de Dieu, en s'appuyant sur ces paroles : J'ai dit:
Vous êtes tous des dieux et les fils du très-Haut. Puisque, à vous entendre, le
Fils, malgré ce nom, n'a rien (241) de plus que vous, et n'est pas vraiment Fils, il
s'ensuit que le Père, malgré le nom de Dieu, n'a rien de plus que vous puisqu'il vous a
aussi communiqué ce nom. Carde la même manière que vous êtes appelés fils, vous êtes
appelés Dieu. Ce nom de Dieu, bien qu'il vous soit donné, vous n'osez dire que ce soit
une simple dénomination sans réalité, mais vous reconnaissez que le Père est vrai
Dieu; de même ainsi craignez de vous comparer au Fils et ne dites pas: moi aussi, je suis
appelé fils; et puisque je n'ai pas la même substance que le Père, lui non plus n'est
pas consubstantiel. Car tout ce que nous avons dit ci-dessus montre qu'il est vrai Fils et
qu'il a la même substance que le Père. Ces paroles, en effet: Il est la figure et la
forme de Dieu, ne prouvent-elles pas l'identité de substance ! En Dieu il n'y a ni
forme ni visage. Mais, direz-vous, il y a des textes contraires. Il est dit par
exemple, que le Fils prie le Père. S'il a la même puissance, la même essence, s'il
opère tout par sa vertu, pourquoi prie-t-il ?
3. A cette objection je veux en ajouter
d'autres en vous citant divers passages où Jésus-Christ s'humilie dans son langage.
Seulement je vous ferai une observation : Nous avons beaucoup d'excellentes raisons qui
expliqueront les passages de l'Écriture où Jésus-Christ semble humilié. Au contraire,
pour rendre raison de ceux où il est exalté, vous ne trouverez qu'une seule explication
que j'ai déjà exposée; c'est qu'il veut nous montrer sa noble origine. Comprenez-moi
bien : les textes que vous nous citerez, nous pouvons les interpréter dans le sens de
notre croyance, ceux que nous vous apporterons, aucune interprétation ne les fera cadrer
avec vos erreurs. En sorte que si vous persistez à entendre vos textes, comme vous
faites, vous devrez aboutir à la conséquence absurde qu'il y a contradiction dans
l'Écriture. Car dire : Comme le Père ressuscite les morts et leur donne la vie, ainsi
le Fils donne la vie à qui il veut, etc, et ensuite prier au lieu d'agir, c'est une
contradiction pour vous; pour que toute difficulté disparaisse pour vous comme pour nous,
il vous faut pénétrer avec nous les raisons pour lesquelles Jésus-Christ est
quelquefois humilié dans le langage de l'Écriture. Quelles sont donc ces raisons ? La
première et la principale, c'est qu'il a revêtu notre chair; il veut, en s'abaissant,
convaincre ses contemporains et les siècles futurs que son corps n'est pas une ombre ou
un fantôme, mais une réalité. Après tant de textes qui prouvent son humanité, des
malheureux, poussés par le démon, ont osé nier l'Incarnation, soutenir que le Fils n'a
pas pris un corps , et détruire ainsi le plus grand témoignage de la bonté divine; que
serait-ce donc si Jésus-Christ n'avait pas employé ce langage humble ? qui aurait
évité cet abime? N'entendez-vous pas nier l'Incarnation par Marcion, Manès, Valentin et
beaucoup d'autres ? Ainsi Jésus-Christ tient ce langage humble et si éloigné de son
essence ineffable pour nous contraindre à croire l'Incarnation. Car le démon s'est
efforcé de détruire cette foi parmi les hommes, sachant bien que s'il y réussissait,
c'en était fait de tout le reste.
