ANALYSE. 1 et
2. Paul et Silas sont délivrés de leur prison par un
tremblement de terre. Le geôlier de la prison se convertit. 3. Qu'il faut prier la
nuit: Ce que c'est que prier en vérité.
1. Que peut-on trouver d'égal à leurs âmes? Battus de verges , ils étaient couver fis de blessures, ils avaient subi mille
injures, encouru les plus grands dangers, ils étaient attachés au fond d'un cachot; or,
même dans cet état, ils ne songeaient pas au sommeil ; ils veillaient, au contraire.
Voyez tout l'avantage des tribulations ! tandis que nous autres
, couchés dans des lits moelleux, à l'abri de tout danger, nous dormons toute la nuit.
Peut-être leur position même les excitait-elle à veiller. Ils ne cédèrent point à la
tyrannie du sommeil , à l'accablement de la douleur , à
l'abattement de la crainte ; tout cela, au contraire, les animait et les réjouissait. «
Vers minuit, ils priaient et chantaient les louanges de Dieu ; les prisonniers les
entendaient ». C'était pour eux une chose nouvelle et étonnante. « Tout à coup il se
fit un si grand tremblement de terre, que les fondements de la prison en furent
ébranlés; toutes les portes s'ouvrirent en même temps et les liens de tous les
prisonniers furent rompus ». La terre trembla afin que le geôlier fût éveillé , et les portes s'ouvrirent pour rendre le miracle plus
frappant, mais les autres prisonniers ne s'en aperçurent pas , car (178) ils se seraient
tous enfuis. « Le geôlier s'étant éveillé et voyant toutes les portes de la prison
ouvertes, tira son épée et voulut se tuer, s'imaginant que les prisonniers s'étaient
sauvés (27). Mais Paul lui cria à haute voix: Ne «vous faites pas de mal, car nous
sommes tous ici (28) ». II admira encore plus la bonté de Paul: il s'étonna de voir un
homme qui, pouvant fuir , ne l'avait pas fait , et qui le
détournait de se tuer lui-même. « Alors le geôlier ayant demandé de la lumière,
entra et se jeta en tremblant aux pieds de Paul et de Silas
(29), et les ayant fait sortir, il leur dit :
« Seigneurs, que
faut-il que je fasse pour être sauvé (30) ? » Voyez jusqu'où allait son admiration !
« Ils lui répondirent: Croyez à Notre Seigneur Jésus-Christ et vous serez sauvé , vous et votre famille (31). Et ils lui annoncèrent la
parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison (32) ». En se
hâtant de parler ainsi à leur geôlier , ils montraient toute
leur bonté pour lui. « A cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies, et
aussitôt il fut baptisé avec toute sa famille (33). Puis les ayant menés dans son
logement, il leur servit à manger; et il se réjouit avec toute sa maison de ce qu'il
avait cru en Dieu (34) ». Il les soigna ainsi comme pour les remercier et leur rendre
hommage. « Le jour étant venu, les magistrats lui envoyèrent dire par des huissiers
qu'il laissât aller ces prisonniers (35) ». Les magistrats avaient sans doute appris ce
qui s'était passé , mais ils n'osaient pas les mettre
ouvertement en liberté. « Aussitôt le geôlier vint dire à Paul : Les magistrats
ont mandé qu'on vous élargit; sortez donc maintenant et allez en paix (36). Mais Paul
dit aux huissiers : Après nous avoir publiquement battus de verges, sans connaissance de cause , nous qui sommes citoyens romains, ils nous ont mis en prison,
et maintenant ils nous font sortir en secret. Il n'en sera pas ainsi, mais qu'ils viennent
eux-mêmes nous en tirer (37). Les huissiers rapportèrent ces paroles aux magistrats qui
eurent peur, ayant appris qu'ils étaient citoyens romains (38). Ils vinrent donc leur
faire des excuses, et, les ayant mis hors de la prison , ils
les supplièrent de se retirer de la ville (39). Et eux, au sortir de la prison , ils allèrent chez Lydie, et ayant vu les frères , ils les
consolèrent et partirent (40) ». Paul ne part point aussitôt après l'ordre des
magistrats, peut-être à cause de Lydie et des autres frères, ou bien pour intimider les
magistrats en évitant de s'éloigner avec trop de résignation ,
et aussi pour encourager les fidèles. Ils avaient donc, mes bien-aimés, trois griefs
contre les magistrats: ils étaient citoyens romains, non condamnés, et on les avait
jetés publiquement en prison. Ainsi les apôtres ne négligent point toutes ces
considérations humaines.