Une autre raison, c'est la faiblesse des
auditeurs de Jésus-Christ, qui, le voyant et l'entendant pour la première fois, ne
pouvaient comprendre la sublimité de sa doctrine. Ce que j'avance n'est pas une simple
conjecture; je veux vous le prouver par l'Écriture. Quand le langage du Sauveur était
élevé, sublime, digne de sa gloire; que dis-je élevé, sublime et digne de sa gloire?
quand il dépassait quelque peu la portée de l'intelligence humaine, ils étaient
troublés, scandalisés. Quand au contraire Jésus-Christ parlait simplement comme homme ,
ils accouraient pour .l'entendre. Où en est la preuve? Dans saint Jean surtout. Il leur
dit : Abraham votre Père a souhaité mon jour, il l'a vu , et s'en est réjoui
(Jean, VIII, 56, etc.) ; ils répondent Vous n'avez pas encore quarante ans et vous avez
vu Abraham. Ils le regardaient donc comme un homme. Jésus-Christ reprend Avant qu'Abraham
fût, je suis. Et les Juifs prennent des pierres pour les lui jeter. Une autre fois,
après avoir longtemps parlé des mystères, il ajoute : Le pain que je donnerai pour la
vie du monde, c'est ma chair, et ils répondent : Ce discours est dur, qui peut
l'entendre ? Et plusieurs de ses disciples l'abandonnèrent et ne le suivirent plus.
(Jean, VIII, 52, etc.)
Que faire ? toujours parler un langage
relevé, au risque d'éloigner et de rebuter les âmes qu'il voulait gagner à sa
doctrine? Ce ne serait pas le fait de la miséricorde divine. Jésus-Christ avait dit : Celui
qui écoute ma parole, ne mourra jamais (Ibid. 51), et ils s'écrient: N'avons-nous
pas bien dit que vous êtes possédé du démon ? Abraham est mort, les Prophètes sont
morts, et (242) vous dites: Celui qui écoute ma parole ne mourra jamais. Qu'y
a-t-il d'étonnant qu'il en fût ainsi de la foule, quand il en était de même des chefs?
L'un d'eux, Nicodème, vint avec d'excellentes dispositions trouver Jésus-Christ et lui
dit : Maître, nous savons que vous êtes venu de Dieu. (Jean, III, 2.) Cependant
son intelligence trop faible ne put comprendre la doctrine du baptême. Car après ces
paroles de Jésus-Christ : Quiconque ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ne peut
voir le royaume de Dieu, il tombe dans le doute, et dit : Comment un homme déjà
vieux peut-il naître ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère une seconde fois, pour
naître de nouveau ? Que répond Jésus-Christ : Si vous ne me croyez pas quand je
vous parle des choses de la terre, comment me croirez-vous, quand je vous parlerai des
choses du Ciel ? Plus tard au temps de sa Passion, après avoir fait des milliers de
miracles, après avoir clairement manifesté sa puissance, il dit : Vous verrez le Fils
de l'Homme venant sur les nuées (Matth. XXVI, 64), et à ces mots le grand prêtre
indigné déchire ses vêtements. Comment parler à ces hommes qui repoussent tout langage
relevé ? Il ne faut donc pas s'étonner qu'à des auditeurs si faibles et si
rampants le Christ n'ait rien dit de grand, rien de sublime sur lui-même.
4. Ce qui précède vous montre assez
pourquoi Jésus-Christ parle de lui avec tant de modestie. Je veux encore vous en donner
une autre raison. Quand le langage de Jésus-Christ est plus relevé ; les Juifs se
scandalisent, se troublent, se retirent, insultent et s'enfuient. Si au contraire il est
simple et commun, ils accourent et écoutent avec attention. Ils se retirent; puis à ces
paroles : Je ne fais rien de moi-même, et je dis ce que mon Père m'a enseigné
(Jean, VIII, 28), ils reviennent aussitôt. Pour nous montrer qu'ils crurent à cause de
la simplicité de ses paroles , l'évangéliste ajoute : Lorsqu'il disait ces
choses, plusieurs crurent en lui. Partout vous pouvez voir le même résultat. Voilà
pourquoi il parle tantôt en homme, tantôt en Dieu et d'une manière digne de sa noble
origine; par là, tout en condescendant à la faiblesse de ses auditeurs, il maintient
l'intégrité du dogme. Cette condescendance, si elle eût été continuelle, aurait pu
faire douter de sa divinité dans les siècles futurs : il y a pourvu; et malgré les
négligences, les injures, l'abandon qu'il prévoyait, il parla cependant pour établir ce
dogme; il expliqua même la raison de la simplicité de son langage ; cette raison, c'est
que les Juifs ne pouvaient pas encore comprendre la sublimité des révélations qu'il
avait à leur faire. Pourquoi prêcher ces vérités sublimes à des hommes qui ne
voulaient ni écouter ni comprendre, s'il n'eût voulu, par cette prédication inutile aux
Juifs, nous instruire nous et ceux qui viendront après nous, nous donner une juste idée
de lui-même, et nous indiquer qu'il s'est abaissé dans son langage , parce que les Juifs
ne pouvaient le comprendre ? Quand donc vous lisez l'Evangile, songez que Jésus-Christ
proportionne son langage, non à sa propre essence, mais à la faible intelligence de ses
auditeurs.