Comparons cette nuit à celles que nous passons au milieu
des festins, de l'ivresse, de la débauche; celles où notre sommeil est aussi pesant que
la mort, ou bien nos veilles plus pénibles que ce sommeil même. Les uns, en effet, quand
ils dorment, sont privés de tout sentiment : les autres ne veillent que pour leur perte
et leur malheur, à préparer des intrigues, à gagner de l'argent, à combiner des
vengeances, à méditer des méchancetés, à repasser les injures qu'ils ont dites ou
entendues dans la journée; c'est ainsi qu'ils rallument leur colère et s'excitent à
tous les crimes. Voyez comme Pierre dormait : la Providence l'avait voulu; en effet, quand
l'ange se présenta, personne ne devait voir ce qui se passait. La délivrance de Paul fut
encore disposée pour éviter que le geôlier se tuât lui-même. Pourquoi n'y eut-il pas
d'autre miracle? Parce que cela suffisait pour entraîner et convaincre cet homme qui
aurait été dans un grand danger, si Paul avait été délivré autrement; car un miracle
nous touche moins que ce qui peut nous sauver : ce qui suivit servait à prouver que le
tremblement de terre n'était pas un phénomène ordinaire. Il eut lieu la nuit, parce que
rien ne se faisait pour l'ostentation, mais tout pour le salut des hommes. Cet homme
n'était pas méchant; il avait mis les apôtres au cachot parce qu'il en avait reçu
l'ordre, mais non de son propre mouvement. Pourquoi Paul n'éleva-t-il pas la voix tout
d'abord ? Cet homme était plein de trouble et d'émotion et ne l'aurait pas écouté.
Aussi quand il le voit prêt à se tuer, il l'arrête et lui crie : « Nous sommes tous
là ! » Alors le geôlier, « ayant demandé de la lumière, entra et se prosterna devant
Paul et Silas ». Le geôlier tombe aux pieds de ses
prisonniers. « Il les fait sortir et leur dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour
être sauvé? » En effet, de quoi parlaient les apôtres? Observez aussi que le geôlier
ne les aime pas seulement parce (179) qu'ils l'ont sauvé, mais parce qu'il admire leur
puissance.
2. Voyez ce qui se passe de part et d'autre. D'un côté,
voilà une servante débarrassée du mauvais esprit, et les magistrats mettent en prison
ceux qui l'ont ainsi délivrée du démon: (le l'autre côté, au seul aspect des portes
ouvertes, le geôlier ouvre les portes de son coeur, le dégage de tous es liens et allume
sa lumière; car cette lumière brillait dans son coeur. Il s'élance et se prosterne,
sans demander: Comment cela s'est-il fait? qu'est-il arrivé?
Il dit aussitôt : « Que dois-je faire pour être sauvé? Là-dessus, que dit Paul?
Croyez à Notre-Seigneur Jésus-Christ, et vous serez sauvé,
vous et votre maison ». Ce que les hommes désirent le plus, c'est que toute leur,
famille soit sauvée. « Ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux
qui étaient dans sa maison ». Il lava les plaies de leurs corps, et, eux, celles de son
âme; il donna la nourriture temporelle et reçut la nourriture spirituelle. « Et il se
réjouit ». Cependant tout se réduisait à des paroles et à de grandes espérances ;
mais c'était une preuve, qu'il avait la foi et que tout lui était remis. Qu'y a-t-il de
pire, de plus cruel, de plus sauvage qu'un geôlier? Cependant. il
les accueillit avec beaucoup de respect : il ne se réjouit pas d'avoir été préservé
de la mort, mais « d'avoir cru en Dieu. Croyez au Seigneur », lui dit Paul; aussi est-il
écrit : « Il crut à Dieu », pour montrer que ce n'était pas le pardon d'un coupable
et d'un pécheur. Aussi les apôtres disent-ils : « Ils nous ont battus, sans
condamnation préalable, et nous ont jetés en prison », pour montrer qu'ils avaient agi
en même temps que la grâce. Voyez comme cette grâce se manifeste de différentes
manières, pour la délivrance de Pierre, puis de Paul, qui tous deux étaient apôtres.
Les magistrats « furent effrayés » : pourquoi? Par la
qualité de citoyens romains, mais non par l'injustice de la condamnation. «Ils les
supplièrent de sortir de la ville ». Ils leur demandaient cela comme une grâce ; mais
ceux-ci ne partirent qu'après avoir visité Lydie et l'avoir encouragée : en effet, ils
ne pouvaient laisser cette femme hospitalière dans l'angoisse et l'affliction. Ils
partirent donc, non pour obéir aux magistrats, mais pour déployer leur zèle
apostolique; cette ville ayant été suffisamment instruite par le miracle, il ne fallait
pas y rester plus longtemps. Car un miracle semble avoir plus d'éclat et faire plus de
bruit quand ceux qui l'ont fait ne sont plus là : en effet, 1a foi du geôlier le
proclamait assez haut : que peut-on voir de plus étonnant? Voilà un homme que l'on
charge de chaînes, et c'est lui qui délie les autres; il brise une double chaîne et
sacrifie sa liberté pour la rendre à celui qui la lui avait enlevée. Voilà vraiment
les oeuvres de la grâce. « Sortez », leur dit-on, « allez en paix »; c'est-à-dire,
en sécurité et sans rien craindre. Ils veulent aussi que le geôlier, soit hors de tout
danger, et n'encoure aucune responsabilité. Ils ne disent point : On nous a battus et
jetés en prison après les miracles que nous avons faits; personne ne s'en serait
inquiété. Ils disent ce qui pourrait le plus frapper les esprits: «Nous n'étions pas
condamnés et nous sommes citoyens romains». Songeons toujours à une pareille
captivité, plutôt encore qu'au miracle. Que diront les gentils, en voyant le prisonnier
convertir le geôlier? Il ne s'agissait, répondront-ils, que d'un homme méprisable,
misérable et privé de sens, sujet à tous les vices et à toutes les erreurs. Ils diront
encore . Qu'importe de convertir un corroyeur, une marchande de
pourpre, un eunuque, un geôlier, des esclaves et des femmes? Mais que pourront-ils
répliquer, quand nous leur citerons des personnages bien plus élevés, un centurion, un
proconsul et bien d'autres depuis ce temps-là jusqu'à nos jours, des rois et des
empereurs. Eh bien ! je vais vous dire quelque chose d'étrange
: nous allons considérer les moins importants. Qu'y a-t-il d'étonnant à cela? Cela est
étonnant en effet : il n'y aurait rien d'extraordinaire s'il s'agissait de faire
comprendre la première chose venue; mais quand il s'agit de la résurrection, du royaume
des cieux, de la conduite de la vie, il est plus étonnant d'en faire acquérir
l'intelligence et la conviction à des gens simples qu'à des personnes instruites. En
l'absence de tout danger, si l'on enseigne une science, on distingue naturellement les
élèves sans intelligence. Mais si vous dites à un de ces hommes que vous appelez
esclaves : Si tu m'écoutes, tu t'exposes à tous les dangers, tout le monde te sera
hostile, il te faudra mourir après avoir subi mille maux..
Avec tout cela., si vous persuadez son âme, on ne pourra plus
dire que c'est par faute d'intelligence. On pourrait le (180) prétendre si ces dogmes
promettaient le plaisir; mais si l'esclave embrasse une doctrine à laquelle ne peuvent
s'élever les philosophes, voilà ce qui est le plus étonnant.