Voulez-vous une troisième raison? Ce
n'est pas seulement à cause de son Incarnation, et de la faiblesse des auditeurs qu'il
parle quelquefois de lui-même avec une grande modestie ; c'est encore pour nous enseigner
l'humilité : telle est la troisième raison des abaissements de Jésus-Christ. Il nous
prêche cette vertu par ses discours et par ses oeuvres il est modeste en paroles et en
actions. Apprenez, dit-il, que je suis doux et humble de coeur (Matth. XI,
29) ; et ailleurs : Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour
servir. (id. xx, 28.) Il voulait par ses paroles et ses` actions nous enseigner à
être humbles, à ne jamais rechercher les premières places, mais à nous contenter des
dernières. Il avait de nombreux motifs de tenir un pareil langage.
Il y a une quatrième raison, qui n'est
pas la moins forte. La voici : les rapports intimes des personnes divines auraient pu
faire supposer qu'il n'y en a qu'une. Il a voulu prévenir cette erreur, où, malgré
cette précaution, plusieurs sont tombés. Ainsi Sabellius l'Africain, à cause de ces
paroles : Mon Père et moi nous sommes un (Jean, X, 30); Celui qui me voit, voit
mon Père (Id. XIV, 9); paroles qui indiquent l'égalité du Fils avec le Père,
Sabellius, dis-je, prétend dans son impiété, qu'il n'y a qu'une personne et qu'une
hypostase. Ces raisons ne sont pas les seules. C'était encore pour qu'on ne le crût pas
la substance première et inengendrée, ou plus grand que le Père. Saint Paul semble
aussi avoir redouté cette doctrine perverse et impie. Après avoir dit: Jésus-Christ
doit régner jusqu'à ce qu'il lui ait mis ses ennemis sous les pieds... Il a tout mis
sous ses pieds, l'Apôtre ajoute : (243) Excepté celui qui lui a tout soumis
(I Cor. XV, 25 et 27) ; addition inutile, s'il n'avait pas craint cette erreur diabolique.
Souvent encore, pour apaiser la jalousie des Juifs, calmer les soupçons de ses
interlocuteurs , Jésus-Christ tempère son langage; par exemple : Si je rends
témoignage de moi-même, mon témoignage n'est pas véritable. (Jean , V, 31.) En
parlant ainsi, son intention n'est pas de leur avouer qu'il soit capable de mensonge, mais
de leur reprocher qu'ils l'en soupçonnent.
5. On pourrait encore trouver plusieurs
autres raisons, qui nous rendraient compte de la simplicité du langage que tient Jésus-Christ,
en parlant de lui-même. Mais vous, essayez d'expliquer les passages où Jésus-Christ est
exalté, autrement que par la raison que nous avons donnée, savoir, qu'il voulait
révéler sa divinité: je vous défie d'y parvenir. Un prince peut, sans s'avilir, parler
de lui-même en termes simples, c'est de la modestie; un esclave qui exalte ses grandeurs
se fait mépriser, c'est de l'orgueil. Voilà pourquoi nous louons tous le prince qui
s'humilie; et personne ne loue l'esclave qui se vante. Si donc le Fils était bien
inférieur au Père, comme vous le dites , il ne devrait pas dans ses paroles se donner
comme l'égal du Père; ce serait de la jactance. Mais qu'étant égal au Père, il
s'abaisse et s'humilie, personne ne peut l'en blâmer; cela fait son éloge et c'est le
plus beau spectacle et le plus instructif à proposer aux hommes.