Parlons, si vous le voulez, de ce corroyeur, et voyons ce
que Pierre lui dit, ou bien revenons à ce geôlier. Que lui dit Paul? Il lui parle de la
résurrection du Christ, de la résurrection des morts et du royaume des cieux; aussitôt
il le convertit sans peine. Eh quoi ! il n'a pas besoin de lui
dire qu'il faut vivre sagement, ne pas être avare ni cruel, et même donner ses biens à
d'autres? Cependant le voilà convaincu de ces vérités qui n'appartiennent pas aux
esprits faibles, mais aux grandes âmes. Supposons que sa simplicité même lui eût fait
accepter les dogmes ; qu'est-ce donc que cette simplicité qui lui fait accepter la vie
parfaite? Plus il y a de simplicité chez un homme converti à des principes que même les
philosophes n'ont pu persuader aux philosophes, plus le miracle est extraordinaire,
surtout quand les esclaves et les femmes se convertissent et déploient des vertus que
Platon et aucun autre philosophe n'ont pu inspirer à personne. Que dis-je, à personne? pas à eux-mêmes. Si fou s'en rapporte à Platon, il ne faut pas
mépriser les richesses, puisqu'il possédait tant de biens de toute espèce, des anneaux
d'or et des vases précieux. Quant à l'approbation publique ,
Socrate, qui a si bien parlé là-dessus, nous a fait voir qu'il ne la méprisait pas,
puisqu'il a tout fait pour la gloire. Si vous connaissiez ses discours, je pourrais vous
en parler longuement et vous montrer qu'il y prodigue l'ironie, du moins s'il faut s'en
rapporter à ses disciples : tout ce qu'ils ont écrit d'après lui, semble avoir pour
fondement un vain amour de la gloire.
3. Mais laissons les philosophes de côté et revenons sur
nous-mêmes. A ce qui précède, il faut encore ajouter les dangers qui menaçaient les
nouveaux fidèles; nous ne devons donc point rougir de leur condition. Mais songeons à
cette nuit que passèrent les apôtres, au bois qui leur servait d'entraves, à leurs
chants religieux; cherchons nous-mêmes à les imiter, et nous verrons s'ouvrir pour nous,
non pas une prison, mais le ciel. Oui , nos prières peuvent
ouvrir le ciel lui-même. Par ses prières, Elie a fermé le ciel et l'a ouvert L'autre
vie a aussi une prison : « Ce que vous aurez lié sur terre, sera lié aussi dans le
ciel ». (Matth. XVI, 19.) Prions
pendant la nuit, et nous romprons ces chaînes. Comme preuve que les prières effacent les
péchés, nous avons l'exemple de la veuve et celle de cet ami qui, à une heure indue de
la nuit, ne cesse pas de frapper. Nous pouvons encore citer Corneille : « Tes prières et
tes aumônes sont montées en présence de Dieu ». (Act. X,
4.) Enfin , croyons-le, d'après ce que dit Paul : « La veuve
qui est vraiment veuve et solitaire, espère en Dieu et persévère jour et nuit dans ses
prières ». (I Tim. V, 5.) S'il le dit pour une veuve, une
faible femme, cela est encore plus vrai pour les hommes.
Je vous l'ai déjà dit, et je le répète. Sans même
dire beaucoup de prières, veillons assez pour en dire une seule avec attention : cela
suffit, je n'en demande pas davantage. Si ce n'est pas au milieu de la nuit, que ce soit
du moins le matin. Montrez par là que la nuit n'est pas faite seulement pour le corps,
mais pour l'âme : ne souffrez point qu'elle s'écoule sans profit et rendez grâces à
Dieu; ces grâces retombent sur vous. Dites-moi, si nous sommes préoccupés d'une affaire
importante, n'allons-nous pas solliciter tout le monde? Puis, si-nous obtenons promptement
ce qu'il nous faut, nous respirons. Eh bien ! ne voudriez-vous
pas avoir à solliciter quelqu'un qui fût disposé à vous savoir gré de vos
sollicitations? Ne voudriez-vous pas être dispensé de chercher à qui vous adresser,
mais trouver un protecteur tout prêt, et ne pas avoir besoin d'intermédiaire pour vos
demandes? N'est-ce pas ce qu'il y a de plus avantageux? Il agit pour nous, d'autant plus
que nous n'avons pas besoin d'autres appuis : semblable à un ami sincère, il nous