Entrons plus avant dans la question, et
vous verrez que nous ne sommes pas en contradiction avec l'Écriture. Examinons la
première raison, et montrons comment, à cause de son Incarnation, il tient un langage
au-dessous de son essence divine. Étudions, si vous le voulez, la prière qu'il adresse
à son Père. Suivez attentivement. Je veux reprendre d'un peu plus haut. Jésus-Christ
avait achevé la cène dans cette nuit sainte où il devait être livré. Je l'appelle
sainte, parce que d'elle découlent tous les biens qui inondent la terre. Le traître
était avec les onze disciples, et pendant le repas, Jésus-Christ dit : Un de vous me
trahira. (Matth. XXVI, 21.) Souvenez-vous de ces paroles, et quand nous traiterons de
la prière, vous verrez pourquoi il prie ainsi. Admirez l'attention du Seigneur. Il ne dit
pas : Judas me trahira. Ce reproche direct aurait rendu le traître plus impudent. Mais
quand celui-ci tourmenté par sa conscience répond : Est-ce moi, Seigneur, Jésus
ajoute: Vous l'avez dit. (Mat. XXVI, 45.) Même en ce moment, il ne l'accuse point,
il le laisse se juger lui-même. Judas n'en devint pas meilleur, et, ayant pris le
morceau, il sortit. Après son départ, Jésus s'adressant à ses disciples, leur
dit : Je vous serai à tous une occasion de scandale. (Ib. 34.) Pierre,
prenant la parole, dit : Quand tous se scandaliseraient, pour moi, je ne me
scandaliserai point. Jésus reprit : En vérité, je vous le dis, avant que le coq
chante, vous me renoncerez trois fois. Pierre ayant encore nié, Jésus le laissa.
Vous ne croyez pas mes paroles, vous me contredisez ; les actions vous apprendront qu'il
ne faut pas contredire le Seigneur. Souvenez-vous encore de ces paroles; elles nous
serviront quand nous expliquerons la prière. Il indique le traître, il annonce la fuite
de ses disciples et sa mort. Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.
(Ibid. 31.) Il prédit qui le reniera, quand et combien de fois, et le tout avec
exactitude.
Après tout cela, après avoir assez
montré qu'il connaissait l'avenir, il va au jardin des Oliviers et prie. Les hérétiques
prétendent qu'il prie comme Dieu; nous disons qu'il prie comme homme. Jugez vous-mêmes,
mes frères, et par la gloire du Fils unique, prononcez sans prévention. Je plaide devant
des amis, toutefois je vous en prie, que votre jugement soit impartial, sans égards pour
moi, sans haine contre eux. A n'examiner la chose qu'en elle-même, il est évident que ce
n'est pas comme Dieu qu'il prie. Car Dieu ne prie pas, il est adoré; il reçoit nos
prières, il n'en fait point. Mais à cause de leur impudence , je veux , par les paroles
de cette prière , vous montrer que Jésus-Christ prie comme homme, comme revêtu de notre
chair. Quand Jésus s'humilie dans son langage, son humilité est si profonde, que les
plus téméraires sont forcés de convenir que son langage est bien au-dessous de son
essence ineffable et infinie. Examinons cette prière : Mon Père, s'il est possible,
que ce calice s'éloigne de moi. Cependant non comme je veux, mais comme vous voulez.
Ici posons une question aux Anoméens
Ignore-t-il s'il est possible ou non d'éviter ce calice, celui qui vient de dire pendant
la cène : Un de vous me trahira... Il est écrit. Je frapperai le pasteur, et les
brebis seront dispersées... Je vous serai à tous une occasion de scandale; et en
s'adressant à Pierre : Vous me renierez... vous me renierez trois fois.
L'ignore-t-il, (243) dites-moi. Qui oserait le soutenir ? Si la mort du Seigneur avait
été un secret pour les anges et les prophètes, on pourrait jusqu'à un certain point
soutenir que Jésus-Christ l'aurait ignorée. Mais c'était une chose si publique, que les
hommes ne l'ignoraient pas; ils en avaient une connaissance exacte , ils savaient que
Jésus-Christ devait mourir, et mourir sur la croix; bien des années auparavant, David
parlant au nom du Messie, disait : Ils ont percé mes mains et mes pieds. (Ps. XXI,
17.) Remarquez qu'il emploie le passé pour le futur; il nous montre par là que sa
prophétie se réalisera aussi certainement, que s'est réalisé un événement déjà
passé. Isaïe annonçait la même chose : Comme une brebis qu'on va égorger, comme un
agneau muet devant celui qui le tond. (Is. LIII, 7.) Jean en voyant l'agneau
disait : Voici l'agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde (Jean, I, 29) ;
c'est-à-dire, celui qui a été prédit. Et voyez, il ne l'appelle pas simplement agneau,
mais agneau de Dieu. En. s'exprimant ainsi, il veut le distinguer d'un autre
agneau, l'agneau des Juifs. Celui-ci était offert pour une nation seulement, celui-là
est offert pour toute la terre; le sang de l'un guérissait les plaies corporelles des
Juifs seuls, le sang de l'autre purifie le monde entier. L'agneau des Juifs n'opérait pas
ces effets par sa propre puissance, mais c'est comme figure de l'agneau de Dieu, qu'il
avait cette vertu.
6. Où sont donc ceux qui disent: Jésus-Christ
est appelé fils et nous aussi, et qui, à cause de cette communauté de noms, le
rabaissent à notre niveau? Voici deux agneaux, ils ont un même nom; la distance entre
eux est infinie. Ici, malgré ce nom commun à tous deux, vous ne supposez aucune parité;
de même, malgré le nom de fils, ne rabaissez donc pas jusqu'à vous le Fils unique. Mais
pourquoi tant discuter sur des choses évidentes? Si Jésus-Christ prie comme Dieu; il y a
en lui opposition, lutte et contradiction. Il dit ici : Mon Père, s'il est possible,
que ce calice s'éloigne de moi; il hésite, il repousse la passion. Ailleurs ayant
annoncé que le Fils de l'Homme serait trahi, flagellé, et Pierre .s'étant écrié : A
Dieu ne plaise, cela ne vous arrivera pas, il le réprimande fortement en ces termes :
Retirez-vous de moi, satan, vous n'êtes un sujet de scandale , parce que vous ne
goûtez pas les choses de Dieu, mais celles des hommes. (Matth. XVI, 22.) Il venait de
le louer et de le féliciter, et il l'appelle satan; ce n'est pas pour l'outrager, il veut
montrer par ce reproche, non que telle fut la pensée de Pierre, mais que son langage
était si étrange, que quiconque parlerait ainsi, fût-ce même Pierre, mériterait
d'être appelé satan. Ailleurs il dit : J'ai désiré avec ardeur de manger cette
pâque avec vous. (Luc, XXII, 15.) Pourquoi dit-il, cette pâque ? Il avait déjà
célébré cette fête avec eux. Pourquoi donc désire-t-il cette pâque plus qu'une autre
? parce qu'après, c'était la croix. Et encore : Mon Père glorifiez votre Fils, afin
que votre Fils vous glorifie. (Jean, XVII, 1.) Dans beaucoup d'autres passages, il
prédit sa passion, et la désire ; c'est pour cela qu'il est venu. Pourquoi dit-il donc :
s'il est possible ? Il nous montre la faiblesse de la nature humaine, qui ne voulait pas
quitter la vie présente, qui hésitait et tergiversait à cause de l'amour que Dieu, dès
l'origine, lui avait donné pour cette vie. Après de telles paroles, quelques-uns osent
dire que le Fils ne s'est pas incarné; sans ces témoignages, que diraient-ils donc? Ici
il parle comme Dieu, et il désire sa passion; là comme homme il la fuit et la repousse.
Il acceptait volontiers la passion, puisqu'il dit : J'ai le pouvoir de quitter la vie,
et j'ai le pouvoir de la reprendre. Personne ne me la ravit, c'est de moi-même que je la
quitte. (Jean, X,18.) Comment dit-il donc: Non comme je veux, mais comme vous
voulez ? Il n'y arien d'étonnant, qu'avant sa mort, il ait mis tant de soin à
prouver la vérité de sa chair, lui qui, après sa résurrection, voyant l'incrédulité
de son disciple, n'hésite pas à lui montrer ses blessures, les marques des clous, et à
lui faire toucher ses cicatrices, en disant : Regardez et voyez, un esprit n'a ni chair
ni os. (Luc, XXIV, 39.)
Voilà pourquoi il n'a pas voulu
apparaître dès l'origine à l'état d'homme fait; mais il est conçu, il nait, il est
allaité, et il reste sur la terre tout le temps nécessaire pour attester son humanité.