reproche surtout de ne pas avoir assez de confiance en lui et de ne le faire solliciter
que par d'autres. C'est ainsi que nous sommes à l'égard de ceux qui nous demandent une
faveur; nous la leur accordons plutôt quand ils se présentent eux-mêmes, que s'ils se
font représenter par d'autres. Mais, direz-vous, si je rai offensé? Ne l'offensez plus
et repentez-vous; venez ensuite, et c'est surtout alors que vous éprouverez sans retard
toute sa bonté. Dites-lui seulement : Je vous ai offensé; dites-le du fond de l'âme et
en toute sincérité, et tout vous sera remis. Vous n'avez pas autant de désir de vous
faire pardonner vos péchés, qu'il n'en a de les pardonner. Pour comprendre que vous ne
le désirez pas assez, songez (181) combien peu vous veillez et vous faites l'aumône ;
lui, au contraire, afin de remettre nos péchés, n'a pas épargné son Fils unique, qui
partage son trône. Voyez-vous qu'il désire le pardon des pécheurs encore plus
qu'eux-mêmes? Hâtons-nous donc et ne remettons rien à demain. Il est bon et clément,
donnons-lui seulement prise sur nous, afin de ne pas rester inutiles à 'nous-mêmes, car
il nous pardonnerait encore sans cela. De même que dans mille circonstances nous confions
nos intérêts à différentes personnes, nous pouvons nous reposer sur lui du soin de
notre salut. « Présentons-nous devant lui en lui rendant hommage » (Ps. XCIV, 2), car
il est bon et clément.
Cependant que fera-t-il si vous ne l'invoquez pas avec
sincérité, si vous ne lui dites : Pardonnez-moi, que des lèvres et non du coeur?
Qu'est-ce qu'invoquer avec sincérité ? c'est-à-dire, de
toute son âme, avec un esprit pur : on dit d'un parfum qu'il est pur quand il n'est
mêlé avec rien; il en est de même ici. Celui qui le prie et l'invoque sincèrement,
persévère et ne s'arrête qu'après avoir été exaucé; mais celui qui se contente
d'accomplir le précepte de la prière, ne l'invoque pas sincèrement. Qui que vous soyez,
ne dites pas seulement : Je suis un pécheur; mais cherchez à perdre cette opinion
de vous-même ; ne le dites pas seulement , mais
affligez-vous-en. Si vous éprouvez cette souffrance, vous chercherez à en guérir; si
vous n'y travaillez pas, c'est que vous ne souffrez point et qu'alors votre prière est
une dérision. Celui qui dit : Je suis malade, ne fait-il pas tout pour guérir? La
prière est une arme bien puissante. « Si vous savez donner à vos enfants ce qui leur
convient, combien plus votre père ne vous le donnera-t-il pas ». (Luc, XI, 13.) Pourquoi
ne voulez-vous pas aller vers lui? Il vous aime, il est plus puissant que toute créature,
il peut et il veut; qui vous arrête? Rien. Adressons-nous donc à lui avec confiance,
allons le trouver en lui apportant les offrandes qu'il réclame, le pardon des injures, la
bonté et la douceur. Tout pécheur que vous êtes, ne craignez pas de lui demander la
rémission de vos péchés, pourvu que vous puissiez lui présenter cet hommage mais,
fussiez-vous juste, cela ne vous sert à rien si vous ne savez oublier les offenses. Celui
qui ne pardonne pas à son prochain, ne peut lui-même obtenir un pardon complet. Dieu est
sans comparaison plus clément que nous; cela est clair pour tout le monde, n'est-il pas
vrai ? Or, si vous pouvez lui dire : J'ai été offensé, et j'ai dompté ma colère ;
j'ai été patient contre la violence, afin d'accomplir vos ordres; ne vous
pardonnera-t-il pas lui-même? Certainement il vous remettra toutes vos fautes. Ainsi
bannissons de nos âmes le souvenir des injures ; cela nous suffit pour être exaucés.
Prions donc avec vigilance et persévérance, pour jouir avec abondance des fruits de la
clémence divine et obtenir les biens qui nous sont promis, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel, ainsi qu'au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance et honneur, maintenant et à jamais,
et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.