Car souvent les anges et Dieu lui-même se sont montrés sous une forme humaine. Ils
n'avaient pas un corps véritable, ce n'était qu'une apparence. Pour distinguer son
avènement de ces apparitions et pour montrer qu'il était vraiment incarné, il est
conçu, enfanté, nourri, couché dans une crèche, non en secret, mais dans une
hôtellerie, devant une grande multitude, de sorte que sa naissance peut être connue de
tous. Aussi les prophètes annoncent-ils non-seulement qu'il est homme, mais aussi qu'il
est conçu, mis au (245) monde et nourri comme les autres enfants. Isaïe s'écrie : Voici
qu'une vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera Emmanuel; il mangera le
beurre et le miel. (Is. VII, 14.) Un petit enfant nous est né; un fils nous est
donné. (Ib. IX, 6.) Voyez comment ils ont prédit son enfance l Interrogez
l'hérétique : est-ce Dieu qui craint, qui tremble , qui hésite, qui est plongé dans la
tristesse? S'il répond oui, retirez-vous, mettez-le au rang ou plutôt au-dessous du
diable. Car celui-ci n'a pas osé le dire; s'il répond que tout cela ne peut convenir à
Dieu, concluez : donc Jésus-Christ ne prie pas comme Dieu. Si c'étaient là les paroles
de Dieu, il en résulterait encore une autre absurdité.
En effet ces paroles montrent
non-seulement l'angoisse de l'âme, mais l'apparition de deux volontés, celle du Père et
celle du Fils. Ce texte : Non comme je veux, mais comme vous voulez, ce texte,
dis-je, le prouve. Les hérétiques ne l'admettent pas, et quand, pour prouver la
puissance, nous citons le passage : Mon Père et moi nous sommes un (Jean, X, 30) ;
ils prétendent qu'il s'agit de la volonté, et disent que le Père et le Fils n'ont
qu'une volonté. Si le Père et le Fils n'ont qu'une volonté, comment Jésus-Christ
dit-il : Non comme je veux, mais comme vous voulez? En effet, s'il parle comme
Dieu, il y a contradiction, et il en résulte une foule d'absurdités; s'il parle comme
homme, son langage se conçoit, et l'on ne peut rien y objecter. Car, que la chair
repousse la mort, il n'y a rien de surprenant, c'est naturel. Or, Jésus-Christ a pris
toute notre nature, excepté le péché, et il l'a prise complètement, afin de fermer la
bouche aux hérétiques. Par ces paroles : S'il est possible, que ce calice s'éloigne
de moi... non comme je veux, mais comme vous voulez, il montre qu'il a vraiment
revêtu notre chair qui a horreur de la mort. Car il est de la chair de craindre la mort,
de trembler et d'être dans les angoisses. Tantôt Jésus-Christ la laisse abandonnée à
elle-même, afin qu'en montrant sa faiblesse il atteste sa nature; tantôt il la voile
pour prouver qu'il n'est pas seulement homme. On aurait cru à son humanité, s'il l'avait
toujours montrée; et s'il avait toujours accompli des oeuvres divines, on aurait douté
de l'Incarnation. Voilà pourquoi , dans ses paroles et ses actes, il mêle le divin et
l'humain. De la sorte, il ôte tout prétexte à la folie de Paul de Samosate et à la
démence de Marcion et de Manès. Voilà pourquoi encore il prédit l'avenir comme Dieu,
et le redoute comme homme.
7. Je voudrais vous exposer les autres
raisons, et vous montrer, par les faits mêmes, que la prière du Sauveur, ici preuve de
son humanité, sert ailleurs à soutenir la faiblesse des auditeurs. Car, s'il tient un
langage humble, ce n'est pas seulement à cause de son Incarnation, mais aussi pour les
divers motifs énumérés ci-dessus. Cependant, afin de ne pas noyer ce discours dans la
multitude de détails qu'il nous reste à donner, arrêtons-nous, remettons la suite à un
autre jour et terminons par l'exhortation à la prière. Nous en avons déjà parlé
souvent, et il faut encore y revenir. Les étoffes teintes une fois seulement, perdent
facilement leur éclat; plongées dans le bain longtemps et à plusieurs reprises, elles
conservent indestructible la délicatesse de leur couleur. Ainsi en est-il de nos âmes.
En entendant souvent les mêmes choses, nous devenons pour ainsi dire imbus et tout
pénétrés d'ineffaçables enseignements. Ecoutons donc avec attention, car rien n'est
plus puissant que la prière: rien ne lui est comparable. Un roi tout brillant de pourpre
n'égale point celui qui prie et que glorifie son union avec Dieu. Si en présence de
l'armée, des généraux, des chefs et des consuls, quelqu'un s'avance et s'entretient
familièrement avec le roi, il attire sur soi tous les yeux, et acquiert par là un éclat
nouveau. Tels sont ceux qui prient. Quel honneur en effet, qu'en présence des anges, des
archanges, des séraphins, des chérubins et de toutes les autres vertus, un homme
s'avance avec une entière confiance et s'entretienne avec leur souverain Maître. Mais,
outre l'honneur, nous tirons encore le plus grand avantage de la prière, même avant
d'être exaucés. Car, en levant les mains au ciel et en invoquant Dieu, on se sépare des
affaires temporelles, on se transporte par la pensée dans la vie future, et l'on
contemple déjà les splendeurs célestes; dans le temps de la prière, si. elle est bien
faite, on n'est plus de cette vie; les transports de la colère s'apaisent sans peine; les
ardeurs de la cupidité s'éteignent; les fureurs de l'envie se calment avec la plus
grande facilité. Il nous arrive alors la même chose qui se passe dans la nature, au
lever du soleil, selon la description du Prophète : Vous avez répandu les ténèbres,
dit-il, et la nuit a été faite; c'est alors (246) que passent toutes les
bêtes des forêts; les lionceaux, en rugissant après leur proie, cherchent la nourriture
que Dieu leur a donnée. Le soleil se lève; elles rentrent et vont se coucher dans leurs
retraites. (Ps. CIII, 20.)
De même qu'aux premiers rayons du soleil
toutes les bêtes s'enfuient et se cachent dans leurs repaires, ainsi en est-il de la
prière; comme un rayon elle s'échappe de nos lèvres, illumine notre âme, chasse et met
en fuite toutes les passions brutales, et les fait rentrer dans leurs cavernes, pourvu que
nous priions avec attention, avec une âme ardente et un esprit vigilant. Alors le démon
se retire. Quand un maître parle à un esclave, aucun autre esclave, même des plus
confiants, n'oserait venir troubler cet entretien ; à plus forte raison les dérasons, si
odieux au Seigneur, ne pourront-ils nous empêcher de parler à Dieu, si nous le faisons
avec le zèle convenable. La prière, c'est le port contre la tempête, l'ancre du salut,
le bâton du vieillard, le trésor des pauvres, la sûreté des riches, la guérison des
maladies, la gardienne de la santé. La prière nous conserve nos biens intacts et écarte
promptement les maux. Survient-il une tentation? elle est facilement repoussée; une perte
de richesses ou toute autre affliction? tout est bientôt réparé. La prière chasse la
tristesse, excite la gaieté; elle est la source de plaisirs continuels, la mère de la
sagesse.
Celui qui prie avec attention, fût-il le
plus pauvre, devient le plus riche; celui qui ne prie pas, au contraire, fût-il assis sur
le trône impérial, est le plus pauvre de tous les hommes. Achab n'était-il pas roi?
n'avait-il pas des monceaux d'or et d'argent? Mais parce qu'il ne priait pas, il lui
fallut faire chercher Elie, un homme sans habitation, qui n'avait pour tout vêtement
qu'une peau de brebis.O roi, qui possédez de si grands trésors, vous cherchez un homme
qui ne possède rien ! Oui, dit-il; car à quoi me servent ces richesses? Le Prophète a
fermé le ciel, et tout me devient inutile. Vous le voyez, Elie était plus riche que ce
roil Car jusqu'à ce qu'il eût parlé, le roi avec toute son armée était réduit à la
dernière misère, O merveille ! Elie n'a pas même de quoi se vêtir et il ferme le ciel.
Et c'est cette pauvreté qui lui donne une telle prérogative. Parce qu'il ne possède
rien ici-bas, il jouit de cette grande puissance. Il n'a qu'à parler, pour faire
descendre du ciel d'immenses trésors. O bouche, source de pluies fécondes ! O langue, qui verse des ondées bienfaisantes ! Voix,
qui répand toutes sortes de biens ! Contemplant toujours cet homme pauvre et riche, riche
parce qu'il est pauvre, méprisons les choses présentes, et soupirons après lés biens
futurs. De cette manière nous jouirons des uns et des autres. Puissions-nous tous les
obtenir parla grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui avec le Père et
le Saint-Esprit soit la gloire, maintenant. et toujours et dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
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